27 janvier 2012

TUNISNEWS
11 ème année, N°4228 du 27.01.2012
archives : www.tunisnews.net
 


« Business News » :Six partis appellent à une marche pacifique ce samedi

Zohra  Abid : Tunisie. Le ministre de l’Intérieur risque 12 ans de prison!

« Nawaat » : Tunisie : Où allons-nous avec ce gouvernement ?

Moez Ben Salem :  Tunisie. Les 10 erreurs fatales d’Ennahdha

« GlobalNet » : Tunisie, Béji Caïd Essebsi monte au créneau et appelle à rectifier le tir

Mustapha Hammouche : Procès Nessma : la Tunisie sur la voie de l’Algérie

Le nouvel Observateur :TUNISIE. La liberté d’expression en danger

« GlobalNet » :Tunisie, Sadok Chourou et la crucifixion des grévistes

 

Six partis appellent à une marche pacifique ce samedi

Pas moins de six partis ont appelé à une marche pacifique samedi 28 janvier, à midi, à partir de la Place des Droits de l’Homme sur l’avenue Mohamed V à Tunis. 

Ces appels proviennent du PDP, Ettajdid, Afek Tounes, PCOT, Parti Républicain et le PDM. Il n’est pas exclu que d’autres parti se joignent à l’appel pour cette marche visant à défendre la démocratie et les libertés en Tunisie.

Les partis signataires justifient leur action par les derniers rebondissements dans le pays avec la multiplication des agressions physiques et verbales contre les citoyens, les personnalités nationales, les hommes politiques, les militants associatifs, les hommes de médias et les défenseurs des droits. Ils rappellent également les actes de violence perpétrés un peu partout dans le pays et le discours fondamentaliste extrémiste, appelant à la haine et à la violence entre les Tunisiens, dont celui prononcé par des députés représentant la majorité au sein de l’Assemblée constituante.

Les signataires de l’appel remarquent que le gouvernement traine à prendre les mesures nécessaires pour arrêter cette tendance, ce qui risque de menacer le processus transitoire démocratique en Tunisie et les acquis réalisés par la Révolution. 

Source : « Business News » Le 26-01-2012

 

Tunisie. Le ministre de l’Intérieur risque 12 ans de prison!

Par Zohra  Abid

Suite aux agressions physiques et verbales répétées sur les journalistes et les intellectuels, le militant de gauche Chokri Belaïd a déposé une plainte contre Ali Laârayedh, le premier responsable de la sécurité.

Si le communiste Hamma Hammami s’est contenté mardi d’alerter le gouvernement sur la gravité de la situation dans le pays, avec notamment les sit-in et les agressions physiques et verbales des Salafistes contre tous ceux qui ne partagent pas leur idéologie extrémiste, Chokri Belaïd, leader du Mouvement des patriotes démocrates (Mpd), a préféré, quant à lui, aller plus loin pour mettre le ministre de l’Intérieur devant ses responsabilités, en portant plainte contre lui.

L’indépendance de la justice à l’épreuve

«J’ai porté plainte, mercredi, auprès du procureur de la république, contre le ministre Ali Laârayedh. Et j’ai obtenu, tout de suite, la décharge relative au dépôt de cette plainte enregistrée sous le n°7005726», a confirmé à Kapitalis l’avocat et militant de gauche.

Chokri Belaid.

Le ministre de l’Intérieur sera poursuivi en vertu de l’article 132 du Code pénal qui punit d’une peine allant jusqu’à 12 ans de prison «la formation d’une bande pour l’agression des personnes». Selon Chokri Belaïd, le ministre sera aussi entendu en vertu des articles 101 (pour ne pas avoir exercé sa fonction de préservation de la sécurité des citoyens), 143 (pour non assistance à personnes en danger), 218 (pour agression) et 222 (pour menace)…

Le ministre de l’Intérieur, ancien détenu de Ben Ali – condamné à 15 ans de prison en 1992, il en a passé 10 à l’isolement –, sera-t-il convoqué, dans les prochains jours, par le procureur de la république? Ce sera une bonne occasion pour vérifier le degré d’indépendance de la justice post-révolution.

