31 janvier 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2080 du 31.01.2006

 archives : www.tunisnews.net


CNLT: Atteintes à la liberté de réunion et usage de la violence contre les défenseurs Larbi Chouikha: A propos du mouvement du 18 octobre Mourad Dridi: Questionnements sur la démocratie dans le monde arabe ATS: Caricatures de Mahomet: le Danemark tente de désamorcer la crise Le Monde: Un journal danois s’excuse pour avoir “offensé” les musulmans Balha Boujadi: Le Danemark et Hamas Renaud Girard: Les causes de l’irrésistible progression des partis islamistes dans le monde arabo-musulman

 
CONSEIL NATIONAL POUR LES LIBERTES EN TUNISIE Tunis le 25 janvier 2006  

Atteintes à la liberté de réunion et usage de la violence contre les défenseurs

 

Le CNLT est vivement préoccupé par l’usage de la violence qui tend à être systématique pour réprimer la liberté de réunion.   o       Le 18 janvier courant un dispositif policier a été déployé devant le siège de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et les membres de l’association ont été empêchées d’entrer pour participer à leur réunion. Les policiers en civil ont usé de violences contre la présidente de l’ATFD, Ahlem Belhaj ainsi que Balkis Mechri, Moufida Belghith et Leila Chaabouni.   o       Le 24 janvier, ce fut au tour des membres du « collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés » de subir les violences des agents en civil. Une réunion du collectif prévue au local du Forum démocratique pour le travail et les libertés” (FDLT), n’a pu se tenir ; la police politique ayant interdit l’accès au local du FDTL. Là encore plusieurs défenseurs et opposants ont été violemment agressés et particulièrement Ayachi Hammami, Hamma Hammami, et Lotfi Hajji.   Le CNLT
o       Assure les militants agressés de leur entière solidarité, et s’élève avec la plus grande vigueur contre l’usage de la violence contre les défenseurs de droits humains et les opposants. Il rappelle à l’Etat tunisien son devoir d’assurer la sécurité physique des citoyens et de les protéger contre les abus de ses fonctionnaires. o       S’inquiète de cette grave détérioration de l’état de la liberté de réunion. En effet, les deux interdictions arbitraires se sont exercées contre deux structures légalement reconnues (l’ATFD et le FDTL). Ce qui met en lumière l’absence d’Etat de droit en Tunisie, puisque les autorités font fi de cette reconnaissance légale quand bon leur semble, soulignant, si besoin est, le fait que l’exercice de la liberté d’association et de réunion n’est en fait reconnu qu’à ceux qui font allégeance et que les autorités publiques n’hésitent pas à confisquer cette liberté à toute personne qui l’exerce de façon indépendante ou pour exercer son droit à la contestation pacifique. o       Il rappelle que le droit à l’activité légale ainsi que la liberté de réunion sont garantis par les dispositions de la constitution tunisienne et tous les instruments internationaux ratifiés par la Tunisie, ils constituent de ce fait des droits pour tous les citoyens et non une faveur.   Pour le Conseil La porte-parole Sihem Bensedrine

