27 juillet 2009

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TUNISNEWS

9 Úme année,N° 3352 du 27.07.2009

 archives : www.tunisnews.net  


C.R.L.D.H. Tunisie: Sauvage agression d’un mal voyant, dĂ©tenu du bassin minier de Gafsa AFP: L’UA invitĂ©e Ă  collaborer avec l’Otan sur la dĂ©fense, contre la corruption Anis: Elections tunisiennes: oĂč va passer mon vote ? Jeune Afrique: Bourguiba-Kaddafi : Le choc des ego AlgĂ©rie: principaux incendies maĂźtrisĂ©s, la canicule sĂ©vit toujours AFP: Un responsable de droite parle d’accident cardiaque puis rectifie AFP: Iran: tensions chez les conservateurs avant l’investiture du prĂ©sident AFP: ONU: une ONG sanctionnĂ©e sur demande de l’AlgĂ©rie Reuters: Arab human rights group barred for year by U.N.


 
C.R.L.D.H. Tunisie  ComitĂ© pour le Respect des LibertĂ©s et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du RĂ©seau Euro-mĂ©diterranĂ©en des Droits de l’Homme  21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34 /  Presse : 00 33 6 83 44 77 71 contact@crldht.org / www.crldht.org ——————————————-

SAUVAGE AGRESSION D’UN MAL VOYANT, DÉTENU DU BASSIN MINIER DE GAFSA

Paris, le 27 juillet 2009 TaĂŻeb BEN OTHMAN, condamnĂ© Ă  huit ans de prisons lors du scandaleux procĂšs contre les animateurs du mouvement social du bassin minier de Gafsa a Ă©tĂ© sauvagement tabassĂ© par les autoritĂ©s pĂ©nitentiaires de la prison de Sidi Bouzid. Son Ă©pouse Khamsa Ben Othman qui vient de lui rendre visite Ă  la prison a pu constater les blessures subies par son Ă©poux. Monsieur TaĂŻeb BEN OTHMAN a perdu la vue, il a dĂ©clenchĂ© une grĂšve de la faim pour protester contre le refus de l’administration de lui prodiguer les soins qu’il est en droit de recevoir. En guise de rĂ©ponse les gardiens l’ont sauvagement tabassĂ©. Mme BEN OTHMAN mĂšre d’un enfant malade est dĂ©semparĂ©e devant cette nouvelle atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© physique de son Ă©poux Le pouvoir tunisien reste sourd aux appels des dĂ©mocrates pour la libĂ©ration des victimes de la rĂ©pression du bassin minier de Gafsa, il continue son odieuse politique antisociale et antidĂ©mocratique. Le mouvement de solidaritĂ© doit continuer son combat pour la libĂ©ration des prisonniers de Gafsa et Redayef. Le PrĂ©sident Kamel Jendoubi


Invitation

Le Mouvement Ettajdid / section KĂ©libia a l’honneur et le plaisir de vous inviter Ă  participer Ă  larencontre-dĂ©batsur les conditions politiques et juridiques dans lesquelles se dĂ©roulent  les prochaines Ă©lections et qui est organisĂ© dans le cadre de l’Initiative Nationale pour la DĂ©mocratie et le ProgrĂšs et ce :

Lundi 27 Juillet 2009 Ă  18h00 au local d’Ettajdid Ă KĂ©libia


L’UA invitĂ©e Ă  collaborer avec l’Otan sur la dĂ©fense, contre la corruption

AFP / 24 juillet 2009 19h07 TUNIS – Les Etats africains doivent collaborer avec l’Otan pour structurer leurs institutions de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense et combattre la corruption qui mine leur croissance, ont estimĂ© jeudi des experts rĂ©unis Ă  Tunis par la Banque africaine de dĂ©veloppement (BAD). L’Union africaine (UA) a Ă©tĂ© appelĂ©e Ă  soumettre, lors du prochain sommet des chefs d’Etat, un “programme pionnier” pour la “construction de l’intĂ©gritĂ©” et le recul de la corruption dans les secteurs de la sĂ©curitĂ© et de la dĂ©fense. Selon des recommandations adoptĂ©es lors d’un atelier tenu les 22 et 23 juillet, et dont l’AFP a eu une copie, les participants ont demandĂ© Ă  l’UA de crĂ©er un centre de formation pour le “renforcement de l’intĂ©gritĂ© et la rĂ©duction du risque de corruption”. Ce centre devrait ĂȘtre implantĂ© dans une institution acadĂ©mique en Afrique et bĂ©nĂ©ficier de l’expertise de l’Otan, qui Ă©tait reprĂ©sentĂ©e Ă  ces travaux co-organisĂ©s par l’ONG Transparency International. Les participants, experts et responsables civils et militaires africains, ont demandĂ© Ă  l’UA d’engager des “discussions approfondies” et des Ă©changes avec l’Otan, appelĂ©e Ă  son tour Ă  initier des modules de formation pratique contre la corruption. Les discussions ont Ă©tĂ© axĂ©es sur les “moyens pratiques” de rĂ©duire la corruption et de mettre Ă  profit les “compĂ©tences et l’expĂ©rience” de l’Otan en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense. “La corruption dans ce secteur est un problĂšme stratĂ©gique”, a expliquĂ© le directeur du programme dĂ©fense Ă  Transparency, Mark Pyman, dans une allocution publiĂ©e par le BAD. Les frais personnels et gĂ©nĂ©raux reprĂ©sentent environ 80% des budgets de la dĂ©fense des Etats africains, seuls 20% et parfois moins servant Ă  l’achat d’Ă©quipements et d’armes, selon le gĂ©nĂ©ral nigĂ©rian Ishola Williams, membre de Transparency. Dole Kolawole, reprĂ©sentant du comitĂ© paix et sĂ©curitĂ© Ă  l’UA, a appelĂ© Ă  la crĂ©ation d’une agence rĂ©gionale pour une lutte collective contre la corruption. “Les dirigeants politiques se comportent en propriĂ©taires des biens publics et non comme des gestionnaires passagers des richesses”, a-t-il dit. Selon Transparency, la corruption reprĂ©sente 2,5% du PIB des pays d’Afrique, la BAD ayant engagĂ© 34,5 M USD pour des mesures anticorruption sur le continent. Le gĂ©nĂ©ral Williams a Ă©galement insistĂ© sur le fait que mise Ă  part l’Afrique du Sud, les pays subsahariens “n’ont pas de politique sĂ©curitaire bien dĂ©finie” et “s’appuient encore sur des structures coloniales dĂ©passĂ©es”. Seuls l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Soudan, le Nigeria, le Kenya, l’Angola et la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC) consacrent “un pourcentage raisonnable” de leur PIB Ă  la sĂ©curitĂ© nationale, a-t-il ajoutĂ©. Les pays d’Afrique subsaharienne ne dĂ©pensent pas plus de 8 Ă  9 milliards de dollars par an pour la dĂ©fense (moins de 1% du total mondial), a-t-il poursuivi.

 

Elections tunisiennes: oĂč va passer mon vote ?

