8 ème année, 7 2897 du 28.04.2008
Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 25 avril 2008
* La deuxième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Abderrazak Ben Mena, a prononcé hier soir, jeudi 24 avril 2008 des condamnations à l’emprisonnement dans l’affaire n°14584, de 5 ans (Amor Chaouat, Ramzi Ramdhani, Mohammed Amine Aloui, de 3 ans (Abdessatar Gouider, Mohammed Mediouni), 2 ans (Ibrahim Lafi, Lazhar Chouat) et d’un an (Mohammed Chouat, Aymen Laouati, Mohammed Ali Chergui) Le juge a décidé de condamner Ramzi Ramdhani à 15 jours d’emprisonnement à cause de l’altercation entre eux deux survenue lors de l’audience d’hier […] * La vingt septième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mannoubi Hamidane, a examiné aujourd’hui, 25 avril 2008 : – L’affaire n°15246 dans laquelle sont déférés Habib Hafsi, Mohammed Anis Chaïeb, Ouadi Mechri, Anis Hamrouni, Issam Ben Hassen, Hossine Bouhareb, accusés d’incitation à la commission d’infraction terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, d’adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’adhésion sur le territoire de la République et à l’étranger à une organisation terroriste, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre une action terroriste en Tunisie et à l’étranger. Maîtres Samir Ben Amor et Fethi Trifi ont plaidé pour leur défense. Le juge a décidé de prononcer le jugement à l’issue de l’audience. – l’affaire n°10956 dans laquelle sont déférés Karim Balloumi, Hamdi Abidi, Aymen Melki, Amor Slama, Zyed Abidi, Bassam Yahyaoui et Fayçal Haouach, accusés d’incitation à la commission d’infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot ou d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, d’adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’adhésion sur le territoire de la République et à l’étranger à une organisation terroriste, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste en Tunisie et à l’étranger, de mise à disposition d’un local de réunion, d’hébergement de membres de l’entente et de personnes en rapport avec les infractions terroristes, d’adhésion hors du territoire de la République à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs, d’entraînements militaires hors du territoire de la République en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire et à l’étranger. Maîtres Noureddine Behiri, Mourad Boulares, Mohammed Chaabaneb et Samir Ben Amor ont plaidé en leur défense puis le juge a décidé de lever la séance pour le délibéré et le prononcé du jugement. Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 24 avril 2008
La deuxième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Abderrazak Ben Mena, a examiné aujourd’hui, jeudi 24 avril 2008 : * L’affaire n° 14584, dans laquelle sont déférés Mohammed Ali Cherki, Nader Ghers, Mohammed Mediouni, Aymen Laouati, Abdessatar Gouider, Amor Chaouat, Ibrahim Lafi, Lazhar Chaouat, Mohammed Chaouat, Mohammed Aloui, Ramzi Ramdhani (en état d’arrestation) Ali Draoui (en liberté) Mahmoud Chaouat (en fuite). Maîtres Béchir Sid, Hassen Bader, Nizar Souilh, Kelthoum Zaoui, Abdelfattah Mourou, Abdelkarim Rabeh, Mabrouk Kourchid, Samir Ben Amor et Samir Dilou se sont présentés pour assurer leur défense. La séance a vu le juge attenter aux droits de la défense et à ceux des accusés, les interrompant quand ils voulaient décrire leur arrestation dans les locaux de la Sûreté de l’Etat et la torture sauvage à laquelle ils ont été soumis […] Maître Samir Ben Amor a demandé la jonction des affaires pour son client qui avait été jugé quatre fois pour les mêmes accusations et les mêmes faits. Le juge a refusé […] les avocats ont tous décidé de se retirer après une vive altercation avec le juge […] en l’absence des avocats, le juge a décidé de lever la séance pour le délibéré et le prononcé du jugement. * L’affaire n°15127, dans laquelle sont déférés Jamel Kadri, Bilal Jellali, Tahar Assi, Monaem Rabhi, Hichem Monafiki, Mohammed Sghaïer Amri, Maher Amri, Ryadh Amri, Ramzi Bekkari, Jounaïdi Rabhi, Tahar Zouidi, Riadh Zouidi, Sami Rabaoui (en état d’arrestation) Mohammed Ali Horchani (en liberté) Ali Amri (en fuite) en vertu de la loi du10 décembre 2003 dite « antiterroriste ». Maîtres Rafia Mdini, Saïda Akrami, Samir Ben Amor, Khaled Krichi, Malek Amri, Souha Belhassen, Samia Abbas et Adel Zitouni se sont présentés pour assurer leur défense. Le juge a décidé d’examiner les demandes de mises en liberté et de fixer la date de la prochaine audience à la fin des délibérations. Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Communique.
Le vendredi 18 avril courant ,je me suis dirigée vers le siège de l’administration pénitentiaire au quartier de Monplaisir à Tunis, pour présenter une demande de visite en faveur de Monsieur SLIM BOUKHDHIR ,journaliste, condamné injustement à une peine d’un an de prison ferme et Monsieur HEDI GHALI, condamné à perpétuité depuis 1990, suite à un procès inéquitable, pour appartenance à Ennahdha. A peine arrivée , une trentaine d’agents de la police politique se sont attaqués à moi en utilisant un langage ordurier et en me menaçant de me “casser la figure… encore une fois’’!!! Ils m’ont obligé de monter dans ma voiture qu’ils ont endommagée et ont continué de m’insulter en me suivant à pieds au début et ensuite en voiture .Une fois arrivée au quartier de Lafayette, mes confrères Raouf Ayadi , Ayachi Hammami, Mohamed Abbou,Samir Dilou et Khaled Krichi, eux mêmes empêchés de présenter leurs demandes de permis de visite, m’ont rejoint .Une voiture et une moto nous ont suivi jusqu’a mon cabinet. Sans me faire d’illusion, j’ai présenté aujourd’hui samedi26 avril 2008, une plainte qui a été enregistrée au parquet à Tunis sous le numéro 7030281/2008 . Quelques semaines auparavant, l’administration pénitentiaire a rejeté ma demande de permis de visite en faveur d’un autre client ,Monsieur ABDERRAHMANE TLILI, qui, suite à un procès de règlement de compte où les règles minima d’un procès équitable n’ont pas été respectées, purge une peine de 9 ans à la prison de Mornaguia. Mr TLILI attend ma visite depuis plus de 3 mois. Je rappelle également, que le 15 février dernier, un groupe de policiers a empêché mes clientes, les mères de détenus politiques d’accéder à mon cabinet en les brutalisant et en les insultant. Un confrère, membre du bureau de la section de Tunis, Maître Ridha Torkhani, a dressé un constat à la demande du Président de la section de Tunis précisant que plusieurs policiers en tenue civile ( il en a reconnu quelques uns ), interdisaient l’accès à mon cabinet. Des pressions énormes continuent d’être exercées sur mes clients et leurs familles afin qu’ils arrêtent de faire appel à mes services, la présence policière près de mon domicile et de mon cabinet n’a pas cessé, mes lignes téléphoniques continuent d’être écoutées, les membres de ma famille sont toujours ciblés, les campagnes de diffamation des journaux de caniveau… Bref, le harcèlement qui m’a poussé à observer une grève de la faim de 58 jours à la fin de l’année 2003 est en train de s’accentuer. Fait à Tunis le 26 avril 2008 Signature Radhia Nasraoui Avocate 57 bis rue Oum Kalthoum .Tunis tel: 216.98 33 99 60 /216 71 242.756
AISPP
Vérité-Action Attribution du prix du bâtonnier Chakroun pour les droits de l’homme au militant Ali Ben Salem
Tunis, le 25 Avril 2008 L’association internationale de soutien aux prisonniers politiques en Tunisie (AISPP) en association avec Vérité-Action (VA) décernent un prix annuel portant le nom du prix du bâtonnier Chakroun pour les droits de l’homme. Le choix du nom du bâtonnier Chakroun provient du fait qu’il est le président d’honneur de l’AISPP et pour son rôle dans la défense des droits de l’homme lors des jugements politiques qu’a connu la Tunisie dans la seconde moitié du siècle dernier. L’AISPP a annoncé l’ouverture aux candidatures au 05.11.2007, et pour garantir le plus de transparence, un comité a été nommé pour choisir le lauréat de ce prix. Ce comité se compose de : Mr. Mohamed Saleh Flis, militant des droits de l’homme Mr. Slaheddine Jourchi, journaliste et militant des droits de l’homme Mme Safwa Aïssa, présidente de Vérité-Action Mr Lotfi Hajji, journaliste et militant des droits de l’homme Mr Mohamed Bouthelja, avocat militant des droits de l’homme Après consultation, le comité a décidé de décerner le prix Chakroun 2007 au doyen des militants des droits de l’homme tunisiens Mr Ali Ben Salem, pour ses efforts fournis dans ses fonctions de président de la section de Bizerte de la ligue Tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), de président du comité des anciens combattants, de membre fondateur du conseil national des libertés en Tunisie (CNLT) et de vice-président de l’association de lutte contre la torture. Les efforts et le rôle historique de Mr Ali Ben Salem dans la défense des droits de l’homme en Tunisie et sa présence continuelle dans toutes les batailles des droits de l’homme depuis quatre décennies expliquent aussi ce choix. Mr Ali Ben Salem continu son combat jusqu’à aujourd’hui malgré l’encerclement de son domicile par la police et malgré son âge (il a 76 ans) et la souffrance de plusieurs maladies chroniques. Le comité espère que cette action devienne une tradition et une occasion pour récompenser les vrais militants des droits de l’homme. Pour le comité du prix Chakroun Mr Mohamed Saleh Flis, président (Traduit de l’arabe)
TUNISIE ….
Tragédie d’Aouled al Mabrouk Chebba, gouvernorat de Mahdia
(Quand l’horizon de la jeunesse des pays du Sud est de périr en MARE NOSTRA)
Hamza Ben Hammadi (naufragé) Mohamed Dalhoum (naufragé) (21 ans, Aouled al Mabrouk) (24 ans, al-M’hamdia) 23 jeunes sont toujours portés “disparus”… parmi eux : Mohamed Jebeniani Rachid Jebeniani Abdelmounîm Douiri (22 ans, al-M’hamdia) (22 ans, al-M’hamdia) 27 ans Maalek Zarga Mourad Jlassi (21 ans, al-M’hamdia) (al-M’hamdia) Le village d’Aouled al-Mabrouk, comme celui, avant lui, d’al-Hkaïma et encore d’autres régions de la Tunisie d’«en bas », vit sous le signe du deuil depuis jeudi 24 avril quand la mer a rejeté 3 cadavres : les 23 autres candidats à l’émigration sont portés « disparus ». Ce n’est pas une première ! C’est le énième acte d’une tragédie toujours recommencée. Il suffit d’arpenter les ruelles du vieux quartier de al-M’hamdia (banlieue proche de Tunis) pour mesurer l’ampleur de la pauvreté, du dénuement et du chômage qui sévissent en raison des choix économiques du gouvernement tunisien. Depuis le mois de janvier 2008, les jeunes et la population de Redeyef manifestent pour leur droit au travail ; les jeunes des régions de al-M’hamdia, al-Kabbaria, Djebel Jloud, Sidi Frej, Gafsa, Chebba, Malloulech (12 jeunes sont originaires du vieux quartier d’al-M’hamdia) partis, quant à eux, à la recherche d’un travail, d’une vie digne sur la rive nord, ont pris les barques de la mort. En effet, le mardi 22 avril 2008 au soir, la barque des 26 jeunes a quitté Aouled al-Mabrouk Cette nuit-là, la famille de Mohamed Dalhoum (l’un des trois morts ramenés par les eaux) a reçu le dernier appel téléphonique de son fils. La famille de Ayman Ben Taïeb Hassine (qui n’a que 17 ans) attend, tout comme les autres familles, d’avoir une information sûre et définitive. Ces jeunes savaient a priori que prendre la mer sur des barques de fortune (Harraga) est une opération hautement risquée et extrêmement dangereuse. Leur désespoir et l’absence de toute autre alternative les ont déterminés à côtoyer le danger. Fuir une situation faite de marginalisation, d’exclusion, de sentiment d’injustice, de privation, de perdition, d’absence de tout exercice de la démocratie et d’une répartition égalitaire des richesses entre les fils et les filles de la Tunisie était devenu leur seul et unique horizon. Nous tenons à présenter nos sincères condoléances aux familles des naufragés et à les assurer de notre entière et pleine solidarité. Leur deuil est le nôtre. ● Nous appelons les partis politiques, les associations et les collectifs en Tunisie, en Italie et dans les tous les pays touchés par ces drames de faire pression sur les autorités tunisiennes et italiennes pour qu’elles continuent les recherches sur le sort des 23 jeunes portés « disparus » ● Nous nous joignons à l’appel lancé par la Fédérations des Tunisiens Citoyens des deux Rives pour faire de la journée du 10 mai une journée de deuil national pour les jeunes de la Tunisie et de tous les pays frappés par le drame des barques de la mort ● Faisons de la journée du 10 mai, une journée de Solidarité pour la dignité ! Tunis, le 28 avril 2008 Premies signataires : Abderrahmane Hedhili, membre du comité directeur de la LTDH Massoued Romdhani, président de la section LTDH de Kairouan Chamari Khmaies, Militant de la société Civil Abdeljalil Bedoui, CNLT Tunis Hedi Ben Romdhane, Président de la section LTDH de Jendouba Ali ben Salem, Président de la section LTDH de Bizerte Hamida Dridi, Section LTDH de Monastir Salem Haddad, Président de la section LTDH de Monastir Monji Ben Saleh, Syndicaliste, section LTDH de Monastir Rachid Chamli, Section LTDH de Monastir Jamel Msalem, Président de la section de Sousse Ayachi Hamami, Section LTDH de Tunis – Bab Bhar Saida Garrach, ATFD Tunis Pour Signature : E-mail : abderrahmenehedhili@yahoo.fr romdhani.mes@yahoo.fr
Sommaire du numéro 103 d’ELKHADRA.
elkhadra@hotmail.com http://elkhadra.over-blog.com/ *********************************************************** -Le président Sarkozy au chevet du dictateur Ben Ali – LES JANISSAIRES DE BEN ALI. – HOMME D’HONNEUR. – LA SEMAINE DE L’AISPP… – TUNISIE : La Résilience – Ken le rouge -Le géant égyptien se met en marche – “Nous ne sommes rien ? soyons tout !” – Les fausses explications de la crise alimentaire dans la presse – La fin du monde tel que vous l’avons connu – Caniches à sa mémée – MA PATRIE SOUS LE FER… – Tan Malakka : nationalisme, marxisme et Islam – Tunisie…Renforcement d’une politique de non-dialogue ! – www.liqaa.net…. – Bruno Guigue ou l’honneur d’un juste – Les tribulations sionistes en Afrique – Le début de la faim – RSF DES NEOCONS – LE BEAU TEMPS DES COLONIES…
MAGHREB / Tunisie
Tunisie : Nicolas Sarkozy au royaume d’Ubu
par Nicolas Beau Alors que le Président se rend aujourd’hui en Tunisie pour une visite de 48 heures en compagnie de Carla, d’une brochette de ministres et d’une centaine de chefs d’entreprise, « Bakchich » a enquêté sur ce pays gangrené par une corruption généralisée et totalement verrouillé, sur lequel ZIne Ben Ali règne sans partage depuis 1987. A lire sans modération. Surnommé « Bac moins trois » par ses sujets, Zine Ben Ali règne, depuis 1987 sur une Tunisie corrompue et totalement verrouillée. À l’Élysée, on ne tarit pas d’éloges sur le Royaume du jasmin et de la torture qui serait un solide rempart contre l’intégrisme. « Plutôt Ben Ali que Ben Laden », avait déja écrit Denis Jeambar dans l’Express. On risque, en fait, d’écoper à la fois de Ben Ali et de Ben Laden. Les prises d’otages de touristes se multiplient en effet dans le Sud tunisien ; et la société laïque laissée par Bourguiba s’islamise à grands pas. Plus grave, les classes moyennes s’appauvrissent rapidement. En fait, Nicolas Sarkozy qui se rend en visite d’État en Tunisie du 28 au 30 avril compte sur Tunis pour faire aboutir son grand dessein d’Union méditerranéenne. Le président tunisien s’est posé habilement en partisan de ce vaste souk. Et il va falloir négocier un troc difficile : le silence des Français sur les atteintes de Ben Ali aux droits élémentaires contre le soutien diplomatique du régime tunisien. Avec Rama Yade dans les bagages, cela s’annonce coton ! Bakchich consacre un dossier à ce pays frère.
