28 octobre 2009

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TUNISNEWS

9 ème année,N° 3445 du 28.10.2009

 archives : www.tunisnews.net  


Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie MC: Guerre de tranchées entre pro et anti Ben Ali Adrianus Koetsenruijter: Reponse à Mme Flautre Hélène Flautre:  Message  au représentant des états membres en charge des droits de l’homme au conseil  de l’Europe Xinhua: La Tunisie réfute les déclarations américaines sur ses élections présidentielles et législatives Moncef Marzouki: A Tunis comme ailleurs, il faut en finir avec les démocraties frelatées LEXPRESS: Ben Ali ou la récup islamiste Dijonscope: Tunisie : Ben Ali, un mal nécessaire ?

Le Soir: Ben Ali sous les 90% mais ce n’est pas grave

Lutte Ouvrière: Tunisie : Ben Ali réélu, quelle surprise ! L´Humanité: Le potentat tunisien prend sa relève Taoufik Ben Brik: « Ben Ali veut ce pays et ma tête » Sami Ben Gharbia: Tunisia: Prominent Activist Arrested For Environmental Video Report Published Online


 

Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies

Liberté pour tous les prisonniers politiques

Liberté et Equité

33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis

Tel/Fax : 71 340 860

Liberte.equite@gmail.com

Tunis, le 27 octobre 2009

 

 Nouvelles des libertés en Tunisie

 

1)      Arrestation, agression et menaces contre  l’étudiant Wissem Othman

Des agents de la police politique ont arrêté à quatre heures et demie de l’après midi du dimanche 25 octobre, soit le jour des élections, Wissem Othman, étudiant en troisième cycle de droit et l’ont conduit dans une brigade de la Sûreté rue de Palestine près de l’ambassade du Canada à Tunis où ils l’ont soumis à un interrogatoire sur son adhésion à la pensée salafiste, puis ils l’ont agressé verbalement, l’ont menacé de le déshabiller et de le suspendre. L’enquête s’est ensuite détournée sur ses rapports avec le PDP et l’organisation Liberté et Equité. Il n’a été relâché qu’à huit heures et demi du soir.

Wissem Othman a fait l’objet de harcèlement dans le passé, notamment irruption de la police politique à son domicile, arrestation, enquête et saisie de  livres religieux.

2)      Zouhaïer Makhlouf, militant des droits de l’homme toujours incarcéré, poursuit sa grève de la faim

Zouhaïer Makhlouf, journaliste et militant des droits de l’homme, est emprisonné pour le neuvième jour d’affilée en raison de son activité militante et journalistique qui lui a fait couvrir les atteintes aux droits dont sont victimes les citoyens. Il poursuit sa grève de la faim illimitée qu’il a commencée il y a huit jours pour exiger sa libération.

3)      L’épouse de Zouhaïer Makhlouf accepte de suspendre sa grève

Madame Oum Yahya, Majda Mouaddeb, a décidé lundi 26 octobre 2009 de répondre favorablement à l’appel lancé par Liberté et Equité et les comités de soutien qui s’étaient constitués en solidarité avec Zouhaïer Makhlouf pour exiger sa libération. Le siège du domicile se poursuit tout comme  l’interdiction faite aux militants des droits de l’homme de rendre visite à sa famille pour lui témoigner solidarité et assistance.

[…]

Pour le bureau exécutif de l’Organisation

Le Président

Maître Mohammed Nouri

(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe ,LT)


 

MAGHREB CONFIDENTIEL, N°898 – Paris, le 22/10/2009     TUNISIE 
Guerre de tranchées entre pro et anti Ben Ali
 
Si au Palais de Carthage, on a déjà sorti les lampions et le thé au pignon pour fêter, le 25 octobre, le cinquième mandat présidentiel de Zine el-Abidine Ben Ali, Paris s’est transformé ces derniers jours en véritable champ de bataille électoral… Opposants et tenants du régime s’étaient donné rendez-vous le 10 octobre à Sciences-Po Paris, à l’initiative de Sciences-Po Monde Arabe (SPMA), association étudiante fondée par Sélim Ben Hassan(petit-neveu par alliance de l’ex-président Habib Bourguiba), modérateur du débat. Les « voix off » du Palais de Carthage ont défilé : Mezri Haddad, ex-opposant devenu soutien du régime, l’avocat Chedly Ben Younès.. SPMA a par contre refusé l’intervention de Borhane Bsaies(Assabah). L’unique personnalité officielle du RCD annoncée, Ridha Mellouli, élu de la Chambre des conseillers, n’a pas pris la parole et le député Habib Aouida l’a remplacé au pied levé. L’opposition était, elle, représentée par Ahmed Néjib Chebbi, du PDP et Mustapha Ben Jaâfar du FDTL (tous deux « disqualifiés » de la présidentielle), et Mohamed Taiebémissaire d’Ahmed Brahim, SG d’Ettajdid (toujours en lice). Moncef Marzouki (Congrés pour la République) et Sihem Ben Sédrine (voir ci-contre) étaient également présents.. Mais c’est l’interview vidéo du bloggeur-caricaturiste Z qui a gagné à l’applaudimètre ! Le 16 octobre, l’opposition (dont le parti islamiste interdit Ennadha, représenté par Raouf Ayadi) est remontée au front, au 177, rue de Charonne, à l’initiative de la Commission arabe des droits humains. La manifestation a été un peu perturbée par la prise de parole pro-pouvoir de Sahbi Smara et Khaoula Ferchichi… Les supporters du RCD ont eux aussi enclenché leur offensive de charme. Le ministre de la Justice Bechir Tekkari devait enregistrer le 21 une interview sur France 24.Hédi Mechri, directeur deL’Economiste Maghrébin et membre du comité de campagne du candidat Ben Ali, est lui aussi à Paris en ce moment. Le lobbyiste parisien Lyès Ben Chedli, a rendu public son « vibrant hommage » au président. Et sur les kiosques ont fleuri des portraits officiels d’un Ben Ali à son avantage, en particulier à la une d’Afrique Asie. Arabies s’interroge sur « les raisons d’un plébiscite« , Afrique Magazine a recueilli l’interview « exclusive » du chef de l’Etat, et Partenariat Europe-Maghreb de Hugues Wagner titre sur « La Tunisie, un pays qui s’en sort bien ». Comment dire mieux…
 

