25 janvier 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3899 du 25.01.2011 archives : www.tunisnews.net


MDS/ pour un Conseil National extraordinaire élargi  Parti Tunisie Verte: communique Une délégation de Vérité-Action part en Tunisie vendredi 28 janvier 2011 Le MRAP et la LDH: SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE TUNISIEN Une délégation de la CMODH En visite de solidarité à Tunis FERC -CGT: Aux côtés des militants syndicaux tunisiens FTCR et CRLDHT: RÉVOLUTION TUNISIE : LES MILICES OCCUPENT LES LOCAUX DE L’UGTT A BEJA ET MONASTIR Houssine Bettaïeb: Appel Des cadres  STB et Best Bank: Lettre ouverte à  Mr le Ministre des Finances Honnête citoyen tunisien: Monsieur l’Ambassadeur de Tunisie en France Ahmed BEN AMOR: L’ATTENTE DES ISLAMISTES TUNISIENS AFP: TAFP: Khadafi soutient les Tunisiens, met en garde contre les “ingérences” AFP: Tunisie: des allocations pour les chômeurs diplômés AFP: Tunisie: les Etats-Unis à Tunis soulignent l’importance d’élections AFP: Tunisie: face à face musclé entre partisans et adversaires du gouvernement AFP: Tunisie: les opposants dispersent la manifestation pro-gouvernement

AFP: Tunisie: un émissaire américain veut des élections, les manifestants persistent AFP: Tunisie: première manifestation pro-gouvernementale à Tunis  AFP: Les Tunisiens s’adonnent au plaisir de la parole libérée AFP: Tunisie: la douleur des familles de détenus sans nouvelles de leurs proches Reuters: “Speakers’ corner” flourishes in new Tunisia AFP: Tunisie: le malaise des islamistes, laissés pour compte de la révolution AFP: “L’exemple tunisien” invite à des réformes dans le monde arabe (responsable américain) AFP: Tunis: les ultras de deux clubs de football manifestent contre des interdits AFP: Après Ben Ali, des rappeurs passent de Facebook à la maison de disque ANSA: Tunisia: migliaia in piazza, attesa per rimpasto governo AFP: Tunisie: “grève générale” mercredi à Sfax, 2e ville du pays (syndicat) AFP: Tunisie: l’opposant Moncef Marzouki pris à partie par des manifestants AFP: Tunisie: pression sur le gouvernement, consultations américaines AFP: Tunisie: aide de 260 millions d’euros pour les régions les plus pauvres AFP: Tunisie: un millier de manifestants devant le siège du Premier ministre Reuters: Talks under way for body to oversee Tunisia cabinet Reuters: Vers une compensation des familles des victimes en Tunisie Reuters: L’appareil policier de Ben Ali n’aurait pas été démantelé AFP: Tunisie: remaniement imminent, l’armée “garante de la révolution” AFP: Tunisie: appel à la grève jeudi dans les lycées (syndicat) AFP: Tunisie: remaniement imminent, “peut-être d’ici demain” (ministre) AFP: Un haut responsable de la diplomatie américaine en visite à Tunis Reuters: Tunisian families demand release of men still held AFP: Tunisie: l’armée “garante de la révolution, fidèle à la Constitution” ANSA: Tunisia: stampa, in tutto il mondo beni famiglia Ben Ali


REVUE DE PRESSE


MDS/ pour un Conseil National extraordinaire élargi

 


Le MDS se prépare à organiser son Conseil National extraordinaire le dimanche 30 Janvier 2011 à Tunis. En ce sens et à la lumière de la situation en Tunisie marquée par la révolution glorieuse de notre peuple qui souhaite rompre avec l’ancien régime, ses symboles et ses méthodes. Je pense que c’est le moment pour le Mouvement des Démocrates Socialistes MDS, d’ouvrir grandes ses portes à tous les gens qui ont milités dans ses rangs et qui souhaitent reprendre leurs places pour aider à l’émergence et à réhabiliter ce parti pionnier de la démocratie et du pluralisme en Tunisie depuis le coup de grâce de son fondateur Mr Ahmed Mestiri. Je propose donc,  que ce Conseil National extraordinaire soit élargi volontairement à la participation de tout militant ayant appartenu à n’importe quel conseil, quelques soit la date de son appartenance et les causes de son éloignement, pour permettre de tourner la page des divisions et s’inscrire sur la voie de l’unification des rangs. Egalement, il serait très intéressant pour marquer un coup médiatique et politique, d’organiser la réunion du C.N.Ex. Dans une salle publique de la capitale (Ibn Khaldoun ou  Menzah VI) avec la présence de la presse. Je  considère que le C.N.Ex à pour  mission prioritaire au début des travaux : – De confirmer ou d’élire un  président du C.N – De donner son accord pour la nouvelle  composition du C.N – D’adopter un ordre du jour (3 points) – D’adopter une déclaration politique en parfaite harmonie avec les aspirations du peuple Tunisien, pour atteindre les objectifs de la révolution et inscrire la Tunisie à l’ère des libertés et de la démocratie – De constituer une direction provisoire du MDS à la place de l’ancien B.P qui soit représentative et opérationnelle. – De fixer une date très proche (pas plus que 20 jours) pour organiser un congrès extraordinaire qui aura pour tache de redresser le parti, d’élire démocratiquement un nouveau B.P+S.G  et un C.N (03 membres par fédérations et 40 membres élus directement ce qui donne presque 100 membres). Le congrès devrait  être à la hauteur des défis pour donner au MDS les moyens de  se préparer aux échéances politiques, prendre attache avec la classe politique et médiatique, participer au travail des commissions de reformes, ….. Jalel LAKHDAR Membre du C.N –MDS-Tunisie  


 Parti Tunisie Verte:

communique (2)

Le  bureau politique du parti Tunisie verte s’est réuni  le dimanche 23  janvier 2011 et apres les discussions et les  echanges  de vue  à propos de la gestion democratique transparente du parti,basée sur le debat franc et profond et après l’adoption à la majorite de toutes les decisions politiques prises par le bureau concernant la vie  et l’edification du parti  ainsi que ses activites exterieures sur le plan national et international et aussi en ce qui concerne la situation politique générale et en ce qui découle   de rapports officiels et inter-partis sur le plan régional et relatifs aux partis progressistes et les différentes composantes de la société civile indépendante il a été convenu de distribuer les responsabilités  dans le bureau politique comme suit. ABDELKADER ZITOUNI            COORDINATEUR    GÉNÉRAL Mme NEJIBA BAKHTRI             RELATIONS INTERNATIONALES Mme NAIMA GUIZA                   DOCUMENTATION ET ADMINISTRATION FADHEL ROUACHED               TRÉSORERIE    ET ADHESION MOHSEN MAATOUG                 INFORMATION  ET COMMUNICATION TEL  98607425 ADEL AZZABI                           FORMATION ET ASSOCIATION  DE L’ENVIRONNEMENT FAOUZI HADHBAOUI               RELATION AVEC LES PARTIS ET LES ORGANISATIONS MUSTAPHA  ZITOUNI               STRUCTURATION ORGANISATION ET PORTE PAROLE DU PARTI 21472354 ABDERRAOUF CHEMMARI       COMITÉ SCIENTIFIQUE.ÉCONOMIE DURABLE ET RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET                                                 ENVIRONNEMENTALE Le même jour,le comité  des jeunes  du parti Tunisie verte s’est réuni et a choisi  la structure suivante WALID HMAM                           COORDINATEUR SAMY BEN YOUNES                  AFFAIRES ESTUDIANTINES RAOUF JENDOUBI                    AFFAIRES SYNDICALES YOSRA DRIDI                           RAPPORT AVEC LES ORGANISATIONS  DES FEMMES ABDALLAH ARDHAOUI              FORMATION  RECHERCHES ET ÉTUDES DE L’ENVIRONNEMENT KAMEL BEN JEDDOU               TRÉSORERIE  OLFA BEN AOUN                      RELATIONS EXTERIEURES D’autre part le comite  a désigne  la date du 12 et 13 mars 2011 por la tenue  du congres  constitutif  des jeunes verts du parti tunisie verte                              pour le bureau politique du parti Tunisie verte                              le coordinateur    général  . ABDELKADER ZITOUNI


TUNISIE 

Une délégation de Vérité-Action part en Tunisie vendredi 28 janvier 2011


 Suite aux événements historiques survenus en Tunisie, Vérité-Action a décidé de passer à une nouvelle étape dans son travail pour les droits de l’homme. La révolution du peuple tunisien nous encourage à continuer le combat avec toutes les forces militantes dans le pays pour qu’un état de droit soit instauré en Tunisie.   Le chemin poursuivi aujourd’hui par l’ensemble de la population vers la démocratie et la liberté nous incite à mettre tous nos efforts au service du peuple tunisien. La décision de partir et d’observer la situation de plus près est une étape importante dans la construction de la Tunisie après la dictature de Ben Ali.   Pour cela, une délégation de Vérité-Action devrait partir vendredi 28 janvier 2011 pour prendre part aux efforts de la société civile tunisienne pour permettre un consensus autour d’un projet commun. En tant qu’ONG de défense des droits de l’Homme en Tunisie, nous serons sur place pour recueillir des témoignages, comprendre la situation de plus près et apporter notre aide aux victimes de la répression.   La délégation sera composée de membres actifs dans l’association et exilés depuis des années en Suisse. Les personnes désireuses de rejoindre cette délégation sont priées de nous contacter au 00 41 79 703 26 11.
 
Renseignements sur le vol:   Vol – AF1643 10:30 Genève, Geneva (GVA), SUISSE  Vol – AF2584 12:35Paris, Charles de Gaulle (CDG), FRANCE

ARRIVEE15:05Tunis, Carthage (TUN),  TUNISIE

  Service de l’information Genève, le 25 janvier 2011   www.verite-action.org email : info@verite-action.org


Coordination Maghrébine  des Organisations des Droits Humains    -CMODH- -Secretariat-

Communiqué Une délégation de la CMODH En visite de solidarité à Tunis le 21, 22 et 23 janvier 2011


Une délégation de la Coordination Maghrébine des Organisations des Droits Humains (CMODH) composée du Coordinateur Abdelhamid AMINE et de Mr Mohamed ELHADJ SIDI (responsable de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme) s’est rendue le 21- 22 – 23 janvier 2011 à Tunis en visite de solidarité avec les organisations des droits humains tunisiennes, les démocrates tunisiens et l’ensemble du peuple tunisien en lutte pour se débarrasser du régime dictatorial de Ben Ali et pour instaurer les fondements de l’Etat de Droit et d’une société de citoyenneté respectant l’ensemble des droits humains : La délégation de la CMODH est  partie en compagnie de 5 défenseurs des droits humains responsables dans des associations marocaines des droits humains. –       Association Marocaine des Droits Humains : Samira Kinani –       Forum Marocain pour la Vérité et la Justice : Abdelbaki Yousfi et Fatima El Manouzi –       Ligue Marocaine de Défense des Droits de l’Homme : Abderrazzak Boughanbour –       Amnesty International – Section Maroc : Salah El Abdallaoui Rappelons qu’en 2009 lors d’une tentative de visite en Tunisie du Coordinateur de la CMODH, il a été refoulé de l’aéroport et n’a pu accomplir sa mission. La délégation de la CMODH en compagnie des membres des associations marocaines sus-cités ont pu vivre l’ambiance de ferveur militante qui règne à Tunis, rendre visite et discuter avec le secrétaire général de l’UGTT, tenir une réunion de travail dans une ambiance chaleureuse au local de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme, avec nombre d’ONG tunisiennes. Des discussions informelles ont eu lieu également avec des représentants de diverses forces démocratiques tunisiennes. Tout en se félicitant du succès de la mission de la CMODH à Tunis, on remerciera tous ceux et celles qui y ont contribué, en affirmant que la CMODH continuera à suivre de près la situation en Tunisie et à apporter son total soutien aux défenseurs des droits humains et aux démocrates de ce pays. Rabat le 24/01/2011 Le Coordinateur de la CMODH Abdelhamid AMINE


 

24/01/2011: communiqué de presse:

SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE TUNISIEN:

Le MRAP et la LDH appellent à une rencontre

JEUDI 27 janvier à 20h30


 

Notre crainte est que l’émotion passée la Tunisie et son peuple soient oubliés.

Notre crainte est que les résistants de la 25e heure, que les opposants du 27eme jour étouffent la voix du peuple tunisien et lui confisquent sa révolution.

Notre crainte est, qu’ici, après quelques larmes de crocodiles versées, on continue comme avant à soutenir les dictatures bon teint, à accueillir généreusement les bourreaux des peuples comme bébé doc et à expulser sans vergogne leurs victimes:

Nous pensons, qu’ici, en France- du fait du passé colonial, du fait de la présence de nombreux Tunisiens (avec ou sans papiers)- ou Franco-tunisiens- nous avons des responsabilités particulières à assumer.

Dans l’immédiat,

Nous exigeons que nos médias donnent largement la parole aux démocrates tunisiens, opposants de toujours du régime Ben Ali

Nous exigeons du gouvernement français et de l’union européenne qu’ils cessent leur complaisance à l’égard des dictatures,

Nous exigeons que Ben Ali et ses complices ne bénéficient d’aucune protection et que le gel de leurs avoirs en France soit effectif

Pour construire, ensemble, dans la durée, le soutien et la solidarité au peuple tunisienne, nous invitons tous ceux, toutes celles qui veulent le succès de la révolution Tunisienne et touTEs les amiEs du peuple tunisien à se rencontrer

Jeudi 27 janvier 20h30

agora salle 2

maison des associations

St Nazaire

avec la participation

de Michel Perret etBrahim Souilhi – membres du « collectif  REDEYEF » de Nantes

et de Abdel Ghani Moussalli, membre de la « Coordination Magrébine des Droits Humains »

Pour le MRAP                                                           Pour la LDH

Le Déan Michel                                                         Jean Pierre Savary

membre du bureau

contact: 06 89 23 92 54


  

 COMMUNIQUE DE PRESSE FEDERATION DE L’EDUCATION, DE LA RECHERCHE ET DE LA CULTURE CGT  263 rue de Paris (Case 544)  93515 MONTREUIL CEDEX Contact Presse Christine BARIAUD et Ivan BAQUER   TEL. 01 48 18 82 44  – 

Aux côtés des militants syndicaux tunisiens


 La FERC -CGT se félicite du départ du dictateur tunisien, Zine Ben Ali. C’est une date historique pour le peuple tunisien qui réclamait liberté, démocratie et  justice sociale.  Elle n’oublie pas les actes de bravoure et de sacrifice qui ont été accomplis par de nombreux militants syndicaux et plus largement par l’ensemble des citoyens tunisiens.  Elle salue à nouveau la mémoire d’H. Bettahar, enseignant à l’Université de Compiègne, assassiné par le pouvoir le 12 janvier 2011  Aujourd’hui après la Révolution de jasmin, le peuple poursuit les manifestations bravant même le couvre feu toujours en vigueur.  Nous témoignons notre solidarité envers les organisations syndicales tunisiennes et, en particulier nos camarades de l UGTT, nos collègues de l’éducation, en grève illimitée car ils maintiennent la pression en faveur d’un véritable changement.  Le mouvement dans l’éducation, très largement suivi dans les écoles avec plus de 90% des personnels qui n’ont pas repris le travail lundi, s’élargit maintenant aux collèges et aux lycées.  Pour la FERC CGT, aux cotés des revendications tunisiennes, le changement nécessite un gouvernement complètement expurgé des anciens membres du parti de Ben Ali. Les organisations syndicales, principales forces organisées de la société civile, doivent pouvoir jouer un rôle majeur dans la construction d’un nouvel avenir dans le pays.  Les demandes exprimées par le peuple sont claires : révision constitutionnelle, élections libres, mesures d’urgence en matière de pouvoir d’achat, d’emplois, de salaires et de justice sociale, libération effective de tous les prisonniers politiques ou d’opinion.  La période qui s’ouvre aujourd’hui sera décisive pour le développement d’une véritable démocratie en Tunisie.  Nous exprimons notre entière solidarité envers tous ces militants qui luttent contre la pauvreté, pour le droit au travail, pour le droit à l’activité syndicale et à la solidarité.  La FERC CGT sera présente au forum social mondial de Dakar début  février et compte bien y rencontrer les organisations qui, en Tunisie comme dans l’ensemble des pays du Maghreb, et plus largement du continent africain, luttent chaque jour pour les libertés, la démocratie et le progrès social. Montreuil, le 25 janvier 2011


Bonjour, A la mort de Habib Bourguiba en 1987, Zine al-Abidine Ben Ali lui succède et transforme rapidement une autocratie paternaliste en une dictature policière violente et corrompue. La mort dramatique du jeune Mohamed Bouazizi le 17 décembre dernier entraine une mobilisation spectaculaire et inattendue de la population tunisienne contre le pouvoir de Ben Ali qui va se développer jusqu’à la fuite de Ben Ali et de ses proches le 14 janvier. Ces 28 jours de la”Révolution du jasmin”, en balayant le régime tunisien, montrent aux populations de tous les pays arabes de la région que “l’on peut faire bouger les choses”. Formidable message d’espoir pour nous tous… Pour en parler ensemble, je vous propose de nous retrouver   jeudi 27 janvier, à partir de 18h,  dans le grand amphi de Sciences Po avec   Chérif Ferjani,  professeur de science politique à l’université Lumière Lyon2, chercheur au GREMMO de la Maison de l’Orient de Lyon, et intervenant dans le cadre du DEMAC.    Il donnera une conférence sur “la situation politique actuelle de la Tunisie”.  Cette conférence sera présidée par Lahouari Addi, professeur de science politique à l’IEP de Lyon.  


