31 mars 2008

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TUNISNEWS
 8 Úme année, N°  2868 du 31.03.2008
 archives : www.tunisnews.net

 


AISPP:  ProcÚs des 27 et 29 mars 2008 Luiza Toscane: Sameh Harakati battue quotidiennement

AFP: Otages autrichiens: nouvelles exigences des ravisseurs (radio) Tunisia Watch:  LibĂ©ration conditionnelle de L’humoriste HĂ©di Ouled Baballah Le Temps Lundi:  Tarak ChĂąbouni « Il faut remĂ©dier Ă  la situation de l’aprĂšs-congrĂšs » AFP: Turquie: le procĂšs d’interdiction contre le parti au pouvoir est lancĂ© AFP: France: victoire de travailleurs agricoles maghrĂ©bins devant la justice Reuters: Turquie – La plainte contre l’AKP jugĂ©e recevable AFP: Turquie: les principales accusations contre le parti au pouvoir AKP AFP: Le jeĂ»ne protĂšge les cellules saines des souris contre la chimiothĂ©rapie Jean-Claude Lefort: Affaire Guigue : du devoir de rĂ©serve au droit rĂ©servé 

 


 

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr

Tunis, le 29 mars 2008

La quatriĂšme chambre criminelle du Tribunal de PremiĂšre Instance de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Mehrez Hammami, a examinĂ©, aujourd’hui, samedi 29 mars :

* L’affaire n°15041 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s Mounir Ouchtati, Zyed Maamouri, Mohammed Atoui, Ramzi Romdhani, Safouane Laamouri (en Ă©tat d’arrestation), Karim Arfaoui, Chedli Lamouchi, Choukri Boughdiri, Sami Lhouimli (en libertĂ©) ainsi que Yassine Ferchichi, Riadh Barhoumi, Sami Essid, KaĂŻs Melliti, Safouane Ayari, Ridha Yahyaoui (en fuite), accusĂ©s d’appel Ă  commettre des infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, d’adhĂ©sion Ă  une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de rĂ©aliser ses objectifs, d’adhĂ©sion sur le territoire de la RĂ©publique et Ă  l’étranger Ă  une organisation terroriste et d’utilisation du territoire de la RĂ©publique pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire et Ă  l’étranger, de mise Ă  disposition d’un local de rĂ©union, d’hĂ©bergement de membres de l’entente et de personnes en rapport avec les infractions terroristes, d’adhĂ©sion hors du territoire de la RĂ©publique Ă  une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de rĂ©aliser ses objectifs, d’entraĂźnements militaires hors du territoire de la RĂ©publique en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire et Ă  l’étranger. MaĂźtres Anouar Aouled Ali, Samir Ben Amor et Choukri BelaĂŻd se sont prĂ©sentĂ©s pour assurer leur dĂ©fense. A l’issue des plaidoiries, le juge a dĂ©cidĂ© de lever la sĂ©ance pour le dĂ©libĂ©rĂ© [
]

* la treiziĂšme chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Tahar Yafreni, a examinĂ© aujourd’hui, samedi 29 mars 2008 :

* l’affaire n°10901 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s Achraf Tounsi (accusĂ© d’adhĂ©sion sur le territoire de la RĂ©publique une organisation terroriste ayant fait du terrorisme un moyen de rĂ©aliser ses objectifs, de fourniture d’explosifs Ă  une organisation en rapport avec les infractions terroristes) et Mehdi BerraĂŻes (accusĂ© de ne pas avoir rĂ©vĂ©lĂ© aux autoritĂ©s concernĂ©es les faits et les renseignements qu’il avait Ă  propos de la commission d’une infraction terroriste). MaĂźtres Samir Dilou a plaidĂ© pour eux. La deuxiĂšme chambre criminelle du Tribunal de PremiĂšre Instance de Tunis les avait condamnĂ©s le 6 dĂ©cembre 2007 Ă  une peine d’un an d’emprisonnement pour Mehdi BerraĂŻes, et Ă  une peine de dix ans d’emprisonnement pour Achraf Tounsi, et tous les deux avaient Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  une peine de contrĂŽle administratif de cinq ans. Le juge a dĂ©cidĂ© Ă  l’issue des dĂ©libĂ©rations de confirmer le jugement en premiĂšre instance pour Mehdi et de commuer la peine d’Achraf en une peine de huit ans.

*L’affaire n°15127 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s Jamel Kadri, Bilal Jelali, Tahar Assi, Monaem Rabhi, Hichem Manafiki, Mohammed SghaĂŻer Omri, Maher Omri, Riadh Omri, Ramzi Bekkari, JounaĂŻdi Rabhi, Tahar Zouidi, Riadh Zouidi et Sami Robaoui, en vertu de la loi du 10 dĂ©cembre 2003 « anti terroriste ». MaĂźtres Rafia Mdini, SaĂŻda Akrami et Samir Ben Amor se sont prĂ©sentĂ©s pour assurer leur dĂ©fense. Le juge a dĂ©cidĂ© d’examiner les demandes de mises en libertĂ© et de fixer la date de la prochaine audience Ă  l’issue des dĂ©libĂ©rations.

* la deuxiÚme chambre criminelle du Tribunal de PremiÚre instance de Tunis, présidée par le juge Abderrazak Ben Mena, avait examiné jeudi 27 mars :

* l’affaire n°14877 [
]. Le juge a dĂ©cidĂ© Ă  l’issue des dĂ©libĂ©rations de refuser les demandes de mises en libertĂ© et de repousser l’examen de l’affaire au 17 avril 2008.

* l’affaire n 15127 [
]. Le juge a dĂ©cidĂ© Ă  l’issue des dĂ©libĂ©rations de refuser les demandes de mise en libertĂ© et de repousser l’examen de l’affaire au 24 avril 2008.

* La cinquiĂšme chambre criminelle du Tribunal de PremiĂšre Instance de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Touhami Elhafi, a examinĂ© le jeudi 27 mars 2008 l’affaire n°15169 [
] le juge a dĂ©cidĂ© de reporter l’examen de l’affaire au 10 avril 2008.

*la douziĂšme chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Ridha Derouiche a examinĂ© le 27 mars 2008 l’affaire n°10619 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s Mohammed Amine LatrĂšche, Tarek Issa, Chedli Mahjoub, Mohammed Ouassim Belhajj, Ghassen Bouamrine et Nizar Razgallah, accusĂ©s d’adhĂ©sion Ă  une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrĂ©tiser ses objectifs, de collecte de fonds destinĂ©s Ă  financer une organisation en rapport avec les infractions terroristes. Ils avaient Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  cinq ans d’emprisonnement en premiĂšre instance. [
] A l’issue des dĂ©libĂ©rations, le juge Ă  dĂ©cider des commuer les peines de cinq ans en peines de trois ans et de supprimer les peines de contrĂŽle administratif ainsi que les amendes.

