TUNISNEWS
7 ème année, N° 2194 du 25.05.2006
El Maoukif: Sadok Chourou derriere les barreaux Vérité-Action: Le régime tunisien accélère la répression OMCT – FIDH: Les actes de harcèlement à l’encontre des défenseurs se poursuivent
Communiqué du Forum Démocratique pour le travail et les libertés FTCR: La LTDH doit pouvoir tenir son congrès, pour le plus grand profit des citoyens tunisiens Communique commun : Nous rejetons la tentative du comité directeur de la LTDH de tenir le congrès de la Ligue malgré la décision de justice AFP: Congrès de la LTDH prévu malgré un jugement Répression des militants de droits humains marocains Compte rendu de reunion – Assemblee generale du CSGFen Tunisie Noticias: Ici on respire la liberté Tunisian Association of Journalists:The Reality of Press Liberties in Tunisia Tribune de Genève :Qui êtes-vous Anouar Gharbi? Jeune Afrique: Dans la tête d’un ado tunisien Libération: En Algérie, le changement de Premier ministre témoigne d’un nouveau rapport de forces au sommet du pouvoir Le Monde: M. Bouteflika consolide son pouvoir contre la tutelle des “services” Edito du Monde: Danger taliban
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Derrière les barreaux
Sadok Chourou
Cela fait quinze ans que le docteur Sadok Chourou est séquestré derrière les barreaux du pavillon E de la prison du 9 avril, en isolement total.
Il est né le 13 février 1984 (*). Il est professeur d’université, titulaire d’un doctorat d’Etat en physique chimie et professeur assistant à la faculté de médecine et à la faculté de sciences de Tunis. Il a été condamné à perpétuité par le tribunal militaire de Tunis dans l’affaire du mouvement En Nahdha et depuis cette date, sa famille ravale son amertume et se rend d’une prison à l’autre pour lui rendre visite.
Parmi les conséquences destructrices sur la famille de Sadok Chourou : son fils Ouajih a eu des troubles psychiques et il est soigné pour maladie nerveuse, ce qui l’a contraint à arrêter ses études.
Quant aux autres enfants : Hajer est professeur et est mariée, Asma fait un troisième cycle et Islam est en sixième année secondaire ; ce dernier est privé de son père depuis qu’il a eu trois ans.
L’épouse de Sadok Chourou a du quitter son domicile et retourner vivre dans sa famille pour faire vivre ses enfants sur les économies de loyer. Mais le propriétaire, le président de la Chooba, a refusé de bloquer le loyer pendant quelques huit mois et elle n’a obtenu gain de cause que sur jugement du tribunal.
Sadok Chourou souffre de plusieurs maladies dues à la longueur de son incarcération : baisse de la vue, rhumatismes. Les organisations de défense des droits de l’homme qui avaient assisté à son procès l’avaient qualifié d’inéquitable et exigé sa libération immédiate.
(*) sic, LT
Source : El Maoukif, n°360 du 19 mai 2006-05-25
(Traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Vérité-Action
La LTDH en congrès, les avocats en grève de la faim :
Le régime tunisien accélère la répression
La ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a décidé d’organiser son 6ème congrès les 27 et 28 mai 2006. Ce congrès, prévu initialement il y a neuf mois et interdit par les autorités tunisiennes, aura lieu dans un climat très tendu et hostile aux défenseurs des droits de la personne en Tunisie.
Des membres de la ligue proches du pouvoir ont empêché la tenue du congrès prévu initialement du 9 au 11 Septembre 2005. Ils ont fait recours à la justice pour demander l’annulation de ce congrès, annulation accordée par le tribunal. Un second jugement est prévu le 03 juin prochain. Ces mêmes membres menacent de faire intervenir les forces de l’ordre pour empêcher la tenue de l’assemblée générale prévue pour le 27 et le 28 mai.
Rappelons que la LTDH, fondée en 1977, est la doyenne des associations de défense des droits de la personne en Afrique et dans le monde arabe. Elle est la cible des autorités tunisiennes qui tentent de mettre la main sur une organisation reconnue mais « dissidente » et « dérangeante ». La Ligue lutte pour son indépendance face à un régime habité par le monopole des associations de la société civile. L’instrumentalisation du tissu associatif est une politique suivie par les pouvoirs en place dans l’objectif de gagner des voix qui soient au service de ses intérêts et applaudissant « ses acquis ». Le modèle type recherché de ces associations « véritablement gouvernementales » était massivement présent lors des travaux du Sommet mondial de la société civile pour embellir l’image du régime.
Toujours pour intimider la Ligue, des journaux à l’ordre du pouvoir en place, ont orchestré des attaques répétitives à son encontre, l’accusant d’ouvrir la voie à l’ingérence étrangère dans les affaires tunisiennes.
Ce congrès intervient à la fin d’une semaine mouvementée, marquée par des événements sans précédent. Les autorités passent à une vitesse supérieure dans la répression des forces de l’opposition.
Ainsi, l’intervention musclée à l’encontre des avocats le 23 mai constitue une atteinte grave au barreau tunisien.
Lors d’un rassemblement au palais de justice de Tunis, sur demande du conseil de l’ordre des avocats, la police est intervenue d’une manière sauvage. Maîtres Samir Dilou et Khaled Krichi ont été hospitalisés d’urgence après avoir été violemment agressés. Des dizaines d’autres tabassés et blessés par les policiers sans aucune considération au statut qu’ils représentent. Quelques jours auparavant, des avocates avaient menés une grève de la faim pour protester contre l’agression verbale d’un policier contre l’une de leurs collègues venant soutenir les avocats lors d’un sit-in de protestation contre un projet de loi portant création d’un institut de formation d’avocats, imposé par le pouvoir politique et voté par la chambre des députés.
Ce samedi 27 mai 2006, les avocats tunisiens annoncent une grève de la faim pour protester contre la dite loi et revendiquer leur droit à être entendu. Il est invraisemblable que les avocats soient malmenés par la police et qu’ils se trouvent obligés de choisir la faim pour faire entendre leur voix auprès d’un régime soi-disant membre du nouveau conseil des droits de l’homme.
Dimanche 21 mai, s’est tenu l’assemblée générale de la section de Tunis d’Amnesty International. Des policiers ont arrêté M. Yves Steiner, membre d’AI Suisse, et invité du congrès. Il a été expulsé sans aucune explication. Dans une interview accordée au service de l’information de Vérité-Action, M Steiner déclare qu’ « il y a une volonté des autorités tunisiennes de faire payer ceux et celles qui ont usé du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) de Tunis en novembre 2005 pour parler de la situation des droits humains en Tunisie. »
Le lendemain, soit le lundi 22 mai, l’ex-président de la section de Tunis d’AI, Hichem Osman, a été entendu par la police.
Vérité-Action qui a, à maintes reprises, attiré l’attention sur les lendemains difficiles du SMSI, observe avec crainte cette dégradation très sérieuse de la situation des défenseurs des droits de l’homme dans le pays.
Vérité-Action :
– Salue les efforts et les sacrifices de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et de tous ses militants pour préserver son independence
– Appelle tous les militants des droits de l’homme tunisiens et les ami(e)s de la société civile tunisienne à rester vigilants lors du congrès de la LTDH qui risque de se dérouler dans des conditions difficiles voire interdit.
– Assure les avocats tunisiens ainsi que la LTDH de son soutien total dans leur combat pour leur indépendance.
– Condamne fermement les agissements de la police tunisienne lors de l’assemblée générale d’Amnesty International.
– Appelle les autorités tunisiennes à respecter les nombreuses conventions signées et ses engagements internationaux pour protéger les libertés et les droits de l’homme.
Fribourg, le 26 Mai 2006
Vérité-Action
Safwa Aissa
Présidente
A la veille du 6ème congrès de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), la répression policière s’abat de nouveau sur les avocats tunisiens et les défenseurs des libertés fondamentales en Tunisie
Les actes de harcèlement à l’encontre des défenseurs se poursuivent
24/05/2006
L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), dans le cadre de leur programme conjoint, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, expriment leur indignation suite aux différents actes de harcèlement dont ont fait l’objet les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie ces derniers jours.
