5 mars 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2842 du 05.03.2008

 archives : www.tunisnews.net

 


L’OLPEC: La police agresse Omar Mestiri et Sihem Bensedrine dans les bureaux de la douane Ahmed Nejib Chebbi: Déclaration OMCT – FIDH: APPEL URGENT AISPP: Communiqués 1-2 Luiza Toscane: Le compte à rebours a commencé en Bosnie : Perquisition au domicile de Khalifa Ben Ina Le Temps : Communiqué du Syndicat National des Journalistes Tunisiens AP: Tunis et Nouakchott pour un sommet maghrébin « dans les meilleurs délais » BusinessNews: Zitouna FM à la conquête de l’audimat et de l’esprit tunisiens  –  Zoom sur une radio pas comme les autres Le Temps : Ce que Tunis ne m’a pas dit par Kaouther Khlifi – Entre rivales qui s’admirent Naturalisation refusée à cause du port du foulard – Le Tribunal fédéral annule deux décisions argoviennes  TAÏEB MOALLA:   Le «problème mathématique» d’Hillary Clinton


 

Tunis le 4 mars 2008

 

La police agresse Omar Mestiri et Sihem Bensedrine dans les bureaux de la douane

 

Le 3 mars, Omar Mestiri, directeur de la rédaction de Kalima et Sihem Bensedrine, porte parole du CNLT et SG de l’OLPEC étaient rentrés à Tunis d’un séjour en Europe, par le port de La Goulette. Ils ont été séquestrés à la douane durant 6 heures et physiquement agressés dans ses bureaux par des agents de la police politique.

Dès leur descente de bateau, vers 08.15, ils ont été sortis de la file et conduits dans un lieu pour une fouille minutieuse. Après que tous leurs bagages aient  été passés au peigne fin par un agent de la douane, avec une attention particulière pour les livres et documents personnels, un important groupe d’agents de la sûreté de l’Etat sont arrivés et ont exigé de voir le contenu de leurs ordinateurs portables.

Les deux journalistes ont refusé de se soumettre à cette mesure arbitraire et exigé un mandat régulier du procureur de la république, au cas où ils seraient soupçonnés d’avoir commis un délit.  Les douaniers leur ont demandé de les suivre dans un bureau au prétexte d’accomplir une formalité administrative ; une fois à l’intérieur, ils ont été enfermés à clé, après que plusieurs gros bras de la police aient été introduits dans le bureau. Ces derniers se sont jetés sur eux en les frappant, déchirant leurs sacs et leurs vêtements et réussi, après les avoir plaqués à terre, à leur arracher leurs sacs-à-dos où se trouvaient leurs laptops. Ils ont également déchiré les anses du sac à main en cuir de Sihem qu’ils ont également emporté et fouillé son contenu et notamment ses cartes bancaires qui ont été déplacées). Lorsque Sihem a essayé d’appeler son avocat, maître Ayadi, pour l’alerter, l’un des agents s’est jeté sur elle et lui a tordu le bras pour lui arracher son téléphone portable qu’ils ont confisqué, comme ils ont arraché celui de Omar Mestiri. Ces derniers ont été séquestrés dans le bureau de l’inspecteur des douanes durant un long moment, après quoi ils ont été autorisés à sortir.

Quelques temps plus tard, ils ont subi de nouvelles violences pour les  soumettre à une fouille corporelle.

A quelques mètres du bureau de la douane, les agents de la sûreté de l’Etat avaient installé une grande table sur laquelle ils avaient posé tous les livres, DVD, CD-rom confisqués, scannant les documents et carnets de notes personnels (courriers échangés avec les ONG internationales, notes de travail, rapports d’enquêtes, articles, factures, agendas, répertoires contenant les passwords des mails et du site de kalima…), copiant sur un disque dur externe tout le contenu des 2 ordinateurs portables ainsi que des flashs-disks.

Au bout de 6 heures, les  policiers les ont autorisés à quitter la zone sous douane après avoir confisqué une soixantaine de documents numériques en exemplaires uniques (des DVD dont « I have a dream » de Marthin Luther King, des CD-rom contenant des archives personnelles, des coffrets de musique classique et de variétés, des cassettes de musique audio…etc.), ils ont surtout confisqué plusieurs versions ainsi que les roughs du documentaire réalisé par le CNLT sur la torture « Breaking the torture machine ».

Les autorités douanières ont refusé de remettre aux deux journalistes un document de saisie de leurs biens, comme il est de coutume.

Sihem Bensedrine a eu plusieurs hématomes sur le corps et souffre de lésions des ligaments au poignet gauche (entorse) et du coude.

Tous les deux ont décidé de porter plainte contre les autorités douanières et policières pour violences et séquestration.

L’OLPEC

  • Condamne la séquestration ainsi que les violences contre les journalistes
  • Dénonce cette violation des données personnelles  de la part de la police politique qui s’est permise de dupliquer tous leurs documents professionnels et personnels, sans aucune justification légale.
  • Exige l’ouverture d’une enquête sur ces violations graves

 

Pour l’Observatoire

La vice présidente

Naziha Rjiba

 

 


 Déclaration

 

A leur retour d’un séjour de quelques années en Europe, monsieur Omar Mestiri, Directeur de la revue électronique Kalima et son épouse Sihem Ben Sedrine, Secrétaire Générale du CNLT, ont été interpellés par les services de douane au port de Tunis, lundi 3 mars 2008.

 

Cette interpellation à caractère strictement politique a visé deux défenseurs réputés des droits de l’homme en Tunisie. Devant leur refus de se faire dessaisir de leurs documents personnels en l’absence d’une décision judiciaire , de nombreux agents de la police politique sont alors intervenus pour saisir par la force les documents, ordinateurs , CD-ROMS et DVD personnels des intéressés, les brutalisant violemment. Monsieur Mestiri dont les vêtements ont été déchirés et son épouse qui porte plusieurs hématomes n’ont été libérés qu’au bout de six heures de détention dans un local de la douane. Plusieurs effets et documents personnels ont été illégalement saisis sans qu’un récépissé ne leur soit délivré.