 Coups bas au CAPE   Drôle d’ambiance au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), le 15 octobre. Conviée pour écouter « trois jeunes journalistes » livrer un « diagnostic sans complaisance » sur la société civile tunisienne, la presse a assisté à une attaque en règle contre Sihem Ben Sédrine. La militante des droits de l’homme était cette fois visée en tant que dirigeante de Radio Kalima (qui émet depuis l’Italie), dont le siège à Tunis a été fermé par les autorités en janvier. Les trois ex-journalistes de Kalima (Sahbi Smara, Khaoula Ferchichi et Dhafer Otay) ont accusé leur ancienne patronne de « faire commerce des droits de l’homme contre une poignée de dollars » venus de l’étranger.   L’organisateur de l’événement était Louis Keumayou, directeur de l’Association de la presse panafricaine. Interrogé par Maghreb Confidentiel, ce dernier concède que ces accusations lui paraissaient « assez lourdes », sans s’exprimer sur le fond. Dans l’assistance : Majed Nehme, (Afrique Asie) ; Hugues Wagner (Partenariat Europe Maghreb) ; Gabriel Kabla, membre du RCD, le parti de Ben Ali ; des journalistes du Renouveau (l’organe du RCD) et de la télévision d’Etat Tunis 7.   

TUNISIE :

Florence Beaugé

La journaliste du Monde , envoyée spéciale en Tunisie pour couvrir l’élection présidentielle du 25 octobre, est persona non grata dans ce pays. Arrivée le 20, les autorités l’ont refoulée le 21. Hasard du calendrier, au même moment les rédactions recevaient Tunisie Plus, le trimestriel de Hosni Djemmali, où l’on découvrait les photos du grand dîner organisé en juin par les Echanges Franco-Tunisiens (Georges Fenech) à l’occasion de la sortie du dernier livre d’Eric Fottorino, le directeur du Monde.


 

De : KOETSENRUIJTER Adrianus (RELEX-TUNIS) [mailto:Adrianus.KOETSENRUIJTER@ec.europa.eu] Envoyé : lundi 26 octobre 2009 19:26 À : FLAUTRE Helene (EP) Cc : hflautre@nordnet.fr

Objet : RE: Accentuation de la répression en Tunisie

 
  Chère Mme Flautre,   Merci de votre intérêt continu pour la Tunisie.   Nous suivons toujours les défenseurs de DH et nous essayons de les offrir une certaine protection.   Mme Nassraoui était encore chez nous la semaine dernière après son interdiction de voyager. Mme Bensedrine aussi a participé dans notre réunion sur les élections.   Leurs opinions sont connues ici et au Sièges des institutions européennes.   Nous allons voir M Ben Brick encore cette semaine.   Vous connaissez bien le contexte et les possibilités de notre relation avec le pays.   Dans le mesure du possible nous essayons d’éviter au moins les harcèlements des défenseurs de DH et de garantir un maximum de liberté de leurs mouvements et expressions. Il est vrai que nous n’y réussissons pas à notre satisfaction,  mais nous restons vigilants, actifs et avec l’espoir de pouvoir contribuer à une plus grande ouverture et une expression  et les possibilités d’association libre dans le pays. Tres cordialement,   Adrianus Koetsenruijter Chef de Délégation


 Message  au représentant des états membres en charge des droits de l’homme au conseil  de l’Europe

 
Dear colleagues,   I would like to draw your attention on the increasing repression going on in Tunisia. Last week, Ms Sihem Bensedrine has been violently aggressed and Ms Radhia Nassraoui has been prohibited to leave Tunisia (following her invitation by MEPs to a conference in Strasbourg).   This week, M. Zouhair Makhlouf has been arbitrarily detained and M. Taoufik Ben Brik is permanently harassed.    I would be very grateful if you could request from your Embassies in Tunisia to meet with human rights defenders as requested by the EU human rights defenders guidelines.   The situation in the country is really worsening and I am very concerned. I am sorry to insist but in my opinion, it is of utmost importance to react and to make a full use of our human rights instruments for the EU credibility.   I would appreciate any action MS Embassies / Council / Presidency could take in this respect.   Thank you very much in advance. Best regards,   Hélène Flautre  


