Gnet: Ismaïl Haniyeh en Tunisie : un tournant envers la cause palestinienne
Business News: Inventaire politique à la Prévert
Kapitalis: Tunisie. Chawki Tabib, nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats par intérim
Gnet: L’Occident veut en savoir plus sur la nouvelle diplomatie tunisienne
Khalyl Bouzaiène: Réponse à Monsieur Debré de la part d’un jeune Tunisien
Ismaïl Haniyeh en Tunisie : un tournant envers la cause palestinienne
Ismaïl Haniyeh à Tunis. Un fait inimaginable il y a peu de temps. En l’accueillant, la Tunisie marque un tournant dans son soutien à la cause palestinienne, et rompt avec la politique d’antan, aveuglément alignée sur les desiderata de l’Occident. De toute évidence, ce changement n’est pas né ex nihilo. Il a été rendu possible par la révolution tunisienne, le printemps arabe qui s’en est suivi ayant changé la donne régionale, et imposé de nouvelles réalités, auxquelles l’Occident n’a d’autre alternative que de se soumettre. Ce même Occident qui a tant honni les courants islamistes, les qualifiant pêle-mêle du vocable terroristes, se rapproche d’eux, pour tracer ensemble les contours de leurs relations futures. Le tout est de savoir, si les capitales occidentales sont prêtes aujourd’hui à changer de perception et d’attitude envers le mouvement islamiste Hamas. Hamas dont la victoire aux élections législatives de 2006 organisées dans les territoires palestiniens, a engendré un refus mondial, accepte-t-il aujourd’hui de négocier avec l’Occident, et de faire des concessions afin qu’il soit reconnu et bénéficier du même traitement que le Fatah de Mahmoud Abbas. Cette évolution est peu probable, étant entendu que Hamas refuse d’une manière implacable toute reconnaissance d’Israël, alors que l’Occident place cette reconnaissance, comme condition sine qua non, à toute levée du veto sur le mouvement de résistance islamiste. La Tunisie peut jouer les bons offices, le temps de la visite de Haniyeh, et favoriser un rapprochement entre Hamas et l’Occident, se réservant ainsi une médiation dans la cause palestinienne, un rôle longtemps joué par l’Egypte et à un degré moindre la Syrie. Cette démarche procède d’un pragmatisme politique, mais obéit à des lignes rouges, dont le refus de toute normalisation avec l’entité sioniste, en conformité avec une revendication intransigeante du peuple tunisien. Toujours est-il qu’un début de dialogue peut-être amorcé entre le Hamas et l’Occident. Loin d’être un hasard du calendrier, la présence simultanée d’Ismaïl Haniyeh et d’Alain Juppé, chef de la diplomatie française, en Tunisie, peut les conduire à se rencontrer, et à se parler. Le cas échéant, ce sera juste pour briser la glace, car les différends sont profonds entre les deux parties, il n’y a qu’à voir la manière dont sont perçues la réconciliation palestinienne, et l’intention de formation un gouvernement d’unité nationale palestinien. Un processus qui semble s’accélérer du fait des changements survenus dans la région, et face auquel l’Etat hébreu fulmine et menace. A l’issue de son entretien avec Hamadi Jebali, chef du gouvernement tunisien, Ismaïl Haniyeh a déclaré à la presse que “sa visite en Tunisie vise à briser l’embargo politique imposé au gouvernement palestinien élu, ainsi que l’embargo économique imposé à Gaza depuis la victoire de Hamas aux élections de 2006”. “La Palestine n’est pas un slogan politique sur la scène tunisienne, mais c’est un engagement national, religieux et nationaliste”, a-t-il dit. Le chef du gouvernement de Gaza a rendu hommage à la Tunisie en ces termes, “nous avons souffert d’un blocus économique et politique, et avons été reniés par d’anciens gouvernement, mais le printemps arabe qui a commencé de Tunisie a rendu justice à Gaza, et au gouvernement élu”, a-t-il souligné. Né en 1963 dans le camp des réfugiés de shati, Ismaïl Haniyeh ne bénéficie pas d’un large réseau de relations internationales. L’homme est connu pour sa simplicité, et mène une vie d’ascète, loin du faste des palais. Dans un portrait de lui paru sur le site d’al-jazeera en janvier 2009, et traduit à l’époque par Gnet, Ismaïl Haniyeh est présenté comme “le premier chef du gouvernement à prononcer le prêche à la Mosquée, à y diriger la prière, à avoir appris le coran par cœur, et à s’asseoir sur le trottoir du point de passage, comme tous les passants, en attente qu’il s’ouvre pour qu’il puisse le traverser et rejoindre le siège de son département”. Ismaïl Haniyeh était assiégé à Gaza et sa tournée actuelle dans plusieurs pays de la région arabe et en Turquie, constitue sa première sortie de la bande de Gaza depuis l’arrivée au pouvoir de Hamas en juin 2007 et du durcissement de l’embargo israélien contre Gaza.
