REMDH – FIDH – OMCT: Tunisie: Le gouvernement tunisien prépare une nouvelle législation, qui portera un nouveau coup aux droits de l’Homme dans le pays Solidarité avec les luttes sociales et pour les libertés syndicales au Maghreb Yahyaoui Mokhtar: Etat et NON DROIT Slim Bagga: Sale temps pour le groupe Mabrouk Afrik.com: Tunisie : les défenseurs des droits de l’homme mis à mal – Le pouvoir a interdit la commémoration de l’anniversaire de la LTDH 24heures: Les droits de l’homme interdits de Tunisie L´Humanité: Taoufik Ben Brik « Il n’y a plus, en Tunisie, que des cris chuchotés » AFP: Mauritanie/Al-Qaïda: 3 condamnations à mort pour l’assassinat de Français
Tunisie: Le gouvernement tunisien prépare une nouvelle législation, qui portera un nouveau coup aux droits de l’Homme dans le pays
Tandis qu’il discute du rehaussement de ses relations avec l’Union européenne, dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, le gouvernement tunisien prépare une nouvelle législation, qui portera un nouveau coup aux droits de l’Homme dans le pays.
Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) et l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), expriment leur préoccupation face à la nouvelle campagne de diffamation menée à l’encontre des défenseurs droit de l’Homme.
Le 18 mai 2010, les journaux Al- Hadath et Ach-Chourouk ont publié des articles virulents et non signés contre Sihem Bensedrine, porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie, Khémaïs Chammari, membre honoraire du REMDH et ancien vice-président de la FIDH, et Kamel Jendoubi, Président du REMDH et membre du Conseil exécutif de l’OMCT, les qualifiant de « traîtres », « agents » et « mercenaires » «qu’il convient de juger » (sic) pour avoir « été en contact avec l’Union européenne pour saboter le pays » alors que ces personnalités n’ont eu de cesse d’accompagner le gouvernement pour qu’il respecte ses obligations internationales relatifs aux droits de l’Homme, telles que contractées. Dans le même temps, un ancien président du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), un des partis de la majorité présidentielle, Mohamed Mouadda s’est joint, dans le quotidien As-Sabah, propriété du gendre du Président, à cette campagne odieuse.
Nos organisations sont d’autant plus préoccupées que ces nouvelles attaques contre les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens ont précédé de quelques jours un nouveau projet de loi, adopté ce mercredi 19 mai, en Conseil des ministres, visant à poursuivre pénalement « tout tunisien ayant délibérément contacts avec l’étranger pour inciter à porter préjudice aux intérêts vitaux de la Tunisie », lesquels inclut sa sécurité économique. Si elle était adoptée, cette nouvelle législation pénale, dont les dispositions sont particulièrement vagues, porteraient un nouveau coup au respect des droits de l’Homme en général, et à la liberté d’expression en particulier.
L’Observatoire et le REMDH condamnent cette surenchère répressive, et demandent aux autorités tunisiennes :
– de mener sans délais une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur les allégations décrites, afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;
– de ne pas adopter le projet de loi précité dans le mesure où de telles dispositions sont manifestement contraires à l’esprit et à la lettre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la Tunisie le 23 mars 1976 ;
– de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998 et aux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.
L’Observatoire et le REMDH appellent en outre aux institutions de l’UE à :
– immédiatement mettre en œuvre les Lignes directrices de l’UE sur les défenseurs des droits de l’Homme, lesquelles figurent parmi les priorités de la Présidence espagnole ;
– conditionner tout rehaussement des relations avec la Tunisie à un progrès notable et mesurable en matière de respect des standards internationaux des droits de l’Homme.
Communiqué – RMDH et Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, le 24 Mai 2010
Contact :
- • FIDH : Karine Appy / Fabien Maitre: + 33 1 43 55 25 18
- • OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39
- • REMDH : Shaimaa Abou Elkhir: +45 32 64 17 00
Dans tous les pays du Maghreb, des luttes ont lieu contre l’exploitation, les effets de la mondialisation capitaliste et pour la défense des libertés.
A Khourigba (Maroc), 850 ouvriers de la SMESI ont été licenciés par l’ Office Chérifien des Phosphates (OCP) pour avoir osé monter une section syndicale dans leur entreprise. Ils sont en butte à un pouvoir répressif qui les assigne en justice sous de fallacieux prétextes de droit commun, après avoir tenté de les faire taire à coups de matraque et de tirs à balles réelles au mois d’avril 2010.
Au Sahara occidental, ce même employeur, l’ OCP, qui vient néanmoins d’obtenir un prêt de 240 millions d’euros, dans le cadre d’un « accord stratégique pour une croissance verte » entre la France et le Maroc, s’illustre par des pratiques discriminatoires à l’encontre des travailleurs sahraouis du site de Boukraâ.
