Reuters: 25 “criminels dangereux” tués par la police en Tunisie
Reuters: La Tunisie dément qu’il y ait eu 25 morts dans une fusillade AP: Les forces de la sécurité continuent de traquer “un groupe de dangereux criminels” AP: Tunisie: Des morts dans une nouvelle fusillade entre forces de l’ordre et de “dangereux criminels” Belga: Plusieurs morts dans une nouvelle fusillade au sud de Tunis AFP: Rassemblement à Tunis en hommage au “martyr” Saddam Hussein
AFP: Le tourisme en plein essor dans le Sahara tunisien
Le Monde: Analyse: Pas de “smic démocratique” en Tunisie
Ahmed seghaier: Exécution de Président Saddam ; Pourquoi ? Par qui ? Comment ? Et quand ?
Hichem Kacem : Le triumvirat et le Pendu !
Prof. Menahem Milson: Lafif Lakhdar, un musulman réformiste
Times Online: New UN chief’s Saddam gaffe on first day of work
25 “criminels dangereux” tués par la police en Tunisie
La Tunisie dément qu’il y ait eu 25 morts dans une fusillade
Les forces de la sécurité continuent de traquer “un groupe de dangereux criminels”
Plusieurs morts dans une nouvelle fusillade au sud de Tunis
Des morts dans une nouvelle fusillade entre forces de l’ordre et de “dangereux criminels”
Premières réactions sur les blogs tunisiens…
Elimination d’un groupe de criminels en banlieue sud de Tunis
Ces derniers jours la TAP nous apprend à travers deux communiqués qu’il a eu des échanges de coups de feu à deux reprises entre la police et un “groupe de criminels” et qu’au bout du compte tous les membres de ce groupe ont été abattus. C’est pas mal qu’on en parle dans la presse. On avance. En revanche, je trouve que l’information est très incomplète et très pauvre. Ce n’est pas un évènement banal quand même. Le communiqué à propos des félicitations des pèlerins pour l’aïd a été beaucoup plus long mais aussi stérile. On aurait pu nous préciser : – la nature de ce groupe criminel : terroristes, voleurs, politiques, etc… – combien sont-ils? – d’où est-ce qu’ils ont pu se procurer des armes? Ce genre d’informations incomplètes encourage les rumeurs et les mauvaises interprétations et ce n’est pas ce qui nous manque dans notre pays. Nous sommes tous curieux et on a besoin d’en savoir plus. Et la vérité on ne la trouvera pas dans les médias de notre pays. Je ne comprends pas pourquoi on a toujours tendance à cacher la vérité. Pourquoi on ne nous prend pas pour un peuple mûr qui a de plus en plus besoin d’une information de meilleure qualité. C’est peut être un secret d’état et que c’est dangereux pour notre sécurité ou notre moral de nous dire toute la réalité. Ou on a peur de donner le contre exemple de la sécurité et la stabilité de notre pays. Nous somme dans un pays stable, et on souhaite qu’il le reste, mais on ne peut pas être parfait. Et quand il y a des accidents de ce type, en parler franchement ne peut que crédibiliser davantage ceux qui nous gouvernent. On n’est pas entrain de refaire la même erreur que l’attentat de “El Ghriba” à Djerba? Une dernière question : y aura-t-il un fusible qui va sauter après ces incidents? En général c’est le cas : quand il y a un attentat, on change le secrétaire d’état à la sécurité ou le ministre de l’intérieur, quand il y a une coupure de courant on change le PDG de la STEG et quand il y a un arrêt brusque de diffusion de canal 7 on change son PDG ou le ministre de l’information (je ne m’en souviens plus). Voici les deux communiqués de la TAP du 24.12.2006 et 03.01.2007 :
Deux dangereux criminels abattus et deux autres arrêtés par les forces de l’ordre TUNIS, 24 dec 2006 (TAP)– Une source officielle du ministère de l’intérieur et du développement local annonce que, durant la nuit du 23 décembre 2006, un échange de coups de feu a eu lieu entre un groupe d’individus, se trouvant dans une habitation située dans la banlieue sud de la capitale et une patrouille des forces de l’ordre sur les lieux. Ces échanges de coups de feu ont fait deux morts parmi ce groupe et ont permis l’arrestation de deux autres. On déplore aussi deux blessés parmi les forces de l’ordre. Les investigations préliminaires indiquent que les éléments de ce groupe sont de dangereux criminels recherchés. Les éléments d’un groupe de dangereux criminels abattus par les forces de l’ordre TUNIS, 03 jan 2007 (TAP) – Une source officielle au ministère de l’intérieur et du développement local annonce que, dans le cadre de l’enquête menée à la suite de l’échange de coups de feu survenu dans la nuit du 23 décembre dernier, entre les forces de l’ordre et un groupe de dangereux criminels, les forces de sécurité ont poursuivi, mercredi, la traque des éléments restants de ce groupe, ce qui a entraîné un échange de coups de feu. Au cours de la fusillade, les éléments de ce groupe ont été abattus.