En effet, le 23 mai 2006, un rassemblement d’avocats qui entendaient manifester contre la loi portant création d’un Institut de formation des avocats, adoptée le 9 mai 2006 par l’Assemblée nationale, et qui, selon le Conseil national de l’Ordre des avocats, porte atteinte à l’indépendance de la profession, a été violemment dispersé par la police près du Palais de justice de Tunis. Ainsi, près d’une vingtaine d’avocats se sont vus mettre à terre, roués de coups de pieds et de matraques, et insultés, dont Me Saïda Garrach, Me Abderrazak Kilani, membre du Conseil national de l’ordre des avocats tunisiens et membre du Centre tunisien pour l’indépendance de la justice (CTIJ), Me Ayachi Hammami, secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), Me Samir Dilou, membre du bureau de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), Me Khaled Krichi, membre fondateur de l’AISPP et ancien secrétaire général de l’Association des jeunes avocats, qui ont été blessés. Me Abderraouf Ayadi, ancien membre du Conseil de l’Ordre, membre et ancien secrétaire général du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), s’est, quant à lui, vu déchirer sa robe d’avocat.
De surcroît, le bureau du Bâtonnier a fait l’objet d’une effraction, suivie d’une altercation entre les policiers et les membres du Conseil national présents sur place, qui ont tenté en vain d’empêcher les agresseurs de saccager le bureau, et d’emporter les documents confidentiels de l’Ordre national des avocats.
L’Observatoire rappelle que le 11 mai 2006, Me Ayachi Hammami, Me Abderraouf Ayadi, et Me Abderrazak Kilani, avaient déjà été agressés par des agents de la police politique, devant la Maison du Barreau des avocats, située en face du Palais de Justice à Tunis, alors qu’ils prenaient part à un sit-in afin de protester contre l’annonce, faite la veille, de la présentation du projet de loi mentionné ci-dessus (Cf. Appel urgent de l’Observatoire TUN 002/0506/OBS 059, daté du 12 mai 2006).
Par ailleurs, l’Observatoire rappelle que le 21 mai 2006, M. Yves Steiner, membre du Comité exécutif de la section suisse d’Amnesty International, a été interpellé par la police alors qu’il participait à l’Assemblée générale de la section tunisienne d’Amnesty International, à Sidi Bou Saïd, dans la banlieue nord de Tunis, avant d’être expulsé de Tunisie. M. Steiner avait prononcé un discours le 20 mai 2006 devant les membres de la Section tunisienne, dans lequel il avait dénoncé la multiplication des atteintes aux droits de l’Homme survenues ces derniers mois en Tunisie, notamment les entraves faites aux libertés d’expression et d’association.
Le lendemain, M. Hichem Ben Osman, membre du Comité exécutif de la section tunisienne d’Amnesty International, a été interpellé par la police sur son lieu de travail, à Sousse , puis conduit aux services du ministère de l’Intérieur à Tunis, où il a été interrogé sur le Congrès de la section et les débats qui s’y sont déroulés, avant d’être relâché le soir même.
L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation à l’égard de ces faits, qui illustrent une nouvelle fois les graves entraves posées à la liberté d’expression et d’association en Tunisie. Dans ce contexte, l’Observatoire exhorte les autorités tunisiennes à autoriser la tenue du 6ème Congrès de la LTDH, qui doit se tenir les 27 et 28 mai 2006.
De façon plus générale, l’Observatoire rappelle que la Tunisie est tenue de se conformer aux obligations internationales en matière de droits de l’Homme, et ce d’autant plus qu’elle a été élue au sein du nouveau Conseil des droits de l’Homme des Nations unies le 9 mai dernier, et en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel elle est partie, et la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée le 9 décembre 1998 par l’Assemblée générale des Nations unies, notamment son article 1, qui prévoit que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international » et, à cette fin, « de se réunir et de se rassembler pacifiquement » (article 5b).
Contacts presse : OMCT : +41 22 809 49 39 FIDH : +33 1 43 55 25 18
(Source : le site de la FIDH, le 24 mai 2006)
Communiqué du Forum Démocratique pour le travail et les libertés
Le bureau politique a tenu une réunion extraordinaire ce mercredi 23 mai 2006 suite aux graves incidents qui ont émaillé la journée de solidarité organisée le 22 mai 2006 par les avocats sous l’égide de leur conseil de l’ordre. Venant à un moment où l’étau se resserre dangereusement autour des partis de l’opposition et des organisations indépendantes et notamment la ligue tunisienne des droits de l’homme empêchée de tenir son congrès, ces incidents s’inscrivent dans le cadre d’un verrouillage étendu à toutes les formes d’organisation indépendante et d’expression libre de la vie publique.
Le forum démocratique pour le travail et les libertés exprime sa réprobation quant aux agressions dont ont été victimes les avocats et au non respect de l’immunité d’un corps qui a fait, de tout temps et en toutes circonstances l’honneur de la Tunisie et de son peuple dans son combat pour l’indépendance et la liberté. Il réitère son entière solidarité avec les avocats et appelle ses dirigeants et militants à observer une journée de grève de la faim le 27/05/2006 en soutien aux revendications légitimes des avocats.
Le forum démocratique est convaincu que l’indépendance des avocats, au même titre que celle des magistrats, est une condition fondamentale de l’état de droit et demande aux autorités de mettre un terme à ces graves dérapages qui menacent la stabilité du pays et détériorent son image dans le monde.
Pour le bureau politique
Le secrétaire général
Dr Mustapha Ben Jaafar
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
Communiqué
La LTDH doit pouvoir tenir son congrès, pour le plus grand profit
des citoyens tunisiens
Depuis près de 8 mois, les autorités tunisiennes n’ont cessé de multiplier les mesures administratives et judiciaires pour empêcher la tenue du 6ème Congrès de La Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme et entraver ses activités.
À quelques jours de son congrès décidé les 27 et 28 mai prochains, par ses instances légitimes et reconnues par toutes les organisations des droits de l’Homme à travers le monde, les locaux des sections et le siège de la Ligue à Tunis sont encerclés par la police, les ligueurs empêchés d’y
accéder et leur courrier bloqué. En particulier le sort des centaines d’hommes et des femmes défendus par la LTDH est suspendu.
Le coup de force contre la LTDH interpelle tous les Tunisiens.
La FTCR réaffirme son indéfectible soutien aux droits de l’Homme en Tunisie et assure le Secrétaire général et le comité directeur ainsi que les militantes et les militants de la LTDH de sa solidarité.
Elle exprime sa profonde inquiétude à l’égard de la complicité des pays arabes et du double langage des Etats de l’Union européenne qui, au nom de la prétendue lutte contre le terrorisme, tournent le dos aux valeurs qu’ils proclament.
