25 mai 2010

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TUNISNEWS
10 ème année,N° 3654 du 25.05.2010
 archives :www.tunisnews.net 


REMDH – FIDH – OMCT: Tunisie: Le gouvernement tunisien prépare une nouvelle législation, qui portera un nouveau coup aux droits de l’Homme dans le pays Solidarité avec les luttes sociales et pour les libertés syndicales au Maghreb Yahyaoui Mokhtar: Etat et NON DROIT Slim Bagga: Sale temps pour le groupe Mabrouk Afrik.com: Tunisie : les défenseurs des droits de l’homme mis à mal  – Le pouvoir a interdit la commémoration de l’anniversaire de la LTDH 24heures: Les droits de l’homme interdits de Tunisie L´Humanité: Taoufik Ben Brik « Il n’y a plus, en Tunisie, que des cris chuchotés » AFP: Mauritanie/Al-Qaïda: 3 condamnations à mort pour l’assassinat de Français


Tunisie: Le gouvernement tunisien prépare une nouvelle législation, qui portera un nouveau coup aux droits de l’Homme dans le pays


Tandis qu’il discute du rehaussement de ses relations avec l’Union européenne, dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, le gouvernement tunisien prépare une nouvelle législation, qui portera un nouveau coup aux droits de l’Homme dans le pays.

Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) et l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), expriment leur préoccupation face à la nouvelle campagne de diffamation menée à l’encontre des défenseurs droit de l’Homme.

Le 18 mai 2010, les journaux Al- Hadath et Ach-Chourouk ont publié des articles virulents et  non signés contre Sihem Bensedrine, porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie, Khémaïs Chammari, membre honoraire du REMDH et ancien vice-président de la FIDH, et Kamel Jendoubi, Président du REMDH et membre du Conseil exécutif de l’OMCT, les qualifiant de « traîtres », « agents » et « mercenaires » «qu’il convient de juger » (sic) pour avoir « été en contact avec l’Union européenne pour saboter le pays » alors que ces personnalités n’ont eu de cesse d’accompagner le gouvernement pour qu’il respecte ses obligations internationales relatifs aux droits de l’Homme, telles que contractées. Dans le même temps, un ancien président du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), un des partis de la majorité présidentielle,  Mohamed Mouadda s’est joint, dans le quotidien As-Sabah, propriété du gendre du Président, à cette campagne odieuse.

Nos organisations sont d’autant plus préoccupées que ces nouvelles attaques contre les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens ont précédé de quelques jours un nouveau projet de loi, adopté ce mercredi 19 mai, en Conseil des ministres, visant à poursuivre pénalement « tout tunisien ayant délibérément contacts avec l’étranger pour inciter à porter préjudice aux intérêts vitaux de la Tunisie », lesquels inclut sa sécurité économique. Si elle était adoptée, cette nouvelle législation pénale, dont les dispositions sont particulièrement vagues, porteraient un nouveau coup au respect des droits de l’Homme en général, et à la liberté d’expression en particulier.

L’Observatoire et le REMDH condamnent cette surenchère répressive, et demandent aux autorités tunisiennes :

–          de mener sans délais une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur les allégations décrites, afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;

–          de ne pas adopter le projet de loi précité dans le mesure où de telles dispositions sont manifestement contraires à l’esprit et à la lettre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la Tunisie le 23 mars 1976 ;

–          de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998 et aux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.

L’Observatoire et le REMDH appellent en outre aux institutions de l’UE à :

–          immédiatement mettre en œuvre les Lignes directrices de l’UE sur les défenseurs des droits de l’Homme, lesquelles figurent parmi les priorités de la Présidence espagnole ;

–          conditionner tout rehaussement des relations avec la Tunisie à un progrès notable et mesurable en matière de respect des standards internationaux des droits de l’Homme.

Communiqué – RMDH et Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, le 24 Mai 2010

Contact :

  • • FIDH : Karine Appy / Fabien Maitre: + 33 1 43 55 25 18
  • • OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39
  • • REMDH : Shaimaa Abou Elkhir: +45 32 64 17 00

Solidarité avec les luttes sociales
et pour les libertés syndicales au Maghreb


Dans tous les pays du Maghreb, des luttes ont lieu contre l’exploitation, les effets de la mondialisation capitaliste et pour la défense des libertés.