Dans le communiqué de l’AFP on trouve un peu plus d’informations :
Plusieurs morts dans une nouvelle fusillade au sud de Tun1s (officiel) AFP 03.01.07 | 17h29 Plusieurs personnes ont été abattues mercredi en Tun1s1e par les forces de sécurité, qui traquaient les éléments d’un groupe qualifiés de “dangereux criminels” dans le sud de Tun1s, a indiqué l’agence tun1s1enne Tap (officielle). L’agence, citant le ministère de l’Intérieur, ne précise pas le nombre de personnes tuées au cours de la fusillade, indiquant seulement qu’elle fait “suite à un premier échange de coup de feu survenu dans la nuit du 23 décembre entre les forces de l’ordre et un groupe de dangereux criminels”. “Les forces de sécurité ont poursuivi, mercredi matin, la traque des éléments restants de ce groupe, ce qui a entrainé un échange de coups de feu au cours duquel les éléments de ce groupe ont été abattus”, a ajouté la Tap. La Tap n’indique pas le lieu précis de l’accrochage de mercredi, qui aurait eu lieu dans la localité de Soliman, une zone boisée près de Nabeul (45 km au sud de Tunis), qui a été bouclée par les forces de sécurité selon des résidents contactés par téléphone. Cette annonce intervient alors que l’on pouvait assister à un déploiement exceptionnel de forces de sécurité, y compris d’effectifs de la garde nationale et de militaires sur l’autoroute reliant Tun1s au sud du pays. Des barrages de police ont été installés de façon permanente aux entrées de toutes les villes du pays et dans la capitale, et procède au contrôle de certains véhicules dont ils fouillent des passagers, selon des témoignages concordants. Le 24 décembre, la Tap avait annoncé un accrochage au cours duquel deux personnes ont été tuées et deux policiers blessés et avait fait état de deux arrestations. L’agence avait alors indiqué que l’accrochage avait opposé des forces de sécurité à de “dangeureux criminels recherchés”, sans préciser la nature de leurs crimes. La plupart des journaux ont évoqué l’incident du 23 décembre comme un fait divers relié à un trafic d’armes ou de drogue, un seul quotidien privé “Assarih” avait laissé entendre qu’il pourrait s’agir d’un groupe terroriste.
(Source : le blog tunisien « Mowaten Tounsi » (censuré en Tunisie), le 3 janvier 2007 à 05h24 PM)
Rassemblement à Tunis en hommage au “martyr” Saddam Hussein
Le tourisme en plein essor dans le Sahara tunisien
Pas de “smic démocratique” en Tunisie
Exécution de Président Saddam ; Pourquoi ? Par qui ? Comment ? Et quand ?
Le triumvirat et le Pendu !
Lafif Lakhdar, un musulman réformiste
Introduction: courte biographie
Lafif Lakhdar est un intellectuel tunisien vivant à Paris. “Lafif Lakhdar” est la transcription française du nom arabe “Al-Afif Al-Akhdar”. Il est l’un des plus grands intellectuels arabes réformistes de l’époque actuelle. Ses articles paraissent régulièrement sur les sites libéraux Elaph et Middle-East Transparent, avant d’être repris par des dizaines d’autres sites de tendance réformiste. Ses critiques à l’encontre de l’islamisme et du terrorisme islamique sont claires et sans concessions.