Par : Anis Enveloppes transparentes, multiplicitĂ© des bureaux de vote (=impossibilitĂ© de contrĂŽle), mĂ©dias donnant voix Ă  un seul parti, interdictions des journaux de l’opposition, posters gĂ©ants du big boss partout, peinture mauve en rupture de stock: tel est et sera le lot des pauvres Ă©lections tunisiennes qui vont confĂ©rer Ă  notre chĂšre nation le statut de risĂ©e du monde pour l’annĂ©e 2009. Mais dans une rĂ©publique hindaniĂšre (de hindi) qu’avions nous de mieux Ă  espĂ©rer ? En fait la machine est en route depuis bien longtemps et personne ne sait vraiment plus pourquoi Ă  quoi elle sert: montrer son allĂ©gence est devenu un rĂ©flexe pavlovien et non plus un embellissement marketing d’une rĂ©alitĂ© qu’on voudrait vendre Ă  l’Ă©tranger, espĂ©rant en retour quelque soutien politique ou financier. Tous Ă  l’Ă©tranger connaissent trĂšs bien la rĂ©alitĂ© de la politique tunisienne, alors Ă  quoi sert tout ce tamtam ? A quoi vont servir toutes ces heures de travail perdues, toutes ces ressources gaspillĂ©es ? Il semble qu’il y ai deux raisons: une clique d’opportunistes espĂšre un avantage prĂ©sent ou Ă  venir, mais aussi peut ĂȘtre s’auto-convaincre d’un soutien populaire massif alors que la rĂ©alitĂ© est beaucoup moins reluisante. Le problĂšme est que tout ce “soutien” se construit sur du sable mouvant et personne ne pense vraiment Ă  l’aprĂšs prĂ©sident actuel, or ce seront bien nos enfants qui vont hĂ©riter de ce dĂ©sastre politique. Il faut bien admettre qu’avec la croissance Ă©conomique et le progrĂšs social, on aurait pu espĂ©rer une Ă©volution politique en douceur: pas vraiment de passage Ă  la dĂ©mocratie du jour au lendemain, mais plutĂŽt un apprentissage de la culture du dialogue, un peu de tolĂ©rance par-ci, la possibilitĂ© d’existence et d’expression d’opinions diverses afin d’enrichir la vie politique du pays. Malheureusement, les idĂ©es ne se discutant pas raisonnablement et ouvertement (dans les mĂ©dias, journaux etc…), le champs ne serait plus propice qu’Ă  la dissidence violente et immature. Cet echec est imputable Ă  nous tous Ă©videmment: en laissant se dĂ©velopper cette culture sociale de l’opportunisme et du clientĂ©lisme au lieu de favoriser une culture du dialogue – mĂȘme au sein de la cellule familiale -, respecter les opinions diverses et le “compter sur soit” au lieu de mendier des faveurs des gens de pouvoir. Il s’agit d’un projet de sociĂ©tĂ©: voulons-nous vivre ensemble en tant que tunisiens dans le respect et la justice pour tous ou bien dĂ©sirons-nous encore et toujours stagner dans la violence des opinions et des actions (interdictions/grĂšves/rĂ©pressions) ? Si la nĂ©gation de notre droit Ă  avoir un systĂšme politique correct, Ă  pouvoir exprimer nos idĂ©es ouvertement, Ă  choisir nos reprĂ©sentants librement incite beaucoup de tunisiens Ă  espĂ©rer des jours meilleurs dans le futur et donc Ă  avaler leur dignitĂ©, beaucoup aussi en ont marre d’ĂȘtre pris pour des cons et dĂ©sirent rester dignes au prĂ©sent. Mais que pouvons-nous faire ? Une rĂ©action Ă  l’iranienne me parait peu plausible: sauf si je me trompe, nous n’avons pas la mĂȘme conscience ni la maturitĂ© politiques nĂ©cessaires afin de contester ouvertement dans les rues la prochaine mascarade. Par contre une meilleure façon moins risquĂ©e de montrer notre dĂ©saccord serait de faire une grĂšve gĂ©nĂ©rale le jour des Ă©lections ou le jour de la procalamation des rĂ©sultats! Imaginez une coupure d’Ă©lectricitĂ©, de tĂ©lĂ©phone, d’eau, un embouteillage monstre ou un coup de klaxon gĂ©nĂ©ral Ă  midi pĂ©tante pour simplement dire: “on en a marre de vivre sous la dictature!” ce serait cool non ??? Entre-temps, et face au vide sidĂ©ral laissĂ© par l’opposition (sont-ils en vacances?) et en l’absence de journalistes sĂ©rieux (existent-ils?), j’espĂšre que la blogosphĂšre tunisienne sera plus active face Ă  des enjeux qui nous concernent tous. (Source : le blog « Dawwen », le 27 juillet 2009) Lien : http://dawwen.blogspot.com/2009/07/elections-tunisiennes-ou-va-passer-mon.html  

Bourguiba-Kaddafi : Le choc des ego

Dans ses MĂ©moires, BĂ©ji CaĂŻd Essebsi, figure du rĂ©gime bourguibien, raconte comment les relations tumultueuses entre la Libye et la Tunisie ont failli, au lendemain de l’Union avortĂ©e entre les deux pays, tourner au pire.

Un livre de plus de 500 pages, avec beaucoup d’annexes utiles, assez bien Ă©crit (par l’auteur lui-mĂȘme) et trĂšs bien Ă©ditĂ© par l’une des meilleures maisons tunisiennes (Sud Éditions).

Le titre indique l’axe de l’ouvrage : Habib Bourguiba. Le bon grain et l’ivraie. Mais, aprĂšs lecture, on se demande s’il n’aurait pas Ă©tĂ© plus juste de l’intituler : « Habib Bourguiba, La RĂ©publique et moi ».

Car l’auteur, BĂ©ji CaĂŻd Essebsi, y Ă©grĂšne les souvenirs d’un homme qui a achevĂ© ses Ă©tudes (de droit) Ă  la veille de l’indĂ©pendance de la Tunisie, en mars 1956, avant de compter, pendant plus d’un demi-siĂšcle, parmi les personnages qui, dans les cercles du pouvoir, graviteront autour d’un homme-soleil : Habib Bourguiba.

Certains membres de ces cercles, tel « Si BĂ©ji », ont fait un bout de chemin avec son « tombeur » et successeur : Zine el-Abidine Ben Ali.

BĂ©ji CaĂŻd Essebsi s’est visiblement dĂ©lectĂ© d’avoir Ă©tĂ© presque constamment au centre du pouvoir, car il n’a connu, tout au long de cette longue pĂ©riode, que de trĂšs brĂšves disgrĂąces, au cours desquelles il a donnĂ© l’impression
 de dĂ©pĂ©rir.

Pendant plus de deux dĂ©cennies, il a occupĂ©, avec bonheur, les postes de souverainetĂ© les plus prestigieux – l’IntĂ©rieur et les Affaires Ă©trangĂšres – et les plus grandes ambassades, dont celle de Paris.

Selon son souvenir, il a rĂ©ussi lĂ  oĂč il a Ă©tĂ© placĂ©, a pris de bonnes dĂ©cisions, dit ce qu’il fallait dire et donnĂ© les meilleurs conseils, aussi bien Ă  Bourguiba – qui en redemandait – qu’à ses Premiers ministres. Il relate qu’il a Ă©galement prodiguĂ© de bons conseils aux homologues de Bourguiba : Hassan II, Chadli Bendjedid, Saddam Hussein et Kaddafi.