Source : « GlobalNet » Le 05-01-2011
Marzouki, la Tunisie, les juifs
De l’espoir à l’amertume
J’ai déjà écrit tout ce que je pensais du président tunisien Moncef Marzouki, en bien et en mal. Bien que j’aie lu attentivement une bonne partie de ses dits et écrits, le gaillard réussit encore à me surprendre. Ainsi, le 19 décembre, après avoir organisé une rencontre inter-religieuse avec l’archevêque de Tunis et le Grand Rabbin de Tunisie, Moncef Marzouki a tout simplement invité les Juifs d’origine tunisienne à regagner leur pays d’origine pour en être citoyens à part entière.
Comme l’espérait sans doute le rusé chef d’Etat tunisien, qui a pris de court nombre de ses alliés, l’annonce a été accueillie avec force congratulations et applaudissements. « Voyez la nouvelle Tunisie, tolérante, ouverte et égalitaire ! » disent les uns. « Les Tunisiens montrent une fois encore le chemin à suivre ! » exultent les autres. Certains, lecteurs de Hannah Arendt et convaincus que l’antisémitisme est un ferment du totalitarisme, argueront que cet appel au retour des Juifs garantit la forme démocratique du futur régime tunisien. Dans tous les cas, chacun est sommé de se féliciter.
Alors, heureux ? Eh bien non. Non, ce n’est pas parce que cette annonce est tombée à la veille des fêtes de Hannoukah qu’il faut la prendre comme un cadeau.
D’abord, l’invitation vient un peu tard. Cela ne fait pas dix ou vingt ans que les Tunisiens juifs ont dû plier bagage, mais près de cinq décennies. On ne refera pas l’histoire de la communauté juive de Tunisie mais, si une émigration volontaire importante vers Israël est avérée dans les années 1950, ce sont bel et bien les émeutes antisémites de 1961, 1967 et postérieures qui ont réduit le nombre des Tunisiens juifs de cinquante mille en 1960 à moins de deux mille aujourd’hui.
Ainsi que l’a exprimé Maya Nahum dans un très bel article, aujourd’hui, les émigrés (ou plutôt, les expulsés) et leurs enfants, s’ils sont encore attachés à leur culture méditerranéenne, ne se sentent absolument plus citoyens d’une Tunisie qui n’a pas voulu d’eux. Citoyens de France ou d’Israël, ils ne sont désormais plus des Tunisiens juifs, mais simplement des « Juifs tunisiens », comme il existe des Juifs marocains, russes, ashkénazes ou yéménites. Bref, ils se définissent comme des Juifs d’origine tunisienne, de culture tunisienne, mais dont la patrie n’est plus la Tunisie. Une majuscule s’inverse, et un peuple vacille. Or, c’est au nom du nationalisme arabe, de la solidarité avec les « frères arabes » et de la lutte contre « l’impérialisme franco-américano-sioniste », que les Tunisiens juifs ont été chassés d’une terre sur laquelle ils vivaient depuis dix-huit siècles1. Cette histoire ne se trouve pas seulement dans les livres. Elle m’a été racontée par Guy Sitbon, représentant de ces Tunisiens juifs, compagnons de route du communisme, qui se sont engagés dans la lutte pour l’indépendance tunisienne au nom d’un idéal nationaliste, égalitaire et républicain, puis se sont ensuite fait jeter dehors comme des malpropres sous prétexte qu’ils n’étaient pas circoncis du bon côté.
