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Mondher Sfar: Pour la constitution d’un gouvernement de concorde nationale
Swiss Info: Andreas Gross: «Même la Suisse n’a pas d’élections aussi équilibrées»
L’express: Après le printemps arabe, l’hiver islamiste?
L’humanite: Tunisie La source de la révolution
Le Figaro: Tunisie: des élections « transparentes »
Business News: Possibilité d’erreur dans le décompte des voix dans une circonscription à l’étranger
20 minutes.fr: Vers une coalition entre Ennahda et deux formations laïques?
L’essentiel: L’islam tunisien est u islam stable
Pour la constitution d’un gouvernement de concorde nationale
L’islamisme en Tunisie et la charia en Libye inquiètent la presse française
«Même la Suisse n’a pas d’élections aussi équilibrées»
Tunisiens de France : le parti islamiste remporte 4 des 10 sièges
Près de 34% au nord de l’hexagone, plus de 30% dans le sud : les Tunisiens de France ont largement voté pour Ennahda, dimanche. Du coup, le parti islamiste rafle 4 des dix sièges qui leur sont réservés au sein de l’Assemblée constituante. Les résultats définitifs sur l’ensemble du scrutin devraient être annoncés dans les prochaines heures, et confirmer la victoire d’Ennahda.
Ennahda est le grand gagnant des élections dans les deux circonscriptions de France (Nord et Sud) où il a respectivement obtenu 33,70% et 30,23% des suffrages exprimés, selon l’Instance régionale indépendante pour les élections (Irie).
Avec plus de 500.000 personnes, la plus grande communauté des Tunisiens à l’étranger se trouve en France. « On va veiller à garantir les libertés publiques et surtout individuelles, la liberté de pensée, d’expression, d’organisation » : Ameur Larayedh, tête de liste et élu d’Ennahda, se veut rassurant pour tous ceux que la victoire de son mouvement effraie.
Le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) Moncef Marzouki a obtenu deux sièges en recueillant respectivement 12,55% et 9,05% des suffrages. Deux sièges également pour le parti Ettakatol (gauche) de Mustapha Ben Jaafar (11,25% et 7,62%). Le Pôle démocratique moderniste (gauche) a obtenu un siège (8,26%), de même que l’indépendant Hechmi Haamdi, qui a fait campagne depuis Londres.
Des militants de partis laïques, déçus du résultat du scrutin, ont dénoncé à Paris l’utilisation des mosquées pour « faire de la propagande » pendant les trois jours du scrutin en France (jeudi, vendredi, samedi).
Par ailleurs, selon des résultats provisoires donnés lundi soir par la commission électorale à Tunis, Ennahda a obtenu la moitié des 18 sièges réservés à la diaspora tunisienne dans la future assemblée constituante.
En Tunisie, les résultats définitifs du vote devaient être annoncés officiellement dans les heures à venir. Dès hier, Ennahda a annoncé qu’il disposait d’une large avance aux premières élections libres du pays.
Source : « Le Telegramme » Le 25-10-2011
Après le printemps arabe, l’hiver islamiste?
Après la chute des dictateurs, les élections… Entre optimisme démocratique et crainte d’un islamisme trop radical, les sociétés arabes avancent vers une nouvelle ère incertaine. L’édito de Christophe Barbier.
C’est une peur qui chemine alors que les armes se taisent et que s’élève le brouhaha des urnes. Une peur un peu honteuse, tant l’irénisme est de rigueur, et tenace aussi, le remords d’avoir si longtemps soutenu des dictateurs, avec, pour seule raison, cynique mais valable, d’être en sécurité sur nos rives. Une peur nourrie par les cris des coptes massacrés en Egypte, les premières élections en Tunisie et l’engagement du Conseil national de transition libyen à faire de la charia la « source première de la loi ». Cette peur, c’est celle de l’islamisme, celle d’un pouvoir barbu et liberticide, dont les imams psychopathes remplaceraient les militaires d’opérette et les despotes débauchés d’hier.
Jamais cette crainte n’a abandonné les esprits occidentaux, même si le vacarme de la fête droits-de-l’hommiste l’a reléguée depuis janvier dans l’arrière-boutique de la foire-fouille sondagière. Elle ressort aujourd’hui parce que nous sommes dans un marécage idéologique, un entre-deux politique où les potentats sont déchus, mais les démocraties, pas encore installées. Balbutiantes et vacillantes, elles sont comme un enfant effrayé par ses premiers pas dans un monde vertigineux. Arabes et Occidentaux, tous épris de paix et de liberté, nous sentons que quelque chose a gagné, qui était juste, mais qu’autre chose aujourd’hui menace, qui est terrible. Et si rebelles et révoltés avaient oeuvré, à leur insu, pour préparer le règne des imams? Et si nous avions fourni, enfants béats de Danton et de Rousseau, le moteur démocratique au véhicule islamiste? S’imposer par une révolution ou une guerre civile n’est rien à côté d’élections gagnées: l’islamisme pourrait bien, demain, affirmer être légitime selon les critères mêmes de l’Occident. Que répondrons-nous?
Craintes d’un nouveau scénario algérien
Aujourd’hui, les sirènes de l’optimisme chantent à tue-tête qu’il n’y a rien à craindre, que c’est un islam modéré, « intermédiaire », qui donne le la des nouveaux régimes, qu’il ne s’agit que d’invoquer des principes sans corseter la vie quotidienne ni bâillonner les libertés au berceau. Elles n’ont à la bouche que l’exemple de la Turquie, où islamisme et démocratie barbotent en harmonie dans le bain de miel de la prospérité économique. C’est oublier la cure de laïcité imposée jadis à son peuple par Kemal Atatürk, ce vaccin longue durée. Plutôt que le modèle turc, c’est le scénario algérien qui risque d’advenir. Il y a vingt ans, l’Algérie faillit tomber dans l’intégrisme par la fente des urnes, il fallut interrompre le processus électoral et engager la bataille armée.