Les Salafistes, sortis de nulle part, au lendemain de la révolution, ne cessent d’exhiber leurs muscles et d’investir l’espace public. Ils ont commencé avec des agressions sur des femmes universitaires et des professeurs de dessin. Ils ont enchaîné avec des sit-in dans les facultés, des occupations de la radio Zitouna, des attaques contre des journalistes, des artistes et des intellectuels.

Le laxisme des forces de l’ordre

Encouragé par le manque de réaction des agents de sécurité, étonnamment laxistes, et du gouvernement, sourd et muet, ces hommes sont en train de récidiver. Leur dernier forfait a eu lieu, lundi, devant le palais de justice de Tunis, lors de l’examen de l’affaire Nessma TV, lorsqu’ils ont agressé le journaliste Zied Krichen et l’universitaire Hamadi Redissi. Mardi soir, près de 70 salafistes ont attaqué le réfectoire de la faculté de Sousse… et ça continue un peu partout devant l’inaction presque totale du ministère de l’Intérieur.

C’est cette absence de réaction de la part des forces sécurité face à ces hors-la-loi qui a poussé Me Belaid à déposer une plainte contre le ministre de l’Intérieur. Affaire à suivre…

 

Source : « Kapitalis » Le 26-01-2012

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/7983-tunisie-le-ministre-de-linterieur-risque-12-ans-de-prison-.html

 

 

Tunisie : Où allons-nous avec ce gouvernement ?

 

Depuis la prise de fonction du gouvernement de M. Jbali, les tunisiens sont toujours dans l’attente d’un discours rassurant et de mesures rigoureuses, qui seraient des solutions radicales à long terme aux problèmes urgents.

Malheureusement, et dans l’attente interminable, la situation du pays ne fait qu’empirer :

1- La grève a la faculté de la Mannouba dure depuis la fin du mois de décembre malgré l’intervention de la police et de l’armée qui ont demandé l’évacuation de l’enceinte du campus le 5 janvier. Cette grève a été déclenché à cause d’une poignée d’étudiantes portant le Niqab et qui ont bloqué, par leur revendications, l’accès aux examens de près de 11000 étudiants au risque d’avoir une année blanche. Lors d’une interview donnée à la chaine française M6 le ministre provisoire de l’enseignement a promis de trouver une solution rapidement sans faire intervenir la police. A quand cette solution?

2- Les sit-ins se multiplient dans toutes la Tunisie et sans que le gouvernement n’essaie vraiment de négocier et de donner un message rassurant, ce qu’ils ont fait jusqu’à présent c’est de trouver des ententes temporaires. Le ministre du développement est intervenu à la télévision et a promis la création de 590 milles emplois en investissant dans toute la Tunisie. Mais y a -t-il de l’argent dans les caisses de l’état ? Avons-nous une infrastructure pour développer ces grands projets annoncés ?

3- Le gouvernement n’arrête pas d’accuser l’opposition et les syndicats en les désignant comme “ Fauteurs de troubles “, envers desquels le dit gouvernement agira via la répression?!… Dernière sortie à l’hémicycle de Mr Sadok Chourou élu d’ennahdha qui considère les grévistes comme apostates qu’il faut tuer ou crucifier ou dont il faut couper les jambes ou les bannir de terre est-ce l’islam modéré que revendique le parti de la majorité Ennahdha ? Inciter à “tuer” des citoyens qui demandent du travail et de quoi nourrir leurs familles, est-ce une valeur de l’Islam ?

Le comble c’est que le président intérimaire Moncef Marzouki se joint a lui en accusant l’extrême gauche des troubles dans le pays. Ont-ils peut être oublié que ce sont ces revendications nobles qui ont été à l’origine de leur ascension au pouvoir ?

Source : « Nawaat » Le 25-01-2012

Tunisie. Les 10 erreurs fatales d’Ennahdha

 

 

Le gouvernement Hamadi Jebali, qui multiplie les bourdes, serait bien inspiré de revoir sa stratégie, ses méthodes et sa communication. Faute de quoi, il risque de jeter l’éponge avant la mise en place d’une nouvelle constitution!