Et si Marzouki a réussi à surprendre son monde, c’est que son appel au retour des Juifs Tunisiens vient d’un homme politique pétri de l’idéologie nationaliste qui les a poussés vers la sortie. Ces quinze dernières années, l’ancien opposant à Ben Ali a par ailleurs multiplié les références à l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, témoignant d’une mémoire historique pour le moins sélective.
Un dernier détail nous pousse à l’amertume. J’ai nommé l’article 8 de la Constitution provisoire de la Tunisie : « Peut se porter candidat à la présidence de la République tout Tunisien musulman jouissant exclusivement de la nationalité tunisienne, de parents tunisiens, âgé au moins de 35 ans » (sic).
N’est-elle pas belle, la Tunisie ouverte et tolérante ? Croyez-le ou pas, mais chez les Juifs tunisiens, qui ont la plupart du temps sincèrement soutenu la révolution tunisienne, cet article est une pilule qui ne passe pas. Tout d’abord parce que la quasi-totalité des Juifs tunisiens possède, exil oblige, la citoyenneté d’un autre pays qui leur interdit l’accès à la magistrature suprême. Et d’autre part, l’obligation d’appartenir à la communauté musulmane interdit – jusqu’à la simple possibilité – qu’un jour, un Tunisien juif devienne Président de la « première République arabe libre », comme l’a baptisée Marzouki avec un brin de grandiloquence.
Concédons que la plupart des Juifs tunisiens n’aspirent pas à devenir Président de la République. Peu importe : si la présidence tunisienne leur est aujourd’hui fermée, ne peuvent-ils pas légitimement se demander ce qui leur sera interdit demain ? L’article 8 de la Constitution provisoire est non seulement une tache sur la démocratisation de la Tunisie2 mais c’est aussi une insulte à l’avenir pour tous les Tunisiens non-musulmans, notamment pour ces juifs que Marzouki voudrait voir revenir.
Monsieur le Président a beau jeu de poser au tolérant et au rassembleur, on peinerait à trouver les actes derrière ces mots. Jusqu’à nouvel ordre, les deux lignes malheureuses qui réservent la présidence de la République aux musulmans constituent le seul projet dont il puisse se prévaloir, au nom de la République qu’il représente désormais. Car si Moncef Marzouki peut aujourd’hui appeler les Juifs tunisiens à redevenir des Tunisiens juifs, en oubliant cinquante ans d’histoire douloureuse, c’est parce qu’il occupe une fonction politique interdite à un juif. Ce pourrait être risible. C’est simplement triste.