En Libye, la situation est la plus inquiétante. Le chef du CNT, Moustafa Abdeljalil (à droite), s’est engagé à faire de la charia la « source première de la loi ».
afp.com/Abdullah Doma
C’est en Libye que la situation est la plus inquiétante, parce que l’on y touille unexplosif cocktail de pétrole, de trafic d’armes et de bédouinisme, sous l’oeil avide et la griffe déjà sortie d’Aqmi la terroriste. Que feront de leur révolution réussie les héros de Misrata et de Benghazi? L’égout de Syrte a vomi un Kadhafi sanguinolent comme dernier déchet de la tyrannie: puisse le régime qui sortira des discussions tribales et des élections promises nous éviter la nostalgie de l’ordre tyrannique.
Source : « L’express » Le 25-10-2011
Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/apres-le-printemps-arabe-l-hiver-islamiste_1044350.html
Tunisie, Libye, Egypte : faut-il avoir peur des islamistes ?
La Tunisie passe au vert, titre Libération en Une, Les islamistes maîtres du jeu pour Le Figaro et l’ombre des islamistes pour Le Parisien. Tous se posent la question dont la réponse semble de plus en plus évidente : les islamistes ne seraient-il pas les grands gagnants des révolutions arabes ? Un « problème » ? D’un côté, la victoire annoncée du parti Ennahda en Tunisie,qui revendique déjà 40 % des voix pour l’élection qui désignera une assemblée constituante. De l’autre, la proclamation de la charia en Libye, comme « loi essentielle », par Mustapha Abdel Jalil, le président du Conseil national de transition (CNT). Deux évènements qui inquiètent les pays occidentaux qui ont soit salué les révolutions (pour la Tunisie ou l’Egypte), soit qui se sont engagés aux côtés des rebelles (en Libye). Pour Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères, il y « un problème » pour la Libye. Il pointe notamment les risques relatifs au « respect de la dignité de la femme ». L’onde de choc du formidable élan démocratique du printemps arabe n’aurait-elle pas surtout « sonné le réveil des partis islamistes que Ben Ali, Moubarak et Kadhafi ont trop longtemps réprimé ou maintenu à l’écart du pouvoir », s’interroge Le Parisien dans son édition du mardi 25 octobre. Les islamistes tentent de rassurer et assurent qu’ils sont « modérés » Pour ce qui concerne la Tunisie, il ne faut pas oublier de rappeler que les élections qui se sont déroulées le week-end dernier sont les premières à être libres depuis le départ Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier dernier. La participation a été massive (on parle de 90% de participation selon les dernières estimations). C’est donc librement que le peuple tunisien a choisi de placer Ennahda en tête. D’autre part, les représentants du parti islamiste tentent de tout faire pour rassurer. « L’islam et la démocratie ne sont pas seulement compatibles, ils vont de pair. Nous voulons offrir un nouveau modèle au monde », affirme Sayid Ferjani, le porte-parole du parti, au Nouvel Observateur. Le président du parti, Rached Ghannouchi, cite souvent comme modèle le parti islamiste turc AKP (modéré), au pouvoir depuis 2002, rappelle Le Parisien. Mais malgré cette ligne politique qui consiste à prôner un islam modéré, en lien avec la démocratie, certains tunisiens, habitués à un mode de vie libéral, craignent un retour à un islam dur. Pour certains observateurs, le parti est divisé entre une direction modérée et une base parfois plus radicale. Ennahda, c’est quoi au fait ? Ennahda, c’est donc le futur premier parti de Tunisie. Une réussite liée à un positionnement clair : « les électeurs ont voté en toute connaissance de cause pour un parti s’affichant en tant que mouvement islamiste modéré », estime Thierry Oberlé dans Le Figaro du mardi 25 octobre. « Les chefs du mouvement ont promis de ne pas revenir sur le statut de la femme et de garantir le respect des libertés publiques », ajoute le grand reporter du service Étranger. Plutôt rassurant donc. Mais le parti n’est pas forcément clair sur tous les sujets. Adbdelfattah Mourou, cofondateur d’Ennahda et candidat indépendant aux élections le rappelle : « Ils refusent de se prononcer officiellement pour une séparation du politique et du sacré ». Quoi qu’il en soit, le parti islamiste a aussi bénéficié d’un traitement très dur à l’époque de Ben Ali, qui leur a donné un statut de résistant. Sans compter que les membres influents, éloignés du pouvoir sous le règne de l’ex-dictature, jouisse d’une « virginité » dans les affaires publiques, et donc dans la corruption qui gangrène le pays. Futur premier parti, assurément, mais pas suffisamment puissant pour gouverner tout seul. Ennahda a donc lancé, dès aujourd’hui, un appel à l’unité en assurant être ouvert à tous les partis « sans exception » pour former une « alliance politique stable ». « Pas de charia en Tunisie » « Pas de charia en Tunisie », a d’ailleurs martelé le grand vainqueur. De toute manière : « Il n’y a aucune chance qu’Ennahda parvienne à dicter sa loi lors de la rédaction de la nouvelle constitution, même dans le cadre d’une coalition », affirme l’historien tunisien Fayçal Chérif, rappelant que la société tunisienne est depuis très longtemps sécularisée. Une situation bien différente de celle de la Libye. Pourtant, même si la Charia devrait être au centre du futur droit libyen, le président du CNT, Abdel Jalil, a tenu à tempérer ses propos. « Nous les Libyens, nous sommes des musulmans, mais des musulmans modérés », a-t-il indiqué, au lendemain de ses déclarations sur l’interdiction du divorce et le rétablissement de la polygamie.