Appel


J’ai été contacté par des familles il y a quelques instants. Leurs proches sont emprisonnés à la prison de Médenine (Harboub). Ils ont été contraints de signer des papiers dont ils ignorent le contenu et transférés à la prison de Gabès à 75 km. Ils ont été soumis dimanche à la violence (matraques) et la torture qui a laissé de graves séquelles, fractures, lésions, luxations d’épaules. Certains de leurs parents n’ont pas pu les voir. J’attire votre attention sur la perpétuation des méthodes qui prévalaient sour l’ère du président déchu et vous demande d’intervenir rapidement. Houssine Bettaïeb, Ben Guerdane, Tunisie (traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)

 


 Lettre ouverte à  Mr le Ministre des Finances


 

Monsieur

Nous, tunisiens libres depuis le 14 Janvier, estimons qu’il est de notre devoir national de vous alerter des dérives de Monsieur Laroussi Bayoudh, serviteur de l’ancien régime corrompu et toujours en poste.

Nous voulons attirer votre attention sur un échantillon de ces dépassements. Pednat toute cette période, Monsieur Bayoudh a agi en toute impunité.. Nous vous prions de mettre fin à ce genre de comportements irresponsables : il doit étre à notre avis  démis de ses fonctions sans délai afin de l’empêcher de détruire d’autres documents compromettants.

De notre coté, nous essayerons de mettre a la disposition de la justice tunisienne tout document en notre disposition pour mettre fin aux règne des valets corrompus de l’ancien système. 

270 millions de dinars de la STB entre 2004 et 2006 pour la famille Trabelsi

1-Dans son rapport de 2007 , la cour des comptes a relevé que Mr Laroussi Bayoudh, alors PDG de la STB a accordé à des sociétés classées appartenant à la famille Trabelsi, des crédits louches, contraires à l’éthique du métier et irrécouvrables pour un montant global de 270 millions de dinars.

 Ce même rapport signale aussi que ces crédits accordés par Mr Laroussi Bayhoudh, sont sous forme de découverts, donc sans l’autorisation des comités de crédit. 

Le rapport de la cour des comptes transmis à la présidence, du fait que les bénéficiaires sont proches du Président Ben Ali , n’a reçu aucune réponse ; au contraire, Mr Laaroussi Bayoudh, âgé de 61 ans a été promu en 2008, contre toute attente, PDG de  Best Bank.                                  

70 millions de dinars de  Best Bank entre 2009 et 2010 pour Trabelsi-Materi

2- Pour accomplir la mission noble pour laquelle il a été nommé, Mr Laroussi Bayoudh n’a pas voulu perdre de temps. Il a réagi  en  2009 et 2010 par l’octroi de crédits  Best Bank au groupe malfaiteur  trabelsi-materi pour 70 millions de  dinars soit l’équivalent du capital de cette petite banque ; 15 millions de dinars à Ezzitouna Bank pour refinancer son siège ; 45 millions de dinars à Sakher El Matri pour l’achat des actions Tunisiana et 10 millions de dinars à la  cimenterie de Belhassen Trabelsi.

 A titre de récompense pour services bien rendus, Mr Laroussi Bayoudh a été nommé en décembre 2010 membre du conseil d’administration de la cimenterie trabelsi avec promesse ferme de proroger son mandat à Best Bank d’un an en mars 2011 car sera  âgé de 63 ans. A signaler que ces prêts ont été accordés en violation des règles prudentielles applicables à la banque et que Best Bank n’a jamais financé ces escrocs.

Irrégularités constatées à l’œil nu actuellement à Best Bank :

3-La secrétaire de Mr Laroussi Bayoudh, femme divorcée, perçoit un salaire mensuel net de 3600 dinars et un bonus annuel de 20000 dinars soit un revenu mensuel moyen de l’ordre de 5300 dinars.

 -Son chauffeur de maison qui n’a jamais mis les pieds  à la banque reçoit, en plus de son salaire, une prime d’heures supplémentaires de 500 dinars nets par mois.

 -En 2010 Mr Bayoudh a fait presque 20 missions à l’étranger, sans aucune autorisation, pour un coût en devises supérieur à 100 000$ USA, dont des billets 1ers classe pour sa femme  à la charge de notre mesquine banque.

 -Il perçoit en espèces mensuellement l’équivalent de 500 litres d’essence, et la  banque supporte illégalement le carburant des 4 voitures mises à sa disposition (Mercedes neuve  pour lui, Golf pour sa femme, 2 voitures pour ses 2 frères utilisées dans les déplacements à ses fermes agricoles Sidi Thabet et au Cap Bon.)

 -Il est en contact permanent avec Sakher el Matri auquel il a fourni au dinar symbolique tout le savoir faire de Best Bank à Ezzitouna Bank.

Construction d’un palais à Hammamet au dinar symbolique

4-Mr Laroussi Bayoudh, connu dans le secteur par sa corruption, a accordé, durant la période qu’il a passée à la Banque du Sud, des crédits dépassant 15 millions de dinars à l’entrepreneur Ameur Messai. En contrepartie de ce financement, l’entreprise Ameur Messai , lui a construit au dinars symbolique, son palais  Hammamet.

Perception de commissions sur les crédits

5-Mr Laroussi Bayoudh est un grand corrompu et un mafioso de première classe. Il perçoit en espèces 10% de commissions, auprès de certains clients interdits du système bancaire.

-A la STB, il a accordé à Mr Toufik Mkacher un crédit de 1 million de dinars, resté impayé à ce jour.

-A la Best Bank , il  a financé en 2010 à cet escroc  pour 5 millions de dinars un projet aquacole dans des conditions très douteuses.

Mr Taoufik Mkacher est douteux dans le système bancaire  et ses affaires auprès des  stb,bna et ettijari bank sont aux services contentieux. Chaque vendredi , notre pdg reçoit son carton de poissons ultra frais expédié par Mr Taoufik Mkacher. 

 

Vive la démocratie, vive la république, vive le peuple tunisien

Des cadres  STB et Best Bank dévoués et nationalistes.


Monsieur l’Ambassadeur de Tunisie en France


Avec courage et dignité le peuple Tunisien en 23 jours a renversé un horrible régime dictatorial qui lui a volé  23 ans de son existence.  En agissant de la sorte ce peuple éduqué et civilisé a démontré au monde entier que sa révolution est hautement politique. Démocratie, liberté et dignité sont désormais sa devise. Malheureusement et pendant longtemps ses Représentations diplomatiques à l’étranger étaient en décalage avec ces aspirations. Ambassades et consultas se sont transformés en un lieu  où on trafique et on détourne la richesse du pays pour le compte du dictateur et de sa famille. Pis encore, ils sont devenus, avec le temps, une anti-chambre du ministère de l’intérieur contrôlant, agressant, humiliant et surtout poussant un nombre important de nos compatriotes à l’exil forcé en les privant de leur  liberté d’aller et de venir (en les dépossédant de leur  passeport). Ils ont trahi le peuple. Ils ont trahi la  Tunisie. Il est alors temps de faire les comptes.   Votre maintien en poste est une insulte à notre peuple. Monsieur l’ambassadeur votre complicité avec le régime tyrannique n’est pas à démontrer. Jusqu’à la dernière minute, avec un excès de zèle inouï et un certain talon de « mamlouk » tel un possédé vous vous êtes efforcés à jeter le discrédit  sur notre peuple et sa révolution. Honte à vous. Mais ce qui rend votre cas d’autant plus impardonnable, c’est que, semble-t-il, vous vous êtes servis des privilèges inhérent à votre statut diplomatique pour aider et faciliter  la tâche au clan mafieux de la famille Ben Ali à bien détourner et à bien gérer ce qu’ils ont pillé à notre pays. Monsieur l’ambassadeur en agissant de la sorte, vous vous êtes comportés non seulement en agent actif de la dictature, mais également en complice sans recul ni distance d’une mafia vorace. Toujours fidèle à votre inféodation et votre soumission vous avez même accepté que Laïla Trablssi (désormais voleuse reconnu internationalement) prenne illégalement possession de la résidence de l’ambassade pour y séjourner sans frais avec sa famille. La Tunisie et son peuple vous demanderont certainement d’assumer cette lourde responsabilité.   Après la chute de votre dictateur, nous avons espéré un sursaut de fierté et de dignité de votre part. Plusieurs avons pensé que vous alliez démissionner, en vain. Même ce petit geste d’honneur vous en êtes dans l’incapacité de l’accomplir. Savoir partir est un signe de courage monsieur l’ambassadeur. Malheureusement vous en êtes dépourvu.             Aussi, nous exigeons votre démission et votre départ le plus vite possible de notre ambassade. C’est uniquement avec votre départ qu’une nouvelle page de notre diplomatie tunisienne commencera à s’écrire.            Honnête citoyen tunisien   Copie à Monsieur le  Ministre des Affaires étrangères


RÉVOLUTION TUNISIE : LES MILICES OCCUPENT LES LOCAUX DE L’UGTT A BEJA ET MONASTIR


La FTCR et le CRLDHT condamnent l’occupation des locaux des syndicat régionaux de l’UGTT de Monastir et de Béja ainsi que la tentative à Gafsa par des milices liées aux restes des partisans de l’ancien dictateur BEN ALI et leurs amis. La FTCR et le CRLDHT saluent la juste lutte de l’UGTT aux cotés des manifestants et des jeunes rassemblés devant le premier ministère pour la satisfaction des revendications de la révolution : RCD dégage. Ils condamnent ces attaques contre le syndicat UGTT et demandent  aux forces progressistes tunisiennes, françaises, arabes et mondiales d’exprimer leurs soutiens à la révolution tunisiennes contre les forces de l’ancien régime et de leurs alliés. pour la FTCR et le CRLDHT Tarek BEN HIBA  


 L’ATTENTE DES ISLAMISTES TUNISIENS


Sans attendre la suite des évènements,  les medias français  avertissent  l’opinion publique sur le danger que présente les islamistes sur la scène politique  tunisienne. Et pourtant ils ne cessent de répéter que cette révolte échappe à tous les  courants politiques y compris les islamistes.   Il faut rappeler que les militants islamistes ont payé cher leurs engagements durant les années de braise 1991-1993. Des milliers sont détenus  ou exilés. Ils ont subi systématiquement la  torture sous l’œil complaisante des journalistes locaux et étrangers.  Beaucoup  sont  morts sous la torture. D’autres ont quitté la prison  avec des séquelles graves. Des centaines ont succombés à ces maladies après leur sortie du prison. Tout le long de son existence le pouvoir déchu n’a fait que dénigrer le mouvement  islamiste. Certes le mouvement a commis des erreurs.  Elles sont  dues à une mauvaise appréciation politique. Après les élections de 1989 ces militants se sont sentis trahis. Pas de reconnaissance donc acculé à la clandestinité. En exploitant d’une façon machiavélique un environnement régional et international  une politique de dénigrement médiatique est mise en place suivi d’une répression sans merci. Les conséquences sont désastreuses sur des milliers des familles tunisiennes. L’espoir aujourd’hui est grand. Beaucoup d’eau a coulé sous le « pont islamiste ». Avec le temps un engagement juvénile a laissé place à  une  maturité intellectuelle et politique. Ces islamistes ne sont pas des extraterrestres. Ils sont l’expression d’une partie de ce peuple tunisien. Ils appartiennent à  ces révoltés qui aspirent à la liberté rien que la liberté, toute la liberté. C’est leur attente de cette révolution.   Ahmed BEN AMOR     Vitry sur Seine  le 25/01/2011


Khadafi soutient les Tunisiens, met en garde contre les “ingérences”


TUNIS – Le dirigeant libyen Mouammar Khadafi a dit soutenir la révolution du peuple tunisien mais a dit craindre qu’elle ne soit détournée par des ingérences “étrangères”, dans une interview diffusée mardi soir par la chaîne privée tunisienne Nesma TV. “On ne peut pas être contre la volonté du peuple tunisien. Nous sommes avec le peuple tunisien”, a déclaré le leader libyen, rectifiant sa position initiale de soutien au président déchu Zine El Abidine Ben Ali, qui avait été très critiquée en Tunisie. “Si le peuple a déclenché la révolution, il doit se gouverner lui-même. Je ne peux que soutenir cette orientation, si elle s’achemine vers le pouvoir des masses”, a ajouté le Guide de la Révolution libyenne dont le discours était parfois confus et décousu. “Mais j’ai peur que la révolution du peuple tunisien ne lui soit volée. Il y a des manoeuvres à l’intérieur et de la part d’intérêts étrangers”, a-t-il mis en garde, dans cet entretien enregistré dimanche. (©AFP / 25 janvier 2011 21h48)  


Tunisie: des allocations pour les chômeurs diplômés


TUNIS – Des allocations seront versées aux chômeurs diplômés de longue durée en Tunisie, a annoncé mardi soir le porte-parole du gouvernment de transition Taïeb Baccouch, cité par l’agence tunisienne TAP. “Une allocation mensuelle de 150 dinars (78 euros) sera allouée aux chômeurs diplômés, ainsi qu’une couverture sociale et un tarif réduit dans les transports publics, à condition qu’ils acceptent un emploi à mi-temps dans les services publics”, a indiqué M. Baccouch à l’Agence tunisienne de presse. Le taux de chômage est estimé à environ 14% de la population active en Tunisie, mais il est évalué à 30% parmi les chômeurs diplômés, dont le nombre est environ de 100.000 sur une population de 10 millions de Tunisiens. Le salaire minimum légal en Tunisie est de 270 dinars (140 euros). (©AFP / 25 janvier 2011 21h08)  


Tunisie: les Etats-Unis à Tunis soulignent l’importance d’élections


Un émissaire américain de haut rang a souligné ce mardi l’importance d’élections pour stabiliser la situation en Tunisie. Dans le même temps, une foule de manifestants a exigé la démission du gouvernement et a dispersé une manifestation favorable à ce cabinet de transition. Le secrétaire d’état adjoint pour le Proche-Orient a souligné que “la crédibilité” d’un gouvernement dépendait de la tenue d’élections, prévues pour le moment dans un délai de six mois. “Ce qui décidera si le gouvernement est démocratique est une question qui trouvera seulement sa réponse avec des élections”, a-t-il souligné. Le responsable américain est le premier envoyé occidental à se rendre en Tunisie depuis la chute, le 14 janvier, du président Zine El Abidine Ben Ali, considéré jusqu’à la fin comme un partenaire sûr pour Washington et dans les capitales européennes. Le diplomate américain a annoncé qu’il se rendrait mercredi à Paris pour aborder avec les autorités françaises la situation au Liban et en Tunisie. 4000 manifestants à Tunis A Tunis, dès l’aube, un millier de manifestants ont à nouveau exigé devant le siège du premier ministre Mohamed Ghannouchi, la démission du gouvernement de transition dominé par des membres du régime déchu de l’ex-président Ben Ali. Leurs rangs ont grossi, avec l’arrivée de nouveaux groupes, dont des étudiants et lycéens, pour atteindre 4000 personnes en début d’après-midi selon un militaire, légèrement plus que la veille. Lundi, le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Education tunisien avait annoncé qu’un remaniement était imminent tout en se prononçant pour le maintien des ministres de Ben Ali au nom de “la continuité de l’Etat”. Les protestataires campent dans le froid Bravant le couvre-feu toujours en vigueur, la grande majorité des manifestants a campé dans le froid pour la deuxième nuit consécutive sur la place de la Kasbah, sous les fenêtres des bureaux du premier ministre. (ats / 25 janvier 2011 20:06)  

Tunisie: face à face musclé entre partisans et adversaires du gouvernement


TUNIS – Plusieurs centaines de jeunes opposants ont dispersé mardi dans le centre de Tunis une manifestation de soutien au gouvernement d’union nationale, lors du premier face à face musclé entre partisans et adversaires du cabinet de transition, a constaté l’AFP. “Dégagez, vermine!”, ont scandé des centaines de jeunes sur l’avenue Habib Bourguiba, artère centrale de Tunis, à l’adresse du premier cortège de soutien au gouvernement de transition formé le 17 janvier. Les manifestants pro-gouvernementaux, qui remontaient l’avenue, se sont heurtés à des centaines de jeunes, parmi lesquels des supporters ultra de football, arrivant en sens inverse et les repoussant brutalement vers les rues latérales. Les opposants ont arraché à leurs adversaires banderoles et pancartes affichant leur soutien au gouvernement, sans que les policiers présents à proximité n’interviennent. La rue tunisienne demande chaque jour la démission du gouvernement d’union nationale, dominé par des caciques de l’ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier par la “révolution du jasmin”. Les partisans du gouvernement avaient lancé des appels sur internet et par SMS pour appeler à descendre pour la première fois dans la rue mardi après-midi. “Oui, oui au gouvernement d’union nationale!”, “Non à la vacance du pouvoir!”, scandaient les manifestants, sur l’avenue Habib Bourguiba, sous les huées des protestataires exigeant au contraire la démission de l’exécutif de transition. “Rendez-vous dans six mois”, délai maximum dans lequel doivent se tenir les élections présidentielle et législatives et “UGTT, laissez le gouvernement réussir la transition”, ont scandé d’autres à propos de la centrale syndicale dont les militants veulent faire tomber le cabinet d’intérim. “Oui à la démocratie, non au chaos”, “la politique du tout ou rien ne mène nulle part”, proclamaient deux banderoles. Quelques incidents ont émaillé le départ de la manifestation comme lorsqu’une manifestante a arraché la pancarte d’un partisan pro-gouvernement, qui a riposté en la frappant à la tête avec son parapluie. Lunettes cassées et arcade sourcilière en sang, la manifestante a continué à scander “Le peuple va faire tomber le gouvernement!”, avant d’être secourue par ses camarades. Plusieurs centaines de personnes qui étaient venues avec l’intention de proclamer leur soutien au gouvernement de transition sont restés sur les trottoirs de l’avenue Bourguiba, n’osant pas se joindre aux marcheurs qui se faisaient bousculer par de petits groupes d’opposants se ruant vers eux en les insultant. Ces derniers étaient jeunes et beaucoup portaient des écharpes ou des maillots de clubs de football. Plus tôt dans la journée, des supporters ultras s’étaient rassembles sur l’avenue. Dans la foule des hésitants, les commentaires allaient bon train sur la situation en cours. “Je ne pense pas qu’on va s’en sortir comme ça et je crains que l’armée finisse par prendre les choses en main”, murmurait un homme d’âge mûr au petit groupe qui l’entourait. A quelques kilomètres de là, des milliers de personnes rassemblées devant le siège du Premier ministre continuaient par ailleurs, comme chaque jour depuis une semaine, à exiger la démission du gouvernement de transition, en raison de la présence en son sein de caciques de l’ancien régime Ben Ali. (©AFP / 25 janvier 2011 17h55)  

Tunisie: les opposants dispersent la manifestation pro-gouvernement


TUNIS – Plusieurs centaines de jeunes opposants ont dispersé mardi dans le centre de Tunis une manifestation de soutien au gouvernement d’union nationale, lors du premier face à face musclé entre partisans et adversaires du cabinet de transition, a constaté l’AFP. “Dégagez, vermines”, ont scandé des centaines de jeunes sur l’avenue Habib Bourguiba, artère centrale de Tunis, à l’adresse du premier cortège de soutien au gouvernement de transition formé le 17 janvier. Les manifestants pro-gouvernementaux, qui remontaient l’avenue, se sont heurtés à des centaines de jeunes, parmi lesquels des supporters ultra de football, arrivant en sens inverse et les repoussant brutalement vers les rues latérales. Les opposants ont arraché à leurs adversaires banderoles et pancartes affichant leur soutien au gouvernement, sans que les policiers présents à proximité n’interviennent. La rue tunisienne demande chaque jour la démission du gouvernement d’union nationale, dominé par des caciques de l’ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier par la “révolution du jasmin”. (©AFP / 25 janvier 2011 17h27)

 

AFP, le 25 janvier 2011 à 15h28 GMT

Tunisie: un émissaire américain veut des élections, les manifestants persistent


 

Par Hassan EL FEKIH et Inès BEL AIBA

 

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Un émissaire américain de haut rang a souligné mardi l’importance d’élections pour stabiliser la situation en Tunisie, alors qu’une foule de manifestants poursuivait le siège du premier ministre en exigeant la démission du gouvernement.