Lorsque Sarkozy enfile les pantoufles tunisiennes de Chirac
par Nicolas Beau « Des trois pays du Maghreb, la Tunisie est celui avec lequel nous entretenons la relation la plus dense et la plus apaisée ». Voici ce que le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte, déclarait à quelques journalistes amis peu avant le départ, ce lundi 28 avril, de Sarko pour Tunis. On dirait du Chirac qui a toujours défendu, becs et ongles, son ami Ben Ali et « le miracle tunisien ». Ou encore de Charles Pasqua, qui n’aime rien tant que rejoindre son fils Pierre, longtemps sous la menace d’un mandat d’arrêt international, dans une des plus belles villas de Sidi Bou Saïd. C’est que Charlie aime profiter de quelques séances de thalassothérapie dans un des plus luxueux hôtels du pays. Tout comme Philippe Seguin, un natif de Tunisie et le plus constant soutien de Ben Ali. Ce qui explique qu’il ait été invité par son pote Sarkozy à l’accompagner à Tunis. À l’Élysée, on veut à tout prix que cette visite d’État, qui s’étale sur trois jours, se passe bien. Trois jours dans un même pays, cela tient de l’exploit pour notre président zappeur. Mais bien plus que la signature de quelques contrats (Airbus, Alstom), ce séjour conditionne le succès du projet d’Union méditerranéenne. Un dossier suivi en direct au Château par Jean-David Lévitte et Henri Guaino, tous deux conseillers de Nicolas Sarkozy. Tunis est en effet l’une des rares capitales arabes à soutenir la France dans cette vaste usine à gaz (Lire dans Bakchich L’Union méditerranéenne vaut bien une grand messe). L’Audace de déplaire Au mois de juin dernier, Paris était au plus mal avec Tunis. Cela faisait des années que Ben Ali et ses flics réclamaient la disparition de l’Audace. Cet excellent journal, qui défendait l’idée démocratique et la laïcité, n’était diffusé qu’à quelques centaines d’exemplaires. Le magazine n’était vendu, et de façon irrégulière, que dans quelques kiosques parisiens. Un seul journaliste, mais il est vrai de qualité, en assurait la réalisation. Peu importe ! Ben Ali exigeait de la France que cette publication soit anéantie. La paranoïa de ce régime de sous préfecture est sans limites. « Ben Ali est un flic, et c’est un flic qui est con », avait déclaré avec justesse Hubert Vedrine, ancien ministre socialiste des Affaires étrangères. Si l’Audace n’était pas interdit, les Tunisiens promettraient de mettre fin à toute coopération en matière de terrorisme. La menace fut jugée réelle, place Beauvau : on dépêcha à Tunis, durant l’été dernier, de hauts responsables de la DST. Lesquels parvinrent, à leur retour, à négocier en douceur, avec le responsable de L’Audace, à qui on donna une nationalité française, la disparition de ce dangereux libellé. Bien joué ! La coopération entre les deux pays put reprendre. La femme de l’ambassadeur put reprendre ses parties de bridge au club de la présidente tunisienne, l’irrésistible Leila Ben Ali. Et le projet d’Union méditerranéenne du Château peut désormais être soutenu vigoureusement par ces amis si sûrs. « Une relation apaisée », comme on dit désormais à l’Élysée… Lien : http://www.bakchich.info/article3560.html
L’Union méditerranéenne vaut bien une grand-messe
par Kader Atoum Le projet sarkozyen d’union méditerranéenne n’est pas vraiment fédérateur. La visite en Tunisie sera l’occasion de convaincre – très difficilement – son homologue. Et les autres dirigeants du sud de la Mare Nostrum avec lui… La visite d’État de trois jours en Tunisie de Nicolas Sarkozy devrait se concentrer sur le sommet de l’Union pour la Méditerranée qui se tiendra mi-juillet en France. Le président français vise, à travers ce déplacement, à inciter Zine El-Abidine Ben Ali, son homologue tunisien, à convaincre ses pairs maghrébins, l’algérien Abdelaziz Bouteflika, et le Libyen Mouammar Kadhafi, de participer à ce sommet. Une tâche qui s’annonce difficile. Le chef de la diplomatie tunisienne, Abdelwahab Abdallah, a compris que ni Alger ni Tripoli ne voulaient de ce projet. Les Algériens ont montré, dès le début, leur scepticisme envers ce projet méditerranéen. En privé, Bouteflika en dit pis que pendre. Les Libyens ont été plus directs et plus francs en indiquant qu’il serait impossible de faire partie d’une entité dans laquelle siège l’état d’Israël. Dans ce cadre, le ministre des Affaires étrangères, Abderrahmane Chalgham, aurait rappelé à son homologue tunisien que le Guide n’a pas encore avalé les déclarations de Nicolas Sarkozy qui ne « serre jamais la main à ceux qui n’acceptent pas la présence de l’État d’Israël dans le projet de l’Union pour la Méditerranée » ; et Chalgham d’ajouter en rapportant sur son patron : « Que Sarkozy fasse cette union avec les Israéliens, mais sans nous ». Un projet mort-né ? À Beyrouth, le premier ministre, Fouad Siniora, répète déjà devant ses proches collaborateurs qu’il sera délicat de participer à ce sommet, Israël continuant, explique t-il, à occuper une partie de notre territoire (les fermes de Chebâa au Sud-Liban). À Damas, le ministre des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, a d’emblée annoncé que son pays n’était pas prêt à faire un tel cadeau à Nicolas Sarkozy. Le responsable syrien a tenu à rappeler que ce dernier avait provoqué tous les pays arabes en insistant à faire du Salon du Livre un « événement israélien », à l’occasion de la création de l’État hébreu. Il avait reçu en grande pompe son président, Shimon Perès. L’idée ne marche pas plus fort auprès des pays de l’Union européenne. Et ce, malgré le compromis de dernière minute qui a été conclu à Hanovre, le 3 mars dernier, entre Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel. En tout état de cause, les autres responsables européens ne cachent pas leur méfiance à l’égard du projet qui, d’après eux, servira de tremplin pour les ambitions du président français. André Azoulay à la manoeuvre Aujourd’hui, forums, séminaires et colloques se succèdent à Paris pour sauver la fameuse Union. Dernière manifestation en date, le « Forum de Paris-Euro-Méditerranée », tenu le 28 mars dernier à Paris et placé sous son Haut patronage. Les entreprises françaises, les institutions étatiques et privées telles que la Mairie de Paris ou des groupes de médias se sont bousculées pour sponsoriser cet événement. En dépit des discours complaisants d’un grand nombre des 72 intervenants, des voix se sont levées pour appeler à se méfier de la « démocratie impériale » et de sortir de l’ « élitisme ». À l’Élysée, on continue de répéter tous azimuts que c’est déjà dans la poche. « Il suffit de voir avec quel enthousiasme la Tunisie, l’Égypte et le Maroc , accueillent le projet du président pour mesurer l’impact de sa réussite », disait l’un des proches conseillers de Sarkozy en marge du Forum de Paris, en présence d’André Azoulay, conseiller économique du roi du Maroc, Mohamed VI. Ce conseiller un peu sur le déclin a oublié que le Maroc, la Tunisie ou l’Égypte ne représentent pas tous les états de la rive sud de la Méditerranée ! Lien : http://www.bakchich.info/article3545.html
Les vacances secrètes de Ben Ali à l’Ile Maurice
par Catherine Graciet À la mi-mars, le président Ben Ali est parti avec ses militaires à l’Ile Maurice pour quelques jours de farniente. Si les médias tunisiens se sont tus, les Mauriciens, eux, se souviennent très bien de l’escapade présidentielle. Le bruit court dans les beaux salons de Tunis : le président Ben Ali aurait discrètement pris quelques jours de vacances à l’Ile Maurice, à la mi-mars 2008. Très exactement pendant la semaine du 12 mars qui coïncide avec la fête nationale de cette île chérie des people de la terre entière. Oui, mais voilà, les médias tunisiens, pas franchement réputés pour leur indépendance (Lire dans Bakchich : Tolérance zéro envers les médias), n’ont bien entendu point pipé mot de l’escapade de leur président vénéré. Ainsi, le quotidien La Presse, sorte de Pravda local, s’est débrouillé pour faire exister le chef de l’État dans ses éditions. Par exemple, le 10 mars, ses lecteurs pouvaient lire que Ben Ali a reçu « un message des membres de la Cour des comptes et des participants au colloque sur “La cour des comptes et les défis de la gestion publique” ». Ce qui leur fait une belle jambe. Rebelote le 11 mars où l’on pouvait découvrir que le chef de l’État tunisien a écrit à l’Émir du Qatar une missive dégoulinante de bons sentiments. La présidence tunisienne, quant à elle, ne s’est guère embarrassée de tant de salamaleks puisqu’à la même période, son site Web indiquait sobrement : « pas d’activités (présidentielles) pour le 10 mars 2008 ». Et pour le 11 mars , ô surprise !, que Ben Ali a envoyé un message de félicitations au président mauricien à l’occasion de la fête nationale de l’île. Un jet privé, et beaucoup de militaires Difficile pourtant d’ignorer que Ben Ali a déserté quelques jours durant le pays du jasmin : sans doute par crainte d’être renversé par un quarteron de gradés, il a emporté dans ses bagages ses généraux. Et cela, les médias de l’Ile Maurice s’en souviennent très bien. Dans l’édition du 22 mars 2008 de l’hebdomadaire local L’Express, on pouvait lire ce « confidentiel » anodin intitulé « Le président Ben Ali dans son jet » : « Le président tunisien Abzin (sic !) Ben Ali, qui était en visite privée chez nous la semaine dernière, était accompagné de pas moins de 18 soldats, ce qui a donné du fil à retordre aux services de sécurité à l’aéroport de Plaisance ». Renseignement pris auprès du journaliste à l’origine de cette brève, Ben Ali est arrivé à Maurice en jet privé. Et, en voyant ses militaires, dont certains en uniforme, bousculer le protocole, les policiers mauriciens ont cru pendant quelques secondes à un coup d’État contre… le président sud-africain Thabo Mbeki ! Ce dernier se trouvait en effet sur place puisqu’il était l’invité d’honneur de la fête nationale mauricienne… Et le journaliste de L’Express de souligner : « on n’a pas l’habitude de ce genre de comportement chez nous ». Toujours selon ce dernier, le séjour de Ben Ali s’est toutefois déroulé plus calmement : « séjour à l’hôtel Royal Palm, un palace mauricien, avec sa fille et son gendre ainsi que sa garde prétorienne ». Toujours est-il que le 17 mars, Ben Ali reprenait du service à Carthage puisque le site web de la présidence tunisienne annonçait à grands coups de cirage de pompes qu’il a reçu « le grand écusson de l’Union Arabe de l’Artisanat et des métiers » et remettait le prix du « Président de la république pour la promotion de l’artisanat ». On respire… Lien : http://www.bakchich.info/article3555.html
Tolérance zéro envers les médias par La princesse enchantée , Pat Ethic
Au royaume tunisien du père Zine Ben Ubu, la liberté d’expression n’existe pas. Et gare aux récalcitrants ! Le charmant régime tunisien du président Ben Ali ne recule devant rien pour museler les médias. Le chef de l’État figure d’ailleurs lui-même sur la liste des « prédateurs de la presse » érigée par l’ONG Reporters sans frontières (RSF). Un privilège qu’il partage avec les dirigeants de Corée du Nord, d’Érythrée ou encore de Guinée Équatoriale. La classe ! Il faut dire que la situation des médias dans la Tunisie de Ben Ali est tout simplement catastrophique. Dans l’édition 2008 du rapport annuel de RSF, on peut ainsi lire en guise d’introduction : « le chef de l’État contrôle le pays depuis 20 ans d’une main de fer et rien ne laisse augurer d’une quelconque ouverture ». Terrible quand on sait que Ben Ali a toutes les chances d’être réélu avec un score à la soviétique l’année prochaine… 2008 démarre sur les chapeaux de roues Rien que pour l’année 2007, RSF indique que « pas moins de dix journalistes ont été agressés par la police et trois médias censurés. (…) Trois journalistes ont été poursuivis en justice. Deux d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison ferme. » Quant à 2008, et bien, elle commence sur les chapeaux de roues ! On déplore déjà deux agressions policières. Ainsi, le 3 mars, Sihem Bensedrine, journaliste et présidente du Groupe de travail pour la liberté de la presse en Afrique du Nord ainsi que son mari, Omar Mestiri, directeur de la publication Kalima ont été séquestrés six heures durant et malmenés par la flicaille tunisienne qui a en outre copié le contenu de leurs ordinateurs. Puis, le 24 avril, la voiture de l’épouse du journaliste et opposant Taoufik Ben Brik a été vandalisée alors qu’une semaine plutôt des policiers ont menacé ce dernier de s’en prendre à sa famille. En à peine un trimestre, on déplore également la confirmation de la condamnation à un an de prison du journaliste Slim Boukhdir qui travaille comme correspondant du journal londonien Al Quds Al Arabi et du site web de la chaîne arabe Al-Arabiya. Sans oublier la lente asphyxie de l’hebdomadaire Al-Maoukif qui est régulièrement saisi de façon arbitraire. L’envoyé spécial de Libé poignardé Avec une liberté d’expression réduite à néant, les médias tunisiens sont sans surprise réduits à chanter les louanges du régime. Comme on peut le voir sur cette vidéo réalisée à partir des JT de la télévision tunisienne, il n’y en a que pour Ben Ali ! Les médias étrangers n’échappent pas non plus à cette chape de plomb et toute publication un brin critique pour la smala de Carthage est illico bloquée en douane. Pire, à l’instar de leurs confrères tunisiens, les journalistes étrangers sont également la cible d’agressions physiques de la part de la flicaille de Ben Ali. Dernier épisode en date : en novembre 2005, l’envoyé spécial de Libération, Christophe Boltanski, a été poignardé et aspergé de gaz lacrymogène sous le regard placide de policiers, à Tunis. Dans un registre moins dramatique, Bakchich ne résiste pas au plaisir de rappeler la mésaventure survenue en 1995 au chef du bureau AFP de Tunis, Nabil Jumbert, dont Carthage voulait se débarrasser, et que rapportent les journalistes Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi dans leur livre Notre ami Ben Ali : « Dans un parking, en plein jour, une jeune fille s’affale devant lui (Nabil Jumbert) et hurle de douleur. Comme il se précipite pour lui venir en aide, la Tunisienne se met à hurler au viol. Une plainte est déposée au commissariat de police. Il faudra une intervention de l’ambassade de France pour “exfiltrer” le malheureux journaliste ». Tunisie : Nicolas Sarkozy au royaume d’Ubu Alors que le Président se rend aujourd’hui en Tunisie pour une visite de 48 heures en compagnie de Carla, d’une brochette de ministres et d’une centaine de chefs d’entreprise, « Bakchich » a enquêté sur ce pays gangrené par une corruption généralisée et (…) Lien: htttp://www.bakchich.info/article3563.html
Les magouilles des Ben Ali, Trabelsi, Materi and Co. (vu bk)
La princesse enchantée