Paris le 20 mai 2006
Bahija OUEZINI
Présidente la FTCR
COMMUNIQUE
En tant que militants de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, nous rejetons la tentative du comité directeur de la LTDH de tenir le congrès de la Ligue malgré la décision de justice
Tunis, le 20 mai 2006
L’actuelle direction de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme fait courir le bruit qu’un soi-disant congrès de la Ligue se tiendrait les 27 et 28 mai prochain. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une supercherie, qui traduit la persistance des dérives anti-démocratiques du comité directeur de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, engagé dans un combat contre les textes fondateurs de la LTDH et une partie des militants qu’il tient à exclure coûte que coûte de la vie de l’association.Sous le fallacieux prétexte de mener une opération de « restructuration » de la Ligue, des sections légalement élues ont été, en effet, arbitrairement supprimées, pendant que de nouvelles étaient illégalement fabriquées par le comité directeur, pour y caser des hommes de main et, ainsi, verrouiller le débat démocratique interne. Comme par hasard, la prétendue « restructuration » n’a concerné que les sections dont les dirigeants, pourtant régulièrement élus, étaient connus pour exercer leur liberté de pensée et de critique des dérives totalitaires de l’actuel comité directeur. Le sectarisme, le copinage, la « chasse aux sorcières » et la violence physique et verbale à l’encontre des militants n’ayant pas les faveurs du comité directeur, ont été érigés en modes de gestion de la Ligue, reléguant le noble combat pour la promotion des droits de l’homme à l’arrière- plan.Malgré plusieurs tentatives pour aboutir à une solution amiable qui respecte les statuts et le règlement intérieur de la Ligue, et préserve la crédibilité de l’association, le comité directeur continue à faire la sourde oreille. Alors qu’il sait pertinemment que le jugement rendu en référé le 5 septembre 2005 lui interdit de tenir un congrès ou de mener toute activité préparatoire audit congrès tant que l’affaire n’a pas encore été examinée au fond, l’actuel comité directeur a entrepris, au mépris du droit, de convoquer un « congrès » pour les 27 et 28 mai prochain, avec seulement 24 sections sur les 41 que compte la Ligue, ce qui reviendrait à en exclure plus du tiers des congressistes statutaires.Cette machination apparaît, pour nous, présidents de sections, militants et membres fondateurs de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, totalement inacceptable. C’est pourquoi, nous avons décidé d’user de nos droits légitimes pour faire appliquer le jugement en référé du 5 septembre 2005, y compris, requérir, au besoin, les services du Procureur de la République, pour faire intervenir la force publique, en vue de faire appliquer la décision de justice, et d’empêcher la tenue du soi-disant congrès.Signé :
Me Chedly Ben Younes, président de section de Tunis-Monfleury
Tel : 00216-98 311 424
Dr Abderraouf Jemel, président de la section de Tunis Séjoumi
Tel : 00216- 98 353690
Fathi Attia, président de la section de Hammamet
Tel : 00216- 98 319 687
Mohamed Zine Dhouilaa, président de la section de Tataouine
Tel : 00216- 98 630 669
El Kamel Laabidi, président de la section du Kef
Tel : 00216- 98 478 201
Dr Salah Kachbouri, président de la section de Kasserine
Tel : 00216- 98 236 945
Ridha Mellouli, président de la section de Tunis-Medina
Tel : 00216-98 306 607
Congrès de la LTDH prévu malgré un jugement
AFP, jeudi 25 mai 2006
TUNIS – La direction de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) entend organiser samedi à Tunis un congrès national contre l’avis de son opposition interne et en dépit d’une décision de justice suspendant cette manifestation. “Notre congrès s’annonce dans une conjoncture politique très difficile, au milieu de menaces graves de la part du pouvoir”, a déclaré le président de la LTDH, Me Mokhtar Trifi, dans une convocation au congrès dont l’AFP a eu connaissance. La tenue de ce congrès controversée intervient sur fond de contestation d’une partie des avocats tunisiens et une semaine après l’expulsion d’un représentant suisse d’Amnesty International. Le 6e congrès de la doyenne des organisations de défense de droits de l’homme dans le monde arabe et en Afrique, fondée en 1977, est prévu samedi et dimanche au siège tunisois de l’association. Initialement programmée en septembre 2005, cette réunion avait été reportée après un jugement du tribunal de Tunis du 5 septembre.
Vingt-deux adhérents avaient attaqué la direction pour “violation du règlement intérieur et abus de pouvoir”. Un jugement au fond doit être prononcé le 3 juin. Me Trifi et le comité directeur de la LTDH accusent les autorités de “menacer” la LTDH dans son existence en provoquant une contestation interne. Ils reprochent à leurs adversaires d’être membres ou sympathisants du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique. La direction dénonce notamment le gel des avoirs financiers de la Ligue, les poursuites judicaires et un une présence policière constante autour du siège tunisois et des locaux de sections régionales de l’organisation. Les autorités affirment depuis des mois ne pas s’ingérer dans les affaires de la LTDH qui doit régler sa “crise interne”.
Les opposants à la direction ont indiqué lundi qu’ils pourraient demander le recours à la force publique pour faire appliquer le jugement du 5 septembre et empêcher la tenue du congrès. L’un de leurs chefs de file, Me Chedly Ben Younès, a qualifié la convocation du congrès de “supercherie qui traduit la persistance des dérives anti-démocratiques du comité directeur de la Ligue”. Un autre, le sénateur Ridha Mallouli, a accusé les actuels dirigeants d’instrumentaliser l’association à des fins politiques et d’ouvrir la voie à “l’ingérence étrangère dans les affaires tunisiennes”.
La direction de la Ligue a reçu le soutien d’organisations de défense des droits de l’homme basées à l’étranger. Deux avocats français, dirigeants du barreau de Paris, ont annoncé qu’ils viendraient assister au congrès. Mes Jean-René Farthouat et Dominique Tricaud veulent en outre soutenir leurs confrères tunisiens opposés à la création d’un institut de formation jugé préjudiciable à l’indépendance de la profession. A la suite d’échauffourées avec la police, mardi au palais de justice, certains d’entre eux envisagent de faire une nouvelle grève de la faim, après celle d’une journée effectuée par une trentaine d’avocates la semaine dernière.
L’annonce du congrès intervient dans un contexte de crispation dans le domaine des droits de l’homme, une semaine après l’expulsion d’un représentant suisse d’Amnesty International ayant participé près de Tunis à une réunion de la section locale de cette organisation.
Le gouvernement suisse a “déploré” cette mesure et indiqué qu’il demeurait attentif à l’évolution des droits de l’homme en Tunisie. Le ministère tunisien des Affaires étrangères avait répliqué qu’en la matière la Tunisie n’avait “de leçon à recevoir de personne”.
Maroc – Tunisie:
Répression des militants de droits humains marocains
Le 24 mai 2006 à 17h, un sit-in a été organisé devant l’Ambassade tunisienne à Rabat à l’initiative des associations de droits humains marocaines (Association Marocaine des Droits Humains – AMDH, Organisation Marocaine des Droits Humains – OMDH, Amnesty International – section Maroc, Forum Vérité et Justice, Coordination Marocaine de Solidarité avec les démocrates tunisiens) en solidarité avec les militants de la Ligue Tunisienne des Droits Humains.
Les forces de répression sont intervenues violemment pour interdire la tenue du sit-in de solidarité, faisant plusieurs blessés parmi les manifestants.
Les forces de répression n’ont pas hésité à frapper, insulter, jeter par terre les manifestants. Ils ont confisqué les banderoles et les téléphones portables.
Parmi les blessés figurent le professeur Abdelkhalek Benzekri, le président de l’AMDH Abdelhamid Amine, les avocats Abderrahman Benamar et Mohamed Akdim,…
(Source : info publiée par « le Rebelle » sur Liste de diffusion de « Raid-Attac », le 25 mai 2006 à 11h31)
COMPTE RENDU DE REUNION
ASSEMBLEE GENERALE DU CSGF EN TUNISIE
23-11-2005.
Réunie en session ordinaire, au siège de l’ATF, l’assemblée générale du Comité de Soutien à la Grève de la Faim en Tunisie a fixé son ordre du jour et délibéré sur les points suivants :
Rapport financier de la campagne
-Rapport moral
-Débat sur les perspectives
1-Rapport financier
Le rapport financier de la campagne présenté, par le comité de suivi, à l’assemblée Générale fait apparaître que la campagne a été couverte par les contributions des participants et dégage un petit excédent de 104€. Il a été adopté à l’unanimité.
2-Rapport moral
Le rapport moral présenté par le comité de suivi, s’est attaché à énumérer l’ensemble des actions de solidarité, de médiatisation et de mobilisation menées à Paris et le respect mutuel entre les différentes composantes du comité. Des observations ont été formulées et devront être prises en compte dans la version finale du rapport. Le rapport a été adopté à l’unanimité.
A l’issue de l’adoption des deux rapports, le comité s’est dissout.
3- Débat sur les perspectives
Par la suite, un échange informel entre les personnes présentes s’est déroulé sur les perspectives.
Deux tendances se sont dégagées.
-L’une soutient la nécessité de continuer un travail en commun à imaginer (dans sa forme, ses objectifs, son contenu, ses acteurs… )
-la deuxième estime que la campagne de solidarité avec les grévistes de la faim avait un objectif de défense des droits de l’homme. Elle a rassemblé par delà les divergences des projets de sociétés, des acteurs divers. Elle s’est montrée opposée à la continuité d’action commune.
