TUNISNEWS  
 7 ème année,           N° 2478 du 05.03.2007
  
 
 
 
 L’ édito de l´Audace: La Bande des Quatreet la         liberté d’informer         L’Audace: Corruption         AFP: Assassinat d’un ex-ministre belge en 1991: ouverture du procès d’un         complice         AFP: Attentat de Djerba: jugement confirmé pour le         complice du kamikaze tunisien         AP: Tunisie: confirmation du jugement prononcé contre le complice         dans l’attentat de Djerba         AP: Tunisia court upholds 20-year prison term for         accomplice in synagogue bombing         AP: La sécurité dans le domaine des transports, une priorité des pays         euro-méditerranéens         AFP: Washington ne demande pas de base militaire         en Algérie (ambassadeur)         Reuters: Algérie – Sept policiers tués dans une embuscade         AFP: Algérie: sept gendarmes tués dans une attaque         islamiste en Kabylie (nouveau bilan)         African Mananager : Tunisie : Arrêtez cette gabegie Monsieur le         Président !          African Mananager : Ouvrir un débat sur les         créances classées !          Le Temps: Présidentielle française (1/2) – Sarkozy et… nous          Réalités: Sana Ben Achour : Pour une refondation         de la gauche démocratique         Réalités: Antoine Basbous “La démocratie, oui mais après une longue         préparation”         Réalités : Jean Duvignaud n’est plus : La         sociologie en deuil         AP: Dans le Rhône, le collège-lycée musulman Al-Kindi fait sa rentrée         avec une classe de sixième         Le Monde: Le général Aussaresses confirme que le         chef du FLN à Alger, Larbi Ben M’Hidi, a été pendu         The New York Times:  Basra Raid Finds Dozens Detained by Iraq Spy Unit  
 
 
 L’ édito de l´Audace
 
     
 par Slim Bagga
     
    Beaucoup de bruit dans le landerneau politique et de rumeurs ont suivi les     fusillades de fin décembre 2006 et début janvier 2007 en Tunisie. On a ainsi     prétendu que tel ministre influent a été prié de rester chez lui, que tel     autre intriguant a chuté et que des têtes allaient être sacrifiées au sein     des services de sécurité (ministère de l’Intérieur et Sécurité     présidentielle). Chacun y allait de son “information” à la source crédible     et de son pronostic.
    En vérité, rien n’a changé la Bande des Quatre tient plus que jamais d’une     main de fer le pays sans tenir compte des conséquences incalculables qui     découleront à court ou moyen terme de cet étouffement de la vie publique     tunisienne.
    La Bande des Quatre, comme chacun ne l’ignore plus désormais, se compose du     Général-président Ben Ali, de son épouse Leïla et de leurs deux théoriciens     fascistes: le ministre directeur du Cabinet présidentiel, Abdelaziz Ben Dhia,     et du ministre des Affaires étrangères et néanmoins candidat à la     succession, Abdelwaheb Abdallah. C’est ce quatuor qui a mené tout au lond de     ces deux décennies le pays à la dérive, qui a imposé l’omerta sur les     pratiques mafieuses des familles qui pillent la Tunisie, sur     l’administration de la torture dont ont été -et sont toujours- victimes les     dissidents et les opposants et sur le verrouillage de l’information.
    “L’Audace”, qui fête ce mois-ci ses 14 ans d’existence, et qui a été le     premier à fissurer le mur du silence érigé par cette dictature, pose encore     une fois la question cruciale de la liberté d’informer, du devoir d’informer     et de la transparence de l’information. Car là où ceux-ci font défaut la     rumeur germe et s’épanouit.
    Or, peut-on demander à un Président menteur et manipulateur ainsi qu’à ses     serviteurs zélés et intriguants de délivrer au peuple une information     authentique et vraie? Il faut croire que non. Ces tyrans, comme tous les     tyrans, ne traitent jamais la population en adultes et en citoyens. Ils     dictent leurs loi par la force; ils manipulent l’information avec la     complaisance sinon la complicité de “journaleux” sans scrupule et à leurs     ordres; et ils se partagent en passant les richesses du pays par secteurs     d’économie…
    Il n’est donc pas surprenant que ce pouvoir mafieux taise encore une fois la     vérité sur l’arrestation d’un Groupe salafiste introduit d’Algérie. Sans     vergogne, il cache les corps des morts au cours des fusillades; les     disparitions se comptent par dizaines; les familles sont désemparées; la     torture reprend de plus belle et de manière plus féroce que jamais et les     prisons se repeuplent comme dans les années 90 de triste mémoire. Pendant     que, dans un monde où l’information est devenue instantanée, nos vaillants     “journalistes” n’ont toujours pas le courage de quitter leurs niches pour     accomplir leur devoir d’informer.
    S’écartant de leurs responsabilités, ils feignent d’ignorer que seule la     désobeïssance à un régime illégitime est de nature à sauver ce qui peut     encore l’être sur ce champ de ruines laissé par la dictature.
    Je n’arrive pas à comprendre comment la traduction d’un ancien diplomate     tunisien devant les Assises de Strasbourg pour fait de torture et le risque     de sa condamnation par défaut à 30 ans de prison ne soit relayée par aucun     organe tunisien d’information. Khaled Ben Saïd, ancien vice-consul dans la     capitale alsacienne, qui avait fui la France avant son arrestation et qui a     été bombardé en tant que commissaire de police dans la ville de Sfax (car     dans ce régime, les tortionnaires sont récompensés et décorés par le Général     en personne) est poursuivi au titre de la Convention de 1984 qui confère une     compétence universelle aux Etats.
    Une telle information, qui a fait le tour du monde, ne semble être d’aucun     intérêt pour le pâle “Réalités” par exemple qui s’intéresse plutôt aux     relations de Bourguiba avec les Beys et rélègue l’actualité aux oubliettes.
    Nous n’avons jamais vu un tel délabrement de l’information que sous Staline     et la tristement célèbre “Pravda”. 
    Pauvre Tunisie…Pauvre Tunisiens qui, en plus d’une dictature implacable,     subissent les vendeurs de papier qui pue le mensonge et la trahison…
     
  (Source : L’Audace (Mensuel tunisien d’opposition – Paris), numéro     145, mars 2007, pages 3)
 Corruption
 La mafia des contrôleurs des impôts
     
    Comme chacun sait, le manque à gagner du Trésor public (droits de douane,     TVA, impôts etc) est essentiellement le fait des cercles mafieux directement     rattachés aux familles Trabelsi et Ben Ali. Les spécialistes du ministère     des Finances évaluent ce manque à gagner à la somme exorbitante de 3     milliards de dinars (1, 8 milliard d’euros).
    A titre d’exemple, le souk de Moncef Bey, à lui seul, importe illégalement,     selon des sources du ministère du Commerce, pour la somme de 950 millions de     DT (600 millions d’euros environ) sans compter le marché de Sidi Bou Mendil,     d’El Jem, et les souks dits de “Libya” exposés dans toutes les villes et     villages du pays. Pour autant, cela ne semble pas gêner outre mesure     Carthage qui donne sa bénédiction ni la Douane qui exécute les ordres pour     satisfaire la mafia.
    Cependant, conscient de ce trou immense dans les recettes douanières et     fiscales, le pouvoir a donné l’ordre aux inspecteurs et aux contrôleurs des     impôts d’exécuter des redressements et des taxations d’office suite à des     contrôles approfondis, iniques et imaginaires auprès des PME, des artisans,     des commerçants et des petites sociétés de services. Le tout en prenant soin     de ne pas toucher aux proches du régime. Bien sûr!
    Et c’est ainsi qu’une opération d’égorgement des PME a démarré et qu’une     autre corruption a été instituée. Expliquons-nous: Un contrôleur fiscal     commence par exemple à taxer une PME ou un commerçant à hauteur de 100 000DT     (60 000 euros). Si le commerçant se montre généreux et offre 15% (c’est le     minimum) de la valeur de la taxation à son bourreau de contrôleur soit 15     000DT payables cash, la taxation est réduite de facto à 2000DT seulement. Un     simple calcul permet de constater que le contrôleur corrompu empoche plus de     7 fois ce qui reviendrait injustement d’ailleurs à l’Etat.
    Exaspérés, les patrons de PME et autres commerçants ne savent plus où donner     de la tête et plusieurs d’entre eux ont mis la clé sous le paillasson. Il     faut savoir aussi que la loi protège miraculeusement ces contrôleurs des     impôts véreux, car même si les patrons demandent une révision de la taxation     par la direction générale des impôts, la réduction ne peut aller en deçà des     2000DT qui sont le seuil minimum lors d’un contrôle ou d’un redressement.
    Ils se retrouvent par conséquent entre le marteau et l’enclume: s’acquitter     des 15% envers un fonctionnaire corrompu et 2000DT envers l’Etat ou     débourser la totalité de la taxation.
    De plus le pouvoir qui a plus que jamais besoin de recettes fiscales a donné     ordre aux tribunaux de donner systématiquement raison aux contrôleurs.
    Ce régime mafieux et ses fonctionnaires ne cessent d’inventer en matière de     racket. Et peu importe si des entreprises disparaissent et si des familles     entières vivent dans la précarité…
     