 La Tunisie réfute les déclarations américaines sur ses élections présidentielles et législatives

Publié le 2009-10-28 20:50:24 | French. News. CnTaille du texte TUNIS, 28 octobre (Xinhua) — Les autorités tunisiennes ont réfuté la déclaration d’un porte-parole du département d’Etat américain, le 26 octobre 2009, au sujet des résultats des élections présidentielle et législatives en Tunisie. Dans un communiqué rapporté dans la nuit de mardi à mercredi par l’agence de presse officielle tunisienne (TAP), une source autorisée du ministère des AE a précisé que « contrairement aux propos selon lesquels le gouvernement tunisien n’a autorisé aucun observateur indépendant à suivre les élections, la Tunisie affirme que cette importante échéance électorale a été suivie par 31 personnalités indépendantes et crédibles dont notamment des ministres, des parlementaires, d’anciens ambassadeurs et des représentants de la société civile ». Ces observateurs, ajoute la même source, appartiennent à 23 Etats dont notamment la France, l’Italie, l’Autriche, le Royaume- Uni, le Portugal, Malte, la Russie, le Japon, la Turquie, le Maroc, l’Algérie et l’Egypte, en plus d’une délégation de la commission de l’Union Africaine (UA). Selon la même source, ces personnalités, ainsi que les membres de l’observatoire national des élections, composé, lui aussi, de personnalités tunisiennes indépendantes et neutres, et les représentants des différents partis politiques candidats aux élections, « ont suivi les différentes étapes de l’opération électorale qui se sont déroulées dans un climat de liberté et de transparence et pour lesquelles toutes les conditions favorables ont été réunies ». Lundi, l’administration américaine a fait part de sa préoccupation quant à l’équité des élections présidentielle et législatives en Tunisie. « Le gouvernement tunisien n’a pas autorisé une surveillance internationale de l’élection, à notre connaissance, aucune autorisation n’a été accordée à aucun observateur international crédible », a déclaré le porte-parole du département d’Etat Ian Kelly. Toutefois, le porte-parole du département d’Etat Ian Kelly a précisé que Washington est prêt à travailler avec les autorités tunisiennes Cette précision a été saluée par la même source tunisienne, qui a souligné que la Tunisie apprécie l’intérêt porté par les Etats-Unis d’Amérique au renforcement des relations d’amitié et de coopération avec la Tunisie. Rappelons que le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a été réélu avec un score écrasant, pour un cinquième mandat lors des élections présidentielles du 25 octobre 2009 en Tunisie, tandis que son parti le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), a conservé sa très large majorité avec 75% des suffrages aux législative


 
  

Point de vue

 A Tunis comme ailleurs, il faut en finir avec les démocraties frelatées

 par Moncef Marzouki
 
LE MONDE | 28.10.09 | 13h56

 

Il existe aujourd’hui de par le monde de vraies dictatures, de vraies démocraties, et en Afrique, dans les républiques d’Asie centrale et dans le monde arabe, des démocraties frelatées. Hommage du vice à la vertu puisque reconnaissant implicitement la supériorité de la démocratie et essayant d’en utiliser les rouages, elles n’en demeurent pas moins des dictatures déguisées en démocraties comme le loup de la fable en paisible grand-mère.  

 