  A Khourigba (Maroc), 850 ouvriers de la SMESI ont été licenciés par l’ Office Chérifien des Phosphates (OCP) pour avoir osé monter une section syndicale dans leur entreprise. Ils sont en butte à un pouvoir répressif qui les assigne en justice sous de fallacieux prétextes de droit commun, après avoir tenté de les faire taire à coups de matraque et de tirs à balles réelles au mois d’avril 2010.

  Au Sahara occidental, ce même employeur, l’ OCP, qui vient néanmoins d’obtenir un prêt de 240 millions d’euros, dans le cadre d’un « accord stratégique pour une croissance verte » entre la France et le Maroc, s’illustre par des pratiques discriminatoires à l’encontre des travailleurs sahraouis du site de Boukraâ.

  Dans le bassin minier de Gafsa (Tunisie), des dizaines de participants aux mouvements sociaux de 2008, dont de nombreux enseignants syndicalistes, ont passé de longs mois en prison. En libération conditionnelle depuis novembre 2009, ils n’ont toujours pas été réintégrés dans leurs emplois et subissent brimades et intimidations. D’autres militants condamnés par contumace en février 2009 continuent à faire l’objet d’emprisonnement et de poursuites judiciaires. Hassan Ben Abdallah, coordinateur du comité des diplômés chômeurs à Redeyef, a été arrêté le 24 février 2010, il purge une peine de 4 ans et 1 mois de prison ferme. Le journaliste Fahem Boukadouss, qui a réalisé des reportages télévisés sur le mouvement, sera jugé en appel le 22 juin 2010. Il a été condamné en première instance à 4 ans de prison. Mouhiedine Cherbib, militant de l’immigration tunisienne en France, est sous le coup d’une condamnation à 2 ans de prison pour avoir soutenu le mouvement.

  Au Maroc, les diplômés chômeurs qui manifestent pour le droit à l’emploi affrontent une répression systématique et leur association, l’ ANDCM est toujours interdite. Le Ministère de l’ Education Nationale traite par le mépris 22 enseignantes de Rabat, en grève de la faim depuis le 15 mars, malgré l’intervention d’organisations syndicales et de Droits de l’ Homme. Elles participent depuis de longues années au mouvement national de mutations sans en bénéficier, et réclament le rapprochement du conjoint, dénonçant népotisme et clientélisme.

  Des militants de l’ Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) qui protestaient contre les conditions de logement des étudiants ont été arrêtés, torturés, interdits de passer leurs examens, exclus de l’ Université. Le pouvoir a interdit la tenue du congrès de cette centrale syndicale étudiante.

  Même sort pour les étudiants sahraouis dans les universités marocaines, qui subissent le même type de répression (emprisonnements, procès, interdiction de se présenter aux examens, jusqu’à exclusion de l’université) dès lors qu’ils manifestent pour le respect des libertés et contre les violations des Droits de l’ Homme.

  En Algérie, le gouvernement a décrété l’état d’urgence pour tenter de criminaliser les mouvements sociaux. Les syndicats autonomes subissent harcèlement, suspension, menaces de dissolution et création de clones, ces syndicats factices mis en place par le pouvoir. C’est dans ce contexte qu’a éclaté début mai une grève illimitée des cheminots, initiée par la base syndicale avec pour revendication des salaires décents et pour mot d’ordre «ce n’est pas à nous de payer leur crise».