 Les Trabelsi et le fil à coudre
     
    Plusieurs entreprises de textiles sont en train de fermer; d’autres sont en     grève. C’est que les patrons n’arrivent plus à joindre les deux bouts à     cause de la corruption entre autres.
    Un patron d’usine de textile nous a récemment expliqué que la famille     Trabelsi a jeté son dévolu y compris sur le marché du fil à coudre. Selon     cet homme d’affaires, le prix de revient du kilo de fil à coudre varie entre     2,300DT et 2,700DT. Or, au marché vMoncef Bey, le clan Trabelsi expose à la     vente le kilo de fil à coudre à 2 DT. Ce fil est importé de Chine et, bien     sûr non taxé par la Douane qui ferme les yeux sur les importations des clans     mafieux.
    Résultat: ou les patrons d’usines s’approvisionnent au noir chez les     Trabelsi ou ils sont obligés de fermer leurs usines car la concurrence     devient rude et insupportable…
     
    La mafia s’intéresse à tous les produits
     
    Un homme d’affaires français, de retour de Tunisie où il prospectait en vue     de faire des affaires, a été surpris de voir quasiment déserte la zone     industrielle de Ben Arous. Usines et autres ateliers fermés, absence de vie     etc. Par contre, nous précisa-t-il, il a pu acquérir pour 35 DT (20 euros)     l’unité des DVD coûtant 80 euros à Paris. Il n’en revenait pas. Idem pour     les services en cristal. Revenant à 1500 euros environ en France, le même     service était exposé à Moncef Bey à 135 DT (moins de 80 euros). Qui dit     mieux?
     
  (Source : L’Audace (Mensuel tunisien d’opposition – Paris), numéro     145, mars 2007, Rubrique corruption pages 4 et 5)
     
 
Assassinat d’un ex-ministre belge en     1991: ouverture du procès d’un complice
 
    AFP, le 5 mars 2007 à 12h39     BRUXELLES, 5 mars 2007 (AFP) – La cour d’assises de Liège (est de la     Belgique) a commencé lundi à juger Domenico Castellino, un truand déjà     condamné en son absence à 20 ans de réclusion pour avoir participé à     l’assassinat en 1991 de l’ancien ministre belge André Cools.     Domenico “Mimo” Castellino, 51 ans, était en fuite lorsque le procès des     autres auteurs du plus retentissant assassinat politique de l’histoire de     Belgique s’est déroulé à Liège, fin 2003-début 2004.     Interpellé en 2006 en Allemagne, il avait fait “opposition” de sa     condamnation et obtenu le droit d’être rejugé.     La cour d’assises va donc, durant en principe deux semaines, reprendre à     zéro l’examen de l’assassinat, du moins en ce qui concerne le rôle de     Domenico Castellino. Une centaine de témoins sont attendus, dont les cinq     autres hommes condamnés en 2004.     Lundi, la première audience a été consacrée à la constitution du jury     populaire (8 femmes et 4 hommes) et à la lecture de l’acte d’accusation.     Les médias belges ne s’attendent cependant pas à ce que ce “procès Cools-bis”     apporte des éclairages inédits sur le fond du dossier, notamment parce que     les complices de Domenico Castellino lui avaient fait croire qu’il     s’agissait d’un règlement de compte dans le milieu des stupéfiants.     D’origine italienne, Domenico Castellino a avoué dès 1996 avoir     recruté les deux Tunisiens qui ont abattu l’ancien ministre     socialiste, le 18 juillet 1991 à Liège. Les     deux tueurs ont été condamné à 20 ans de prison en juin 1998 à Tunis.
         Le premier procès avait établi la responsabilité de membres de l’entourage     du socialiste liégeois Alain Van der Biest, un temps “fils spirituel”     d’André Cools avant de devenir son rival.     En l’absence d’Alain Van der Biest, qui s’est suicidé en 2002, ce procès     avait laissé des zones d’ombre, notamment sur le rôle d’inspirateurs ou de     commanditaires qu’auraient pu jouer d’autres rivaux socialistes d’André     Cools.     Celui-ci victime ne détenait plus de porte-feuille au moment de son     assassinat mais était resté l’homme fort du PS à Liège. Si la “petite main”     Castellino ne semble pas être en mesure d’apporter la lumière sur le climat     de haine qui déchirait le PS liégeois, les hommes condamnés en 2004     pourraient profiter de leur passage à la barre des témoins pour faire     quelques révélations, estiment les journaux belges.          AFP  
 
Tunisia court upholds 20-year prison     term for accomplice in synagogue bombing
 
    Associated Press, le 3 mars 2007 à 20h51     TUNIS, Tunisia (AP) _ Tunisia’s highest court upheld a 20-year prison term     for an accomplice in a suicide attack on a synagogue that killed 21 people _     mostly German     tourists, a defense lawyer said.     Belgacem Nawar, 45, was convicted for helping his nephew Nizar Nawar strap a     gas tank onto a truck before ramming it into the historic synagogue on the     resort island of Djerba in April 2002.     The Court of Cassation _ Tunisia’s highest court _ upheld an appeals verdict     following the conviction last June. Tunisian investigators linked the attack     to al-Qaida.     Nawar was detained shortly after the attack, which killed 14 Germans, five     Tunisians and two French citizens. Nawar, a welder from Djerba, acknowledged     having helped     his nephew buy the truck, but said he had no idea what he planned to do with     it. The only other convictions in the Djerba case came last year in Spain,     where the National Court sentenced a Spaniard and a Pakistani to five years     in prison for helping finance the attack.     Associated Press  
 
Tunisie: confirmation du jugement     prononcé contre le complice dans l’attentat de Djerba
 
    Associated Press, le 3 mars 2007 à 20h29     TUNIS (AP) — La Cour de cassation tunisienne a confirmé samedi la     condamnation à 20 ans de prison ferme prononcée en première instance et en     appel à l’encontre de Belgacem Nawar, complice de l’auteur de l’attentat     terroriste perpétré en 2002 contre une synagogue à Djerba, une île du sud     tunisien, a-t-on appris auprès de son avocat, Me Samir Ben Amor.     L’attentat, qui avait causé la mort de 21 personnes dont 14 touristes     allemands, cinq Tunisiens et deux Français, avait été revendiqué par     l’organisation Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden.     Belgacem Nawar, 45 ans, est l’oncle du kamikaze, Nizar Nawar, mort carbonisé     dans l’explosion du camion-citerne rempli de gaz devant le lieu de culte     juif. Belgacem Nawar a été reconnu coupable notamment de “complicité     d’assassinat avec préméditation” et “détention et fabrication de matières     explosives”.     Selon l’acte d’accusation, il aurait aidé le kamikaze à installer sur le     camion la citerne qui devait servir à l’opération. Lors de son procès devant     le tribunal de première instance puis la cour d’appel, il avait clamé son     innocence, déclarant qu’il n’était pas au courant des desseins criminels de     son neveu.     L’affaire a eu des ramifications en France où plusieurs personnes ont été     mises en examen par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, ainsi qu’en     Allemagne et en Espagne.      Associated Press
 
Tunisie – Peine confirmée pour     l’oncle du kamikaze de Djerba
 
    Reuters, le 3 mars 2007 à 20h15     TUNIS, 3 mars (Reuters) – La Cour suprême de Tunisie a confirmé samedi la     peine de 20 ans de prison infligée à l’oncle de l’auteur de     l’attentat-suicide qui fit 21 morts en 2002 devant la synagogue de la Ghriba,     sur l’île touristique de Djerba, a-t-on appris de sources judiciaires.     Quatorze Allemands, cinq Tunisiens et deux Français avaient été tués dans     l’explosion, qui avait aussi fait 30 blessés, lors de l’explosion d’un     camion-citerne devant la mosquée, qui datedu VIIe siècle, au moment de la     visite de touristes étrangers.     L’édifice, un lieu de pèlerinage très réputé pour tous les juifs du Maghreb,     avait été presque entièrement dévasté lors de l’attentat, première attaque     dans un pays arabe revendiquée par les islamistes d’Al Qaïda après les     attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.     Le juge Fethi Ben Youssef a confirmé la peine infligée à Belgacem Nawar, 45     ans, reconnu coupable en juin d’avoir aidé l’auteur de l’attentat contre la     synagogue à préparer et à commettre l’attaque.      Reuters
 