Bourguiba a trĂšs souvent fait sentir et mĂȘme dit Ă  « Si BĂ©ji » qu’il ne pouvait pas l’imaginer loin de lui et, tout au long du livre, on sent que tous les autres avaient la plus grande confiance en son jugement et en sa droiture.

BĂ©ji CaĂŻd Essebsi est un bon cerveau et a du bagout ; il sait taire le mal qu’il peut penser de la plupart et dire Ă  quelques-uns plus de bien d’eux qu’il ne le pense. LĂ  est sans doute le secret de la rĂ©ussite politique de cet enfant de la bourgeoisie tunisoise.

En morceaux choisis de cette contribution subjective – c’est la loi du genre – Ă  l’histoire de la Tunisie bourguibienne et de ses relations avec le reste du monde, j’ai sĂ©lectionnĂ© le rĂ©cit par BĂ©ji CaĂŻd Essebsi d’un Ă©pisode de la saga tuniso-libyenne.

Du temps oĂč Bourguiba rĂ©gnait sur la politique tunisienne et oĂč Kaddafi lui faisait face Ă  Tripoli, c’était le cĂ©lĂšbre « Je t’aime, moi non plus ».

Et il revenait Ă  BĂ©ji CaĂŻd Essebsi, dont l’art du compromis faisait merveille, d’empĂȘcher que le heurt des tempĂ©raments et le choc des ego entre les deux chefs ne dĂ©gĂ©nĂšrent en guerre ouverte entre la Tunisie et son voisin libyen.

Les pages que vous allez lire donnent, Ă  mon avis, une bonne idĂ©e de l’atmosphĂšre de ce livre de MĂ©moires d’un acteur de l’Histoire servi par son exceptionnelle longĂ©vitĂ©, et par une mĂ©moire qui sait oĂč sont « les bons fagots ».

Par : Béchir Ben Yahmed

Extraits des mĂ©moires de BĂ©ji CaĂŻd Essebsi, “Habib Bourguiba. Le bon grain et l’ivraie”

À la mi-octobre [1984], l’ambassadeur de Tunisie en Libye Mohamed Jenifane, en congĂ© Ă  Tunis, me transmet un message du colonel Kaddafi qui rĂ©itĂ©rait son invitation pour une partie de chasse dans le Sahara libyen. Sans avoir un caractĂšre officiel, l’invitation semblait rĂ©pondre Ă  un souci insistant. Avec l’accord du prĂ©sident Bourguiba, j’acceptais l’invitation. L’ambassadeur interrompait son congĂ© pour m’accompagner. Le 18 octobre, nous sommes accueillis par Ali Triki1, Abdallah Senoussi2 et d’autres collĂšgues, avec un luxe de protocole inhabituel. Nous sommes conduits au palais de l’ancien prince Hassan Ridha, oĂč notre dĂźner nous est servi Ă  partir de la maison mĂȘme de Kaddafi : notamment une habara en sauce, produit de la chasse personnelle du ‘Aqid.

Avant de nous quitter, Ali Triki me communique que le colonel Kaddafi me recevrait le lendemain matin Ă  la caserne Azizia.

« Je crois bien, me dit-il, qu’il s’attend Ă  vous voir seul.

– Mohamed Jenifane m’accompagnera en frĂšre », lui dis-je. Son sourire dissimulait mal sa contrariĂ©tĂ©, mais, pour ma part, je tenais Ă  la prĂ©sence constante de l’ambassadeur.

Le colonel Kaddafi me rĂ©serve un accueil particuliĂšrement chaleureux :

« Je m’attendais Ă  vous voir habillĂ© de la afrit (l’habit de chasse saharien).

– Je ne suis pas chasseur, lui dis-je, mĂȘme si j’aime les randonnĂ©es et l’ambiance du dĂ©sert. »

En saluant l’ambassadeur, il s’exclame :

« Vous vous faites toujours accompagner de votre espion ?

– C’est notre frùre commun, lui dis-je.

– Celui Ă  qui j’adresse mes rapports est devant vous », rĂ©plique de son cĂŽtĂ© Jenifane avec un sourire Ă©clatant.

Nous ne tardons pas Ă  monter dans un minibus, rejoints par Khouildi Hamidi3, Hassan Ichkal4, Abdallah Senoussi, Khalifa Htiwech. Au volant, Youssef Debri5, bientĂŽt relayĂ© par Hassan Ichkal. Nous prenons la direction de Saddada, Ă  200 km au sud-est de Tripoli. TrĂšs vite, nous abordons le grand large, la mer intĂ©rieure de sable et de ciel pur. Assis Ă  la droite de Kaddafi, je l’écoute. D’une voix Ă©gale, il Ă©voque des situations oĂč, estime-t-il, les Tunisiens s’enferment dans une attitude d’incomprĂ©hension, dans un formalisme chatouilleux et injustifiĂ©. Il se plaint de Wassila Bourguiba, du harcĂšlement des Libyens, touristes ou patients dans les cliniques tunisiennes, des notes frĂ©quentes de protestation contre les survols d’avions libyens qui, en altitude, empiĂštent sur l’espace aĂ©rien de la Tunisie. « Pourquoi cette nervosité ? Ces Ă©carts dans le ciel ne peuvent pas ĂȘtre hostiles. Nous n’allons pas bombarder vos oliviers ! Avec la Tunisie, nous aimerions vivre en confiance et sentir pleinement la relation fraternelle. »

Je savais que l’entrĂ©e en matiĂšre serait longue et que l’essentiel n’était pas encore dit. Plusieurs digressions :

« Si l’AlgĂ©rie avait envahi la Tunisie avant d’ĂȘtre occupĂ©e par les Français, vous auriez Ă©tĂ© aujourd’hui un seul et mĂȘme pays, me dit Kaddafi.

– L’État tunisien, lui dis-je, Ă©tait Ă©tabli bien avant l’institution de l’AlgĂ©rie, et il comprenait, avant et aprĂšs l’invasion arabe, BĂ©jaĂŻa et tout le Constantinois du nord au sud jusqu’aux routes caravaniĂšres du Sahel. Plus Ă  l’ouest, l’État marocain est lui aussi plus ancien que l’AlgĂ©rie, avec une superficie plus vaste mais avec des frontiĂšres variables qui lui ont toujours valu des difficultĂ©s avec ses voisins de l’Est. »

Au cours de l’une de nos escales de dĂ©tente, Kaddafi me prend par le bras pour un aparté :

« Je voudrais nommer un diplomate arabe Ă  New York en qualitĂ© d’ambassadeur auprĂšs des Nations unies. J’ai pensĂ© Ă  Mohamed Masmoudi6.

– Bourguiba ne le voudra pas, lui dis-je. Évitez de heurter le prĂ©sident Bourguiba avec des problĂšmes de personnes.

– Vous connaissez pourtant sa valeur. Masmoudi servira intelligemment la cause arabe. Il est connu et, de ce fait, la Tunisie sera encore honorĂ©e Ă  travers lui.