Afin de populariser ces luttes, les soutenir et organiser des mobilisations communes de part et d’autre de la Méditerranée, plusieurs organisations associatives, syndicales et politiques ont constitué en France le «Réseau Maghreb-Solidarité». Ce réseau organise une

Réunion publique

Jeudi 10 juin à 18h30

Salle Grande Croizat, Bourse du travail de Paris

      3 rue du Château d’Eau75010 Paris, métro République

Participent au «Réseau Maghreb-Solidarité» les organisations suivantes:

Associations: AMF, ASDHOM, ATF, ATMF, CEDETIM, CISA, Comité de soutien au Bassin Minier, CORELSO, CRLDHT, FTCR, Groupe de soutien AMDH Paris, MRAP,…

Syndicats: CNT, Union Syndicale Solidaires, …

Partis politiques: FASE, NPA, PCF, PCOF, PCOT, PDP, PG, Verts, Voie Démocratique, …


Etat et NON DROIT


Comme dans tout pays sous dictature, il n’est pas possible de manifester en Tunisie. Il ne s’agit pas d’une interdiction en raison de la nature de la manifestation, ni de la partie qui à appeler à manifester et moins encore à  cause de l’ampleur et les répercussions possibles de la manifestation sur l’ordre public. C’est un pur déni de droit malgré le principe de liberté affirmé dans la constitution et un fait de prince en vertu de la loi du plus fort en infraction aux lois en vigueurs et aux règlements organisant l’exercice de ce genre de libertés. L’initiative d’une « Manifestation réelle pour une liberté virtuelle » de quelques jeunes tunisiens appelants à un rassemblement de protestation devant le ministère des technologies de l’information le samedi 22 Mai 2010 a mis à nu la véritable nature du système qui gouverne aujourd’hui notre pays. En fait, l’inconvénient ne procède pas d’un changement dans la nature du système de gouvernance établi depuis l’indépendance en Tunisie, mais plutôt, de sont incapacité à évoluer au même rythme que la société. Pour les gens de ma génération, La première née et formée dans l’école de l’indépendance, c’est un système qui à conduit le pays au désenchantement depuis des dizaines d’années. Aujourd’hui, c’est plutôt le mépris et le rejet que renvois la nouvelle génération à un système sans honneur qu’elle subi la machiavéliste hypocrisie. J’aurai aimé, pouvoir expliquer aux milliers de jeunes qui ont voulu  voir leurs amis protester contre la censure samedi pourquoi Yacine et Slim n’ont pas pu déposer leur avis de rassemblement à l’autorité compétente normalement, Pourquoi aucun des responsables des institutions auxquels ils se sont adressés n’a voulu leur dire ce qui l’empêche d’agir conformément à l’autorité que lui confère son statut ? Pourquoi ils n’ont pas tout simplement répondu par une décision de refus d’autorisation du rassemblement ? Pourquoi ils ont trouvé nécessaire de les enlever en pleine rue et de les séquestrer toute une journée pour leur faire dire que la manifestation à laquelle ils ont appelé été annulée et contraire à la loi ? Non, Je n’ai rien à leur dire pour leur faire avaler la logique absurde de tels comportements. Je veux leur dire tout simplement, ne cherchez plus des explications, Vous avez raison, votre démarche été dans la stricte légalité, c’est note Etat qui est dans le non droit. Laissons les tomber, notre droit à la liberté d’expression n’est pas à négocier. Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 23 Mai 2010
 
(Source: « Tunisia Watch » le 23 mai 2010)


