Le Professeur BEN SALEM hospitalisé en cardiologie
A quelques semaines des élections présidentielle et législative : Les agressions visant les défenseurs des droits humains s’accentuent en Tunisie
Mustapha Ben Jaafar : « La réforme politique est indispensable»
14/09/2009 | Jeune Afrique | Par : Propos recueillis à Tunis par Samy Ghorbal
« Intransigeant modéré », inflexible sur les principes mais toujours ouvert au dialogue, le leader social-démocrate, probable candidat à la présidentielle tunisienne du 25 octobre, prône un changement de comportement. Entretien.
Les superstitieux pourraient être tentés d’y voir un signe du destin. L’élection présidentielle tunisienne, à laquelle souhaite participer le Dr Mustapha Ben Jaafar, est prévue pour le 25 octobre 2009, soit sept ans jour pour jour après la légalisation de son parti, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), qu’il a fondé en 1994 avec un groupe de transfuges du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), dont il fut l’un des fondateurs. À 69 ans, ce professeur de médecine, ancien chef de service de radiologie, est l’une des personnalités les plus respectées de l’opposition. Un « intransigeant modéré », inflexible sur les principes mais toujours ouvert au dialogue. Avec le pouvoir, mais aussi avec les islamistes. Un authentique démocrate, doublé d’un homme de bonne volonté.
Cela en fait-il pour autant un vrai leader politique? Le doute porte moins sur son engagement que sur ses méthodes. Ses détracteurs aiment à souligner qu’il a (énormément) tardé avant d’organiser le congrès constitutif de son parti, et que ses militants, au demeurant peu nombreux, ne sont pas très visibles dans les rassemblements de l’opposition. Lui laisse dire. Adepte de la politique des petits pas, il attend patiemment son « heure de vérité ». Elle pourrait bientôt sonner. Avant la mi-septembre, Mustapha Ben Jaafar aura déposé officiellement sa candidature et il saura d’ici à la fin du mois si elle est validée par le Conseil constitutionnel. Son absence ôterait beaucoup de son intérêt à la campagne électorale. Car l’issue de la présidentielle du 25 octobre, elle, ne fait aucun doute: ni Ben Jaafar, ni Ahmed Brahim, le secrétaire général d’Ettajdid, l’autre candidat de l’opposition, ni, a fortiori, Mohamed Bouchiha et Ahmed Inoubli, les dirigeants respectifs du Parti de l’unité populaire (PUP) et de l’Union démocratique unioniste (UDU), deux formations membres de la mouvance présidentielle, ne sont en mesure d’inquiéter Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987 et en lice pour un cinquième mandat de cinq ans.
Jeune Afrique: Quelle est la signification de votre candidature, alors que tout le monde s’accorde à dire que la réélection du président Ben Ali n’est qu’une formalité?
Mustapha Ben Jaafar:A priori, il existe plus de raisons de se décourager que de raisons d’espérer. Le problème, c’est que le boycott ne fera pas avancer notre cause. Nous l’avons pratiqué en 2004, et quel avantage en avons-nous tiré? Aucun, sauf peut-être de pouvoir se dire « purs »… Aujourd’hui, le problème numéro un de la Tunisie est la démobilisation des citoyens. On sent un vrai ras-le-bol, un vrai malaise, mais personne ne franchit le pas de l’engagement. La peur n’explique pas tout. Je crois que la cause principale de cette passivité, c’est l’ignorance. Les gens disent: « On ne sait pas qui vous êtes, on ne vous connaît pas. » La question qui se pose à nous, c’est: allons-nous profiter d’une récréation de quinze jours pour prendre contact avec la population, ou allons-nous rester sur une ligne « boycottiste », comme le souhaite d’ailleurs une frange influente de la classe dirigeante? Nous allons essayer d’aller jusqu’au bout et de faire campagne, tout en restant vigilants sur les conditions dans lesquelles se dérouleront les élections. Notre participation au scrutin n’aura aucune signification si le contact avec la population est impossible.
En 2004, la « nouveauté pluraliste » résidait dans la candidature de Mohamed Ali Halouani. Cette fois, cela pourrait être vous. Craignez-vous d’être instrumentalisé par le pouvoir?
J’ai pesé ce risque, mais il est inévitable. On est dans le jeu politique, c’est de bonne guerre. Là où l’on sort du jeu politique normal, c’est quand il y a des gens qui sont au pouvoir pendant cinq ans, qui participent aux élections en disposant de moyens illimités, qui accaparent les médias audiovisuels et qui ont face à eux des partis ligotés, libérés pour les quinze jours de récréation, et qui sont ensuite à nouveau bâillonnés pendant cinq ans.