 

Je proteste véhément contre ces agissements illégaux et violents de la part d’agents de l’Etat, exprime ma sympathie aux victimes et considère que de tels agissements sont impensables dans un Etat de Droit. Je rappelle à cette occasion que la neutralité de l’administration, particulièrement celle de la police dans la vie politique, constitue l’une des réformes les plus urgentes pour que nos citoyens retrouvent la liberté, la paix et la dignité dans leur propre pays

 

Tunis le 4 mars 2008

 

Ahmed Nejib Chebbi

Candidat Démocrate aux Elections Présidentielles

 


 

APPEL URGENT – L’OBSERVATOIRE

 

TUN 003 / 0308 / OBS 032

Arrestation / Agression / Mauvais traitements /

Harcèlement

Tunisie

4 mars 2008

 

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Tunisie.

 

Description des faits:

 

L’Observatoire a été informé par le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) de l’arrestation et des mauvais traitements à l’encontre de M. Omar Mestiri, directeur de la rédaction du journal Kalima, et de Mme Sihem Bensedrine, porte-parole du CNLT.

 

Selon les informations reçues, le 3 mars 2008, M. Omar Mestiri et Mme Sihem Bensedrine ont été arrêtés à la douane du port de Tunis alors qu’ils rentraient d’un séjour en Europe. Après que leurs bagages eurent été passés au peigne fin par un agent de la douane, avec une attention toute particulière pour leurs livres et documents personnels, un important groupe d’agents de la sûreté de l’Etat est arrivé, exigeant de voir le contenu de leurs ordinateurs portables. Suite à leur refus en l’absence d’un mandat du procureur de la République, les douaniers ont demandé à M. Mestiri et à Mme Bensedrine de les suivre dans un bureau, prétextant une formalité administrative. Une fois à l’intérieur, ils ont été enfermés à clé, en compagnie de policiers. Ces derniers les ont alors frappés, déchirant leurs sacs et leurs vêtements. Après les avoir plaqués à terre, ils sont parvenus à arracher leurs sacs-à-dos où se trouvaient les ordinateurs.

 

Lorsque Mme Bensedrine a tenté d’appeler son avocat à l’aide de son téléphone portable, l’un des agents s’est jeté sur elle et lui a tordu le bras afin de lui arracher le cellulaire.

 

Après avoir été détenus pendant six heures, M. Mestiri et Mme Bensedrine ont été autorisés à quitter la zone de douane, après que le contenu de leurs ordinateurs et de disquettes eut été copié sur un disque dur externe. Les policiers ont également confisqué une soixantaine de documents numériques (DVD- CD-ROM, cassettes de musique, etc.), dont des roughs du documentaire réalisé par le CNLT, dénonçant la torture en Tunisie. En outre, les autorités douanières ont refusé de remettre aux deux défenseurs un document de saisie de leurs biens, comme c’est normalement la règle.

 

Mme Bensedrine porte plusieurs hématomes sur l’ensemble du corps et souffre de lésions des ligaments au poignet gauche.

 

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation eut égard à ces mauvais traitements et à ces actes de harcèlement dont ont fait l’objet M. Mestiri et Mme Bensedrine, et condamne également fermement les atteintes à la vie privée dont ces derniers ont été victimes.

 

L’Observatoire considère que ces événements témoignent d’une volonté de la part des autorités de museler certaines des figures de proue de la défense des droits de l’Homme et de la démocratie en Tunisie.

 

L’Observatoire déplore plus généralement la violence croissante avec laquelle les autorités tunisiennes répriment toute personne qui promeut et défend les droits de l’Homme, et rappelle que conformément à l’article 1 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international”.

 

Actions demandées:

 

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tunisiennes en leur demandant de:

 

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de Mme Sihem Bensedrine et de M. Omar Mestiri ;

 

ii.                       Mener une enquête indépendante sur les faits décrits ci-dessus, afin que leurs auteurs soient identifiés et dûment jugés et sanctionnés conformément à la loi en vigueur ;

 

iii.           mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie, afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leur activité de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ;

 

iv.                     Veiller à ce qu’un terme soit mis à toute forme de menaces et de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens ;

 

v.                       Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 susmentionné, son article 6(b), selon lequel “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales”, et son article 12.2 qui dispose que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration” ;

 

vi.                     Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.

 

Adresses:

 

       M. Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Palais de Carthage, 2016 Carthage, Tunisie, Fax : +216 71 744 721 ou +216 71 731 009

       M. Mohamed Ghannouchi, Premier Ministre, Secrétariat Général du Gouvernement, Rue de la Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 562 378

       M. Rafik Belhaj Kacem, Ministère de l’Intérieur et du Développement local, Avenue Habib Bourguiba, 1001 Tunis, Tunisie, Fax : ++ 216 71 340 888 ; Email : mint@ministeres.tn

       M. Kamel Morjane, Ministère de la Défense Nationale, Avenue Bab Mnara, La Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 561 804

       M. Bechir Tekkari, Ministère de la Justice et des Droits de l’homme, 57, Boulevard Bab Benat, 1006 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 568 106 ; Email : mju@ministeres.tn

       Ambassadeur, S.E M. Samir Labidi, Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 58 Rue Moillebeau, Case postale 272, 1211 Genève 19, Suisse, Fax : +41 22 734 06 63 ; Email : mission.tunisia@ties.itu.int

       Ambassade de la Tunisie à Bruxelles, 278 avenue de Tervueren, 1150 Woluwe-Saint-Pierre, Belgique, Fax : + 32 2 771 94 33 ; Email : amb.detenusie@brutele.be

