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Pôle Démocratique Moderniste :Communiqué de presse
Kiri John: Tolérance et tollés rances
L´Humanité: Brusque tension en Tunisie
Espace Manager:Alors comme ça, la Tunisie est au bord de la guerre civile ?
Le Figaro:Tunisie : nouvel incident lié au niqab
Le Figaro:Tunisie : heurts entre salafistes et laïques
Communiqué de presse
Ennahdha Party condemns attempts at dragging the country into division and conflict
L’Assemblée constituante tunisienne devait examiner mardi un projet de “mini-constitution” permettant la formation d’un gouvernement, une “urgence absolue” selon plusieurs élus qui ont souligné la situation explosive dans la rue.
Les 217 députés doivent examiner un texte de 26 articles sur l’organisation des pouvoirs publics qui permettra le démarrage effectif des institutions de l’Etat, un mois et demi après les élections du 23 octobre, et alors que la situation économique et sociale se dégrade de jour en jour.
Mais plus d’une heure après le début de la séance, l’examen du texte n’avait pas encore commencé.
A l’extérieur, quelque 300 personnes manifestaient dans le calme en scandant notamment les slogans de la révolution tunisienne: “Liberté et dignité”. Plusieurs élus se sont dits conscients de “l’urgence”.
“Le peuple en a marre d’attendre! Commençons à travailler, assez d’atermoiements”, a lancé un député du parti islamiste Ennahda, Amar Larayedh, peu après le début de la séance.
La chef du Parti démocrate progressiste (PDP), opposition, Maya Jribi, a quant à elle mis en garde contre “les risques d’explosion sociale et la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays”.
Sit-in, grèves et éruptions de violences se multiplient en Tunisie, où tous les indicateurs sont au rouge: croissance nulle voire négative en 2011, et un taux de chômage qui dépassera les 18%, selon le gouverneur de la Banque Centrale tunisienne Mustapha Kamel Nabli.
Le tout sur fond de vacance du pouvoir.
“Entre un gouvernement démissionnaire et un gouvernement qui n’est pas encore formé, qui gère le pays ?”, s’est interrogé un élu d’Ennahda, Abdelkarim Harouni. Le gouvernement sortant de Béji Caïd Essebsi, formé fin février dans le sillage de la chute du régime de Ben Ali le 14 janvier, n’est plus qu’en charge des affaires courantes.
L’élection du président de la République et la formation d’un gouvernement ne pourront intervenir qu’après l’adoption du texte sur l’organisation des pouvoirs publics, qui définit notamment les prérogatives de chacun.
Laborieusement élaboré en commission, le projet a fait l’objet d’âpres discussions pendant quinze jours, particulièrement entre les trois vainqueurs du scrutin, les islamistes d’Ennahda et les deux partis de gauche CPR (Congrès pour la République) et Ettakatol.
La présidence doit normalement revenir à Moncef Marzouki, dirigeant du CPR, et le gouvernement à Hamadi Jebali, numéro 2 d’Ennahda. Mais au vu de la tournure des débats, la formation d’un exécutif pourrait encore prendre plusieurs jours.
“Nous sommes fatigués d’attendre. A la limite on s’en fout de qui sera au gouvernement. Qu’ils se partagent le gâteau, nous on veut du travail!” a déclaré à l’AFP Nizar Jeridi, un chômeur de 23 ans.
Venu du bassin minier, une région déshéritée du centre en proie à de régulières éruptions de violence, il campe avec plusieurs autres chômeurs depuis près d’une semaine devant l’Assemblée. Ils resteront “jusqu’à la formation d’un gouvernement qui puisse prendre des décisions urgentes”, a affirmé un autre chômeur Ali Jedlaoui.
“Nous sommes conscients de l’urgence de la situation, et de la tension dans la rue et le pays. Il faut donner un coup de fouet au processus”, a déclaré à l’AFP le porte-parole du CPR Abdelawab Matar, peu avant l’ouverture de la séance.
Mais en fin de matinée, la séance a été suspendue et la reprise des travaux était prévue à 16H00 (15H00 GMT).
Source : « Liberation » Le 06-12-2011
Brusque tension en Tunisie
Face aux islamistes qui voudraient imposer leur projet au pays, les militants de gauche et les démocrates tunisiens, soutenus par les syndicalistes, se mobilisent.