1. Quand on sait que les premières émeutes antisémites en Tunisie ont eu pour prétexte, en 1961, un prétendu soutien des Tunisiens juifs à l’armée française lors de la crise de Bizerte, il y a de quoi ressentir un goût âcre dans la gorge. ↩
2. Heureusement pas indélébile, l’Assemblée constituante pouvant encore faire machine arrière. ↩
Source. «Causeur,fr» Le 05-01-2012
Inventaire politique à la Prévert
Par Taïeb HOUIDI, membre du bureau exécutif du PDP Depuis 20 jours, la Tunisie est au bord de la crise de nerfs. Tentative d’inventaire: Une Constituante sans limites de temps. Normal pour une Assemblée constituante qui se proclame « démocratique ». Le peuple a toujours raison, même quand il a tort ; Des pouvoirs illimités pour le Premier ministre ; l’équipe gouvernementale serait un faire-valoir, une chambre d’enregistrement de décisions déjà prises au Premier ministère. L’histoire se répète… Un gouvernement pléthorique de 41 ministres et secrétaires d’Etat, compte non tenu des conseillers et autres inspirateurs (d’idées et de confiance) ; Une difficile transition gouvernementale à assurer par une équipe de néophytes. Indépendamment des coûts onéreux d’un tel cabinet, uneremarquableincurie en perspective ; Un parti dominant qui occupe les postes ministériels majeurs, ne laissant que des résidus à ses partenaires de coalition. Le mythe éphémère d’un gouvernement d’unité nationale. Les «complaisances familiales et amicales» s’invitent au gouvernement. Les « Monsieur Gendre » se sont bousculés au portillon… et sont passés ; Un microcosme politique polarisé par les nominations ministérielles –et bientôt par celles des directeurs généraux–,mais encore très éloigné des préoccupations économiques et sociales des Tunisiens ; Un sixième Califat annoncé dans un discours-serment destiné à rappeler « les valeurs de modestie et d’humilité ». Inquiétante, menaçante facétie d’une « nouvelle étape civilisationnelle ». Une nouvelle élite dirigeante proclamant à cor et à cri que la solution est dans la religion, qu’il faut la placer au cœur de la vie politique. L’antagonisme entre religion et modernité a la vie dure. Un programme promettant 118 000 emplois (590 000 en 5 ans) ; deux mois pour coordonner les programmes de la Troïka ; deux mois encore pour avoir un programme définitif. A quand la création du premier emploi ? A quand les aides aux pauvres ? Un mirage de 150 000 emplois offert à la crédulité des Tunisiens, rien que pour le marché libyen. Et dans les tout prochains mois svp ! (Rencontre Chambre de Commerce de Benghazi le 19/12/11) ; Une loi de finances ésotérique, confuse, incomplète et pourtant approuvée. Pas de budget concret pour 2012 ; on vous dit d’attendre le mois de mars. Cela finira probablement en poisson d’avril ; Des mesures liberticides se profilent. Promulgation de lois sur les sit-in « contre-révolutionnaires », sur la liberté d’expression, les médias… seront peut-être l’apanage de la nouvelle gouvernance ; Une opposition en déshérence, aux aspirations surannées, à la recherche de ses sièges perdus. Le regroupement des partis est nécessaire ;il en est de même pour l’ajustement de leur identité, de leur doctrine, de leur programme. Une « responsabilité historique ». Un burnous présidentiel aussi ostentatoire que burlesque. On connaît les saugrenus accoutrements « authentiques » de Mobutu et autres dirigeants, mais l’habit fait-il le président ? Une annonce présidentielle pour la vente des palais présidentiels comme solution aux problèmes de l’emploi. Belle polyvalence : médecin, écrivain, président, et maintenant agent immobilier ! Une injonction (encore présidentielle) de stopper leur islamophobie aux Français qui ont abrité, 15 ans durant, l’opposant ostracisé, et qui sont nos premiers partenaires économiques et culturels. Admirable sens politique ; Une proposition (toujours présidentielle) « d’intégration totale et entière » avec une Libye encore à la recherche de sa sécurité et de ses nouvelles institutions. Sans aucun plan stratégique et sans consultations politiques internes ; Une promesse de dizaines de milliards de dollars aux obligés de l’Emirat contre une forme nouvelle de protectorat ; Une société « arabo-tunisienne » chimérique au capital de 50 milliards de dollars, opérant dans le secteur touristique et offrant 200 000 postes d’emploi (journal Al Hayet » du 26/12/2011) ; Une annonce illusoire selon laquelle la Tunisie reposerait sur une immense nappe de pétrole, et que celui-ci coulerait à flot. Cette information date de 2001(rapport T.R. Klett) et concerne peu la Tunisie; Un ministre des Finances qui propose une hausse des prix des carburants selon le principe : « il faut faire payer les pauvres, ce sont les plus nombreux ». Quant à l’impôt sur la fortune, attendez 2 ans pour en définir les critères et identifier les « riches » ; La situation est telle, qu’à moins de creuser profondément les déficits, on voit mal comment les résultats pourraient se révéler positifs d’ici un an. ET TOUJOURS PAS DE DEBAT SUR LA CONSTITUTION !