De toutes ces démocraties frelatées, la Tunisie est certainement la plus sophistiquée. Le régime se targue, tout en torturant tous azimuts depuis vingt ans, d’avoir signé toutes les conventions internationales sur les droits de l’homme. Il réprime avec une violence méthodique toutes les libertés individuelles et publiques, mais n’en organise pas moins régulièrement des parodies d’élections avec des faux partis d’opposition créés de toutes pièces. Le dimanche 25 octobre, il a commis un énième simulacre d’élections présidentielle et législatives dont la mission est de jeter comme d’habitude un voile de légalité démocratique sur des nominations décidées d’avance : celle du dictateur comme président à perpétuité et celles de « représentants du peuple » minutieusement choisis pour leur docilité dans le giron du parti du pouvoir et de ses satellites. Les plus habiles faussaires ne peuvent abuser indéfiniment leur monde. Aujourd’hui le roi est nu et le régime tunisien apparaît sous son vrai jour, à savoir une dictature policière à forte connotation mafieuse. Que cette élection soit une insulte à l’intelligence et à la dignité des Tunisiens, que les opposants hurlent à la farce électorale, peu importe au dictateur. Seul le résultat compte, et il est en sa faveur. Toutes les stratégies mises en place par l’opposition démocratique ont échoué. La participation, pour le principe, et la protestation symbolique, prônée par certains politiciens, font le jeu du pouvoir et n’apportent à ses partisans qu’un peu de publicité personnelle le temps d’une bulle médiatique. Le boycottage passif La dictature sait choisir ses « opposants » et laisser les autres s’égosiller en vaines et futiles complaintes de la victime. L’appel au boycottage s’avère tout aussi inefficace. De façon spontanée, la population déserte massivement les urnes, mais prend garde à ne pas descendre dans la rue, sachant qu’elle n’a aucune chance devant les hordes policières prêtes à tirer dans le tas. Or, du moment que le boycottage est passif, le pouvoir n’en a cure puisqu’il peut gonfler tout autant le taux de participation que le score du président chronique. Dès lors, la question est : que faire pour empêcher des faussaires patentés de commettre un forfait au vu et au su de tous, à commencer par les grands pays démocratiques ? Il y a, certes, la nécessité de la mobilisation interne et le passage de la résistance civile passive à une résistance pacifique mais active. Elle relèvera toujours de la responsabilité des Tunisiens et d’eux seuls. La liberté, cela se mérite. Reste la part qui leur échappe, à savoir la dimension internationale. Aujourd’hui, toutes les dictatures arabes, et la tunisienne en particulier, sont des protectorats occidentaux de facto. Quel ironique paradoxe de voir les vertueuses démocraties occidentales soutenir nos dictateurs, le mot d’ordre semblant être : si notre liberté est au prix de « leur » servitude, ainsi soit-il. Nos dictateurs arabes ont acheté l’appui de l’Occident démocratique en se faisant les dociles supplétifs du contrôle du danger islamiste et de l’émigration clandestine, sans oublier les gros marchés et les petites corruptions. Pour nous, démocrates tunisiens et arabes, les choses sont claires. Nos dictateurs ont les Etats pour alliés, nous avons les sociétés civiles à nos côtés. Que peuvent-elles et que doivent-elles faire pour nous aider à acquérir notre seconde indépendance et une vraie stabilité dans la région ? Elles doivent poser un certain nombre de questions et exiger de leurs dirigeants des réponses claires. Comment peut-on être pour la démocratie chez soi et pour la dictature chez les voisins de palier ? Les dictateurs corrompus et honnis par leurs peuples sont-ils les pompiers ou les pyromanes des incendies allumés sur la rive sud ? A long terme, qu’est-ce qui est plus rentable pour l’Occident : avoir en face des régimes démocratiques, même avec une composante islamiste, ou des oligarchies militaires et policières corrompues et violentes en guerre civile déclarée ou larvée avec leurs peuples ? Mais surtout, une vraie démocratie peut-elle porter à bout de bras une démocratie frelatée ? Mandela disait qu’un homme ou un peuple n’est jamais aussi libre que quand il se bat pour la liberté d’un autre homme ou d’un autre peuple. A méditer par tous les démocrates à géométrie variable. Moncef Marzouki est médecin, écrivain, et opposant tunisien.

(Source: « Le Monde » (Quotidien – France) le 29 octobre 2009)


 

Tunisie Ben Ali ou la récup islamiste

Par Dominique Lagarde, publié le 27/10/2009 16:00 – mis à jour le 27/10/2009 16:18

Pour s’offrir un nouveau triomphe électoral, dimanche dernier, le président tunisien n’a négligé aucun appui. Explications de l’opposant Khemaïs Chammari, militant des droits de l’homme.

A l’issue du scrutin du 25 octobre, le président Zine el-Abidine Ben Ali est crédité de près de 90% des suffrages. Un nouveau plébiscite?

89,62%, très exactement! C’est en effet un score sans surprise, quoiqu’un peu moins élevé que les fois précédentes. La multiplication des rites d’allégeance et la propagande pendant la campagne, dont le coût est estimé à plus de 20 millions d’euros, ont renforcé chez les Tunisiens le sentiment de vivre un simulacre d’élection.

La campagne, et surtout la pré-campagne, pendant le ramadan, du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ciblaient en particulier les milieux musulmans conservateurs. Est-ce nouveau?

Cela remonte à dix-huit mois environ. Après avoir diabolisé le mouvement islamiste modéré et réprimé ses militants, le pouvoir, tout en continuant à présenter la Tunisie comme un « rempart contre la déferlante islamiste », s’est peu à peu engagé dans une surenchère piétiste. Et celui qui s’est, plus que tout autre, illustré dans cette démarche risquée est le propre gendre du chef de l’Etat, Sakher el-Materi, un jeune homme d’affaires à l’ascension financière fulgurante, qui vient d’être élu député. En quelques mois il est devenu propriétaire d’un important groupe de presse, il a lancé une radio islamique à laquelle s’ajoutera bientôt une chaîne de télévision, et il vient de créer une banque islamique qui disposera des guichets dans tous les bureaux de poste du pays.

Plusieurs anciens cadres du parti islamiste interdit Ennahda ont officiellement soutenu Ben Ali. Y a-t-il une tentative de récupération politique?

Sans aucun doute. L’opération séduction a permis de rallier au pouvoir près d’une centaine de cadres en exil de ce parti. Et, pour la première fois, un ministre, celui de la Justice et des Droits de l’homme, a déclaré à un quotidien français [NDLR: Le Monde] que l’islam était en Tunisie « religion d’Etat »…

(Source: LEXPRESS.fr le 28 octobre 2009)


 

HUMEUR

 Ben Ali sous les 90% mais ce n’est pas grave

Comme un coup de tonnerre dans le paysage politique d’ordinaire si calme en Tunisie: le président sortant, Zine el-Abidine Ben Ali, «Zaba» pour les intimes, n’a pas franchi la barre de 90% au scrutin présidentiel de dimanche. Des 99% (en 1989 et 1994), il était passé à 94% en 2004, le voilà réduit à 89,62%.

L’érosion du pouvoir? A moins qu’il ne faille y voir un pied de nez du régime face aux esprits chagrins qui avaient annoncé un score habituel, digne de la Corée du Nord… La façade démocratique exigeait des chiffres fiables (1).