«Ce n’est que vers une heure du matin que nous avons pu quitter la place du Bardo, devant l’Assemblée nationale. Les islamistes – près de trois mille – nous ont bombardés avec des pierres. Il y a beaucoup de blessés parmi nous », explique à l’Humanité Ines Benothman, porte-parole des militants de gauche, chômeurs et femmes observant un sit-in devant le Parlement tunisien. La jeune réalisatrice tunisienne, sous le choc de ce qui s’est passé dans la soirée de samedi à dimanche, reste déterminée. « Nous allons continuer malgré les intimidations de Ennahdha et des salafistes. Nous exigeons plus de liberté, que la priorité soit accordée à l’emploi, à la réalisation des objectifs de la révolution. Les Tunisiens ne se sont pas débarrassés de Ben Ali pour demander une assemblée constituante, mais un gouvernement transitoire qui réalise ce pour quoi ils se sont sacrifiés, et non pour qu’on nous vole notre révolution avec l’argent du Qatar. (…) Les syndicats de base de Sfax, Djerba et du bassin minier de Gafsa ont décidé de rejoindre notre mouvement. On en attend plusieurs centaines », a-t-elle ajouté. « Pas question qu’ils rognent les droits des femmes », ajoute une autre militante.
Hier matin, le malaise était persistant. Un millier d’islamistes, brandissant des emblèmes d’Ennahdha et du Parti Tahrir (salafiste), scandant « Les communistes menacent la Tunisie ! », « Nous sommes la majorité, laïcité dégage ! », « Le peuple veut un État islamique et l’application de la charia ! », faisaient face aux militants de gauche. Depuis mercredi, un millier d’hommes et de femmes campent devant le Parlement tunisien, à l’appel de 25 organisations sociales et politiques, avec pour mots d’ordre : « Travail, liberté, dignité. » D’autres brandissaient des pancartes sur lesquelles il était écrit « Non à la dictature religieuse », « Salafisme = régression ».
Cette brusque tension, sur fond d’un contexte social explosif, survient un mois et demi après les élections du 23 octobre. Au plan politique, la situation reste bloquée. Il n’y a toujours pas de gouvernement, en dépit d’un accord entre les trois partis arrivés en tête du scrutin accordant le premier ministère à Hamadi Jebali (islamiste), la présidence du Parlement à Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol, centre gauche) et la présidence de la République à Moncef Marzouki (CPR, centre gauche). Or, ce dernier a déclaré qu’il n’acceptera pas « une présidence fictive » mais « une présidence avec des prérogatives réelles ». Qui plus est, Ettakatol et le CPR accusent Ennahdha de vouloir tout accaparer.
Source : « L’humanite » Le 06-12-2011
Tunisie – Ettakatol, entre divisions et langue de bois
Le cirque se poursuit et comme ils nous y ont habitués, ce sont les membres d’Ettakatol qui naviguent entre désaccords et langue de bois. Lundi matin, Khelil Zaouia répondait, sur les ondes d’Express FM, qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce qu’un député remplisse en même temps ses fonctions parlementaires et des fonctions ministérielles. Auparavant, Mustapha Ben Jaâfar, aussi, a déclaré clairement lors de son face-à-face avec des journalistes sur la Nationale 1, qu’il n’y avait aucun inconvénient au cumul entre les portefeuilles ministériels et les fonctions de membre de la Constituante. Interrogé à ce sujet par nos confrères de la télévision nationale, Khemaïs Ksila prend les numéros 1 et 2 de son parti à contre-courant et affirme qu’un accord a été trouvé au sein du groupe parlementaire d’Ettakatol et que ce dernier rejettera non seulement le cumul des mandats, mais également la motion de censure à deux tiers. Sans tarder, Mohamed Bennour, porte-parole officiel du parti, intervient au téléphone pour donner la « position officielle » du parti. Il affirme que Khemaïs Ksila en sa qualité d’élu d’Ettakatol, peut émettre son avis, qui est respectable mais qui n’illustre pas la position du parti. Et, comme ils nous y ont habitués, la « position officielle » sera l’absence de position. En effet, le présentateur posera, à maintes reprises, la même question au porte-parole d’Ettakatol, cherchant à savoir si effectivement un accord a été conclu en ce sens, sans obtenir aucune réponse. Khemaïs Ksila a, visiblement décidé de jouer les trouble-fêtes, cassant avec les habitudes d’Ettakatol de communiquer le moins possible sur leurs prises de décision, si décision il y a. Après une réunion lundi soir au siège du parti, à la demande de militants inquiets de la direction qu’a prise leur parti. La décision publique de plusieurs élus d’Ettakatol de ne pas voter l’article sur la motion de censure telle qu’il est proposé, notamment, nous amène à poser la question suivante : les dirigeants du parti ont-ils perdu le contrôle sur leur base et surtout leurs élus ? Nous en saurons plus lors des votes sur le projet d’organisation provisoire des pouvoir publics.
