3 août 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 2994 du 03.08.2008

 archives : www.tunisnews.net  


AISPP: Procès du 1er août

AFP: Tunisie: arrivée du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Tunis

AP: Arrivée à Tunis du colonel Kadhafi

AFP: Kadhafi en Tunisie: entretiens politiques et coopération au menu

Le Temps (Suisse): Suisse : Les domestiques de Hannibal Kadhafi décrivent les agissements du couple esclavagiste

Le Temps (Suisse): La république de la peur et de l’arbitraire

Le Temps: Comité central du RCD – Une composition rajeunie

Ahmed Ounaïes: MONCEF  BEY – Présentation du livre de Saïd Mestiri
Dr Khelil Ezzaouia: OUI : L a LTDH restera en vie

Le Temps: L’affaire Tarek Dhiab : Retour à la raison
forum Tunisie-foot:[EST] Tarek Dhiab vice-président déchu,
Sami Ben Abdallah: « L’affaire Tarek Dhiab » : Tout dans notre pays devient une affaire d’Etat…

L´Expression:  Livre: ‘‘De mon pays’’ de Khemais Khayati – Sémiologie de la chlaka

Mizaanoun: L’Union pour la Méditerranée : un autre avatar  de domination

AFP: Le président turc appelle à la réconciliation après la décision sur l’AKP

Reuters: Le Hamas arrête des hommes du Fatah renvoyés à Gaza


 
Liberté pour tous les prisonniers politiques
Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays
Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques
43 Rue Eldjazira, Tunis
e-mail : aispptunisie@yahoo.fr
Tunis, le 1er août 2008
 
La chambre criminelle estivale du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, a examiné aujourd’hui 1er août 2008 :
*L’affaire n°16094 dans laquelle sont déférés Mohammed Messaadi et Ali Nsib, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs. Le juge a décidé de reporter l’examen de l’affaire au 12 août 2008, à la demande de Maîtres Faouzi Jebali et Abdelfattah Mourou.
* L’affaire n°15946 dans laquelle sont déférés Rafik Zaïm, Mohammed Ben Khelifa, Bilel Sfaxi, Ouissam Cherbib, Abderrazak Arafa, Hamza Sfaxi, Hichem Kalaï, Abderrazak Sfaxi, Lotfi Frej, Lotfi Mallakh, Hammadi Dahmani, Mohammed Amine Chakroune, Ahmed Megdiche, Mahjoub Ben Tahar, Oualid Mahjoub, Kaïs Gharbi, Ahmed Mellakh, Ahmed Gharbi, Ahmed Tounsi, Ahmed Elalj, Hasen Khmouma, Zyed Maazaoui, Salah Jaafar, Omar Tebourbi, Fethi Berraïes, Mohammed Aymen Mellakh, Mekki Mzah, Nassir Mamlouk, Yassine Salem et Youssef Rafrafi […]
Maîtres Samir Ben Amor, Tamadhor Yahyaoui, Mansour Jerbi, Hédi Abbassi, Ramzi Bendia et Samir Dilou ont plaidé après que le juge ait refusé de reporter l’examen de l’affaire comme le lui avait demandé Ramzi Bendia qui a annoncé qu’il représentait son client, l’accusé Oualid Mahjoub. Le juge a levé la séance pour le délibéré et le prononcé du jugement, rendu tard dans la soirée :
Neuf ans d’emprisonnement : Rafik Zaïm
Cinq ans d’emprisonnement : Mohammed Ben Khelifa, Bilel Sfaxi, Ouissem Cherbib et Abderrazak Arafa
Quatre ans d’emprisonnement : Hamza Sfaxi
Deux ans d’emprisonnement : Hichem Kalaï, Abderrazak Sfaxi, Lotfi Frej, Lotfi Mallakh, Hamadi Dahmani, Mohammed Amine Chakroune, Ahmed Megdiche, Mahjoub Ben Tahar, Oualid Mahjoub, Kaïs Gharbi, Ahmed Mallakh, Ahmed Gharbi, Ahmed Tounsi, Ahmed Elalj, Hassen Khmouma, Zyed Maazaoui, Salah Jaafar, Omar Tebourbi, Fethi Berraïes, Mohammed Aymen Mallakh, Mekki Mzah, Nassir Mamlouk, Yassine Salem.
Pour la commission de suivi des procès
Le secrétaire général de l’Association
Maître Samir Dilou
(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Tunisie: arrivée du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Tunis

AFP, le 3 août 2008 à 19h23
TUNIS, 3 août 2008 (AFP) – TUNIS (AFP) – Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi est arrivé dimanche à Tunis pour une visite de travail au cours de laquelle il aura avec le président Zine El Abidine Ben Ali des entretiens axés sur les questions politiques et la coopération bilatérale.
Précédé d’une délégation ministérielle, le numéro un libyen est arrivé à bord de son jet privé à l’aéroport de Tunis-Carthage, où il a été reçu avec les honneurs par M. Ben Ali, a constaté un photographe de l’AFP.

Costume blanc et lunettes noires, le « guide » devait avoir un premier entretien avec son hôte dimanche, avant de rencontrer des hommes de lettres tunisiens lundi, et participer à un débat avec des femmes dans un palace au nord de Tunis.

La durée de sa visite et les détails de son programme ne sont pas connus.

Selon une source informée, le colonel Kadhafi doit visiter un projet d’aménagement d’une zone résidentielle pauvre au sud de Tunis, dont la Libye a contribué à financer les travaux. Il devrait aussi être fait docteur honoris causa de l’université tunisienne.

Sa visite doit permettre d’évoquer des projets communs en suspens, notamment la construction d’un tronçon d’autoroute reliant les deux pays, un oléoduc, une raffinerie et une zone touristique frontalière.

M. Ben Ali devrait notamment évoquer avec son hôte l’état de l’Union du Maghreb arabe (UMA: Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) et le lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM) soutenue par M. Ben Ali et boycotté par le dirigeant libyen.

La Tunisie et la Libye entretiennent les meilleures relations bilatérales au sein de l’UMA, avec d’importants échanges commerciaux et humains.


Arrivée à Tunis du colonel Kadhafi

 
Associated Press, le 3 août 2008 à 19h47
TUNIS (AP) —
TUNIS – Le colonel Mouammar Kadhafi est arrivé dimanche après-midi à Tunis pour une « visite de fraternité et de travail » de trois jours au cours de laquelle il aura des entretiens avec son hôte, le président Zine El Abidine Ben Ali et rencontrera des intellectuels et les représentantes des organisations féminines tunisiens.
Le dirigeant libyen a fait cette fois le voyage par avion, contrairement à de coutume. Il préférait souvent emprunter la voie terrestre en faisant escale à Gabès (sud) et à Rakkada (centre) où, après des bains de foule, il s’installait sous les tentes avec son cortège.
Le colonel Kadhafi a été accueilli au bas de la passerelle à l’aéroport international de Tunis-Carthage, par le président tunisien Ben Ali. Selon des sources concordantes, la visite durera trois jours. Le secret entoure cependant la majeure partie du programme ainsi que l’itinéraire qu’empruntera l’imprévisible l’homme fort de Tripoli. De source bien informée, on précise qu’il est prévu que le dirigeant libyen visite une nouvelle cité dans la zone populaire de Sijoumi, près de Tunis, dont la construction est financée par la Libye.
Pour ce qui est de ses entretiens avec son hôte, le président Ben Ali, ils devraient porter sur les relations bilatérales, notamment les grands projets mixtes convenus entre Tunis et Tripoli. Il s’agit notamment de la construction d’une autoroute reliant Tripoli à Sfax, capitale du sud tunisien et du gazoduc devant approvisionner cette région limitrophe de la Libye.
Les échanges économiques entre les deux pays maghrébins voisins devraient également figurer au menu des discussions, la Libye étant le premier partenaire économique de la Tunisie aux plans arabe et africain, avec un volume d’échange estimé à plus d’un milliard de dollars (643 millions d’euros environ). AP

Kadhafi en Tunisie: entretiens politiques et coopération au menu

AFP 03.08.08 | 19h36

TUNIS, 3 août 2008 (AFP) – Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a entamé dimanche sur invitation du président Zine El Abidine Ben Ali une visite de travail en Tunisie, pays avec lequel Tripoli entretient les échanges politiques et économiques les plus denses entre deux pays du Maghreb. Le colonel Kadhafi est arrivé vers 18H00 (locales, 16H00 GMT) à l’aéroport de Tunis-Carthage, où il a été reçu avec les honneurs par M. Ben Ali, a constaté un photographe de l’AFP. Costume blanc et lunettes noires, le « guide » devait avoir un premier entretien avec son hôte dimanche, avant de rencontrer des hommes de Lettres tunisiens lundi et participer à un débat avec des femmes dans un palace au nord de Tunis. Ses discussions avec M. Ben Ali devraient être axées sur les questions politiques bilatérales et régionales, notamment les difficultés de l’Union du Maghreb arabe (UMA: Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) et la naissance de l’Union pour la Méditerranée (UPM). La rencontre entre les deux hommes sera la première depuis le lancement de l’UPM, le 13 juillet à Paris à l’initiative du président français Nicolas Sarkozy, un projet soutenu par la Tunisie et bruyamment boycotté par le dirigeant libyen. En fervent partisan de l’UPM, M. Ben Ali avait dépêché un envoyé spécial chez le colonel Kadhafi peu avant la tenue de ce sommet, les deux hommes ayant des consultations politiques suivies sur les dossiers régionaux. Pays aux ressources naturelles limitées, la Tunisie ménage son riche et imprévisible voisin libyen avec lequel elle a noué des échanges économiques et humains denses et stables ces vingt dernières années. Tunis plaidait régulièrement la cause de la Libye, du temps où ce pays accusé de tremper dans le terrorisme était placé sous embargo aérien international et s’approvisionnait par liaison terrestre via la Tunisie. Tripoli fait montre de compréhension aux craintes suscitées en Tunisie par la perte de parts de marché après la libéralisation de l’économie libyenne et son retour dans le giron mondial. La Libye est actuellement le premier partenaire de la Tunisie au niveau régional et le cinquième à l’échelle mondiale, après la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, avec un volume d’échanges estimé à plus de deux milliards de dollars US (960 millions d’euros) annuels. Depuis 2007, leurs monnaies respectives s’échangent librement, les restrictions à la circulation des biens et des hommes ont été levées et les dessertes aériennes augmentées, à la faveur de nombreux accords signés. Environ un million de ressortissants libyens se rendent chaque année en Tunisie en vacances et pour des soins médicaux dans des cliniques tunisiennes très prisées. Les Tunisiens sont généralement exemptés du visa d’entrée en Libye, ce pays accordant également des avantages aux hommes d’affaires tunisiens. La visite du colonel Kadhafi devrait néanmoins permettre de relancer des projets communs en suspens, notamment la construction d’un tronçon d’autoroute reliant les deux pays, un oléoduc, une raffinerie et une zone touristique frontalière. Le dirigeant libyen, dont la durée de la visite n’a pas été précisée, devrait séjourner jusqu’à mardi à Tunis, où selon une source informée, il sera fait docteur honoris causa à l’Institut national des Sciences appliquées à la Technologie, un fleuron de l’université tunisienne. Selon une source informée, le colonel Kadhafi doit aussi visiter un projet d’aménagement d’une zone résidentielle pauvre au sud de Tunis, dont la Libye a contribué à financer les travaux. Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 40 ans, aura son QG à la résidence des hôtes d’Etat, à Gammarth, un domaine hautement sécurisé dans les bosquets en front de mer de la banlieue nord de Tunis


Suisse : Les domestiques de Hannibal Kadhafi décrivent les agissements du couple esclavagiste

par Cynthia GANI

Dans un lieu tenu secret, les deux employés de maison de Hannibal et Aline Kadhafi ont accepté, vendredi 18 juillet 2008, de livrer leur version de ce qu’ils ont vécu avant de déposer plainte contre le couple.

« J’ai tout de suite compris qu’ils n’étaient pas normaux. » Ils, ce sont Hannibal et Aline Kadhafi, tels que les décrit la domestique de madame. Cette jeune Tunisienne a déposé plainte avec l’homme à tout faire de monsieur, un Marocain, contre le fils du chef d’Etat libyen et son épouse. Mardi 15 juillet, après une intervention musclée de la police genevoise à l’Hôtel Président Wilson où ils séjournaient depuis le 5 juillet 2008, les époux Kadhafi étaient inculpés pour lésions corporelles simples, menaces et contraintes sur leurs employés de maison. Des accusations rejetées en bloc par le couple libyen, qui évoque une mise en scène des domestiques pour obtenir l’asile.

Vendredi 18 juillet 2008, les deux employés de maison reçoivent dans un lieu tenu secret, car ils craignent pour leur vie. Ils prennent la menace relayée par la presse du jour au sérieux : Aïcha, la sœur d’Hannibal, a promis la vengeance : « Œil pour œil, dent pour dent. » Ils sont accompagnés par la députée genevoise démocrate-chrétienne Anne-Marie von Arx-Vernon, militante contre la violence faite aux femmes et la traite d’êtres humains. Encouragés par l’élue, qui les a pris sous son aile, ils livrent leur version des faits. Leurs visages et leurs corps sont couverts de cicatrices. « Lui, il a reçu des coups de couteaux, regardez ! Et moi, j’ai été frappée avec un cintre en fer qui fait très très mal. Aline voulait me briser les yeux. On peut taper, mais pas comme ça. » Quand la Tunisienne, âgée de 35 ans, raconte ce qu’elle a vécu pendant un mois et demi au service des Kadhafi, le Marocain, âgé de 36 ans, reste en retrait. Contrairement à elle, il affiche « cinq ans d’esclavage » au service du fils du guide de la révolution libyenne. Au début, tous deux ont l’espoir d’une vie nouvelle auprès de la famille présidentielle. Lui travaille dans un hôtel marocain, comme chef de rang. Un jour, son patron lui parle du Palais de Tripoli, qui cherche un serveur de qualité. « Tu vas travailler pour un prince, c’est un bon boulot. » La jeune femme, elle, vivote à l’aide de petits boulots, qu’elle change tous les trois mois. L’annonce parue dans la presse tunisienne l’allèche. On lui explique qu’elle s’occupera de couture, de maquillage et de tenir compagnie à Aline Kadhafi. Une aubaine. Mais à peine ont-ils traversé la frontière qu’ils sentent le piège se refermer sur eux : leurs passeports et téléphones sont confisqués. « A mon arrivée, on m’a mise dans un endroit où il y avait des chèvres et des chiens. Je suis restée prisonnière une semaine. » Quand elle découvre enfin le palais, gardé par des militaires et dissimulé derrière un immense mur, la Tunisienne réalise qu’il y a « beaucoup d’autres employées. Aline Kadhafi les frappait ». Des Philippines, des Indonésiennes, des Ethiopiennes. Mais pas de Libyennes, « parce qu’elles risquaient de parler ».

