ATFD: Non à la violence et à l’intimidation contre les femmes
Espace Manager: Tunisie: Hamadi Jebali rassure les médias
Le Parisien: Souad Abderrahim : l’élue non-voilée des islamistes d’Ennahda
Kapitalis: Tunisie. Afek Tounes déplore des « manœuvres déstabilisantes»
Non à la violence et à l’intimidation contre les femmes
TUNISIE: LES NOUVEAUX HOMMES FORTS
Nets vainqueurs des élections législatives, les islamistes du parti Ennahda émergent comme les acteurs incontournables de la nouvelle donne politique en Tunisie. Charge à eux de former un gouvernement de coalition, puisque, avec 90 sièges sur 217, ils n’obtiennent pas de majorité absolue à l’Assemblée, qui doit rédiger une nouvelle Constitution pour ce pays pionnier des révolutions arabes.
Fondé en 1981, le « parti de la renaissance » (« nahda » en arabe) était totalement interdit sous le régime de Ben Ali. Son chef, Rached Ghannouchi, 70 ans, dont vingt ans passés en exil à Londres, est un ancien professeur de philosophie fortement influencé par les Frères musulmans d’Egypte. Islamiste modéré, Ghannouchi met en avant le secrétaire général du parti comme futur Premier ministre. L’ancien journaliste Hamadi Jebali, 62 ans, dont seize en prison sous Ben Ali pour « appartenance à un parti interdit », est perçu comme un homme du consensus au sein de son propre parti. D’aucuns parlent d’« islamiste BCBG ».
“LE JEU DÉMOCRATIQUE A PERMISDE DÉCOUVRIR LA VRAIE TUNISIE»
Le succès d’Ennahda n’étonne pas la plupart des observateurs. « On se cachait les yeux, mais le jeu démocratique a permis de découvrir la vraie Tunisie », affirme Khadija Mohsen-Finan, spécialiste du Maghreb à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). « Au gouvernement, ils vont apprendre la réalité du pouvoir, et devoir répondre aux fortes attentes économiques et sociales des Tunisiens, dit-elle. Je pense que leurs positions iront plutôt vers le consensus que vers un durcissement. »
La promesse de ces islamistes bon teint : marier islam et modernité dans un système démocratique. En effet, Ennahda a « ratissé large » pour obtenir un maximum de voix aux élections, ajoute Denis Bauchard, conseiller pour le Maghreb et le Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Ils se présentent comme le parti de l’ordre, dans un pays qui reste instable depuis la révolution. « Beaucoup de Tunisiens les attendent au tournant, notamment quant aux libertés individuelles et aux droits des femmes, estime Bauchard. Toute référence à la charia dans la future Constitution va être fortement débattue. »
Plusieurs figures de gauche sont candidates pour former un gouvernement de coalition avec les islamistes. D’abord Moncef Marzouki, un médecin et militant des droits de l’homme de 66 ans. Son parti, le Congrès pour la République (CPR), est arrivé bon deuxième avec 30 sièges. Ensuite, Mustapha Ben Jaafar, professeur en médecine de 70 ans, dont le parti Ettakatol est arrivé troisième avec 21 sièges. « Ces partis de la gauche pragmatique n’ont pas fermé la porte à Ennahda et n’ont diabolisé personne, explique Mohsen-Finan. A l’opposé, tous ceux qui ont tenu des discours extrémistes ont été marginalisés. »Il faudra aussi compter avec le riche homme d’affaires Hechmi Haadmi, dont la liste Pétition populaire a créé la surprise en obtenant 19 sièges.
Restent les sortants du gouvernement de transition installé après la chute de Ben Ali, en février dernier. Certains émergent comme des figures de référence, dont l’actuel Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, 84 ans. Beaucoup l’envisagent comme le prochain président de la République. On voit aussi timidement ressurgir quelques figures de l’ère Ben Ali, dont Kamel Morjane, l’ancien ministre des Affaires étrangères, dont le parti, El Moubadara, a obtenu 5 sièges. Il faut dire que le défunt Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti du dictateur dissous depuis la révolution, comptait plus de 2 millions de membres, dont beaucoup cherchent à se recaser.