Source : « Business News » Le 06-12-2011
Alors comme ça, la Tunisie est au bord de la guerre civile
Par Hisham Ben Khamsa
L’Assemblée Constituante s’est réunie le 22 Novembre dernier et depuis, il ne se passe pas un jour sans que la Place du Bardo ne soit le théâtre de mouvements citoyens. Le premier jour, il y a eu environ 2000 personnes qui ont tenu à user de leur droit de rappeler aux nouveaux élus que s’ils faisaient leur entrée dans cette auguste assemblée, c’est par la volonté du Peuple et que leur mission était d’écrire une constitution pour tout ce peuple et non pas pour une partie, quels que soient les pourcentages, fussent ils représentatifs d’une majorité relative ou d’une minorité de blocage. Leur présence était d’autant plus nécessaire qu’un mois s’était écoulé depuis les élections et que les partis politiques avaient donné tous les mauvais signaux quand à leurs intentions opaques, plus soucieux qu’ils étaient de gouverner et d’avoir un siège ou un strapontin que de se tenir à la mission claire que leur avait confié les électeurs. Il a fallut attendre quelques temps avant que ne soient livrés les premiers textes censés régir les règles internes de l’assemblée et les mécanismes de fonctionnement du gouvernement de transition. Oui, car un gouvernement nommé et négocié par des parties politiques ne peut qu’être temporaire en attendant que des règles constitutionnelles soient écrites pour le pays. Résultat de cette attente et de ce premier test démocratique : Un texte que n’auraient pas renié les « juristes/tailleurs du sur-mesure » de Ben Ali. Tablant sur la naïveté des Tunisiens et sur leur allergie toute récente au régime présidentiel de droit absolu, les porteurs du projet ont tout simplement tenté de transférer les pouvoirs tant honnis d’un seul homme vers un autre sous le couvert sémantique qu’il était simplement chef du gouvernement et non président de la république, comme si cela était une preuve suffisante de sa probité et qu’il fallait le croire sur parole. Vous avez bien sur compris que dans notre cas de figure, il s’agit de Hamadi Jebali, secrétaire général du mouvement Ennahdha et qui comme chacun le sait n’a que des membres qui craignent Dieu. On serait presque tenté de dire « Au diable » les institutions d’autant plus que ce monsieur nous a rassuré quand à son attachement aux valeurs de la République en parlant au lendemain des élections de l’instauration du 6ème Califat avec le même lyrisme qu’utiliseraient d’autres pour annoncer l’arrivée du Messie ou du Mehdi Chiite tant attendu. Puis on s’est rendu compte que par « le plus grand des hasards » et au moment où les parrains de ces textes essayaient discrètement le passage en force en commission, un groupe de jeunes étudiantes en niqab (j’assume qu’elle sont jeunes) et leurs « camarades » de sexe opposé et à la pilosité faciale abondante avaient décidé de faire valoir leur droit à la liberté vestimentaire au moment des examens et cela en occupant la faculté des Lettres de La Manouba où le doyen fut séquestré et même molesté par ces amoureux de la liberté. Le résultat fut une suspension des examens pour tous les étudiants. Mais que valent plus d’un millier d’étudiants quand il s’agit du droit fondamental à la cotonnade intégrale ? S’en suivit une grève générale dans les universités à l’appel des enseignants du supérieur qui depuis quelques temps constataient une fâcheuse tendance qui s’installait dans le périmètre universitaire et même scolaire, où des professeurs se trouvaient physiquement pris à partie par des étudiants devenues garants de la « morale ». Jeudi 1er Décembre, les professeurs grévistes convergèrent vers l’Assemblée Constituante dans une marche qui regroupa selon les chiffres de la police environ 6000 personnes représentatives des différents pans de la profession et même de la société, toutes et tous attachés à une Tunisie éduquée, libres, moderniste, besogneuse, fière de ses racines et de son histoire riche, variée et trois fois millénaires. Étonnamment (ou pas), la foule de ce jour là n’avait pas été rassemblée depuis un certain 14 Janvier 2011. Mais un autre événement eu lieu au même moment et au même emplacement. Des chômeurs diplômés du Bassin minier, originaire de Gafsa, de Kasserine et d’autres régions damnées de la Tunisie, vétérans des luttes de 2008 contre le dictateur et des rassemblements Kasbah 1 et Kasbah 2 qui avaient brisé l’Etat/RCD, ont décidé de venir