SALE TEMPS POUR LE GROUPE MABROUK


Slim BAGGA En juin 2009, une finale inédite s’est jouée à Tunis entre les deux gendres de Zinochet, Marouène Mabrouk, marié à Cyrine Ben Ali, et le pieux Sakhr Materi qui est marié à Nesrine. Il s’agissait alors de gagner le 3ème marché de téléphonie en Tunisie. Contre toute attente, c’est le Groupe Mabrouk (Divona) avec pour partenaire France-Télécom Orange qui a remporté le marché. Le Groupe Holding Princess de Sakhr Materi avec pour partenaire Turkcell et un apport de 100 millions de dollars de plus que son concurrent a été recalé. Le pauvre homme! L’on sait aujourd’hui que c’est Ben Ali lui-même qui avait tranché en faveur du Groupe Mabrouk et Orange après un entretien persuasif avec le président Sarkozy. Comme le prévoit la loi, une nouvelle société avait été créée dont 51% des parts revenaient au partenaire tunisien, en l’occurrence Marouène Mabrouk. Or, si les langues se délient aujourd’hui concernant l’obtention du marché par Orange, c’est parce que le chef de l’Etat tunisien a exigé de son gendre Marouène de céder la majorité de ses parts à son épouse Cyrine. Le parrain, qui ne décolère pas, a même ordonné une enquête fiscale concernant tout le Groupe Mabrouk, l’une des plus grandes fortunes de Tunisie, bien avant l’accession de la mafia au pouvoir. Les raisons de cette « punition » sont, comme l’avions révélé il y a quelques jours, la tempête qui secoue le couple. Rappelons-nous: nous écrivions déjà que Ben Ali avait conseillé à sa fille de divorcer et de faire en sorte que Marouène Mabrouk lui cède toute…sa fortune. Il est vrai que ce ne sont pas les candidats au mariage avec une Ben Ali qui manquent… On vous le disait: cet un homme au grand coeur est un papa gâteau… ET MAINTENANT, C’EST LA TOUTE DERNIERE HALIMA BEN ALI D’ailleurs, un grand Bravo, félicitations!!! La cinquième et toute dernière fille du tyranneau Ben Ali, Halima (Ahlem), 18 ans, s’est récemment fiancée avec le fils d’un riche entrepreneur Belgaied, originaire de Ouedhref (Gabes, sud-est tunisien). Le mariage est même prévu pour cet été, et je vous conseille de retenir le nom du nouveau gendre de la Régente Leila. Sur instructions de Carthage, la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT), dont les Mabrouk sont l’un des principaux actionnaires, lui a cédé l’entreprise STAFIM, l’une de ses filiales, qui commercialise et représente Peugeot en Tunisie. Il faut bien qu’elle dispose d’une dot conséquente la petite! Le secteur de l’automobile est ainsi entièrement entre les mains de la famille régnante. Sakhr Materi, à travers une filiale de Holding Princesse, en l’occurrence Ennakl, commercialise déjà Audi, Wolkswagen, Porsche et Renault (véhicules industriels). Les Mabrouk disposent de la représentation de Fiat, Mitsubishi et Mercedes entre autres… Comme l’on dit en langage populaire, sur le plancher des vaches il n’y a qu’à se serrer la ceinture lorsque tout roule à merveille chez le Grand Guide et sa descendance.


Tunisie : les défenseurs des droits de l’homme mis à mal Le pouvoir a interdit la commémoration de l’anniversaire de la LTDH