Me Néjib Chebbi, le leader historique du Parti démocratique progressiste [PDP], voulait être candidat, mais il en a été empêché par un amendement constitutionnel voté par le Parlement. Votre réaction?
Néjib Chebbi est une personnalité politique et il a, comme plusieurs centaines d’autres personnalités du monde politique, syndical ou associatif, le droit de briguer la première responsabilité du pays. Le fait que l’on discute de la possibilité pour moi d’être candidat n’enlève rien à ce que nous avons dit dès le début, à savoir que cette loi constitutionnelle amendant l’article 40 et votée en juillet 2008 est une loi d’exclusion. Cette loi est mauvaise. Nous réclamons depuis des années une règle claire, praticable, consensuelle, connue de tous très longtemps à l’avance, afin que chacun des acteurs politiques de ce pays puisse se préparer en conséquence.
Pourquoi l’opposition tunisienne n’arrive-t-elle pas à s’entendre sur une candidature unique et avance-t-elle toujours en ordre dispersé?
Je n’ai rien contre l’idée d’une candidature unique de l’opposition, je l’ai même suggérée il y a plusieurs mois, mais elle n’a pas rencontré d’écho. Mais ce n’est pas un drame. Pourquoi l’opposition devrait-elle nécessairement être unie? L’élection présidentielle comporte deux tours. Au premier, on choisit, au second, on élimine. Le mode de scrutin ne nous oblige pas à nous rassembler dès le premier tour, au contraire. Et nous sommes presque dans un jeu politique de survie, dans l’obligation d’affirmer notre existence. Il n’y a, à mon avis, aucun mal à ce qu’il y ait une diversité de candidatures de l’opposition.
Sur quels thèmes allez-vous faire campagne?
D’abord la réforme politique. Nous pensons qu’elle est aujourd’hui devenue incontournable pour redonner vie à cette société en grande partie muselée. Mais nous allons aussi insister sur les problèmes économiques et sociaux. Malgré tout ce qui a été dit et fait, le chômage n’a guère baissé, et sa structure est en train de s’aggraver, dans la mesure où la proportion de jeunes est très importante, et la part des jeunes instruits et diplômés ne cesse d’augmenter. C’est un problème grave qui peut, à terme, mettre en péril l’équilibre et la stabilité de notre société.
La réforme politique, cela pourrait ressembler à quoi?
La Constitution de 1959, dans sa version originale, n’était pas un mauvais texte. Aujourd’hui, le problème se situe davantage dans les comportements que dans la loi. Il faut assurer et garantir en pratique l’indépendance de la justice et celle de la presse. Et là, il faut des actes. Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe clé, mais il est composé à 90 % de gens nommés et, pour cette raison, il ne peut pas être indépendant! S’agissant de la presse, je sais de quoi je parle: je suis le chef d’un parti légalisé depuis 2002 et je n’ai pas eu une seule minute de parole à la télévision ou à la radio nationale. Il faut faire sauter les verrous et ouvrir réellement le champ médiatique! Enfin, et là on se situe dans l’ordre des symboles, il me paraît indispensable que le président de la République se dégage de ses responsabilités partisanes. Qu’il soit simplement le président de tous les Tunisiens et qu’il ne soit plus aussi le président du Rassemblement constitutionnel démocratique [RCD].
Revenons à votre diagnostic sur l’état du pays. Vous avez parlé du chômage et de l’éducation. Y a-t-il d’autres évolutions qui vous préoccupent?
Oui. Le développement de la corruption. Elle existe partout, même dans les pays de vieille tradition démocratique. Mais elle est dénoncée dans la presse et on installe en permanence des outils pour la combattre. Il faut une justice indépendante pour lutter efficacement contre ce véritable cancer, qui se répercute dans le comportement général du citoyen, avec le triomphe de la « débrouillardise », et aussi dans celui des acteurs économiques. Pourquoi, malgré toutes les facilités et toutes les incitations existantes, nos opérateurs économiques n’investissent-ils plus? C’est bien la preuve que les gens n’ont plus confiance.
Pour finir, quelle doit être l’attitude de l’opposition démocratique vis-à-vis des islamistes d’Ennahdha et des gens qui ont milité au sein de ce parti interdit? Faut-il les intégrer, dialoguer avec eux ou, au contraire, maintenir une sorte de cordon sanitaire entre « eux » et « vous »?