A propos du mouvement du 18 octobre

Larbi Chouikha 30 janvier 2006
Ne pas nous engourdir, mais aussi, ne pas nous leurrer Avec le recul nécessaire et dans notre souci constant de déployer une réflexion empreinte de bon sens, loin des déclarations tumultueuses, des tentations triomphalistes et des emportements de tous bords, il convient pour ma part, de tirer un bilan personnel de ce mouvement auquel j’ai adhéré et participé pleinement en apportant tout mon concours. D’abord, je retiens deux éléments – intimement liés – qui me paraissent positifs : le premier, c’est que pour la première fois dans cette Tunisie indépendante, des groupements politiques, civils, ainsi que des personnalités indépendantes se retrouvent ensemble dans un même regroupement pour défendre les principes de base d’une vie démocratique saine et harmonieuse en mettant en avant les trois revendications fondamentales qui n’ont pris aucune ride depuis l’ère de l’indépendance : Libération des prisonniers politiques et promulgation d’une loi d’amnistie générale, liberté d’association et d’organisation, liberté d’expression et d’information. Le second élément étant que pour la première fois des Tunisiens de toutes sensibilités allant des laïques déclarés aux partisans de l’islamisme politique, adhèrent à ce mouvement en conjuguant leurs efforts pour lui donner le plus d’éclat et de visibilité possible. Certes, on peut toujours s’interroger sur le recours à la grève de la faim comme modalité d’expression et d’action dans l’espace public. Or, cet espace public se caractérise de plus en plus par un verrouillage quasi hermétique et une paralysie de la vie politique, conséquence de la mainmise totale de l’Etat-parti sur la vie publique. Les manifestations de cette fermeture sont nombreuses et touchent toutes les sphères de la vie publique, et dans un tel contexte, toute expression contestatrice ou opposée devient suspecte et toute action mobilisatrice légaliste comme celle impulsée pour les partisans de l’Initiative Démocratique au cours des élections d’octobre 2004 demeure circonscrite, quant elle n’est pas banalisée. De plus, le clientélisme politique et la subordination aux structures de l’Etat-parti sont légion, partout. En conséquence, que reste t-il au citoyen tunisien d’aujourd’hui sinon son corps et son âme pour faire entendre sa voix et revendiquer haut et fort ses droits citoyens ! En fait, il ne s’agit point d’un appel à la sédition ou à la révolution mais uniquement un appel raisonné en faveur de l’amorce d’une prise de conscience autour de la nécessité d’asseoir ce pays sur des bases démocratiques, saines, transparentes, pérennes auxquelles tous les Tunisiens sans exception, sont susceptibles d’y adhérer volontiers. Et il est sidérant que bientôt cinquante ans après l’indépendance nous soyons encore acculés à revendiquer nos libertés essentielles, à réclamer l’exercice effectif de nos droits citoyens, à demander la libération des prisonniers politiques. Pris sous cet angle, le mouvement du 18 octobre s’inscrit dans toutes les initiatives démocratiques, citoyennes, qui ont toujours prévalu – plus ou moins, certes – mais qui apportent un démenti cinglant aux propos ressassés souvent de l’étranger, tendant à nous faire admettre notre impuissance, notre démission ou notre silence par « le peu de maturité politique des Tunisiens, leur peur, leur enlisement dans la préservation de leurs intérêts personnels, ce qui expliquerait leurs faibles dispositions ou peu d’empressement à se mobiliser pour la démocratie et les libertés ». Non, le peuple tunisien à l’instar des autres peuples est habité par les mêmes aspirations et espoirs de liberté, de démocratie et de dignité, et qu’à l’image des autres expériences, ses élites ne sont pas toutes asservies, démunies ou impuissantes face aux pouvoirs. Une partie d’entre elles porte encore haut ces revendications et peut même faire preuve d’imagination, de créativité en déployant toute l’énergie nécessaire pour les propulser à chaque fois que les conditions le permettent. Autre constat que je dégage de cette expérience, c’est la sagesse, la mesure et la retenue dont ont fait preuve les initiateurs – pourtant, loin d’incarner un bloc monolithique – afin de parer à tout risque de débordement, de dévoiement des objectifs et même, de dérapages langagiers. En effet, le premier enseignement sur lequel nous devons méditer ; c’est que nos différences et nos divergences aussi antinomiques qu’elles soient, peuvent être source de richesse et d’apprentissage de la démocratie. En conséquence, rien n’empêche que des Tunisiens de toutes sensibilités entreprennent des actions citoyennes autour des revendications communes, pour les mener à leur terme avec perspicacité et clairvoyance et créer ainsi un mouvement d’adhésion et de sympathie dans le pays. Cette dynamique doit de même s’étendre aux franges de la population qui ne se situent pas nécessairement contre le régime politique dans son ensemble, mais qui partagent autant que nous, les mêmes espoirs et les mêmes aspirations pour ce pays qui appartient à tous ! Mais, aujourd’hui, tout est de savoir comment gérer avec la même intelligence, la même synergie et la même verve citoyenne ce capital de sympathie et d’espoirs créé par ce mouvement ? Autrement dit, comment faire en sorte que cette flamme de l’espoir ne se consume pas et que toutes ces énergies déployées ne se dispersent pas pour autant ? Ma première appréhension serait que ce mouvement soit amené à s’enfermer dans une logique éminemment politique animée par le désir de se doter d’un « pacte » ou d’un « programme », d’un « collectif », voire, d’une « coalition » en vue de se positionner comme alternative politique plausible au pouvoir actuel. D’une part, une telle orientation entraînerait la distanciation de toute personne attachée à la défense des droits de l’homme et des droits citoyens qui refuserait tout naturellement de se fondre dans une telle démarche aux contours encore très imprécis. D’autre part, il serait présomptueux d’affirmer que le mouvement du 18 octobre a enfanté les conditions de l’esquisse d’une alternative politique. Ne nous leurrons pas ! L’opposition toute confondue n’est pas encore à même de constituer ce pôle d’attraction à l’instar de ce que nous avons pu l’observer en Ukraine et ailleurs, et le pouvoir, en dépit des moments de flottements, des quelques voix « discordantes » qui peuvent s’éclore en son sein…, dispose encore assez de ressources pour se reprendre, pour mieux rebondir ! LC  

