25 octobre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2347 du 25.10.2006

 archives : www.tunisnews.net


AFP: La Tunisie ferme son ambassade à Doha pour protester contre Al-Jazeera

AP: La Tunisie décide de fermer son ambassade à Doha

AFP: Fin de l’enquête judiciaire française sur l’attentat de Djerba Jeune Afrique: La télévision de la discorde DOSSIER SPECIAL de l’AFP sur le port du voile islamique en Europe

Le Figaro: Les cheikhs du Golfe s’offrent la Sorbonne

 

Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens

Voir également les documents vidéo:

 

Le Cri De Détresse De La Famille Du Prisonnier Politique Fathi Issaoui  

Nouveau témoignage vidéo de l’AISPP sur les multiples condamnations pour les mêmes faits en Tunisie.

 (Source : www.nawaat.org )

 


L’ACAT-France tire les leçond de l’affaire des Jeunes de

Zarzis http://www.acat.asso.fr/courrier/annee_2006/Courrier_268/fichiers_PDF/tunisie_268.pdf


 

La Tunisie ferme son ambassade à Doha pour protester contre Al-Jazeera

 
mercredi 25 octobre 2006, 17h10  TUNIS (AFP) – Le ministère tunisien des Affaires étrangères a annoncé mercredi la fermeture de l’ambassade de Tunisie à Doha pour protester contre une « campagne hostile » de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, qui a récemment diffusé deux interviews d’un opposant tunisien. « La Tunisie a décidé de mettre fin à sa représentation diplomatique au Qatar et de fermer son ambassade à Doha, malgré l’estime et le respect qu’elle porte à ce pays frère », a indiqué le ministère dans un communiqué. Cette décision a été prise après la diffusion le 14 octobre par Al-Jazeera d’une interview d’un opposant tunisien établi en France, Moncef Marzouki, appelant à la « résistance civile » contre les autorités tunisiennes. Al-Jazeera « tourne le dos à la vérité et à l’objectivité chaque fois qu’elle aborde l’actualité en Tunisie, méprisant les règles élémentaires de la déontologie et semblant mener une campagne hostile destinée à nuire à la Tunisie », a indiqué le ministère des Affaires étrangères. La chaîne qatarie a diffusé samedi dernier une seconde interview de M. Marzouki, chef du Congrès pour la République (interdit), quelques heures après son retour en Tunisie. M. Marzouki, 61 ans, qui avait été laissé libre à son arrivée à Tunis, avait notamment déclaré qu’il refusait de se rendre à une convocation d’un juge d’instruction souhaitant l’interroger sur son appel, dans sa première interview, « à l’unification de toutes les formes de résistance ». « Par ses prises de position délibérément malveillantes à l’égard de la Tunisie, Al-Jazeera a dépassé toutes les limites et transgressé les règles morales sur lesquelles repose la pratique journalistique », est-il ajouté dans le communiqué. Pour Tunis, « de telles prises de position sont en outre en contradiction avec le principe de la libre expression, car elles incitent aux désordres et appellent à la sédition ce qui viole les lois et usages internationaux et les valeurs qui fondent les relations entre Etats ». « La Tunisie, qui respecte et exerce la liberté d’opinion et d’expression et qui apprécie à sa juste valeur toute information honnête a fait siennes ces nobles valeurs qu’elle a érigées en choix fondamental dans ses orientations politiques », a ajouté le ministère tunisien des Affaires étrangères.


La Tunisie décide de fermer son ambassade à Doha

 
AP | 25.10.06 | 18:57

TUNIS (AP) — La Tunisie a décidé de fermer son ambassade à Doha (Qatar), a annoncé mercredi un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères. De même source on justifie cette mesure par la « campagne hostile » menée par la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira contre la Tunisie. Al-Jazira a diffusé en l’espace d’une semaine deux interviews de l’opposant tunisien Moncef Marzouki dans lesquelles le chef du Congrès pour la République (CPR, interdit) appelle les Tunisiens à la « résistance civile » contre le régime, la première à la mi-octobre lorsque ce dernier était encore en France, où il est établi depuis cinq ans, et la deuxième samedi dernier à son retour à Tunis. La chaine qatarie a également organisé un débat autour de la question du voile islamique en Tunisie au cours de laquelle des intervenants ont accusé les autorités tunisiennes de « violation des droits individuels ». Tunis accuse Al-Jazira de « mener une campagne hostile destinée à nuire à la Tunisie » en « tournant le dos à la vérité et à l’objectivité chaque fois qu’elle aborde l’actualité en Tunisie et en méprisant les règles élémentaires de la déontologie ». Après avoir fait valoir que « la Tunisie respecte et exerce la liberté d’opinion et d’expression et apprécie à sa juste valeur toute information honnête », le communiqué considère que « par ses prises de position délibérément malveillantes à l’égard de la Tunisie, Al-Jazira a dépassé toutes les limites et transgressé les règles morales sur lesquelles repose la pratique journalistique ». Selon Tunis, « de telles prises de position sont, en outre, en contradiction avec le principe de la libre expression, car elles incitent au désordre et appellent à la sédition, ce qui viole les lois et usages internationaux et les valeurs qui fondent les relations entre Etats ». Face à une cette évolution qu’elle qualifie de « dangereuse », la Tunisie a décidé de mettre fin à sa représentation diplomatique au Qatar et de fermer son ambassade à Doha, « malgré l’estime et le respect qu’elle porte à ce pays frère ». AP


Fin de l’enquête judiciaire française sur l’attentat de Djerba

AFP 24.10.06 | 11h58 Le juge Jean-Louis Bruguière vient de clore son enquête sur l’attentat de Djerba, en Tunisie (21 morts en 2002) dans laquelle cinq personnes sont mises en examen dont le commanditaire présumé, Christian Ganczarski, présenté comme un proche d’Oussama Ben Laden, a annoncé mardi une source judiciaire confirmant une information du Parisien. L’avis de fin d’information a été adressé la semaine dernière aux « parties » de ce dossier, qui disposent d’un délai de 20 jours pour demander des actes complémentaires. Le dossier sera ensuite transmis au procureur de la République de Paris qui prendra ses réquisitions. Il s’agit du premier dossier terroriste français lié au réseau Al-Qaïda dont les auteurs présumés pourraient être jugés devant une cour d’assises, a-t-on précisé de même source. Trois des suspects du dossier, Christian Ganczarski, Walid Naouar, frère du kamikaze qui s’était fait exploser dans la synagogue de Djerba, et Khalid Cheikh Mohammed, cerveau présumé des attentats du 11 septembre qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international dans ce dossier, sont en effet mis en examen pour « complicité d’assassinats » en relation avec une entreprise terroriste. Les cas de deux autres mis en examen, des Tunisiens proches de Walid Naouar, mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » pourraient être disjoints dans la perspective de leur éventuel renvoi en correctionnelle. L’attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie) avait fait 21 morts dont 14 touristes allemands le 11 avril 2002. (Source : Lemonde.fr, le 24 octobre 2006)  

La télévision de la discorde

Signe de la détérioration des rapports, déjà tendus, entre la Tunisie et le Qatar, Jalloul Jaribi (Erreur : Il s’agit au contraire de M. mohamed Saad), l’ambassadeur tunisien à Doha, vient d’être rappelé « pour consultation » à Tunis. La décision traduit, selon des sources diplomatiques arabes, l’exaspération des autorités tunisiennes face à la couverture « non équilibrée » de l’actualité tunisienne par la chaîne de télévision satellitaire Al Jazira financée par l’émir de Doha. Une récente émission faisant la part belle aux critiques contre l’interdiction du port du voile dans certains établissements publics tunisiens aurait été la goutte qui a fait déborder le vase. (Source : Jeune Afrique N° 2389 du 22 au 28 octobre 2006)  

TIB : expansion maghrébine

par SAMIR GHARBI, MARIANNE MEUNIER, PHILIPPE PERDRIX, RIDHA KÉFI Pour Mohamed Fekih, vice-président et directeur général de la Tunis International Bank (TIB), l’année 2006 devrait confirmer les très bons résultats enregistrés en 2005 : + 36,8 % de bénéfices nets (à 9,2 millions de dollars), un rendement de 20 % pour les actionnaires (tous moyen-orientaux) et une expansion non-stop au Maghreb. Créée en 1982, la TIB appartient en majorité au groupe Kipco (Bahreïn) via l’une de ses filiales, la United Gulf Bank (86,56 % du capital de la TIB), ainsi qu’à une vingtaine d’autres actionnaires du Golfe (13,44 %). Mohamed Fekih, dont les fonctions ont été renforcées lors de l’assemblée générale du 11 avril 2006, est également satisfait des bonnes performances de la filiale du groupe en Algérie : après dix-huit mois d’activité, Algeria Gulf Bank (AGB), au capital de 2,5 milliards de dinars algériens (35 millions de dollars), a réalisé un bénéfice supérieur à 1 million de dollars. À cela s’ajoute la mise en route, au premier semestre 2006, d’un bureau de représentation à Tripoli, en Libye. (Source : Jeune Afrique N° 2389 du 22 au 28 octobre 2006)


« Le Maghrébin », Sommaire de l’édition du 24 octobre  2006

Editorial: L’islam entre extrémistes et provocateurs, par Asma Chraïbi L’événement culturel de cette semaine est le débat du jeudi 26 octobre qui se déroulera à l’Institut du Monde Arabe à l’occasion de la sortie du livre encyclopédique intitulé « Histoire de l’islam et des musulmans en France du moyen âge à nos jours », ouvrage dirigé par le grand penseur algérien le Professeur Mohamed Arkoun et préfacé par le grand historien Jacques le Goff. Cet immense travail -qui compte pas moins de 1200 pages grand format et auquel ont participé plus de 70 chercheurs musulmans et français- retrace l’histoire des rapports entre l’islam et la France depuis 13 siècles. En effet les chercheurs ont analysé et cerné tous les épisodes tumultueux depuis la fameuse bataille de Poitiers (732) jusqu’aux plus récents débats autours du foulard islamique, des images caricaturales, etc.…

Tunisie: Progression de la pauvreté, par Fatima Kabba L’Union Générale Tunisienne du Travail (centrale syndicale tunisienne unique), dont la direction est connue pour être en bonne intelligence avec le Système de Mr Ben Ali, n’a pas pu malgré toutes ces prudences, ne pas s’associer à  la campagne que  six autres organisations tunisiennes ont lancée  contre ce qu’ils ont qualifié dans un communiqué commun  au début du mois d’octobre  « de propagation de la pauvreté en Tunisie ».Le fait est en soi éloquent et ne peut qu‘attester de la véracité du phénomène.