Source: “Le Post.fr” Le 25-10-2011
Tunisie La source de la révolution
Dans le centre ouest de la Tunisie, berceau de la révolution, perdure un profond désespoir social, entretenu par le chômage endémique. Carnet de route dans cette Tunisie de l’intérieur qui aspire à une vie meilleure.
Sidi Bouzid. La désespérance sociale
À Sidi Bouzid, les murs parlent. Couverts d’inscriptions, ils racontent les souffrances et les espoirs de cette petite ville déshéritée du centre ouest de la Tunisie, berceau de la révolution, où le geste désespéré de Mohamed Bouazizi, le jeune marchand de légumes ambulant qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010, a embrasé la région, puis tout le pays. Sur l’artère principale, Djamaï Bouallègue, vingt-quatre ans, vivote lui aussi de la vente de fruits. Une charrette de fortune, surmontée d’une couverture sale l’abritant du soleil, lui tient lieu de boutique. « Depuis le 14 janvier, nous pouvons parler plus librement, c’est vrai, mais ma situation n’a pas changé. Ma vie est toujours aussi dure », souffle-t-il, le regard dur. Pas question, pour lui, de participer aux élections : « Je n’ai confiance dans aucun parti. Je ne crois pas aux promesses sans garanties », tranche-t-il. Plus loin, dans le square du centre-ville, à l’ombre des palmiers, les élections occupent au contraire toutes les discussions. À la tête d’une liste indépendante, Nadar Hamdouni, chômeur diplômé, espère que la Tunisie « saura écrire une nouvelle page de son histoire ». « Ce qui s’est passé à Sidi Bouzid, ce n’est pas une révolution, c’est une intifada sociale. Mais depuis, rien n’a changé. La jeunesse ressent la même frustration, la même désespérance », insiste-t-il. Ce vendredi, jour de la grande prière, tous les commerces sont ouverts. Les paysannes, vêtues de tenues traditionnelles aux couleurs vives, vaquent à leurs occupations. Nadar Hamdouni jette un œil méfiant au défilé qui passe à quelques mètres de là. Plusieurs centaines de salafistes djihadistes, en kamis (tunique – NDLR), têtes recouvertes de calottes, ont investi la rue, sous le regard mi-amusé mi-étonné des badauds. Les barbus, suivis à distance par une cinquantaine de femmes en niqab (voile intégrale – NDLR), scandant : « Allah Akbar », fustigeant la chaîne de télévision Nessma, qui a récemment diffusé le film de Marjane Satrapi, Persepolis, jugé blasphématoire. Qu’importe que ces extrémistes aient été absents du soulèvement déclenché par l’immolation de Mohamed Bouazizi. L’essentiel, pour eux, est de se rappeler au souvenir des habitants de cette cité dont la révolte contre le régime de Ben Ali ne s’est pas faite sous la bannière de l’islam.
Regueb. Les islamistes d’Ennahda sûrs de leur victoire
« Il n’y a pas eu de révolution en Tunisie ! » Ce cri dit toute la désillusion qui étreint Nomen Ben Mohammed Kadri, un chômeur de trente-quatre ans qui campe depuis deux cent quatre jours, dans l’indifférence, devant la mairie de Regueb, petite ville paysanne à une trentaine de kilomètres de Sidi Bouzid. Titulaire d’une maîtrise de sciences et vie de la terre depuis 2004, Nomen n’a jamais eu de travail digne de ce nom. Sa famille dispose, en tout, de 90 dinars (45 euros) par mois pour faire vivre trois personnes. Mais 60 dinars (30 euros) sont consacrés à l’achat de médicaments pour son vieux père malade, auquel les autorités n’ont pas accordé la gratuité des soins. « Il nous reste 30 dinars (14 euros – NDLR). Soit 250 millimes (12 centimes – NDLR) par jour et par personne. Même pas le prix du pain », calcule le jeune homme. Il a planté là sa tente de bric et de broc, trempée par l’averse de la nuit, pour « exiger un emploi, n’importe lequel ». « La révolution tunisienne n’a rien changé aux inégalités. Je n’irai pas voter tant que je n’aurai pas gagné mon droit au travail », tranche-t-il, à l’ombre des portraits des cinq « martyrs » tombés, l’hiver dernier, sous les balles de la dictature. Aucun candidat n’est venu le voir. Pas même les islamistes d’Ennahda, dont la permanence, de l’autre côté du carrefour, ne désemplit pas. « Nous sommes un mouvement politique à l’arrière-pensée religieuse, mais nous sommes des modérés ! » s’exclame Mohammed Tahar. Sûrs de leur victoire, les islamistes de Regueb assurent avoir écumé la circonscription « ruelle par ruelle, maison par maison ». Un activisme qui semble avoir porté ses fruits. Mourad Aïouni, un étudiant qui a participé à l’occupation de la place de la Casbah, à Tunis, en janvier, rêve d’un « vrai changement ». En attendant, il a opté, non sans cynisme, pour le vote Ennahda. « Parce qu’ils voleront un peu moins que les autres », grince-t-il.
