29 juin 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2229 du 29.06.2006

 archives : www.tunisnews.net


ACAT-France: Cas de M. Tarek Ayari – Lettre au Ministère de l’intérieur

AISPP: Arrestation de Nidhalat Zayyat

C.R.L.D.H.  Tunisie: Graves escalade policière – Enlèvements, disparitions et détentions au secret

LTDH Section de Monastir: Communiqué concernant l’arrestation de quatre citoyens

Vérité Action: 26 juin : journée internationale de soutien aux victimes de la torture

Yahyaoui Mokhtar: La Loi de la parabole

Le Monde: Un plan de retrait des troupes américaines d’Irak est à l’étude

Le Monde: Portrait – Pierre Besnainou, la relève séfarade

 
 
 

ACAT-France

7 rue Georges Lardennois – 75019 Paris

Tel : 01 40 40 42 43 – Fax : 01  40 40 42 44

 

 

Monsieur Rafik Belhaj Kacem

Ministère de l’intérieur

Avenue Habib Bourguiba

1001 Tunis

Tunisie

Fax : 00 216 71 354  33

 

Le 21 juin 2006

 

Monsieur le Ministre,

 

 

L’ACAT nous a informé de la mort, le 11 mars 2006, de M. Tarek Ayari âgé de 24 ans, à la suite du coup de manche de pioche qui lui a été asséné à la tête par M. Bechir Rahali, chef du poste de police de la cité Ennour, El Ouardia IV à Tunis.

 

En effet, dans le cadre d’une rafle opérée par les services de police du commissariat de la Cité Ennour, M. Tarek Ayari a été pris en chasse, en voiture, par le chef de poste. Une fois à sa hauteur, M. Bechir Rahali s’est arrêté, est descendu de son véhicule, et a porté un coup de manche de pioche à la tête de M. Tarek Ayari. Celui-ci s’est effondré sur le sol. Le chef de poste l’a alors abandonné sans secours.

 

M. Tarek Ayari est décédé  le jour même à l’hôpital Habib Thameur où il avait été transporté  inconscient. Son corps a été transféré par la police de l’hôpital Habib Thameur à l’hôpital Charles Nicole pour y être autopsié.

 

Profondément choqués par cette information, nous vous demandons

 

●         de mettre en place une enquête indépendante, exhaustive et impartiale sur les circonstances de la mort de M. Tarek Ayari ; d’identifier les responsables et de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et de leur appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi, et ce conformément aux normes internationales et notamment la Convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiés par la Tunisie le 23 septembre 1988.

 

●         de garantir une réparation adéquate à sa famille.

 

Nous vous remercions de nous lire et nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’_expression de notre plus haute considération.

 

Pour le pôle actions

Nicole Pignon Péguy

 

 

 Copie à l’ambassade de Tunisie, 25 rue Barbet de Jouy, 75 007 Paris, Fax : 01 45 56 02 64

 

L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) France est affiliée à la Fédération Internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, ayant statut consultatif auprès des Nations unies et du Conseil de  l’Europe.


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, Tunis   Tunis, le 28 juin 2006  

Communiqué   Arrestation de Nidhalat Zayyat

 

L’AISPP a appris que Nidhalat Bent Mohammed Ridha Zayyat avait été arrêtée le 26 juin 2006 au domicile de ses parents à Rades par des agents de la Sûreté en civil et emmenée, avec son bébé, Hanine, âgée de quelques mois seulement, vers une destination inconnue. A la date d’aujourd’hui, elle n’avait toujours pas été libérée. En dépit de tous les efforts tentés par ses parents pour connaître le lieu et les motifs de sa détention, les responsables sécuritaires ont refusé de donner à la famille la moindre indication concernant leur fille ou sa fillette, en violation des dispositions légales, ce qui a engendré chez eux peur et angoisses, d’autant plus que leur fille est malade et sous traitement et que le bébé à la rougeole. Nidhalat Zayyat est la femme du prisonnier Nabil Slimani, une des victimes de la loi antiterroriste et incarcéré à la prison d’El Haouareb dans le cadre de l’affaire instruite sous le numéro 1/998. L’AISPP dénonce la poursuite des violations par le pouvoir des règles encadrant les arrestations et exige la libération immédiate de Nidhalat Zayyat et de son bébé. Elle exige des autorités que ces dernières respectent la loi et informent la famille des motifs et du lieu de garde à vue, et que soient fournis les médicaments nécessaires pour que son état et celui du bébé n’empirent pas. Elle exhorte toutes les associations, nationales et internationales, à œuvrer à leur libération.   Pour l’association Le président, Maître Mohammed Nouri   (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 
C.R.L.D.H.  Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme  

COMMUNIQUÉ Tunisie : Graves escalade policière Enlèvements, disparitions et détentions au secret

   

