TUNISNEWS
8 ème année, N° 3022 du 31.08.2008
Reporters sans frontières: la carte d’identité de Slim Boukhdir abandonnée près de son domicile par des policiers en civil Liberté – Equité: Communiqué KongoTimes: Tunisie – Vivre à credit Sami BEN ABDALLAH: La Torture Sous Bourguiba – Une armée de Ministres cuisiniers – es hommes qui ont manqué à la Tunisie AFP: Un « dangereux réseau terroriste » de 15 personnes démantelé au Maroc Al Bayane: Démantèlement d’un «dangereux réseau terroriste» : Premier coup de filet dans les rangs de «Fath Al Andalous» L’Expression: Secrétaire d’état américaine au maghreb- Ce qui fait courir Condoleezza Rice
AFP: Des millions de musulmans se préparent au ramadan sur fond d’inflation
29.08 – Tunisie :
la carte d’identité de Slim Boukhdir abandonnée près de son domicile par des policiers en civil
Reporters sans frontières a adressé, le 26 août 2008, une lettre au ministre tunisien de l’Intérieur et du Développement local pour demander son intervention en faveur de Slim Boukhdir, un journaliste tunisien privé de sa carte nationale depuis sa sortie de prison, en juillet dernier. Le lendemain, deux hommes en civil se sont présentés au domicile du journaliste pour lui remettre sa pièce d’identité. Devant le refus du journaliste de récupérer ce document sans signer de procès-verbal officiel, les deux hommes se sont éloignés. « Ils sont revenus quelques instants plus tard pour déposer en cachette ma pièce d’identité devant une maison voisine en construction », a affirmé Slim Boukhdir, interrogé par téléphone par Reporters sans frontières. « Le gouvernement a choisi de ne pas me délivrer ma carte d’identité selon les procédures légales, c’est-à-dire en effectuant un procès-verbal prouvant que ma carte est réquisitionnée depuis ma date d’arrestation. (…) Après l’avoir jetée, les deux hommes ont pris la fuite. Je rappelle au gouvernement qu’il me manque encore mon passeport. Est-ce que je dois le chercher sous les arbres du jardin ? », a ajouté le journaliste.
(Source: « Reporters sans frontières » le 29 aout 2008)
Liberté – Equité 33 rue Mokhtar Attia tunis 1001 Tel/Fax : 71.340.860 Tunis , le 30/08/2008
A la famille de Mme Nicole Pignon Et a tous les membres de l ACAT
Nous avons appris avec peine et chagrin la nouvelle de la douloureuse disparition de Madame Nicole Pignon, Nouvelle qui nous est parvenue en retard, j étais en déplacement c est pour cela que je n ai pas pu être présent aux obsèques. Madame Nicole Pignon reste présente dans notre esprit. Je me rappelle personnellement et avec amertume les quelques instants qui m ont réuni avec elle et qui m ont permis de connaitre une dame d immense générosité d esprit et de cœur , les quelques appels téléphoniques qui m ont permis de constater l attachement de la grande disparue aux principes de justice , d esprit et de dignité humaine ainsi que son engagement de chaque instant pour le triomphe des Droits de l Homme. Je vous présente a vous tous et a tous ceux qui l ont connue de prés mes vives condoléances et je prie dieu de l accueillir dans son immense miséricorde. Liberté –Equité Son Président Me Mohamed Ennouri
Sun, 31 Aug 2008 11:38:00 Tunisie – Depuis le crash de Batam,I’octroi de credits a la consommation est surtout le fait du secteur bancaire. Par KongoTimes! Pour avoir acheté un appartement, une voiture ou même une télévision, plus de 600000 foyers sont aujourd’hui endettes. Les prêts à la consommation explosent, et attisent une vive concurrence. C’est aujourd’hui un fait établi. Les ménages tunisiens sont de plus en plus endettes. Le nombre total de la population active vivant à crédit est ainsi passe de 50000 personnes en 2003 à plus de 600000 en 2006. Un record historique. De la voiture au téléphone portable, en passant par la télévision et autres biens d’équipement, les tentations sont désormais pléthoriques. La plupart des foyers de la classe moyenne (soit 80 % de la population) n’hésitent plus à s’endetter à long terme, sur quinze ou vingt ans, pour satisfaire leurs besoins et leurs envies les plus folles. Conséquence: les prêts à la consommation explosent. Et les chiffres sont la pour en témoigner. Selon les données publiées par la Banque centrale de Tunisie, le nombre total des crédits à la consommation aurait double depuis 2003 et s’élèverait à 3,95 milliards de dollars pour 1’année 2006. Plus particulièrement, le volume des crédits qui ont servi à couvrir les dépenses courantes a connu une croissance de 1’ordre de 26 % entre 2005 et 2006, atteignant 2,05 milliards de dollars. Une tendance qui s’est confirmée en 2007. « Plus de 80 % de notre clientèle à recours au crédit pour effectuer leurs achats sur place, explique le gérant d’un magasin d’électroménager en plein centre-ville de Tunis. Et même si le nombre des retards de remboursement aux crédits fournisseur (paiements d’achats par tranches) augmente, 1’activité reste tout de même profitable. » Pour répondre a cette demande en nette progression, la plupart des commerces proposent aujourd’hui des plans de remboursement a long terme. Cette pratique, qui n’a rien de nouveau, avait déjà été démocratisée au début des années 2000 par 1’ancien géant de la distribution, Batam. Victime d’une expansion trop rapide et du laxisme des banquiers, qui accordaient crédits sur crédits les yeux fermes, la plus grosse entreprise de vente à crédit a fini par s’effondrer. A cote des dépenses courantes, c’est encore et toujours le logement – première préoccupation des ménages – qui fait exploser la demande de crédits. Alors que 80 % des Tunisiens sont propriétaires, le remboursement des