26 septembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2318 du 26.09.2006

 archives : www.tunisnews.net


AFP: Compétitivité: la Suisse détrône les USA au classement du Forum de Davos

Le Temps : « Désarroi d’une femme qui rêvait de créer une association pour handicapés » Le Temps : Septembre 1882:  » La liberté au peuple  » conseillée au sultan turc par Beyram V

Mezri Haddad: Vrais et faux ennemis de l’islam Zaghloul: Remarque

 
 

Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens 


 

LA TUNISIE FAIT UN BOND DE 7 PLACES DANS LE CLASSEMENT DE LA COMPETITIVITEETABLI PAR LE FORUM DE DAVOS.

LA TUNISIE AU 30éme RANG AU NIVEAU MONDIAL. Elle  est 1ére en Afrique et parmi les pays arabes concernés par l’étude.

Compétitivité: la Suisse détrône les USA au classement du Forum de Davos

AFP, le 26 septembre 2006 à 12h19 GENEVE, 26 sept 2006 (AFP) – La Suisse a détrôné les Etats-Unis à la première place du classement de la compétitivité de 125 pays publié chaque année par le Forum économique mondial, qui a rendu hommage mardi aux institutions publiques et à la recherche scientifique de l’Helvétie.
Berne, à la quatrième place l’an dernier, s’est hissée à la première en passant devant la Finlande et le Danemark, tandis que les Etats-Unis reculaient à la sixième place de ce classement qui repose pour les deux-tiers sur les résultats d’une enquête d’opinion auprès de 11.000 chefs d’entreprise mondiaux.
« La Suisse dispose d’une infrastructure bien développée en matière de recherche scientifique », a souligné Augusto Lopez-Claros, principal auteur de « l’indice de compétitivité mondiale ». Les universités et l’industrie travaillent en étroite collaboration et les entreprises « dépensent sans compter pour la recherche et développement, ce qui a fortement stimulé l’innovation technologique », a-t-il ajouté.
Outre les infrastructures, la Suisse a décroché de bonnes notes pour son cadre institutionnel « caractérisé par le respect de l’Etat de droit, un système judiciaire performant et des institutions publiques transparentes et fiables ».
Les Etats-Unis, très bien notés pour l’innovation technologique, ont en revanche perdu cinq places au classement général du fait de la méfiance croissante des mêmes milieux envers les déficits et l’endettement du pays. Washington se retrouve ainsi 69e sur 125 pour le critère de « l’environnement macroéconomique ».
La première puissance mondiale est également mal notée pour les domaines de la santé et de l’éducation (40e), le Forum soulignant qu’elle affiche un taux de mortalité infantile plus élevé que la Slovénie, alors qu’elle consacre plus d’argent que tout autre pays à la santé (15% du PIB).
La qualité des institutions publique pose aussi problème, les Etats-Unis ne figurant qu’au 24e rang pour l’intégrité des fonctionnaires. La gestion de la crise de l’ouragan Katrina « pourrait avoir écorné la confiance envers l’administration », analysent les auteurs du classement.
Dans l’Union européenne, l’Allemagne et le Royaume-Uni, en léger recul, se classent respectivement aux 8e et 10e place. L’Allemagne est saluée pour son système judiciaire et son innovation technologique, mais est pénalisée par « un droit du travail obsolète qui étouffe les entreprises ».
Londres est en revanche saluée pour son marché de l’emploi dynamique et ses marchés financiers « les plus sophistiqués du monde ». La France perd six places pour se retrouver au 18e rang, victime de ses déficits et d’un manque de flexibilité du marché du travail (99e rang pour ce critère).
L’Italie, sanctionnée pour le piètre état des finances publiques, recule de quatre places et se retrouve au 42e rang, derrière six « nouveaux » pays de l’UE emmenés par l’Estonie (25e).
La Tunisie, premier pays du continent africain, fait un bond en avant de sept places au 30e rang. Comme l’Algérie et le Maroc, Tunis récolte le fruit « d’avancées institutionnelles significatives », selon l’étude.
Du côté des grands pays émergents, la Chine (54e) perd six places avec une forte chute de la confiance envers les institutions et le système bancaire (123e). La Russie (62e) recule de neuf places, le secteur privé ayant « de sérieux doute quant à l’indépendance du pouvoir judiciaire ». L’Inde (43e) gagne deux places, mais le Brésil (66e) en cède neuf, sous le poids de son déficit budgétaire. Le Chili (27e) reste en tête des pays latino-américains.
En Asie, Singapour reste au 5e rang, devant le Japon (7e) qui gagne trois places à la faveur de la reprise économique dans l’archipel.
AFP  