Source : « Paris Mach » Le 05-11-2011
Lien :http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Tunisie-les-nouveaux-hommes-forts-350297/
Tunisie: Hamadi Jebali rassure les médias
Le Secrétaire Général d’Ennahdha Hamadi Jebali vient de recevoir une délégation représentant les grandes composantes de la famille médiatique en Tunisie représentée par l’Association tunisienne des directeurs de journaux, le syndicat des journalistes tunisiens, l’Instance nationale de réforme de l’information et de la communication et le syndicat de la culture et de la presse au sein de l’UGTT. Constitué depuis quelques jours afin de défendre les libertés d’expression et de création, ce collectif a programmé de rencontrer l’ensemble des partis politiques vainqueurs aux élections de l’Assemblée constituante. L’objectif étant de les convaincre d’inscrire la liberté d’expression et de création dans la nouvelle Constitution. La rencontre s’est caractérisée par une franchise totale. Les représentants des médias ont exprimé leurs craintes quant à l’avenir des libertés en Tunisie après la victoire d’Ennahdha et ont demandé au Secrétaire Général de la première force politique de s’engager à défendre les libertés d’expression et de création, ainsi que les droits de la femme qui semblent pour certains menacés. Après avoir rappelé le rôle négatif joué par les médias sous l’ère Bourguiba puis Ben Ali, Jebali a été très rassurant en soulignant qu’il était totalement d’accord sur tout ce qui a été proposé par les représentants des médias, promettant l’inscription de la liberté d’expression et de création dans la Constitution. M. Jebali s’est, d’autre part, engagé à consolider les acquis de la femme tunisienne en promettant d’intervenir pour mettre un terme à certains dépassements commis au nom de la religion par des fanatiques irresponsables qui ne font en réalité que nuire à l’image de l’Islam tolérant, indiquant dans ce sens qu’Ennahdha est consciente de la gravité de ces dépassements et qu’elle dénonce vigoureusement. Plus rassurant que l’on ne s’attendait, Jebali a aussi indiqué qu’Ennahdha est convaincu que la société tunisienne est plurielle et que l’on ne pourra jamais imposer quoique ce soit par la force, s’engageant encore une fois à ce que les libertés individuelles soient respectées en Tunisie.
Source : « Espace Manager » Le 05-11-2011
Lien :http://www.espacemanager.com/macro/tunisie-hamadi-jebali-rassure-les-medias.html
Tunisie – Elections : Le substrat culturel, encore et toujours…
Par Sondes Khribi Khlifa
Première lecture des premiers résultats des élections. Comment expliquer le raz de marée Ennahdha, y compris chez les Tunisiens à l’étranger? Est-ce vrai que les gens ont voté pour des «islamistes»? La Tunisie, future “Tunistan“? (comme a écrit un journaliste étranger)…
Un vote religieux?
Non pas du tout. Il faut se rappeler qu’Ennahdhaa eu un discours assez soft, qu’ils ont rarement parlé de religion, sauf quand on leur demandait quel était leur background. Ce n’est donc pas pour un discours religieux que les gens auraient voté, à mon avis. Les gens ont voté pour un parti traditionnel, qui a une histoire, y compris dans le militantisme, que ce soit face à Ben Ali, ou face à Bourguiba avant. Les gens ont voté pour un parti politique qui compte des hommes perçus comme étant des hommes de confiance. D’ailleurs, Ennahdha a été très stratège d’instituer le slogan «loyaux…honnêtes». Chapeau bas.
Les gens ont voté pour un parti et un courant qui chatouille un aspect encore plus important, peut-être, que la religion. Ce n’est même pas la culture. C’est l’inconscient culturel. Je m’explique: d’abord, il faut se mettre d’accord sur le fait que le religieux s’imbrique -avec le temps, et dans l’espace surtout-avec le culturel. S’imbrique jusqu’à devenir entièrement culture peut-être.