C’est un problème complexe, qui mériterait un grand débat national et qui a été complètement escamoté. Je suis partisan du dialogue avec les islamistes qui prônent la démocratie dans leurs déclarations. Mais ce dialogue doit s’inscrire à l’intérieur d’un cadre dessiné par les acquis républicains: le code du statut personnel et les règles démocratiques, qui sont des règles universelles et que chacun doit accepter sans réserve. Ce dialogue, nous l’avons instauré, avec d’autres, dans le Collectif du 18 octobre. Il progresse. Trop lentement au goût de certains. Personnellement, je ne suis pas pressé. Nous sommes en train de constituer un socle, immuable, consensuel, qui nous permettra de ne pas vivre dans l’angoisse du lendemain. Les islamistes ont été diabolisés, et cela a surtout servi à justifier la répression. On a aussi peut-être exagéré leur audience. Je ne suis pas certain que si demain il y avait des élections sincères, auxquelles ils participeraient, ils seraient majoritaires. Enfin, Ennahdha ne représente pas tous les islamistes. L’organisation est dépassée, sur sa droite, par des phénomènes beaucoup plus dangereux de djihadisme. Je n’ai pas peur de la confrontation avec Ennahdha. La société tunisienne a connu de grandes avancées économiques et sociales sous Bourguiba et sous Ben Ali. Les femmes y sont libres, scolarisées et éduquées depuis plus de cinquante ans. Elle est en mesure de sécréter assez d’anticorps contre toute velléité de retour en arrière.
(Source: »jeuneafrique.com » le 14 sept. 09)
Ramadan : jackpot pour les télévisions du Maghreb
14/09/2009 | Jeune Afrique | Par : Faïza Ghozali
L’Algérie, le Maroc et la Tunisie vivent au rythme du ramadan depuis le 22 août. Régies télé, agences de production et marques profitent de ce mois exceptionnel avec un marché de la pub qui explose de 40 %.
Record battu, le 23 août dernier : 299 minutes – quasi 5 heures – de publicité ont été diffusées sur le petit écran tunisien lors du deuxième jour du mois de ramadan, selon le cabinet d’études Sigma Conseil. Les pays voisins ne sont pas en reste. Au total, près de 200 heures de pub seront diffusées d’ici à la fin du mois dans les trois pays du Maghreb – cinq fois plus qu’un mois « normal ». Ces records sont révélateurs de ce mois d’exception, qui n’est plus seulement celui du jeûne ou du recueillement spirituel, mais aussi celui de l’hyperconsommation. Au Maghreb, on ne dépense jamais autant que durant le ramadan. Et pour doper leurs ventes les annonceurs investissent massivement le petit écran : près de 75 millions d’euros pour ce cru 2009 (+ 40 %).
Là réside l’exception « ramadanesque » de la publicité: la prééminence de la télévision. « Le ramadan, c’est le Super Bowl du Maghreb », explique non sans humour Stéphane Martin, directeur délégué du Syndicat national français de la publicité télévisuelle (SNPTV), qui connaît bien le secteur au sud de la Méditerranée. « C’est le seul mois de l’année où l’on regarde les chaînes locales », témoignent un Algérien et un Tunisien. Bien que le paysage audiovisuel diffère d’un pays à l’autre, le comportement des téléspectateurs maghrébins se révèle homogène, calqué sur le même rituel. La rupture du jeûne, signalée à la fois par les haut-parleurs des mosquées et par la télévision, se fait en famille. Devant son poste, allumé une grande partie de la nuit tant se multiplient les agapes entre ftour et shour, on consomme « local ». Exit les arabes MBC, Al-Jazira, ou encore les françaises M6 ou TF1, évincées par 2M et Al-Aoula au Maroc, ENTV et A3 en Algérie, Tunis 7 et Hannibal TV en Tunisie. Les programmations « spécial ramadan » chamboulent le prime time, ajusté à l’heure du ftour, mettant l’accent sur les traditions, l’humour et les valeurs propres à chaque pays. Toutes font la part belle aux productions locales, feuilletons, sitcoms et autres « capsules » (sketchs et caméra cachée notamment), en plus des feuilletons turcs ou moyen-orientaux dont les Maghrébins sont friands.
Du coup, les audiences quotidiennes explosent – celle de l’ENTV algérienne se voit triplée. Conséquence : « Si l’audience est là, la publicité aussi », dixit Stéphane Martin. À peine passé l’annonce du ftour, le préambule religieux de rigueur, qui marque le réveil du petit écran, laisse place à de longs tunnels de publicité, jusqu’à 18 minutes en continu: 27 coupures pub en moyenne chaque jour au Maroc au lieu de 18 en temps normal, 23 en Algérie au lieu de 12, et 17 en Tunisie au lieu de 10 (chiffres Sigma Conseil). Au total, ce sont plus de 68 heures de publicité au Maroc et plus de 61 heures en Algérie qui seront diffusées durant ramadan (au lieu de 16 et 11 heures de moyenne mensuelle en 2009). La palme revient à la Tunisie, eu égard à sa taille, avec plus de 69 heures de pub, au lieu de 13 heures.
