6 avril 2011

TUNISNEWS
10 ème année,  N°3970 du 06.04.2011
archives : www.tunisnews.net 


Appel pour les « Assises de l’immigration Tunisienne et des TunisienEs de l’étranger »

AFP:Tunisie : chute du tourisme de près de 42% de janvier au 10 mars

AFP: La Tunisie révolutionnaire célèbre Habib Bourguiba

AP: Italie/Tunisie: accord sur régularisations

Citoyens & solidaires: Sur tous les fronts


REVUE DE PRESSE

Assises de l’immigration Tunisienne et des TunisienEs de l’étranger 

 

Communiqué

Appel pour les « Assises de l’immigration Tunisienne et des TunisienEs de l’étranger »

Samedi 7 mai 2011 – Université Paris VIII – Saint-Denis (France)


 

La Révolution Tunisienne du 14 janvier 2011 a jeté les bases d’une nouvelle société en Tunisie. La démocratie, la dignité et la justice sociale sont au cœur des revendications du peuple Tunisien toutes catégories et générations confondues. L’immigration tunisienne dans le monde, qui en est à la 3e génération, est depuis toujours extrêmement attentive à ce qui se passe dans le pays. Elle s’est fortement mobilisée pour soutenir le processus démocratique et préserver les acquis de la révolution. Avec  plus de 1 million de personnes soit 10% de la population tunisienne la communauté à l’étranger est de plus un facteur important sur le plan économique et social. Qui plus est c’est une population qui comporte de plus en plus jeunes (les moins de 16 ans représentent près de 25%) et de femmes (25% en moyenne). Et cette jeunesse comme les femmes se sont très massivement mobilisées dans manifestations en soutien à la Révolution Tunisienne.

Le mouvement associatif tunisien, les TunisienEs de l’étranger qui depuis des décennies se mobilisent pour la liberté et la démocratie, qui ont fait un travail important de sensibilisation des opinions publiques dans les pays où ils vivent veulent, aujourd’hui, apporter leur contribution à la construction d’une société démocratique fondée sur les libertés individuelles et l’avènement d’un Etat de droit en Tunisie. Depuis toujours une des revendications des associations était l’exigence d’une nette séparation entre les services consulaires – au service de tous les TunisienEs –  et tous les partis politiques et en particulier le parti au pouvoir. De même nous attendons que les associations indépendantes soient reconnues comme des partenaires à part entière dans les organismes et les structures qui représenteront les TunisienEs de l’étranger.

Aujourd’hui un certain nombre d’associations (de l’immigration tunisienne à l’étranger, de défense droits humains ainsi que de nombreux comités et collectifs à Paris, en Provence, en Europe et dans le Monde) organisent les premières « Assises de l’immigration Tunisienne et des TunisienEs de l’étranger

L’objectif de ces assises est de collecter toutes les propositions que nous inscrirons tous ensembles dans un cahier de doléances des Tunisiens de l’étranger et de les adopter collectivement le 7 MAI 2011 de 9h à 21h à Saint-Denis (France) (Université de Paris 8 *). Ce cahier de doléances sera remis, solennellement, dans les jours qui suivront aux autorités Tunisiennes ainsi qu’aux partis politiques et à tous les mouvements de la société civile en Tunisie.Les organisateurs lancent un appel le plus large à tous les TunisienEs de l’étranger, dans tous les pays et toutes les villes afin qu’ils et elles participent à ces assises et à la rédaction du cahier de doléances. De même ils s’adressent à tous les acteurs de la société civile (associations et ONG, syndicats, partis politiques …) pour leur demander d’appuyer cet appel et cette initiative pour la tenue des « Assises de l’immigration Tunisienne et des TunisienEs de l’étranger ».Enfin à la presse et aux médias en Tunisie et dans le monde de relayer l’information et de couvrir l’organisation des « assises » afin que l’opinion soit informée au plus près de la réalité des TunisienEs de l’étranger.

 Paris le 06 avril 2011  

Le comité de pilotage des Assises de l’immigration Tunisienne

 

 

C/o  Ftcr – 5, rue de Nantes – 75019 Paris. Tél. 01 40 34 18 15

Pour tous contactAssises2011@yahoo.fr

Voir également le site : http://www.assises-immigration-tunisienne.info/

Accéder à la page facebookfacebook

 

(*) Université de Paris VIII. Adresse : 2 Rue de la Liberté 93200 Saint-Denis

 Pour se rendre à l’Université de Paris VIII. Adresse : 2 Rue de la Liberté 93200 Saint-Denis

 

Par le métro

Ligne 13, (Châtillon – Montrouge) – St-Denis Université, arrêt St-Denis Université

 Par le tramway

Ligne 1, St-Denis RER/SNCF – Noisy-le-Sec RER, arrêt Marché de St-Denis puis bus 255, arrêt St-Denis Université ou arrêt St-Denis Basilique, puis métro ligne 13, arrêt St-Denis Université

 Par le train et le RER

Ligne de Paris-Nord, arrêt Gare de St-Denis, correspondance avec la ligne d’autobus 255, arrêt St-Denis Université

RER ligne D, Melun/Malesherbes – Orry-la-Ville, arrêt Gare de St-Denis, correspondance avec la ligne d’autobus 255, arrêt St-Denis Université

 Par la route

De Paris : autoroute A1 (dite du Nord) à la Porte de la Chapelle, sortie n° 3 direction St-Denis Universités – Pierrefitte ; après le 4e feu tricolore, prendre la bretelle à droite direction Stains – St-Denis Universités – Vélodrome

De Lille : autoroute A1, sortie St-Denis, puis sortie St-Denis Universités – Pierrefitte – Villetaneuse

De Beauvais : Nationale 1, sortie St-Denis Universités


Tunisie : chute du tourisme de près de 42% de janvier au 10 mars


AFP 06/04/11 | 19:36
 
Les entrées de touristes en Tunisie ont chuté d’environ 42% entre le 1er janvier et le 10 mars derniers, avec un chiffre d’affaires de 230,8 millions de dinars (environ 117 millions d’euros) contre 389,6 millions pour la même période de l’an passé, a annoncé mercredi le ministère du tourisme et du commerce.
Selon les chiffres du ministère, les nuits hôtelières ont baissé de 60,4%. 451.447 touristes sont venus en Tunisie dans la période sous revue, contre 786.135 l’an passé.
Le 14 mars dernier, le ministre tunisien du Commerce et du Tourisme Mehdi Houas avait estimé que l’année touristique 2011 serait « désastreuse ».
Secteur vital, le tourisme assure près de 7% du PIB tunisien et emploie jusqu’à 400.000 personnes, directement et indirectement, sur une population totale de 10 millions de personnes.
« Si on compte en moyenne 4 personnes par famille, vous voyez ce que cela donne », avait déclaré à l’AFP le ministre selon lequel « si on fait 50% de ce que l’on a fait l’année dernière, ce sera déjà pas mal ».

La Tunisie révolutionnaire célèbre Habib Bourguiba


 
De Jacques LHUILLERY
 
AFP – le 06 – 04 –2011
 
MONASTIR — Toute la Tunisie politique s’était donnée rendez-vous mercredi à Monastir (160 km au sud-est de Tunis) pour célébrer en grande pompe le 11ème anniversaire de la mort du père de l’indépendance Habib Bourguiba.
 
Une première après 23 ans de règne de Zine El Abidine Ben Ali qui, après l’avoir déposé en novembre 1987, s’était attaché à l’effacer de l’Histoire.
 
Autour du mausolée blanc surmonté d’une coupole dorée et encadré de deux minarets, la garde d’honneur en grand uniforme bleu à parements dorés et longue cape de lin blanc est sabre au clair: le président par intérim Foued Mebazaa et le Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi sont venus de Tunis rendre hommage au « Zaïm ».
 
Tous deux, octogénaires, sont de purs produits de l’époque du « Combattant suprême », décédé le 6 avril 2000.
 
Tenue à l’écart, la foule attend patiemment la fin de la partie officielle de la cérémonie, sans discours mais avec beaucoup d’embrassades, pour accéder au tombeau de marbre blanc.
 
Deux hélicoptères tournent en permanence au-dessus du mausolée balayé par le vent. En haut des deux minarets, des hommes surveillent.
 
« C’est l’homme qui a bâti la Tunisie moderne. Son cursus n’est certainement pas exempt de zones d’ombres, mais globalement c’est un parcours très positif », dit à l’AFP le ministre de l’Education Taieb Baccouche.
 
« Ce que l’histoire retiendra, assure-t-il, ce n’est pas le côté despotique de Bourguiba et cette grande erreur que fut la confusion entre l’Etat et le parti au pouvoir qui n’a pas permis le développement d’une véritable démocratie ».
 
« Il a surtout laissé un Etat ouvert, la généralisation de l’enseignement et le statut de la femme, les trois composantes essentielles de son oeuvre », ajoute M. Baccouche.
 
Et la révolution tunisienne qui a fait fuir Ben Ali le 14 janvier? « Je ne pense pas qu’il l’aurait aimée mais d’une certaine façon c’est sa revanche posthume, car finalement ceux qui l’ont faite et ont fait tomber Ben Ali sont le produit de cette volonté de généraliser l’enseignement », dit-il.
 
Lié à la famille Bourguiba (sa tante Wassila fut la seconde épouse du président), le producteur de cinéma Tarek ben Ammar est venu spécialement de Paris: « les grands peuples ont une mémoire et une histoire. En France chaque année des hommes politiques de droite et de gauche font le pèlerinage à Colombey les deux Eglises (où est enterré le général de Gaulle, ndlr).
 
« Le régime Ben Ali est mort le 14 janvier, mais il y a un Etat. Parce que Bourguiba en avait bâti les fondations. On en a la preuve aujourd’hui où l’on rend justice à celui qui représente l’intégrité et la grandeur de la Tunisie », dit-il à l’AFP.
 
A l’applaudimètre, la vedette de la journée a incontestablement été le général Rachid Ammar, le chef d’état-major de l’armée de terre.
 
C’est lui qui avait refusé de faire tirer sur la population avant la chute de Ben Ali et c’est lui, quand la révolution tanguait, qui est allé au milieu de la foule le 24 janvier promettre que l’armée se portait « garante de la révolution ».
 
On ne l’avait plus vu en public depuis. Sur le parvis inondé de soleil du mausolée, le « héros », en grand uniforme, marche seul tout sourire vers la sortie. Il est littéralement aspiré et disparaît dans une foule de personnes qui veulent le toucher, qui l’embrassent sur les joues et lui lancent des bravos et des encouragements.
 
A peine les officiels repartis, les anonymes se sont rués à l’intérieur du mausolée et passé les cordons de velours rouge pour déposer des fleurs et se faire photographier une main sur le couvercle du tombeau.
 
Et avec le retour naissant de la démocratie, des employés mécontents de l’aéroport de Monastir, étranglé par celui tout proche d’Enfidha confié à une société turque sous l’ancien régime, ont même réussi à manifester dans l’enceinte du mausolée.

Italie/Tunisie: accord sur régularisations


AP 06/04/2011 | Mise à jour : 07:06
 
Le Premier ministre tunisien Beji Caïd Essebsi a fait état hier d’un accord avec l’Italie prévoyant la régularisation de 22.000 Tunisiens en situation irrégulière dans ce pays, rapporte l’agence officielle tunisienne TAP. Selon la TAP, cet « accord inédit » a été passé lors de la visite lundi à Tunis du président du Conseil italien Silvio Berlusconi.
 
Caïd Essebsi était interpellé sur ce dossier par les membres de l' »Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique » devant lesquels il a exposé la situation qui prévaut en Tunisie près de deux mois après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali.
 
Selon la journaliste Soufia Hammami, membre de cette instance chargée de proposer des réformes politiques en prévision de l’élection d’une assemblée constituante le 24 juillet prochain, le premier ministre tunisien a assuré que M. Berlusconi « a promis de délivrer à 22.000 immigrés tunisiens sur les 23.000 arrivés ces derniers mois en Italie des titres de séjour leur permettant de circuler librement dans les pays de l’espace Schengen ».
 