(Source: Le numéro 40 de Kalima)
 

Questionnements sur la démocratie dans le monde arabe

Sami Ben Gharbia parlait en 2003 des bombes démocratiques, certains alter mondialistes parlait aussi de la démocratie des bombes, pour évoquer le processus de démocratisation du Moyen-orient décidé par l’administration de George Bush, suite aux attentats du 11 septembre 2001. A vrai dire, et contrairement à ce que laisse entendre le titre de cet article, mes questionnements s’intéressent plus au processus de démocratisation du monde arabe qu’à la démocratie dans le monde arabe. Pour la simple raison que je ne pense pas qu’on puisse évaluer, juger et parler de la démocratie dans le monde arabe à l’aune d’une ou de deux élections sans succomber au jugement hâtif, donc forcément fallacieux. Il faudrait laisser le temps à la démocratie de s’installer et à l’alternance pacifique de s’instaurer pour qu’on puisse juger une quelconque démocratie dans le monde arabe.

Mes questionnements sont relatifs à certaines similitudes qui ne peuvent pas me laisser indiffèrent.

La première similitude, c’est que se soit dans le cas de l’Afghanistan, de l’Irak ou de la Palestine, la démocratisation est entrain de prendre forme après le passage des tapis de bombes. Disons qu’il n’y a rien d’étonnant à cette similitude puisqu’elle découle plus d’une stratégie prédéfinie par l’administration américaine qu’elle ne corresponde à une quelconque similitude.

La deuxième similitude c’est que ces trois pays sont encore sous la domination d’une force militaire étrangère. Disons que ceci est aussi la conséquence directe des tapis de bombes plus qu’elle ne corresponde à une quelconque similitude.

La troisième similitude c’est que ces trois pays sont sous la domination militaire de pays, les Etats-Unis et Israël, que quoique qu’on dise, démocratiques.

La quatrième similitude, celle qui est à mon sens la plus frappante, c’est que cette démocratisation est entrain de se construire entre des factions armées ou des factions politiques avec des branches armées. Que se soit le cas en Palestine, avec le mouvement du Hamas et le Mouvement du Fatah, que se soit en Irak avec les milices chiites, kurdes et sunnites, que ce soit en Afghanistan, avec ses différentes factions, on affaire à des antagonistes et des protagonistes armées conventionnellement se neutralisant effectivement sur le terrain. Il est clair qu’aucune faction armée, que se soit en Irak, en Afghanistan, ou en Palestine, ne peut finir militairement et définitivement avec une quelconque autre faction, sinon ça aurait été fait depuis belles lurettes. Les questions que je me pose, et que je propose au lecteur sans leur apporter la moindre réponse, sont les suivantes :