C’est de notoriété publique : la Tunisie est pillée sans vergogne par la voyoucratie qui règne à Carthage. « Bakchich » exhume ses archives qui récapitulent les derniers méfaits des clans Ben Ali, Trabelsi et Matéri. Terrible ! Les exploits des Trabelsi Imed, Belhassen… Honnis par les Tunisiens, ils ont en commun de s’appeler Trabelsi, d’aimer bâfrer et d’être apparenté à Leïla, l’épouse du président Ben Ali. Patrimoine historique : Belhassen Trabelsi y fait ses emplettes Le frère de Leïla, première dame de Tunisie, Belhassen Trabelsi, a encore fait de jolis achats. Il a mis la main sur un terrain de Sidi Bou Saïd, jadis propriété du Mufti de Tunis, et sur lequel il veut bâtir une vilaine bicoque de deux étages. Autre conquête immobilière de cet incorrigible : un jardin public de Tunis où il a fait construire un showroom pour les automobiles Ford, dont il est le représentant en Tunisie. Il faut le comprendre : depuis que les Émiratis ont investi dans le secteur immobilier, les prix se sont envolés… Cerise sur le gâteau, Belhassen Trabelsi a également acheté pour la très modique somme de 60 000 dinars un lopin de terre de huit hectares situé dans une zone classée monument historique par les Nations Unies. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du site archéologique des Citernes de Carthage. Ni une ni deux, Trabelsi a fait déclasser son lopin avec l’approbation du ministère tunisien de la Culture. L’Unesco a eu beau protester, rien n’y a fait. Mais il n’y a pas que le patrimoine historique tunisien que Belhassen siphonne. La compagnie aérienne nationale, Tunisair, en fait aussi les frais puisque cet indécrottable glouton utilise gratuitement ses différents services (réparation, catering, entretien des avions…) pour assurer la survie de sa propre compagnie, Karthago Airlines. Imed Trabelsi : du yacht volé aux casinos, tout est bon à prendre ! Officiellement, Imed Trabelsi est le fils de Moncef Trabelsi, frère aîné de la première dame Leïla Ben Ali. Ceux qui savent soutiennent qu’il n’est pas le neveu de la pharaonne Leïla mais son propre fils issu d’un autre lit. Méfiance toutefois ! L’affaire est sensible et a valu à des courageux ayant ouvert cette boîte de Pandore d’être embastillés. Cet imbroglio familial n’empêche pas pour autant le rejeton Trabelsi de mener ses affaires comme il l’entend. Un joli mandat d’arrêt international a d’ailleurs été délivré contre lui par la justice française dans la truculente affaire du yacht volé du patron de la banque d’affaires Lazard Frères (relire un article de Bakchich ici). Qu’importe, cela n’empêche guère Imed Trabelsi de faire cracher les chefs d’entreprises tunisiens ! Tous les jours, à 8 heures pétantes, il téléphone à plusieurs d’entre eux et leur dit en substance : « Je suis le gendre du président Ben Ali. Il va effectuer un déplacement vers chez vous. Je vous propose un abonnement de 3 000 dinars (2 000 euros) pour préparer les banderoles de bienvenue. Je vous envoie tout de suite quelqu’un chercher le chèque. » Autre épisode de la vie du rejeton Trabelsi qui en dit long sur ses mœurs : celui du Manhattan. Aaah, le Manhattan… L’an dernier, pour fêter l’anniversaire de sa fille, le consul des États-Unis à Tunis a réservé cette discothèque bien connue d’Hammamet. Faisant fi des portiers qui lui refusaient l’entrée arguant qu’il s’agissait d’une soirée privée, Imed Trabelsi parvient à s’imposer. N’est-il pas le gendre du président Ben Ali ? Sauf qu’à force de draguer lourdement les invitées américaines, italiennes et françaises présentes, Imed a fini par énerver le consul, l’obligeant à passer un coup de fil salvateur. Quelques minutes plus tard, l’intrus se trouvait sous bonne garde dans un 4×4 qui l’a ramené à Tunis. Le président Ben Ali n’a pas jugé utile de protester. Sakher Materi, chef de gang En 2004, Sakher Materi a épousé l’aînée de Leïla et du président Ben Ali, Nesrine, d’où son sobriquet de Monsieur Gendre. Ce jeune homme n’est pas un inconnu de la famille Ben Ali. Il est le fils de l’officier Moncef Materi, un ami de promo de Ben Ali, du temps de Saint-Cyr, qui avait tenté de renverser Bourguiba en 1962. Une amitié de longue date que Ben Ali s’est empressé d’oublier, du temps de Bourguiba, puis de renouer une fois aux commandes du pays. Pour le plus grand bonheur de Sakher qui bâfre sans retenue. Un seul exemple : voulant mettre le grappin sur la Banque du Sud (plombée par des créances douteuses) au moment de sa privatisation, il a tout bonnement emprunté à ladite banque l’argent nécessaire pour acquérir des parts avant de les revendre au prix fort, et d’investir ses 17 millions d’euros de plus-value chez le fournisseur officiel de voitures de la smala au pouvoir : Enakl, représentant exclusif de Volkswagen, Audi et Renault véhicules industriels. Sans parler des marinas qu’il a construit dans la banlieue de la capitale tunisienne. Dans le gang des Materi, Sakher n’est pas le seul à dérailler. Ainsi, son oncle, le puissant hommes d’affaires franco-tunisien Tahar Materi, qui préside entre autres les laboratoires pharmaceutiques Adwya, vient d’être mis en examen en France par le juge Ramaël pour « atteinte à la vie privée » et « usage de faux » dans une sale affaire d’ordre privée avec son épouse. La pauvre avait été jetée quelques temps en prison en Tunisie. Les Ben Ali pas en reste La sœur du Général-Président, Najet Ben Ali, a raflé plus de 60% du marché tunisien de la friperie. N’étant pas de ce milieu, elle a décidé de « vendre » cette concession à des professionnels triés sur le volet et qui, moyennant finances, revendent les fripes en question. Il leur est toutefois formellement interdit de mettre la main sur les vêtements de luxe (soieries, fourrures…) qui représentent en moyenne 10 % de la marchandise. Celles-ci sont réservées à sœur Najet qui les asticote et les revend au prix fort (et du neuf) dans les sept boutiques de luxe qu’elle possède en Europe. Lien : http://www.bakchich.info/article3558.html
Le siphonage de Tunisair
par La princesse enchantée
Des avions de Tunisair « flanqués au sol » parce qu’on en pique les pièces pour réparer les carlingues de la compagnie Karthago Airlines, propriété du frère de Leila Ben Ali ! Voici en tout cas le contenu édifiant de mystérieux courriers qui circulent parmi les cadres de Tunisair. Une lettre anonyme de cinq pages dactylographiées se ballade au sein du personnel de Tunisair et met en émoi la direction de la vénérable compagnie aérienne, jadis fierté nationale. Poétiquement intitulée « Les nouveaux magouilleurs du ciel ou la danse du loup », cette longue missive relate dans le détail comment Tunisair se fait siphonner par Karthago Airlines, propriété du glouton Belhassen Trabelsi, frère de la vénéneuse Leila Ben Ali, pharaonne de Carthage et épouse du chef de l’État tunisien. Très en verve, le corbeau débute sa lettre par une « analyse » des mœurs économiques et financières sous Ben Ali. En clair dans le texte : « vingt ans de bénalisme ont parachevé tout ce qui restait et nous rattachait encore à la Tunisie d’un point de vue institutionnel, politique, économique, social et éthique. Aux valeurs morales, délaissées, mais universellement reconnues, de sincérité, vérité, condamnation du vol, franchise, honnêteté, bravoure, bannissement de la corruption aide, entraide, loyauté…. La société tunisienne sous le règne de Ben Ali a cédé place et épousé les valeurs de mensonge, vol, hypocrisie, traîtrise, corruption, égoïsme, opportunisme, fraude, prostitution. À l’image de son chef, la vitrine est rose mais le jardin secret est gris, voire obscur. » Un constat qui, soit dit en passant, est aujourd’hui largement partagé par la bourgeoisie d’affaires tunisienne, lasse d’être rackettée par les « saigneurs » du benalisme. Le « laxisme » à la tête de Tunisair Pour le corbeau, les « magouilleurs du ciel » n’ont pas échappé à l’effet Ben Ali. À le lire, « ces minables n’ont pas inventé la lune. La règle est simple : tu offres tes services gratuitement à l’une des familles qui pillent la Tunisie, la plus influente du moment, et tu grimpes rapidement tous les échelons jusqu’à la plus haute sphère du pouvoir. » Il en tient pour preuve les « cadeaux » offerts par certains dirigeants de Tunisair à la compagnie Karthago Airlines de Belhassen Trabelsi. Extrait édifiant de sa lettre anonyme : « sachez que les repas à bord [de Karthago] sont offerts par Tunisair Catering, les services sont offerts par Tunisair Handling, les frais d’entretien, de maintenance et d’engineering des moteurs des avions sont à la charge de Tunisair Technics. À telle enseigne que les six appareils, propriété de Karthago Airlines, ont le privilège d’être entretenus en priorité, quotidiennement, avant ceux de Tunisair. (…) Plus que ça, il arrive le plus souvent qu’en cas de rupture de stock des pièces de rechange chez Tunisair, la pièce recherchée sera démontée de l’appareil de Tunisair flanqué au sol et remontée dans le moteur de l’avion de Karthago Airlines. Et ce, afin de rentabiliser au plus le nombre d’heures de vol des appareil de Karthago Airlines aux dépens de ceux de Tunisair. (…) Il arrive le plus souvent que l’appareil de Karthago Airlines s’opère en 4 ou 6 heures (avec des équipes de mécaniciens de renfort) et deux ou trois, voire quatre appareils appartenant à Tunisair en attente de 2 à 4 mois soient flanqués au sol. (…) Tous ces frais, je le répète sont gratis. » À ces mœurs financières déliquescentes s’ajoutent des affaires de mœurs tout court qui concourent un peu plus à écœurer le management de Tunisair. Dernier extrait de cette lettre, pour la route : « le laxisme a frappé (et frappe toujours) de plein fouet dans la gestion quotidienne des affaires de Tunisair. (…) Une vidéo pornographique a circulé dans des milieux lumineux montrant un acte sexuel complet photographié par un appareil GSM entre un passager suisse et une hôtesse de l’air tunisienne dans les toilettes du vol TU0814 reliant Le Caire à Tunis. » Rien que cela ! Lien : http://www.bakchich.info/article3557.html
Gafsa la rebelle est en ébullition
par La princesse enchantée
Les manifestations et grèves se multiplient dans la région minière de Gafsa. Les forces de l’ordre sont débordées et le charmant régime de Ben Ali peine à ramener le calme. Même la matraque ne marche plus ! Oubliée du « mirage » économique tunisien, la région du gouvernorat de Gafsa, dans le sud-ouest du pays, se meurt à petit feu. Déjà délaissée du temps de Bourguiba, ce qui reste aujourd’hui de l’exploitation des phosphates ne suffit pas à nourrir les habitants, touchés par un taux de chômage record. Alors, lorsqu’en janvier dernier la Compagnie des Phosphates de Gafsa, la CPG, l’un des rares gros employeurs de la région, organise un concours pour recruter, c’est l’espoir au sein de la population. Las, on ne se refait pas et le népotisme est une pratique bien ancrée au pays du jasmin ! Selon un habitant de Gafsa, « plus de 60 postes ont été attribués à des personnes du gouvernorat voisin dont est issu le gouverneur de Gafsa et ses deux cousins, à savoir le président de la CPG et le directeur de l’usine chimique locale ». Résultat : un vaste mouvement de grève et de manifestations qui dure maintenant depuis plus de trois mois et touche principalement les trois villes minières de Redeyef, Oum Elaraïes et Métlaoui. Ouvriers, diplômés chômeurs, lycéens et habitants : tout le monde s’y met, parfois à coups de jets de pierres. Les manifestants ont même installé pendant un mois et demi des tentes de manière à bloquer la circulation des trains entre les carrières et les usines, gelant ainsi les activités de l’industrie du phosphate. La matraque, y a que ça de vrai ! Dans un premier temps, les autorités tunisiennes, réputées pour avoir la matraque facile, se sont contentées d’adopter une stratégie d’encerclement des manifestants sans intervention massive. Des milliers de policiers ont d’ailleurs été rapatriés des quatre coins du pays pour assurer le service d’ordre. Objectif des autorités : éviter un embrasement de la région, ce qui en dit long sur les tensions qui y règnent. Il faut dire que, comme en témoignent ces deux vidéos, on assiste dans la région à des scènes rarissimes en Tunisie depuis que le général-président-à-vie Ben Ali s’est emparé du pouvoir en 1987 : (jeter un oeil sur cette vidéo et sur celle-ci). Puis, début avril, la flicaille a repris ses bonnes vieilles habitudes répressives. Le 6 avril, une manifestation organisée dans les rues de Redeyef a violemment été dissoute et une trentaine de personnes auraient été arrêtées. Puis, le lendemain, des responsables locaux de la grande centrale syndicale l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens ainsi que des leaders grévistes ont été embastillés après avoir été passés à tabac par la police, toujours à Redeyef. La rafle a eu lieu alors qu’ils revenaient de Tunis où ils avaient assisté à une réunion. Boujemaa Echrayti, secrétaire général du syndicat de la santé de Redeyef, Taïeb Ben Othman, enseignant syndicaliste, et Adnane Hajji, secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base de Redeyef, ont notamment été arrêtés. S’il semble que la plupart des syndicalistes aient depuis recouvré la liberté, la situation reste néanmoins explosive dans la région de Gafsa. Le charmant régime du président Ben Ali ferait bien de se méfier et de se souvenir que celle-ci est le berceau du syndicalisme tunisien qui, dans le passé, a su donner de la voix contre le régime… Les islamistes aussi s’y mettent Décidément, la région de Gafsa est bien agitée. Selon un touriste français de passage, il y a quelques semaines de cela, une horde de barbus s’est ruée sur des 4×4 de touristes qui passaient par là, sans doute pour tenter de kidnapper quelques Européens comme cela a été le cas de deux Autrichiens enlevés en Tunisie le 22 février dernier. Toujours d’après ce touriste bavard, s’était ensuivie une féroce bagarre avec les forces de l’ordre tunisiennes qui ont réussi à mettre, non sans peine, en déroute les barbus. Mais pour combien de temps ? La P.E. (Source : « Bakchich » (Satirique – France), le 28 avril 2008) Lien : http://www.bakchich.info/article3559.html
“Ouah Sarkozyah”
Traîtres, vendus à l’étranger, agents des étrangers. Ce sont les qualités des Tunisiens qui dénoncent les abus dans leur pays, qui osent parler des atrocités et du mauvais fonctionnement des institutions voire de leur absence parfois et qui démystifient l’image de leur pays. Un pays où l’on meurt pas de faim- reste à vérifier-, où il n’y pas de guerre civile, où les bombes humaines n’explosent pas encore, où l’essentiel est acquis d’après Monsieur Jacques Chirac (Tunis 5décembre 2003). Selon les patriotes de dernière heure qui défendent farouchement le régime en place, tous les droits de l’homme sont garantis en Tunisie y compris le droit à l’information qui, il faut l’avouer, est exclusivement garanti pour eux afin de discréditer les opposants, les diffamer et de flatter la sage politique du changement qui traîne depuis plus de 20ans. La tactique est simple il faut nier, mentir et continuer à mentir il y’aura certainement quelqu’un qui croira. Parmi les mots d’ordre : la compagne anti “Tunisie” est l’œuvre de certains opposants en faillite. Il n’y à pas de torture, pas de corruption pas d’oppression tout le monde a le droit de s’exprimer à condition bien évidemment de respecter les mœurs, la vie privée et les “constantes” du pays! A la question de la mort de certains Tunisiens sous la torture ou du mauvais traitement, la réponse est qu’on peut mourir dans les locaux du ministère de l’intérieur ou dans les prisons autant que l’on peut mourir chez soi. Les journaux ne sont jamais saisis dans la Tunisie du 7 novembre. Aucun journaliste n’a été incarcéré pour ce qu’il a écrit, Slim Boukhdir est en prison parce qu’il a atteint aux bonnes mœurs, et outragé à des fonctionnaires. Moi même j’ai été incarcère parce que j’ai agressé ma consœur lui causant une invalidité de 10%- que je suis cruel-. Le président français n’a jamais cité mon cas avec le président Tunisien. Ramayade a en fait choqué notre ambassade à Paris en annonçant que ça a été fait. Il ne faut pas croire les ennemis de la Tunisie qu’ils soient Tunisiens ou étrangers. Ces défenseurs de la patrie ne prouveront aucun remords à vous annoncer un jour qu’une personne s’est suicidée par trois balles à la tête. Un conseil il ne faut jamais les contredire. Pour ceux qui n’arrivent plus à supporter les mensonges, ils ont le droit de garder le silence ou ils peuvent toujours mettre fin à leur vie, le suicide en fait n’est pas punissable en tunisie. Cependant certains journaux proches du régime incitent indirectement les jeunes à sacrifier leur vie en allant en Iraq et ce en faisant l’apologie de la brave résistance qui tuent les occupants et leurs collabos et c’est en ce moment là que les services de police interviennent et se chargent d’appliquer la loi à ces jeunes et de les envoyer derrière les barreaux pour infraction à la loi anti terrorisme. Les journaux cités n’évoqueront guère leurs cas par la suite ils sont sûrement occupés du dossier des