Au cours de la visite éclair du chef du gouvernement italien, Tunis et Rome ont convenu de mettre sur pied « le jour même » une commission technique devant se pencher « de manière approfondie » sur le dossier des flux migratoires. Le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni, qui l’accompagnait, est retourné mardi à Tunis pour signer le document sanctionnant les travaux de la commission.
 
Dans la soirée, Maroni a parlé devant des journalistes italiens de la signature d’un « accord de sécurité » qui prévoit notamment la fourniture d’équipements et de matériel logistique à la Tunisie pour lui permettre de renforcer le contrôle de ses côtes.
Selon Rome, quelque 6.000 migrants, des Tunisiens pour la plupart, sont arrivés récemment sur la petite île sicilienne de Lampedusa, située à 160km des côtes tunisiennes.
 

Citoyens & solidaires

SUR TOUS LES FRONTS


 

La « Fête de la Citoyenneté et de la Solidarité » organisée à l’initiative de l’association « Citoyens & Solidaires » le 2 avril à la Coupole d’El Menzah, s’est clôturée sur des perspectives prometteuses pour la construction d’une Tunisie pluraliste et démocratique.

 Les responsables des partis politiques invités, Maher Hnein du Parti Démocrate Progressiste, Mustapha Ben Jaafar du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés, et Ahmed Brahim du Mouvement Ettajdid,   ont accueilli avec attention cette initiative qui s’inscrit dans l’engagement des tunisiens à protéger la Révolution du 14 janvier et à participer pleinement à la construction de la démocratie naissante.

Les constats sur les risques que fait courir à la Révolution du 14 janvier la situation économique et sociale difficile que traverse notre pays, étant partagés , les participants sont conscients des risques de discorde qui peuvent surgir de l’instrumentalisation de la religion par la politique et de la prédominance des intérêts partisans sur l’intérêt général.

Parce que l’élection le 24 juillet d’une Assemblée Constituante au suffrage universel représentera l’acte politique le plus important  la refondation républicaine de la Tunisie, les citoyens présents, les associations et les responsables politiques mesurent  la dimension du moment historique à venir.

L’appel à la constitution d’un Front démocratique de l’ensemble des forces de progrès  soucieuses de la défense et à l’essor des acquis modernistes de la République tunisienne et de l’égalité de tous ses citoyennes et citoyens a été largement commenté et a reçu un accueil plus que favorable parmi le public.

L’association « Citoyens & Solidaires » appelle les trois partis présents à ce premier meeting  à prendre leurs responsabilités, à mettre de côté les calculs partisans qui pourraient légitimement surgir, et à amplifier cette revendication citoyenne en renforçant leurs contacts mutuels dans le but d’étudier les modalités pratiques de l’éventualité de la mise en place de ce Front.

Il y va de la garantie de la réussite du processus de transition démocratique.

Cette première initiative et l’accueil favorable qu’elle a recueilli encourage « Citoyens & Solidaires » à aller de l’avant en invitant d’autres forces politiques, associations et personnalités de la société civile partageant ce même socle de valeurs à d’autres manifestations et à s’impliquer dans la construction et le développement de ce Front démocratique.

« Citoyens & Solidaires » va initier sous peu une vaste campagne de mobilisation à la participation des citoyennes et citoyens au vote pour l’élection de la Constituante le 24 juillet car chaque voix comptera pour décider de l’avenir de plusieurs générations de tunisiennes et de tunisiens.

Ainsi donc, notre engagement se poursuivra pour que les élections du 24 juillet consacrent un choix de société en faveur d’une Tunisie libre et démocratique, juste, apaisée par la séparation du religieux et du politique et où tous les citoyens sans exclusive aucune sont égaux en droits et en devoirs.

 Tunis le 06 avril 2011


La Tunisie doit elle faire le choix du nucléaire ?


Depuis des semaines, le Japon est un pays meurtri à cause d’un tsunami qui a dévasté ses côtes, ses villes et une centrale nucléaire à Fukushima. La vague qui s’est introduite à l’intérieur de la centrale a endommagé le système de refroidissement des réacteurs et a provoqué des émanations radioactives importantes. Les Japonais perdent la maîtrise de l’atome, la situation devient alarmante et le souvenir cauchemardesque de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, revient hanter les esprits. Le monde se rend de nouveau compte de la dangerosité de l’énergie nucléaire et de l’impuissance de l’homme à maîtriser totalement l’atome. L’inquiétude grandissante des gouvernements concernés par l’énergie nucléaire, s’est traduite par une remise en question des normes de sûreté des installations existantes et de l’allongement de la durée de vie des centrales. Ainsi, les Allemands, par la voie de la chancelière Angela Merkel, ont annoncé la fermeture de sept des dix-sept centrales, le temps d’un moratoire sur la politique nucléaire du pays. La Suisse, le Royaume-Uni et la Chine, laquelle concentre deux tiers des centrales en chantier dans le monde, ont suspendu l’approbation de nouveaux projets pour la construction de nouvelles centrales et procèdent à des vérifications sur les dispositifs contre les tremblements de terre et les inondations. L’Italie revoit sa politique nucléaire dans le cadre d’un moratoire d’un an sur les procédures d’installations de nouveaux sites nucléaires. Quant à la France, dont le chef d’Etat n’a pas manqué de vanter la fiabilité de la technologie française et de justifier son prix onéreux, a accepté de soumettre ses 59 centrales à un audit ainsi qu’à des tests de résistance aux catastrophes naturelles.

C’est dans ce contexte de débat au niveau mondial, que la question du choix du nucléaire civil se pose pour la Tunisie.

Des besoins croissants en énergie

Caractéristique des pays à revenu intermédiaire, les besoins de la Tunisie en énergie sont de plus en plus importants. Aussi, la consommation – par personne et par an – en électricité et gaz est passée de 19,7 dinars en 1995 à 45,7 dinars en 2005, selon l’Institut National de la Statistique (INS)[1]. Depuis lors, la consommation totale des Tunisiens a continué de progresser entre 2007 et 2009, d’après la Société Tunisienne d’Electricité et de  Gaz (STEG)[2]. Ajoutons que la croissance démographique, certes modérée, fera naturellement augmenter les besoins en énergie (à habitudes de consommation inchangées), sans compter l’effet multiplicatif dû à l’augmentation du niveau de vie. En effet, l’équipement des ménages en électronique grand public et la démocratisation de cette aspiration pour l’ensemble des citoyens du pays, vont de pair avec une consommation en électricité de plus en plus forte. L’industrie est elle aussi concernée par des besoins croissant en énergie[3], d’autant que la multiplication à venir de projets, grâce notamment à l’assainissement du climat des affaires, va accentuer cette tendance.

Le nucléaire, un choix déjà envisagé

La Tunisie, à travers la STEG, produit principalement son électricité par des centrales thermiques à turbine, à gaz ou à vapeur – beaucoup plus marginalement par l’énergie hydraulique et l’éolien[4] – à hauteur de plus de 3360 MW en 2009. Il est une évidence que compte tenu de ses besoins croissants en électricité et du renchérissement tendanciel du prix des produits  pétroliers, la Tunisie devra augmenter ses capacités de production, possiblement à partir de sources nouvelles comme le nucléaire. Le choix de recourir à l’énergie nucléaire a été ainsi évoqué et même affirmé en avril 2008, lors de la visite du Président français Nicolas Sarkozy en Tunisie. Ainsi, quelques mois avant le lancement de l’Union pour la Méditerranée, projet prônant notamment une coopération énergétique entre les deux rives et dont l’avenir est compromis[5], un accord de développement du nucléaire civil a été signé entre la Tunisie et la France. Ce contrat prévoit une coopération nucléaire pour la production électrique, la désalinisation de l’eau de mer ainsi que des initiatives dans le domaine de la santé et de l’environnement. Bien des jalons précèderont la construction éventuelle de cette centrale pour la production d’électricité et la désalinisation de l’eau de mer. Le premier d’entre eux est une étude de faisabilité technique et économique, conduite par des ingénieurs appartenant à différents corps[6], qui devrait s’achever cette année ou l’année prochaine. Si le projet est approuvé par les décideurs tunisiens, alors le démarrage de la construction de la centrale pourrait débuter en 2016, après un appel d’offre international, pour une exploitation commerciale prévue pour 2023. Aussi, cette centrale devrait produire environ 1000 MW et pourrait couvrir près de 20% des besoins, avec un coût de production bien inferieur à celui du gaz, qui reste la principale source productrice d’électricité (selon la STEG, le coût de production du KWh est de 68% du prix de distribution pour le gaz naturel, contre 15% pour le nucléaire).

Faut-il craindre des risques ?

Malgré l’intérêt certain de l’énergie nucléaire, le choix d’opter pour le développement de cette filière comporte quelques risques. Un des premiers risques est l’impact sur l’environnement et plus particulièrement sur une partie du littoral de la Tunisie. En effet, la centrale à venir devrait pouvoir dessaler l’eau de mer, ce qui suppose une localisation près des côtes. Et même si la Tunisie reste à l’écart des zones fortement sismiques du monde, il n’en demeure pas moins un risque potentiel de la capacité de résistance de l’éventuelle future centrale. Les experts qui se penchent actuellement sur la question dans le cadre de l’étude de faisabilité, intègrent très certainement ce risque potentiel mais le risque nul n’existe naturellement pas. Par définition, un accident est un événement qui a une faible, voire très faible probabilité d’occurrence. D’ailleurs les experts qui avaient construit la centrale de Fukushima avaient prévu à l’époque, compte tenu des risques estimés, que la centrale pouvait résister à des séismes de magnitude de 7,5 et des vagues de 10 mètres de haut. Or, la rareté de l’événement a été celui d’un choc sismique de magnitude de 8,9 qui a engendré des vagues de 12 mètres et les conséquences que l’on connaît. Par ailleurs, la question du traitement des déchets qui est au centre de tout programme de développement du nucléaire civil, doit également être considérée comme une charge que l’on fera supporter aux générations futures de Tunisiens. C’est une question centrale et nul doute que le fameux groupe d’experts, aura aussi à traiter de cette question. Enfin, la formation d’ingénieurs et de personnels spécialistes dans ce domaine pour assurer le volet de la sûreté et de la sécurité, est également primordiale et doit en principe aller de pair avec la mise en place de ce programme. Compte tenu de la complexité de cette nouvelle technologie en Tunisie, dont l’implantation serait le fait d’un groupe industriel étranger, on peut douter qu’un transfert total de compétence soit effectif. Aussi, le volet de la maintenance de la future centrale pourrait être celui de la dépendance avec un autre Etat qui pourrait mettre à disposition ses propres ingénieurs sans nécessairement en former d’autres en Tunisie. Au coût de l’installation de la centrale doit donc être ajouté celui d’une rente systématique pour le service de maintenance au groupe industriel étranger qui en serait l’initiateur.

La catastrophe de Fukushima a fait naître un débat mondial sur le nucléaire civil et a ajouté plus d’incertitude sur un marché déjà tendu à cause du réchauffement climatique. La Tunisie est donc pleinement concernée et la question de la politique énergétique est capitale, compte tenu des enjeux inhérents à moyen-long terme et des implications sur la sécurité de ses citoyens. L’énergie nucléaire présente incontestablement des avantages qu’il convient de considérer et d’étudier. Néanmoins, les inconvénients liés aux risques potentiels sur la population et l’environnement, doivent être pris en compte à leurs justes mesure, sans psychose ni négligence. C’est pourquoi, à l’instar de toute bonne gouvernance, la transparence doit être de rigueur à chaque étape du projet d’implantation de l’énergie nucléaire en Tunisie. Ainsi, l’étude de faisabilité des experts chapotés par l’AIEA devra être transparente et portée à la connaissance de l’ensemble des citoyens. Sans faire preuve de démagogie, la question de la politique énergétique doit être débattue et le choix de l’énergie nucléaire pourrait être le fait des citoyens Tunisiens, à la lumière d’une comparaison avec d’autres types d’énergie, d’origine fossile[7] ou solaire[8]. Dans une Tunisie nouvelle, l’édification d’une seconde république passe aussi par des choix démocratiques sur les enjeux stratégiques de long terme, comme celui de la politique énergétique.