 

Par Moez Ben Salem

 

Il est généralement admis que tout gouvernement nouvellement élu bénéficie d’une période de grâce de 100 jours durant lesquels les citoyens lui accordent leur préjugé favorable. Pour le gouvernement à forte prédominance «nahdhaouie» mis en place suite aux élections du 23 octobre 2011, la période de grâce tire à sa fin et il est temps d’établir un premier bilan. Disons-le d’emblée, ce bilan est négatif, pour ne pas dire désastreux!

 

Le manque de compétences au sein de ce gouvernement, les mauvais choix stratégiques, l’absence totale de visibilité, les déclarations intempestives inappropriées, la mauvaise gouvernance et la communication déficiente ont conduit à une très mauvaise situation économique, une accentuation du chômage et une situation d’insécurité inquiétante.

 

Chaque jour qui passe nous apporte son lot de scandales, de maladresses et de décisions inappropriées qui font que le citoyen tunisien perd confiance en ce gouvernement. Pire, l’image de la Tunisie est sérieusement écornée, ce qui n’est pas pour rassurer touristes et investisseurs potentiels.

 

Hamadi Jebali et son équipe

 

Plutôt que de se remettre en question, le gouvernement «nahdhaouie» tente d’imputer la responsabilité du désastre actuel «à certaines parties qui ne veulent pas du bien à la Tunisie»! Pathétique!

 

Je ne vais pas pouvoir énumérer toutes les erreurs commises par ce gouvernement, tellement elles sont nombreuses; on va se commenter de passer en revue celles semblent les plus graves ou qui ont suscité le plus de réactions négatives:

 

1) Le «6ème Califat» de Hamadi Jebali: moins d’une semaine après les élections, alors que les résultats définitifs n’étaient pas encore publiés, le Premier ministre autoproclamé a fait une déclaration incroyable aux sympathisants d’Ennahdha, affirmant qu’il avait reçu des «signaux divins» et qu’il allait instaurer le 6e califat!

Il y a lieu de signaler que même les talibans n’ont jamais osé faire une telle déclaration!

 

2) Souad Abderrahim et les mères célibataires: surnommée «Souad Palin», celle qui se présente comme l’égérie d’Ennahdha du fait qu’elle soit non voilée a déclaré sur les ondes d’une radio étrangère que «les mères célibataires sont une infamie en Tunisie; éthiquement elles n’ont pas le droit d’exister» [en tant que telles, Ndlr]!

Propos fascistes que l’on pensait ne plus pouvoir entendre après la fin du nazisme!

 

3) Les salafistes et la Faculté des lettres de la Manouba: sans doute l’affaire qui reflète au mieux l’incompétence et la mauvaise foi de ce gouvernement!

 

 

Salafistes université

 

Un groupe d’une trentaine de salafistes entreprend d’investir l’administration de la Faculté des lettres de la Manouba menaçant le doyen, les enseignants et les étudiants et empêchant la tenue des cours et des examens dans cette établissement universitaire qui compte près de 10.000 étudiants; incroyable mais vrai! Devant la passivité du gouvernement de Béji Caïd Essebsi, puis celui de Hamadi Jebali, qui laissent pourrir la situation pendant 5 semaines, enseignants et étudiants se rendent au ministère de l’Enseignement pour demander au ministre, Moncef Ben Salem, issu d’Ennahdha, de trouver une solution. Ce dernier ne trouve pas mieux que d’envoyer la police pour les tabasser. Pis, une journaliste présente sur place pour couvrir la manifestation se fait violenter à son tour! Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) organise une manifestation pacifique pour exprimer sa solidarité avec la journaliste en question. Ennahdha, pour sa part, envoie une «milice» (on ne trouve pas d’autres mot pour qualifier ces préposés à l’intimidation de ses opposants) pour intimider les manifestants.

 

Entre-temps, les salafistes continuent leur sit-in à la Manouba, sans être inquiétés outre mesure!