Le 2 octobre 2004, les sites arabes libéraux www.elaph.com et www.metransparent.com ont publié un manifeste signé par des intellectuels arabes, dont Lafif Lakhdar, sous forme de pétition adressée à l’ONU, réclamant la création d’une Cour internationale destinée à la poursuite en justice des personnes et des institutions incitant au terrorisme.
La spécificité de cette pétition est que ses auteurs ne se sont pas contentés d’évoquer le terrorisme et les terroristes en termes généraux, mais ont mentionné les noms de certains dignitaires religieux islamistes, accusés de promouvoir le terrorisme, comme devant être poursuivis dans le cadre de cette Cour. Parmi ces derniers figure l’éminent et très médiatisé Cheikh islamiste Youssouf al-Qaradhawi, dignitaire religieux des Frères musulmans.
Il n’est guère surprenant que le mouvement islamiste tunisien interdit Al-Nahdha, dirigé par le cheikh Rachid al-Ghannushi, ait qualifié Lafif Lakhdar d’apostat, ce que de nombreux islamistes comprennent comme un appel au meurtre.
Lafif Lakhdar est né en 1934 dans une famille paysanne indigente du nord-est de la Tunisie. Parmi les neuf enfants de sa famille, sept sont morts en bas âge et seuls deux ont survécu: lui-même et un frère. Par manque de moyens, Lakhdar n’a fréquenté l’école que six mois (une école française) et a suivi des études coraniques dans son village. Plus tard, il a intégré l’université religieuse Al-Zaytouna, qui lui a accordé la gratuité des études, une chambre d’étudiant et une petite bourse. Il a suivi des études de droit et exercé le métier d’avocat pendant plusieurs années.
En 1958, il a ainsi été l’avocat d’un Tunisien affilié à l’opposition, lequel a été condamné et mis à mort. Suite à cet incident, la marge de manoeuvre de Lafif Lakhdar a été réduite par la police du pays. En 1961, il a fui la Tunisie pour Paris, où il a rejoint les partisans du FLN, et lorsque plus tard Ben Bella a été élu président, Lakhdar est devenu l’un de ses plus proches conseillers en Algérie. Après la destitution de Ben Bella, en 1965, Lakhdar a fui l’Algérie, et a passé plusieurs années à errer à travers l’Europe et le Moyen-Orient.
A la fin des années 1960, Lafif Lakhdar se trouvait en Jordanie, où il entretenait des relations avec la direction de l’OLP. En 1970, il est parti pour Beyrouth, où il est devenu une figure marquante des milieux de gauche. Il aime à dire que c’est la faim qui a fait de lui un socialiste. Toutefois, la guerre civile au Liban a révélé des désaccords entre lui et ses associés de gauche ; Lakhdar ne pouvait accepter de les voir soutenir les forces qui menaçaient la seule démocratie du monde arabe. Il est alors retourné à Paris, où il se trouve jusqu’à ce jour.
En 2005, une étude a été publiée sur Lafif Lakhdar à Beyrouth sous le titre L’Avocat du Diable. L’auteur, Dr Shaker Naboulsi, un penseur politique américano-jordanien, explique qu’il a emprunté ce titre à l’un des articles de Lakhdar où ce dernier se définit comme étant l’avocat du Diable, expliquant qu’il est non seulement prêt à mettre à l’épreuve le bon sens commun, mais qu’il est tout aussi disposé, dans sa perpétuelle quête de vérité, à mettre à l’épreuve ses propres convictions.
L’éducation islamique arabe transforme les amoureux de la paix en agresseurs et les agresseurs en terroristes
La vision qu’a Lakhdar de l’islam et des musulmans d’Europe découle de sa conception du rapport entre religion et Etat d’un part, et de sa conviction de la nécessité de réformer l’islam de l’autre. Un document envoyé pour lecture à la Conférence sur la modernité et la modernisation des pays arabes, tenue à Beyrouth les 30 avril-2 mai 2004, résume bien sa position. L’article se focalise essentiellement sur la nécessité de réformer l’éducation dans le monde arabe – l’éducation en général et l’éducation religieuse en particulier, à tous les niveaux. L’éducation est au centre de la pensée de Lafif Lakhdar. S’inspirant du mot d’esprit de Jean Piaget qui affirmait que le système éducatif français transforme les génies en éléments talentueux et les éléments talentueux en éléments médiocres, il affirme que l’éducation islamique arabe – à l’exception du système éducatif tunisien – transforme les amoureux de la paix en agresseurs et les agresseurs en terroristes.