Global Competitiveness Report 2006-2007

The World Economic Forum has released the new Global Competitiveness Report 2006-2007.

Switzerland, Finland and Sweden are the world’s most competitive economies according to The Global Competitiveness Report 2006-2007, released today by the World Economic Forum. Denmark, Singapore, the United States, Japan, Germany, the Netherlands and the United Kingdom complete the top ten list, but the United States shows the most pronounced drop, falling from first to sixth. The rankings are drawn from a combination of publicly available hard data and the results of the Executive Opinion Survey, a comprehensive annual survey conducted by the World Economic Forum, together with its network of Partner Institutes (leading research institutes and business organizations) in the countries covered by the Report. This year, over 11,000 business leaders were polled in a record 125 economies worldwide. Order the report>>
 

 

 

Country Rankings

 

1. Switzerland 2. Finland 3. Sweden 4. Denmark 5. Singapore 6. US 7. Japan 8. Germany Rankings in full: PDF I Excel

9. Netherlands 10. UK 11. Hong Kong 12. Norway 13. Taiwan,China 14. Iceland 15. Israel 16. Canada

Top 50 Index

 

 

 

Report 2006-2007 Downloads

 

Contents (1pg; 79k) Preface (2pgs; 129k) Executive Summary (5pgs; 66k) Full Rankings: PDF I Excel The Global Competitiveness Index: Identifying the Key Elements of Sustainable Growth (50pgs; 544k) Composition (2pgs; 139k) Get Adobe Acrobat Reader

 

EXTRACT FROM THE PREFACE

by Professor Schwab It is against a backdrop of burgeoning global imbalances, the collapse of the Doha round of trade negotiations and the revival of protectionist tendencies which are combining to create an atmosphere that highlights the precariousness of global economic growth prospects, that the World Economic Forum is bringing the latest edition of The Global Competitiveness Report. With the growing complexity of the global economy, the Report is a contribution to enhancing our understanding of the key factors which determine economic growth, and explain why some countries are much more successful than others in raising income levels and opportunities for their respective populations. By providing detailed assessments of the economic conditions of nations worldwide, the Report offers policymakers and business leaders an important tool in the formulation of improved economic policies and institutional reforms. (Source : le site officiel du WEF, le 26 septembre 2006) Lien : http://www.weforum.org/en/initiatives/gcp/Global%20Competitiveness%20Report/index.htm


UNITED PROBLEMS OF COUT DE LA MAIN D’OEUVRE, première version scénique 3 et 5 octobre 2006 à 19h30 Hôtel de Ville, 84 rue André Joineau, 93310 Le Pré Saint-Gervais,M° Hoche ou Porte des Lilas + bus 170 (arrêt Mairie du Pré Saint-Gervais) Un texte de Jean-Charles Massera ( P.O.L, 2002 ) mis en scène par Myriam Marzouki avec Christophe Brault et Clémence Léauté. Avec le soutien de la ville du Pré Saint-Gervais et du Conseil général de la Seine Saint-Denis
 

On nous écrit au Temps

« Désarroi d’une femme qui rêvait de créer une association pour handicapés »