Une proposition a été émise que des personnes appellent à titre personnel, à une réunion de concertation et de réflexion pour discuter des suites éventuelles à donner.
M. SMIDA
« Ici on respire la liberté »
Denisa Sousa
« Ici on respire la liberté », c’est ce qu’Omar Chlendi a dit à sa mère, à la minute même où il foulait le sol portugais pour la première fois, hier matin. Le jeune de 23 ans, un des internautes de Zarzis incarcéré pendant trois ans dans une prison tunisienne, essaie d’effacer les images du cauchemar, assis dans un paisible abri de jardin, à Santa Marinha de Oleiros, Vila Verde, la paroisse où vivent ses grands-parents maternels.
Omar a dû venir au Portugal avec sa mère, pour des raisons bureaucratiques. Il a embrassé pour la première fois depuis vingt et un ans ses grands-parents. En pleine verdure, vêtu de blanc, il garde un œil serein et un sourire sans amertume. Ce qui s’est passé ne semble pas lui avoir laissé d’empreintes visibles. Mais les souvenirs sont empreints des traces de « tortures », de « maltraitance psychologique », d’ »inhumanité ».
Il a été torturé avec des barres, des matraques, on lui a fait des injections dans les pieds. Il a été suspendu, nu, et a été roué de coups. « Ils voulaient que j’avoue quelque chose que je n’avais pas commis. Ils voulaient que je dise qu’avais planifié des actions terroristes avec les amis avec lesquels je conversais sur le net », raconte-t-il.
Pendant huit mois, il a dormi assis sur un seau. Dans une seule cellule, il y avait 130 prisonniers. «Puis j’ai dormi par terre. Les geôliers nous maltraitaient », renchérit-il. Il a un morceau de fer à l’intérieur d’un genou, qui est resté là depuis une des séances de torture.
Une opération résoudra le mal-être physique, mais pour le psychologique ? « Je suis optimiste. Je ne vais pas oublier, je vais tenter de comprendre pourquoi c’est ainsi en Tunisie » assure ce jeune dont la mère est portugaise et le père tunisien. L’expérience l’a marqué suffisamment pour qu’il s’assigne un nouvel objectif, à savoir se consacrer aux causes humanitaires. Au nom des droits humains.
« Une fois où je lui ai rendu visite, il était infesté par la gale. Il a attrapé toutes sortes de maladies là-dedans. Ils avaient droit à prendre un bain seulement une fois par mois, et à l’eau froide », raconte Térésa Chopin, la « mère courage » qui a remué ciel et terre pour délivrer son fils de la prison de Borj El Amri, à Tunis. « L’avoir avec moi, c’est un miracle. Je ne connais pas de cas identique à celui-là dans ce pays », conclut-elle, tout en fumant une cigarette.
Depuis Paris, elle a secoué toutes les énergies pour obtenir le soutien de la France, pays qui l’a accueillie il y a des décennies, à Viarmes, et celui du Portugal, dont elle est originaire. « Je n’aurai jamais le temps de remercier tout le monde » poursuit-elle. La libération est survenue en février, lorsque par une grâce présidentielle, plus d’un millier de prisonniers tunisiens ont été rendus à la liberté, dont les cinq internautes accusés d’ »inciter à des actions terroristes », par Internet.
« Tous ces reclus élargis étaient en fin de peine. Cela a été le prétexte pour libérer mon fils et ses amis », estime la Portugaise, qui, à seize ans, alors qu’elle était émigrée en France avec ses parents, a fait ses valises pour épouser un Tunisien de trente quatre ans.
L’arrivée d’Omar à la maison de ses grands-parents à Santa Marinha de Oleiros, si elle a permis de présenter le petit-fils à ses grands parents, relève d’une exigence insolite du gouvernement tunisien. Le document délivré à Omar ne l’autorisait qu’à se rendre au Portugal, où il peut maintenant demander le passeport portugais lui permettant de se rendre en France ou dans un autre pays.
Des années après s’être rendue en Tunisie, Térésa a laissé son mari et est rentrée en France, mais les aléas des destins personnels l’ont obligée à vivre sans ses six enfants, retenus à Zarzis par leur père au terme d’un voyage qui n’aurait pas du se prolonger.
A partir de 2000, elle est parvenue à les récupérer un par un, c’est pourquoi elle affirme : « Mon combat est terminé. J’ai tous mes enfants avec moi ». Omar est resté le dernier, retenu quelques jours avant les retrouvailles avec sa mère, à la suite d’une dénonciation « inique » d’un policier.
Malgré tout, le jeune ne garde pas de rancune. Il préférerait faire évoluer les mentalités. Et il assure qu’il retournera en Tunisie, à chaque fois qu’il le pourra, lors de congés, pour revoir ses amis et sa famille, « mais je ne vais plus toucher à Internet, plus jamais ! » se défend-il.
(Source: Jornal de noticias, 24/05/2006)
(Traduction ni revue ni corrigée par l’auteure de la version en portugais, LT)
Invitation à contribuer à « Al Moudaounna Attounissia »
http://attounissia.blogspot.com/
Cher ami (e)
J’ai pris l’initiative de créer un blog de groupe au nom de Al Moudaounna Attounissia sur Blogger.
Le but étant d’offrir aux lecteurs de langue arabe l’occasion d’interagir et de connaître la blogosphére tunisienne.
Ce blog est ouvert a tout tunisien qui désire y contribuer ! A la seule condition d’écrire en arabe. Le niveau de la langue importe peu mais les caractères arabes sont un must.
Si vous voulez aider pour le template ou pour n’importe quelle autre chose. Vous êtes le bienvenu !!
Je vous invite tous à y contribuer l’invitation est ouverte à tout le monde et n’hésitez pas à fwd cet email.
Zied Mhirsi
American University of Beirut
P.O.Box 11-0236 /1760
Beirut
Lebanon
Tel : +961 70948729( mobile)/+961 1741 872
http://zizoufromdjerba.blogspot.com
Tunisian Association of Journalists
The Reality of Press Liberties in Tunisia The Fifth Report Tunis, may 3rd, 2006
Authorities Detain And Expel International Observer
This weekend, the Tunisian authorities demonstrated once more their complete disregard for human rights and freedom of expression.
On May 20-21, the Tunisian branch of Amnesty International (AI) was holding its General Assembly in the Amilcar Hotel, in Tunis. They had invited Mr.Yves Steiner, board member of International Amnesty Switzerland, to participate in the General Assembly.
In the early afternoon of May 21, as the meeting was underway, around ten plain clothes policemen went to the hotel and requested to see Mr. Steiner.
The presence of 200 or so AI members discouraged them to go further. A group of fifty policemen returned 3 hours later, just as the Swiss ambassador in Tunisia was arriving at the hotel, and forced Yves Steiner to follow them without any explanation or warrant. At around 8:30 pm, Mr. Steiner was able to contact his colleagues to let them know that he had left the police station where had had been detained and that he was about to be expelled to Paris.
The arrest, detention and expulsion of Mr. Steiner is taking place in a context of increasing repression against human rights defenders and freedom of expression and assembly in Tunisia. It may also be marking yet another phase in the repression as the Tunisian authorities have now targeted an international observer – by so doing attempting to send a chilling message throughout the human rights community in Tunisia and globally.
ARTICLE 19 calls upon the international community, and especially France and the United States, to take decisive actions against the continued climate of violations and repression in the country. The international community has turned a blind eye and a deaf ear to the abusive detentions, ill-treatments, torture, and censorship that have characterized the Tunisian regime for many years. Human rights, human rights defenders, and freedom of expression can no longer be the hostages of short sighted international politics.
BACKGROUND:
Five months after the World Summit on the Information Society (WSIS) focused international attention on the host country Tunisia’s poor human rights record, freedom of expression remains well below international standards in the country.
A recent fact-finding mission by the International Freedom of Expression Exchange Tunisia Monitoring Group (TMG) whose members include ARTICLE 19 and other prominent freedom of expression groups found:
– Continuing imprisonment of individuals based on expression of their opinions or media activities.
– Blocking of websites, including news and information websites.