 

***

Genève – Paris, le 4 mars 2008

 

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

 

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

 

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

 

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :

E-mail : Appeals@fidh-omct.org

Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80

Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

 

 

 

 


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 5 mars 2008  
 
La quatorzième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Kamel Ben Jaafar, a examiné aujourd’hui, mercredi 5 mars 2008 :  

* l’affaire n°572 dans laquelle sont déférés Ahmed Tatar, Mohsen Jridi, Saïfeddine Rouis, Mohammed Sahbani et Sofiane Amara, accusés du maintien d’une association non autorisée et de tenue de réunions interdites. Maîtres Fethi Trifi, Saïda Akrami, Abdelfattah Mourou et Omar Khmila se sont présentés pour assurer leur défense. En première instance, ils avaient été condamnés à huit mois d’emprisonnement. L’enquête était partie d’un rapport sécuritaire disant en substance que des informations avaient été obtenues faisant état d’un groupe de personnes tenant des réunions non autorisées au cours desquelles étaient abordés des questions de jurisprudence et de dogme tournant autour des principes fondant le Parti de la Libération Islamique qui vise essentiellement à fonder l’Etat du califat islamique à partir de l’application du dogme islamique en politique ! Des pièces ont été saisies […] comme les livres « Guéris par le Coran », « les hommes autour du Prophète », « A l’ombre du Coran » […]. Le juge a décidé de repousser l’examen de l’affaire au 5 avril 2008. * La quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, a examiné aujourd’hui, mercredi 5 mars 2008, l’affaire n°15041 dans laquelle sont déférés Mounir Ouchtati, Zyed Maamouri, Mohammed Atouri, Ramzi Romdhani et Safouane Laamouri (en état d’arrestation) ainsi que Karim Arfaoui, Chedli Lamouchi, Choukri Boughdiri et Sami Lhouimli (comparaissant libres), et Yassine Ferchichi, Riadh Barhoumi, Sami Essid, Kaïs Melliti, Safouane Ayari et Riadh Yahyaoui (en état de fuite), accusés d’appel à commettre des infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, d’adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’adhésion sur le territoire de la République et hors de ce territoire à une organisation terroriste, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire et en dehors du territoire, de mise à disposition d’un local de réunion, et d’hébergement de membres de l’entente et de personnes en relation avec les infractions terroristes, d’adhésion hors du territoire de la République à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’entraînements militaires hors du territoire de la République en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire de la République et à l’étranger. Maîtres Anouar Aouled Ali, Samir Ben Amor et Choukri Belaïd se sont présentés pour assurer leur défense. Le juge a décidé de repousser l’examen de l’affaire au 12 mars 2008 pour permettre à Maître Samir Ben Amor de montrer que son client avait déjà été jugé pour les mêmes accusations. Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 4 mars 2008

* la cinquième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Touhami Elhafi, a prononcé son jugement dans la soirée d’hier, lundi 3 mars 2008, dans l’affaire n°14585. Elle a condamné Ridha Moulahi, Faïçal Harizi, Mejdi Charfi et Mohammed Ali Cherfi à quatre ans d‘emprisonnment, Samir Bouallagui et Kaïs Barhoumi à deux ans d‘emprisonnement, Kamel Bouallagui à deux ans d’emprisonnement avec sursis et Mondher Cherfi à un an d’emprisonnement […] *La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari, a rendu son jugement dans la soirée d’hier, lundi 3 mars 2008 dans : – l’affaire 15042. Elle a condamné Foued Cherif à une peine d’emprisonnement d’un an. Ce dernier qui a pourtant déjà effectué la durée de sa peine, n’a pas quitté la prison car le parquet à fait appel. – l’affaire n°14235 . Elle a condamné Aymen Hakiri, Adam Boukedida et Heulmi Rtibi à deux ans d’emprisonnement […] et Nasreddine Aloui à six mois d’emprisonnement. Tous ont bénéficié d’un sursis. * La douzième chambre criminelle de la Cour d’appel de Tunis, présidée par le juge Ridha Derouiche, a décidé de délibérer dans l’affaire 10619 dans laquelle sont déférés Mohammed Lamine Latrèche, Ghassan Bouamrin et Nizar Razgallah […] Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  


Le compte à rebours a commencé en Bosnie : des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont menacés

Perquisition au domicile de Khalifa Ben Ina

 