Le secrétaire d’état adjoint pour le Proche Orient, Jeffrey Feltman, a souligné que “la crédibilité” d’un gouvernement dépendait de la tenue d’élections, prévues pour le moment dans un délai de six mois.

“Ce qui décidera si le gouvernement est démocratique est une question qui trouvera seulement sa réponse avec des élections”, a-t-il souligné au cours d’un point de presse.

Le responsable américain est le premier envoyé occidental à se rendre en Tunisie depuis la chute, le 14 janvier, du président Zine El Abidine Ben Ali, considéré jusqu’à la fin comme un partenaire sûr à Washington et dans les capitales europénnes.

Dans le même temps, au Caire, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser des milliers de personnes inspirées par l’exemple tunisien qui demandaient des réformes politiques et sociales.

A Tunis, dès l’aube, un millier de manifestants ont exigé de nouveau devant le siège du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, la démission du gouvernement de transition dominé par des membres du régime déchu de l’ex-président Ben Ali.

Leurs rangs ont grossi, avec l’arrivée de nouveaux groupes, dont des étudiants et lycéens, pour atteindre 4.000 personnes en début d’après-midi selon un militaire, légèrement plus que la veille.

Lundi, le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Education Taieb Baccouch avait annoncé qu’un remaniement était imminent tout en se prononçant pour le maintien des ministres de Ban Ali au nom de “la continuité de l’Etat”.

Bravant le couvre-feu toujours en vigueur, la grande majorité des manifestants a campé dans le froid pour la deuxième nuit consécutive sur la place de la Kasbah, sous les fenêtres des bureaux du Premier ministre.

“Ils doivent partir, nous resterons jusqu’à ce qu’ils partent”, a déclaré à l’AFP Mehrezia Mehrez, une femme au visage voilé, venue de Kasserine (centre-ouest) avec son mari et ses deux petites filles.

“La bataille se jouera à Tunis. C’est pour cela que nous sommes venus. Il faut faire tomber le gouvernement. Ils sont comme un cancer, il faut tout nettoyer”, lançait Lotsi Abbes, un pharmacien du sud du pays, ajoutant: “On ne se satisfera pas d’un remaniement”.

Le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, qui occupait cette même fonction sous le régime Ben Ali, s’est dit “prêt à partir à n’importe quel moment”, dans une interview au quotidien tunisien La Nation.

Il a toutefois estimé que “l’avenir de la Tunisie doit être bâti par tous les Tunisiens (…) toutes appartenances et obédiences confondues”.

Le chef de la diplomatie tunisienne a eu un entretien lundi avec Jeffrey Feltman, qui venait d’arriver dans la capitale tunisienne.

Le diplomate américain a dit mardi soutenir les réformes annoncées par le gouvernement tunisien de transition allant dans le sens d’une démocratisation de la vie politique tunisienne.

“Les défis qui se posent dans de grandes parties du monde, en particulier dans le monde arabe, sont les mêmes, et nous espérons que les gouvernements répondront aux aspirations politiques, sociales et économiques légitimes des peuples, particulièrement si elles s’expriment par des moyens légaux et pacifiques”, a déclaré le secrétaire d’Etat adjoint à des journalistes.

Il a annoncé qu’il se rendrait mercredi à Paris pour aborder avec les autorités françaises la situation au Liban et en Tunisie.

Au Caire, quelque 15.000 personnes selon une source de sécurité ont participé aux manifestations pour des réformes politiques et sociales.

La police a tiré des gaz lacrymogènes et usé de canons à eau et la manifestation a un peu reculé mais ne s’est pas dispersée. La police a en retour essuyé quelques jets de pierres.

Le gouvernement de transition tunisien a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle de 260 millions d’euros pour les régions rurales les plus pauvres du pays.

Mais la contestation se poursuit et la section régionale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) de Sfax, deuxième ville du pays à forte activité économique, a appelé à une “grève générale” mercredi, pour la démission du gouvernement de transition et la dissolution de l’ex-parti au pouvoir.

 


 

AFP, le 25 janvier 2011 à 15h12 GMT

Tunisie: première manifestation pro-gouvernementale à Tunis


   

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Une première manifestation en faveur du gouvernement tunisien de transition rassemblait mardi après-midi plusieurs centaines de personnes face à un groupe de protestataires anti-gouvernementaux dans le centre de Tunis, a rapporté un journaliste de l’AFP.

“Oui, oui au gouvernement d’union nationale !”, “Non à la vacance du pouvoir !”, scandaient les manifestants, sur l’avenue Habib Bourguiba, artère centrale de Tunis, sous les huées d’un groupe plus nombreux de protestataires exigeant au contraire la démission de l’exécutif de transition.

Cette première manifestation pro-gouvernementale, depuis la formation du cabinet le 17 janvier, a été chahutée par les manifestants hostiles au cabinet actuel, entraînant quelques bousculades, mais l’atmosphère restait dans l’ensemble pacifique.

A quelques kilomètres de là, des milliers de personnes rassemblées devant les bureaux du Premier ministre continuaient par ailleurs, comme chaque jour depuis une semaine, à exiger la démission du gouvernement de transition, en raison de la participation de caciques de l’ancien régime Ben Ali.

 


 

AFP, le 25 janvier 2011 à 14h48 GMT

Les Tunisiens s’adonnent au plaisir de la parole libérée


 

Par Mohamed HASNI

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – “Vive la liberté”, a tracé une main anonyme à même la chaussée de l’Avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, devenue une immense agora où des dizaines de badauds s’adonnent à longueur de journée à un nouveau plaisir, celui de la parole libérée.

Entre deux défilés de protestation, de petits groupes se forment sous les ficus de l’allée centrale. Des orateurs s’improvisent sur des thèmes inattendus, parfois saugrenus mais toujours dans l’air du temps: la transition politique après la chute du régime répressif Ben Ali.

Et les théories du complot font florès dans ces cercles qui se forment et se reforment à longueur de journée.

Devant la cathédrale de Tunis, en face de l’ambassade de France, un jeune harangue la foule en affirmant que “toutes les difficultés viennent d’Israël qui ne veut pas de la démocratie en Tunisie”.

Plus loin, un autre anime une discussion sur le thème: “Ce sont les Américains qui tirent les ficelles”.

Certaines personnes sont venues crier à l’injustice et demander réparation, à l’image d’une vieille dame qui affirme avoir été spoliée de son terrain par des proches de l’ancien régime.

“Dans la Tunisie de demain, celui qui veut fréquenter les bars sera libre de le faire et celui qui veut prier dans la mosquée ne doit pas en être empêché”,  dit une islamiste voilée à un groupe de jeunes. La réponse fuse tout de suite: “Oui mais qui me garantit ta parole?”.

“Ces discussions révèlent un mélange de joie et de panique. On assiste à une fiesta mêlée d’angoisse et de peurs”, analyse Mohammed Lahbid Marsit, docteur en psychologie et enseignant à l’Université de Tunis.

“Mais en tout cas on peut dire sans risque de se tromper que le couvercle de la marmite qui chauffait depuis deux décennies a sauté et que les Tunisiens ont pris la parole dans la rue”, dit-t-il, parlant d’un “exercice salutaire”.

Ce spécialiste dit craindre des dérapages. Mais rares sont les engueulades sérieuses dans ces cercles “où l’on élève certes la voix pour se faire entendre mais sans jamais s’agresser ni verbalement ni physiquement”, s’étonne un militant de gauche, Saleh Toumi.

“Cela me fait penser à un garçon capricieux qu’on a longtemps enfermé et qui en retrouvant la liberté ne cesse de s’agiter”, fait remarquer le romancier et journaliste Dhafer Néji.

“C’est étonnant, sous le régime du (président déchu Zine El Abidine) Ben Ali, la foule des Tunisiens ressemblait sur l’avenue Bourguiba à un troupeau docile dont chaque membre se méfiait de l’autre”, se rappelle un cafetier.

Les Tunisiens ont vécu pendant 23 ans avec Ben Ali sous un régime policier qui ne permettait aucune voix dissidente et exerçait un contrôle des plus stricts sur la population par le moyen d’un appareil policier omniprésent.

Dans la cohue de l’avenue Bourguiba, certains ont choisi de s’exprimer autrement. Un artiste naïf exposait mardi plusieurs tableaux peints hâtivement dont l’un représentant l’ancien président installé en Arabie saoudite en serrant des sacs remplis de dollars.

“Ce n’est pas à vendre”, dit-il quand on lui demande le prix.

Sur le réseau social Facebook, les internautes ne cessent de s’échanger les images d’un Tunisien qui dès la chute de Ben Ali est sorti seul de nuit dans la rue pour crier sa joie. “Le peuple s’est mobilisé et Zine El Adidine s’est enfui”, clamait-t-il à tue-tête, avant d’être ramené dans son hôtel par des policiers qui veillaient au respect du couvre-feu dans la capitale.


AFP, le 25 janvier 2011 à 14h48 GMT

Les Tunisiens s’adonnent au plaisir de la parole libérée


 

Par Mohamed HASNI

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – “Vive la liberté”, a tracé une main anonyme à même la chaussée de l’Avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, devenue une immense agora où des dizaines de badauds s’adonnent à longueur de journée à un nouveau plaisir, celui de la parole libérée.

Entre deux défilés de protestation, de petits groupes se forment sous les ficus de l’allée centrale. Des orateurs s’improvisent sur des thèmes inattendus, parfois saugrenus mais toujours dans l’air du temps: la transition politique après la chute du régime répressif Ben Ali.

Et les théories du complot font florès dans ces cercles qui se forment et se reforment à longueur de journée.

Devant la cathédrale de Tunis, en face de l’ambassade de France, un jeune harangue la foule en affirmant que “toutes les difficultés viennent d’Israël qui ne veut pas de la démocratie en Tunisie”.

Plus loin, un autre anime une discussion sur le thème: “Ce sont les Américains qui tirent les ficelles”.

Certaines personnes sont venues crier à l’injustice et demander réparation, à l’image d’une vieille dame qui affirme avoir été spoliée de son terrain par des proches de l’ancien régime.

“Dans la Tunisie de demain, celui qui veut fréquenter les bars sera libre de le faire et celui qui veut prier dans la mosquée ne doit pas en être empêché”,  dit une islamiste voilée à un groupe de jeunes. La réponse fuse tout de suite: “Oui mais qui me garantit ta parole?”.

“Ces discussions révèlent un mélange de joie et de panique. On assiste à une fiesta mêlée d’angoisse et de peurs”, analyse Mohammed Lahbid Marsit, docteur en psychologie et enseignant à l’Université de Tunis.

“Mais en tout cas on peut dire sans risque de se tromper que le couvercle de la marmite qui chauffait depuis deux décennies a sauté et que les Tunisiens ont pris la parole dans la rue”, dit-t-il, parlant d’un “exercice salutaire”.

Ce spécialiste dit craindre des dérapages. Mais rares sont les engueulades sérieuses dans ces cercles “où l’on élève certes la voix pour se faire entendre mais sans jamais s’agresser ni verbalement ni physiquement”, s’étonne un militant de gauche, Saleh Toumi.

“Cela me fait penser à un garçon capricieux qu’on a longtemps enfermé et qui en retrouvant la liberté ne cesse de s’agiter”, fait remarquer le romancier et journaliste Dhafer Néji.

“C’est étonnant, sous le régime du (président déchu Zine El Abidine) Ben Ali, la foule des Tunisiens ressemblait sur l’avenue Bourguiba à un troupeau docile dont chaque membre se méfiait de l’autre”, se rappelle un cafetier.

Les Tunisiens ont vécu pendant 23 ans avec Ben Ali sous un régime policier qui ne permettait aucune voix dissidente et exerçait un contrôle des plus stricts sur la population par le moyen d’un appareil policier omniprésent.

Dans la cohue de l’avenue Bourguiba, certains ont choisi de s’exprimer autrement. Un artiste naïf exposait mardi plusieurs tableaux peints hâtivement dont l’un représentant l’ancien président installé en Arabie saoudite en serrant des sacs remplis de dollars.

“Ce n’est pas à vendre”, dit-il quand on lui demande le prix.

Sur le réseau social Facebook, les internautes ne cessent de s’échanger les images d’un Tunisien qui dès la chute de Ben Ali est sorti seul de nuit dans la rue pour crier sa joie. “Le peuple s’est mobilisé et Zine El Adidine s’est enfui”, clamait-t-il à tue-tête, avant d’être ramené dans son hôtel par des policiers qui veillaient au respect du couvre-feu dans la capitale.


AFP, le 25 janvier 2011 à 14h48 GMT

Tunisie: la douleur des familles de détenus sans nouvelles de leurs proches


 

Par Inès BEL AIBA

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – “On ne me laisse plus voir mon fils emprisonné. Je suis sûr que c’est pour attendre que ses blessures guérissent”: comme Amer El Hamdi, des dizaines de familles de détenus tentent mardi d’obtenir des nouvelles de leurs proches, devant le ministère de la Justice, à Tunis.

Ils sont plus de 200, dont de nombreuses femmes, mères, épouses de détenus politiques ou de droit commun, criant de colère ou de douleur, brandissant des portraits des membres de leur famille emprisonnés.

“Nous demandons l’amnistie pour nos enfants. Mon fils a été condamné à tort à huit ans de prison pour terrorisme. Il a été torturé pendant neuf mois, ils l’ont sodomisé avec un bâton jusqu’à ce qu’il perde conscience…”, témoigne une mère de famille désemparée.

Une poignée de vigiles et de militaires empêchent les familles d’accéder aux étages du “ministère de la Justice et des droits de l’homme”, comme l’indique une plaque à l’entrée du bâtiment.

A mains nues, une vieille femme avait auparavant saisi le rouleau de fil de fer barbelé qui bloquait l’accès au ministère, ouvrant ainsi la voie à la foule, qui conspuait encore le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, 11 jours après sa fuite en Arabie saoudite, chassé par la “révolution du jasmin”.

Dans le hall, une vieille femme analphabète demande autour d’elle de l’aide pour écrire sur un bout de carton le nom de son fils dont elle n’a plus de nouvelles depuis des semaines. Un fonctionnaire débordé tient en main une dizaine de feuilles de papier similaires.

“On arrête nos enfants pour quelques grammes de drogue, mais c’est les Trabelsi qui dirigeaient le trafic”, proteste la mère d’un jeune détenu, mettant en cause la famille de l’épouse du président déchu, Leïla Trabelsi, qui avait mis le pays en coupe réglée.

Un homme aux cheveux poivre et sel, très ému, parle avec de grands gestes et tente de forcer le passage. Un capitaine de l’armée discute avec lui, le prend dans ses bras et le réconforte, tandis qu’il pleure sur son épaule.

Comme cet officier, les militaires, très populaires en Tunisie depuis qu’ils ont refusé de tirer sur les manifestants comme le leur avait ordonné Ben Ali, évitent soigneusement de brusquer les familles, et réussissent à force de persuasion à les faire sortir du bâtiment.

Un mouvement de foule se produit alors: une vingtaine de gardiens de prison arborant un brassard rouge arrivent en scandant “les prisons sont innocentes du sang des martyrs”.