Mezzouna. « Chez Tarek », on parle politique
Dans ce gros bourg agricole de 27 000 habitants, entouré d’oliveraies poussiéreuses, le chômage touche plus de 60 % de la population. Ici, la contrebande d’essence et de mazout en provenance d’Algérie offre une source de revenus à de nombreuses familles. Tout au long de la route menant à Mezzouna et même en ville, des jerricanes de carburant sont proposés aux automobilistes à des prix défiant toute concurrence. En ville, de petites pompes artisanales signalent les « boutiques de diesel ». Cigarettes, boissons gazeuses et yaourts, moins chers côté algérien, alimentent aussi ce marché parallèle. À l’entrée de Mezzouna, le café Chez Tarek est devenu le rendez-vous de ceux qui ont fait la révolution. « Il n’existe pas de lieu de réunion, de discussion, alors, avec l’accord du patron, nous en avons fait un lieu de débat politique », expose Kamel, trente ans, un enseignant en arts plastiques membre du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). Chez Tarek, on croise des syndicalistes, des militants et des sympathisants du Parti démocratique progressiste (PDP), d’Ennahda, d’Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés), du Congrès pour la République (CPR), de Moncef Marzouki. « Ce qui a changé depuis la 14 janvier ? Aujourd’hui, je peux aller sans crainte demander une carte d’identité ou un passeport, se réjouit Seboui, un syndicaliste. Avant, j’y allais la peur au ventre, avec le risque d’être interpellé et tabassé. Aujourd’hui, je peux parler. C’est peu. Mais cela a transformé nos vies. » Autant de changements qui n’atténuent pas les attentes sociales, pressantes. Dans cette seule localité, 300 diplômés universitaires sont au chômage. Pour les habitués de Chez Tarek, l’élection d’une Assemblée constituante n’est qu’une étape pour bâtir une société plus juste et se libérer durablement de la dictature.
Kasserine, la ville martyre
À 72 km de Sidi Bouzid, Kasserine, 300 000 habitants, semble crouler sous le poids de sa démographie. Les artères principales, surveillées par un imposant dispositif policier, sont noires de monde. Dans cette ville où 47 personnes ont été tuées par balles, les traces de l’insurrection de janvier sont visibles. La section du RCD, le parti de Ben Ali, saccagée au début de la révolte, a été transformée en « club des martyrs ». Les habitants de Kasserine espèrent en faire un lieu de mémoire, mais aussi de rencontres culturelles et politiques. La bâtisse fait face aux vestiges du commissariat, dont les murs noirs de suie sont barrés d’inscriptions vengeresses. Partout à Hai Ennour ou Hai Zhor, affiches, graffitis, banderoles et fresques murales témoignent d’une effervescence politique qui n’est pas retombée depuis le 14 janvier. Yahiaoui, vingt-sept ans, peintre en bâtiment, se définit comme un « batal » (chômeur) travaillant occasionnellement sur les chantiers. Il a décidé de voter Ennahda, pour « l’honnêteté » de ses candidats. Mais, prévient-il, « si Rached Ghannouchi (le chef spirituel d’Ennahda – NDLR) ne tient pas ses promesses, il subira le sort de Ben Ali… par les urnes ».
Thala, la colère à fleur de peau
La frontière algérienne est toute proche. Des barrages militaires et policiers filtrent l’entrée comme la sortie de cette petite ville, dont le nom signifie « source » en berbère. Depuis la lointaine Antiquité, Thala a incarné la fronde contre les envahisseurs successifs – Romains, Arabes, Turcs, Français. Fidèle à cet esprit, elle s’est trouvée aux avant-postes du soulèvement contre le pouvoir RCD. À la périphérie du pays, Thala concentre les mêmes maux que ses voisines : précarité, pauvreté, système de santé délabré, chômage endémique. Les marbreries de la ville n’emploient que quelques dizaines d’ouvriers. Seulement la contrebande, l’agriculture de subsistance et l’élevage ovin procurent de maigres subsides à la population.
Symbole du régime déchu, le commissariat de police a changé d’occupants. Du rez-de-chaussée où se trouvaient les cellules de garde à vue, il ne reste que des débris de briques et de béton. Quant au premier étage, où logeait naguère le commissaire, il abrite désormais un squat, quartier général d’un groupe de jeunes armés de matraques retrouvées sur les lieux. Toutes les pièces sont couvertes de fresques célébrant une révolution qui a coûté la vie à six jeunes de Thala. Nemri Bessam, titulaire d’un bac+3 en électromécanique, travaillait comme agent de sécurité dans la station balnéaire d’Hammamet, au nord du pays, lorsqu’il a été arrêté par erreur et transféré à Thala, où les policiers l’ont copieusement tabassé. « Quand je hurlais sous les coups, le commissaire descendait de chez lui pour m’ordonner de me taire, parce que sa femme dormait », raconte le jeune homme à l’allure libertaire, vêtu d’un treillis et chaussé de rangers. Nemri, hier, a assuré la sécurité des bureaux de vote. Mais il n’a pas glissé de bulletin dans l’urne. « La révolution ne sera pas finie tant que nous n’aurons pas de travail », assène-t-il. Son ami Sofiane est décorateur, lui aussi au chômage. Au dos de son tee-shirt, cette inscription : « Ma voix n’est pas à vendre ». Rebelle dans l’âme, le visage marqué par une profonde colère, Sofiane n’a pas de mots assez durs pour « tous ces partis qui sont apparus sur la scène comme des marionnettes pour parler en notre nom ». Quel que soit le résultat des élections, il rêve d’une « deuxième révolution ».
Source : « L’humanite » Le 25-10-2011
Lien : http://www.humanite.fr/monde/tunisie-la-source-de-la-revolution-482235
Tunisie – élections : un outsider l’emporte à Sidi Bouzid
Hechmi Haamdi, natif de la ville et habitant aujourd’hui à Londres, a obtenu jusqu’à 90 % des suffrages dans certains bureaux.
Hechmi Haamdi, un Tunisien qui a fait campagne depuis Londres, a revendiqué la majorité des suffrages à l’élection de dimanche en Tunisie à Sidi Bouzid, ville symbole de la révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir. Cette victoire a été confirmée par des sources électorales. Hechmi Haamdi a obtenu des scores à 90 % dans certains bureaux de vote (Ksar Hammam) dans la campagne de Sidi Bouzid, selon ces sources. Sa liste est aussi classée deuxième à Kasserine, ville limitrophe de Sidi Bouzid ayant payé le plus lourd tribut de sang pendant le soulèvement en janvier.