 
Le courrier de Mme Bradaï sur l’affaire de son terrain cédé à l’Association des Handicapés de Ras Jebel, publié dans notre édition du 12/09/2006 a suscité l’intérêt du Comité directeur de l’association qui nous a envoyé la mise au point suivante. Mme Bradaï est passée à mon bureau pour me faire part de ses réserves  quant à notre  décision de vendre ce terrain et  il m’a semblé, après toutes les explications et justifications, que cette affaire  a été classée  surtout après l’avoir amenée à visiter notre nouveau centre en cours de construction. Je l’ai  même rassurée quant au respect de sa condition ayant accompagné son don  à savoir la réservation, dans le futur  centre d’accueil, de deux chambres  pour ses deux enfants  handicapés. Mais cela n’a  pas l’air de l’avoir  convaincue. Par respect  pour Mme Bradaï  et ses enfants handicapés, je ne vais pas polémiquer, mais je regrette de dire  à l’auteur de ces lignes qu’il n’y a dans son article que des contrevérités, des insinuations et des suspicions. Je me  demande comment peut on avancer des allégations gratuites sur des «  il paraît, il semblait, on m’a dit etc… Mme Bradaï parle d’une première tranche de 100000D du  gouverneur de Bizerte ! Il est vrai que nous avons toujours  été soutenus et encouragés par tous les gouverneurs qui se sont  succédés à Bizerte, mais nous n’avons jamais reçu d’argent. Mme Bradaï ou celui qui l’a induite exprès en erreur, auraient pu taper à la bonne adresse pour avoir la vérité. C’est  Monsieur le Président  de la République, le premier défenseur et protecteur  des handicapés,  qui, dans  son dernier programme présidentiel de promotion des centres pour handicapés, nous  a fait don de 70.000D (et non 100.000D comme prétend Mme Bradaï). Maintenant, et pour établir la vérité, voici les faits : Mme Bradaï a fait don à notre association d’un terrain de 2000 m2 (et non 2500) pour construire un centre d’accueil  pour handicapés à Ras Jebel. Malgré  l’emplacement dans une zone agricole difficile  d’accès et  loin de toutes les commodités (STEG, Sonède, téléphone), nous avons, quand même, entamé les démarches foncières, techniques et administratives pour  avoir les autorisations de bâtir. Car, pensions-nous, nous avons un terrain pour réaliser enfin le rêve de  tous les handicapés de Ras Jebel. Ces démarches ont pris des années (surtout le changement de vocation  du terrain). Au bout de  ces années de courses auprès  des administrations, l’autorisation de bâtir nous a été refusée, le terrain étant enclavé, et la protection civile  a émis des réserves de sécurité, les dimensions géométriques du terrain (17m de façade sur 120m de profondeur) ne permettent pas l’intervention des secours en cas  d’incidents. Après  concertation avec les autorités locales, régionales,  et même nationales, et devant l’impossibilité  de trouver une solution (Mme Bradaï était au courant  de ces difficultés) tout le monde était unanime pour chercher  une solution de rechange. Nous avons donc opté pour l’acquisition d’un autre terrain répondant aux critères et spécificités d’un centre que nous avons voulu pilote avec une résidence pour les handicapés sans soutien familial. Ce fut  fait,  et les travaux de construction  du nouveau centre de suite entamés. Beaucoup  plus tard, et pour faire encore avancer les travaux, nous avons pensé vendre le premier terrain surtout  qu’il ne nous est plus  d’une grande  utilité et que, contrairement  à ce que laisse entendre  Mme Bradaï, nous avons trouvé un très bon prix (30.000D alors qu’un  terrain limitrophe exactement aux mêmes dimensions  a été estimé à 11.500D). Aussi, et pour couper court à ses insinuations, je dirai à Mme Bradaï que toutes nos décisions ont été prises  dans le strict  respect des règlements après concertations avec  qui de droit et lors  de réunions du comité directeur  pour inscrire  ces décisions sur des PV avec la signature de tous les présents. Alors, de grâce,  cessons de mettre en doute  tout ce qu’entreprennent les responsables d’associations et autres institutions et de croire qu’on n’agit  que  par intérêt. Quand on a été élevé et éduqué