Matraquage… alimentaire
Côté annonceurs, priorité est donnée au prime time (18h30-21 heures). « Sinon vous avez peu de chances d’être vu », assure Mohamed Haoues, à la tête de l’Institut d’études algériennes (IEA). « Face à des programmes qui fédèrent 80 % de l’audience, il est impératif d’être présent », insiste Khaled Aouij, fondateur du portail Internet tunisien Pros de la Com. Difficile d’ignorer Vanoise en Tunisie, Mobilis en Algérie ou Wana au Maroc, qui bombardent de leurs spots les téléspectateurs. Si les opérateurs de téléphonie mobile continuent de figurer au palmarès des publicités les plus diffusées, en particulier au Maroc, ils font une place à l’agroalimentaire – huiles, levures, biscuits et autres sucreries – comme Nejma en Tunisie ou Cevital en Algérie, café Facto, farine Sim ou levure Nouara en Algérie… « Certaines marques locales ne communiquent que pendant ramadan », souligne Riad Aït Aoudia, patron de MediAlgeriA, une centrale d’achat. La période est aussi idéale pour lancer un nouveau produit, à l’instar de La Rose Blanche. Voilà deux ans, La Vache qui rit en a également profité pour lancer Chef, en Algérie. Signe de cette appétence pour le mois de jeûne, « les annonceurs acceptent d’investir davantage », reconnaît le patron d’Ulysson, le producteur Riadh Thabet. Leur budget pub s’envole de 25 % à 60 % pendant cette période. À défaut de doper leurs ventes, les marques tentent d’asseoir leur capital notoriété. À coups de matraquage: 22 spots par jour pour les biscuits Major, propriété de Sotubi, qui a renouvelé son contrat avec le champion olympique de natation Oussama Mellouli – soit un investissement d’au moins 80000 dinars tunisiens (DT) quotidiens. Autre prédilection des marques: le sponsoring des programmes les plus cotés. À l’instar de Mobilis, qui a déboursé 60 millions de dinars pour Djemaï Family, une sitcom de 25 minutes – sur un total de 265 millions de dinars algériens (DA) d’achat d’espace télé.
Premières bénéficiaires de cette manne d’exception, les régies publicitaires des chaînes de télévision. Le seul ramadan pèse jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires annuel! Mieux, « le chiffre d’affaires brut de l’ENTV avoisine les 65 millions de DA [644000 euros] par jour pendant le ramadan, contre 10 millions de DA [99000 euros] en temps normal », indique Mohamed Haoues, qui, sur cette base, évalue, hors remises, à 1,9 milliards de DA (19,5 millions d’euros) son chiffre d’affaires brut pour le ramadan. Côté tunisien, le feuilleton Maktoub, de Sami Fehri, entrecoupé d’une rafale de 12 minutes de réclame non-stop, concentre 22 annonceurs à lui seul. Un vrai jackpot pour la chaîne historique Tunis 7, qui en diffuse la saison 2. Même le Maroc, qui a souffert d’une baisse de ses investissements publicitaires au cours du premier semestre 2009, sauve les meubles. « Pour l’heure, affirme Zoheir Zrioui de la chaîne 2M, nous constatons une légère augmentation par rapport au ramadan 2008. » Assaillies de demandes et courtisées par les annonceurs, les régies n’hésitent pas à gonfler leurs prix: pour un spot de 30 secondes en prime time, il vous en coûtera 7300 euros au Maroc au lieu de 5800 euros, 4000 euros en Algérie au lieu de 3300 euros, et 2400 euros en Tunisie au lieu de 1600 euros. Mais gare à ne pas trop affûter les prix. Ayant carrément doublé ses tarifs, l’ENTV a été boycottée par les annonceurs lors du ramadan 2007, et la manne s’est tarie : 5,5 millions d’euros seulement pour ce mois de jeûne, bien loin des 12,7 millions d’euros de l’année suivante.
Les producteurs à l’offensive
Période faste aussi pour les sociétés de production audiovisuelle. Riadh Thabet le reconnaît : « C’est un tiers de mon chiffre d’affaires annuel. » Voire 40 % pour d’autres. D’ordinaire peu offensifs, les producteurs maghrébins mettent les bouchées doubles. « J’ai imaginé la série spécialement pour le ramadan », avoue Riadh Ghariani, le concepteur de Tunis 2050, la série animée en 3D qui fait le bonheur d’Hannibal TV. Surtout, ce programme a inauguré une stratégie nouvelle, le placement de produits : les personnages font leurs courses à Carrefour, mangent un yaourt Danone, etc. « Il y a tant d’encombrement publicitaire lors du ramadan que les marques cherchent une nouvelle visibilité, explique Ghariani. Plusieurs sponsors étaient intéressés, mais notre convention avec Hannibal TV fixe la limite à trois » : Délice Danone, Moulin et la SNBG. Il précise : « Pour un projet comme le nôtre, les sponsors sont indispensables. » Financièrement parlant, s’entend : le sponsoring « est plus cher qu’un spot classique », mais motus et bouche cousue sur les revenus générés par la série.