Le Marocain a déjà vu défiler « trente filles ». Certaines se sont enfuies. Lui n’y est jamais parvenu. « J’ai voulu démissionner deux fois, mais je me suis retrouvé dans la prison privée de Hannibal, qui se situe dans l’une de ses sociétés. » Presque un répit, par rapport à son rythme de travail : « Vingt-deux heures sur vingt-quatre. Je faisais tout : le dîner, le repassage, passer l’aspirateur, sortir le chien, m’occuper de leur enfant… Hannibal vit la nuit, et ne se couche qu’à 08h00. Il avait tout le temps besoin de moi, et même quand il dormait, je devais travailler. »
Dès son deuxième jour à Tripoli, la Tunisienne prend peur. « Aline m’a tapée contre une vitre. Vous voyez mon genou ? Elle m’a giflée, insultée. Comme les autres. Elle me frappait ou me tirait les cheveux toutes les cinq minutes. » Sa patronne la sollicite tout le temps, « elle ne peut pas rester seule ». Ensemble, elles préparent les valises du couple et de leur fils âgé de 3 ans. « Je ne savais pas où on partait. » Un avion privé les emmène à Genève, où Aline Kadhafi, enceinte de 9 mois, a prévu d’accoucher. Ils séjournent dans un hôtel de luxe de la rive droite du lac Léman : le Président Wilson. Les époux Kadhafi ont chacun leur chambre, et se disputent souvent, violemment. Ils sortent peu, « elle restait toujours en chemise de nuit ». Sauf pour quelques repas au restaurant, et de rares séances de shopping. Dans la suite 345, le calvaire des domestiques s’intensifie. « J’étais prisonnière. Je ne mangeais pas, je ne dormais pas. Aline m’a traitée comme une esclave. Trois fois, elle m’a dit que si je parlais, elle me jetterait par la fenêtre. Je n’ai jamais douté qu’elle en était capable », assure la Tunisienne. Interpellés par les cris, des employés du palace préviennent la police. Celle-ci se déplace à deux reprises, sans aller dans la suite. La troisième fois, c’est la Tunisienne elle-même qui les appelle à l’aide, grâce à la complicité d’un agent de sécurité, qu’elle remercie souvent dans son récit. « Je les ai suppliés de monter. » Les employés sont alors transportés à l’hôpital, où l’on constate leurs blessures.

Inculpés mais libres, les époux Kadhafi contestent toutes les accusations de leurs employés. Ils affirment qu’il s’agit d’une machination destinée à obtenir l’asile en Suisse. « Mais je ne connais rien à la Suisse ! Je ne savais même pas qu’on venait ici. Ça aurait pu se passer ailleurs, mais on a eu de la chance que ça soit là », dit la Tunisienne. « C’était le destin », clament en cœur les deux compagnons d’infortune. Le Marocain, sans nouvelles de sa mère depuis que l’affaire a éclaté, est inquiet. Son frère se cache « dans une famille ». « La police m’a conseillé de demander l’asile provisoire. » Quand elle raconte son histoire, la Tunisienne pleure souvent. « J’ai peur. J’ai besoin d’aide. J’imagine Aline. J’entends sa voix. » Vendredi 18 juillet 2008, elle a été choquée de lire les déclarations d’Aïcha Kadhafi. « Elle dit que la police genevoise est raciste, mais nous sommes aussi Arabes qu’elle ! » Le futur, ils ne le conçoivent pas. « Ils nous ont volé notre avenir. » Que va-t-il se passer ? La députée Anne-Marie von Arx-Vernon explique qu’ils ont surtout besoin de repos. Pour le reste, des contacts ont été pris avec les ambassades marocaine et tunisienne. Bien sûr, il n’est pas question de retourner en Libye. « Ils ont été courageux de parler. Il faut qu’on sache qu’ici, personne ne bénéficie de l’impunité. Pas même les riches et les puissants. »

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 19 juillet 2008)

 

 

La république de la peur et de l’arbitraire

LIBYE. Dans le pays de Kadhafi, les citoyens n’ont aucun droit. Et les étrangers ne sont pas à l’abri. La Suisse en sait quelque chose.
Un portrait de Kadhafi parmi des millions d’autres.«Dans la hiérarchie des interdits, les Kadhafi viennent bien avant tous les autres, y compris Allah et l’islam. Y toucher mène directement à la mort, sinon la prison», chuchote un fonctionnaire.

Mehdi Talhaoui, envoyé spécial à Tripoli

Là, il porte une cape marron. Ici, il est vêtu d’un majestueux boubou sahélien. Parfois, il s’offre aussi en habits militaires, ses galons de colonel bien épinglés sur les épaules. En Libye, Mouammar Kadhafi est partout. Mais «Le Guide» comme on appelle le leader libyen, sa famille, et ses frasques – notamment celles incessantes d’Hannibal ou Cannibale, selon les mauvaises langues libyennes, le sulfureux fiston dont l’interpellation à la mi-juillet par la police genevoise, a conduit à une grave crise avec la Suisse – sont un tabou. On n’en parle guère en public que par le silence ou l’épigramme.

«Dans la hiérarchie des interdits, les Kadhafi viennent bien avant tous les autres, y compris Allah et l’islam. Y toucher mène directement à la mort, sinon la prison», chuchote un fonctionnaire. «C’est la première chose qu’on nous apprend d’ailleurs avant d’être affectés ici», murmure Francesco, un ingénieur qui travaille pour une compagnie italienne sur un champ pétrolifère offshore. «S’ils savaient ce que risquaient leurs compatriotes ici, les policiers suisses n’auraient sans doute pas arrêté Hannibal», complète un diplomate. Selon un autre, la Confédération est vraiment chanceuse que les Libyens n’aient pas été jusqu’au bout de leur logique en libérant mardi dernier sous caution les deux expatriés suisses arrêtés en représailles et en reprenant les livraisons de pétrole à Berne.

«Ils auraient pu expulser toutes les compagnies suisses et emprisonner tous leurs employés pour de longues années, avance un expatrié installé dans le pays depuis de longues années. Ici, il n’y a ni loi ni droit, surtout pas pour les étrangers. Ici, l’étranger est à la merci du plus petit des Libyens, sinon pourquoi on ne les voit presque pas dans la rue? Le simple fait de fréquenter des amis libyens peut amener des problèmes. En Libye, le compagnon le plus fidèle des étrangers c’est la peur.»

La peur? Les Libyens aussi la connaissent. Dans la République des masses de Kadhafi, elle est même, selon les connaisseurs, l’instrument le plus efficace grâce auquel la Grande Jamahiriya impose l’allégeance à ses citoyens. Pour traquer ou dissuader ceux parmi eux tentés par l’insoumission ou la dissidence, le régime dispose de toute une panoplie de moyens allant des très sophistiqués systèmes d’écoutes téléphoniques et logiciels de surveillance du réseau Internet, à une infinité de services de sécurité dont les très redoutés Comités populaires. Initialement les plus petites structures de la «démocratie directe» libyenne, ils ont été transformés au fil du temps en une effroyable machine de contrôle et de répression politiques.

Les rares courageux qui ont tenté de s’y frotter, l’ont payé au prix fort. Un des derniers d’entre eux, Idreess Boufayed, la cinquantaine, ancien réfugié politique en Suisse, rentré en Libye en septembre 2006, après avoir obtenu l’assurance de l’ambassade libyenne à Berne qu’il ne courait aucun risque, vient d’être condamné, le 10 juin, par un tribunal de Tripoli à 25 ans de réclusion. Dix de ses compagnons ont écopé de peines allant de 6 à 15 ans de détention, tandis qu’un autre, Abderrahmane al-Qateewy, arrêté en même temps, est aujourd’hui porté disparu. Leur seule faute est d’avoir envisagé une manifestation pacifique le 17 février 2007.

Ancien dignitaire du régime, Fathi al-Jahmi, 66 ans, a lui aussi payé pour avoir défié le système Kadhafi. En octobre 2002, lors d’une séance d’un congrès populaire, l’échelon de délibération au niveau nationale, il a réclamé l’abolition des enseignements du Livre vert, le texte de référence du régime, l’instauration du pluralisme politique, le respect de la liberté d’expression et l’organisation d’élections libres. Interpellé sur le champ, l’audacieux Al-Jahmi a été détenu au secret jusqu’en mars 2004, quand le sénateur américain Josef Bayden, en visite à Tripoli, a demandé au leader libyen sa libération. Traduit alors devant un tribunal, il est condamné à un an de prison avec sursis.

Une fois libéré, Fathi al-Jahmi accorde un entretien à la chaîne satellitaire américaine Al-Hurra, où il déclare ironiquement que tout ce qu’il reste à faire à Kadhafi «est de nous donner un tapis de prière pour qu’on se prosterne devant son portrait et d’en faire une idole». Quelques jours plus tard, il affirme pour la télévision panarabe Al-Arabiya: «Je ne reconnais pas Kadhafi comme leader de la Libye.» Le lendemain, il est à nouveau arrêté, ainsi que sa femme et son fils aîné. Depuis, ces deux derniers ont été relâchés. Mais Fathi al-Jahmi reste toujours détenu. Selon les autorités, c’est pour «le protéger de la colère du grand public suscitée par ses déclarations». Depuis, personne ne sait où il se trouve.

En 2005, à Benghazi, un cyberdissident, le jeune Daif Ghazal, 32ans, a été enlevé puis assassiné, rejoignant ainsi une liste déjà longue de personnes disparues. Les plus célèbres, à ce jour, restent l’imam chiite libanais Moussa Sadr, enlevé à Tripoli en 1978, et l’ancien chef de la diplomatie de Kadhafi, Mansour Kikhia, kidnappé au Caire en 1993. «Plus que les procès, c’est la méthode la plus prisée par le régime. Le sort de la personne jugée dangereuse est ainsi réglé une fois pour toutes et on en parle plus», analyse sous couvert d’anonymat, un journaliste arabe spécialiste de la Libye.

Le régime de Kadhafi pratique aussi les punitions collectives. En 2002, à Bani Oualid, une petite ville située au sud de Tripoli, plusieurs maisons appartenant à des membres de la tribu Al-Jadik ont été rasées au bulldozer, certains hommes exécutés sans procès. Depuis, les Jadik sont interdits d’accès aux services publics et d’emploi. Leur seul tort est qu’un des leurs, le commandant Khalil Salem al-Jadik, a tenté, avec d’autres officiers supérieurs, de renverser le colonel Kadhafi en octobre 1993.

Quant à la torture, le fils cadet et dauphin putatif du leader libyen, Seif El Islam Kadhafi, qu’on présente comme le visage lisse du régime, en a lui-même reconnu la pratique. C’était à la veille de la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien en juillet 2007, et qui avaient passé huit ans d’enfer dans les geôles libyennes. Arrêtées en janvier 1999 ces praticiens des hôpitaux ont été condamnés à mort, avant d’être «graciés». On leur reprochait, à tort, selon des expertises indépendantes, d’avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens.

«Leur cas est le seul qui a été médiatisé concernant le traitement des étrangers victimes de l’arbitraire en Libye, déplore un diplomate arabe habitué à se rendre dans les prisons de Tripoli pour visiter ses compatriotes détenus. Il y a des situations beaucoup plus dramatiques, mais elles concernent des gens qui n’ont pas la chance d’appartenir à des pays capables de faire pression sur la Libye.»

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 2 août 2008)


Comité central du RCD 
 

Une composition rajeunie

L’opération de dépouillement des bulletins  de vote pour l’élection des membres du Comité Central du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), qui a commencé vendredi,  en début d’après-midi,  s’est terminée hier, à l’aube.
Les résultats de ces élections auxquelles ont été ajoutés les membres de la liste  officielle en plus  de 56 membres jeunes pour constituer ainsi la composition du Comité Central  montre un taux de renouvellement  important et une présence consolidée de la femme et de la jeunesse. Comme l’a fait remarquer un observateur : « c’est  un Comité Central rajeuni dont l’objectif est  de relever les défis de l’avenir, répondant,  ainsi, au signe sur lequel s’est tenu le 5ème congrès du parti, celui du « Défi ».
Des élections qui ont  connu une  vive  compétition  avec les listes  qui circulaient dans les coulisses   dont deux listes ont fait l’objet   de tractations jusqu’à la dernière minute celle « du défi »  et celle  dite « nationale ».
Mais, selon  plusieurs observateurs, ces élections se sont déroulées dans la transparence totale « et le RCD, avec ses 2 millions d’adhérents en ressort  grandi et avec un nouveau souffle  pour affronter et relever  les défis  de l’avenir », a souligné  un observateur.
N.S
(Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunis), le 3 août 2008)


MONCEF  BEY

Présentation du livre de Saïd Mestiri, Sud Editions, Tunis, 2008

 

Par Ahmed Ounaïes – 20 juin 2008

 

Le règne éclair de Moncef Bey (juin 1942 – mai 1943) a représenté un bond en avant dans l’évolution du mouvement national tunisien. Moncef Bey a marqué une rupture avec la tradition husseinite depuis Sadok Bey, créé une relation d’intelligence et de sympathie avec le peuple, et réalisé un consensus politique inespéré parmi les factions qui s’étaient affirmées sur la scène politique tunisienne dans l’entre deux guerres. La popularité et la persistance du Moncéfisme s’expliquent par l’immense espérance que Moncef Bey a incarnée et par l’audace du nouveau système tunisien qui s’est imposé en son nom avec une légitimité imparable. Ce bond en avant, parfaitement compris dans sa substance et dans sa portée par les chefs de la colonie française et par les gardiens de l’Empire, a été brisé par la logique impériale.

Trois aspects définissent cet épisode exceptionnel de notre histoire. L’émergence de deux princes husseinites militants de la cause nationale : Moncef et son frère Hassine ; d’autre part, l’avènement d’un système politique légitime défiant les pratiques du Protectorat ; enfin, la réponse impériale. Nous conclurons brièvement sur la dimension révolutionnaire induite par l’échec du moncéfisme.

 

DEUX  PRINCES  MILITANTS

 

La famille husseinite postérieure au Protectorat incarnait le symbole de l’Etat tunisien dans ses aspects résiduels mais essentiels. Elle était loin cependant d’inspirer ou d’endosser le nationalisme tunisien qui lui était toujours resté extérieur. A ce titre, les Beys ont été utilisés à la fois par les autorités du Protectorat et par le mouvement nationaliste pour légitimer leurs actions et leurs prétentions respectives, chacun dans sa logique propre. Pour simplifier, on peut dire que la dynamique du Protectorat s’inscrit à l’intérieur du triangle formé par ces trois pôles – le Bey, le Résident Général et la constellation nationaliste. Dans ce champ clos, l’absolutisme colonial se couvre commodément de l’autorité beylicale. A tort ou à raison, les débordements et les dérives de la politique coloniale sont imputables à la tradition husseinite faite de faiblesse et de passivité. Les occasions où le Bey manifeste sa fermeté face au Résident Général sont célébrées dans l’opinion et chez les élites comme autant d’actes d’espoir ouvrant la voie à une action d’éclat ou à la fière réaffirmation de la souveraineté tunisienne. Or, jusqu’à l’avènement de Moncef Bey, de telles occasions sont rares et, quand elles se produisent, elles se dissipent sans lendemain. Avec le moncéfisme, deux facteurs ont changé : le volontarisme beylical et le consensus national. Comment s’explique une telle évolution ?