Maroc: « Les Salafistes posent un vrai problème au Maroc » par Giles Kepel A un moment, les responsables et la police concédèrent qu’ils jouaient un rôle de protection au sein des jeunes contre les dérives de la déliquescence. Mais sans faire attention, ils préparaient le terrain aux Salafistes Jihadistes pour recruter certains jeunes. Certaines arrestations ont montré que leur parcours commence par les idées dogmatiques des salafistes et ils finissent par être embarqués par les djihadistes et l’exécution des opérations ».

Mauritanie: Ahmed Ould Daddah inquiet,  par Mehdi Amine Le Rassemblement des Forces Démocratiques mauritanien se dit inquiet à l’approche des élections législatives du 19 novembre. C’est ce qu’a fait savoir son président, Ahmed Ould Daddah, dans un entretien accordé à la chaîne de radio RFI. « Nous avons eu beaucoup d’inquiétudes ces derniers temps », a déclaré le leader du RFD à sa sortie d’un entretien avec le chef de l’Etat mauritanien, un entretien auquel ont pris part d’autres formations politiques.

ليبيا: خطاب المهندس سيف الإسلام القذافي والرؤية المتشائلة بقلم اللأستاذ ضو المنصوري عون الانتقادات المنهجية التي تضمنها خطاب سيف الإسلام القذافي ، لم تكن مفاجئة للمتتبعين للشأن العام، فمن خلال تقارير مؤسسة القذافي للتنمية والمقابلات الصحفية التي أجريت معه بات جلياً ان أمرا ما لابد ان يحصل ، وآلا فقدت المؤسسة و أدارتها مصداقيتها ولم تعد محلاً لتقه الذين علقوا عليها آمالهم. جاء الخطاب في 20 أغسطس وقبل عشرة أيام من الاحتفال بالذكرى السابعة والثلاثين من عمر الثورة ، وفى ظل ظروف دولية وداخلية مهيأة لما تضمنه من انتقادات جوهرية لمجمل التوجهات الاقتصادية والسياسية في لـيـبـيـا

Société: Un ramadan aux antipodes de l’Esprit, par Djameledine Ben Chenouff Le jeûne est recommandé, parfois prescrit, par presque toutes les religions, même les plus primitives. L’homme a peut être pensé que c’était là le moyen de soumettre son corps à sa seule volonté, de combattre tous ces instincts bestiaux qui naissent avec lui , de vaincre ces besoins irrsistibles d’un corps despotique, de le mortifier, de le subjuguer et de s’ élever, ne serait ce que pendant quelques heures, vers des états extatiques que ne peuvent vivre que ceux qui peuvent se libérer.

Maghreb : Nous nous dirigeons vers un Maghreb des régions, par  Benjamin Stora Profondément laïque et manifestant une grande empathie, mais sans concessions, pour son sujet de prédilection – les nationalismes maghrébins -, Benjamin Stora poursuit ses recherches sur le terrain : il est actuellement détaché au Centre de recherches de sciences humaines et sociales de Rabat. Dés le déclenchement de la « deuxième guerre d’Algérie », à l’hiver 1991, il a adopté une position critique tant envers les islamistes, dont il expliquait la montée en puissance, au sein d’une jeunesse en proie au chômage, essentiellement par les errements du régime « militaro- bureaucratique » en place, qu’à l’égard du régime lui-même. Il s’est ainsi longtemps attiré les foudres à la fois des intégristes et du courant « éradicateur »

Le sommaire en détails : Editorial : l’Islam entre extremistes et provocateurs, par Asma Chraïbi.  SU :  informations confidentielles. Politique : Algérie : Privatisation rime avec bradage, par Ahmed Kaci.  Maroc : Les salafistes posent un vrai problème au Maroc, par Youcef Lahlali. Tunisie: Progression de la pauvreté, par Fatima Kabba. Mauritanie: L’inquiétude d’Ahmed Ould Dadah.  Maghreb: Nous nous dirigeons vers un Maghreb des régions, par Benjamin Stora. Maghreb: L’Italie et le Maghreb au moyen âge , par Georges JehelChronique : Sidi Ammis, quatrième  Ziara…

(Source : « Le Maghrébin », édition du 24 octobre 2006)

Lien : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/


DOSSIER SPECIAL de l’AFP sur le port du voile islamique en Europe

PARIS, 25 octobre 2006 – A la suite de la polémique suscitée dans différents pays par le port du voile islamique, en particulier en Grande-Bretagne, l’Agence France Presse a diffusé ce mercredi 25 octobre 2006 le dossier suivant: AFP, le 25 octobre 2006 Voile: la Grande-Bretagne s’interroge sur les bienfaits de la laïcité Par Cyril BELAUD LONDRES, 25 oct 2006 (AFP) – Le débat sur le voile fait s’interroger la Grande-Bretagne sur les vertus de son modèle multiculturel et sur la place du religieux dans la société, au point d’accorder un écho nouveau, quoiqu’encore modéré, aux arguments des défenseurs de la laïcité. La dénonciation par Jack Straw puis Tony Blair du voile comme signe de la séparation des communautés, puis l’indignation suscitée par le cas d’une jeune musulmane refusant d’enlever son niqab (voile intégral) ont creusé une nouvelle brèche dans le multiculturalisme britannique. Célébrant la diversité ethnique, ce modèle, mis en place dans les années 60, met l’accent sur la tolérance d’une société respectant la culture et la religion de chaque communauté, sans les soumettre à un modèle dominant. Il s’oppose au système français d’assimilation. Mais sur la sellette depuis des années pour son incapacité à vraiment intégrer ses minorités, puis sérieusement ébranlé après les attentats du 7 juillet 2005 à Londres, perpétré par de jeunes musulmans britanniques, le multiculturalisme laisse aujourd’hui s’exprimer les tenants d’un concept de laïcité (« secularism ») auparavant tabou. Cette semaine, le Sunday Times a posé la question crûment: « Est-il temps de faire sortir Dieu de l’Etat? ». La semaine dernière, l’Independent écrivait dans son éditorial: « En tant que journal laïque et libéral, nous croyons fermement à la séparation de l’Eglise et de l’Etat ». Dans le même numéro, le journal suggérait que le modèle français serait plus efficace. « L’approche +français est français+ semble mieux marcher que l’approche +britannique veut tout dire+, osait-il, s’appuyant sur une enquête récente du centre de recherche américain Pew, qui montre que 81% de musulmans britanniques se disent d’abord musulmans, contre 42% de musulmans français qui mettent en avant leur identité religieuse. La presse, toutes tendances confondues, a laissé s’exprimer des opinions telles que celles de Terry Sanderson, vice-président de la Société laïque nationale: « Le temps est venu de sérieusement considérer la question de faire de la Grande-Bretagne une démocratie laïque ». Le débat est centré sur le rôle des écoles confessionnelles et de l’Eglise d’Angleterre. Créées par un accord datant de 1944, les écoles confessionnelles sont maintenant au nombre de 7.000 – soit un tiers des écoles publiques – essentiellement chrétiennes. Au fil du temps, les autres confessions ont affirmé leurs prétentions à disposer d’écoles ainsi financées par l’Etat. Il existe au moins 36 écoles juives, sept musulmanes et deux sikhs. Les musulmans espèrent obtenir le financement de 150 établissements supplémentaires. Mais ces écoles sont désormais vues comme le ferment de la séparation entre les communautés et de nombreuses voix ont réclamé leur suppression. Sans aller aussi loin, Alan Johnson, le ministre de l’Education, a cependant proposé un amendement pour que les futures écoles confessionnelles intègrent 25% d’élèves de religion différente ou athées. L’autre front d’attaque des défenseurs de la laïcité est d’appeler à la remise en cause du caractère officiel de l’Eglise d’Angleterre, qui dispose de privilèges que lui envient les autres religions, et de limiter l’expression religieuse à la sphère privée. En raison du caractère officiel de l’Eglise anglicane, chaque journée au parlement débute par la prière. La reine, qui en est le « gouverneur suprême », en nomme l’archévêque et les évêques sur proposition du Premier ministre. Les évêques occupent même 26 sièges à la chambre des Lords, la chambre basse du parlement. L’idée de séparation de l’Eglise et de l’Etat (« disestablishment »), récurrente depuis le milieu du 19e siècle, refait donc progressivement son chemin. Mais le débat, encore embryonnaire, reste complexe. Plus qu’une séparation stricte, certains prônent un « co-establishment », accordant les mêmes droits à chaque confession.
AFP
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Hidjab, niqab, tchador et burqa: les différents voiles islamiques

AFP, le 25 octobre 2006 PARIS, 25 oct 2006 (AFP) – Le voile islamique, dont le port s’impose à de nombreuses femmes musulmanes tenues de se cacher au moins partiellement le visage, s’inscrit dans des traditions souvent antérieures à l’islam lui-même. Le port du voile pour les femmes est attesté chez les juifs dans la Bible depuis des temps immémoriaux et existait chez les Arabes avant l’avènement de l’islam. Le hidjab (ou hidjeben, en dialecte maghrébin) est formé sur la racine arabe hajaba, qui signifie cacher, dérober aux regards, mettre une distance. Ce voile cache les cheveux, les oreilles et le cou, ne laissant voir que l’ovale du visage. Promu par les Frères musulmans, il est souvent complété par une tunique ou un imperméable. Il s’est généralisé dans le monde musulman, remplaçant les tenues traditionnelles, remontant à l’époque romaine, comme le « haïk » en Afrique du Nord, grande pièce de laine ou de coton d’environ 5 m sur 1,60 m, qui dissimule les formes du corps et voile le visage. Le voile s’appelle aussi lithâm (cache-nez) ou encore khimâr, terme générique qui désigne tout ce qui couvre la tête: mantille, châle ou écharpe. La burqa est, à l’origine, le vêtement traditionnel des tribus pachtounes en Afghanistan. Ce long voile, bleu ou marron, couvre complètement la tête et le corps de la femme musulmane. Un grillage cache les yeux. Depuis quelques années, cette tenue est devenue, aux yeux du monde occidental, le symbole du régime des talibans en Afghanistan, qui l’ont rendue obligatoire. La burqa a son équivalents arabe, le niqab, qui s’est répandu sous l’influence de l’islam wahhabite. Ce grand voile est complété par une étoffe ne laissant apparaître qu’une fente pour les yeux. Certaines femmes y ajoutent des lunettes de soleil et des gants. Niqab vient de la racine arabe naqaba, qui veut dire trouer, parce qu’il ne laisse que deux « trous » pour les yeux. Le tchador, en Iran, est un vêtement traditionnel porté par les femmes, utilisé principalement aujourd’hui par les pratiquantes. Il s’agit d’une pièce de tissu semi-circulaire ouverte sur le devant qui ne possède ni ouverture pour les mains ni fermeture, mais est tenue par les mains ou les dents, ou encore en entourant ses extrémités autour de la taille. Le port du tchador n’est pas obligatoire dans la République islamique à la différence du port d’un voile sur la tête. AFP
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Comme le Royaume-Uni, d’autres pays d’Europe s’interrogent face au voile