Est-ce que cette neutralisation militaire entre les différentes factions armées de ses trois pays ne serait-elle pas dans les faits au cœur de la démocratisation du monde arabe telle qu’on l’observe aujourd’hui ? Est-ce que ce n’est pas l’égalité des rapports de forces militaires entre les différentes factions armées, qui les obligeraient à aller vers un processus démocratique, qui leur éviterait une fuite en avant faite de sang et de peine ? Est-ce qu’on n’est pas entrain d’assister aujourd’hui, après la démocratie des bombes, à l’émergence de la démocratie des kalachnikovs ? Est-ce que la démocratisation du monde arabe n’est pas entrain de se réaliser, sous la couverture des démocraties occidentales, premièrement par les bombes démocratiques puis avec la démocratie des kalachnikovs où les deux seraient intimement liées ? Est-ce que ce n’est pas la présence d’une force militaire étrangère, qui leur est nettement supérieure, qui conduirait les différentes factions armées à accepter le jeu démocratique ?

Oublions maintenant les bombes démocratiques et la démocratie des kalachnikovs, d’un point de vue plus général, qu’est-ce qu’il obligerait une quelconque force politique d’accepter le jeu démocratique au risque de perdre, aux élections, son pouvoir, si ce n’est l’existence d’une même force politique antagoniste ? Objectivement parlons, quelle est aujourd’hui dans le monde arabe la principale force politique qui peut présenter la même force antagoniste aux régimes en place ? Est-ce que le premier pas dans la démocratisation des pays arabes ne serait-il pas celui d’une bipolarisation politique faite d’un bloc homogène formé autour des partis au pouvoir et d’un bloc homogène formé autour des islamistes ? Est-ce que le deuxième pas dans la démocratisation des pays arabes ne se réduirait-il pas à une simple confrontation électorale entre ces deux pôles politiques ? Est-ce que le troisième pas dans la démocratisation des pays arabes ne passerait-il pas par l’ascension des islamistes au pouvoir ? Est-ce que le quatrième pas dans la démocratisation des pays arabes ne nécessiterait-il pas une ou des expériences islamistes au pouvoir ? Est-ce que ce n’est pas l’exercice socialiste du pouvoir qui a tué le socialisme ? Est-ce que ce n’est pas l’exercice islamiste du pouvoir qui tuerait l’islam politique en montrant que l’islam ne peut pas être la solution aux problèmes de la cité ? Est-ce que ce n’est pas une tentative d’hégémonisation islamiste qui pousserait à la naissance d’une critique musulmane contre l’absolutisme religieux et politique incarné par la Charia, pour aboutir in fine à l’émergence d’une pensée musulmane et du musulman libres ? Est-ce qu’enfin de compte nous ne sommes pas, chacun à sa manière et à sa place, entrain de retarder l’inévitable et en même temps de repousser à terme la démocratisation des pays arabes ? Est-ce qu’aujourd’hui ne nous sommes pas les vrais obstacles à la démocratisation des pays arabes ?

Stratégiquement parlons, est-ce que ça ne serait pas plus judicieux de céder aujourd’hui le pouvoir aux islamistes, alors que les pays arabes sont au bout du gouffre; financièrement, économiquement et socialement; sans parler de l’hostilité de l’environnement extérieur, pour qu’ils montrent rapidement leur incapacité à résoudre les problèmes du pays ? Au lieu que les pouvoirs, en place, ne prennent à leur charge les problèmes du pays pour donner le pouvoir in fine aux islamistes dans des conditions qui risquent de leur être meilleures ?

Certaines personnes me diront qu’il y a d’autres façons de démocratiser les pays arabes. Sûrement en théorie, mais à mon avis ceci doit forcément passer par l’ascension des islamistes aux pouvoir pour tuer idéologiquement l’islamisme afin qu’il intègre in fine et pour de vrai le jeu politique et démocratique comme n’importe quelle autre idéologie où son existence n’est possible que dans le cadre d’une démocratie libérale.

