29 juillet 2010

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Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to abetter information about our country, Tunisia
TUNISNEWS
10 ème année, N° 3719 du 29.07.2010
 archives : www.tunisnews.net 

AISPP: L’administration pénitentiaire et la politique de la mort lente Liberté et Equité: La police politique empêche Aymen Louati de célébrer son mariage Comité National de Soutien aux Populations du Bassin Minier: Info Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie: Harcèlement policier à Tunis Yahyaoui Mokhtar: L’Eau amer de Sakher El Matri Le Temps: LTDH – Texte de la mise au point adressée par Me Chedly Ben Younès au journal Le Monde Tekiano: Tunisie : Meilleure connexion internet dans le monde arabe Réalité: Concubinage en Tunisie – Les sans-papiers de l’amour L´Express: La lettre de Bourguiba à ses amis français

Prof. Taoufik BAHROUCH: Démocratie et le Grand Turc


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques

43 rue Eldjazira, Tunis

E-mail : aispp.free@gmail.com

Tunis, le 29 juillet 2010

L’administration pénitentiaire et la politique de la mort lente


 

 

L’AISPP reçoit toujours de nombreuses plaintes de familles de détenus politiques incarcérés dans divers établissements au sujet des mauvais traitements dont sont victimes les leurs.

1-    Le jeune Zyed Labidi a mené une grève de la faim entre les 11 et 22 juillet 2010 pour protester contre le fait que l’administration de la prison continuait de lui refuser un traitement. Le jeune Zyed Labidi a été arrêté le 28 février 2010 dans la région de Babouche, dans la délégation d’Aïn Draham avec son épouse, Houda Ouertani, alors qu’ils tentaient de fuir l’enfer du contrôle administratif imposé au mari et de se débarrasser des brimades et du harcèlement constants auxquels ils étaient en butte. Des agents de la garde nationale ont ouvert le feu sur eux et les ont blessés lors de leur arrestation. Zyed Labidi a été conduit à l’Hôpital des Forces de Sécurité Intérieures de la Marsa où il a reçu des soins puis il a été écroué à la prison de Mornaguia. En dépit de la détérioration de son état de santé, l’administration de la prison lui refuse l’accès aux soins, d’où la dégradation de son état ; il a commencé à ressentir des douleurs aigues au niveau de sa jambe gauche et il a uriné du sang à plusieurs reprises. Une radio de sa jambe a révélé que les médecins de l’Hôpital des Forces de Sécurité Intérieures n’avaient procédé à l’extraction de la balle logée dans sa jambe, à l’origine des problèmes. Il a déposé nombre de requêtes à l’administration de la prison de Mornaguia afin d’être hospitalisé et de subir une intervention chirurgicale visant à lui extraire la balle mais l’administration lui dénie ce droit aux soins et à chaque fois qu’il ressent des douleurs les infirmiers qui le suivent se contentent de lui administrer des calmants (ADOL)… !!!

2-    Le prisonnier Hatem Hermi a mené une grève de la faim du mercredi 21 juillet 2010 au lundi 26 juillet 2010 après que l’administration de la prison de Mornaguia l’ait transféré du pavillon T3-1 au pavillon A1-1. Depuis son transfert, sa situation s’est dégradée : la cellule est bondée, elle compte une centaine de prisonniers, il y a trois prisonniers pour un seul lit, de la saleté, un ventilateur au plafond alors qu’il a un rhume, etc,

3-    Le jeune Saber Ben Abdelhamid Amri, étudiant en troisième cycle à la faculté des sciences de Jarzouna, né le 17/7/1981), détenu à la prison civile de Kasserine sous le matricule 982, qui effectue une peine de quatre ans d’emprisonnement en vertu de la loi sur le terrorisme de sinistre réputation (il a déjà effectué trois ans et demi), souffrait de plusieurs affections avant son arrestation. Il avait subi trois interventions chirurgicales au colon et une quatrième en raison d’une allergie. Il souffre également d’une baisse de l’acuité visuelle. La négligence sanitaire dont est le théâtre le pénitencier de Mornaguia où il a été transféré l’année passée a eu pour conséquence en ce qui le concerne une aggravation de son état : les cicatrices des interventions passées ont enflé et il a fallu l’opérer. Il a des pertes de conscience, des céphalées et son acuité visuelle baisse encore à cause de la faible luminosité dans le cachot. Depuis plus de huit mois, il réclame des soins mais l’administration non seulement observe le silence et refuse d’agréer ses demandes légitimes mais elle incite des prisonniers de droit commun à le provoquer et le harceler (par des attaques, des tentatives d’agressions, des blasphèmes). Sa famille a déposé plusieurs plaintes auprès de l’administration générale des prisons afin qu’elle intervienne, le réintègre dans son droit aux soins et améliore ses conditions d’incarcération. Mais rien n’a changé et le jeune Saber Amri a dû faire quinze jours de grève de la faim. Enfin, depuis plus de deux mois, la visite de la famille, le couffin et les vêtements lui sont refusés.

4-    Les étudiants Fakher Aïdi et Mohamed Anis Chaïeb : le premier est détenu et le second fait l’objet d’une condamnation à l’emprisonnement de trois ans et trois mois, (il a déjà effectué trois ans et deux mois). Ils sont tous les deux au pavillon H1-6 de la prison de Mornaguia. L’administration de la prison a chargé un prisonnier de droit commun, Slim Ben Ali Ben Messaoud Arfoui, le « kapran » de la cellule, de les harceler par des provocations, des blasphèmes lorsqu’ils prient, l’interdiction de la prière collective, du partage de la nourriture, le vol des vêtements et de la nourriture apportés par la famille, etc. En dépit des plaintes déposées à l’administration de la prison, l’administration ne fait rien pour mettre un terme aux agissements de ce voyou.

[…]

Pour l’association

Le secrétaire générale

Maître Samir Ben Amor

Annexe : les règles de traitement des prisonniers

[…]

(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation Indépendante de Droits de l’Homme 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 28 Juillet 2010

Nouvelles des libertés en Tunisie


 1)   La police politique empêche Aymen Louati de célébrer son mariage Des agents de la police politique de Gammarth ont empêché mardi 27 juillet 2010 le jeune Aymen Louati de célébrer son mariage alors qu’il avait déposé une demande en ce sens il y a trois mois. Il s’agit d’un ex prisonnier politique. Il avait été arrêté en septembre 2006 et condamné à une peine d’emprisonnement d’un an et à une peine de contrôle administratif de cinq ans. Il n’a été libéré qu’au bout d’un an et sept mois, en avril 2008. Le jeune Aymen Louati a été informé que sa demande avait été rejetée et qu’il lui serait interdit toute célébration collective. Il a été menacé d’être arrêté avec son épouse lors de la fête s’il passait outre les directives. Le jeune Aymen Laouait avait présenté une demande écrite en ce sens, conformément à ce qui avait été exigé de lui après qu’il eût informé les autorités verbalement. La troupe musicale qui devait animer la fête a également reçu des menaces. […] Poue le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri  (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Comité National de Soutien aux Populations du Bassin Minier 29 juillet 2010 Info

Nous avons appris que monsieur Brahim Souilhi, originaire de Redeyef et résidant à Nantes en France, avait dû faire face à des tracasseries lors de son retour en Tunisie : il a été soumis à une fouille méticuleuse le contraignant à rester à l’aéroport plus de quatre heures. Il a également été convoqué par les services du ministère de l’Intérieur pour un interrogatoire portant sur son activité de soutien aux populations du bassin minier en France. Nous avons su par des familles de la région de Redeyef que leurs proches travaillant à l’étranger, notamment à Nantes, ne reviennent pas passer leurs vacances auprès des leurs, par crainte de ce type de tracasseries voire d’une arrestation. […] Comité National de Soutien aux Populations du Bassin Minier (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Harcèlement policier à Tunis.

Pour la deuxième fois en l’espace d’un mois, la direction du Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie se trouve confrontée à un important dispositif policier.

Le soir du 28 juillet et pendant la journée du jeudi 29 juillet, des agents en civil à pied, en voiture ou à moto ont fait le siège des domiciles des camarades Abderrazak Hammami, Mohamed Jmour et Mohsen Khalfaoui, respectivement président et membres du comité constitutif du Parti du Travail. Ces agents ont suivi les camarades au cours de leurs déplacements, et sont allés jusqu’à empêcher le camarade Khalfaoui de monter à bord de la voiture du Président du Parti.

Le Parti du Travail tient à rappeler ce qui suit :

1)    Le Parti a déposé le 29 avril 2005 une demande en bonne et due forme pour obtenir son agrément en tant que parti légal.

2)    L’administration, n’ayant pas opposé de refus motivé ni fourni le visa légal, le Parti a agi ouvertement et publiquement au cours des cinq dernières années.

3)    Ainsi le Parti a participé aux campagnes des élections présidentielles et législatives de l’automne dernier dans le cadre de l’Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès. Il a également soutenu les listes citoyennes qui se sont présentées aux élections municipales de mai dernier.

4)    Notre Parti continue de participer à toutes les initiatives citoyennes et démocratiques qu’il considère comme allant dans l’intérêt du pays

Tout en remerciant les partis, associations et personnalités qui lui ont manifesté leur solidarité, le Parti du Travail demande aux autorités  :

1)     de lever les mesures sécuritaires qui ont été déployées  de manière injustifiée à l’ encontre de ses membres fondateurs .

2)    d’accorder au Parti le visa légal qu’il revendique afin qu’il assume pleinement son rôle au service du pays et de son peuple.