Slim DALI

http://www.elmouwaten.com/modules.php?name=News&file=article&sid=101
 


 

[1]Ces données sont tirées des enquêtes nationales sur le budget et la consommation des ménages de 1995 et 2005 et représentent la consommation moyenne en électricité et gaz, par an et par habitant, en dinars courants. L’évolution de ce produit de consommation reste très importante après la prise en compte de l’évolution générale des prix. Ainsi, en déflatant la valeur de la consommation en électricité et gaz par l’Indice des Prix à la Consommation relatif à la même période (à défaut d’avoir un IPC pour la même branche), on observe que le volume de consommation de ce produit à progressé de 74% (entre 1995 et 2005).

[2]La consommation basse tension, est passée de 4796  à 5334 millions de KW/h entre 2007 et 2009 d’après les chiffres de la STEG.

[3]La consommation haute et moyenne tension a progressé de 6,2% entre 2007 et 2009 selon la STEG (respectivement 6403 et 6799 millions de KW/h).

[4]La répartition de la production en électricité est répartie comme suit (calculs à partir des données de la STEG de 2009) : 38,6% par turbine à gaz, 32,9% par thermique à vapeur, 26,0% par la centrale de gaz à cycle combiné, 1,9% par l’hydraulique et 0,6% par l’éolien.

[5]Lire à ce sujet : Déconstruction et reconstruction de l’Union pour la Méditerranée ? de Béligh Nabli (http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4749).

[6]Parrainée par l’AIEA, cette étude est conduite par des experts et ingénieurs appartenant au Centre national des sciences et des technologies nucléaires (CNSTN), à la STEG et à la Sonède, en coordination avec le Centre national des études stratégiques.

[7]Un puits de pétrole à été découvert fin mars 2011 dans la zone de Bouhajla, au centre de la Tunisie. La société  pétrolière et gazière canadienne à l’origine de la découverte, a estimé la capacité de ce puits à 1,03 milliards de barils de pétrole. C’est donc une découverte intéressante mais qui reste modérée ; en effet cette réserve serait épuisée au bout de 3 ans seulement avec une production à 1 millions de barils par jour, soir un peu moins que la production de la Libye avant le soulèvement de son peuple (supérieure à 1,700 millions de barils par jour).

[8]Un texte sur le développement de l’énergie solaire en Tunisie sera prochainement élaboré par un expert sur le sujet pour El Mouwaten.

 

 
 
Alternatives citoyennes
Des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
Avril 2011
 
Mais que se passe-t-il donc à Djerba ?
 
L’île de Djerba connaît en ces lendemains de Révolution de multiples exactions et dépassements des règlements qui ne font que s’accroître impunément en l’absence d’une police municipale et d’agents de contrôle technique qui, malgré la présence et les injonctions de trois maires en poste, n’assurent pas leur travail depuis des semaines.
 
Ainsi, les premiers venus, audacieux et opportunistes, confortés par cette absence des instances de contrôle assaillent les terres agricoles protégées, les côtes et même le domaine public maritime pour y ériger des constructions diverses, locaux à usage commercial, hangars, dépôts, maisons qui portent préjudice au statut des terres et oblitèrent l’avenir.
 
L’Association de sauvegarde de l’île de Djerba (ASSIDJE), a fort à faire pour réagir avec les moyens dont elle dispose et qui restent insuffisants pour interdire les chantiers intempestifs qui poussent ça et là sans aucun contrôle ni conseil. Quand on sait l’enjeu de la préservation des terres agricoles et des sites de côte à Djerba, on ne peut que déplorer le laisser faire qui s’accentue aujourd’hui et atteint sa côte d’alerte. Faire reculer les fronts d’urbanisation galopante au bord des routes, dans la campagne, et préserver le patrimoine naturel et architectural millénaire de l’île devrait être l’objectif prioritaire des services municipaux et des services de l’Institut National du Patrimoine.
 
Par ailleurs les habitants de l’île et des houmas ont fort à faire pour protéger leurs pratiques, leurs lieux de culte et leurs usages ancestraux face à de nouveaux intrus qui viennent s’ériger en docteurs de la loi religieuse et des pratiques licites. On sait qu’à Djerba il existe des mosquées de bord de mer qui à l’origine servaient aussi de borj de contrôle de la côte.
 
Ces mosquées sont traditionnellement utilisées par les familles à la belle saison pour des séjours, des ziaras, voire des célébrations de fêtes familiales. On y dort, on y mange, on y chante, on se recueille et passe la belle saison en profitant de l’air marin. À Sidi Salem, mosquée de côte située près de Houmt Souk, un individu s’est récemment octroyé le droit de bâtir une enceinte autour de la mosquée et d’intimer aux habitants de la houma que dorénavant celle-ci serait réservée uniquement à la prière et aux prêches. Fort heureusement les habitants ont réagi.
 
À Sidi El Bahri, la salle de prière a été démolie sans autorisation par un individu qui disait vouloir étendre la mosquée. Ainsi disparaissent sous nos yeux des joyaux du patrimoine architectural ibadhite de l’île, de véritables poèmes d’architecture pour qui sait les voir.
 
A Sidi El Bachir, la mosquée et madrasa de la houma de Oualgha près de Houmt Souk, restaurée par l’Institut National du Patrimoine et promise à devenir un musée des mosquées de l’île avec présentation de maquettes, a été investie par un groupe d’individus qui ont réclamé d’en faire un lieu strictement réservé à la prière et aux soirées religieuses spéciales. Là encore, les habitants, les familles et l’association de protection de l’île ASSIDJE ont pu réagir à temps.
 
Enfin, on entend ici et là que les imams ibadhites de certaines mosquées djerbiennes ont aussi du fil à retordre avec de nouveaux groupes et imams salafistes venus pour les détrôner de leurs fonctions ancestrales.
 
Le patrimoine naturel, écologique et architectural de l’île est en péril, la situation déjà préoccupante avant la Révolution empire de jour en jour. Le patrimoine des usages et des pratiques sociales et religieuses également se heurte aux nouveaux venus qui s’érigent en docteurs de la loi religieuse et de l’orthodoxie rigoriste.
 
Jusqu’à quand laissera-t-on faire sans impunité de telles pratiques ? Pourquoi les services municipaux ne sont-ils pas fonctionnels aujourd’hui ? Est-ce que Djerba est trop loin de nous et de nos préoccupations pour que l’on continue à y tolérer ces dépassements et ces outrages ? Jusqu’à quand les habitants pourront-ils réagir et se défendre ?
 
Il est urgent aujourd’hui de rassembler les énergies, les consciences et les moyens politiques pour arrêter le massacre d’une île dont les enjeux humains, sociaux et touristiques ne sont plus à démontrer.
 
Leïla Ammar

 

 

Rome offre la France aux immigrés tunisiens


Les autorités italiennes vont délivrer un permis temporaire de séjour à des centaines de clandestins de Lampedusa. 

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Dès jeudi, plusieurs centaines d’immigrés tunisiens provenant de Lampedusa pourront se présenter au poste-frontière de Vintimille muni d’un «permis temporaire de séjour» . Ce document sera délivré par les autorités italiennes pour une durée de trois mois reconductible, afin de faciliter les rapprochements familiaux.

La police des frontières française n’aura d’autre alternative que les laisser passer. La délivrance de ce permis transforme le clandestin en un réfugié reconnu et comme tel protégé par les lois communautaires. «Plus tôt nous leur délivrerons ces papiers, plus vite ces immigrés quitteront notre pays», résume le député de la Ligue du Nord, Matteo Salvini.

Encore aujourd’hui, les clandestins sont refoulés par la France à la frontière en vertu du traité de Schengen et de la Convention de Dublin qui interdisent leur libre circulation en Europe. Un accord bilatéral de réadmission signé en 1997 organise les modalités du refoulement. Il oblige le pays d’accueil initial (l’Italie en l’occurrence) à reprendre le clandestin interpellé dans l’autre pays.

Dans un premier temps, le gouvernement de Silvio Berlusconi a tenté d’obtenir de la Tunisie qu’elle reprenne la plus grande partie des quelque 22.000 clandestins tunisiens débarqués en Italie depuis le début de l’année. Lundi toutefois à Tunis, le président du Conseil n’a pas obtenu l’accord escompté. Son homologue, le chef du gouvernement provisoire Béji Caïd Essebsi, a bien accepté que des rapatriements aient lieu, mais en nombre très limité (50 à 100 par semaine). Il a appelé à la solidarité de l’Europe en faisant valoir que la Tunisie a elle-même accueilli sans protester 165;000 immigrés de Libye. En contrepartie, l’Italie fournira à Tunis 350 millions d’euros d’aide économique et équipera ses garde-côtes en radars et vedettes rapides. Lundi soir, la Ligue du Nord – le partenaire le plus intransigeant de Berlusconi sur le problème de l’immigration – a donné son accord à la délivrance de «permis temporaires de séjour».

À Manduria (dans les Pouilles), devant le principal centre de transit des immigrés, la décision a été saluée par une explosion de joie. Mahdi (23 ans) espère terminer ses études de mathématiques à Toulouse, où l’attend son frère «marié à une Française». «France, France», crient des groupes d’immigrés qui sortent du camp. Des associations de volontaires leur distribuent des tracts en français et en arabe leur expliquant comment demander le permis : «Surtout ne fuyez pas. Vous deviendriez des clandestins et ne pourriez plus faire valoir vos droits», leur expliquent-ils. Sur 900.000 Tunisiens en situation régulière présents en Europe, 600.000 vivent dans l’Hexagone, 150.000 en Italie, 85.000 en Allemagne, 20.000 au Benelux et 13.000 en Suisse.

À Lampedusa, la trêve a duré bien peu. L’île avait à peine été complètement évacuée lundi de ses 6200 immigrés que les débarquements ont repris. L’île compte de nouveau 1500 immigrés. Mardi matin, une barcasse a amené 350 Africains provenant de Libye. Eux du moins sont considérés comme des réfugiés politiques.

Source : « Le Figaro » Le 06-04-2011

Drame à Lampedusa

Entre 150 et 250 migrants disparus en mer


 

Une embarcation partie lundi de Libye a chaviré dans la nuit de mardi à mercredi dans la Méditerranée avec à bord des réfugiés somaliens ou érythréens.

L’accident a eu lieu à 70 km de l’île sicilienne de Lampedusa. Il y aurait entre 150 et 250 morts ou disparus. Une cinquantaine de personnes ont pu être sauvées.

Les bilans diffèrent sur le nombre exact de victimes. Les autorités italiennes parlent d’environ 150 réfugiés morts ou portés disparus. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué qu’«environ 300 personnes» se trouvaient à bord, citant des réfugiés secourus. Le bilan pourrait être de 250 morts ou disparus.

Le porte-parole des garde-côtes à Lampedusa a expliqué que ses hommes avaient d’abord repéré une vingtaine de corps dans la mer. Quarante-huit personnes ont été ressorties vivantes de l’eau. Trois immigrés supplémentaires ont été repêchés par un bateau de pêche. Ils sont arrivés à Lampedusa mercredi après-midi.

Les premiers rescapés, dont une femme enceinte, ont été amenés mercredi matin sur l’île. Certains, épuisés, étaient en état de choc et en hypothermie. Ils ont reçu des soins médicaux, du thé et des boissons chaudes.

Mercredi après-midi, environ 130 réfugiés étaient toujours portés disparus. «Nous gardons espoir, a expliqué un officier de marine. Nos navires et nos hélicoptères ont jeté toutes sortes de bouées de sauvetage et de canots pneumatiques pour permettre aux personnes de s’y accrocher», a-t-il ajouté. Embarcation trop petite

L’embarcation avait seulement treize mètres de long. Partie lundi de Zuwarah, à l’ouest de Tripoli, elle se trouvait à quelque 70 km au sud-ouest de la petite île de Lampedusa quand elle a chaviré.

La tempête, la houle et «l’excitation à bord» auraient provoqué le retournement du bateau. «Les personnes à bord sont tombées à l’eau», a expliqué le capitaine Vittorio Alessandro, porte-parole des garde-côtes.