AFP, le 25 octobre 2006 LONDRES, 25 oct 2006 (AFP) – Le débat actuel sur le Niqab au Royaume-Uni prolonge celui entamé dans de nombreux autres pays européens, où le voile islamique est devenu le symbole des interrogations sur l’intégration des musulmans. France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suède… les pays européens sont confrontés à des degrés divers à la même question, face à des voiles qui se sont faits plus nombreux ces dernières années et sont devenus parfois la marque la plus visible d’une « séparation » des communautés, selon les termes du Premier ministre britannique Tony Blair. « Dans la plupart des pays européens, un débat similaire est en cours », a-t-il récemment souligné, ajoutant que derrière la question du voile se dessinait un débat plus large, « sur la relation entre notre société et comment la communauté musulmane s’y intègre ». Au Royaume-Uni, où les attentats du 7 juillet 2005 ont remis en cause le modèle « multiculturel » cher aux Britanniques, le débat s’est concentré ces derniers jours sur le niqab, tenue islamique pourtant marginale, qui ne laisse voir que les yeux: une institutrice de 24 ans, Aishah Azmi, a été suspendue après avoir refusé de l’enlever en classe. Les prud’hommes locaux ont refusé l’argument qu’elle avait été victime de discrimination, mettant en avant l’intérêt des enfants. Comme dans d’autres pays européens, le gouvernement a laissé aux autorités locales la responsabilité de la décision. Quelque 1,6 million de musulmans vivent au Royaume-Uni, majoritairement pakistanais et bangladais. La France, pays européen avec la plus forte proportion de musulmans (environ 5 millions, principalement du Maghreb), est à ce jour l’un des rares à avoir légiféré au niveau national, interdisant en mars 2004 le port de signes religieux ostentatoires à l’école publique, dont le hijab, voile qui laisse l’essentiel du visage dégagé. Le niqab y reste très minoritaire, mais commence également à susciter un malaise. Un député UMP (droite/majoritaire), Jacques Myard, a ainsi déposé en avril une proposition de loi préconisant deux mois d’emprisonnement et 3.750 euros d’amende en cas de violation du principe selon lequel « toute personne allant et venant sur le territoire de la République doit avoir le visage découvert permettant aisément sa reconnaissance ou son identification ». Selon lui, le niqab « est une violation de l’égalité des sexes, un très grave danger pour le vouloir vivre ensemble ». Aux Pays-Bas, où 5,8% de la population est musulmane et où les fonctionnaires peuvent porter le voile sauf « si celui-ci interfère avec la sécurité, la fonctionnalité ou l’impartialité », le débat se concentre également désormais sur la burqa (version afghane du niqab), même si elle ne concerne qu’une minorité. Le parlement, il y a un an, a voté pour l’interdire dans les lieux publics, mais la mesure n’est pas encore appliquée, le ministère de la Justice estimant qu’elle est en contradiction avec la loi antidiscrimination. En Allemagne, où vivent plus de 3,2 millions de musulmans majoritairement turcs, le débat dure aussi depuis plusieurs années. Certains Länder ont changé la loi et d’autres sont en train de légiférer en vue d’interdire de manière plus ou moins stricte les signes religieux à l’école. Ainsi, le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) a interdit en avril 2004 aux enseignantes le port du voile à l’école. En revanche, le tribunal administratif de Stuttgart a autorisé en juillet une institutrice convertie à porter le foulard islamique dans une école publique. Dans ce contexte, plusieurs personnalités allemandes d’origine turque ont appelé à la mi-octobre les musulmanes allemandes à abandonner le foulard, pour marquer leur intégration. En Italie, où vivent environ un million de musulmans, la question du voile a été relancée la semaine dernière par une déclaration du chef du gouvernement Romano Prodi. « Si une femme veut porter le voile, très bien », mais le « bon sens » demande que son visage ne soit pas caché, a-t-il dit. Un récent incident lors d’un débat télévisé a révélé l’extrême sensibilité du sujet. Daniela Santanché, députée Alliance Nationale (droite), a été traitée d' »infidèle » par un 87imam fondamentaliste, pour avoir avancé que le port du voile n’était pas une prescription du Coran. Cet échange a valu à la députée une protection policière et des manifestations de solidarité de responsables politiques de gauche comme de droite, qui ont tous insisté sur la nécessité pour les musulmans de « s’intégrer ». En Belgique, où les musulmans, pour l’essentiel d’origine marocaine ou turque, représentent 4,5% de la population, la question du voile revient aussi régulièrement, mais la réglementation en incombe aux autorités locales. Un petit nombre de communes, en Flandre (nord) et à Bruxelles, ont interdit la burqa ou d’autres vêtements masquant entièrement le visage, en se basant sur des règlements de police prévus pour réglementer… le port des masques de carnaval. Et le débat fait également rage en Turquie, pays musulman à 99% mais strictement laïc, où les voiles sont interdits depuis des années dans les universités et la fonction publique. Le pays est profondément divisé sur la question. AFP
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En France, plus aucune jeune fille ne vient à l’école avec un voile

 

AFP, le 25 octobre 2006 PARIS, 25 oct 2006 (AFP) – Une loi de 2004 bannissant le port du voile à l’école en France, qui avait suscité des réactions hostiles dans de nombreux pays musulmans, a eu un effet rapide et spectaculaire: aucune jeune fille ne s’est présentée voilée aux deux dernières rentrées scolaires, contre 1.500 en 2003. Seuls quatre cas litigieux ont été recensés cette année par le ministère de l’Education nationale, tous concernant de jeunes sikhs qui refusent de retirer leur coiffe. En septembre 2004, 47 jeunes avaient été exclus de leur établissement sur les 639 qui s’étaient présentés à la rentrée en portant une grande croix, un turban ou un voile, contrevenant ainsi à la loi du 15 mars 2004 sur la laïcité qui interdit les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires. Dernière voie de recours pour ceux qui refusent ces décisions, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, doit prochainement statuer sur cinq cas litigieux. « On ne pensait pas que ça se passerait aussi bien, parce que chaque jeune auquel on s’opposait avant le prenait pour lui alors qu’à partir du moment où il y a une loi, cela concerne tout le monde et personne ne se sent particulièrement visé », explique Jean-Claude Lafay, membre du SNPDEN, le principal syndicat de proviseurs. Pour lui, il s’agit d' »un problème marginal en France, pas spécifique à une religion et en particulier à la religion musulmane ». « Les jeunes catholiques intégristes, les jeunes juifs intégristes ne posent pas moins de problèmes », assure-t-il. On sait peu de choses sur les élèves exclus ou qui ont simplement renoncé à se scolariser, sauf qu’ils sont peu nombreux. « La majorité a retiré son voile mais le vit très mal », assure cependant Nora Rami, porte-parole du « comité 15 mars et libertés » qui a instauré une permanence téléphonique pour les familles se refusant à appliquer la nouvelle loi. Les autres se sont inscrites au Centre national d’enseignement à distance, (CNED) suivent leurs études en Belgique ou, dans certains cas, sont reparties dans leur pays d’origine. Selon Mme Rami, l’enseignement privé (à 97% catholique en France), non concerné par la loi, a refusé d’accueillir les jeunes filles qui désiraient garder leur voile. AFP
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De plus en plus de femmes voilées au Maghreb

 

AFP, le 25 octobre 2006 TUNIS, 25 oct 2006 (AFP) – Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se voiler au Maghreb, témoignant souvent d’un regain de religiosité, mais aussi d’une affirmation identitaire ou politique, voire d’un effet de mode. En Algérie, comme en Tunisie et au Maroc, le port du voile s’est développé ces dernières années, notamment chez les jeunes filles et femmes, alors que la tendance demeure stable en Libye et en Mauritanie où elles ont traditionnellement la tête couverte. Aucune loi ne régit le port ou l’interdiction du voile en Afrique du Nord, sauf en Tunisie où un décret de 1981 promulgué sous la présidence du père de l’indépendance Habib Bourguiba proscrit le port de « l’habit sectaire » dans les lieux publics. La célébration, cette année, du cinquantième anniversaire du « Code du statut personnel » accordant aux Tunisiennes les droits les plus étendus de tout le monde arabo-musulman n’a en rien freiné un phénomène perceptible dans tous les milieux. En soulignant leur attachement à la religion musulmane, les autorités ont lancé en octobre une vigoureuse campagne contre les habitudes vestimentaires « d’inspiration sectaire importées de l’extérieur ». Si les contrôles sont devenus stricts en Tunisie, des policiers obligeant des femmes à se dévoiler dans les lieux publics, le foulard, qui couvre la tête et le pourtour du visage est en revanche fréquent dans les universités marocaines, où les syndicats étudiants sont contrôlés par un mouvement islamiste radical. L’interdiction du voile à Royal Air Maroc a suscité la semaine dernière une protestation d’un député islamiste, qui a sommé la direction de la compagnie de respecter « les croyances religieuses ». En Algérie, l’interdiction du Front islamique du salut en 1991 avait été suivie de l’abandon du voile par de nombreuses femmes. Mais comme dans les pays voisins, d’autres l’ont désormais adopté. Au-delà d’un retour à la religion encouragé par des prédicateurs et des télécoranistes arabes très écoutés au Maghreb sur les chaînes satellitaires émettant d’Egypte et de plusieurs pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, cette tendance semble aussi répondre à une affirmation identitaire. La guerre en Irak, l’invasion israélienne du Liban et le conflit avec les Palestiniens, tout comme les difficultés d’émigration en Europe sont autant d’événements qui amènent des jeunes filles à adopter le voile et à affirmer leurs traditions musulmanes face au monde occidental. Sans être obligatoirement un emblème de l’islamisme militant, comme il le fut en Algérie où, selon le sociologue Nasser Djabi, il « n’exprime plus de projet politique », le voile permet parfois, comme l’affirment des Tunisiennes, un moyen de manifester son opposition au pouvoir en bravant un interdit. De Tripoli à Casablanca, comme de Nouakchott à Kairouan, le voile est enfin pour nombre de Maghrébines un effet de mode confirmé par le succès des commerces de « tenues islamiques ». Voiles de luxe brodés de fils d’or et pièces d’étoffe légère et colorée rehaussant l’éclat du visage y côtoient de stricts couvre-chefs de couleur sombre portés parfois avec un ample manteau long pour éviter, comme le confie une ménagère tunisienne, d’être « importunée dans la rue ». Le port du « niqab » qui dissimule entièrement le visage, sauf les yeux, demeure marginal au Maghreb. AFP
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Le voile au pluriel en Egypte