Depuis quelques semaines, manifestement sous couvert de lutte contre le terrorisme, les services de police du régime du Général Ben Ali ont procédé à des dizaines d’arrestations illégales, de disparitions en plein jour et de détentions au secret de citoyens, hommes et femmes de tout âge et de toute catégorie sociale. Leur crime est d’avoir exercé leur droit à la liberté de culte pour les uns, ou d’être proches d’un détenu pour les autres.   Mr Naoufel Ben Slimane Sassi, 44 ans, père de quatre enfants, expert en gestion financière et en fiscalité a été arrêté devant son cabinet d’expertise situé en plein centre ville, à la rue El Jazira le mercredi 14 juin 2006 et détenu au secret.   Sans nouvelles de lui, la famille vit dans l’inquiétude et le désarroi d’autant que Mr Sassi souffre depuis sa dernière libération de violentes crises d’asthme qui nécessitent un traitement médical régulier.  Elle a fait le tour de tous les hôpitaux et commissariats de la capitale, en vain : Aucune nouvelle sinon les conseils de quelques fonctionnaires de police de garder le silence et d’éviter d’ébruiter la nouvelle de sa disparition.   Son épouse, Mme Houda Sassi, a tenté de déposer le 21 juin une plainte pour enlèvement  auprès du procureur de la République après avoir vérifié s’il n’a pas été déféré au parquet. L’Ordre National des Avocats a été informé et le bâtonnier, Mr Abdessatar Ben Moussa s’est enquis du sort de M. Naoufel, sans résultat.   Mr Naoufel Sassi  a payé très cher son attachement à sa religion. Titulaire d’une maîtrise en Hautes Etudes Commerciales (HEC) et d’un DESS en commerce international, il a passé plus de six ans privé de ses droits les plus fondamentaux au travail, au passeport, à la sécurité sociale, et contraint à un régime très lourd de contrôle administratif. En 1990, il a été arrêté et  jugé pour «  appartenance à une organisation non autorisée » et  a passé dix mois de prison ferme après avoir subi de longues séances de torture qui laisseront des séquelles physiques, sources de gros soucis de santé. En 1993 il est de nouveau arrêté, incarcéré au secret et torturé pendant quarante jours sans aucun jugement; la famille ignorait tout de cette arrestation.   D’autres « disparitions » et arrestations illégales ont été signalées ces derniers jours par la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LTDH) et par le Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT). Outre Naoufel Sassi, les cas de Monsieur Riad Ben Mohamed Oueslati (arrêté dans la nuit du 10 juin et tenu depuis au secret total) ; Messieurs Emir Charfeddine, Walid Ghaddab, Mahfoudh Sayadi et Hamdi (étudiants en troisième cycle enlevés de leurs domiciles dans le gouvernorat de Monastir); Monsieur Walid al-Ouessi (professeur de mathématiques, gouvernorat de Kebili). La section de la LTDH à Monastir.   L’Association Internationale de soutien aux Prisonniers Politiques (AISPP) a par ailleurs signalé l’arrestation de Mme Nidhalat Zayat et de son bébé de quelques mois, épouse du prisonnier Nabil Slimani, arrêté dans le cadre de la loi dite anti-terroriste et détenu à la prison d’El-Houareb. Mme Zayat a été arrêtée à Radès en banlieue de la capitale, à proximité du domicile de ses parents. La famille est tenue dans l’ignorance totale du sort de sa fille et de son bébé.   Ces arrestations et ces détentions au secret se seraient faites dans le cadre de la loi anti-terroriste du 10 décembre 2003. Ses victimes, comme le signalent des associations indépendantes des droits humains se comptent par centaines, ces dernières semaines ce nombre croît de manière préoccupante.   Ces évolutions ont lieu dans un contexte où les principales structures de défense de la société civile subissent une offensive systématique visant à neutraliser leurs capacités de réaction et d’initiative. C’est sans l’ombre d’un doute en comptant sur le silence imposé par le black-out policier en cours que les services de sécurité donnent libre cours à des opérations relevant des plus graves violations des droits de la personne.   §         Le CRLDHT dénonce ces disparitions et ces violences extrêmes exercées à l’encontre d’innocents citoyens et tient le pouvoir de Ben Ali pour responsable de la vie et de l’intégrité de ces personnes.   §         Exige des autorités de tenir les familles et les avocats informés des lieux de détention et   §         Réclame que des soins médicaux adéquats et une assistance judiciaire soient accordés à Mr Naoufel Sassi et à tout ceux qui en ont été privés   §         S’associe à la demande des ONG tunisiennes et internationales pour la libération immédiate et sans conditions de tous les « disparus » et pour l’ouverture d’une enquête indépendante établissant les responsabilités de ces infractions graves   §         Exprime aux différentes victimes et à leurs proches son soutien et sa solidarité indéfectible en cette dure épreuve qu’ils traversent.   §         lance un appel à toutes les ONG nationales et internationales afin de se mobiliser aux côtés de ces victimes jusqu’à leurs libérations.


 

Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme

Section de Monastir

 

Monastir, le 26 juin 2006

 

Communiqué concernant l’arrestation de quatre citoyens

 

La section de Monastir de la LTDH a appris que des citoyens ont été arrêtés sans justification légale explicitée ou d’avertissement préalable, ce qui a déconcerté leurs familles et fait craindre un avenir inconnu pour leurs enfants.

Il s’agit de

 

1)      Amir Charfeddine, 3ème cycle, arrêté le 18 juin 2006 à Ksibat

2)      Ouahid Ghaddhab, 3ème cycle, arrêté le 26 juin 2006 à Moknine

3)      Mahfoudh Sayadi, 3ème cycle, arrêté le 26 juin 2006 à Monastir

4)      Hamdi, Titulaire d’un doctorat, arrêté le 26 juin à Galta.

 

Face aux demandes d’explications du comité de section et d’un membre du comité directeur, les milieux sécuritaires se sont dérobés, prétextant n’avoir aucune connaissance de l’affaire.