avec les principes  de servir et partager  ce que le bon Dieu nous a offert, et quand de surcroît,  on se porte volontaire pour s’occuper de cette catégorie sociale qui a tant besoin de nous, je trouve  injuste  que certains puissent douter de notre bonne volonté  et de notre dévouement. Dommage, qu’une femme, intellectuelle et connaissant ce qu’on peut ressentir pour les handicapés puisse prêter  l’oreille à des énergumènes jaloux de la réussite des autres, hypocrites, lâches et enfin destructeurs car mus par  une volonté de nuire sans limite. Ce n’est pas, en fin de compte,  à nous qu’ils vont faire du tort,  étant convaincus de ce que nous faisons et en accord avec nos consciences, mais à ces pauvres handicapés qui, s’il n’y a pas de subventions, la réalisation  de leur centre  sera retardée, et dans cette atmosphère  de  suspicions  les hommes  de bonne volonté manqueront à l’appel. Au lieu de se laisser tromper par ces individus et montrer une agressivité gratuite  et  totalement injustifiée, Mme Bradaï  aurait dû visiter notre centre d’accueil des handicapés à Ras Jebel et voir  comment ces derniers sont choyés, discuter avec leurs parents et avec  tous les autres handicapés de Ras Jebel et d’autres régions, à qui nous avons pu, par nos contacts à l’étranger, procurer des  centaines de fauteuils roulants simples et électriques (plus de 150),  et ce, grâce à de bienfaiteurs hollandais en particulier, Mme Windhorst  elle-même handicapée). Allez  demander, Mme  Bradaï, à cette brave Hollandaise, qui connaît bien la Tunisie et qui nous connaît  et nous parraine, ce qu’elle pense de nos actions en faveur des handicapés. Je mets au défi Mme Bradaï, de nous  présenter une seule personne, y compris parmi les instigateurs de cette fausse affaire, qui mettrait en doute notre crédibilité  et notre honnêteté. C’est gênant  de faire l’éloge de ce que nous faisons,mais je dirai simplement à Mme Bradaï que le président de l’Association que  vous semblez critiquer, paye chaque année des millions  de sa poche  en faveur de ces handicapés et des nécessiteux de notre région. Son dernier  geste est le payement  de sa poche des frais de transport de 44 lits  électriques, d’une valeur de plus de 300000D000, de Hollande vers la  Tunisie pour en faire bénéficier des hôpitaux  tunisiens et  des associations. Une petite remarque à Mme Bradaï qui sait tout et critique tout, le centre que nous  sommes en train  de construire sera un bijou, qu’il répond, de l’avis de tous, à toutes les exigences de cette catégorie sociale et qu’avec l’aide  de Dieu, de Monsieur le Président de la République et des bienfaiteurs (qui existent  heureusement, n’en déplaise à Mme Bradaï), il sera la fierté  de toute la région  pour le bien de nos enfants  handicapés. Aussi,  à Mme Bradaï qui se permet même  de douter  des conditions  de l’élection du comité  directeur : elle parle de Ç présidence à vie, de comité  de complaisance È… je lui demande de se référer à la dernière  assemblée générale de l’association et des PV  de cette réunion rehaussée par la présence de responsables locaux, régionaux  et nationaux et d’une assistance  nombreuse ; elle verra que le président a été sollicité, pour un deuxième mandat et acclamé,ainsi que la liste des nouveaux membres, par une assistance debout et unanime pour  louer  les actions de notre association. C’est d’ailleurs ce succès  qui fait notre force mais, malheureusement il y a des jaloux. Pour finir,  je dirai à Mme Bradaï  que les insinuations et l’atmosphère  de suspicion qu’elle laisse planer sur les associations humanitaires et sociales, ne l’honorent pas et  ne conviennent pas à des gens respectables : car le droit  de regard existe bel et bien,  nos comptes et opérations financières sont certifiés par un commissaire aux comptes  agréé, et  toutes les associations rendent compte,  annuellement, aux autorités  de tutelle de leur rapport financier,  de leur budget et de leur  programme. Au nom du Comité directeur, Le Président  de l’Association des handicapés de Ras Jebel : Dr. Brahim  NACEF (Source : « Le Temps » (Tunisie) du 26 septembre 2006)