Tunisia upholds sentence against     bomber’s uncle
 
    Reuters, le 3 mars 2007 à 19h43     TUNIS, March 3 (Reuters) – Tunisia’s Supreme Court upheld on Saturday a     20-year jail sentence against the uncle of a suicide bomber for his role in     the attack that killed 21 people, most of them German, court sources said.     Fourteen Germans, five Tunisians and two French were killed when the suicide     bomber rammed a tanker filled with cooking gas into a Jewish shrine in the     North African country in 2002.     The bombing on the southern island of Djerba, Tunisia’s main tourist     destination, was the first attack claimed by al Qaeda in an Arab country     after the Sept. 11 attacks in the United States.     Judge Fethi Ben Youssef upheld the sentence against Belgacem Nawar, 45, for     helping the bomber carry out the attack, his lawyer Samir ben Amor said.     In June, a lower court convicted him for the same charges and condemned him     to 20 years in prison. He pleaded not guilty before both courts.     “We are sure that he is innocent but we hope for presidential pardon,” said     Ben Amor.          REUTERS
 
Attentat de Djerba: jugement confirmé     pour le complice du kamikaze tunisien
 
    AFP, le 3 mars 2007 à 19h20     TUNIS, 3 mars 2007 (AFP) – La cour de cassation de Tunis a confirmé la     condamnation à vingt ans de prison du complice tunisien de l’auteur d’un     attentat commis en 2002 contre une synagogue de Djerba (sud) qui avait fait     21 morts, a indiqué samedi son avocat à l’AFP.     “Le pourvoi a été rejeté sur le fond et la peine confirmée” par la cour de     cassation, qui a statué vendredi, a-t-on confirmé de source judiciaire.     Belgacem Nawar, 45 ans, a été reconnu coupable de “complicité d’assassinat     avec préméditation” avec son neveu Nizar Nawar, déclaré mort carbonisé dans     un camion-citerne qu’il avait fait exploser le 11 avril 2002 devant la     synagogue de la Ghriba, sur l’île de Djerba.     Quatorze touristes allemands, cinq Tunisiens et deux Français avaient trouvé     la mort dans l’attentat revendiqué alors par le réseau terroriste Al-Qaïda     d’Oussama ben Laden.     Belgacem Nawar poursuivi aussi pour “participation à une association de     malfaiteurs” et complicité pour “détention et fabrication de matières     explosives” avait été condamné en juin 2006 par un tribunal de première,     peine confirmée en appel en décembre. Arrêté au lendemain de l’attaque et     incarcéré dans une prison de Tunis, il a nié les charges retenues contre lui,     affirmant tout ignorer des plans terroristes de son neveu. Cet artisan     carrossier était accusé d’avoir aidé son neveu, Nizar Nawar à installer une     citerne de gaz domestique sur le camion qu’il avait fait exploser devant la     synagogue visitée par de nombreux touristes.     Belgacem Nawar est l’unique accusé à être jugé en Tunisie dans l’affaire qui     a eu des ramifications en France, en Espagne et en Allemagne. Il a été     interrogé par des magistrats allemands et entendu par le juge antiterroriste     français Jean-Louis Bruguière, selon son avocat Me Samir Ben Amor.     AFP  
 
La sécurité dans le domaine des     transports, une priorité des pays euro-méditerranéens
 
    Associated Press, le 3 mars 2007 à 22h02     TUNIS (AP) — Réunis pendant deux jours à Tunis, les ministres des     Transports des pays de la Méditerranée Occidentale ont retenu la question de     la sécurité comme une priorité dans leur action, a déclaré vendredi soir la     ministre espagnole des Transports Magdalena Alvarez Arza.     La réunion, qui regroupait les ministres de cinq pays européens ou leurs     représentants (France, Italie, Espagne, Portugal et Malte) et des cinq pays     maghrébins (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye et Mauritanie), se tenait dans le     cadre informel du forum euro-méditerranéen 5+5.     La représentante de la commission européenne, Anna Panagopoulou, a appelé     pour sa part les pays sud-méditerranéens à mettre en œuvre des réformes     politiques qui, selon elle, constitueraient une plate-forme favorable pour     le renforcement de la coopération euro-méditerranéenne dans les autres     domaines.     Cette session a été, par ailleurs, marquée par l’adoption “pour la première     fois” d’un protocole fixant les objectifs et les priorités de coopération     entre les pays membres pour les années à venir.     Parmi les projets figurant dans le plan d’action du Groupe des ministres des     transports de la Méditerranée Occidentale (GTMO), la ministre espagnole a     cité le projet de tunnel sous-marin reliant le Maroc et l’Espagne. “C’est un     projet extrêmement coûteux et nous avons besoin du financement de l’Europe”,     a-t-elle martelé.     Associated Press
 
Washington ne demande pas de base     militaire en Algérie (ambassadeur)
 
    AFP, le 5 mars 2007 à 11h01     ALGER, 5 mars 2007 (AFP) – Les Etats-Unis ne demandent pas à établir une     base militaire en Algérie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au     Sahel et au Maghreb, a déclaré l’ambassadeur américain à Alger, cité lundi     dans la presse.     “A aucun moment nous n’avons demandé d’établir une base militaire en Algérie     et nous ne le demandons pas”, a déclaré l’ambassadeur, Robert S. Ford,     soulignant qu’il n’avait “jamais entendu des officiels (américains) formuler     une telle demande”, dans un entretien publié par le quotidien algérien     l’Expression.     Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui, avait     déclaré samedi que l’Algérie ne serait pas intégrée dans le commandement     régional Maghreb-Sahel que les Etats-Unis veulent établir au sud du Sahara     pour lutter contre le terrorisme.     “Le territoire algérien n’est pas concerné par le commandement américain     projeté. L’Algérie n’a jamais accepté l’installation de bases étrangères sur     son sol, (qui seraient) incompatibles avec sa souveraineté et son     indépendance”, a déclaré le ministre algérien dans un entretien à la radio     publique “Alger-Chaîne III”. M. Bedjaoui avait par ailleurs souligné que     l’Algérie “mène avec les Etats-Unis une coopération féconde, jugée     profitable” en matière de lutte contre le terrorisme.     “Chaque fois que nous sollicitons les services de sécurité algériens, ils     sont là et nous fournissent la meilleure aide possible”, a confirmé M. Ford,     en qualifiant de “très bon le travail fourni par les services de sécurité     algériens”.     Les Etats-Unis avaient annoncé le 6 février lors d’une conférence à Dakar,     placée sous l’égide du Partenariat trans-saharien (TSCTP), leur projet de     création d’un commandement chargé de l’Afrique au Pentagone, afin de     prévenir l’implantation de groupes terroristes dans les zones     transfrontalières au Sahara et au Maghreb.     AFP  
 
Algérie – Sept policiers tués dans     une embuscade
 
    Reuters, le 5 mars 2007 à 10h58     ALGER, 5 mars (Reuters) – Sept policiers ont été tués en Algérie dans une     embuscade tendue par des islamistes présumés, rapportent lundi plusieurs     journaux algériens.     L’attaque s’est produite dimanche dans la province de Tizi Ouzou, à une     centaine de kilomètres à l’est d’Alger. Les rebelles ont fait exploser des     bombes artisanales au passage de deux véhicules de la police avant d’ouvrir     le feu à la mitrailleuse sur le convoi, écrivent El Watan, Le Soir d’Algérie     et Le Quotidien d’Oran.     Cinq policiers ont été tués sur le coup; deux autres ont succombé à leurs     blessures après avoir été hospitalisés. El Watan précise que deux     assaillants ont été tués par les forces gouvernementales dans la fusillade     qui a suivi.     Le 13 février dernier, sept bombes avaient explosé quasi simultanément dans     la même province, tuant six personnes. Ces attentats avaient été revendiqués     par l’Organisation Al Qaïda au Maghreb islamique, nouvelle appellation du     Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).      REUTERS
 
Algérie: sept gendarmes tués dans une     attaque islamiste en Kabylie (nouveau bilan)
 