opposants pacifistes qui trahissent la patrie pour les traiter parfois de prostituées et de pervers en toute impunité. Souriez vous êtes en Tunisie. Le problème chez nous est que le régime en place ne reconnaît pas ses crimes il en va de son salut, pense-t-il peut être. Ses défenseurs sont tellement rémunérés pour leurs positions et avides de récompense qu’ils ne lâcheront ce régime qu’une fois entré dans l’histoire. L’opposition est faible. Alors que faire ? Que faire quand on est agressé ou humilié sans avoir le droit de recourir à la justice ? Quand on perd ses biens sans pouvoir se plaindre ? Quand on voit des femmes voilées humiliées par la police pour les obliger d’enlever le voile ? Quand des femmes plus modernistes sont victimes d’atteintes à leur honneur et tabassées de même dans la rue pour les empêcher de se rendre à une réunion ou d’accéder à une institution pour déposer une plainte ou une requête. Au cours du procès de Soliman; un accusé a évoqué le calife des musulmans -très puissants à l’époque- EL Moatassam (9éme siècle). Il a raconté au tribunal l’histoire de la femme musulmane qui a été maltraitée par un romain et qui pour se défendre a crié “Ouah Moatassamah”. Son cri est parvenu au calife qui a envoyé une lettre au roi des romains pour lui dire “chien des romains si tu ne libères pas la femme je t’enverrai une armée dont le front te parviendra alors que son arrière est encore chez moi”. En fait dans notre imagination arabo musulmane, le passé glorieux a une place prépondérante. Cet accusé, les salafistes et même les agneaux de l’opposition pacifiste partagent relativement cette même culture et imagination. Chacun a besoin de se cacher derrière une force pour chercher une protection. En 1857 le Bey de Tunisie soit M’hamed Bey promulgua le pacte fondamental ou “le pacte de la quiétude”. Quiétude des citoyens et surtout des marchands étrangers. On se vante aujourd’hui de ce pacte et de la constitution de 1861 qui est la première constitution dans le monde arabe. Malheureusement pour notre orgueil, c’était la pression des consuls européens qui était derrière ces textes qui, il faut le rappeler, n’ont pas été respectés sous Sadok Bey qui a commit des atrocités contre ses sujets révoltés ou soupçonnés de soutenir la révolte de Ben Ghedhahem en1864, qui a mis le pays dans une situation de délabrement du fait de la corruption et qui a fini par accepter la création de la commission financière mixte pour gérer les finances de l’Etat et enfin de signer le pacte de Bardo qui autorisait le protectorat français en contre partie de la préservation de son trône et son transmition à sa progéniture. Quel patriotisme pour un roi qui méprisait ses sujets recourant à la protection des étrangers! Son prédécesseur Ahmed Bey lui même affichait son mépris à ceux qui recourent aux étrangers. En 1839 un notable magistrat à “Ras Jebel” a demandé la protection du consul Britannique. Alors le Bey demanda au cheikh Ibrahim Riahi, personnage religieux très respecté, de lui fournir une “fatwa” prohibant aux musulmans de demander la protection des mécréants. La fatwa est enfin annoncée, très deçevante au Bey “patriote”: “Il est permi au musulman de demander la protection des mécréants s’il a peur pour sa vie, ou sa famille, ou ses biens”. Il est vrai que je ne suis pas un cheikh ou, malheureusement pour moi, même pas un bon musulman, mais je me permets sans prendre autorisation de quiconque d’annoncer ma fatwa à moi : à tous ceux qui sont terrorisés par les agents du régime, à tous ceux qui croupissent dans les prisons et y souffrent sans jamais avoir droit à un procès équitable, aux femmes humiliées, tabassées et traitées de prostituées, aux enfants de prisonniers politiques ou autres terrifiés par les criminels officiels, votre calife est mort depuis des siècles en orient,alors continuez votre combat pacifique contre l’oppression tout en sachant que vous avez le droit dans l’état actuel des choses de chercher la solidarité au nord et de crier “Ouah Sarkozyah”. Il est sûrement occupé à organiser son projet d’union pour la méditerranée mais n’arrêtez pas de crier il y’aura certainement des hommes et des femmes au nord qui vous entendront. N’arrêtez jamais de crier jusqu’au jour où il y’aura des institutions pour vous protéger de la loi de la jungle. C’est fini l’orgueil excessif ça ne nous mènera tôt ou tard qu’a l’extrémisme et à la violence. D’ailleurs qui sait? Peut être qu’après des siècles nos descendants protégeront ceux du nord s’ils en auront besoin. Rassurez vous personne n’est assez bien placé, par rapport au patriotisme, pour vous reprocher la sollicitation de la solidarité humaine internationale. Le seul homme qui est endroit de le faire est celui qui prouve qu’il peut vous protéger et cet homme n’existe pas encore alors criez fort. Ainsi éventuellement vous vous protégerez, vous protégerez aussi votre pays de ceux qui appellent aux solutions extrêmes, vous confondrez peut être les responsables de cette situation et vous les amènerez à penser. Il arriveront probablement avec un peu d’effort, à le faire et à trouver une solution qui vient de l’intérieur loin de la logique de la force et de l’intimidation et loin de la logique de l’équilibre des forces qui risque de pousser la partie faible au radicalisme dont on peut s’en passer en Tunisie. Mohamed Abbou abboumohamed@gmail.com
Entretien exclusif avec Moncef Marzouki
Le président Sarkozy au chevet du dictateur Ben Ali
Entretien réalisé par Vincent Geisser Le président de la République, Nicolas Sarkozy, débute aujourd’hui une visite d’Etat en Tunisie. L’occasion nous est donnée de s’interroger sur l’évolution de la politique française à l’égard de la dictature du général Ben Ali qui règne, avec une main de fer, depuis plus vingt ans sur le pays. Rupture ou continuité avec la France-Afrique de son prédécesseur ? Volonté de conditionner l’aide française au dossier sensible des libertés fondamentales et de la démocratisation du « système tunisien » ? Pour répondre à ces questions, oumma.com a rencontré le professeur Moncef Marzouki, médecin internationalement reconnu, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), président-fondateur du Congrès pour la République (CPR), résistant de la première heure au régime autoritaire et qui est aujourd’hui l’une des rares figures de l’opposition tunisienne à prôner la « rupture » avec la dictature policière. Vincent Geisser : L’élection de Nicolas Sarkozy, en mai 2007, a-t-elle représenté un espoir chez les opposants tunisiens de voir émerger une « nouvelle politique » à l’égard du régime autoritaire du général Ben Ali ? Moncef Marzouki : On se souvient que le Président Sarkozy a dit qu’il ne sera jamais l’ami des dictateurs. Nous allons donc attendre ce qui va se passer. J’espère que les Tunisiens écrasés par une dictature sophistiquée mais implacable ne verront pas l’illustre hôte apporter, comme le fit son prédécesseur, Jacques Chirac, son soutien politique et économique à leur tyran mal aimé. La réputation de Nicolas Sarkozy et de la France en sortirait grandement malmenée auprès de millions de Tunisiens. V. G. : Sur le long terme, comment qualifieriez-vous cette politique française de soutien à l’égard du régime policier ? Dans la mesure où la Tunisie n’est ni un pays pétrolier, ni une base militaire stratégique pour l’Europe, quels facteurs précisément expliquent ce soutien inconditionnel de Paris à la dictature de Ben Ali ? Moncef Marzouki : Je la qualifierai de politique de courte vue contraire aux idéaux et aux intérêts de la France. Les raisons sont complexes. Il y a la tradition de la diplomatie française. On traite avec des Etats, les peuples et leurs sociétés civiles n’existent pas. Il y a le cynisme de la Realpolitik. Celle-ci ordonne de traiter avec des régimes, certes peu recommandables mais dociles et collaborationnistes en matière de surveillance des flux migratoires et de guerre contre le terrorisme. Bien sûr, il y a les contrats et là il n’y a pas de petits bénéfices. Il y a aussi des raisons structurelles propres au système démocratique lui-même. Les responsables politiques passent vite. Ce qui les intéresse ce sont les résultats immédiats, le long terme ce n’est pas leur affaire. Tout cela se fait au détriment des intérêts légitimes de notre peuple et surtout des intérêts à long terme de la France. Je n’arrête pas de répéter que les Occidentaux, en matière de lutte contre l’immigration illégale et le terrorisme, prennent les pyromanes pour les pompiers. Les décideurs des grands pays occidentaux prennent une très lourde responsabilité en refilant la patate chaude d’une rive sud de la Méditerranée ravagée par le désespoir et la violence à leurs successeurs et aux générations futures. Stabiliser la région n’est plus une question de politique internationale mais de politique interne. C’est un devoir des gouvernants occidentaux vis-à-vis des peuples européens auxquels nous sommes irrémédiablement liés. Notre développement dépend beaucoup du leur. Ils dépendent pas mal pour leur sécurité de l’avancement de nos libertés. J’ai proposé dans mon livre Le Mal arabe (éditions L’Harmattan, 2004) de considérer que la ligne de partage entre Orient et Occident passe à l’Est de l’Iran, ce qui fait de nous des sud –Occidentaux, par rapport aux Nord – occidentaux que sont les Européens, ces voisins de paliers avec qui on se querelle depuis Carthage mais avec lesquels nous devons collaborer et vivre, si possible et c’est possible, en partageant des valeurs et un projet communs. V. G. : La situation des opposants tunisiens en exil en France a-t-elle changé depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République ? Moncef Marzouki : Non, je ne crois pas. V. G. : Imaginons que le Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères) vous consulte sur la « nouvelle politique française » à adopter à l’égard de la Tunisie, quels conseils lui donneriez-vous précisément ? Moncef Marzouki : Cela fait six ans que je suis à Paris, je ne sais même pas où se trouve le Quai d’Orsay. Mais admettons. Bien sûr, que je crois que c’est à nous Tunisiens de libérer la Tunisie et que personne ne le fera à notre place. Mais si la France veut réellement aider notre pays à sortir avec le moins de dégâts possibles de la dictature, voila comment vous pourrez nous aider. Les Européens et les Français en particulier ont un grand capital de sympathie en Tunisie et dans le Monde arabe. Ne le gaspillez pas, on va en avoir besoin pour réparer la bourde américaine en Irak, éviter la guerre des civilisations, instaurer la paix juste au Moyen Orient. Or ceci ne peut advenir si vous continuez à soutenir, par maque de vision, des régimes morts dans les cœurs et les esprits des Arabes. Ne pariez pas sur des cadavres en décomposition. D’abord prenez langue, comme le font les Américains, avec les démocrates et les islamistes modérés. Il faut exiger du pouvoir tunisien la libération de tous les prisonniers politiques, notamment du journaliste Slim Boughdir, et de façon générale des réformes qui ne soient plus des simulacres. Un geste d’une grande signification. La France ne devra pas reconnaîtra les élections présidentielles de 2009, telles que projetées c’est-à-dire instituant une reconduction automatique de Ben Ali et la présidence à vie de facto. Ceci devra être signifié dés maintenant. C’est ce que nous allons demander en tant que résistance tunisienne à tous les leaders occidentaux et notamment au prochain président américain. V. G. : Depuis son indépendance la Tunisie n’a jamais connu la démocratie. Elle est en passe de devenir l’une des plus vieilles dictatures du monde. Comment qualifieriez-vous le régime de Ben Ali par rapport à celui de Bourguiba ? Moncef Marzouki : Il en est la triste fin, l’aboutissement grotesque, le grossissement jusqu’au ridicule de toutes ses tares : le culte de la personnalité, le règne de l’Etat parti, la mise au pas des institutions, le refus de l’autonomie des consciences et des groupes sociaux ….tous cela sans l’intelligence et l’intégrité de Bourguiba. D’où ce terrible gâchis qu’est la Tunisie d’aujourd’hui. Il ne faut pas se voiler la face sur la responsabilité de cet homme et de son parti dans ce gâchis. Pour avoir reculé devant les réformes nécessaires et encore possibles dans les années 1980, donc, l’ouverture vers les démocrates ; ils ont livré le pays à deux familles maffieuses les Ben Ali et les Trabelsi [famille de la femme du président tunisien, Leïla Ben Ali née Trabelsi]. V. G. : La France compte l’une des plus importantes « communautés tunisiennes » de travailleurs, d’étudiants, de cadres supérieurs et d’intellectuels dans le monde ? Selon vous, quel pourrait être le rôle des Tunisiens de France et des Français d’origine tunisienne pour l’avènement de la démocratie en Tunisie ? Paris peut-il être le « Londres » (en référence au Général de Gaulle 1940-1944) de la résistance tunisienne ? Les Franco-Tunisiens ont-ils un rôle à jouer dans la lutte contre la dictature ? Moncef Marzouki : Je prône sans relâche deux approches pour en finir avec la dictature. D’une part, la résistance civile et le rejet total de ce régime et de sa démocratie d’opérette…. Et d’autre part, l’appel pour une transition pacifique vers la démocratie. Une telle transition nécessite la synergie d’actions des trois acteurs qui ont voix au chapitre. Il y a d’abord les patriotes au sein de l’Etat confisqué. Leur rôle est important dans la préparation d’une solution « à la mauritanienne » ; c’est-à-dire le renvoi du dictateur sans effusion de sang et sans procès tonitruants, et la remise du pouvoir après un délai court dans les mains du suffrage universel. Le deuxième acteur est le partenaire occidental, notamment français, qui doit pousser dans le sens d’une telle solution. Mais l’acteur principal est le peuple tunisien, qui par la résistance civile doit peser de tout son poids pour accélérer la fin trop longue, insupportable et ridicule dictature…et surtout d’empêcher que si changement il y a, on ne retourne à la case départ avec un 7 novembre bis [en référence au 7 novembre 1987, date du “Coup d’Etat médical” de Ben Ali]. Or les Tunisiens de l’étranger et les Franco-tunisiens, sont partie prenante de ce peuple que j’appelle à reconquérir sa dignité bafouée et ses libertés confisquées par des mafieux notoires qui n’auraient dû jamais se faufiler dans le champ politique. Pour ceci, les Tunisiens d’ici et de là bas doivent cesser d’être terrorisés par un régime sur le déclin et qui vit lui-même dans la peur. Les Tunisiens doivent tous comprendre qu’il n’ y a pas, qu’il n’y a plus de place pour les solutions individuelles. Notre drame à tous est d’origine collective et politique. Seule une action collective et politique y mettra fin. Tunisiens, retrouvez votre sens de l’honneur, du devoir, du courage et de la responsabilité. C’est cela et rien d’autre qui vous sauvera et nous ne sauvera tous et qui remettra enfin le pays en perdition sur les rails. A lire l’ouvrage écrit par Moncef Marzouki, Le mal arabe. Entre dictatures et intégrismes : la démocratie interdite, Paris, L’Harmattan, 2004. . Voir aussi les écrits en arabe et en français de Moncef Marzouki sur le site : www.moncefmarzouki.net (*) Vincent Geisser Politologue, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (CNRS), enseigne à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. (Source : le site «Oumma.com » (France), le 27 avril 2008) Lien : http://www.oumma.com/Le-president-Sarkozy-au-chevet-du
France 24 Nicolas Sarkozy en visite d’Etat en Tunisie
Le président français entame une visite d’Etat en Tunisie. Coopération nucléaire civile, Union pour la Méditerrannée mais aussi droits de l’Homme seront au centre des discussions. (Récit : P. Paccard) Lundi 28 avril 2008 http://www.france24.com/fr/20080427-visite-nicolas-sarkozy-tunisie-france-tunisie-ben-ali&navi=MONDE
FACE A FACE Paris – Tunis : et les droits de l’Homme ?