Selon Lakhdar, si les élites islamiques arabes optent, dans les pays arabes, pour ce type d’éducation religieuse, c’est parce que les élites politiques de ces pays compensent leur totale absence de légitimité sociale et démocratique par une éducation de type islamiste, par nature anti-moderne et anti-rationaliste.
Pour Lakhdar, la laïcité est le fondement de toute société saine. Elle n’en est bien sûr pas la seule condition, mais assurément une condition indispensable. Il définit la laïcité comme la séparation de la religion et de la politique, distinguant trois types d’Etats: les théocraties, les Etats laïques et les Etats en voie de laïcisation. Lakhdar affirme que si les théocraties étaient répandues dans le monde chrétien au Moyen-Âge, aujourd’hui le seul vestige qui en reste est le Vatican. En revanche, les théocraties sont nombreuses dans le monde islamique: la République islamique d’Iran, l’Arabie saoudite, le Soudan et jusqu’en 2002, l’Etat taliban en Afghanistan. La plupart des Etats islamiques sont toutefois en voie de laïcisation.
Selon Lakhdar, “un Etat en voie de laïcisation est un Etat dont la constitution fait de la Sharia (loi islamique) la première source de législation.
Dans cet état de transition, les femmes et les non-musulmans sont des citoyens de seconde classe et parfois des citoyens exclus de toutes les classes. Ainsi, une femme n’a pas le droit d’être candidate à la présidence, ni même à un poste [à responsabilité] moins important, vu que dans de nombreux Etats islamiques, les femmes sont encore considérées comme n’ayant pas l’intelligence requise pour gouverner ni le statut religieux requis pour assurer le rituel religieux. Les citoyens non musulmans sont encore traités comme des dhimmis…”
Comme le reste de l’humanité, les musulmans sont destinés à embrasser la modernité et donc la laïcité.
Selon Lakhdar Lakhdar, les pays arabes et musulmans ne pourront échapper à la laïcité. L’histoire évolue vers la laïcité, qui est la marque de la modernité. Comme le reste de l’humanité, les musulmans sont destinés à embrasser la modernité et donc la laïcité.
“La séparation entre le sacré et le profane est une conséquence de la modernité. Plus nous remontons le cours de l’histoire, plus les cas de séparation de ce type sont rares, la règle étant que le sacré et le profane sont confondus, notamment au sein des tribus primitives.
L’esclavage psychologique des islamistes à l’égard de leurs ancêtres (du Prophète, de ses Compagnons et de leurs disciples) ne paralyse pas moins leurs esprits que le culte des ancêtres celui des tribus primitives. La raison divine héritée des ancêtres est tout, tandis que la raison rationnelle de l’esprit humain n’est rien (…)
Jusqu’à présent, la laïcité n’a pas réussi à faire son chemin dans le monde arabe parce que l’islam n’a pas encore connu la réforme religieuse nécessaire, contrairement au judaïsme et au christianisme en Europe. Une religion qui a traversé des réformes est une religion moderne qui accepte la séparation de la religion et de l’Etat et consent à limiter son influence au domaine spirituel, l’Etat étant chargé des affaires profanes.
La deuxième raison pour laquelle la laïcité comme système politique n’a pas réussi à percer [dans le monde arabe] est la lâcheté de la classe politique. L’islam n’a pas été réformé en Turquie (…) et malgré cela, sous la direction du musulman Kemal Atatürk, la théocratie ottomane – le califat – a touché à sa fin, et sur ses ruines s’est érigé un Etat qui assume son identité laïque.”