– Restricting freedom of association, including the right of organisations to be legally established, and to hold meetings.
– Restricting freedom of movement of human rights defenders and political dissidents, along with surveillance by the political police, harassment, and intimidation.
– Censoring the press and lack of diversity of content in newspapers, especially in the state-controlled press.
– Censoring books through the legal submission procedure.
– Attempting to smear the reputations of activists, which are unlawful actions that are not being investigated.
– Official harassment of attorneys and judges who press for independence of the judiciary.
Since the WSIS in November 2005, the Tunisian government has not only failed to improve the situation substantially, it has increased restrictions on human rights defenders, judges and some independent journalists.
Civil society organisations – even those legally recognised – continue to be harassed by plain-clothes police. Opposition activists are often blocked from reaching meetings and gatherings. They have reported that they are constantly under surveillance and their organisation websites are monitored and blocked.
Genève Qui êtes-vous Anouar Gharbi? Un informaticien au service de la Palestine
Maison des Associations, nous retrouvons Anouar Gharbi devant un café. Lundi, à Berne, le président de l’association Droit pour tous a déposé une pétition munie de près de 12 000 signatures en faveur du peuple palestinien. «En tant que dépositaire des Conventions de Genève, la Suisse a un rôle à jouer pour que les résolutions de l’ONU soient appliquées. » Côté jardin, notre interlocuteur milite pour les droits de l’homme. Côté cour, il est chef de projet pour le premier négociant mondial de céréales. Contraste. Au départ, rien ne destinait cet ingénieur agronome tunisien à s’installer en Suisse. Seulement voilà, il s’engage dans les syndicats étudiants et ouvriers. Des émeutes de 84, suite à l’augmentation du prix du pain, il s’en rappelle comme si c’était hier. «L’année de mon bac, j’ai été exclu du lycée pendant deux semaines pour avoir participé aux manifestations. » Son beau-père était directeur général du pétrole, un de ses oncles responsable des armées; Ben Ali était son chauffeur. Ce qui n’empêchera pas Anouar Gharbi de subir des pressions. «Avec Ben Ali, la situation s’est dégradée. Un jour, j’étais au travail lorsqu’une de mes collègues est arrivée avec le journal. Il y avait une liste de noms de personnes recherchées… et j’en faisais partie!» Il décide de prendre la clé des champs. Bénéficiant de complicités, il embarque avec sa femme, Suissesse d’origine, dans un avion de Swissair. «Je me souviens encore du dernier coup d’œil à mon pays depuis le hublot. » Une fois à Genève? «Nous étions considérés comme des numéros. On ne nous a rien proposé, si ce n’est de travailler dans les champs. C’est bien, mais après vingt ans d’études…» Il retourne sur les bancs d’école. «Je suis devenu programmateur analyste, ma femme interprète-jurée. Notre premier enfant est né ici, en 1992. Très vite, je me suis inscrit au syndicat Unia. » En 1997, il fonde le Forum des Tunisiens, puis Droit pour tous. Pourquoi défendre le peuple palestinien? «Chez les scouts, nous ne jouions pas aux gendarmes et aux voleurs, mais aux Palestiniens et aux Israéliens. Chaque 30 mars, nous fêtions le jour de la terre. C’est pour moi une évidence. » (Source : Tribune de Genève (Suisse), le 24.05.2006; page 43)
La BIAT sort de la Tunisie
La Banque internationale arabe de Tunisie, première institution financière privée du pays avec 15 % de parts de marché, devrait ouvrir avant fin 2006 des succursales en Algérie, en Libye et au Maroc. La BIAT répond ainsi au besoin d’accompagnement de ses clients sur ces différents marchés où l’on retrouve de plus en plus d’entreprises tunisiennes – on en dénombre notamment quelque 650 en Algérie. Et la BIAT ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’elle a introduit une demande d’agrément pour la création d’une banque de statut juridique algérien. (Source : Jeune Afrique N°2367 du 21 au 27 mai 2006)
Télécoms : divorce à la tunisienne
Le torchon brûle à Tunis entre Orascom Telecom et Wataniya Telecom. En cause : le rachat par le premier des parts du second dans Tunisiana. Les deux s’étaient en effet associés à 50/50 pour créer, en 2002, l’opérateur de téléphonie mobile privé tunisien, alors qu’ils sont concurrents sur d’autres marchés, dont l’Algérie. Les négociations à l’amiable avec le koweïtien Wataniya ayant échoué, l’égyptien Orascom veut porter l’affaire devant une cour d’arbitrage international. (Source : Jeune Afrique N°2367 du 21 au 27 mai 2006) J.A. en Tunisie : une si longue attente par DOMINIQUE MATAILLET Des lecteurs tunisiens s’étonnent régulièrement de ne trouver Jeune Afrique en kiosque que le mardi ou le mercredi, voire le jeudi, alors qu’ils savent qu’au Maroc, par exemple, notre hebdomadaire est en vente dès le dimanche. Nous vous avons récemment donné (voir J.A. n° 2348 du 8 janvier et n° 2358 du 19 mars) des informations sur le délai qui s’écoule entre l’arrivée du journal à l’aéroport de Tunis (le samedi ou le dimanche) et l’autorisation de diffusion délivrée par le ministère chargé du contrôle de la presse importée. Ces informations portaient sur 2005 et sur les trois premiers mois de 2006. Vous trouverez ci-contre un nouveau point sur la question. Vous verrez que le délai moyen pris par l’administration pour délivrer son autorisation, qui était en moyenne de 2,7 jours en 2005, s’est élevé à 2,95 jours pour les quatre premiers mois de 2006. (Source : Jeune Afrique N°2367 du 21 au 27 mai 2006)
Dans la tête d’un ado tunisien
par RIDHA KÉFI Ils se disent libérés, épanouis, modernes. Mais une étude du ministère de la Santé publique révèle qu’une minorité d’entre eux sont psychologiquement perturbés. Et que, face à ce mal-être, la famille, la tradition et la religion restent leurs plus sûrs repères. Sfax, 29 avril. Au petit matin, l’élève Amine Frikha est retrouvé mort sur le toit du lycée technique 9-Avril-1938. Alors que les agents de la protection civile évacuent le corps inerte du jeune homme, ses camarades laissent exploser leur détresse : cris, pleurs, évanouissements… Selon des sources proches de l’enquête, il s’agirait d’un suicide. Sous le choc, les Sfaxiens s’interrogent : qu’est-ce qui a bien pu pousser un adolescent apparemment sans problème à mettre fin à ses jours, dans l’enceinte même de son lycée ? S’ajoutant à la recrudescence de la violence chez les jeunes, dont la presse se fait régulièrement l’écho, ce tragique fait divers devrait inciter parents, éducateurs et responsables politiques à prendre connaissance des résultats de l’Enquête nationale sur la santé des adolescents scolarisés réalisée en mai 2000 par le ministère de la Santé publique. Une version condensée a été publiée au début de l’année, à Tunis. Dirigée par le Dr Alya Mahjoub Zarrouk et coordonnée par le Dr Aïda Chérif Ismaïl avec le soutien technique et financier du bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 4 172 élèves âgés de 12 ans à 20 ans. 789 adultes évoluant dans l’entourage des adolescents (parents, enseignants, personnels de santé scolaire et animateurs de maisons de jeunes) ont également été interrogés. L’objectif est évidemment de mieux comprendre les comportements des 2 millions d’ados tunisiens – 20 % de la population -, leurs préoccupations et les risques inhérents à leurs nouveaux modes de vie : qu’est-ce qui se passe dans leurs têtes et dans leurs corps ? Au-delà de leur aridité statistique, ces résultats éclairent d’un jour parfois surprenant certains aspects d’une société arabo-musulmane qui est, en apparence, l’une des plus ouvertes sur la modernité occidentale, mais qui, sous le vernis, laisse transparaître un malaise latent : identitaire, sociétal, mais aussi, forcément, politique. Un premier indicateur retient l’attention : sur une échelle de 0 à 4, les ados tunisiens se considèrent comme plutôt modernes (3,9), ouverts (3,91) et conciliants (3,62). Cela n’empêche pas la majorité d’entre eux de manifester un fort sentiment d’appartenance à la famille (2,62), à la religion (1,31) et à la « population tunisienne », notion vague qu’on pourrait traduire par nation (1,13). « Avec l’âge, les ados se sentent de plus en plus appartenir à la famille et de moins en moins à la population tunisienne », précisent les enquêteurs. Ce repli frileux sur la famille et la religion traduirait-il une faiblesse du sentiment national ? Un troisième indicateur conforte cette interprétation. Interrogés sur les facteurs ayant une influence déterminante