Dans le bassin minier de Gafsa (Tunisie), des dizaines de participants aux mouvements sociaux de 2008, dont de nombreux enseignants syndicalistes, ont passé de longs mois en prison. En libération conditionnelle depuis novembre 2009, ils n’ont toujours pas été réintégrés dans leurs emplois et subissent brimades et intimidations. D’autres militants condamnés par contumace en février 2009 continuent à faire l’objet d’emprisonnement et de poursuites judiciaires. Hassan Ben Abdallah, coordinateur du comité des diplômés chômeurs à Redeyef, a été arrêté le 24 février 2010, il purge une peine de 4 ans et 1 mois de prison ferme. Le journaliste Fahem Boukadouss, qui a réalisé des reportages télévisés sur le mouvement, sera jugé en appel le 22 juin 2010. Il a été condamné en première instance à 4 ans de prison. Mouhiedine Cherbib, militant de l’immigration tunisienne en France, est sous le coup d’une condamnation à 2 ans de prison pour avoir soutenu le mouvement.
Au Maroc, les diplômés chômeurs qui manifestent pour le droit à l’emploi affrontent une répression systématique et leur association, l’ ANDCM est toujours interdite. Le Ministère de l’ Education Nationale traite par le mépris 22 enseignantes de Rabat, en grève de la faim depuis le 15 mars, malgré l’intervention d’organisations syndicales et de Droits de l’ Homme. Elles participent depuis de longues années au mouvement national de mutations sans en bénéficier, et réclament le rapprochement du conjoint, dénonçant népotisme et clientélisme.
Des militants de l’ Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) qui protestaient contre les conditions de logement des étudiants ont été arrêtés, torturés, interdits de passer leurs examens, exclus de l’ Université. Le pouvoir a interdit la tenue du congrès de cette centrale syndicale étudiante.
Même sort pour les étudiants sahraouis dans les universités marocaines, qui subissent le même type de répression (emprisonnements, procès, interdiction de se présenter aux examens, jusqu’à exclusion de l’université) dès lors qu’ils manifestent pour le respect des libertés et contre les violations des Droits de l’ Homme.
En Algérie, le gouvernement a décrété l’état d’urgence pour tenter de criminaliser les mouvements sociaux. Les syndicats autonomes subissent harcèlement, suspension, menaces de dissolution et création de clones, ces syndicats factices mis en place par le pouvoir. C’est dans ce contexte qu’a éclaté début mai une grève illimitée des cheminots, initiée par la base syndicale avec pour revendication des salaires décents et pour mot d’ordre «ce n’est pas à nous de payer leur crise».
Afin de populariser ces luttes, les soutenir et organiser des mobilisations communes de part et d’autre de la Méditerranée, plusieurs organisations associatives, syndicales et politiques ont constitué en France le «Réseau Maghreb-Solidarité». Ce réseau organise une
Réunion publique
Jeudi 10 juin à 18h30
Salle Grande Croizat, Bourse du travail de Paris
3 rue du Château d’Eau75010 Paris, métro République
Participent au «Réseau Maghreb-Solidarité» les organisations suivantes:
Associations: AMF, ASDHOM, ATF, ATMF, CEDETIM, CISA, Comité de soutien au Bassin Minier, CORELSO, CRLDHT, FTCR, Groupe de soutien AMDH Paris, MRAP,…
Syndicats: CNT, Union Syndicale Solidaires, …
Partis politiques: FASE, NPA, PCF, PCOF, PCOT, PDP, PG, Verts, Voie Démocratique, …
Etat et NON DROIT
SALE TEMPS POUR LE GROUPE MABROUK
Tunisie : les défenseurs des droits de l’homme mis à mal Le pouvoir a interdit la commémoration de l’anniversaire de la LTDH
Les droits de l’homme interdits de Tunisie
Taoufik Ben Brik « Il n’y a plus, en Tunisie, que des cris chuchotés »
Il est arrivé à l’Humanité le 14 mai dernier à l’improviste, en vieil ami. Heureux d’être libre, éprouvé, encore, par les six mois passés dans les geôles de Ben Ali, après l’une de ces manipulations grossières dont le régime tunisien a le secret. En visite en France après sa sortie de prison, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik est très vite retourné à Tunis, refusant l’exil comme le silence. Là-bas, il est encore et toujours la cible d’un insupportable harcèlement policier. Rencontre.
La peine que vous avez purgée était destinée à vous faire payer vos écrits et votre opposition au régime de Ben Ali. Quelle fut votre expérience de l’incarcération ?
Taoufik Ben Brik. Je n’étais pas un prisonnier comme les autres. J’étais l’otage de Ben Ali. D’ailleurs, y a-t-il, dans les geôles de Ben Ali, des prisonniers ? Ne sont-ils pas tous des otages, rouages d’un système clientéliste, que l’on peut monnayer contre le silence ou contre de l’argent ?
Pensez-vous que votre emprisonnement a contribué à décrédibiliser davantage le régime policier qui règne en Tunisie ?