Il est acceptable dans le cercle privé de ne pas faire Ramadan, mais il n’est pas acceptable de ne pas se mettre à table avec les autres au moment de la rupture du jeûne. On est libre de faire ou de ne pas faire la prière, notre jour de congé hebdomadaire est dimanche, et non vendredi. Mais on sursaute dès qu’on nous parle de laïcité.
Voilà comment nous sommes, nous les Tunisiens, nous sommes peut-être profondément tolérants, laïcs et progressistes.Bourguiban’est pas mort à mon avis. Mais on sursaute –quand même- quand on nous passe «Persépolis» à la télé, pas parce que l’on y parle ouvertement de shit et de sexe, mais parce qu’on y représente Dieu.
Qu’on ne s’y trompe pas alors, le substrat culturel est le fondement même des sociétés humaines, surtout à l’ère de la mondialisation, du chômage, de la précarité, etc. L’Europe est profondément chrétienne et la Turquie rame pour y entrer justement pour cette raison. Nous sommes décidément profondément de culture arabo-musulmane. Je dis “profondément“, car nous ne le savons peut-être pas. Et c’est cela l’inconscient culturel. Il est là, il est structurant, mais il est si enfouis en nous qu’on ne s’en rend plus compte.
C’était donc, à mon avis, un vote pour des valeurs, pour une identité à retrouver, et une revanche à prendre sur tout ce que l’on a enduré collectivement: misère, corruption, injustice et frustration sociale… Dieu aurait été le meilleur justicier, et c’est un retour vers lui qui nous aurait fallu… Mais en aucun cas une Tunisie “Tunistan“, à mon avis.
Et le vote Ennahdha n’est donc pas, à mon avis toujours, exclusivement ou massivement celui des couches populaires, celui du quart de la population sous le seuil de la pauvreté –ceux-là c’est le segment du marché de la pétition populaire «Al Aridha Achâbya». Le vote Ennahdha est celui de l’ex-classe moyenne, au niveau de vie en chute libre, qui croyait dur comme fer dans la modernité, dans le diplôme comme ascenseur social, et qui a été profondément déçue.
Le tsunami en Libye…
Une autre question peut venir influencer le déroulement des évènements dans notre pays, c’est celle de la libération de la Libye. Enfin! Précisément, celle de l’acceptation majoritaire dans ce pays de la Charia comme fondement des lois et de la Constitution. La guerre sanglante, les épreuves vécues par les «Thouars», braves hommes du peuple, viennent, à notre sens, renforcer dans la conscience collective, une place supérieure de l’homme, ou du moins pour ne pas aborder le sujet de l’égalité homme-femme de façon grossière, disons que cela renforce une division très traditionnelle des tâches et des rôles sociaux, entre l’homme, guerrier, et la femme, mère nourricière.
Ce n’était pas exactement le cas dans la révolution Tunisienne. Hommes et femmes étaient côte à côte partout dans les rues, nous avons des morts des deux sexes, et nous n’avons pas eu de véritable guerre, fort heureusement, grâce à la position salutaire de notre armée.
Renouveau économique…?
Maintenant mises à part toutes les questions qui attendent Ennahdha, si jamais elle reste dans le pouvoir au-delà de la durée nécessaire à rédiger une Constitution…, moi je voudrais bien voir les femmes échanger leurs Jellabas et leurs Nikabs, contre des «Hayek» ou des «Sefseri». Au lieu des vêtements qui ne font pas partie de nos traditions mais qui sont importés; je voudrais bien voir les femmes de mon pays (celles qui veulent se cacher les cheveux ou les jambes) mette des vêtements qui viennent de notre patrimoine. Ca relancerait cette production, un savoir-faire artisanal et ancestral, et qui de plus a une très grande valeur ajoutée aux yeux du consommateur européen, ou autre…
Ce que je veux dire, c’est que, si mon analyse est bonne, si nous avons voté pour une identité plus forte et plus enracinée dans l’«Arabo-musulmanité» ou la “Tunisianité Arabo-musulmane“… appelez cela comme vous voulez, alors j’attends -et je rêve de voir- un véritable renouveau économique, catalysé par le substrat culturel.