sur la formation de leur personnalité, les ados citent la famille (1,8), la religion (1,4), les traditions (0,9). L’histoire du pays (ou le sentiment national) n’obtient qu’un faible score de 0,6. Un professeur de psychiatrie interrogé par nos soins voit dans ces résultats le symptôme d’une « tendance paradoxalement régressive ». « En général, explique-t-il, les ados tentent de s’extraire du carcan familial pour se projeter vers des horizons plus vastes, comme la nation, la culture, l’histoire, le monde… Si les nôtres préfèrent se replier sur la famille, la tradition et la religion, cela peut s’expliquer par une déception vis-à-vis de la communauté nationale et internationale. » Patron de Sigma Conseil, un bureau d’études qui, en 2004, a réalisé une enquête sur les valeurs des jeunes Tunisiens, Hassen Zargouni se montre plus indulgent : « En une génération, nous sommes passés d’une famille patriarcale étendue et éclatée à une famille nucléaire recentrée sur le couple. La diminution du nombre d’enfants par couple et l’élévation du niveau de vie des ménages ont resserré les liens au sein de la famille et donné naissance à un phénomène nouveau : l’enfant-roi. L’ado est totalement pris en charge : argent de poche, vacances, cours particuliers… Cela se traduit par une dépendance accrue vis-à-vis de ses parents, qui deviennent ses modèles sociaux et ses maîtres à penser. » Selon le psychologue Noureddine Kridis, enseignant à l’université de Tunis-I, la plupart des études consacrées à la crise de l’adolescence chez les jeunes Tunisiens (la première remonte à 1961) font apparaître chez ceux-ci « l’absence d’une position globalement antithétique et de conflits d’opinion larges et cristallisés ». À preuve : 60 % d’entre eux ont tendance à reproduire le modèle parental. Cette tendance est confortée par les médias, qui exaltent volontiers les valeurs d’autorité et de soumission caractéristiques des rapports jeunes-adultes dans toute société traditionnelle. Les ados n’ont donc que rarement l’occasion d’expérimenter leur autonomie et leur liberté. Un autre indicateur trahit ce conservatisme latent : l’écrasante majorité (93,8 %) des adolescents tunisiens estime qu’il est important, voire très important (63 %), de suivre les principes de la religion musulmane. De même, ils placent la religion en tête des facteurs favorisant la liberté individuelle, à l’inverse, dans l’ordre, des traditions, de la classe sociale et de « la rue ». Cette vision traditionaliste est largement partagée par les adultes. Par ailleurs, 72,5 % des ados considèrent que leurs parents se montrent attentifs à leur égard, mais 16 % regrettent de n’avoir aucun membre de leur famille avec qui discuter. De même, 92,1 % des enseignants déclarent que les élèves leur signalent souvent que leurs parents ne consacrent pas suffisamment de temps à discuter avec eux. Quand elles ont lieu, ces discussions portent souvent sur des sujets convenus, comme les résultats scolaires, l’avenir professionnel, les soucis matériels ou les problèmes affectifs, très rarement sur la politique ou la sexualité. Sur ce dernier chapitre (la sexualité), les ados tunisiens manifestent des comportements proches des standards occidentaux, mais l’enquête montre que les pratiques sociales évoluent beaucoup plus rapidement que les mentalités. Il en est ainsi, par exemple, de l’homosexualité. Jadis frappée d’interdit, celle-ci semble aujourd’hui relativement mieux acceptée. Certes, la majorité des ados continue de la considérer comme « une maladie » ou « une perversité », mais une minorité y voit « un choix », « une expérience », voire « une liberté ». Elle serait plus fréquente chez les garçons que chez les filles. L’âge du premier rapport sexuel serait en moyenne de 17,4 ans chez les garçons et 16,4 ans chez les filles – ce dernier chiffre paraissant a priori surprenant -, et il ne cesse de baisser. Les ados sont convaincus à 75,8 % que tous ceux de leur âge ont déjà eu des rapports sexuels, souvent (près de 60 %) avec des partenaires différents et dans la moitié des cas seulement en recourant à des moyens contraceptifs et/ou des préservatifs. La contamination par le virus du sida étant l’événement que les ados déclarent craindre le plus (après les accidents de la route), ce manque de prévoyance ne peut s’expliquer que par une méconnaissance des risques encourus, conséquence d’un manque d’information. Le sida est cité au troisième rang des sujets que les élèves souhaitent pouvoir aborder plus fréquemment à l’école. Cette demande d’information concernant la drogue, le sida, le stress, les autres maladies sexuellement transmissibles, la sexualité, la grossesse, l’alcool, la violence, la contraception, le tabac (cités dans cet ordre) est la preuve que ces sujets demeurent tabous au sein de la famille, à l’école et dans la société dans son ensemble. D’où ce qu’on pourrait appeler le « paradoxe tunisien » : ce pays arabo-musulman se réclame d’une modernité fortement affirmée dans les textes juridiques et les mœurs sociales, tout en demeurant ultraconformiste dans de nombreux domaines. Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Dès 1976, Abdelwaheb Bouhdiba, l’un des pionniers de la sociologie locale, la décrivait en ces termes : « La société tunisienne est un cocktail. On y trouve des gens “à la page”, voire en avance de plusieurs pages, alors que des plages entières de [cette] société continuent de se conformer strictement aux images, aux idées et aux stéréotypes de la tradition. » « Ce dédoublement, ou cette duplicité, qui se manifeste jusque dans le comportement des ados est souvent vécu comme une nécessité, commente le psychiatre déjà cité (et qui, curieusement, souhaite conserver l’anonymat). En l’absence d’une idéologie de remplacement ou d’un projet d’avenir digne de ce nom, l’ado trouve refuge derrière les remparts symboliques de son identité : la famille, la tradition et la religion. » Noureddine Kridis constate de son côté chez les adolescents tunisiens « une grande soif de vie, de découverte et de connaissance », mais aussi un grave déficit de communication avec les adultes. « Nous leur parlons très peu parce que nous ne savons pas quoi leur dire, estime-?t-il. Peut-être parce que nous-mêmes sommes ballottés entre modernité et tradition. Alors, au lieu de les accompagner dans leur recherche identitaire et leur désir de construire quelque chose de nouveau, nous leur transmettons notre schizophrénie, nos normes sociales, nos valeurs refuges et notre obsession du tout-sécuritaire. » Confrontés à cette insuffisance de communication, les ados cèdent souvent au mimétisme, au bricolage, à la navigation à vue ou au double jeu. Mais ils ne perdent pas le nord pour autant. Réalistes et pragmatiques, ils font tout pour réussir – et leur mérite n’en est d’ailleurs que plus grand. En soi, leur grand écart permanent entre ce qu’ils croient devoir penser et ce qu’ils désirent faire n’est pas forcément inquiétant. Ce qui l’est davantage, c’est la fréquence chez une partie d’entre eux des conduites à risque et des troubles psychologiques. L’enquête du ministère révèle en effet que la moitié des ados ont l’habitude de sécher les cours. Que 25 % d’entre eux ont été victimes de violence à l’école, alors que 17 % avouent avoir commis des actes violents contre leurs camarades. Que 36,9 % éprouvent « une souffrance psychologique et un mal-être assez intense ». Que 1 ado sur 5 a consommé au moins une fois une boisson alcoolisée (33,5 % chez les garçons, 7,5 % chez les filles), et que, beaucoup plus grave, 34 % souhaitent émigrer à l’étranger à la fin de leurs études. « L’adolescence est certes un âge difficile. C’est une période de deuil, souvent marquée par des épisodes dépressifs. Mais lorsque 6,40 % des ados affirment penser “toujours” au suicide, il faut s’en inquiéter et essayer de comprendre les raisons de cette immense déprime », conclut notre psychiatre. (Source : Jeune Afrique N°2367 du 21 au 27 mai 2006)
ANALYSE
En Algérie, le changement de Premier ministre témoigne d’un nouveau rapport de forces au sommet du pouvoir
• Abdelaziz Bouteflika a remplacé Ahmed Ouyahia, dont le sort semblait scellé, par Abdelaziz Belkhadem, patron du FLN
• Un signe qu’à l’heure où les rumeurs courent sur sa santé, le chef de l’Etat a choisi son successeur
par José GARÇON
Le crescendo de la curée politico-médiatique contre le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, en fonction depuis 2003, ne laissait guère de doutes sur son sort. Son absence lors de l’accueil à Alger, les 16 et 22 mai, du président vénézuélien Hugo Chavez et du Premier ministre turc Tayyib Erdogan confirmait que ses jours étaient comptés.