Lundi 28 avril 2008 Les ONG Amnesty International ou encore Human Rights Watch pressent Nicolas Sarkozy, en visite d’Etat à Tunis, d’aborder la question épineuse des droits de l’Homme avec ses homologues du pays du Jasmin. http://www.france24.com/fr/20080427-visite-nicolas-sarkozy-tunisie-france-tunisie-ben-ali&navi=MONDE?q=node/1368159
Reuters, le 28 avril 2008 à 16h36 Sarkozy entame une visite d’Etat en Tunisie
par Emmanuel Jarry TUNIS, 28 avril (Reuters) – Nicolas Sarkozy est arrivé lundi en Tunisie pour une visite d’Etat de 48 heures au cours de laquelle il parlera coopération nucléaire civile, Union pour la Méditerranée mais aussi droits de l’Homme. Le chef de l’Etat français et son épouse Carla ont été accueillis à l’aéroport de Tunis par le président Zine el Abidine Ben Ali. Les deux présidents devaient ensuite avoir un premier entretien avant la signature d’accords et un dîner. La France et la Tunisie doivent parapher un accord cadre de partenariat dans le nucléaire civil, similaire à ceux que la France a déjà paraphés avec la Libye, le Maroc et l’Algérie. Paris espérait en outre voir aboutir des discussions sur la vente d’une vingtaine d’avions Airbus à Tunis Air et la fourniture par le groupe Alstom , pour 300 millions d’euros, d’équipements pour une centrale thermique. L’Agence française du développement signera sept conventions de financement pour une valeur de 140 millions d’euros. Le ministre de l’immigration, Brice Hortefeux, qui est du voyage, signera des accords sur la gestion concertée des flux migratoires et la lutte contre l’immigration clandestine. Ils énumèrent notamment les 77 métiers, surtout dans la construction et les services, auxquels la France ouvrira l’immigration professionnelle en provenance de Tunisie. La Caisse d’Epargne doit signer de son côté avec la Banque tuniso-koweïtienne (BTK), récemment privatisée, un accord sur des produits d’épargne destinés aux 600.000 ressortissants tunisiens vivant en France, dit-on de source française. Nicolas Sarkozy, dont c’est la sixième visite au Maghreb en un an, évoquera les relations économiques entre les deux pays mardi devant 500 entrepreneurs français et tunisiens. Le projet d’Union pour la Méditerranée (UPM) sera également l’un des grands thèmes de sa visite. DROITS DE L’HOMME La Commission européenne souhaiterait que le secrétariat de la future UPM, initiative d’origine française reprise par l’Union européenne pour renforcer la coopération entre les deux rives du bassin méditerranéen, ait son siège à Bruxelles. La France milite au contraire pour qu’il soit dans un pays de la rive sud. La Tunisie et le Maroc sont candidats. L’Elysée affirme que c’est aux pays de la rive sud de se mettre d’accord entre eux. Mais la Tunisie paraît la mieux placée, à la fois du point de vue géographique et parce qu’elle entretient de bonnes relations avec l’ensemble des pays du nord et du sud de la Méditerranée, dit-on à Paris. Cette perspective fait grincer les dents des défenseurs des droits de l’Homme, qui accusent le pouvoir tunisien d’attenter aux libertés fondamentales sous couvert de combattre le terrorisme et l’extrémisme islamique. Le rédacteur en chef et le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Al Mawkef, organe du Parti démocratique et progressiste, parti d’opposition, ont annoncé samedi qu’ils entamaient une grève de la faim illimitée. Rachid Khechana et Mongi Ellouze protestent contre les tracasseries dont ils jugent leur journal victime. Parmi les sept membres du gouvernement français qui accompagnent Nicolas Sarkozy figure la secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, Rama Yade, qui rencontrera des “représentants de la société civile” tunisienne, précise son cabinet. “S’agissant des droits de l’Homme, naturellement le président de la République en dira un mot public, d’abord parce que nous estimons juste de souligner les acquis réels de deux générations d’indépendance de la Tunisie”, dit l’Elysée. “Pour le reste, le président aura à coeur d’évoquer un certain nombre de dossiers lors de son tête-à-tête avec le président Ben Ali”, mais il n’en fera pas état publiquement, ajoute-t-on de même source. Pour Khadija Mohsen-Finan, spécialiste de l’Afrique du Nord à l’Institut français des relations internationales (Ifri), la question des droits de l’Homme n’est pas seule à poser problème. “Les investisseurs étrangers ne sont pas attirés à cause de l’insécurité intérieure. Il y a aussi la corruption, le clientélisme, l’opacité du pouvoir”, a-t-elle dit à Reuters. “Le système bancaire est inféodé au pouvoir, des chefs d’entreprise sont très influents dans la prise de décision politique”, a-t-elle ajouté. “Pour que la Tunisie soit un acteur à part entière dans l’Union pour la Méditerranée, il faudrait des changements structurels.” REUTERS
Reuters, le 28 avril 2008 à 16h37 Nucléaire-France et Tunisie renforcent leur coopération
TUNIS, 28 avril (Reuters) – L’accord cadre de partenariat dans le nucléaire civil qui sera paraphé par la France et la Tunisie à l’occasion de la visite d’Etat du président Nicolas Sarkozy à Tunis, est la suite logique de l’histoire déjà longue de la coopération entre les deux pays dans ce domaine. Il ouvre la voie à l’extension de cette coopération à tous les domaines relatifs à la mise sur pied d’une filière nucléaire – formation d’ingénieurs, développement de laboratoires, mise en place d’organismes de sûreté et de sécurité, législation et règlementation, création d’un centre de formation en Tunisie …Il ouvre également la voie à une étude de faisabilité pour la construction d’une centrale électronucléaire en Tunisie, voire, à plus long terme, à la fourniture de cette centrale, précise la délégation française. Le président Zine al Abidine ben Ali a annoncé en novembre 2006 que la Tunisie souhaitait se doter d’une centrale nucléaire d’une puissance de 800 à 900 MW à l’horizon 2020. Selon Paris, la Tunisie est également intéressée par les possibilités qu’offre l’énergie nucléaire pour le dessalement de l’eau de mer. L’accord de partenariat franco-tunisien, qui doit encore recevoir l’aval de l’agence atomique européenne Euratome pour être officiellement signé, est similaire à ceux que la France a déjà paraphés avec la Libye, le Maroc et l’Algérie. Le premier accord de coopération et de recherche entre la France et la Tunisie remonte à 1985, rappelle-t-on de source diplomatique française. Le Commissariat (français) à l’énergie atomique (CEA) et le Centre national (tunisien) des sciences et technologies nucléaires ont ensuite signé un accord de coopération en 1996. Cet accord a été renouvelé le 14 décembre 2006. De nombreux étudiants tunisiens poursuivent par ailleurs des études scientifiques en France. De son côté, le groupe français Areva serait intéressé par les perspectives d’extraction d’uranium des phosphates tunisiens, dit-on de source gouvernementale française. REUTERS
Reuters, le 28 avril 2008 à 17h07 France’s Sarkozy targets deals on Tunisia trip
By Lamine Ghanmi TUNIS, April 28 (Reuters) – President Nicolas Sarkozy arrived on Monday in Tunisia, one of France’s closest Arab allies, aiming to sign trade and energy accords and discuss terrorism and illegal migration. His three-day official visit to the north African country of 10 million is likely to anger human rights activists in Tunisia and abroad who want France to put more pressure on the government to improve its human rights record. Tunisia is the Maghreb’s most westernised state, but human rights groups routinely accuse the government of muzzling the press and beating and jailing opponents. It denies the accusations. Sarkozy’s visit is the latest in a series of trips to North Africa that have seen multibillion dollar deals between French companies and customers in Morocco, Libya and Algeria. Sarkozy also plans to increase aid to Tunisia. “The accords being signed as well as the financial conventions on aid to be granted to Tunisia underscore France’s determination to help the country’s development and growth,” Sarkozy told Tunisian French-language Le Temps in an interview. Sarkozy, accompanied by wife Carla Bruni and seven ministers, will hold talks with Tunisian counterpart Zine al Abidine Ben Ali before the two leaders oversee the signing of a framework deal on civil nuclear cooperation on Monday evening. France has reached similar deals with Algeria, Libya and Morocco which have focused on the training of nuclear engineers. PLANES AND POWER France hopes planemaker Airbus will reach a deal to sell about 20 aircraft to Tunisian flag carrier Tunisair. Airbus is owned by European aerospace group EADS. Alstom is expected to win a 300 million euro ($470 million) deal to equip a Tunisian power plant during the visit, officials said. The French Development Agency, France’s government overseas development aid arm, expects to sign seven deals granting the Tunisian government a total of 140 million euros in soft loans to finance energy and rural and urban development, they added. Paris and Tunis also plan cooperation accords on migration. About 600,000 Tunisian expatriates live in France, Tunisia’s top investment partner. Bilateral trade stood at 7 billion euros in 2007. “Legal migrations are the engine of our relations. They must be facilitated and together we will fight illegal immigration,” Sarkozy added in the interview with Le Temps. Much of the migrant flow across the Mediterranean is of sub-Saharan Africans hoping to start a new life in Europe. Migrant support groups accuse the European Union of pressuring Maghreb states to expel such migrants but failing to produce promised aid to help them find alternative livelihoods. Sarkozy and Ben Ali also plan to step up counter-terrorism cooperation and discuss the future Union for the Mediterranean, one of Sarkozy’s favourite diplomatic projects. The Union is intended to cement cooperation between European and southern Mediterranean states including Turkey and Israel. Tunisia has been named as a candidate to host the offices of the future Union, to the dismay of human rights activists. “The Tunisian regime would use this visit as a signal of support. We hope that Sarkozy would not fall into that trap and sing praises,” Moncef Marzouk, a Tunisian exile in France, said in Paris. “That would be bad for democrats and opponents.” REUTERS
Nicolas Sarkozy place sa visite à Tunis sous le signe de l’économie et de l’Union de la Méditerranée
TUNIS ENVOYÉE SPÉCIALE Après avoir été au Maroc en octobre et en Algérie en décembre 2007, Nicolas Sarkozy se devait d’effectuer une visite d’Etat en Tunisie. Le président français se rend donc chez le président Ben Ali les 28, 29 et 30 avril, avec sept ministres – dont celle de l’économie, Christine Lagarde, et la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade – mais sans Bernard Kouchner. Le ministre des affaires étrangères tente pendant ce temps de relancer, en Colombie, au Venezuela et en Equateur, les négociations pour libérer Ingrid Betancourt. Cette seconde visite à Tunis de M. Sarkozy depuis son arrivée à l’Elysée – la première avait eu lieu en juillet, dans le cadre d’une mini-tournée maghrébine – s’inscrit sous le signe de l’économie et de l’Union pour la Méditerranée. Quelque 120 chefs d’entreprise font partie du voyage. La France est le premier client de la Tunisie et son premier fournisseur. En 2007, le commerce bilatéral – favorable à la Tunisie – a atteint un niveau record de 7 milliards d’euros. Fait notable au regard de la taille réduite de sa population (10 millions d’habitants), la Tunisie entretient avec la France les rapports les plus denses de la région. On compte deux fois plus d’entreprises françaises en Tunisie qu’au Maroc, et trois fois plus qu’en Algérie. Lors de cette visite, M. Sarkozy espère obtenir la vente d’avions Airbus à Tunis Air et la fourniture par le groupe Alstom d’équipements pour une centrale thermique. Un accord de partenariat sur le nucléaire devrait aussi être paraphé, semblable à ceux conclus par la France avec le Maroc, l’Algérie et la Libye, ouvrant la voie, à terme, à la fourniture d’une centrale nucléaire. A trois mois du sommet de l’Union pour la Méditerranée, prévu à Paris le 13 juillet, M. Sarkozy devrait consacrer le plus attendu de ses discours, mercredi, à ce projet qui lui est cher. Il a trouvé dans le président Ben Ali l’un de ses plus fervents partisans. La question des droits de l’homme, initialement promise à la portion congrue, est en passe de s’imposer dans les entretiens. Deux journalistes d’Al-Mawkif, organe du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition), ont entamé samedi, à Tunis, une grève de la faim pour “attirer l’attention de l’opinion publique sur la grave détérioration de la liberté de la presse en Tunisie”. De son côté, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), l’avocat Mokhtar Trifi, a regretté que, lors de sa visite en juillet, M. Sarkozy “ait totalement ignoré la société civile tunisienne” et espéré que “ce ne serait pas le cas cette fois-ci”. Pour sa part, Khadija Cherif, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), a dénoncé “la justice aux ordres” ainsi que la corruption et l’usage de la torture en Tunisie. L’entretien accordé dimanche par M. Sarkozy au quotidien tunisien Achourouq – dans lequel il dit venir apporter son “estime” et son “soutien” au président Ben Ali – n’aura sans doute pas aidé à dissiper l’amertume de ceux qui se battent pour la démocratie. Achourouq mène jour après jour, avec Al-Hadath, des campagnes de haine contre les défenseurs tunisiens des droits humains. La porte-parole du Conseil national pour les libertés (CNLT, non reconnu), Sihem Bensedrine, et la présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen, sont ainsi régulièrement présentées par ces journaux à fort tirage comme des “prostituées”, des “créatures du diable”, des “vipères lubriques”, “vendues aux sionistes et aux francs-maçons”. Florence Beaugé (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), édition du 29 avril 2008)
Coopération, contrats et droits de l’homme au menu de la visite de Nicolas Sarkozy en Tunisie
Nicolas Sarkozy est attendu à Tunis, lundi 28 avril, pour une visite d’Etat de trois jours au cours de laquelle il devrait aborder avec son homologue tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, les thèmes de la coopération nucléaire civile, de l’Union pour la Méditerranée et des droits de l’homme. Le président français, accompagné de son épouse et de sept ministres, achèvera ainsi sa tournée au Maghreb, après les visites d’Etat effectuées depuis son élection au Maroc et en Algérie.
La France et la Tunisie devraient parapher, lundi soir, un accord-cadre de partenariat dans le nucléaire civil. Cet accord, similaire à ceux que la France a signés avec la Libye, le Maroc et l’Algérie, ouvrira notamment la voie à la formation d’ingénieurs. L’Elysée espère aussi voir aboutir, d’ici lundi soir, des discussions sur la vente d’une vingtaine d’avions Airbus. En tout, près de 120 chefs d’entreprise devaient accompagner le président français.
Dans le volet coopération de cette visite, l’Agence française du développement devrait signer avec Tunis sept conventions de financement pour une valeur totale de 140 millions d’euros dans les domaines de l’énergie, du développement durable et du développement urbain. Des accords devraient également être signés sur la gestion concertée de l’immigration et la lutte contre l’immigration clandestine, le tourisme et la sécurité civile.
“ESTIME” ET “SOUTIEN” À M. BEN ALI
La France souhaite que le secrétariat de la future Union pour la Méditerranée, initiative française reprise par l’Union européenne pour renforcer la coopération entre les deux rives du bassin méditerranéen, ait son siège sur la rive sud. La Tunisie est citée comme un candidat possible, ce qui fait grincer les démocrates tunisiens, qui rappellent à Nicolas Sarkozy ses promesses sur une politique étrangère française plus soucieuse de droits de l’homme.
Le chef de l’Etat français, qui sera accompagné de sa secrétaire aux droits de l’homme Rama Yade, est attendu de pied ferme sur cette question. “Le régime va utiliser cette visite comme un signe de soutien. Nous espérons que Nicolas Sarkozy ne va pas tomber dans le panneau et se répandre en louanges”, explique Moncef Marzouki, opposant en exil en France. Des mises en garde qui n’ont pas empêché M. Sarkozy de dire son “estime” et son “soutien” à M. Ben Ali, dans une interview publiée, dimanche, dans le quotidien tunisien Ach-Chourouk.
En réponse à ces inquiétudes, l’Elysée fait valoir qu’un “dialogue confiant et franc” peut s’avérer “plus productif que des proclamations publiques” qui ont “le don de provoquer une crispation” et cite, en exemple, la libération de l’avocat Mohammed Abbou, en juillet 2007, après une visite de travail de Nicolas Sarkozy à Tunis.
Le 28/04/08, Le Monde
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), édition du 28 avril 2008)
En Tunisie, le malaise de la génération Ben Ali
Les plus qualifiés, laissés-pour-compte du dynamisme économique, revendiquent.