Par Alain Navarro
AFP, le 25 octobre 2006 LE CAIRE, 25 oct 2006 (AFP) – Des banlieues miséreuses aux quartiers chics, la question pour les musulmanes égyptiennes n’est plus de se voiler ou pas, mais de choisir son voile, du plus rigoriste au plus branché. Après 30 ans de réislamisation, les femmes nue-tête sont aujourd’hui archi-minoritaires sur les bords du Nil et la plupart sont des coptes chrétiennes, elles-mêmes très minoritaires en Egypte. Par volonté idéologique ou religieuse, forte pression sociale et familiale,  les Egyptiennes sont voilées à 80 %, risque la sociologue Mona Abaza, pour qui c’est le « signe le plus réussi et le plus préoccupant de l’islamisation » Officiellement, le voile n’est ni banni dans la fonction publique ou les universités, comme en Turquie, ni obligatoire, comme en Arabie saoudite. L’épouse du président, Suzanne Moubarak, n’est pas voilée. Sur deux femmes ministres, l’une est coiffée d’un bonnet. La présidente de la 1ére chaîne de la télévision nationale, Nadia Halim, a récemment adopté le voile mais aucune présentatrice de journaux des chaînes publiques ou satellitaires privées n’apparaît voilée à l’antenne. Le temps paraît donc loin du geste inaugural, et qui fit scandale, de Hoda Charaoui, la grande féministe égyptienne, d’ôter son voile publiquement en gare du Caire à son retour d’un voyage en Europe, en 1923. C’est aujourd’hui, à rebours, une nouvelle bataille qui a repris « au nom de l’islam, et du choix personnel », en faveur du « niqab », une pèlerine de couleur sombre qui cache l’intégralité du corps et ne laisse entrevoir que les yeux. Des étudiantes qui le portaient ont été exclues du foyer de l’Université de Helwan, au sud du Caire, relançant une controverse sur « le licite et l’illicite » en matière de code vestimentaire islamique, aux enjeux ici politiques. « Je n’accepte pas qu’on dise que le niqab est une obligation », affirme Soad Saleh, professeur de droit islamique et ex-doyenne de la faculté féminine des études islamiques d’al-Azhar. Le visage ceint d’un bandeau bleu sous un voile blanc, cette réformiste musulmane, surnommée le Mufti des femmes, affirme que « cacher le visage des femmes n’est pas dans le Coran, c’est une vieille tradition bédouine ». En bas de l’échelle sociale, ce sont des Egyptiens, souvent des villageois, émigrés en Arabie saoudite et autres pays du Golfe, qui en ont rapporté le mode de vie puritain et ségrégatif à l’égard des femmes. Des militantes islamistes ont aussi mené le combat du voile à l’Université, comme une obligation religieuse, tout en y affirmant le rôle de la femme dans le combat politique contre le régime et l’Occident. A l’autre extrême, le « hijab », le voile encadrant le visage ou foulard ne cachant que les cheveux, se fait parfois frivole, de couleur vive, avec jeans et chemisettes moulantes, conjuguant islamisation et mondialisation. Après les anciennes vedettes « repenties » et tombées en dévotion, c’est une nouvelle génération de stars, comme Hanan Turk, qui se bousculent, avec voile en soie griffé, sur les écrans de cinéma ou de télévision. Regardés avec passion après le repas de rupture de jeûne de Ramadan, l’Iftar, des feuilletons offrent une nouvelle image de la femme, imprégnée de morale piétiste « new-look », comme le prêche le télécoraniste Amr Khaled. Ce sont sous l’impulsion de prédicateurs et prédicatrices « mondains » que sont aussi multipliés les salons islamiques réunissant les bourgeoises cairotes pour des « halaqat », des causeries piétistes chics. Il y aussi l’engouement pour la poupée voilée, Fulla, mise sur marché après que la police saoudienne eut bannie Barbie, qualifiée « de poupée juive » dont les tenues « honteuses » étaient « des symboles de l’Occident pervers ». AFP
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Le port du voile est respecté en Iran, mais le tchador ne progresse pas

AFP, le 25 octobre 2006 TEHERAN, 25 oct 2006 (AFP) – Le port du voile est strictement respecté en Iran mais les efforts des autorités pour imposer une tenue plus islamique à un plus grand nombre de femmes n’ont pas encore été couronnés de succès. La question ne semble d’ailleurs pas la première préoccupation des intéressées, qui souhaitent surtout une meilleure égalité de traitement avec les hommes dans les sphères juridique, professionnelle, ou maritale. Une des images traditionnelles de la république islamique véhiculée à l’étranger est celle de femmes portant le tchador, une longue robe noire et ample couvrant la tête jusqu’au pieds, et ne laissant paraître que le visage. Les plus observantes tiennent même d’une main ou entre les dents les pans de cette robe permettant de dissimuler la moitié inférieure du visage. Mais dans les villes, elles sont très nombreuses à se contenter d’un foulard, parfois de couleur vive, couvrant plus ou moins complètement la chevelure, et d’un « manto », ou manteau, plus ou moins léger selon les saisons, et plus ou moins court et cintré, censé couvrir les formes féminines. Ces règles, entrées en vigueur progressivement après la révolution islamique de 1979, s’appliquent à toutes les femmes, iraniennes ou étrangères, musulmanes ou d’une autre confession. Elles sont observées avec une application variable, et les autorités surveillent cette dernière avec une conviction tout aussi élastique. Chaque printemps, avec le retour des beaux jours et de la chaleur qui les accompagne, des jeunes femmes prennent des libertés avec ce code vestimentaire. Leur foulard glisse imperceptiblement vers l’arrière et leurs chevilles apparaissent. Et chaque année les autorités lancent une nouvelle campagne pour contenir de tels « excès ». A la fin août la police iranienne annonçait avoir donné en un mois des avertissements à 64.000 femmes à Téhéran pour mauvais port du voile islamique. A la fin mai le porte-parole du gouvernement Golamhossein Elham reconnaissait que « nous avons des problèmes » pour le respect du port du voile. « Il n’y a aucune loi pour obliger les femmes à porter le voile islamique, car le voile est un choix religieux et historique des Iraniennes », remarquait-il. « Mais il ne faut pas utiliser la violence, et plutôt faire un travail culturel », avait-il ajouté, déplorant notamment que « le marché soit envahi de vêtements qui ne conviennent pas ». La solution: « le président (Mahmoud) Ahmadinejad a ordonné au ministère du Commerce de prendre des mesures pour inonder le marché avec des vêtements conformes aux valeurs islamiques pour que les femmes aient le choix ». Cette mesure « douce » n’a eu qu’un temps, de nombreux magasins de mode donnant la préférence au tchador dans leur vitrine avant de revenir à des tenues plus en vogue. Pour la prix Nobel de la paix et avocate iranienne Shirin Ebadi, la question du voile n’est pas la première priorité des femmes. En août elle expliquait à l’AFP que « si j’étais écrasée par une automobile, je recevrais la moitié de la compensation accordée à un homme », et remarquait qu' »en matière criminelle le témoignage d’une femme vaut aussi la moitié de celui d’un homme ». La loi iranienne place la femme dans une position de subordination à son mari qui peut par exemple lui interdire de travailler ou de voyager à l’étranger. La législation lui est aussi défavorable en cas de divorce, de garde des enfants et d’héritage. Pour le professeur de sociologie Hamidreza Jalaipour, c’est dans le monde du travail que « beaucoup d’entre elles souffrent de discriminations pour les salaires et promotions ». Malgré cela « les hommes se démocratisent et soutiennent une amélioration de la condition de la femme », a-t-il dit à l’AFP. Par exemple, dans les universités, les étudiantes représentent maintenant plus de 60% des effectifs de première année. AFP
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ROBERT REDEKER : IL N’Y A JAMAIS EU DE FATWA !