 

A partir de 1919, le démantèlement de l’Empire Ottoman et la poussée de la domination française et britannique dans tout l’Orient arabe ont provoqué un choc profond en Tunisie. Ce développement était à peine compensé par la proclamation des 14 points du Président Wilson. Ces bouleversements ont sonné le réveil politique notamment en Egypte, en Tunisie et au Maroc. Les princes Moncef et Hassine étaient âgés de près de 40 ans lorsque, sous le règne de leur père Naceur Bey, la scène politique a connu un changement majeur précisément à partir de 1919. D’abord, la structuration du mouvement national : la nébuleuse nationaliste cède la place à des partis politiques modernes : le Parti Tunisien est créé en 1919, puis le Destour en 1920, suivi du Parti Réformiste en 1921 et du Parti Communiste en 1922. Les premiers syndicats suivront en 1924. A la même période, en Egypte, l’action du Parti Wafd, sous le leadership de Saad Zaghloul, aboutissait à la Déclaration d’indépendance de l’Egypte le 28 février 1922. Les chefs du Destour ont veillé à donner à cette indépendance et à l’activisme de Saad Zaghloul un retentissement considérable.

A Tunis, la création du Destour a soulevé de grands espoirs. Le prince Moncef s’honore d’être l’un des premiers adhérents au parti. Il intervient personnellement le 8 juin 1920 pour l’admission au sein du Palais de l’imposante délégation du Destour qui vient présenter à Naceur Bey le programme du Parti. Quatre mois avant sa mort, Naceur Bey présente à Lucien Saint un programme revendicatif en 18 points, dont le fil remonte évidemment au Destour. Rappelons qu’en 1919 déjà, en réponse à la proclamation des 14 points du Président Wilson, le Parti Tunisien s’était empressé d’adresser un Mémoire au Président Wilson à l’occasion de son séjour à Rome ; le Mémoire porte ‘‘sur les mesures qu’impliquerait l’application des quatorze principes en Tunisie.’’

 

Les princes Moncef et Hassine sont témoins de ce bouillonnement politique et de la  mutation de l’action nationaliste qui ne cessera de s’amplifier et de se diversifier depuis lors, entraînant de plus en plus, sur la scène tunisienne, un nouvel acteur qu’on commençait à appeler ach-chaab (le peuple) et un nouveau registre, celui du discours juridique moderne dont se prévaut de plus en plus la jeune génération des diplômés de l’Université française. Ce renouvellement du discours et de l’action, qui se reflète dans la presse et dans la littérature très vivantes et très innovantes au cours de cet épisode de l’entre deux guerres, est traversé dans les partis et dans les syndicats par des débats politiques très riches, par des actions d’éclat, mais aussi par des haines personnelles et des reculs de la cause nationale. Or, pendant 20 ans, de 1922 à 1942, les règnes successifs de Habib Bey et d’Ahmed Bey n’ont fait qu’isoler la famille husseinite et illustrer sa passivité et sa marginalité. Sur ce fond, certains événements marquants continuent de projeter leurs effets jusqu’à l’accession au trône de Moncef Bey en juin 1942 : la crise sociale de 1929, la célébration du congrès eucharistique, la scission du Destour, la terrible répression du 9 avril 1938 et les arrestations consécutives des chefs du Néo Destour dont le sort restait incertain.

 

Le profil politique des princes Moncef et Hassine tient pour une part à leurs dispositions personnelles et à leur interaction avec les élites sadikiennes et zitouniennes – Dr Saïd Mestiri consacre des pages très éloquentes à cette interaction – mais aussi à ce tournant du mouvement national. On peut dire que ces princes sont le produit de la nouvelle réalité nationale qui a émergé dans l’entre deux guerres. Dès lors, l’accession de Moncef au trône allait revaloriser ce pôle dans l’échiquier tunisien et modifier la géométrie des forces. Dans la triangulation classique où le mouvement national s’affirme désormais, avec des chefs populaires et des organes de presse vifs et revendicatifs, le Résident Général se trouve isolé face à l’alliance volontaire du Bey avec le mouvement national. Cette situation inédite, c’est le moncéfisme.

 

LE  GOUVERNEMENT  DE  150  JOURS (1er  JANVIER / 14  MAI  1943)

                                                                                                                                               

Quelques semaines après l’entrée des forces alliées à l’Ouest, alors qu’à leur tour les forces allemandes avaient envahi la Tunisie par l’Est et que l’armée de Rommel remontait par le Sud, Moncef Bey nommait son premier gouvernement, dont il avait lui-même arrêté la composition et où se retrouvaient ensemble les chefs du Destour et du Néo Destour. La Tunisie était un champ de bataille indistinct et le gouvernement totalement démuni face aux opérations militaires, mais l’acte même avait produit dans le pays un impact puissant. La représentativité de cette équipe, sa modernité et son dynamisme tranchaient avec la tradition du Makhzen et reflétaient l’esprit d’unité nationale sous l’autorité de Moncef Bey. L’avènement de ce gouvernement, conçu et formé au Palais, a signifié au Résident Général Estéva l’éviction de la France. Pour la première fois, le gouvernement tient sa position et son autorité du Bey et ne doit rien au Résident Général ; il compte un Ministre de l’Intérieur ; le Premier Ministre se prévaut de la force des Traités pour affirmer ses prérogatives et pour imposer la coprésidence du Conseil des Ministres.

Pour Estéva et pour la colonie française, un tel gouvernement visait la reconquête de l’Etat et l’élimination des chefs de service français. En fait, ce gouvernement complétait l’autorité du Bey et comblait un vide politique. La Tunisie avait toujours eu un monarque, désormais elle a un chef. Il avait l’autorité de résorber les divergences qui avaient éclaté entre les factions et les chefs des partis, et le système qui s’installait en son nom avait toutes chances d’ébranler l’absolutisme du Protectorat. Il a notamment réussi à mettre un terme au détournement des biens habous au profit des colons* et à généraliser aux fonctionnaires tunisiens le tiers colonial. Cependant, l’escalade de la guerre de bout en bout du pays l’a en partie détourné de ses priorités. La victoire des alliés, le dimanche 9 mai à Hammam-Lif, sonne la fin système Moncef Bey et achève d’éliminer le système de Vichy en Afrique du Nord.

 

LA  LOGIQUE  IMPERIALE

 

Le contexte historique de la deuxième guerre mondiale où s’est hissé Moncef Bey est exceptionnel. A la différence de la première guerre de 1914 – 1918, où la France avait maintenu l’effort de guerre jusqu’au bout, la France s’est effondrée au bout de quelques semaines, a dû signer un armistice séparé et a vécu depuis juin 1940 sous l’occupation. Elle connaît en outre une division politique profonde et souffre d’une crise de légitimité. De surcroît, l’Empire colonial subit les empiètements des belligérants qui n’hésitent pas à se substituer à l’autorité française et à plonger dans l’embarras les autorités locales. Cependant, si l’effondrement de la Métropole a pu abuser certains politiciens et allumer chez les italiens des convoitises sur la Tunisie, et chez certains nationalistes tunisiens des espoirs d’émancipation et de raccourci vers l’indépendance, Moncef Bey, entouré d’une équipe lucide et pondérée, n’a pas cédé à ces calculs. Il a veillé à recentrer les intérêts nationaux et à afficher plutôt la neutralité. Le recentrage des intérêts nationaux est une dimension importante du moncéfisme.

 

Il faut analyser les contradictions de ce contexte. Apparemment, la guerre a hissé le statut du souverain, devenu l’interlocuteur direct des puissances en guerre. En fait, Moncef Bey réalisait la vulnérabilité absolue de la Tunisie, convoitée de tous, livrée aux forces armées de l’Axe et des Alliés, et totalement dépourvue de recours. Ses appels pour une zone neutre et pour épargner les civils n’ont reçu aucun écho. Encore ce paradoxe n’est-il pas le plus dramatique. Car, pour les belligérants, la Tunisie n’offrait qu’un intérêt instrumental et éphémère ; et pour la France, qu’elle soit vaincue ou victorieuse, la Tunisie n’a pas d’intérêt par elle-même, pourvu qu’elle soit dans l’Empire et qu’elle se conforme aux exigences du moment. La Tunisie qui ose se prétendre alliée n’a jamais été admise comme telle : pour la France, la Tunisie compte pour autant qu’elle est asservie. L’intérêt de l’Empire tient à sa seule persévérance, sans jamais coïncider avec l’intérêt de ses provinces.

 

Dr Saïd Mestiri signale l’absence, à certain moment, d’un esprit tel que Bourguiba pour faire valoir l’atout tunisien aussi bien dans la conjoncture du débarquement allié de novembre 1942 qu’au-delà, dans les enjeux de l’affrontement global. Dans l’entourage proche de Moncef Bey, Aziz Jallouli, comme suite à la lettre de Roosevelt du 4 novembre 1942 qui sollicitait le libre passage des forces alliées, avait préconisé une retraite du Bey auprès des Alliés. Diverses considérations expliquent qu’une telle retraite n’était pas praticable ; mais un plénipotentiaire du Bey auprès des Alliés était concevable. Une telle initiative aurait marqué le relief diplomatique tunisien et porté certainement un coup aux manœuvres de la bande haineuse de Peyrouton installée au cœur de la nouvelle autorité politique française à Alger. Les audiences du sultan Mohamed V avec Roosevelt et plus tard avec De Gaulle avaient hissé la cause marocaine. L’absence d’une politique extérieure active à l’appui des choix nationaux, par ailleurs opportuns et très justes, était une lacune sachant le cafouillis des forces en présence.

 

La France débarrassée des forces allemendes a froidement développé la logique impériale dans toute sa rigueur. Les gardiens de l’Empire ne voulaient plus voir parader ce Bey vif et populaire, qui se faisait entourer de ministres forts et revendicatifs, qui osait manifester ouvertement son alliance avec les nationalistes et qui menaçait l’emprise du Protectorat. Dans de telles extrémités, la raison n’explique pas tout, c’est la haine qui parfois l’emporte. En mai 1943, avant même la libération de la France, et pour des motifs absolument faux, Moncef Bey était forcé à l’exil. Deux ans plus tard, en mai 1945, à quelques heures de la victoire à Berlin, la même logique impériale déchaînait en Algérie et en Syrie une répression inouïe et faisait des milliers de morts à Sétif et à Damas.

 

L’ECHEC  DU  MONCEFISME

 

Le moncéfisme a représenté une première tentative à l’initiative du Bey pour faire évoluer le Protectorat, dans le respect des Conventions, vers l’objectif de l’autonomie… pas plus que l’autonomie. Une seconde tentative astreinte à la même doctrine était réalisée 8 ans plus tard sous la pression du Néo Destour. Pour des raisons tactiques, elle était conduite à partir du 17 août 1951 par un gouvernement à nouveau dirigé par Mhamed Chenik, comprenant des représentants  mandatés du Néo Destour. La Note du 15 décembre 1951 a mis fin à cette seconde tentative. Ce double échec a irrésistiblement induit le mouvement national à l’option révolutionnaire. Cette option s’est imposée dans l’ensemble de l’Afrique du Nord, avec cette nuance qu’en Tunisie, la dimension révolutionnaire est restée politiquement et philosophiquement maîtrisée par la volonté du Néo Destour et notamment par Habib Bourguiba. Tel n’était pas le cas chez nos voisins pour des raisons qui tiennent à la fois aux personnes et, en partie, au contexte historique.

 

Ahmed Ounaïes – Tunis, 20 juin 2008

 

 

*Annulation du Décret du 30 janvier 1898 sur l’acquisition des biens habous par échange en nature et en argent.  

 

 (Source: « Mouwatinoun » l’organe du FDTL  (Hebdomadaire – Tunisie)  nr 71 du 16 juillet 2008)

 

 


OUI : LA LTDH RESTERA EN VIE

 

(Réponse à S. Ghorbal)

 

Par Dr Khelil Ezzaouia                                                                                                                                            

 

 

La situation actuelle de la ligue tunisienne des droits de l’homme est devenue l’objet de préoccupation  pour ses militants, la mouvance des droits de l’homme et les instances internationales concernées.

Un récent article publié par Samy Ghorbal dans l’hebdomadaire « Jeune Afrique » n°2478 laissait entendre que la doyenne s’acheminait lentement vers un coma dépassé. L’auteur estimait que le changement de statut du comité supérieur des droits de l’homme présidé par Moncer Rouissi ainsi que l’apparition de nouvelles organisations non reconnus (CNLT, AISPP,Liberté et équité) plus dynamiques tendrait à marginaliser la LTDH.

De même selon le même article, des conflits internes seraient à l’origine de la paralysie actuelle. Il s’agit d’une analyse superficielle qui ne tient pas compte de la situation politique générale du pays ni de la place de la LTDH sur l’échiquier politique.

La situation de la ligue et ses rapports avec le pouvoir sont les meilleurs indicateurs de l’état des libertés dans le pays et de la tendance à l’ouverture ou au durcissement du climat politique. Le 5ème congrès d’octobre 2000 a pu se tenir car le pays a vécu un petit « printemps démocratique » parenthèse vite refermée. La situation de blocage ne sert pas l’intérêt du pays et met à mal la machine diplomatique officielle qui est en permanence questionnée par les instances internationales et les chancelleries étrangères sur le devenir de la ligue.

Comme l’a dit Samy Ghorbal, il s’agit d’un problème politique dont la solution ne peut être que politique c’est-à-dire par un accord qui permette l’organisation du congrès de la ligue en toute indépendance. La ligue a été et restera indépendante ou elle n’existera plus.

Cette vérité, les autorités en sont conscientes mais ne semblent pas pour le moment saisir l’importance et l’intérêt. La disparition de la ligue signera un tournant dans le blocage politique actuel qui sera difficile à rattraper. Les événements de Slimane sont là pour démontrer aux faucons que la situation actuelle ne favorise que les extrémismes et l’aventure armée de plus en plus attrayantes auprès des jeunes.

Il est temps de se ressaisir  et de renouer par un dialogue positif avec la ligue.

Le comité directeur doit savoir pour sa part comment rassurer et assurer une démarche qui autorise la tenue d’un congrès en toute indépendance tout en faisant participer tout le monde.

Peu importe la formule ou l’habillage, l’essentiel est que la ligue sorte plus forte avec une indépendance confirmée et une relation éclaircie avec le pouvoir dans le respect mutuel afin de pouvoir mener à bien sa tâche de défense et de diffusion des droits de l’homme.

La politique du pire tel que prônée dans leurs déclarations par certains plaignants ne peut plus tenir.

L’ère bourguibienne a permis la naissance de la ligue. L’ère actuelle ne peut se permettre d’être associée à son déclin. Ce serait, du point de vue historique, plus qu’un crime, une faute.