crédits à 1’habitat représente environ 40 % du revenu disponible des ménages. « Nous avons acquis notre appartement de trois pièces, situe a El-Mourouj (quartier sud de Tunis), grâce a un prêt de la Banque de 1’Habitat. Mais quasiment tout notre salaire y passe », explique un couple de trentenaires. Autrefois considère comme la chasse gardée de la Banque de 1’Habitat, le « crédit logement », encore appelé « crédit foyer », est désormais pratique par la plupart des banques commerciales de la place, qui se livrent aujourd’hui une lutte sans merci pour attirer et fidéliser la plus grosse clientèle possible. La large gamme de choix de prêts permet ainsi aux salaries de bénéficier d’un crédit leur ouvrant l’accès à la propriété. Ce prêt offre la possibilité d’acquérir un logement neuf ou ancien, de construire une maison ou encore d’acheter un terrain. Dans ce contexte d’offre immense, 1’Attijari Bank (anciennement la Banque du Sud) propose trois types de produits pour séduire les accros des crédits a la consommation. Le crédit Tahssin, destine à financer des travaux de rénovation; le crédit Ardhi, permettant d’acheter un terrain; ou encore le crédit Melki, pour accéder a la propriété. « Bien sur, en termes d’offres de crédit, les institutions financières redoublent aujourd’hui d’originalité et d’ingéniosité, car la concurrence est rude », confie un chef d’agence de la région de Sousse. C’est particulièrement vrai dans le cas d’un crédit très populaire: le crédit auto. Propose par la grande majorité des banques tunisiennes, ce type de crédit a la consommation permet de financer l’achat d’une voiture de tourisme a hauteur de 70 % de son prix TTC s’il s’agit d’un véhicule neuf, ou a hauteur de sa valeur estimée par 1’institution financière dans le cas d’un véhicule d’occasion. Preuve du succès de ce produit: entre mai 2005 et mai 2006, le volume des crédits ayant servi au financement de véhicules neufs a augmenté de 33 %. Un record! Aux offres classiques (crédit logement, crédit auto, etc.), s’ajoutent le crédit immédiat, ainsi que des offres plus spécialisées, telles que le prêt bancaire pour 1’acquisition d’un ordinateur ou encore le prêt étudiant, par exemple. Face à la progression du marché des crédits à la consommation, ce sont surtout les banques qui en profitent. En permettant aux ménages de s’équiper, d’acheter une voiture ou un logement, bref de s’endetter, les établissements financiers – mis a part le fait de se rapprocher de leurs clients – améliorent également leurs dépôts et ainsi font mieux fonctionner la machine économique en encourageant ces produits financiers. Hormis les banques, la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS), et ce même s’il ne s’agit pas de leur vocation première, accordent aussi ce genre de financement, a certaines conditions. Quant aux sociétés spécialisées dans le crédit a la consommation du type Cetelem ou Sofinco en France, elles brillent par leur absence sur le marché tunisien. Tasshil, une société partenaire de 1’Union Internationale des banques a propose quelque temps des crédits pour financer les achats relatifs a tout appareil électroménager ou informatique, 1’acquisition de voiture, les améliorations de 1’habitat ou encore l’achat de meubles. Mais au bout de quelques mois de fonctionnement, 1’aventure à tourne court. Aujourd’hui, le marche des crédits à la consommation est, et reste plus que jamais, aux mains des banques, qui ont fortement incite et encourage 1’endettement des ménages, considéré autrefois comme un formidable moyen permettant a certaines catégories a court de capacités de financement d’accéder a la consommation. Mais depuis quelque temps, la donne a change. « II y a une course effrénée et parfois dangereuse à la consommation et aux crédits. C’est une nouvelle culture qui a fait son apparition et, en tant que banquiers, nous devons en tenir compte », explique un responsable de la Banque de Tunisie. C’est dans ce nouveau contexte que la plupart des responsables d’institutions financières insistent sur la nécessaire professionnalisation de 1’activité. Le crédit à la consommation est un véritable métier, il implique une connaissance et une maitrise de la technologie des risques et de 1’endettement, avec la mise en place d’un outil informatique performant. « Entre les crédits fournisseur et les crédits bancaires, je ne m’en sors plus. Actuellement, il ne me reste plus qu’une infime partie de mon salaire pour vivre, soit 50 DT par mois », déplore un fonctionnaire. C’est pour éviter ces situations extrêmes que les responsables du système financier et les autorités tunisiennes s’orientent pour 1’avenir vers une plus grande sévérité dans le processus d’octroi des crédits a la consommation, moyen de financement qui a fait le bonheur, et parfois le malheur, en cas de grave surendettement, des fameuses « classes moyennes » tunisiennes. Reste à savoir si ces nouvelles contraintes ne vont pas conduire certains ménages à se tourner vers des modes de financement parallèles. En effet, découragés par les garanties exigées pour 1’obtention d’un crédit a la consommation, de plus en plus de Tunisiens se sentant exclu des circuits classiques, n’hésitent plus a s’orienter vers l’usure. « J’ai été aborde dans une banque par un usurier qui m’a propose de me faire un crédit en deux heures en échange de chèques », confie un instituteur originaire de Meknès. Et malgré des taux d’intérêt largement excessifs, voire franchement prohibitifs, nombreux sont aujourd’hui les ménages qui cèdent quand même à la tentation. Sonia Mabrouk
(Source: « KongoTimes » RD Congo le 31 aout 2008)