 

Constatant que cette opération s’est déroulée de façon arbitraire et n’a pas respecté les règles élémentaires régissant une arrestation, et sympathisant avec les familles des personnes arrêtées qui vivent dans la peur, le Comité de section :

–         Dénonce ces dépassements irresponsables qui bafouent la dignité humaine.

–         Demande que les familles des personnes arrêtées puissent avoir des informations rassurantes sur la situation des leurs.

–         Considère ces méthodes arbitraires comme la continuité, le prolongement et la consécration d’une politique despotique et répressive rejetée par la LTDH

–         Appelle les autorités concernées à respecter la Constitution et les conventions internationales en ce qui concerne les personnes gardées à vue et emprisonnées.

 

Le président de la section de la Ligue

Salem Haddad

 

(traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT

 


 

 

 

Communiqué, lundi 26 juin 2006

Tunisie : Persistance de la pratique des “disparitions” et des détentions au secret…?

 

 

 

 

Inquiétude pour Naoufel Sassi, père de quatre enfants, “disparu” devant son bureau en plein centre-ville de Tunis

 

Naoufel Ben Slimane Sassi est né le 14/02/1962 à Tunis, il est le fils Slimane Sassi et de Mariam Naziha Seddik. Expert en gestion financière et en fiscalité, il exerce en tant que tel à son cabinet d’expertise comptable et financière au 43 rue al-Jazira à Tunis. Il est titulaire de la carte nationale d’identité numéro 00203925 délivrée à Tunis le 02/10/2002.

 

Le mercredi 14 juin 2006, alors qu’il est à proximité de son bureau (il a laissé sa veste contenant ses papiers, ses clés de voiture, son portefeuille et ses médicaments dans le bureau), Naoufel Sassi disparaît. Depuis, sa famille n’a plus de nouvelles, excepté les “conseils” de fonctionnaires qui laissent entendre “qu’étant donné qu’il n’a rien à se reprocher, Naoufel réapparaîtra dans quelques jours si ses proches patientent sans ébruiter sa disparition”.

 

Les membres de sa famille font le tour de l’ensemble des hôpitaux et des commissariats de la capitale sans résultat. Mercredi 21 juin, son épouse Mme Houda Sassi se rend au palais de justice afin de demander de ses nouvelles et de vérifier s’il est déféré au parquet. N’obtenant aucune information, elle demande à déposer une plainte pour enlèvement auprès du procureur de la République. Au bureau de ce dernier elle est entendue par une personne qui lui dit qu’une déclaration de disparition sera enregistrée. Le bâtonnier de l’Ordre National des Avocats de Tunisie, Me Abdessattar Ben Moussa, s’enquiert à nouveau du sort de Naoufel le samedi 24 juin auprès du bureau du procureur sans plus de succés.

 

Naoufel Sassi vit avec son épouse, ses quatre enfants (la plus jeune est une fille âgée de deux ans et demie) et son père âgé de 90 ans. Il parvient tant bien que mal à subvenir aux besoins de la famille grâce au cabinet d’expertise qu’il s’est résolu à ouvrir après avoir constaté que les entreprises qu’il approchait refusaient de le recruter (ou revenaient sur un recrutement effectué) après avoir été l’objet de “pressions officieuses”. Titulaire d’une maîtrise de Hautes Etudes Commerciales (HEC) et d’un DESS de commerce international, il a passé des années sans pouvoir exercer de profession. En 1990 il est jugé pour “appartenance à une organisation non autorisée” et passe 10 mois en prison. En 1993 il est de nouveau arrêté et incarcéré sans jugement pendant quarante jours durant lesquels sa famille ignore où il est. Il en ressort dans un état de santé déplorable, ayant subi de longues séances de torture qui laisseront de profondes séquelles physiques. Par la suite, il est soumis pendant des années à un régime très lourd de contrôle administratif, est privé de passeport et, de facto, de tous ses droits civiques. Ayant subi une opération pour une artériosclérose et étant sujet à de violentes crises d’asthme, il est astreint à un traitement médical nécessitant une prise régulière de médicaments.

 

 

Nous demandons à savoir où se trouve Naoufel Sassi

 

Nous demandons sa libération immédiate

 

Nous exigeons qu’il puisse avoir accès sans tarder à des soins médicaux et à une assistance judiciaire

 

Nous tenons les autorités tunisiennes pour responsable de l’état de santé de Naoufel et de tout qui pourrait lui arriver

 

Pour la famille de Naoufel Ben Slimane Sassi,

Son cousin Omeyya Seddik

 

Pour tout contact ou information supplémentaire :

O. Seddik : Ou-est-naoufel@no-log.org

 


 

 

COMMUNIQUE DE L’ONG “VERITE-ACTION”

 

26 juin : journée internationale de soutien aux victimes de la torture

 

En décembre 1984, l’Assemblée générale de l’ONU adopte la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, entrée en vigueur le 26 juin. Plusieurs pays du monde ont signé cette convention dont la Tunisie.

 

Vingt-deux ans après cet événement, la pratique de la torture continue à se proliférer dans le monde. En Tunisie, chaque année des dizaines de cas sont recensées dans les prisons sans que des mesures soient prises pour assurer une meilleure protection des détenus, surtout ceux incarcérés pour des délits d’opinion. La torture reste une punition courante dans les lieux de détention et des dizaines de prisonniers politiques ont perdu la vie suite à des traitements cruels et inhumains.