 
Le 19 février dernier vers six heures et demi du matin, Khalifa Ben Ina, un citoyen bosniaque d’origine tunisienne, a vu son domicile investi par les forces de l’ordre et totalement perquisitionné. Cette perquisition, ordonnée par le procureur de Bosnie Herzégovine, Jadranke Lokmic-Misiraca, a été accompagnée du déploiement d’un impressionnant déploiement policier, ne pouvant passer inaperçu aux yeux des passants, riverains ou voisins de la famille Ben Ina. Khalifa Ben Ina est marié à une ressortissante bosniaque et a eu quatre enfants, de nationalité bosniaque. Quinze jours avant la perquisition, il avait été contacté par téléphone par un certain Kamel et invité à collaborer avec les services de l’OSA (Intelligence and Security Agency). Face à son refus, et à son insistance à se voir délivrer un document écrit pour une éventuelle convocation, il avait été menacé sur le mode « tu vas voir….maintenant tu vas avoir des problèmes » (1) Khalifa Ben Ina avait eu la « chance » de n’avoir pas été destitué de sa nationalité bosniaque, comme cela a déjà été le cas pour 661 (2) personnes d’origine arabe ou musulmane (afro-asiatique, pour reprendre la terminologie officielle)  naturalisées depuis 1992 et de n‘avoir pas encore été inquiété sur ce plan. Les forces de l’ordre ont dit être à la recherche d’un large spectre de produits prohibés, allant des armes à feu aux armes chimiques ou biologiques et autres explosifs, rien que ça ! Ils n’ont évidemment rien trouvé au domicile de Khalifa Ben Ina et de sa petite famille. Ce dernier ne fait par ailleurs l’objet d’aucune enquête, il n’a même pas été interrogé. Son avocat, maître Javad Kadribasic, a déclaré à la presse que « l’objectif de la perquisition n’était pas clair ni défini », et Aymen Awad, président de l’association Ensarije (qui lutte contre les destitutions de la nationalité bosniaque), et qui a observé la perquisition depuis la rue a ajouté « que ce type d’opération visait à le faire partir de Bosnie » (3). Cette opération très médiatisée rappelle celles orchestrées contre Mounir Silini et Badreddine Ferchichi, deux Tunisiens alors demandeurs d’asile en Bosnie, dont les domiciles avait été investis en 2006, et qui avaient été interpellés « pour financement du terrorisme », une opération largement médiatisée, pour être relâchés quelques heures plus tard, sans charges ni poursuites…. Cette perquisition surmédiatisée elle aussi survient quelques jours après le succès de la manifestation organisée à Zenica le 2 février dernier par les victimes de la loi sur la nationalité, manifestation qui avait rassemblé place Alija Izetbegovic plus de cinq mille personnes en soutien à Imad El Houssine, un Bosniaque déchu de sa nationalité, en passe d’être renvoyé en Syrie, dont la Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH) a provisoirement bloqué le renvoi. Il pourrait bien s’agir d’une opération visant à justifier a posteriori le bien-fondé de cette loi au niveau de l’opinion en tentant d’accréditer la thèse de la « dangerosité » des naturalisés d’origine arabe et/ou musulmane. Ainsi le sort des Tunisiens de Bosnie, pour ne citer qu’eux, s’aggrave de jour en jour : demandeurs d’asile déboutés de leur demande, ils sont renvoyés en Tunisie où ils sont torturés et incarcérés, à l’instar de Badreddine Ferchichi, renvoyé de Bosnie le 29 août 2006, torturé à son arrivée en Tunisie, et actuellement à la prison de Mornaguia. Plusieurs ont quitté la Bosnie pour se rendre en Italie, laquelle les livre à la Tunisie, comme Tarek Hajjam, emprisonné à son arrivée en Tunisie en mars 2006 en dépit de ses handicaps physiques et psychiques, même chose pour Taoufik Selmi, demandeur d’asile au Luxembourg et renvoyé le 3 avril 2004 par ce dernier pays, torturé et actuellement emprisonné en Tunisie, ou Abderraouf Mouelhi, demandeur d’asile renvoyé par la Grande Bretagne le 17 mars 2007 et actuellement emprisonné en Tunisie… pour douze ans ! Le récent arrêt pris par la CEDH, concluant que le renvoi par l’Italie d’un Tunisien, Nassim Saadi, violerait l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme, suffira-t-il à l’avenir à stopper les renvois (4) ? Ceux qui sont rentrés de leur plein gré ont été direct à la case prison : ainsi Mouazz Bouhouche, emprisonné à son retour d’Italie en 1997 pour onze longues années en Tunisie. Ils sont des dizaines de Tunisiens passés en Bosnie ou Tuniso Bosniaques à tenter d’obtenir le droit d’asile dans des pays signataires de la convention de Genève, ainsi ces Tunisiens qui tentent d’obtenir l’asile en Suisse depuis une dizaine d’années, sans résultat, d’autres sont en Grande-Bretagne. Seule la France a donné le statut de réfugié à un Tunisien ayant vécu en Bosnie, Mounir Silini, qui n‘avait pas la nationalité bosniaque. Le problème vient de ce que, pour les Tunisiens ayant conservé leur nationalité bosniaque, les pays « démocratiques » considèrent la Bosnie comme un pays « sûr ». Ils omettent de considérer d’une part, que la commission de révision des nationalités n’a pas terminé son travail et vient de demander un nouveau mandat au Parlement, et que ce pays « sûr » n’a pas hésité a renvoyer à la torture le Tunisien Badreddine Ferchichi. Et les intéressés sont alors invités à retourner en Bosnie, comme c’est le cas en Suisse, sauf que… la Bosnie n’en veut pas. En clair, personne n’en veut. Une situation impossible à démêler. Et les autorités bosniaques, qui acculent Khalifa Ben Ina à l’exil, le savent pertinemment. Luiza Toscane (1) propos cités dans l’article intitulé « Pretres », publié par le blog : http://blogspot.com/2008/02/pretres_20.html  (2) Chiffre officiel donné par le président de la commission de révision de la nationalité, Vjekoslav Vukovic, lors de son interview à Radio Slobodna Evropa du 5 février dernier, « Slijedi revizija jos 12000 drzavljanstava », www.danas.org/content/Article/932598.html (3) « Pretres », id. (4) CEDH, 142, le 28.2.2008, arrêt de grande chambre, SAADI c.ITALIE (http://www.echr.coe.int).

 

 


 

Communiqué du Syndicat National des Journalistes Tunisiens

 

« Quelques journaux tunisiens s’adonnent à des pratiques portant outrage à la loi et à l’éthique professionnelle, et sa moralité. Ainsi, l’hebdomadaire « Al Hadath », a-t-il publié des articles diffamatoires contre des personnalités tunisiennes dûment nommées dans lesdits articles.

 

Tout en déplorant ces pratiques et ce style de journalisme dégradants, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens refuse toute forme d’atteinte à la dignité des personnes et toute forme de diffamation et considère que ce qu’a publié la revue « Al Hadath » est réprimé par la loi et, particulièrement,l’article 50 du Code de la presse.

 

Le Syndicat demande au ministère Public de donner suite aux affaires en diffamation intentées contre leurs auteurs.