Torture et mauvais traitements sont monnaie courante dans les prisons tunisiennes, selon les associations de défense des droits de l’homme.

Un dialogue surréaliste s’engage alors entre gardiens et familles de détenus. “Qui a frappé et torturé mon fils, alors?”, demande une vieille femme.

“Nous, on n’a tué personne”, répond sans la moindre gêne un gardien de prison.

 


 

Reuters, le 25 janvier 2011 à14h52 GMT

“Speakers’ corner” flourishes in new Tunisia


 

 

* People talk freely in the streets

 

* Shops, cafes reopening

 

By Lin Noueihed

 

TUNIS, Jan 25 (Reuters) – “Tunisian people are educated. Why don’t they volunteer for these ministries?” the man asked. The crowd munched their popcorn. Their heads turned to a small woman with a loud voice in the middle of the throng.

 

“I’ll tell you why, because there are contacts from abroad. Mohamed Ghannouchi gets his green light from America. If they say stay, he stays. If they say no, he goes,” she said, referring to the prime minister, under pressure to resign.

 

Ghannouchi’s caretaker government, formed after president Zine al-Abdine Ben Ali fled on Jan. 14 in the face of violent unrest, has been under pressure from protesters demanding the resignation of figures from the old guard who have hung on.

 

Just over a week ago, Tunisians watched the world from pavement cafes, not daring to air an opinion for fear that the man at the next table was a plainclothes policeman. Today, they stand on corners talking loudly about which minister should stay or go.

 

On Bourguiba Avenue, the capital’s treelined central boulevard, groups of people gathered to argue about politics.

 

They pointed fingers at each other, raised their voices, not caring who could hear. Police stood around, leaning against trees, or listening half-heartedly to the heated debates.  A few days ago, a man was seen standing on a red box, airing his opinions to anyone who cared to listen. Another lampooned the wooden speeches of Ben Ali, the first Middle Eastern leader to be overthrown by a popular uprising for many years.

 

“We are against the RCD (Ben Ali’s party) staying in power but we should be aware that they want this chaos so the military takes over. The military is not in the people’s favour. Come back in six months and see what we have done,” said a tall man in a grey coat.

 

A man in jeans and a leather jacket pushed through the crowd to interject: “The military cannot take any decision in Tunisia — 160,000 police cannot be defeated by 27,000 soldiers.”

 

Another man cut this speaker off to air his own view.

 

FESTIVAL ATMOSPHERE

 

The change is dramatic. Hushed tones were best under Ben Ali’s pervasive police state, because even “the walls had ears”. Even in the privacy of one of Tunisia’s yellow taxis, no one talked politics.

 

Taxi drivers were often pulled aside by plainclothes police and asked where their last passenger was picked up and dropped off. They would discuss nothing with passengers for fear of police entrapment.

 

“Under the old regime, I would not be having this conversation with you,” said taxi driver Lassad Trabelsi.

 

On Tuesday, ordinary Tunisians were strolling along Bourguiba Avenue again, weaving around groups of debaters, stopping to buy small bags of popcorn or roasted nuts from street vendors now back in business.

 

The cafes that lined these streets, the epicentre of some of the most violent protests in Tunis, have reopened and are full.

 

The clothing stores on the sidestreets, shuttered last week amid daily protests, are back in business. Street vendors laid out packets of cigarettes and sesame sticks on cardboard boxes.

 

The protests that unseated Ben Ali began as a tense affair, where demonstrators clashed with police who fired tear gas and live rounds. Now, they have taken on a festival atmosphere.

 

Rural youths from the marginalised interior of Tunisia have set up camp outside the prime minister’s office, carrying flags and banners. Graffiti covers the once-spotless walls of Tunis.

 

“Police say no to dictatorship,” someone has sprayed on the metal barrier protecting a hotel in central Tunis.

 

A small piece of paper tied to a tree on Bourguiba Avenue read: “No to going back, yes to freedom.”


  AFP, le 25 janvier 2011 à 14h44 GMT

Tunisie: le malaise des islamistes, laissés pour compte de la révolution


 

Par Thibauld MALTERRE et Kaouther LARBI

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Absents de la “révolution du jasmin” qui a jeté à bas le régime autoritaire de Ben Ali, les islamistes participent désormais aux manifestations quotidiennes qui demandent la démission du gouvernement de transition en Tunisie, tout en s’estimant laissés pour compte par le mouvement.

“C’est nous qui sommes depuis des années en première ligne de l’opposition au régime et nous en avons payé le prix, nous avons subi toutes les injustices: prison, torture, privation de passeport, harcèlement policier”, déclare Mohammed Hedi Ayani, militant du parti islamiste interdit Ennahdha (Renaissance), réprimé sous le président Zine El Abidine Ben Ali.

Le gouvernement de transition a bien promis de légaliser tous les partis qui en feront la demande et d’abroger la loi antiterroriste. Mais pour les militants islamistes de la base, ce n’est pas suffisant.

“Il faut libérer tous les prisonniers islamistes”, demandait ainsi mardi Inès, 27 ans, au milieu d’une foule de parents de détenus réunis devant le ministère de la Justice pour demander des nouvelles de leurs proches.

Inès porte le niqab (voile intégral), ce qui est exceptionnel en Tunisie.

“Avant je n’osais pas sortir avec, même pour acheter du pain, mais maintenant, par défi je le mets tout le temps”, proclame-t-elle.

“Prier était considéré comme un crime en Tunisie”, assure un jeune islamiste, tandis qu’un autre rappelle les humiliations qu’infligeaient volontiers les policiers, qui rasaient parfois de force les barbes des militants.

La plupart des détenus islamistes ont été condamnés en vertu de la loi antiterroriste adoptée en 2003 par le régime de Ben Ali, et vivement critiquée par les défenseurs des droits de l’Homme, en Tunisie comme à l’étranger, ainsi que par le Comité des droits de l’homme des Nations unies.

Près de 3.000 Tunisiens ont été victimes de cette loi, selon Samir Ben Amor, avocat spécialisé dans la défense des prisonniers islamistes, qui estime qu’entre 500 et 1.000 islamistes sont aujourd’hui emprisonnés, dont trois seulement appartenant au mouvement Ennahdha.

“Ils ont été condamnés au cours de procès injustes sous le régime criminel de Ben Ali, qui s’est servi d’eux pour se faire bien voir en Amérique et en Europe et montrer qu’il s’investissait pleinement dans la lutte contre le terrorisme”, dénonce l’avocat.

Le seul “crime” de nombre d’entre eux: avoir consulté sur internet des sites “interdits”, notamment ceux de groupes salafistes, selon des organisations de défense des droits de l’homme.

Pour l’ancien régime, il n’y avait pas de “prisonniers politiques”, seulement des détenus de droit commun.

Plusieurs manifestants islamistes font observer avec amertume que l’emprisonnement de centaines d’islamistes pèse beaucoup moins lourd que la détention d’un journaliste ou défenseur des droits de l’homme dans les médias occidentaux.

“Mon père a passé cinq ans à Guantanamo, il a été relâché et expulsé sans que les Etats-Unis ne retiennent aucune charge contre lui. La justice tunisienne l’a condamné à sept ans de prison à son retour. Cela fait un an et demi que je n’ai pas été autorisée à le voir”, dénonce Aïcha El Hajj.

“Mon père disait qu’il préférait retourner à Guantanamo, qu’une journée dans les prisons tunisiennes était pire que cinq ans là-bas”, souligne-t-elle.

Fethi Abado Soumri, une militant islamiste de 40 ans, n’oubliera jamais l’horreur vécue lors de ses huit années en prison: “Des cellules de 50m2 où on entassait 100 prisonniers, le manque de nourriture qui nous conduisait à manger les souris, la torture et le supplice du poulet rôti”, lorsque les détenus étaient attachés, suspendus au plafond et battus.


AFP, le 25 janvier 2011 à 13h59 GMT

“L’exemple tunisien” invite à des réformes dans le monde arabe (responsable américain)


 

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – “L’exemple tunisien” invite à des réformes dans le monde arabe pour prendre en compte les “aspirations” politiques et sociales “légitimes” des populations, a déclaré mardi à Tunis Jeffrey Feltman, le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient.

“Les défis qui se posent dans de grandes parties du monde, en particulier dans le monde arabe, sont les mêmes, et nous espérons que les gouvernements répondront aux aspirations politiques, sociales et économiques légitimes des peuples, particulièrement si elles s’expriment par des moyens légaux et pacifiques”, a déclaré le sous-secrétaire d’Etat à des journalistes.

Le responsable américain a souligné que Washington avait actuellement des “discussions privées et publiques” en ce sens avec les gouvernements arabes.

Arrivé lundi à Tunis pour des consultations avec les autorités, il a dit soutenir les réformes annoncées par le gouvernement tunisien de transition allant dans le sens d’une démocratisation de la vie politique tunisienne.

Mais “ce qui décidera si le gouvernement est démocratique est une question qui trouvera seulement sa réponse avec des élections”, a-t-il déclaré.

“C’est ce qui va réellement renforcer tout gouvernement en Tunisie, qu’il ait une crédibilité issue d’un processus électoral”, a ajouté le responsable américain, qui a annoncé qu’il se rendrait mercredi à Paris pour aborder avec les autorités françaises la situation au Liban et en Tunisie.


 

AFP, le 25 janvier 2011 à 13h45 GMT

Tunis: les ultras de deux clubs de football manifestent contre des interdits


 

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Des dizaines de supporteurs des deux grands clubs rivaux de football de Tunis, le Club Africain et l’Espérance sportive de Tunis, ont manifesté mardi côte à côte pour demander la levée de restrictions imposées dans les stades par le régime du président déchu Ben Ali.

Les dizaines d'”ultras” des deux clubs, qui ont l’habitude de se heurter violemment autour des stades, chantaient à quelques mètres les uns des autres dans une ambiance bon enfant, sur l’avenue Habib Bourguiba où défilent quotidiennement les manifestants qui réclament la démission du gouvernement de transition.

Mais leurs demandes n’avaient rien de politique: “Ultra, liberta”, scandaient sur le parvis d’un centre commercial les supporteurs du Club africain. “On veut la fin des sanctions”, répondaient en écho ceux de l’Espérance.

Les deux groupes demandent la levée de l’interdiction des fumigènes et du déploiement de bâches géantes dans les stades, ainsi que la libération de leurs camarades accusés de violences par la justice, après des rencontres qui ont dégénéré en affrontements.

Le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier par la “révolution du jasmin”, avait pris ces mesures pour éviter les violences dans les stades: les fumigènes partis des tribunes visent parfois les joueurs de l’équipe adverse ou leurs supporters, et les banderoles comportaient souvent des propos jugés diffamatoires ou indécents.

La Tunisie, comme son voisin algérien et de nombreux pays européens, connaît régulièrement des épisodes de hooliganisme et de violence dans ou autour des stades.

Toutes les compétitions sportives sont suspendues dans le pays.

 

 

AFP, le 25 janvier 2011 à 12h31 GMT

Après Ben Ali, des rappeurs passent de Facebook à la maison de disque


 

Par Kaouther LARBI  

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Célèbres sur Facebook mais interdits de concert, boudés par les producteurs et harcelés par les autorités sous Ben Ali, les rappeurs frondeurs tunisiens, dont un résolument islamiste, peuvent désormais enregistrer des CD où même tourner un clip près du ministère de l’Intérieur.

Hamada Ben Amor, 21 ans, plus connu sur le net sous le pseudonyme “Le Général”, avait été arrêté au domicile de ses parents à Sfax (sud), le 5 janvier, avant d’être relâché après un séjour de quelques jours au ministère de l’Intérieur.

Ce jeune bachelier s’était rendu célèbre par un rap critique du régime, intitulé “Président, ton peuple est mort” diffusé sur les réseaux sociaux devenus un espace privilégié d’expression contestataire pour des milliers de jeunes sous la dictature.

Avec ce titre, le rappeur voulait adresser un message à l’ancien président Zine El Abidine pour “attirer son attention” sur la misère et la répression.

“Ils (les policiers) cherchaient à savoir si j’avais une appartenance politique” et “me demandaient de renoncer aux thèmes politiques”, explique-t-il à l’AFP.

Hamada affirme aujourd’hui avoir reçu des offres de plusieurs maisons de productions “nationales et étrangères”. “Je compte maintenant me concentrer sur le rap et enrichir mon répertoire musical de plus de 30 chansons”, jubile-t-il.

Il est invité à se produire samedi dans un concert à la coupole d’El Menzah près de Tunis, qui peut contenir 10.000 spectateurs.

A ses côtés, devrait se produire un autre rappeur jusqu’ici “virtuel”, le nettement plus sulfureux Mohamed Jandoubi, alias Psyco-M, élu rappeur numéro un en Tunisie en 2010 sur le net.

Psyco-M, 24 ans, a défrayé la chronique en diffusant sur Internet un rap intitulé “manipulation”, dans lequel il critique des symboles de la laïcité et du nationalisme arabe, dans une analyse islamique de l’histoire du 20e siècle, à travers laquelle il tentait d’accréditer une thèse de complot américano-sioniste pour désislamiser le monde.

Il s’en prend aussi à des figures de la télévision et du cinéma tunisien, pour atteinte aux bonnes moeurs, et attaque celles qui, “en mini-jupe s’habillent à la Naomi Campbell”. Ce qui lui a valu une plainte en diffamation.

Dans ses chansons, il rejette aussi le Code de statut personnel (CSP), qui a aboli depuis 1956 la polygamie et jetant les bases légales de l’égalité entre l’homme et la femme en Tunisie et qui “remplaça” selon lui la Charia islamique.

Sous le régime répressif mais résolument laïque de Ben Ali, Psyco-M était interdit de concert et de télévision, malgré ses dizaines de milliers de fans sur Facebook. “Je recevais des menaces d’emprisonnement ou de mort”, raconte-t-il à l’AFP.

Le jeune rappeur dénonce l'”occidentalisation intellectuelle et politique” et “défend une liberté d’expression consciente”, affirme “combattre à la fois l’extrémisme religieux et l’extrémisme laïque”.

“Danger public?” C’est la question que se pose à son égard une partie de la population tunisienne attachée à la laïcité. Il a en fait le titre de son prochain album qu’il compte enregistrer sur CD pour répondre à ses détracteurs. Mohamed Jandoubi.

Il affirme avoir reçu des offres de maisons de disque de Tunisie et de France. Puis coupe court à l’entretien: “Je dois partir en repérage pour mon premier clip, avenue de Carthage” à Tunis, près du ministère de l’Intérieur.

 


 

ANSA, le 25 janvier 2011 à12h21 GMT

Tunisia: migliaia in piazza, attesa per rimpasto governo


 

TUNISI (ansa) Sono ancora in piazza i tunisini nella capitale: alcune migliaia di persone continuano a manifestare contro il governo di transizione che giudicano troppo legato al vecchio regime.

Il cuore della contestazione è davanti alla sede del governo dove resistono i dimostranti mentre lungo la centrale Avenue Bourguiba, nei giorni scorsi principale teatro delle manifestazioni, è più evidente la voglia di ritorno alla normalità sebbene per tutta la mattinata ci siano stati cortei spontanei. Numerosi anche gli studenti oggi nel centro di Tunisi.

C’è intanto attesa per l’annuncio di un rimpasto di governo: fonti vicine all’esecutivo confermano che sono ancora in corso trattative. Si parla del ricambio di alcuni ministri ma non è ancora chiaro quali siano i dicasteri interessati. Si esclude tuttavia che i ministri dell’opposizione lascino l’esecutivo.

  Sono pronti a scendere in piazza anche i sostenitori del governo,

– una ‘maggioranza silenziosa come è già stata definita – che sostiene il processo di transizione per arrivare alle elezioni. Già ieri l’appello a scendere in piazza è circolato su Facebook.

 

 


 

 AFP, le 25 janvier 2011 à 12h07 GMT

Tunisie: “grève générale” mercredi à Sfax, 2e ville du pays (syndicat)


 

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – La section régionale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) de Sfax, deuxième ville du pays, a appelé mardi à une “grève générale” mercredi pour la dissolution du gouvernement de transition dominé par des caciques de l’ancien régime de Ben Ali.

“L’Union régionale appelle à une grève générale dans la province de Sfax mercredi 26 janvier pour soutenir les revendications du peuple, qui demande la démission du gouvernement et la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique” (RCD, ex parti au pouvoir), selon un communiqué.

Tous les adhérents sont appelés à se rassembler mercredi matin devant le siège de la section de Sfax de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) pour participer à une manifestation.

L’union de Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien, a toutefois demandé d’assurer un “service minimum” dans les secteurs essentiels pour la vie de la population (eau, électricité, hôpitaux…).

L’UGTT, la puissante centrale syndicale tunisienne, a joué un rôle important dans l’organisation des manifestations de la “révolution du jasmin” qui ont abouti à la chute du régime autoritaire du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie saoudite.

Elle pèse aujourd’hui fortement dans le mouvement de protestation qui réclame le départ des membres de l’équipe de Ben Ali qui occupent tous les postes clés du gouvernement de transition formé par la chute de l’ancien président le 14 janvier.

Les instituteurs du primaire observent mardi une deuxième journée de “grève illimitée” tandis que le syndicat national de l’enseignement secondaire a appelé à une journée de grève jeudi et à participer aux manifestations pour “la dissolution du gouvernement qui a été imposé” aux Tunisiens.

 

 


 

 

 

AFP, le 25 janvier 2011 à 12h05 GMT

Tunisie: l’opposant Moncef Marzouki pris à partie par des manifestants


 

  TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – L’opposant tunisien historique Moncef Marzouki a été vivement pris à partie mardi à Tunis par des manifestants sur l’esplanade de la Kasbah, qui l’ont insulté et poursuivi, le contraignant à quitter les lieux précipitamment, a rapporté une journaliste de l’AFP.