Le prêtre érythréen Mussie Zerai, surnommé en Italie «Don Mosé», fondateur à Rome de l’organisation humanitaire «Habeshia» qui s’occupe des réfugiés africains, a dénoncé des «morts évitables».

«Si l’Europe nous avait écoutés avant le début des bombardements (en Libye, ndlr) lorsque nous demandions l’évacuation de tous les réfugiés de l’Afrique sub-saharienne qui se trouvaient alors piégés dans les villes libyennes», a-t-il dit mercredi dans un communiqué.

D’autres naufragés

Selon des jésuites maltais, d’autres corps, une septantaine, ont été repêchés jeudi dernier sur les côtes libyennes, près de Tripoli. Ils auraient été enterrés immédiatement, sans qu’il soit possible ensuite de savoir qui étaient les victimes.

Il y a trois semaines, 35 immigrés partis de Tunisie avaient également disparu dans le naufrage de leur embarcation.

Il n’existe pas de chiffres officiels sur les victimes lors des traversées depuis l’Afrique, mais l’association caritative italienne Fortress estime qu’au moins 3616 personnes sont mortes en Méditerranée entre 2006 et 2008 en tentant de rejoindre l’Europe.

Négociations

Depuis la chute du président tunisien Ben Ali en janvier suivie de l’insurrection en Libye, l’Italie est confrontée à un afflux exceptionnel d’immigrants venus d’Afrique. Environ 22’0000 débarquements ont été recensés, surtout en provenance de Tunisie.

Ces dernières semaines, près de 2000 réfugiés africains, des Somaliens et des Erythréens surtout, sont également arrivés en provenance des côtes libyennes.

L’Italie et la Tunisie ont signé mardi un accord pour endiguer l’afflux de migrants clandestins entre l’Afrique du nord et l’Italie. Une réunion sur l’immigration est également annoncée cette semaine ou au début de la semaine prochaine avec la France.

Source:”20 minutes” Le 06-04-2011

Tunisie – Vérités et contrevérités de Abdelwaheb Abdallah


 

Il a été le principal acteur du verrouillage de la presse en Tunisie et l’un des bras droits les plus proches de Zine El Abidine Ben Ali. Abdelwaheb Abdallah, qualifié de Goebbels par tout observateur avisé de la scène médiatique et politique tunisienne, est sous les verrous si l’on se tient aux dernières informations provenant de sources officielles.

Son fils, Mehdi Abdallah, est sorti de son silence en publiant une longue lettre dans un journal en ligne tunisien.

Si le fils du « Goebbels » tunisien est tout à fait dans son droit, et c’est en son honneur, de défendre son père, il est de notre devoir de signaler les contrevérités que sa lettre contient d’autant plus qu’on ne doit absolument rien à son père.

En effet, et contrairement aux interviews données par le fils de Ali Seriati à Attounissiya, Haqaïq et Le Monde, où le lecteur avait droit aux questions contradictoires, la lettre de Mehdi Abdallah est publiée telle quelle induisant en erreur celui qui la lit.

Une lettre destinée à amadouer le public et à donner une image trop humaine d’un Abdelwaheb Abdallah qui a subi, à l’entendre, des injustices sous Ben Ali et après. Une image de quelqu’un de diabétique récemment opéré du cœur.

La justice fera son travail certainement et nous croyons fortement que toute chasse aux sorcières, en cette période, est à la fois inutile et contreproductive. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il faut laisser la place aux contrevérités.

Qui peut nier que la piètre qualité de la presse tunisienne, aujourd’hui, est totalement l’œuvre de Abdelwaheb Abdallah qui a bouclé les médias de bout en bout à commencer par l’IPSI où l’accès se fait par défaut ?

Mehdi Abdallah dit que le statut de son père au RCD n’était qu’honorifique, mais oublie de signaler que c’est lui qui a inséré, sans les aviser au préalable, plusieurs noms sur la fameuse « liste des 64 » appelant Ben Ali à se représenter en 2014.

A l’entendre, son père n’a pas commis d’injustices. Nombreux sont pourtant les directeurs de journaux et rédacteurs en chef qui affirmeront le contraire et raconteront les multiples injustices et humiliations subies par Abdelwaheb Abdallah.

Mehdi Abdallah dit que son père n’a jamais tiré un quelconque avantage de ses positions tout au long de sa carrière politique. Qui a alors catapulté sa mère Alia Abdallah au poste de PCA de l’UIB puis au poste de PDG de la BT ? Nombreux sont les patrons de banques et hauts cadres de la BCT qui vous diront qu’elle ne mérite aucunement ces postes.

Il nous dit que le parcours politique de son père ne lui a jamais servi pour s’enrichir. Et le salaire de 340.000 dinars par an de sa maman ? 113 fois le SMIG.

Il dit que son père a été limogé en 2003 parce qu’un reportage diffusé au télé-journal de 20h de la Chaîne nationale, un plan de quelques secondes montrait Leïla Ben Ali moulée dans des vêtements cintrés.

Ce limogeage ne serait-il pas lié à une affaire de la banque française Société Générale dont le président international, Daniel Bouton, a été reçu le jour-même par Ben Ali suite à une intervention de l’Elysée ?

Mehdi Abdallah dit que son père a été évincé du palais de Carthage le 11 janvier 2011, alors que le 14 janvier au matin, il était encore à son bureau, comme nous l’indiquent nos sources.

Le 13 janvier au soir, et comme nous l’indiquent des sources à la télévision tunisienne, Abdelwaheb Abdallah a pris le téléphone pour appeler un haut responsable de la télévision et traiter de traitres ceux qui ont osé inviter Néji Bghouri et Bochra Belhadj Hamida (sur le plateau télé) et Slaheddine Jourchi au téléphone.

Nos confrères plus âgés ont certainement de quoi alimenter des livres s’ils désirent parler de Abdelwaheb Abdallah. Car ils savent parfaitement que, sans lui, la presse tunisienne n’aurait rien eu à envier à la presse marocaine ou algérienne, voire française ou américaine.

Entre ceux qui ont été censurés et menacés, ceux qui ont été empêchés d’avoir le visa de leur propre publication, leur propre radio ou leur propre télévision, ceux qui ont été acculés à émigrer, on en compte des centaines de ces journalistes qui, au vu de ce qu’ils ont subi, n’auront en aucun cas donné une libre tribune sans contradiction au fils de leur persécuteur pour le défendre !

Source: “Business News” Le 06-04-2011

Deux Tunisiens témoignent


 

En Suisse, les demandeurs d’asile tunisiens ont triplé en mars pour atteindre 159 cas. En février, ils étaient 48. Le «Blick» a interrogé deux d’entre eux.

Karim (23 ans) a quitté la Tunisie le 16 mars sur un rafiot plein de monde en partance pour l’île de Lampedusa, en Italie.«En arrivant sur place nous étions 4600 migrants», se souvient l’électricien sur voitures. «Tous les jours nous avons b… des nouilles et bu de l’eau. Je ne suis resté que neuf jours sur place», poursuit-il.

Karim entreprend alors un long périple à travers l’Italie: un bateau le mène d’abord sur la terre ferme. De là il remonte vers le nord en passant par Naples et Rome. Pour traverser la frontière suisse, il emprunte le train. C’est là qu’il est arrêté par un garde-frontière le 29 mars. Karim dépose une demande d’asile. Il est actuellement logé dans un centre d’hébergement pour migrants à Chiasso (TI).

Achref (24 ans) est également arrivé jusqu’au Tessin. Son périple ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de Karim.De Lampedusa, il a pris dix jours pour arriver à Côme, en Italie. C’est de là qu’il a pris un bus en direction de la Suisse. Il a été arrêté à son tour à la frontière. Pour arriver jusqu’en Suisse, les deux hommes ont déboursé trois mille francs chacun pour rémunérer leurs passeurs.

Achref, qui est serrurier de profession, résume lucidement sa situation: «Nous sommes en Suisse pour nourrir nos familles. Chez nous, il n’y a pas de jobs. Pour en obtenir un tu dois mettre 3000 euros sur la table».

Source: ”20 minutes” Le 06-04-2011

Tunisie-Emploi: Poussée alarmante du taux de chômage


 

Emploi-Tunisie – La situation du marché de l’emploi ne cesse d’empirer depuis le déclenchement de la révolution tunisienne. Déjà, les entreprises passaient par des difficultés conjoncturelles suite à la crise économique internationale. La révolution a donné le coup de grâce à certaines entreprises qui ont été obligées tout simplement de fermer leurs portes et de mettre au chômage technique certains de leurs employés.Le taux du chômage a gagné donc de nouvelles proportions alarmantes. Un programme d’urgence a été mis en place par le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi dont les grandes lignes ont été annoncées hier par M. Saïd El Aydi, ministre en charge de ce département. Ce programme s’articule autour de quatre axes, à savoir la création de nouveaux postes d’emploi dans tous les secteurs et au niveau des secteurs public, privé, de la société civile et du travail à l’étranger, l’impulsion de la création d’entreprises et l’accompagnement des promoteurs des microprojets pour assurer leur pérennité, la préservation des postes d’emploi dans les entreprises sinistrées, l’accompagnement rapproché des demandeurs d’emploi et l’amélioration de l’employabilité. Partenariat entre le public et le privé Le gouvernement provisoire tente d’innover et de trouver de nouvelles solutions durables pour résoudre le problème épineux du chômage. Il compte revoir également le dispositif de la formation et de l’enseignement en adaptant aussi les incitations économiques destinées aux entreprises privées. Ainsi il a été décidé de créer 20.000 postes d’emploi nouveaux dans le secteur public et de fournir les conditions adéquates en vue de permettre au secteur privé de créer, lui aussi, 20.000 postes d’emploi. Dans le secteur public, un programme exceptionnel a été décidé en vue de créer 20.000 postes d’emploi dans la Fonction publique au titre de l’année 2011. Les procédures d’organisation des concours sont simplifiées et les délais sont écourtés pour atteindre les objectifs fixés avant la fin du mois de juin prochain. Les résultats de la majorité des concours seront annoncés avant la fin du mois de juillet. Les candidats dont la durée de chômage est longue vont bénéficier d’une formation spécifique pour les préparer à ces concours. Le ministère va publier le calendrier des concours et les résultats en ligne sur un portail unique accessible aux candidats voulant suivre leurs dossiers dans le cadre de la transparence à toutes les étapes. Le ministre a indiqué que son département prépare, en collaboration avec les parties concernées, les conditions adéquates en vue de programmer la création de 20.000 postes d’emploi supplémentaires dans les entreprises publiques et privées en renforçant les investissements et en consacrant le partenariat entre le secteur privé et l’Etat qui se charge de mettre à la disposition des intéressés les compétences nécessaires. Actuellement, un programme de formation qualifiante est en cours de mise en place en fonction de la demande exprimée et au profit des demandeurs d’emploi diplômés de l’enseignement supérieur pour les intégrer dans les entreprises exportatrices dans le domaine des technologies de la communication (offshoring). Soutien à l’autofinancement Près de trente projets pilotes sont étudiés actuellement dans le cadre d’un partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Ces projets devraient dynamiser l’activité économique. Le recrutement tient compte de la spécialité, de la durée du chômage et de la situation sociale. Des emplois peuvent être créés dans les associations et les organisations nationales, et ce, à travers la définition des besoins et l’incitation des ces structures au recrutement. Parallèlement, l’exécution des conventions d’emploi à l’étranger conclues entre la Tunisie et les pays d’accueil sera accélérée. On essaye de conclure de nouvelles conventions pour ouvrir les horizons de l’émigration légale pour les demandeurs d’emploi. Le ministre a précisé que l’impulsion de la création d’entreprises et l’accompagnement des promoteurs pour la création de microprojets et assurer leur pérennité pourraient se faire en développant les interventions dans les domaines de la formation, la mise à niveau, l’accompagnement et le suivi dans toutes les étapes de concrétisation du projet. Des mécanismes d’assistance seront à la disposition des promoteurs depuis l’idée en passant par la formation complémentaire technique ou en gestion et l’accompagnement durant les deux premières années du lancement effectif du projet. Le ministère identifie des solutions urgentes pour soutenir les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui n’ont pas un autofinancement pour lancer leur projet dans certaines régions. Les différents intervenants dans la promotion des entreprises vont travailler en coordination en vue d’augmenter le rythme de création d’entreprises dans les régions. Les jeunes vont bénéficier d’une réadaptation dans des métiers prometteurs comme, à titre d’exemple, le syndicat immobilier professionnel. Mieux, les jeunes continuent de bénéficier de l’accompagnement une fois l’accord de principe de financement obtenu. L’accompagnement est destiné également aux étudiants qui effectuent leur plan d’affaires dans le cadre du projet de fin d’études. Incitations financières et fiscales D’autre part, l’Etat veut préserver les postes d’emploi menacés et soutenir les entreprises en difficulté. Ainsi une opération pilote a été lancée par le ministère au profit du secteur de la distribution. Le but étant d’exploiter la période du chômage technique pour bénéficier de sessions de formation continue susceptibles de maintenir leur niveau de compétence et de leur productivité. Cette opération pilote concerne 2.000 travailleurs dont le chômage technique prévu est de plus de six mois. Elle sera généralisée dans une première étape pour toucher près de 15.000 bénéficiaires travaillant dans 300 entreprises. Dans une deuxième étape, les dégâts dans le secteur du tourisme et dans d’autres secteurs seront définis. Un dossier relatif à cette opération sera présenté prochainement au gouvernement. Des mesures financières et fiscales ont été également décidées au profit des entreprises. L’Etat prend en charge partiellement ou totalement la contribution des patrons dans la sécurité sociale pour le compte des travailleurs concernés par la diminution des heures de travail et ceux touchés par le chômage technique. L’Etat prend en charge aussi 50% des dommages subis par les entreprises et reporte le paiement de l’impôt sur les sociétés au titre de l’année 2010. L’Etat efface deux points du taux d’intérêt dû aux crédits dont la période de remboursement ne dépasse pas les cinq ans et des crédits contractés pour le financement des investissement de dédommagement. D’autres mesures ont été annoncées lors d’un Conseil ministériel en date du 1er avril. Enfin, l’accompagnement actif des demandeurs d’emploi vise à augmenter les chances de décrocher un emploi adapté aux compétences et attentes de l’intéressé. Il s’agit, en fait, d’améliorer l’employabilité du demandeur. Pour réussir cette opération, l’Etat compte sur la coopération entre l’administration, l’entreprise économique, la société civile, les organisations professionnelles, les structures de formation et d’appui, les bailleurs de fonds et d’autres parties. L’accompagnement permet des actions de coaching, de formation, de reconversion ainsi que des stages dans les secteurs public et privé, les organisations professionnelles et les associations. Le programme « Amal » est l’un des axes de l’accompagnement. Le bénéficiaire a droit à une prime de 200 dinars et à une couverture sociale durant une année pour passer un stage dans une entreprise et améliorer ainsi son employabilité. Le ministre a indiqué que le nombre des chômeurs en Tunisie a atteint 520.000 personnes dont 160.000 diplômés du supérieur. Si rien n’est fait, ce chiffre serait de 700.000 en 2011. C‘est que le nombre des demandeurs d’emploi attendu est entre 150.000 et 200.000. Cet état de fait est dû au nouveaux demandeurs diplômés de l’enseignement supérieur au cours du mois de juillet (près de 80.000), aux Tunisiens retournant de Libye (entre 30.000 et 35.000). A cela, ajoutons la perte de près de 10.000 postes d’emploi en 2011 et près de 80.000 postes menacés alors que la croissance ne dépasserait pas 1% au cours de cette année. Ainsi la moyenne nationale du chômage atteindrait 19% des habitants actifs au lieu de 14% en 2010.