 

 (Source: « Mouwatinoun » l’organe du FDTL  (Hebdomadaire – Tunisie)  nr 71 du 16 juillet 2008)


 

L’affaire Tarek Dhiab :
Retour à la raison


Par Fethi EL MOULDI

« L’affaire Tarak Dhiab » (un bien gros mot mais il est le reflet de bien des maux) aurait dû rester un simple fait divers mais comme on est en été, pas en hiver, elle a pris une étrange et anormale ampleur.

En effet Tarak a fait un geste (plutôt il n’a pas fait un geste) condamnable car au-delà des conflits ou des mésententes, il y a le respect des institutions (un respect sacré) qui dépasse les personnes.

Il aurait pu (dû) s’en excuser et l’incident aurait été clos d’autant plus qu’on est dans le domaine sportif dominé par la tolérance et l’esprit sportif.

Malheureusement l’incident est sorti de son cadre, relayé par les médias, il est devenu une « affaire » et les dérapages, de partout, ont accentué à polluer l’air, chacun mettant son grain de sable alors qu’on espérait des attitudes plus affables.

Nous pensons, honnêtement, que la raison doit l’emporter, qu’il ne faut pas se laisser emporter, que l’abcès doit être crevé: Tarak doit parler, les excuses doivent être présentées et acceptées, les cœurs doivent être purifiés et c’est notre football – un football sain – qui va gagner…

F.E.M.

(Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunisie) le 1er aout 2008)


 

 

[EST] Tarek Dhiab vice-président déchu,
Officiellement démission, officieusement licencié.
Raisons enore floues


Par 3loulou-

J’appelle ça le triumvirat du football tunisien, il s’agit du trio Chiboub, Slama et Kaabi. La pseudo élection du bureau fédéral de la FTF et la précédente nomination de Ali Labiadh était chapeautée par ces trois énergumènes. Ces trois personnes font du footbal Tunisien ce qu’elles veulent.
Chiboub, gendre du président, est toujours actif avec son poste au sein de la FIFA qu’il a eu d’une façon honteuse et qui l’avait poussé à quitter la présidence de l’EST.
Kaabi avec sa langue de bois et son poste de ministre de la jeunesse et des sports qui n’est même pas sensé interférer dans les affaires internes de la FTF.
Slama, ex-conseiller et protégé du président de la république qui fut parachuté à la tête du comité national olympique tunisien et qui du jour au lendemain a commencé à faire la une des articles sportifs de la presse tunisienne comme par enchantement, comme si il venait de sauver le sport en Tunisie.

Ces trois personnes font ce qu’elles veulent en interaction entre elles mêmes.

Un beau jour un certain Tarak Dhiab, homme sûr et honnête, élu meilleur footballeur du 20ème siècle en Tunisie et pourvu d’un don inné, celui de maîtriser le football et ses rouages, ce Mr Dhiab ose critiquer le système puisque c’est son droit et exprime tout haut ce que tout le monde pense tout bas, à savoir que le ballon de foot est pourri de l’intérieur en Tunisie, telle une belle pomme remplie de verres de terre.

Cet homme , dans un pays civilisé et un Etat de droit ne serait pas limogé de n’avoir pas salué un ministre. Cet homme, qu’il ait eu tort ou pas est libre de penser et de s’exprimer et surtout d’exercer les fonctions qu’il veut. Le plus grand perdant dans tout cela, il est vrai c’est l’Espérance mais c’est surtout et avant tout le football tunisien.

Comme le diraient certains : »Il fut un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ». Un temps où les instances sportives tunisiennes étaient mieux gérées. Un temps où nous avons au moins réussi à avoir une médaille d’or olympique et un victoire en coupe du monde de football…

Laissons Tarak travailler tranquillement et dire ce qu’il pense et saluer qui il veut. C’est son droit. Et gardons la politique hors du terrain sportif.
Vive le sport, vive la Tunisie

 

(Source : Le forum Tunisie-foot.com- le 1er aout 2008)

 


 

 

« L’affaire Tarek Dhiab » :
Tout dans notre pays devient une affaire d’Etat…

Le président Zine El Abidine Ben Ali a promis samedi « de veiller à faire en sorte que chaque Tunisien ait une vie libre et digne »( AP | 02.08.2008).

Tarek Dhiab a refusé de serrer la main du Ministre des sports qui l’a ignoré et ne lui a pas tendu la main. Entre  Tarek Dhiab et le Ministre le courant ne passait pas depuis des mois. Le Ministre dit-on aurait émis un veto au retour de Tarek à l’Espérance et ce dernier n’a pas cessé dans plusieurs interviews de critiquer le travail du ministre. L’incident du refus de serrer la main était la goutte qui a fait déborder le vase…Dans un premier temps, le Président de l’EST aurait refusé de démettre Tarek Dhiab de ses fonctions et s’est montré solidaire avec son vice-président. Vers la fin, il a craqué devant les pressions…comme par hasard, son entreprise félicité dans le passé par les équipes du FISC tunisien, pour sa transparence financière, fait l’objet d’un nouveau contrôle fiscal ! Comme par hasard aussi,  Tarek Dhiab est arrêté et est accusé  d’avoir voulu corrompre un policier en lui remettant un chèque de 10 dinars (6 euros).Comme d’habitude, le simple fait divers devient dans notre pays une affaire d’Etat et cela rappelle étrangement les mêmes méthodes utilisées contre les opposants politiques !

Par Sami BEN ABDALLAH
Sami_tunisie_soir@yahoo.fr

Le 29/07/08, c’est M. Abdelhamed Slema qui revient sur l’affaire Tarak Dhiab qui avait refusé de serrer la main à M.AbdallahKaabi, ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Education physique dans la cérémonie de remise des médailles et du trophée ayant suivi la finale de la Coupe de Tunisie, le 5 juillet au stade 7-novembre de Radès.
M.Slama s’est étonné du silence passif des médias du pays dont aucun n’a commenté l’épisode. « Pourtant, l’acte est suffisamment grave et répréhensible, a-t-il dit, car il y a l’autorité et le prestige de la fonction de ministre qui ont été bafoués par un tel geste » a rappelé M.Slama.

On ne peut que s’interroger à la lumière de ses déclarations : Quel statut de M. Slema faut-il retenir ? Celui de Conseiller auprès de la présidence de la République ?  Celui de membre du Comité central du RCD ? Ou celui de Président du Comité Olympique tunisien ?  
M. Slema peut-il admettre par ailleurs, qu’on pourrait trouver le geste de Tarek Dhiab, un geste normal sans pour autant que cela soit interprété comme un manque de respect à la personne du Ministre M. Abdallah Kaabi ?

En France  
On se rappelle tous l’épisode de la visite du Président de la République française, Nicolas Sarkozy, au salon de l’agriculture. M. Sarkozy tend sa main pour saluer un des visiteurs, ce dernier refuse de la lui serrer en lui disant «tu me salis » !(1) Le Président s’énerve et lui lâche «casse toi pauvre con ». Il y a eu un deuxième cas. Lors d’une autre visite Vesoul, une  étudiante refuse de serrer la main de Nicolas Sarkozy qui visitait son école(2). Un troisième, le Président de la République française visite une manifestation de marins pécheurs (3). Un des manifestants, insulte Sarkozy, ce dernier lui demande de descendre et le pécheur crie: «  si je descends, je te mets un coup de boule ». Deux autres exemples : Du temps où il était Ministre d’Etat et Ministre de l’intérieur, il et entartré en public (4). Et un dernier exemple tout récent: lors de sa visite à France 3, un cameraman refuse de le saluer (5).

Le prestige et l’autorité du Président de La République française !

Qui doute des pouvoirs énormes dont dispose le président français ? Pourtant, aucune de ces personnes ne sera inquiétée. Pis encore, les Ministres s’organisent (comme le rappelle Libération) pour défendre le Président Français !.(6)

« Le chef de file des députés UMP Jean-François Copé a voulu minimiser ce matin la portée de l’invectives, jugeant que «cette histoire» avait «pris une ampleur anormale». «Je trouve qu’on en fait beaucoup», a-t-il commenté sur LCI. «Ce qu’on pourrait faire de mieux sur cette histoire, c’est la remettre à ses justes proportions.» Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, présent aux côtés du Président au moment des faits, estime que le président avait répondu «d’homme à homme» à quelqu’un qui «l’agressait verbalement». «Le président de la République a répondu clairement mais assez calmement, il n’était pas du tout énervé (…) à quelqu’un qui l’agressait», a déclaré le ministre à Europe1.(..) Le ministre du Travail Xavier Bertrand a déclaré lui sur RMC qu’on n’avait «pas le droit d’humilier le président de la République». Et le ministre d’ajouter : «J’en ai marre de ce sytème qui est complètement insensé, où on ne retient que cinq secondes de cette visite au Salon de l’agriculture». Quand au ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale Brice Hortefeux, il a justifié hier l’insulte lancée par le Président, estimant que «les hommes politiques ne sont pas des carpettes sur lesquelles on doit s’essuyer les pieds». Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, pense pour sa part que Nicolas Sarkozy a démontré «un calme et une sérénité vraiment exceptionnels»…«Je ne suis pas sûr que je n’aurais pas dit pire, je me demande si je ne lui aurais pas mis une baffe !» C’est sûr, vu comme ça ».

Pourtant la majorité  des français se méfient du caractère autoritaire du président de la République. Son passage à la tête du Ministère de l’intérieur français a laissé dans l’imaginaire des français l’image d’un homme sévère et autoritaire. Quand il était le premier flic de France, une partie de la police française a commencé à se comporter comme la police du tiers monde ! …

En 2003, Un homme de 36 ans, qui avait jeté un yaourt sur la voiture du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Toulouse le 2 février, a été condamné à 4 mois de prison avec sursis. Le prévenu, un militant anti-voiture qui prône la « vélorution », souhaitait protester contre le comportement du ministre dont le cortège « circule en toute impunité, grillant les feux, remontant à contre-sens les sens interdits, roulant à vive allure dans les rues et sur les autoroutes ».

En 2003 aussi, un jeune homme de 21 ans, accusé d’avoir insulté le ministre de l’intérieur lors de sa visite lundi 9 février dans le quartier Hautepierre à Strasbourg, a été condamné à un mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de la ville. le jeune homme, aurait lancé « Sarkozy, va n… ta mère ! » à l’arrivée du ministre en fin de matinée dans un gymnase du quartier, où il était notamment attendu par un groupe de jeunes

Début février enfin, c’est un manifestant arrêté samedi 31 janvier pour avoir pris à partie le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, lors de la bousculade au Forum des Halles, à Paris, qui a été condamné à un mois d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Paris. Christophe Birot, 30 ans, était jugé selon la procédure de « comparution immédiate », pour avoir injurié les policiers et le ministre, en levant le poing, le majeur tendu. « Retourne en Chine, espèce de Hongrois », avait notamment crié M. Birot, proférant aussi des insultes plus grossières à l’adresse des « flics » et du ministre.

Et La Tunisie ? la volonté du peuple, la Constitution, les lois ….

On s’interroge en Tunisie : Qu’est ce qui nous sépare de la France ? Pourquoi n’évolue-t-on pas à l’instar d’autres peuples ? Pourquoi nos responsables méconnaissent ce mot qui nous est cher : la Liberté ? Pourquoi  tout ce qu’ils réussissent à dire, ce sont ces mots que sont la Constitution, la volonté du peuple, le prestige de l’Etat, l’autorité, le pouvoir ?  Pourquoi aucun ministre français n’a évoqué ces mots ? Pourquoi le simple fait divers devient une affaire d’Etat et on sort l’artillerie lourde en fabriquant des affaires : « complot, intelligence avec un pays ennemi, un contrôle fiscal, …etc!…. Pourquoi ces responsables ont-ils la mémoire courte et sélective pour oublier  l’ère de Bourguiba et se rappeler où nous a conduit cette logique ?

Comment voulez-vous que le commun des mortels croie en la  version officielle ?
Cette méfiance ne date pas d’aujourd’hui. En Tunisie, on s’est habitué aux affaires fabriquées et au double discours. On arrête les gens puis on cherche une justification juridique. C’est Gilbert Naccache- Militant de l’extrême gauche- qui l’écrit (7) «arrêté en décembre 1972, et condamnés à un an de prison, Noureddine [ Ben Khedr] et moi étions encore détenus en avril 1974, sous un prétexte inconsistant : deux de nos camarades, sous le coup de la même inculpation que nous, venaient de se voir signifier un non-lieu et d’êtres libérés. On nous avait traités différemment : plusieurs dizaines de militants d’extrême gauche avaient été arrêtés en novembre et décembre 1973, nous étions considérés comme fondateurs de leur organisation, et on ne voulait pas nous laisser la possibilité de la remettre sur pied.
Nous attendions donc que soit trouvée la façon «juridique » de nous maintenir en prison. Nous savions que le juge d’instruction comptait sur un décret présidentiel pour ne pas assumer lui-même cette responsabilité. Rejoints en février par nos jeunes camarades au pavillon cellulaire, nous étions isolés les uns des autres dans des cellules individuelles, après qu’on nous eut retiré livres, papiers, stylos ou crayons pour nous empêcher de communiquer entre nous  et surtout avec l’extérieur.
Et puis, le 20 avril , à la suite des manifestations étudiantes de la veille, le décret présidentiel arriva : prenant prétexte des poursuites devant la Cour de Sûreté de l’Etat, on supprimait à cinq d’entre nous la grâce qui nous avais remis en liberté en 1970, après deux ans de prison. Pour  moi, cela signifiait 14 années encore.
On peut penser que le décret n’est pas possible, pas  applicable, que cela ne tiendra pas : comment des poursuites prouveraient la culpabilité ? Et  puis ces poursuites se termineront  sans doute par un non-lieu, un acquittement, on sortira alors. D’ailleurs, il n’est pas possible que l’opinion ne réagisse pas, que nos camarades, nos amis à l’étranger  ne se saisissent pas de ce scandale, du retrait, après quatre ans, d’une grâce  qui avait été accordée en signe de changement de  politique, de renonciation à la répression qui accompagnait l’étatisation et la collectivisation forcée…
Oui, tout cela aide peut-être à supporter le choc. Mais on est comme assommé quand même. Deux personnages, bien habillés, surs d’eux-mêmes, vous font venir dans un bureau. Le petit, gras, rougeaud, manifeste une satisfaction certaine en vous annonçant la décision. L’autre prend un air gêné, il n y est pour rien, il est tenu de vous informer. ‘est tout. Pas le droit ? Mais si, le président a le droit. Impossible d’attaquer, de protester,. Mais en politique les choses changent, bientôt peut-être…. Comment ? qu’on vous montre le premier décret ? celui de 1970 ? pas notre rôle, nous devons seulement  communiquer le contenu de celui-ci. Courage, se permet de dire l’un ‘eux. Et n’eut été la jubilation de ce salaud de gardien qui m’accompagne, la certitude qu’il ne demande qu’un prétexte pour me tabasser, pour joindre sa mesquine petite répression à cet énorme arbitraire, j’aurai gueulé, craché, renvoyé le courage à la face de ce gros mec qui va tranquillement rentrer déjeuner chez lui, avec sa femme et ses enfants, et peut être dire à table : «  je viens de signifier à cinq types qu’ils ont encore plein d’années en prison à passer ». je ne veux pas qu’il puisse ajouter : «  ils étaient désespérés ; pour des gens qui veulent faire la révolution, ils n’ont pas grand chose dans le ventre ».
Il y a ça. Il y a aussi ce flageollement des jambes, ce vide brutal dans la tête, ce sentiment d’impuissance…. c’est tout, on peut faire de nous ce qu’on veut, nous sortir, nous remettre en prison quand on veut !
Merde, merde ! 14 ans mon vieux, ».