camper sous les grilles du Palais du Bardo. Ils avaient décidé qu’ils en avaient marre de voir que tous les sacrifices consenties n’avaient en fin de compte rien changé à leur quotidien de misère. Et par le plus grand des miracles, ces deux Tunisie (nantie et miséreuse) se sont retrouvées autour de vrais valeurs malheureusement égarées dans les faux sujets qui ont pollué le débat des six derniers mois : TRAVAIL, DIGNITÉ, LIBERTÉ. Dans un énorme élan de solidarité, ceux qui venaient tous les jours en externes, réclamer la démocratie, les libertés et la transparence avant de rentrer chez eux le soir se sont mis à ramener de la nourriture, des couvertures et même des tentes à leurs frères de l’intérieur. Et comme si cela ne suffisait pas et suite à des agressions subies la nuit par les grévistes, quelques dizaines d’associations issues de la société civile ont décidé que leur soutien devait être assuré 24h sur 24 et que leurs jeunes militants resteraient sur place afin d’offrir leur aide et leur protection. L’esprit de la révolution était de retour. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, d’autres groupes de chômeurs venant de l’intérieur, convergent vers la capitale. Tout ceci ne pouvait laisser indifférentes d’autres forces et en particulier la plupart de ceux qui depuis un mois se voyaient déjà comme les maitres du pays, se partageant les portefeuilles et distribuant les hauts postes de l’état. Un appel fut lancé sur les réseaux sociaux proches du parti islamiste et dans plusieurs mosquées pour une contre manifestation le samedi 3 Décembre sous couvert qu’ils représentent le véritable pays grâce à « leur majorité » dans l’assemblée légitimement élue. Peu importe que cette « majorité » n’est que de 41% des sièges et de 37% … de 52% de Tunisiens en âge de voter. Quand on aime, on ne compte pas. Ou alors pas avec assez de lucidité. Je me suis rendu au Bardo tous les jours, depuis le premier jour. Ça variait de 3 heures à beaucoup d’heures. Samedi par exemple, je suis arrivé à 10h30 et je n’en suis reparti que tard le soir. La journée dans le fond fut bon enfant. Les forces de l’ordre avaient placé des chevaux de frise des deux cotés de la chaussée pour permettre à la circulation de passer et créer ainsi un cordon de sécurité entre les personnes en présences. Mais les photos relayées sur Facebook et par les médias (français et Al Jazeera en tête, avec un autre mauvais point à notre TV nationale) ont montré un pays physiquement divisé entre « laïcs » et « barbus ». Un pays ou deux clans étaient prêts à s’étriper dans une guerre civile à la libanaise. Un pays déjà dépressif et qui cédait en plus à la panique. Mais pour y avoir été, je peux vous assurer qu’il n’y avait pas deux clans. Certes, il y avait deux masses séparées par la chaussée et la circulation. Mais il y avait en gros, d’un côté environ 2000 personnes qui avaient des revendications claires et qui discutaient et qui échangeaient. Et j’ai personnellement beaucoup discuté avec des gens qui de premier abord ne partageaient pas mes idées et qui ignoraient complètement mes points de vues. Cela jusqu’à ce qu’ils découvrent les valeurs que j’essaye de porter, qu’ils se trompaient sur mon compte et que comble de l’ironie nous avions plus d’accord que de divergences. Personnellement, je ne me suis jamais trompé sur certaines de leurs convictions. Je ne les partage pas mais je ne les ai jamais diabolisés. Et puis en face, il y avait entre 3000 et 4000 personnes, une masse assez uniforme par le look que l’on pouvait en gros diviser en trois. Il y avait à peu près quelques centaines d’hommes d’âge moyen et de femmes plus ou moins jeunes et qui portaient le Hijab et huit qui portaient Niqab. Ensuite, il y avait quelques dizaines de Salafistes/extrémistes du Hizb Ettahrir (100 à tout casser) avec leurs drapeaux noirs et leur seul slogan qui était Takbir. Et finalement, il y avait le reste: environ 3000 jeunes entre 15 et 25 ans, qui reprenait des slogans visiblement soufflés mais qu’ils n’avaient retenus que parce qu’ils étaient mis sur des airs qu’ils chantent chaque dimanche dans les stades de football. Ces stades où pour se défouler à chaque fin de match, que leur équipe soit gagnante ou vaincue, ils se castagneront les uns les autres avec de temps en temps un aparté avec les forces de l’ordre. Et ces jeunes ont fait comme à chaque fin de match de championnat: ils ont jeté des pierres et cherché