La Torture Sous Bourguiba Une armée de Ministres cuisiniers Ces hommes qui ont manqué à la Tunisie
«Toutes ces questions peuvent être adressées aussi à M. Ahmed Ben Salah, et à bien d’autres, comme MM. Ahmed Mestiri, Hassib Ben Ammar, Beji Caid Essebssi ; où étaient-ils quand on envoyait des étudiants au bagne ? Qu’ont-ils fait pour empêcher la torture, à défaut de la dénoncer ? Avaient-ils si peu de démissionner, de prendre des risques ? S’ils avaient peur des risques, ils n’avaient pas à entrer en politique. Les uns et les autres (si différents par ailleurs) fournissent aujourd’hui des explications a posteriori. Elles ne sont pas toujours convaincantes. « Ce n’est jamais, jamais après mais avant que ça se passe ». P81, Mohesen Toumi, la Tunisie de Bourguiba à Ben Ali », Presses Universitaires de France, novembre 1989 « Le drame de la répression en Tunisie, c’est que tout le monde devient amnésique. Aujourd’hui, tous disent : « on ne savait pas ! ». C’est le comble du cynisme ! Je suis persuadé que, tôt ou tard, ce dossier s’ouvrira. Ce qu’il révélera sera terrible pour ceux qui croient aujourd’hui avoir échappé à la justice humaine. » Noureddine Ben Kheder- ancien dirigeant de la gauche tunisienne « Les Hommes politiques occidentaux ainsi que des anciens responsables politiques font souvent l’éloge de Bourguiba, bâtisseur, selon eux, d’un Etat « moderne ». Je veux bien savoir que penseraient un Jacques Chirac, un Bertrand Delanoé, un Philippe Séguin ou ces anciens responsables qui se disent Bourguibistes, s’ils avaient passé des années dans les prisons sous Bourguiba et s’ils étaient torturés comme l’étaient des milliers de Tunisiens. Continueraient-ils à dire…un Etat « moderne » ? Et comment un Etat « moderne » torture-t-il ses citoyens et organise la fraude électorale de l’aveu de l’ancien premier ministre? » Sami Ben Abdallah Par Sami BEN ABDALLAH Sami_tunisie_soir@yahoo.fr Depuis quelques années, des débats sont organisés en France à propos des méthodes d’une partie de l’armée française durant la guerre d’Algérie. Ces débats, avec tout ce qui s’en est suivi, de révélations, d’accusations, de contre-accusations, de remords et de regrets honorent la France et plusieurs Algériens qui demandent que la France reconnaisse la torture pratiquée en Algérie. Cela nous conduit à la Tunisie pour s’interroger : ou sont passés les Tunisiens ? Pourquoi cette étape importante de l’histoire de notre pays est occultée ? Qu’en est-il des méthodes de l’armée française en Tunisie ? Il ne s‘agit pas d’une concurrence des mémoires, mais il y a bien eu une guerre, des maquis, des martyrs, des fellaghas contrairement à tout ce que l’histoire officielle de la Tunisie enseigne ( un seul homme- Bourguiba- a combattu le colonialisme tout seul et nous a ramené l’indépendance ). Qu’en est-il des méthodes utilisées par les partisans de Bourguiba contre leurs rivaux youssefistes ? Qu’en est-il de la torture, des assassinats politiques ? Parmi les témoignages qui ont choqué une majorité des français, il y a les deux livres souvenirs du général Paul Aussaresses, « Services Spéciaux Algérie 1955-1957 » et « je n’ai pas tout dit ». Dans le premier, le général –ancien chef des services spéciaux- écrit : «comme beaucoup de mes camarades qui ont combattu en Algérie, j’avais décidé, non pas d’oublier, mais de me taire » (p9). Et d’ajouter, avec tout le cynisme qui le caractérise : « Je suis conscient que ce récit […] est susceptible de choquer –ceux qui savaient et qui auraient préféré que je me taise comme ceux qui ne savaient pas et auraient préféré ne jamais savoir-, je crois qu’il est aujourd’hui utile que certaines choses soient dites ». Dans ces deux livres –souvenirs, Paul Aussaresses a bien reconnu avoir pratiqué la torture, ce qui a provoqué sa condamnation pour apologie de crimes de guerre en 2003 et sa démission forcée de l’ordre de la Légion d’honneur avant de subir la correction du Général Marcel Bigeard qui lui a lancé : « Qu’est-ce qui t’a pris d’ouvrir ta gueule ? ». Incontestable, nombre de Français étaient gênés par les témoignages du Général. Cependant, la France peut être fière de ces Français qui durant la guerre d’Algérie ont dénoncé la Torture. Ils étaient politiques, intellectuels, journalistes, officiers et français ordinaires. Ils étaient Français, leur armée combattait en Algérie. Mais ils ont dit Non à la Torture. C’est de cette France la, qu’on peut être fière, celle du Général Paris de La Bordière (il était l’officier le plus décoré de l’armée française). Il s’est opposé publiquement aux directives du Général Massu (vainqueur de la bataille d’Alger en 1957), « De la Bordière a franchi la barrière invisible du «devoir de réserve» en rendant publiques, dans la presse parisienne, les raisons de sa désapprobation des méthodes fortes des services de renseignement. D’autres officiers comme le colonel de Seguins-Pazzis – certes moins célèbres – n’ont pas été moins honorables. Ils ont régulièrement expliqué à leurs subalternes que la «lutte anti-subversive » ne pouvait s’accommoder de l’usage de la torture sans que l’armée y perde son âme ». ( Livre «Ces officiers qui ont dit non à la torture» de Jean-Charles Jauffret). Le Général de la Bordière a été condamné à 60 jours d’arrêt de forteresse. Mais il ne recula pas ! Non à la torture. Il plaça la morale au-dessus des ordres. Il sera suivi par d’autres dont les journalistes Claude Bourdet et François Mauriac. Le premier a publié un article en 1955 dénonçant la torture, intitulé «Votre Gestapo d’Algérie » ( article paru le 13 janvier 1955 dans