Une langue de bois exemplaire a mis fin mercredi soir à ce faux suspens et sauvé les apparences d’un régime qui les place au-dessus de tout. Ahmed Ouyahia a «présenté sa démission au président de la République qui l’a acceptée et lui a rendu hommage » et l’a remercié pour «le soutien total (qu’il lui a) apporté durant trois ans».
Dans la foulée, Abdelaziz Bouteflika a désigné le nouveau chef du gouvernement : Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat et actuel patron du FLN, l’ancien parti unique. Coïncidence : cet islamo-conservateur, très proche de Bouteflika, est aussi l’homme qui a mené toute l’offensive contre Ahmed Ouyahia, soutenu en cela par les islamistes « modérés » du MSP.
Officiellement, c’est un projet de révision de la Constitution qui est à l’origine du conflit entre Ahmed Ouyahia et son désormais successeur. Abdelaziz Belkhadem a en effet proposé de la modifier pour permettre un troisième mandat pour le président et transformer le quinquennat actuel en … septennat.
Une idée qui vise autant à satisfaire la volonté de pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika qu’à signifier qu’il n’est pas aussi malade qu’on le dit. Une polémique sur les augmentations de salaires de la Fonction publique réclamées par Abdelaziz Belkhadem a scellé le sort d’Ahmed Ouyahia. Le tout sans que le chef de l’Etat ne souffle mot de ce harcèlement contre son Premier ministre de la part de l’un de ses fidèles et deux partis de la coalition présidentielle.
De là à penser que Abdelaziz Bouteflika voulait se débarrasser de son Premier ministre, il n’y a qu’un pas difficile à ne pas franchir. Surtout quand le prétexte principal invoqué contre Ahmed Ouyahia, lui aussi président d’un parti, disparaît avec son remplacement par le leader du FLN lui même : cette formation et les islamistes du MSP affirmaient en effet que l’ex-chef de gouvernement ne pouvait assurer la «neutralité» des élections législatives de 2007 !
En réalité, le changement annoncé mercredi soir n’obéit que de loin à des considérations idéologiques. Il exprime en revanche un nouveau rapport de forces au sommet du pouvoir algérien. Une situation que résume le «Quotidien d’Oran». «On aurait tort d’y voir un islamo-conservateur face au moderne, un réconciliateur face à un éradicateur », écrit ce journal dans une allusion à la personnalité du démissionné qui fut un ardent partisan de la politique «éradicatrice» menée contre les islamistes au cours de la guerre civile de la décennie 90.
Tout se passe en effet comme si Abdelaziz Bouteflika se sentait aujourd’hui suffisamment fort pour imposer sa vision et ses hommes. Cela revient pour lui à tenter aujourd’hui de s’affranchir, ou au minimum de prendre ses distances, d’une tutelle qui reste pesante, même si elle lui a permis d’imposer en 1999 son élection pour un deuxième mandat aux « décideurs » militaires : celle des services de renseignements et de leur chef, le général Touwfik Mediène. Or, Ahmed Ouyahia est un pur produit de la nouvelle génération des technocrates formés par le DRS, les services secrets, que les Algériens appellent toujours la Sécurité Militaire. « A lui seul, il symbolise le système dans son insondable façon de fonctionner et ses jeux d’ombre (…) Il incarne incontestablement cet homme à tout faire du régime. Et tire une immense fierté de “servir son pays”, quitte à exécuter le sale boulot», résumait jeudi la presse algérienne. Dans ce contexte, la maladie d’Abdelaziz Bouteflika ne pouvait que précipiter les manœuvres de coulisses en vue de son éventuelle succession. Or le poulain du chef de l’Etat était incontestablement Abdelaziz Belkhadem, tandis que le DRS prépare depuis toujours Ahmed Ouyahia.
Le changement de Premier ministre à Alger pourrait donc bien constituer une relance des luttes de clans au sommet de l’Etat. Au moment où les caisses du pays sont pleines, mais où les émeutes sociales, aussi brèves que violentes, se multiplient sur tout le territoire.
(Source : LIBERATION.FR , le 25 mai 2006 à 13h32)
Algérie : Bouteflika nomme un de ses fidèles au poste de premier ministre
M. Bouteflika consolide son pouvoir contre la tutelle des “services”
La nomination d’un nouveau premier ministre est intervenue, mercredi après-midi 24 mai, avec l’annonce de la démission d’Ahmed Ouyahia et son remplacement par Abdelaziz Belkhadem, 61 ans, qui était jusqu’à présent le représentant personnel du chef de l’Etat avec rang de ministre. A l’issue de l’entretien avec le président Abdelaziz Bouteflika, le nouveau premier ministre a indiqué qu’il entamait sans tarder les consultations pour constituer un nouveau gouvernement “le plus vite possible”.
Le changement de premier ministre ne constitue pas une réelle surprise. Depuis plusieurs mois, une sourde lutte de moins en moins feutrée opposait les deux hommes qui dirigent chacun une formation politique clé de la majorité présidentielle : le Front de libération nationale (FLN), l’ancien parti unique, pour M. Belkhadem ; le Rassemblement national démocratique (RND) – un clone du FLN – pour M. Ouyahia.
Leurs sujets de désaccord étaient multiples. Sur le plan économique, M. Belkhadem et ses amis reprochaient au gouvernement Ouyahia son manque de volontarisme pour lutter contre le chômage et la pauvreté alors que jamais depuis l’indépendance, les finances publiques, alimentées par la hausse du pétrole, n’ont été aussi florissantes.
Sur le plan politique, les dirigeants du FLN, parti qui dispose de la majorité absolue au Parlement, alliés à une formation islamique, déniaient au premier ministre démissionnaire toute légitimité concernant l’organisation des élections législatives de 2007. Selon eux, M. Ouyahia et ses amis n’allaient pas manquer de manipuler le scrutin au profit du RND.
Le troisième contentieux – le plus médiatisé – portait sur le projet de modification de la Constitution défendu par M. Belkhadem pour doter l’Algérie d’un régime présidentiel. Dans ce but, le patron du FLN préconisait d’autoriser non plus deux mais trois mandats présidentiels; de passer du quinquennat au septennat et, enfin, de créer un poste de vice-président dépendant du chef de l’Etat.
Sur le fond, le premier ministre démissionnaire n’était pas opposé – il l’avait dit – à une rallonge du mandat présidentiel mais, à l’inverse de M. Belkhadem, il préconisait un toilettage discret plutôt qu’un chamboulement profond.
Devenu la cible du FLN, M. Ouyahia était dans une position d’autant plus inconfortable que le chef de l’Etat s’est toujours gardé de lui manifester publiquement son soutien. Le président Bouteflika était resté silencieux alors même que, tout dernièrement, l’hostilité de l’ancien parti unique avait empêché le premier ministre de prononcer sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale.
Les observateurs avaient également noté l’absence de M. Ouyahia lors de la visite officielle du président du Venezuela, Hugo Chavez, en Algérie. On ne l’a pas vu davantage cette semaine alors que son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, se trouvait à Alger pour y signer un traité d’amitié.