la bagarre La seule certitude c’est que le gros des ces participants a une idéologie plus proche du virage du stade d’El Menzah que de celle de Ben Laden. Le moment le plus cocasse, étant celui où une camionnette est passée au milieu de la chaussée avec à son bord des « manifestants » brandissant le drapeau de Ennahdha, le drapeau noir du Hizb Ettahrir et le drapeau du… Club Africain. Quelle conclusion doit-on tirer de tout cela. D’abord qu’il faut recentrer le débat sur les vrais problèmes : Chômage, misère, éducation, notre économie qui sombre. Ensuite reconnaitre que les membres de l’assemblée constituante même s’ils sont élus par le jeu des urnes, souffrent tous et sans exception d’un déficit de connaissances démocratiques. Ceci est encore plus vrai pour les partis politiques et leurs membres qui à l’exception de quelques militants de la première heure ne connaissent finalement et d’une manière Pavlovienne que le système Ben Ali. Le salut ne viendra que par la société civile et par sa capacité à rester vigilante et porteuse de projets et de valeurs communes qui seront le socle sur lequel sera bâti la nouvelle Tunisie. Un projet solide, inclusif et construit grâce à un savoir faire 100% tunisien. Un projet que je verrais très bien exporté vers la France, les USA et surtout le Qatar.
Source : « Espace Manager » Le 06-12-2011
Ceux qui touchent aux acquis de la femme ne sont pas d’Ennahdha
Hejer Wanna Hentati
Depuis décembre 2010, les Tunisiens se sont révoltés, une révolution qui était marquée entre autres par la participation de la femme tunisienne soit sur le terrain en manifestant, soit en encourageant ses enfants, frères, neveux et proches à sortir affronter la tyrannie de l’ancien régime. Une révolution soldée par la destruction de la dictature d’un régime politique instauré en Tunisie depuis l’indépendance. Après le 14 janvier, la majorité des Tunisiens, des politiques, des indépendants et des associations préparaient les élections tant espérées libres, transparentes et démocratiques, mais certains messieurs étaient occupés par une autre chose tout à fait différente : la modification des statuts des fédérations sportives tunisiennes. Avec la réussite de l’opération électorale le 23 octobre 2011 et la montée du parti islamiste Ennahdha au pouvoir, certaines femmes et associations ont manifesté leur peur d’une éventuelle politique de ce parti qui touchera peut être aux acquis de la femme tunisienne et freinera l’amélioration de sa situation en Tunisie. Le peuple tunisien assiste alors à un grand débat sur le sujet des droits de la femme ; entre Ennahdha qui rassure et les démocrates modernistes qui s’affolent, le sujet reste fort présent dans l’actualité tunisienne. Pendant ce temps, certains messieurs se sont occupés de notre sport. Et le ministère des sports propose un premier projet des statuts des fédérations sportives qui prévoit notamment d’encourager la femme, en augmentant le nombre minimum exigé de femmes dans les bureaux fédéraux constitués de 12 membres, de deux femmes selon les statuts en vigueur à trois femmes (article 36 du projet : il faut un minimum d’une femme dans un bureau de 6 membres et de 2 femmes dans un bureau de 9 membres et de 3 femmes dans un bureau de 12 membres ). Mais taxé de manque d’innovation et du non-respect des impératifs de la révolution, ce projet a été sévèrement critiqué par les fédérations dans la mesure où il consacre encore et fortement dans certaines de ses dispositions, l’ingérence de l’Etat dans les affaires internes de la fédération qui ne doit plus être considéré comme un établissement public, mais comme une association indépendante. Sauf que ces critiques visent également le nombre minimum exigé de femmes, et les fédérations demandent alors de limiter la participation de la femme dans leurs bureaux fédéraux à une seule et unique femme quel que soit le nombre des membres candidats. En effet, les fédérations justifient la nécessité de limiter la participation de la femme et de la réduire à une seule représentante, par la difficulté de trouver des candidates remplissant les conditions dans ce domaine « réservé aux hommes », chose qui peut bloquer la candidature des listes d’une part, et par l’exigence du principe de l’égalité entre les sexes qui ne veut aucune discrimination car, c’est à la femme de s’imposer par elle-même comme ils disent. Suite à ces critiques très médiatisées et sous la pression, le