« Nous avons largement et clairement gagné la confiance de notre peuple à Sidi Bouzid, qui a porté le flambeau de la révolution et qui rappelle maintenant l’urgence de répondre à ses revendications », a déclaré, lundi, Hechmi Haamdi. Tête de liste d’Al Aridha Chaabia (Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement), l’homme est natif de cette ville déshéritée du centre-ouest du pays. « Notre programme répond aux aspirations du peuple qui veut des mesures urgentes et concrètes pour vivre dans la liberté, la justice sociale et la dignité », a dit Hechmi Hamdi dans un entretien depuis son lieu de résidence à Londres.
Ancien islamiste
Ancien islamiste, l’homme est connu à travers Al-Mostakilla, sa chaîne de télévision émettant par satellite depuis Londres et bien suivie en Tunisie. « J’ai été arbitrairement écarté de la campagne et privé de m’adresser aux Tunisiens depuis le territoire national », a-t-il protesté, dénonçant un « black-out des médias nationaux ». « Pourtant, les Tunisiens ont adhéré à mon programme », a ajouté l’homme, autrefois proche des islamistes en exil, dont il avait plaidé la cause auprès de l’ancien président Ben Ali. Homme d’affaires fortuné, Hechmi Haamdi a promis d’injecter 2 milliards de dinars (un milliard d’euros environ) dans le budget de l’État adopté par le Premier ministre sortant Beji Caid Essebsi.
Dans une campagne continue sur Al-Mostakilla, il a promis des soins gratuits et deux cents dinars (100 euros) pour chacun des 500 000 chômeurs du pays en contrepartie de jours de travail communautaire. Hechmi Hamdi a refusé de se prononcer sur une éventuelle alliance au sein de la future assemblée avant la publication des résultats officiels et définitifs par la commission électorale (Isie), mais s’est dit « ouvert à tous ceux qui veulent renforcer l’unité nationale et répondre aux besoins des pauvres ». L’Isie devrait publier les premiers résultats officiels dans la matinée de mardi.
Source:”Le Point.fr” Le 25-10-2011
Tunisie: des élections « transparentes »
Les premières élections libres le 23 octobre en Tunisie ont été organisées dans la « transparence », a déclaré aujourd’hui la mission des observateurs de l’UE, qui a relevé des « irrégularités mineures » au cours du scrutin. « La commission électorale Isie a su organiser ces élections dans la transparence », s’est félicité la mission dans une déclaration. Les élections sont issues de la volonté ferme du peuple tunisien d’être gouverné par des autorités élues démocratiquement et respectueuses de l’état de droit », selon la déclaration de la mission. « Un consensus politique fort qui s’est exprimé dans un contexte de très grande liberté d’expression a permis la tenue de ces élections », ajoute-t-elle. Le chef de la mission, Michael Gahler, a fait part de sa « satisfaction dans 97% des bureaux de vote » où les observateurs européens étaient présents (plus d’un millier). « Les 3% restants présentaient des irrégularités mineures », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse. Plus de 7 millions de Tunisiens étaient appelés à élire dimanche une assemblée constituante, un scrutin historique neuf mois après la chute de Ben Ali. Les islamistes d’Ennahda sont arrivés en tête, selon les premières estimations.
Source: “Le Figaro” Le 25-10-2011
La Tunisie n’est pas le Tunistan
La victoire du parti islamiste Ennadha en Tunisie balaie littéralement l’image ensoleillée de dimanche, jour ou 90% des tunisiens sont allés voter. Pourtant, ce n’est pas une surprise. Il suffisait d’observer le pays, sa pauvreté, constater qu’un parti se rendait dans les cités pourris, parlait social, filait des aides, des coups de mains, pour piger qu’Ennadha allait l’emporter. Depuis hier, c’est jour de deuil pour beaucoup. Faute de regarder la réalité du pays, un paquet de tunisiens a volontairement omis de penser aux pauvres. Et eux, ils ont voté.
La Marsa où Kasserine, la lune dans le caniveau.
Dans la ville huppée de La Marsa ( qui compte néanmoins des quartiers pourris ), c’est la désolation bourgeoise. Au café le Jimmy’s, lamentations et stupéfaction. Ils ne pensaient pas qu’Ennadha puisse dépasser les 25%. Leur dire, c’était l’assurance de se faire chambrer. « Vous les européens, vous voyez des barbus partout, on n’est pas comme ça en Tunisie » me lance une femme, la soixantaine. Bon. Hier, elle présente ses excuses pour « n’avoir pas vu ». A Kasserine, ville pauvre du centre, on a voté Ennadha à 50%. A La Marsa, Ennadha arrive également en tête dans les cités mais Marsa Cube, Marsa ville ont voté pour les modérés que sont Ben Jaafar, Chebbi ou le Pole.
Désormais, on connaît la photographie politique de la Tunisie. La vraie pas celle réécrite par Ben Ali et sa clique. Deux solutions: l’accepter ou la mépriser. La profonde inégalité sociale et régionale est la clé du scrutin. Ennadha a joué a fond la carte sociale sans faire d’agitation religieuse. Ce point-là, ce sera plus tard. Quand la curiosité à son égard sera dissipée.
La stratégie de Ghannouchi est tactiquement intelligente: capitaliser sur le social avant de bourrer les crânes d’intolérance. Aujourd’hui, le parti islamiste se fait attaquer par tous les autres politiques. Résultat, le Tous Contre Ennadha en fait une victime. Les partis modérés feraient mieux d’aller sur le terrain avec des arguments compréhensible de tous (1,8 million d’illétrés en Tunisie). Pour éviter qu’Ennadha passe de 40% à 60 lors du prochain scrutin, les futures présidentielles et législatives en 2012 ou 2013.