Lakhdar insiste sur le rôle du dirigeant Kemal Atatürk, qui a extirpé son pays d’un régime moyenâgeux pour le faire entrer dans la modernité. En d’autres termes, Lakhdar laisse entendre que les pays arabes se porteraient mieux si leurs dirigeants avaient le courage d’instaurer des régimes laïques, à l’instar de Kemal Atatürk. Nous constatons ici le double rôle de Lakhdar: d’une part, c’est un observateur érudit de l’histoire des hommes, qui constate que les sociétés humaines se dirigent inéluctablement vers la laïcité ; et de l’autre côté, c’est un réformiste passionné pressé d’assister à l’avènement de la laïcité et critiquant durement les dirigeants arabes qui ne choisissent pas la voie du progrès.
La laïcité n’est pas anti-religieuse
Lafif Lakhdar récuse l’opinion qui veut que la laïcité soit anti-religieuse. Il qualifie d’ignorants, ou de peu astucieux, ceux qui voient les choses de cette manière – comme certains dirigeants islamistes. La France laïque, par exemple, n’interdit pas la construction de mosquées sur son sol.
De même, il affirme que rien n’empêche l’Etat laïque de permettre le choix d’un enseignement religieux, si celui-ci a été réformé. Pour que l’enseignement religieux soit modernisé et réformé, il faut que “l’élève doit étudier la religion à l’aide des sciences modernes: l’histoire comparée des religions, la sociologie des religions, la psychologie, l’anthropologie religieuse, l’interprétation des textes sacrés et la philosophie – ceci afin de développer la pensée critique des générations futures.
En Tunisie”, explique-t-il, “les étudiants de l’université religieuse Al-Zaytouna apprennent la philosophie islamique moderne tout au long de leurs quatre années d’études. Rien de tel que la philosophie et les sciences humaines pour renforcer la pensée contre la propagande politico-religieuse des islamistes. L’éducation religieuse moderne réformée n’est pas seulement souhaitable pour l’Etat laïque dans la région arabe et islamique, c’est une nécessité.” Une telle éducation constituerait, selon lui, un antidote à l’extrémisme religieux.
Lafif Lakhdar souligne que la laïcité n’implique pas de rupture avec l’islam. S’il est vrai qu’elle implique en effet une rupture avec l’autocratie et la théocratie dans le monde musulman, elle permet de revenir à d’autres facettes de l’islam, comme la théologie rationaliste des Mu’tazila, pensée philosophique musulmane qui soumet les textes saints à l’interprétation humaine, et le soufisme – ou mysticisme islamique.
Lakhdar, laïque autoproclamé, ne nie pas que la religion a un rôle à jouer dans la vie moderne, tant qu’il s’agit d’une religion individuelle, limitée au domaine privé, résultant de la volonté des individus. Il affirme avoir de l’admiration pour l’expérience mystique en règle générale, et plus particulièrement pour les écrits du grand mystique musulman de l’époque médiévale, Muhyi al-Din Ibn al-Arabi. En cela, Lakhdar rappelle le Nobel égyptien de littérature Naguib Mahfouz.
Les musulmans européens doivent s’intégrer aux sociétés européennes et adopter les valeurs culturelles modernes
Dans un récent entretien, Lafif Lakhdar a résumé sa position face au problème crucial de l’intégration et du multiculturalisme auquel sont confrontés l’Europe et les musulmans d’Europe: “Il existe deux tendances contradictoires de l’islam en Europe. La première met l’accent sur l’indépendance culturelle des musulmans, prône l’éloignement des sociétés européennes et la préservation de toutes les coutumes islamiques – y compris celles qui entrent en contradiction avec les valeurs universelles prédominantes dans les sociétés actuelles, notamment européennes. L’autre tendance, à laquelle j’appartiens, prône le contraire: elle encourage l’intégration culturelle des musulmans européens aux sociétés européennes et l’adoption des valeurs culturelles universelles de l’Europe, afin de moderniser leurs valeurs traditionnelles, qui pour la plupart ne sont pas adaptées aux exigences de notre temps.
Cette nécessaire intégration ne signifie pas que les musulmans doivent renoncer à leurs valeurs spirituelles, mais uniquement aux coutumes contraires à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et aux conventions internationales qui en découlent…”
Lakhdar estime que la première de ces deux tendances, qui pourrait être appelée “communautariste”, est prédominante. Ses adeptes refusent de parler de “musulmans européens”, préférant l’expression “musulmans en Europe”, afin de souligner la séparation entre les identités culturelles européenne et musulmane, tandis que Lakhdar parle volontairement d'”Islam européen”.