ministère propose un autre projet dans le quel on réduit la représentation de la femme dans les fédérations à une seule femme quelque soit le nombre des membres candidats. Le dernier projet préparé par « les experts dit-on » des fédérations et présenté au ministère le 31 octobre, maintient ce minimum d’une seule femme. Sauf que tous ces derniers projets soit du ministère soit des fédérations, touchent expressément aux acquis de la femme tunisienne car selon les statuts en vigueur le minimum requis obligatoire dans les bureaux fédéraux est de deux femmes. Alors de quel droit ces messieurs réunis en l’absence des femmes (une participation limitée à une seule femme dans la commission chargée du projet) décideront-ils du sort, des droits et de la participation de la femme dans le domaine sportif ? Ces messieurs déjà bien installés sur leurs fauteuils soudain révolutionnaires, semblent-ils croire que la révolution est une occasion pour toucher aux acquis de la femme dans n’importe quel domaine ? Pensent-ils pouvoir imposer sous silence leur mentalité encore patriarcale en sortant des alibis qui trahissent leur vouloir d’exclure encore et encore la femme ? Pourquoi soutiennent-ils qu’il n’y a pas assez de femmes remplissant les conditions de la candidature alors qu’aux élections des fédérations de 2009 la femme était plus que présente dans les listes candidates même en nombre de 4 femmes dans certaines. Et pourquoi insistent-ils à réduire le nombre de femmes alors qu’ils pouvaient proposer l’élimination par exemple de la condition d’ancienneté pour la femme et lui permettant ainsi d’accéder plus facilement aux fédérations, d’être honorablement représentée et d’acquérir au même temps une expérience de responsable sportive. Pourquoi se rappellent-ils soudain du principe de l’égalité des sexes ? Connaissent-ils vraiment l’histoire des peuples et leur militantisme en matière d’égalité et de non-discrimination à l’égard de la femme ? Sont-ils au courant du dernier rapport en 2010 de Freedom House « Women’s rights in the Middle East and North Africa 2010 » et surtout de sa partie consacrée à la Tunisie ? Savent-ils que la « discrimination positive » au profit de la femme est l’une des techniques utilisées même dans les pays développés pour rétablir l’équilibre entre les sexes ? Alors non, non messieurs, la femme tunisienne ne vous permet pas de toucher à ses acquis, et si vous êtes encore bloqués par rapport à l’amélioration de sa situation, ça sera alors deux femmes dans vos bureaux messieurs, pas une en moins comme la loi l’exige. Enfin je me demande qu’elle sera messieurs votre réaction si toutes les mères décideront d’empêcher leurs filles de pratiquer le sport, et si toutes les sportives décideront d’arrêter le sport pour manque de représentation féminine dans vos bureaux ? Sachant que les femmes sportives détiennent encore le record des résultats en Tunisie. Alors pourquoi avoir peur seulement d’une éventuelle politique d’Ennahdha touchant aux acquis de la femme du moment où d’autres messieurs ont déjà touché sans souci à ces acquis ?
Source : « GlobalNet » Le 05-12-2011
Tunisie : nouvel incident lié au niqab
La direction de la faculté de lettres de la Manouba, près de Tunis, a décidé aujourd’hui la fermeture de l’établissement après denouveaux incidentsprovoqués par des manifestants qui contestent l’interdiction du niqab à l’université. “J’ai été empêché ce matin d’accéder à mon bureau par le groupe de contestataires qui campe depuis une semaine à la fac, et un enseignant et une fonctionnaire ont été agressés physiquement”, a raconté le doyen de la faculté Habib Kazaghli. “Suite à ces incidents, le conseil scientifique de la faculté a décidé l’arrêt des cours, des examens et des services administratifs jusqu’à ce que tous les éléments étrangers à l’université quittent les lieux”, a-t-il ajouté. Quelques dizaines de personnes, dont des salafistes, en majorité étrangers à la faculté selon la direction, campent depuis le 28 novembre dans l’enceinte du campus pour réclamer l’autorisation des étudiantes en niqab (le voile islamique intégral). Plus de 13.000 étudiants sont inscrits à la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, à 25 km de Tunis.
Source : « Le Figaro » Le 06-12-2011
Tunisie, un an après : à Kasserine, “capitale des martyrs”
En rendant hommage aux martyrs de la révolution, un député a “oublié” une vingtaine de noms, originaires de Kasserine.