     mardi 25 mai 2010 / par René Dassié Un détachement de policiers a bloqué, vendredi à Tunis, l’accès au local de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), pour empêcher la célébration de son trente-troisième anniversaire. Les responsables du mouvement dénoncent un « abus de pouvoir ». Ils tiennent ce mardi soir une réunion de crise. Pas d’action en justice, parce « vu la situation, il n’y aura rien à en tirer », mais une réunion du comité directeur pour évaluer la situation et déterminer la démarche à suivre. Joint au téléphone ce mardi, le président de la LTDH, Me Mokhtar Trifi, se dit encore surpris par le « lourd dispositif policier » qui a assiégé vendredi, à Tunis, le local de son mouvement, pour interdire la célébration de son trente-troisième anniversaire. « En dehors des membres du comité directeur, aucun invité n’a pu accéder au local, et la célébration n’a de ce fait pas été possible » explique l’avocat et activiste des droits de l’homme. De fait, Me Mokhtar Trifi reçoit vendredi matin, un coup de téléphone du directeur des libertés publiques au ministère tunisien de l’Intérieur. Son interlocuteur lui fait savoir, verbalement, que la cérémonie prévue dans la soirée est interdite. Motif invoqué, une décision de justice rendue huit ans plus tôt, frappant de nullité « toute activité du Comité à l’exception de celle relative à la préparation du congrès national », lit-on dans un communiqué publié vendredi par la LTDH. En 2000, la LTDH tient son cinquième congrès national, et met en place un comité directeur. Proches du pouvoir tunisien et n’ayant pas été élu, certains membres de l’association intentent une action en justice. Ils demandent l’annulation de l’élection du comité directeur du mouvement et un an plus tard, la justice accède à leur demande. Une décision qui, depuis, perturbe le fonctionnement de la LTDH. « La même décision enjoignait le comité élu a procédé à de nouvelles élections. Ce qui est contradictoire, vu qu’elle annulait leur élection », indique Me Mokhtar Trifi. En 2005 et 2006, il va d’ailleurs tenter d’organiser deux nouveaux congrès de la ligue que la justice va interdire. Le ministère de l’Intérieur refuse de notifier son interdiction de manifester « Pour passer outre cette situation d’incertitude et célébrer le trente-troisième anniversaire, nous avons entrepris de dialoguer avec les membres de la ligue qui avaient saisi la justice contre nous. Nous avons discuté avec eux jusque tard dans la soirée de jeudi. Nous les avons en outre invités à se joindre à nous pour la célébration », assure le président de la LTDH. Toutes choses qui le motivent à faire observer au responsable du ministère de l’Intérieur qui lui téléphone vendredi matin, que l’Etat qu’il représente n’est pas partie prenante au problème qui est en train d’être résolu de l’intérieur par la ligue. Il lui demande aussi de lui notifier par écrit l’interdiction de manifester. Mais c’est la police qu’on lui envoie. Pour la LTDH, il s’agit d’un abus de pouvoir. « Il s’avère, encore une fois, que le Ministère de l’intérieur viole allègrement la loi en s’interdisant d’informer la Ligue, par écrit, de sa décision arbitraire, la privant, de la sorte, de son droit de recours devant le Tribunal Administratif pour demander l’annulation d’une telle décision pour abus de pouvoir », indique le communiqué de la LTDH. « Tout cela contraste fortement avec l’esprit positif avec lequel nous avons discuté avec les plaignants de l’année 2000. Nous n’avons pas compris pourquoi le ministère de l’Intérieur a interdit une manifestation à laquelle ceux-ci étaient invités », se plaint de son côté Me Mokhtar Trifi. L’avocat constate que cette affaire intervient au moment où il y a un « certain nombre de crispations au sujet des droits de l’homme en Tunisie ». Il rappelle les pressions sur la presse, le blocage de l’accès à certains sites internet, et « la campagne de dénigrement menée dans certains journaux de caniveau, à l’endroit des défenseurs des droits de l’homme ». Dans son communiqué de vendredi, la LTDH, qui tient ce mardi soir une réunion de crise, « appelle de nouveau les autorités à mettre fin aux velléités d’immiscions dans les affaires de la ligue et à laisser agir librement en levant le blocus imposé aux locaux des sections régionales et le siège central à Tunis depuis septembre 2005 ».
 
(Source: Afrik.com le 25 mai 2010)

Les droits de l’homme interdits de Tunisie


 
C’est une décision qui risque de faire jaser. La justice tunisienne vient tout simplement d’interdire à la Ligue des droits de l’homme nationale d’exister. La raison d’un tel jugement ? « Les membres du comité directeur de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) ne peuvent agir qu’en qualité de structure chargée d’une mission bien précise définie par la justice. » Or d’après cette-même justice, il n’y en a pas. Derrière tout cela, une belle tentative du gouvernement tunisien d’enlever de la scène médiatique une sacrée épine plantée sous son pied. Mais personne n’est dupe. Le président de la LTDH, Moktar Trifi, a appelé le « nouveau pouvoir à cesser de s’immiscer dans les affaires de la Ligue, de lui laisser sa liberté d’action et de lever l’étau qui frappe ses locaux sur tout le territoire. » Une justice qui interdit les droits de l’homme… Pas franchement démocratique.
 
(Source: 24heures (Quotidien corse) le 25 mai 2010)

Rencontre démocratie

Taoufik Ben Brik « Il n’y a plus, en Tunisie, que des cris chuchotés »


Entretien avec le journaliste et écrivain tunisien Taoufik Ben Brik, toujours cible du harcèlement policier depuis sa sortie de prison, le 27 avril dernier, après six mois d’internement.