L’incident s’est produit quand l’opposant a voulu saluer la foule devant le ministère des Finances où des avocats tunisiens lançaient des slogans contre le gouvernement de transition, très décrié en raison de la présence de nombreux caciques du régime du président déchu Ben Ali.

Immédiatement, un groupe de jeunes manifestants s’est rué sur lui, en l’insultant, et le traitant d'”agent des Français et des Américains”.

L’opposant a alors dû prendre la fuite, se frayant un chemin parmi la foule, poursuivi par ce groupe de manifestants très agressifs jusque dans les ruelles de la Médina, où d’autres manifestants se sont interposés.

“Ils disent que je suis un mécréant”, a expliqué, essoufflé et visiblement choqué ce dirigeant de la gauche laïque âgé de 65 ans, à une journaliste de l’AFP.

“D’après moi, ils ont été envoyés par le pouvoir. Il y a une campagne contre moi, y compris sur (le réseau social) Facebook”, a-t-il ajouté.

Moncef Marzouki, issu de la gauche laïque, avait annoncé lundi dernier sa candidature à l’élection présidentielle qui doit être organisée d’ici six mois en Tunisie, qualifiant de “mascarade” le gouvernement d’union nationale où ont été nommés à des postes-clés de nombreux ministres du président déchu Ben Ali.

M. Marzouki, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, et fondateur du Congrès pour la République en 2001 était revenu mercredi dernier en Tunisie après de longues années d’exil en France.

Son premier geste avait été de se rendre à Sidi Bouzid (centre-ouest) pour se recueillir sur la tombe de Mohamed Bouazizi, le jeune marchand de fruits qui s’était immolé le 17 décembre à la suite d’humiltiations policières, déclenchant la “Révolution du Jasmin” qui a fait tomber Ben Ali.

 

 


AFP, le 25 janvier 2011 à 10h50 GMT  

Tunisie: pression sur le gouvernement, consultations américaines


 

Par Hassan EL FEKIH et Inès BEL AIBA 

  TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – La pression populaire pour faire tomber le gouvernement tunisien de transition et ses caciques de l’ancien régime Ben Ali se poursuivait mardi, alors qu’un remaniement est donné pour imminent et qu’un responsable américain poursuit ses consultations dans la capitale tunisienne.

Dès l’aube, un millier de manifestants ont exigé de nouveau devant le siège du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, la démission du gouvernement de transition dominé par des membres du régime déchu de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Leurs rangs grossissaient peu à peu dans la matinée, au fur et à mesure que s’agglutinaient de nouveaux groupes de manifestants, dont des étudiants et lycéens. Mais ils étaient moins nombreux que la veille.

Bravant le couvre-feu toujours en vigueur, la grande majorité a campé dans le froid pour la deuxième nuit consécutive sur la place de la Kasbah, sous les fenêtres des bureaux du Premier ministre.

“Ils doivent partir, nous resterons jusqu’à ce qu’ils partent”, a déclaré à l’AFP Mehrezia Mehrez, une femme au visage voilé, venue de Kasserine (centre-ouest) avec son mari et ses deux petites filles.

“La bataille se jouera à Tunis. C’est pour cela que nous sommes venus. Il faut faire tomber le gouvernement. Ils sont comme un cancer, il faut tout nettoyer, on ne peut pas en laisser un bout”, lançait Lotsi Abbes, un pharmacien du sud du pays.

Le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Education Taieb Baccouch avait annoncé lundi à l’AFP qu’un remaniement était imminent, “peut-être d’ici demain (mardi)”, tout en se prononçant “à titre personnel” pour le maintien des ministres qui ont servi sous Ben Ali au nom de “la continuité de l’Etat”.

Il avait souligné qu’il fallait remplacer les cinq ministres qui ont démissionné la semaine dernière de l’exécutif provisoire – trois syndicalistes, un opposant et un ministre de l’ancien parti au pouvoir – et qu’il y aurait en outre “peut-être d’autres démissions”.

Le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, qui occupait cette même fonction sous le régime Ben Ali, s’est dit “prêt à partir à n’importe quel moment”, dans une interview au quotidien tunisien La Nation.

Il a toutefois estimé que “l’avenir de la Tunisie doit être bâti par tous les Tunisiens (…) toutes appartenances et obédiences confondues”.

“L’essentiel pour moi est de voir se concrétiser le rêve et la volonté du peuple, avec ou sans moi”, a ajouté cette personnalité souvent présentée du temps du président Ben Ali comme le favori de Washington pour sa succession.

Le chef de la diplomatie tunisienne a eu un entretien lundi avec Jeffrey Feltman, le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient qui venait d’arriver dans la capitale tunisienne.

Le sous-secrétaire d’Etat américain, première personnalité occidentale à se rendre dans cette ancienne colonie française depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier, poursuivait mardi ses consultations sur “les réformes démocratiques et les élections” à venir en Tunisie avec l’équipe de transition.

“Le gouvernement (tunisien) doit continuer à répondre aux exigences du peuple, et nous verrons où cela va”, avait indiqué lundi le porte-parole du département d’Etat américain, Philip Crowley

Tentant de répondre au malaise social qui a déclenché “la révolution du jasmin” à la mi-décembre, le gouvernement de transition a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle de 260 millions d’euros pour les régions rurales les plus pauvres du pays.

La somme promise servira à financer des projets de construction d’infrastructures, à rembourser les propriétaires de commerces endommagés lors du soulèvement populaire et à dédommager les familles des dizaines de “martyrs” tués lors de la répression des manifestations par la police de l’ancien régime.

Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), basé à Paris, a appelé les touristes et investisseurs français à retourner dans ce pays.

“Ce n’est pas l’anarchie ni le chaos, il y a seulement quelques manifestations pacifiques, rien contre les intérêts économiques, pas d’incidents”, a-t-il rappelé.


AFP, le 25 janvier 2011 à 08h26 GMT  

Tunisie: aide de 260 millions d’euros pour les régions les plus pauvres


 

  TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Le gouvernement de transition tunisien a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle de 260 millions d’euros pour les régions rurales les plus pauvres du pays, foyers de la “révolution du jasmin” qui a fait tomber le 14 janvier le régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali.

Cette aide a été annoncée lundi soir lors d’un talk-show à la télévision par le ministre du développement régional, Ahmed Néjib Chebbi, chef d’un parti d’opposition sous Ben Ali devenu membre du gouvernement d’union nationale formé le 17 janvier.

La somme promise servira à financer des projets de construction d’infrastructures, à rembourser les propriétaires de commerces endommagés lors du soulèvement populaire et à dédommager les familles des dizaines de “martyrs” tués lors de la répression sanglante des manifestations par la police de l’ancien régime.

La “révolution du jasmin” a débuté le 17 décembre, après l’immolation par le feu d’un vendeur de fruits de 26 ans, qui voulait dénoncer les humiliations policières, dans le centre frondeur et déshérité de la Tunisie, avant de se répandre dans tout le pays et d’aboutir moins d’un mois plus tard à la fuite du président Ben Ali en Arabie Saoudite.

Parmi les milliers de manifestants qui demandent quotidiennement dans les rues de Tunis la démission du gouvernement de transition, dominé par des caciques de l’ancien régime, se trouvent de nombreux jeunes originaires de ces provinces très pauvres et au taux de chômage très élevé.

Ils se sentent laissés pour compte par le développement du Nord et de la bande côtière du pays, avec ses stations balnéaires de carte postale.

 

 


AFP, le 25 janvier 2011 à 07h56 GMT  

Tunisie: un millier de manifestants devant le siège du Premier ministre


 

TUNIS, 25 Jan 2011 (AFP) – Un millier de manifestants réclamaient de nouveau mardi matin à Tunis, devant le siège du Premier ministre, la démission du gouvernement de transition dominé par des membres du régime déchu de l’ex-président Ben Ali, a constaté une journaliste de l’AFP.

La grande majorité d’entre eux ont campé dans le froid pour la deuxième nuit consécutive sur la grande esplanade de la Kasbah, qui jouxte les bureaux du Premier ministre de transition Mohammed Ghannouchi, bravant le couvre-feu.

A peine réveillés, certains ont salué le drapeau et chanté l’hymne tunisien, avant de relancer dès 07H30 (06h30 GMT) des slogans hostiles au gouvernement, sous les regards des militaires qui gardent la place.

Des volontaires s’affairaient à distribuer du café et de la nourriture aux protestataires.

“Ils (les caciques de l’ancien régime, ndlr) doivent partir, nous resterons jusqu’à ce qu’ils partent”, a déclaré à l’AFP Mehrezia Mehrez, une femme au visage voilé, encore allongée sous une couverture, venue de Kasserine (centre-ouest) avec son mari et ses deux petites filles.

“La bataille se jouera à Tunis. C’est pour cela que nous sommes venus. Il faut faire tomber le gouvernement. Ils sont comme un cancer, il faut tout nettoyer, on ne peut pas en laisser un bout”, a également déclaré Lotfi Abbes, un pharmacien du sud du pays.

“On ne se satisfera pas d’un remaniement” ministériel a-t-il ajouté.

Le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Education Taieb Baccouche avait annoncé lundi à l’AFP qu’un remaniement était imminent, tout en se prononçant “à titre personnel” pour le maintien des ministres qui ont servi sous Ben Ali au nom de “la continuité de l’Etat”.

Jeffrey Feltman, le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient, arrivé lundi à Tunis pour des entretiens sur “les réformes démocratiques et les élections” avec le gouvernement de transition, devait poursuivre ses consultations mardi.

Le controversé gouvernement tunisien se transition “se donne du mal pour répondre aux aspirations de son peuple, et nous sommes encouragés par les mesures prises jusqu’à présent”, a indiqué lundi le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley.

 


 Reuters, le 24 janvier 2011 à 23h42 GMT  

Talks under way for body to oversee Tunisia cabinet


 

 

* Army vows to “protect revolution”

* French prosecutor to probe Ben Ali assets

* Protesters camp outside PM office for second night

By Tarek Amara and Andrew Hammond

TUNIS, Jan 24 (Reuters) – Tunisian politicians are negotiating the creation of a council to oversee the interim government, people close to the talks said on Monday after days of street protests demanding that the cabinet resign.

They said the council would be tasked with protecting the revolution that toppled veteran president Zine al-Abidine Ben Ali this month, amid widespread complaints that former members of the ruling party are trying to cling on to power.

The council is expected to include respected opposition politician Ahmed Mestiri, whom a range of opposition politicians and former members of the ruling RCD believe they can work with.

The news came as the Tunisian army general who refused to support Ben Ali’s crackdown on protesters warned that a political vacuum could bring back dictatorship.

“Our revolution is your revolution. The revolution of the youth could be lost and could be exploited by those who call for a vacuum,” General Rashid Ammar told crowds outside the prime minister’s office, where protesters have demanded that Prime Minister Mohamed Ghannouchi quit.

“The army will protect the revolution,” he said.

Ammar’s decision to withdraw support from Ben Ali is widely seen as a turning point that eventually forced him to leave the country on Jan. 14 after weeks of popular protests.

Protesters, mostly from marginalised rural areas, camped out for a second night at the prime minister’s office on Monday.

 

 

SUPERVISORY COUNCIL

U.S. Assistant Secretary of State Jeff Feltman arrived in Tunis and met officials including Foreign Minister Kamel Morjane to discuss plans for democratic reforms and elections.

“We are prepared to provide any support that would be appropriate or requested but we are mostly taking steps now to show our support for what the people of Tunisia themselves have said that they want to happen,” he told state media.

The Tunisians’ revolt has electrified millions across the Arab world who suffer similarly from unemployment, rising prices and corrupt rule, often by leaders backed by Western powers as a bulwark against radical Islam.

Egypt’s government has warned activists hoping to emulate Tunisia’s protesters they face arrest if they go ahead on Tuesday with a mass demonstration billed as the “Day of Wrath”.

Sihem Bensedrine, a rights activist and head of the non-governmental National Council for Liberties, said an announcement on the new supervisory council could come any day.

“The idea is to create a kind of council for safeguarding the revolution,” she said.

“We are negotiating with the transitional government. We had contacts with some ministers in the new government and head of the committee for political reform,” she said, referring to a committee created by the government to revise Tunisia’s laws to allow free elections and prevent the rise of a new strongman.

Bensedrine said Ben Ali’s rubber-stamp parliament would be dissolved under the new plan, and the council would be given the power to supervise the interim government, which could retain Ghannouchi as prime minister.

The council would issue an electoral code and hold elections for a basic parliament that would rewrite the constitution. It would include Tunisia’s powerful labour union, the bar association, civil society groups and political parties including Ennahda, the country’s largest Islamist group, which was banned under Ben Ali.

“This will appease the anger of the public, it’s a solution to get out of this crisis and a way to establish people’s confidence,” she said.

RESHUFFLE

Larbi Sadiki, politics professor at Exeter University in England, said he had been privy to the discussions and that veteran politicians from the era of Tunisian independence leader Habib Bourguiba were involved behind the scenes.

One of them is Mestiri, who broke with Bourguiba in the 1960s over lack of democracy and set up his own political party.

“Mestiri is definitely a really positive element. He stood against Bourguiba and set up his own party,” Sadiki said, describing him as a consensual figure acceptable to both secularists and Islamists.  

A cabinet reshuffle is also expected within the next few days to fill ministries vacated by a slew of resignations, though this could include changes to other portfolios, Education Minister Tayeb Baccouche said.

“As part of the consultations, there is expected to be a reshuffle in the coming days,” he told Reuters.

Five ministers have resigned since the interim cabinet was announced last week, including three representatives of the powerful labour union and one opposition leader.

Earlier, police fired teargas canisters to disperse protesters in Tunis. “Are they afraid the government will really be shaken? It seems that Ben Ali’s regime is back,” said demonstrator Kamal Ashour earlier.

The government agreed to offer 500 million dinars ($354 million) in compensation to the families of those killed in the month-long uprising, regional development minister Nejib Chebbi said, adding it would pay 150 dinars a month to the unemployed.

It would also replace some provincial governors after protesters complained of corruption and repression.

Police put under house arrest Abdelwahhab Abdalla, the Ben Ali political adviser in charge of monitoring the media, state television said. The interim government said last week 33 members of Ben Ali’s family had been arrested. On Sunday, police arrested two confidants of Ben Ali.

French President Nicolas Sarkozy said France, the former colonial power, would offer emergency aid to Tunisia as it grapples with a transition to a new government. He acknowledged criticism of Paris’s past support for Ben Ali.

“There was a desperation, a suffering, a feeling of suffocation which, we have to admit, we did not properly assess,” he said at a Paris news conference.

Sarkozy said France would hunt down wealth plundered during Ben Ali’s time in power and return it to Tunisians, and the Paris prosecutor said later it had opened a preliminary investigation into his French assets.


 

Reuters, le 24 janvier 2011 à 23h24 GMT

Vers une compensation des familles des victimes en Tunisie


 

 

TUNIS, 25 janvier (Reuters) – Le gouvernement tunisien a convenu lundi de verser 500 millions de dinars (259 millions d’euros) de compensation aux familles des personnes tuées lors des récents troubles sociaux, a annoncé le ministre du Développement régional, Nejib Chebbi.

 

Chebbi, un membre de l’opposition qui a rejoint le gouvernement de transition après le renversement de l’ancien président Zine al Abidine Ben Ali le 14 janvier dernier, a fait savoir à Hannibal TV que le gouvernement verserait 150 dinars (77 euros) par mois aux chômeurs.

 

Le gouvernement va également procéder à un remaniement de certains gouverneurs provinciaux après une série de plaintes faisant état de corruption et de répression, a-t-il ajouté.

 

Ces concessions interviennent alors que des manifestants continuent d’exiger le départ du gouvernement d’union de Mohamed Ghannouchi pour sa trop forte proximité avec le régime déchu de Zine ben Ali.

 

Des négociations étaient en cours lundi concernant la création d’un conseil réunissant des responsables politiques, des représentants de la société civile, des avocats et des responsables syndicaux.

 

Cette instance vise à remplacer ou à superviser le gouvernement de transition contesté par la rue et “protéger la révolution”.


 

Reuters, le 24 janvier 2011 à 22h24 GMT

L’appareil policier de Ben Ali n’aurait pas été démantelé


 

par Andrew Hammond

 

TUNIS, 24 janvier (Reuters) – L’appareil sécuritaire supervisant l’Etat policier mis en place par le président déchu Zine ben Ali n’a pas été démantelé, ont souligné lundi des défenseurs des droits de l’homme qui craignent pour les progrès démocratiques de la “révolution du jasmin”.

 

“L’outil du régime était le ministère de l’Intérieur et rien n’a changé à cet égard”, estime Ali Zeddine, vice-président de l’Organisation tunisienne des droits de l’hommer, qui entretenait des relations tendues avec le dirigeant chassé par la rue le 14 janvier.

 

“Il y a des gens dans l’obscurité qui ont truqué les élections, supervisé la répression et l’appareil (d’Etat) comme la police politique, la police de sécurité et d’autres. A défaut de changements de fond, les choses pourraient vraiment revenir au point de départ”, explique-t-il.

 

Depuis le renversement de Zine ben Ali, qui se présentait aux Occidentaux comme le rempart contre le péril islamiste, un gouvernement d’union a été formé à Tunis composé en partie par des cadres de l’ancien régime, dont l’actuel ministre de l’Intérieur, Ahmed Friaa.

 

Ce dernier a été nommé à ce poste dans les derniers jours du règne de Ben Ali, lorsque ce dernier, confronté au soulèvement populaire, a remercié son précédent ministre de l’Intérieur pour tenter d’apaiser la colère de la rue.