Envoyée spéciale en Tunisie NADIA HACHIMI ALAOUI Petit à petit, ils s’organisent. A Tunis, à Sfax, ou Kairouan, devant les universités ou les ministères, leur voix, encore timide, se fait entendre. Depuis quelques mois, dans les rues propres et policées de Tunisie, les diplômés chômeurs bravent les interdictions. «Depuis novembre, nous avons organisé 146 manifestations», notent Cherif, 28 ans et Folla, 32 ans, tous deux membres fondateurs de la toute jeune Union des diplômés chômeurs. Avec sa maîtrise en sciences de la vie, Folla alterne, depuis sa sortie de l’université il y a cinq ans, stages et petits boulots pour à peine 150 dinars (82 euros) par mois, quand Cherif, bac + 6 en histoire, vit grâce au soutien financier de ses parents. Laissés pour compte du miracle économique tunisien, ils ont décidé, il y a un peu plus d’un an, avec une dizaine de diplômés chômeurs de l’université de Tunis, de se regrouper en association pour dénoncer «la précarité de leurs conditions». Depuis, l’Union des diplômés chômeurs grossit : les petits rassemblements d’une vingtaine de personnes sont passés à 30 puis aujourd’hui à 40, et mercredi une section locale de l’association, la quatrième du genre, s’ouvrait à Sidi Bouzid, sous l’égide de Cherif, coordinateur des unions régionales. «Calmants». L’Union est tolérée jusque-là par les autorités. «Il est quand même arrivé, fait remarquer Cherif, que certains d’entre nous soient arrêtés dans des cafés sans aucune raison puis relâchés. Mais ça ne fait rien, on n’a pas d’autre choix.» Avec un taux de chômage de 20 %, contre une moyenne nationale de 14 %, le phénomène des diplômés chômeurs en Tunisie est de plus en plus difficile à contenir. De 1997 à 2007, leur nombre a été multiplié par trois (passant de 121 000 à 336 000), et dans certaines filières, le taux de chômage frôle les 60 %, rapporte une enquête de la Banque mondiale. Avec ses 5 % de croissance en moyenne, l’économie n’a pas réussi à grossir au même rythme que le formidable effort de formation de ces quinze dernières années. Résultat, avec l’arrivée massive aujourd’hui de la génération Ben Ali sur le marché du travail, le modèle économique tunisien se fissure. «Les diplômés chômeurs sont le point noir de l’économie et sont surtout un sujet d’interrogation pour l’avenir», note un diplomate en poste à Tunis. Conscient des enjeux, l’Etat a multiplié ces derniers mois les incitations fiscales pour attirer les entreprises européennes, permit la cession au dinar symbolique de centaines d’hectares aux investisseurs du Golfe, et tente par ailleurs de gagner du temps avec les étudiants. Prolongations de cursus universitaires permettant de retarder l’entrée sur le marché du travail, contrats d’insertion professionnelle subventionnés par l’Etat : «le gouvernement nous donne des calmants espérant éviter les crises, mais ce n’est pas suffisant, il faut des réformes en profondeur», s’enflamme Cherif. C’est dans le bassin minier de Gafsa, au sud-est du pays, que la crise a éclaté en janvier. Dans cette région pauvre où le taux de chômage des jeunes oscille entre 30 et 40 %, la compagnie de phosphates de Gafsa y est le principal employeur. Le 5 janvier, la publication des résultats du concours d’entrée dans l’entreprise a mis le feu aux poudres. Le recrutement de jeunes ingénieurs du nord du pays au détriment de ceux de la région a fait descendre dans les rues, pendant plusieurs semaines, ouvriers, étudiants, mères de familles et chômeurs, convaincus d’une connivence entre le gouvernement et la centrale syndicale et dénonçant «les fraudes, et le népotisme». Inflation. «Le gouvernement a mis du temps avant de réagir. Trois ministres ont fini par faire le déplacement, promettant pour calmer le jeu de futurs investissements dans la région», raconte Rachid Khechana, rédacteur en chef du journal d’opposition Al Mawkef, seul quotidien tunisien à avoir rapporté les événements de Gafsa. «Une semaine plus tard, en l’absence d’annonce officielle plus convaincante, les manifestations ont repris de plus belle.» Et cette fois, la réponse fut policière. Du 6 au 9 avril, la ville de Redeyef, à 60 km de Gafsa, a été encerclée par les forces de sécurité, et une quarantaine de personnes ont été interpellées puis relâchées. Des dizaines de familles ont fui vers l’Algérie pour échapper à la répression. La flambée des prix alimente un peu plus la grogne. Avec une inflation de 6 % en un an, et la stagnation des salaires, les Tunisiens se plaignent de voir leur pouvoir d’achat s’éroder. Et dans la Tunisie de Ben Ali, d’habitude si silencieuse, les langues se délient. (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 28 avril 2008)
Sarkozy : une visite délicate
CHRISTOPHE AYAD Nicolas Sarkozy entame cet après-midi une visite officielle de trois jours en Tunisie. Après le Maroc et l’Algérie, il achève ainsi sa tournée du Maghreb. Au cours de son séjour, le Président, accompagné d’une centaine de chefs d’entreprises, doit parapher deux accords : le premier sur l’immigration, instaurant des quotas de visas en échange d’un renforcement de la lutte anti clandestins, et le second ouvrant la porte à une coopération dans le nucléaire civil, à l’instar de ceux signés avec Tripoli, Rabat et Alger. Il sera aussi question de l’Union pour la Méditerranée : Tunis postule pour en accueillir le siège. Des discussions sont en cours pour l’achat d’Airbus et d’une centrale électrique. Mais les droits de l’homme, massivement bafoués, risquent de passer à la trappe. Lors de leur passage en juillet, ni Sarkozy ni Rama Yade n’avaient évoqué la question. Cette fois-ci, ils ont promis «un geste fort». La moindre des choses alors qu’une mission de la FIDH vient d’être interdite d’entrée en Tunisie. (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 28 avril 2008)
Méditerranée : Sarkozy défend son projet à Tunis
Le président de la République, accompagné de son épouse, effectue une visite d’État de quarante-huit heures à Tunis. Après le Maroc et l’Algérie, l’an dernier, Nicolas Sarkozy revient en Tunisie où il n’était passé qu’en coup de vent. La visite d’État de quarante-huit heures qu’il commence aujourd’hui lui donnera le temps d’évoquer avec son hôte tunisien tous les thèmes d’une relation très dense avec, au premier chef, l’Union pour la Méditerranée. Le président de la République doit notamment y consacrer l’essentiel du discours qu’il prononcera mercredi devant les étudiants de l’Institut national des sciences appliquées et des technologies de Tunis. C’est également dans la capitale tunisienne que pourrait être installé le futur secrétariat de l’Union pour la Méditerranée qui sera officiellement lancé au sommet de Paris, le 13 juillet prochain. Un ancrage qui s’explique sans nul doute par la relation privilégiée, «apaisée», dit-on à Paris, qui prévaut entre la France et la Tunisie. Celle-ci avait positivement et promptement accueilli le grand chantier méditerranéen de Nicolas Sarkozy, a fortiori s’il consacre un partenariat sur un pied d’égalité entre les deux rives de la Méditerranée, ce que n’est pas parvenu à accomplir le processus de Barcelone. À Tunis, le chef de l’État, qui a envoyé en précurseur son conseiller spécial Henri Guaino, la semaine dernière, devra donc rassurer ses interlocuteurs qui ne veulent pas entendre parler d’une «resucée» de Barcelone, selon le mot d’une source diplomatique. «Il faut que notre partenariat soit le fruit d’un véritable dialogue Nord-Sud et non un concept imposé au Sud par le Nord», a plaidé hier Nicolas Sarkozy, dans une interview à la presse tunisienne. Autre thème phare, l’immigration qui fera l’objet d’un accord de «gestion concertée» signé par Brice Hortefeux. Après le Sénégal, le Congo, le Gabon et le Bénin, la Tunisie sera le premier pays du Maghreb à passer avec Paris un tel contrat destiné à faciliter l’accès de l’Hexagone aux immigrés qualifiés. Une piste appréciable pour un pays où le chômage des jeunes diplômes pèse lourdement sur l’économie. La question des droits de l’homme Des contrats sont également en vue. Accompagné d’une centaine de patrons, Nicolas Sarkozy s’efforcera de conforter la place de la France au premier rang des partenaires économiques de la Tunisie. Dans le nucléaire civil, un accord-cadre sera paraphé offrant à la Tunisie un accès à la haute technologie française, comme cela a été le cas avec la Libye, le Maroc ou l’Algérie. La fourniture de réacteurs nucléaires pourrait suivre… Mais pas avant une quinzaine ou une vingtaine d’années. À plus court terme, Airbus devrait faire affaire avec Tunis Air qui veut renouveler sa flotte, soit une trentaine d’appareils. En concurrence avec Siemens, Alstom est sur les rangs pour la construction d’une centrale électrique. Nicolas Sarkozy ne manquera pas de croiser la question des droits de l’homme dont les militants attendent de lui un «geste fort». Rama Yade sera du voyage «pour évoquer un certain nombre de dossiers». Un terrain délicat sur lequel Paris veut poursuivre un «dialogue confiant» sans provoquer de crispation par des sorties publiques.
Alain Barluet, Le Figaro (Source : « Le Figaro» (Quotidien – France), édition du 28 avril 2008)
Quand même la météo n’est plus politiquement correcte…
Sept journalistes du quotidien «La Presse», l’organe du parti au pouvoir, s’alarment d’un excès de zèle des porteurs de ciseaux. Soufiane Ben Farhat n’a rien d’un opposant. Depuis vingt-cinq ans, ce journaliste jovial et bon vivant est l’un des piliers du quotidien La Presse, l’organe du parti au pouvoir. Chef du service international, il est, avec six confrères, l’auteur d’un récent manifeste qui relève du coup de gueule. «La Presse, fondée au début du siècle dernier par Henri Smadja, était un journal de référence. Aujourd’hui, nous avons atteint le degré zéro de l’information.» À l’en croire, la censure ou l’autocensure est devenue «un véritable fléau» qui «a plongé le journal dans un abîme de ridicule». Au hit-parade des sujets tabous : le terrorisme. L’attentat de Djerba ? «Il s’est longtemps réduit à une explosion de gaz.» Le groupe salafiste arrêté à Soliman ? «Présenté d’abord comme des trafiquants de drogue.» Le kidnapping des touristes autrichiens ? «La Presse n’en a pas dit un mot.» La révolte, cet hiver, des mineurs de phosphates à Gafsa, qui a duré trois mois et demi ? Un article alambiqué assurant que «les citoyens de Gafsa sont reconnaissants au président pour le suivi de leurs préoccupations». La déception du ministre de la Communication sur la couverture des débats budgétaires ? «Black out.» La météo elle-même n’échappe pas aux ciseaux de la direction. C’est ainsi qu’un article intitulé «Au secours, il pleut» a été censuré et qu’un autre évoquant les dégâts causés par des averses torrentielles s’est travesti en «manne céleste bienvenue». «Tout ce qui s’apparente de près ou de loin à une critique passe aux poubelles de l’histoire, poursuit Soufiane. Mais qui peut avoir envie d’acheter un journal dont le contenu se résume en trois mots : tout va bien ?» En désespoir de cause, les articles interdits se retrouvent publiés sur des sites de l’opposition. Désert médiatique La fronde a commencé en janvier dernier, lors de l’élection du bureau exécutif du Syndicat national des journalistes. À la surprise générale, six de ses neuf membres élus étaient des candidats indépendants. Depuis, la grogne a gagné l’ensemble de la presse gouvernementale. Selon Soufiane, l’Agence tunisienne de presse et plusieurs autres publications se prépareraient à déballer leur linge sale en public. Le principal journal d’opposition, l’hebdomadaire al-Maoukif, affronte une autre sorte de tracasserie. À plusieurs reprises, raconte son rédacteur en chef Rachid Khechana, «il a été retiré des kiosques» et pour avoir révélé un scandale sur une huile de table frelatée, il vient d’être condamné à verser une amende de 300 000 euros. Khechana et Mongi Ellouze, directeur du journal, ont entamé samedi une grève de la faim pour protester contre ces manœuvres visant, selon eux, à «asphyxier» al-Maoukif. Créé en octobre dernier, l’hebdomadaire L’Expression a apporté une bouffée de glasnost. Il est pourtant menacé lui aussi de disparition, son indépendance d’esprit lui valant d’être privé de publicité. Ce désert médiatique, conjugué à la chute d’audience des télévisions françaises, a ouvert un boulevard aux chaînes satellitaires arabes. L’info en continu d’al-Jezira et les prêches wahhabites de la chaîne saoudienne Iqra ont désormais les faveurs d’une majorité de Tunisiens. De notre envoyée spéciale à Tunis A.T., Le Figaro 28/04/2008 (Source : « Le Figaro» (Quotidien – France), édition du 28 avril 2008)
La Tunisie mise sur Paris pour s’arrimer à l’Europe
Dépourvue de ressources, la Tunisie compte sur l’Union européenne pour soutenir son économie. Directeur depuis vingt ans de Cotusal, une filiale du groupe Salins, l’une des plus anciennes entreprises françaises implantées en Tunisie, Norbert de Guillebon énumère les bonnes raisons d’investir dans ce petit pays du Maghreb : «L’égalité juridique de la femme, la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, la maîtrise de la natalité, l’accès à la propriété 85 % des Tunisiens sont propriétaires de leur logement…» La Tunisie est un cas d’école parmi les pays émergents. Dépourvue de ressources naturelles, elle a su soutenir son économie en promouvant l’enseignement et des politiques favorables aux milieux d’affaires. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, la Tunisie serait ainsi le pays africain offrant les meilleures perspectives de développement. L’Union européenne représente, et de loin, son premier partenaire commercial (80 % des exportations et près des deux tiers des importations tunisiennes). Pour des raisons historiques et linguistiques, la France occupe une place prépondérante. Elle caracole en tête des investisseurs étrangers et a été à l’origine en 2007 de plus du quart des emplois créés par des IDE (investissements directs étrangers). Selon Norbert de Guillebon, «50 à 80 entreprises françaises, des PME pour la plupart, s’installent chaque année en Tunisie». L’enjeu est crucial, car malgré une croissance soutenue de 6,3 % l’an dernier, le taux de chômage, estimé officiellement à 14 % de la population active (plus vraisemblablement 20 %), touche essentiellement les jeunes. Très dépendante de l’extérieur, la Tunisie a dû s’engager ces dernières années dans une course à la compétitivité. Malgré un coût de production très bas, elle affronte la concurrence de la Chine et des nouveaux membres de l’UE. Menacés par une délocalisation dont ils ont longtemps profité, les chefs d’entreprise tunisiens ont réagi, assure Norbert de Guillebon, «en misant sur des secteurs à plus forte valeur ajoutée et sur une réactivité favorisée par sa proximité géographique avec l’Europe». Là encore, la France a joué un rôle important. «La Tunisie, rappelle un diplomate, est le premier pays émergent avec lequel la France a signé des pôles de compétitivité. C’est un type de partenariat assez prometteur.» L’objectif ? Des produits franco-tunisiens qui pourront se positionner avantageusement sur le marché mondial. Un «miracle» fragile Le tourisme, principal pourvoyeur de devises en Tunisie, est un autre théâtre de coopération. Depuis 2005, l’Agence française de développement contribue au financement d’un «programme de mise à niveau» de l’hôtellerie tunisienne. Cette coopération devrait être renforcée sur des secteurs porteurs comme la thalassothérapie et le golf. Avec plus de 1,3 million de visiteurs en 2007, les Français représentent le plus gros contingent de touristes en Tunisie. La mondialisation a mis à l’épreuve un «miracle économique» tunisien très fragile. À ce jour, reconnaît-on à la Mission économique française, «l’économie reste largement duale entre un secteur offshore dynamique et souvent détenu par des capitaux étrangers, et une offre nationale qui doit poursuivre un effort important d’adaptation». Or, remarque un homme d’affaires, «les réformes tardent, l’administration freine des quatre fers et les textes de loi ne sont pas toujours appliqués». L’Union pour la Méditerranée (UPM) est évidemment de nature à renforcer les liens bilatéraux. Selon un diplomate, l’initiative de Nicolas Sarkozy a rassuré les Tunisiens qui «avaient le sentiment d’avoir été délaissés au profit des nouveaux membres de l’UE». Politiquement, l’UPM a également «rééquilibré la perception qu’ils avaient du président français soupçonné d’un tropisme israélo-américain». Le 1er janvier dernier, l’accord de libre-échange signé avec l’UE est entré en vigueur pour les produits industriels. Tunis, qui a accepté le principe de la libéralisation des échanges de services, compte sur Paris pour l’accompagner dans cette nouvelle négociation qui entrera dans une phase décisive au moment de la présidence française de l’UE. En clair, résume un chef d’entreprise, «la Tunisie attend de la France qu’elle soit un passeport pour l’Europe». De notre envoyée spéciale à Tunis Arielle Thedrel, Le Figaro 28/04/2008
(Source : « Le Figaro» (Quotidien – France), édition du 28 avril 2008)
Tunisie: contrats, diplomatie et droits de l’homme au menu