Source : « Business News » Le 05-01-2011
Lien : http://www.businessnews.com.tn/Tunisie—Inventaire-politique-%C3%A0-la-Pr%C3%A9vert,526,28595,3
Attentat anti-français:une condamnation
Un Tunisien condamné à mort fin novembre au Mali pour avoir commis en janvier 2011 un attentat meurtrier contre l’ambassade de France à Bamako, a été extradé la semaine dernière vers son pays, selon des sources concordantes maliennes. Bachar Simoun, 24 ans, a été “discrètement extradé la semaine dernière vers Tunis, à la demande des autorités de son pays”, a affirmé une source judiciaire malienne. La convention d’aide judiciaire existant entre le Mali et la Tunisie “depuis les années 1960” autorise “ce transfèrement, pour permettre au condamné de purger le reste de sa peine dans son pays d’origine”, a-t-elle ajouté. Une source aéroportuaire a indiqué par ailleurs que M. Bachir avait quitté Bamako “vers la fin de la semaine dernière” par un vol d’Air Tunis, confirmant son extradition “discrète”. Le vol d’Air Tunis quitte habituellement la capitale malienne le jeudi, de nuit, pour Tunis. Une source à la prison civile de Bamako a précisé : “Le Tunisien a définitivement quitté sa cellule, jeudi 29 décembre 2011 vers 19 heures, heure française. On a reçu tous les papiers de son extradition par le ministère malien de la Justice”. Fin novembre, Bachir Simoun a été condamné à la peine de mort par une cour d’Assises malienne l’ayant jugé pour “terrorisme et évasion”, selon avocat, pour l’attentat commis le 5 janvier 2011 contre l’ambassade de France à Bamako. Ce jour-là, M. Simoun, muni d’un pistolet, d’un engin explosif et d’une grenade, avait attaqué le portail de l’ambassade française. Un citoyen malien blessé par une de ses armes a succombé à ses blessures.
Source : « Le Figaro » Le 05-01-2012
Tunisie. Chawki Tabib, nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats par intérim
Chawki Tabib vient d’être élu par la majorité en tant que bâtonnier par intérim jusqu’à 2013, selon les articles 59-60 relatif à la régularisation du métier d’avocat.
Après le retrait de 4 avocats candidats au poste de bâtonnier de l’Ordre national des avocats, les 7 membres restants du bureau de l’ordre ont voté à l’unanimité pour leur confrère Chawki Tabib qui va assurer un mandat par intérim jusqu’à juin 2013.
Après la nomination de l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Abderrazak Kilani, en tant que ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Coordination entre l’Assemblée constituant et le gouvernement, il était indispensable d’élire au plus tôt son remplaçant.
«Son élection est légale et aucun ne pourra dire le contraire même si quelques uns de nos confrères vont tenter de protester. Mais, Me Tabib a été élu par la majorité des voix et le bâtonnat par intérim lui revient de droit», a dit à Kapitalis, Me Naceur Laâyouni.
Félicitations à notre ami Me Chawki Tabib et bon vent.
Source : « Kapitalis » Le 05-01-2012
Tunisie : Ali Laaridh est-il en train, lui aussi, de perdre la bataille de l’autorité ?
Par Khaled Boumiza
Il y a quelques semaines, lorsque le nouveau gouvernement provisoire avait fini par prendre les sièges des différents ministères, aussi bien le Chef du gouvernement que son ministre de l’Intérieur avaient fini par donner des signes de fermeté en matière d’installation de l’autorité de l’Etat et surtout pour ce qui est de garantir la protection de la liberté du travail et la sauvegarde de l’exercice des libertés de circulation et de production.
Aussi bien Hamadi Jbali qu’Ali Laaridh s’y étaient astreints et avaient pris le ferme engagement qu’ils exerceraient tous les pouvoirs dont ils avaient été investis par la Constituante, pour garantir aux citoyens tunisiens, ces droits primaires et assurer par là la reprise de la production, seule créatrice de richesses et d’emplois.