Tunis, le 29 juillet 2010.

Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie.

 


L’Eau amer de Sakher El Matri


 

Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche et la Société nationale d’exploitation de distribution des eaux (SONEDE)  ont attribué au « Groupe Princesse El Materi Holding » et l’entreprise espagnole « Befesa Medio Ambiente company » la concession d’un projet pour la conception, la construction et l’exploitation pendant 20 ans d’une usine de dessalement d’eau de mer sur l’île de Djerba, dans le golfe de Gabès d’après une information a été révélée par un communiqué publié sur le site de l’entreprise espagnole en date du 14 Juillet 2010.

« Le contrat, d’un investissement de 70 millions d’euros, sera développé sous la forme d’DBOOT (Design, Build, Own, Operate and Transfer). On estime que les recettes totales provenant de la vente d’eau au cours des 20 années de la concession excèdent 220 millions d’euros que le revenu annuel prévu est de plus de 11 millions d’euros. » rapporte le communiqué

Cet important projet fait partie d’un ensemble de mesures mises en œuvre par le gouvernement tunisien pour la promotion et le développement des ressources en eau non conventionnelles telles que le dessalement, visant à résoudre les problèmes d’pénuries en eau et de mauvaise qualité que le pays souffre et de fournir les aggrave la demande croissante dans les principales destinations touristiques comme l’île de Djerba.

L’usine sera la plus grande usine de dessalement en Tunisie.  elle aura une capacité de production de 50 000 mètres cubes d’eau dessalée par jour, et en mesure de subvenir au besoins en eau de plus de 250 000 personnes. Cette infrastructure utilisera la technologie de membranes d’osmose inverse, rapporte le même communiqué.

Rapporté par le site indépendant « Kapitalis », l’octroi de cette concession n’a fait jusqu’à présent l’objet d’aucune communication officielle ou du coté des autres parties tunisienne concernés. indépendamment des doutes qui planent sur la régularité de l’octroi de cette concession et son respect des règlements en vigueur dans ce domaine en Tunisie, le secret dont elle fut entouré et la personne du bénéficière principal qui n’est autre que le gendre du président Tunisien Zine El Abidine Ben Ali, viennent relancer le débat sur le rapport de l’argent et du pouvoir que la fulgurante ascension ces dernières années des proches du président Ben Ali a constitué la meilleure démonstration pour le citoyen ordinaire tunisien.

Simple coïncidence, ou affairisme politique oblige, le même jour de l’octroi de l’exploitation de cette concession au gendre du président un arrêté du ministre de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche et du ministre des finances annonçant l’augmentation du prix de l’eau potable est publié par le journal officiel. Ainsi les tarifs du prix de l’eau potable sont majorés pour les toutes catégories de consommation d’une part  et le tarif supérieure est appliqué à la totalité de la consommation trimestrielle de l’abonné lorsque. Cela fait de cette augmentation la plus élevée dans les tarifs de l’eau potable enregistrée en Tunisie depuis son indépendance.

Avec 400 000 000 de mètres cube distribué par la Société nationale d’exploitation de distribution des eaux (SONEDE) par an à 2000 000 d’abonnés la moyenne de consommation se situe à 50 mètres cube par trimestre par abonné. Ainsi la moyenne de consommation qui concerne l’écrasante majorité des ménages tunisiens sera facturée au « tarif trois cent quinze millimes par m3 (0.315d) s’applique à la totalité de la consommation trimestrielle de l’abonné lorsque celle-ci est supérieure à 40 m3 et inférieure ou égale à 70 m3. » d’après le decret.

Il apparaît ainsi clairement que le rapport de la nouvelle augmentation des prix de l’eau potable et l’octroi de cette concession de dessalement de l’eau de mer n’est pas fortuite et qu’elle n’est qu’une étape pour amener les prix au seuil de rentabilité que nécessite le nouveau projet. D’après le communiqué de la société espagnole chargé de construire la station de dessalement, l’usine doit produire 50 000 mètre cube par jour et générer des revenus annuel de l’ordre de 11 millions d’euros par an, ce qui veut dire par une simple opération de calcul qu’elle va vendre le mètre cube d’eau à 0,60 Euros qui équivaut à un dinar tunisien le mètre cube d’eau.

Le cout de dessalement de l’eau de mer grâce à la technologie de membranes d’osmose inverse se situ actuellement dans le 0,40 Euro. Un prix qui reste malgré l’importante diminution qu’il a connu ces dernières années au-dessus des moyens de société comme la notre sauf dans des cas extrême comme celle de l’ile de Djerba ou l’eau potable est rare et de mauvaise qualité. Ainsi l’état doit trouver des solutions quitte à faire supporter les couts supplémentaire sur le reste des habitants du pays, mais un tel objectif ne peut être atteint par une entreprise privé dont l’objectif principal est le bénéfice que va lui rapporter son projet.

Quand on sait qu’avec 1 m3 d’eau de mer, l’usine produit 450 litres d’eau potable la saumure résultante et qui va être rejetée en mer constitue à terme un véritable danger écologique pour l’écosystème marin avoisinant partout dénoncé. Pour l’ile de Djerba qui constitue le premier pole touristique du pays ce projet qui dépasse de loin ses besoins n’est pas de bon augure pour son avenir. Après la destruction des fonds marins de Sfax et de Gabes le tour est-il venu pour que les cotes de Djerba subissent le même sort ? jusqu’à quand allons nous subir cette politique dicté d’en haut qui ne fait égard ni aux lois ni à l’avenir de nos enfants et dont le seul déterminant se focalise de plus en plus sur une avidité d’argent au-delà de toute morale ou mesure. Yahyaoui Mokhtar – Korba le 29 Juillet 2010 (Source: “Tunisia Watch” le 29 juillet 2010) Lien: http://www.tunisiawatch.com/?p=2752  


Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme

Texte de la mise au point adressée par Me Chedly Ben Younès au journal Le Monde


    Me Chedly Ben Younès nous a fait parvenir le texte de la mise au point qu’il a adressée au journal « Le Monde », et que le quotidien français n’a pas jugé utile de publier. A Monsieur le directeur de la rédaction du journal Le Monde Objet/ Droit de réponse Monsieur, Le  traitement de la situation au sein de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, qui transparaît de l’article paru dans votre édition du 21 juillet, est partial et totalement  biaisé. L’auteur de l’article, Mme Isabelle Mandraud, s’est contentée de ne privilégier qu’un seul  point de vue tout au long de l’article, bien qu’elle ait rencontré les personnalités de son choix et ait eu à sa disposition toutes les informations pertinentes au sujet de la Ligue. Ses allégations faisant croire que les négociations au sujet de la Ligue se dérouleraient entre « partisans du pouvoir » et « opposants » reflètent une volonté délibérée de déformer les faits, et de faire prévaloir les préjugés et les idées fausses, aux dépens des réalités objectives.  La vérité que Mme Mandraud a choisi de censurer est la suivante : le problème de la Ligue est une affaire interne opposant les militants de la LTDH entre eux. Une partie des membres de la Ligue, mécontente des violations répétées des statuts et du règlement intérieur de l’association par l’actuel comité directeur s’est vue obligée, devant le refus de cette direction de revenir à la légalité, de saisir les tribunaux pour que justice soit rendue. En vertu de cette décision judiciaire, le comité directeur actuel n’est mandaté que pour organiser un congrès de la Ligue conforme aux statuts et règlement intérieur  de cette association. Il est par conséquent,  particulièrement malhonnête de faire croire à l’opinion que le comité directeur actuel aurait été illégalement empêché de fêter  son 33e anniversaire, alors qu’il est de notoriété publique qu’il n’a pas la capacité juridique requise pour organiser autre chose que les préparatifs du congrès. Mme Mandraud omet sciemment cette explication -que je lui ai clairement fournie – et offre aux lecteurs une interprétation abracadabrante  selon laquelle l’échec de la manifestation que projetaient le président de la Ligue et ses compagnons du comité directeur, résulterait d’un soi-disant « conflit au sein du pouvoir » ! De toute évidence, l’envoyée spéciale du journal «Le Monde » se trompe de pays et d’époque.  S’il y a conflit, c’est en fait entre le  comité directeur  qui n’est  actuellement et depuis dix ans qu’un administrateur judiciaire avec une mission bien précise et limitée dans le temps, et la loi. Vos lecteurs ont le droit de savoir que, contrairement à la version favorisée par Mme Mandraud, la Ligue tunisienne des droits de l’homme n’est paralysée par personne d’autre que les membres de son comité directeur actuel qui a été chargé par cour d’appel de Tunis depuis juin 2001 de réorganiser le cinquième congrès après le renouvellement des 41 sections de la ligue, et qui donnent l’impression, en bloquant systématiquement toute tentative de règlement du litige, de vouloir se maintenir à la direction de la Ligue. La direction actuelle, faut-il le rappeler, a été mise en place à l’issue d’un congrès dont les résultats ont été annulés par la justice. Depuis, ce comité directeur empêche toute nouvelle adhésion et fonctionne comme une organisation fermée bloquant tout renouvellement des sections. L’affirmation attribuée à M. Mokhtar Trifi selon laquelle « aucune cotisation ne peut être perçue », est également totalement fausse : le comité directeur a bien perçu les cotisations des adhérents des sections depuis 2003, en vue de préparer le congrès de la Ligue. Le comité directeur de la Ligue a, par contre, délibérément interdit toute nouvelle adhésion depuis 1994, en droite ligne de sa stratégie visant à instaurer sa mainmise sur l’association et à y faire régner sa loi, sans aucun égard ni pour les textes ni pour les droits des  militants. Dans l’article, M. Mokhtar Trifi reconnaît implicitement, du reste, que la décision illégale et controversée de faire disparaître des sections et d’en fusionner d’autres ne visait qu’à renforcer son emprise sur la Ligue, les sections visées ayant été jugées, de façon unilatérale et subjective, proches du parti au pouvoir. Sur la base de ces aveux flagrants de la part de M. Trifi, il n’aurait pas été difficile, en principe, pour l’envoyée spéciale du journal Le Monde de se rendre compte de la stratégie du comité directeur ainsi mise en œuvre pour prendre la Ligue  en otage indéfiniment, puisque cela fait dix ans que ça dure. Mais Mme Mandraud ne pouvait pas sans doute arriver à de telles conclusions objectives, vu ses partis pris, évidents tout le long de son article. Loin de résulter d’un manque de données ou d’une difficulté quelconque de la journaliste à accéder aux sources d’information, ces partis pris ne font que refléter une approche journalistique où la vérité et l’objectivité journalistique sont sacrifiées au profit des préjugés et des idées préconçues. Ce type de journalisme, où les prétendues enquêtes ne sont que des alibis pour véhiculer un seul point de vue, dénote un manque de respect envers le public qui a droit à une information objective et équilibrée. Un journal comme le quotidien Le Monde n’a pas le droit, ne serait-ce que par respect pour ses lecteurs, de verser dans la désinformation et la manipulation des faits. On peut, d’ailleurs, se demander à quoi bon dépêcher un « envoyé spécial » en Tunisie, si c’est pour servir de vielles rengaines depuis longtemps éculées. En vous remerciant des dispositions que vous prendrez pour publier le présent droit de réponse, je vous prie, Monsieur le directeur, d’agréer mes sentiments distingués. Me Chedly Ben Younès (Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunisie) le 29 juillet 2010)