J’en ai parlé à plusieurs reprises, et l’économie mauve semble être l’avenir de la croissance, non pas uniquement chez nous, mais un peu partout dans le monde. Face à la saturation des marchés, à la morosité du consommateur, à l’hégémonie des grandes structures (grandes et moyennes entreprises) qui soit licencient, soit maintiennent les gens dans la précarité… Je n’attends que de voir une nouvelle vague de jeunes entrepreneurs et auto-entrepreneurs, qui mettent en valeur le patrimoine culturel du pays, pour relancer l’économie, exploiter des niches de marché à l’étranger (mais chez nous aussi, seulement les marchés étrangers sont beaucoup plus intéressants en termes de taille). Ainsi créer de la richesse, et soulager les maux des gens qui ont fait la révolution, ensuite voté Ennahdha.
Cela va de la bsisa au hayek, en passant par les gammes de produits bio dans l’agroalimentaire ou le cosmétique, le tourisme culturel, voire le renouveau de la chanson et du cinéma Tunisiens, ce qui implique une forte dynamique économique, etc.
PS: Merci une certaine marque, pour le «Think Tounsi». C’est exactement cela que je rêve de voir sur des bus parisiens ou des bus brésiliens, du produit à empreinte culturelle tunisienne…
Source : « wmc » Le 05-11-2011
Tunisie. Ennahdha entre son commandement et sa base
Par Mohamed Walid Draoui*
Qu’est-ce qui dans les paroles et les actes d’Ennahdha peut être attribué à ses dirigeants conciliants et/ou à sa base intransigeante?
Avant les élections du 23 octobre, les prêches et les discours politiques dans les mosquées par des imams autoproclamés ainsi que les cas d’intimidations dans les lieux publics pour les femmes non voilées ont toujours été déplorés par les dirigeants du mouvement Ennahdha qui les qualifiaient d’actes isolés n’engageant pas le mouvement. Dans tous les cas de figures, ces actes ne pouvaient pas être l’œuvre des sympathisants d’autres partis qui ne sont pas du tout gênés par le mode de vie actuel des Tunisiens!
Parallèlement, le discours officiel, repris harmonieusement et magistralement par tous les dirigeants du mouvement, a toujours été équilibré, tolérant, ouvert, démocrate et mielleux, trouvant un écho indéniable auprès d’une large frange de la population.
Des dirigeants aux CV brillants
A un moment donné et d’une manière péjorative, ce discours a même commencé à flirter avec celui des partis qui se déclarent viscéralement laïques, tellement il diffère de celui d’un parti à tendance islamiste. Le programme électoral du mouvement est lui aussi conçu dans cet esprit, brassant tous les aspects d’un Etat moderne, tolérant et démocrate.
Maintenant que les élections sont terminées, les taux sont connus, les alliances sont presque établies et même les plaintes déposées ne changeraient rien à la nouvelle carte, qu’est-ce qui caractérise la relation entre le commandement du mouvement et sa base?