Pour la commission de suivi des procĂšs

Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Association

MaĂźtre Samir Dilou

(traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)


Sameh Harakati battue quotidiennement

 

 

Lors de la visite que lui a rendue sa famille aujourd’hui lundi 31 mars, Sameh Harakati, prisonniĂšre de droit commun incarcĂ©rĂ©e Ă  la prison pour femmes de la Mannouba, s’est prĂ©sentĂ©e au parloir dans un Ă©tat lamentable, yeux tumĂ©fiĂ©s, bleus aux bras. Elle a dit ĂȘtre battue quotidiennement depuis deux semaines par des co dĂ©tenues, sur instigation de Moufida Dalleffi, lieutenant et sous directrice de la prison. Le courrier que lui envoie de façon rĂ©guliĂšre son mari, Farid Ben Taieb, ne lui parvient plus depuis trois semaines, tout comme le mandat que ce dernier lui a envoyĂ© ce mois-ci depuis la France. Pour rappel, Sameh Harakati, ĂągĂ©e de vingt ans, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e le 6 novembre 2006 Ă  Tunis et Ă©crouĂ©e. Le tribunal de premiĂšre instance de Tunis l’a condamnĂ©e le 19 novembre 2007 Ă  une peine de onze ans d’emprisonnement. Son procĂšs en appel, prĂ©vu pour le 15 mars dernier, a Ă©tĂ© reportĂ© au 18 avril prochain. Luiza Toscane


Association Tunisienne des femmes democrates  Invitation  

 

L’Association Tunisienne des Femmes DĂ©mocrates a le plaisir de vous inviter Ă  la rencontre dĂ©bat qu’elle organise autour du livre de Wassila Tamzali paru aux Editions Gallimard en 2007: «Une Ă©ducation algĂ©rienne» De la rĂ©volution aux dĂ©cennies noires Il sera prĂ©sentĂ© par Latifa Lakhdar et Lotfi Madani le vendredi 4 avril 2008 Ă  17h au siĂšge de l’association. P. Le ComitĂ© Directeur La PrĂ©sidente KhĂ©dija ChĂ©rif


Otages autrichiens: nouvelles exigences des ravisseurs (radio)

AFP:  31.03.08 | 17h35 Les ravisseurs de deux Autrichiens enlevĂ©s le 22 fĂ©vrier par la branche d’Al-QaĂŻda au Maghreb ont formulĂ© des exigences supplĂ©mentaires en Ă©change de leur libĂ©ration, selon une information, non confirmĂ©e officiellement, de la radio publique autrichienne ORF lundi. Selon l’ORF, les ravisseurs exigeraient dĂ©sormais le retrait des quatre soldats autrichiens dĂ©ployĂ©s dans le cadre de la force de l’Otan en Afghanistan (Isaf), ainsi que la libĂ©ration d’un couple d’islamiste condamnĂ©s Ă  Vienne pour avoir diffusĂ© sur internet une vidĂ©o menaçant l’Autriche et l’Allemagne d’attentats.      Toujours selon cette source, les ravisseurs auraient Ă©galement augmentĂ© leur demande de rançon, pour laquelle la somme de cinq millions d’euros avait jusqu’Ă  prĂ©sent Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e par la presse. Le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres autrichien a refusĂ© de commenter ces information, son porte-parole, Peter Launsky-Tieffenthal, Ă©voquant des raisons de sĂ©curitĂ© des otages. Officiellement, les ravisseurs se sont jusqu’Ă  prĂ©sent bornĂ©s Ă  rĂ©clamer la libĂ©ration d’islamistes dĂ©tenus en AlgĂ©rie et en Tunisie. Dans une interview parue dans le quotidien autrichien Der Standard lundi, l’Ă©missaire spĂ©cial de Vienne au Mali pour la libĂ©ration des otages, Anton Prohaska, a rĂ©affirmĂ© que l’ultimatum des ravisseurs Ă©tait “fondamentalement politique” et ne reposait pas sur le versement d’une rançon. Vienne travaille “d’arrache-pied” Ă  la libĂ©ration des deux otages, Andrea Kloiber, 44 ans, et Wolfgang Ebner, 51 ans, a soulignĂ© M. Prohaska depuis Bamako, oĂč il avait Ă©tĂ© dĂ©pĂȘchĂ© Ă  la mi-mars. Les ravisseurs et leurs otages se trouveraient dans le nord du Mali mais Bamako n’a jamais confirmĂ© officiellement leur prĂ©sence. Al-QaĂŻda au Maghreb a prolongĂ© jusqu’au 6 avril son ultimatum, qui avait prĂ©cĂ©demment expirĂ© le 23 mars. Le 12 mars, un tribunal de Vienne avait condamnĂ© Ă  quatre ans et Ă  22 mois de prison ferme un islamiste autrichien d’origine Ă©gyptienne et sa femme, qui avaient diffusĂ© en mars 2007 une vidĂ©o d’Al-QaĂŻda menaçant l’Allemagne et l’Autriche d’attentats s’ils ne retiraient pas leurs troupes d’Afghanistan.


 

 LibĂ©ration conditionnelle de L’humoriste HĂ©di Ouled Baballah

 

L’humoriste  HĂ©di Ouled Baballah condamnĂ© le 4 fĂ©vrier dernier Ă  «un an de prison et une amende de mille dinars» pour «dĂ©tention d’une matiĂšre stupĂ©fiante» aprĂšs avoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© sur l’autoroute reliant Tunis Ă  Hammamet pour un contrĂŽle de «routine» aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une mesure de libĂ©ration conditionnelle Ă  l’occasion des fĂȘtes de commĂ©moration du 52Ăšme anniversaire de l’indĂ©pendance le 20 mars dernier d’aprĂšs Qudspress.

 

L’arrestation de l’humoriste qui est intervenue aprĂšs la circulation sur internet d’un enregistrement dune fĂȘte qu’il a animĂ© quelques jours auparavant Ă  Sfax et dans laquelle il imitait la voix du prĂ©sident Ben Ali, ce qui Ă  laissĂ© croire Ă  une mesure de rĂ©torsion dĂ©guisĂ©e. Ces soupçons se sont confortĂ©s surtout lorsqu’on a appris qu’une autre affaire de trafic de fausse monnaie Ă©tait aussi en cours d’instruction contre lui.