Tunisie : Meilleure connexion internet dans le monde arabe


Le classement mondial réalisé par la société américaine Ookla place la Tunisie à la 1ere place en Afrique et dans le Monde arabe pour la qualité de sa connexion internet. Selon Ookla, la Tunisie fait même mieux que la France, le Danemark, la Suisse, et même les Etats-Unis ! La connexion Internet en Tunisie est la meilleure en Afrique et dans le Monde arabe. C’est ce qui ressort du tout premier classement établi par la société américaine Ookla concernant la qualité de la connexion. Ce classement, qui a été publié le 27 juillet dernier se base sur les milliers de test effectués sur le site www.pingtest.net.. Durant les 30 derniers jours, les tests réalisés par les internautes tunisiens ont permis à la Tunisie d’avoir la note R Factor 85,74. D’après les standards fixés par l’Union Internationale des télécommunications, cette note permettrait de bonnes conditions pour l’utilisation de services instantanées comme les communications audio/vidéo. Au niveau mondial et pour ce premier classement de la qualité de connexion, Ookla place la Tunisie à la 10ième position sur les 60 pays recensés. A en croire ce tableau, notre pays réalise une performance meilleure que celle de la Suisse, la France, le Danemark, ou même les Etats-Unis. Le pingtest.net prend en considération le nombre des IP qui se connectent au serveur de test. Il retient également ceux qui lui sont les plus proches. Les personnes physiques qui se cachent derrière ces IP doivent être approximativement à moins de 500 kms du dit serveur. Quelques conditions qui pourraient avoir favorisé notre position. Mais tout de même… Ce résultat (plutôt brillant) est également conforté par le dernier classement mondial portant sur la vitesse de navigation par pays. Ce rapport publié par Ookla la journée même que celui du pingtest.net a fait gagner à la Tunisie 5 positions de plus que le mois dernier. On est passé de la 92ième place à la 87ième avec une vitesse moyenne de débit de téléchargement de 2,47 Mb/s par IP tunisienne contre 2,29 Mb/s en juin dernier. Cette performance a permis à la Tunisie de garder sa première place dans le Maghreb. Elle a pu toutefois se hisser la 4ième position dans le Monde arabe, derrière l’Arabie Saoudite (3,58 Mb/s), le Qatar (2,94 Mb/s) et enfin le Koweït (2,66 Mb/s). Notons au passage la disparition des Emirats Arabes Unis de cette hiérarchie, malgré leur bon classement du mois de juin dernier. Rappelons que Tunisie Telecom a prolongé sa promotion de doublement gratuit de débit à tous les abonnés ADSL le 30 juin dernier. Cette promo qui a été initiée par l’opérateur historique le 10 janvier 2010, prendra ainsi fin le 30 septembre prochain. Orange Tunisie de son côté multiplie les offres tous azimuts pour promouvoir sa clé 3G et son abonnement Internet Everywhere. Autant de mesures, pour un contexte qui ne pouvait qu’être favorables au développement du Net en Tunisie. W.N
 