    AFP, le 5 mars 2007 à 09h42     ALGER, 5 mars 2007 (AFP) – Deux gendarmes, blessés dans l’attaque de leur     barrage dimanche en Kabylie (est d’Alger), ont succombé à leurs blessures     portant le bilan à sept morts parmi les gendarmes, rapportent lundi des     journaux algériens. L’attaque a eu lieu dimanche en fin d’après-midi à     Takhoukht sur la route menant de Beni Yenni à Tizi Ouzou (Kabylie, 110 km à     l’est d’Alger).     Outre les sept morts, on compte un gendarme blessé, dont la gravité des     blessures n’est pas indiquée, selon les mêmes sources. Un premier bilan     faisait état, dimanche soir, de cinq morts et deux blessés.     Les gendarmes ont été surpris pendant la relève d’un barrage routier par un     groupe armé embusqué des deux côtés de la chaussée qui a les a pris sous un     feu intense, selon ces sources. Leurs trois véhicules ont été incendiés à     l’issue de l’attaque.     Durant le week-end deux attaques islamistes séparées en Kabylie et une autre     dans la région d’Aïn Defla (sud d’Alger) ont fait au total 11 morts dont un     Russe selon le dernier bilan.     AFP
 
Tunisie : Ouvrir un débat sur les     créances classées !
 
 par : K. Boumiza 
             En Tunisie, les ressources du système bancaire sont généralement évaluées       à quelque 20 milliards DT. Ces ressources proviennent à 80 % des dépôts, à       vue et à terme de la clientèle et de l’épargne. Ceci représente quelque       16,7 milliards DT. C’est cet argent, celui des déposants et des épargnants,       qui fait travailler les banques. C’est cet argent qui est donné en crédits,       aux particuliers et aux entreprises et c’est lui aussi qui génère les       intérêts qui font vivre les banques. On souligne, encore une fois, que les       banques ne créent pas leur propre argent, elles recyclent celui de       «Monsieur Tout le Monde», dans les différents rouages de l’économie !    
             En face, il y a des entreprises et des hommes d’affaires. Ceux-ci prennent       crédit et investissent. Il y en a bien sûr ceux qui remboursent et il y en       a aussi, malheureusement, ceux qui ne remboursent pas. Ils utilisent pour       cela les différentes failles d’un système financier qui n’a trouvé que la       parade du provisionnement pour ne pas trop avoir à revendiquer l’argent       des déposants et des épargnants. Résultat des courses, certes au bout d’un       grand nombre d’années, un chiffre jamais officialisé de quelque 5       milliards DT de dettes classe 4 et 5, des dettes carbonisées ! Cela n’est       plus un secret pour personne. Un chiffre dont on connait pourtant peu de       détails et une liste d’endettés qui est gardée comme un secret d’Etat.    
             Qui sont-ils ? Qui rembourse et qui ne veut pas rembourser ? Qui a arrêté       et pourquoi de rembourser ? Qui n’a que des engagements bancaires et qui       n’a que des dettes et n’a plus d’engagements productifs ? C’est pourtant       de l’argent des déposants et des épargnants qu’il s’agit et non de       l’argent des banques, ni de l’étranger !        Il y a quelques années, cette fameuse liste des «engagés » et des endettés,       avait par mégarde circulé. La levée de bouclier avait été tellement «gronde»       que cette liste était devenue une référence, mais que personne n’a jamais       pu mettre à jour !    
             Elle avait pourtant donné un certain éclaircissement (directement et       indirectement) sur le paysage des affaires en Tunisie, sur les grands       groupes, les bons investissements et les moins bons, certes en comparaison       avec tout ce qu’on entend dire en dehors de la sphère financières, de ceux       qui font de bonnes ou de mauvaises affaires et de l’issue (heureuse ou       malheureuse) de leurs affaires.        Ce qu’on dit là peut sembler inapproprié et même du domaine du blasphème       pour un banquier, que divulguer ou même de parler simplement de la liste       de ses débiteurs ! Mais cela n’est pas tout aussi déraisonnable qu’il y       paraît.    
             Nous somme en effet dans une économie émergente et dans un système       financier dont presque le un cinquième est fait de créances classées. Un       système financier qui cicatrise peu à peu cette plaie des créances       accrochées. Et pour ne pas qu’il soit obligé de recourir, pour se soigner,       à des médicaments étrangers, ce système financier doit être transparent et       savoir mettre en confiance les déposants, les épargnants, les       investisseurs en bourse et cet actionnaire qui ne voit pas encore la fin       de la consigne de non paiement de dividende. Cette mise en confiance passe       immanquablement par la communication, car c’est cette dernière qui rendra       certaines prises de décisions, judiciaires surtout, nécessaires et moins       difficiles pour toutes les parties.    
             C’est parce qu’on ne parle pas encore publiquement de cette maladie des       impayés et des créances accrochées, qu’on n’arrivera pas à lui trouver les       remèdes idoines ! C’est parce qu’on n’en parle pas publiquement, que les       solutions se font toujours en cachette et ne donnent jamais de bons       résultats ! C’est aussi parce que cette question de dettes accrochées n’a       jamais fait l’objet ni d’un débat public, ni parlementaire ou encore moins       d’une enquête publiée de la Cour des Comptes ou des structures apparentées,       que chaque cas traité (et obligatoirement divulgué, car il faut bien en       parler aux derniers concernés), est un cas qui finit dans la douleur, un       cas qui est mal vécu, mal compris et mal interprété par tous !    
             La Banque Centrale de Tunisie pourrait ouvrir la voie en consacrant au       moins un chapitre, fusse-t-il petit, de son rapport annuel à cette       question. Elle doit certes à tout le monde cette fameuse liste des mauvais       créanciers. Mais elle ne le fera pas. Elle pourrait au moins commencer par       en parler dans son rapport et ouvrir la porte à un débat sur cette       question qui concerne l’argent des déposants et des épargnants ! Qui       d’autre peut le faire, si ce n’est cette vénérable institution qu’on       appelle aussi l’autorité de contrôle !
 (Source : African Mananager (portail –       Tunis), le 5 mars 2007)       Lien: http://www.africanmanager.com/articles/113080.html  
 
Tunisie : Arrêtez cette gabegie       Monsieur le Président !
  
             par : A.M.        Cela ne va pas plaire à beaucoup de monde, mais cela devient une vitale       nécessité ! Il y a quelques temps, une décision présidentielle mettait fin       au travail (il est vrai fait d’une manière trop excessive et beaucoup       d’excès de zèle) d’un privé chargé de faire respecter les stationnements       dans la zone bleue du centre de la ville de Tunis. Fini donc, au bonheur       des automobilistes, les contraventions et les voitures traînées ou       tractées pour 29 DT la voiture !    
             Depuis, trop malheureusement cependant, les excès du citoyen automobiliste       et des entreprises commerciales, ont pris le dessus et dépassé de loin les       excès de l’entreprise en charge de la zone bleue. C’est ainsi que la zone       de La Fayette à Tunis, devient exécrablement circulable, abandonnée, par       les agents de l’ordre et des municipalités, aux automobilistes qui se       garent désormais des deux côtés d’avenues (Palestine et Liberté) déjà       étroites pour une circulation fluide et plus économique dans la capitale,       sur les trottoirs, devant les abris bus et stationnement des bus. On ne       parlera pas des camions de livraison pour le super Champion qui n’en font       (avec la complicité de la grande surface bien sûr) qu’à leur tête et       livrent à tout moment de la journée, sans aucun respect des horaires fixés       par la municipalité (d’ailleurs complètement absente à ce sujet et qui       semble avoir jeté l’éponge). Cette démission de toutes les autorités dans       une zone névralgique comme La Fayette est-elle volontaire ? Quel sens lui       donner alors ? Voudrait-elle pousser à demander le retour des engins ?    
             D’ailleurs cette gabegie n’est propre à La Fayette. Allez voir du côté de       l’avenue de la liberté et sur les parterres centraux de différents autres       endroits de la capitale, comme Ennasser, Ariana et ailleurs à Tunis, qui       sont devenus des endroits d’exposition de voitures à vendre (les plaques       qui y sont accrochées font foi) ! Cette démission des municipalités et des       agents de la circulation nous pousse donc à demander une …intervention       présidentielle pour mettre fin à cette gabegie et à remettre de l’ordre       dans la circulation de la capitale !    
 