Le président français est attendu ce lundi après-midi à Tunis. L’occasion pour lui de défendre ses choix diplomatiques alors que le monde arabe s’inquiète d’un recentrage “atlantiste” de l’Elysée à ses dépens. Les droits de l’homme ne devraient pas être oubliés: Rama Yade doit ainsi rencontrer des représentants d’associations tunisiennes. Après le Maroc et l’Algérie l’an dernier, le président Nicolas Sarkozy, arrivé dans l’après midi de ce lundi à Tunis, conclut chez son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali sa première tournée des pays du Maghreb. Comme à Alger et Rabat, une rencontre d’hommes d’affaires est organisée parallèlement à la visite du chef de l’Etat. Comme avec le Maroc et l’Algérie, un accord cadre sur la coopération nucléaire civile, ouvrant la voie à l’éventuelle livraison, d’ici 10 ou 20 ans, d’un ou plusieurs réacteurs, sera paraphé. Un autre accord sera signé qui, lui, est une première au Maghreb: une convention de gestion concernée de l’immigration visant à renforcer la lutte contre les clandestins. Recentrage “atlantiste” de la diplomatie française? Fidèle à son habitude, le président Sarkozy prononcera aussi, mercredi avant de repartir pour Paris, un discours largement consacré à son projet d’Union pour la Méditerranée devant un public d’étudiants, ceux de l’Institut national des sciences appliquées et des technologies de Tunis. Ce sera sans doute l’occasion, comme il l’a déjà fait dans les deux interviews données avant son arrivée à la presse tunisienne, de défendre ses choix diplomatiques. A Tunis comme ailleurs dans le monde arabe on s’inquiète en effet du recentrage “atlantiste” de la diplomatie élyséenne et d’une amitié proclamée avec Israël souvent interprétée comme un abandon de la “politique arabe” de la France. Interrogé sur ce point par les quotidiens Le Temps et Ach Chourrouk, le chef de l’Etat a rappelé qu’il était aussi favorable au droit des Palestiniens à un Etat et mis en avant la coopération offerte par la France, dans le domaine des technologies nucléaires. Il devrait le redire mercredi devant les étudiants tunisois. Reste l’épineuse question des atteintes aux droits de l’homme, dans un pays régulièrement épinglé, à ce sujet, par les rapports internationaux. Nicolas Sarkozy arrive à Tunis quelques jours après que les autorités de ce pays aient interdit une mission de la Fédération internationale des droits de l’homme, accusée de faire preuve de “parti pris”. “Geste fort” pour les droits de l’homme Par ailleurs, estimant ne pas avoir d’autre choix pour se faire entendre, le rédacteur en chef et le directeur de l’hebdomadaire Al-Mawkif, organe d’un parti d’opposition légal, le Parti démocratique progressiste, ont entamé une grève de la faim deux jours avant l’arrivée du président français. Ils entendent ainsi protester contre les saisies répétées dont fait l’objet leur publication menacée selon eux de disparition. L’Elysée a promis de ne pas oublier les droits de l’homme au cours de cette visite, évoquant même un “geste fort”. L’Express est en mesure d’affirmer que la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade, qui fait partie de la délégation, rencontrera mardi après midi Mokhtar Trifi, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, dont le fonctionnement est paralysée depuis maintenant près de 8 ans. Rama Yade devrait aussi s’entretenir avec une délégation de l’Association tunisiennes des femmes démocrates, l’une des très rares associations indépendantes du pays, présidée par l’universitaire Khadija Cherif. La rencontre doit avoir lieu dans les locaux de l’association. En revanche, ni Moktar Trifi, ni Khadija Cherif ni aucun défenseur tunisien des droits de l’homme n’a été convié à la réception qui sera donnée mardi soir à l’ambassade… De notre envoyée spéciale, Dominique Lagarde, L’express lundi 28 avril 2008 http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=470557
Visite controversée de Nicolas Sarkozy à Tunis
Hassane Zerrouky Tunisie . Paris escompte signer des contrats sur le nucléaire civil et sur des commandes d’Airbus sans « froisser » son partenaire sur la question du respect des droits de l’homme. Tunis, envoyé spécial. Nicolas Sarkozy, accompagné d’une forte délégation du Medef conduite par sa présidente, Laurence Parisot, entame à partir d’aujourd’hui une visite d’État de trois jours. Probable signature d’un accord cadre de partenariat sur le nucléaire, similaire à ceux paraphés avec le Maroc, l’Algérie et la Libye, probable vente d’une vingtaine d’Airbus à Tunis Air pour un montant de 300 millions d’euros, discussion en vue d’un possible accord sur la gestion concertée de l’immigration et la lutte contre l’immigration clandestine, coopération contre la menace terroriste djihadiste et, surtout, la question du « Projet pour une Union de la Méditerranée » figureront au menu des entretiens avec son homologue tunisien, le président Ben Ali. Paris s’efforcera de ne pas irriter le président Ben Ali Quant aux sujets qui fâchent – les droits de l’homme – on assure côté Élysée, qu’un « dialogue confiant est peut-être plus productif que des proclamations publiques dont on sait qu’elles ont le don de provoquer une crispation ». Autrement dit : la Tunisie n’étant pas le Tibet, Paris s’efforcera de ne pas irriter le chef d’État tunisien et tentera de lui arracher quelques concessions – libération d’un ou plusieurs détenus – afin de sauver la face. Pour les défenseurs des droits de l’homme et la société civile tunisienne (voir ci-dessous), cette visite ne doit pas être une forme de soutien au régime de Ben Ali. « Ce serait la pire des choses pour les démocrates et les opposants » a assuré l’ancien président de la Ligue des droits de l’homme tunisienne (LTDT) Moncef Marzouki. En effet, à un an et demi de l’élection présidentielle tunisienne à laquelle postule le président Ben Ali pour un cinquième mandat, la visite de Nicolas Sarkozy tombe à point nommé. Le président tunisien qui, dit-on, aura à cœur d’évoquer un certain nombre de dossiers, tentera d’arracher de la part de Paris qui présidera l’UE à compter de juillet, que Tunis abrite le siège de « l’Union pour la Méditerranée », voire que Ben Ali en soit le secrétaire général ! Si la capitale tunisienne est choisie, cela donnerait du baume au cœur à un chef d’État dont le régime est régulièrement épinglé pour ses atteintes aux droits de l’homme. La petite Tunisie, qualifié de bon élève par les institutions financières, disposant d’un taux de croissance remarquable, en tout cas supérieur à celui du Maroc, se veut un acteur actif de cette « Union pour la Méditerranée » dont Sarkozy veut faire un axe de sa politique géostratégique. D’ailleurs Paris n’a pas perdu de temps et a commencé, dit-on, à distribuer les rôles. L’Élysée souhaite que ce projet soit coprésidé par un président de la rive sud de la Méditerranée, fonction qui serait attribuée au président égyptien Hosni Moubarak. Au Maroc, il est possible d’attribuer le secrétariat général. Quant à l’Algérie, principal partenaire économique de la France, elle ne figurerait pas dans les plans de Sarkozy l’UE et Washington apportent leur soutien Qui plus est, pour Paris comme pour ses partenaires de l’UE et Washington, il faut aider la Tunisie qu’al Qaeda s’efforcerait de déstabiliser en lui apportant le soutien nécessaire afin qu’elle contienne la menace djihadiste sur sa frontière ouest. Tunis ne manque jamais d’ailleurs de faire observer discrètement que le terrorisme islamiste n’existe pas sur son territoire et qu’il provient d’Algérie ! Ainsi en est-il du rapt des deux touristes autrichiens – Wolfang Ebner et Andrea Kloiber – enlevés en février dans le sud tunisien et toujours détenus par la Branche d’al Qaeda au Maghreb islamique (BAQMI). L’État tunisien n’a rien trouvé de mieux que de se défausser sur son voisin algérien, en affirmant qu’ils ont été enlevés en Algérie ! (Source: « l’Humanité » (Quotidien – France), le 28 avril 2008)
L’envers du décor du pays du jasmin
H. Z. Les arrestations et harcèlements d’opposants, de militants des droits de l’homme, de migrants illégaux, sont plus que jamais la norme du régime tunisien. Envoyé spécial. La bonne santé économique du pays contraste fortement avec la réalité des droits de l’homme et la situation sociale. Avec un taux de croissance soutenu de 5 % en moyenne par année, un revenu de plus de 2 100 euros par habitant, juste derrière l’Algérie (plus de 3 100 euros), la Tunisie donne l’image, dit-on, d’un « pays émergent ». Toutefois cette croissance n’est pas suffisante pour réduire les inégalités sociales et pour endiguer un taux de chômage estimé à plus de 14 %. Il frappe notamment les jeunes diplômés universitaires (17 % officiellement). La récente grève du bassin minier de Redeyef (Gafsa) soutenue par les habitants de la localité et qui a été brutalement réprimée le montre amplement. Signe encore de ces inégalités, ces 23 « haragas » (1) disparus en mer cette semaine à bord d’une embarcation de fortune au large de Chebba (Mahdia) en tentant de rejoindre l’Italie. La question des libertés, constitue la face noire du pays et Nicolas Sarkozy ne peut l’ignorer. « La justice est aux ordres, la corruption se généralise, la torture fréquente. Le bilan du régime est désastreux. Nous ne voulons pas d’une simple libération, comme la dernière fois (que le président français est venu – NDLR), qui fasse figure d’alibi », assure Khadija Chérif de l’Association tunisienne des femmes démocrates, quand elle a appris que Nicolas Sarkozy abordera le sujet avec le président Ben Ali. Parmi ces atteintes aux libertés : Slim Boukhdir, correspondant du journal londonien en arabe Al-Quds el Arabi, a été condamné en décembre dernier à un an de prison. L’hebdomadaire Al-Mawqif, organe du Parti démocratique progressiste (PDP) a été saisi à quatre reprises depuis le début de l’année. À la suite d’une plainte en diffamation par des entreprises de distribution d’huile d’olive, il vient d’être condamné à 274 000 euros d’amende, soit une asphyxie financière assurée. En signe de protestation, deux de ses responsables, Rachid Khechana et Mongi Ellouze, sont en grève de la faim depuis samedi. Le fameux journaliste et écrivain, Taoufik Ben Brik, n’est pas en reste : il est de nouveau harcelé. Par ailleurs, la Ligue tunisienne des droits de l’homme est toujours interdite de tenir son congrès. Et pour clore le tout, une délégation de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a été interdite d’entrée en Tunisie. Appellation donnée aux immigrants du Maghreb qui tentent de franchir la mer en direction de l’Espagne et de l’Italie (Source: « l’Humanité » (Quotidien – France), le 28 avril 2008)
AFP, le 28 avril 2007 à 14h15 Nicolas Sarkozy entame une visite d’Etat de 48 heures en Tunisie
Par Hamidah BEN SALAH TUNIS, 28 avr 2008 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy arrive lundi à Tunis pour une visite d’Etat de 48 heures largement consacrée au développement de la relation très étroite qui unit la France et la Tunisie, et au lancement de la future Union pour la Méditerranée. M. Sarkozy, qui sera accompagné de son épouse Carla, doit être accueilli à sa descente d’avion en fin d’après-midi par son hôte Zine El Abidine Ben Ali. Après ses déplacements au Maroc et en Algérie l’an dernier, M. Sarkozy conclut ainsi à Tunis sa première tournée de pays du Maghreb en moins d’un an depuis son arrivée à l’Elysée. “Bienvenue à l’illustre hôte!” lit-on en français sur une des banderoles suspendues au milieu des drapeaux français tricolores et tunisiens rouge et blanc, sur l’avenue centrale Habib Bourguiba de Tunis, embellie et soigneusement sécurisée pour un accueil “populaire”. Au programme de la visite du chef de l’Etat français, la deuxième à Tunis après un déplacement éclair en juillet dernier: des conventions de financement, des contrats dans le transport aérien et l’énergie, et un accord cadre dans le nucléaire civil, similaire à ceux signés avec la Libye, le Maroc et l’Algérie. Nicolas Sarkozy, accompagné d’une centaine de patrons, s’adressera mardi à une forum économique et devrait conforter la position traditionnelle de la France au premier rang des partenaires économiques de la Tunisie. Tunis passerait une commande d’une dizaine d’appareils à l’avionneur Airbus en vue du renouvellement de la flotte de Tunisair et confierait à Alstom l’équipement de la centrale thermique de Ghannouch (sud) pour un montant global de contrats estimé à deux milliards d’euros, selon une source informée à Tunis. Le séjour de Nicolas Sarkozy sera une nouvelle occasion de célébrer la relation dite “excellente” et “privilégiée” que la France entretient avec son ancien Protectorat (1881-1956). M. Sarkozy a indiqué se rendre en Tunisie pour exprimer son “estime” et son “soutien” à Zine El Abidine Ben Ali, dans un entretien dimanche au quotidien tunisois Ach-Chourouk. Il y exprimait son “souci” d’approfondir des relations “excellentes, tant par leur densité que par leur diversité”. La France devrait conclure avec Tunis sa première convention de gestion concertée des flux migratoires avec un pays maghrébin, M. Sarkozy ayant souligné le besoin de s’attaquer à l’immigration illégale dans une interview publiée lundi au quotidien francophone Le Temps. Sujet au coeur des entretiens: le lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM), au sommet de Paris en juillet, au moment où la France prendra la présidence de l’Union européenne. Nicolas Sarkozy, qui promeut ce nouveau partenariat entre l’Europe et ses voisins du sud, n’a obtenu le ralliement de ses partenaires européens qu’au prix de sérieux amendements. M. Ben Ali, dont le pays souhaiterait abriter le siège de l’UPM, a réitéré dimanche son appui au projet, se disant “convaincu que la Méditerranée doit être un espace de paix, de coopération et de solidarité”. La Tunisie a été le premier pays au sud de la Méditerranée à entrer en zone de libre-échange avec l’Union européenne début janvier 2008. M. Sarkozy sera accompagné de la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade et le dossier devrait être évoqué, selon l’Elysée. Des ONG tunisiennes et internationales ont fait savoir qu’elles attendaient un “geste fort” du président français sur ce terrain. Le régime est régulièrement critiqué par des ONG internationales pour les restrictions des libertés et violations des droits de l’homme. Mais Tunis a rejeté par avance des “allégations purement partiales et trompeuses” et “les partis pris de certaines ONG systématiquement hostiles”. AFP
AFP, le 28 avril 2007 à 12h10 Nicolas Sarkozy veut “adapter” la politique arabe de la France
TUNIS, 28 avr 2008 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy, qui entame lundi après-midi une visite d’Etat en Tunisie, a affirmé au préalable dans la presse tunisienne son désir de maintenir avec les pays arabes une “relation forte” mais “adaptée aux changements”. “Si nous voulons garder une relation forte avec le monde arabe, et c’est ma volonté, notre relation doit prendre en compte ces changements”, a-t-il déclaré dans un entretien publié lundi dans le quotidien tunisois Le Temps (privé). “Quant à la politique arabe de la France, il ne s’agit à l’évidence pas de l’abandonner mais de l’adapter. Car le monde change, le monde arabe change lui aussi”, a-t-il lancé en réponse à une question sur sa volonté présumée d'”abandonner la politique arabe de la France en faveur d’un plus grand engagement envers Israël”. Notant que la France avait accueilli une conférence internationale des donateurs pour la Palestine, M. Sarkozy a assuré qu’il n’entendait pas en rester là durant la présidence française de l’Union européenne. La France s’est “investie pour aider le Liban à surmonter ses difficultés, notre présence dans le Golfe qu’elle soit culturelle, économique ou militaire est plus forte que jamais”, s’est-il réjoui. M. Sarkozy a souligné l’importance accordée aux pays du Maghreb arabe, qui se trouve, a-t-il dit “au cœur de notre action extérieure”. “C’est là que nous consacrons la plus grande part de notre aide, c’est là où nous nous efforçons de renouveler notre partenariat”, a-t-il déclaré, rappelant avoir effectué “six déplacements en moins d’un an” en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Il a aussi mentionné le lancement du “très important chantier” de l’Union pour la Méditerranée: “j’ai rallié tous nos partenaires européens” à ce projet, a-t-il dit. Ce projet d’UPM est désormais “celui de l’ensemble des Européens et de l’ensemble des riverains de la Méditerranée. C’est le signe de son succès et je suis fier que la France ait été l’initiatrice”, a-t-il martelé. M. Sarkozy a en outre “revendiqué” son amitié “ancienne et connue” pour les Etats-Unis. “On peut être l’ami des Américains et déterminer sa politique étrangère en toute indépendance”, a-t-il répondu, alors qu’il était interrogé sur un “revirement atlantiste”. Il a affirmé un “engagement déterminé” de la France aux côtés de la Tunisie et évoqué de “nouvelles pistes” de coopération. “J’ai d’abord souhaité que nous travaillions ensemble sur la gestion des migrations entre nos deux pays”, a-t-il déclaré, affirmant le besoin de s’attaquer ensemble à l’immigration illégale. Sur le recul de la langue française, M. Sarkozy s’est félicité de l’existence d’un lectorat francophone “plus vivace que jamais en Algérie”. Mais, a-t-il admis, le français “connaît un recul au moins qualitatif dans les pays du Maghreb”. AFP
Associated Press, le 28 avril 2007 à 10h59 La France doit “aider” les pays du Maghreb à lutter contre la montée des islamistes, selon Fadela Amara