Je crains hélas qu’aujourd’hui nos possibilités de démocratisation du monde arabe ne se réduisent uniquement à choisir entre les bombes démocratiques et la démocratie des kalachnikovs ou la bipolarisation politique autour des partis au pouvoir et les islamistes.
Mourad Dridi http://anti-conformismes.blogspot.com/ mourad.dridi@gmail.com

 

Le Danemark et Hamas

 

BALHA BOUJADI   Le Danemark…   Ma boite de courrier électronique a été bombardée ces derniers jours par des message haineux contre un petit pays, le Danemark, qui a fait beaucoup pour les pays arabes et pour la liberté dans le monde. Des centaines et des milliers d’exilés ont trouvé refuge dans ce petit pays, parmi lesquels des centaines d’islamistes.   Il y’a plusieurs années, quand je militais dans une association humanitaire, le Danemark nous a proposé 80.000 dollars. Cette somme a été collectée par des petits élèves des écoles primaires qui ont fait, durant les vacances scolaires, la porte à porte au nom de la Tunisie pour l’aider à devenir plus libre. Personnellement j’étais hébété par cet élan de conscience et de solidarité humaine. Bien sûr, nous n’avons pas pu avoir la dite somme car les petits écoliers danois nous ont posé la condition d’introduire l’enseignement des droits de l’homme aux écoles primaires tunisiennes. Ils nous ont laissé un délai d’une année pour convaincre notre système éducatif, mais il nous fallait un délai d’un siècle car chez nous, d’après nos caïds, les droits de l’homme nous n’en avons pas besoin.   Le Danemark et les pays scandinaves, en général, sont des pays qui ont fait de la liberté une forme de religion. Je me rappelle que même les français, les allemands et les anglais, aux années soixante, ont été choqués par la conception de la liberté sans limites dont jouissaient les scandinaves au niveau des mœurs et de la création.   Ce pays libre qui a des citoyens libres et une presse libre et des caricaturistes libres, vient d’être secoué par une vague de protestation orchestrée par des fanatiques fascistes qui veulent imposer à ces gens libres une dose de leur médiocrité intellectuelle et de leur intolérance.   Ces gens là qui passent leur temps à brûler des drapeaux et à disserter sur les mécréants et les « kouffars » afin de boycotter les produits commerciaux et de demander des excuses aux ambassadeurs, ils ne font que confirmer leur esprit intolérant et fasciste. Malheureusement pour eux, le Danemark, tel que je connais, il est capable de mourir de faim avant de demander des excuses à des analphabètes barbus et fascistes.   Je leur pose une seule question : est-il possible que notre religion musulmane embrassée par plus d’un milliard de croyants soit en danger car un petit caricaturiste a exprimé une idée personnelle ? Une idée  qui n’engage en rien un peuple ami comme celui de Danemark.   S’il vous plait, calmez vos instincts agressifs qui ont fait tellement tort à cette religion qui n’en peut plus des extrémistes et des excités.   … Hamas   Palestine est et sera pour quelques temps sous le régime des milices de Hamas. Le peuple qui n’en pouvait plus de voir les mêmes têtes des gens du parti unique « Fath », a voulu châtier la dictature de l’OLP corrompu et il a voté l’unique alternative sur place, les intégristes islamistes qui, armés jusqu’aux dents par les syriens et les iraniens, se baladaient entre les bureaux de vote en arborant leurs mitraillettes… drôle de démocratie de Mister Bush qui voulait imposer aux régimes dictatoriaux  de Machrek : « votez et vous serez démocrates », voici le message. Votez mêmes aux kamikazes et aux poseurs des bombes et vous serez libres et surtout démocrates.    Hamas va gouverner, mais pas pour longtemps, car après la lune du miel entre le peuple et ces barbus « sauveurs », viendront les soucis de la survie d’un programme électoral plein de littérature romantique tout à fait anachronique avec son temps et son espace.   C’est plus facile d’être à l’opposition et critiquer et dénigrer, l’exercice du pouvoir est une autre histoire. Je ne leur souhaite pas bonne chance, car ils s’en foutent pas mal de mes souhaits puisqu’ils s’en foutent de tout le monde, « l’Islam est la solution », disent-ils comme leurs frères égyptiens et leur petit frère tunisien Taieb Smati… qui a trouvé dans ce slogan un programme simpliste et populiste. On va voir, ça sera très amusant, je vous l’assure.   BALHA BOUJADI, Le 31 janvier 2006.   balhaboujadi@yahoo.es