Taoufik Ben Brik. Le pouvoir était déjà nu. Mon procès ne fut, en fait, qu’un énième procès de ce régime. Ben Ali est une hydre à deux têtes : d’un côté, la propagande, de l’autre, le flingue. Nous autres n’avons pas les moyens de fracasser le flingue : nous tentons de contrer la propagande. Je crois que je suis passé maître dans l’art de l’agit-prop. L’écriture n’est pas la seule arme. D’ailleurs, mes meilleurs articles sont ceux qui ne sont pas écrits. Rien n’irrite plus Ben Ali que ma capacité à jouer sans ballon. En prison, je m’exprimais, je faisais la grève de la faim, les autres écrivaient. Je suis devenu une tribune libre, un défouloir, une cause à défendre, une possibilité, pour d’autres, de s’exprimer.
En Tunisie, dites-vous, il n’y a même plus vraiment de presse digne de ce nom. Quel support, alors, reste-t-il aux journalistes ?
Taoufik Ben Brik. Si, en Algérie, on a assassiné des journalistes, en Tunisie, on a exterminé le métier. La presse a été désintégrée avec une bombe A. Il ne reste plus qu’un désert. Moi-même, suis-je journaliste ? Mes poèmes me valent davantage les foudres du régime tunisien que mes articles. Ceux qui écrivent encore sont les derniers des Mohicans, des braves qui tentent de s’exprimer sur Internet. Il n’y a plus, en Tunisie, que des cris chuchotés. Ben Ali a muselé tout le monde. Les Tunisiens n’entendent plus, ne regardent plus, ne parlent plus. L’âme tunisienne s’est brisée sur un récif. Il n’y a plus de presse, plus de théâtre, plus de poésie, plus de cinéma. Ben Ali est un tyran disposant d’un pouvoir absolu. Personne ne le dérange. Ne se dressent contre lui qu’une vingtaine d’individus vociférant dans le Sahara.
Avez-vous subi des actes de torture ?
Taoufik Ben Brik. La torture, en Tunisie, est une pratique banale. La plupart de mes codétenus de la prison de Siliana avaient été torturés, selon la norme. Entrer en prison sans avoir été préalablement torturé est impensable. C’est un passage obligé. S’agissait-il de torture ? Au poste de police, après mon interpellation, il y avait, dans cette petite pièce d’un mètre sur deux où j’étais enfermé, nu et menotté, vingt flics minables allumant et éteignant la lumière. Ils m’ont couvert d’insultes et de grossièretés. « Qui es-tu, salopard, pour oser évoquer Ben Ali ? », répétaient-ils inlassablement. Ces gens-là vous conduisent au-delà de la peur, pour vous neutraliser par la violence physique et psychologique.
Si les violations des libertés fondamentales sont aussi flagrantes, comment expliquer le silence de la communauté internationale ?
Taoufik Ben Brik. La Tunisie est un pays insignifiant. Elle n’a ni pétrole, ni frontières avec Israël. S’il n’y avait pas, dans ce pays, quelques individus sachant manier la parole et la plume, on n’entendrait même plus parler de ce pays, une petite dictature prise en étau entre l’Algérie des GIA et la Libye de Kadhafi. Ben Ali est un dictateur de deuxième division qui n’intéresse plus personne. D’ailleurs, les médias ne couvrent même plus ses prétendues élections. Quant aux Ben Brik, aux Radhia Nasraoui, on se désintéresse aussi de la litanie de leurs mésaventures.
S’il n’y a plus ni presse, ni société civile, ni débat politique, comment imaginer un changement en Tunisie ?
Taoufik Ben Brik. Peut-être faudrait-il faire un film qui parlerait d’un pays sans avenir, sans présent, sans passé. Les Tunisiens errent dans le désert, sans savoir pourquoi, sans destination. C’est une sorte de 1984. Mais le cas tunisien n’est qu’un parmi tant d’autres…
Ce « cas tunisien » illustre-t-il une certaine inertie du monde arabe ?
Taoufik Ben Brik. La géographie ne pardonne pas. La Tunisie appartient au continent le plus pauvre, l’Afrique. Elle est située dans la région arabo-musulmane, dirigée par un club de tyrannosaures. Comment, dans ces conditions, espérer qu’elle devienne un pays démocratique ? Ne nous y trompons pas : les puissances du Nord veulent maintenir ce statu quo. On a besoin de Moubarak, de Kadhafi, de Assad, de ces dirigeants qui éreintent et terrassent leurs peuples. Parce que des peuples vaincus et soumis sont des peuples inoffensifs.
Qu’advient-il de l’avocate et militante des droits de l’homme Radhia Nasraoui, elle aussi harcelée par le régime ?
Taoufik Ben Brik. Son sort est celui de tous ceux qui osent tenir tête à Ben Ali, qui veulent vivre librement. Radhia, comme Hamma Hammami ou Sihem Bensedrine, se sent prisonnière, elle sent l’étau se resserrer chaque jour. Son quotidien, c’est toujours cette cohorte de policiers qui la suivent à chacun de ses déplacements, qui encerclent sa maison, effraient ses enfants. Quoi faire ? Abandonner le pays à Ben Ali et s’en aller ? Pas question. Cet exil, nous ne l’envisagerons jamais. taoufik ben brik
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
(Source: « L´Humanité » (Quotidien -France) le 25 mai 2010)
Mauritanie/Al-Qaïda: 3 condamnations à mort pour l’assassinat de Français
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