France-observateur). Le second a publié son article 2 jours plus tard dans l’Express, « La Question », (in Sylvie Thénault, « Une drôle de justice , les magistrats dans la guerre d’Algérie », p 27 Editions La Découverte, Mars 2004). Tunisie : Ces Ministres «cuisiniers » qui ne savaient pas ! Lors d’arrestation de terrorises dans les maquis en Algérie durant la guerre qui a ravagé ce pays depuis 1990, « les terros » déclaraient toujours « Moi je n’ai pas participé aux opérations, j’étais affecté à la cuisine ». Et les policiers algériens leur répondaient «tous disent qu’ils étaient affectés à la cuisine, les GIA étaient une armée de cuisiniers ? ». Cet exemple anecdotique mais vrai rappelle à plusieurs égards l’attitude des anciens Ministres tunisiens. Tous sont devenus amnésiques, tous ne se rappellent pas de la torture, tous ne savaient rien, tous – à lire leurs souvenirs- se disent des «démocrates ». Ainsi dans son livre souvenirs, Tahar Belkhodja – ancien ministre de l’intérieur- qui ne pouvait pas méconnaître la torture pratiquée dans les caves de son Ministère ou dans les fermes privées (où des français torturaient des Tunisiens avant l’indépendance), le mot « torture » n’est pas présent, même pas une fois dans son livre de 201 pages. Bien au contraire. Tahar Bekodja écrit à propos de l’arrestation de militants d’extrême gauche «l’enquête de la police s’était déroulée d’une façon fort civile. En 1974, en effet, les services de sécurité étaient tout autre que ceux de 1968. Ministre de l’intérieur et détenant ainsi tous les pouvoirs afférents à ma charge, je m’étais employé avec le nouveau directeur général de la Sûreté, Abdelmajid Bouslama —ancien juge éprouvé — à élaguer le département de toutes les “vieilles croûtes”et à promouvoir de nouveaux hauts cadres, — jeunes licenciés en droit, formés aux écoles de police à Lyon et de la gendarmerie en Belgique et au Canada, — qui changeront l’état d’esprit et le comportement de la police et de la garde nationale. Dès le 20 août, j’adressai à tous mes subordonnés une circulaire qui rappelait leur premier devoir : “La garde à vue a été limitée par la loi et ses délais précisés, afin de sauvegarder les libertés individuelles consacrées par la Constitution (…) L’action de toutes les structures du ministère doit être empreinte du sceau de la légalité”. Ces instructions furent scrupuleusement appliquées » ( Tahar Belkhoja, « Les Trois décennies Bourguiba », pp86-87). « Sauvegarder les libertés individuelles consacrées par la Constitution » ! et quoi encore ? Mohamed Mzali, l’ancien premier Ministre a publié 3 livres après avoir quitté le pouvoir. Lui aussi est devenu amnésique et ne se rappelle plus de la Torture. Cependant, on reconnaît à M. Mzali un peu de courage. Car dans son premier livre «Lettre ouverte à Habib Bourguiba » (certes, il l’a écrit de l’exil), il a expliqué comment on obtient en Tunisie ces fameux taux de 99% dans les élections présidentielles ou législatives: » Le 10 avril 1981, Bourguiba faisait une proclamation en faveur du pluralisme : « Le degré de maturité atteint par le peuple tunisien, les aspirations des jeunes et l’intérêt qu’il y a à faire participer tous les Tunisiens, quelles que soient leurs opinions à l’intérieur ou à l’extérieur du parti dans la prise de décision, nous invitent à dire que nous ne voyons pas d’objection à ce que des organisations nationales politiques ou sociales voient le jour ». Officiellement : « avec un taux de participation de 85 % de votants, les résultats proclamés le 2 novembre donnèrent au Front national 94,6 %, le MDS n’obtenant que 3,2 %, le MUP 0,8 % et le PCT 0,7 %. L’opposition dénonça avec véhémence la fraude électorale. Le ministre de l’intérieur (Driss Guiga) répondit que si des bavures avaient pu avoir lieu, elles ne faussaient pas le sens du scrutin. Le Premier ministre Mzali déclara : « Sur le plan arithmétique, pas un seul opposant ne méritait d’être élu. Pas un seul ne peut prétendre avoir obtenu assez de voix pour être élu ». Mais des années après, l’ancien premier Ministre, reconnaissait qu’il y a eu des fraudes électorales et déclarait que « Bourguiba ordonna une victoire totale des listes du Parti au pouvoir. …En 1981, Guigua (Ministre de l’intérieur) m’avait confié que le Président avait ordonné une victoire totale des listes du PSD ; un commando s’était même rendu, la nuit du dépouillement du scrutin, au siège du gouvernorat de Tunis, pour y trafiquer les résultats… ». Le premier Ministre écrira à Bourguiba: « Je vous ai rappelé que vous-même et le PSD avec vous, n’aviez plus besoin pour gouverner des mythiques 99% des voix que vous « donnait » chaque élection » (Lettre ouverte à Habib Bourguiba,p19). Quand il était au pouvoir, le premier Ministre niait la fraude électorale, une fois chassé du pouvoir, il révéla l’étendue de cette dernière. M. Mohamed Sayyah l’ancien Homme fort du parti au pouvoir avait déclaré récemment « si les Tunisiens ne vivent pas en liberté, à quoi a servi l’indépendance ? ». Belle déclaration. En 2003, lors d’une rencontre organisée par la fondation Temimi pour la recherche (dont le résumé a été publié par le site Beb-el-web), Noureddine Ben Khedr paix à son âme- figure de la gauche tunisienne- posa une question directe à M. Mohamed Sayyah : « Etiez-vous conscient de la situation des intellectuels tunisiens à l’époque, et de l’absence de vie démocratique dans le pays ? » Et d’ajouter « Nous étions convaincus que Mohamed Sayah était derrière ces tragédies et événements ». M. Ben Khedr a également demandé à M. Sayah : « Comment avez-vous osé qualifier les militants de