Septembre 1882

 » La liberté au peuple  » conseillée au sultan turc par Beyram V

 
Lors de son voyage en Turquie, en septembre 1882 Mohamed Senoussi, réformateur et haut commis de l’Etat sous Sadok Bey, avait rencontré, comme nous l’avons déjà relaté dans notre rubrique, plusieurs parmi les Tunisiens qui s’étaient expatriés peu avant l’avènement du colonialisme, et à une période où la Tunisie était au bord de la catastrophe tant sur le plan politique que sur le plan économique et social.
 
Il avait rencontré le réformiste Beyram V, réputé surtout pour son ouvrage  » Safouat Al Îitibar  » (l’essentiel de ce qu’il faut savoir, sur les Villes et les continents)
 
Celui-ci, relata à  Senoussi, sa rencontre avec le sultan Abdelhamid. qui lui avait demandé quel était la meilleure solution pour remédier à la situation politique 
 
dans le monde musulman.
 
Beyram V,  n’hésita pas à répondre :  » Le liberté est le meilleur remède , qui contribue au développement et à la promotion de l’  » Oumma « .
 
La notion de  » Oumma  » en Islam, est très particulière et diffère de celle de la nation. Celle-ci est autant abstraite que restrictive. Si bien que certains nationalismes   aboutissent au racisme.
 
Cependant que la notion de  » oumma  » est plus , extensive. La Oumma islamique n’est pas rattachée à  un territoire déterminé. Elle s’étend partout où se trouvent les musulmans qui  sont unis par leur appartenance à une même religion .Ce fut justement l’absence de liberté et le despotisme de certains souverains musulmans qui fut la cause de la  discorde, celle-ci  n’ayant  fait qu’ajouter à l’anarchie qui existait dèjà  avant l’Islam.
 
Beyram V avait donc bien vu et il eut le courage de s’exprimer avec courage et franchise devant le sultan Abdelhamid, qui régnait en despote absolu et qui au fond de lui-même était sur le qui-vive car il était conscient que le peuple qui était privé de liberté et de démocratie allait réagir un jour.
 
Senoussi  relatait dans son ouvrage « Arrihla Al hijazia », que  » les antennes  »  de ce sultan despotique, se trouvaient partout, même à la mosquée.
 
Un jour où il allait faire la prière, il avait en entrant à la mosquée ,remis dans sa poche un petit miroir dont il se servait pour se regarder à chaque fois qu’il terminait ses ablutions. Ce simple geste avait prêté à équivoque, incitant deux gardes  du sultan en civil, à réagir en se dirigeant brusquement vers lui pour le sommer de retirer ce qu’il avait mis dans la poche.
 
Ils furent rassurés lorsqu’ils constatèrent qu’il s’agissait d’un simple miroir.
 
Les propos de Beyram V au sultan, rendait celui-ci inquiet et troublé. A telle enseigne, que frisant la dépression, il voyagea  en Italie , pour passer quelques jours de repos.
 
Durant son séjour en Turquie, Senoussi a été sollicité par certains responsables en vue de participer par ses écrits à une revue islamique.
 
Cependant, devant l’absence de liberté d’expression, Senoussi se montra dubitatif sur la possibilité de pouvoir collaborer à  cette revue, sans qu’il eût pu être inquiété, et pour cette raison, il s’abstint de le faire, se justifiant par le  fait qu’il devait partir pour accomplir le pèlerinage. 
 
Ahmed YOUNES
 
 
(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 26 septembre 2006)

La colère contre les propos du pape révèle une profonde ignorance qui fait le jeu des intégristes.