14 ans pour des étudiants d’extrême gauche qui ont manifesté dans la rue !

Dans notre pays, tout serait  fait au nom de «la volonté du peuple ». Toujours les grands discours que trahit la réalité des pratiques.  Tahar Belkodja (ancien Ministre de l’intérieur) avait écrit dans ses mémoires (8) : « Le XIème congrès du PSD ( rebaptisé R.C.D)se tint le 10 avril 1981 et eut son moment fort lors de la proclamation historique de Bourguiba en faveur du pluralisme :Le degré de maturité atteint par le peuple tunisien, les aspirations des jeunes et l’intérêt qu’il y a à faire participer tous les Tunisiens, quelles que soient leurs opinions à l’intérieur ou à l’extérieur du parti dans la prise de décision, nous invitent à dire que nous ne voyons pas d’objection à ce que des organisations nationales politiques ou sociales voient le jour ». Les congressistes se levèrent alors comme un seul homme, applaudirent longuement et frénétiquement avant d’entonner l’hymne de l’Indépendance. (…) « Au fur et à mesure que la campagne électorale progressait, la popularité de la liste du PSD (rebaptisé R.C.D)s’effondrait. L’inquiétude s’installa provoquant un tournant brutal qui allait compromettre toute la construction démocratique. Les événements vont dès lors se précipiter. Le ministre de l’Intérieur s’entretient avec le chef de l’Etat, puis se rend immédiatement à Monastir où le Premier ministre faisait sa campagne. La décision est aussitôt prise de revenir à la tradition : la victoire absolue du PSD. La veille du scrutin, des escarmouches sont provoquées tandis que le jour du vote, les militants du PSD ( rebaptisé R.C.D) s’affrontent aux observateurs de l’opposition. La police n’intervient que mollement. Devant la multiplication des bavures, l’opposition commet l’erreur de retirer volontairement dès midi ses observateurs de certains des 12 000 bureaux de vote. Les responsables locaux entrent alors en action, et les « opérations de vote » reprendront comme d’antan.

L’ancien premier ministre Mohamed Mzali écrira plus tard en 1988, dans sa «Lettre ouverte à Habib Bourguiba » (9) : « Le Ministre de l’intérieur DRISS GUIGA, …feignait devant moi, d’être isolé de ne pas pouvoir, comme je le lui avais demandé, respecter la légalité scrupuleuse du scrutin même s’il devait en résulter un succès des opposants qui remporterait les suffrages nécessaires. Il m’a affirmé que le Président l’avait convoqué –ce jour samedi- en compagnie de l’ancien Gouverneur de Tunis, Mhaddbeb ROUISSI, et lui avait ordonné « d’organiser » la victoire totale de toutes les listes du PSD (rebaptisé R.C.D). Et de donner des instructions dans ce sens aux gouverneurs. Quand j’arrivais, le lendemain, à Tunis, je fus mis devant le fait accompli. J’appris que le matin même, entre 5h et 6h, un « commando » composé notamment de Messieurs GUIGA (Le Ministre de l’intérieur), ROUISSI (Gouverneur de Tunis)…s’était rendu au siège du gouvernorat et y avait trafiqué les résultats »

Et Mohamed Mzali d’ajouter à propos des élections gagnées avec 99% des voix «  je pensais aussi vous avoir convaincu de la nécessité du pluralisme en Tunisie. A maintes reprises, je vous ai rappelé que vous-même et le P.S .D ( rebaptisé R.C.D) avec vous, n’aviez plus besoin pour gouverner des mythiques 99% des voix que vous donnait chaque « élection ». sans déchoir, vous pouviez vous contentez de 80,70 et même de 51%. Vous y auriez gagné en crédibilité pour avancer concrètement sur la voie du pluralisme démocratique ».

Il ne s’agit pas du seul exemple. Lors des émeutes du pain de 1984, Tahar Belkhoja rappelle que « Le même jour, la Chambre des députés se réunit pour voter l’annulation de toutes les augmentations, se contredisant ainsi moins de 24 heures après avoir soutenu le gouvernement » (11).

En 1986, « Wassila Bourguiba se voit reprocher d’avoir donné une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique quatre ans auparavant, dans laquelle elle défendait le principe d’une alternance démocratique ! le président affirme qu’il n’a pas été au courant, qu’il vient d’apprendre l’existence de cette prise de position publique qui, à l’époque, avait pourtant fait grand bruit…la crise conjugale se conclut le 11 août 1986 par l’annonce officielle du divorce, prononcé aux torts de Wassila : cette dernière a quitté la Tunisie en mai, avec l’accord tacite du président, mais il est facile de l’accuser d’abandon du domicile conjugal ! la version publique de la répudiation est surprenante : madame Bourguiba aurait eu «  des propos et des prises de position contraires à la constitution » (12)

Rien que pour un divorce anodin, on est obligé de sortir l’artillerie lourde et évoquer la Constitution ! Mais cette même Constitution autorise-t-elle la fraude électorale ? La torture ? la Censure ? la corruption ?

Tout dans notre pays devient une affaire d’Etat !

Dans le cas de M. Sarkozy, les spécialistes des coups tordus en France auraient pu fabriqué des affaires à chacun de ces personnages, un redressement fiscal par-ci, un contact avec une puissance étrangère par-là, une atteinte à a sûreté de l’Etat pour en finir ! Ils ne l’ont pas fait ! Pourtant en France, les professionnels des coups tordus n’en manquent pas !

Pis encore dans d’autres circonstances, telles que les attentats terroristes à Saint Michel, la tentative d‘assassiner Jacques Chirac lors du 14 juillet ou celle de Bertrand Delanoé, le pouvoir en France aurait pu décréter des lois d’urgence et bafouer les libertés publiques ! Il ne l’a pas fait. Dans les cas des tentatives d’assassinats de Jacques Chirac ou de Bertrand Delanoé, les coupables n’ont pas été torturés, ni condamnés à vie.

En démocratie, on ne respecte pas les lois forcément par amour pour ces dernières. On les respecte, car il y a des contre pouvoirs ! et car la majorité a l’intime conviction, que sans respects des lois, les gens n’auront plus confiance dans ces dernières, et ça deviendra le chaos. Les Français ne se proposent pas de choisir entre la liberté et les lois. Ils veulent les deux.

En Tunisie,  les discours sur la suprématie des lois et l’Etat de droit et des institutions n’en manquent pas. Le quotidien trahit parfois ces discours et l’ère de Bourguiba a montré où nous a conduit cette logique répressive. Le Tunisien ordinaire a intégré cette schizophrénie et vit avec ! Tout comme les voisins algériens qui pour se moquer du contenu de leur télévision publique déclarent «si vous ne voulez pas être informé de ce qui se passe au pays, regardez la chaîne publique ! ». Le Tunisien ordinaire, vous dira «bien sûr qu’il y a des lois ! Mais vous savez les lois … ! ».  Et il y a tellement de lois répressives en Tunisie qu’on finira par vous trouver quelque chose et vous fabriquer une affaire!  Et on vous dira : «  La Constitution, les lois, la volonté du peuple….etc ».

Quand les gens n’ont plus confiance dans les lois, il va de soi qu’ils ne les respectent plus. Car ce qui fonde la crédibilité des lois, c’est le sentiment de justice ! Quand l’égalité de tous devant les lois n’est plus assurée, quand chacun voit que dans un cas, la loi est appliquée et dans un autre elle est bafouée, quand les lois deviennent un moyen de chantage…comment voulez-vous que les gens respectent les lois ?

Pourtant, d’autres sociétés nous montrent, à travers leurs exemples, que des solutions de rechange existent. Jusqu’à quand refusera-t-on de s’en inspirer ?

Sami BEN ABDALLAH
Sami_tunisie_soir@yahoo.fr

(1) http://videos.leparisien.fr/video/iLyROoaftL1D.html
(2) http://www.dailymotion.com/visited/search/sarkozy/video/x4mwu0_une-jeune-fille-refuse-de-serrer-la_politics
(3) http://www.dailymotion.com/relevance/searc…les-pecheurs-au
(4) http://www.dailymotion.com/video/x293t2_sa…ntarte_politics
(5) http://www.dailymotion.com/relevance/searc…r-france-3_news
(6) http://www.liberation.fr/actualite/politiques/312077.FR.php
(7) Crital, Gilbert Naccache, pp-4-5,Collection Identités, Editions SALAMBO, 1982
(8) Tahar Belkhoja, «  les trois décennies Bourguiba » ; pp 175-176
(9) « Lettre ouverte à Habib Bourguiba », Mohamed Mzali, pp 28-29, Editions Anne Sigier, 1987
(10) Lettre ouverte à Habib Bourguiba », Mohamed Mzali, pp 10, Editions Anne Sigier, 1987
(11) « Les trois décennies Bourguiba »,  Tahar belkodja, pp 185-187,
(12) « Bourguiba, le pouvoir d’un seul », Bernard Cohen pp 63-64,


Livre: ‘‘De mon pays’’ de Khemais Khayati

Sémiologie de la chlaka

Khemais Khayati est l’un de nos meilleurs critiques de cinéma. Son dernier livre ‘‘De mon pays, journal d’un citoyen ordinaire’’ réjouira les amateurs de ses flèches verbales. Des mots acérés qui prennent pour cible un mauvais goût très partagé. La chlaka a encore frappé !

La spécialité de Khemais Khayati, le domaine où il brille est la critique de l’image. Au sens large. La télévision et le cinéma, mais aussi l’image que les Tunisiens reflètent d’eux-mêmes. Et celle-ci est plutôt écornée, à en croire l’auteur. Qui n’est pas vraiment un «citoyen ordinaire» quoi qu’en dise le titre de son dernier livre.

Le regard désabusé mais acéré de Khayati se focalise sur les erreurs de goût de ses concitoyens. Des fautes qui ne nous rendent guère photogéniques. Et les photos, il y en a dans ce bouquin. Au sens propre, avec une collection publiée à la fin du livre. Mais aussi au figuré. Puisque les textes acides, rédigés par notre critique décidément sarcastique, sont aussi épicés qu’«imagés». Une projection en mots d’images de notre quotidien pris sur le vif. Et puisque c’est l’été, la «chlaka», cet attribut inséparable du pied tunisien, est une fois de plus à l’honneur.

De la «kountra» aux charentaises

De la traditionnelle «kountra» aux charentaises d’importation, le phénomène de la chlaka est analysé, disséqué par un Khayati plus entomologiste que tailleur. Comme s’il étudiait des insectes en laboratoires. «Le port de la chlaka demande une culture de la dysharmonie dans votre allure», nous dit-il. La culture en question est apparemment bien diffusée. Et pas uniquement par notre télévision nationale.

Le critique ne coupe pourtant pas les cheveux en quatre, même s’il n’hésite pas à vendre la mèche. D’une blondeur dorée, évidemment, comme les coiffures de nos stars de la chansonnette. Cairotes d’adoption, ou aspirantes nilotiques, elles se feront ravaler (gratuitement) la façade par un Khayati en verve. Et les écrits nous frappent de la tête aux pieds. Puisque la chlaka est érigée en symbole, pour souligner les «dysharmonies» envahissantes.  Parce que les «chlayek» (pluriel de chlaka, Ndlr) abondent dans tous les milieux, tous les secteurs d’activité. Ce sera le sceau authentifiant le mauvais goût à la tunisienne.

Qu’on ne s’y trompe pas. L’auteur n’oppose pas les «beldis» (Tunisois) aux «bledards» (provinciaux), puisque les «goôrs» (ploucs) sont équitablement répartis sur toute la population. Et ils frappent fort. Le mauvais goût s’immisce dans les journaux, le paysage urbain, et même dans la (mauvaise) langue de nos concitoyens. Mais quand on s’éloigne du champ de prédilection de l’auteur, celui-ci a tendance à dériver. Les coquilles (nombreuses) dérangent la lecture presque autant que certains propos délibérés.

Dieu reconnaîtra les siens

Un engagement sans faille contre le voile, mais pour le bikini. En bon chevalier servant, il prendra la défense des veuves et orphelines de toutes les libertés, même vestimentaires. «Une belle plante, certes, avec une jupe découvrant un peu plus que les genoux, les cheveux au vent, la poitrine aguichante et la démarche fière». Aguichante. Ainsi Khayati décrit-il une douce apparition… céleste ? Toutes les libertés vestimentaires ? Pas vraiment. La minijupe est décidément plus séduisante, ne serait-ce que pour des raisons purement… cinématographiques.

C’est oublier que sous les pavés, et donc sur la plage, la chlaka reste tout de même plus confortable. Ce sera d’ailleurs le (seul ?) point commun des Tunisiennes. Des plus dénudées à celles qui préfèrent ce fichu foulard tant controversé: les pieds des unes et des autres vêtiront la même chlaka. Autant donc s’unir sur ce qu’elles ont en commun, plutôt que de se chamailler sur des questions de cm2 carrés de peau voilée ou dénudée. Laissons donc plutôt les bikinis et les hidjabs fleurir. Dieu reconnaîtra les siens !

Mais la laïcité, en France, comme ailleurs, a aussi ses intégristes. Ce sera le côté moins plaisant de ce livre. Les diatribes enflammées tranchent du reste avec le ton enjoué de l’ensemble. On est pourtant bien loin des revendications libertaires soixante-huitardes. Les rebelles ont appris les vertus de la modération et préfèrent désormais avancer masqués. La «régression identitaire» décriée par notre auteur n’est donc peut-être pas là où on le croit.

La «chlaka» a encore frappé !

 

* ‘‘De mon pays, journal d’un citoyen ordinaire’’, essai de Khemais Khayati, édité à compte d’auteur, Tunis 2008, 180 p., prix : 8 dinars.

Oualid Chine

 

(Source : «L’EXPRESSION » (Hebdomadaire – Tunisie)   N° 40 du 18 juillet2008)

 

L’Union pour la Méditerranée : un autre avatar  de domination.

Tout un océan qui sépare deux rives et deux mondes.