Selon Lakhdar, la forte influence des islamistes sur les musulmans d’Europe est à imputer à la monopolisation des médias – non seulement des médias arabes, mais aussi des médias français et européens, qui privilégient les adeptes d’une vision communautaire – tels que Tariq Ramadan -, ignorant complètement les nombreux intellectuels arabes favorables à l’intégration (tels Taher Ben Jelloun, Mohammed Arkoun, Malek Chebel et Lafif Lakhdar lui-même.) Le flux des pétrodollars donne du poids aux ennemis de l’intégration, leur permettant de créer leurs propres médias, de publier des traductions de prédicateurs islamistes en langues européennes et de dépêcher des prédicateurs islamiques dans toutes les banlieues pauvres à forte population musulmane.
Un autre facteur joue en faveur de la tendance islamiste anti-intégrationniste: l’attitude des intellectuels libéraux occidentaux. Lakhdar évoque le problème en ces termes: “Comment se fait-il que certains intellectuels européens et médias anglais et américains appuient la tendance opposée à l’intégration ?”
Il propose la réponse suivante:
“La première explication est que c’est là le résultat de la démagogie politique: quand la droite est au pouvoir, qu’elle adopte une décision ou une position donnée, la gauche, c’est-à-dire l’opposition, adopte automatiquement la position adverse, non par conviction, mais parce qu’elle se sent obligée d’avoir une position différente de la droite.
Deuxièmement, le sentiment de culpabilité (né du colonialisme européen)… qui affecte de nombreux intellectuels européens les pousse à soutenir (les exigences des islamistes pour que les jeunes filles portent) le hijab à l’école ou à accepter que les musulmans abattent des moutons dans leurs salles de bain à l’occasion de la fête musulmane du sacrifice, ou encore le droit des familles musulmanes à pratiquer l’excision.”
Lafif Lakhdar qualifie de “pathologique” cette approche motivée par un sentiment de culpabilité.
“La troisième raison est le relativisme culturel, encore plus dangereux que les deux premiers facteurs, puisqu’il provient d’une conviction philosophique qui prédomine en Europe et dans le monde occidental.”
Lakhdar s’indigne:
“Un esprit sain accepte l’existence de valeurs universelles telles que les Droits de l’Homme ; en leur absence, toute société risque de devenir une société darwinienne, gouvernée par la sélection naturelle, et le monde entier une jungle ou règne la loi de la jungle.”
Lakhdar explique que la base religieuse et idéologique de l’approche séparatiste communautaire est la doctrine islamiste d’al-wala w’al-bara’. Celle-ci affirme que les musulmans ne doivent s’allier qu’avec des musulmans et ne se montrer loyaux qu’envers des musulmans, qu’ils devraient se dissocier de tous les non musulmans. Le port du hijab, cher aux islamistes, est l’une des expressions de cette doctrine: l’apparence des musulmans doit permettre de les différencier de leur entourage. Lakhdar estime que le hijab, en Europe comme dans les pays musulmans, est une manifestation claire de l’assujettissement et de l’humiliation des femmes – une attitude qu’il convient de modifier pour permettre le progrès des sociétés musulmanes.
Lakhdar désapprouve les critiques adressées au gouvernement français au sujet de la loi interdisant le port du hijab dans les écoles. Il note que les détracteurs de la politique française font comme si celle-ci avait totalement interdit le port du voile – ce qui n’est, bien sûr, pas le cas, l’interdiction ne s’appliquant qu’aux écoles. Selon Lakhdar, le port du voile dans les écoles est une forme de propagande religieuse et devrait en effet être interdit.