Les causes de l’irrésistible progression des partis islamistes dans le monde arabo-musulman

L’analyse de Renaud Girard *

Turquie, Pakistan, Maroc, Bahreïn, Koweït, Arabie saoudite, Egypte, Iran, Irak, Palestine… Au cours des deux dernières années, partout dans le monde arabo-musulman où les gouvernements ont organisé des élections démocratiques (locales ou nationales), les partis islamistes ont connu des progressions spectaculaires. C’est un mouvement général, une formidable vague de fond idéologique, qu’il serait vain de nier et dangereux, en Occident, de sous-estimer.

Pour comprendre d’où vient cette vague, il importe de remonter un peu en arrière. L’islamisme n’est pas nouveau. Son père fondateur, Hassan el-Benna, est un instituteur pieux d’Ismaïlia (Egypte) qui, pour combattre l’influence pernicieuse sur la jeunesse de son pays des idées et des moeurs venues d’Angleterre, créa, en 1928, le mouvement des Frères musulmans. Aujourd’hui, le Hamas palestinien se réclame explicitement de lui. L’islamisme, c’est-à-dire le mouvement politique visant au remplacement de la loi des hommes par celle de Dieu (la charia), tarda à prendre son essor dans le monde arabo-musulman. Il fut, peu après sa naissance, évincé par les idéologies les plus puissantes du XXe siècle, à savoir le nationalisme laïc et le socialisme. Le parti Baas, mouvement de la renaissance arabe fondé pendant la Seconde Guerre mondiale et qui prendra le pouvoir plus tard en Syrie et en Irak, est à la fois nationaliste, laïc et socialiste. Même chose pour le nassérisme qui, en Egypte, décapitera impitoyablement le Mouvement des Frères musulmans.

En Turquie, Mustafa Kémal, après avoir rétabli l’indépendance de son pays, laïcisa de force l’Etat, abolissant le Califat (1924), supprimant les tribunaux religieux, interdisant la polygamie, imposant le vêtement occidental à la population. Atatürk a dû se retourner dans sa tombe à la nouvelle que le premier ministre turc Erdogan avait envoyé ses filles étudier à l’étranger pour leur permettre d’aller en cours voilées. En Turquie, les militaires, derniers gardiens du kémalisme, veillent à ce qu’on ne touche pas à l’interdiction du port du voile islamique à l’université. Née historiquement entre la Première Guerre mondiale, qui vit l’effondrement de l’Empire ottoman, et la Seconde, qui inaugura le mouvement des décolonisations et des révolutions nationalistes, l’idéologie islamiste ne parvint pas à ses débuts à s’enraciner dans les sociétés du monde arabo-musulman. Même Mohammed Ali Jinnah, le fondateur du Pakistan en 1947, vécut jusqu’au bout comme un gentleman britannique, buvant son whisky tous les soirs. L’alcool ne fut interdit au Pakistan que bien plus tard, au milieu des années 1970, par une décision démagogique de Zulfikar Ali Bhutto.