Cela dit, le régime n’aime guère les remises en question. En atteste ce passage de l’éditorial de « La Presse », organe quotidien gouvernemental: «Les Tunisiens ont donc imposé leur souveraineté et donné un coup de balai aux commérages et au dénigrement des pêcheurs en eau trouble. Ils ont donné la preuve irréfutable qu’ils ont réélu leur président en toute conscience et en toute intelligence, et leur acte est plus fort que toutes les médisances et les diffamations dont ont abusé récemment quelques petits politicards qui y ont recouru parce qu’ils n’ont ni vision intelligente, ni arguments crédibles et qui n’ont pas hésité à insulter la maturité et la conscience citoyenne d’un peuple reconnu comme étant l’un des plus instruits et des plus rationnels dans le concert des peuples de sa catégorie» (Le texte ne précise pas dans quelle catégorie se situe le peuple tunisien, NDLR.)

Ce genre de prose fleurie constitue le menu quotidien des Tunisiens qui ont encore le courage de lire leur presse. Une presse qui annonçait les résultats en une ce lundi matin, alors qu’ils n’ont été rendus officiels qu’à partir de 4h20 du matin, hors délai d’imprimerie…

Trêve de commérages et de dénigrement: Ben Ali a donc été élu pour un cinquième mandat de cinq ans. Le dernier? En principe, puisque la constitution locale postule un âge limite de septante-cinq ans. Mais une constitution, cela se modifie. En 2002, par exemple, elle avait été remodelée pour notamment en éliminer le paragraphe stipulant qu’un même président ne pouvait dépasser le nombre de trois mandats, une limite pourtant instaurée par… Ben Ali en 1988. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, dit l’adage populaire. D’ailleurs, le pourcentage de Tunisiens qui avaient avalisé cette modification constitutionnelle ne laissait pas d’impressionner: 99%. Le nouveau texte introduisait aussi une notion nouvelle, celle d’Etat de droit…

 

BAUDOUIN LOOS 

(1) Les trois candidats de l’opposition en lice, ont obtenu respectivement 5,01% des voix pour Mohamed Bouchiha, 3,80% pour Ahmed Inoubli, tous deux considérés comme proches du pouvoir, tandis que le dirigeant du mouvement Ettajdid, qui se présentait comme «un vrai candidat de l’opposition», a récolté 1,57% des voix. Au parlement, Ettajdid aura 2 sièges sur 214, le reste allant au parti présidentiel (161) et aux partis de l’«opposition-soutien» .

 (Source : « Le Soir » (Bruxelles), le 27 octobre 2009) 

 


 

Ben Ali réélu Président avec 89,62% des voix Tunisie : Ben Ali, un mal nécessaire ?