 

AprĂšs la confirmation par la cour d’appel de la peine prononcĂ©e en premier degrĂ© des proches de l’humoriste ont rĂ©vĂ©lĂ© qu’il n’entendait pas faire de recours en cassation contre le jugement alors que d’aprĂšs d’autres sources on apprenait que l’instruction concernant la seconde affaire serait abandonnĂ©e. Ainsi l’annonce de sa libĂ©ration intervient comme un correction de tir dans la stratĂ©gie de rĂ©pression qui Ă  Ă©tĂ© adoptĂ©e au dĂ©but contre lui.

 

Cette affaire qui vient confirmer les soupçons de machination politico-judiciaire au lieu de les taire, remet en lumiĂšre une autre fois de plus la pendante question sur l’indĂ©pendance de la justice en Tunisie face aux abus d’influence du pouvoir sur le cours de certains procĂšs pour faire taire et punir certains dissidents et opposants dont le manque de garantie de leurs procĂšs avait Ă©tĂ© largement dĂ©noncĂ© Ă  l’intĂ©rieur comme par les ONG internationaux.

 

(Source: « Tunisia Watch », le blog de Mokhtar Yahyaoui, le 31 mars 2008)

Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org/


Cérémonie de mariage collectif

 

L’Association tunisienne d’intĂ©gration familiale et sociale a organisĂ©, une cĂ©rĂ©monie de mariage collectif pour 15 couples aux besoins spĂ©cifiques au centre culturel et sportif d’El Menzah 6, Ă  Tunis.

 

 Cette initiative est une tradition de solidaritĂ© que l’Association organise, annuellement, et ce, depuis 8 ans dĂ©jĂ , avec une moyenne de 2O mariages par an. Elle vise Ă  venir en aide Ă  des jeunes aux besoins spĂ©cifiques en quĂȘte de stabilitĂ© familiale.

 

Cette cĂ©rĂ©monie de mariage a Ă©tĂ© marquĂ©e par une forte prĂ©sence des proches et membres des familles des mariĂ©s. Plusieurs chanteurs se sont relayĂ©s pour interprĂ©ter des chansons tunisiennes et orientales au grand bonheur d’une prĂ©sence galvanisĂ©e.

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 31 mars 2008)


 

Ettajdid et le retour des mécontents: Tarak Chùbouni membre du Comité Politique

« Il faut remĂ©dier Ă  la situation de l’aprĂšs-congrĂšs »

 

La situation du Mouvement Ettajdid a constituĂ© une commission pour contacter et discuter avec les « mĂ©contents » qui ont boycottĂ© les travaux du congrĂšs unificateur entre les militants du parti des indĂ©pendants qui s’est tenu les 27, 28 et 29 juillet 2007.

 

L’objectif est de les rĂ©intĂ©grer dans les structures du Mouvement et de constituer ainsi un pĂŽle dĂ©mocratique et progressiste surtout Ă  l’approche des Ă©chĂ©ances Ă©lectorales 2009.

 

Notre invitĂ© aujourd’hui est Tarak ChĂąabouni, membre du ComitĂ© Politique d’Ettajdid. Il a commencĂ© par adhĂ©rer en 1976 au Parti Communiste Tunisien (PCT) et depuis 1993 il occupe le poste de membre de la direction d’Ettajdid. Il nous parle du congrĂšs du parti, de la rĂ©intĂ©gration des mĂ©contents et d’autres questions. A noter un « lĂ©ger paradoxe », il est pratiquement le seul Ă  adhĂ©rer jeune au PCT et puis Ă  Ettajdid (de gauche) tout en Ă©tant dirigeant d’un groupe de sociĂ©tĂ©s de logement. Interview.

 

 

Le Temps : Huit mois aprĂšs le CongrĂšs « unificateur » d’Ettajdid, quelle apprĂ©ciation  en donnez-vous ?

 

Tarak ChaĂąbouni : Personnellement, j’ai ressenti ce CongrĂšs  comme une « Occasion perdue », encore une dans le long parcours des diffĂ©rentes organisations de la Gauche et de toutes les composantes militantes syndicales, associatives qui constituent le Mouvements DĂ©mocratique. Nous  avons  Ă©tĂ© incapables d’offrir l’instrument fĂ©dĂ©rateur et multiplicateur pour fructifier les  luttes et les sacrifices de plusieurs dĂ©cennies.

 

– Si  votre apprĂ©ciation de ce CongrĂšs est si nĂ©gative , comment pensez-vous y remĂ©dier ? Et dans quel cadre situez-vous la constitution par le ComitĂ© Politique d’Ettajdid d’un comitĂ© de contact avec «  les mĂ©contents » ?

 

– Rappelons tout d’abord qu’un groupe de membres du ComitĂ© Politique et du Conseil Central a lancĂ© en Septembre dernier un appel Ă  une rĂ©vision profonde des rapports instaurĂ©s aprĂšs le CongrĂšs et demandĂ© la constitution « d’une commission aux larges prĂ©rogatives » pour remĂ©dier Ă  la situation de l’aprĂšs – CongrĂšs. Je constate que cet appel a fini par ĂȘtre entendu et mieux vaut tard que jamais. Ce ComitĂ© doit accomplir sa tĂąche loyalement, en abordant franchement les questions les plus Ă©pineuses et sans interfĂ©rences ou intentions de blocage ou de faux dĂ©bats. Aucune question ne doit ĂȘtre Ă©ludĂ©e y compris la composition des organes dirigeants qui pourrait ĂȘtre rĂ©visĂ©e non pour renverser des « majoritĂ© » mais pour intĂ©grer des capacitĂ©s. Les amis «  mĂ©contents » qui ne sont devenus tels (des amis) ! que lors de notre extraordinaire aventure de « l’Initiative DĂ©mocratique » constituĂ©e avant les Elections de 2004, ne doivent pas devenir des « conseillers » ou des « invitĂ©s ».

 

Toutefois, on doit impĂ©rativement renoncer Ă  toute manƓuvre de dĂ©stabilisation ou de dĂ©moralisation du noyau actuel constituĂ© des Organes dirigeants et des Organisations de base du Mouvement Ettajdid car on ne bĂątit rien sur l’Ă©chec.

 

 

Par delĂ  les questions internes Ă  votre Mouvement, quelles prĂ©occupations portez-vous pour les Ă©chĂ©ances politiques futures (Elections de 2009, situation Economique et sociale, dĂ©fis de l’Emploi) ?