Concubinage en Tunisie Les sans-papiers de l’amour


Par Azza Turki Ce sont les sans-papiers de la sphère privée…Par choix ou par “défaut”, ces couples ont opté pour l’union libre. Leur situation “matrimoniale” de fait est un pied-de nez à l’Institution sacrée. Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Ou encore quelles sont les formes de concubinage en Tunisie ? Enquête… Comment oublier cet épisode ? Car il a été déterminant dans sa vie. En le racontant, Mourad ne peut cacher son amertume. C’était un jour de semaine. Il passait une agréable soirée dans son appartement avec sa compagne et quelques amis. Il était près d’une heure du matin lorsque la police fit irruption. Pas de flagrant délit avéré. Il n’y avait ni alcool, ni drogue, ni une quelconque dépravation sexuelle. Ce que les policiers constatèrent …Une soirée “normale” entre amis. Néanmoins, les lieux furent fouillés de fond en comble “à la recherche d’une éventuelle substance illicite”. Toujours rien… Sur place, l’atmosphère se détériora en un clin d’œil et la stupéfaction fit place à la peur. Et pour cause, tout le monde fut emmené au poste. Aussitôt arrivés, aussitôt relâchés, le calvaire des invités prit donc fin rapidement. Mourad et sa compagne, pour leur part, furent retenus. Placés dans deux pièces séparées, ils furent interrogés par la police. Et la séance débuta… Quelle est la nature de leur relation ? Vivent-ils ensemble ? Les questions se suivirent et se firent de plus en plus pressantes. Puis l’un d’eux ou les deux, (Mourad ne se souvient plus) lâche(nt) la vérité. Le concubinage est avoué. Les deux vivaient maritalement sans contrat. C’est ce que retint le procès verbal. Pris de compassion, l’un des policiers lui concéda : «Tu es malchanceux. Ça tombe sur toi. Mais cela aurait pu être n’importe qui ». Et Mourad de préciser, comme pour se justifier : « Je ne pensais pas que cela allait prendre une telle ampleur ». Pas de flagrant délit…Une soirée au cours de laquelle sa compagne aurait pu se fondre dans le décor amical… Comment se fait-il que les deux aient été ciblés par la police ? Comment explique-t-il le fait que la police était au courant, se “doutait” de quelque chose à son arrivée ? Mourad l’ignore et ne veut pas le savoir. “Trop peur d’être déçu”. Avant de poursuivre dépité, « cela peut-être une ex ou même une personne de mon entourage, un supposé ami que je continue de voir ». Et le cauchemar continua. De fait, dès le lendemain, Mourad fut déféré devant le juge. Il en fut de même pour sa compagne. Au tribunal, le couple est jugé aux côtés des voleurs, des violeurs et autres inculpés de droit commun. « Le juge n’a pas cherché à comprendre. Il te voit comme un obsédé sexuel, un pervers. Nous (ndlr : Mourad et sa compagne) étions regardés avec mépris ». Au regard s’ajouta la sentence. Le couple est condamné dans le cadre de l’article 36 de la loi réglementant l’état-civil. La sentence ? Un choix qui eut rapidement raison de leurs convictions, quelles qu’elles soient… Trois mois de prison ou un mariage dans les plus brefs délais. Sans surprise, le couple opta pour le second. Le mariage fut aussitôt célébré. Mourad le considère aujourd’hui comme “sa preuve d’amour”, car « je me suis senti fautif par rapport au calvaire qu’elle a vécu ». A titre d’anecdote, Mourad interjeta appel… « Afin d’enlever l’inscription sur le bulletin numéro 3 ». En Tunisie, le cas de Mourad n’est pas isolé. Les rubriques “faits divers” des différents quotidiens en font régulièrement leurs choux gras. Et les termes sont loin d’être élogieux pour qualifier ce genre de faits. “Dépravation, débauche, vice et amoralité”, le concubinage en Tunisie est condamné par la société dont le juge n’est que l’expression. Pour ceux qui choisissent de le vivre, le risque est grand. La plupart des personnes interrogées l’affirment sans hésitation. Ils n’ont jamais eu de problème avec la police. Mais l’essentiel est de ne pas pousser le bouchon trop loin, la discrétion est de mise. Les clandestins… Discrétion oblige… Mis à part “quelques privilégiés”, le concubinage se vit rarement dans la lumière. Et de fait, il est “toléré” tant qu’il n’est pas visible. Du moins, dans les grandes villes…car il a plus de chances de passer incognito. En Tunisie, le mariage étant la norme, l’idée d’avoir des voisins concubins traverse rarement l’esprit. Et en présence d’un doute, tant que la pratique n’est pas ostentatoire, on ferme les yeux. « Dans la vie de tous les jours, il reste mon mari aux yeux des gens. Et je ne démens jamais. Seuls mes intimes connaissent la vérité», nous explique Salwa, la quarantaine, deux années de concubinage. Ainsi soit-il ! Il empruntera donc l’habit de la Norme. Le compagnon devient “l’époux”. La conjointe est souvent introduite comme ma “femme”. Aux yeux des gens, le couple est Monsieur et Madame X. Autre exemple, seul l’un des conjoints reçoit son courrier à domicile. L’autre garde une adresse subsidiaire. Cependant, la clandestinité ne coule pas de source. Premier obstacle et non des moindres… celui de la famille. Marié, puis divorcé, Ridha, la cinquantaine, a enchainé les relations sans avoir le courage de franchir l’étape cruciale de l’union libre. « Que dire à ma mère s’il lui venait un jour à l’esprit de me rendre visite d’une manière impromptue ? Mon respect pour la femme m’empêche de lui dire de partir. Et ma mère ne l’accepterait pas. Je ne peux pas demander à quelqu’un de venir vivre en concubinage avec moi tant que je ne peux l’assumer », explique-t-il. Renouvellement générationnel ? Sa propre expérience lui a permis de ne pas imposer les mêmes règles à son enfant : «Je ne lui ai pas interdit de s’installer avec la personne de son choix. Cette expérience lui a permis de connaître l’autre ». Si le regard des gens est plus ou moins facile à gérer, celui de la famille est souvent insoutenable. Chantage affectif, exclusion, déni, isolement, les sanctions sont souvent impitoyables. A titre de prévention, certains préfèrent mentir à leurs proches. « Ses parents sont à des centaines de kilomètres de la Capitale. Lorsqu’ils venaient à Tunis, elle organisait un rendez-vous dans un café pour les rencontrer. Sinon, elle se déplaçait régulièrement pour aller leur rendre visite. Ils n’ont jamais été au courant », nous raconte Mourad. Avant d’ajouter : «C’est assez ironique, pour une femme qui se dit libre, d’être obligée de mentir ainsi ». Les intolérances familiales ne sont pas les seules à gérer. Vivre en concubinage en Tunisie sous l’œil affûté du voisinage est parfois périlleux. Alors des précautions sont généralement prises pour éviter d’attirer l’attention. Mais la condamnation n’est jamais loin. Il suffit d’une banale dispute avec son voisin pour que les accusations et les insultes fusent. «C’était l’Aïd. Ma voisine avait acheté un mouton qu’elle avait placé dans l’entrée de l’immeuble. C’était devenu irrespirable. Le hall n’était pas entretenu. Je suis allé la voir pour en discuter. Mais de fil en aiguille, le ton est monté. Elle m’a dit que je n’avais pas le droit de parler et de venir la voir. Que je n’étais pas une femme de bonnes mœurs. Et que ma maison était comme un moulin pour les hommes », nous a raconté Sarra. Elle n’en revenait pas. Cette voisine lui souriait chaque matin quand elles se croisaient dans les escaliers … Durée de vie limitée ? Cependant, il existe certains cas où l’entourage fait preuve de compréhension. Monia, divorcée, deux enfants, vit avec un homme marié…mais séparé de sa femme et en instance de divorce. Le risque est d’autant plus grand pour elle que tant que le divorce n’a pas été prononcé, leur situation est juridiquement qualifiée de “bigamie”. Mais Monia ne pense pas à cela. Voilà depuis d’un an qu’ils se sont installés ensemble dans un quartier chic. Son entourage, père, mère et même ses enfants, « le considère aujourd’hui comme un membre à part entière de la famille ». « Beau, aisé et de bonne famille »… La mère est fière de son futur gendre. D’ailleurs, c’est ainsi qu’elle le présente. Il ne rate aucune fête familiale, ni évènement en tout genre. Le concubinage ne serait donc qu’une étape avant le mariage, ce qui permet de l’accepter plus facilement. Et ceci est la deuxième caractéristique, et non des moindres… Le concubinage en Tunisie est rarement un engagement pour la vie. « En Europe, les gens vivent facilement en concubinage car il n’y a ni pression sociale, ni religieuse qui existe dans leurs contrées. De même, les gens souhaitent souvent mieux se connaître et s’apprécier avant de s’engager dans un mariage proprement dit. Il y a de fait une dévalorisation du papier que représente le mariage. Pour eux, «l’engagement est un engagement du cœur», note le psychothérapeute Sofiane Zribi. Contrairement à sa conception occidentale, en Tunisie, l’ombre du mariage ne plane jamais bien loin. Aboutissement “naturel” ou “forcé”», la question de la “régularisation” se pose un jour ou l’autre au couple. La plupart des personnes qui s’installent en concubinage se projettent dans un avenir consensuel. Car comment envisager “avoir un enfant” si le couple n’est pas marié ? Le concubinage, généralement, est une étape avant le mariage. En outre, il est mis à l’épreuve pas les soubresauts sociaux. L’isolement, les regards, les mensonges et le poids sacral de l’Institution matrimoniale rattrapent le couple. De fait, le concubinage en Tunisie a dans la majorité des cas une date de péremption. « Au début, il y a un sentiment de défi, une sorte d’affirmation de l’être. Par la suite, la répression de la famille et de la société devient très lourde à gérer. On se rend compte qu’on ne peut pas aller n’importe où avec son conjoint. L’opposition sociale est difficile et la situation devient intolérable. Le couple clandestin doit régulariser sa situation », nous explique le docteur Zribi. Cette assertion ne s’applique pas à ceux ou celle qui vouent une haine (ou une méfiance) viscérale vis-à-vis du mariage. Salwa en est l’exemple même. Le seul mot pour qualifier son mariage : “chaotique”. «J’ai mis longtemps avant de me marier. Puis j’ai cru trouver la bonne personne. Ce n’était pas la perle rare. Mais il était aisé et plutôt d’une bonne famille. Il s’est avéré que nous étions complètement incompatibles, et ce sur tous les plans. En plus c’était un joueur invétéré. Il m’arrivait de rentrer à la maison et découvrir que des objets avaient été vendus durant mon absence. Je me suis enfuie du domicile conjugal alors que j’étais enceinte de deux mois de ma fille. Aujourd’hui quels que soient les hauts et les bas de ma relation actuelle, je vis pour moi et je suis anti-mariage.». Bref, un engagement libre et sans contraintes… Le quasi… Le concubinage, conception occidentale? Pas aussi simple. En Tunisie, il a de multiples formes. Une, en particulier, s’est développée ces dernières années. En «bonne musulmane”, Amira balaie d’un revers le terme de concubinage. Il n’entre même pas dans son lexique. Certes, elle partage la vie d’un homme. Certes, cet homme n’est pas son époux devant la loi. Certes, il n’existe aucune conséquence juridique. Amira en est consciente. D’ailleurs, elle ne veut pas avoir d’enfants. Mais pour elle, cela ne fait aucun doute : l’homme avec qui elle vit est son époux. Son mariage “coutumier” a été célébré en présence de sa famille, au courant de sa relation, quelques amis triés sur le volet et un cheikh, “qui les connaît bien”. Le coût du “mariage” ? Quasiment rien… Ni réception, ni soirée ruineuse, mais un “hizb allatif” auquel fut convié le cheikh. Et pourtant rien ne s’opposait à une union “normale ». Il n’existait aucun empêchement à l’union, il n’était pas marié. Elle a opté pour un mariage coutumier. Sa raison…. Financière. Depuis le décès de son père, sa mère étant décédée, elle perçoit le salaire de ce dernier au regard de son statut précaire. Elle ne travaille pas. Cette pension lui aurait été enlevée en cas de mariage. Or elle représente le principal fonds de son indépendance. Depuis Amira est en paix… La “reconnaissance divine” est ce qui lui importe le plus. Le reste n’est donc que “superficialité”. Aujourd’hui, elle ne se considère pas en infraction. Son statut s’apparente peut-être à un concubinage, il est tout de même vécu comme un mariage. Et pour cause ! Son “mari” prend en charge les dépenses et est “le chef de la famille”. Il fait les courses et paie les factures. Et aux yeux des voisins, ils sont Monsieur et Madame X. Un engagement avant tout! Le concubinage est un quotidien… Comment est-il vécu dans la vie du couple ? Certains facteurs, tels que la temporalité, mettent à l’épreuve la relation. Et les cas sont différents. Généralement, l’un des conjoints vient s’installer chez l’autre, comme cela a été le cas chez Mourad ou Sarra. La personne qui a l’appartement continue de payer le loyer (si elle est