  par Cyril Gaucher | dijOnscOpe | mer 28 oct 09 | 08:59 Sans suspense. Zine El Abidine Ben Ali a été réélu dimanche président de la République Tunisienne, pour un nouveau mandat de 5 ans. Un score (89,62%) bien éloigné des résultats classiques d’une véritable démocratie, une presse unanime, pas de réactions internationales, peu de Tunisiens véritablement mécontents de cette « mascarade » ; est-ce à dire que le président Ben Ali est « utile » dans ce rôle, tant sur le plan intérieur, que sur la scène internationale ? Une « démocratie responsable » Comment justifier un tel score (89,62%), quand les clivages habituels de la démocratie nous réservent en général des « 51-49 » ? La Tunisie, frontalière de la Libye d’un côté, de l’Algérie de l’autre, n’est « pas encore la Suède », comme le dit Nizar Bahloul sur le site tunisien « Business News ». La démocratie véritable n’est pas ressentie comme une urgente necessité, et de nombreux tunisiens (notamment sur Internet) voient dans ce score un plébiscite pour un homme qui a accompagné (initié?) les grandes évolutions et les progrès réalisés par la Tunisie ces 2 dernières décennies. On nous parle alors de « démocratie responsable », d’un pays sur la voie du progrès, mais avec prudence et dans la continuité. Le niveau de vie a en effet augmenté, une véritable classe moyenne a émergé, et le pays s’est doté d’infrastructures qui le distinguent nettement de ses voisins, et l’éloignent durablement de la situation, à quelques exceptions près, du reste du continent africain. Le rang de « nation développée » La Tunisie est également un partenaire de choix, pour la France notamment. Si l’hexagone brille par son silence quant aux questions des droits de l’homme en Tunisie, les sociétés françaises sont en revanche très présentes sur le territoire tunisien : Total, Carrefour, Casino, Monoprix dessinent le paysage commercial, sans compter tous les « centres d’appels » téléphoniques installés ces dernières années. Selon des sources officielles, la France détient le plus grand nombre d’entreprises à participation étrangère en Tunisie, avec plus de 1000 unités de production, soit 40% du total, et plus de 80 000 emplois. Elle est également le premier pays européen émetteur de touristes en Tunisie. Ce partenariat économique est une des priorités de Ben Ali, qui déclarait récemment à Afrique Magazine que s’il était réélu, il se ferait « un devoir de progresser résolument vers l’objectif fixé, à savoir préparer la Tunisie à accéder rapidement au rang de nation développée », indiquant également qu’il entendait « faire entrer le pays dans une nouvelle ère démocratique, encore plus avancée ». La montée des intégrismes Autre argument, à considérer avec prudence, qui plaida également en faveur de la « dictature laïque » de Saddam Hussein en Irak : à sa façon, le régime du Président Ben Ali est considéré dans la région comme un « rempart » contre les intégrismes. Mais pour les partisans d’une Tunisie laïque, la situation se fragilise de plus en plus, avec une montée sensible du fondamentalisme, mesurable notamment à l’influence de théologiens comme Youssef Qaradhaoui, ou Amr Mahmoud Helmi Khaled, l’un des plus célèbres télé-prédicateurs du monde arabe, et dont la popularité ne cesse de grandir. Mais sur le plan légal, comme sur celui des principes fondateurs affirmés dès l’indépendance du pays en 1956, la Tunisie de Ben Ali semble encore bien loin d’une application de la chariâa… Une conception laïque héritée de Bourguiba Pour le prédecesseur de Ben Ali, la priorité était déjà de bâtir une « société moderne ». Ainsi l’ancien Président fut particulièrement hostile envers tout ce qu’il jugeait comme « archaïque, décadent ou participant au sous-développement du pays ». L’islam ne sera pas épargné, et sans être laïque, la Tunisie se démarqua du monde arabe en matière de réformes religieuses et culturelles. Ces dernières années, le Président Ben Ali s’est prononcé  à plusieurs reprises contre le port du voile « d’inspiration sectaire importée de l’extérieur ». Son ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem a même qualifié le voile de « symbole d’une appartenance politique qui se cache derrière la religion et qui cherche à faire revenir la société aux ères très anciennes ». Mais l’autorité semble ici trouver ses limites, et on constate une nette augmentation du nombre de femmes couvrant leur tête. Pour Khadija Chérif, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), « celles qui portent le voile remettent en cause le Code du statut personnel de 1956, qui a fait de la Tunisie, très tôt, un pays avant-gardiste en matière de droits de la femme ». Le « décret 108 » Afin d’éviter l’extension de ce phénomène du voile, le gouvernement dispose du décret 108 de 1981, qui interdit le port du voile dans les établissements publics. Au risque, pour les employées du secteur en question, d’être licenciées. Ainsi les autorités tunisiennes ont « empêché les étudiantes du campus universitaire de Tunis et d’autres cités universitaires d’accéder à leurs facultés pour passer leurs examens de fin d’année, pour la simple raison qu’elles portent le voile », expliquait en 2006, Safwa Aïssa, présidente de l’association Vérité-Action, qui milite pour la liberté d’expression et le respect des droits de l’Homme en Tunisie. Par ailleurs, selon le quotidien libanais L’Orient le Jour, « des femmes tunisiennes voilées sont souvent interpellées, devant parfois s’engager par écrit à ne plus porter le voile au risque de perdre leur emploi ou de devoir abandonner leurs études ». Des témoins ont fait état d’interventions de policiers en civil, notamment à Sfax (Sud), enlevant des voiles à l’arraché, en pleine rue. « Des gens de confiance m’ont rapporté que des policiers ont bousculé des femmes et leur ont demandé d’enlever leur voile. Nous sommes pour l’application du texte, mais pas par la violence et la répression. Il faut expliquer, faire de la pédagogie, débattre. Personne n’a la parole à part le gouvernement », confie Khadija Chérif, qui craint aussi que la répression ne radicalise les femmes qui portent le voile et suscite un mouvement de solidarité avec elles. Ainsi, le soutien au régime, d’une part, et les condamnations face à ses excès, d’autre part, sont à l’image d’une nation tunisienne écartelée entre ses cultures arabo-musulmane d’un côté, et occidentalo-laïque de l’autre. A l’image d’un pays seulement émergeant, mais devenu un acteur économique international de poids. D’une modernité visible, mais aussi d’un attachement profond aux traditions. Après 22 ans de pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali, ce nouveau mandat devrait théoriquement être son dernier, si la Constitution limitant à 75 ans l’âge du Président est respectée…

 
(Source: Dijonscope.com le 28 octobre 2009)


Tunisie : Ben Ali réélu, quelle surprise !

C’est une surprise : le président Ben Ali s’est fait réélire, pour la cinquième fois, mais avec moins de 90 % (89,62 %) des voix en Tunisie. C’est moins que lors des précédentes élections et c’est à croire que ce pourcentage a été choisi sans doute pour montrer que la démocratie progresse un peu dans ce pays… Mais il en faudra tout de même plus pour qu’on puisse y croire ! Les autorités ont immédiatement annoncé que quiconque contesterait le déroulement ou le résultat des élections, sans pouvoir prouver ses dires, serait traduit devant les tribunaux. C’est en effet la meilleure manière d’empêcher les contestations. La Tunisie est un État policier, dictatorial, qui ne s’est libéré de la férule colonialiste française que pour tomber sous celle de Bourguiba d’abord, de Ben Ali ensuite. Toutes les luttes de la population pour un peu plus de justice sociale sont réprimées avec violence. Parmi d’autres, des grévistes de la région des phosphates de Gafsa ont été lourdement condamnés par des tribunaux aux ordres du pouvoir. Les passages à tabac, les tortures sont monnaie courante dans les prisons du régime. La presse de son côté est bâillonnée. Les journalistes sont poursuivis, incarcérés, les journaux empêchés de paraître. La campagne électorale n’a été qu’un condensé de cette situation, avec certains candidats interdits de se présenter et les autres, excepté Ben Ali, n’ayant quasiment pas le droit de s’exprimer. Sarkozy, en visite en Tunisie l’an passé, n’en avait pas moins estimé que « l’espace de liberté progresse ». On se demande bien de quoi il parlait. En réalité, les autorités et le patronat français sont très satisfaits de cette élection et du régime tunisien, dont la stabilité assise sur la répression policière garantit les meilleurs échanges et les meilleures affaires entre exploiteurs des deux pays. A. V.
(Source: Lutte Ouvrière n°2152 du 30 octobre 2009)  