 

Par Mizaanoun

En ces jours, comme à chaque été, au moment où les avions et les bateaux de croisières traversent la méditerranée du nord vers le sud transportant les européens qui vont passer des jolies vacances sur des belles plages aménagées exclusivement pour eux, des pirogues, des recoins les plus insolites  des dessous des poids lourds et d’autres moyens de transport  les plus étranges et sûrement les plus précaires et les plus périlleux vont dans l’autre sens du sud vers le nord transportant des jeunes désespérés à la recherche d’une vie meilleure sous d’autres cieux plus cléments. Ainsi du moins le pensent-ils car la vie dans leur propre terre est devenue tout simplement impossible.

Les premiers sont accueillis avec tous les égards dans les ports, les aéroports  et les lieux de vacances de plus en plus luxueux,  par les « professionnels  de haut niveau et de grandes qualifications» du secteur, les seconds quand ils ne sont pas naufragés, éjectés d’entre les roues du véhicule sur l’asphalte morts d’exténuation ou asphyxiés dans les soutes ou dans un container de l’un de ces bateaux commerciaux qui venait de faire escale dans l’un des ports de la rive sud, ils sont accueillis par les professionnels, non pas pour les conduire dans des cars climatisés vers les luxueux hôtels, mais dans des camps, presque de concentration, pour être identifiés, photographiés de face et de profil et finalement expulsés à jamais de tout l’espace de Schengen, l’eldorado de notre époque. Et afin que ces mesures soient efficaces, les autorités des pays du nord comme l’Italie, la France ou l’Espagne, dans le cadre et avec le concours de toute la Communauté Européenne, ne cessent de faire des découvertes terrifiantes. 

Ainsi ces « émigrés illégaux » vont être invités à séjourner dans ces camps un temps bien calibré, entre 12 et 18 mois, pour être le plus profondément marqué dans leur être et ne penseraient plus jamais à récidiver. Un paquet de lois est déjà en application et d’autres sont en cours d’être débattues dans les différents parlements européens d’un côté et dans le parlement commun de Strasbourg afin d’assimiler l’immigration illégale au terrorisme. D’ailleurs cette vision qui donne du frisson dans le dos a tendance à s’étendre de manière assez subtile à l’immigration légale sous prétexte d’encourager les immigrants qui « n’ont plus de travail ou n’en trouvent plus »  à regagner leur pays d’origine moyennant des subsides…

Les italiens accueillent chaque année entre 20.000 et 30.000[1] de ces damnés. La plupart arrivent par la Sicile et l’île de Lampedusa. D’autres sont attrapés en Calabre à Pugila et en Sardaigne. Autant, ou beaucoup plus, sont attrapés en Espagne du côté d’Almeria, d’Algésiras,  dans les alentours de Malaga ou de  Cadix ainsi que dans d’autres différents points de la Costa del Sol. Pour les toutes dernières années on estime que le nombre des naufragés en Méditerranée  se situe à plus de 10.000. Pourtant aucun des régimes en place ne s’est senti concerné et encore moins  n’a jamais ouvert la moindre enquête sur ces innombrables et affligeantes disparitions en mer ou sur les routes. Alors qu’un seul touriste occidental qui se perdrait au cours d’une excursion pittoresque, quelque part dans les dunes du désert, provoque immédiatement la réunion d’un cabinet de crise au niveau de toute l’Union Européenne  en séance continue jusqu’au dénouement final et que la personne perdue soit retrouvée saine et sauve.

M. Sarkozy lors de l’affaire de vol d’enfants africains dissimulée en opération humanitaire par l’organisation « Arche de Zoé » l’a bien dit : «Ça importe peu ce qu’aurait fait un français, ou un européen, je m’engage à le ramener à la maison où qu’il pourrait se trouver perdu ou détenu. » Des dires aux faits, monsieur Sarkozy est allé lui-même au Tchad pour ramener les détenus qui étaient des français et des espagnols.  Ce sont là deux images bien éloquentes sur ce qui se déroulent entre les deux rives. Ce n’est qu’un entre une multitude de contrastes entre le nord et le sud de la Méditerranée mais qui marque bien, non pas une complémentarité quelconque, comme se plaisent souvent à le faire croire sournoisement, surtout, les intellectuels du sud aux services des dictateurs, mais des terribles réalités qui mettent les  deux rives aux antipodes l’une de l’autre. C’est tout un océan qui sépare les deux rives à tous les niveaux.

De la Déclaration de Barcelone à l’UPM, le but reste le même de toujours : la conquête.

Pires que les retombées catastrophiques d’une guerre.

Organiser des conférences et des sommets politiques à haut niveau entre le nord et le sud de la Méditerranée, dans l’une ou l’autre des capitales occidentales, c’est devenu presque un rituel. Bien sûr qu’il vaut mieux avoir affaire à des conférences qu’à des guerres mais les craintes d’une guerre par d’autres moyens sont amplement justifiées. Bref au moment où les européens arrivent de plus en plus bloc institutionnellement, politiquement et  économiquement en parfaite cohésion, et, surtout de plus en plus puissants et riches, les « dirigeants » du sud, accrédités erronément comme les représentants légitimes  de leurs peuples respectifs arrivent, de leur côté et à chaque fois, avec plus de conflits entre les uns et les autres, institutionnellement, politiquement et économiquement,  en parfaite dispersion et surtout plus affaiblis et plus pauvres. Aucun n’a des relations normales avec son voisin. La Tunisie est en constante « mauvaise humeur » avec l’Algérie et la Libye. L’Algérie à son tour maintient son « bras de fer » avec la Tunisie, le Maroc et tous ses voisins africains du sud sahélien. Ce n’est pas fini. Les dirigeants algériens, tout compte fait, se sont décidés, à l’instar des saoudiens du Golfe, à s’entourer d’une nouvelle muraille de Chine de plus de 6.000 kilomètres, version moderne avec des caméras de surveillance électronique et de la haute technologie. Un  marché de plus de 60 milliards de dollars.

Quant au Maroc ou plus exactement le roi Sidi Mohammed VI qui se sent plus atlantiste que méditerranéen, il vient d’être récompensé pour abriter sur le sol du Maroc – à titre de renfort supplémentaire dans son combat pour l’annexion du Sahara –  l’Africom[2],  a fermé depuis très longtemps « ses frontière » avec l’Algérie et ses relations avec la Mauritanie sont au beau fixe. Quant à la Libye, qui est devenue le royaume de la famille Kadhafi, un nouvel émirat ou une nouvelle ferme privée au Maghreb, ses relations avec son voisinage arabe ou africain se passent de commentaire.  

Et comme d’habitude, le colonel a joué à la brebis galeuse et n’a pas donné suite à  « la dernière invitation »  du président français pourtant son plus récent « ami ». Décidément les amitiés du colonel sont faites de feux de paille. Il ne s’est pas rendu à Paris ni pour la réunion du 13 juillet ni pour assister aux grandes festivités du 14 juillet français.  Il interprète ainsi le sentiment légitime des peuples de la région qui rejettent –  sans le moindre  doute – ce genre de rassemblement, mais il le fait comme dans tous les autres sujets vitaux, pour le vider de son contenu. Autrement dit son refus de faire le voyage à Paris constitue une vérité mais dite par un imposteur ce qui la vide de toute sa substance.  

Pour ce qui est de l’Égypte  elle est, depuis l’arrivée accidentelle, il y a presque trente ans de ça,  du général Moubarak au pouvoir, aux aguets pour profiter de toutes malédictions qui tombe du ciel sur l’une  ou l’autre des régions arabes,  comme par exemple, un  embargo ou une invasion occidentale en bonne et due forme. Moubarak et ses hyènes ont  largement profité de l’embargo contre la Libye durant les longues années 80. D’ailleurs certains « tunisiens » ont en aussi profité de la même aubaine et ont démontré leurs caractéristiques d’impitoyables rapaces. Par la suite Moubarak et ses hommes d’affaires vont profiter de toutes les calamités qui se sont abattues sur l’Irak durant les années 90 et finalement de son invasion qui dure toujours. Ils  se préparent en ce moment pour en faire autant avec le Soudan. Et Dieu sait ce que lui réservent M. Sarkozy et les américains.

Et toujours  sans sortir de la Méditerranée, une fois les liens coupés avec le Liban et expulsée, grâce ou en vertu de la résolution du Conseil de Sécurité numéro 1559 de ce pays, la Syrie s’est retrouvée isolée n’ayant plus ni dans l’Égypte, ni dans les autres états arabes plus aucun allié, elle s’est tournée vers l’Iran. Quand au nœud gordien et la principale source de toutes ces lamentables situations dans lesquelles se trouvent les peuples arabes de la rive sud de la Méditerranée est – sans le moindre doute – le cas de la Palestine ou ce qui en reste. Cette  question nécessite  de toute manière un article à part.

Le ministre égyptien des affaires étrangères, Monsieur Nadhif, a parfaitement et mieux que quiconque résumé l’esprit général de plus en plus nocif  et plus renégat qui règne dans les milieux de tous les dirigeants de la région en définissant, entre autres, ce que veut dire la tangibilité des frontières interarabes en déclarant : « Si les palestiniens traversent le mur de Rafah qui sépare Gaza de l’Égypte on leur brisera les os des jambes.» Ce n’est pas dans le sens figuré, mais dans le sens littéral de l’expression que ce monsieur parle. Et personne n’en doute d’ailleurs. Il est probable que les frontières, pourtant des murs d’acier infranchissables pour tout ce qui est étranger à la Communauté, tomberaient avant les frontières entre les pays du sud de la Méditerranée ou les frontières entre deux «fermes privées » arabes. En effet tous les dirigeants arabes actuels se comportent dans chacun des pays, émirats, sultanats ou royaumes en tant qu’authentiques propriétaires de fermes avec héritage garanti pour leurs propres descendances.   

Dans ce contexte interarabe on dirait que nos voisins du nord de la Méditerranée semblent nous indiquer leur bon chemin du passé à suivre. Le leur, celui de leurs propres guerres, celles qui se sont déroulées entre eux-mêmes. Bien qu’il n’y ait aucun élément ou facteur  quelconque ayant la moindre similitude avec tous ceux qui ont été effectivement à l’origine de leurs guerres y compris les deux Grandes Guerres qu’ils appellent Guerres Mondiales, première et deuxième. Dans toutes ces régions arabes du sud de la méditerranée, il n’y a aucun motif susceptible de donner pied à une guerre quelconque. Pourtant, comme on l’a vu, l’hostilité entre un régime et un autre a toute les dimensions des retombées catastrophiques d’une guerre. Cette hostilité, est sans arrêt, attisée directement par les régimes en place et leurs acolytes respectifs d’une part, et, en grande partie par les spécialistes occidentaux en la matière, d’autre part. Pires que les frontières terrestres, sont les frontières dans les esprits, grandes œuvres méphistophéliques des experts de part et d’autre.

Le miroir des relations entre le nord et le sud de la Méditerranée.

Aucune conférence n’à jamais apporté la moindre amélioration du sort des peuples du sud de la Méditerranée. Tout à fait le contraire. Et pour cause. Un simple exemple : dans les années 90 le rapport des revenus était de 1 pour le sud, contre 12 pour le nord. Aujourd’hui, dans le meilleur des cas, on se trouve à 1 contre 20 en moyenne, car au Maroc ou en Egypte le rapport se situe à 1 contre 40 ou 60. Et là n’est que la  partie visible de l’iceberg car les statistiques et les comparaisons ne signifient rien si on ne les place pas dans le cadre général de la vie. En effet à ce déséquilibre vertigineux, il faut ajouter la précarité dans tous les secteurs fondamentaux de la société telle que la santé, l’alimentation, le logement, les voies de communications,  l’éducation et la formation etc. Tous ces secteurs se sont réduits à des privilèges destinés aux minorités à qui, il est vrai, il ne leur manque de rien.

Pour un peu plus de clarté sur cette question, si on comparait les revenus d’une région à une autre de l’Europe ou du monde occidental, les choses ont un sens et les différences, qui existent bien, n’affectent en rien le niveau de développement humain et des conditions de vie qui est pratiquement au même niveau élevé d’un bout à l’autre du monde occidental. Alors que dans les pays du sud de la Méditerranée les choses sont telles que le niveau de vie est remplacé par un haut niveau de corruption tous azimuts, d’injustice, de dégradation de  santé, de promiscuité générale, d’humiliation  et le tout chapeauté – comme il ne peut être autrement – par une dictature féroce.    

Au cours de la première et fameuse conférence de Barcelone du 27 et 28 novembre 1995, on peut lire dans le préambule de la Déclaration  le suivant : « Faisant suite aux orientations déjà définies par les Conseils européens de Lisbonne (juin 1992), Corfou (juin 1994) et Essen (décembre 1994) et aux propositions de la Commission, l’Union européenne (UE) a décidé d’établir un nouveau cadre de ses relations avec les pays du bassin méditerranéen dans la perspective d’un projet de partenariat. Ce projet s’est concrétisé lors de la Conférence de Barcelone qui a réuni, les 27 et 28 novembre 1995, les quinze ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE et des douze pays tiers méditerranéens (PTM) suivants: Algérie, Chypre, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie et Autorité palestinienne…Les participants affirment leur volonté de dépasser le bilatéralisme classique qui a longtemps marqué les relations euro-méditerranéennes. Il s’agit désormais de donner à ces relations une dimension nouvelle, fondée sur une coopération globale et solidaire. Ce cadre multilatéral et durable est fondé sur un esprit de partenariat dans le respect des spécificités propres à chacun des participants. Ce nouveau cadre multilatéral est, par ailleurs, complémentaire d’un renforcement des relations bilatérales…

Ce nouveau partenariat global euro-méditerranéen s’articule autour de trois volets essentiels:

Le volet politique et sécurité a pour objectif la définition d’un espace commun de paix et de stabilité;

Le volet économique et financier doit permettre la construction d’une zone de prospérité partagée;

Le volet social, culturel et humain vise à développer les ressources humaines, favoriser la compréhension entre les cultures et les échanges entre les sociétés civiles.»

Pour tous ces projets « grandiloquents » la somme qui a été déboursée durant la décennie 1995-2005 n’a pas dépassé, dans le meilleur des cas,   20 milliards d’euros. Une somme qui équivaut au budget publicitaire d’une multinationale quelconque. Et comme aucune multinationale ne fait de la publicité que pour récupérer des dividendes multiples, les 20 milliards ont rapporté à l’Union Européenne les dividendes multiples sur le compte des peuples des pays du sud de la Méditerranée. Une  preuve est bien dans ce rapport des revenus qui augmentent au nord et en même temps dégringolent au sud. C’est le miroir parfait de ces relations entre le nord et le sud de la Méditerranée. Elles sont inacceptables. 

Les conquêtes à distance.

Avec le temps tous les volets cités plus haut se sont évaporés. Ils ont été tous remplacés par un seul volet mixte : Celui de la guerre contre le terrorisme et l’immigration illégale. Il est vrai que les élites respectives dans les pays du sud ont mis à profit, à longueur de cette  décennie et jusqu’à nos jours, cette situation où le libéralisme occidental le plus barbare a fait irruption  dans tous les secteurs économiques vitaux et se sont remplis – dans le sillage –  les poches comme jamais auparavant. Au point de voir les fortunes de certains membres de ces élites dépasser celles de leurs semblables de l’autre rive du nord laissant dans la misère totale la plus grande partie de la population.