La Tunisie n’est pas devenue du jour au lendemain le Tunistan. Aux politiques de gauche, de droite, du centre, d’aller sur le terrain avec des solutions pour endiguer la pauvreté et le désenclavement des régions du centre, du sud et de l’est.
Résultat officiel: dans l’après-midi. Sur 86 sièges connus, 36 reviennent à Ennadha. Il y en a 217 au total.
Source: ”Courrier international” Le 25-10-2011
Possibilité d’erreur dans le décompte des voix dans une circonscription à l’étranger
Une erreur se serait produite dans le décompte du nombre des voix, par une des IRIE, dans son rapport de l’une des circonscriptions à l’étranger, selon une déclaration de Nabil Bafoun, membre de l’ISIE à Mosaïque Fm. L’ISIE est actuellement en train de vérifier les chiffres et de corriger le résultat, s’il ya une erreur qui peut influencer le scrutin, a expliqué M. Bafoun, en soulignant que les résultats annoncés sont des résultats partiels. L’ISIE travaille en toute transparence, a-t-il insisté, tout en précisant que s’il ya un changement dans les suffrages, l’ISIE l’annoncera au plutôt.Il y aura toutes les garanties légales lors de l’annonce finale et officielle des résultats, a-t-il ajouté.
Source: “Business News” Le 25-10-2011
Tunisie-Elections: Facebook à l’heure des elections
Facebook-Elections-Tunisie – Les yeux de la planète étaient rivés hier sur notre pays. Même le célèbre moteur de recherche «Google» était à l’heure de nos élections de l’Assemblée constituante en adoptant comme thème pour son logo sur ses pages «google.com» ou «google.tn», cet événement historique. Parallèlement, les élections tunisiennes étaient aussi d’actualité sur Facebook à travers des annonces, des photos et des images très intéressantes. Zoom sur des élections pas comme les autres, des élections qui ont pris aussi comme QG le plus célèbre des «social networks» : celui de Mark Zuckerberg ! En allant voter massivement aux premières élections de l’Assemblée constituante, les Tunisiens ont démontré encore une fois un degré de maturité sans équivoque en matière de conscience citoyenne et de démocratie participative. En effet, en déjouant tous les pronostics qui prédisaient une faible participation à cet événement et une abstention record, nos compatriotes ont montré la voie aux pays du printemps arabe à travers une exemplarité irréprochable dans la participation à ce scrutin qui restera dans les annales. Car les Tunisiens, par leur engouement, ont confirmé leur aspiration pour une vie meilleure dans une nouvelle Tunisie dont le socle repose sur un trépied : Démocratie, Dignité et Liberté ! Les procès-verbaux de l’étranger : des vrais ou des faux ? Alors que les centres de vote étaient pleins à craquer, un espace mythique dont plus de 2.700.000 usagers affectionnent les murs était hier et avant-hier à l’heure des élections tunisiennes. Il s’agit bien évidemment de Facebook, le réseau des réseaux. Toujours actifs et réactifs, les facebookeurs tunisiens ont vécu ces premières élections démocratiques tout en distillant humour et vigilance sur le réseau social. En effet, tout a commencé dans la nuit du 22 octobre, où plusieurs de nos concitoyens ont relayé des photos montrant des procès-verbaux des bureaux de vote de l’étranger. Des photos dont plusieurs ont nié l’authenticité, tandis que certains juristes la confirmaient, à l’image de Fakhereddine Ghallabi, qui laisse le commentaire suivant : «Il faut dire que la publication des résultats du dépouillement est tout à fait légal. Chaque bureau de vote doit afficher le procès-verbal (les résultats) au sein du bureau, juste après la fin du dépouillement des voix. Donc, dès qu’ils l’affichent, ça devient public. Ensuite, chaque bureau doit envoyer une copie au bureau de l’Irie de sa circonscription. L’Irie fait la somme de la circonscription, puis l’envoie à l’Isie. Finalement, l’Isie annonce les résultats officiels pour toute la Tunisie et l’étranger en même temps». D’autres ont posté des photos d’agents du bureau de vote à Neuchâtel, en Suisse, en pleine opération de dépouillement. Observations et vigilance D’autre part, à l’image de ce qui s’est passé durant les premiers jours de la révolution tunisienne, beaucoup de nos compatriotes ont trouvé sur les murs de Facebook le moyen de dénoncer les fauteurs de fraudes. En effet, plusieurs Facebookeurs, via leurs «Blackberry», leurs «iPAD» et leurs Smartphones (iPhone, etc.) ont pu signaler, hier, en temps réel, les rares dépassements enregistrés, selon eux, dans certains bureaux de vote sur tout le territoire tunisien. Ainsi, un réseau d’observateurs a sonné l’alerte sur Facebook, pointant du doigt les entorses commises par certaines milices. Che Tarek a posté, par exemple, sur son mur, les messages suivants : «Au bureau de vote, rue Al Iklil (Romarin), Cité Ezzouhour, on a observé un des militants d’un parti «***» en train de donner de l’argent à des électeurs afin qu’ils votent pour leur liste. Mais avec l’intervention d’un des superviseurs, ce militant a quitté les lieux.». Un autre message annonçait: «Le parti «***» a déployé des bus et des voitures privées pour transporter des électeurs à Sousse dans les cités : Ezzouhour et Erriyadh et à Kondar». Parallèlement, plusieurs candidats à la Constituante, à l’image d’Abdelaziz Belkhodja, tête de liste du Pôle démocratique à Bizerte, ont joué le rôle de garde-fous tout en signalant, via leurs profils, les agissements douteux commis par les militants des partis concurrents. L’humour tunisien s’invite à la fête Et malgré de longues heures d’attente, parfois sous un soleil de plomb, la joie et l’allégresse ont éclairé, hier, dans le calme et la sérénité, les visages des électeurs, comme le montraient de nombreuses photos postées sur Facebook et montrant des électeurs heureux de voter pour la première fois dans une ambiance de kermesse. Ainsi, l’index teinté en bleu par l’encre indélébile, fournie spécialement pour cet événement afin d’éviter les fraudes, a fait le buzz sur Facebook. Tout le monde montrait dans ses photos son index bleuté. Et même des parodies et des blagues à la sauce tunisienne ont circulé sur les murs du réseau des réseaux, comme en témoigne la photo qui montrait Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla, leurs visages tout bleus, accompagnés par un commentaire: «Plus nos doigts seront bleus, plus la couleur de leurs visages virera au bleu». Une autre blague brossait un portrait du Tunisien d’une façon satirique avec le texte suivant : «Le Tunisien sur Facebook est révolutionnaire, mais quand il est en compagnie de la famille de son épouse ou de sa fiancée, il est avec Ennahdha; quand il est avec sa petite amie, il devient un sympathisant du parti communiste; quand il est à court d’argent, il soutient l’UPL… quand il a faim, il s’oriente vers le PDP; quand il veut faire la fête (night club et clubbing), il soutient Afek; quand il veut se bagarrer, il se transforme en militant d’Ettakatol et, avant le 14 janvier… Tous avec Ben Ali, ensemble relevons le défi». Une autre blague mettait en garde les facebookeurs tunisiens : «Espérons que le jour J des élections, au lieu de mettre « X » dans le bulletin, vous n’allez pas mettre «J’aime» (en référence à l’option sur Facebook)». La satire n’a pas épargné non plus les prochaines élections pour la présidentielle en France, l’année prochaine, comme en témoigne ce message qui a fait le tour des profils sur Facebook : «A tous les Tunisiens de l’étranger qui ont voté pour Ennahdha, je vous souhaite que tous les Français de l’Etranger votent pour Le Pen, comme ça vous pourrez rentrer définitivement au «bled» profiter des «bienfaits» de votre vote !». Marwa Hamdi, une jeune facebookeuse, a posté de son côté le message suivant : «C’est la première fois que je vois la vie en… bleu ! Et ça nous va si bien ! Mabrouk tout le monde, on a rempli notre devoir (et notre droit) de citoyens, espérons maintenant qu’ils remplissent le leur !». Même les caricaturistes, fruits de la révolution tunisienne, n’ont pas dérogé à la règle en proposant des dessins hilarants et satiriques à l’image de celui de Selmen Nahdi, qui met en garde contre l’extrémisme via deux doigts en forme de V. Enfin, Nessrine, une jeune Tunisienne, a écrit sur son statut la déclaration suivante : «Un ami m’a raconté ses aventures de la période el «3assa» (pendant les premières nuits de l’après 14 janvier où les Tunisiens avaient endossé le rôle des vigiles dans leurs quartiers), il entendait le bruit des cartouches, des cris… il courait vers l’inconnu, un danger certes mais quelque chose en lui lui disait de continuer, d’affronter son destin, et c’était le cas de tout le monde… Merci à tous ceux qui ont fait preuve de bravoure et ont pensé à nos martyres… Sans vous on ne serait jamais aussi fiers de nos index».
Source: “Afrique en ligne” Le 25-10-2011
Lien:http://www.afriquejet.com/facebook-elections-tunisie-2011102525845.html
Vers une coalition entre Ennahda et deux formations laïques?
Le parti islamiste, dont la victoire doit être proclamée ce mardi, a tendu la main à deux formations arrivées derrière lui lors du scrutin…
En Tunisie, l’issue du vote fait peu de doute. Les résultats des élections, premier scrutin démocratique du «printemps arabe», sont attendus ce mardi après-midi, mais Ennahda a d’ores et déjà revendiqué la victoire. L’interrogation porte désormais plutôt sur la nature de coalition que le parti islamiste va mettre sur pied.
D’ores et déjà, celui-ci a tendu la main à des formations laïques. En raison du mode de scrutin proportionnel, Ennahda ne devrait en effet pas pouvoir obtenir de majorité absolue au sein de la future assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution neuf mois après le renversement de Zine ben Ali. Conscient des inquiétudes qu’il suscite en Tunisie comme à l’étranger, le parti islamiste s’est don dit prêt à former une alliance avec les deux formations laïques arrivées derrière lui, le Congrès pour la république et Ettakatol. «Nous sommes prêts à former une alliance avec le Congrès pour la république de Moncef Marzouki et l’Ettakatol de Moustapha Ben Jaafar puisque leurs opinions ne sont pas éloignées des nôtres et que ces deux partis ont obtenu un grand nombre de suffrages», a dit à Reuters Ali Larayd, membre du comité exécutif d’Ennahda (Renaissance).