 

Mais les défenseurs des droits de l’homme accusent Ahmed Friaa d’être désarmé face aux intérêts bien ancrés d’un appareil de sécurité et de renseignement omniprésent et omnipuissant pendant l’ère Ben Ali. Cet appareil pourrait craindre pour son avenir si les nouveaux dirigeants tenaient leur promesse de tourner complètement la page et de demander des comptes pour les crimes du passé.

 

Sihem Bensédrine, une figure de l’opposition harcelée sous le régime Ben Ali pour avoir tenté de créer un site d’information indépendant sur internet, assure quant à elle que la surveillance n’a pas cessé la semaine passée.

 

“On continue à nous enregistrer, à nous filer. La cyber-police est toujours opérationnelle”, dit-elle. “J’ai été suivie, je les ai vus.”

 

Elle fait état d’informations parvenues au Conseil natiional pour les libertés, une organisation qu’elle dirige, selon lesquelles des policiers en civil se seraient mêlés aux manifestations antigouvernementales de ces derniers jours dans le centre de la capitale.

 

Lundi, Amnesty International a estimé qu’il fallait réformer l’appareil de sécurité tunisien. “Les forces de sécurité doivent être radicalement remaniées. Dorénavant, aucun membre de l’appareil de sécurité ne devrait être au-dessus des lois”, préconise Amnesty. “Les autorités doivent condamner ouvertement la torture et agir rapidement pour l’éliminer.”

 


AFP, le 24 janvier 2011 à 19h13 GMT  

Tunisie: remaniement imminent, l’armée “garante de la révolution”


 

Par Par Kaouther Larbi et Inès BEL AIBA

TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Un remaniement ministériel est imminent en Tunisie, a annoncé à l’AFP le porte-parole du gouvernement, alors que des milliers de manifestants ont encore exigé le départ des caciques du régime Ben Ali et que l’armée a rompu son silence, se portant “garante de la révolution”.

Le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient, le sous-secrétaire d’Etat, Jeff Feltman, est par ailleurs arrivé lundi à Tunis pour des entretiens sur “les réformes démocratiques et les élections” avec le gouvernement de transition, a annoncé le département d’Etat.

Dix jours après la fuite en Arabie saoudite de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et la chute de son régime répressif de 23 ans, la situation reste instable en Tunisie où des milliers de manifestations réclament chaque jour un gouvernement épuré des caciques de l’ancien régime.

Un remaniement est imminent, “peut-être d’ici demain” (mardi), a annoncé dans un entretien à l’AFP le porte-parole du gouvernement de transition Taieb Baccouch, tout en se prononçant “à titre personnel” pour le maintien des ministres qui ont servi sous Ben Ali au nom de “la continuité de l’Etat”.

“Il ne faut pas oublier qu’il y a des postes non pourvus”, a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP, rappelant que cinq ministres ont démissionné la semaine dernière: trois syndicalistes, un opposant, et un membre de l’ancien parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD).

“Peut-être qu’il va y avoir de nouvelles démissions. Donc il y aura un minimum de six, sinon plus, postes à pourvoir, et cela va nécessiter forcément un remaniement ministériel, d’ici peut-être demain”, a ajouté M. Taieb, qui est également ministre de l’Education.

L’armée, adulée en Tunisie depuis qu’elle a refusé de tirer sur les manifestants de la “révolution du jasmin”, a pris la parole pour la première fois lundi, s’affichant en “garante de la Révolution” et promettant de respecter la Constitution.

“L’armée nationale se porte garante de la Révolution. L’armée a protégé et protège le peuple et le pays”, a lancé au mégaphone le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar, dans une intervention improvisée devant des centaines de manifestants devant la mairie, dans le quartier de la Kasbah, siège du pouvoir politique à Tunis.

“Nous sommes fidèles à la Constitution du pays. Nous ne sortirons pas de ce cadre”, a promis le général.

Le chef d’état-major a appelé les manifestants, dont beaucoup de jeunes issus des provinces déshéritées et rebelles du centre du pays, à lever le siège des bureaux du Premier ministre qu’ils ont entamé dimanche et poursuivi lundi, défiant le couvre-feu.

“Vos demandes sont légitimes. Mais j’aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre”, a-t-il poursuivi, évitant d’apporter un soutien trop explicite au gouvernement de transition.

Il a lancé cette mise en garde à la foule: “le vide engendre la terreur, qui engendre la dictature”.

“La Kasbah, c’est la Bastille de la Tunisie et on va la démonter, comme les sans-culottes français ont fait tomber la Bastille en 1789”, avait assuré dans la journée un des milliers de manifestants réunis sur l’esplanade de la Kasbah où des heurts ont brièvement opposé jeunes et policiers anti-émeute.

L’essouflement de la contestation populaire, sur laquelle tablait le gouvernement, ne s’est pas produite.

Ses efforts pour remettre le pays sur les rails ont d’entrée été plombés par une “grève illimitée” très suivie des instituteurs réclamant eux aussi le départ des anciens ministres de M. Ben Ali, en ce jour de reprise officielle des cours dans les maternelles, le primaire et pour les lycéens de classe terminale.

Le syndicat national de l’enseignement secondaire a appelé à son tour lundi à une journée de grève le jeudi 27 janvier et à participer à des manifestations pour demander “la dissolution du gouvernement qui a été imposé” aux Tunisiens.

Depuis son exil londonien, le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a annoncé qu’il allait passer la main aux jeunes à la tête de son parti interdit sous le régime Ben Ali, dans une interview à la chaîne de télévision France 24.

A l’étranger, le président français Nicolas Sarkozy, très critiqué pour sa réserve lors de la “révolution du jasmin”, a reconnu que la France n’avait “pas pris la juste mesure” de la situation.

“Derrière l’émancipation des femmes, l’effort d’éducation et de formation, le dynamisme économique, l’émergence d’une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure”, a-t-il reconnu.

Dans le même temps, la justice française a annoncé avoir ouvert une enquête sur les biens en France de l’ex-président tunisien et de son entourage à la suite d’une plainte pour corruption de trois ONG, qui estiment la fortune de l’ex-président et de son entourage à environ 5 milliards de dollars.

 

 


AFP, le 24 janvier 2011 à 18h31 GMT  

Tunisie: appel à la grève jeudi dans les lycées (syndicat)


 

  TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Le syndicat national de l’enseignement secondaire a appelé lundi à une journée de grève le jeudi 27 janvier et à participer à des manifestations pour demander “la dissolution du gouvernement qui a été imposé” aux Tunisiens.

Depuis sa formation il y a tout juste une semaine, la rue tunisienne conteste la légitimité du gouvernement de transition, dominé par des caciques de l’ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali.

Le syndicat, membre de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), la puissante centrale syndicale qui a joué un rôle clé dans les manifestations de la “révolution de jasmin” qui ont provoqué la fuite du président Ben Ali, a appelé à une seule journée de grève, ce jeudi, “sur le lieu de travail”.

Dans un communiqué, il a aussi demandé aux professeurs de “participer à des manifestations pour demander la dissolution du gouvernement qui nous a été imposé”, d’être présents dans les lycées mardi et mercredi, d’y organiser des cérémonies de salut au drapeau et de faire chanter l’hymne national aux élèves.

Il a également proposé de faire observer aux élèves une minute de silence à la mémoire des “martyrs” de la révolte populaire et d’organiser dans les classes des débats pendant la première heure de cours, mardi et jeudi, sur la révolution et sur les moyens de faire face à la “Jeunesse scolaire”, l’organisation du parti du président déchu Ben Ali, qui était omniprésente dans les lycées.

Le syndicat UGTT des enseignants du primaire a lancé lundi une “grève illimitée”, jusqu’à la démission du gouvernement.

Cet appel a été largement suivi, où de nombreux établissements étaient fermés lundi, a constaté l’AFP, tandis que le syndicat a fait état de “90 à 100%” de participation.

 

 

 


AFP, le 24 janvier 2011 à 18h05 GMT  

Tunisie: remaniement imminent, “peut-être d’ici demain” (ministre)


 

  TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Un remaniement ministériel en Tunisie est imminent, “peut-être d’ici demain”, a annoncé à l’AFP le porte-parole du gouvernement de transition Taieb Baccouch, tout en se prononçant “à titre personnel” pour le maintien des ministres qui ont servi sous Ben Ali et dont la rue exige le départ.

“Il ne faut pas oublier qu’il y a des postes non pourvus”, a-t-il déclaré dans un entretien accordé à des journalistes de l’AFP, rappelant que cinq ministres ont démissionné la semaine dernière: trois syndicalistes, un opposant et un membre de l’ancien parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD).

“Peut-être qu’il va y avoir de nouvelles démissions. Donc il y aura un minimum de six, sinon plus, postes à pourvoir, et cela va nécessiter forcément un remaniement ministériel, d’ici peut-être demain”, a ajouté M. Baccouch, une personnalité indépendante issue syndicalisme qui est également ministre de l’Education.

“Des contacts sont en cours”, a-t-il poursuivi sans plus de précisions.

M. Taieb a exclu que, si d’autres démissions se produisent au sein du gouvernement d’union nationale formé lundi dernier par le Premier ministre sortant Mohamed Ghannouchi, elles seront le fait de ministres de l’opposition. Car ces derniers “sont déterminés à continuer”, a-t-il dit.

Ces éventuelles démissions relèveraient de l’ordre de la “décision individuelle” et non “de pressions”, a-t-il assuré.

Craignant de se faire confisquer leur révolution, des milliers de manifestants exigent chaque jour depuis une semaine la formation d’un nouveau gouvernement débarrassé des caciques du régime déchu du président Ben Ali, sept au total, qui y détiennent les postes-clés de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères ou des Finances.

“Les ministres de l’ancien parti au pouvoir ne sont pas majoritaires, ils sont minoritaires dans le gouvernement”, et les autres membres de l’exécutif provisoire ont accepté de siéger avec eux “en pensant qu’une continuité de l’Etat est nécessaire”, a ajouté M. Taieb.

“L’essentiel, ce n’est pas la présence de certains ministres qui ont travaillé sous Ben Ali, mais plutôt de concrétiser des revendications populaires, de la société civile, des forces démocratiques”..

Le porte-parole du gouvernement de transition s’est dit “personnellement” favorable au maintien de membres du régime du président Ben Ali, au nom de l’efficacité de l’action gouvernementale.

“Personnellement je suis pour le maintien des compétences technocratiques parce que leur appartenance au parti (RCD), est purement formelle. Ce ne sont pas des politiques. Et donc leur présence est absolument nécessaire pour la continuité, surtout sur le plan de la poursuite de l’activité économique”, a-t-il déclaré.

M. Taieb a également mis en garde les protestataires les plus radicaux contre le risque de “vide institutionnel”.

“La révolution tunisienne, c’est une véritable révolution populaire, elle est pacifique, à la Tunisienne, et ce serait dommage qu’elle débouche sur la violence ou le chaos. Elle serait complètement dénaturée”, a-t-il dit.

“S’il y a des forces politiques de l’intérieur ou des ingérences extérieures, mêmes discrètes, pour faire avorter cette révolution, ce serait une grande perte, pas seulement pour le pays mais pour le monde”, a-t-il poursuivi.

Il a cité l’exemple de l’Irak où l'”on a démantelé toutes les institutions de l’Etat, avec le résultat vous connaissez, le chaos et la guerre civile”.

Les Tunisiens feraient mieux de s’inspirer de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, qui “a eu la sagesse de tourner la page en exigeant simplement une reconnaissances des fautes” du régime ségrégationniste de l’apartheid, a-t-il plaidé.

 

 


AFP, le 24 janvier 2011 à 17h53 GMT  

Un haut responsable de la diplomatie américaine en visite à Tunis


 

  WASHINGTON, 24 Jan 2011 (AFP) – Jeffrey Feltman, le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient, est arrivé lundi à Tunis pour des entretiens sur “les réformes démocratiques et les élections” avec le gouvernement de transition, a annoncé le département d’Etat.

“Le sous-secrétaire d’Etat Jeff Feltman est arrivé (lundi) en Tunisie pour s’entretenir avec le gouvernement de transition de ses plans en vue des réformes démocratiques et des élections”, a déclaré le porte-parole, Philip Crowley, sur son compte de messagerie Twitter.

La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, s’était entretenue samedi 22 janvier avec le chef du gouvernement de transition, Mohamed Ghannouchi, lui témoignant la “solidarité” de Washington avec les Tunisiens après la chute du régime Ben Ali.

L’administration américaine, discrète pendant la plus grande partie de la crise qui a mené au départ du président déchu, avait proposé un peu plus tôt l’aide des Etats-Unis au gouvernement intérimaire, afin qu’il “organise une véritable transition vers la démocratie”.

Selon l’ONG Human Rights Watch, la “révolution de jasmin” a donné une “leçon” à l’Union européenne et aux Etats-Unis en ce qui concerne leurs rapports avec des dictatures.

“L’UE, les Etats-Unis et les autres ont appris une leçon: c’est une erreur de se tenir en quelque sorte aux côtés d’un dictateur pour la simple raison qu’il est vu comme un rempart contre le terrorisme ou l’immigration illégale”, a affirmé lundi Kenneth Roth, le directeur général de l’organisation.

 

 


Reuters, le 24 janvier 2011 à 17h52 GMT  

Tunisian families demand release of men still held


 

* Women seek release of relatives held on terrorism charges

* Families say many suspects wrongly accused

* Number of political prisoners not known, activist says  

By Lin Noueihed

TUNIS, Jan 24 (Reuters) – Carrying pictures and placards bearing the names of their menfolk, a crowd throngs the steps of the Justice Ministry demanding Tunisia’s new amnesty include the release of 1,500 people jailed under anti-terrorism laws.

Many in the crowd, mostly women, say their relatives were wrongly accused under ousted President Zine al-Abdine Ben Ali, simply because they were Muslims who grew beards or attended daily prayers.

“My brother is sentenced to 30 years of terrorism. Some are sentenced to death or to life. We want the government to free our sons as the anti-terror laws are oppressive and unjust,” said Asma Ksouri, who wore a long black coat and black headscarf, symbols of devout Islamic faith banned under Ben Ali.

“He was accused of being a Salafist Muslim. Because he went to dawn prayers, they said he wanted to fight in Afghanistan and Iraq but he was just a Muslim, a devout person,” she said referring to a strict interpretation of Sunni Islam observed by some extremist groups including Osama bin Laden’ s al Qaeda.

Like other Western-allied Arab leaders, Ben Ali saw himself as a bulwark against the spread of militant Islam.

Human rights activist Sihem Bensedrine says no one knows how many political prisoners are held in Tunisia’s jails but estimates they number about 1,500, mostly accused of terrorism.

“What we know is that over the last six years, every Saturday there was a special court that sentenced people to 20 years or more,” she told Reuters.

 

Tunisia’s interim government, which took power after Ben Ali was forced out last week, quickly announced all political prisoners would be released and banned parties recognised.

 

Some have since been freed but it appears others held on terrorism charges remain in jail.

“My son prayed like other people. He was sentenced to 12 years,” said Fatima Hussein, whose son Mehdi, 31, was arrested in 2006. “Why are they not included in this amnesty law? Where is this amnesty? This terror law was an oppressive law.”

CRACKDOWN ON ISLAMISTS

  Secularism was strictly enforced in Tunisia for decades. Women were not allowed to wear the veil nor men to grow beards.

Ben Ali banned Tunisia’s largest Islamist party, Ennahda — Renaissance — and cracked down harshly on its members during the 1990s. Its leaders were exiled and its members were jailed, although the party is considered moderately Islamist.

“My brother is accused of terrorism. His father died so he began to pray and they stopped him outside the mosque and asked him for ID. He didn’t have it with him and the next time they cracked down on the mosque they took him,” Fatiha Ben Amer said of Imad, a carpenter, who has served four years so far.

“They sentenced him first to death, but reduced it to life. He had been married only four months when he was arrested.”

Some of those still in prison were arrested following clashes that broke out in 2006 and 2007 between security forces and a small group of Islamists in an area called Sulaiman.

The fighters were killed and security forces later arrested 30 men with alleged links to the group in Sidi Bouzid, home province of Mohamed Bouazizi, whose self-immolation ignited the the protests that led to the downfall of the government.

The families of those arrested said they signed confessions under duress and were not involved in political activities or violence. They say Ben Ali’s crackdown was aimed at bolstering his ties with Washington.

“Their trials were unjust,” said Lamine Ragouby, whose son Saber, 27, was sentenced to death for his alleged role.

“He had no gun, he had no passport or driving licence. There were clashes but those involved were killed,” said Ragouby, who has not been allowed to visit his son for three years and relies on the International Committee of the Red Cross for information.

Others were arrested abroad and deported to Tunis.

 

“My son Karim is accused of terrorism. He was studying Islamic law in Syria and they arrested him for 2 1/2 months before moving him to Tunisia…” said Khmeisa Saidani. “They said he wanted to go to Iraq but he was just a normal person.”


AFP, le 24 janvier 2011 à 16h28 GMT  

Tunisie: l’armée “garante de la révolution, fidèle à la Constitution”


 

  TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Le chef d’état-major de l’armée de terre tunisienne, le général Rachid Ammar, a pris la parole lundi pour la première fois, promettant à la foule que l’armée se portait “garante de la révolution”, et qu’elle “ne sortira pas du cadre de la Constitution”.

“L’armée nationale se porte garante de la Révolution. L’armée a protégé et protège le peuple et le pays”, a-t-il déclaré, lors d’une intervention improvisée devant la mairie, dans le quartier de la Kasbah, siège du pouvoir politique à Tunis.