Que révèle cette inflation publicitaire ? « Qu’il y a de la place pour une vraie industrie de la production audiovisuelle, s’enflamme Hassen Zargouni, le patron de Sigma Conseil. Le seul moyen d’éviter l’encombrement durant le ramadan, c’est de démultiplier les médias et que ceux-ci déploient une offre forte, à même de fédérer une audience le reste de l’année. » Logiquement viendront ensuite les annonceurs.
Pour l’heure, tel n’est pas le cas, à part au Maroc. La fin de ramadan sonnera la fin de la récréation publicitaire en Tunisie et en Algérie. À son tour, la publicité subira un jeûne drastique. Budgets épuisés et régies gavées vont se mettre au régime, au moins jusqu’à la fin 2009. Jusqu’au ramadan 1431 ?
(source: »jeuneafrique.com » le 14 sept. 09)
Mauritanie: Itinéraire d’un kamikaze
14/09/2009 09:59:43 | Jeune Afrique | Par : Marianne Meunier
Haratine d’extraction modeste, l’auteur de l’attentat-suicide du 8 août contre l’ambassade de France était un jeune homme rangé et sans histoires. Comme bien souvent…
Un jeune homme sans histoires. Travailleur, responsable, respectueux de ses parents. Il est d’ailleurs revenu dans la maison familiale après une absence de neuf mois pour y passer les deux dernières nuits de sa vie. Ultime refuge dans l’innocence de la jeunesse avant le fatidique 8 août 2009 ? Ce samedi-là (dernier jour de week-end en Mauritanie), le crépuscule n’a pas encore enveloppé Nouakchott quand Moussa Ould Beina Ould Zeidane, 24 ans, actionne la ceinture d’explosifs qu’il porte sur lui. En plein centre de la capitale, à deux pas de l’ambassade de France, un « repaire de croisés », comme le dira, dix jours plus tard, un communiqué revendiquant l’attaque, signé Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Chômage et pauvreté
Auteur du premier attentat-suicide en Mauritanie, Moussa voulait mourir en « martyr », comme un serviteur zélé d’Allah. Au passage, il a blessé deux gendarmes français – dont un sérieusement, au tympan – et une passante mauritanienne. « Cette opération est venue en réaction à l’hostilité des croisés – emmenés par la France – et de leurs agents apostats », explique le même communiqué.
Un mois après l’attaque, la télévision publique s’emploie à démystifier le destin du jeune terroriste, convoquant sur ses plateaux des oulémas, des gradés et des intellectuels venus expliquer comment prémunir la jeunesse de l’islamisme radical. Quant au film de sa vie, que le journaliste mauritanien Mohamed Ould Khattat a reconstitué dans le quotidien Nouakchott Info, il fait apparaître un itinéraire banal, où le djihadisme est moins une vocation qu’un hasard croisé sur le chemin du vide et de l’ennui.
Moussa Ould Beina Ould Zeidane est né le 12 décembre 1984, dans la soirée. Sa tante l’aurait bien baptisé Maaouiya, en l’honneur de ce colonel moustachu dénommé Maaouiya Ould Taya qui a renversé le président Ould Haidallah le matin même et qui sera lui-même déposé vingt et un ans plus tard. Deuxième d’une famille de huit enfants, entre un père ex-boulanger reconverti en gardien de parking et une mère couturière occasionnelle, le petit Moussa grandit dans la pauvreté, à l’instar de la grande majorité des Haratines – descendants d’esclaves et arabophones. Alors Moussa, qui rate son bac à deux reprises, travaille beaucoup : tous les matins, il quitte au petit jour la maison familiale dans le quartier populaire de Basra, à Nouakchott, pour se poster au carrefour de la Polyclinique, une place de Nouakchott où les artisans – peintres, menuisiers – se réunissent pour proposer leurs services. En 2008, il tente en vain de rentrer dans le corps de la gendarmerie.