D’une manière purement objective, force est de constater que la base du mouvement , constituée théoriquement des électeurs qui ont voté pour la «colombe bleue», sigle du parti islamiste tunisien, n’est pas toute formée de docteurs, universitaires, avocats et éminences grises à l’instar des dirigeants du mouvement dont les CV plus que brillants et le degré d’intelligence peuvent leur conférer, je présume et je l’espère, un minimum d’esprit de discernement; mais cette base est constituée d’un mélange de personnes dont les situations socioprofessionnelles, le niveau intellectuel, les tranches d’âge sont disparates. Emportées par l’euphorie de la victoire du mouvement, certaines personnes peuvent s’adonner arbitrairement à des manœuvres, initiatives personnelles et prises de positions dans des champs d’actions réduits (quartiers, lieux de travail, établissements éducatifs, universités, lieux publics), guidés dans la foulée par le sentiment de la victoire d’une part et c’est compréhensible mais, peut être, également, par un sentiment de religiosité supérieur aux autres, ce qui laisse leurs actes complètement en discordance flagrante et manifeste avec le discours officiel du commandement du mouvement qui suit toujours la même trajectoire, se voulant tolérant et clément…
Le commandement du mouvement face sa base
Personne ne peut nier le sens de l’organisation du mouvement Ennahdha, une montre suisse suis-je tenté de dire, d’ailleurs si ce n’était pas le cas, les résultats du scrutin n’auraient pas été tel qu’ils le sont là. Cette organisation est construite d’une manière pyramidale pour se trouver à proximité des citoyens avec des bureaux régionaux et locaux ainsi que des militants sillonnant et quadrillant chaque coin de rue, côtoyant les gens dans leur vie quotidienne sans être, dans la plus part des cas, envahissants mais, il faut l’avouer, un vrai travail de fourmis. Charge à ces responsables locaux et régionaux d’empêcher ces actes et de redresser la barre s’il y a une réelle conviction d’appliquer ce qu’on ne cesse de répéter dans les discours officiels.
Pour rester objectif, je relativiserai ce constat en disant que ces actes, peuvent être attribués aux sympathisants du mouvement Ennahdha, mais également et ce n’est pas à écarter, aux sympathisants d’autres mouvements connus pour être plus radicaux et intransigeants sur certaines idées.
Dans tous les cas de figures, une prise de position claire, ferme et sans nuances devrait être annoncée par Rached Ghannouchi et ses compagnons de route, d’autant que pour le commun des mortels, et à défaut de signes distinctifs pouvant aider à identifier l’appartenance des auteurs de ces actes, toutes les interprétations restent plausibles mais difficilement vérifiables, même celles qui convergent vers la responsabilité exclusive du mouvement Ennahdha.
Certains vont évoquer l’époque où l’ancien régime persécutait les sympathisants à tendance islamiste par l’interdiction, parfois agressive, du port du voile ou des pratiques touchant à la politique. Ce vécu, révolu, ne doit en aucun cas être ressuscité, même progressivement, en allant faire de même actuellement à celles qui ne s’appliquent pas à une certaine tenue vestimentaire ou à ceux dont les tendances politiques sont diamétralement opposées…
C’est une manœuvre très hasardeuse et dangereuse en même temps, même si c’est fait pour sonder les réactions adverses, puisque ça peut amener également à ressusciter des actes encore plus barbares et ce, dans un esprit de revanche, de vengeance et d’échange de bons procédés… Rached Ghannouchi n’a-t-il pas déclaré, dans un esprit rassurant certes, sur HannibalTV, que «ce n’est nullement l’intention des Nahdhaouis, même les domiciles de certains tortionnaires sont connus»?!
C’est rassurant certes et la justice fera son travail, j’en conviens, mais peut-on empêcher un acte isolé dans ce cas, de la part d’un fervent sympathisant croyant bien faire? Le mouvement est, actuellement, catégoriquement contre ce mode opératoire…
Une démarcation du mouvement Ennahdha des autres mouvements, jugés plus radicaux est plus que jamais à l’ordre du jour actuellement, sauf que là, les dernières déclarations de Rached Ghannouchi ne versent pas dans cet esprit puisqu’il ne voit pas d’inconvénient à ce que ces mouvements soient légalisés, même s’il a insisté sur le fait que leur légalisation de ces mouvements ne veut en aucun dire permettre d’enfreindre les lois. Mais justement, de quelles lois on parle?! Veut-il les faire sortir de la clandestinité pour mieux les maitriser? Une arme à double tranchant, je pense…
La balle est dans le camp des vainqueurs!
* Cadre bancaire.
Source : « Kapitalis » Le 05-11-2011
Souad Abderrahim : l’élue non-voilée des islamistes d’Ennahda
(Source: Leparisien.fr04.11.2011, 17h13 | Mise à jour : 18h32)
Tunisie. Afek Tounes déplore des « manœuvres déstabilisantes»
Selon la direction d’Afek Tounes, les récentes démissions seraient des «manœuvres déstabilisantes» de certains qui n’acceptent pas facilement la démocratie «lorsqu’ils sont minoritaires».