Force est cependant de constater, après 12 jours d’exercice effectif du pouvoir, que ni l’un ni l’autre n’ont pu tenir parole et restaurer l’autorité de l’Etat. Un état de relâchement de la sécurité, voire même d’insécurité, est encore visible à l’œil nu. Ceci, les membres du gouvernement en conviendront, n’est pas de nature à mieux engager l’investissement, ni le tourisme pas plus qu’il n’assure une reprise pérenne de la production. Quelques exemples pour les ministres qui en douteraient :
– Ce qui s’est passé, mercredi, à la STB.
Un homme d’affaires, à tort ou à raison- là n’est pas le problème-, fait sit-in de 6 heures devant le bureau du PDG d’une banque nationale. Craignant les débordements, car l’homme d’affaires ne s’était pas présenté tout seul, la PDG téléphone aux hauts responsables de sécurité, au ministère de l’Intérieur et à l’arrondissement de sûreté de Tunis. Des agents de sécurité furent certes dépêchés, mais ils s’avèreront complètement inutiles. La direction de la banque qui leur demandait de faire dégager l’importun et d’assurer ainsi la sécurité de la banque, se voit pourtant répondre qu’il faudrait pour cela qu’elle présente une injonction écrite du parquet. On se demande alors à quoi servirait la police, sinon au maintien de l’ordre dont elle refuse ainsi de s’occuper et d’en prendre conséquemment la responsabilité. On imagine ainsi, aisément, qu’un citoyen qui fasse appel aux forces de police pour débarrasser son domicile d’un «opportun » qui refuserait de quitter sans voler des biens ou des âmes, se voit répondre qu’il doit présenter une injonction du parquet !
– Ce qui s’est passé, hier encore et bien avant, à la CPG.
Trois ministres parmi une troïka qui se prévaut de la légitimité du peuple, se retrouvent obligés, sous la pression de la rue et des menaces d’agression, de se retrancher dans le bureau du gouverneur de la région. Un gouverneur qui avait déjà perdu toute autorité, en se retrouvant quelques journées auparavant otage d’une populace en colère qui outrepasse l’autorité des forces de l’ordre et du gouverneur représentant l’Etat et le Chef du gouvernement.
Comment ce gouvernement et cette autorité publique compteraient-ils alors faire pour imposer le respect de simples règles économiques ou fiscales et à tout le moins imposer l’application de mesures impopulaires que seraient amené à prendre ce même gouvernement ?
– Ce qui s’est passé, hier devant nos yeux, dans une grande artère de la capitale.
Circulant nous- mêmes dans une des grandes artères de Tunis (On ne dira pas le lieu pour notre propre sécurité), nous constatâmes un désordre dans le passage des voitures, au vu et au su de trois agents de sexe féminin, qui regardaient sans bouger le petit doigt, s’occupant plutôt à discutailler allégrement. Nous freinâmes et fîmes geste à ces agents de s’occuper à régler la circulation dont elles avaient pourtant la charge. Quelle ne fut notre surprise de nous voir gronder par un terme que nous ne tairons. Circulez donc et allez voir ailleurs si la police y est !
– Ce qui s’est passé dans certaines municipalités, dont la dernière est Carthage.
Il y a quelques jours, la municipalité de Carthage, siège de la Présidence de Marzouki, lançait un appel désespéré via un journal de la presse locale en Tunisie. La construction anarchique prenait de vitesse tous les agents de la municipalité, prenait une ampleur sans précédent dans une région où chaque parcelle de terrain est classée patrimoine international et envahissait maintenant même le domaine maritime. Munie d’une décision de justice à des fins de démolition, les agents municipaux se retrouvaient dans l’impossibilité d’appliquer la loi, se voyaient, à plus d’une reprise, agressés et ne pouvaient pas se faire aider par les forces de l’ordre qui s’y refusent. Ce refus, c’est aussi la municipalité de l’Ariana qui l’avait essuyé et, à l’égal de Carthage, elle n’est certainement pas la seule.