– Ma rĂ©serve ne se situe pas Ă  ce niveau, je crains seulement que l’initiative ne mette en colĂšre Bourguiba. Si vous voulez aider Masmoudi, vous avez d’autres moyens de le faire, mais une fonction diplomatique serait considĂ©rĂ©e par le prĂ©sident comme inamicale. Je ne vous le conseille pas.

– Parlez-en au prĂ©sident Bourguiba. J’attendrai votre rĂ©ponse. »

À la premiĂšre occasion, je mets l’ambassadeur Jenifane dans la confidence, en lui prĂ©cisant qu’il ne devait rien mettre par Ă©crit, ni en parler.

Au cours de la traversĂ©e, Kaddafi avait tirĂ© des oiseaux et de petits gibiers, mais sans grande conviction. En arrivant Ă  Saddada, nous sommes installĂ©s sous une tente spacieuse, simple et confortable, meublĂ©e dans un souci pratique. Le dĂźner, frugal et succulent, Ă©tait servi tĂŽt. Le Sahara, avec de tels moyens, a son charme et offre un dĂ©paysement et une dĂ©tente insoupçonnĂ©s. Nous avons passĂ© la nuit dans un vieux qasr saharien aussi sobre et dotĂ© d’un Ă©quipement irrĂ©prochable.

Pendant la veillĂ©e, Kaddafi demande Ă  Mohamed Jenifane de rĂ©citer des poĂšmes du folklore bĂ©douin. Avec d’autres collĂšgues, ils ont animĂ© des joutes oĂč se rejoignent, dans une langue commune, les grands thĂšmes de la chevalerie, de la nature et de la beautĂ©. Dans l’un des poĂšmes rĂ©citĂ©s par Jenifane, Kaddafi repĂšre le mot layça :

« Nous avons le mĂȘme terme Ă  Syrte, dit-il. Vous voyez bien, Si BĂ©ji, que c’est le mĂȘme pays.

– Que signifie ce terme ?

– C’est un adjectif. Quelque chose est layça, me dit-il, lorsque son sens apparent dissimule son sens rĂ©el ; le sens rĂ©el est ainsi masquĂ©, dĂ©signĂ© indirectement par un symbole.

– Je vous en fĂ©licite, lui dis-je, vous participez avec Mohamed Jenifane du mĂȘme pays des “layça”, mais pas moi ! »

Le lendemain, sur le chemin du retour, alors que nous traversions une petite bourgade, Kaddafi arrĂȘte le minibus devant une mosquĂ©e trĂšs modeste. Il se retire avec quelques collĂšgues pour la priĂšre du ‘Asr, puis il rejoint les autres passagers et nous poursuivons notre chemin. Kaddafi est restĂ© un homme Ă©tonnamment simple et proche de son peuple.

DĂšs mon retour Ă  Tunis, Ali Triki me rappelle pour avoir la rĂ©ponse relativement Ă  la nomination de Masmoudi, en me signifiant qu’il Ă©tait harcelĂ© par son chef. Je soulĂšve la question devant le prĂ©sident Bourguiba le lendemain au cours de la revue politique de la matinĂ©e. Il sursaute :

« C’est inadmissible ! Je lui enlĂšverai la nationalitĂ© tunisienne.

– J’ai dĂ©jĂ  exprimĂ© ce pressentiment au colonel Kaddafi, lui dis-je. Je confirmerai aux collĂšgues libyens votre objection, mais je ne suis pas d’avis de gonfler l’affaire. Relativement Ă  Mohamed Masmoudi, nous lui dirons ce qu’il en est et nous traiterons la question comme une affaire intĂ©rieure.

– C’est plus grave que cela, objecte Habib Jr.7, Kaddafi est capable d’aller jusqu’au bout. Il faut l’en empĂȘcher.

– BĂ©ji lui a dĂ©jĂ  dit que c’était un acte inamical, lui rĂ©pond le prĂ©sident. Nous n’allons pas dĂ©clarer la guerre pour ça ! Puis, s’adressant Ă  Mohamed Mzali8 : il faut aviser Masmoudi par Ă©crit que son acceptation signifie la destitution de sa nationalitĂ© tunisienne. Il faut aussi prendre les dispositions en consĂ©quence pour ne pas nous laisser prendre de vitesse. »

Mohamed Masmoudi opte sagement pour le maintien de sa nationalitĂ©. Dans une lettre Ă  Mohamed Mzali, il Ă©crira cependant que le ministre des Affaires Ă©trangĂšres avait donnĂ© son accord au colonel Kaddafi pour sa nomination en tant qu’ambassadeur auprĂšs des Nations unies Ă  New York. Sans m’en parler au prĂ©alable, Mzali montre la lettre de Masmoudi au prĂ©sident, qui, incrĂ©dule, rejette la lettre en s’exclamant : « Masmoudi ment, BĂ©ji a dit vrai. Il n’a jamais donnĂ© son accord pour la nomination de Masmoudi comme ambassadeur de la Libye auprĂšs des Nations unies. Cette affaire est close ! »

En fait, l’affaire hantera longtemps le prĂ©sident Bourguiba, Ă  la fois parce qu’il Ă©tait profondĂ©ment ulcĂ©rĂ© par ce qu’il considĂšre comme faussetĂ© et fourberie de la part de Mohamed Masmoudi et parce qu’il soupçonnait le colonel Kaddafi de poursuivre de sombres desseins. Pour lui, Kaddafi n’a pas digĂ©rĂ© l’échec de Djerba9 : il est capable de tout pour mettre la main sur la Tunisie. En hissant Ă  nouveau Masmoudi, il se trahit. De surcroĂźt, des infiltrations d’armes et d’agents libyens sont repĂ©rĂ©es tout au long des deux derniĂšres annĂ©es, les derniĂšres remontant Ă  janvier, puis Ă  nouveau au mois de mars 1984. Des rapports pĂ©riodiques du ministĂšre de la DĂ©fense tiennent le Premier ministre en Ă©veil. Mohamed Mzali en a entretenu le prĂ©sident juste avant l’audience qu’il a fixĂ©e pour Ali Triki en avril 1985.

Venu Ă  Tunis pour la session ordinaire de la Ligue arabe, Ali Triki m’a informĂ© de son intention de demander une audience auprĂšs du prĂ©sident. Comme je sentais depuis quelque temps la colĂšre rentrĂ©e de Bourguiba, je lui ai conseillĂ© de retarder la dĂ©marche, le prĂ©sident n’étant pas bien disposĂ© pour le moment. NĂ©anmoins, ayant pour instruction du colonel Kaddafi de rencontrer le prĂ©sident, il a fait intervenir Mezri Chekir10 et Mohamed Mzali pour fixer l’audience sans m’en parler, comme cela arrive souvent. À l’issue du Conseil de la Ligue, il Ă©tait reçu par Bourguiba en prĂ©sence de Mohamed Mzali et de moi-mĂȘme.