 

4) Un candidat ministre essuie le véto d’un pays étranger: le Premier ministre a d’abord présenté un gouvernement pléthorique comprenant 51 ministres avant de céder à la pression populaire et ramener ce nombre à 41! Plus grave, le portefeuille de ministre des Finances a d’abord été attribué à Khayam Turki (Ettakatol), un expert en finance internationale dont la compétence est reconnue (chose rare dans ce gouvernement), avant de lui être retiré sous la pression d’un petit pays du Golfe : les Emirats arabes unis!

 

La souveraineté de la Tunisie prend un sale coup!

 

5) Tentative de contrôler les médias: le gouvernement Jebali a commis une grossière erreur en essayant de mettre la main sur les médias publics à travers la nomination de directeurs et de rédacteurs en chef qui lui sont inféodés. Pire, certains de ses nominés sont des anciens Zabatistes. Cette décision malencontreuse, d’un amateurisme primaire, a eu pour effet de souder les rangs des journalistes tunisiens.

 

6) Tentative de contrôle de la Banque centrale de Tunisie (Bct): Après une première tentative ratée de mettre la main sur la Bct à travers une loi que voulait faire passer Ennahdha à l’Assemblée constituante, le gouvernement revient à la charge, indirectement, en envoyant des éléments proches d’Ennahdha, organiser une manifestation à la Bct, pour réclamer le départ de son gouverneur. Un scandale dont ce gouvernement pouvait se passer.

 

Parenthèse: Ennanhdha a pris la fâcheuse habitude d’envoyer ses hommes pour tenter d’imposer sa loi. Elle l’a fait contre les journalistes, le gouverneur de la Bct, le gouverneur de Kebili, devant le ministère de l’Intérieur, des intellectuels… Bref, la méthode d’un Rcd-bis!

 

7) L’Emirat salafiste de Sejnane: cette affaire gravissime, qui paraît relever du surréalisme, a gravement terni l’image de la Tunisie à l’échelle internationale. Un journal de la place a révélé l’histoire incroyable de la création d’un véritable émirat salafiste dans la petite ville de Sejnane; les habitants de cette ville se trouvant à la merci d’un groupe extrémiste qui fait régner la terreur, à travers des actes de torture sur de paisibles citoyens. Un Etat dans l’Etat! L’affaire a été largement répercutée à travers les chaînes de télévision tunisiennes et étrangères.

 

8) Le chef du Hamas et les cris de haine à l’aéroport: le parti Ennahdha a commis l’énorme bourde d’inviter (en son nom ou bien celui du gouvernement, on n’en sait rien) le chef du Hamas, prenant le risque de froisser les autorités palestiniennes légitimes. Pire, lors de l’accueil triomphal qui lui a été réservé à l’aéroport Tunis-Carthage, des cris de haine d’une extrême gravité ont été lancés par une horde d’énergumènes excités. C’en est fini de l’image d’une Tunisie tolérante!

 

9) La libération anticipée d’un pédophile: lors de la célébration du 1er anniversaire de la révolution du 14 janvier, un certain nombre de détenus ont bénéficié d’une amnistie, parmi eux se trouve un pédophile qui n’est autre que le frère du ministre de la Justice ! Pour un parti qui parle d’éthique et de morale, c’est vraiment la chose à ne pas faire!

 

10) Un appel au meurtre en direct: lors d’une séance de travail de l’Assemblée constituante, en présence du Premier ministre et retransmise en direct à la télévision, un des hauts responsables d’Ennahdha n’a pas trouvé mieux que de lancer un appel à la violence! Evoquant les sit-inneurs et les manifestants qui réclament leurs droits, il n’a pas trouvé mieux que de citer un verset du Coran qui menace ces derniers, à travers un langage imagé, de couper leurs mains et leurs jambes et de les faire disparaitre de la surface de la terre. Le tyran Ben Ali paraît être un enfant de chœur.

 

En définitive, ce gouvernement est appelé à faire une révolution de palais et revoir de fond en comble sa stratégie, ses méthodes et sa communication. Faute de quoi il risque de devoir jeter l’éponge avant même la mise en place d’une nouvelle constitution!