 

Le Syndicat demande aussi aux responsables de la revue « Al Hadath » et à d’autres journaux d’arrêter définitivement ces procédés de diabolisation et d’accusations gratuites.

 

Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens réitère son attachement  aux lois et à la dignité et à l’éthique de la profession et lance un appel pour le respect de ses valeurs  et des principes de la liberté  et de respect de l’opinion de l’autre ».

 

Pour le Bureau Exécutif

 

Le Président : Néji Baghouri

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 5 mars 2008)

 


 

 

Tunis et Nouakchott pour un sommet maghrébin « dans les meilleurs délais »

Associated Press, le 4 mars 2008 à16h20

 

 

TUNIS (AP) — Les présidents tunisien Zine El Abidine Ben Ali et mauritanien Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi ont plaidé mardi pour « la tenue d’un sommet maghrébin dans les meilleurs délais » pour réunir les dirigeants de l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui regroupe, outre la Tunisie et la Mauritanie, l’Algérie, le Maroc et la Libye.

 

Les chefs d’Etat des cinq pays de la région ne se sont pas rencontrés depuis plus de 13 ans, le dernier sommet de l’UMA remontant à 1994.

 

Lors d’un entretien à l’occasion de la visite que le président mauritanien effectue depuis lundi en Tunisie, les deux hommes se sont engagés à « œuvrer en vue de réunir les conditions propices » à la tenue d’un tel sommet et à dynamiser les mécanismes de cet ensemble régional en panne.

 

Créée en 1987, l’UMA a vu son processus d’intégration achopper essentiellement sur le différend opposant Rabat et Alger au sujet du problème du Sahara-Occidental.

 

Annexée en 1975 par le Maroc qui la considère comme faisant partie de son territoire national, cette ancienne colonie espagnole est également revendiquée par le front Polisario, soutenu par

l’Algérie.

 

Ce mouvement indépendantiste réclame un référendum d’autodétermination des populations sahraouies, alors que le Maroc propose une autonomie en gardant sa souveraineté sur ce territoire.

 

Associated Press


 

Zitouna FM à la conquête de l’audimat et de l’esprit tunisiens Zoom sur une radio pas comme les autres
 