locataire) comme si de rien n’était. Le concubinage s’est fait “naturellement”. Le partage des dépenses devient spontané. « Je ne paye pas parce que je dois payer mais parce que je le veux bien. Alors que quand tu es marié, tu es tenu de payer parce c’est ton rôle de chef de famille», nous explique Mourad. L’expérience de Sarra a été moins satisfaisante. Son conjoint s’était installé chez elle mais le partage des charges n’a pas été “assumé”. « La première année, il a décidé tout seul, alors qu’on était installé ensemble, que sa part de contribution serait fixée à 100 dinars. Il a trouvé son confort dans le gain mais pas dans la perte. Il s’est mépris sur la notion de liberté dans le concubinage ». Et cette dernière de conclure : «Aujourd’hui, je déconseille de vivre en union libre. La femme n’a rien à gagner, même si pour moi ma relation équivaut à des années de bonheur.» La situation est tout autre pour Salwa. Après deux années de relations, elle a décidé de s’installer dans un duplex avec son compagnon. De fait, ils vivent ensemble mais ont deux cuisines, deux salons, deux jardins…bref deux maisons communicantes. « Cela permet de nous isoler en temps de crise ». Quant aux dépenses ? Elles sont plus ou moins partagées. Il faut l’avouer. L’organisation n’est pas la même que les couples mariés…mais presque. « Concrètement, il prend en charge ses dépenses comme son pressing, la femme de ménage ou encore ses achats personnels. Mais en ce qui concerne les courses, il m’arrive de les payer, sinon c’est lui. Notre organisation financière n’est pas commune. C’est en fonction des moments». La décision Mais alors qu’est-ce qui pousse deux personnes à vivre en concubinage, au risque de s’attirer les foudres de la société. Pour franchir le pas, les conjoints sont «généralement deux personnes qui ont accédé à un certain niveau socio-culturel qui leur permet de vivre en rupture avec leur milieu social, culturel et religieux », selon le psychothérapeute Sofiane Zribi. Pourquoi acceptent-ils de vivre ainsi ? «En Tunisie, les gens qui choisissent de vivre cela sont pour une grande partie très influencés par la culture occidentale à la recherche d’un autre mode de vie, d’autres expériences et parfois par un souhait d’être en opposition par rapport à la société », nous indique le Docteur Zribi. Sont-ils tous des adolescents sociaux ? « Pour certains, c’est effectivement cela. Mais pour d’autres, c’est un choix ». Un choix, car malgré ses difficultés, ses épreuves, ses ragots collatéraux, pour la majorité le concubinage est préférable au mariage…Un mariage “strict”, “tue l’amour”, “anti-spontanéité” et qui conduit indubitablement au formatage amoureux. Par opposition, la fragilité sociale de l’union libre, encourage les concubins à fournir des efforts. Et pour ceux qui de toutes les façons envisagent de se marier ? « Il est vécu comme une étape indispensable…afin de connaître davantage l’autre » ! ** Procédure et lois Titre: Dans le langage tunisien, le concubinage brille par son inexistence sémantique. On parle de “personnes vivant ensemble”. Aucun mot ne le désigne. Dépossédé de sa définition et désigné par des périphrases seules ses caractéristiques font l’objet de poursuites. La justice le désigne par deux mots : el mouâchara ou el moukhadana. Les deux se traduisent en français par “cohabitation”, avec bien entendu une connotation sexuelle. Mais la subtilité juridique réside dans le fait que le premier terme peut aussi bien s’appliquer (et d’ailleurs s’applique généralement) au mariage alors que le second est utilisé par les magistrats pour désigner le concubinage. Grossièrement, les juges ont recours à trois textes de loi en fonction des cas. D’abord, les articles 231 et 232 du Code Pénal relatifs à la prostitution, celle-ci n’étant établi que si l’existence d’une contrepartie est avérée. Elle est laissée à la seule appréciation du juge. Les personnes risquent six mois à deux ans d’emprisonnement en fonction des cas. Le deuxième article, et le plus appliqué, est l’article 36 de la loi du 1er août 1957 réglementant l’état-civil. Il incrimine tout mariage non conclu conformément à la loi. L’article ne fait pas nommément allusion au “concubinage”. Généralement, le concubinage est qualifié de “mariage” par le juge. Pour ce faire, deux conditions sont nécessaires. La relation continue (el mouâchara al moustamirra) et l’absence de contrat doivent être établies. Le flagrant délit n’est pas obligatoire. L’aveu relaté ou judiciaire constitue également une preuve. A partir du moment où le procès-verbal de la police évoque les deux conditions sus-mentionnées, le délit est avéré. Le concubinage devient donc mariage. Or Il n’y a pas d’acte authentique. Il est donc illégal. De fait, les inculpés risquent trois mois de prison ou doivent régulariser leur situation dans les plus brefs délais. Et une précision de mise… la continuité de la relation doit être établie. Dernier cas de figure, le plus grave au regard de la loi est celui de l’adultère. De fait, deux articles peuvent être appliqués, à savoir l’article 236 du code pénal incriminant le délit d’adultère ou l’article cité ci-dessus de la loi sur l’état-civil. Soit le conjoint décide de porter plainte et sera alors appliqué le premier article. Il risque alors cinq années de prison. Soit le conjoint ne porte pas plainte, l’Etat s’autosaisit de l’affaire et condamne “l’adultérin” au terme de l’article 36. Dans tous les cas, la condamnation demeure inscrite sur le bulletin numéro trois. ** Dans le secret absolu Au mariage coutumier, les juges préfèrent le terme de mariage secret (azzaouaj assirri). Car les couples qui contractent ce type de mariage le font avec un objectif en particulier : le prémunir du regard de la société et des juges. En Tunisie, depuis la promulgation du statut personnel, le législateur a imposé deux obligations. Afin d’éviter les problèmes liés à la preuve, le mariage se fait par un acte authentique (art 4 CSP). Le contrat est donc rédigé par un officier public, d’où sa publicité. La preuve est de fait établie et difficile à briser. Ce faisant, le mariage, de même que le divorce qui devient judiciaire, sort de la sphère privée. Il n’est plus un “simple” accord entre les deux parties. L’article 3 du Code du Statut Personnel (CSP) prévoit « le consentement des deux époux, la présence de deux témoins honorables et la fixation d’une dot au profit de la femme ». S’il se conforme en général, aux trois conditions précitées de l’article 3, le mariage “secret” échappe à la condition de l’acte authentique. Non seulement la preuve est difficile à établir mais la publicité n’a pas été faite. Mis à part les invités présents lors de la cérémonie, rien ni personne ne peut établir la véracité de l’union. En Tunisie, de nombreux couples dont l’un des conjoints est d’ores et déjà engagé dans une relation matrimoniale choisissent de “régulariser” leur situation en contractant un mariage “coutumier”. Et afin justement de garder leur relation secrète, ces coulpes font appel à un cheikh qui officie et les unit. A la suite du mariage civil, l’article 36 de la loi réglementant l’état-civil, promulguée en 1957, visait ce genre de pratiques. ** Et ailleurs… On se souvient des larmes de la députée conservatrice française Christine Boutin lors des discussions portant sur le projet de loi sur le pacte civil de solidarité (PACS). En Europe, le concubinage est une institution légale. Certaines sociétés ont encore du mal à l’accepter. En France, l’article 515-8 du Code civil français définit le concubinage comme « une union de fait, caractérisée par une vie commune présentant un caractère de stabilité et de continuité, entre deux personnes, de sexe différent ou de même sexe, qui vivent en couple ». Cette institution a des effets juridiques. Elle peut être officialisée par le biais d’une procédure juridique depuis 1999. C’est le pacte civil de solidarité qui peut être rompu à n’importe quel moment. Le concubinage tel qu’il est entendu en Europe n’est pas reconnu dans les pays du Maghreb. Ainsi, au Maroc, il est puni d’un mois à un an de prison en vertu des articles 490 et 493 du Code pénal. Il est assimilé à «une infraction commise par deux personnes de sexe différent et qui ont entre elles des relations sexuelles alors qu’elles ne sont pas unies par les liens du mariage ». Le Maroc, comme l’Algérie, font face également au phénomène des mariages dits “religieux” ou “coutumiers”. D’autant que, contrairement à la Tunisie, dans ces deux pays, le mariage civil n’est pas obligatoire. Le mariage “coutumier” est reconnu par la société marocaine et est basé sur le consentement des époux, de leur entourage. Seulement, depuis la promulgation de la Moudawana, les couples qui n’ont pas officialisé leur union doivent le faire dans un délai de cinq ans. En Algérie, le mariage “religieux” pose d’autant plus problème qu’il n’entraine aucune conséquence juridique. Premières victimes ? Les enfants. En 2008, l’Algérie, a enregistré plus de 4.000 demandes en reconnaissance de paternité. *** Maitre Bochra Bel Haj Hmida Ce qui n’est pas interdit est permis ! Que dit la Loi sur le concubinage ? Elle ne dit rien. Il y a un vide juridique. Et l’on veut qu’il soit maintenu. Car quand il y a un vide, ce qui n’est pas interdit est permis. Or, j’ai peur qu’il y ait la volonté de combler ce vide. Alors, si c’est pour le reconnaître et lui donner des effets juridiques, tant mieux. Mais cela ne risque pas. Il est donc important que, pour le moment, le concubinage ne soit pas considéré comme un délit et que d’une manière indirecte, il ait des conséquences juridiques. C’est-à-dire que les enfants nés d’un concubinage sont reconnus, ont droit à la pension alimentaire. Même si malheureusement, ils n’ont pas droit à l’héritage du père. Ce n’est pas un délit… Mais comment expliquer que certains couples sont arrêtés et même déférés au tribunal ? Malheureusement, je pense que c’est d’abord une volonté politique ou administrative. Il y a régulièrement des campagnes pour les bonnes mœurs qui font que des jeunes et des moins jeunes sont arrêtés pour des relations hors mariage. Alors cela dépend surtout de la conjoncture. Il y a des périodes où il y a des campagnes et je pense qu’elles se prolongent. De plus en plus, on sent que les gens sont arrêtés à cause de leur attitude. Beaucoup de gens s’en plaignent. On ne peut pas dire que toutes les personnes qui ont été interpellées ont été poursuivies. Mais il y a beaucoup d’interpellations. C’est une grande part d’intimidation. Sur quelle base juridique sont-ils arrêtés ? Le concubinage en lui-même n’est pas considéré comme un délit, mais on essaie de lui trouver le qualificatif adéquat pour le sanctionner. On utilise pour cela trois textes. Celui que l’on utilise le plus souvent est celui de la “prostitution”. Alors ça peut être n’importe quoi. Vous avez des situations où un homme paie le café… Donc on les arrête pour prostitution à partir du moment où l’on prouve l’existence d’une contrepartie. Et ceci, bien que dans notre société le fait qu’un homme offre des cadeaux à une femme fasse partie des traditions. D’ailleurs la preuve est que le mariage est basé sur le principe de la dot. Le deuxième texte utilisé est celui du mariage non légal. Il faut qu’il y ait cohabitation. Il y a un autre texte, à savoir l’adultère. Mais ce dernier ne s’applique que dans la mesure où le conjoint de la personne mariée, homme ou femme, porte plainte. A quoi s’expose un couple qui vit en union libre ? Un couple qui vit en concubinage prend des risques. Légalement c’est un droit. Car, je le répète, tout ce qui n’est pas interdit est permis. Mais concrètement, il y a un risque que les mêmes faits soient qualifiés autrement, c’est-à-dire que ce que nous appelons communément concubinage soit qualifié autrement. Seriez-vous pour un éventuel changement ? Je suis pour une loi qui mette fin d’abord au délit d’adultère. Ma position est en contradiction avec mes plaidoiries et ce que je dis au Tribunal. Deuxièmement les lois sur la prostitution doivent changer complètement pour s’adapter à ce qui se passe à l’échelle internationale. Cela veut dire que dorénavant, c’est le client qui doit être puni et non la prostituée. Car nous avons tendance dans notre pays à sanctionner la prostituée en lui infligeant une peine plus lourde que celle infligée au client. Comment faire pour amorcer un tel changement ? Il faut une nouvelle dynamique pour créer une loi. La Tunisie ne peut plus se permettre le luxe de ne pas ouvrir les débats sur toutes ces questions, un débat où toutes les positions, et notamment celles conformes aux droits humains, soient présentes. Il y a certains débats, mais il y a une voix qui manque, celle qui représente la reconnaissance des droits humains de disposer de leur corps tant qu’ils ne portent pas atteinte à l’autre.
 