perspectives en tant que traîtres et malades ?» M. Ben Khedr a parlé de la torture dont il fut victimes sous l’ancien régime, et a posé la question à M. Sayah de savoir s’il était au courant de ces pratiques. Prenant la parole, M. Mohamed Sayah n’a pas nié ses responsabilités dans les événements de mai 1963 à l’occasion des élections des délégués de l’UGET (section parisienne) alors qu’il était directeur adjoint du Parti. Il a considéré qu’il était responsable des confrontations qui ont eu lieu, bien qu’il n’était pas responsable de la jeunesse et a exprimé ses regrets. (…) . S’adressant à Ben Khedr, M. Sayah a affirmé : « Quand vous étiez en prison, nous n’étions pas à l’aise, je considère vos souffrances et votre situation carcérale ». Il a ajouté : « J’entendais parler de la torture et cela me faisait mal ». Mohamed Sayah était le plus proche collaborateur de Bourguiba, plusieurs fois Ministres et Directeur du parti au pouvoir (le PSD, l’ancêtre du RCD). Il a cautionné les méthodes odieuses des «milices du parti » qui terrorisaient les Tunisiens ! Et durant 30 ans au pouvoir, il ne savait rien de la torture mais il «a entendu parler de la Torture » et durant 30 ans au pouvoir « il n’était pas à l’aise et avait mal » ! Noureddine Ben Khedr dira plus tard «le drame de la répression en Tunisie, c’est que tout le monde devient amnésique. Aujourd’hui, tous disent : « on ne savait pas ! ». C’est le comble du cynisme ! Je suis persuadé que, tôt ou tard, ce dossier s’ouvrira. Ce qu’il révélera sera terrible pour ceux qui croient aujourd’hui avoir échappé à la justice humaine ». Ils ne savaient rien donc de la Torture! Tous les Tunisiens savaient que la torture était pratiquée…sauf ces ministres! Quand M. Mohamed Sayah s’interroge aujourd’hui «a quoi a servi l’indépendance si les Tunisiens ne sont pas libres ? ». On ne peut que souscrire à son interrogation, mais lui poser la question à lui et à tous ceux qui se sont découvert des vocations de «démocrates » après avoir quitté le pouvoir, à tous ceux qui ne se rappellent plus de rien : Vous M. Sayah qui étiez 30 ans au Gouvernement ou personne ne vous a entendu un jouer discourir sur la liberté, qu’avez-vous fait pour dénoncer la Torture ? Pourquoi avez-vous cautionner les milices du Parti au Pouvoir (le PSD rebaptisé RCD) qui terrorisaient les Tunisiens ? Il ne s’agit pas uniquement de M. Sayah, les souvenirs de M. Tahar Belkodja sont si sélectifs que ce qu’il a déclaré dans son livre est totalement démenti par les témoignages du défunt Noureddine Ben Kheder ou d’Ahmed Othmani, deux figures de la gauche tunisienne et bien d’autres témoignages. Car Tahar Belkoja, en tant qu’ancien Ministre de l’intérieur, ne pouvait pas ne pas tout savoir sur la Torture ! En 1962, lors du procès de la tentative de Coup d’Etat, (Le complot de décembre 1962: Fallait-il les tuer ?- « Réalités » N° 1069 du 22 juin 2006) Noura Borsali rappelle que « Selon les inculpés dans cette affaire que nous avons rencontrés, les interrogatoires se sont déroulés dans des conditions le moins que l’on puisse dire pénibles. Ils ont subi, disent-ils, toutes sortes de sévices physiques et moraux. Azzeddine Azouz, lui-même, arrêté sans avoir été jugé, le 25 décembre, dans le cadre de cette affaire, raconte sa détention dans les locaux de la brigade de la Sûreté de l’Etat, dans son récit “ L’Histoire ne pardonne pas. Tunisie 1938-1969 ” (L’Harmattan/Dar Ashraf Editions, 1988). “ Je fus éveillé par d’atroces cris de douleurs provenant de pièces avoisinantes. Je réalisai promptement que l’interrogatoire nocturne commençait… Je peux décrire ici ce que j’ai entendu ce soir-là : tortures, supplices, cris inhumains, coup de cravache, étouffements à l’eau, brûlures à la cigarettes et à l’électricité, supplice de la bouteille…Je ne pouvais en croire mes oreilles et m’imaginer vivre en plein vingtième siècle, dans une Tunisie moderne et indépendante sous la présidence de Bourguiba. Un policier de stature colossale fit irruption dans la pièce où j’étais, une cravache à la main et tout en sueur à forcer de frapper les détenus ”. Et Noura Borsali d’ajouter «ils ont été conduits ensuite à la prison Borj Erroumi de Bizerte où ils ont vécu dans des damous, sorte de dépôt de munitions du temps des Français à 37 marches (à environ 15 m) de profondeur. Les murs, selon les témoignages recueillis, suintaient continuellement : 3 à 4. litres par jour si bien que “ nous grelottions hiver comme été à cause de l’humidité. Quant au soleil ou aux rais de lumière, nous n’y avons eu droit qu’après nos sept années passées à Porto Farina et notre transfert à Bizerte. Pendant plus de sept ans, nous avons vécu dans l’obscurité de jour comme de nuit ”, confie Temime H’maidi Tounsi. Ils ont reçu la visite de quelques personnalités politiques comme Taïeb Mhiri, Béji Caïd Essebsi, Mohamed Farhat, Hédi Baccouche, Tahar Belkhodja, Fouad Mbazaa, le gouverneur de Bizerte… “ Après la visite de Taïeb Mhiri, le système est devenu plus dur. Je me souviens encore de la phrase de Béji Caïd Essebsi : “ Ils tiennent encore ? ”, nous dit encore Temime H’madi Tounsi. Le 31 mai 1973, ils ont été libérés suite à une grâce présidentielle, après dix ans de détention ». Les procès politiques dans notre pays n’ont pas manqué ! Déjà en décembre 1955, 4 mois avant l’indépendance, des Tunisiens torturaient d’autres Tunisiens dans les mêmes fermes où des français torturaient des Tunisiens. « Des dizaines de morts, un grand nombre de blessés, ..Des militants youssefistes sont suppliciés dans des prisons privées illégales, comme celle de Beni Khalled, créée par