Il est arrivé à l’Humanité le 14 mai dernier à l’improviste, en vieil ami. Heureux d’être libre, éprouvé, encore, par les six mois passés dans les geôles de Ben Ali, après l’une de ces manipulations grossières dont le régime tunisien a le secret. En visite en France après sa sortie de prison, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik est très vite retourné à Tunis, refusant l’exil comme le silence. Là-bas, il est encore et toujours la cible d’un insupportable harcèlement policier. Rencontre.

La peine que vous avez purgée était destinée à vous faire payer vos écrits et votre opposition au régime de Ben Ali. Quelle fut votre expérience de l’incarcération  ?

Taoufik Ben Brik. Je n’étais pas un prisonnier comme les autres. J’étais l’otage de Ben Ali. D’ailleurs, y a-t-il, dans les geôles de Ben Ali, des prisonniers  ? Ne sont-ils pas tous des otages, rouages d’un système clientéliste, que l’on peut monnayer contre le silence ou contre de l’argent  ?

Pensez-vous que votre emprisonnement a contribué à décrédibiliser davantage le régime policier qui règne en Tunisie  ?

Taoufik Ben Brik. Le pouvoir était déjà nu. Mon procès ne fut, en fait, qu’un énième procès de ce régime. Ben Ali est une hydre à deux têtes  : d’un côté, la propagande, de l’autre, le flingue. Nous autres n’avons pas les moyens de fracasser le flingue  : nous tentons de contrer la propagande. Je crois que je suis passé maître dans l’art de l’agit-prop. L’écriture n’est pas la seule arme. D’ailleurs, mes meilleurs articles sont ceux qui ne sont pas écrits. Rien n’irrite plus Ben Ali que ma capacité à jouer sans ballon. En prison, je m’exprimais, je faisais la grève de la faim, les autres écrivaient. Je suis devenu une tribune libre, un défouloir, une cause à défendre, une possibilité, pour d’autres, de s’exprimer.

En Tunisie, dites-vous, il n’y a même plus vraiment de presse digne de ce nom. Quel support, alors, reste-t-il aux journalistes  ?

Taoufik Ben Brik. Si, en Algérie, on a assassiné des journalistes, en Tunisie, on a exterminé le métier. La presse a été désintégrée avec une bombe A. Il ne reste plus qu’un désert. Moi-même, suis-je journaliste  ? Mes poèmes me valent davantage les foudres du régime tunisien que mes articles. Ceux qui écrivent encore sont les derniers des Mohicans, des braves qui tentent de s’exprimer sur Internet. Il n’y a plus, en Tunisie, que des cris chuchotés. Ben Ali a muselé tout le monde. Les Tunisiens n’entendent plus, ne regardent plus, ne parlent plus. L’âme tunisienne s’est brisée sur un récif. Il n’y a plus de presse, plus de théâtre, plus de poésie, plus de cinéma. Ben Ali est un tyran disposant d’un pouvoir absolu. Personne ne le dérange. Ne se dressent contre lui qu’une vingtaine d’individus vociférant dans le Sahara.

Avez-vous subi des actes de torture  ?

Taoufik Ben Brik. La torture, en Tunisie, est une pratique banale. La plupart de mes codétenus de la prison de Siliana avaient été torturés, selon la norme. Entrer en prison sans avoir été préalablement torturé est impensable. C’est un passage obligé. S’agissait-il de torture  ? Au poste de police, après mon interpellation, il y avait, dans cette petite pièce d’un mètre sur deux où j’étais enfermé, nu et menotté, vingt flics minables allumant et éteignant la lumière. Ils m’ont couvert d’insultes et de grossièretés. «  Qui es-tu, salopard, pour oser évoquer Ben Ali  ?  », répétaient-ils inlassablement. Ces gens-là vous conduisent au-delà de la peur, pour vous neutraliser par la violence physique et psychologique.

Si les violations des libertés fondamentales sont aussi flagrantes, comment expliquer le silence de la communauté internationale  ?