Questions sans réponse
Son parcours est semé d’échecs scolaires, mais il ne comporte ni larcins ni mauvais coups. Moussa n’est pas connu des services de police. Quant à sa pratique de l’islam, elle est normale, pas plus zélée que celle de sa famille. Il n’est pas réputé fréquenter une madrasa, lieu potentiel de recrutement de futurs djihadistes. Alors, comme toujours, la même question revient: comment un jeune homme tranquille de 24 ans bascule-t-il dans la violence terroriste sans que personne, même son plus proche entourage, s’en aperçoive? En novembre 2008, Moussa quitte la maison de Basra. Il ne donnera plus aucune nouvelle à sa famille. A-t-il rejoint un « camp d’entraînement terroriste » – une appellation pompeuse pour désigner des campements mobiles et rudimentaires –, dans ce no man’s land à cheval entre le Sud algérien et le Nord malien? Une photo diffusée par AQMI le laisse supposer. Reste à savoir comment et où s’est opéré le recrutement. À Nouakchott? Dans la rue? Dans une mosquée? Moussa se rendait-il vraiment au carrefour de la Polyclinique, comme il le prétendait? Mais si le jeune homme a pu être endoctriné à coups de vidéos, cela n’a pas pour autant dissipé sa peur. Selon un témoin de l’attentat, il tremblait avant de se faire exploser…
(Source: »jeuneafrique.com » le 14 sept. 09)
Lien:http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2539p045.xml0/-terrorisme-attentat-ambassade-kamikaze-Itineraire-d-un-kamikaze.html
L’ALGÉRIE PASSE UN RAMADHAN SANS ATTENTAT TERRORISTE
Le silence des bombes
14 Septembre 2009 – Page : 7/ Ikram GHIOUA
Isolés, affaiblis, pourchassés et coupés de la société, ce sont aujourd’hui les terroristes qui redoutent les assauts des services de sécurité.
Le mois de Ramadhan touche à sa fin et aucun acte terroriste particulier n’a été enregistré surtout au niveau des grands centres urbains. C’est le premier Ramadhan depuis quinze ans où il n’y a pas eu d’attentats. Mois réputé pour être un mois de djihad par excellence, le Gspc affilié à Al Qaîda s’est tu durant ce mois et ce n’est pas un cadeau pour le peuple algérien. C’est une défaite militaire et la peur a réellement changé de camp. Isolés, affaiblis, pourchassés et coupés de la société, ce sont aujourd’hui les terroristes qui redoutent les assauts des services de sécurité. Les citoyens eux, sont beaucoup plus affolés par la flambée des prix que par la situation sécuritaire. Quel sens donner à cette accalmie? Le terrorisme est-il vaincu en Algérie? Sommes-nous en train de vivre réellement le dernier quart d’heure du terrorisme? Ce qui est certain c’est que la stratégie adoptée par les forces de sécurité depuis le début du mois a fini par payer. A quelques jours du début du mois de Ramadhan, un dispositif sécuritaire particulier a été mis en place mais sans grand bruit au plan médiatique. Des barrages fixes et mobiles de la gendarmerie, de la police et de l’armée ont été omniprésents sur le terrain, notamment dans les axes interwilayas, spécialement ceux ayant connu des attentats terroristes durant les derniers mois. Une cellule centrale du recoupement du renseignement s’est attelée à coordonner les informations et autres données émanant des services de sécurité tous corps confondus. Sur le plan humain, l’effectif sécuritaire a été totalement mobilisé avec les moyens matériels adéquats et ce dispositif a été déployé au niveau des sites stratégiques. L’alerte maximale a été maintenue au niveau de toutes les grandes villes alors que des actions militaires, menées sur la base de renseignements, sont restées opérationnelles dans une douzaine de maquis, là où les résidus du Gspc trouvent encore refuge. Les forces héliportées interviennent régulièrement pour resserrer l’étau sur ces groupes afin d’empêcher leur évasion. L’objectif assigné a été la prévention et rien que la prévention afin d’éviter toute surprise. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler qu’au niveau des hautes instances militaires, les pertes dans les rangs des forces de sécurité sont intolérables, d’autant plus qu’on parle désormais d’un terrorisme résiduel et du retour progressif à la paix. Une paix chèrement payée. Actuellement il y a au moins quatre groupes terroristes pourchassés par les forces de sécurité, à Jijel, Skikda, El Oued et Djelfa Pour les services de sécurité, il n’est guère question de revivre la situation d’insécurité ayant prévalu durant les années 90 où le mois sacré du Ramadhan était la période la plus sanglante. C’est justement cet objectif que ce que l’on appelle le Gspc, branche d’Al Qaîda au Maghreb islamique veut atteindre, selon les renseignements en possession des forces de sécurité engagées dans la lutte antiterroriste. En effet, des informations parvenues à ces services font état de l’acheminement d’une importante quantité d’armes via les frontières est. La lutte se poursuit et le risque zéro n’existe pas et la vigilance est plus que jamais demandée. Comme seul moyen de riposte, les bandes du Gspc s’attaquent à des citoyens et tentent d’instrulmentaliser des mosquées des zones très isolées pour des recrutements. Il faut noter que le dispositif enclenché par les forces de sécurité ne néglige aucune partie du territoire national surtout qu’actuellement l’ANP est sur le point de finaliser un plan opérationnel du lutte pour sécuriser la bande du Sahel avec la coopération des pays concernés. Cette coopération semble a priori inquiéter Washington et Paris, qui auraient exercé des pressions sur les pays membres de la coopération pour empêcher l’armée algérienne de commander les opérations militaires. Concernant cette coopération justement, elle a été décidée lors d’une réunion à Tamanrasset le mois d’août dernier, avec la participation de hauts cadres militaires algériens, mauritaniens, nigériens et maliens.