« Je vous transmets le bonjour d’Al-‘Aqid Al-Kaddafi, dĂ©clare Ali Triki en tendant la main au prĂ©sident. Tout en lui prenant la main, et avant mĂȘme de lui offrir de s’asseoir, le prĂ©sident se lance dans une diatribe contre les vellĂ©itĂ©s agressives de la Libye :

– Kaddafi attend ma mort pour envahir la Tunisie. Il n’ira pas loin. Je me suis entendu avec Bendjedid, vous n’aurez aucune chance. Nous vous briserons les reins ! »

Ali Triki Ă©tait loin de s’attendre Ă  une telle explosion.

« Je crains, Monsieur le Président, dit-il, que vous ne construisiez des plans sur des bases totalement erronées.

– Quand le Premier ministre me dit quelque chose, je le crois. »

Le prĂ©sident enchaĂźne sur les infiltrations d’agents libyens et de stocks d’armes, sur l’appareil de propagande qui appelle le peuple Ă  la rĂ©volte. « Cette politique de duplicitĂ© n’est pas digne de la Tunisie. Kaddafi veut pourrir la rĂ©gion, il ne veut ni la paix ni la coopĂ©ration Ă©conomique. »

Triki Ă©coute calmement, puis il prend congĂ© en dĂ©clarant qu’il rapportera au colonel Kaddafi le message du prĂ©sident.

En le raccompagnant, je l’invite à une pause dans un salon du palais :

« Je pense qu’il est de notre devoir de modĂ©rer le message et de nous efforcer d’apaiser la situation, lui dis-je.

– J’aurai beau attĂ©nuer, dit-il, je ne pourrai pas dissimuler le fond d’hostilitĂ©. Tout bien pesĂ©, quand le prĂ©sident Bourguiba dĂ©clare qu’il nous brisera les reins, c’est l’équivalent d’une dĂ©claration de guerre. Il est bien le chef suprĂȘme des armĂ©es ! Il nous impute des plans diaboliques. Comment taire l’accusation ? Si je suis content d’une chose, c’est que vous n’ĂȘtes pas en cause dans cette situation. Chaque fois qu’une tension survient dans nos relations, on nous fait dire que vous en ĂȘtes responsable. Vous ĂȘtes un homme d’honneur et votre rĂŽle est certainement dĂ©licat. Je compte sur vous pour nous Ă©viter une escalade ou une dramatisation qui nous desserviraient les uns et les autres. »

Je le revois au salon de l’aĂ©roport pour le saluer Ă  son dĂ©part. J’apprends alors que Mohamed Mzali avait dĂ©pĂȘchĂ© TaĂŻeb Sahbani11 auprĂšs de lui pour tenter de calmer la tension.

Le lendemain, au cours d’une sĂ©ance de travail au cabinet du prĂ©sident en compagnie de Mzali, nous sommes Ă  nouveau tĂ©moins d’une longue diatribe contre Kaddafi. Le prĂ©sident rĂ©pĂšte ses propos comme s’il voulait nous convaincre, puis m’interpelle :

« Pourquoi gardes-tu le silence ?

– Je vous Ă©coute, Monsieur le PrĂ©sident.

– Je veux ton avis sur l’entretien d’hier avec Triki.

– Puisque vous me posez la question, je dois vous dire que, si l’on s’en tient aux usages diplomatiques, les propos tenus sont trĂšs durs et Ă  la limite de l’acceptable. Hier, Ă  l’issue de l’audience, j’ai rattrapĂ© mon collĂšgue Ali Triki et je l’ai priĂ© de ne pas grossir l’affaire. Il m’a rĂ©pondu que ce qu’il avait entendu, au fond, Ă©quivalait Ă  une dĂ©claration de guerre. »

Le prĂ©sident ne rĂ©agit pas ; il reste silencieux un long moment, la tĂȘte entre les mains, puis il nous salue et nous nous dirigeons vers la sortie. Avant que je ne franchisse le seuil, il me rappelle : « Ce que tu m’as dit ne m’a pas fait plaisir, me dit-il, mais je t’en remercie. Tu as Ă©tĂ© de bon conseil. »

Au bout d’une semaine, Mohamed Mzali m’appelle pour me prier de me rendre Ă  Tripoli et de tenter de reprendre langue avec Kaddafi. « C’est Ă  vous que revient logiquement la dĂ©marche », lui dis-je. Le lendemain, il revient Ă  la charge : « J’en ai parlĂ© au prĂ©sident, dit-il, la mission vous revient. » Je dĂ©cline encore une fois.

À la rĂ©union suivante au palais, Mzali dĂ©clare au prĂ©sident :

« J’ai dĂ©jĂ  parlĂ© Ă  Si BĂ©ji de la mission Ă  Tripoli, mais il ne semble pas convaincu.

– Tu dois y aller, me dit le prĂ©sident, il faut clore ce dossier.

– Une telle mission incombe logiquement Ă  Si Mohamed, lui dis-je. Je n’avais pas souhaitĂ© cette audience avec Ali Triki. Du reste, je vois mal ce qu’il y a Ă  dire.

– C’est toi qui y vas parce que je te le demande, reprend le prĂ©sident. Pour le reste, tu n’es pas de ceux Ă  qui il faut souffler ce qu’il y a lieu de dire. Tu sais caresser dans le sens du poil [ta‘rif traqqad ach-chaara]. »

Comme il perçoit mon malaise, il ajoute : « Prends ton temps. »

J’admets que la mission s’impose, mais que dire ? Au bout de deux jours, je reçois un appel de Ali Triki, qui, je le sentais, souhaitait vivement l’arrivĂ©e d’une dĂ©lĂ©gation tunisienne. Il m’assure, en rĂ©ponse Ă  ma question, que je serai le bienvenu et que je serai Ă©videmment reçu par le « Guide ».

Le 29 avril, il m’attendait Ă  mon arrivĂ©e Ă  Tripoli. Les retrouvailles sont trĂšs cordiales. L’ambassadeur Jenifane, de son cĂŽtĂ©, n’avait relevĂ© aucune nervositĂ© particuliĂšre Ă  l’endroit de l’ambassade durant les derniĂšres semaines. Ali Triki me rĂ©servait cependant une surprise : j’étais attendu par Abdesselam Jalloud12. Je maintiens que j’étais porteur d’un message pour le colonel Kaddafi et que, faute de le dĂ©livrer Ă  son destinataire, je n’avais qu’à reprendre mon avion. Ali Triki s’empresse de me rassurer. J’accepte donc l’entretien prĂ©alable fixĂ© avec Jalloud.