Le potentat tunisien prend sa relève

Au pouvoir depuis vingt-deux ans, Ben Ali, crédité de près de 90 % des voix, n’a laissé que des miettes à ses adversaires dans une élection jouée d’avance. Certains milieux islamistes lui ont même donné leur bénédiction.

Réélu avec 89,62 % contre 94, 4 % en 2005, le potentat Zinedine Ben Ali (soixante-treize ans) a sans doute estimé, cette fois, qu’il convenait de laisser quelques miettes à ceux qui ont accepté de jouer les faire-valoir d’un scrutin joué d’avance. Mohamed Bouhicha, du Parti de l’unité populaire (PUP), a ainsi obtenu 5,01 % et Ahmed Inoubli, de l’Union démocratique unioniste (UDU), 3,80 %. Ces deux pseudo-candidats, qui avaient d’ailleurs déclaré qu’ils n’étaient pas des opposants au chef de l’État, ont donc été « récompensés ». Tel ne fut pas le cas du véritable opposant, Ahmed Brahim, du parti Etajdid (ex-communiste). En dépit d’une campagne jugée courageuse par de nombreux Tunisiens, il n’a obtenu, lui, que 1,57 % des voix. « J’ai réussi à faire entendre une autre voix que celle du régime, cela me suffit », a-t-il néanmoins déclaré.

À vrai dire, avec un parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui compte 2,7 millions d’adhérents, soit plus de la moitié des électeurs inscrits dans un pays verrouillé politiquement et médiatiquement, le président-candidat ne courait aucun risque. Celui dont le régime dictatorial est plus que toléré par la plupart des capitales occidentales, sous prétexte qu’il constituerait un rempart à l’islamisme, a de plus bénéficié, cette fois, du soutien de ces mêmes islamistes. Bien avant le début de la campagne, une centaine d’islamistes appartenant au mouvement interdit Ennahda avaient ainsi appelé à voter Ben Ali. Mieux, au sein de la mouvance islamiste, certains comme le groupe Lazhar Abaab, basé à Paris, appellent à un dialogue national. Sur le terrain, du fait de la répression, de l’interdiction des espaces d’expression socioculturelle et syndicale, l’islamisme progresse. Le port du voile également.

À y regarder de plus près, la réélection d’un Ben Ali, obsédé par la supposée menace que représenteraient les démocrates et progressistes, risque donc de jouer in fine en faveur d’une mouvance islamiste.

Hassane Zerrouky

(Source: « L´Humanité » le 27 octobre 2009)


 

Republication d’un article de Taoufik ben Brik suite à une rectification.

En fait, dans la réponse à la 3éme question, il ne s’agissait pas de M. Khemais Chammari mais de M. Hamma Hammami . Un de nos lecteurs nous avait fait la remarque hier mais la grande quantité d’articles et de dépêches nous a empêchée de faire la correction. TUNISIE

« Ben Ali veut ce pays et ma tête »