  
 Le     Temps du Monde
     Présidentielle française (1/2):
     Sarkozy et… nous 
     Imed Bahri
  
 Pour nous autres     Sud-Méditerranéens, c’est-à-dire Tunisiens, Maghrébins, Arabes, Africains,     Musulmans ou, plus largement encore, habitants des pays en développement, le     changement annoncé à la tête de l’exécutif français ne saurait nous     laisser indifférents. Pour plusieurs raisons. Un: le  président en France a     de larges prérogatives en politique étrangère et un rôle important sur la     scène internationale. Deux: la France est pour la plupart de nos pays un     partenaire incontournable. Trois: nous considérons le pays de Charles de     Gaule, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et     Jacques Chirac, comme une puissance qui compte dans le monde d’aujourd’hui,     d’autant qu’elle est adossée à une Union européenne dont on espère qu’elle     sera capable de constituer bientôt un contrepoids à l’hyper-puissance     américaine. Quatrième raison, et pas des moindres: une importante communauté     d’Arabo-africains et de Musulmans vit en France, qui compte plusieurs     millions binationaux, de travailleurs immigrés et d’étudiants. 
 Pour toutes ces     raisons, la campagne pour l’élection présidentielle qui bat actuellement son     plein dans l’Hexagone nous interpelle. Et tout ce que disent les deux     principaux favoris, à savoir Nicolas Sarkozy, candidat de l’Union pour un     mouvement populaire (UMP, droite libérale), et Ségolène Royal (candidate du     Parti socialiste, gauche), sur l’immigration, les musulmans, le conflit     israélo-palestinien, la coopération avec les pays du sud et l’aide au     développement, entre autres ne nos sujets de préoccupation, retient notre     attention, parce qu’il nous informe sur les changements qui pourraient     intervenir dans la politique étrangère française, ses orientations futures     et la place que nous – et nos intérêts vitaux – pourrions y occuper.  
 Pour aider les     lecteurs à se faire une idée sur les programmes politiques des deux     principaux candidats, dont on suppose qu’ils seront au second tour de     l’élection présidentielle et que l’un d’eux sera le prochain président de la     France, nous allons passer au peigne fin leurs positions respectives sur les     sujets qui nous préoccupent, qu’elles aient été exprimées ouvertement – et     les candidats à la présidence sont rarement avares en promesses et annonces     – ou seulement trahies par leurs faits et gestes, passés ou actuels. A tout     seigneur tout honneur, nous commencerons, dans ce premier article, par celui     que la plupart des sondages donnent comme le favori: Sarkozy. 
  
 Une «garde     maghrébine»… pour la parade
 Qu’elles     s’inscrivent dans le cadre des relations bilatérales ou dans celui d’un     approfondissement du processus de Barcelone (Partenariat EuroMed), les     relations de la France avec les pays du Maghreb sont l’un des thèmes majeurs     de la présidentielle française. Elles sont autant importantes pour les     Maghrébins que pour les Français, car c’est au Maghreb que la France signe     ses meilleures performances en Afrique. Plus de 25 000 de ses entreprises     commercent et exportent vers les pays de l’UMA. Le Maroc, second partenaire     africain de la France, après l’Afrique du Sud, compte 1200 filiales     d’entreprises françaises implantées sur son territoire, qui dégagent plus de     6 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Troisième partenaire     africain de la France, notre pays accueille 1 100 entreprises françaises ou     à participation française, qui emploient plus de 100 000 personnes, avec une     forte concentration dans le secteur industriel. En 2006, les échanges     bilatéraux tuniso-français se sont élevés à 6,1 milliards d’euros. En     Algérie, 180 filiales françaises opèrent, et l’ancienne puissance coloniale     reste le premier fournisseur pour un montant d’investissement direct     étranger (IDE) évalué à 34 millions d’euros en 2005. Bien qu’ils soient     encore peu organisés politiquement, les Français d’origine maghrébine,     constituent, par ailleurs, une minorité qui aura un poids électoral non     négligeable dans une consultation que l’on annonce serrée. 
 C’est ce qui a     poussé Sarkozy à s’entourer de nombreux conseillers d’origine maghrébine.     Comme Rachida Dati, Abderahmane Dahmane ou Ahmed Guénad, qui constituent une     caution aux Beurs et aux Français d’origine étrangère que le ministre de     l’Intérieur avait insulté, lors des émeutes des banlieues en 2005, en les     qualifiant de «racaille», à nettoyer «au karcher» et qu’il cherche     aujourd’hui à séduire. 
 Les membres du     «Pool-Maghreb» sont aussi chargés de faire revivre, au bénéfice de Sarkozy,     les réseaux France-Maghreb en Algérie, au Maroc et, à un degré moindre, en     Tunisie. Ce sont eux qui ont organisé les deux récentes visites du ministre     de l’Intérieur, au Maroc et en Algérie, où il a été reçu par le roi Hassan     II, en juillet, et le président Abdelaziz Bouteflika, en novembre.  
 A Alger, le     ministre de l’Intérieur a annoncé l’allégement de la procédure pour     l’obtention de visas. En fait, il a présenté une simple mesure de     réajustement – la mise en conformité des procédures de délivrance des visas     avec le Maroc et la Tunisie, sans plus – comme étant une grosse concession     française. Il a aussi annoncé le renforcement de la coopération     franco-maghrébine dans la lutte antiterroriste. Le Français compte beaucoup     sur cette coopération pour éviter une crise sécuritaire grave en pleine     campagne présidentielle. 
 En effet, avec     les menaces récurrentes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat     (GSPC) contre la France, Sarkozy a de bonnes raisons de craindre un passage     à l’acte sous forme d’attentats antifrançais au Maghreb ou en France qui     risqueraient de remettre l’enjeu antiterroriste au cœur de la campagne     présidentielle, avec des conséquences imprévisibles. En fait, le candidat de     la droite craint une répétition du scénario qui a permis au socialiste     Zapatero de se faire élire en Espagne au lendemain de l’attentat de Madrid.       
 Le grand ami     d’Israël 
 Malgré les     apports précieux de sa «garde maghrébine», Sarkozy ne parvient pas à faire     tomber les réserves qu’il inspire aux Beurs et aux Maghrébins, ainsi qu’à     leurs proches au sud de la Méditerranée. Et pour cause: Sarkozy pâtit de la     perte de crédibilité de la droite française au Maghreb, surtout des prises     de position du président Jacques Chirac et du Quai d’Orsay sur certaines     questions sensibles. Il pâtit aussi de certaines de ses positions     personnelles, notamment son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’Union     européenne (UE), dont il espère qu’elle lui rallie une partie de l’extrême     droite lepéniste, qui rejette toute concession à la Turquie, aux pays du     Maghreb ou aux pays musulmans en général. 
 Les incessantes     concessions de Sarkozy au lobby juif sur la question     palestinienne produisent le même effet auprès de l’électorat Beurs ou     originaire du monde arabo-musulman. Alors qu’il a effectué plusieurs voyages     en Israël, le chef de l’UMP ne s’est jamais rendu dans les territoires     palestiniens : un oubli lourd de sens. En apportant son soutien à Israël en     pleine guerre contre le Liban, l’été dernier, Sarkozy n’a pas manqué de     mécontenter les 50 000 Franco-Libanais que compte l’Hexagone et dont     beaucoup ont déclaré qu’ils ne voteront pas pour lui. 
 On sait aussi     que Pierre Lellouche, le député UMP de Paris et Président de l’Association     d’amitié France-Israël, est son principal conseiller des affaires     étrangères. L’avocat Arno Klarsfeld, un Franco-israélien qui a servi une     année entière dans l’armée de l’Etat hébreu, compte aussi parmi les éléments     les plus influents de son entourage. De nombreux intellectuels réputés pour     leurs positions pro-israéliennes – ou anti-arabes et anti-musulmanes –,     comme Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, André Glucksmann et autres     Pascal Bruckner roulent ouvertement pour lui. 
 Last but not     least,  L’Union des     patrons et professionnels juifs de France (UPJF), une association     communautaire française plus connue pour son lobbying pour Israël que pour     son activisme en faveur de la libre entreprise, lui a décerné, le 30 mars     2006, le prix de l’homme politique de l’année 2005 lors de son dîner de gala     annuel. La cérémonie avait été marquée par le discours véritablement     apocalyptique du président de l’UPJF, Claude Barouch, qui a évoqué pour les     Français de confession juive la nécessité d’«un combat vital pour empêcher,     une fois de plus, d’être relégué au rang de ‘‘dhimmi’’» (sic !) en France,     c’est-à-dire de minorité religieuse dans un pays islamique. Lors de la même     cérémonie, le ministre de l’Intérieur a été salué comme celui qui «saura     sans doute redonner une nouvelle dynamique aux relations d’amitiés solides     qui lient Paris, Washington et Jérusalem». On l’a compris,    Sarkozy est le grand favori des Israéliens et il     a le soutien de nombreux responsables institutionnels de la communauté juive     française. 
 Les déclarations     tonitruantes de Sarkozy sur l’immigration et, surtout, sur les immigrés de     confession musulmane, n’ont pas aidé à redorer l’image vaguement négative de     Sarkozy parmi les électeurs d’origine étrangère. Au contraire…
 Ainsi, le 21     octobre dernier, le ministre de l’Intérieur a commis une énième bévue – qui     n’en est peut-être pas une, tant ses sorties sont souvent politiquement     calculées – à l’égard des musulmans. Evoquant l’affaire des bagagistes     musulmans de Roissy qui se seraient vus retirer leur badge d’accès du fait     de leur religion, il n’a pas hésité à justifier ces mesures vexatoires: «Il     y a 43 personnes à qui nous avons retiré l’habilitation. Il n’y avait là     aucun délit de sale gueule. Il y avait des éléments précis qui nous     amenaient à leur interdire l’entrée sur la surface d’un aéroport», a-t-il     dit. Sarkozy, qui s’exprimait lors d’un débat, dans le cadre de la 15ème     édition de la Cité de la Réussite à la Sorbonne, a souligné qu’il était de     son «devoir» de veiller à ce que les personnes qui ont accès aux pistes de     décollage et d’atterrissage «n’aient ni de près ni de loin de liens avec des     groupes extrémistes». 
      