 Source : « Afrique en Ligne » Le 06-04-2011

Olivier Piot : Chronique d’une révolution non annoncée


 

Grand reporter aux journaux «Le Monde» et «Le Monde diplomatique», Olivier Piot nous dévoile des fragments de la genèse de «La Révolution tunisienne: dix jours qui ébranlèrent le monde arabe». Il a été le premier journaliste français à fouler le sol tunisien, en pleine révolte sociale. Arrivant le 6 janvier 2011, à l’aéroport Tunis- Carthage, après avoir convaincu la rédaction de son journal, Olivier Piot a choisi de ne pas déclarer sa qualité de journaliste. «Je me suis rendu déjà quatre fois auparavant en terre tunisienne et je savais que le pays est verrouillé par un régime policier et sécuritaire», nous a déclaré Olivier Piot qui, lors de l’enregistrement des bagages à l’aéroport, s’est déclaré «touriste» exerçant dans l’enseignement. Arrivant lors de la matinée du 6 janvier, avec tout un plan de travail, il a dû parcourir le territoire tunisien, en quête de réponses à «ses questions journalistiques». Alors, accompagné par son guide et complice Mohamed Khemili (militant de l’opposition tunisienne), il a fait la tournée de Sousse, Sfax, Tozeur, Redeyef, Moularès, Metlaoui, Gafsa, Bir El Hfay, Sidi Bouzid, Lessouda, Menzel Bouzaiene, Meknassy et Mezzouna avant de quitter la Tunisie le soir du 13 janvier. Chroniques des jours inoubliables «Je suis allé à la rencontre des gens dans ces régions, à l’écoute des syndicalistes. Alors et pour des raisons de sécurité et pour que ma mission ne soit pas avortée, j’ai dû signer mes deux premiers reportages sous le pseudonyme de Adnane Ben Yahmed. Il y avait tellement des histoires et des faits à relater et des analyses à faire, raison pour laquelle j’ai choisi après mon retour de mettre noir sur blanc les témoignages que j’ai recueillis lors de mes multiples déplacements et discussions. A vrai dire, en arrivant à Tunis, je n’ai jamais imaginé que je serais un témoin de ce processus décisionnel qui s’est accéléré jour après jour entraînant la chute de Ben Ali», a expliqué Olivier Piot, lors d’une rencontre-débat organisée à la librairie Clairefontaine de Tunis. « La Révolution tunisienne : dix jours qui ébranlèrent le Monde Arabe » est l’intitulé de cet ouvrage que son auteur, Olivier Piot, a voulu qu’il soit une chronique de ces moments décisifs procédant le 14 janvier 2011. Edité par «Les petits matins», l’ouvrage retrace dix journées historiques. «Aujourd’hui, tout le monde parle et reparle de la Tunisie post-révolutionnaire mais rares sont les écrits qui traitent de ces jours qui ont changé l’histoire de la Tunisie mais aussi de toute la région. C’est un essai pour garder vivace dans la mémoire ces dix jours décisifs», a souligné l’auteur, avouant qu’il n’a jamais pensé que le mouvement de contestation pouvait atteindre la capitale, engendrant la chute de Ben Ali et de son système. «Le 13 au soir, en rentrant, et lors de la réunion de la rédaction, j’ai été sûr que Ben Ali va tomber mais je n’ai pas pu deviner quand. C’est peut-être dans quelques heures, dans quelques jours ou même dans quelques mois. Il a grillé toutes ses cartes», a-t-il raconté, faisant l’analyse des quatre moments capitaux qui ont ponctué cette révolution populaire et spontanée. N’oublions pas les racines «La Révolution est comme un arbre. Elle a commencé par une indignation locale à Sidi Bouzid, c’est dans cette terre qu’elle a plongé ses racines, dans les classes défavorisées et les régions marginalisées. Avec le soulèvement des autres régions, l’arbre s’est développé», a-t-il souligné en guise d’analyse de la Révolution tunisienne, définissant quatre moments forts qui font à son avis la différence avec la Révolution égyptienne: un 1er qui coïncide avec la révolte de Sidi Bouzid, un 2e marqué par la participation des classes moyennes, un 3e par l’adhésion de la bourgeoisie et un 4e temps aux couleurs sociopolitiques d’où le célèbre slogan de «Ben Ali dégage». Olivier Piot a fait remarquer que durant des années, l’opposition tunisienne a été obligée ou a appris à cohabiter avec le système de Ben Ali et que cette alliance a fait que le peuple soit toujours absent. «Contre toute attente, la Révolution tunisienne a réinjecté un acteur spontané qui est le peuple qui sait pourquoi il se bat et sait ce qu’il veut», a-t-il ajouté faisant des clins d’œil à la révolution égyptienne sans oublier la révolution française et russe. « Le cas égyptien est très différent car c’était un mouvement contre Moubarak alors qu’en Tunisie le mouvement a atteint une certaine maturité avant de devenir une vraie révolution. » Pour l’avenir, le journaliste a tenu à préciser qu’il faut que les médias s’impliquent davantage pour répondre aux bonnes et urgentes questions posées au quotidien.

Les autorités italiennes ont décidé de délivrer un permis de séjour temporaire à plusieurs centaines d’immigrés tunisiens qui se trouvent sur la petite île sicilienne de Lampedusa. Ce qui implique que les pays européens n’auront d’autre alternative que de laisser les migrants circuler librement.

·Les autorités italiennes ont décidé de délivrer un permis de séjour temporaire à plusieurs centaines d’immigrés tunisiens qui se trouvent sur la petite île sicilienne de Lampedusa. Ce qui implique que les pays européens n’auront d’autre alternative que de laisser les migrants circuler librement.

·Les autorités italiennes ont décidé de délivrer un permis de séjour temporaire à plusieurs centaines d’immigrés tunisiens qui se trouvent sur la petite île sicilienne de Lampedusa. Ce qui implique que les pays européens n’auront d’autre alternative que de laisser les migrants circuler librement.

Source: ”JETSETmagasine” Le 06-04-2011

La Bulle Politique et Le Front du Refus


 

En économie, on parle de bulle lorsqu’il y a un boom économique qui s’accompagne d’une croissance exponentielle du nombre d’entreprises œuvrant dans un secteur donné. Généralement cette bulle finit par exploser, et donner lieu à une réorganisation du paysage.

Aujourd’hui, nous vivons en Tunisie une « bulle politique » avec un foisonnement de nouveaux partis, puisque nous approchons de la soixantaine en quelques semaines, et que ce nombre risque de croître encore.

Tout comme en économie, cette bulle finirait par exploser, dans un certain temps, et on observerait alors, le regroupement de certains partis autour d’une bannière commune, et la disparition de ceux d’entre eux qui n’auront pas réussi à trouver une place sur l’échiquier, et à faire entendre leur voix. Ne pourront survivre que ceux qui d’une manière ou d’une autre, auront su adapter leur offre politique au marché.

Cela serait très sain et même profitable à la démocratie, si l’on disposait réellement de temps et si la république n’était pas menacée. Or aujourd’hui la menace est réelle, celle d’une Offre Publique d’Achat, (pour continuer dans l’analogie économique et financière), sur la république et la révolution, par les partis prônant des valeurs religieuses.

Ces partis sont dangereux, et même, de mon point de vue, contre-révolutionnaires car leurs valeurs fondamentales, liberticides et anti-démocratiques, vont à l’encontre des aspirations qui ont conduit la révolution. Accorder au Coran une prééminence dans l’organisation de la vie sociale, politique et économique de la nation reviendrait à dépouiller le citoyen de sa liberté de pensée et de choix, et le réduire au statut de brebis égarée. De même que cela conduirait à refuser tout dialogue dès lors que les « oulémas » auront donné leur interprétation de la loi coranique. Cela devrait suffire à engager tous ceux qui veulent protéger la révolution dans un combat politique sans merci contre une autocratie d’un autre temps.

Leur permettre d’accéder au pouvoir aujourd’hui reviendrait à accréditer les thèses de Ben Ali, qui s’est toujours positionné aux yeux des tunisiens et du monde comme le seul rempart contre l’islamisme, alors que ce sont les aspirations du peuple qui ont conduit à la révolution qui sont l’unique véritable rempart.

C’est pourquoi, il faut mobiliser toutes les forces progressistes, femmes et hommes, jeunes et vieux, partis et associations, et engager dans un front du refus, tous ceux qui veulent mettre le pays sur la voie d‘un processus irréversible de reconstruction d’une société libre et démocratique. Le refus de l’intolérance et de l’extrémisme religieux.