Dans un communiqué publié au lendemain de l’annonce de la démission de 16 membres, dont plusieurs de ses cadres dirigeants, notamment Mustapha Mezghani, membre fondateur et secrétaire général du parti, Emna Menif, ex-porte-parole et l’une des ses ténors et Riadh Zaoui , membre fondateur, le parti Afek Tounes a mis en avant ses «10.000 adhérents» qui l’ont rejoint depuis sa création il y a quelques mois, et dont «le flux croit rapidement depuis les élections», ainsi que les «70.000 Tunisiens» qui lui «ont fait confiance» en votant pour ses candidats, lui permettant «d’être présents au sein de l’Assemblée nationale constituante avec 4 représentants».
En réponse aux accusations de gestion autoritaire et personnel des affaires d’Afek Tounes, le communiqué explique le mode de fonctionnement du parti en ces termes: «En attendant son congrès fondateur, Afek Tounes a mis en place des structures pour gérer cette phase de création du parti avec un Comité central désigné et intégrant progressivement toutes les régions qui se sont développées, un Comité directeur et un Directeur opérationnel tous deux élus par le Comité central. Ces instances fonctionnent démocratiquement dans le cadre d’un règlement intérieur précis.»
Pourquoi donc de hauts cadres du parti ont-ils préféré jeter l’éponge à quelques semaines dudit congrès? N’auraient-ils pas pu attendre le congrès pour essayer de corriger les carences constatées en matière de gouvernance ou ont-ils désespéré de la possibilité de le faire?
La direction, représentée par Yacine Ibrahim, critique, dans son communiqué, la position des démissionnaires qui «malheureusement, n’acceptent pas facilement la démocratie (…) lorsqu’ils sont minoritaires.» Aux «débats internes», ils ont préféré manifester leur mécontentement «par des démissions et des attaques du parti dans la presse et les médias», qui plus est, «dans un moment où nous devons nous concentrer sur des questions postélectorales très importantes pour le pays et le parti.»
Tout en déplorant ces méthodes, assimilées à des «manœuvres déstabilisantes», la direction d’Afek Tounes a tenu à rassurer tous ses adhérents et sympathisants que le parti «demeurera attaché à son objectif principal: servir notre pays et notre société».
Source : « Kapitalis » Le 05-11-2011
Tunisie : mystère autour de l’émergence d’un nouveau mouvement de femmes
La naissance d’un nouveau mouvement de femmes réclamant l’inscription de leurs droits dans la Constitution a surpris les Tunisiens et suscité des suspicions de manipulation par d’anciens membres du RCD de Ben Ali. Les associations féministes traditionnelles préfèrent ne pas juger ces nouvelles arrivantes, dans l’espoir d’exercer une plus forte pression sur la Constituante.
Elles étaient presque un demi-millier à s’être donné rendez-vous, mercredi 2 novembre, place de la Kasbah à Tunis. Une semaine après les élections de l’Assemblée constituante remportées par le parti islamiste Ennahdha, l’objectif était de lutter contre « les surenchères politiques sur les acquis de la femme », indiquaient leurs pancartes et, surtout, d’« inscrire le code du statut personnel et les droits de la femme dans la Constitution », explique à jeuneafrique.com Leila Chettaoui, propulsée chef de file du mouvement.
Selon les propos de plusieurs manifestantes aux médias tunisiens, la manifestation du 2 novembre était spontanée. Elle fut le fruit d’une « initiative citoyenne et non partisane, qui a vu le jour grâce au bouche-à-oreille, à des messages SMS ou à Facebook ». Encore méconnue, Leila Chettaoui, « coach » de profession, s’est lancée dans le combat après « un simple rêve », dit-elle. « Je me suis levé un matin, il y a trois semaines de cela , en me disant que nous vivions un moment historique et que nous devions tout faire pour éviter que les droits de la femme ne soient bafoués ». Elle appelle alors quelques amies et, de fil en aiguille, le mouvement prend forme.