(Source: “Réalités” (Hebdomadaire – Tunisie) le 26 juillet 2010)


Document: L’Express du 16 novembre 1956
La lettre de Bourguiba à ses amis français

Par L’Express, publié le 28/07/2010 à 13:03

Dans ce texte, publié le 16 novembre 1956, le leader tunisien Habib Bourguiba explique sa déception vis-à-vis de la France et de sa politique algérienne. Un document qui révèle aussi ses attentes – toujours d’actualité.

Lundi dernier a été proclamée solennellement l’admission, à l’Organisation des Nations unies, de la Tunisie indépendante. Pour nous autres Tunisiens, cet événement, qui consacre aux yeux du monde notre souveraineté, est considérable. Nous aurions voulu pouvoir nous en réjouir pleinement et associer à notre joie tous ceux qui, en France, nous ont aidés dans notre longue lutte pour accéder à l’indépendance. Or il semble que cela soit impossible et c’est pourquoi, avant de partir pour les Etats-Unis, je veux m’adresser à vous.  

C’est pour une part grâce à la France que nous sommes devenus un peuple majeur. C’est la France qui a appuyé notre demande d’admission dans la grande organisation internationale des nations du monde. Et, cependant, le premier vote de la Tunisie indépendante va être un vote hostile à la France. Il s’agit, vous le savez, de l’inscription, à l’ordre du jour de l’actuelle session à l’ONU, de la question algérienne.

Je ne m’étendrai pas longuement sur des faits désormais connus de tous.   A l’époque même où il n’était question que de l’autonomie interne de la Tunisie, c’est-à-dire à l’époque où Sa Majesté le sultan Mohammed V était encore à Madagascar et où l’insurrection algérienne était à peine commencée, j’ai été le premier à prévenir mes interlocuteurs français les plus différents des difficultés que la France allait avoir en Algérie. Je les ai adjurés de trouver rapidement une solution qui permette une évolution confiante vers une indépendance inscrite dans les faits. Certains d’entre vous ont peut-être le souvenir de mes craintes : à ce moment, on les jugeait prématurées. Pour moi, qui avais connu dans la lutte tous les leaders du nationalisme algérien, qui était persuadé de l’unité nord-africaine et de l’impossibilité de séparer, autrement que par des étapes, les pays d’Afrique du Nord, j’avais la conviction profonde que la révolution tunisienne entraînerait toutes les autres et que la France ne pouvait pas refuser ici ce qu’elle accordait là.  

Tout le monde me répondait alors par le fameux slogan : l’Algérie, c’est la France et, je peux bien le dire, ce qui me surprenait le plus, c’est que ceux qui me faisaient cette réponse étaient de bonne foi. Aujourd’hui personne ne le dit plus, au moins avec sincérité. Cette évolution, en d’autres temps, aurait pu permettre un certain optimisme. Elle aurait pu inciter les Algériens à la lutte pacifique, légale, et à l’espérance dans la sagesse du peuple français. Mais, aujourd’hui, la juste impatience des Algériens est telle, les erreurs françaises se sont tellement accumulées, qu’il est vain de prétendre régler le conflit algérien par des demi-mesures, d’ailleurs pleines d’arrière-pensées et de calculs.  

Depuis plus de dix-huit mois que je parle de l’Algérie et des problèmes qu’elle pose   , non seulement pour nos frères algériens et nos amis français, mais aussi pour la Tunisie et le Maroc, j’ai entendu, de la part des plus hautes personnalités politiques françaises, tous les arguments possibles et imaginables. Tantôt, on me disait que l’opinion française, habituée depuis plus d’un siècle à considérer l’Algérie comme partie intégrante du territoire français, ne pourrait jamais consentir à un tel abandon ; tantôt on me disait que les nationalistes algériens, plus militaires que politiques, n’étaient pas organisés comme le Néo-Destour ou n’avaient pas à leur tête une autorité morale comme Sa Majesté Mohammed V et que, par conséquent, il était difficile, sinon impossible, d’aligner sur la Tunisie et le Maroc la politique algérienne. Mais ce que je remarquais de plus frappant, dans tous ces arguments, c’est que les Français qui me les servaient prévoyaient, eux, que l’Algérie serait un jour indépendante. Ils se demandaient comment le faire accepter par leur opinion et leur Parlement : ils se demandaient comment ils pourraient s’entendre avec les chefs algériens ; mais ils savaient qu’il leur faudrait en arriver là. Des hommes d’Etat français dont le nom surprendrait l’opinion française m’ont tenu ce langage : ils sont loin d’être tous à gauche ; ils n’ont pas la réputation d’être anticolonialistes. En un sens, c’était assez réconfortant.  

En fait, il s’agissait de questions formelles, de détails somme toute secondaires et qui concernaient la manière de ne pas porter atteinte à la conception que se font certains du prestige français.  

Aussi, je me suis dit que la façon la plus certaine d’aider alors nos frères algériens,   c’était de faire de la Tunisie une expérience test, un pays pilote, un précédent éclatant enfin, qui permettrait de laisser la France trouver seule – et à la lumière de l’exemple tunisien – les voies les plus rapides d’une solution algérienne.  

Faire de la Tunisie une expérience test, un pays pilote, un précédent éclatant

J’ai eu raison de le penser puisqu’il est public aujourd’hui que des émissaires de M. Guy Mollet ont rencontré au Caire, à Brioni et à Rome les leaders du Front de libération nationale. Mais, pendant ce temps-là, la France continuerait à faire la guerre en Algérie, une guerre qui raidissait nos frères algériens, réveillait en France des instincts impérialistes et donnait à certains militaires des rêves de reconquête de la Tunisie et du Maroc. L’impasse ne devait pas tarder à apparaître. On ne peut pas faire en Afrique du Nord deux politiques contradictoires. Au lieu d’étendre la paix dans tous les Maghreb, la France, peu à peu, a étendu le conflit et a tué la confiance qui pouvait donner un contenu à l’interdépendance franco-tunisienne. Les événements allèrent de mal en pis, mais cependant nous nous raccrochions malgré tout à certaines espérances, justifiées par des confidences de hauts fonctionnaires français, d’un règlement du problème nord-africain.  

Ces espérances ne se réalisant pas, la France ne trouvant pas d’autre solution que la guerre en Algérie   , nous avons alors décidé de profiter de la conférence de Tunis et du voyage du sultan Mohammed V dans notre pays pour rechercher avec nos camarades algériens les conditions du rétablissement de la paix, et de la refonte de l’ensemble des relations franco-nord-africaines. Sur de nouvelles bases.  

Nous en avions assez que l’on nous réponde chaque fois que les chefs du FLN étaient divisés, sans maturité politique et sans réalisme. Nous voulions l’éprouver nous-mêmes, et être à même de dire à la France : voici le terrain préparé pour une solution franco-nord-africaine qui garantit les intérêts de la France comme ceux de l’importante minorité européenne d’Algérie. La suite, vous la connaissez, c’est le rapt de Ben Bella et de ses compagnons : un petit exploit policier et une grande faute politique. On a assez vanté en France même le bourguibisme pour que je puisse vous dire que la France n’a pas été très bourguibiste dans cette affaire : elle a remplacé l’esprit de compromis par le recours à la force, c’est-à-dire le tout ou rien. Au lieu d’être présente à Tunis, elle a suscité contre elle une unité vindicative.  