Dans un contexte normal et républicain, les partis travaillent habituellement à faire entendre leurs différences, dans notre contexte actuel tous les partis républicains doivent travailler sur ce qui les rapproche plutôt que ce qui les distingue. Les prochaines échéances se joueront sur une déclaration de principe : pour ou contre la république islamique ? Les partis qui sont opposés au régime islamiste doivent donc clairement se déterminer par rapport à cela, et l’exprimer haut et fort. Tout autre calcul politique serait dangereux et suicidaire.

L’avantage du front par opposition à la coalition, c’est qu’il permet aux uns et aux autres de se réclamer de certaines valeurs communes et fortes, sans renoncer à leurs identités propres. Outre le fait qu’au moment fatidique dans l’isoloir, il sera plus facile de se déterminer et de faire son choix, sur la base d’un fondement et un seul.

Et j’en appelle ici à tous les partis et toutes les associations qui se réclament des fondements de la liberté et de la démocratie pour s’unir, barrer la route à l’obscurantisme, et inscrire le pays dans la voie des valeurs universelles. J’en appelle à traiter de la même façon toutes les forces qui se réclament d’une organisation de la société basée sur l’Islam, fussent-ils décrits comme modérés. Il n’y a aucune modération possible dans ce discours, l’islamisme modéré n’existe pas, il n’y a que calculs politiques et tromperie sur la marchandise.

Il ne faut pas se laisser abuser par le discours et l’habillage, ils n’ont pas d’autres programmes que d’asservir les esprits, d’autres projets que l’enfermement dans l’idéologie de la foi, et d’autres objectifs que le pouvoir absolu. Ces partis se nourrissent de haine et de violence, et agissent sur des ressorts de misère et de peur.

Ces partis extrémistes n’ont pas le monopole de notre enracinement dans une tradition arabo-islamique, celle-ci est le socle de notre société, mais aussi loin que nous puissions remonter dans notre histoire, jamais le voile et encore moins le niqab  n’ont fait partie de nos traditions. Rejeter l’islamisme est un choix politique qui n’a rien à voir avec l’Islam, religion de paix et de tolérance.

Pour constituer ce front du refus, il faut accélérer et provoquer l’explosion de la bulle, en œuvrant pour un rapprochement des partis républicains et démocratiques, autour d’un axe politique de réconciliation des tunisiens avec leur histoire, leur passé et leur avenir surtout. Une politique de construction d’une société libre basée sur un ordre juste, (rappelons ici que la devise de la République est Liberté, Ordre et Justice), autant de valeurs bafouées depuis des années. Cela passera par la reconstruction d’un ordre moral, civique et civil, dans lequel la tolérance, le respect des autres et de la loi seront le fondement de la société, et où la justice sociale serait l’un des piliers de l’organisation de la nation.

Une politique de réconciliation du citoyen avec l’administration publique, qui devra se mettre au service de la collectivité et ne plus être un instrument aux mains des gouvernants, entravant la liberté des citoyens, et imposant son dictat. Cela vaut pour l’éducation, la santé, l’emploi et la formation, mais aussi la police, la justice et l’administration fiscale. Construire un état fort, appuyé sur des institutions solides et inviolables. En effet, seules les institutions garantiront la pérennité de l’Etat et de la république.

La réconciliation entre les régions, les générations, et les classes sociales, pour recréer les liens entre tunisiens quelques soient leurs origines régionales, sociales ou culturelles, passera par une meilleure répartition des investissements et une plus grande solidarité dans la redistribution des richesses, y compris dans la rémunération du capital et du travail.

Ce sera aussi à travers l’inscription de la Tunisie dans un ordre mondial articulé autour des valeurs de liberté et de paix, et le renforcement des partenariats. Notre pays carrefour des civilisations, de tout temps, doit s’inscrire dans cette logique d’échanges à l’échelle, arabo-musulmane, méditerranéenne, maghrébine et africaine.

Il faudra que les militants et leaders de ces partis acceptent de se départir de leurs egos respectifs, et de faire passer l’intérêt du peuple et du pays avant tout calcul politique. Qu’ils soient convaincus que sans un front uni, point de salut. C’est même leur existence future qui risquerait d’être remise en cause un jour. Ils ont tout à gagner et rien à perdre dans cette démarche, et le peuple et la république avec eux.

Il en va de la responsabilité de tous, mais surtout des partis et des associations, pour que ce front du refus soit constitué au plus tôt et appelle les tunisiennes et les tunisiens à descendre dans la rue un jour par semaine, toutes les semaines, pour faire reculer la haine et la terreur.

« Les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin, et la passion de l’extrémisme en art comme en politique, est désir déguisé de mort ».

Source: ”Leaders” Le 06-04-2011

Vous voulez que la Tunisie ressemble à la Suisse…?


 

Vous voulez que la Tunisie devienne la Suisse du monde arabe ? Qu’elle devienne la référence du développement et de la démocratie dans le continent ? Vous voulez qu’on parle de l’exception tunisienne ? De la réussite tunisienne ? Vous voulez que la Tunisie soit citée en exemple à chaque fois qu’on parle de révolution et de transition démocratique ? Vous rêvez d’être ce modèle tant envié dans le monde entier ? Vous voulez que la Tunisie devienne ce pays où on rêverait d’habiter ? La Suisse vous attire ? La Suisse vous impressionne ? La Suisse vous subjugue ?

La solution existe. Elle est même très simple et très facile. Il suffit de se comporter et d’agir comme des Suisses. Il suffit d’adopter la façon d’être du citoyen Suisse.

Les Suisses sont connus pour être un peuple civilisé : faisons comme eux alors, devenons un peuple civilisé !! Nous pourrions même aspirer à être mieux que les Suisses. Les nouveaux japonais, sans les tremblements de terre et les problèmes de centrales électriques bien sûr !! Adoptons un nouveau mode de vie. Sortons de cette anarchie dans laquelle nous sommes plongés depuis tellement d’années. Changeons de comportement. Commençons par le travail.

Travaillons correctement et honnêtement. Faisons notre tâche comme elle doit être faite, parce que c’est ainsi que nous servirons la Tunisie, et non en bâclant le travail parce que nous voulons rentrer à la maison , s’assoir en face de la télé et regarder les informations. Respectons les horaires et les rendez vous. Soyons ponctuels, donnons l’exemple.

Tout le monde est concerné par l’implication sérieuse dans le travail, et ça va du concierge, de l’éboueur, au PDG et au ministre. Tout le monde doit s’y mettre sérieusement pour qu’à sa façon il participe au rayonnement du pays.

Un autre point très important dans lequel on doit prendre exemple sur les Suisses (ou les japonais, ça dépend du degré de votre motivation) et qui concerne le comportement civique. Quand je vois comment on se comporte dans la rue en jetant nos ordures sur les trottoirs, en écrivant sur les murs, en installant un réseau parallèle de vente de produits volés, quand on voit le nombre de constructions illégales et ne respectant aucune norme de sécurité pousser comme des champignons, quand on voit le comportement des conducteurs qui ne respectent aucune règle, aucun code : feux, sens interdit, priorités, interdiction de stationnement…

Tout y passe. Rien n’est respecté. On n’est pas très optimiste quant au futur de la Suisse arabe. C’est pour cela qu’il faut bannir tout cela de chez nous et agir civilement. On respecte la loi et les règles, parce que les lois et les règles ce n’est pas du despotisme et de la dictature comme le pensent les néo-anarchistes mais juste la manière avec laquelle on organise la vie en société.

Un dernier point, et non des moindres concernent les grèves et les sit in qui sont devenus tellement à la mode depuis le départ de Ben Ali. Ces comportements là ne font que bloquer le pays et empêchent les gens de travailler.

Et encore une fois, je prendrai exemple sur les japonais qui pour ne pas perturber le trafic, l’import-export, le mouvement des banques, les écoles etc, mettent un brassard noir en signe de protestation. C’est vrai que là c’est un cas à part, mais c’est un cas à étudier , et pourquoi pas s’en inspirer. Surtout que les grèves commencent ces derniers temps à devenir violentes.

Nous rêvons tous de la Tunisie au sommet des Etats, nous rêvons tous de voir la Tunisie devenir le modèle de la réussite , c’est à nous d’agir et de concrétiser nos rêves. Si nous voulons avancer, c’est à nous d’avancer, de regarder vers l’avant et de chercher le meilleur moyen de faire avancer notre patrie. Les trois mots magique pour moi seront : travail rigueur et civisme. A bon entendeur…

Source: ”Espace Manager” Le 06-04-2011

Laïcité et démocratie en Tunisie, entre inquiétudes et procès d’intention


 

La vraie confrontation aujourd’hui n’est pas entre la laïcité et l’islamisme, mais entre la liberté et ses ennemis, le combat pour la liberté n’étant jamais définitivement gagné.

A l’orée de cette démocratie que nous avons appelé, certains plus fort que d’autres il est vrai, de nos vœux, il est naturel que des questions primordiales pour l’avenir du pays soient posées. Celle de la part de la religion dans la société tunisienne prend une place prépondérante. La richesse des idées échangées, la virulence des propos parfois, et puis, disons-le, les peurs que cette question charrie, démontrent qu’aucune impasse ne peut être faite sur l’affaire, et qu’il convient de prendre tout de suite ce débat à bras le corps. Ceci est une contribution. Elle appelle commentaires. Elle ne me fera pas que des amis, notamment parmi… mes amis.

Le contrat de dupes: ordre contre liberté Le régime déchu a fait son lit de la peur de l’autre. Prenant pour alibi la situation algérienne du début des années 90, il nous a présenté un contrat social, synallagmatique diront les amis juristes: l’obligation du gouvernement est de prévenir le chaos et l’insécurité; celle des citoyens est de se taire. Et l’affaire fut faite. Ce même contrat a été proposé aux pays occidentaux, et accepté par eux. Mêmes termes: nous assurons la sécurité aux portes de l’Europe; vous fermez les yeux sur les bavures. La aussi, l’affaire fut rondement conclue. Aujourd’hui nous avons tire les leçons de l’expérience. La révolution tunisienne, comme que celles qui agitent le monde arabe, n’a pas été fomentée par les tenants d’idéologies religieuses. Elle n’a pas porté de slogans à caractère religieux. Elle a lancé un démenti cinglant aux théories du clash des civilisations. Il y a donc eu dol! Nous avons été trompés. Huntington peut aller se rhabiller et nous devons repenser notre contrat social en Tunisie. Voici l’opportunité de montrer que le pays qui a vu la première constitution du monde arabe, qui a été à l’avant garde de nombreux combats de civilisation, peut apporter une réponse particulière, originale, tunisienne, à la question de la place de la religion, de l’islam, dans la société, dans la politique, dans la vie des citoyens. Cette réponse, doit être fidèle à l’esprit, à l’histoire et à l’Adn tunisienne: elle doit être pensée, intelligente et inclusive. Elle doit prendre pour socle un peuple pétri des valeurs d’un Islam ouvert et tolérant. Elle doit avoir pour capital les acquis historiques comme celui du Code du statut personnel (Csp), promulgué immédiatement après l’indépendance, en 1956. Cette réponse doit, surtout, reposer sur la liberté de conscience et le rejet de tout accaparement de la religion à des fins politiques. Puisque c’est la le nœud du problème.