écrit le 24/10/06 à 18:46:40 par Jacques RICHAUD La sur-médiatisation et la dramatisation de «l’affaire Robert Redeker » par nos services politico-médiatiques aurait pu inciter à la prudence tous ceux qui en toute bonne foi souvent ont cru devoir réagir après s’être indignés. Une simple investigation «journalistique » menée correctement aurait peut-être pu éveiller quelques soupçons concernant les intentions de ceux qui ont instrumentalisé ce fait en évoquant les noms de Rushdie et Calas, un peu trop vite peut-être. C’est alerté par des amis arabophones étonnés de la teneur des affirmations exploitées par la presse que j’ai demandé à trois sources arabophones différentes, dont une universitaire, de vérifier la teneur des propos tenus sur la chaîne Al-jazeera, incriminés comme à l’origine de la «FATWA » dont serait victime Robert Redeker. Les trois «retours » reçus ce jour douze octobre sont similaires et surprenants ! Pour donner à cette modeste investigation la rigueur nécessaire et l’interprétation utile, il est important de reconsidérer la chronologie des faits établis, en se posant à chaque étape les questions que cette affaire non encore achevée, ne manque pas de soulever. – I – CHRONOLOGIE D’UNE AFFAIRE SINGULIERE : – C’est le 19 septembre 2006 que le Figaro publie une double tribune sur la même page, celle de Robert Redeker et celle d’Antoine Sfeir. Celle de Robert Redeker se nomme «Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ? » – Le jour même de la parution de ce quotidien du matin, 19 septembre, sa diffusion est interdite en Tunisie (Elle sera le 24 septembre également interdite en Egypte par décret – source Reporters sans frontières le 25 9 2006) – C’est le même jour que Robert Redeker déclare «avoir reçu des menaces de mort » et prévient le responsable de son établissement de son incapacité à assurer la poursuite de ses cours ; il est aussitôt «exfiltré » et caché en lieu sur, ainsi que sa famille mise également sous «protection » par la Défense et Surveillance du Territoire (DST). Le professeur lui-même sur I-Télé précisera avoir reçu des «menaces directes par mail » et révèle que des forums jihadistes «qui ne sont pas accessibles à tout le monde » donnent «toutes les coordonnées pour pouvoir (l’)assassiner ». – Ce n’est que le 20 septembre sur la chaîne Al-jazeera dans le bulletin d’information bref de Hassad Al Yaoun d’une minute qu’est transmise l’information de la censure du Figaro en Tunisie, à cause «d’un article insultant le prophète Mohammed » écrit par un philosophe dont le nom n’est pas même cité, mais qui «accuse le Coran d’inciter à la violence » et qui «se moque des rites du pèlerinage chez les musulmans » (Tout ceci est effectivement contenu dans la tribune de RR). Dans une information complémentaire la parole est donnée au «Président de l’union islamique des savants musulmans » le cheikh Youssef Al-Qardaoui qui dans son commentaire appelle les musulmans «à protester d’une manière sage le vendredi 22 septembre…pour défendre l’islam et son prophète contre les propos du Pape Benoît XVI et l’auteur de l’article du Figaro », dont le nom ne sera pas cité ; en appelant à la modération et «à ne pas s’attaquer aux églises ou aux ambassades…pour ne pas donner l’image de musulmans violents dont les médias occidentaux sont friands » A ce stade retenons que le nom de REDEKER n’a pas même été cité et que la protestation émise n’appelle nulle vengeance, mais une expression de réprobation calme pour le surlendemain. IL N’A JAMAIS ETE QUESTION DE « FATWA »qui possède un sens religieux et juridique particulier connu de tous ! – Le 21 septembre, et sans attendre la manifestation prévue le lendemain, Pierre Rousselin directeur adjoint du Figaro exprime sur la chaîne Al-jazeera «ses regrets concernant la publication de l’article…(qui) est une erreur…(et) n’exprime pas l’avis du journal…(cette) tribune libre n’engageant que son auteur…(cette publication a été faite) sans vérification préalable, il s’en excuse ». Le même jour 21 septembre l’article est retiré du site du Figaro (j’ai pu le vérifier), l’intervention de Pierre Rousselin sera aussi retirée du site d’Al-jazeera. A ce stade on peut s’étonner de la non-mention de ce fait dans les médias français ; et plus encore de la complaisance plus tardive de tous ceux qui partiront en campagne au nom de la «liberté d’expression » sans même évoquer le désaveu et la dérobade du Figaro, qui s’associera à la même campagne ! Personne n’a reproché au Figaro une quelconque «islamisation » des esprits comme le déclarait l’auteur de la tribune incriminée et qui l’aurait poussé à commettre cette autocensure ! Surtout aucun lien ne peut non plus être établi entre les menaces reçues la veille par RR et l’émission de la chaîne arabe ; ce fait est d’évidence ! Si des menaces ont été faites leur source est ailleurs. – Pourtant le même jour 21 septembre le texte de Robert Redeker ainsi que celui d’Antoine Sfeir sont repris et diffusés sur le site français PROCHOIX (animé par Fiammetta Venner et Caroline Fourest), accompagnés d’un article Fiammetta Venner intitulé « Quelques remarques à propos du Pape, de l’Islam et du Figaro ». Cette diffusion est explicitement destinée à «notre lectorat tunisien » pour contourner la «censure ». Cet article, il faut le souligner prend nettement ses distances avec celui de RR en stigmatisant aussi les violences des autres religions. – Le vendredi 22 septembre les médias français sont présents à la manifestation appelée par le cheikh Youssef Al-Qardaoui qui se passe dans le calme et ne sera donc pas relayée par les chaînes nationales. Le même jour Nasrallah se faisait ovationner à Beyrouth par une foule immense au cours d’une manifestation pour «le jour de la victoire », cette manifestation a été intégrée aux journaux télévisés français et a fait le sujet principal des chaînes arabes, pour lesquelles Robert Redeker reste toujours un inconnu ! – Le même jour 22 septembre Tarik Ramadan publie sur son site un long article «le Pape et l’Islam : le vrai débat » sans mentionner la tribune de RR. Le forum de discussion qui suit mentionne l’article du Figaro pour s’en indigner ainsi que de sa reprise sur le site de Prochoix ; en réponse il est écrit que «sœur Caroline (Fourest)…prétendue antiraciste…cette femme est une Oriana Fallaci déguisée…voilée sous les appellations de …féministes, antiracistes, laïques…no comment ». – Le 25 septembre sur le site Prochoix c’est cette fois Caroline Fourest elle-même qui signe un éditorial mensonger au regard des faits rappelés ci-dessus : « Sur Al-jazeera, Youssef Al-Quradami désigne Robert Redeker à la vindicte » en écrivant mensongèrement « Le 20 septembre sur la chaîne Al-jazira le cheikh Youssef al-Qaradani a profité de son immense audience pour désigner le philosophe Robert Redeker comme islamophobe du moment. Ce n’est pas rien lorsqu’on connaît l’influence du cheikh…aucun texte ne mérite une FATWA MONDIALE ». Et Caroline Fourest «soutien le droit de Redeker à s’exprimer », elle assume d’avoir repris la publication, mais prend elle aussi ses distances avec le ton de RR en disant «toutes les religions sont instrumentalisables pour le pire » LE MOT « FATWA « » A ETE LANCE ET LA SUITE EST CONNUE : Tous les bien-pensants qui se croient démocrates choisissent leur camp sur l’énoncé d’une imposture. Il n’y a jamais eu de Fatwa et le nom de Robert Redeker n’ a pas même été prononcé ! A CE STADE QUE RESTE T-IL ? – Des menaces exprimées dés le 19 septembre dont la police serait dans l’incapacité de déterminer la provenance informatique, régionale ? nationale ? internationale ? Chacun sait que n’importe qui peut envoyer un mail à n’importe qui, même à soi-même ; mais la tracabilité de ces envois est tout à fait possible et même devenue légale depuis les lois Perben et les mesures «antiterroriste ». – Alors que fait la police ? Info-intox ou manipulation ? L’origine des menaces est elle identifiée ? Tenue encore secrète ? Cela accréditerait l’hypothèse d’une manipulation policière et politique désireuse de tirer aubaine de la publication de cette tribune islamophobe, en entretenant une pesanteur dont Robert Redeker est la première victime désormais, même s’il n’y a jamais eu de « fatwa » ! – On laisse se dérouler la réaction à une «fatwa » qui n’a jamais existé. Une Presse complaisante à l’émotion générale ressentie fournit jour après jour les tribunes qui accréditent les thèses de Robert Redeker, sans prudence ni discernement. L’ensemble de la presse se positionne clairement dans le «choc des civilisations » annoncé du côté de Robert Redeker dont la tribune immonde trouve un succés inespéré de l’auteur lui-même ! – Robert Redeker est-il à l’abris pour autant ? Même en l’absence de « fatwa » ? Sûrement pas, tant il est évident qu’une agression sur sa personne accréditerait à la fois sa thèse et celle de ceux qui le soutiennent, en même temps qu’elle démontrerait le bien fondé d’une accentuation des mesures «sécuritaires » déjà développées dans notre pays. – Robert Redeker pourrait bien avoir à se méfier de certaines «protections ». Il pourrait devenir demain «l’idiot utile » ou la victime même d’une cause qui le dépasse désormais. – Ceux qui logiquement doivent le plus souhaiter sa protection efficace sont ceux qui trouvent ses thèses immondes justement ! Longue vie à Robert Redeker pour qu’il puisse demain rencontrer d’autres hommes et femmes, musulmans et sains d’esprit qui lui feront percevoir la profondeur de ses erreurs. L’EMBALLEMENT : C’est le 27 septembre que le grand public par «la Dépêche du Midi » apprend «à la une » que «un professeur de philosophie est menacé par les islamistes » – Le 29 septembre la revue électronique «Respublica » éditorialise sous le pseudo habituel «Evariste » un article : « Robert Redeker : première victime de la FATWA en France » et stigmatise de façon très virulente tous ceux qui oseraient ne pas le soutenir. L’Union des Familles Laïques (UFAL) par la voix d’Evariste apporte «un soutien inconditionnel à Robert Redeker » et dénonce «la rhétorique insidieuse qui consiste à assortir la condamnation de la FATWA dont est victime Robert Redeker d’un même si ou d’un bien que ». Une pétition de «la Gauche Républicaine » est donc lancée immédiatement signée par des dizaines de personnalités. – Le 30 septembre 2006 le recteur de la grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane, dans un communiqué, «Emet les plus grandes réserves quant à l’origine exacte de ces menaces… l’heure est aussi aux manipulations », il faut que «les auteurs soient identifiés et sanctionnés comme le permettent les lois de la République » (cité sur le site Prochoix) – Le même jour 30 septembre «Libération » fait sa une sur «Peut-on encore critiquer l’Islam ? » et Olivier Roy écrit «certains jouent à chatouiller la fatwa » et dans ce numéro Caroline Fourest précise «nous sommes passés d’une affaire Ruschdie tous les dix ans à une affaire Ruschdie tous les ans, voire maintenant quasiment tous les mois. A l’époque quand l’ayatollah Khomeiny lança sa FATWA contre l’écrivain, la gauche était soudée pour défendre la liberté d’expression et le droit d’offenser toutes les religions ». Le même joue «le Monde » évoque le «repérage » par la DST de «forums jihadistes anglais » qui confirmeraient la menace avec photos, adresse plan d’accès au domicile de RR….Mais quel crédit peut-on apporter à ces allégations ? Il va de soi que ces menaces sont injustifiables et imposent la protection de Robert Redeker par la force publique. Mais la situation n’est pas véritablement la même entre une condamnation à mort par une autorité religieuse islamiste (qui n’a jamais eu lieu) et une menace par des propos haineux sur Internet comme il en circule quotidiennement sur des dizaines de forums accessibles à tous, particulièrement entre les communautés impliquées dans les drames du Moyen Orient. Redisons le clairement, il n’y a jamais eu de «fatwa », ce qui n’exclue pas la matérialité de menaces d’autre nature