En tout cas, par cet acte, les Français donnaient la preuve que ce qu’ils désiraient n’était ni convaincre leur propre opinion publique, ni avoir affaire à des partenaires sincères qui leur facilitent une solution, mais bien continuer à faire en sorte que l’Algérie reste la France. Or, d’une part, cela n’est pas possible ; d’autre part, nous ne l’accepterons pas. Il n’y aura pas d’interdépendance véritable franco-tunisienne si l’on ressuscite le vieux slogan de l’Algérie française. Les Algériens se battront et les Tunisiens ne pourront pas ne pas les aider de leur mieux.

Il y a une autre question qui empoisonne l’opinion publique française à l’heure actuelle   : on agite devant elle, et pour l’exciter, les spectres du panarabisme et du panislamisme. Tout ce que je puis dire sur l’expédition d’Egypte [le raid franco-britannique du 31 octobre 1956 sur Suez] est qu’elle n’est pas faite pour diminuer la force de ces courants qui inspirent à l’Europe une peur et une répulsion si grandes. Je n’entends pas discuter des bienfaits du panarabisme et du panislamisme, mais quelque rétrogrades que ces deux mouvements puissent paraître aux ignorants, je leur demande de réfléchir sur les événements de Hongrie [le soulèvement de Budapest contre les Soviétiques en octobre 1956] et de convenir que remplacer le panarabisme par l’impérialisme soviétique, c’est jouer avec un feu qui tôt ou tard les dévorera tous.  

Le plus clair résultat de cette campagne d’Egypte – imaginée pour faire s’effondrer l’arabisme – a été de renforcer dans le Proche-Orient l’influence de la Russie communiste, dont l’intervention passe, là-bas au moins, pour avoir stoppé la coalition franco-anglaise.  

J’ai dit ailleurs ce que je pensais des vrais motifs de l’intervention soviétique. Mais on ne peut pas demander aux Egyptiens de choisir leurs défenseurs.  

Le vote de la Tunisie indépendante sera donc hostile à la France  , mais on se tromperait lourdement en croyant que cette hostilité sera par nous manifestée avec gaieté de coeur. Pour ma part, j’aurais bien voulu que la vocation tunisienne de trait d’union entre l’Occident et l’Orient soit symbolisée par un premier vote du nouvel Etat tunisien souverain et indépendant en faveur de la France. Puisque cela est impossible, je ne veux pas – ce serait la première fois de ma vie – désespérer de la sagesse du peuple comme du gouvernement français. Le jour viendra peut-être, si le gouvernement de la République française s’y prend à temps, où les défenseurs de la vraie civilisation française dans les instances internationales seront les chefs de la confédération franco-nord-africaine.

(Source: lexpress.fr le 28 juillet 2010)

Lien: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/la-lettre-de-bourguiba-a-ses-amis-francais_909003.html