– Pourquoi faire des lois, si personne ne veille à les appliquer ?
Pourquoi voudrait-on alors qu’un citoyen qui voit déjà son impunité s’accentuer, ne fasse pas moins que bâtir sur des terres qui ne sont pas siennes ? Pourquoi en voudrait-on à cet autre résident de Sfax d’élever un immeuble sur un terrain relevant des domaines de l’Etat et de présenter même cette propriété en garantie aux banques ? Pourquoi voudrait-on que le premier individu qui a coupé une route, une autoroute, qui a empêché( comme, hier jeudi, les agents de l’environnement de Gafsa qui ont empêché les employés de la Compagnie de phosphate de Gafsa de rejoindre leurs postes) de ne pas récidiver demain et après demain tant qu’il n’a pas vu les forces de l’ordre bouger le petit doigt et qu’il a entendu le nouveau ministre de l’intérieur menacer sans oser passer à l’acte ? Pourquoi voudrait-on que le boucher et la ménagère qui occupent la faculté des lettres sans aucun droit que de défendre une pratique qui n’est même pas dans le Coran sacré, fassent marche arrière tant qu’ils entendent dire à la TV que le ministre de l’Enseignement supérieur n’osera pas prendre publiquement position contre le niqab qu’il désapprouvait devant les membre du Conseil de la Faculté et voient que le même ministre ne bouge que lorsqu’il s’agit de sa propre sécurité ? Pourquoi voudrait-on que le touriste étranger vienne passer ses vacances en Tunisie, tant qu’il voit le ministère de l’Intérieur entouré de fils barbelés ? Pourquoi voudrait-on que son TO l’envoie dans un pays et assure sa sécurité, dans un pays où même un ministre de la République ne se sent pas en sécurité et s’entoure toujours, après plus d’une année d’une Révolution dite pacifique, de barbelés et de militaires ? Pourquoi voudrait-on que Yazaki rouvre ses portes si elle n’est pas sûre que l’ordre règne sur son site ? Pourquoi voudrait-on que ne continuent pas grèves sauvages et sit-in de toutes sortes, lorsque le Tunisien sait pertinemment que l’état d’urgence est tout aussi respecté que le feu rouge qu’il grille au vu et au su de l’agent de police ? Chercher désespérément le pouvoir, c’est bien. Ne pas en user pour le bien de ceux qui vous l’ont donné, ça craint !
Source : « African Manager » Le 05-01-2012
L’Occident veut en savoir plus sur la nouvelle diplomatie tunisienne
Rafik Abdessalem a un agenda chargé ces jours-ci. De l’Europe, aux Etats-Unis, on s’empresse à le rencontrer, histoire de s’assurer de la nouvelle orientation que prendra notre politique étrangère. Le chef de diplomatie tunisienne, issu du mouvement Ennahdha, s’est entretenu hier avec Gordon Gray, ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, qui lui a révélé “la place stratégique” que représente la Tunisie pour les Etats-Unis, lui réitérant le soutien américain à la transition démocratique dans notre pays. Aujourd’hui et demain, c’est autour d’Alain Juppé de mettre le cap sur la Tunisie, une dizaine de jours après l’installation du nouveau gouvernement. Juppé cherchera à faire oublier les déclarations teintées de méfiance, de Nicolas Sarkozy et de lui-même, envers Ennahdha, au lendemain de sa percée dans les urnes. Il sera suivi dans la foulée par Giulio Terzi di Sant’Agata, ministre italien des Affaires étrangères qui sera demain, vendredi, dans nos murs. Le ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale d’Allemange, Guido Westerwelle, fera quant à lui le déplacement en Tunisie les 8 et 9 janvier. Il sera accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires de haut niveau dans les secteurs de la santé et des énergies renouvelables. Il semble que l’on va s’attendre à un ballet de visites officielles, comparable à celui qu’a connu la Tunisie au lendemain de la révolution du 14 Janvier. L’Occident est en train de scruter la Tunisie, et de surveiller son évolution, notamment à l’issue de l’accession d’Ennahdha au pouvoir. Au-delà des déclarations diplomatiques policées, l’Occident est dans l’expectative et s’impatiente de voir les islamistes à l’œuvre. C’est un revirement stratégique de la perception occidentale envers les tenants de l’Islam politique, qu’ils ont longtemps considérés sous l’influence des régimes despotiques, comme les ennemis à abattre, et qui constituent aujourd’hui pour eux des partenaires incontournables.