 

Le 1er juin 2006, la section de Bizerte de la Ligue tunisienne des droits de l’homme publie un communiqué sur la torture infligée aux prisonniers politiques de la prison Borj Erroumi. Le prisonnier Aymen Ben Belgacem Dridi, inculpé dans le cadre de la loi antiterroriste a subi des actes de tortures par  le directeur de la prison et ses agents. Quelques jours après, les membres de la section ont été arrêtés et interrogés sur le contenu de ce communiqué ainsi que sur sa source. M. Ali Ben Salem, le président de la section a été accusé de diffusion de fausses informations.

 

Etant un sujet tabou et dérangeant, les autorités tunisiennes oppriment et punissent tous ceux qui dénoncent, par quelque moyen qu’il soit, la pratique de la torture dans les postes de police et les prisons. C’est le cas de Me Mohamed Abbou, avocat et défenseur des droits humains, qui a été condamné en avril 2005 à trois ans et demi d’emprisonnement pour avoir publié sur internet des articles dénonçant la pratique de la torture en Tunisie.

 

Le 26 mars 2006, quelques personnalités tunisiennes annonçaient la fondation de l’association « les victimes de la torture contre l’impunité ». Quelques jours après, ses membres ont été la cible de persécutions et de harcèlements.

 

Il sied de noter, également que lors des manifestations organisées par les opposants tunisiens ou les composantes de la société civile, des citoyens, des étudiants et des militants se voient arrêtés et torturés pour arracher des aveux ou les menacer.

 

Vérité-Action :

 

– Rappelle que souvent les tortionnaires agissent dans l’impunité totale et aucun mécanisme n’est prévu pour prévenir ou éviter les mauvais traitements. De ce fait, Vérité-Action salue l’entrée en vigueur du protocole facultatif à la convention des Nations Unies contre la torture et Appelle la Tunisie à le ratifier. Ce protocole prévoit un ensemble de mesures d’inspections régulières et inopinées dans tous les lieux de détentions. Des structures nationales et onusiennes devraient veiller à ce que cet instrument soit mis en place.

 

– Dénonce toutes les formes de tortures et de mauvais traitements perpétrées dans les prisons tunisiennes

 

– Condamne la politique du régime en place visant la destruction morale et physique des prisonniers politiques et exige leur libération inconditionnelle

 

– Appelle les autorités tunisiennes à respecter la convention contre la torture dont la Tunisie est signataire.

 

Fribourg, le 26 juin 2006

Safwa Aissa, Présidente

 

(Source: le site de „Vérité Action“, le 28 juin 2006)

URL: http://www.verite-action.org/comm/26062006.html

 

 

 

Sommaire du N° 57 de l’e-mag EL KHADRA

www.elkhadra.org Audit et Dépendances Par L’anti-Zinetron Posse. http://elkhadra.org/audit.htm **************************************** Les arabes se sont mis d’accord… pour ne jamais se mettre d’accord !… Mohamed MOURAS http://elkhadra.org/arabesdaccordpas.htm ****************************************** Le corollaire de l’Islam politique Par Derbali http://elkhadra.org/corollaore.htm ****************************** Femmes en pays musulmans http://elkhadra.org/femmepay.htm *********************************** L’ALGERIE ET SON PETROLE : TO BE OR NOT TO BE http://elkhadra.org/algetrol.htm ********************************** L’éloge DE LA MEDIOCRITE Par Maha http://elkhadra.org/eloge.htm ********************************* Le droit et l’ordre israéliens “Israël a prouvé maintes et maintes fois qu’il imposait le droit et l’ordre de façon sélective, en fonction de l’ethnie du meurtrier et de celle de la victime.” de Jonathan Cook http://elkhadra.org/droitisrael.htm ******************************** الأحزاب الإسلامية وكسب تحدي الإصلاح الديموقراطي د سعد الدين العثماني http://elkhadra.org/islamdemo.htm ************************************ Les lettres du Mahatma Gandhi à Adolf Hitler Dr. Koenraad Elst http://elkhadra.org/ghandilettre.htm ************************************* L’histoire de deux meurtres : Yitzhak Rabin et le Mahatma Gandhi Dr. Koenraad Elst http://elkhadra.org/meurtre.htm ******************** L’ordre des cognes Par Bilel http://elkhadra.org/cognes.htm ******************************** La ligue des lâches Par Rached http://elkhadra.org/ligueslaches.htm ******************************* La démocratie made in U.S.A. Houssine http://elkhadra.org/demousa.htm

 
 

La Loi de la parabole

Yahyaoui Mokhtar

 

« Les députés ont adopté, à l’unanimité, le projet de loi portant amendement de la loi numéro 1 de l’année 1988 relative aux stations terrestres individuelles ou collectives utilisées pour la réception des programmes télévisés via satellite. Ce projet de loi stipule la suppression de la taxe sur l’utilisation des antennes paraboliques pour la réception des chaînes satellitaires. » L’information est passée inaperçue ; si elle a réussi à attirer la moindre attention c’est celui de démontrer que ces messieurs peuvent toujours trouver quelque chose à quoi s’occuper : effacer le tableau pour écrire de nouvelles idioties.