et elles aussi préoccupantes, dénoncées par l’intéressé lui-même. Le web est devenu un terrain privilégié de la manipulation et les idées les plus abjectes circulent quotidiennement sur des forums plutôt mal pondérés, les interventions y sont le plus souvent signées de «pseudo » qui autorisent toutes les outrances, se faisant même parfois passer pour «la partie adverse» pour lui donner une image révoltante, personne ne peut empêcher cela. Mais transformer un «fait grave » en un phénomène de société relève de l’irresponsabilité et de la démesure. Caroline Fourest elle-même et Philippe Val et bien d’autres ont été «menacés » après certains de leurs écrits et protégés de façon plus discrète ! La résonance donnée à la menace dénoncée par RR lui-même a pour premier effet d’amplifier, en la généralisant, la sensation d’une menace qui est à la base de la xénophobie et de tous les racismes. Plus personne ne perçoit que pour RR la critique de la religion musulmane dans son ensemble n’est pas une discussion philosophique mais une «opinion » qui s’inscrit dans la promotion du «choc des civilisations ». Qu’une large assemblée d’intellectuels se soit rangés derrière sa frange la plus extrémiste est un succès considérable pour les thèses de RR ! Tout cela ne fait le jeu que des néoconservateurs les plus extrémistes et de la partie adverse authentiquement jihadiste…Mais que vont faire certains dans cette galère ? – Le 30 septembre Caroline Fourest écrit «Affaire Redeker : A quoi joue la DST ? » pour s’étonner du fait que «davantage que le niveau des menaces, habituel, c’est bien le niveau de la réaction policière qui a changé » et questionne en référence aux menaces islamistes supposées : « Les services détiennent-ils des informations précises ou sont-ils dans le bleu ». elle questionne «s’agit-il de créer un effet de panique légèrement disproportionné qui punit Redeker au lieu de le protéger » ? Il faut dit-elle «s’interroger sur le choix policier et donc politique opéré »… – Une autre voie est étouffée : Le 30 septembre le groupe progressiste du «Manifeste des Libertés » édite une autre pétition «Pour la liberté de parole » dont le texte est le suivant : « Nous dénonçons avec la plus grande force les menaces de mort dont fait l’objet Robert Redeker, bien que nous soyons en désaccord avec ce qu’il a écrit, avec la médiocrité triviale de ses propos, avec ses outrances verbales en miroir avec les islamistes violents ». Cette pétition plus «voltairienne » que celles affirmant un soutien inconditionnel ou une approbation aura de nombreuses signatures de personnalités musulmanes, mais curieusement ne sera ni médiatisée ni reprise par la presse nationale. Nos médias massivement se sont retranchés dans le camp du soutien à l’intolérance de Redeker, occultant aussi bien des vérités factuelles (l’absence de fatwa) que des voix plus pondérées que celles attisant objectivement le «choc des civilisations » replacé dans l’actualité par la tribune de Robert Redeker ! – En effet l’emballement s’est poursuivi. Le 1 octobre 2006 «le Monde » à son tour éditorialise «Pour Robert Redeker ». (Edition datée du 2 octobre 2006) – On peut retenir, mais nous le savions déjà, que l’opinion publique «ca se fabrique » et des ouvrages ont déjà été consacrés à l’invention de cet «islam imaginaire » qui doit nous terroriser, non pas dans sa perversion islamiste mais bien dans son ensemble. – Le même jour un nouveau «Respublica » appelle à un «soutien sans réserve » et réaffirme que Robert Redeker est «victime d’une FATWA » qui le force à la clandestinité, réfutant toute «analyse indécente de ses propos ». Il réédite une tribune ancienne de Robert Redeker publiée dans La Dépêche du Midi le 21 octobre 2003 consacrée à « L’islamophobie, l’arme des islamistes contre la laïcité » (sic !) faisant référence au livre de Caroline Fourest et Fiammetta Venner reprenant l’histoire du concept d’islamophobie décrit comme « une arme forgée par les islamistes » ! Il cite aussi la formule de Maïakovski «les mots sont des balles » (Qu’il ne pouvait donc ignorer en écrivant sa tribune du 19 septembre 2006 !). L’auteur tentait aussi péniblement de démontrer que l’islamophobie n’est pas un racisme et écrivait « Un islam à visage humain est-il possible ? » . Le même numéro contient un communiqué de presse de l’UFAL «la République doit protéger les victimes des FATWA » et un article d’Antoine Peillon (président de la France Radicale Gauche Démocratique et Républicaine) menaçant : « Nous mettons aussi en garde …ceux qui ne le soutiennent pas totalement et sans condition, car ils sont dés lors, plus que jamais nos adversaires ». Cela ressemble au discours de Bush en septembre 2001 ««Ceux qui ne sont pas avec nous, sont contre nous ! ». On a envie de dire tu déconnes Antoine ? – Le 2 octobre «le Monde » rattache, d’après la DST la menace à AL-Qaida (qui possédait donc dés le 19 septembre un plan de la commune de Saint-Orens et l’adresse du professeur…brrrr, il y a de quoi trembler !) La menace ne relèverait plus d’une fatwa mais du terrorisme ? Le Monde publie une autre «liste de soutien » que celle lancée par Respublica, intitulée celle-ci «En faveur de Robert Redeker ». – Le 3 octobre la revue Prochoix de Caroline Fourest relaie cet appel avec invitation à le signer sur l’adresse de la revue «les Temps Modernes » dont RR était éditorialiste. – Le 4 octobre « Evariste » dans un nouveau «Respublica » stigmatise le MRAP et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ou «Quelques islamo-gauchistes pèsent bien peu, de même que le sectarisme congénital d’une organisation laïque qui trouve encore le moyen de lancer une polémique au lieu de se rassembler derrière la défense de Redeker ». Il stigmatise aussi «Nicolas Sarkozy, qui encourage les fous d’Allah à réclamer toujours plus de dérogations communautaristes » et Evariste prétend s’exprimer au nom des «citoyens » qui «en ont assez », rappelant que Redeker est «victime » et «condamné à mort ». Dans le même numéro Sonja Rivière écrit «Redeker a finalement raison », rajoutant même aux propos de RR que… – «Le mois sacré de ramadan doit apporter son quota de sacrifices humains » et il est temps de «dénoncer l’effroyable imposture »…(Cela ne vous rappelle rien ?) et une «islamisation des esprits devenue insupportable ». Le même jour dans Charlie-Hebdo, Caroline Fourest collaboratrice régulière de cet hebdomadaire s’étonnait des excuses de Rousselin : « Les éditorialistes du Figaro ne nous avaient pas habitués à tant de prudence sur l’Islam », tout en confirmant encore une fois que «le théologien vedette d’Al-jazeera et des frères musulmans…a désigné Robert Redeker à la vindicte le 20 septembre ». Elle ironise sur «le courage économique » du Figaro ayant présenté ses excuses. Elle surenchérit à propos d’une «fatwa contre Mozart » après le retrait préventif d’Idoménée du Deutsche Oper à Berlin, même si elle relève que pour Angela Merkel «l’autocensure par la peur n’est pas tolérable »…Ainsi donc peu importe qu’il y ait eu ou non «fatwa » ; il nous faut penser seulement «qu’il aurait pu y avoir, qu’il y aurait certainement même eu fatwa, inspirant une peur qui explique le retrait de la pièce ! ». Dans le même numéro Philippe Val stigmatise «Sa sainteté Mouloud Aounit » qui avait eu le tort de rappeler au nom du MRAP que «toute forme de violence en appelle hélas d’autres en retour, parfois plus extrêmes encore ». Le «canard Enchaîné » du 4 octobre à raison de décrire «Une affaire islamentable » et de conclure «pour… passer de l’invective au dialogue, du simplisme à la complexité, il faudrait des gens qui savent penser en profondeur…comment dit-on, déjà ? Des philosophes ». Hélas les philosophes ont signé en masse leur soutien «inconditionnel » à Robert Redeker. – Le 5 octobre «le Point » titre «Nous sommes tous des Redeker » mais donne aussi la parole à Tarik Ramadan : « Robert Redeker est libre de dire ce qu’il veut, je l’ai affirmé et répété, mais j’ai moi aussi le droit de dire que son texte est haineux ». Le «Nouvel Observateur » du même jour réaffirme encore «le 20 septembre, Redeker est dénoncé sur Al-jazira ». – Le 6 octobre «Valeurs Actuelles » titre «la fatwa Redeker ». – Le 7 octobre dans «Marianne » Guy Konopnichi s’égare «Je tiens le principe de respect pour une saloperie… entre Mahomet et Robert Redeker, je choisis Redeker. N’en déplaise à Mouloud Aounit ! ». – Le 9 octobre 2006 c’est dans le journal «La Croix » que sera précisé à propos de la chaîne Al-jazeera : « Le nom du philosophe (n’a) pas été prononcé » dans un sujet traité en «à peine une minute ». Toutes les démarches rapportées montrent que l’économie de la vérité devient la base d’un appel à dénonciation universelle d’une menace, exactement celle qui est au cœur de la chronique de Robert Redeker ! – Il est confirmé que dénoncer la surenchère des extrêmes n’est pas dans l’air du temps pour les pétitionnaires. Pour Philippe Val « La situation a de quoi inquiéter », la menace contre RR est assimilable à l’attitude de Ahmadinedjab en Iran qui veut «mettre du plutonium dans les centrifugeuses » ! La boucle est enfin bouclée qui nous désigne en filigrane la logique et l’objectif de toute la campagne menée : Il s’agit d’instrumentaliser «l’affaire Redeker » pour préparer l’opinion à la troisième guerre de Georges Bush, après l’Afghanistan et l’Irak, ce sera demain l’Iran… – Pourtant, le 5 octobre 2006 Pascal Boniface directeur de l’Institut de Recherche Internationale et Stratégique (IRIS) avait publié une note dans Témoignage Chrétien qui rappelle que « Robert Redeker est favorable au choc des civilisations », tout autant que «ceux qui l’ont menacé ». Il précise «ses idées sont nauséabondes, mais c’est bien sur le domaine des idées qu’il faut les combattre. Ses propos auraient pu même avoir une suite sur le plan juridique, car il contredit très réellement les lois françaises sur l’interdiction de propager la haine raciale. Mais tout est fait pour que le débat soit piégé. Les menaces ont transformé Robert Redeker de coupable en victime. Plus personne ne parle du caractère raciste de ses propos, mais des menaces qu’il a subies. Or les deux sont condamnables ». Il conclue « Soit on admet le droit de tout dire y compris les injures raciales au nom de la liberté…soit l’on considère que le climat est tellement lourd et explosif qu’il faut apporter certaines limites à la liberté d’expression. En tous les cas on ne peut pas plaider pour la première thèse dans certains cas et pour la seconde dans d’autres ». II – DE NOMBREUX QUESTIONNEMENTS PERSISTENT AUTOUR DE CET EVENEMENT ET SURTOUT DE SON INSTRUMENTALISATION: LES FAITS : – Il n’y a pas eu de Fatwa, mais tout le monde feint de l’ignorer ; ce mensonge était nécessaire pour une dramatisation de la menace. – Il y aurait bien eu des menaces dont les services de renseignement affirment qu’elles seraient «de mort » et en relation avec «al-qaida » sans étayer cette affirmation de preuves depuis plusieurs semaines. Ceci est surprenant de la part d’un ministre de l’intérieur qui nous avait habitué à une communication plus agressive sur des faits divers de gravité moindre. – Il est avéré que les premières menaces, le jour même de la publication, sont antérieures à une émission sur la chaîne Al-jazeera présentée, de façon mensongère, comme le relais d’une «fatwa » qui relève du fantasme ; sachant bien que très peu d’arabophones auront eu la capacité de vérifier ce fait. La vraie question est de savoir si ces menaces relèvent d’une piste locale (expliquant la précision de la menace), d’une piste nationale ou internationale ; l’incertitude entretenue plaide pour que l’hypothèse d’une gigantesque intoxication ou manipulation doive être considérée. LA MANIPULATION : – C’est une constante du discours extrémiste d’englober dans sa stratégie l’existence reconnue d’une «liberté d’expression » qui crée de fait une «obligation d’en débattre » et de reconnaître le caractère «licite » de quelque opinion que ce soit, en restant