Amor Chachia qui siégea par la suite en tant que commissaire du Gouvernement auprès de la Haute Cour ». Amor Chachia sera récompensé plus tard et aura la charge de trois gouvernorats importants : Sousse, Kairouan et Nabeul (Omar Khlifi, «L’assassinat de Salah Ben Youssef »,MC Editions, 2005, p 141). En 1956 ; 1957 il y a eu les procès des Youssefistes, en 1962 pour la tentative de Coup d’Etat, en 1963 l’assassinat de Salah Ben Youssef par des hommes de main de Bourguiba « certaines sources publiées et jamais démenties avancent que les protagonistes du projet d’élimination physique de Ben Youssef furent Bourguiba en personne, son épouse Wassila, Mohamed Masmoudi, Hassen Belkodja, Tayeb Mhiri, ainsi que l’inévitable Béchir Zarg Layoun » (Omar Khlifi, « l’assassinat de Salah Ben Youssef »,MC Editions, 2005, p 180). De 1967 jusqu’à 1974, il y a eu le procès de l’extrême Gauche où des étudiants si jeunes ont été sauvagement torturés et condamnés à plus de dix ans de prison. En 1978, il y a eu le jeudi noir et la mort de dizaine de Tunisiens. Durant tous ces procès, les mêmes méthodes ont été utilisées : La torture, les conditions inhumaines dans les prisons, des campagnes de dénigrement si lâchement orchestrées présentant ces pauvres étudiants comme des «traîtres et des malades ». De tout cela, ces anciens Ministres ne se rappellent de rien ! Ils ne «savaient pas », «ils n’étaient pas au courant », «ils ont entendu parler de la torture » comme tout le monde ! Ils Il faut croire qu’ils n’étaient pas Ministres ! Mais une armée de Ministres affectés à la cuisine du Palais de Carthage! Ainsi, ils ne savaient rien des décisions prises au Palais. Il ne s’agit pas de personnes dont on ne peut pas être fière de leurs parcours politiques. Oui, car les Français ne sont pas fières aujourd’hui du Général Paul Aussaresses même s’il a fait ce qu’il a fait pour la France ! On ne peut pas être fière de ces Ministres qui ont cautionné la torture d’autres Tunisiens. Cependant, il ne s’agit pas de personnes fusent-ils importantes, car elles restent si insignifiantes devant l’histoire de la Tunisie. Il s’agit d’une étape importante de l’histoire de notre pays qui a été occultée. On n’a pas connu cette histoire, on est condamné à la revivre. Pourquoi plusieurs des anciens Ministres ou Bourguibistes se taisent ? Car beaucoup tiennent à leurs privilèges et se sont enrichis sur le dos des Tunisiens. Sous prétexte de fidélité à Bourguiba, ils confondent sciemment une fidélité à la personne et une fidélité au pays et aux valeurs et principes qui leur ont fait défaut. Avant d’être fidèle à untel ou untel, on doit être fidèle à la Tunisie. Et du coup, l’Histoire de notre pays est à réécrire, car l’histoire officielle est faite de mensonges et de contre vérités. Faut-il jalouser les Français ? Incontestablement oui. La Tunisie officielle a manqué d’hommes de la classe du Général de La Bordière, de François Mauriac, de Claude Bourdet et bien d’autres. Nous avons eu des hommes qui ont cautionné la Torture, qui ont cautionné les milices qui ont terrorisés les Tunisiens, qui se sont avérés des savants dans l’art de cautionner des fraudes électorales et d’obtenir des taux de 99% (à en croire le témoignage de l’ancien premier Ministre Mohamed Mzali) et dont certains d’entre eux se sont enrichis sur le dos du contribuable tunisien. Ils n’ont pas eu le courage de La Bordière, de Mauriac et bien d’autres. Ils n’ont même pas eu «le courage » du Général tortionnaire, Paul Aussaresses qui a reconnu la torture. Le Tout sous prétexte de construire un « Etat moderne ». Comment un Etat « moderne » torture-t-il ses citoyens ? Comment un Etat moderne réprime-t-il la liberté d’expression n’autorisant qu’une seule liberté, celle du culte de la personne ? Comment un Etat « moderne » organise-t-il les fraudes électorales ? Sami BEN ABDALLAH Sami_tunisie_soir@yahoo.fr
Un « dangereux réseau terroriste » de 15 personnes démantelé au Maroc
AFP – 29 août 2008 RABAT (AFP) — Les services de sécurité marocains ont démantelé un « dangereux réseau terroriste » de 15 personnes, baptisé « Fath Al Andalous », qui planifiait des attentats au Maroc, a indiqué vendredi la police marocaine. Ce réseau qui évoluait dans plusieurs villes du royaume détenait des produits chimiques et du matériel électronique « entrant dans la fabrication des explosifs », a ajouté la police citée par l’agence marocaine Map. « Les membres de cette structure, baptisée +Fath Al Andalous+, planifiaient la perpétration d’attentats au Maroc et avaient tissé des liens opérationnels avec des extrémistes étrangers inféodés à l’organisation Al Qaïda », a-t-on ajouté de même source. Les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire seront présentées à la justice « pour répondre de leurs actes », a-t-on ajouté. Leur identité n’a pas été précisée. Le nom du réseau présumé, « Fath Al Andalous » (conquête de l’Andalousie) fait référence à cette région méridionale de l’Espagne d’où les musulmans ont été chassés à la fin du XVe siècle. Ayman al-Zawahiri, le numéro 2 d’Al Qaïda, avait appelé le 20 septembre 2007 à la « récupération de l’Andalousie » dans un message vidéo à l’adresse des peuples du Maghreb. Depuis les attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, qui avaient fait 45 morts, les autorités marocaines ont annoncé avoir démantelé de nombreuses « cellules terroristes ». Le dernier en date fut celui du Belgo-marocain Abdelkader Belliraj, arrêté en février dernier. Ses 33 membres présumés comparaîtront le 16 octobre prochain devant le tribunal antiterroriste de Salé, près de Rabat.