L’islam est un fait social, et non politique Il y a eu des déclarations quant au caractère intouchable de l’article premier de la Constitution. C’est un article qui, après moult débats, a été adopté par les hommes réunis au Bardo en 1959, et qui avait alors constitué un équilibre qui répondait à la réalité de l’époque. Une déclaration qui posait une situation en construction, après des décennies d’occupation. Aujourd’hui encore, cet article encadre la réalité indiscutable du caractère arabe, musulman, républicain, souverain, libre et indépendant du pays. Il serait vain en 2011 de questionner l’une ou l’autre des ces dimensions ou de remettre en cause le fait social, culturel, civilisationnel, religieux, mais non politique, que constitue la prégnance de l’islam tunisien dans ce pays. C’est donc en partant de ce fait social qu’il convient d’appréhender le débat autour de ce que l’on appelle, par référence aux situation d’autres pays, notamment européens, la «laïcité», un concept sur lequel il faudra s’entendre. Pour rappel, la laïcité en Europe est née de la réaction à la prépondérance cléricale sur les sociétés. Nous n’avons pas la même histoire et ici, comme ailleurs, restons tunisiens plutôt que de calquer des modèles et des concepts venus d’outre mer. Je soupçonne, et j’espère avoir raison, que ce concept de laïcité en Tunisie, renferme la volonté, simple, normale, mais forte, de laisser à chacun l’exercice de sa liberté individuelle et à chaque groupe l’exercice de sa liberté collective. C’est un appel pour que, quelle que soit la majorité gouvernante, la «puissance répressive de l’Etat» ne se déploie pas contre ceux qui veulent faire entendre, et vivre, leur différence de pensée, de comportement et de croyance. Cette même violence qui a été utilisée de manière sauvage contre toutes les tendances de l’opposition au régime précédent. Si c’est bien de cette définition de la laïcité qu’il s’agit, nous avons une chance de réaliser le compromis historique de la séparation entre le fait social religieux, et le fait politique.

La tournure malsaine des appels «contre» Par contre, si nous engagions le débat sur la laïcité comme une manière de réaction contre ce fait social religieux, nous risquerions une confrontation, une division inutile dont nous devons impérativement faire l’économie. C’est pour cela que les appels négatifs contre des personnalités «islamistes» tunisiennes me paraissent mal inspirés. Les pétitions «contre» Ennahdha, «contre» Ghannouchi, «contre» Mourou, bref, les appels «contre», peuvent donner au débat une tournure malsaine. Cet appel à la laïcité doit rester positif, constructif et ouvert. Ne faisons pas ce que nous reprochons aux autres d’avoir l’intention de faire. Alors comment d’une part assurer que les partis politiques qui se réclament du socle social islamique ne dérivent pas vers des discours d’intolérance? Comment rassurer celles et ceux qui voient les dérives islamistes, salafistes dans d’autres pays musulmans et qui ne veulent pas courir le risque d’un débat tronqué et dangereux, parce qu’une partie se sera vêtue du manteau intouchable de la religion et aura voué ses opposants aux gémonies. Comment, d’autre part, s’assurer contre un retour des reflexes anti-islamiques primaires qui ont caractérisé l’ancien régime? Ce sont ces questions qu’il faudra poser, peut être en utilisant certaines lignes rouges à ne pas dépasser, des garde-fous juridiques, sociaux, et par-dessus tout politiques, à travers le droit au suffrage, libre et périodique. Au plan juridique, si l’islam a été inscrit dans la constitution, c’est avant tout en tant qu’affirmation identitaire après, comme souligné plus haut, des décennies durant lesquelles cette identité avait été réduite. Aujourd’hui, après plus de vingt ans d’érosion des libertés, une autre affirmation doit être inscrite dans la constitution, dans les mêmes lettres majuscules, celle du droit d’expression, du droit à la différence, de la liberté de conscience et de la liberté du culte. Que nul ne puisse se faire propriétaire exclusif de la religion, quelle qu’elle soit, et en l’occurrence, en Tunisie, de l’islam. Que la constitution, en se basant sur son article premier, indique plus avant que la pratique religieuse, libre, doit se faire en dehors de la sphère politique. La mosquée devra rester inclusive et ne saurait remplacer ou compléter l’espace politique. Les prêches des imams, pour libres qu’ils doivent rester, ne doivent pas entacher d’appels politiques le lieu protégé, sacré où se réunissent les croyants. Le pouvoir politique, quant a lui, devra se cantonner à la gestion administrative des religions, à leur apporter subsides et soutien, sans interférer autrement que par ce que prévoit la loi. La loi devra aussi tirer une ligne rouge, évidente en Tunisie, celle des acquis irréfragables, clairement définis du Code du statut personnel (Csp). Ceux-ci sont intouchables, et ceux d’entre eux à caractère général et fondamental doivent être inscrits dans la constitution, sous la rubrique de l’égalité des citoyens, de l’égalité entre les genres et de la préservation des acquis sociaux du pays. Le Csp n’est pas un texte sacré, loin de là, mais toute révision de ce texte ne peut se faire que dans le cadre de progrès sociaux à mesurer, par exemple, à l’aune des accords internationaux auxquels la Tunisie adhère. La question de l’héritage, par exemple, devra être posée, discutée, débattue, avec ce qui se fait ailleurs dans le monde pour référence. C’est une question qui, de nos jours, a une dimension économique importante, et s’inscrit bien plus dans le paysage social que dans l’espace religieux. Au plan politique, le rôle des partis sera fondamental. Dans un pays qui s’ouvre à la démocratie et au débat d’idées, il ne faudra pas sous-estimer la fonction et la responsabilité pédagogique des dirigeants politiques. Ces derniers, au-delà de la mode actuelle de la création à tout va de formations politiques, auront le devoir patriotique de la formation de la base. C’est ce travail auquel s’était attelé Bourguiba sa vie durant, et qui lui a donné la légitimité historique et politique. Même si les dérives du pouvoir personnel ont eu les conséquences que nous savons, la formation des esprits restera à mettre au crédit du premier, et seul honorable, président de la république. Et puis c’est l’engagement citoyen qui sera plus fondamental encore. Que chacun de nous prenne le temps, le 24 juillet, ou plus tard, d’aller exprimer par le vote son point de vue et inscrire ainsi son modèle de société dans la réalité politique du pays.

Le combat pour la liberté est permanent La formule «one man, one vote, one time» lancée dans les années 90 pour démontrer de la vanité de la démocratie dans les sociétés musulmanes et rationnaliser la réduction violente des partis islamistes sont passées de mode. Ne faisons pas de (mauvais) procès d’intention à certains de nos concitoyens qui ne pensent pas toujours comme nous. Nous avons souhaité la démocratie. Elle est là. Elle est indivisible! Je finirai par cette citation importante de Mohamed Talbi: «Certes, la liberté est indivisible. Elle est pour tous, y compris pour les Salafites. Aucune entrave ne doit être opposée à leurs discours passéistes. Mais de même pour leurs adversaires. La clé, en ce moment où le destin de la Tunisie peut se jouer, est donc entre les mains des défenseurs des libertés et de la démocratie. Il faut veiller pour que la victoire du peuple sur la dictature ne soit pas récupérée par les ennemis de la liberté et de la démocratie. Si le peuple veut que sa victoire, qu’il a payée du sang de sa jeunesse, ne lui soit pas confisquée, il doit rester mobilisé et vigilant. Il ne doit faire confiance à aucun gouvernant que sous bénéfice d’inventaire constant dans la transparence la plus absolue… Bref! Le combat pour la liberté n’est jamais définitivement gagné. C’est un combat permanent qui doit être sans cesse renouvelé».

Source : « Kapitalis » Le 06-04-2011

Tunisie : La chasse au 7 et au mauve est ouverte


La chambre syndicale des PTT a réclamé le changement du préfixe 7 (associé à Ben Ali) des numéros fixes. Le ministère des finances appelle au remplacement des vignettes mauves de 2011. Tekiano propose encore d’autres mesures à prendre d’urgence pour exorciser le spectre maléfique de Zaba.

Lors de la réunion tenue mercredi 30 mars 2011 avec le Président Directeur Générale de Tunisie Télécom, le secrétaire général de la chambre syndicale des PTT a réclamé le changement du préfixe 7 des numéros fixes. Un chiffre longuement associé à Ben Ali. La tendance a été inaugurée par la télévision nationale, qui a éliminé son 7 mauve du paysage, en arborant désormais un rouge révolutionnaire pour son non nouveau logo et nom : El Wataniya.

Une autre initiative aussi intéressante que révolutionnaire a été entreprise par le ministère des Finances, qui a décidé, lundi 4 avril d’arrêter la vente des vignettes mauves. Mieux : ceux qui ont déjà acquis des vignettes de la couleur maudite, devront les remplacer par des nouvelles (vertes, cette fois-ci) fraîchement imprimées.

Gageons que l’élimination du chiffre symbole de Zaba et de sa couleur fétiche finira par accélérer le processus brinqueballant de transition démocratique.  Et puisqu’on y est, il serait ingénieux d‘entamer d’autres mutations encore plus essentielles :

– Mettre en place une semaine de 6 jours au lieu de 7 et interdire la commercialisation du magazine « Télé 7 jours »

– Strictement interdire l’utilisation de Windows 7

– Instaurer une journée de 22h  pour en finir avec les  7h du matin et du soir

– Apprendre aux enfants de compter sans prendre en considération le chiffre 7.

– Condamner les petits des jardins d’enfants pris en flagrant délit du jeu 7 cailloux à la rééducation. 

– Interdire aux sportifs tunisiens de porter le maillot numéro 7.

– Annuler les programmes de  7ème année des collèges. Le passage se fera désormais de la 6ème à la 8ème. 

– Interdire la circulation aux Audi 7, BMW X7…. Les voitures dont la plaque d’immatriculation comportent le chiffre 7 et celle dont la puissance est de 7 chevaux.

– Les immeubles ne doivent absolument pas dépasser les 6 étages

Autant de mesures urgentes à prendre toutes affaires cessantes, pour exorciser le spectre maléfique de Zaba.

Source : « Tekiano » Le 06-04-2011

Communiqué de British Gaz


« Nous ne reprendrons notre activité que lorsque l’accès à nos sites sera sécurisé »

BG Tunisia est un des plus importants investisseurs étrangers en Tunisie, avec plus de 3,5 milliards de dollars investis jusqu’en 2010. L’entreprise contribue de façon significative à l’économie du pays depuis plus de 20 ans. Depuis deux mois, BG Tunisia fait face, sur le site de ses usines de traitement de gaz d’Hannibal et d’Hasdrubal à Nakta, à une crise sociale sans précédent affectant le bon déroulement de ses opérations.

Comme l’ont récemment rapporté certains médias, BG Tunisia a accompli des efforts considérables pour répondre aux préoccupations des communautés habitant près de ces installations de Nakta et pour participer au développement durable dans la région. Un accord a été récemment conclu avec les représentants de la communauté et le ministère de l’Industrie et de la Technologie, en présence du Gouverneur de Sfax, de l’Armée et de la Garde Nationale. Cet accord comprend les mesures suivantes :

•Création de 50 emplois sur des sites de BG Tunisia, réservés aux membres de la communauté locale,

•Création de 10 emplois au sein de BG Tunisia pour des diplômés du supérieur de la région,

•Création de 70 postes auprès des autorités locales, financés par BG Tunisia,

•Création d’un fonds de 2 millions de dollars US en 2011 pour financer des projets d’investissement social et de microcrédits.

D’énormes contributions sont prévues au bénéfice de la communauté dans les domaines sociaux ainsi que dans le développement des microcrédits et de l’emploi. Ces contributions étaient cependant conditionnées par la garantie, pour les employés de BG, d’accéder librement et sans encombre à leur lieu de travail, ce à quoi les représentants de la communauté s’étaient engagés dans les accords cités ci-dessus.

En dépit de cet accord, des personnes appartenant à la communauté ne l’ont pas honoré  et ont menacé nos employés tunisiens et expatriés, en retenant certains en otage pendant huit heures le vendredi 25 mars dernier, une situation humainement insupportable. Notre site est toujours bloqué depuis le début de la semaine du 28 Mars et des actes de violence et d’agressivité ont été perpétrés envers nos employés.

BG Tunisia a deux priorités principales : assurer la sécurité de ses employés et contractants et honorer ses engagements envers la Tunisie en continuant de produire près de 50% de la consommation nationale de gaz naturel, un apport crucial pour le pays. Nous sommes témoins de comportements menaçants et inacceptables qui sont contreproductifs pour tous, y compris pour le pays. BG Tunisia honorera ses engagements aussitôt que la sécurité de ses employés et le libre accès à ses sites seront garantis. Dès que la situation redeviendra normale et que la sécurité de nos employés sera durablement rétablie, nous reprendrons les pourparlers avec les membres de la communauté qui sont prêts à honorer leurs engagements et à travailler avec nous dans le calme et de façon constructive.