 

La loi concernée à été adopté dans la précipitation en 1988 pour faire face à l’engouement des tunisiens pour cette nouvelle technologie qui permet d’échapper au monopole instauré par l’état sur tout ce qui à trait à l’information. Le phénomène avait été précédait par l’apparition de couscoussière et de différente sorte d’outil de vaisselles en aluminiums perchés partout sur les toits dans toutes les villes côtières du pays dans l’espoir de capter les dizaines de chaînes italiennes qui ont commencé à voir jour partout en Italie. Certains ont même eu recours à des formes des plus insolite avec des losanges artisanaux de fils de fer dont on leur prêtait aussi des capacités supérieures aux antennes terrestres ordinaires. Ces mêmes antennes ont connu une augmentation extraordinaire dans leurs formes et dans la hauteur des barres sur lesquels on les fixait, équipaient de rotors par certains pour pouvoir piloter l’orientation de l’intérieur aux grés des vents pour assurer une meilleure réception. Cette situation avait inspirait beaucoup de caricaturiste à l’époque, il suffit de voir l’allure qu’ont prise les toits de nos maisons pour comprendre qu’il y avait déjà un problème important dans le pays sans résolution.

 

L’apparition de la parabole vers la fin des années 80 été ainsi une aubaine inespérée. Une station complète coûtait entre 1000 et deux mille dinars, le récepteur analogiques au début étés la denrée rares que seuls ceux qui ont le privilège d’avoir des parents à l’étranger réussissaient à l’avoir dissimulés dans leur bagages ou en se faisant racketté par des douaniers avide d’argent avant que la contre bande ne flaire l’affaire et de véritable circuit s’organisaient pour acheminer au pays par millier de la Libye ou de l’Algérie profitant de l’écroulement du change des monnaies locales pour réaliser des taux de bénéfices qu’aucune autre marchandise n’égalait. Des atelier ont étés partout improvisait pour la fabrication de paraboles en fibre de verre de différents diamètres que des artisans forgerons préparait les structures et la base de fixation alors que des camionnettes chargés de nuit dans la discrétion absolue sillonnaient les routes pour prévenir à l’approvisionnement des tout le pays.

 

Cet exemple de gestion de pouvoir nous démontre comment réfléchissent nos maîtres oppresseurs. S’ils sont les premiers fascinés par toute nouveauté et le luxe qu’apportait la technologie pour être les premiers à s’en équiper, leur comportement dans l’exercice de leur fonctions, n’obéit qu’a un seul principe, un principe aussi vieux que le temps dont ils sont les derniers vestiges vivants et en vertu duquel tout ce qui est nouveau est interdit et tout ce qui n’a pas été autorisé est prohibé ou selon la formule bien de chez nous « كل جديد بدعة و كل بدعة ضلالة و كل ضلالة في النار » Toute nouveauté est hérésie, toute hérésie est un péché et tout péché est punie par le feu. Cette logique circulaire étroite et bien sellée qui stigmate du formidable fond d’archaïsme qu’ils dissimulaient et que leur comportement trahit chaque fois qu’ils sont confrontés à une nouvelle avancée de la technologie comme il le sont aujourd’hui en train de le confirmer face à la révolution informatique par leur efforts inouïes pour faire barrer la libre accès au réseau Internet.

 

Pourtant Une véritable révolution contre la parole unique et le métier de propagandiste du pouvoir auquel elle s’est vouée la chaîne publique s’est produit à cette époque en Tunisie. Aujourd’hui la parabole s’est installait dans les habitudes et les mœurs des gens comme un défit relevé contre TV7 que la télévision elle-même s’identifiait à sa possession. Une situation qui s’est instauré contre la volonté du pouvoir et malgré lui tout simplement. La politique entreprise par le pouvoir pour faire face a ce phénomène n’a jamais dépassé la logique de la répression, de la saisie et des sanctions. La loi promulguait à l’occasion soumet l’installation de tout station de réception satellitaire à une autorisation et met à la charge de tout bénéficiaire une taxe de 120 dinars, l’équivalant d’un salaire mensuel de beaucoup de tunisiens à l’époque et autorisait l’administration à vérifier à tout moment la conformité de l’installation aux normes autorisées.

 

La laconique dépêche annonçant la fin de ce mort-né que fut cette loi qui n’a jamais pu être appliquée ni exister durant ses 18 ans de vie que dans le tiroir des oubliette d’un régime dépassé qui peine à soutenir la cadence d’évolution de la société. Ce débâcle cinglant est tourné en exploit par le ministre des finances qui se permet de préciser que « la montée en flèche de l’achat des antennes paraboliques confirmé par le dernier recensement de la population atteste de la liberté d’accès à l’information en Tunisie, l’une des constantes de la politique du Changement qui consacre les droits de l’homme et les libertés. » Un discours qui semble venir d’un autre univers et destinée à un autre pays en cherchant à s’inscrire dans le fait accompli il ne fait que donner la preuve du degrés de mépris qu’ils portent à tout un pays en présentant leurs défaites les plus exemplaires en acquis d’avant-garde et de liberté.

 

Le bunker auquel s’est transformé le siège de la chaîne publique dispense à lui seul de tout commentaire. Accolé d’une véritable caserne, l’ensemble, vulgairement assiégés par une impressionnante barrière métallique sur tous les cotés en pleine avenue de la Liberté interdisant tout accès aux trottoirs qui l’entourait et gardé par des hommes lourdement armés qui veillent jour et nuit à ce que la source de la révélation continue à émettre imperturbablement sa religion et a louer son démiurge et ses bienfaits pour la nation. Aujourd’hui ce triste constat s’est dévoilé au plus imbéciles des tunisiens qui n’y voient plus que le signe tangible de médiocrité et d’archaïsme d’un système manipulateur qui croit encore les tromper par ces moyens sur la réalité de la situation dans laquelle leur pays à été abaissé. Seuls quelques opposant attardés, continue à croire pouvoir mieux faire et cultivent l’espoir qu’il ne leur manque qu’une chaîne de télévision pour libérer le pays et s’installer au le perchoir de la dictature en maître absolu au nom de la liberté et de la démocratie.