libre de la désavouer… « les chambres à gaz n’ont pas existé ? Bon, débattons-en, à ma droite X, à ma gauche Y qui représente la thèse inverse… » – Mais avec l’affaire Robert Redeker le débat a changé de nature, car une étape a été franchie qui consiste à court-circuiter même l’obligation d’apprécier la thèse en présence, pour consacrer ses efforts seulement à la défense de la liberté d’expression de son auteur ! – Il est vrai que la thèse aurait du mal a trouver des défenseurs crédibles aux yeux de l’opinion comme des érudits sur le sujet de l’Islam ! La nouvelle attitude est : « Ne parlons donc pas de ses thèses islamophobes délirantes, unissons seulement nos efforts pour la défense de leur auteur menacé, même sans trop bien savoir par qui…Et si ce texte a suscité la colère de fanatiques, c’est donc qu’il était juste de les dénoncer ! CQFD », Redeker : un ; Raison :zéro ! LES CONSEQUENCES PREVISIBLES : – Pour comprendre l’importance de ce «glissement » il nous faut nous rappeler que lorsque les intellectuels se sont mobilisés pour contrer, dans le passé des thèses révisionnistes ou négationnistes ; il s’agissait de ne pas étouffer ou déformer une vérité historique passée. L’article de Redeker, lui, même s’il se réfère à une fausse connaissance du Coran, s’exprime en fait dans et pour le temps présent et le temps à venir ; il pose une affirmation qui est un acte de guerre dans un choc des civilisations dont nous ne vivons que les premiers soubresauts. Ce choc se prépare, par les armes et par les mots. – Nous savons l’existence authentique de forces en présence que personne ne songe à nier ; celles d’un islam perverti extrémiste mais encore ultra-minoritaire et celles de l’axe du bien autoproclamé porteur, selon sa prétention, des valeurs de la civilisation judéo-chrétienne. Les deux sont prêts à incendier la planète, certains, dont Redeker croient ce choc inéluctable et contribuent à la «diabolisation » de l’Islam tout entier pour faire accepter ; le pire au plus grand nombre. Lorsque nos intellectuels les plus médiatiques se sont solidarisés avec la frange la plus intolérante de la pensée occidentale, c’est bien cette image globale (et non celle d’un paradis de la liberté d’expression !) qu’ils ont donné au reste du monde, comme un immense «quitus » à tous ceux qui militent pour le choc des civilisations. – Mais les premières victimes des écrits de Robert Redeker et du soutien inconditionnel qui lui est apporté par beaucoup ne seront pas les islamistes ; ce seront les très nombreux musulmans ou intellectuels éclairés qui n’épousent pas leurs thèses et luttent dans ce monde complexe pour faire sortir des peuples entiers de la théocratie et de l’obscurantisme par certains entretenu. Ceux qui en Islam ont compris que les «lumières » d’occident ne sont ni éloignées ni incompatibles avec les «lumières » d’Islam, ignorées chez nous par le plus grand nombre, auront à répondre sur leur vie de la haine répandue par Robert Redeker et renforcée par ses soutiens. Le pire, qui doit être admis, est que l’élimination programmée de ces «modérés » est au centre de la stratégie des uns comme des autres. Le choc des civilisations annoncé par tous les néoconservateurs militaristes de la planète n’est pas une option de progrés espéré mais une option de confrontation armée considérée comme inévitable. Robert Redeker, par ses écrits antérieurs et actuels, est un soldat de ce combat. La question qui est posée à tous d’un soutien voulu inconditionnel n’est pas une question philosophique, c’est une question politique. – Notre choix «Pour Redeker » peut paraître peu signifiant et allant de soi dans nos salons mondains. Mais pour ceux qui luttent contre l’intolérance dans des lieux ou la connivence n’est pas de mise entre penseurs aux opinions divergentes, mais ou les minoritaires et démocrates sont en danger de mort permanent, ce choix peut être une sentence fatale au motif même des liens établis avec une forme de la pensée occidentale qui a porté au cours des siècles le germe de la plupart des mouvements d’émancipation. Nous sommes tous comptables, au nom même des idées que nous prétendons défendre, de la vie de tous ceux qui sur – d’autres rives ne nous haïssent pas et ne peuvent comprendre notre venin ou notre lâcheté. Soutenir RR c’est clairement consentir au sort fait à ceux là dont le sort, déjà et pour longtemps, semble nous être étranger. – Condamner la menace sûrement, mais sans soutenir Robert Redeker, est donc une nécessité absolue ; c’est la condition même de la crédibilité de la démarche de tous ceux qui s’opposent à la pensée de Robert Redeker et qui mesurent la gravité de ses conséquences. – La démocratie d’opinion n’a t’elle pas généré une philosophie de la protection ? Une philosophie qui pour affirmer sa liberté dénonce ce qui serait susceptible de l’entraver ? Cette évolution peut même contribuer à cautionner, paradoxalement, des lois liberticides. – Ce que nous observons n’est-il pas l’extinction de tout débat sur la responsabilité des intellectuels ? Ces débats qui en un autre temps ont séparé et parfois réunis Jean Paul Sartre et Raymond Aron, seraient-ils encore possibles aujourd’hui ? Lequel de ces deux penseurs aurait osé stigmatiser l’autre en le menaçant de complaisance envers une « islamisation des esprits », simplement pour avoir tenté de poser la raison en avant de la passion ? Au stade ou sont arrivés certains de nos « philosophes », on peut leur dire : « En sortant ce n’est pas la peine d’éteindre la lumière ; l’ampoule a déjà rendu l’âme… » – Comme tant d’autres philosophes qui se voulaient médiatiques, Robert Redeker souhaitait obtenir par sa tribune «son quart d’heure de célébrité » comme disait Andy Warhol ; sans imaginer qu’en s’auto-désignant expert en islam, il allait se prendre les pieds dans le tapis et être placé devant la responsabilité d’un acte qu’il croyait de pure forme. Le marketing des idées a aussi ses revers, comme une mauvaise pub qui fait un « flop » – La réalité de la détresse de Redeker ne semble pas faire de doute, qui n’était pas préparé par son statut d’intellectuel, à devoir vivre en clandestin selon les conseils que lui prodigue la DST. Mais les victimes de son attitude sont aussi son épouse et ses enfants que nul ne songe à soutenir et qui le méritent pourtant, totalement victimes, eux, de cette surenchère sécuritaire qui devrait cesser dans l’intérêt de tous. CONCLUSION PROVISOIRE : Cet événement d’une importance factuelle dérisoire représente en réalité un événement majeur, révélateur d’un glissement de nos perceptions qui nous fait banaliser l’intolérance. On peut y voir l’effet de «la peur » qui a saisi nos sociétés depuis le 11 septembre 2001. On peut aussi y voir l’impact d’une sournoise propagande au quotidien qui travaille pour banaliser aussi bien le découpage du monde en un axe du bien et un axe du mal, légitimant toutes les lois sécuritaires et les guerres préventives. Il est dans ce contexte attendu que les intellectuels ne soient au service que d’une seule cause qui sert les intérêts de l’occident ; ceux d’entre eux qui tenteraient de garder une pensée « universaliste » sont suspects et discrédités, assimilés au camp déjà désigné ennemi ! Robert Redeker, dans sa sincérité délirante et sa phobie voyait partout une «islamisation des esprits » . En réalité ce que cet événement a révélé c’est tout le contraire, c’est une : ISLAMOPHOBISATION massive des esprits ! Parce que les mots «tuent » il ne faut banaliser aucun discours excessif. Le tribunal de Nuremberg n’a pas jugé des combattants de terrain qui auraient survécu à leurs crimes, il a jugé les penseurs et les instigateurs de ces crimes qui avaient élaboré une idéologie faisant de l’intolérance un dogme. Il est fait par certains appel à Voltaire, en omettant de dire qu’il n’a jamais préconisé de taire la critique, mais seulement de la fonder sur la raison et non sur la force. Qui peut imaginer qu’un Voltaire aurait signé un soutien inconditionnel à une thèse dont il aurait détesté le contenu, sans engager toute son énergie d’abord pour la combattre ? C’est ce que semblent avoir collectivement oublié nombre de ceux qui croient devoir donner leur bénédiction laïque à des propos islamophobes détestables. Tous ceux la sont déjà formatés à une pensée de l’intolérance qui pourrait bien mener le XXI ème siècle vers la tragédie. Rares sont ceux qui s’interrogent, comme Mohammed Arkoun dans «Histoire de l’Islam en France » (Albin Michel 2006) sur l’émergence de l’islamisme mais aussi sur la construction médiatique de l’islamophobie. Assurément un ouvrage tel que celui là doit paraître insupportable à tous les annonciateurs du «Choc des civilisations ». Il se pourrait que la survie même de notre société dépende de notre capacité à reconquérir une pensée obscurcie, non par l’islam, mais notre peur de voir s’ébranler nos dogmes hégémoniques et nos certitudes intellectuelles. Nous n’échapperons pas, même au péril de notre confort intellectuel tenté par la simplification de toute pensée à la réouverture du vieux questionnement « Misère de la philosophie ? » ouvert par Proudhon. Sauf à consentir au pire qui serait de laisser les ennemis de la pensée diriger le monde, nous n’échapperons pas non plus à l’exigence d’un retour vers une pensée qui ne soit pas asservie par l’opinion dominante, (actuellement politico-médiatique plus qu’académique), mais plutôt vers une pensée véritablement mise au service de la recherche d’une émancipation humaine universelle. Si nous en restions là, les listes de pétitionnaires « Pour Redeker » pourraient bien désigner déjà ceux qui démissionnent dans ce combat. EPILOGUE : Pendant que nos pseudo-intellectuels médiatiques font de la surenchère pour soutenir l’un des leurs engagé dans un combat douteux ; le 7 octobre 2006 à Moscou tombait sous les balles la journaliste et écrivaine Anna Politkovskaïa dont une part de la vie a été consacrée à témoigner du sort fait au peuple tchétchène. La Tchétchènie, cette ex-république musulmane de l’ex-empire soviétique est soumise à la folie d’une Russie gangrenée par la xénophobie, le racisme et particulièrement l’islamophobie. Anna Politkovskaïa défendait admirablement cette cause, non en soutien de la forme de ses combats, sachant refuser toutes les complaisances dans les deux camps, mais en soutien et par essence même d’une exigence de justice. Le racisme était totalement étranger à sa pensée et elle était libre de toute aliénation, philosophique, politique, matérielle ou religieuse ; pour cela son action était intolérable pour le pouvoir en place. Les tueurs ne lisaient certainement pas le Figaro ; mais pour exécuter un meurtre politique il faut à la fois mettre une arme au poing d’un homme et aussi lui vider le cerveau en l’abrutissant de discours haineux. Nos frères tchétchènes seront demain plus seuls qu’hier, non seulement du fait de la volonté de Moscou, mais aussi parce que rendus plus vulnérables par le meurtre d’une femme libre dont la vie était consacrée à délégitimer tous les discours haineux «rédékériens » qui ne sont rien d’autre que des cautions avant meurtre. Puisse cet événement contribuer à clore chez nous un débat ouvert après une sinistre tribune du Figaro dont le journal lui-même s’est désolidarisé. Le seul débat qui doive être poursuivi, on peut même dire réouvert, c’est celui de la responsabilité des intellectuels face au monde réel, celui des enjeux de domination ou de résistance, d’aliénation ou d’émancipation humaine. NB : Ci-dessous les adresses web des émissions citées plus haut : – http://aljazeera.net/NR/exeres/AO4E448D-3C05-45FC-962B-D1BE2D8B5E7E.htm  (Pierre Rousselin) – http://aljazeera.net/NR/exeres/100D6B95-8ACB-4319-A78C-3AE5B986DE10.htm  (Hassad Al Yaoum) – http://aljazeera.net/NR/exeres/FD651A41-AB52-4F9F-B870-DA26F80E7DA8.htm  (Al Qardaoui) (Source : le site Indymedia Grenoble, le 24 octobre 2006) Lien : http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&filtre=0&droiteA=0&numpageA=1&id=3649