 

Source : « Kapitalis » Le 26-01-2012

Tunisie, Béji Caïd Essebsi monte au créneau et appelle à rectifier le tir

Béji Caïd Essebsi exprime une opinion critique envers  l’évolution de la situation politique en Tunisie, et appelle « à rectifier le processus » en vue de mettre un terme « aux formes de la crise grandissante » qui secoue le pays. L’ancien Premier ministre appelle l’assemblée constituante et le gouvernement qui en est issu, à  préciser « d’une manière claire et officielle, la durée de leurs mandats » et à organiser les prochaines élections dans un délai maximal du 23 octobre 2012, et ce dans le cadre « d’une feuille de route claire, comme cela a été le cas lors de la première période transitoire ». Gnet a traduit le texte dans son intégralité, paru notamment sur les colonnes du journal Assabah….

Par Béji Caïd Essesbi

Une année après que la révolution tunisienne ait réussi à opérer un changement décisif ayant ouvert des perspectives pour réaliser les ambitions des Tunisiennes et Tunisiens, en matière de démocratie, de dignité et de justice sociale ; le sens de responsabilité nous incite à exprimer notre opinion sur l’évolution de la situation dans le pays, et de proposer des moyens de dépasser les dangers qui nous guettent, a fortiori que le flou et la confusion ayant caractérisé les travaux de l’assemblée nationale constituante, semblent provoquer  une crise de confiance politique à même d’approfondir les menaces contre la sécurité, l’économie et la situation sociale en ordre général. 

Pour rappel, l’assemblée nationale constituante a été élue pour élaborer une constitution et préparer l’élection des institutions durables de l’Etat, dans une période d’une année depuis la date de son élection. Nous avons constaté, en revanche, la perte d’un temps important dans la mise en place d’une organisation provisoire des pouvoirs publics, ainsi qu’un règlement intérieur, qui est plus proche d’un règlement pour une Chambre des députés que pour une assemblée constituante, ainsi que dans la répartition des postes entre les parties au pouvoir, d’une manière contraire à la nature de la période transitoire constitutive.  Ce qui a augmenté la suspicion chez d’importantes strates de la société tunisienne, est le fait que l’assemblée se soit abstenue d’affirmer officiellement, la durée de ses travaux fixée à une année, conformément à ce que stipule le décret n’o 1086 de l’année 2011, du 03 août 2011, et à ce qui a été confirmé dans l’accord des onze partis, du 15 septembre 2011. Le fait de se dédire des engagements précédents a suscité une impression que l’assemblée et le gouvernement qui en est issu, œuvrent à faire perdurer la deuxième période transitoire.

Pour mettre un terme aux formes de la crise grandissante, nous croyons à la nécessité d’œuvrer en vue de rectifier le processus : 

1-La nécessité pour l’assemblée nationale constituante de déterminer d’une manière claire et officielle, la durée de ses travaux, ainsi celle du gouvernement qui en est issu, à une seule année, d’entamer immédiatement la préparation de la constitution, et d’organiser les prochaines élections dans un délai maximal du 23 octobre 2012, et ce dans le cadre d’une feuille de route claire, comme cela a été le cas lors de la première période transitoire. Ce qui a permis, à l’époque, de rétablir la confiance entre les différentes parties politiques, économiques et sociales, et d’organiser des élections transparentes, démocratiques ; de redonner vie à l’économie nationale et d’encourager les investisseurs étrangers. 2-La nécessité de réactiver l’instance supérieure indépendante des élections, en lui permettant de reprendre illico presto ses activités, à commencer par le parachèvement de l’inscription des électeurs, la préparation des prochaines élections, et la publication d’une nouvelle loi électorale, étant entendu que l’élection d’institutions constitutionnelles pérennes demande une préparation dépassant celle d’une assemblée constituante.