Source : « GlobalNet » Le 05-01-2012
La liberté d’expression à nouveau menacée en Tunisie ?
Depuis la chute de Ben Ali, les lecteurs tunisiens ont retrouvé dans leurs kiosques à journaux des titres longtemps censurés. Une liberté d’expression que certains estiment pourtant menacée après la non-distribution énigmatique, fin décembre, de deux hebdomadaires français : “Le Point” et “L’Express”.
Premier effet de la chute de Ben Ali, le retour immédiat de la presse internationale dans les kiosques tunisiens et la levée de toute forme de censure. Ainsi Charlie Hebdo et le Canard enchaîné, titres bannis pendant des années, ont renoué avec les lecteurs tandis que Slah Ennouri, directeur général de la Sotupresse, distributeur des journaux et revues étrangères, confirmait au mois de mars sur la chaîne internationale de la radio tunisienne (RTCI) que les temps avaient radicalement changé et que les lecteurs étaient demandeurs d’une presse libre.
Mais, fin décembre, l’absence des numéros doubles de L’Express et du Point soulevait la question du retour de la censure. Les deux hebdomadaires abordaient des questions devenues sensibles en Tunisie : L’Express faisait sa une sur « la grande histoire des peuples arabes » tandis que Le Point titrait « Questions et réponse sur l’existence de Dieu » avec une iconographie qui représentait le prophète Mohammed.
Pour Slah Ennouri « il n’y a pas eu de censure pour la bonne raison que les numéros desdites revues ne nous ont pas été livrés cette semaine. Les responsables de l’Express, échaudés par l’interdiction de ce numéro au Maroc (où un hors-série du Nouvel Observateur a été également censuré le 4 janvier, NDLR) à cause d’un dossier jugé attentatoire aux Arabes, ont pris la décision de ne pas l’expédier en Tunisie. Quant au Point dont le dernier numéro avait connu le même sort pour les mêmes raisons en Algérie, ils ont tenté de modifier l’illustration, sans y parvenir pour des raisons techniques. Ce qui l’a conduit à renoncer, lui aussi, à nous envoyer notre quota habituel ».
“Sagesse” ou auto-censure ?
Face aux interrogations de l’opinion publique, Slah Ennouri a finalement révélé à Jeune Afrique qu’il avait pris de toute façon, en son âme et conscience, la décision de ne pas distribuer l’Express et Le Point au vu de l’émergence de radicaux islamistes en Tunisie.
« Les représentations du Prophète, très répandues dans le monde chiite, peuvent provoquer, dans l’état actuel du pays, des réactions extrêmes et risquent d’envenimer inutilement une situation critique. Les priorités de la Tunisie sont telles que la sagesse recommande de ne pas susciter de faux problèmes sur des questions épineuses qui détourneraient l’attention des débats essentiels. S’il s’était agit purement d’un contenu rédactionnel, il n’y aurait eu aucun veto mais s’agissant de représentations, les réactions auraient été telles que j’ai préféré éviter de provoquer des censures de tous bords. Cette décision, surtout citoyenne, a été très bien comprise par des journalistes et la profession. »
Certains Tunisiens ne l’entendent cependant pas de cette oreille et y voient l’apparition d’une forme d’auto-censure menaçant insidieusement la liberté d’expression.
Source : « Jeune Afrique » Le 05-01-2012
Réponse à Monsieur Debré de la part d’un jeune Tunisien