 

Une prĂ©occupation majeure qui dĂ©passe et englobe tous les Ă©lĂ©ments dont nous avons discutĂ© est de voir les prochaines Ă©chĂ©ances politiques se polariser autour des personnes en oubliant les programmes dans une polarisation trompeuse et nuisible entre l’immobilisme et l’auto -glorification du Pouvoir dominant et une alternative trompeuse qui ne serait que le porte-voix des forces rĂ©trogrades. Cette confrontation, qui a dĂ©jĂ  eu lieu et qui a vu dans les annĂ©es 90, le pays Ă©chapper au danger intĂ©griste, ne conduira pas notre pays dans la voie du progrĂšs dĂ©mocratique.

 

 C’est pourquoi le renforcement des partis lĂ©gaux quelque soit leur positionnement actuel, la convergence des partis et des personnalitĂ©s de diffĂ©rents horizons autour d’une plate-forme dĂ©mocratique et progressiste me paraissent des Ă©lĂ©ments  fondamentaux, irremplaçable. La constitution d’un pĂŽle dĂ©mocratique large est la seule voie pour avancer vers une dĂ©mocratisation nĂ©cessaire et longtemps attendue par tous les Tunisiens.  Je veux voir ce pĂŽle se renforcer et ranimer   l’espoir dans cette conjoncture Ă©conomique et sociale mouvementĂ©e inquiĂ©tante  pour une large fraction de la population englobant les couches populaires et moyennes prĂ©occupĂ©es pour le prĂ©sent par le coĂ»t de  la vie et pour l’avenir par  des questions essentielles telles que l’avenir des jeunes, leur insertion dans la vie professionnelle  et le  sort des rĂ©gions intĂ©rieures.

 

– Que pensez-vous de la proposition de loi pour les Ă©lections prĂ©sidentielles de 2009 annoncĂ©es dans le discours du Chef de l’Etat Ă  l’occasion des fĂȘtes de l’IndĂ©pendance et de la Jeunesse ?

 

– Une lecture d’une proposition dĂ©taillĂ©e permettra un jugement plus approfondi. NĂ©anmoins, je note que cette loi « provisoire » tĂ©moigne indirectement de l’inadĂ©quation du texte « permanent » dont les dispositions draconiennes conduisent Ă  une candidature unique. Les artifices inventĂ©s Ă  chaque Ă©chĂ©ance Ă©lectorale et Ă  la discrĂ©tion du Pouvoir ExĂ©cutif sans une consultation large qui serait  nĂ©cessaire dans une question constitutionnelle, soulignent « l’inapplicabilitĂ© » de cette loi qui n’a nullement conduit Ă  des Ă©lections libres et rĂ©ellement compĂ©titives. Toutefois, je souligne que  ce projet Ă©largit le cercle des partis autorisĂ©s Ă  prĂ©senter un candidat aux prĂ©sidentielles Ă  tous les partis lĂ©gaux ce qui correspond  aux positions exprimĂ©es Ă  maintes reprises Ă  travers nos dĂ©clarations  politiques, notre Presse ou du haut de la Tribune de la Chambre des DĂ©putĂ©s .

 

Recueillis par Najib Sassi

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 31 mars 2008)


France: victoire de travailleurs agricoles maghrébins devant la justice

 

AFP, le 31 mars 2008 Ă  16h25

 

MARSEILLE (France), 31 mars 2008 (AFP) – La justice française a ordonnĂ© aux autoritĂ©s administratives de dĂ©livrer une autorisation provisoire de sĂ©jour Ă  23 travailleurs agricoles Ă©trangers, en majoritĂ© maghrĂ©bins, employĂ©s pour certains depuis 25 ans en France, selon les jugements en rĂ©fĂ©rĂ© obtenus lundi.

La prĂ©fecture des Bouches-du-RhĂŽne (sud-est) avait refusĂ© d’accorder ces cartes de sĂ©jour Ă  ces travailleurs agricoles, arguant qu’ils n’Ă©taient que des saisonniers et devaient donc regagner leur pays, le Maroc et la Tunisie pour la plupart d’entre eux.

Les plaignants soutenus par plusieurs associations affirment au contraire qu’ils sont de fait des “travailleurs permanents”.

Le tribunal administratif de Marseille souligne dans ses ordonnances en rĂ©fĂ©rĂ© (procĂ©dure d’urgence) que les activitĂ©s exercĂ©es par ces salariĂ©s agricoles n’Ă©taient pas saisonniĂšres, malgrĂ© leurs contrats.

Il relĂšve que les contrats de six mois ont “Ă©tĂ© de maniĂšre systĂ©matique portĂ©s Ă  huit mois” et considĂšre ainsi que le refus de titre de sĂ©jour et de travail opposĂ© Ă  ces personnes “qui travaillaient la majeure partie de l’annĂ©e en France constitue une “discrimination” et les met “dans une situation d’extrĂȘme prĂ©caritĂ©”, justifiant l’ordonnance de mesures d’urgence.

Le prĂ©fet des Bouches-du-RhĂŽne devra donc dĂ©livrer Ă  ces 23 personnes une autorisation provisoire de sĂ©jour et de travail jusqu’Ă  la dĂ©cision sur le fond. Aucune date n’est encore fixĂ©e pour celle-ci.

 

 


Turquie: le procĂšs d’interdiction contre le parti au pouvoir est lancĂ©

AFP, le 31 mars 2008 Ă  15h09

Par Burak AKINCI

 

ANKARA, 31 mars 2008 (AFP) – La Cour constitutionnelle a donnĂ© suite lundi Ă  une requĂȘte visant Ă  obtenir l’interdiction du Parti de la justice et du dĂ©veloppement (AKP), au pouvoir, une procĂ©dure qui pourrait menacer la stabilitĂ© politique et les aspirations europĂ©ennes de la Turquie.

La plus haute instance judiciaire du pays a jugĂ© recevable le recours dĂ©posĂ© le 14 mars par le procureur en chef de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalçinkaya, qui estime que l’AKP, qui gouverne depuis 2002, menace les fondements laĂŻques de la rĂ©publique turque.

Le vice-prĂ©sident de la Cour constitutionnelle Osman PaksĂŒt a dĂ©clarĂ© devant une myriade de camĂ©ras, au terme d’une rĂ©union, que la dĂ©cision avait Ă©tĂ© prise Ă  l’unanimitĂ© des 11 juges.

Une majoritĂ© des juges a par ailleurs dĂ©cidĂ© d’inclure dans le procĂšs le chef de l’Etat Abdullah GĂŒl, un ancien cadre de l’AKP, a dit M. PaksĂŒt, sans donner d’autres dĂ©tails.

Cette dĂ©cision lance formellement le procĂšs Ă  l’encontre de l’AKP, créé en 2001 sur les cendres de partis islamistes dissous pour les mĂȘmes motifs.