  3-L’appel à toutes les forces politiques, intellectuelles et nationales bannissant l’extrémisme et la violence, et qui s’inscrivent dans le processus réformateur historique de notre pays, à rassembler leurs énergies, matérielles et morales, autour d’une alternative consolidant l’équilibre politique et garantissant la réactivation des mécanismes de l’alternance pacifique, sans laquelle, la démocratie ne peut pas tenir. 

L’organisation des élections du 23 octobre, et la légitimité électorale qui en est résultée, pour les parties ayant accédé au pouvoir dans la transparence et l’ordre, n’empêchent pas de rappeler que nous sommes en train de traverser une deuxième période transitoire, accompagnée d’un épisode électoral qui n’est pas moins complexe que le précédent, et qui requiert la consécration d’un consensus national, comme base à la sécurité, la stabilité et la réussite de la transition démocratique.  L’évolution récente de la situation vers la régression, s’illustrant particulièrement à travers l’apparition des formes d’extrémisme violent menaçant les foncements des libertés publiques et privées, appellent tout le monde à réactiver les mécanismes de dialogue national, sans lequel, nous n’avancerons aucunement, à des pas constants et irréversibles, en direction de la concrétisation des missions de la deuxième période transitoire, en prime, celle d’offrir à la Tunisie une constitution d’avenir. 

 Traduit par Gnet

Source : « GlobalNet » Le 26-01-2012

Procès Nessma : la Tunisie sur la voie de l’Algérie

 

Par : Mustapha Hammouche

L’affaire Nessma-TV le confirme : ce que les Tunisiens ont gagné en liberté, ils sont en train de le perdre en État. Dans le sillon du voisin algérien. Et dans le sillon du voisin algérien, ils finiront peut-être par renoncer à beaucoup de libertés pour sauver un peu d’État. Car, leur expliquera-t-on, il faudra calmer l’ardeur des troupes islamistes en concédant la prérogative de légiférer sur leurs mœurs.

À eux la régence de la société, à nous l’occupation des institutions. Telle est la devise des pouvoirs terrorisés par leurs islamistes. En leur livrant la gestion du mode de vie du peuple, ils leur abandonnent la gestion des affaires publiques, croient-ils, se forçant à croire que les islamistes sont là pour défendre la religion et non pour prendre le pouvoir.

Lundi dernier, à Tunis, les islamistes ont littéralement occupé l’espace environnant le tribunal. La police d’État s’est faite très discrète. Elle n’a pas pu protéger les personnes agressées, un présentateur de Nessma, un directeur de journal et un professeur d’université qui l’accompagnaient. Face à une police discrète dérobée, les vigiles islamistes ont fait montre de résolution agressive et d’organisation : leurs slogans et leurs mouvements obéissaient à des ordres clairement créés par des leaders identifiés et à l’autorité évidente.

S’ils n’ont pas encore gagné le procès à l’audience, ils l’ont peut-être déjà gagné à l’extérieur. L’État a reculé et n’a pas trouvé mieux que de reculer le procès de trois mois pour se donner un répit.

Le parti Ennahda, qui dispose, pourtant de la légitimité des urnes, s’est contenté d’exprimer, dans un communiqué, “son attachement à la liberté d’expression en tant que droit indivisible des droits de l’Homme” et de proclamer que “les poursuites engagées contre le directeur de Nessma ne représentent pas la meilleure solution pour répondre à la problématique sur l’identité du peuple et l’attachement au sacré d’un côté, et la liberté d’expression de l’autre”. Le parti islamiste “modéré” au pouvoir ménage ses homologues “radicaux” pour ne pas avoir à l’affronter, sachant que dans le cas d’école, c’est toujours le plus radical qui l’emporte. Par nature, les fascismes tendent à l’extrême, donc à la violence. Pour Ennahda, s’y mesurer en revendiquant sa “modération”, c’est prendre le risque de se faire dépasser.

De son côté, le président de la République, Moncef Marzouki, qu’on ne peut pas soupçonner de penchant islamiste, a juste dénoncé les “agressions physiques et morales” contre les journalistes et avocats présents devant le tribunal de Tunis. Marzouki joue les Chadli au temps où le FIS empêchait la venue de Lynda de Souza à Alger, encerclant la salle de concert d’Aït Menguellet et fermant la cinémathèque de Bordj Bou-Arréridj.