L’entretien, en prĂ©sence de Ali Triki et de Jenifane, Ă©tait mĂ»rement prĂ©parĂ© et sans doute enregistré : sans chercher Ă  rĂ©pondre aux accusations du prĂ©sident Bourguiba, Jalloud attaquait nos choix politiques, l’esprit de nos rĂ©formes, la distance que nous maintenions avec le monde arabe. J’avais beau jeu de rappeler le rĂŽle central de la Tunisie partout oĂč les droits des peuples arabes sont en cause : la lutte de libĂ©ration algĂ©rienne, l’alternative au Caire pour le siĂšge de la Ligue arabe et de ses organisations annexes, le refuge offert Ă  la direction palestinienne
 Mais Jalloud n’écoutait pas, il nous considĂ©rait comme des adversaires de la rĂ©volution libyenne, que nous n’avions jamais fait l’effort de comprendre. Remontant Ă  HĂ©di Nouira13, « il nous parlait de haut, dit-il, il se croyait supĂ©rieur ! » Je rĂ©alisais qu’il Ă©tait en service commandĂ© et qu’il n’hĂ©sitait pas Ă  se faire provocateur. Il ne cessait de rĂ©pĂ©ter : « Vous n’ĂȘtes pas personnellement en cause, nous savons que vous ĂȘtes un patriote connu pour sa droiture et sa franchise, mais nous ne voulons plus avoir affaire Ă  la Tunisie [sillou thyabkoum min thyabina]. » Sans cĂ©der aux dĂ©bordements polĂ©miques, je m’attachais Ă  rĂ©pondre sur le fond, ce qui me permettait de marquer plutĂŽt des points, sans cesser de rĂ©pĂ©ter Ă  mon tour que tout ce qui vise mon pays s’adresse Ă©galement Ă  moi. Au bout d’une heure, nous nous sĂ©parons en nous serrant la main, sans plus.

L’audience avec Kaddafi est-elle encore nĂ©cessaire ? Je demande Ă  Jenifane de me reconduire Ă  l’aĂ©roport, mais Ali Triki intervient pour rappeler avec insistance que le « Guide » m’attend Ă  la caserne Azizia. Je me suis dit alors que si le programme prĂ©voit deux audiences et que la premiĂšre est nĂ©gative, la seconde est vraisemblablement vouĂ©e au compromis. Je m’y rends avec Mohamed Jenifane. En pĂ©nĂ©trant sous la tente, je lance Ă  haute voix « As-salamou ‘alaykoum ! » [Que la paix soit sur vous]. EntourĂ© de Khouildi Hamidi et de Ali Triki, Kaddafi se lĂšve et me tend deux doigts. Évitant sa main, je l’interpelle : « Tel que vous me connaissez, je ne changerai pas, je vous embrasse comme Ă  notre habitude. Si je ne me sentais pas en milieu ami, je ne serais pas là ! » Kaddafi se penche pour l’accolade puis, rĂ©primant un sourire, m’invite d’un geste Ă  m’asseoir. C’était bon signe.

Rigide, le visage fermĂ©, Kaddafi parle d’une voix lente : « Comment Habib Bourguiba se permet-il de nous accuser de tant de bassesses ? J’ai peine Ă  croire qu’il accorde foi Ă  ce qu’il dit. Vos menaces ne nous font pas peur. Qu’est-ce qu’il se croit pour se permettre de me traiter ainsi ?

– Le prĂ©sident Bourguiba n’invente pas. Il juge en fonction des faits, mĂȘme s’il lui arrive d’ĂȘtre parfois excessif. C’est vous qui avez Ă©tĂ© souvent injuste avec le peuple tunisien, en affirmant que nous n’étions pas libres.

– Je respecte le peuple tunisien, proteste-t-il.

– Vous avez dit Ă  Tanya Matthews14 que vous ne visiterez la Tunisie que lorsque son peuple se sera libĂ©rĂ©. Nous, Tunisiens, avons arrachĂ© notre libĂ©ration par la lutte, contrairement Ă  tant de peuples qui ont reçu leur indĂ©pendance sur un plateau par la grĂące des Nations unies. Notre libĂ©ration force le respect.

– Tanya Matthews est une espionne que vous m’avez envoyĂ©e. Elle ne s’est pas privĂ©e d’empoisonner l’atmosphĂšre par ses inventions et ses Ă©lucubrations. »

Khouildi Hamidi intervient pour appuyer les propos du « Guide ».

« Je suppose, dis-je en m’adressant Ă  Kaddafi, que vous avez associĂ© Hamidi Ă  notre entretien pour nous signifier que lui aussi, qui compte parmi nos amis, rompt avec la Tunisie. Je croirai pour ma part que nous aurons tout perdu si nous perdons la confiance du ‘Aqid. Je viens d’entendre des propos de trĂšs bas Ă©tage de la part de Abdesselam Jalloud. Je ne place pas nos rapports Ă  un tel niveau. Je voudrais nĂ©anmoins m’assurer que vous, vous me croyez quand j’affirme que nos relations doivent aspirer Ă  la confiance, mais une confiance fondĂ©e sur le respect, sur la franchise et sur la vĂ©ritĂ©.

– Que diriez-vous si je diffusais un enregistrement oĂč le grand public apprend comment j’ai administrĂ© une leçon Ă  votre Premier ministre quand il m’a appelĂ© au tĂ©lĂ©phone pour s’excuser ?

– J’ai tout de suite observĂ© tous ces fils qui traĂźnent sous vos pieds. Ces mĂ©thodes ne m’impressionnent pas, j’étais quatorze ans au ministĂšre de l’IntĂ©rieur avant d’ĂȘtre ministre des Affaires Ă©trangĂšres. Oseriez-vous diffuser tout l’enregistrement et pas seulement des extraits sĂ©lectionnĂ©s ? »

Je n’étais pas averti de cet appel tĂ©lĂ©phonique du Premier ministre. Mohamed Mzali ne m’en avait rien dit. Cependant, dĂšs qu’on nous a servi le thĂ©, j’ai compris que l’audience avec Kaddafi Ă©tait en effet programmĂ©e pour le compromis. Je pose la question Ă  Kaddafi :

« Et maintenant, oĂč allons-nous ? La guerre ou la paix ? Je pense que nous ne devons pas insulter l’avenir.

– C’est à vous de trouver la solution.

– Vous placez votre confiance en moi, mais votre entourage n’acceptera pas.

– J’accepterai, moi.

– Il faudrait que vos collaborateurs acceptent aussi et, aprùs le discours du commandant Jalloud, je suis sceptique.

– Il vous suffira que j’accepte.

– Alors, nous considĂ©rerons que tout ce qui s’est passĂ© est un malentendu ! »

——————————————————————————————– 1. Ministre des Affaires Ă©trangĂšres de 1973 Ă  1982, puis de 1984 Ă  1986. Actuel secrĂ©taire aux Affaires de l’Union africaine.

2. Beau-frĂšre de Kaddafi, l’un des principaux responsables de la sĂ©curitĂ©.

3. Membre du Conseil de la rĂ©volution, ancien chef de l’armĂ©e puis du renseignement.

4. Membre du Conseil de la révolution, disparu dans des conditions mystérieuses en 1986.

5. Responsable des services extérieurs.

6. Ministre tunisien des Affaires étrangÚres de juin 1970 à janvier 1974.

7. Fils du président Bourguiba. Ambassadeur, ministre des Affaires étrangÚres, puis patron (1971-1988) de la Banque de développement économique de la Tunisie.

8. Premier ministre tunisien de 1980 Ă  1986.

9. L’Union tuniso-libyenne, qui devait, en 1973-1974, aboutir Ă  la fusion des deux pays sous le nom de RĂ©publique arabe islamique (RAI), a avortĂ©.

10. Ministre de la Réforme administrative, proche de Mohamed Mzali.

11. Ancien ambassadeur de Tunisie en Libye.

12.Membre du Conseil de la révolution. Premier ministre de juillet 1972 à mars 1977.