“Nous sommes fidèles à la Constitution du pays. Nous protégeons la Constitution. Nous ne sortirons pas de ce cadre”, a-t-il ajouté, à l’aide d’un haut-parleur, quelques feuilles en main.

Il s’exprimait devant des centaines de manifestants, qui réclament la démission du gouvernement de transition formé lundi dernier et dominé par les caciques de l’ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier lors de la “révolution du jasmin”.

Le général Ammar était un inconnu du grand public jusqu’à ce que certains médias affirment en pleine “révolution du jasmin” qu’il avait été limogé par le président Ben Ali pour avoir refusé de faire tirer ses militaires sur les manifestants qui contestaient le régime.

Il jouit aujourd’hui, tout comme l’armée, d’une grande popularité en Tunisie.

Le chef d’état-major a appelé les manifestants, dont beaucoup de jeunes issus des provinces déshéritées et rebelles du centre du pays, à lever le siège des bureaux du Premier ministre, qu’ils ont entamé dimanche et poursuivi lundi, défiant le couvre-feu.

“Notre révolution, votre révolution, la révolution des jeunes, elle risque d’être perdue, d’autres risquent de la récupérer. Il y a des forces qui appellent au vide, à la vacance du pouvoir. Le vide engendre la terreur, qui engendre la dictature”, a prévenu le général Ammar.

“Vos demandes sont légitimes. Mais j’aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre”, a-t-il poursuivi, évitant d’apporter un soutien trop explicite à l’actuel cabinet de transition, contesté quotidiennement par la rue depuis sa formation.

“Dans ces bâtiments, il y a des ministres et le Premier ministre, mais il y  aussi des fonctionnaires qui travaillent aux intérêts de la population et du pays. Laissons-les travailler!”, a demandé la général, alors que dans la matinée, des groupes de jeunes avaient tenté de s’en prendre à des fonctionnaires sortant des bureaux du Premier ministre.

“Vive l’armée!”, ont crié à plusieurs reprises les manifestants. Une voix s’est toutefois élevée pour insister: “le peuple veut un gouvernement civil!”.

La foule rassemblée a entonné l’hymne national après le discours du général, qui a usé d’un ton rassurant et affiché sa proximité avec la population en utilisant le dialecte tunisien, comme l’avait fait le président Ben Ali lors de son dernier et tardif discours télévisé d’apaisement, et en appelant à plusieurs reprises les manifestants “mes enfants”.

L’armée tunisienne, certes modeste avec à peine 35.000 hommes, a joué un rôle crucial pour écarter l’ancien chef de l’Etat, pourtant sorti de ses rangs mais qui favorisait les forces de police, en refusant de tirer sur le peuple en révolte.

 

 


ANSA, le 24 janvier 2011 à 15h54 GMT  

Tunisia: stampa, in tutto il mondo beni famiglia Ben Ali


 

  TUNISI (ansa) Le famiglie Ben Ali e Trabelsi, secondo quanto scrive oggi “Tunis hebdo”, non avrebbero solo palazzi in Tunisia e conti bancari in Svizzera, ma molti altri in diverse parti del mondo. Secondo il giornale, infatti, la famiglia Ben Ali sarebbe proprietaria, a Parigi, di un immobile valutato 37 milioni di euro, oltre che di vari appartamenti nella capitale ed altre proprietà nella regione. Sempre in Francia, possiederebbe una villa a Cannes ed uno chalet a Courchevel.

  Nel 2008 un genero di Ben Ali avrebbe acquistato, per due milioni

di dollari, una villa nel Vermont (Stati Uniti), mentre altre proprietà sarebbero in Argentina e in Brasile. Per quanto riguarda i depositi bancari, oltre a quelli svizzeri di Zurigo e Losanna, altri ve ne sarebbero nei Paesi del Golfo e, sotto nomi diversi, anche in  Tunisia.


Le 1789 tunisien


 

La Constitution devra «installer une République laïque qui sépare le religieux du politique, et qui inscrive l’égalité homme/femme dans tous les secteurs de la société et de l’Etat», souligne Najet Mizouni, universitaire, ancienne syndicaliste de l’UGTT.

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La Tunisie vient d’en finir avec un régime dictatorial qui a duré 23 ans. 23 ans de combats de personnes isolées, de militants «gauchistes» et  de syndicalistes laissés sans relais et sans soutien, abandonnés à la police de Ben Ali et croupissant dans les geôles de ce dernier. 23 ans de silence complice de la majorité des médias, des politiques et des intellectuels occidentaux, en particulier français, au prétexte que Ben Ali «constituait un rempart contre l’intégrisme»!

Seuls les militants de défense des droits de l’homme en Tunisie exilés en France (CRLDHT) et quelques militant(e)s épars venu(e)s d’horizons divers et de petites formations politiques variées se sont acharné(e)s durant ces années de plomb à divulguer l’innommable à deux heures de Paris, sans pouvoir se faire entendre. Combien de fois avons-nous expliqué que ce régime non seulement ne constituait pas ce rempart imaginaire, mais qu’il faisait le lit de cet intégrisme qu’il prétendait combattre!

Ben Ali est venu au pouvoir en cherchant un compromis avec les islamistes, et il leur a concédé une islamisation rampante de la société. Il est devenu difficile sous son règne de ne pas observer le jeûne du ramadan, ce qui était inconcevable sous son prédécesseur. C’est la Révolution qui a fait cesser les interruptions de programmes télévisés par les appels à la prière, devenus par ailleurs tonitruants dans l’espace public. Il est vrai que, même sous Bourguiba, la sécularisation n’a jamais été poussée jusqu’au bout. Bourguiba qui voulait l’égalité successorale entre hommes et femmes a dû reculer devant la résistance de la Zitouna, la grande faculté de théologie, intransigeante sur ce point. L’article 1 de la Constitution stipule que «l’islam est la religion de l’Etat». De même, le Président de la République doit être de confession musulmane. La Mosquée n’est pas séparée de l’Etat, elle lui est soumise, ce qui n’est pas du tout la même chose. Il est vrai que depuis un certain 11 septembre 2001, il était entendu que le  seul destin des mondes arabes et musulmans était le djihad, et que cela justifiait toutes les tyrannies. Aujourd’hui la vérité éclate: seule la démocratie pouvait faire barrage à tous les extrémismes!

 

Alors que vont faire les Tunisiens de leur «Révolution de Jasmin»? Le peuple ne veut plus qu’on lui mente et il ne veut pas davantage qu’on lui vole ou confisque sa révolution. Il veut tout simplement qu’on l’écoute et qu’on réponde à ses aspirations: installer au pouvoir une nouvelle élite politique digne de ce nom et intègre, ce qui implique qu’elle n’ait jamais pactisé avec l’ancien régime. Cette élite existe, composée d’intellectuels brillants et reconnus mondialement, de militantes et militants des droits de l’homme et de la femme, de la laïcité et des libertés fondamentales, de syndicalistes et de tout le mouvement associatif, des formations politiques marginalisées par le pouvoir.

Certains piliers de la société mis en place après l’indépendance n’ont jamais cédé, en particulier le syndicat UGTT, malgré des tentatives répétées de domestication. Sans l’autonomie syndicale au sommet, et l’action des unions locales, la révolution n’aurait sans doute pas abouti. Ensuite, il faut saluer le rôle des avocats et de la Ligue des droits de l’homme qui en était largement l’émanation, dans un pays où n’existait plus aucune voix discordante dans la presse ou au Parlement. C’est pourquoi toutes les forces du pays, sans exclusive ni exclusion, doivent participer à l’élan démocratique : cela vaut en particulier pour les forces politiques interdites sous l’ancien régime, communistes et islamistes respectueux du pluralisme et de la démocratie.

 

Mais l’émancipation des femmes et la laïcité  sont encore devant nous. La démocratie réelle est à ce prix. Sans le formidable potentiel d’énergie et d’innovation des jeunes et des femmes, que nous venons de voir à l’œuvre, la Tunisie n’entrera pas dans la modernité (sa modernité) sociale et politique. Le Haut Comité pour les réformes politiques présidée par le professeur Yadh Ben Achour et qui va avoir la lourde charge de réviser voire d’écrire une nouvelle Constitution devra en particulier commencer par mettre fin à la discrimination qui subsiste dans l’article premier de la Constitution et installer une République laïque qui sépare le religieux du politique, et qui inscrive l’égalité homme/femme dans tous les secteurs de la société et de l’Etat.

Il lui faudra aussi restaurer l’Etat de droit initié par Bourguiba et jamais réalisé. L’égalité devant la loi exige la séparation des pouvoirs, des mécanismes de contrôle et une justice indépendante. En outre, le chef de l’Etat ne doit plus concentrer les pouvoirs. La distribution de ces pouvoirs, la répartition des compétences permettra une gestion saine de la vie publique et une garantie réelle des droits fondamentaux et des libertés publiques que la Constitution protège et dont le chef de l’Etat est et sera le garant !

 

La modernisation autoritaire, venue d’en-haut, les libertés octroyées on fait leur temps. Mais la liberté est fragile si l’on n’instaure pas un véritable Etat de Droit et des contre-pouvoirs capables de faire échec aux dérives toujours possibles. Là est le principal enseignement du « 1789 » tunisien, qui n’a pas fini d’étonner le monde, et de faire trembler les despotes.

(Source: “Mediapart” le 24 janvier 2011)

                                Comment le gouvernement tunisien a piraté Facebook


Le gouvernement de Ben Ali a organisé le vol à grande échelle des mots de passe des utilisateurs tunisiens du réseau, ainsi que le raconte un responsable du site.

Twitter et surtout Facebook ont été largement utilisés par les Tunisiens pour échanger des informations lors de la révolution qui a éclaté dans leur pays. Dix jours après le départ du président Ben Ali, le responsable de la sécurité du plus grand réseau social est revenu sur lacensure organisée par l’ancien gouvernement durant ces événements et dont a été victime le site.

Dans uneinterview accordée au mensuel américain The Atlantic, Joe Sullivan raconte : « Nous n’avions jamais rencontré de problème de sécurité de l’ampleur de celui survenu en Tunisie… Nous étions confrontés à des faits sans précédent : des fournisseurs d’accès à Internet avaient mis en place un système pour récupérer les données personnelles des utilisateurs. »

Facebook alerté par ses membres

Au début de la contestation, Facebook commence à recevoir des messages de membres tunisiens se plaignant d’avoir vu leur compte effacé. Au bout d’une dizaine de jours, les équipes du réseau social identifient le problème.

Les FAI locaux, aux ordres de l’Agence tunisienne d’Internet, une officine relevant du ministère de la Communication, se sont tout simplement livrés à des actes de piratage informatique, selon Facebook.Ils ont inséré un code malveillant dans la page de connexion du site afin de récupérer les identifiants et mots de passe des Tunisiens qui tentaient d’accéder à leur compte.

Mise en place de parades informatiques

Pour contrer ce détournement d’informations, le réseau prend deux mesures. D’une part, une page de connexion sécurisée en https est mise en place pour tous les utilisateurs se connectant au site depuis la Tunisie. D’autre part, afin d’identifier précisément les propriétaires des comptes, le réseau social crée une sorte de barrage. Pour accéder à leur page, les internautes sont ainsi invités à répondre à la question habituellement censée leur permettre de retrouver leur ancien mot de passe en cas d’oubli, puis à identifier les photographies de certains de leurs amis. Une mauvaise réponse à ces tests, et l’accès au profil était immédiatement refusé.

Joe Sullivan était conscient que la parade n’était pas efficace à 100 %, les FAI pouvant détourner une connexion sécurisée https en http. Mais ce ne fut pas le cas, explique-t-il. L’histoire fournit en tout cas à Facebook l’occasion d’une belle opération de communication.

Source: “01net” Le 25-01-2011

Tunisie : comment Facebook protège les comptes des utilisateurs


 

Le responsable de la sécurité de Facebook a expliqué comment son équipe a mis en place des mesures pour lutter contre le piratage des comptes.

Suite aux incidents rencontrés en Tunisie, Facebook s’est senti obligé de réagir et s’est même expliqué dans TheAtlantic.com. Le responsable de la sécurité du réseau social, Joe Sullivan, indique avoir reçu fin décembre des plaintes d’utilisateurs prétendant qu’un intrus s’était introduit sur leur compte et l’avait supprimé. Certains désignaient Amnar comme le fautif. Il s’agit du surnom donné par les Tunisiens aux autorités qui censurent Internet dans leur pays.

Après s’être penchée sur le problème, l’équipe de sécurité de Facebook a découvert, selon The Atlantic, l’existence d’un code malveillant enregistrant les mots de passe des comptes. Selon Danny O’Brien, responsable d’une association américaine défendant la liberté d’expression (cité par The Register), cet enregistreur de frappe (qui se présente sous la forme d’un code Javascript d’une quarantaine de ligne) a aussi été placé sur les pages d’accueil tunisiennes de Gmail et de Yahoo!.

De son côté, Joe Sullivan explique avoir tout d’abord acheminé toutes les demandes de connexion tunisiennes vers un serveur sécurisé, via le protocole HTTPS chiffrant les informations.  Ensuite, la mise en place d’une deuxième authentification a été décidée : les Tunisiens devaient identifier leurs amis sur des photos avant de pouvoir se connecter.  Il est possible que certains FAI forcent l’abaissement de HTTPS à HTTP, mais Joe Sullivan indique que Facebook n’a pas jusqu’ici constaté de telles manœuvres.

Source: “Le journal du net” Le 14-01-2011

Ben Ali, Facebook et la Tunisie


 

Comment les hackers à la botte du pouvoir ont tenté de s’emparer de l’ensemble des mots de passe Facebook, peu avant la chute de Ben Ali.

Ammar 404. Voici le nom que les internautes tunisiens ont donné à la censure sur le web. Joe Sullivan, responsable de la sécurité de Facebook, raconte que les censeurs du web tunisien étaient en effet “très actifs dans leur tentative d’intercepter l’information”.

Et pour cause: pendant le mouvement, le nombre de Tunisiens connecté au réseau social américain a connu un nouveau boom, s’approchant des deux millions pour 10,5 millions d’habitants.

Facebook a alors décidé de passer par un protocole de cryptage https, qui empêche la capture des mots de passe lors de la connexion. Le réseau social a ensuite exigé des utilisateurs ayant un comportement étrange de prouver qu’ils étaient bien les titulaires du compte en leur demandant de reconnaître quelques-uns de leurs amis sur des photos.

Après cette expérience, le site américain est en train d’imaginer un système permettant aux militants politiques et membres d’ONG de lui adresser des plaintes via une procédure spéciale.

Source : « YOUPHIL » Le 25-01-2011

EN TIRANT LES LEçONS DES ÉVÈNEMENTS DE TUNISIE

Sarkozy refuse de se mouiller sur l’Algérie


 

Le président français a tiré les leçons des expériences malheureuses de la diplomatie française avec les pays du Maghreb, notamment en Tunisie et en Algérie.

L’évolution de la situation en Tunisie, avec tout ce qu’elle a créé comme débat en France, incite le chef de l’État français à adopter une attitude plus prudente. Au cours d’une conférence de presse à Paris, le président français a revendiqué “une certaine réserve” de la France concernant ces évènements et “spécialement en Algérie”. Arguant du fait que “le président de la République française doit tenir compte du poids de l’histoire dans le jugement qu’il porte sur l’évolution de chacun de ces pays” qui sont d’ex-colonies, a déclaré M. Sarkozy. “Je revendique une certaine réserve lorsqu’il s’agit de commenter les évènements de pays qui ont été la France et qui ne le sont plus”, a-t-il ajouté. “Je revendique cette réserve, ce recul, spécialement sur l’Algérie”, a-t-il précisé. Très mesuré, le président français, contrairement à ses habitudes, s’est refusé de se perdre en conjectures, lorsqu’une journaliste allemande lui a posé une question sur la disponibilité de la France à accueillir le président Bouteflika si l’Algérie devait connaître les mêmes évènements que la Tunisie ; Nicolas Sarkozy, visiblement surpris, a répondu après un peu d’hésitation : “En visite officielle !” “Vous imaginez l’exploitation qui risque d’être faite de ma réponse dans un grand pays comme l’Algérie ?” a poursuivi le président français. Nicolas Sarkozy a, donc, pris la mesure des conséquences pouvant découler d’une prise de position, surtout par ces temps d’incertitudes. D’ailleurs, la diplomatie française est dans le flou. Elle a du mal à anticiper sur des évènements qui semblent lui échapper totalement. On est loin de l’attitude “interventionniste” de Kouchner. On est en pleine realpolitik, et la Révolution du Jasmin aura, au moins, permis de mettre un bémol à l’arrogance affichée de par le passé par la France officielle, dès qu’il s’agit de ses ex-colonies. D’ailleurs, même pour le cas de la Tunisie, Nicolas Sarkozy tente de minimiser le “péril intégriste”, arguant du fait que l’expérience des voisins — allusion à l’Algérie — est dissuasive. Tout en écartant la possibilité d’une prise de pouvoir des islamistes, il n’a pas nié le fait que ces derniers profitent de la fermeture du champ politique et des frustrations qui vont avec pour en tirer des dividendes. En tout état de cause, la nouvelle attitude officielle française tranche singulièrement avec le débat qui ne cesse d’enfler en France au sujet de la situation en Tunisie, un peu plus qu’en Algérie. L’une des rares personnalités de l’opposition à s’exprimer sur l’Algérie fut Ségolène Royal, adversaire socialiste de Nicolas Sarkozy en 2007 et candidate aux primaires de son parti pour la présidentielle de 2012, qui a demandé au pouvoir algérien d’organiser sa transition. “Pourquoi le peuple algérien souffre-t-il de pauvreté, de précarité alors qu’il y a tant de richesses ?” s’est interrogée Mme Royal. “Il est évident aujourd’hui que l’Algérie doit organiser sa succession et il faut que ceux qui sont en place fassent preuve de sagesse, prennent la mesure, l’importance et la gravité de la situation et s’en sortent par le haut en accompagnant la transition démocratique.” Mais, a-t-elle prévenu, “cela suppose de ne pas agir trop tard”. La gauche française, n’étant pas départie de ses réflexes, essaye de ne pas trop s’impliquer, ni de s’ériger en donneuse de leçons, sachant que, dans le cas tunisien, elle a beaucoup plus tenté de se défendre de “ses amitiés tunisiennes” que de proposer la “conduite à tenir” à la société tunisienne.