Démantèlement d’un «dangereux réseau terroriste» : Premier coup de filet dans les rangs de «Fath Al Andalous»
Qu’en est-il au juste de l’importance de ce «dangereux réseau terroriste» démantelé par nos services de sécurité ? Et qu’en est-il de la nature des attentats que ses membres projetaient de commettre au Maroc ? La cellule de communication du ministère de l’intérieur ayant été, dans le courant de la matinée d’hier, malheureusement, et encore une fois (?), inscrite aux abonnés absents, il a fallu chercher ailleurs les bribes d’informations sur ce réseau, annoncé par Ayman Al-Zawahiri, le numéro 2 d’Al Qaïda. Une information diffusée, hier en fin de matinée, par l’agence Maghreb Arabe Presse (MAP), a fait état du démantèlement, par nos services de sécurité, d’un «dangereux» réseau terroriste. Baptisé «Fath Al Andalous». Ce réseau intégriste évoluait dans «plusieurs ville du Royaume et planifiait des attentats au Maroc». Cités par la MAP, les services de sécurité ont indiqué que le «dangereux réseau terroriste» est composé d’une quinzaine de personnes, actifs dans plusieurs villes du pays, et détenait «des produits chimiques et du matériel électronique entrant dans la fabrication des explosifs». Selon le communiqué, les membres de ce réseau, baptisé «Fath Al Andalous», planifiaient la perpétration d’attentats terroristes au Maroc et avaient tissé des liens opérationnels avec des extrémistes étrangers inféodés à l’organisation Al Qaida. Il a été précisé par ailleurs que les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire seront présentées à la justice «pour répondre de leurs actes». Qui ? Quand ? Comment ? Exactement où ? Allez chercher… Mais à l’évocation de l’appellation «Fath Al Andalou», beaucoup d’observateurs se sont remémoré cet appel lancé, le 20 septembre 2007 par le numéro 2 d’Al Qaida, Ayman Al-Zawahri à l’adresse des peuples du Maghreb, pour la «récupération de l’Andalousie». Le nom du réseau présumé, «Fath Al Andalous» (conquête de l’Andalousie) fait référence à cette région méridionale de l’Espagne d’où les musulmans ont été chassés à la fin du XVe siècle. Serait-ce cette appellation qui aurait conduit les services de sécurité à établir les liens opérationnels qu’aurait tissé ce réseau terroriste avec Al Qaida ? Rien n’empêche en effet de le penser. Le récent démantèlement d’un réseau terroriste dans nos provinces du sud, et l’arrestation, le 25 juillet dernier, de cinq de ses membres à Laâyoune pourraient également donner à penser qu’il pourrait s’agir du même réseau. Et selon certaines informations, il semblerait que les membres du réseau arrêtés à Laâyoune se seraient infiltrés dans la région en se mêlant aux marins pêcheurs. Là aussi, on est en droit de se demander si les produits chimiques et le matériel électronique saisis, et dont ont fait état les services de sécurité, n’auraient pas été introduits par la même voie. Il est enfin cette concomitance entre le démantèlement de ce réseau et les récentes déclarations faites, par la Branche armée d’Al Qaida au Maghreb Islamique (BAQMI), au lendemain du putsch dont la Mauritanie à été le théâtre, appelant à la guerre sainte et à l’instauration d’un Etat islamique dans ce pays voisin. C’est dire que beaucoup de zones d’ombres restent à éclaircir dans cette affaire dont les ramifications pourraient être multiples. Jamal Hafsi
(Source: « Al Bayane » (Quotidien – Maroc) le 31 août 2008)
SECRÉTAIRE D’ÉTAT AMÉRICAINE AU MAGHREB –
Ce qui fait courir Condoleezza Rice
Tahar FATTANI – La secrétaire d’Etat américaine conduira une délégation qui fera escale, samedi prochain, respectivement à Tripoli et Alger. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice effectuera, la semaine prochaine, une visite de quelques heures en Algérie. C’est ce qu’a confié hier, une source diplomatique à L’Expression. Cette source précise que la chef de la diplomatie américaine sera à la tête d’une délégation du département d’Etat. Lors de cette courte visite, Condoleezza Rice rencontrera des responsables de la diplomatie algérienne de même que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cette visite intervient au moment où les pays du Maghreb traversent une conjoncture particulière. Mme Rice arrive en Algérie quelques jours après la recrudescence des attentats terroristes contre les civils. Washington, qui a maintes fois condamné le terrorisme, n’a pas manqué par ailleurs de soutenir Alger dans sa lutte contre les groupes terroristes. «Les Etats-Unis sont déterminés à soutenir le peuple algérien dans la construction de sa nouvelle nation», a souligné récemment la secrétaire d’Etat américaine, dans une lettre adressée à l’ambassade des USA à Alger. Dans le même message, lu en mai dernier par l’ancien ambassadeur Robert S. Ford, Mme Rice a affirmé que «en 2008, l’Algérie est un leader reconnu en Afrique du Nord et au-delà (…). L’Algérie est championne de la sécurité régionale et internationale (…)», indique-t-elle encore et d’ajouter: «Aujourd’hui, nous pouvons apprécier le chemin parcouru par l’Algérie depuis qu’elle a émergé en tant que nation indépendante.» L’on suppute dans les milieux diplomatiques, que Mme Rice saisira sa présence à Alger pour évoquer avec la partie algérienne le volet sécuritaire, Washington envisageant, indique-t-on, de renforcer la coopération avec Alger dans ce domaine. Par ailleurs, cette visite intervient, note-t-on, à quelques mois de l’élection présidentielle américaine. Une élection qui apparaît d’ores et déjà très serrée entre le jeune candidat démocrate, et le vieux vétéran républicain. Bien évidemment, Alger est très intéressée et suit de près les joutes d’une présidentielle américaine