 

Au bout de ces 18 ans quand on se pause la question sur les raisons qui ont conduit le pouvoir à faire cette législation qu’il vient d’abroger nous ne pouvons être que consternés par l’absurdité de ses effets sur le conditionnement du rapport du pouvoir avec la société. Contrairement à ce qu’on cherche à nous faire croire, les objectif du pouvoir n’étés pas l’encouragement de la libre accès à l’information mais son obstruction, c’est une injonction d’interdiction et une menace de sanction que cette loi fait agiter pour dissuader le citoyen ordinaire d’acquérir de tels équipements et de s’inscrire dans la modernité. Si nous nous référant à la loi française concernant la même question on ne peut que resté pantois par la différence ente une loi qui cherche à faciliter l’exercice d’une liberté et celle qui cherche à l’empêcher. Dés le premier alinéa de l’article premier le législateur commence par instaurer le principe de la liberté d’accès à l’information par ces moyens à tous citoyens : « Le propriétaire d’un immeuble ne peut, nonobstant toute convention même antérieurement conclue, s’opposer, sans motif sérieux et légitime, à l’installation, à l’entretien ou au remplacement, aux frais d’un ou plusieurs locataires ou occupants de bonne foi, d’une antenne extérieure réceptrice de radiodiffusion. »

 

Chez nous le législateur mû d’un mercantilisme frileux ne rate aucune occasion pour imposer le citoyen et l’accabler de charges supplémentaires, pour le grever encore d’impôts additionnels et pour lui soustraire d’avantage d’argent sans aucune raison. Cette frileuse cupidité peut être vérifiée dans tous les domaines ou le pouvoir avait à gérer des secteurs qui recèlent une forte demande de consommation ponctuelle. L’exemple des télécommunications qui a vu le nombres d’abonnées décupler en moins de dix ans n’a pas besoin d’argument pour prouver comment toute une société à été signé à blanc profitant de l’explosion du marché et de la baisse des coûts des équipement a cause de la concurrence acharnés que se sont livrés les multinationale sur les nouveaux marchés. Le même constat peut être fait aujourd’hui dans le secteur informatique et le raccordement au réseau Internet. Quand ils se réunissent en CMR ou en conseil leur unique préoccupation est de mesurer jusqu’à quel point on peut les faire payer et leur soustraire leur argent !

 

L’ouverture du pouvoir sur ces mannes de profits n’a pas pour autant changé sa politique concernant les libertés qui leurs sont rattachés. La perfection des moyens technologiques lui a plutôt profité pour aggraver sa surveillance et sa domination sur la société d’une part et d’autre part l’instauration de ce climat de méfiance qui entoure ces questions a servi d’alibi pour alourdir les coups de facturation. Présentés comme privilèges accordés par la magnanimité du pouvoir sur instruction du président personne n’ose plus demander des comptes ou une justification de prix, d’ailleurs en est par nature habituée à être spolié.

 

Le problème dans tout ça est cette situation macabre que vit tout un secteur qui est appelé à être a le pointe de l’évolution et de la technologie pour charrier le développement et le progrès de tout un pays. Réduit par un pouvoir qui ne cherche pas seulement à contrôler tout ce qui se dit ou s’écris dans le pays mais à fermer la possibilité de toute accès à une information ou à une communication non contrôlé et scellée conforme à leurs norme de la vérité. Parfois on sent la frustration de ne pas trouver un journal dans son pays digne de ce nom, de ne pas pouvoir écouter un débat non animé par un lâche couillon et de n’entendre que ces lèches bottes agglutinés dans leur misérable discours servile et pouilleux au point de se révolter et de crier haut et fort contre cette misère que seuls les scandales crapuleux sans intérêt réussissent aujourd’hui à rompre la monotonie sans changer pour autant la platitude de vie imposée à tout un pays.

 

J’ai trouvé dans l’art de l’absurde ce résumé du célèbre livre de Franz Kafka le procès écrite par Albert Camus ; sans chercher à transposer la tragédie d’un individu à celle de tout un pays mais la parabole me parait digne d’intérêt pour comprendre le rapport de mépris. Albert Camus résumât dans L’espoir et l’absurde dans l’œuvre de Franz Kafka ainsi le Procès : « …Joseph K est accusé. Mais il ne sait pas de quoi. Il tient sans doute à se défendre, mais il ignore pourquoi. Les avocats trouvent sa cause difficile. Entre-temps, il ne néglige pas d’aimer, de se nourrir ou de lire son journal. Puis il est jugé. Mais la salle du tribunal est très sombre. Il ne comprend pas grande chose. Il suppose seulement qu’il est condamné mais à quoi, il se le demande à peine. Il en doute quelquefois aussi bien et il continue à vivre. Longtemps après, deux messieurs bien habillés et polis viennent le trouver et l’invitent à les suivre. Avec la plus grande courtoisie ils le mènent dans une banlieue désespérée, lui mettent la tête sur une pierre et l’égorgent. Avant de mourir le condamné dit seulement ” Comme un chien !” »

 