Le portrait de Slah Dashrahoui est toujours retourné. Le visage de la photo face au mur. Dans la pièce principale de cette petite maison située à Cité Nour, un quartier de Kasserine, Rebh, sa mère, avoue, les yeux remplis de larmes, ne plus pouvoir le regarder. Un foulard fleuri couvrant ses cheveux, le visage sillonné par les rides, elle préfère quitter ce salon au mobilier rudimentaire que d’affronter les yeux en amande de son fils. Le 8 janvier 2011, dans cette ville du centre-ouest de la Tunisie, les premiers morts de la révolution tombent. Parmi eux, Slah, âgé de 19 ans. Il était parti défendre l’étal de légumes de son père, seul membre de cette famille de sept enfants à travailler.
Le 22 novembre, alors que s’ouvrait la première séance plénière de l’Assemblée constituante élue le 23 octobre, Noomen El Fehri a tenu à rendre hommage aux martyrs de la révolution. Un hommage terni par un oubli fâcheux : sur les 27 martyrs du gouvernorat de Kasserine, selon les certificats des hôpitaux, seuls sept ont été cités, dont celui de Slah.
Sentiment de frustration
“Cette omission a créé un sentiment de frustration. Tout le monde sait que c’est ici qu’il y a eu le plus grand nombre de martyrs”, rappelle Béchir Bedoui, gouverneur de Kasserine. Rien que le 10 janvier, 14 personnes seraient tombées sous les balles des snipers de Ben Ali à Thala, ville alentour, et à Kasserine, à l’image de Mohamed Khadraoui, tué en même temps que trois autres jeunes à Cité Ezzouhour, un quartier de Kasserine.
Alors, peu après cet hommage de la Constituante, reçu comme un camouflet, près de 4 000 personnes se sont rassemblées devant le siège de l’UGTT, le principal syndicat du pays. La manifestation a dégénéré lorsqu’un groupe a tenté de forcer les portes de la prison de la ville et a jeté des pierres sur les forces de sécurité. Ces dernières ont riposté par des tirs de sommation et en lançant des gaz lacrymogènes.
Dans la foulée, Noomen El Fehri a présenté ses excuses aux familles en expliquant s’être fié à une liste récupérée auprès de l’Isie, l’Instance supérieure indépendante pour les élections. Mais pour les Kasserinois, le mal était fait.
“Rien n’a changé”
“Cela nous a fait mal quand il n’a pas cité nos martyrs”, avoue Helmi, 27 ans, alors qu’il boit un direct (café au lait, NDLR) au café La Magnifique, le “café des chômeurs”, comme il l’appelle avec Hafedh, 22 ans. “Mais c’était fait exprès ! Ils veulent encore inférioriser Kasserine, ils veulent tester la rue. Le député a cité plus de martyrs de Monastir et de Sousse que d’ici. Il a dit que Monastir était la capitale des martyrs !” s’indigne-t-il, profitant du soleil en cette fraîche matinée de décembre. “Il y a un problème de régionalisation en Tunisie et, même sur ce point, il ressort !” analyse Hafedh. Pour ces deux jeunes au chômage, comme près de 40 % de la population active du gouvernorat, cette omission montre surtout que “rien n’a changé”.
Dans cette ville de plus de 100 000 habitants, située à 350 kilomètres de Tunis, il n’y a qu’une seule industrie, une entreprise de pâte à papier. À Thala, une autre extrait du marbre. Mais la transformation ne se fait pas sur place, elle se fait au Sahel. Sous Ben Ali, 80 % des investissements profitaient aux régions côtières, délaissant les régions du Centre, plus rurales et désertiques.
Ici, pas d’autoroute. Les routes sont défoncées. Les trains ne transportent que des marchandises. Le niveau de vie est de moitié inférieur à celui des villes touristiques de la côte. En avril, le ministère des Transports a promis 83 millions de dinars pour rénover les infrastructures. Le ministère du Développement a, lui, déclaré que 80 % du budget serait attribué aux régions du Centre, contre 20 % pour les régions côtières. Pour Kasserine, l’enveloppe s’élève à 139,5 millions de dinars. Un geste que salue le gouverneur. Mais pour Ridha Abbassi, vice-président bénévole de la municipalité le matin et instituteur l’après-midi, “ce ne sont que des promesses”. “Nous n’avons rien vu pour le moment. On envoie des lettres au ministère de l’Intérieur pour dire qu’on ne peut pas travailler comme ça et tout ce qu’on nous donne, ce sont des lampadaires !” fustige ce père de famille qui, la nuit, va planter du gazon et des arbres pour fleurir les ronds-points. Avec quelques bénévoles de la mairie, il a été signé un accord de coopération avec la région Paca. Une initiative personnelle réalisée sur leurs propres deniers.