Dans son rĂ©quisitoire, le procureur a rĂ©clamĂ© cinq annĂ©es d’interdiction de toute activitĂ© politique Ă  l’encontre de 71 responsables de l’AKP, dont M. GĂŒl et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Le parti rĂ©fute ces accusations et affirme que la plainte rĂ©pond Ă  des motivations politiques. L’AKP, qui a Ă©tĂ© confortablement réélu lors des derniĂšres Ă©lections lĂ©gislatives en juillet 2007, affirme avoir rompu avec l’islam politique et se dĂ©finit comme un parti “dĂ©mocrate conservateur”.

Les milieux pro-laĂŻcitĂ©, trĂšs influents au sein de l’armĂ©e, de la magistrature et de certaines administrations, l’accusent nĂ©anmoins de vouloir islamiser la Turquie, Ă  la population officiellement Ă  99% musulmane mais au rĂ©gime strictement laĂŻc.

La cour va maintenant se pencher sur le fond du dossier. L’AKP dispose d’un dĂ©lai d’un mois, extensible, pour prĂ©senter sa dĂ©fense.

Un verdict devrait prendre plusieurs mois. M. Yalçinkaya accuse en outre l’AKP d’ĂȘtre devenu un “foyer d’activitĂ©s allant Ă  l’encontre de la laĂŻcitĂ©”. Son initiative a alimentĂ© les tensions entre les dĂ©fenseurs de la laĂŻcitĂ© et les partisans du gouvernement, favorables Ă  davantage de libertĂ©s religieuses.

Le procureur cite aussi dans son recours la rĂ©cente libĂ©ralisation du voile islamique Ă  l’UniversitĂ©, dont l’application est toujours suspendue Ă  une dĂ©cision de la justice, et rappelle aussi la tentative d’interdire l’alcool dans certains quartiers ou ‘invocation des “oulĂ©mas” pour trancher des questions de sociĂ©tĂ©.

Cette procĂ©dure insolite contre un parti au pouvoir en Turquie – mĂȘme si une vingtaine de partis ont Ă©tĂ© interdits depuis les annĂ©es 1960 – pourrait menacer la stabilitĂ© politique du pays et perturber

ses nĂ©gociations d’adhĂ©sion Ă  l’Union europĂ©enne, qui n’avancent qu’au ralenti depuis leur ouverture en octobre 2005.

La Commission europĂ©enne a appelĂ© samedi la justice turque Ă  prendre en compte “l’intĂ©rĂȘt Ă  long terme” du pays.

“J’espĂšre que les juges de la Cour constitutionnelle prendront en compte l’intĂ©rĂȘt Ă  long terme de la Turquie”, qui est “d’ĂȘtre une dĂ©mocratie europĂ©enne d’importance, qui respecte tous les principes dĂ©mocratiques”, a dĂ©clarĂ© le commissaire europĂ©en Ă  l’Elargissement Olli Rehn.

Le cadre de ces nĂ©gociations stipule qu’en cas de “violation grave des principes dĂ©mocratiques” par la Turquie, “la Commission est obligĂ©e de regarder quelles ramifications cela pourrait avoir

sur les nĂ©gociations”, a-t-il dĂ©clarĂ©.

Pour Ă©viter une interdiction, l’AKP, qui domine le Parlement turc, a prĂ©parĂ© en catastrophe un projet de rĂ©vision constitutionnelle – qui n’a pas encore Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© – qui rendrait plus difficile la fermeture de partis politiques.

 


 

Turquie – La plainte contre l’AKP jugĂ©e recevable

Reuters, le 31 mars 2008 Ă  15h01

 

par Hidir Goktas et Gareth Jones

 

ANKARA, 31 mars (Reuters) – La Cour constitutionnelle de Turquie a acceptĂ© lundi d’examiner une plainte visant Ă  obtenir l’interdiction du parti AKP au pouvoir pour activitĂ©s antilaĂŻques, dĂ©cision qui est de nature Ă  aggraver les tensions politiques.

 

La procĂ©dure engagĂ©e par le procureur gĂ©nĂ©ral de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalcinkaya, a aussi pour objectif de faire interdire d’activitĂ©s politiques pour une durĂ©e de cinq ans 71 responsables de l’AKP, dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le prĂ©sident Abdullah GĂŒl.

 

AprĂšs cinq heures de dĂ©libĂ©rations, les onze juges de la Cour constitutionnelle, qui est la plus haute instance judiciaire de Turquie, ont dĂ©cidĂ© Ă  l’unanimitĂ© de se saisir de la plainte pour ce qui concerne l’interdiction de l’AKP et la mise Ă  l’Ă©cart d’Erdogan et de dizaines de parlementaires.

 

Le vice-prĂ©sident de la Cour, Osman Paksut, a dĂ©clarĂ© lors d’une brĂšve intervention tĂ©lĂ©visĂ©e que sept des onze juges s’Ă©taient prononcĂ©s pour l’examen de la demande d’interdiction visant le prĂ©sident GĂŒl.

 

Le Parti de la justice et du développement (AKP), que le procureur accuse de menacer les fondements laïques de la république turque, va maintenant devoir organiser sa défense.

La procédure judiciaire pourrait prendre des mois.

 

L’AKP, qui gouverne depuis novembre 2002 et a obtenu 47% des voix aux lĂ©gislatives anticipĂ©es de juillet dernier, rejette les accusations selon lesquelles il poursuivrait un programme Ă  caractĂšre islamiste et affirme que la plainte rĂ©pond Ă  des motivations politiques.

 

Cette plainte a divisĂ© le pays, inquiĂ©tĂ© les marchĂ©s financiers et suscitĂ© des critiques de l’Union europĂ©enne, Ă  laquelle Ankara espĂšre adhĂ©rer. La livre turque s’est affaiblie face au dollar et la Bourse d’Istanbul s’est Ă©galement inscrite en baisse aprĂšs l’annonce de la Cour constitutionnelle.

 

La Cour peut encore classer le dossier contre l’AKP, mais des analystes font observer que la dĂ©cision unanime de lundi – beaucoup plus “soudĂ©e” qu’on ne s’y attendait – est de mauvais augure pour le gouvernement Erdogan.

 

L’AKP a prĂ©sidĂ© Ă  cinq annĂ©es de croissance Ă©conomique et de rĂ©formes politiques, mais son soutien Ă  une loi qui assouplit l’interdiction du voile islamique dans les universitĂ©s a provoquĂ© la colĂšre des Ă©lites laĂŻques dominĂ©es par l’armĂ©e et le pouvoir judiciaire.