13. Premier ministre tunisien de novembre 1970 Ă  avril 1980.

14. Correspondante de la BBC Ă  Tunis.

(Source :  « Jeune Afrique” (Magazine hebdomadaire – France), N° le 2532 du 19 au 25 juillet 2009)


 

Algérie: principaux incendies maßtrisés, la canicule sévit toujours

 
AFP, le 27 juillet 2009 Ă  16h11 ALGER – La majoritĂ© des incendies qui ont ravagĂ© prĂšs de 4.000 hectares de forĂȘts et de maquis en AlgĂ©rie depuis le 22 juillet ont Ă©tĂ© maĂźtrisĂ©s tandis que la canicule sĂ©vissait encore lundi pour la sixiĂšme journĂ©e consĂ©cutive, a indiquĂ© la protection civile. A BĂ©jaĂŻa, en Kabylie, la rĂ©gion la plus touchĂ©e depuis le dĂ©but de la vague de chaleur, la plupart des incendies ont Ă©tĂ© maĂźtrisĂ©s, selon un responsable local de la protection civile. Seuls subsistaient quelques foyers d’incendies dans la rĂ©gion de Bordj Bou ArrĂ©ridj, Ă  environ 200 km Ă  l’est d’Alger, oĂč 341 dĂ©parts de feux ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s depuis le 22 juillet, selon la mĂȘme source. Les dĂ©parts de feux ont Ă©tĂ© favorisĂ©s par une canicule exceptionnelle, marquĂ©e par des tempĂ©ratures entre 40° sur le littoral et 47° dans certaines rĂ©gions du sud et du centre du pays. Plus de 10.000 hectares ont Ă©tĂ© atteints par des incendies en AlgĂ©rie depuis le 1er juin, dont 4.400 ha de forĂȘts, selon un bilan de la protection civile, qui a enregistrĂ© une moyenne de 21 foyers chaque jour. Cette moyenne s’est Ă©levĂ©e jusqu’Ă  51 incendies quotidiens entre le 18 et le 24 juillet, selon la mĂȘme source. (©AFP / 27 juillet 2009 16h10)

 


 

Iran: tensions chez les conservateurs avant l’investiture du prĂ©sident

 
AFP, le 27 juillet 2009 Ă  14h05 Par Siavosh GHAZI   Le prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad, qui doit ĂȘtre investi la semaine prochaine, semblait lundi fragilisĂ© par des tensions croissantes avec son propre camp qui ont conduit au limogeage du ministre des Renseignements. Le quotidien conservateur Tehran Emrouz titrait “JournĂ©e chaotique pour le gouvernement” aprĂšs le dĂ©part du ministre des Renseignements, Gholamhossein Mohseni Ejeie, qui a Ă©tĂ© dĂ©mis la veille de ses fonctions. Selon l’agence Mehr, M. Mohseni Ejeie, un conservateur influent au sein du cabinet, avait eu un affrontement verbal avec M. Ahmadinejad mercredi. En revanche, le prĂ©sident a rejetĂ© la dĂ©mission du ministre de la Culture, Mohammad Hossein Safar Harandi, selon un responsable de la presse au sein du bureau prĂ©sidentiel, citĂ© par l’agence Isna. “Seul le ministre des Renseignements a Ă©tĂ© limogĂ©” et par consĂ©quent “le gouvernement n’a pas besoin d’un nouveau vote de confiance” par le Parlement, a ajoutĂ© Mohammad Jafar Mohammadzadeh. Selon le gouvernement, avec le limogeage de M. Mohseni Ejeie, dix ministres sur un total de 21 ont changĂ© depuis 2005. Or, selon la Constitution, le prĂ©sident doit demander un nouveau vote de confiance pour  l’ensemble de son gouvernement si plus de la moitiĂ© des membres du cabinet changent. “J’espĂšre que ces limogeages (des ministres de la Culture et des Renseignements) ne seront pas confirmĂ©s car sinon, on peut dire que le gouvernement a commis une opĂ©ration suicide”, a dĂ©clarĂ© le dĂ©putĂ© conservateur Heshmatollah Falahatpisheh au Tehran Emrouz. “Je ne sais pas pour quelle raison le prĂ©sident a agi ainsi, mais c’est contraire Ă  l’intĂ©rĂȘt national et Ă  l’intĂ©rĂȘt du gouvernement”, a-t-il ajoutĂ©. Ces cafouillages dĂ©montrent les tensions grandissantes au sein du camp conservateur, alors que Mahmoud Ahmadinejad doit ĂȘtre investi le 5 aoĂ»t avant de prĂ©senter son gouvernement aux dĂ©putĂ©s pour approbation. Les dissensions ont Ă©clatĂ© au grand jour lorsque le prĂ©sident a nommĂ© un de ses proches, Esfandiar Rahim Mashaie, au poste de premier vice-prĂ©sident. Plusieurs ministres, notamment ceux des Renseignements et de la Culture, avaient critiquĂ© cette nomination et surtout le retard de M. Ahmadinejad pour obĂ©ir au Guide suprĂȘme, l’ayatollah Ali Khamenei, qui avait ordonnĂ© d'”annuler” cette nomination. Quelque 200 dĂ©putĂ©s ont envoyĂ© dimanche une lettre au prĂ©sident pour lui demander “de corriger son comportement de sorte que les points de vue du Guide suprĂȘme soient appliquĂ©s avec plus de rapiditĂ© et de sĂ©rieux”, selon le dĂ©putĂ© conservateur Mouss-al-Reza Servati, citĂ© par l’agence Ilna. AnnoncĂ©e le 17 juillet, la nomination de M. Rahim Mashaie avait provoquĂ© un tollĂ©. Les conservateurs et le clergĂ© ne lui pardonnaient pas une entorse Ă  la rhĂ©torique du rĂ©gime, quand il avait affirmĂ© en juillet 2008 que l’Iran Ă©tait “l’ami du peuple amĂ©ricain et du peuple israĂ©lien”. De son cĂŽtĂ© l’opposition, qui avait vivement contestĂ© le rĂ©sultat de l’Ă©lection prĂ©sidentielle du 12 juin, reste mobilisĂ©e et a demandĂ© dimanche l’autorisation d’organiser jeudi une cĂ©rĂ©monie en hommage aux personnes tuĂ©es au cours des manifestations qui ont suivi la réélection de M. Ahmadinejad. Le Parlement, dominĂ© par les conservateurs, a mis en place une commission spĂ©ciale pour suivre la situation des personnes arrĂȘtĂ©es lors des manifestations, aprĂšs l’annonce dans la presse ces derniers jours de la mort en prison de deux jeunes manifestants. Selon les chiffres publiĂ©s par les mĂ©dias officiels, entre 1.000 et 2.000 personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es lors des manifestations. Les autoritĂ©s ont affirmĂ© que la plupart ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es.  
 