Cela dit, dans un pays où la démocratie reste formelle, Ahmed Ouyahia est peut-être tombé pour un tout autre motif. Car ce haut fonctionnaire rugueux, connu pour son franc parler, travailleur acharné – ce qui lui valait d’être apprécié des cadres de l’administration à défaut d’être populaire –, est aussi catalogué comme un homme proche des services de sécurité que dirige l’inamovible général Tawfik. Or si l’armée en tant que telle a beaucoup perdu de son influence depuis l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika, “les services” continuent à peser sur la vie politique.
En le limogeant, M. Bouteflika, dont l’état de santé continue à alimenter les rumeurs, a peut-être voulu montrer aux services de sécurité qu’il n’entendait plus composer avec eux. Selon certaines sources, des propos téléphoniques de M. Ouyahia, peu amènes pour le chef de l’Etat, auraient précipité la chute du premier ministre.
Le fait est que son successeur présente un tout autre profil. Ses adversaires lui ont collé l’étiquette de “barbe FLN” pour dire qu’il est islamo-conservateur. En réalité, Abdelaziz Belkhadem est avant tout un homme lige du chef de l’Etat qui, au lendemain de son élection, l’avait tiré d’une semi-retraite jusqu’à en faire son premier ministre.
Jean-Pierre Tuquoi
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Chronologie
1998.
En septembre, le président Liamine Zeroual annonce sa démission et un scrutin présidentiel anticipé.
1999.
Le 15 avril, M. Bouteflika est élu président de la République avec 73,79 % des suffrages. Six des sept autres candidats s’étaient retirés de la compétition, arguant de fraudes présumées.
2000.
En août, Abdelaziz Belkhadem est nommé chef de la diplomatie algérienne, poste qu’il occupera jusqu’en mai 2005. Il avait été président de l’Assemblée nationale de 1990 à 1992.
2003.
Ahmed Ouyahia est nommé premier ministre en remplacement d’Ali Benflis, ancien protégé du président Bouteflika avec lequel la relation s’est dégradée. Grand commis de l’Etat, classé dans le camp des “éradicateurs”, M. Ouyahia avait déjà été premier ministre de l’ex-président Zeroual de décembre 1995 à décembre 1998.
2004.
Le 8 avril, M. Bouteflika est réélu président avec 83,49% des suffrages. Ses adversaires dénoncent à nouveau des manipulations.
2005.
Le 29 septembre, la Charte pour la paix et la réconciliationest entérinée à plus de 97 % par référendum. Le texte vise à tourner la page de treize années de guerre civile. Il propose aux combattants islamistes ayant déposé les armes l’abandon des poursuites judiciaires et l’indemnisation des familles de victimes du terrorisme. Le 31 décembre, M. Bouteflika retourne à Alger après plusieurs semaines d’hospitalisation au Val-de-Grâce pour un “ulcère hémorragique”.
(Source : « Le Monde » du 25 mai 2006)
Profil
Abdelaziz Belkhadem, un fidèle du président, honni par les “éradicateurs”
Jean-Pierre Tuquoi
Etonnant destin que celui d’Abdelaziz Belkhadem, 61 ans, dont la carrière politique, comme celle de nombre de responsables algériens, comporte une coupure nette : la guerre civile des années 1990.
Avant cette fracture, M. Belkhadem, un enseignant originaire de l’ouest algérien, appartenait au courant réformateur du Front de libération nationale (FLN), l’ancien parti unique. Elu député dès 1977, président de l’Assemblée populaire nationale (APN) en 1990, il appuya le gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche, le “Gorbatchev algérien”. L’Assemblée dissoute au lendemain des victoires électorales du Front islamique du salut (FIS), Abdelaziz Belkhadem est écarté des cercles du pouvoir. Non sans courage, cet homme ascétique, élégant et discret, se joint alors à ce petit groupe d’individus soucieux de maintenir le dialogue avec les islamistes dans une Algérie à feu et à sang. Dans les rangs de ceux qu’on appelle les “dialoguistes”, par opposition aux “éradicateurs”, se retrouvent des défenseurs des droits de l’homme, de rares “barbus” du FIS encore en liberté, et des anciens du parti unique en rupture de ban. Ils ont formé un Comité pour la paix et se retrouvent au domicile de l’un d’entre eux. Leur démarche est courageuse mais sans lendemain.
L’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika change la situation de M. Belkhadem qui refait surface en 2000 pour devenir, à la surprise générale, le patron de la diplomatie algérienne, sur laquelle veille le chef de l’Etat. A ce poste, M. Belkhadem voyage beaucoup. Au contact du monde extérieur, il acquiert une expérience qui en fait un personnage clé du système Bouteflika sans qu’il réussisse pour autant à se débarrasser de l’image de “barbe FLN”, c’est-à-dire d’islamo-conservateur qui lui colle à la peau. La fidélité de M. Belkhadem au chef de l’Etat est totale : il le prouvera en empêchant le FLN de basculer du côté d’Ali Benflis, l’adversaire de M. Bouteflika à l’élection présidentielle de 2004. Aujourd’hui, M. Belkhadem est récompensé. Nommé premier ministre et toujours patron du FLN, il est en lice pour succéder un jour au chef de l’Etat.
(Source : « Le Monde » du 25 mai 2006)
Edito du Monde Danger taliban
LE MONDE | 23.05.06 | 13h41 • Mis à jour le 23.05.06 | 13h41
Les violents combats qui se déroulent en Afghanistan illustrent, quatre ans et demi après la chute du pouvoir des talibans, la capacité de nuisance que ceux-ci ont encore. Les succès politiques enregistrés à Kaboul ne se sont guère traduits positivement sur le terrain, tant le fossé entre le calendrier politique établi fin 2001 à la conférence de Bonn et les réformes à entreprendre n’a cessé de s’élargir. Elu par 55 % des Afghans et plébiscité à l’étranger, le président Hamid Karzaï a échoué à bâtir une équipe ministérielle compétente. L’Occident soutient, en Afghanistan, un pouvoir corrompu, voire lié au trafic de drogue. Les talibans ne sont pas plus populaires qu’ils ne l’étaient à la fin de leur règne, mais s’ils ont pu revenir en force, recruter dans les provinces afghanes et non plus dans les seules madrasas pakistanaises, c’est que la population n’a pas vu de réels bénéfices à la paix.
Les promesses occidentales, faites notamment par Washington au lendemain de l’intervention militaire qui a chassé les talibans et Al-Qaida du pouvoir peu après le 11-Septembre, n’ont pas été suivies d’effets. La communauté internationale a sa part de responsabilité dans la situation afghane, tant les efforts qu’elle a consentis n’ont pas été à la hauteur des besoins d’un pays ravagé par désormais vingt-sept ans de guerre.
Les Etats-Unis ont commis en Afghanistan des erreurs similaires à celle perpétrées en Irak : une stratégie presque entièrement consacrée à la “guerre contre le terrorisme” plutôt qu’à la reconstruction ; une attitude intolérable de leur armée – arrestations et détentions arbitraires, torture et mauvais traitements des prisonniers, humiliations, ignorance ou mépris de la culture locale. En Afghanistan comme en Irak, ils se sont aliéné une population qui, brisée par des décennies de conflit et satisfaite de la fin d’un régime tyrannique, ne demandait qu’à se rallier.
Les Etats-Unis ne sont toutefois pas les seuls coupables du retour des talibans. Les mouvements djihadistes, qu’ils soient liés aux talibans, à Al-Qaida ou à des factions datant de la guerre contre les Russes, comme celle du fondamentaliste Gulbuddin Hekmatiar, sont les principaux semeurs de guerre et de chaos. Quant au Pakistan, créateur et “parrain” du mouvement taliban, il n’a rien fait pour mettre fin aux activités talibanes sur son sol. Allié officiel des Etats-Unis dans la “guerre contre le terrorisme”, il poursuit un jeu trouble en Afghanistan.
Pour gagner la guerre et renforcer le pouvoir de Kaboul, les Etats-Unis doivent, à la fois, consacrer autant d’énergie et de moyens financiers à la reconstruction qu’au combat, et négocier la fin de l’ingérence pakistanaise en Afghanistan. S’il n’est pas trop tard.
Article paru dans l’édition du 24.05.06