 

 


 

 

Turquie: les principales accusations contre le parti au pouvoir AKP

 

AFP, le 31 mars 2008 Ă  17h04

 

ANKARA, 31 mars 2008 (AFP) – Voici les principaux Ă©lĂ©ments du rĂ©quisitoire demandant l’interdiction du Parti de la justice et du dĂ©veloppement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir en

Turquie, et jugé recevable lundi par la Cour constitutionnelle:

Le procureur de la cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya demande la fermeture de l’AKP et une interdiction de politique pendant cinq ans pour 71 de ses membres, dont le Premier ministre et

prĂ©sident de l’AKP, Recep Tayyip Erdogan.

“Le modĂšle d’islam modĂ©rĂ© prĂ©conisĂ© pour la Turquie vise Ă  Ă©tablir un Etat gouvernĂ© par la charia et si nĂ©cessaire recourir Ă  cette fin au terrorisme”, selon le procureur.

Le texte accuse le parti gouvernemental d’ĂȘtre devenu “le foyer d’activitĂ©s allant Ă  l’encontre de la laĂŻcitĂ©”, donnant pour exemple pas moins de 61 discours Ă  motif religieux prononcĂ©s par M. Erdogan.

“Il n’est naturellement pas possible d’attendre jusqu’Ă  ce que le parti Ă©tablisse le modĂšle d’Etat qu’il prĂ©conise”, indique le procureur.

“En Turquie, il est Ă©vident que les mouvements d’islam politique et le parti en question (AKP) aspirent Ă  terme Ă  un systĂšme fondĂ© sur la charia plutĂŽt qu’un Etat de droit”, dit le rĂ©quisitoire.

“L’AKP se servira jusqu’au bout du ‘takiyye’ (la pratique de dissimuler ses vĂ©ritables convictions), jusqu’Ă  ce que les objectifs d’un Etat inspirĂ© du modĂšle islamique soient atteints”, dĂ©clare le

procureur, qui compare l’ascension de l’AKP Ă  celle des nazis en Allemagne dans les annĂ©es 1930.

Le procureur cite la rĂ©cente libĂ©ralisation du voile islamique Ă  l’UniversitĂ©, dont l’application est toujours suspendue Ă  une dĂ©cision de justice, ou l’invocation des oulĂ©mas plutĂŽt que des

juges pour trancher des questions de société.

“La libĂ©ralisation du foulard dans les Ă©tablissements universitaires est un processus dangereux qui peut entraĂźner son port dans les Ă©tablissements publics et forcer ainsi les gens Ă  se

couvrir (…) le pays se trouve confrontĂ© Ă  une dangereuse polarisation entre laĂŻcs et anti-laĂŻcs, source de conflits”, affirme le procureur.

 


 

Affaire Guigue : du devoir de rĂ©serve au droit rĂ©servé 

Par : Jean-Claude Lefort – DĂ©putĂ© honoraire

 

Le sous-prĂ©fet de Saintes, M. Bruno Guigue, vient d’ĂȘtre brutalement dĂ©mis de ses fonctions par sa ministre de tutelle au titre qu’il aurait gravement dĂ©rogĂ© au « devoir de rĂ©serve » qui doit marquer sa haute fonction. Cela a fait grand bruit en France mais aussi Ă  l’étranger, il faut le savoir, notamment au Proche et Moyen-Orient.

 

Examinons donc successivement les faits, puis la notion de « devoir de réserve », voyons si elle a ou non un caractÚre « universel » et tirons les conclusions de cette « affaire ».

 

1. L’objet du dĂ©lit ? Une tribune libre publiĂ©e sur Internet. C’était sa 18Ăšme contribution sur le site « oumma.com » signĂ©e de son nom mais sans qu’il soit fait mention de sa fonction. Selon le ministĂšre, il a tenu Ă  cette occasion des propos « violemment anti-israĂ©liens ». En consĂ©quence, toujours selon le ministĂšre, il a manquĂ© Ă  son devoir de rĂ©serve et il a Ă©tĂ© limogĂ© sur le champ.

 

Dans la tribune libre incriminĂ©e, Monsieur Bruno Guigue rĂ©agissait Ă  un article paru dans « Le Monde » signĂ© par plusieurs intellectuels (1). Cet article Ă©tait intitulĂ© : « L’ONU contre les droits de l’Homme ».

 

M. Guigue prenait alors sa plume pour dĂ©fendre le droit international et les institutions mises en place pour le « dire » et « l’appliquer » selon la Charte des Nations unies. Car cet article publiĂ© dans « Le Monde » le 27 fĂ©vrier s’en prenait violemment au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, et Ă  l’Organisation en tant que telle. Ils accusaient l’ONU de vouloir, ni plus ni moins, « dĂ©truire » les principes Ă©noncĂ©s dans la DĂ©claration universelle des droits de l’homme tant, selon eux, « depuis un certain nombre d’annĂ©es, par ses dĂ©rives, l’ONU s’est caricaturĂ©e ».

 

Et les auteurs de l’article paru dans le journal du soir s’en prenaient, d’un mĂȘme mouvement Ă  la rĂ©union, tenue en 2001 Ă  Durban en Afrique du Sud sous les auspices de l’ONU, la « ConfĂ©rence mondiale contre le racisme », au cours de laquelle l’Etat d’IsraĂ«l, notamment, avait Ă©tĂ© fortement mis en cause pour sa politique d’occupation des Territoires palestiniens.

 

Maintes rĂ©solutions de l’ONU et du Conseil de sĂ©curitĂ© disent exactement la mĂȘme chose, ce qui souligne et met en Ă©vidence le fait que l’Etat d’IsraĂ«l bafoue impunĂ©ment le droit international. Mais outre la mise en cause frontale de l’ONU, cet article publiĂ© dans « Le Monde » avait un objectif clair qui reste d’actualitĂ© : faire pression sur les pays europĂ©ens pour saborder la prochaine ConfĂ©rence sur le racisme organisĂ©e par l’ONU, dite Durban 2, alors que l’Etat d’IsraĂ«l a dĂ©jĂ  annoncĂ© qu’il la boycotterait.

 

Dans sa dĂ©fense de l’Organisation des Nations unies, M. Guigue, spĂ©cialiste du Proche-orient, citait le cas du conflit israĂ©lo-palestinien dont on a retenu qu’une phrase qui Ă©nonce un fait exact, Ă  savoir que l’Etat d’IsraĂ«l disposait « de snipers (qui) abattent des fillettes Ă  la sortie des Ă©coles ».