 «La France, on     l’aime ou on la quitte»
 Cette position,     qui illustre toute l’ambiguïté du personnage, a laissé perplexe beaucoup de     Beurs et même des Français de souche. Car, dans un Etat de droit, les     institutions ne fonctionnent pas habituellement sur le mode de la     présomption de culpabilité. La position de Sarkozy n’a pas manqué de donner     crédit à la thèse défendue par ses critiques les plus virulents selon     laquelle ce dernier cultiverait le «racisme ordinaire» des Français pour     arriver à ses fins électorales. 
 Avec son parler     franc, qui choque et suscite la polémique, le candidat de l’UMP cherche, en     effet, à distiller des messages constants auprès de ses électeurs cibles:     ici ceux de l’extrême droite xénophobe ou ceux de la communauté juive     pro-israélienne, paradoxalement unis par une même haine pour les Arabes, les     Musulmans et les immigrés en général.
 Lors de     l’émission de TF, «100 questions à Sarkozy», le 5 février dernier, Sarkozy a     eu ce vif échange avec un interlocuteur, Jérôme Monod, qui l’a accusé de se     servir «des idées racistes pour arriver à (ses) fins» avec son slogan «La     France, on l’aime ou on la quitte». «Je n’ai jamais été raciste», s’est-il     défendu, tout en réaffirmant sa volonté de parler aux électeurs du Front     national. «Je suis le premier homme politique de droite à dire qu’il faut     une immigration choisie. Mais je dis aussi une chose avec la plus grande     force: personne n’est obligée d’habiter en France. Et quand on aime la     France, on la respecte», a-t-il ajouté. Et d’insister: «On respecte ses     règles, c’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision     sur ses filles, on n’égorge pas le mouton dans son appartement et respecte     les règles républicaines». 
 Ces phrases     n’ont pas manqué de choquer une jeune Franco-algérienne de Lille, Hayate     Adjadj, et, à travers elle, des millions de téléspectateurs au nord et au     sud de la Méditerranée. La jeune Lilloise a lancé au ministre de     l’Intérieur: «Les propos que vous venez de tenir sur les moutons ce sont des     propos racistes. Il y a des réglementations, il y a des abattoirs, on est     civilisés». Avant d’ajouter: «C’est honteux, je suis d’origine algérienne et     je suis musulmane et je me sens insultée, complètement». Réponse du     ministre-candidat: «Vous avez tort. D’abord pour moi, les Musulmans sont des     Français (…) Nous avons le droit, nous les Français, de dire pour notre     pays, comme les Américains le disent pour le leur, comme les Espagnols le     disent pour le leur, qui est le bienvenu sur notre territoire, qui n’est pas     le bienvenu». 
 Pendant quelques     instants, les téléspectateurs ont cru entendre Jean-Marie Le Pen, le leader     du Front national, ou l’autre islamophobe attitré et candidat à la     présidence Philippe de Villiers…
      
 Un homme «qui     n’aime pas beaucoup les musulmans»
 Dans un discours     à Toulon, deux jours plus tard, Sarkozy est revenu à la charge, comme pour     bien enfoncer le clou. «Ça ne peut plus durer la France qu’on regarde se     défaire en proclamant que l’on n’y peut rien», s’est-il exclamé. Avant de     distiller ses messages empoisonnés sur les immigrés qui «ne sont pas les     bienvenus sur le territoire de la République» s’ils n’en respectent pas     toutes les règles. Et de stigmatiser de nouveau ceux qui pratiquent     l’excision, le mariage forcé ou acceptent «la loi des grands frères»…     Confondant ainsi, volontairement ou non, une infime minorité avec tous les     Français d’origine étrangère ou les immigrés. 
 Après ses élans     exaltant la tolérance et encourageant «l’islam de France», à travers la     création, en 2002, du Conseil français du culte musulman (CFCM), les propos     musclés de Sarkozy sur l’immigration ne cessent de lui aliéner la sympathie     des Beurs et des Musulmans français. Ainsi, le 20 janvier, sur les 1 000     personnes musulmanes conviées au ministère de l’Intérieur pour le     «rassemblement des musulmans de France», à l’occasion de la célébration du     nouvel an de l’hégire, seules 250 ont fait le déplacement, dont les     ambassadeurs de quatre pays arabes Maroc, Tunisie, Algérie et Egypte. C’est     ce qui a fait dire à Fayçal Ménia, responsable UMP d’Aubervilliers, cité par     ‘‘Libération’’ du 26 février, que Sarkozy a aujourd’hui «l’image d’un homme     qui n’aime pas beaucoup les musulmans». 
 En disant cela,     Ménia a sans doute à l’esprit une autre position du candidat UMP qui a     beaucoup froissé les Musulmans. Dans sa recherche effrénée des voix de     l’extrême droite, Sarkozy, avait pris position, le 8 février, pour ‘‘Charlie     Hebdo’’ contre la Mosquée de Paris et l’UOIF, qui poursuivent le magazine     devant les tribunaux pour avoir publié les caricatures du Prophète de     l’islam. Conclusion de Fouad Alaoui, secrétaire général de l’UOIF, cité par     le même quotidien français: «L’électorat musulman ne compte pas de manière     significative dans sa campagne». Conséquence : «Un récent sondage IFOP     montre que la population musulmane se sent plus proche du PS (55 % des     intentions de vote) que de l’UMP (23,4 %)», ajoute ‘‘Libération’’.
  
     Sarko dans le texte 
 Vers une     immigration choisie: 
 «Il n’existe pas     de remède miracle mais des solutions pragmatiques. Les transferts de fonds     des immigrés africains à leurs pays d’origine atteignent des montants     considérables : 8,1 milliards de dollars en 2005 selon certaines     estimations. L’un des grands enjeux du dialogue entre l’Europe et l’Afrique     devrait porter sur les moyens de transformer cette épargne pour en faire un     outil du développement économique. Nous venons ainsi de créer en France,     dans le cadre de la loi relative à l’immigration et à l’intégration votée le     30 juin dernier, un produit d’épargne destiné à favoriser l’investissement     des migrants dans leur pays d’origine». (Interview au ‘‘Matin du Sahara     et du Maghreb’’, le 8 juillet 2006.) 
  
 – «Il faut     écarter une fois pour toutes les deux dogmes qui n’en finissent pas de     polluer le débat sur l’immigration. L’immigration zéro est un mythe     dangereux. Une Europe sans immigration est inconcevable pour des raisons     économiques et démographiques. Mais je n’accepte pas non plus le discours     extrémiste des partisans de l’immigration sans limite ! L’Europe ne peut pas     recevoir tous ceux qui voient en elle un Eldorado. L’ouverture générale des     frontières de l’Europe provoquerait, à terme, une déstabilisation politique     majeure du continent et le risque d’une arrivée au pouvoir de partis     extrémistes et xénophobes. L’Afrique en serait la première victime.»     (Même source) 
  
 – «Je ne suis     pas favorable à des opérations de régularisations globales d’étrangers sans     papiers, comme les gouvernements socialistes français les ont pratiquées en     1981, 1990 et 1997. Ces opérations sont dangereuses car elles exercent un     puissant effet d’appel d’air. Le migrant régularisé fait venir sa famille.     Il indique à ses amis, dans son village, que l’émigration vers l’Europe est     possible. Des filières se créent. Et, dans les pays d’origine, le signal est     bien reçu : la frontière est ouverte ! En revanche, je suis favorable à des     régularisations au cas par cas, fondée sur des motifs humanitaires comme le     prévoit la loi sur l’immigration et l’intégration.» (Même source)
  