qui se tient dans une conjoncture internationale très particulière marquée, notamment, par le conflit entre la Géorgie et la Russie et le retour de l’ex-puissance soviétique au premier plan. Par ailleurs, on indique de même source, que Mme Rice sera accompagnée dans son voyage à Alger par un haut gradé du Commandement américain pour l’Afrique (Africom). Ce qui laisse entendre que la chef de la diplomatie américaine évoquera avec les responsables algériens ce thème qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. D’autant plus que l’ensemble des Etats du Sahel, y compris l’Algérie, ont réservé une fin de non-recevoir à la demande qui leur a été faite par les Etats-Unis d’héberger le siège de ce commandement militaire américain pour l’Afrique. Washington avait, à l’époque, démenti une telle demande, même si les Etats-Unis ont exprimé leur désir de voir un contingent américain s’installer en Afrique. Le Sahel reste, toutefois, l’un des enjeux des stratèges du Pentagone. Mme Rice marquera également une halte en Libye où elle rencontrera le Guide libyen Maâmar El Gueddafi. Après une rupture de près de 30 années, les Etats-Unis et la Libye renouent ainsi des relations officielles. Le contentieux, qui a opposé ces dernières années Américains et Libyens, a trouvé ces dernières semaines des solutions agréées par les deux parties, notamment par un «partage» des indemnités, la Libye indemnisant les ayant droits du crash de l’avion transportant des voyageurs américains au-dessus de Lokerbie, alors que les Etats-Unis indemniseront de leur côté les victimes du bombardement de Tripoli en avril 1986 par l’aviation américaine. La visite de Condoleezza Rice scellera les retrouvailles entre Libyens et Américains.
(Source: » L’Expression » (Quotidien – Algerie) le 31 31 Août 2008 – Page : 2)
Des millions de musulmans se préparent au ramadan sur fond d’inflation
Par Hasan MANSOOR AFP – Dimanche 31 août, 10h51 KARACHI (AFP) – Les musulmans du monde entier s’apprêtaient dimanche à entrer dans le mois sacré du ramadan dans un contexte de flambée des prix des denrées alimentaires qui inquiète les fidèles. Le premier jour du mois de jeûne sacré de ramadan est traditionnellement déterminé par l’observation à l’oeil nu de la nouvelle lune, une méthode qui explique les divergences chaque année entre les pays musulmans. Il devrait commencer mardi au Pakistan où la flambée des prix est un sérieux motif de préoccupation. « L’inflation a des répercussions sur tout », explique Fehmida Shaukat une Pakistanaise de Karachi, la grande métropole du sud du pays. « D’habitude, nous célébrons le mois sacré du ramadan comme celui des prières et de la joie mais, cette année, c’est dur de conserver la même ferveur », dit-elle. La flambée du prix des denrées de base, les coupures de courant à répétition ont suscité la colère parmi les 160 millions d’habitants de ce pays en proie à une grave crise politique et à une montée de la violence islamiste. Pour tenter de désamorcer le mécontentement, le gouvernement fédéral a débloqué 1,75 milliard de roupies (2,4 millions de dollars) de subventions sur les biens de première nécessité. A ces craintes liées aux prix, s’ajoutent celles sur la sécurité dans un pays endeuillé par une vague sans précédent d’attentats qui a fait près de 1.200 morts depuis plus d’un an. « Les gens n’ont pas cessé pour autant de venir à la mosquée mais, effectivement, tout le monde est préoccupé », souligne Mohammad Shafiq, un dignitaire religieux de la moquée Noorul Anwaar de Karachi. En Afghanistan voisin, les craintes liées à l’inflation sont partagées. Le prix des céréales a doublé depuis un an à certains endroits du pays. « Ma famille ne peut pas en acheter », raconte Khushal, un chauffeur de taxi de 25 ans qui gagne 150 dollars par mois et risque de devoir emprunter de l’argent pour faire face aux dépenses liées au ramadan. Là aussi, les mesures de sécurité ont été renforcées par crainte de nouveaux attentats et des « mesures spéciales » ont été mises en oeuvre, a indiqué à l’AFP le ministre de l’Intérieur Munir Mangal. En Indonésie, le plus grand pays musulman du monde par sa population, les prix des oeufs, de la viande et de l’huile de cuisine ont flambé de 25% en l’espace d’une semaine. En Algérie, les autorités ont multiplié à la veille du ramadan les assurances que les produits alimentaires de première nécessité seraient disponibles en abondance, et mis en garde les spéculateurs pour limiter une flambée des prix qui seront contrôlés durant tout le mois de jeûne. Mais selon la presse, les prix des produits de base ont déjà grimpé et le prix de la tomate, indispensable à la préparation de la « chorba » (soupe), principal plat servi durant le ramadan, a quadruplé en deux semaines tandis que la volaille a connu une hausse de près de 50%. A Bagdad, malgré les menaces permanentes d’attentats sur les marchés, les familles venaient s’approvisionner en prévision des ruptures de jeûne. Le ramadan commencera lundi en Arabie saoudite, pays qui abrite les deux premiers lieux saints de l’islam, ont annoncé samedi les autorités saoudiennes. Les autorités religieuses aux Emirats arabes unis, au Qatar, à Bahreïn, au Koweït et au Yémen ont également annoncé pour lundi le début du ramadan. En Libye, en revanche, le ramadan débutera dès dimanche, a indiqué le Centre libyen pour les études astronomiques. Le ramadan est l’un des cinq piliers de la religion musulmane, avec la profession de foi, la prière, l’aumône et le pèlerinage aux lieux saints en Arabie. Durant ce mois sacré, les croyants sont appelés à s’abstenir de boire, de manger, de fumer et de tout rapport sexuel, entre le lever et le coucher du soleil