Un responsable de droite parle d’accident cardiaque puis rectifie

AFP, le 27 juillet 2009 Ă  15h12 FrĂ©dĂ©ric Lefebvre, le porte-parole de l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy, a Ă©voquĂ© lundi un “accident cardiaque” Ă  propos du malaise du prĂ©sident français, avant de revenir sur ce terme qui contredisait l’explication donnĂ©e par la prĂ©sidence. L’ElysĂ©e a fait Ă©tat lundi matin d’un “malaise lipothymique d’effort”, sans “cause” ni “consĂ©quence cardiologique”. Comme on lui demandait, Ă  l’occasion d’un point de presse, si le malaise la veille de Nicolas Sarkozy constituait une “alerte” pour la santĂ© du prĂ©sident, FrĂ©dĂ©ric Lefebvre a rĂ©pondu : “si personne ne considĂšre qu’un accident cardiaque est une alerte, qu’est-ce qui peut ĂȘtre une alerte ? ” “Et donc je crois”, a-t-il poursuivi, “qu’il faut Ă©videmment que le prĂ©sident de la RĂ©publique fasse ce que font d’ailleurs tous les citoyens quand ils vivent une alerte de ce type, et trouve le moyen de prendre du repos”. Peu aprĂšs, le porte-parole a publiĂ© une mise au point sur son emploi des mots “accident cardiaque” et a tentĂ© laborieusement de se justifier en assurant qu’il avait entendu Ă©largir ces termes “Ă  tous les Français”. “A la question d’un journaliste Ă©voquant le malaise du prĂ©sident de la RĂ©publique, j’ai Ă©voquĂ© la nĂ©cessitĂ© pour tout citoyen de tenir compte d’une telle alerte, et de prendre du repos”, prĂ©cise M. Lefebvre dans un communiquĂ©. “C’est Ă  cette occasion que j’ai employĂ© le terme cardiaque en l’Ă©largissant Ă  tous les Français”. “Je n’entends pas, Ă©videmment, me substituer aux mĂ©decins qui, Ă  la suite des examens effectuĂ©s, ont constatĂ© que les qualificatifs de vagal ou cardiaque, pour dĂ©finir un tel malaise, n’Ă©taient pas appropriĂ©s, d’autant qu’ils n’ont diagnostiquĂ© ni cause, ni consĂ©quence cardiaque dans cet accident”, a-t-il ajoutĂ©. Nicolas Sarkozy a quittĂ© lundi l’hĂŽpital parisien du Val-de-GrĂące, oĂč il avait Ă©tĂ© admis la veille aprĂšs un malaise pendant son jogging. Un “repos relatif” lui a Ă©tĂ© conseillĂ© mais “aucun traitement mĂ©dical” ne lui a Ă©tĂ© prescrit.

 

ONU: une ONG sanctionnĂ©e sur demande de l’AlgĂ©rie

GENÈVE, 27 juil 2009 (AFP) –  Le Conseil Ă©conomique et social de l’ONU (Ecosoc) a suspendu lundi pour un an le statut consultatif de la Commission arabe des droits de l’Homme (CADH) sur demande de l’AlgĂ©rie qui accuse l’ONG d’avoir choisi comme porte-parole un homme recherchĂ© pour terrorisme. L’AlgĂ©rie avait obtenu du ComitĂ© des ONG de l’ONU de recommander la suspension de la CADH. Cette recommandation a Ă©tĂ© entĂ©rinĂ©e lundi par consensus et sans dĂ©bat par l’Ecosoc rĂ©uni Ă  GenĂšve. Les autoritĂ©s algĂ©riennes s’Ă©taient indignĂ©es que l’ONG ait choisi de se faire reprĂ©senter par Rachid Mesli, un ancien avocat qui, dans les annĂ©es 90, avait dĂ©fendu les leaders du Front islamique du salut (FIS) Abbassi Madani et Ali Belhadj. L’ancien avocat avait Ă©tĂ© condamnĂ© en 1997 Ă  trois ans de prison pour soutien au terrorisme Ă  l’issue d’un procĂšs qualifiĂ© d’inĂ©quitable par Amnesty International. Jouissant depuis 2000 du statut de rĂ©fugiĂ© en Suisse, M. Mesli avait prĂ©sentĂ© en juin 2008 les observations de la CADH lors du dĂ©bat sur la situation des droits de l’Homme en AlgĂ©rie dans le cadre de la procĂ©dure d’Examen pĂ©riodique universel du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Le reprĂ©sentant permanent Ă  GenĂšve de la CADH, Abdel Wahab Hani, a accusĂ© les Etats occidentaux de “lĂąchetĂ©” pour avoir consenti Ă  cette sanction. Il a dĂ©noncĂ© notamment l’absence de motivation Ă©crite de la sanction prononcĂ©e. L’Ecosoc a par ailleurs octroyĂ© le statut consultatif Ă  102 organisations non gouvernementales, dont l’Association brĂ©silienne de gays, lesbiennes et transgenres (ABGLT) qui est ainsi devenue la premiĂšre ONG latino-amĂ©ricaine de dĂ©fense des droits des homosexuels Ă  obtenir l’accrĂ©ditation auprĂšs de l’ONU. Le ComitĂ© des ONG de l’ONU avait pourtant recommandĂ© de refuser le statut consultatif Ă  l’ABGLT mais l’Ecosoc en a dĂ©cidĂ© autrement par 25 voix pour, 12 contre et 13 abstentions. La reconnaissance explicite des droits des minoritĂ©s sexuelles se heurte Ă  l’opposition farouche des pays musulmans, dont plusieurs sanctionnent l’homosexualitĂ© dans leur lĂ©gislation.

Arab human rights group barred for year by U.N.

(2009-07-27) (Reuters) – By Robert Evans GENEVA (Reuters) – The United Nations decided on Monday to bar an Arab human rights group for a year after Algeria argued that it brought in a “known terrorist” to speak on its behalf at a meeting in Geneva. The decision was taken without a vote, despite reservations voiced by Western countries, at the 54-member Economic and Social Council (ECOSOC) in what an official of the barred grouping said was a move to silence its voice. The action against the Paris-based Arab Commission for Human Rights — which has been fiercely critical of Israel but also of what it argues is growing oppression in Arab countries — deprives it of the right to speak in U.N. bodies. “This was a move taken to silence us,” the body’s Geneva representative Abdel Wahab Hani told reporters. “We upset everybody, including the Europeans and Americans by criticizing them too, so there was no one to stand up for us.” The suspension of recognition — formally known as “consultative status” — was recommended in January by the U.N.’s 19-nation Committee on Non-Governmental Organizations (NGOs) in New York. Western countries say the Committee has increasingly acted in recent years to keep out genuine NGOs. The Arab Commission, founded in 1998 and run by 15 human rights lawyers who mainly live in Arab countries although some are based in Western Europe, will now be barred from the Human Rights Council, its main U.N. focus. In a complaint to the NGO Committee, Algeria said the group violated rules last year by putting up as a speaker Swiss-based lawyer Rachid Mesli, against whom Algiers has issued an arrest warrant as a member of an “armed terrorist group.” Hani said Mesli was a lawyer who fled Algeria after being prosecuted for defending members of the now defunct Islamic Salvation Front (FIS) which fought the state in the 1990s. U.S. and European Union delegates said Monday that states on the Committee, which recommends to ECOSOC which NGOs should be admitted, or expelled, appeared to be acting to keep out NGO’s who criticized them or with whom they disagreed. (Editing by Jonathan Lynn and Myra MacDonald)  

 

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