 par Taoufik Ben Brik

Le journaliste et écrivain tunisien Taoufik Ben Brick, opposant au régime et qui avait livré son regard sur la campagne présidentielle sur nouvelobs.com, dit avoir été victime d’un piège de la police tunisienne, le 22 octobre dernier. Il raconte : – « Je suis allé chercher ma fille à l’école, jeudi dernier, à Tunis. J’avais mis ma voiture dans un parking. Une autre voiture était garée derrière moi. Avant même que j’ai mis le contact, elle m’a embouti. La conductrice, qui, je pense, était de la police, en est sortie, me criant dessus, m’accusant d’avoir voulu lui rentrer dedans ; elle déchire mes habits, essaie de me pousser à la violence. Il a fallu l’intervention d’ouvriers travaillant dans le coin pour que la querelle s’arrête. Je pense qu’elle a essayé de m’amener à user de la violence pour m’inculper d’agression ». Vous croyez que c’est un piège de la part du président Zine El Abidine Ben Ali ? – Le samedi 24 octobre, Ben Ali a menacé tout le monde, surtout ceux qui livrent le pays en pâture à l’étranger. Mes contributions à des médias étrangers – Nouvelobs.com, Mediapart, Rue 89, Courrier international – l’énervent. Il n’a pas dû du tout aimer mon « Interview presque vrai de Ben Ali ». Je pense que c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Pourquoi Ben Ali commettrait-il une telle agression alors qu’il était assuré d’être réélu ? – « Ben Ali veut se payer Ben Brick. Le président est très populaire, il vient d’être réélu. Mais en 2000, il est devenu connu dans le monde entier à cause de moi, à cause de la grève de la faim très médiatisée que j’avais fait pour protester contre les atteintes du régime aux droits de l’Homme. Ben Ali veut ce pays et ma tête ; il veut être président et que moi, j’aille en prison. Je ne suis pas le seul à avoir été menacé. Les exemples sont nombreux. Ainsi, Hamma Hammami, le chef du Parti communiste ouvrier tunisien a connu de nombreuses arrestations et peines de prison sous le régime de Ben Ali à cause de son combat. Par exemple en 2008, il a été molesté à son arrivée à l’aéroport de Tunis. Le lendemain, il a reçu une convocation de la police criminelle, l’accusant d’avoir tabassé quelqu’un. Plus récemment, la journaliste du Monde Florence Beaugé a été accusée de terrorisme pour certains articles qu’elle a écrit ». [Mercredi dernier, la journaliste a été refoulée à son arrivée à Tunis et interdite de territoire tunisien à cause, selon elle, d’un article « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », ndr] Vous dites avoir été convoqué par la police. Vous n’envisagez toujours pas de partir ? – « Je ne veux pas partir, j’ai d’ailleurs écrit un livre à ce sujet là, et je ne peux pas partir. Je vis avec la peur au ventre, mais je ne sais pas où aller ; c’est mon pays, ici. Sans doute à cause des articles que j’ai écris en France, j’ai été convoqué par la police. Il faut que je me prépare, que je rassemble mes soutiens, et c’est moi qui déciderais du moment auquel j’irais me livrer à eux, comme un criminel. Car c’est ce que je suis à leurs yeux ». Interview de Taoufik Ben Brick par Sibylle Laurent (le mardi 27 octobre 2009) [Des voix dissonantes, il y en a en Tunisie. Mais les journaux tunisiens contrôlés par le pouvoir n’hésitent souvent pas à orchestrer des campagnes de presse contre ces gens qui dérangent. Parmi les meneurs, Le Temps et As-Sabah, deux titres appartenant au gendre du président Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi. Le Renouveau, organe officiel du parti au pouvoir – le RCD, Rassemblement constitutionnel démocratique – distille également la bonne parole présidentielle, tout comme La Presse, As-Safah et Ach-Chourouk]

(Source: le site de « NouvelObs » (France), le 27 octobre 2009)

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/20091027.OBS5941/ben_ali_veut_ce_pays_et_ma_tete_par_taoufik_ben_brik.html

 


Tunisia: Prominent Activist Arrested For Environmental Video Report Published Online

BySami Ben Gharbia

On October 20th, 2009, Zouhaïer Makhlouf, a Tunisia Human rights activist and correspondent ofAssabil Online [1] website has been arrested for publishing avideo report [2] online about the environmental pollution in Nabeul (Dar Chaabane El Fehri), a coastal town in northeastern Tunisia.

According to reportsreleased by several local human rights organizations, [3] it seems that someone called Mourad Ladhib had brought a case against Mr Makhlouf accusing him of filming without permission.

Mr Makhlouf in turn, has denied the charges against him and refused to sign the police report arguing hat the subject of his online video report was part of the activities of the Democratic Progressive Party – a legal party of which he is an active member- to ivestigate social, economic and environmental issues in the area of Nabeul, adding that he didn’t film any sensitive areas prohibited by the law and accusing the investigator of politicizing the case.

Mr Makhlouf has since been transferred to Mornaguia Prison in the suburbs of Tunis where he began a hunger strike on October 21st to protest against his illegal detention. Mr Makhlouf will be tried on November 3rd, 2009, on defamation charges andcould be sentenced to up to one year in prison[4], under the Tunisian Telecommunications Code.

On October 26th, Tunisian Security services and plainclothes police surrounded the office of the Democratic Progressive Party in a bid to block a rally in support of the detained activist. Furthermore, and on the same day, State Security also surrounded the house of Mr Makhlouf preventing his friends from contacting Mr Makhlouf’s wife to persuade her to stop a hunger strike that she began on October 22nd in support for her husband.

Despite the continuous threats and harassments that he is subjected to, Zouhaïer Makhlouf is one of the most active human rights activist both online and offline. He has published several human rightstestimonies [5] (video, audio and textual) which broke the silence on many sensitive issues and human rightsabuses faced by tunisian activists and former political prisoners [6].


URL to article: http://advocacy.globalvoicesonline.org/2009/10/27/tunisia-prominent-activist-arrested-for-environmental-video-report-published-online/

URLs in this post:

[1] Assabil Online: http://www.assabilonline.net/

[2] video report:http://www.facebook.com/video/video.php?v=1232132293572&subj=1532704885

[3] released by several local human rights organizations,:http://www.alhiwar.net/ShowNews.php?Tnd=1248

[4] could be sentenced to up to one year in prison:http://cpj.org/2009/10/as-tunisian-elections-near-attacks-on-press-mount.php

[5] testimonies:http://www.assabilonline.net/index.php?option=com_content&task=category&sectionid=11&id=26&Itemid=88

[6] abuses faced by tunisian activists and former political prisoners:http://www.facebook.com/video/video.php?v=1232132293572&subj=1532704885#/video/?id=1532704885

(Source: “Global Voices Online”, le 27 octobre 2009)

Lien :http://advocacy.globalvoicesonline.org

 

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