 

C’est cette phrase qui a mis le feu aux poudres tandis que le silence fut bien lourd quand le vice-ministre israĂ©lien de la dĂ©fense a brandi, le 29 fĂ©vrier, la menace d’une « shoah » contre le peuple palestinien. Cette seule phrase a Ă©tĂ© retenue mais aussi qualifiĂ©e par un responsable politique français comme Ă©tant de caractĂšre « antisĂ©mite », ce qui est totalement faux et d’un caractĂšre qui est sujet Ă  de possibles poursuites.

 

Voilà le « délit » considéré, toute affaire cessante, comme étant « violemment anti-israélien ». Voilà qui est « reproché » à un sous-préfet jeté en pùture.

 

2. Cela nous conduit directement à examiner le second point : la question du « devoir de réserve » auquel sont assujettis les fonctionnaires, spécialement les hauts fonctionnaires.

 

Anicet Le Pors est le « pĂšre » du « statut gĂ©nĂ©ral » qui rĂ©git la fonction publique. Ministre, il a fait adopter en 1983 ce statut reconnaissant explicitement que les fonctionnaires Ă©taient des citoyens comme les autres et qu’en consĂ©quence « La libertĂ© d’opinion (leur) est garantie » (Article 6 de la loi du 13 juillet 1983).

 

Dans la discussion de cette loi, Anicet Le Pors s’est opposĂ© Ă  un amendement visant justement Ă  codifier « le devoir de rĂ©serve » auquel sont contraints les fonctionnaires – « devoir de rĂ©serve » Ă  ne pas confondre avec le respect du « secret professionnel » ou bien encore avec le devoir d’exĂ©cuter les instructions que reçoit tout fonctionnaire de sa hiĂ©rarchie « sauf dans le cas oĂč l’ordre donnĂ© est manifestement illĂ©gal et de nature Ă  compromettre gravement un intĂ©rĂȘt public » (Article 28 de la loi).

 

S’agissant du « devoir de rĂ©serve », le ministre a fait valoir qu’il ne fallait pas le codifier car celui-ci est, pour Anicet Le Pors, « une construction jurisprudentielle extrĂȘmement complexe qui fait dĂ©pendre la nature et l’étendue de l’obligation de rĂ©serve de divers critĂšres dont le plus important est la place du fonctionnaire dans la hiĂ©rarchie » (AssemblĂ©e nationale, le 3 mai 1983).

 

Le plus important Ă©tant donc : la place occupĂ©e par un fonctionnaire dans la hiĂ©rarchie. Et s’il y a deux fonctions qui, Ă  ce titre, supposent clairement le respect du « devoir de rĂ©serve », ce sont celles de prĂ©fet et d’ambassadeur. Ces deux fonctions sont sensĂ©es exprimer et reprĂ©senter la totalitĂ© de la politique de l’Etat au service duquel lesdits fonctionnaires ont Ă©tĂ© nommĂ©s.

 

Bien que M. Bruno Guigue ait publiĂ© bien d’autres Ă©crits sur le sujet du conflit israĂ©lo-palestinien, en particulier deux livres (2), et bien qu’il n’ait jamais fait Ă©tat de sa fonction, il est juridiquement fondĂ© de dire, en l’espĂšce, qu’il est sorti de son « devoir de rĂ©serve ».

 

Mais on est alors obligĂ© de se demander si ce qui est vrai pour lui l’est en toutes circonstances, et donc pour tous les fonctionnaires de haut rang. Autrement dit, il nous faut vĂ©rifier si le « devoir de rĂ©serve » s’applique de maniĂšre absolue ou non, s’il procĂšde de l’arbitraire ou non.

 

On admettra volontiers qu’il ne peut y avoir aucune exception ou dĂ©rogation Ă  ce principe comme Ă  tout principe.

 

3. Le « devoir de rĂ©serve » est donc nĂ©cessairement valable pour tous ou il n’est pas. Or il n’est pas. Je prendrais deux exemples rĂ©cents pour le dĂ©montrer.

 

Le premier concerne le prĂ©fet du Val-de-Marne, M. Tomasini, qui en octobre 2006 est face au problĂšme du « squat » des « 1000 de Cachan ». L’imitateur GĂ©rard Dahan, se faisant passer pour Philippe de Villiers, l’appelle au tĂ©lĂ©phone le 3 octobre. Le prĂ©fet le prend aussitĂŽt au fil et, entre autres choses, lui dit que les « squatteurs » veulent « reconstituer un village africain en plein Paris ». Il ajoute sans ambages : « Ce sont principalement des Maliens et des Ivoiriens. Ces gens-lĂ  tuent des gens chez eux mais ils nous donnent des leçons ». Le faux Philippe de Villiers s’interroge s’il ne pouvait pas tout de mĂȘme prendre la dĂ©fense des parents d’élĂšves.

 

Le prĂ©fet le stoppe. « Il faut savoir, dit-il, que les parents d’élĂšves tous sont membres de la FCPE qui est entre les mains du Conseil gĂ©nĂ©ral qui est communiste ici. Et si vous communiquez en disant « les pauvres parents d’élĂšves, les pauvres enfants », bon oui, mais vous faĂźtes le jeu de la FCPE et donc des communistes ». Ses propos ont fait le tour des radios et des mĂ©dia. InterrogĂ© sur la rĂ©alitĂ© de ceux-ci le prĂ©fet Tomasini confirmait et assumait. Je me souviens avoir Ă©crit aussitĂŽt au premier ministre de l’époque pour lui demander de rĂ©voquer le prĂ©fet qui tenait des propos qui sentaient le racisme et qui avait une position politique partisane absolument contradictoire avec son « devoir de rĂ©serve » et de neutralitĂ©.

 

Le prĂ©fet du Val-de-Marne est toujours en place Ă  ce jour
 Et vous allez voir qu’il sera nommĂ© prĂ©fet de rĂ©gion un de ces quatre
.

 

Second exemple. Un français, dĂ©putĂ© europĂ©en, M. François Zimeray, a menĂ©, et ceci durant plusieurs annĂ©es, une vĂ©ritable campagne combinĂ©e Ă  des actes « violemment anti-palestiniens » au Parlement europĂ©en. Au point que son parti (le Parti socialiste) ne l’a pas reprĂ©sentĂ©, pour ces motifs prĂ©cis, aux Ă©lections europĂ©ennes suivantes. Il a continuĂ© nĂ©anmoins son action dans le mĂȘme sens avec des moyens consĂ©quents d’origine « non contrĂŽlĂ©e », si l’on peut dire. Et voilĂ  que tout rĂ©cemment ce monsieur vient d’ĂȘtre nommĂ© en Conseil des ministres « Ambassadeur des droits de l’homme » sur proposition de rama Yade.