Bertolt Brecht dans un essai sur le fascisme intitulé Discours sur la capacité de résistance de la raison disait « Les classes dirigeantes, dans le dessin d’opprimer les masses, doivent investir chez celle-ci de telle quantité de raison d’une telle qualité, que l’oppression et l’exploitation se trouvent menacés. Ces réflexions de sang-froid amènent à conclure que les gouvernements fascistes, en attaquant la raison, se lancent dans une entreprise donquichottesque. Ils sont obligés de laisser subsister, et même de susciter de grandes quantités de raison. Ils peuvent l’insulter autant qu’ils veulent, la présenter comme une maladie, dénoncer la bestialité de l’intellect : ne serai-ce que pour diffuser ce genre de discours, ils ont besoin d’appareils de radio dont la fabrication et l’œuvre de la raison. Pour maintenir leur domination, ils ont besoin d’un potentiel de raison chez les masses égal à celui dont les masses ont besoin pour supprimer leur domination. »

 

Yahyaoui Mokhtar – Korba le 23 juin 2006

 

 

[1] – Bertolt Brecht : Essai sur le fascisme ou Discours sur la capacité de résistance de la raison, Novembre 1937 – dans : Ecrits sur la politique et la société- édition l’arche 197

 

(Source : Article publié sur le blog de Mokhtar Yahyaoui, le 24 juin 2006 à 05h39 AM)

URL: http://yahyaoui.blogspot.com/

 


 

Un plan de retrait des troupes américaines d’Irak est à l’étude

 

La Maison Blanche a confirmé, lundi 26 juin, que le général George Casey, commandant des forces américaines en Irak, avait élaboré un plan de retrait du contingent américain, mais souligné que celui-ci n’avait rien de définitif.

 

Le président George W. Bush, qui a rencontré le général Casey vendredi, a répété que le désengagement des 127 000 hommes déployés en Irak dépendait de la situation sur le terrain et de la capacité des forces de sécurité irakiennes à prendre le relais. “En ce qui concerne la présence de nos hommes là-bas, la décision reviendra au général Casey et au gouvernement souverain d’Irak d’après les conditions sur place”, a déclaré M. Bush aux journalistes.

 

Le New York Times a rapporté, samedi, que le général Casey avait ébauché un plan de réduction des troupes américaines avec le retrait de deux des quatorze brigades de combat d’ici à septembre et d’un total de cinq ou six brigades à l’horizon 2007. Chaque brigade est composée d’environ 3 500 hommes.

 

RIEN N’EST GRAVÉ DANS LA PIERRE

 

Le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow, a précisé lundi que Casey n’avait émis aucune recommandation définitive mais proposé plusieurs possibilités. “Le général Casey a reçu la tâche de concevoir de nombreux plans et c’est l’un de ces plans qui sollicite notre attention”, a ajouté Snow. “Mais pour quiconque imagine que c’est gravé dans la pierre, il n’en est rien.”

 

Ce retrait est envisagé alors que les violences ne baissent pas d’intensité en Irak. Au moins soixante-trois personnes ont été tuées lundi dans une série d’attaques dans le pays. Les deux attentats les plus meurtriers ont visé des marchés fréquentés par des chiites. Le premier a fait dix-huit morts et vingt blessés à Kharnabat (70 kilomètres au nord de Bagdad) et le deuxième au moins dix morts et 79 blessés à Hilla (100 kilomètres au sud de Bagdad).

 

Dans ce contexte, le plan de réconciliation nationale présenté par le premier ministre, Nouri Al-Maliki, a recueilli des échos positifs en dépit d'”insuffisances” relevées par le camp sunnite. Dans son plan de réconciliation nationale, M. Maliki propose notamment une amnistie aux détenus n’ayant pas commis de crimes de sang. Il exclut les auteurs d’actes terroristes et les fidèles du président déchu Saddam Hussein.

 

Avec AFP et Reuters

 

(Source : le site lemonde.fr, le 27.06.06)

 

 


 

 

Portrait

Pierre Besnainou, la relève séfarade

Xavier Ternisien

 

Parcours

1954 Naissance à Tunis (Tunisie).

1972 Arrivée en France.

1981 Crée la marque de téléviseurs Kaïsui.

2001 Vend LibertySurf et part faire le tour du monde.

2004 Il est l’une des chevilles ouvrières de l’opération “Sarcelles d’abord”.

2006 Succède à David de Rothschild à la tête du Fonds social juif unifié.

 

 

Il est familier du président tunisien Ben Ali. Il tutoie le premier ministre israélien Ehoud Olmert et l’ancien ministre de la défense Shaul Mofaz. Son modèle politique est Shimon Pérès. Il a de nombreux amis dans la vie politique française, mais il admire Nicolas Sarkozy, “qui a été le premier à prendre au sérieux l’insécurité”. Le politologue Jean-Yves Camus le qualifie d'”homme libre”, “parce qu’il n’a pas de comptes à régler”. “C’est une voix modérée dans la communauté, avec laquelle il faudra compter dans les prochaines années”, dit-il.

 

Ce petit homme rond et chaleureux a été élu, lundi 19 juin, président du Fonds social juif unifié (FSJU). Il succède à David de Rothschild. Tout un symbole quand on connaît le poids de cette institution discrète. Le FSJU constitue le poumon financier de la communauté, collecte des fonds à travers l’Appel juif unifié de France, finance les œuvres sociales, les écoles juives. Son président jouit d’un grand prestige, rehaussé par l’éclat que les Rothschild ont apporté à cette fonction. En cas de conflit entre deux personnalités dans la communauté, son arbitrage est apprécié.