“On en est au point où certains regrettent presque de ne pas avoir pris de balle pour toucher l’indemnisation”, ironise Hafedh, tuant ses journées au café ou en jouant au foot. Au lendemain de la révolution, les familles des martyrs ont été contactées par le gouverneur et ont reçu chacune la somme de 20 000 dinars (10 000 euros). Avec cet argent, la famille Dashrahoui comme la famille Khadraoui, rencontrée en octobre, ont chacune acheté une maison.
Reconnaissance
“Kasserine est souvent oubliée, délaissée, marginalisée. S’ils reconnaissent la ville comme capitale des martyrs, ils avouent que c’est ici que s’est déclenchée la révolution et peut-être se montreront-ils un peu plus intéressés par la région”, estime Maher Bouazzi qui faisait partie des 14 avocats descendus dans la rue le 22 décembre 2010. Il est désormais l’un des 51 avocats en charge du dossier des 27 familles de martyrs devant le tribunal militaire du Kef. Sur le banc des accusés, 23 personnes dont l’ancien président Ben Ali, mais aussi deux anciens ministres de l’Intérieur ou encore l’ancien directeur de la sécurité présidentielle, Ali Seriati. Prévu le 28 novembre, le procès a été reporté au 12 décembre.
“Les familles ne veulent pas une indemnisation, mais un jugement, de la reconnaissance. C’est humain”, ajoute-t-il. En attendant une reconnaissance du tribunal militaire du Kef ou des députés de l’Assemblée constituante, la municipalité a commencé à renommer les rues. Dans le bureau du maire, quatre plaques sont posées : deux au nom de la révolution du 14 janvier, deux au nom du martyr Walid Gueriri. “C’est un petit geste, reconnaît Ridha Abbassi. Mais c’est important que ces familles voient qu’on n’oublie pas leurs enfants.”
Source : « Le Point » Le 06-12-2011
Tunisie : heurts entre salafistes et laïques
Les intégristes réclament le droit de porter le voile intégral à l’université.
Des milliers d’islamistes et de laïques, en désaccord sur la place à accorder à l’islam dans la Tunisie de l’après-Ben Ali, se sont affrontés samedi devant l’Assemblée constituante à Tunis. Après de violentes échauffourées, les policiers ont finalement dispersé, dans la soirée, à coup de gaz lacrymogènes, les manifestants pro-islamistes.
Les pro-islamistes, des salafistes pour la plupart, avaient convergé samedi matin devant le siège de l’Assemblée une «contre-manifestation» pour répondre à un groupe de centaines de protestataires qui campent depuis mercredi devant le bâtiment. Ces derniers, des chômeurs, des enseignants, des militants de gauche, réclament «liberté, travail et dignité».
Les deux camps se sont fait face toute la journée dans une ambiance tendue. «Le peuple a fait son choix, laïcité dégage», «Ceux qui étaient avec Ben Ali, contre le voile, sont aujourd’hui contre le niqab», pouvait-on lire sur certaines pancartes pro-islamistes. De l’autre côté, les manifestants laïcs brandissaient des banderoles disant «non à la dictature religieuse», «non au salafisme synonyme de régression». «Le sit-in continue, on reste, a indiqué Ines Ben Othman, représentante des protestataires. Mais les agresseurs nous provoquent, ils nous attendent à tous les coins de rue.» Les foyers de tension se multiplient depuis quelques semaines en Tunisie, confrontée à un chômage endémique, à la crise économique et à la montée des extrémistes. Depuis lundi dernier, barbus en kamis (tuniques) et femmes en niqab occupent les locaux de la faculté de la Manouba, dans la grande banlieue de Tunis. «Ces salafistes ont quatre revendications, explique le doyen, Habib Kazdaghli, qui raconte avoir été séquestré et violenté en début de semaine. Ils réclament le droit de porter le niqab, une salle de prière, la fin de la mixité et des professeurs femmes pour les étudiantes. Mais notre position est claire : pas question de négocier avec cette secte religieuse !»
Un mois et demi après les élections du 23 octobre, remportées par les islamistes modérés d’Ennahda,le gouvernement n’a toujours pas été constitué. Bien qu’Ennahda se soit engagé à ne pas chercher à imposer les règles de l’islam, nombre de militants laïcs redoutent que la coalition ne remette en question le modèle social tunisien.