Force est de constater que, dans le monde arabo-musulman, la greffe de la gouvernance à l’européenne, implantée au moment des décolonisations et fondée sur le principe central de séparation du politique et du religieux, a été rejetée par les populations. Comment expliquer un tel rejet de greffe ? Il tient d’abord à l’échec des modèles de développement intellectuellement importés d’Europe. En Algérie, le socialisme (collectivisation de l’agriculture, création de grands complexes étatiques d’«industries industrialisantes» à la soviétique) n’a produit que de la pauvreté pour tout le monde, à l’exception de la haute nomenklatura du FLN, qui envoyait ses fils dans des collèges privés en Suisse, afin qu’ils échappent à l’affligeante «arabisation» des études décrétée chez eux. En Syrie et en Irak, le nationalisme a été confisqué par des minorités, désireuses de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. En Egypte, le nationalisme a chassé les Juifs et le socialisme nassérien les Grecs : le pays ne s’est toujours pas relevé économiquement du départ de ces deux communautés, qui formaient l’ossature du secteur privé. Les gouvernements issus de la décolonisation ont tous entretenu un rapport prédateur au pouvoir, qui finit par être repéré et honni par la population. Si les Algériens, la première fois qu’ils purent s’exprimer librement dans les urnes (aux élections municipales de 1990), votèrent massivement pour le Front islamique du salut (FIS), c’est parce qu’ils souhaitaient sanctionner ceux qu’ils appelaient les «voleurs du FLN». Le Fatah de Yasser Arafat, qui était notoirement corrompu, avait beaucoup de mal à redistribuer à la population palestinienne l’argent envoyé par les Etats arabes et l’Union européenne. En revanche, les leaders du Hamas ont toujours vécu modestement.

Immense est la force simplificatrice du slogan électoral des Frères à travers le monde musulman : «L’islam est la solution». Qui pourrait, au Caire, à Gaza, à Bagdad ou à Alger contredire un tel slogan ? Qui pourrait y préférer le gouvernement des hommes à celui de Dieu ? L’islam, religion dont la simplicité fait la force, n’interdit-il pas le vol et ne prône-t-il pas l’aumône aux plus démunis ? Les Frères n’ont-ils pas toujours montré l’exemple ? A Gaza, au Caire ou dans la banlieue sud de Beyrouth, ce sont les islamistes qui assurent les services sociaux là où l’Etat est défaillant.

Pour les gens pauvres, l’islam, qui dit qu’il n’y a de soumission qu’à Dieu, est une religion libératrice. L’égalité devant Dieu est devenue idéologiquement un produit d’appel beaucoup plus fort que l’égalité des droits à l’occidentale, vécue comme hypocrite. Parallèlement, l’image que donne de lui-même le monde occidental aux masses musulmanes s’est considérablement ternie. Les islamistes ont beau jeu d’enseigner à leurs coreligionnaires que les Occidentaux «ne croient plus en rien», perdus qu’ils sont dans leur hyper consumérisme. Quel modèle moral offre donc encore les sociétés européennes, qui ont peur de faire des enfants et qui abandonnent leurs vieux dans des maisons de retraite ?

Il serait vain pour les Occi dentaux de tenter de briser aujourd’hui cette vague de fond. Il importe désormais de laisser les sociétés du monde arabo- musulman tenter librement leurs expériences du gouvernement de Dieu, chez elles. Quant à nous, continuons sans complexes à exiger, chez nous, l’intégralité de la démocratie des hommes.

* Grand reporter au service étranger du Figaro.

[Source: Le Figaro mis en ligne le 31 janvier 2006]


Caricatures de Mahomet: le Danemark tente de désamorcer la crise

COPENHAGUE – Le Danemark tente de désamorcer l’une des graves crises de son histoire contemporaine, née de la publication de 12 caricatures controversées du prophète Mahomet. Ces dessins provoquent toujours un raz-de-marée de protestations dans le monde musulman.

L’Algérie et le Soudan notamment se sont joints au concert d’indignation. En outre, les ministres de l’intérieur des pays arabes ont réclamé au gouvernement danois de “sanctionner fermement” les auteurs des caricatures et demandé “que cela ne se reproduise pas”. Ils étaient réunis à Tunis pour leur 23e session.

La presse européenne “observe deux poids et deux mesures” car elle “craint d’être accusée d’antisémitisme, mais invoque la liberté d’expression lorsqu’elle caricature l’islam”, avait jugé avant l’ouverture de la réunion le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.

Des milliers de Palestiniens ont par ailleurs participé à une manifestation de protestation organisée par le groupe radical Jihad islamique à Gaza. Une grande photo du premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a été brûlée lors de ce rassemblement devant le quartier général de l’ONU.