Et ainsi quand en Occident en général et dans les pays européens, riverains ou non de la Méditerranée,  en particulier, le moteur de l’économie est constitué par l’industrie, les recherches scientifiques, les technologies de pointe civiles et militaires et un développement agricole constant, le moteur de l’économie dans tous les pays de la rive sud, c’est-à-dire les pays arabes, est tout simplement le train de vie de leurs élites. Tout autre semblant industriel, agricole ou autre, reste ce qu’il est ; un semblant. Toutes les relations commerciales avec les pays européens constituent, aussi ahurissant que cela puisse paraître, un transfert colossal de richesses du sud vers le nord. Il s’agit de la nouvelle forme de pillage : Les conquêtes à distance.    

Donc la Déclaration de Barcelone prouve, si besoin est, que les fondements essentiels de l’esprit occidental sont immuables et sont très peu enclin à la philanthropie ou à l’altruisme. Par conséquent il n’y a que les naïfs ou les opportunistes qui s’attendraient de l’Occident à un  comportement différent. Logiquement personne n’est en  droit de reprocher aux occidentaux d’être voraces et d’avoir une soif insatiable de domination de l’autre et de conquête continue. C’est leur nature plus effrénée que jamais. Il a fallu dix ans pour signer la mort de cette Déclaration. C’est plus ou moins le temps nécessaire pour qu’un fait accompli devienne irréversible. Un fait accompli au détriment des arabes et à l’avantage de l’Occident. Toutes les conférences et les sommets qui ont réuni dans le passé les dirigeants arabes et ceux de l’Europe se sont soldés de la même manière. Pourtant à chaque fois qu’il s’est agi d’un pays européen, surtout depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, les fonds ou les plans Marshall milliardaires pour arracher l’un ou l’autre de ces pays de son retard  n’ont jamais fait défaut.

En effet la même Espagne qui a abrité cette fameuse conférence de Barcelone s’est vue pleuvoir des centaines de milliards d’euros sans arrêt. Le robinet des fonds de restructuration ou structurels de l’Europe vient de se fermer pour l’Espagne pour s’ouvrir sur tous les pays de l’est européen. À présent l’Espagne n’a plus besoin d’aide. Elle vole avec ses propres ailes. Elle est  devenue une puissance, surtout militaire. Ses troupes sont déployées, de l’Afghanistan à Haïti en passant par le Liban méditerranéen, dans plus de vingt points du globe. Et selon le gouvernement de ce pays, elles s’y trouvent – comme les autres troupes françaises, américaines ou occidentales en générale – pour des raisons strictement « humanitaires ». Ceci soit dit en passant.

Un autre exemple plus récent, la Roumanie qui compte un peu plus de vingt millions d’habitants et   dont le traité d’adhésion à  la Communauté européenne est entré en vigueur le 1er. Janvier 2007 bénéficie déjà, à titre de première tranche, de fonds de restructuration générale de 32 milliards d’euros. Le robinet pour les pays de l’Est européen coule à flot. Et le plus important, beaucoup plus important que les milliards destinés à moderniser, dans le vrai sens du terme, toutes les infrastructures dans ces pays, toutes les portes des sciences et des technologies leur sont ouvertes sur leurs deux battants. Combien sont-ils les enfants du sud de la Méditerranée de hautes formations scientifiques dans tous les domaines se trouvent-ils hors de leurs pays pour servir les intérêts occidentaux ? – Des milliers, des dizaines de milliers ou plus. Et le plus grave c’est que l’Europe en a besoin de plus. Le même Sarkozy n’a pas caché son point de vue là-dessus. Il a donné l’ordre à ses ministres et particulièrement son ministre de l’Identité et de l’immigration, M. Hortefeux  de passer à la chasse des cerveaux et uniquement des cerveaux dans le sens sud-nord et de la de la « racaille » dans le sens nord-sud.

De l’UMP à l’UPM : La confusion est servie.

Il a fallu donc l’arrivée de l’hyperprésident français M. Sarkozy pour donner pour morte  de la Déclaration de Barcelone et d’inventer une nouvelle illusion pour abuser des pauvres foules arabes pour une nouvelle décennie. Les rôles étaient bien répartis d’avance. Madame Merkel, la chancelière d’Allemagne, s’est fâchée avec son ami Sarkozy pour avoir au départ restreint son jeu aux états européens riverains de la Méditerranée. Ce qui l’a poussé à faire marche arrière et corriger : Aujourd’hui par états européens riverains de la Méditerranée s’entend toute l’Union européenne y compris la Lettonie, l’Estonie et tous les pays de la mer Baltique. Les espagnols ont aussi protesté à leur tour un petit moment pour essayer de garder Barcelone comme capitale de la nouvelle union. Ces gesticulations et ces faux mécontentements qui ont surgi d’un côté ou d’un autre sont parfaitement prévus dans le scénario. Qui ne pleure pas assez fort tétera moins. Mais au fond tous sont d’accord sur la vache à traire et sur la qualité exquise de son lait. Finalement ils seront plus d’une quarantaine de dirigeants, européens et leurs « homologues » des pays arabes du sud de la Méditerranée qui se sont réunis à Paris le 13 juillet et ont fondé l’UPM. Avec tant de monde autour de lui le jour suivant, pour un 14 juillet exceptionnel, jamais l’étoile de M. Sarkozy ne peut mieux rayonner. Si UMP, les sigles de son parti politique lui ont permis d’atteindre l’Élysée, les mêmes sigles, mais dans le désordre, réel et figuré, pourraient en faire de lui un nouveau Napoléon. D’ailleurs les confusions chez l’hyperprésident français ne s’arrêtent pas seulement au niveau politique, elles passent allègrement du côté institutionnel au côté physique. La paranoïa du personnage est patente.  

Une fois l’euphorie passée certains ont qualifié cette invention de monsieur Sarkozy comme un projet confus et vide de tout contenu et n’apporte de solution à aucun des gros problèmes de la région. D’autres, surtout dans « l’intelligentsia de l’establishment arabe » de la rive sud de la Méditerranée ont applaudi des deux mains et ne cessent depuis de décrire, de publier et de diffuser « les projets grandioses » qui ne sont contenus que dans leur imagination. Pour « M. Manuel Durao Barroso[3], le Président de la Commission Européenne et l’homme toujours souriant, cette fois-ci c’est pour de bon, l’UPM ouvre la voie à une authentique intégration régionale, écrit S. Naïr  et met la Méditerranée au centre de la géopolitique européenne.  Ni plus ni moins. » Il a bien dit cette fois-ci c’est pour de bon. Pour toutes les autres fois ce n’était que des essais ! – On vous croit M. Barroso.

« Pour Monsieur Sarkozy de toujours dont la vision superlative,  ajoute toujours l’auteur, de tout ce que lui-même se propose est dorénavant légendaire et jamais démentie, il s’agit d’un succès total : « Nous avons tous rêvé de ce jour. À présent UPM est une réalité. » Mais s’il vous plaît ! Au-delà de la rhétorique presque rococo sur la Méditerranée qu’est-ce qu’il y a au fait ? – Décontamination de la Méditerranée, construction des autoroutes de la mer afin de faciliter les échanges commerciaux et augmenter le flux et la libre circulation des personnes. Mettre en marche un programme commun de protection civile et pour faire face aux catastrophes naturelles. Un plan de développement de l’énergie solaire. Construction d’une université euro-méditerranéenne à Portoroz en Slovénie. Le développement des échanges des étudiants etc.

Bref tout ce qui est contenu dans les programmes de l’Union Européenne… Ça parait beaucoup de choses à la fois mais bien vague et sans aucun effet sur les défis auxquels s’affrontent les pays du sud. Et le plus flou encore reste les moyens pour financer ses projets. Bien que MM. Sarkozy et Moubarak se rejoignent pour dire qu’il ne s’agit pas d’une question d’argent mais plutôt d’une question de confiance et de stabilité. En tout cas l’Union Européenne semble être plus claire à ce sujet, elle ne financera que quelques uns de ces projets, ceux déjà en cours comme le plan de l’énergie solaire… L’UPM, selon toujours le même auteur, n’apporte de solution à aucun des grands défis qui sont :

1- Pour la problématique de la paix au Moyen Orient [méditerranéen], l’UPM n’apporte aucune solution. Les israéliens et les arabes [L’auteur se réfère aux dictateurs arabes] savent que tout dépend de la nouvelle Administration Américaine.

2- L’organisation de circulation migratoire, objet de réclamation permanente des peuples du sud…

3- Enfin le développement économique, social et démocratique des pays de la rive sud. Tout le monde sait que la situation actuelle dans ces pays est très grave. Bien que les investissements privés soient absurdement rares, ont légèrement augmenté ces dernières années et sont en provenance des pays du Golfe ou asiatiques. Et en plus ils se concentrent au Proche Orient et sont dirigés vers des secteurs très peu créateurs d’emplois. De manière générale, tous les investissements de l’Europe dans les pays du sud de la Méditerranée n’arrivent même pas à 5% de ses investissements directs (IDE) à l’étranger. Madame Merkel a affirmé que rien ne change dans ce cadre. Et sans avoir à évoquer la situation sociale et politique dans tous ses détails dans les pays du sud, il reste clair que sans démocratie il n’y aura pas de développement.

En réalité, écrit le professeur Naïr[4], ce déploiement médiatique massif apparait comme le résultat inévitable d’une initiative improvisée, sans cohérence stratégique qui a débouché sur un rideau de fumée destiné à  dissimuler l’échec de la première initiative, version française, car M. Sarkozy voulait une UPM, pour garder la Turquie hors de  l’UE et en même temps donner aux pays arabes l’impression que la France s’occupent aussi d’eux dans le cadre de l’ouverture de l’ampliation dirigée vers les pays de l’est… De toute manière, termine l’auteur son analyse, les sceptiques peuvent continuer à lire la grande œuvre de théâtre de Shakespeare Much ado for nothing. »   (Beaucoup de bruit pour rien) 

En tout cas pour ce qui concerne le projet de l’énergie solaire, il ne contient rien de nouveau. Officiellement c’est un projet commun algéro-allemand ou plutôt allemand  en Algérie qui ambitionne à construire des milliers de plaques solaires gigantesques et ramener l’énergie cumulée par un câble de trois mille kilomètres de la région d’Adrar en Algérie  jusqu’à la ville d’Aix-la-Chapelle ou Aachen en Allemagne. Tout comme les généraux en Algérie exportent l’hydrocarbure, on prétend dans la presse algérienne que l’Algérie s’apprête à présent à exporter l’énergie solaire.

On a déjà donné une enseigne « nationale » à cette grande affaire commerciale. On parle de la NEAL : New Energy Algeria. Le secrétaire de l’énergie à Alger aurait déclaré lors d’une conférence de presse que la production sera de l’ordre de 169.440 TWH soit cinq mille fois la consommation de toute l’Algérie ou soixante fois la consommation de l’Europe des 15. Et sans sourire le responsable algérien a même ajouté que plus d’un millier de foyers algériens dans le grand sud bénéficie déjà de l’énergie solaire ! On n’ignore quelles sont les raisons qui ont poussé le secrétaire à faire allusion à  ce millier de bénéficiaires et n’a pas dit un seul mot sur la possibilité de faire bénéficier un peu plus de foyers algériens par exemple ou le reste des foyers maghrébins. Inutile de lui poser la question. Ça se comprend.

Le câble partira de la ville d’Adrar, vers la Sardaigne puis toute l’Italie, la Suisse et finalement l’Allemagne. Le quotidien d’Oran[5] qui a publié ces informations n’a pas dit que le câble passe par la Tunisie. N’importe quelle ville européenne, même de la mer Baltique est beaucoup plus proche des dirigeants algériens qu’une ville arabe. D’ailleurs la même conception est valable pour tous les autres dirigeants arabes qu’ils soient de la rive sud de la Méditerranée ou du Golfe. N’importe quelle ville occidentale est plus proche pour eux qu’une ville arabe quelconque. La nature des dirigeants arabes si elle n’est pas constituée des mêmes composantes de celle occidentale, elle est son complément nécessaire et obligatoire.

Les organisations radicales face à la barbarie.

Le directeur du quotidien Alquds Al Arabi édité à Londres a, de son côté,  consacré son éditorial du 12 juillet au même sujet et a écrit : « 

Tout au long de l’histoire, le dialogue entre les peuples de la Méditerranée et leurs dirigeants s’est déroulé souvent à travers, l’arc et  la  flèche, le glaive et le canon. Ainsi se sont maintenues les choses jusqu’au milieu du 19ième siècle quand tous les pays du sud sont finalement et directement colonisés par les français, les italiens et les anglais. Aujourd’hui ce qui pointe à l’horizon n’en est rien d’autre qu’une nouvelle stratégie pour atteindre le même but de toujours, bien que les moyens employés –  dans leur partie visible  au moins – paraissent obéir à  des critères civilisés… M. Sarkozy, en se tournant vers le sud, cherche à renforcer le poids et le rôle de la France  au sein de l’Union Européenne  et dans le monde, tel qu’elle le fait Mme Merkel pour les mêmes raisons en se tournant vers les pays de l’Est et en leur facilitant l’entrée dans la Communauté et tout le reste. Les dirigeants des pays arabes et particulièrement ceux du Maghreb, qui ont été les plus prompts à répondre à l’appel de l’oncle Sam français, ont tous échoué gravement dans la construction et dans la constitution d’un rassemblement régional, amen d’assurer et de veiller sur les intérêts des peuples.

Leur empressement dans ces circonstances –  à travers lesquelles, ils escomptent en tirer quelques profits – reste parfaitement conforme au complexe profondément ancré dans leur être. Le complexe du débile  colonisé vis-à-vis de son maître le colonisateur. Comment peut-on s’attendre de cet ensemble de pays maghrébins, qui malgré tous les facteurs de réussite  comme leurs peuples homogènes, leur confession à la même foi et une histoire commune de soumission coloniale,  ont échoué dans la coopération, la complémentarité entre eux-mêmes en supprimant les obstacles frontaliers et douaniers, pour constituer un bloc unique capable de leur permettre de traiter sur un même pied d’égalité avec leurs voisins du nord ? – Comment ces pays vont-ils réussir dans une nouvelle intégration économique et politique avec des pays et des peuples qui leur regardent avec dédain et les considèrent comme la source de tous les malheurs en commençant par l’immigration pour terminer avec le terrorisme ?

– On ne peut pas s’opposer à une coopération entre les pays du sud et les pays européens du nord de la Méditerranée, mais à condition qu’une telle coopération soit basée sur un même pied d’égalité et qui sauvegarde les intérêts des deux côtés sans aucun complexe de supériorité qui insuffle la même équation de toujours, celle des maîtres et des esclaves. Mais tout ce qu’on constate en ces temps n’est autre qu’une vision européenne de dédain envers le sud qu’on ne considère que comme un fabuleux trésor commercial, [de matières premières indispensables] et de mains d’œuvre. Toutes les occasions sont bonnes pour se partager le butin… Nous aurions souhaité voir les dirigeants de ces pays [du sud de la Méditerranée] avant d’accourir à Paris pour participer aux cérémonies du mariage méditerranéen de M. Sarkozy, avoir bien étudié le cas de la Turquie et avoir tiré les conséquences de son expérience.