 

Source: “Le Temps” Le 06-04-2011

Actus nationales Ben Brik président (7)

 


  

Témoignage prémonitoire sur la révolution Nous publions depuis mercredi 30 mars, et quotidiennement, le livre de Taoufik Ben Brik intitulé «Ben Brik président». C’est un ouvrage écrit en 2002 sous la dictature de Ben Ali et qui constitue un témoignage prémonitoire sur la révolution tunisienne. Carthage est transformée en café chantant. Comme ça, y aura de la bagarre ! Les nains acrobates sont prêts. Tout comme les danseurs à la bedaine pendante et les chanteurs à la voix cassée. Sans oublier la foule. Sous le soleil rouge du mois de Joumada 1er, les chauffeurs de taxi klaxonnent et jurent. Embouteillages habituels des déjeuners tardifs. Mon véhicule se fraye un chemin jusqu’au pont Bab Alioua. Le désert pointe déjà. Le pic de Sidi Belhassen, rongé et taraudé, domine la ville et couvre de poussière les murs noircis de Tunis City. A côté, le quartier mal famé Lacagna présente ses maisons semblables à des terriers. C’est sous le pont que se tient chaque vendredi le souk El Ajaïb ou marché des Merveilles. S’étirant sous les colonnes géantes du pont, ce marché souterrain semble tapi dans une caverne d’où l’on s’attend à voir surgir un passé sauvage. C’est mon Taj Mahal. Chaque vendredi, jour devenu chômé, cinquante mille visiteurs venus des quatre coins du pays se pressent autour de trois mille espèces exposées. Les marchands de pigeons, de rapaces, de perroquets et d’oiseaux divers accueillent les visiteurs. Puis une arcade abrite les vendeurs de serpents, de scorpions et de tortues. Brusquement, le paysage se transforme en marché sauvage: voici les fennecs, les chacals et les chats sauvages. Vu de loin, ce marché fascine: sur un fond de musique orientale, nimbé dans un halo de poussière qui suit la courbe du soleil dans le ciel et qui rend incompréhensible le mouvement des êtres et des animaux, brusquement des oiseaux s’envolent. On croit entendre la complainte des animaux qui refusent la captivité. On devine la silhouette des braconniers. On perçoit un acheteur de fennec. On ne distingue pas les saltimbanques des alchimistes ni des escrocs. Applaudissements. Cris de gamins heureux. Attroupement. Au centre, une femme poussiéreuse, comme quelqu’un que l’on aurait laissé au grenier. Ses membres,couverts d’ulcères, semblent avoir été atrocement mordus. C’est Meriem. Anter, «la puce la plus forte du monde», tire une boîte d’allumettes beaucoup plus grosse qu’elle. Abla la poupée, dressée sur sa patte, esquisse une danse maladroite. Après le spectacle, tout le monde se presse pour acheter ces minuscules bestioles. Ailleurs, un vol de pigeons traverse le souk pour se poser sur les perchoirs. «Cela crée un climat d’euphorie et m’attire des clients», affirme Mahmoud, le marchand de pigeons voyageurs. Son sourire exhibe une double rangée de dents blanches et dangereuses comme des pierres tombales. tout ce que Mahmoud vend s’appelle revient, affirme-t-on au marché. Chiens, ânes, pigeons, rapaces sont dressés pour revenir au bercail. On dit pire encore de lui. Qu’il est le meilleur dresseur de chameaux et de bourricots avaleurs de drogues. Un bourricots peut transporter jusqu’à cinq kilos de drogue et rapporter à Mahmoud entre 200.000 et 500.000 dinars. Les ânes et les chameaux éventrés en plein désert ne se comptent plus: les trafiquants sont pressés de récupérer leur marchandise dans des sachets fabriqués avec des doigts de gants en caoutchouc. Il se parle une drôle de langue au souk El Ajaïb. Un mélange entre les dialectes des différentes régions et le jargon commercial. Qu’un étranger pointe son nez, il est aussitôt pris en filature. «Je m’appelle Kacem», lance un bezness (chasseur de touristes). Les initiés entendent: «laissez-le moi! Je m’en charge. On partage le pactole après». Si c’est un Saoudien, il lui souffle à l’oreille : «J’ai des outardes, des faucons, des gazelles à des prix imbattables. Suivez-moi!» Le Saoudien est aux anges. Il suit son guide jusqu’à la cité des morts qui sert de parking aux camions. Il ne sait pas que la législation interdit le commerce d’espèces sauvages. Ni qu’un fonctionnaire du zoo l’attend au coin pour lui confisquer sa cargaison… et la rendre au bezness. La fabrication de faux permis pour la circulation illégale d’espèces sauvages est pratique courante sur ce marché.Autre étalage à cet échafaudage: la vente des sous-produits des spécimens sauvages. Au souk El Ajaïb on vend des cornes de rhinocéros, des ailerons de requin, des os de tigre, de la graisse d’autruche, des défenses d’éléphant, du sang d’outarde, des peaux de léopard, de tigre, de crocodile… Les fins de journée ne clôturent pas le spectacle. Lorsque les clients se font rares, les baltagias (bandits) arrivent.

 

 

Source: “Le Quotidien” Le 06-04-2011

Tunisian Migrants Open Tensions in Europe


The train from Ventimiglia in Italy takes only a few minutes to crawl across the frontier into Menton Garavan, the first stop in France along the Côte d’Azur railroad. But it was enough time to dash the dreams of four young migrants.

Awaiting their arrival, a half dozen police officers swiftly took them off the train — part of France’s efforts to make its border impenetrable to the thousands of migrants, mostly Tunisian right now, who have slowly made their way up from the southern Italian island of Lampedusa off Sicily since a wave of rebellion began sweeping across North Africa in January.

President Nicolas Sarkozy early in his term of office championed a vision of a “Union for the Mediterranean,” a grouping of the countries that border the sea. Last month he took a lead in pulling more reluctant Western powers into the military intervention in Libya.

But unpopular at home, and seeking to attract far-right nationalist voters with tough anti-immigrant policies before the presidential election next year, Mr. Sarkozy has set a clear limit to his ideas of Mediterranean solidarity, and has infuriated his southern neighbor, Italy, by keeping the border closed to the migrants fleeing political and economic turmoil in North Africa.

Between Feb. 23 and March 28, 2,800 Tunisian migrants were intercepted in France and 1,700 were expelled, most of them to Italy, Interior Minister Claude Guéant told the French National Assembly, the lower house of Parliament, on Tuesday.

In Ventimiglia, a small town popular for its Friday street market, migrants huddle in groups outside the train station, in the park or on the beach, contemplating their attempt to enter France. Police officers quietly patrol the station, where the waiting rooms and toilets are now left open at night at the request of the local authorities.

A center for migrants has been set up on the outskirts of the town, but with the number arriving each day continuing to swell, space is limited and food is in short supply.

Giuseppe Fama, president of ARCI, an anti-racism association based farther down the coast in Imperia, organized a demonstration outside the station in support of the migrants and against the war in Libya. He said the migrant men were sleeping outdoors most nights, “under cardboard boxes near the station or in the park.”

Imed Seroual is one of them. The 27-year-old Tunisian said he had barely slept in five days. Despite it all, he was upbeat and spoke favorably of the Italians.

“There’s an Italian man who comes to the station every day and gives food to everyone,” said Mr. Seroual, who passed through migrant centers in Lampedusa, Crotone and Milan on his way to Ventimiglia. “I also met an Italian in Milan who paid for my meal in a restaurant. And when I was in Lampedusa, one woman gave me €20,” about $28.

Still, like his counterparts who have fled instability in Tunisia, Italy is not where he wants to stay. “Life in Italy seems harder than in France, there are not as many jobs,” he said. France may also be an easier place for Tunisians to settle because they speak French and many have relatives in the country.

It is the search for work and the dream of a better life that is driving young Tunisians to flee their homeland, despite the toppling of President Zine al-Abidine Ben Ali in January. Although Tunisians are reported to be proud of inciting the revolutions sweeping other Arab countries, most are desperate to leave, Mr. Seroual said.

An estimated 20,000 migrants from North Africa have arrived in Italy since January. Although most of them come from Tunisia, there also are Egyptians and workers from other countries who have fled Libya. Many paid up to $1,450 for the often treacherous crossing to Lampedusa. Fortunately, Mr. Seroual had some savings from his job as a waiter to help pay for his crossing. “At the moment, it is calm in Tunisia, but people are doing unbelievable things,” he said, referring to his distrust of the police there. “You have no solution: When these things happen you have to move.”

Source: “New York Times” Le 06-04-2011

The Arab spring risks economic malaise


 

Over the past few years the economies of the Middle East witnessed strong growth. Tunisia and Egypt were seen as rising economies, while the Gulf oil states boomed. Yet this growth was uneven and unequal. Now, urgent reforms are needed, or the changes sweeping the region will be undone by economic malaise.

The basic facts are clear. Unemployment fell over the past 10 years, but youth unemployment remained in the high double digits. Underemployment also rose, along with a sense of economic exclusion. Facing challenging demographic trends, governments failed to improve equity or general welfare

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Oil importers such as Egypt, Tunisia, Lebanon and Syria attempted to move from a state-owned enterprise model to private capitalism. But these processes of opening up favoured mostly the regime cronies, who were willing to do deals with the elites. Bloated bureaucracies went unreformed, and a booming real estate sector benefited only a tiny minority.

For the oil exporters such as Iran, Libya or Saudi Arabia, hydrocarbons were both a blessing and a curse, cushioning states from reform. Waste and poor governance were a similar problem, while populations also grew quickly, pressuring resources.

These countries also saw their economies convoluted by inordinate planning. In the latest oil boom of 2003-2008, this group of nations competed head to head in the same few sectors, wasting time and resources. Financial centres, tourism, real estate, airlines, industrial parks and aluminium smelters were viewed as the centre points of growth by all.

Extensive foreign investment did arrive, mostly in the hydrocarbon sector and some in real estate. But this did little to increase economic diversity. Critically, Gulf oil exporters became overly reliant on expatriate labour for their private sectors, while their own nationals found refuge and protection in a bloated public sector.

More destructively, all of these economies were handled from a distance by their leaders, and entrusted to “technocrats”. It has been common amongst Arab political elites to use their public roles to amass wealth and enhance their personal networth.

Even so, these businesses failed to compete on a global scale. In 2003, the Philippines had more manufactured exports than the Middle East combined. There were pockets of excellence, but they were exceptions.

To succeed, all these Middle East economies now need a vision not hijacked by crony interests. Public institutions have to be reformed to become effective and pro-business. Corruption has to be tamed by enforcing oversight rules to make all actors more accountable.

For the oil exporters the road is challenging: they need to instil urgency behind economic reforms without becoming hallucinated by oil revenues. Unlike the oil importers, they do have a large capital base, which now needs to be invested more in qualitative not quantitative human capital in order to lift education to international standards.

The region has to move away from cheap infrastructure and towards quality projects. Renewable energy projects could also offer a better future for the oil exporters, as could ending open migration. Indeed, only this will compel economies to move from low-wage and low-skill expatriate equilibrium to a new, high-wage and high-skill national productive workforce. For the oil importers, access to capital is more important. They will have to look to global markets for finance, and thus make their economies accessible to international investors.

Also, if oil exporters hire more nationals, fewer nationals from the oil importing countries will find easy jobs in the Gulf. So an expansion of labour-intensive exports is a priority to absorb labour. Incentives to capital and intermediate goods could help encourage local businesses, while productivity gains will be paramount as the region tries to become more globally competitive.

In short, businesses in the region must become more productive and less parasitic if their governments are to escape the traps of special interests and economic rents. If the employment challenge is properly addressed, all these economies can look forward to the benefits of a new demographic dividend. The region has multiple chances to make it in the global economy, but to do so both rulers and society must move together in one direction, even if mistakes are made.

Source : « Financial Times » Le 06-04-2011

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