05/03/2008 07:02
 
Elle n’a que quelques mois et on ne parle que d’elle : la station radio Zitouna FM. Une radio religieuse qui ne devait diffuser que du coran. Son contenu est totalement inconnu ou presque par les étrangers et investisseurs en Tunisie. Sa logique économique est quasi inexistante ailleurs puisqu’elle fonctionne en comptant sur les seules ressources de son promoteur. Malgré cela, elle attire de plus en plus d’auditeurs, comme l’attestent les chiffres de Sigma. Zoom sur une radio qui ne touche pas que les croyants. Précisons de prime abord qu’au vu de la nature de notre ligne éditoriale et de l’identité du promoteur de la station, aborder le sujet de Zitouna FM était délicat tant les mauvaises langues pouvaient interpréter d’une façon erronée notre démarche. Il ne s’agit nullement de fayotage ou de publireportage, mais tout simplement de mettre sous la loupe un acteur de la vie médiatique et économique tunisienne. Une démarche critiue qu’on fait avec tout le monde, d’autant plus que cette chaîne demeure mal connue par tous les non-arabophones. Vendredi 29 février, au cours d’une réunion avec le ministre de la Communication, M. Rafâa Dekhil, (réunion sur laquelle nous reviendrons dans quelques semaines), notre confrère de l’Observateur, Boubaker Seghaïer, a rapporté le constat suivant : on entend de moins en moins de propos blasphématoires en Tunisie. « C’est l’effet de la Zitouna FM », conclut-il. De l’assistance présente à la réunion (ministres et responsables de médias essentiellement), nous n’avons entendu que des adhésions à ce constat. Constat que nous enrichissons par un autre que nous avons relevé et qu’il est facile à chacun de nos lecteurs de le faire : prenez dix taxis différents et constatez combien de chauffeurs écoutent Zitouna FM. Sur trois taxis que nous avons pris, à des horaires différents, deux écoutaient la radio religieuse. Le troisième n’avait pas d’autoradio. Dans un paysage médiatique occupé aujourd’hui par une déferlante de chaînes satellitaires religieuses véhiculant un discours qui nous est totalement étranger, une pareille station radio n’est que la bienvenue, s’est-on dit à son démarrage le 13 septembre dernier. Aujourd’hui, six mois plus tard, on remarque que ladite station ne fait pas que du coran, ce qui explique en bonne partie son (relatif) succès et n’émet pas qu’en arabe. Outre le coran, les animateurs font beaucoup d’émissions de savoir-vivre inspirées de la tradition islamique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas de dicter le bien et le mal et de dire que ceci est un péché, ceci est toléré et ceci est autorisé, il s’agit de faire simple avec un appel au bon sens de l’auditeur. On considère celui-ci comme une personne intelligente qui n’a pas à se faire dicter ce qu’elle doit et ce qu’elle ne doit pas faire. D’où l’adhésion non démentie par les chiffres. Selon Sigma Conseil, le taux d’audimat de la station tourne autour de 13% sur le Grand Tunis et de près de 19% sur Sfax. Un taux fort important et révélateur au vu du profil de la station. On peut être musulman, croyant pratiquant, athée, chrétien ou juif (et la Tunisie, c’est tout cela à la fois), celui qui écoute la station ne reste pas insensible au discours qui y est véhiculé, puisqu’il découle du bon sens. Les musulmans diront que c’est là la force de l’islam (le vrai), les athées diront que le discours est inspiré des grandes valeurs humaines universelles. Peu importe qui a raison et qui a tort, le résultat est le même puisqu’on appelle à l’intelligence, au bon sens, à l’autodiscipline et au civisme ! Autre point noté à l’actif de la station, les propos sont émis en dialectal tunisien et non en arabe littéraire. Résultat : il touche directement le Tunisien puisqu’il parle son langage. C’est là le nerf de la guerre. Que M. Boubaker Sghaier ait relevé une diminution des blasphèmes, c’est une bonne chose. Nous, on pourra dire que nous avons remarqué un meilleur respect du code de la route des chauffeurs de taxi. Un meilleur respect de nous-mêmes et un appel au savoir vivre, au civisme qui manque tant à beaucoup d’entre-nous. Que l’on soit musulman ou pas, ses émissions touchent tout le monde quand on a l’accidentelle ou préméditée occasion de les écouter. Exemple : un animateur (qui serait très célèbre parait-il) appelait un jour les auditeurs à respecter autrui en mangeant. « Il ne faut pas manger en émettant des bruits et il faut veiller à ne pas jouer avec le cure-dents en ayant la bouche grande ouverte », disait-il. Il appelait une autre fois à soigner ses dents et son haleine rappelant la tradition du prophète en la matière. Du coup, ceux qui aiment écouter la tradition du prophète (et ils sont très nombreux) adhèrent et ceux qui n’aiment pas en entendre parler adhèrent également. Le discours est à des années lumières des ordres criés par les pseudo-cheikhs égyptiens et saoudiens qu’on voit sur le satellite. Le Tunisien moyen n’ayant pas la possibilité du recul nécessaire par rapport à l’information, il ne peut que croire ce que disent comme stupidités plusieurs de ces chaînes que nous crache l’Orient. Avec une station tunisienne, en dialectal tunisien, faisant appel à la culture tunisienne spécifique et, surtout, à l’histoire de ce pays trois fois millénaires, le discours est dix mille fois plus accrocheur. « Une telle station aurait due être lancée par l’Etat et non par un privé », a déclaré une fois notre confrère et ami Khemais Khayati. S’agissant de l’un de nos plus grands experts en matière d’audiovisuel (une vraie compétence mise, hélas !, en veilleuse par l’ERTT pour des raisons bureaucratiques aberrantes), on ne peut que l’écouter. Mais l’Etat peut-il tout faire ? « C’est son rôle », nous réplique-t-il. Ce qui est vrai du reste et nous le remarquons dans d’autres pays, tel le Maroc par exemple. Dotée d’un capital de 700.000 dinars, Zitouna FM a été lancée par le jeune homme d’affaires Mohamed Sakhr El Materi. Petit-fils de militants bien réputés et gendre du Président de la République. La station n’a pas de vocation commerciale, le jeune Materi gagne son pain ailleurs et appartient à une richissime famille tunisoise. Reste que la logique économique de la station est intrigante : il n’y a pas de publicité ! La station vit du mécénat de son propriétaire et réussit, malgré cela, à faire appel à de grands professeurs (le directeur de la station n’est autre que Kamel Omrane, ancien directeur de la radio nationale notamment) et à élaborer des programmes accrocheurs et sérieux comme toute grande station professionnelle qui se respecte. Reste qu’il faudrait revenir à la suggestion de M. Khayati et d’appeler les autorités à reprendre à son compte l’idée avec une chaîne de télévision similaire. C’est le rôle du service public que de présenter un produit fortement apprécié par le public. Que le privé le fasse pour gagner de l’argent ou pour asseoir ses convictions, cela ne doit pas empêcher le service public de faire de même. Pourquoi investit-on en masse dans les émissions sportives et ne fait-on pas de même pour le savoir-vivre et le bien-être des gens ? Il est vrai que l’ERTT fait de la course à l’audimat et aux recettes publicitaires oubliant du coup son rôle majeur de service public. Avec Mosaïque et ses 53% d’audience, Zitouna et ses 13 et 19%, il est peut-être temps que l’ERTT se rappelle ses prérogatives.
 


 

Ce que Tunis ne m’a pas dit par Kaouther Khlifi

Entre rivales qui s’admirent

 

Les éditions Elyzad entament l’année 2008 avec un premier récit d’une voix féminine qui a choisi, pour commencer une éventuelle carrière, de parler de sa ville, et d’elle-même par extension, avec une audace qui ferait remarquer son texte.

 

Nous ne savons rien sur l’auteure, Kaouther Khlifi, à part le fait qu’elle est née à Tunis et qu’elle y enseigne le marketing et la communication.

 

 En lisant le récit, on peut déduire qu’elle a la trentaine. Voilà alors qu’elle entame une carrière d’écrivain – ce n’est jamais trop tard -, elle qui, en dilettante, se consacrait à l’écriture, jusqu’à ce qu’elle nous livre ce que ses voix intérieures ont fini par faire jaillir à la surface de ses paroles.

 

Bien évidemment, il n’est pas question que de Tunis. En fin de compte, la Capitale n’est qu’un prétexte pour libérer le flot de mots des doigts de l’auteure, que cela concerne Tunis et son Avenue, ou bien sa narratrice et son démon familier de Socrate. Ainsi essaye-t-elle de faire évoluer sur deux chemins parallèles, son observation de la capitale et de ses gens, prétexte à critiques violentes et à réflexions pertinentes, ainsi que des événements de sa vie, des bribes d’intimité, des teintes autobiographiques (de la narration donc) qui intègrent le discours lequel, on doit le souligner, fait un peu mouche avec l’ensemble du texte, puisque c’est censé être un «récit».