 –      «L’expression immigration choisie a été parfois mal comprise ou caricaturée.     Il n’a jamais été question pour moi d’organiser une sélection unilatérale     des migrants sur la base de leurs diplômes. L’immigration, dans mon esprit,     doit être choisie par le pays de destination comme par le pays d’origine. La     nouvelle loi s’inspire de cette logique. A l’avenir, il nous faut préparer     les fondements d’une immigration organisée, régulée, maîtrisée dans le cadre     d’une concertation d’Etat à Etat. L’avenir est aux migrations de mobilité,     qui permettront aux migrants d’acquérir en Europe une formation, une     expérience professionnelle, et de la mettre ensuite au service du     développement de leur pays d’origine. La création d’une carte de séjour     (‘compétences et talents’’ dans la nouvelle loi française est emblématique     de cette volonté de faire des migrations une source d’enrichissement mutuel.    (Même source)
  
 Union de la     Méditerranée 
 Dans     son discours de Toulon, le 7 février, Sarkozy a défendu son projet «d’Union     de la Méditerranée», sorte de G8 régional incluant le Maghreb et plaidé pour     une «politique de civilisation» où nos «sociétés ouvertes retrouveront leur     capacité d’intégration et inventeront de nouvelles manières de vivre     ensemble». «C’est à la France de prendre l’initiative d’une Union     méditerranéenne, comme elle prit jadis l’initiative de construire l’Union     européenne», a-t-il déclaré. «Cette Union méditerranéenne aura vocation à     travailler étroitement avec l’Union européenne et aura vocation à avoir avec     elle des institutions communes. Elle pourrait s’organiser autour de     rencontres périodiques de ses chefs d’Etats et de gouvernement (…) et     aurait un Conseil de la Méditerranée.» C’est la Turquie, qui n’a pas     vocation à intégrer l’Union européenne, qui doit être «le pivot» de ce     nouveau «machin».
 Cette union, qui     serait l’un de ses objectifs prioritaires devrait «prendre en charge des     questions de lutte contre le terrorisme, la gestion concertée des     migrations, le développement économique et commercial et la promotion de     l’Etat de droit dans la région.»        
 Proche-Orient :    
 Le candidat de     l’UMP, qui n’a jamais cachée son amitié pour le peuple israélien, a déclaré,     lors d’une conférence de presse le 28 février à Paris, que l’attaque     israélienne contre le Liban, l’été dernier, avait été «disproportionnée».     Ceci, a-t-il précisé ne doit toutefois pas remettre en cause     l’indubitabilité d’un renforcement de la sécurité d’Israël, préalable à la     création d’un Etat palestinien souverain, renvoyant ainsi dos-à-dos     l’occupant et l’occupé, le bourreau et la victime… 
  
 Afrique :     tourner la page des complaisances 
 Lors d’un voyage     à Cotonou (Bénin) en mai 2006, le candidat UMP Nicolas Sarkozy avait prôné     la rupture dans la politique africaine de la France, plaidant pour «une     relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des     scories du passé et de ses obsolescences». Il avait souhaité «tourner la     page des complaisances, des officines, des secrets et des ambiguïtés».    
 Prenant ses     distances avec la «personnalisation» des relations franco-africaines, il     avait prôné un «dialogue franc et objectif» et «sur un pied d’égalité, entre     partenaires responsables». Une critique implicite des relations personnelles     nouées par Jacques Chirac avec plusieurs présidents africains.     Il avait également prévenu qu’il refuserait de «transiger» sur les valeurs     démocratiques: «il n’y a pas d’exception africaine, pas de prétendue     spécificité culturelle qui justifierait je ne sais quelle incompatibilité     entre l’Afrique et la démocratie». 
 Le 28 février,     devant quelque 250 journalistes de médias français et étrangers réunis dans     un hôtel parisien, le candidat de l’UMP est revenu sur le même sujet.  
 Après avoir     exprimé son souhait d’en finir avec la tradition du «domaine réservé», il a     ajouté: 
 «Il nous faut     les débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui     n’ont d’autres mandats que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement     normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les     circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut     définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des     ambiguïtés, notamment avec nos partenaires africains et arabes». Ainsi, «le     président de la République doit s’expliquer devant le Parlement et devant la     Nation sur les choix qu’il prend» (conférence de presse du 28 février).
  
 Les pays du Sud     ont le droit d’accéder au nucléaire civil 
 Le candidat UMP     a plaidé aussi pour une «approche plus doctrinale». «Notre politique     étrangère doit être guidée par des valeurs réaffirmées, et par des objectifs     clairs et hiérarchisés», a-t-il dit. Critiquant la position «irresponsable»     de son adversaire socialiste Ségolène Royal, qui souhaite interdire à l’Iran     le nucléaire civil, il a souhaité que les pays du Sud, et notamment     l’Algérie, accèdent à cette énergie. Il a proposé la création d’une «banque     mondiale du combustible nucléaire» pour «garantir aux pays émergents l’accès     aux bienfaits de l’énergie atomique sans risque de détournement militaire».     Il a exprimé son souhait de proposer à l’Algérie «avant d’autres Etats, de     l’aider à développer une capacité nucléaire civile en échange d’un     partenariat sur l’exploitation des champs gaziers» (conférence de presse     du 28 février).
  
 Promouvoir les     libertés et les droits de l’homme
 Sarkozy a     défendu l’idée que la défense des libertés et des droits de l’homme, qui ont     «une vocation universelle», seraient le fondement sur lequel il appuierait     sa politique internationale. La France ne peut pas «se taire» face à une     évolution «préoccupante» de la situation des droits de l’homme en Russie ou     aux violations de ces droits en Chine et ailleurs dans le monde. «Ceux qui     sont adeptes de la realpolitik ne sont pas si réalistes que cela. Ils     cantonnent l’action diplomatique à un effort pour ne rien changer à la     réalité du monde. La stabilité est leur mot d’ordre, l’immobilisme leur     obsession», a-t-il dit. Evoquant ensuite les pays d’Afrique du nord et plus     largement du monde arabe, il a affirmé que «le grand débat du monde     arabo-musulman est désormais la confrontation entre les régimes     démocratiques et modérés et les forces obscurantistes. Nous devons tout     faire pour conforter les régimes modérés» (conférence de presse du 28     février).
  
 L’aide au     développement au service de la bonne gouvernance         Sarkozy a précisé qu’il veillerait à ce que les critères de l’attribution de     l’aide au développement soient plus stricts. «Nous ne devons plus accepter     que l’aide au développement puisse devenir une prime à la mauvaise     gouvernance et aux régimes prédateurs, a-t-il déclaré. De même la corruption     doit cesser d’être regardée avec complaisance comme un mal inévitable. La     France devra donner la priorité à ceux des pays d’Afrique, et pas seulement     des pays francophones, qui respectent ces principes» (conférence de     presse du 28 février). 
  
     (Source :  « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 5 mars 2007)
 