(Source: »lexpressiondz.com » le 14 sept. 09)
Lien: http://www.lexpressiondz.com/article/2/2009-09-14/67558.html
Les femmes au centre des débats du Conseil des droits l’homme
France/Immigration – Besson pour l’abandon des tests ADN
Un des premiers sites internet en Israël, « Panet », est Arabe
Nétanyahou: pas de gel total des constructions dans les colonies juives de peuplement
Le 14 sept.-09
Les médias israéliens ont rapporté lundi que le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a affirmé devant une commission parlementaire qu’il n’y aura pas de gel total des constructions dans les colonies juives de peuplement de Cisjordanie.
Selon les médias israéliens, Nétanyahou a également déclaré devant cette cmmission qu’Israël continuerait à construire dans Jérusalem-Est.
Les déclarations du Premier ministre israélien surviennent à la veille de sa rencontre avec George Mitchell, l’émissaire de Washington pour le Proche-Orient venu dans la région pour tenter de parvenir à un compromis sur les colonies juives de peuplement qui permettrait une reprise des pourparlers israélo-palestiniens.
Les Palestiniens exigent comme préalable à toute reprise des négociations avec Israël le gel de toutes les constructions israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Ben Laden semble affaibli et cherche une porte de sortie , selon des analystes
De Acil TABBARA (AFP) – le 14 sept. 09
DUBAI — Le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, apparaît dans son nouveau message adressé au peuple américain comme un homme affaibli, traqué et cherchant une porte de sortie, estiment lundi des analystes.
Dans son message diffusé à l’occasion du 8e anniversaire des attentats du 11 septembre, ben Laden appelle le peuple américain à faire pression sur la Maison Blanche pour qu’elle mette fin aux guerres en Irak et en Afghanistan en échange d’un arrêt de ses attaques.
« Le nouveau message de ben Laden traduit un véritable changement (…) il ne comporte pas de menaces et cherche à justifier les attaques du 11 septembre » en expliquant qu’elles ont été menées en réaction au soutien des Etats-Unis à Israël « et d’autres injustices », estime Diaa Rachwane, l’un des meilleurs analystes arabes en matière de terrorisme.
« Pas une seule fois dans ce message, et contrairement à son habitude, ben Laden n’a mentionné les +martyrs+ qui ont mené les attaques du 11 septembre et ne les a salués », relève M. Rachwane, directeur adjoint du centre al-Ahram pour les études stratégiques et politiques.
Il souligne que ce message intervient trois semaines après celui du numéro deux d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, portant sur la situation dans la vallée de Swat, au Pakistan, et qui abondait de citations religieuses appelant à l’unité des rangs des moujahidine.
« Tout cela démontre clairement qu’Al-Qaïda est affectée par les développements sur le terrain », ajoute M. Rachwane en allusion aux coups portés à Al-Qaïda dans les zones tribales pakistanaises.
Dans le message diffusé par le site As-Sahab, selon le centre américain de recherche sur le terrorisme Intel Center, ben Laden qualifie le président américain Barak Obama « d’opprimé » n’ayant pas le pouvoir de changer le cours des guerres et le présente comme un otage « des groupes de pression et notamment du lobby juif ».
« Pour la première fois également, ben Laden parle positivement de trois présidents américains », explique encore M. Rachwane: « Obama dont il mentionne le discours adressé au monde arabe depuis Le Caire le 3 juin, Jimmy Carter dont il relève l’attitude à l’égard des Palestiniens, et John Kennedy (assassiné en 1963) en affirmant qu’Obama connaîtra le même sort s’il suit une politique différente de celle des néo-conservateurs ».
L’analyste saoudien Anouar Eshki, chef du centre des études stratégiques et légales basé à Djeddah (ouest), est plus catégorique: « c’est la première fois que ben Laden apparaît aussi faible », dit-il, précisant avoir connu le chef d’Al-Qaïda du temps où il résidait en Arabie saoudite.