Conclusion
La vision qu’a Lafif Lakhdar de l’islam en Europe est ancrée dans les valeurs universelles qu’il a faites siennes: valeurs d’humanisme, de libéralisme, de démocratie, lesquelles impliquent toutes l’égalité des femmes et le refus de la discrimination religieuse et ethnique. Il ne cache pas qu’il considère les sociétés européennes comme plus avancées dans ce domaine que les sociétés arabes musulmanes ; il estime donc que le monde musulman devrait adopter le modèle européen. C’est pourquoi il est entièrement favorable à la pleine intégration des musulmans à la société européenne. Dans un récent entretien, il propose une source intéressante: il conseille aux musulmans d’adopter le principe talmudique de dina d’malkhuta dina, (“la loi du pays est celle qui doit être suivie”) comme base d’une loi pour les minorités islamiques en Europe – un choix osé en effet. Dans la forme comme dans le contenu, il apparaît donc que Lafif Lakhdar représente une voix courageuse et originale de la pensée contemporaine arabe, un réformiste qui ne cherche en aucune façon à justifier les pratiques islamiques.
(Conférence donnée le 10 décembre 2006 à la Conférence internationale sur “L’islam en Europe”, à l’Université hébraïque de Jérusalem). http://memri.org/bin/french/latestnews.cgi?ID=FD5807
New UN chief’s Saddam gaffe on first day of work
Philippe Naughton and agencies in New York
The new Secretary-General of the United Nations received an early reminder of the pitfalls of international diplomacy when he failed to restate the UN’s opposition to the death penalty during remarks about the execution of Saddam Hussein.
Ban Ki Moon, the former South Korean Foreign Minister, received a warm welcome from staff at the UN headquarters on Manhattan’s East River when he turned up for his first day at work yesterday.
But his spokeswoman was forced to issue a clarification after Mr Ban said that capital punishment should be a decision for individual member states.
The UN has an official stance opposing capital punishment and Ban’s predecessor Kofi Annan reiterated it frequently. The organisation’s top envoy in Iraq, Ashraf Qazi, restated it again after the former Iraqi dictator was hanged on Saturday.
Mr Ban, however, took a different approach, never mentioning the UN’s ban on the death penalty in all its international tribunals, and the right to life enshrined in the Universal Declaration of Human Rights adopted by the General Assembly in 1948.
“Saddam Hussein was responsible for committing heinous crimes and unspeakable atrocities against Iraqi people and we should never forget victims of his crime,” Mr Ban said in response to a question about Saddam’s execution. “The issue of capital punishment is for each and every member state to decide.”
It was unclear whether Mr Ban was simply unaware of UN policy or did not agree with it, but his new spokeswoman, the Haitian journalist Michele Montas, insisted that there was no change despite what she called “his own nuance”.
“The UN policy still remains that the organisation is not for capital punishment,” she said. “However, the way the law is applied in different countries, he left it open to those different countries.”
The death penalty is legal in Mr Ban’s homeland, as it is in many other countries including the United States, Russia, China and much of the Middle East.
Dozens of staffers applauded Mr Ban as he walked through a throng of cameramen and photographers and headed straight to the Meditation Room, where he bowed his head in tribute to UN peacekeepers and other employees who have died in service.
He surprised others by walking into the staff cafeteria for lunch, waiting in line with his tray to pay for a meal of meat with rice and a bottle of water.
Speaking to reporters, Mr Ban vowed to end mistrust of the United Nations and called for action to tackle “daunting” problems from crises in Darfur, Lebanon, Iran and Iraq to the goal of cutting extreme poverty by half by 2015.
He also renewed his promise to give priority to the North Korean nuclear issue and to defend human rights.
The South Korean announced that his first overseas trip will be to attend the African Union summit in Addis Ababa, Ethiopia, on January 29-30, and he hopes to meet Sudan’s President Omar al-Bashir there.
He said that he would meet his special envoy on Darfur, Jan Eliasson, today and put his “highest attention” on efforts to resolve that conflict. Tomorrow, he will chair a meeting of the Darfur Task Force, which includes all UN agencies involved in trying to end the conflict.
Mr Ban also addressed hundreds of UN staff members in New York and via teleconference at eight locations around the world, urging them to maintain the highest level of ethics and discipline in the face of recent criticism about lack of accountability, ethical lapses and inefficiency at the UN.
The new Secretary-General has said his first priority will be to restore trust in the United Nations, whose reputation has been battered by the oil-for-food scandal in Iraq, corruption in the UN’s purchasing operations and sexual abuse by UN peacekeepers.
(Source: Times Online (London), le 3 janvier 2007)