En effet la Turquie a bien éliminé le foulard, s’est bien rasée les moustaches et la barbe, a abolie les sanctions dans le droit islamique y compris la peine capitale, a construit des institutions réellement démocratiques, a réalisé des progrès économiques indéniables et malgré tout elle se trouve toujours au même stade de simple postulant au titre de membre de  l’Union Européenne. Pourtant la Turquie avait adhéré à  l’OTAN de très bonne heure, au moment où  la plupart des pays européens de l’Est qui ont été intégrés récemment au Club Européen étaient des membres du Pacte de Varsovie, l’Organisation ennemie de l’OTAN, l’autre acteur principal dans la guerre froide… Il n’y a pas de doute sur le fait que l’Europe a un grand besoin des pays arabes et islamiques (La Turquie et l’Albanie) méditerranéens, beaucoup plus que ces derniers [ n’ont besoin de l’Europe telle qu’elle est hypocrite, cynique, arrogante, conquérante et despotique envers les autres peuples non européens. Ses caractéristiques de tous les temps.]

Tous ces pays constituent la moitié de la population de cet ensemble. Ils constituent un énorme marché pour les produits européens tout comme ils possèdent des considérables réserves de pétrole et de gaz (L’Algérie et la Libye) qui sont de grand besoin pour  l’Europe et dont elle  ne peut s’en passer. Et au-dessus de tout, dans les pays du sud se trouvent effectivement les  deux facteurs majeurs qui menacent la stabilité en Europe  et qui sont l’immigration et le terrorisme. Et sans le concours réel des pays du sud dans ce domaine,  l’Europe pourrait s’exposer à l’instabilité  et à un champ de guerre. Peut-on imaginer un instant quelle serait la situation en Europe si les pays du sud ferment les yeux et laissent passer toute l’immigration propre et celle de l’Afrique vers le nord et cessent de coopérer dans la question de la  lutte contre ? – Malheureusement rien n’indique que tous ces atouts entre les mains des pays arabes et islamiques méditerranéens ne soient perçus avec la moindre considération ni de la part de M. Sarkozy ni des autres dirigeants européens à l’heure de choisir entre les pays arabes et islamiques du sud de la Méditerranée et l’État hébreux… » 

Dans un article de Robert Fisk publié dans plusieurs journaux[6] et traduit en plusieurs langues, sous le titre  « Al Qaeda mise en échec ? – Allez demander aux « marines » ce qu’ils en pensent. Il écrit : « Faisant une mise au point de la situation, le chef de la CIA, Michael Hayden, a indiqué, dans une déclaration au The Washington Post, que la situation n’est pas mal du tout. Al Qaeda est stratégiquement mise en échec, en Irak, en Arabie Saoudite [et au Maghreb]. Elle est en repli sur tous les fronts. J’utilise ici le terme « idéologiquement » pour me référer au monde musulman pour dire qu’on est en train d’assister à un retour à la forme originale de l’Islam qui rejette les postulats d’Al Qaeda » (…) Ça fait moins de deux ans une autre déclaration aussi démentielle sur la guerre faite par le général Peter Pace l’étrange président des chefs de l’État Major Conjoint (grâce à Dieu à présent retraité) dans laquelle il affirmait que nous les américains en Irak, nous ne sommes ni en train ni de gagner ni de perdre la guerre. En cela est d’accord aussi le Secrétaire de la Défense de Bush Robert Gates.

James Baker, qui venait de terminer de présenter son aussi propre que  désordonné rapport sur l’Irak s’est exprimé (prière au lecteur de ne pas rire ni pleurer) à l’époque en ces termes : Je ne crois pas qu’on puisse dire que nous soyons en train de perdre, mais dans la même mesure je ne peux assurer que nous soyons en train de gagner… Bon, de toute manière nous sommes vraiment en train de gagner. Ou du moins, Al Qaeda est presque (soulignons le mot presque) finie selon Mike  Hayden. Suis-je réellement le seul qui pense que toutes ses déclarations sont puériles et je délire dans la folie ? (se demande R. Fisk) – Tant que l’injustice persiste, Al Qaeda gagne. Tant que nous maintenons le nombre de nos troupes multiplié par 22 par rapport à celles des croisés occidentaux dans la région (je crois que mes calculs à ce sujet sont corrects) nous sommes en guerre contre les musulmans. Le désastre infernal du Moyen Orient est en train de s’étendre au Pakistan, en Afghanistan, en Irak, à Gaza et jusqu’au Liban.

(Les dépêches d’agence de presse dont  les bulletins d’informations d’Aljazeera rapportent ces derniers jours que les membres d’Al Qaeda se seraient en train de se replier sur le Maghreb. Se basant sur les mêmes déclarations de Hayden et les autres. On n’a pas employé le terme extension mais repli ! En tout cas ce n’est pas l’avis de R. Fisk) Tant que nous finançons pour un certain temps, une partie des insurgés en Irak pour aller combattre à notre place leurs cousins d’Al Qaeda, tant que continuons à soutenir sans problèmes (ni de conscience ni d’aucune nature) des régimes bourreaux et coupe-tête comme celui de l’Arabie Saoudite, tout cela dû à notre état d’âme et notre enthousiasme pour le Waterboarding, ça n’implique en aucun cas que Al Qaeda soit mise en échec. Cela s’explique par le fait qu’Al Qaeda est une forme de penser et non une armée. Elle s’alimente de la douleur, de la terreur y de la barbarie ; Notre barbarie et oppression. Tant que nous continuons à assujettir et soumettre les musulmans avec les hélicoptères Apache, les chars  Humvees, l’artillerie, les bombes et nos amis les tyrans et despotes  Al Qaeda a des beaux jours devant elle. (…)

Pour quelles raisons nos troupes se trouvent-elles au Pakistan, en Afghanistan, en Irak, en Jordanie, en Turquie, en Algérie, (Oui en Algérie se trouvent les forces spéciales américaines dans la base de Tamanrasset) au Bahreïn, au Yémen, en Oman, en Arabie Saoudite, au Qatar et en Tadjikistan (Oui de nouveau les pilotes des bombardiers français qui se trouvent dans là- bas à Douchanbé ont pour mission spéciale d’acheminer par voie aérienne à nos garçons en Afghanistan, les fournitures et les approvisionnements nécessaires. Tant que dure ce rideau de fer tout au long du Moyen Orient, nous serons en guerre contre Al Qaeda, et Al Qaeda contre nous. Ce nouveau rideau de fer commence à Groenland et s’étend à travers la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Bosnie, la Grèce et la Turquie. A quoi sert-il ? Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? – Évidemment la Russie, la Chine et l’Inde.

Se sont ce genre de questions que nous nous posons et qui ne sont pas assurément du type du The Washington Post que se posent Mike Hayden et ses amis de la CIA. Nous nous évertuons à prêcher pour  la  démocratie, la  liberté et les droits humanitaires mais nous en permettons très peu de tout cela au monde musulman. Parce la liberté que revendiquent les musulmans –  le genre de liberté qu’ils n’ont pas est bien celle qui permet à des groupes comme Al Qaeda de se développer – c’est de se libérer de nous-mêmes. Et je crains bien que cette liberté nous n’ayons point la moindre intention de la leur donner.  

Mike Hayden peut continuer à penser que le monde musulman « soit en train de revenir à sa forme originale » et rejette « l’Islam d’Al Qaeda, en tout cas on le doute bien fort. Tout à fait le contraire tout porte à croire qu’Al Qaeda se renforce de plus en plus. (…) 

Dans son éditorial du 29 juin dernier, le directeur du journal Alquds  faisant une analyse de la situation dans le monde arabe et musulman écrit entre autres : « Les organisations islamiques radicales et particulièrement Al Qaeda vivent leurs meilleurs jours et leur avenir est plus brillant que jamais, car elles n’ont point besoin d’efforts pour diffuser leur idéologie violente ou terroriste, le terrain ne peut s’apprêter mieux. D’autant plus que leur conviction et crédo sont une production locale et non d’importation comme par exemple le marxisme. Il s’agit d’une évidence profondément ancrée dans les esprits et dans les âmes.  

Finalement le « rêve » méditerranéen de monsieur Sarkozy qui est de la même nature que le projet du Grand Moyen Orient conçu par MM. Bush et Blair reste dans les meilleurs des cas un simple rêve. Car tous les ingrédients sont réunis pour devenir un cauchemar. Un cauchemar pour lui en personne d’abord et par la suite pour tous ceux qui sont de son bord.  
 


[1] Voir El Pais du 21 mai 2008 (Article de Noemi Padrón Romero)

[2] L’Africom est le commandement militaire américain pour le Maghreb et le reste de l’Afrique. Tout comme le Centcom installé au Qatar et les autres ou le Pacific command. Pour les  dirigeants arabes, la présence militaire américaine ou européenne sur le sol arabe ne constitue plus  un pêché quelconque pour ne rien dire de plus.  

[3]  Voir l’article de S. Naïr dans  El Periodico de Catalunya du 20 juillet 2008

[4] Sami Naïr est professeur de sciences politiques à l’Université de Paris VIII.

[5]Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com d’après le Quotidien d’Oran du 10 décembre 2006

[6] Dont le quotidien La Jornada du Mexique en date 14 juin 2008.

 

 


 

Le président turc appelle à la réconciliation après la décision sur l’AKP

 
AFP, le 2 août 2008 à 13h03
    
    ANKARA, 2 août 2008 (AFP) -Le président turc Abdullah Gül a appelé les partis politiques de son pays à l’autocritique et à la réconciliation après la décision cette semaine de la justice turque de ne pas interdire le parti AKP au pouvoir, selon une interview diffusée samedi.
« Tous, chacun d’entre nous, avons besoin de faire notre autocritique et de faire preuve d’empathie envers les autres (…). Le pays est fatigué », a-t-il déclaré au journal populaire Milliyet.
« Alors que la situation s’apaise, nous ne devons pas oublier qu’il y a des obstacles à surmonter », a-t-il ajouté.
La Cour constitutionnelle turque a rejeté mercredi une demande d’interdiction du Parti de la justice et du développement (AKP), accusé d’activités anti-laïques.
M. Gül, tenu par sa fonction de rester neutre dans cette affaire, a rappelé que si la laïcité était profondément ancrée dans le système politique turc, des efforts étaient nécessaires pour concilier les positions de chacun.
« Personne ne peut interférer dans la façon de vivre des autres (…) Nous pouvons régler ensemble les différends », a-t-il dit.
Le président a également appelé le gouvernement dirigé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à poursuivre les réformes afin d’accélérer le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
L’intégration de la Turquie dans l’UE « ne peut avancer si les moteurs tournent au ralenti », a-t-il déclaré. « Il est nécessaire que tous se mobilisent pour la réforme ».

 

 

Le Hamas arrête des hommes du Fatah renvoyés à Gaza

 
Reuters, le 3 août 2008 à 19h29
par Nidal al Moughrabi

GAZA (Reuters) – Une trentaine de partisans du Fatah du président Mahmoud Abbas, qui s’étaient réfugiés la veille en Israël après de violents combats à Gaza contre les islamistes du Hamas, ont été renvoyés dimanche par les Israéliens dans l’étroit territoire palestinien et ont été aussitôt arrêtés par le Hamas.
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Environ 180 partisans du Fatah, certains blessés, étaient arrivés samedi en Israël au lendemain de l’assaut donné par le Hamas à leur quartier, dans la banlieue de Gaza. Parmi eux figurait le chef du clan Helles, Ahmed Helles.
Les violences ont éclaté lorsque des hommes du Mouvement de la résistance islamique ont encerclé le faubourg de Chédjaïa, à Gaza, pour arrêter onze membres du clan Helles, soupçonnés d’être derrière une série d’attentats à la bombe qui ont fait six morts la semaine dernière.
Les affrontements, dans la nuit de vendredi à samedi, ont fait onze morts et 95 blessés. Ces combats sont les plus meurtriers depuis la prise de contrôle de la petite bande côtière par le parti islamiste, en juin 2007.
Un porte-parole du ministre israélien de la Défense Ehud Barak a déclaré que le président Abbas avait demandé à Israël de les renvoyer à Gaza.
Les blessés resteront dans l’Etat juif pour y être soignés, les autres seront renvoyés à Gaza, contrôlé depuis la mi-juin 2007 par le Hamas, a ajouté le porte-parole.
Le secrétariat de Abbas n’a pas voulu dire s’il avait approuvé le renvoi des partisans du Fatah à Gaza.
« Nous discutons avec les Israéliens de la manière de permettre aux gens de retourner à Gaza », s’est contenté de dire Hussein al Chaikh, membre du Fatah et haut responsable des affaires civiles au sein de l’Autorité palestinienne.
ATELIERS DE FABRICATION D’ARMES
Le Hamas a accusé le Fatah d’être l’auteur des attentats du 25 juillet, mais le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas se défend de toute implication et assure également que le clan Helles n’est pour rien dans ces explosions.
Parmi les personnes arrêtées figure Zaki Assakni, un membre du Fatah en fuite, accusé par le Hamas d’avoir participé à la préparation des attentats, a déclaré un responsable de la sécurité du Hamas.
Assakni s’était réfugié dans le « complexe de sécurité » du clan Helles, a dit ce responsable, ajoutant que des ateliers de fabrication d’armes et d’explosifs ainsi qu’une base d’entraînement pour les combattants du clan et les fugitifs du Fatah y avaient été découverts.
Un responsable de l’hôpital israélien Barlizai, proche de la bande de Gaza, a indiqué que 11 membres du Fatah originaires de Gaza y étaient soignés.
Neuf membres du clan Helles ont été tués samedi lors des combats, et deux autres ont succombé dimanche à leurs blessures, ont indiqué des responsables médicaux et d’associations de défense des droits de l’homme.
Sur son lit d’hôpital, Atef Helles, l’un des blessés, a déclaré à Reuters télévision: « Le Hamas a fait irruption dans notre famille, a incendié nos maisons et terrifié nos enfants. C’est pourquoi nous avons fui Gaza ».
« Ils (le Hamas) voulaient certaines personnes de ce quartier, mais nous avons refusé de les leur livrer. Ils ont attaqué le quartier et tiré sur nous des roquettes et des grenades. Il y a eu de nombreux morts et blessés ».
Le colonel Ron Ashov, chef des forces israéliennes au point de passage de Nahal Oz, entre la bande de Gaza et Israël, a déclaré à la radio militaire israélienne que le Hamas avait tiré sur les membres du clan Helles lorsqu’ils sont arrivés samedi en Israël.
« Il y avait des individus qui tiraient en direction du territoire israélien (…) nous avons tiré sur le groupe (du Hamas) pour le tenir à distance », a-t-il dit.

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