Il a estimé que le message de ben Laden « montre qu’il se trouve dans une position difficile, surtout que, selon les informations en notre possession, son réseau commence à être démantelé dans les zones tribales pakistanaises en raison des coups durs qui lui ont été portés, alors que beaucoup de ses fidèles ont quitté le Pakistan pour le Yémen ou la Somalie ».
Pour l’analyste saoudien, le chef d’Al-Qaïda « cherche une porte de sortie pour arrêter ses attaques ».
Il relève lui aussi la tentative du chef terroriste de justifier les attaques du 11 septembre: « ben Laden tente de redorer son blason en affirmant que les attaques du 11 septembre ont été menées en raison de la politique américaine en Palestine. Mais quel lien y a-t-il entre la Palestine et les attaques d’Al-Qaïda en Arabie saoudite et en Occident? » s’est-il demandé.
Le message de ben Laden a été diffusé deux jours après le 8e anniversaire des attentats du 11 septembre, revendiqués par Al-Qaïda et qui avaient tué près de 3.000 personnes.
Le dernier enregistrement audio de ben Laden avait été diffusé le 3 juin. Il y rejetait l’ouverture du président Obama envers le monde musulman.
2009 AFP.
Les journalistes de mauvaise foi, selon une majorité d’Américains
Le 14 sept. 09
Mauvaise nouvelle pour les journalistes aux Etats-Unis: le pourcentage de leurs concitoyens qui considèrent leur travail comme partial et manquant de précision continue d’augmenter.
Presque les deux tiers (63%) des personnes interrogées par le Pew Research Center for the People & the Press estiment que les informations que leur fournissent aujourd’hui les médias contiennent souvent des erreurs.
En 1985, un sondage comparable donnait seulement 34% de lecteurs/auditeurs/téléspectateurs sceptiques sur la crédibilité des informations diffusées.
L’enquête de l’institut Pew montre par ailleurs que 74% des sondés croient que les sujets traités sont systématiquement partiaux, les journalistes souhaitant, selon eux, favoriser un camp au détriment d’un autre. Ils étaient 66% à avoir cet avis il y a deux ans.
Ces deux perceptions se complètent, pour Andrew Kohut, directeur du centre de recherche. « Si les gens pensent que les nouvelles sont fréquemment déformées, ils diront aussi qu’elles sont inexactes », note-t-il.
L’étude met en garde les médias américains, journaux et diffuseurs radio-TV, contre le risque de se couper de leur audience au moment où ils en ont le plus besoin pour survivre à la crise.
Les médias américains connaissent une forte baisse des recettes publicitaires, et les journaux souffrent plus particulièrement de la fuite des lecteurs vers Internet. Les diffuseurs doivent faire avec la fragmentation de l’audience entre les chaînes câblées et les radios par satellite.
La contraction des budgets se traduit par une « moindre vérification des faits », constate Bill Keller, rédacteur en chef au « New York Times ». Mais, selon lui, les médias font néanmoins leur possible pour rapporter les faits avec exactitude, « malgré la prolifération des blogs, des journaux à ragots, des radios à l’antenne ouverte et des télévisions câblées partisanes, qui ne méritent pas qu’on leur prête foi ».
Internet facilite la recherche de l’information pour les médias traditionnels et accélère la détection des erreurs dans les articles publiés, souligne Kathleen Carroll, rédactrice en chef à l’Associated Press.
« Nous sommes au début d’un changement de la relation entre les organismes d’information et les consommateurs, qui s’expriment plus sur ce qu’ils aiment, ce qui leur déplaît et ce qu’ils veulent savoir », explique-t-elle. « Ce n’est pas toujours joli ou plaisant, mais cet engagement améliore la couverture médiatique. »
La vision des médias est aussi connotée politiquement. En matière de méfiance à l’égard de la presse en général, les électeurs démocrates tendent à rejoindre les républicains, très critiques depuis longtemps. Désormais, 59% des démocrates estiment que les nouvelles sont souvent imprécises ou inexactes, contre 43% il y a deux ans. Les téléspectateurs réagissent aussi plus fortement aux prises de position des réseaux câblés, qui présentent des programmes de plus en plus partisans.
Ainsi, par exemple, 72% des républicains interrogés sont satisfaits de la manière de voir et présenter les choses de la chaîne d’informations Fox News Channel, contre 43% des sondés démocrates. Sa concurrente CNN est perçue en sens inverse, appréciée par 75% des démocrates, contre 44% des républicains.
Si la télévision reste le premier canal d’information des Américains, Internet est passé l’an dernier devant les journaux comme source de nouvelles pour l’actualité nationale et internationale. Mais la presse papier conserve un avantage au niveau local.
L’institut Pew a interrogé 1.506 adultes par téléphone à domicile et sur leurs mobiles, entre le 22 et le 26 juillet dernier, avec une marge d’erreur de trois points. AP