On nous reprochera de jouer les Cassandre, mais il n’est pas difficile de prédire qu’en reculant ainsi, la Tunisie encourage ses islamistes à passer à l’étape suivante : les armes. Ce jour-là, les islamistes “modérés” resteront “modérés”, mais resteront dans leur camp.

Ce n’est pas le vote qui prémunit de l’intégrisme, c’est la laïcité.

Source : « Liberte Algerie » Le 26-01-2012

TUNISIE. La liberté d’expression en danger

Par Pascal Piedbois-Lévy

Lundi 23 janvier à Tunis, se tenait le procès de la chaîne de télévision Nessma TV, accusée de « d’atteinte aux valeurs du sacré, « atteinte aux bonnes mœurs » et « trouble à l’ordre public » pour avoir diffusé le film français « Persepolis ». Un événement symbolique de l’après-révolution. Le film, dont une scène représente Allah – ce qui est généralement considéré comme interdit par l’islam – avait provoqué un tollé dans le pays, à quelques semaines des élections pour l’Assemblée constituante ayant porté au pouvoir les islamistes du parti Ennahda.

Alors que plusieurs journalistes avaient fait le déplacement ce lundi pour soutenir Nabil Karoui, le directeur de la chaîne appelé à comparaitre, certains ont été pris à parti par des islamistes extrémistes, venus massivement manifester leur haine de la chaîne et des laïcs.  Zied Krichen,  rédacteur en chef du journal « Al Maghreb » et Hamadi Redissi, journaliste et professeur de sciences politiques, ont notamment été l’objet d’insultes et frappés à plusieurs reprises avant d’être mis en sécurité par la police dans un commissariat.

Le procès a très rapidement été une nouvelle fois reporté, à la demande de l’accusation.

Mauvais temps pour la presse tunisienne

Ces troubles ont lieu dans un contexte déjà très difficile pour la presse du pays. Le 4 janvier, alors qu’elles couvraient une manifestation d’enseignants universitaires, Sana Fahrat et Maha Ouelhezi, toutes deux journalistes ont été agressées par des forces de l’ordre en civil selon l’ONG Reporters Sans Frontières.

Le 7 janvier, le premier ministre Tunisien Hamadi Jebali a quant à lui créé la surprise en annonçant qu’il avait procédé, seul et sans consultation extérieure, ni appels à candidature, à une série de nominations à la tête de plusieurs journaux et chaînes de télévisions publiques, prétextant la « vacance » de plusieurs postes clés à laquelle il fallait remédier.

Il a de ce fait contourné le principe qui avait été instauré en novembre 2011 et selon lequel une autorité indépendante devait se charger de proposer des candidatures au Premier ministre.

Selon Reporters Sans Frontières, “jamais au temps de Ben Ali, les autorités ne sont ouvertement intervenues dans les nominations des rédacteurs en chef et directeurs de l’information ». L’ONG ajoute, dans un rapport publié mardi 10 janvier sur son site internet, que « les liens avec l’ancien régime de Ben Ali des personnes choisies à des postes clés, ne favorisent pas la rupture avec l’ancien système médiatique inféodé au pouvoir politique et jette le doute sur une volonté de main mise de ces médias par les dirigeants actuels”.

Le 9 janvier 2012, à l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), principal syndicat de la profession dans le pays, 300 journalistes s’étaient rassemblés devant la Kasbah, siège du gouvernement tunisien pour protester contre ces nominations et les violences que subissent les journalistes

Inquiétudes dans les universités

D’après Human Rights Watch, des intimidations et des violences perpétrées par les extrémistes ont également fortement touché les universités depuis janvier. Ils ont créé des troubles les jours d’examens, dissuadant certains étudiants de s’y présenter.

Mardi 24 janvier, la police a ainsi dû faire évacuer une faculté de lettres de La Manouba, dans la banlieue nord de Tunis, occupée par des salafistes qui protestaient contre l’interdiction faite aux jeunes filles d’étudier entièrement voilées dans les universités tunisiennes.