Vrais et faux ennemis de l’islam

Par Mezri HADDAD Mezri HADDAD philosophe tunisien, spécialiste de théologie comparative. Dernier ouvrage paru : Dialogue des religions d’Abraham pour la tolérance et la paix (collectif, sous la direction de H. Fantar), éd. Université de Tunis El-Manar, 2006. Il ne se passe pas un mois sans que l’islam ne soit au cœur d’une polémique mondiale et sans que les musulmans ne manifestent leur colère contre des «ennemis» qui «blasphèment» leur religion et «fustigent» leur prophète. Mais, cette fois-ci, il ne s’agit ni d’un caricaturiste ni d’un écrivain, mais de la plus haute autorité morale et spirituelle de l’Eglise catholique, le pape Benoît XVI. Pourtant, en dehors de ces réactions invariablement hystériques, il n’y a aucun rapprochement à établir entre l’affaire des caricatures, celle de tel ou tel écrivain à la littérature irrévérencieuse à l’égard du sacro-saint islam et celle de la conférence philosophique et théologique que le pape a prononcée. Réduire cette conférence magistrale, principalement consacrée à la problématique très complexe et typiquement «averroïste» des rapports entre foi et raison, la réduire à une vulgaire stigmatisation de l’islam ­ c’est plutôt l’Occident hédoniste et déchristianisé qui était la cible du pape ­, c’est faire preuve d’une affligeante ignorance. Pis, c’est donner raison aux ennemis de la raison, ces intégristes qui voient dans toute critique la manifestation d’un fantasmagorique complot de l’Occident contre le monde islamique. On ne le dira jamais assez, l’ennemi mortel de l’islam, c’est le fanatisme, et le mal qui le ronge depuis des années, c’est l’intolérance. En moins de dix ans, nul n’a autant discrédité l’islam que l’islamisme lui-même, cette souillure de l’islam, cette nécrose de la civilisation islamique. Des horreurs commises par les égorgeurs du FIS et du GIA en Algérie, y compris le supplice des pauvres moines de Tibérine, aux multiples massacres ordonnés par Ben Laden et ses acolytes, en passant par les faits et méfaits des talibans en Afghanistan, que de chemin parcouru sur la voie de la décadence et de la barbarie. Ceux qui crient aujourd’hui au complot, où étaient-ils lorsque tant d’atrocités étaient (et sont toujours) commises au nom du Coran ? Qu’est-ce qui est plus dommageable pour l’islam, le fait de citer ­ sans y souscrire ­ un manuscrit du XIVe siècle, ou le fait de tuer indistinctement hommes, femmes et enfants au nom d’une conception dévoyée du jihad ? Le prophète de l’islam ne disait-il pas que «l’encre du savant est plus sacrée que le sang du martyr» ? Plutôt que de réagir passionnellement, anticipant et flattant ainsi l’instinct de la foule, les oulémas de l’islam ont-ils lu le texte intégral de la conférence en question ? Et, quand bien même l’auraient-ils fait, en ont-ils saisi le sens et l’essence ? J’en doute fort car, même si le mot «raison»  est cité quarante-cinq fois dans le Coran et que celui-ci commence par l’injonction «Lis» (iqrâ), il y a bien longtemps que la raison philosophique et même théologique a déserté la terre d’islam. Au moins depuis les autodafés réservés aux livres d’Averroès. Celui-ci a, en effet, eu des disciples juifs dont le plus prestigieux est Maïmonide, des disciples chrétiens dont la plupart ont d’ailleurs été persécutés par l’Eglise (!), mais aucun disciple musulman. A cette époque, la Raison parlait arabe et l’Inquisition parlait latin. C’est ici, et seulement ici, que le propos du pape Benoît XVI doit être relativisé, car la rencontre féconde entre islam et pensée grecque a été déterminante dans l’émergence de la civilisation que certains appellent occidentale. Malgré la confusion et les malentendus que peut induire l’exhumation d’un texte de l’empereur byzantin Manuel Paléologue, je doute fort que le souverain pontife adhère à la conclusion de l’incompatibilité ontologique entre islam et raison. Parce qu’il est érudit, il sait que le manuscrit en question n’exprime en rien la quintessence de l’islam mais traduit l’esprit de la controverse théologico-philosophique islamo-chrétienne se déployant à une époque d’antagonisme paroxystique entre le monde islamique et la chrétienté. Quoi qu’il en soit, une bonne partie de la littérature philosophique ou théologique «antimahométane» a été manifestement influencée par une apologétique chrétienne médiévale, elle-même traumatisée par l’expansionnisme islamique qui, contrairement à la légende, issue de l’apologétique islamique cette fois-ci, n’impressionnait pas toujours par sa douceur spirituelle mais par la cruauté de son glaive. L’histoire en général, celle des religions en particulier, n’a pas toujours été sainte ; elle a été au contraire souvent violente et sanglante. Cela vaut aussi bien pour le christianisme que pour l’islam, même si les corpus fondateurs divergent complètement sur l’usage de la violence : «Remets ton glaive à sa place, ordonne Jésus, car tous ceux qui auront pris le glaive périront par le glaive» (Matthieu 26,53) ; «Permission est donnée à ceux qui combattent pour avoir subi l’iniquité» (sourate XXII, verset 39). Qu’importe si ce verset coranique est le premier autorisant la lutte défensive, après 70 autres proscrivant la violence. Le fait est que la position coranique est ici aux antipodes de la position néotestamentaire. Cet interdit clairement exprimé n’a du reste pas prémuni les ouailles de Jésus de la tentation belliqueuse puisque, de persécuté, le christianisme est devenu lui-même persécuteur après la conversion de Constantin, lorsque l’Empire romain a fait de l’enseignement évangélique une idéologie dominatrice et totalitaire. Pour revenir dans l’histoire, pour s’inscrire dans la modernité, pour conjurer les démons de l’intégrisme, pour éviter le «choc des civilisations», l’islam doit subir cette défaite victorieuse infligée par les Lumières, comme jadis et naguère le christianisme. C’est à cette seule condition qu’il sortira du magma chaotique dans lequel les intégristes veulent le maintenir. C’est alors que sera possible un dialogue des religions et des civilisations authentique, sans concession et néanmoins fraternel, comme le suggère Benoît XVI, et non point syncrétique et vaguement œcuménique, comme c’est le cas depuis le concile de Vatican II. Ce dialogue doit avoir pour vocation la tolérance, et pour fondement, la connaissance. C’est que l’ignorance de l’islam par les chrétiens et l’ignorance encore plus abyssale du christianisme et du judaïsme par les musulmans couvent des malentendus et même des conflits redoutables. D’où ce besoin urgent et vital de connaître les autres religions, besoin auquel appelait il y a déjà fort longtemps le grand théologien Max Müller : «Celui qui ne connaît qu’une religion n’en connaît aucune ». (Source : « Libération » du 26 septembre 2006) Lien: http://www.liberation.fr/opinions/rebonds/206709.FR.php