 Sana Ben Achour :      
Pour une refondation de la gauche     démocratique
 
 Depuis plus d’un an une nouvelle alliance est     en train de se dessiner entre le Mouvement Ettajdid et des militants     indépendants issus de la gauche tunisienne.     Au moment où ce processus commence à prendre de l’ampleur, nous avons voulu     faire le point avec Sana Ben Achour, universitaire et figure de proue du     mouvement associatif tunisien et l’une des principales initiatrices de cette     nouvelle expérience unitaire de la gauche tunisienne.      Quel bilan faites-vous de cette démarche commune entre le Mouvement     Ettajdid et les indépendants de gauche ?
         Il est trop tôt pour faire un bilan. Nous comptons le faire collectivement     dans les semaines qui suivent. Je peux vous livrer cependant mes premières     impressions. A l’occasion des élections présidentielle et législatives de     2004, il y a eu une alliance autour du Mouvement Ettajdid avec un certain     nombre de personnalités indépendantes. L’objectif était de présenter un     véritable candidat de l’opposition à la présidentielle, en l’occurrence     Mohamed Ali Halouani.
         On a pensé, à l’époque, qu’il fallait marquer notre distance avec le pouvoir     tout en mettant à profit l’opportunité offerte par le système     constitutionnel. Cela a donné l’expérience de l’Initiative démocratique. Les     indépendants, dont je suis, ont pratiqué Ettajdid. Je peux dire aujourd’hui,     en toute honnêteté, que cela était positif. On a pu, ensemble, recréer     l’espoir. Ce processus a induit un rapport de confiance entre ce parti     politique et les indépendants. Mais après les élections de 2004 on a pris     conscience de l’aspect circonstanciel de ce partenariat. Les indépendants ne     pouvaient plus investir le monde associatif en le surdéterminant par des     objectifs politiques. Nous voulions engager une action politique organisée.     D’où l’idée de ce partenariat politique avec le parti Ettajdid.     Mais un certain nombre de ces indépendants, dont vous-même, se sont investis     dans ce que l’on a appelé le Mouvement du 18 octobre 2005 (la grève de la     faim initiée par un certain nombre de personnalités politiques et     associatives).
         Absolument. Pour moi il y a eu une accumulation qui a commencé avec la     présidentielle de 2004. On peut même remonter plus loin avec l’expérience     des « 150 » en 1989. On a été nombreux à soutenir la grève de la faim du 18     octobre, sauf que cela était une action ponctuelle. Après il y a eu une     décantation politique. Certains ont préféré continuer dans une sorte     d’alliance avec des sensibilités islamisantes. D’autres, dont moi-même, ont     soutenu la grève de la faim mais pas l’idée de ce type d’alliance. Je pense     qu’il est nécessaire d’inscrire l’action politique de l’opposition dans la     diversité et la pluralité. Il faut qu’on sorte définitivement de cette idée     de l’un et de l’unique.
         Les discussions et les contacts entre les militants et dirigeants d’Ettajdid     et les indépendants ne se sont jamais interrompus. On a convenu ensemble,     depuis près d’un an, qu’Ettajdid retardera son congrès afin qu’on élabore     ensemble un véritable élargissement de ce parti, d’où l’idée de faire un     congrès sous le mot d’ordre : un parti ouvert, pluraliste, progressiste et     démocratique.
 Est-ce que cela a débouché sur un programme politique ?
         Pas pour l’instant. Ce qui nous a intéressé dans cette démarche, nous les     indépendants, avec nos partenaires d’Ettajdid, c’est que l’on change la     manière de faire…
 Cela veut dire quoi exactement ?
         On ne peut pas aller directement à la tenue du congrès, à la mise en place     d’une plate-forme et à l’élaboration d’un programme. Il faut au préalable     informer les gens de cette idée et les écouter. On veut rassembler et non     embrigader. Pour nous il est fondamental que ce parti ait un ancrage social     sérieux. Les coquilles vides ne nous intéressent pas. Beaucoup de militants     démocrates ont connu des expériences malheureuses et décevantes. Résultat :     ils ont abandonné le champ politique. Notre démarche tend à leur redonner     espoir.
 Quel est le nombre des indépendants qui se sont intéressés à votre     démarche ?
         Quelques centaines. Mais on ne s’est pas contenté de Tunis. On a étendu     cette dynamique à l’intérieur du pays. On a alterné entre rencontres     publiques et privées, selon la disponibilité des espaces publics.     L’encourageant, dans tout cela, est que les personnes, sceptiques au départ,     se sont rapprochées de nous, même si elles n’ont pas encore envie de     s’impliquer immédiatement dans cette action.          Comment le prochain congrès d’Ettajdid va-t-il intégrer concrètement     ce partenariat ?
         On a mis en place une commission, au mois de septembre 2006, pour préparer     le contenu intellectuel et politique de la grande conférence qu’on a     organisée les 17 et 18 février 2007. Cette commission est une étape     intermédiaire entre les premières discussions d’il y a un an et le congrès.
         Cette commission a produit trois textes :
         —les fondements intellectuels et politiques du projet,     —l’aspect organisationnel du parti,     —le partenariat avec Ettajdid pour la préparation du congrès.     Ces textes sont proposés à la discussion afin qu’on puisse dégager une     synthèse.
 Qui vous fait croire que ce qui a échoué hier va réussir aujourd’hui     ?
         Je suis optimiste tout en étant lucide. On a pu rassembler un nombre     relativement important de militants indépendants qui fondent leurs espoirs     sur ce projet. Nous avons tous l’ambition de créer un véritable pôle     politique moderne. Je pensais qu’on pouvait rassembler des milliers de     militants pour la conférence du 17 février, or je me rends compte qu’il y a     encore beaucoup de sceptiques. Ce que nous faisons aujourd’hui est important,     mais le plus important et le plus difficile reste à venir.
 Comment allez-vous préparer ce congrès ?
         Dans un partenariat total entre le Mouvement Ettajdid et les militants     indépendants. Il faut savoir que le congrès sera ouvert à tous ceux qui se     sentent concernés par ce projet. Il y aura une commission large et mixte de     préparation du congrès. Ettajdid désignera, selon ses structures, ses     représentants dans cette commission. Quant aux indépendants, il y a aura     encore deux réunions de discussions sur le projet et les manières de le     concrétiser, ensuite nous désignerons nos représentants soit par consensus,     ce qui serait la meilleure solution pour garantir la représentation de     toutes les sensibilités, soit en passant par voie élective.
         Cette commission mixte comprend quarante membres. Elle sera l’organe     délibérant qui jouit de toutes les attributions pour l’organisation du     congrès. Il est prévu aussi qu’un comité exécutif, toujours paritaire, émane     de cette commission afin d’assumer le suivi des travaux préparatoires pour     la tenue du congrès.
 Est-ce que la date du congrès a été fixée ?
         Pas encore. Mais il semble qu’il y a un large consensus sur la date du 25     juillet 2007, qui marquera le cinquantième anniversaire de la proclamation     de la République.
 Quelle est l’identité de ce parti en gestation ?
         On se veut un mouvement progressiste et démocratique. Le progressisme se     veut économique, social et culturel…
 C’est-à-dire que vous êtes contre l’économie de marché ?
         Je pense qu’on est tous pour l’économie de marché, probablement pas de la     même manière. Personne ne croit plus au communisme ou au socialisme des     années 1950. Par contre, nous croyons au service public et à la solidarité     sociale.
 Vous vous sentez proche de la social-démocratie ?
         Absolument. Si la mondialisation et l’économie de marché peuvent apporter à     un pays de la richesse et du confort matériel, elles aggravent aussi les     inégalités sociales. C’est pourquoi il faut que l’Etat puisse jouer son rôle     de régulateur. A côté de cela nous sommes pour le progressisme social,     c’est-à-dire l’égalité entre les sexes, l’égalité des chances… Le principe     d’égalité est affirmé dans toutes ses déclinaisons. Enfin le progressisme     culturel.
 C’est-à-dire…
         Nous sommes pour une vision non religieuse du politique.
 Laïque ?
         Oui. Seulement ce mot dérange un peu dans notre pays. Les gens ont     l’impression que la laïcité veut dire déracinement culturel. Pour nous la     laïcité ne concerne que le domaine politique. On ne peut pas faire rentrer     dans le politique des considérations d’ordre religieux. La démocratie est     une affaire de délibération terrestre.
 Est-ce que vous allez afficher clairement le choix de la laïcité ?
         C’est à voir. On utilisera peut-être les concepts tels que la séparation     entre le religieux et le politique, le droit positif, le rationalisme… On     est dans le monde de la communication et on n’a pas le droit de faire peur     aux gens.     On est en train de construire une troisième voie. Comment afficher notre     opposition au pouvoir tout en affirmant notre différence avec le Mouvement     du 18 octobre. On est, en quelque sorte, entre le 7 Novembre et le 18     octobre.
         En d’autres termes ce n’est pas parce qu’on a peur des islamistes qu’on va     se jeter dans les bras du pouvoir ou parce qu’on veut s’opposer au pouvoir     qu’on va se jeter dans les bras des islamistes. La Tunisie a une histoire     riche. Nous sommes les enfants du Code du Statut Personnel et cela n’est pas     peu.     Nous ne participons pas à cette nouvelle initiative seulement pour témoigner.     Nous avons l’ambition de transformer les rapports de forces dans notre     société.
 Justement, on vous reproche de réunir les quinquagénaires et plus,     alors que la jeunesse est absente de vos débats…
         Je constate cela avec beaucoup d’amertume. Comment voulez-vous que la     jeunesse nous connaisse, alors que j’ai milité toute ma vie dans mon pays et     personne ne m’a jamais vue à la télévision nationale. Et ce n’est pas     uniquement mon cas. Mais je suis optimiste. Il y a des petits groupes de     jeunes qui commencent à s’intéresser à ce que nous faisons.
         Je voudrais insister ici sur le fait qu’il est faux de prétendre que la     jeunesse tunisienne se désintéresse de la chose publique. La jeunesse est     partout : dans la création artistique, dans les associations culturelles…     Peut-être que nous ne savons pas lui parler. Notre objectif premier, après     le congrès de l’été, est d’aller à sa rencontre, de l’écouter et de changer,     pourquoi pas, notre manière de lui parler.
 Est-ce que le Mouvement Ettajdid changera de nom pour exprimer ce     renouveau !
         Cela se discute. L’essentiel est que nous changions nos modes d’actions et     que nous devenions un véritable rassemblement démocratique qui pèse sur les     choix fondamentaux de la société tunisienne.          Zyed Krichen     (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1105 du 1er mars     2007)