PARIS (AP) — Alors que Nicolas Sarkozy entame ce lundi en Tunisie une visite officielle de 48 heures, la secrétaire d’Etat Fadela Amara a estimé que la France devait “aider” les gouvernements actels des pays du Maghreb à lutter contre la “montée fascisante” des islamistes. Interrogée sur BFM-TV et RMC-Info sur la question des libertés de la presse et d’opinion en Tunisie, Mme Amara a déclaré: “Dans les pays du Maghreb en général, nous avons un gros problème, on le sait tous, il y a la montée des islamistes. Je pense qu’il ne faut pas ouvrir des feux tout le temps et partout”. “Au contraire, il faut aider les régimes (actuels) qui sont aussi des régimes démocratiques (…) et qui font un certain travail pour résister à cette montée fascisante et qu’il faut combattre parce qu’elle est aux portes de l’Europe”, a poursuivi la secrétaire d’Etat à la Ville, estimant “qu’on gagnerait à être solidaire de ces régimes”. Interrogée sur le fait de savoir si Nicolas Sarkozy allait parler des droits de l’Homme à son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali, Fadela Amara est restée prudente en affirmant que M. Sarkozy “saura faire ce qu’il a à faire et au moment où il le souhaitera”. Elle toutefois estimé que le simple fait de sa visite “dans un pays suffit largement à poser le débat sur la question des droits de l’Homme”. Associated Press
AFP, le 27 avril 2007 à 13h54
Sarkozy en Tunisie sous l’œil des défenseurs des droits de l’Homme
Par Philippe ALFROY PARIS, 27 avr 2008 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy entame lundi une visite d’Etat de deux jours en Tunisie, ancien protectorat et partenaire privilégié de la France, attendu de pied ferme par les défenseurs des droits de l’Homme qui espèrent de lui “un geste fort”. Alors que la France s’apprête à prendre en juillet les rênes de l’Union européenne, le nouveau partenariat promu par Nicolas Sarkozy entre l’Europe et ses voisins du sud via son projet d’Union pour la Méditerranée (UPM) sera au cœur de ce séjour. Si la France n’a obtenu le ralliement de ses partenaires européens qu’au prix de sérieux amendements, la Tunisie a immédiatement soutenu son initiative. A en croire la presse, le président Ben Ali brigue même le secrétariat général de la future entité, qui doit être lancée en grande pompe lors d’un sommet à Paris le 13 juillet. M. Ben Ali a réitéré dimanche son soutien à ce projet, se disant “convaincu que la Méditerranée doit être un espace de paix, de coopération et de solidarité”. Sur un plan bilatéral, le séjour de Nicolas Sarkozy lui fournira une nouvelle occasion de célébrer par de nombreux accords, dont un sur la coopération nucléaire, la relation “remarquable”, dit-on à Paris, que la France entretient avec un pays souvent présenté comme son “chouchou” en Afrique du Nord. Ce ciel au beau fixe devrait toutefois être perturbé par la question des atteintes aux droits de l’Homme en Tunisie. Déçues du passage-éclair de Nicolas Sarkozy en juillet, les ONG tunisiennes et internationales ont fait savoir qu’elles attendaient un “geste fort” du président français sur ce terrain. La présidence a promis que M. Sarkozy en “dira un mot en public”. A la veille de son arrivée, Tunis a par avance rejeté les critiques sur la corruption et les atteintes aux droits de l’Homme, les qualifiant d'”allégations purement partiales et trompeuses” et de “partis pris de certaines ONG systématiquement hostiles”. Depuis vingt ans, le régime du président Ben Ali est régulièrement épinglé par les ONG dans leurs classements des pays les plus répressifs de la planète. Tunis dénonce ces critiques et met en avant son bilan dans le domaine de l’éducation et de l’émancipation des femmes. Deux dirigeants d’Al-Mawkif organe d’un parti d’opposition tunisien ont annoncé samedi commencer une grève de la faim pour protester contre les pressions des autorités visant, selon eux, à étouffer le journal. “La justice est aux ordres, la corruption se généralise, la torture est fréquente. Le bilan du régime est désastreux”, résume la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) Khadija Cherif. “Cette fois, nous ne nous voulons pas d’une simple libération comme alibi”, faisant référence à celle de l’avocat Mohamed Abbou, gracié après deux ans d’emprisonnement. Nicolas Sarkozy doit poser publiquement la question des droits de l’Homme”, renchérit Eric Goldstein, de l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW). Soulignant que la LTDH est interdite de congrès depuis 2005 et que Tunis vient de refuser une mission de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), Me Mokhtar Trifi continue à espérer un “signe” de Paris. “Le commerce, l’énergie, la lutte contre le terrorisme, c’est important”, concède-t-il, “mais M. Sarkozy doit aussi utiliser sa grande influence sur la Tunisie pour y promouvoir la démocratie”. “Tout n’est pas parfait, mais il est important de souligner ce que sont les réalités de la société tunisienne d’aujourd’hui”, relève toutefois un diplomate français, citant le statut de la femme “sans équivalent dans les pays arabes” ou “le moratoire sur la peine de mort”. AFP
AFP, le 27 avril 2007 à 13h13 Sarkozy en Tunisie – Coopération nucléaire et droits de l’Homme
par Emmanuel Jarry PARIS, 27 avril (Reuters) – Nicolas Sarkozy entame lundi une visite d’Etat en Tunisie où il parlera coopération nucléaire civile, Union pour la Méditerranée mais aussi droits de l’Homme. Le président français, accompagné par son épouse Carla et sept ministres, complètera ainsi sa tournée du Maghreb, où il a déjà effectué une visite d’Etat au Maroc et en Algérie. De ces trois pays intimement liés à la France par le passé colonial français, c’est la Tunisie le plus petit (10 millions d’habitants). Mais “c’est sans doute avec la Tunisie que nos relations sont les plus apaisées”, dit-on à l’Elysée. Dans une interview au quotidien tunisien Ach-Chourouk, publiée dimanche, Nicolas Sarkozy réfute l’idée que la France soit en train de renoncer à sa politique arabe et à sa politique africaine, un “refrain que l’on entend depuis des années.” Soulignant qu’il s’agit de son sixième déplacement au Maghreb, il explique cette perception par le fait que la France veut “prendre les changements en considération”, tenir compte des évolutions et s’appuyer sur des projets concrets. “C’est cela, une politique arabe, cela s’appuie sur des projets concrets, modernes, qui ont un impact sur la vie quotidienne des populations”, dit-il en citant par exemple le projet de création de l’Université Dauphine Tunis. “En Afrique également, notre attachement au continent africain n’a varié ni d’intensité, ni de profondeur mais plutôt de méthode: nous travaillons avec l’Afrique telle qu’elle est, au-delà des clivages linguistiques souvent artificiels ou des clichés qui veulent en faire un continent tragique”, ajoute le président français. La France et la Tunisie parapheront lundi soir, entre un premier entretien de Nicolas Sarkozy avec le président Zine el Abidine Ben Ali et un dîner d’Etat, un accord cadre de partenariat dans le nucléaire civil. Cet accord, similaire à ceux que la France a paraphés avec la Libye, le Maroc et l’Algérie, ouvrira notamment la voie à la formation d’ingénieurs. L’Elysée espère aussi voir aboutir d’ici lundi soir des discussions la vente d’une vingtaine d’avions Airbus à Tunis Air et la fourniture par le groupe Alstom , pour 300 millions d’euros, d’équipements pour une centrale thermique. L’Agence française du développement signera pour sa part avec la Tunisie sept conventions de financement pour une valeur totale de 140 millions d’euros dans les domaines de l’énergie, du développement durable et du développement urbain. Des accords seront également signés sur la gestion concertée de l’immigration et la lutte contre l’immigration clandestine – domaines dans lesquels les Tunisiens attendent une clarification de la position française – le tourisme, la sécurité civile, etc. La coopération dans la lutte contre la menace terroriste, notamment d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a enlevé en février deux touristes autrichiens en Tunisie, figure aussi au menu des entretiens du président français. Nicolas Sarkozy évoquera les relations économiques entre les deux pays mardi, devant 500 entrepreneurs français et tunisiens. La France, où vit une communauté tunisienne de 600.000 âmes dont 10.000 étudiants, est le premier partenaire économique de la Tunisie et son premier pourvoyeur d’aides. DROITS DE L’HOMME La France souhaite que le secrétariat de la future Union pour la Méditerranée, initiative d’origine française reprise par l’Union européenne pour renforcer la coopération entre les deux rives du bassin méditerranéen, ait son siège sur la rive sud. La Tunisie est citée comme un candidat possible, ce qui fait grincer les dents des défenseurs des droits de l’Homme. “Le régime va utiliser cette visite comme un signe de soutien. Nous espérons que Nicolas Sarkozy ne va pas tomber dans le panneau et se répandre en louanges”, a déclaré à Reuters Moncef Marzouki, opposant en exil en France. “Ce serait la pire des choses pour les démocrates et les opposants”, a ajouté l’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, qui espère que le président français demandera notamment la libération d’un journaliste emprisonné après avoir dénoncé la corruption, Salim Bokhdir. L’organisation Transparency International place la Tunisie au 61e rang, sur 180 pays, dans son indice de perception de la corruption. Le pouvoir tunisien est régulièrement accusé d’attenter aux libertés fondamentales et de réprimer toute contestation sous couvert de combattre le terrorisme et l’extrémisme islamique. Amnesty International et Human Rights Watch font état de cas de mauvais traitements et même de torture. “S’agissant des droits de l’Homme, naturellement le président de la République en dira un mot public, d’abord parce que nous estimons juste de souligner les acquis réels de deux générations d’indépendance de la Tunisie”, notamment en matière de statut de la femme, déclare l’entourage de Nicolas Sarkozy. L’Elysée fait valoir qu’un “dialogue confiant et franc” peut s’avérer “plus productif que des proclamations publiques” qui ont “le don de provoquer une crispation” et cite en exemple la libération de l’avocat Mohammed Abbou, en juillet 2007, après une visite de travail de Nicolas Sarkozy à Tunis. REUTERS
AFP, le 27 avril 2007 à 12h10 Droits de l’Homme: Tunis réfute les critiques, dénonce des “partis pris”
TUNIS, 27 avr 2008 (AFP) – Les autorités tunisiennes ont réfuté dimanche les critiques exprimées par des ONG et défenseurs des droits de l’Homme en France à la veille de la visite d’Etat du président Nicolas Sarkozy lundi en Tunisie. “La Tunisie garantit l’indépendance de la justice (…), la constitution et les lois tunisiennes protègent et promeuvent les droits de l’homme (et) la torture et autres traitements inhumains sont fermement interdits”, a affirmé à l’AFP une source officielle à Tunis. La législation “sanctionne sévèrement tout mauvais traitement envers les détenus (et) la loi garantit la réparation à toute personne condamnée à tort dont l’innocence vient par la suite à être prouvée”, a ajouté cette source, qui exprime la position du gouvernement. Dénonçant des “allégations purement partiales et trompeuses” et “des partis pris de certaines ONG systématiquement hostiles”, la même source a rejeté des accusations de corruption, affirmant que la Tunisie “se distingue par sa bonne gouvernance”. Elle cite notamment le Forum économique mondial de Davos” pour noter que son dernier rapport classe la Tunisie “au premier rang africain et arabe pour ce qui est de l’environnement des affaires et au 14è rang mondial quant à la confiance des citoyens dans leurs gouvernants”. Tunis souligne en outre avoir fait “le choix volontaire de la démocratie et des droits de l’homme” et affirme “poursuivre résolument le processus de reformes, en toute souveraineté dans la voie empruntée depuis le Changement du 7 novembre 1987”, a-t-on ajouté en référence à la date d’arrivée au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali. Des ONG et défenseurs des droits de l’Homme, dont Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme ont affirmé avoir été déçus par le premier voyage de Nicolas Sarkozy en juillet à Tunis et indiqué attendre “un geste fort” durant sa visite d’Etat La présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) Khadija Cherif a affirmé que la “justice est aux ordres, la corruption se généralise, la torture est fréquente” en Tunisie. “Nicolas Sarkozy ne doit pas tomber dans le piège de marchander la libération d’un seul prisonnier, comme en juillet”, a estimé Eric Goldstein, de l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW). AFP
Ma faute ? Avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale
Par Bruno Guigue Dans les jours qui ont suivi mon “limogeage”, les éditorialistes Jean Daniel, Bernard-Henri Lévy et quelques autres se sont empressés de me prendre pour cible. Prenant courageusement le parti du pouvoir contre un homme seul, ils ont caricaturé mes propos et stigmatisé ma personne. Point commun de ces commentaires peu amènes ? Sous une avalanche de procès d’intention, un pesant silence à propos des faits que j’avais mentionnés dans ma tribune. Sans toujours réitérer l’accusation grotesque d’antisémitisme proférée par Luc Rosenzweig, ils insinuent que je me serais condamné moi-même par l’outrance de mes propos. Mais qu’en est-il, effectivement, des tirs de snipers israéliens sur les enfants et de la pratique de la torture dans les prisons ? Rien. Vrai ou faux ? À lire leur prose, nous n’en saurons pas plus. On préfère évoquer à mon encontre « les protocoles des sages de Sion », comme l’a fait Pierre Assouline. À croire que la coalition de ceux qui ne veulent pas savoir et de ceux qui ne veulent pas que l’on sache est majoritaire. Et au lieu de réfuter mes affirmations de manière factuelle, mes détracteurs préfèrent ainsi jeter l’anathème. Mais, précisément, parlons plutôt des faits. Deux phrases inlassablement reprises en boucle, tirées de leur contexte, en effet, ont alimenté mon lynchage médiatique. « L’Etat d’Israël est le seul où des snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ». Cette affirmation visait à répliquer aux signataires d’une violente charge contre l’Iran, pays où la peine de mort est cruellement appliquée. Une phrase choquante ? Sans nul doute. Mais les tirs de soldats israéliens contre des enfants, hélas, sont des faits avérés, évoqués par le quotidien israélien Haaretz depuis 2000. Des tirs délibérés, dont le journaliste britannique Chris MacGreal, pour l’hebdomadaire The Guardian, a notamment fait le récit détaillé dans un article paru le 29 juin 2005. Une triste réalité dont Christophe Oberlin, professeur de chirurgie à l’hôpital Bichat, a lui aussi publiquement témoigné au terme de nombreuses missions médicales en Palestine. Il vient d’ailleurs d’écrire au gouvernement une lettre où il lui demande si, lui aussi, il sera limogé pour avoir confirmé mes dires. Livrée en pâture à l’opinion comme une énormité, la phrase que j’ai écrite avait quelque chose de monstrueux, en effet : elle était vraie. Et parce qu’elle disait la vérité, elle heurtait le formidable déni de réalité qui entoure, dans les médias dominants, la politique israélienne. La deuxième phrase litigieuse est celle où j’évoque « les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on interrompt la torture durant le shabbat ». Choquant, là encore ? Le propos renvoyait à leur propre contradiction ces fervents partisans de l’État d’Israël qu’indigne, curieusement, l’inclination de certains pays à la défense de la religion. Mais le fait mentionné, lui, ne fait pas l’ombre d’un doute : il suffit de consulter le dossier établi par l’association israélienne de défense des droits de l’homme Bet’Selem. Lorsque la Cour suprême israélienne tenta de limiter l’usage de la torture pratiquée sur les prisonniers palestiniens, en 1999, les services secrets ont argué de l’urgence pour la justifier. Les plaignants ont alors fait observer que du vendredi midi au samedi soir, cette pratique était interrompue, ce qui relativisait singulièrement l’argument de l’urgence. Cette affaire est parfaitement résumée par Sylvain Cypel, ex-rédacteur en chef du quotidien Le Monde, dans son livre « Les emmurés », paru aux éditions La Découverte en 2005, p. 94, note 17. Chacun peut s’y référer et vérifier la véracité de mes propos. Reste un troisième grief, tout aussi paradoxal. Dans la tribune violemment antionusienne dont je faisais la critique, les signataires crurent bon de citer Goebbels, lequel invoquait face à la Société des Nations le fameux adage : « charbonnier est maître chez soi ». Cette citation visait la majorité des pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont le tort était d’avoir dénoncé la violation du droit international par Israël. Les pays musulmans se voyaient ainsi “nazifiés”, purement et simplement, par les auteurs du pamphlet que je passais au crible. « Analogie pour analogie », ai-je fait observer, il y avait plutôt ressemblance entre le Reich qui s’asseyait sur la SDN et l’Etat d’Israël qui bafouait l’ONU. Mea culpa : j’avais oublié que les comparaisons les plus désobligeantes, aux yeux de l’establishment hexagonal, sont interdites à propos d’Israël mais vivement recommandées à l’égard des pays du « Tiers Monde ». Mon principal tort, plus que d’avoir enfreint le devoir de réserve, n’est-il pas d’avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale ? Après avoir mis en lumière le déni de réalité dont le discours dominant entoure les exactions israéliennes, il faut croire que c’en était trop. À mes dépens, j’ai fait la démonstration que la frontière entre ce qu’il est licite de dire et ce qui ne l’est pas, dans notre pays, n’a rien à voir avec le vrai et le faux. Bruno Guigue Diplômé de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA Auteur de “Proche-Orient : la guerre des mots”, L’Harmattan, 2003 (Source: le site « Oumma.com » (France), le 21 avril 2008) Lien : http://www.oumma.com/Ma-faute-Avoir-heurte-de-plein