Démocratie et le Grand Turc


Prof. Taoufik BAHROUCH      Il est de retour sur la scène arabe, de manière spectaculaire, et avec panache, dans des conditions tragiques certes, mais par là où les arabes ont failli, la question palestinienne. Il en est même arrivé à verser le sang de ses fils, une fois de plus, une fois de trop, pour une cause qui le dépasse et dont il a été la première victime, il y a un siècle. En reprenant la défense des Palestiniens placés sous un embargo sévère, il ne fait que perpétuer une tradition multiséculaire de protection des Arabes, parfois à leur insu, toujours à son préjudice. Bien que la Nation Arabe se soit constituée à ses dépens, il semble oublier ses démêlés avec ses précurseurs. Il s’agit du Grand Turc.      Les Arabes eurent recours au service des mercenaires turcs depuis la fin du Moyen Age. Ils ont toujours été des guerriers redoutables, et des patriotes ombrageux, bien avant leur entrée sur la scène musulmane ; ils possédaient le génie des armes. Ses représentants étaient prépondérants dans les forces armées fatimides en Egypte. Les Turcs seljoukides (XIe-XIIIe siècles) entreprirent de protéger les populations musulmanes du joug des non musulmans, avant de conquérir l’Anatolie. Salah ed-Din était d’origine turque. Son nom devint inséparable de la victoire finale des Musulmans sur les Croisés. Les Turcs Ottomans s’emparèrent de Constantinople en 1453 au nom de l’Islam. Ce faisant certains d’entre eux vinrent offrir leurs services en leur qualité de mercenaires à des dynasties régionales en pleine crise, comme celles des Zeyanides de Tlemcen et des Hafsides de Tunis. Ils surent mettre la course à contribution, cette guerre supplétive, au grand dam de l’Occident chrétien, pour protéger le Maghreb central et oriental de ses entreprises hégémoniques, les Portugais sur les rives atlantiques et les Espagnols sur les rives méditerranéennes. Ils furent accusés de terrorisme et combattus comme tels au nom des droits du genre humain, bafoués par leurs avanies : le syndrome des Moujahidine en somme. Khayreddine Barberousse en était une figure de proue comme grand marin et grand capitaine. Il repose aujourd’hui avec sa légende sur un monticule de la rive européen du Bosphore que sa belle sépulture de marbre surplombe. Ils sauvèrent Alger et Tripoli de l’occupation espagnole et mirent un terme au protectorat que Charles Quint avait établi sur Tunis de 1535 à 1575 suite à l’appel qui lui avait été fait par Moulay al-Hasen. Les faits d’armes accomplis par les écumeurs ottomans des mers dans nos parages sont légendaires. Une colonisation restreinte aux zones côtières était déjà en place sous l’égide des rois d’Espagne, quand le Maghreb revint dans le giron politique musulman par le fait des Turcs d’Istanbul. Des héros comme Arouj Raïs et Dragut Raïs moururent sur le front nord africain, pour arracher le Maghreb à la domination chrétienne, pour longtemps heureusement, du XVIe au XIXe siècle. Des milices turques, que ce fût à Alger, Tunis, Tripoli, le Caire, la Mecque (qu’une base américaine protège aujourd’hui au Hedjaz), Jérusalem, Damas et Bagdad, veillèrent sur la sécurité territoriale du monde de langue arabe. D’où l’idée selon laquelle les Arabes payent l’impôt et sont de ce fait exonérés de l’impôt du sang, et le Turcs perçoivent une solde, moyennant quoi ils ont pour mission de protéger les Arabes contre leurs ennemis de l’extérieur, en versant le leur en lieu et place. Ils en sont arrivés à constituer un organe de défense des autorités constituées et une force de coercition à l’encontre de toute velléité de dissidence intérieure.     Mais l’Homme malade aidant, le mouvement des nationalités issu des idéaux de la Révolution française gagna les élites arabes qui revendiquèrent à leur tour leur indépendance de la Sublime Porte, dûment stylées au préalable par des incitateurs européens, mais diversement selon qu’il s’agît du Maghreb ou du Machrek. Alger fut accusé de se livrer au terrorisme d’Etat, sous le prétexte duquel il fut conquis en 1830. C’est sous prétexte de libérer l’Egypte du joug Ottoman et de l’inviter à la table de la civilisation que Bonaparte, traversant une période de passage à vide, conquit le pays comme pour se distraire de son infortune passagère (1797). L’élan qu’il donna quand même à la renaissance égyptienne fut enrayé par la Grande Bretagne dès 1838, en attendant que celle-ci s’emparât du pays en 1882. Tripoli redevint en 1835 une province ottomane replacée sous administrée directe, en attendant qu’elle fût annexée par l’Italie en 1911. Tunis passa sous un régime de protectorat diplomatique français, en attendant son occupation, programmée depuis le XVIIe siècle, et se réalise enfin en 1881. Amputée en Europe, mutilée en Afrique, la Porte tenait bon dans ses ultimes positions arabes d’Asie, mais pour un temps seulement.     De la grande Syrie, émergea un puissant mouvement anti-ottoman qui réclamait l’indépendance, même s’il fallait pactiser avec le Diable. Le Chérif de la Mecque, un descendant du Prophète, ne fut pas de reste. Un certain anglais du nom de Blunt découvrit chez certains Oulémas d’Al-Azhar le rêve de créer un califat arabe. Il leur emboîta le pas. Ce fut la brèche idéologique par laquelle le complexe militaro diplomatique britannique travailla les élites arabes contre les Turcs. Au Liban et en Syrie, ce furent des élites placées sous influence franco-américaine, qui réclamèrent leur indépendance. La révolte arabe éclata en 1916, alors que la Turquie était en pleine guerre. Les arabes du Hedjaz se rangèrent comme un seul homme derrière un homosexuel, aussi notoire qu’ambigu, Lawrence d’Arabie, qui ne se fit pas faute d’écrire à leur propos le plus grand mal dans ses Sept piliers de la Sagesse. Un drôle de libérateur ! La guerre arabo turque se solda curieusement par une victoire franco-britannique sur les deux camps. Ce fut la duperie du siècle. Son programme était simple : opposer les Arabes aux Turcs, mettre le grappin sur les Arabes, les doter d’une mosaïque de principautés autonomes, mais rivales entre elles pour qu’elles se neutralisent, et faire en sorte que la discorde les divise à jamais. Un programme qui n’a pas vieilli d’une ride.  Les fils du Chérif Hussein, présents à Paris, lors des négociations de Paix, durent consentir, en bons descendants du Prophète, à la Déclaration Balfour (1917), en échange de quoi ils obtinrent la promesse que fût créé en leur faveur un grand royaume arabe entre Damas et Bagdad. La propagande arabe dénonça depuis la dite Déclaration sans jamais mettre en cause la partie arabe coupable d’y avoir souscrit et de l’avoir paraphée. Ce fut la trahison du siècle et leurs armées leur feront payer ce marché de dupes, dès lors que le pot au rose fut découvert. On connaît le prix de ce troc : la reconnaissance officielle de la création d’un foyer juif en Palestine, sous les auspices des nations victorieuses, et l’octroi en contre partie d’un royaume arabe sous tutelle franco-britannique, d’où Sykes-Picot. Le royaume arabe a disparu, il n’en est resté qu’un avatar : la Jordanie. Alors que le sultan Abdulhamid avait décliné obstinément l’offre de création d’un foyer juif. On le fit passer pour un Calife sanguinaire, d’où la légende de sultan rouge qui lui colla à la peau.     Face à une telle défection, si coupable (se débarrasser de la tutelle turque pour tomber sous le joug franco-anglais et souscrire à la création d’un foyer juif en Palestine), le ressentiment turc fut profond.  Mustapha Kemal tourna la page du passé et boudant le Arabes, il s’employa à bâtir la nouvelle nation turque quelque part contre eux : il abolit d’abord le sultanat (1922), puis le Califat (1924) et mit en avant la nation Touranienne par dépit. La patrie occupée, le peuple turc se lança seul et contre tous dans une véritable guerre d’Indépendance qui dura de 1919 à 1923 et qui fut couronnée d’un succès éclatant. Il remporta victoire sur victoire sur ses multiples agresseurs européens. Il échafauda une patrie nouvelle, à la mesure du rêve de ses élites, en versant son sang, et non pas celui des autres, et sans jamais appeler à l’aide étrangère comme les Arabes ont eu tendance à le faire.      Echaudés par l’attitude des Arabes à leur endroit, les Turcs se replièrent sur leur pré rectangulaire d’Anatolie et de Roumélie et ravirent même Alexandrette, que la Syrie ne revendique plus curieusement aujourd’hui. Signe de leur aversion de tout ce qui flaire l’arabe, ils retirèrent de leur lexique ottoman un nombre considérable de mots arabes et les remplacèrent par un vocabulaire turc méthodiquement créé à cet effet, alors que les académies arabes s’assoupissaient sur leur langue. Mais leur fidélité à l’Islam resta à toute épreuve, malgré la laïcité à propos de laquelle Bourguiba a cru un jour émettre des réserves, au lendemain de son discours de Ariha. Ce fut le seul pays de la région, avec Israël s’agissant de l’hébreu, dont l’amour de la patrie se traduisit par la création d’un corpus linguistique nouveau (le Günesh dil) et l’adoption des caractères latins à la place des caractères arabes (1938). On ne peut mieux exprimer le désir de rupture avec les Arabes. Alors que certains Arabes maltraitent leur langue. Le contingent turc s’offrit le luxe de montrer sa supériorité militaire lors de la guerre de Corée. Volonté de puissance d’un côté et volonté d’abandon de l’autre. Manichéen diront tous ceux qui se sont assis sur des certitudes surannées et ataviques. Et ne poussons pas la casuistique jusqu’à distinguer entre les dirigeants et les peuples, c’est un tout.       Il fallut le reflux prévisible de l’idéologie kémaliste, patinée par le temps, et l’instauration d’une démocratie religieuse qui se veut moderne, si sous surveillance militaire qu’elle fût, pour qu’émergeât un régime à caractère islamique qui m’agrée, à la fois fidèle à ses fondamentaux, et moderne dans ses manifestations, pour être dans l’air du temps. D’un côté des nations issues du dépècement de l’Empire ottoman, restées provinciales dans leur calibrage, provinciales dans leur désir d’avenir, provinciales dans leurs ambitions, provinciales dans leur identité, dépourvues de grandeur de vue, à la traîne de l’histoire, se regardant le nombril, et vivant au crochet des autres d’une manière ou d’une autre. Un géopoliticien de l’affect les a rangées dans la catégorie des populations humiliées. Et de l’autre, deux nations voisines, impériales et saillantes par contraste, telles la Turquie et l’Iran, supérieures par la qualité de leur positionnement international et de leur volonté de puissance qui les anime. L’opération de séduction qu’ils entreprennent à l’endroit des peuples arabes est exemplaire. Ils obtinrent au plan symbolique ce que la vingtaine de régimes arabes étaient incapables de faire, à force de discours creux. Le reste n’est que de l’ordre de la comparaison.      Notre arabité nous étouffe dans sa formulation officielle actuelle, voire nous déshonore du fait de nos dirigeants. La Nahdha a échoué parce que les arabes n’y ont pas consenti le prix scientifique, hors du domaine littéraire. Le Islah religieux s’est perverti parce que obtus et formaliste, à des années lumières des sciences en marche et des arts. L’arabisme s’est achevé en queue de poisson dans les dunes du Sinaï, n’ayant pas été étayé par une véritable quête scientifique et une assise matérielle solide. Nous avons trop compté sur l’étranger, s’agissant de nos choses vitales. L’idéologie du développement est dans l’impasse parce que les élites du savoir ne se sont pas transformées en savants qui créent, qui multiplient les brevets d’invention et qui font bouger les lignes du savoir technologique arabe. Leur excuse est que leur environnement ne les prédispose pas au dépassement, en l’absence d’une volonté politique ferme. On ne peut pas adresser ce reproche aux Iraniens dont les ingénieurs n’ont pas leurs pareils dans le monde arabe. L’axe turco iranien est un axe de coopération scientifique surtout, s’il persiste. Déjà les Turcs prévoient la construction de leur premier avion pour 2014, alors que le Iraniens volent avec les leurs, de leurs propres ailes pour ainsi dire. Les arabes en sont encore aux cartouches, et les plus avancés, aux armes à feu à main, aux voitures militaires et à certains blindés au design désuet. Les Iraniens construisent de grandes fusées et de longue portée, les Palestiniens en font de petites et de courte portée. Le reste des arabes les achète, contre monnaie sonnante et trébuchante.      Quel pays arabe tente au aujourd’hui de concilier, comme la Turquie est en train de le faire, la nature démocratique du régime, les principes fondateurs de la République et les fondamentaux de l’Islam. Certains pensent que la laïcité à la turque est en régression en cette phase de réajustement politique. Ses dirigeants donnent à nouveau l’exemple comme au temps des Tanzimat. Le parti au pouvoir revendique une démocratie musulmane comme d’autres se disent des démocrates chrétiens. Où est le mal ? Il est à la recherche d’une voie médiane entre l’Islam et la démocratie : c’est le propre de l’Ijtihad. La continuité historique exige de renouer avec l’Ottomanisme, ce qui en train de se faire. Le cinéma s’en est saisi. Il est des moments où on ne peut bâtir en rupture avec l’héritage. Il importe pour se sentir le propre auteur de son histoire en marche de tisser des liens de langue, de foi et d’héritage avec la modernité participative, celle de la création créative et de l’invention inventive, celle en vertu de laquelle ce qui est compte vraiment. L’erreur des régimes arabes et de récuser leurs peuples ; ils ne se sont pas en train de se douter qu’ils les empêchent de se constituer en nations pleines et entières. La modernité qu’ils leur servent est une alternative de pacotille.      Face aux carences des régimes arabes, Gaza sera-t-elle la porte d’entrée de la Turquie dans la nouvelle question d’Orient ? Exodus a changé de camp, grâce à la flottille de la liberté : trouvaille géniale. Les descendants de Juifs passés par les fours crématoires sont en train d’étouffer à petit feu leurs cousins du sud en les plaçant dans un shoah à ciel ouvert, dans un four palestinien, et comme pour paraître comme indulgents, à la manière des nazis. Lorsque la victime se transforme en bourreau, il faut convoquer Sophocle pour en parler.      Mais voilà qu’Erdogan est un homme d’Etat turc qui a vocation à servir les intérêts supérieurs de son pays. Les imbrications turco israéliennes ne sont pas anodines. Pourtant, s’il court le risque de défendre ouvertement les Palestiniens de Gaza, c’est comme pour faire diversion et se doter d’une carte maîtresse pour jouer à armes égales avec les Israéliens dans le Kurdistan. N’ont-t-ils pas été les instigateurs des troubles que les Kurdes fomentent en Turquie, en Syrie, en Irak naguère, et en Iran. Deux causes qui relèvent des droits de l’homme. Deux causes qui suscitent une égale indignation. Après les discours de protestations tenus à chaud, on semble garder raison, de part et d’autre. Les dessous des cartes apparaîtront bientôt. Attendons pour voir.       Pour le moment l’opinion arabe est gagnée à la cause turque et cela ne fait qu’accentuer le phénomène de rejet indolent dont pâtit le régime officiel arabe. Avez-vous remarqué que parmi les drapeaux hissés, il n’y a presque pas de drapeaux appartenant aux pays arabes. L’élimination est grosse de sens. Une fois de plus la question palestinienne n’échappe pas aux spéculations internationales. Pour l’instant, certains arabes sont indignés d’avoir été renvoyés à leurs structures tribales, qui les travaillent et structurent leurs identités politiques. Venant d’un musulman éclairé, c’est accablant. Et jusqu’à plus ample informé, la nation arabe est la meilleure qui soit, « tribalement » parlant.   Prof. Taoufik BACHROUCH  
(Source:”Mouwatinoun” Organe du FDTL nr 134 juillet 2010)

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