 

Nous avons donc la narratrice, ce personnage vertical, et Tunis, l’autre personnage qui s’étend dans l’horizontalité. La représentation spatiale des deux grands protagonistes du récit renseigne bien sur la nature de la relation qu’ils entretiennent. La narratrice et sa ville, perpendiculaires l’une à l’autre, sont en perpétuelle confrontation. Il y a l’habitante qui, tous les matins, tous les soirs, descend dans la rue pour pénétrer l’air de sa ville, et c’est finalement cette dernière qui l’emplit. Un combat sur le trottoir, sur le passage piétons, qui pousse la narratrice à regarder ces gens qui partagent avec elle la même ville, le même amour pour Tunis, et donc la même haine. Ces gens surgis il y a à peine une cinquantaine d’années à un traditionalisme persistant, et qui revendiquent l’hégémonie d’une modernité qu’ils ont adoptée au point de la porter sous la peau. La narratrice est comme eux, fille de petits-bourgeois qui habite une cité pleine de lumières, et qui arbore une complexité jusque l’âme, qui ne la tient pas à l’abri d’un rapport de force entre elle et sa Tunis. Cette Tunis, justement, féminine, qui serait comme une rivale.

 

Tunis serait aussi comme cet amant qu’elle rencontre au gré du hasard, et qu’elle ne cesse de rencontrer à nouveau, et à nouveau. Un journaliste qui écrit de droite à gauche, et qu’elle traduit, de gauche à droite. Avec subtilité, Kaouther Khlifi tisse cette histoire d’amour entre les fils du récit, pour porter un miroir en face de sa rivale, Tunis. Cet homme qu’elle aime un jour et qu’elle déteste le suivant est en réalité sa Capitale.

 

 La plume qui va au-delà du texte

 

Il est clair que la plume de Kaouther Khlifi est animée par cette passion de l’écriture qui veut la porter jusqu’au bout de son écrit, et même au-delà. On sent à chaque paragraphe l’irrépressible élan littéraire qu’elle ne peut canaliser, si bien qu’on sent parfois de la prétention dans le style – bien que ce soit une écriture maîtrisée – laquelle prétention n’est pas voulue par l’auteure, mais qui relève plutôt de la maladresse. Tout serait allé bien si K. Khlifi s’était privé de parler, dès les premières pages, de l’écriture. «[…] elle [l’écriture] est pressée. Il faut la prendre au mot, c’est bien le cas de le dire. Elle arrive avec la même tourmente qui accompagne la jouissance. Elle est à la merci de tout facteur perturbateur qui risque de tout faire foirer. Elle ne supporte pas les reports. Ne supporte pas les négociations opportunistes qui ne savent pas conclure à temps. Quand on ne la consomme pas par la fixation, elle se volatilise. Elle nargue notre mémoire lorsque dans le sommeil quelques phrases se révèlent à nous, mais que la paresse déploie sa gravité. L’écriture n’a pas de lendemains. Seuls les remords ont des lendemains.» L’intention de l’auteure est tout à fait louable, mais il aurait fallu qu’elle attende un peu pour parler de l’écriture avec autant de liberté. Car, en s’y intéressant dès son premier ouvrage, cela ne peut que la décrédibiliser.

 

Par ailleurs, quelques discordances stylistiques alourdissent le récit et empêchent la lecture. En effet, l’auteure est adepte des périphrases et des métaphores qui allongent inutilement les paragraphes, toutefois correctes grammaticalement, et qui nous obligent à relire dès le début pour comprendre son intention, afin d’y arriver, à peu près. On peut relever également plusieurs anachronismes, dans le sens où l’auteure mélange fréquemment les registres soutenu et familier, presque argotique. Malheureusement, ces lourdeurs jalonnent l’intégralité du récit, plein en outre de trouvailles (il faudra en revanche que Kaouther Khlifi nous explique le choix du 30 février pour sa date de naissance ; logiquement, elle ne devrait pas exister) intéressantes, et de passages pleins de poésie et agréables, comme quand elle parle de ses rencontres avec son amoureux journaliste en employant le futur de l’indicatif.

 

Tel que nous l’avons dit plus haut, ce texte n’est finalement pas tout à fait un récit. L’auteure est davantage encline aux divagations philosophiques – néanmoins intéressantes -, et elle ne prend acte de la narration que vers le milieu du texte. Pas tout à fait à l’abri des clichés (pour parler de la guerre en Irak, elle cite le Tigre et l’Euphrate, Babylone et Shéhérazade), ni de bavardages, le texte de Kaouther Khlifi aurait peut-être mérité d’être retravaillé un peu plus, afin d’être meilleur, et avoir grâce aux yeux des Tunisois à qui, d’après ce qu’on a déduit, Tunis a déjà murmuré ce qu’elle n’a pas dit à la narratrice.

 

Khalil KHALSI

 

* Kaouther Khlifi, «Ce que Tunis ne m’a pas dit», éd. Elyzad, coll. «Éclats de vie», 140 pages, 2007, 11 DT.

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 5 mars 2008)

 

 


 

Naturalisation refusée à cause du port du foulard

Le Tribunal fédéral annule deux décisions argoviennes

 

ATS, le 5 mars 2008 à 14h17

 

Lausanne (ats) Refuser la naturalisation à une femme parce qu’elle est voilée est discriminatoire. Le Tribunal fédéral (TF) a annulé deux décisions prises dans le canton d’Argovie.

 

Il a accepté le recours d’une mère de famille de 40 ans. D’origine turque, elle vit depuis 1981 en Suisse et est bien intégrée. L’an dernier, l’assemblée communale de Buchs (AG) avait rejeté sa demande de naturalisation, par 19 voix contre 15.

 

Soumission ou religion

 

Les opposants lui avaient reproché de porter le foulard islamique. Selon eux, il symbolise la soumission de la femme à l’homme et exprime une inégalité de la femme, qui est contraire à l’ordre constitutionnel.

 

Pas d’accord avec cette façon de voir les choses, les juges fédéraux considèrent que la pratique du port du foulard exprime l’appartenance à une religion.

 

Elle est donc protégée par la liberté constitutionnelle de conscience et de croyance et doit être appréciée à la lumière de l’interdiction de toute discrimination.