Les regards braqués vers le gouvernement

En Tunisie, les yeux sont donc désormais tournés vers le gouvernement. Le comportement des forces de police, qui ne sont pas intervenues pour empêcher l’agression des journalistes au procès de Nessma TV inquiète. 

Pourtant, Ennahda a rappelé, fait rare, dans un communiqué son attachement à la liberté d’expression et critiqué les poursuites contre la chaîne de télévision, ce lundi 23 janvier.

Le lendemain, le Premier ministre a également assuré sa détermination « à faire appliquer la loi » et a dénoncé les agressions contre des journalistes survenues lors de la manifestation anti-Nessma du 23 janvier.

Le parti affiche ainsi sa distance vis-à-vis des extrémistes, et cherche à montrer son attachement aux acquis de la société tunisienne. Mais longtemps accusé de mener un double-discours, il devra se montrer ferme face aux violences physiques et aux intimidations s’il veut préserver sa crédibilité.  

Source : « Le nouvel Observateur » Le 26-01-2011

Tunisie, Sadok Chourou et la crucifixion des grévistes

Les propos de Sadok Chourou ne sont qu’un reflet de l’arrière-pensée de l’aile radicale Nahdhawi. La scène était vraiment surréaliste, un M. Ben Jaâfer lunatique cède la parole à Chourou, qui, avec un visage sans expression, un calme déconcertant, et d’une voix monotone, compare les sit-inneurs et les grévistes aux ennemis de Dieu et de son prophète. Il se base sur des versets sacrés pour appeler à leur mutilation physique et a leur crucifixion. Cette Fatwa a dû sonner comme de la musique dans les oreilles des plus radicaux. 

Une telle déclaration d’un député qui appelle à la violence aurai dû faire sursauter n’importe quel parlement démocratique. Mais non, M Ben Jaafer a continué comme si absolument rien de grave ne vient d’être dit. Le président de l’assemblée constituante est pourtant très rapide sur la gâchette quand il s’agit de tirer sur des députés de l’opposition. Il devient bizarrement docile quand il s’agit de députés d’Ennahdha, qui, en plus, fait une déclaration à glacer le sang tellement elle est grave. Quand on regarde le parcours de Chourou, et sans manquer de respect au combat de l’homme, il est évident que les 20 années qu’il a passées en prison dont 14 isolement l’ont certainement affecté psychiquement, il semble avoir perdu un certain sens de jugement. 

Ce type fait pourtant partie de ceux qui voteront pour la prochaine constitution « démocratique ». Je me demande s’il faudrait rire ou pleurer !

Devant le tollé que la fatwa du Cheikh vient de créer, le très « politically correct» Dilou s’est empressé de dire que les déclarations des députés ne sont imputables qu’à eux mêmes. Il s’est bien gardé de condamner les propos du Cheikh. Ce qui concorde bien avec la ligne du parti : Lancer une roche dans la marais et observer combien de vagues elle va provoquer. 

Ennahdha a, de toute évidence, adopté la politique du laisser-faire afin de permettre au mouvement radicaux de bien s’encrer a tous les niveaux de la société. 

Devant l’attitude passive et complice des forces de l’ordre, les Salafistes commencent à faire la loi un peu partout (Sajnene en est un bel exemple). Le Niqab continue à faire son chemin. Il est arrivé aux lycées et bientôt, ça va être les écoles primaires. Nous allons être bientôt confrontés au fait accompli.  Le temps nous dira si cette politique causera la destruction d’Ennahdha qui compte des modérés qui ne peuvent adhérer aux idées extrémistes, ils ne pourront pas indéfiniment accommoder tout le monde, lancer un message modérateur et rassurant, tout en tolérant des actions extrémistes.  Sans être pessimiste, si la Tunisie passe à une vraie démocratie avec l’équipe actuelle au pouvoir et dans la constituante, ça sera un miracle et une première dans l’histoire.

 

Source : « GlobalNet » Le 26-01-2012

 

 

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