“Amies d’amies”
À Tunis, dans les milieux associatifs de défense des droits des femmes, on se pose beaucoup de questions sur l’identité de ces femmes, sorties de nulle part en un temps record. « J’ai reçu un flot de message provenant « d’amies d’amies » via Facebook, appelant à manifester devant la Kasbah et priant d’amener 10 personnes », raconte Faiza Skandrani, la présidente de l’association tunisienne Égalité et parité, qui déplore n’avoir pu « identifier le chef de ce groupe. (…) Nous sommes favorables à tout ce qui peut porter le droit des femmes en Tunisie, mais nous voulons une concertation et non l’anonymat », demande-t-elle.
Leila Chettaoui répond qu’elle ne s’attendait pas à voir autant de femmes à la manifestation. Elle dit ne pas connaître l’expéditeur des messages Facebook et des SMS qui les ont aidées à faire irruption sur le devant de la scène féministe. La preuve, selon elle : le groupe n’a même pas eu le temps de penser à un nom. « On nous appelle déjà les “femmes spontanées” », s’amuse-t-elle.
Selon Chettaoui, les femmes du mouvement ne revendiquent aucune autre appartenance, ni associative ni politique. « Nous sommes des mères, des femmes ordinaires », dit-elle, même si plusieurs témoignages les décrivent comme issues d’un milieu social plutôt élevé, selon leur apparence vestimentaire. Ce que confirme Leila Chettaoui. « Nous n’habitons pas des quartiers populaires ». On compterait même parmi elles plusieurs « chefs d’entreprises », assure Faiza Skandrani.
Succès surprenant
Reste qu’en deux jours, les femmes du mouvement ont pu rencontrer plusieurs dirigeants politiques, dont le Premier ministre Béji Caïd Essebsi qui leur a promis que « la ligne rouge » des droits de la femme ne sera pas franchie. Un succès surprenant, là où d’autres associations avaient échoué. Une petite dizaine d’entre elles ont également pu discuter avec Mustapha Ben Jaafar, le leader du parti Ettakattol ou encore Mohamed Abbou, un responsable du Congrès pour la république (CPR) de Moncef Marzouki. Leur revendication principale : offrir des garanties constitutionnelles quant au respect du droit des femmes. Leur prochain objectif : convaincre les dirigeants d’Ennahdha, qui ont accepté l’idée d’une rencontre.
Mais ces rencontres au plus haut niveau politique suscitent de la jalousie, de l’animosité machiste et alimentent de nombreuses rumeurs de manipulation par des membres de l’ex-RCD de Zine el-Abidine Ben Ali. Sans réfuter ces allégations, Faiza Skandrani préfère quant à elle éluder la question. Et refuse d’émettre un jugement, n’entendant pas mettre à l’écart ce nouveau mouvement de femmes.
Multiplication des agressions
« Peu importe leur idéologie si elles n’ont pas participé au système de corruption de l’ancien régime. Nous devons faire bloc pour conserver les droits des femmes, mais aussi pour les promouvoir », dit-elle. Et d’ajouter : « le 2 novembre, elles ont marqué un point car les médias ont parlé de leur action. Même si elles étaient manipulées, elles œuvrent tout de même à la lutte pour l’égalité et la parité ».
« La seule théorie du complot, c’est celle contre les droits des femmes », poursuit Faiza Skandrani, qui évoque les agressions qui se multiplient, comme celles de deux professeurs non voilées à la faculté des lettres et des sciences de Tunis. La militante appelle d’ailleurs ce nouveau groupe de femmes à se joindre à la grande manifestation prévue lors de la première réunion de l’Assemblée constituante, vraisemblablement le 9 novembre, un « stand up » qui regroupera quelque 17 associations en faveur des droits des femmes. « Nous sommes ouvertes à toutes les propositions des associations », répond Leila Chettaoui, ajoutant que toutes parlent « le même langage»et sont « unies pour la même cause ». Affaire à suivre…
Source : « Jeune Afrique »Le 05-11-2011