 

Pierre Besnainou est un nouveau venu, aussi bien dans les affaires que dans le milieu communautaire. Il est arrivé en France en 1972, de sa Tunisie natale. Fils de commerçants, il a travaillé dans l’électronique grand public en vendant des téléviseurs sous la marque Kaïsui, avant de se lancer dans la Netéconomie. Il a créé le fournisseur d’accès Liberty Surf, l’a revendu en 2001, juste au moment où la bulle spéculative éclatait. Du jour au lendemain, il s’est trouvé à la tête d’une fortune chiffrée en dizaines de millions d’euros. “Disons que j’avais gagné assez d’argent pour ne plus travailler et me consacrer à des actions caritatives”, commente-t-il sobrement

 

La légende veut que le chef d’entreprise se soit rendu en Inde et ait vécu là-bas une techouva, un retour à son identité juive. Lui donne sa propre version des faits : “J’avais toujours rêvé de me rendre à l’aéroport et de prendre le premier avion vers la destination qui me faisait rêver. C’est ce que j’ai pu réaliser pendant plusieurs semaines. Je suis parti seul, laissant femme et enfants. Mais mon engagement communautaire ne date pas de 2001. Depuis 1987, j’étais président de l’association des juifs tunisiens en France.”

 

Pierre Besnainou s’impose alors comme mécène dans le paysage communautaire. Il prend une participation dans le site d’information Proche-Orient.info, dirigé par la journaliste Elisabeth Schemla. Rachète le magazine Tribune juive, qui était en liquidation, et en confie la direction à Ivan Levaï. Coup de maître : il se fait élire président du Congrès juif européen (CJE), en juin 2005, contre l’Italien Cobi Benatoff, favori des Américains et du président du Congrès juif mondial, Edgar M. Bronfman.

 

Cet homme tranquille incarne ce qu’on appelle la “révolution séfarade”. Un “rattrapage”, plus qu’une “révolution”. Selon une enquête réalisée en 2002, la communauté juive de France (estimée à 600 000 personnes) serait désormais composée à 70 % de séfarades, juifs originaires du bassin méditerranéen, pour la plupart venus d’Afrique du Nord dans les années 1960. En quarante ans, le judaïsme français a changé de figure. Il s’est teinté d’accent méditerranéen. Il est devenu coloré, expansif, plus religieux aussi. Mais sa direction est restée aux mains des ashkénazes, juifs originaires d’Europe de l’Est – malgré un premier pas en 1987, lorsque Joseph Sitruk, un Tunisien lui aussi, avait été élu grand rabbin de France.

 

Le nouveau président du Fonds social aime bousculer le discours dominant, y compris chez les séfarades. “Nous avons vécu une cohabitation exceptionnelle avec les musulmans !, lance-t-il. Si l’on fait le bilan de quinze siècles d’histoire du judaïsme, la cohabitation judéo-musulmane a été infiniment plus facile que la cohabitation judéo-chrétienne. Et aujourd’hui, on vient me parler du statut de dhimmis (“protégés” soumis à un impôt) en terre d’islam ? Mais c’est absurde ! Qui a subi cette situation et peut en témoigner ?”

 

Pierre Besnainou peut paraître naïf. Sa vision illustre cependant une fracture profonde, celle qui sépare les juifs d’Algérie de ceux de Tunisie et du Maroc. Qu’il explique ainsi : “Les juifs d’Algérie étaient français, nous étions tunisiens. En 1962, ils ont été rapatriés. Moi, je n’ai pas été renvoyé de Tunisie. Je suis parti parce que ma famille avait mille raisons de s’en aller : le sionisme, notre culture française, l’économie tunisienne qui s’effondrait…” Il est favorable à un dialogue avec l’islam : “La France est le seul pays au monde où la coexistence entre juifs et musulmans fonctionne ! J’ai plus peur de l’antisémitisme d’extrême droite ou d’extrême gauche que d’un antisémitisme qui viendrait des musulmans.”< /P>

 

L’ancien pionnier de la Netéconomie incarne une pratique nouvelle du judaïsme. Totalement décomplexé dans son attachement à Israël, il ne craint pas l’accusation de double allégeance. Au contraire, il revendique ce qu’il appelle “la double gratitude”. Il a été, en 2004, l’un des organisateurs de l’opération “Sarcelles d’abord”, qui visait à faire émigrer vers Israël une partie des juifs de France, avec l’appui logistique de l’Agence juive, l’organisme israélien chargé de favoriser l’alyah – l’immigration des juifs de la diaspora.

 

A l’époque, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman, avait protesté, reprochant aux Israéliens de “passer par-dessus la tête des institutions juives”. L’année suivante, Pierre Besnainou créait sur ses propres deniers un fonds d’aide au départ, l’AMI (Alyah meilleure intégration).

 

Il a lancé l’idée d’une double nationalité pour les juifs de France, qui pourraient être à la fois français et israéliens, et même siéger dans une “deuxième chambre”, à côté de la Knesset, qui représenterait la diaspora.

 

Une proposition que ne peut accepter Roger Cukierman : “La double nationalité serait contraire au patriotisme français, rétorque-t-il. Pour le CRIF, c’est impensable ! J’ai de très bons rapports avec Pierre Besnainou, mais nous avons des divergences…” De simples divergences ou deux conceptions opposées du judaïsme français ?

 

(Source: Le Monde  du 29.06.06)

 

 


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