 

Il aurait du se taire et ne plus parler Ă  titre personnel Ă  partir de lĂ . Mais, non ! Devant la dĂ©cision de le nommer Ă  ce poste, compte tenu de son profil, des voix se font entendre vers les pouvoirs publics. Et M. Zimeray, ayant rang d’ambassadeur cette fois, rĂ©pond de maniĂšre publique qu’il maintient ses positions antĂ©rieures qualifiables, encore une fois, « d’anti-palestiniennes extrĂȘmes ». A peine est-il nommĂ© qu’il dĂ©roge Ă  son « devoir de rĂ©serve », et cela une semaine tout juste avant que n’éclate « l’affaire Guigue ». Est-il pour autant sanctionnĂ© ? Aucunement.

 

Il est toujours ambassadeur des droits de l’homme


 

Un préfet, un ambassadeur. Leur niveau hiérarchique ne fait pas de doute : ils sont formellement tenus au « droit de réserve ».

 

Et pourtant, dans ces deux cas, aucune sanction d’aucune sorte n’est venue, ni du ministĂšre de l’IntĂ©rieur ni de celui des Affaires Ă©trangĂšres.

 

4. Il ne fait pas de doute, en comparant les situations Ă©voquĂ©es, que le « devoir de rĂ©serve » n’est donc pas seulement un concept « lĂ©gal » ayant une valeur « universelle ».

 

Il est avant tout, la preuve nous est donnée ici, sous emprise de la politique.

 

D’un cĂŽtĂ© on inflige une lourde sanction Ă  un sous-prĂ©fet qui a dĂ©fendu le droit international et son application et, de l’autre, on ne fait et on ne dit rien contre deux hauts fonctionnaires tenant des propos sortant totalement de ce que l’Etat est en droit d’attendre d’eux.

 

En vérité M. Guigue est avant tout frappé par une sanction politique.

 

Cette sanction politique reflĂšte Ă  l’évidence tout Ă  la fois la dĂ©rive proamĂ©ricaine de la politique extĂ©rieure de la France et le fait que le lobby pro-israĂ©lien français y trouve des espaces nouveaux pour sĂ©vir, ceci Ă  la maniĂšre du lobby de mĂȘme nature qui existe aux USA. Un livre de deux courageux professeurs amĂ©ricains dĂ©taille cette question dans « Le lobby pro-israĂ©lien et la politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine » (3). ‘ C’est pourquoi le sous-prĂ©fet Bruno Guigue est aujourd’hui frappĂ© par une dĂ©cision discrĂ©tionnaire teintĂ©e de droit mais qui est en rĂ©alitĂ© principalement politique. C’est pourquoi notre solidaritĂ© lui est acquise ainsi que notre estime.

 

Amis, tout cela se passe en France aujourd’hui. Mais dans cette mĂȘme France de 2008, il y a des voix nombreuses en faveur de la paix au Proche-Orient ainsi que des personnes suffisamment lucides quant au motif rĂ©el de la sanction qui frappe ce sous-prĂ©fet. Symbolique cette dĂ©cision de le frapper lui, et lui seul, est largement commentĂ©e Ă  l’étranger, notamment dans les pays arabes. Que toutes ces personnes s’unissent pour protester vivement contre ce « deux poids, deux mesures » qui est Ă  l’Ɠuvre dans cette affaire. Elles agiront de la sorte pour la justice et l’image mais aussi le rĂŽle de la France Ă  l’étranger.

 

Car il faut noter, pour en tirer toutes les consĂ©quences sĂ©rieuses, que cette fois ce « deux poids, deux mesures », c’est en France qu’il s’exerce
 On ne peut laisser faire. C’est une question qui provoque le prĂ©sent mais qui convoque aussi l’avenir


 

 

Notes :

 

(1) « Point de vue » du 27 fĂ©vrier publiĂ© dans « Le Monde » et signĂ© notamment par Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzeman, Elie Wiesel, Pierre-AndrĂ© Taguieff, FrĂ©dĂ©ric Encel


 

(2) « Aux origines du conflit israĂ©lo-arabe » en 1998 et « Proche-Orient : la guerre des mots » en 2005, tous deux chez « L’Harmattan »

 

(3) « Le lobby pro-israélien et la politique étrangÚre américaine » de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt. Editions « La Découverte » 2007.

 

(Source : le site « Oumma.com », le 31 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/Affaire-Guigue-du-devoir-de

 

 

 

 


Le jeûne protÚge les cellules saines des souris contre la chimiothérapie

 

AFP, le 31 mars 2008 Ă  15h34

 

CHICAGO (Etats-Unis), 31 mars 2008 (AFP) – Faire jeĂ»ner des souris pendant deux jours permet de protĂ©ger les cellules saines de leur organisme contre les effets toxiques de la chimiothĂ©rapie, une dĂ©couverte potentiellement importante pour traiter le cancer, selon des travaux publiĂ©s lundi aux Etats-Unis.

Les souris prenant des doses Ă©levĂ©es de chimiothĂ©rapie aprĂšs deux jours sans nourriture ont continuĂ© Ă  ĂȘtre vigoureuses tandis que la moitiĂ© de celles du groupe tĂ©moin normalement nourries sont

mortes.

En outre, les survivantes du groupe ayant Ă©tĂ© nourri ont continuĂ© Ă  perdre du poids et Ă  s’affaiblir, explique Valter Longo, de l’UniversitĂ© de Californie du sud, le principal auteur de cette

recherche parue dans les Annales de l’AcadĂ©mie nationale amĂ©ricaine des sciences datĂ©e du 31 mars.

Des tests conduits sur des cellules humaines dans des éprouvettes ont confirmé cette observation.

Rendre la chimiothĂ©rapie plus sĂ©lective est l’objectif prioritaire de la mĂ©decine depuis plusieurs dĂ©cennies. Les mĂ©decins pourraient ainsi mieux contrĂŽler le cancer, voire le guĂ©rir, si la chimiothĂ©rapie n’Ă©tait pas aussi destructrice pour le reste de l’organisme.

Le Dr Pinchas Cohen, un cancĂ©rologue et professeur de pĂ©diatrie Ă  l’UniversitĂ© de Californie Ă  Los Angeles (ouest), a jugĂ© cette recherche “trĂšs importante car selon lui elle Ă©tablit un nouveau

concept en biologie du cancer”.

“ThĂ©oriquement, cette dĂ©couverte ouvre de nouvelles voies de traitement chez les humains permettant des doses plus Ă©levĂ©es de chimiothĂ©rapie et cela mĂ©rite d’ĂȘtre Ă©tudiĂ© dans des essais cliniques”, ajoute-t-il.

 

 

 

 

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