Remarque
Zaghloul
Bonjour/Salam Depuis un certain temps sur Tunisnews je vois des articles qui paraissent écris de la main d’un certain Balha. Loin de moi de vouloir jouer les censeurs car si je vais sur Tunisnews c’est justement pour lire ce que l’on ne peut pas lire ailleurs. Cependant ces « articles » qui, le plus souvent, tapent sur l’Islam et les musulmans me laissent perplexe. Le dernier en date suit les arguments islamophobes selon lesquels l’Islam serait  » violent dans ces fondements » et que donc on ne peut rien faire pour ces « pauvres individus » qui croient en une religion dont la nature est violente. Et quelle démonstration! Je cite: « chaque fois qu’il y’a un dessin ou une statue de Okba ou de Khaled Ibn Walid ou de n’importe quel commandant,  on le voit à cheval avec une épée à la main. Peut être c’est pour défendre, mais beaucoup plus pour attaquer afin de conquérir des terres et des âmes. » Oui vous avez bien lu! Des dessins et des statues! Quelles preuves irréfutables qui montrent que l’Islam et ses adeptes sont violents! De grâce! Que ceux qui veulent jouer les intellectuels à coup d’articles publiés à la tonne aillent jouer dans les forums pour ados, laissez de la place pour les vrais intellectuels qui sont en contact permanent avec le terrain et qui ne tombent pas dans les débats stériles. Par exemple le dernier article de Tariq Ramadan sur les propos du pape en vaut le détour( le lien: http://oumma.com/spip.php?article2162 ) car contrairement à certains, il ne tombe pas dans les amalgames grotesques. Je tiens tout de même à remercier Tunisnews pour cette liberté offerte à tous les tunisiens de pouvoir s’exprimer, pourvu que ça entraîne un débat qui fait avancer les idées.

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