 

Dépasser les préjugés

 

Pour le TF, le simple fait de porter le foulard ne traduit pas une attitude de manque de respect à l’égard de l’ordre constitutionnel et n’exprime pas en soi un avilissement des femmes.

 

Il faut dépasser les préjugés. Le fait de porter le foulard ne permet pas d’établir qu’une femme de confession musulmane ferait fi du principe d’égalité de sexes et des valeurs fondamentales de

notre société.

 

Aussi pour le mari

 

Dans une procédure parallèle, le TF a également accepté le recours d’un homme originaire de Bosnie-Herzégovine, domicilié à Birr (AG). Il n’avait pu obtenir la naturalisation parce que son

épouse porte le foulard.

 

Mais le recours de sa femme, qui n’avait pas non plus obtenu la naturalisation, est écarté. Car le refus n’était pas discriminatoire: il était motivé par ses connaissances linguistiques insuffisantes et ses lacunes en matière d’instruction civique.

 

Nouvelle chance en juin

 

Les deux communes argoviennes devront se pencher une nouvelle fois sur les demandes de naturalisation pour lesquelles elles ont été épinglées. A Buchs comme à Birr, les requêtes seront soumises à l’assemblée communale en juin, ont indiqué à l’ATS les présidents de ces communes.

 

Le président de la commune de Buchs, Heinz Baur, a précisé que les autorités communales avaient soutenu la demande de la femme

turque et averti les citoyens des conséquences éventuelles d’un rejet. La fille de cette mère de famille a elle été naturalisée lors de la même séance de l’assemblée communale, en juin 2007. Elle

aussi porte un foulard islamique.

 

(arrêts du Tribunal Fédéral 1D_11/2007 et 1D_12 2007 du 27 février 2008)

 

(Source : www.romandie.com (Suisse), le 5 mars 2008)

 

 


 

   Le «problème mathématique» d’Hillary Clinton

TAÏEB MOALLA

tmoalla@mediamatinquebec.com  

Même si les résultats préliminaires des quatre primaires et caucus démocrates organisés hier soir semblent montrer qu’Hillary Clinton a réussi à limiter les dégâts, cette dernière a désormais un «problème Mathématique» de taille.  
«Mathématiquement, Mme Clinton n’a à peu près aucune chance de dépasser Barack Obama en nombre de délégués.» C’est Thierry Giasson, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval, qui assène ce fait. Citant un article fort remarqué, publié récemment dans la presse américaine, M. Giasson prédit que le retard d’une centaine de délégués de Mme Clinton est quasi insurmontable, même dans les scénarios les plus optimistes pour elle. «En plus, toutes les primaires qui s’en viennent sont attribuées à la proportionnelle», assure-t-il. Ce mode de scrutin limite en effet les possibilités de victoire écrasante d’un des deux prétendants. La bonne nouvelle pour les démocrates est, au dire de M. Giasson, «la prime de visibilité» que l’actuelle course est en train de leur donner. La course à l’investiture républicaine s’est terminée depuis hier soir – John McCain l’a officiellement emporté – dans une relative indifférence, tous les projecteurs étant braqués sur les primaires démocrates. Hier, vers 23 h, il était encore impossible de déterminer le gagnant du «petit Super Mardi». Les deux candidats démocrates étaient à égalité dans l’immense Texas après le dépouillement de 32 % des bulletins de vote. Mme Clinton aurait remporté l’Ohio (57 % contre 41 % avec 53 % des bulletins). Le Vermont et le Rhode Island, deux États de moindre envergure quant au nombre de délégués, ont été respectivement partagés entre M. Obama et Mme Clinton. D’après Louis Bélanger, professeur au département de science politique à l’Université Laval, le fait que les résultats soient encore si serrés pourrait relancer les tractations en vue d’organiser un nouveau scrutin au Michigan et dans la Floride, d’ici à juin. Gagnés par Mme Clinton, ces deux États ne devaient a priori pas figurer dans le décompte final, parce qu’ils ont violé les règles internes du parti en devançant les dates de leurs primaires. «Si Mme Clinton réussit ce soir (hier) à limiter les dégâts, la pression sera forte pour reprendre ces deux primaires», pense-t-il. Que se passe-t-il ensuite chez les démocrates? (TM) – Hier soir, CNN estimait que Barack Obama a désormais l’appui de 1399 délégués, contre 1303 pour Hillary Clinton. Pour prétendre à l’investiture du parti démocrate, le (ou la) candidat(e) doit réunir un minimum de 2025 délégués à la convention de Denver, au Colorado, du 25 au 28 août. À noter que les «super délégués», qui représentent 20 % du total des délégués, sont théoriquement libres de leur choix. Cependant, ces derniers pourront difficilement aller à l’encontre de la volonté populaire exprimée par la base du parti au cours du long processus des primaires et des caucus. Le village «gaulois»… du Vermont (TM) – Nous sommes en 2008 après Jésus-Christ et tous les États-Unis sont occupés par les conservateurs de George W. Bush. Tous? Non! Brattleboro, un petit village du Vermont qu’un journaliste de CNN a qualifié, hier soir, de «very liberal» (traduire par «ben ben de gauche»), résiste encore. Hier, les citoyens de Brattleboro ont répondu oui à 53 % à une référendum interne qui posait la question suivante: «Le comité des élus devrait-il instruire un avocat de la ville pour qu’il rédige des accusations contre le président Bush et le vice-président Cheney pour des crimes de guerre allant à l’encontre de la Constitution, et publier ladite accusation afin qu’elle soit prise en compte par d’autres municipalités?». Inutile de préciser que ce scrutin avait surtout une portée symbolique. L’Associated Press a essayé, en vain, de connaître les commentaires de la Maison-Blanche.
 
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