Les cheikhs du Golfe s’offrent la Sorbonne

 

De notre envoyée spéciale à Abu Dhabi LÉNA LUTAUD (AVEC CAROLINE BEYER).

Dans la contre-allée bordée de palmiers qui longe la bruyante avenue Sheikh Maktoum bin Rashid d’Abu Dhabi, le ballet des BMW et des Mercedes est intense. À chaque arrivée, les chauffeurs, en sueur, se précipitent pour ouvrir les portières. Vêtues de leurs plus belles abayas noires, Amina, Shahad et les autres passagères glissent à pas feutrés sur le tapis rouge qui couvre le trottoir. Le 8 octobre, l’université Paris-Sorbonne-Abu Dhabi faisait sa rentrée. « C’est notre premier jour de classe», chuchote Fatma, très fière d’être l’une des premières étudiantes inscrites.

C’est là, à huit heures d’avion du Quartier latin, dans ce petit morceau de , au bord du golfe Persique, que la Sorbonne a ouvert un campus à l’étranger sous son label. Du jamais vu en sept cent cinquante ans ! C’est même la première fois que l’État français exporte une université. Au Moyen-Orient, ce rôle a toujours été assuré par l’Église catholique, notamment par les jésuites de la prestigieuse école Saint-Joseph, à Beyrouth. Venu de Paris, le président de la Sorbonne, Jean-Robert Pitte, traverse le hall climatisé. « Hier soir, j’ai longuement discuté avec le cheikh lors de l’iftar, le repas qui marque chaque soir la fin du jeûne du Ramadan », confie-t-il avant d’attraper le micro. Soutenu par ce prince moderniste, à la tête de l’un des pays les plus riches de la planète, le professeur de géographie ose un discours plutôt direct pour la région. « Le monde entier nous observe car vous écrivez une page de l’histoire de la relation entre le monde islamique et occidental, lance-t-il devant les étudiants. Nos professeurs vous donneront l’esprit critique. Vous exercerez votre liberté de penser. Contrairement à ce que croit George Bush, nous allons prouver qu’il n’y a pas de bonne et de mauvaise civilisation, que l’Islam n’est pas une machine de guerre. »

Les applaudissements à peine interrompus, une étudiante demande la date des élections de délégués. « On se croirait à la Sorbonne pendant la crise du CPE », s’amuse Jean-Robert Pitte. « Pourra-t-on venir étudier en Europe ? », interroge Jinane. « Bien sûr, votre diplôme vous donnera aussi accès aux autres universités européennes », répond le président, sous le regard ravi d’Alanoud al-Sabah.

Comme la majorité des autres étudiants, cette princesse koweïtienne a appris le français pendant ses vacances à Divonne-les-Bains (Ain), où vit un grand nombre de familles aisées du Golfe. Elle raconte : « J’aurais dû faire mes études aux États-Unis. Mais le 11 septembre 2001, puis les attentats de Londres ont tout bouleversé. Nos parents nous ont tous fait rentrer. Alors, quand j’ai vu une publicité à la télévision pour la Sorbonne d’Abu Dhabi, j’ai sauté sur l’occasion. C’est le même enseignement qu’à Paris, mais dans une ambiance familiale puisqu’au lieu d’être 26 000 étudiants, nous serons seulement 170 . »

 Pour 6 315 euros le semestre (162 euros l’année en France), l’élite du Golfe n’a pas hésité. C’est le cas de Nasser al-Zaabi, puissant homme d’affaires d’Abu Dhabi, venu accompagner sa fille Fatma, 18 ans. « Je suis tellement reconnaissant envers notre cheikh et votre gouvernement. Nous nous développons très vite ajoute-t-il, en pointant du doigt les chantiers qui s’étendent à perte de vue dans le désert. Construire des gratte-ciel est facile, faire évoluer les mentalités beaucoup moins. C’est à cela que la Sorbonne va nous aider.»

 À l’écouter, les cheikhs ne se sont pas offert la Sorbonne comme ils se payent une franchise Mc Donald’s. Profitant du déclin de Beyrouth et de l’avenir incertain du Caire, Abu Dhabi, ville provinciale du Golfe, veut basculer dans le XXIe siècle en devenant le nouveau pôle régional de la francophonie. Peu importe si les matières enseignées par la Sorbonne ne donnent pas de travail. L’or noir rapporte des milliards de dollars, et le cheikh peut se permettre de miser sur la culture, les musées et l’éducation. Jaloux de Dubai, qui s’est offert une notoriété mondiale avec ses pistes de ski en plein désert, il s’est associé à des noms célèbres comme le Louvre et la Sorbonne. Il a aussi demandé au lycée Louis-le-Grand, à Normale Sup et à Centrale de l’aider à monter une filière d’ingénieurs. Pour attirer les professeurs du Quartier latin, il a mis les moyens. Par l’intermédiaire de Pascal Renouard de Vallière, un lobbyiste français proche des familles royales du Golfe, son ambassadeur à Paris a rencontré pour la première fois Jean-Robert Pitte lors d’une conférence de Suzanne Moubarak, l’épouse du président égyptien. C’était à la Sorbonne, en juin 2004. Six mois plus tard, Jean-Robert Pitte était invité à Abu Dhabi.

En septembre 2005, ce dernier présente le projet à son conseil d’administration : « Il a fallu argumenter. Les uns étaient réticents à l’idée d’aller dans un pays musulman, d’autres pensaient que cela allait nous coûter une fortune alors qu’à Paris, nous n’avons pas de gommes ! Quand j’ai dit que le cheikh payait tout, y compris le salaire des remplaçants des professeurs expatriés et que les cours seraient laïques et identiques à ceux de Paris, le oui l’a emporté. »

Gilles de Robien, le ministre de l’Éducation, a ensuite accéléré le montage juridique de l’opération. Avec la promesse d’être mieux payés qu’en France – le montant exact des salaires est secret  – sept professeurs ont accepté de s’expatrier. Quant aux grands pontes, comme Pierre Brunel, spécialiste d’Arthur Rimbaud, ils feront le voyage pour quelques jours.

 D’ici à 2007-2008, ces volontaires seront moins dépaysés : une réplique de la Sorbonne, avec une interprétation locale du dôme de la chapelle, sortira du sable, près de l’aéroport. Coût de l’opération : 25 millions d’euros. Jean-Robert Pitte sait qu’à la Sorbonne certains espèrent que son pari échoue. Les obstacles sont nombreux. Habitués à vivre séparément, les élèves vont expérimenter la mixité. Les filles sont motivées, car elles veulent s’émanciper, les garçons moins. Les enseignants vont aussi devoir faire un effort. À la sortie du premier cours de philosophie, certains étaient déjà découragés par leur professeur : il avait présenté son cours en français sans s’arrêter. « Le plus difficile sera de durer, reconnaît Jean-Robert Pitte. Abu Dhabi est un laboratoire pour que la Sorbonne s’implante par la suite en Grèce, en Corée, au Japon, en Chine… »

Dehors, la nuit tombe. Le chant des muezzins s’échappe des mosquées. Jean-Robert Pitte regagne la France. Il reviendra ici pour l’inauguration officielle, le 18 novembre.

(Source : « Le Figaro » (France) du 25 octobre 2006)


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