A Copenhague, la rédaction du quotidien danois “Jyllands-Posten”, qui a publié les dessins incriminés, a même été évacuée mardi en fin d’après-midi à la suite d’alertes à la bombe, a annoncé la police.

“Le gouvernement considère cette affaire avec profondément de gravité”, a déclaré le premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen face aux menaces contre la sécurité de ses compatriotes et aux campagnes de boycottage des produits danois. “Il y a énormément de désinformation et nos diplomates sont à pied d’oeuvre pour redresser les malentendus découverts.”

“J’ai personnellement un tel respect pour les croyances religieuses des gens que je n’aurais jamais pu représenter Mahomet, Jésus ou d’autres figures religieuses d’une manière qui peut être insultante envers d’autres”, avait-il déclaré la veille. M. Rasmussen avait cependant rappelé que “la liberté de presse existe au Danemark où les médias sont libres et indépendants et décident seuls quelles caricatures ils veulent publier”.

Le chef du gouvernement danois a appelé les chefs religieux de la communauté musulmane au Danemark à prendre leurs distances par rapport au boycottage lancé contre les marchandises danoises et de toutes les actions dirigées contre le royaume.

(ats / 31 janvier 2006 20:09)


Un journal danois s’excuse pour avoir “offensé” les musulmans

 

Edition du 01.02.06

Le quotidien conservateur danois Jyllands-Posten a fini par s’excuser après la publication de caricatures ayant provoqué une vague d’indignation dans les pays musulmans. Dans un texte destiné aux médias arabes, et diffusé sur le site Internet du journal, le rédacteur en chef du quotidien, Carsten Juste, a présenté, lundi 30 janvier, ses “excuses” non pour la parution de ces dessins, qu’il continue de juger “sobres”, mais pour avoir “offensé” les musulmans. De son côté, le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a également cherché à calmer le jeu en prenant ses distances avec les caricatures mais sans présenter ses excuses au nom du Danemark. Les caricatures incriminées, publiées le 30 septembre dans le Jyllands-Posten et reprises par un autre titre, norvégien, représentent le prophète Mahomet, entre autres, comme un diable tenant dans la main une grenade.

Les réactions ont été très vives dans de nombreux pays arabes. “ Les lois européennes interdisent, sous peine de prison tout antisémitisme, toute remise en cause de la Shoah et tout acte ou propos de type raciste”, déclare ainsi au Monde le romancier égyptien Gamal Ghitani, directeur d’Akhbar Al-Adab, supplément culturel du quotidien Al-Akhbar, l’un des plus importants d’Egypte. “Pourquoi l’ironie et l’affront faits au prophète d’une religion embrassée par plus d’un milliard d’hommes dans le monde sont-ils permis ? J’ai du mal à comprendre une telle contradiction. Je suis pour la liberté d’opinion et d’_expression, mais cette affaire ne peut que multiplier les malentendus entre l’Occident et l’Orient.” Gamal Ghitani peut pourtant difficilement être taxé d’islamisme.

BOYCOTTAGE DE PRODUITS

Les caricatures ont suscité une levée de boucliers d’abord populaire, puis officielle, dans l’ensemble du monde arabe. Des appels lancés au boycottage de produits danois ont été suivis d’effets, notamment dans trois pays, l’Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis, où de grandes sociétés d’importation de produits alimentaires ont retiré de tels produits de la vente. Dans la bande palestinienne de Gaza, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont demandé à tous les ressortissants scandinaves de plier bagages. Au niveau officiel, après l’Arabie saoudite, qui a rappelé son ambassadeur au Danemark, la Libye a décidé, dimanche, de fermer son ambassade dans ce pays, tandis que l’Egypte, la Syrie, la Jordanie, le royaume du Bahreïn et l’Organisation de la conférence islamique protestaient chacun à sa manière.

Au Danemark, après les menaces de mort adressées à l’automne à certains dessinateurs du Jyllands-Posten, la presse a révélé, lundi, que des textos invitent au boycottage de boutiques tenues par des musulmans.

 
Mouna Naïm (Beyrouth) et Olivier Truc (Stockholm)

(Source: Le Monde  du 01.02.06)


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