Taoufik Ben Brik. La Tunisie est un pays insignifiant. Elle n’a ni pétrole, ni frontières avec Israël. S’il n’y avait pas, dans ce pays, quelques individus sachant manier la parole et la plume, on n’entendrait même plus parler de ce pays, une petite dictature prise en étau entre l’Algérie des GIA et la Libye de Kadhafi. Ben Ali est un dictateur de deuxième division qui n’intéresse plus personne. D’ailleurs, les médias ne couvrent même plus ses prétendues élections. Quant aux Ben Brik, aux Radhia Nasraoui, on se désintéresse aussi de la litanie de leurs mésaventures.

S’il n’y a plus ni presse, ni société civile, ni débat politique, comment imaginer un changement en Tunisie  ?

Taoufik Ben Brik. Peut-être faudrait-il faire un film qui parlerait d’un pays sans avenir, sans présent, sans passé. Les Tunisiens errent dans le désert, sans savoir pourquoi, sans destination. C’est une sorte de 1984. Mais le cas tunisien n’est qu’un parmi tant d’autres…

Ce « cas tunisien » illustre-t-il une certaine inertie du monde arabe  ?

Taoufik Ben Brik. La géographie ne pardonne pas. La Tunisie appartient au continent le plus pauvre, l’Afrique. Elle est située dans la région arabo-musulmane, dirigée par un club de tyrannosaures. Comment, dans ces conditions, espérer qu’elle devienne un pays démocratique  ? Ne nous y trompons pas  : les puissances du Nord veulent maintenir ce statu quo. On a besoin de Moubarak, de Kadhafi, de Assad, de ces dirigeants qui éreintent et terrassent leurs peuples. Parce que des peuples vaincus et soumis sont des peuples inoffensifs.

Qu’advient-il de l’avocate et militante des droits de l’homme Radhia Nasraoui, elle aussi harcelée par le régime  ?

Taoufik Ben Brik. Son sort est celui de tous ceux qui osent tenir tête à Ben Ali, qui veulent vivre librement. Radhia, comme Hamma Hammami ou Sihem Bensedrine, se sent prisonnière, elle sent l’étau se resserrer chaque jour. Son quotidien, c’est toujours cette cohorte de policiers qui la suivent à chacun de ses déplacements, qui encerclent sa maison, effraient ses enfants. Quoi faire  ? Abandonner le pays à Ben Ali et s’en aller  ? Pas question. Cet exil, nous ne l’envisagerons jamais. taoufik ben brik

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

(Source: « L´Humanité » (Quotidien -France) le 25 mai 2010)


Mauritanie/Al-Qaïda: 3 condamnations à mort pour l’assassinat de Français


 
AFP / 25 mai 2010 19h37
NOUAKCHOTT – Trois jeunes Mauritaniens affiliés à Al-Qaïda ont été condamnés à la peine de mort, mardi, par la Cour criminelle de Nouakchott, pour l’assassinat de quatre touristes français fin 2007, dans le sud de la Mauritanie. « Après tout ce qui précède, la cour décide la condamnation à mort de Mohamed Ould Chabarnou, Maarouf Ould Haiba et Sidi Ould Sidna », a déclaré en arabe le président de la Cour, Ould Khayi, énonçant le verdict. Les trois Mauritaniens, âgés respectivement de 22, 28 et 29 ans, avaient plaidé non coupable, tout en se présentant comme des « soldats » d’Al-Qaïda engagés dans le « jihad ». Ils étaient accusés d’avoir attaqué, le 24 décembre 2007, un groupe de touristes français, près de la ville d’Aleg, dans le sud-est de la Mauritanie. Quatre touristes -trois d’une même famille de l’Isère (sud-est de la France) et un proche- avaient été tués. Un cinquième avait survécu à ses blessures, mais cet homme a perdu, dans l’attaque, deux de ses fils, son frère et un ami. Le président et ses deux assesseurs ont délibéré pendant plusieurs heures avant de prononcer les trois condamnations à la peine capitale, conformément aux réquisitions du parquet. Cependant, la peine capitale n’a pas été appliquée en Mauritanie depuis plus de 20 ans. La dernière exécution remonte à 1987, à l’encontre de trois officiers condamnés pour tentative de coup d’Etat sous le régime de Maaouiya Ould Taya.  

 

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