Le PDP reconnaît sa défaite
Auparavant, la formation islamiste, interdite sous le régime de Zine ben Ali, a indiqué sur la foi des résultats affichés localement devant les bureaux de vote qu’elle avait remporté plus de 30% des voix, arrivant en première place sur le plan national et dans la plupart des régions. «Nous ne ferons l’économie d’aucun effort pour forger une alliance politique stable au sein de l’assemblée constituante», a annoncé Abdelhamid Jlazzi, directeur de campagne d’Ennahda, tandis que montaient des «Allah Akbar!» (Dieu est grand) dans les rangs de ses partisans. A l’extérieur du siège du parti, pendant que résonnaient ces cris de victoire, une jeune femme voilée s’est réjouie de vivre ce «moment historique». «Personne ne peut douter du résultat. Ce résultat montre très clairement que le peuple tunisien est attaché à son identité islamique», a dit Zeinab Omri. Les seuls résultats officiels disponibles concernent le vote des Tunisiens de l’étranger, qui votaient avant dimanche. Sur les 18 sièges qu’ils devaient désigner, neuf sont allés à Ennahda, quatre au Congrès pour la république de Moncef Marzouki, longtemps exilé en France, trois à l’Ettakatol. Sans attendre la proclamation des résultats par l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), le Parti démocratique progressiste (PDP), formation laïque qui s’est placée en pointe dans le combat contre les islamistes, a reconnu sa défaite. «Le PDP respecte le jeu démocratique. Le peuple a accordé sa confiance à ceux qu’il a considérés comme étant dignes de cette confiance. Nous félicitons le vainqueur et nous siégerons dans les rangs de l’opposition», indique le parti de Najib Chebbi dans un communiqué adressé à l’agence Reuters.
Les droits des femmes menacés?
Ennahda s’est attaché pendant toute la campagne à se présenter comme le représentant d’un islamisme modéré sur le modèle du parti AKP, au pouvoir en Turquie. Mais une partie de la population, soucieuse de préserver la laïcité historiquement attachée à la Tunisie indépendante, s’inquiète de la résurgence des islamistes. Lundi soir, une cinquantaine de militants laïques se sont réunis devant le siège de l’ISIE, réclamant des investigations sur des irrégularités dont ils accusent les islamistes. «Je suis vraiment habitée par la peur et l’inquiétude face à ce résultat», témoigne Meriam Osmani, une journaliste de 28 ans. «Les droits des femmes vont être rabotés et une fois qu’Ennahda aura formé une majorité à l’Assemblée constituante, on assistera au retour de la dictature», ajoute-t-elle. En plus de la rédaction de la nouvelle constitution du pays, les 217 membres de l’assemblée élue dimanche devront former un nouveau gouvernement provisoire avant des élections législatives et présidentielles prévues l’année prochaine.
Source : « 20 minutes.fr » Le 25-10-2011
Ennahda, un parti « pas comme les autres »
Rencontre avec des Tunisiens qui ont choisi de voter pour le parti islamiste.
Sous les arbres de l’avenue Bourguiba, à Tunis, Najoua sort d’un entretien d’embauche. Un voile islamique encadre le joli visage de cette diplômée en imagerie médicale. Comme une grande partie des Tunisiens – plus de 30% selon les dernières estimations – elle a choisi de donner sa voix au parti Ennahda lors des élections de l’Assemblée constituante, pour se sentir respectée.
« Dans la société, on n’accepte pas celles qui portent le voile. Peut-être que lorsqu’Ennahda sera au pouvoir, il y aura plus de respect envers nous, nous allons trouver notre place ici, dans notre pays », a-t-elle déclaré à l’envoyé spécial d’Europe 1 à Tunis. Elle espère aussi que son vote lui permettra de sortir de quatre ans de chômage.
Peu pratiquant
Le mari de Fajoua, Faouzi, est professeur de technologie. Lui aussi a voté Ennahda, parce que le parti représente, selon lui, la meilleure rupture avec l’ancien régime, celui de Ben Ali. Il l’a également choisi pour ses compétences et son programme : « il contient beaucoup de cadres, de professeurs et d’ingénieurs. De plus, ils sont clairs, plus que les autres. Ils touchent la société, ils ne sont pas comme les autres. Les autres partis, ils veulent que 10% vivent dans le confort, et les autres restent misérables, comme dit Victor Hugo. Je ne veux pas ça. Je veux la justice ».
Faouzi n’a pas choisi Ennahda pour son aspect religieux. Peu pratiquant, il pense que le parti islamiste n’imposera pas de règles religieuses strictes, comme en Arabie Saoudite. A l’instar de nombreux Tunisiens, il cite le modèle turc et ses islamistes modérés, qu’il considère comme un modèle de développement pour la future Tunisie.
Source : « Europe1.fr » Le 25-10-2011
Lien : http://www.europe1.fr/International/Ennahda-un-parti-pas-comme-les-autres-785209/
L’islam tunisien est u islam stable
«Tous les électeurs tunisiens s’attendaient à ce que le parti islamiste décroche au moins 90 sièges (NDLR: sur les 217 que comptera l’Assemblée constituante), ces résultats étaient prévisibles», indique Mouhammed Aimen, étudiant tunisien habitant à Differdange. Il a voté à Luxembourg-Ville, «ça a été un sentiment exceptionnel, non pas vraiment pour moi, parce qu’au Luxembourg, c’est plutôt normal de voter mais j’ai les larmes aux yeux quand j’ai vu les files d’attente en Tunisie», confie l’étudiant de 26 ans.
«D’habitude, les gens en Tunisie font la queue pour avoir du pain et là, c’était presque bizarre, ils se sont levés très tôt pour attendre devant les bureaux de vote, c’est inimaginable!».
La sécurité avant la croissance
Quand on lui soumet les craintes de certains dirigeants occidentaux quant aux résultats importants du parti islamiste Ennahda, Mouhammed Aimen les balaie d’un revers de main. «Les islamistes tunisiens ne sont pas les mêmes qu’en Égypte ou ailleurs; ce sont des gens éduqués, des professeurs d’université ou de grands économistes, l’islam tunisien est un islam stable et c’est pour ça que les électeurs ont voté pour eux».
Et pour ramener la sécurité aussi «et surtout», «même avant la croissance économique», appuie Mouhammed. «Les Tunisiens ne peuvent pas vivre sans sécurité; il faut changer la mentalité des policiers ainsi que leur ancienne façon de faire et chasser la corruption».
Source: “L’essentiel” Le 25-10-2011