Source: “LIBERTE” Le 25-01-2011

Tunisie: Paris n’a “pas pris la juste mesure de la “désespérance” (Sarkozy)


 

Nicolas Sarkozy a longuement justifié lundi l’attitude de la France face à la révolution en Tunisie, admettant que Paris n’avait “pas pris la juste mesure” de la “désespérance” d’un “peuple frère”, revendiquant aussi “une certaine réserve” concernant les ex-colonies.

“C’est un peuple frère qui a décidé de reprendre en main son destin. Quand on est si proche, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n’a pas toujours le recul nécessaire”, a expliqué M. Sarkozy devant la presse, alors que le gouvernement français a été vivement critiqué pour son attentisme jusqu’à la chute de l’ex-président Ben Ali.

“Derrière l’émancipation des femmes, l’effort d’éducation et de formation, le dynamisme économique, l’émergence d’une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure”, a-t-il poursuivi.

Elargissant son propos, Nicolas Sarkozy a revendiqué “une certaine réserve” de la France concernant les évènements se déroulant dans ses anciennes colonies et protectorats, et “spécialement en Algérie”.

“Le président de la République française doit tenir compte du poids de l’histoire dans le jugement qu’il porte sur l’évolution de chacun de ces pays”, a déclaré M. Sarkozy.

“Je revendique une certaine réserve lorsqu’il s’agit de commenter les évènements de pays qui ont été la France et qui ne le sont plus”, a-t-il ajouté.

“Je revendique cette réserve, ce recul, spécialement sur l’Algérie”, où se déroulent également des troubles sociaux, a-t-il précisé.

“Peut-être ai-je tort mais je revendique cette position-là”, a insisté le chef de l’Etat.

Source: ”Le Monde” Le 25-01-2011

La Tunisie, à la croisée des chemins

Ben Ali, successeur du père de la nation


 

Lorsque Ben Ali s’est emparé du pouvoir, le 7 novembre 1987,[1][1] il est acclamé en libérateur par les Tunisiens, y compris les islamistes. En déposant en douceur Habib Bourguiba, devenu impotent, à cause de son âge avancé; Ben Ali, alors Premier ministre, affranchit les Tunisiens de plus de trois décennies de règne Bourguiba. Il s’engage à promouvoir la démocratie et le pluralisme.

Le règne de la répression

Passée une courte période d’état de grâce ; il s’empresse de ranger aux calendres grecques ses promesses de démocratisation et d’instaurer un régime de répression féroce. En 1991, il lance la chasse aux islamistes en emprisonnant  la majorité des militants d’Ennahda, parti de tendance islamique qui constituait une force politique importante. Après avoir écrasé les islamistes, la machine répressive  de Ben Ali s’attaque à l’opposition significative et aux mouvements associatifs. En emprisonnant des milliers de militants et de syndicalistes, y compris les journalistes auxquels il reproche d’avoir osés faire leur travail. Les violations des droits civils se sont accompagnées de la confiscation des libertés individuelles et de l’instrumentalisation de la justice; sans oublier  l’ascension fulgurante de la corruption, des inégalités et enfin de l’apparition soudaine d’une nouvelle classe mafieuse et rapace proche du pouvoir (la famille) qui fait main basse sur les richesses du pays.

Les Progrès socioéconomiques

A l’aube de son indépendance de la France en 1956, la Tunisie opta pour un système économique dirigiste avec des politiques de nationalisation tout azimut du tissu industriel et financier, les principales ressources du pays provenaient de revenus tirés de l’exploitation du pétrole, du gaz naturel et des phosphates. Ce n’est  qu’au ralentissement  de la production puis de l’épuisement des réserves de pétrole et de la médiocre qualité des gisements de phosphate provoquant un tarissement des revenus; que les autorités tunisiennes ont commencées à explorer d’autres options. C’est ainsi que l’attention est portée sur la promotion de l’industrie manufacturière, du tourisme et des services moyennant une politique de développement des ressources humaines articuler sur l’éducation et la protection sociale.

Ces politiques ont données un nouvel élan à l’économie permettant ainsi une réduction significative du déficit budgétaire et de l’inflation, une augmentation soutenue du PIB sur une longue période (le PIB a progressé de 4 pour cent l’an entre 1987 et 1994) et une progression importante des exportations de produits manufacturés (représentant plus de quatre-vingt pour cent des exportations). En 2002, les 10 millions de  tunisiens bénéficiaient d’un revenu par habitant de 2000 USD.

Réduction de la Pauvreté

Des avancées importantes ont été accomplies dans la lutte  contre la pauvreté et la précarité. Selon l’indice HCI (nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté) la pauvreté qui touchée quarante pour cent de la population en 1970 a baissée pour se situer à quatre pour cent en 2000.

Progrès social

Le pays a réalisé d’énormes progrès en matière de développement humain, l’espérance de vie a augmenté de 55 à 72 ans; l’analphabétisme a reculé de 64 à 28 pour cent tandis que la mortalité infantile a diminuée de près de deux tiers sans oublier de mentionner un taux de scolarisation au niveau du cycle primaire qui est de presque 100 pour cent. Dans son rapport de 2003 sur le  développement humain, le PNUD classait la Tunisie au rang de 91eme sur 175 pays.

Égalité des sexes

L’écart entre filles et garçons inscrits à l’université s’est considérablement réduit, plus de la moitié des effectifs sont des femmes pendant que le taux de participation des femmes dans la population active a progressé de 4 points de pourcentage durant la décennie 90, renforçant ainsi le statut de la femme au sein de la société tunisienne. La proportion de femme député à l’assemblée nationale était de 12 pour cent en 2001.

Ces résultats s’expliquent par l’attention accordée au développement des ressources humaines en particulier à l’égalité des sexes.

L’heure des Tunisiens

En dépit des remarquables progrès socioéconomiques, le malaise des tunisiens était palpant. En effet, la frustration et le sentiment d’aliénation et de marginalisation gagnaient de plus en plus le cœur des Tunisiens. Pourtant, les signaux d’alarme n’ont pas manqué. Déjà, depuis trois ans, plusieurs manifestations dans diverses régions éloignées du pays se sont produites provocant une violente répression accompagnées de tirs sur les manifestants, suivi d’une vaste campagne d’arrestations de masse, rappelant les méthodes que Ben Ali avait lui-même infligés aux manifestants lors des émeutes du pain de fin 1983, début 1984.  Sans oublier l’étouffement sans précédent des libertés, la censure de la presse et d’Internet. Ben Ali a nourri la contestation de toute une nation. La situation était devenu insupportable, acculés les tunisiens commencèrent à exprimer ouvertement leur ras le bol du régime. Personne ne pouvait lui faire changer de cap; bien au contraire, trop confiant de tenir solidement les rênes du régime et les chenapans du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti quasi unique au pouvoir, puis conforté en cela par le discours trompeur de son clan, le dictateur manqua de voir le vent changer de direction.

Fin de Règne

Il aura fallu qu’un jeune s’immole, après s’être fait confisqué sa marchandise,  pour que toute la colère et le dégoût des Tunisiens se déversent dans les rues de la ville de Sidi Bouzid puis d’autres villes seront gagnées par la contestation, qui finira par toucher tout le pays. Le 13 janvier 2011, lors d’un discours solennel radiotélévisé Ben Ali annonce son intention de quitter le pouvoir à la fin de son mandat, en 2014. Pour calmer l’ire de la population, le dictateur énumère une série de mesures d’urgences, entre autres la réforme des institutions et du système électoral; la lutte contre la corruption et une baisse du prix des denrées de première nécessité. Trop peu, trop tard, le discours apparaît en décalage avec les aspirations des manifestants, qui réclament son départ immédiat du pouvoir. Le 14 janvier, les choses se précipitent, face à un peuple insurgé le pouvoir panique, il tente de  disperser les manifestants, s’en suivirent de violents heurts qui ont débouché sur la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali.

La Tunisie, nouvel horizon

Le pouvoir est dans les airs à Tunis. Tombera-t-il sur la société civile ou sur les hommes en kaki? Sur les modérés? Ou sur les barbus?

Cette fois ci, ca doit-être différent; au lendemain d’une révolution historique qui a mis fin à 23 années de dictature, Ben Ali; les tunisiens n’ont pas droit à l’erreur. Le monde entier, l’Afrique et surtout le monde arabe[1][2] ont les yeux fixés sur cette jeune et courageuse nation qui a su prendre son destin en main en rejetant purement et simplement avec détermination un régime autocrate prouvant aux peuples opprimés que face à un peuple insurgé ces régimes-là finissent inévitablement par s’écrouler.

Avec un regard résolument tourné vers l’avenir, voici quelques recommandations que la Tunisie a besoin pour achever sa révolution. Certaines sont difficiles, mais toutes sont réalisables.

Au niveau Politique et Institutionnel

S’atteler à la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale, chargé de préparer les prochaines élections présidentielle et législatives, dirigé par un nouveau Premier Ministre issu de la société civile excluant en son sein tout ministre ayant servit sous l’ancien régime pour écarter toute éventualité d’une transition à hauts risques.

Des gages d’une liberté réelle y compris la liberté d’expression et d’association avant les prochaines élections.

L’organisation d’élections libres et transparentes pour permettre aux tunisiens  de choisir eux-mêmes leurs futurs dirigeants

Faire adopter rapidement une réforme des institutions visant à circonscrire les pouvoirs du président, restreindre la durée du mandat présidentiel et instaurer une limite d’âge pour tout candidat à la fonction de président de la république. 

Conserver le caractère laïc de la nation tunisienne, en renforçant son statut par un amendement de la constitution pour prévenir tous risques d’islamisation du pays qui pourrait remettre en cause certains acquis socio démocratiques, en particulier le statut de la femme.[1][3]

Au niveau socioéconomique

Maintenir et consolider les politiques d’intégration initiées au début des années 1970 qui ont permis à la Tunisie d’accomplir de remarquables progrès en matière de développement socioéconomiques, notamment la réduction de la pauvreté et le progrès social

Relever le défi du chômage, en dépit d’une croissance soutenue de l’économie, le taux de chômage reste élevé, plus de 14% en 2007.

o   Améliorer l’environnement des affaires en permettant au secteur privé de jouer un plus grand rôle et surtout éliminer progressivement la rigidité du marché du travail

o   Accentuer le rythme des réformes en vu d’améliorer la compétitivité et l’intégration dans l’économie mondiale en accélérant la transformation structurelle du tissu productif tunisien; en effet, Il est impératif d’augmenter la productivité, afin d’atteindre des taux de croissance supérieurs à 5% indispensable à la création d’emplois

Accroitre et orienter l’investissement dans la recherche pour le développement, l’inadéquation entre la recherche et les besoins du secteur privé dans les domaines de pointe (industrie électronique, automobile, aéronautique, etc.) est manifeste et constitue un obstacle pour l’innovation.

Introduire l’économie du savoir dans le système éducatif en adéquation avec les exigences du marché actuel de l’emploi.

Augmenter l’efficacité des politiques sociales en soutenant l’accès universel aux services de santé tout en déployant des actions pour accroître leurs efficacités et une maîtrise du coût des services de santé financés par l’Etat. 

Conduire une réforme des régimes de retraite; aujourd’hui confrontés à d’importantes mutations socioéconomiques, la plupart des régimes de retraite peinent à offrir des prestations satisfaisantes d’où l’urgence d’une réforme dans le but d’assurer une pension aux prochaines générations de personnes âgées.

La joie des Tunisiens est légitime; passer l’euphorie et l’allégresse provoquée par la fuite de Ben Ali au lendemain d’une révolution historique, impensable il y a quelques mois, c’est le moment des réconciliations, l’heure d’une cohésion nationale a sonnée pour préparer l’avenir.

Les leçons à tirer de cette révolte des tunisiens sont nombreuses et riches en enseignements. Quant à moi, je me contenterais d’une « Tout Chef d’État qui associe sa famille à la gestion des affaires de l’État est un autocrate réel ».

En guise de conclusion, souvenons-nous de ses paroles de Paul Eluard « Je suis né pour te connaitre et pour te nommer liberté ».

Source: “Le Post” Le 25-01-2011

Tunisie : de la difficulté de libérer une presse aux ordres


 

Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien a arraché sa liberté à une dictature qui a duré vingt-trois ans. Le 23 janvier, même la police, symbole et outil de l’oppression politique en Tunisie, a brisé les chaines et a dénoncé le comportement passé de sa direction.

Tous les secteurs sont en train de chercher le chemin de leur liberté et surtout la voix de leur indépendance. Mais où est la presse tunisienne dans ce mouvement historique ?

Le 13 janvier, tous les médias ou presque ont affiché leur volonté de rompre avec la propagande et la censure au service du pouvoir politique. Mais, au bout de dix jours seulement, cette volonté devient de plus en plus faible et de moins en moins fiable.

Les preuves d’une manipulation médiatique et d’un discours uniforme se multiplient. Certains journalistes commencent à renouer avec leurs mauvaises habitudes ; d’autres se soumettent sans réagir aux décisions de rédacteurs en chef qui ne songent qu’à soutenir, par réflexe et par principe, ceux qui détiennent le pouvoir, simplement parce qu’ils sont au pouvoir.

La critique de la dictature est une diversion

Aujourd’hui, la liberté d’expression des médias se réduit à deux phénomènes qui résument l’offre d’informations aux citoyens tunisiens.

·        la critique de l’ancien régime : elle ne dépasse pas la démonstration, imprécise, des crimes dévoilés après le départ de Ben Ali.

·        la prolifération de débats (talk shows) sur les plateaux des chaînes de télévision. Chaque soir, les différents sujets qui sont abordés tombent toujours dans les même piège : la diffamation, le règlement des comptes et les querelles inutiles (comme le cas d’Hannibal TV).

Critiques faciles et vagues de l’ancien régime et règlements de comptes sont les deux dimensions d’une dérive malsaine de l’information, dérive qui s’apparente à une nouvelle forme de manipulation médiatique.

Il y a manipulation, en effet, quand les organes de presse se servent de Ben Ali, désormais inoffensif, pour détourner l’attention des citoyens.

Prenons l’exemple du lynchage médiatique des personnages et personnalités qui gravitaient autour du couple Ben Ali. Ce bruit médiatique rempli de sensationnalisme et d’émotionnel donne l’illusion d’une liberté d’expression qui n’existe toujours pas en Tunisie.

Critiquer et accuser un régime déchu est la chose la plus facile à faire. Mais derrière ce lynchage se cache un objectif d’une opération de diversion : faire croire au peuple tunisien qu’aujourd’hui son seul ennemi est « Ben Ali ».

Les médias tunisiens continuent à montrer l’ancien régime comme le seul danger qui nous guette encore. En ne désignant qu’un seul danger, au demeurant factice, les médias tunisiens détournent l’attention du peuple tunisien et occultent, de fait, les autres menaces, bien réelles, elles.

Trois preuves de la manipulation médiatique

Et pourtant… le RCD, parti du dictateur déchu, continue à régenter le gouvernement de transition. Quelques témoignages contiennent les indices de la manipulation médiatique.

·        une journaliste qui travaille sur un site Internet réputé et qui affirme que son rédacteur en chef lui a strictement interdit de faire des investigations sur les documents détruits par quelques responsables ; or, ces documents auraient pu servir de preuves tangibles sur les crimes du régime de Ben Ali

·        un autre journaliste de la chaîne nationale affirme que les coups de fil passés en direct sont filtrés. Il précise que la régie prépare une liste dont les interlocuteurs sont sélectionnés en avance

·        ce même journaliste a même témoigné à propos d’un débat mis en scène de A à Z dans les coulisses. Et il nous a confié que plus que la moitié des émissions sont enregistrées pour ne pas risquer un dérapage quelconque

Questions dociles au Premier ministre Ghanouchi

Ces derniers jours, l’effort des médias se concentre sur la promotion et le soutien du gouvernement provisoire. La preuve la plus récente est l’interview du Premier ministre Ghanouchi, diffusée vendredi sur la chaîne nationale.

Devant les questions dociles des journalistes, Mohamed Ghanouchi a su influencer une grande partie du peuple tunisien. Les plans rapprochés sur ses larmes n’ont laissé personne indifférent, montrant la volonté -pas si innocente que cela- de gagner l’émotion, la compassion et la compréhension des téléspectateurs avec des techniques cinématographiques, bien connues des spécialistes.

Le découpage de cette interview montre surtout la complicité de la chaîne nationale avec le gouvernement provisoire.

Cette même interview a fait la une de la majorité des journaux, radios et sites Internet du samedi 22 janvier. La presse dans son ensemble n’a pas hésité à ajouter des commentaires positifs en faveur du premier ministre présenté comme l’incarnation de la « rupture avec l’ancien régime ».

Tout se passe comme si pour certains journalistes tunisiens la soumission automatique au Pouvoir était un réflexe conditionné issu de leur « bon vieux temps ».

Les débats télévisés ne servent qu’un seul point de vue

Autre exemple de conformisme anachronique, au niveau des débats organisés par la télévision et la radio : face aux manifestations qui continuent dans toute la Tunisie, les médias sont -encore une fois- tous d’accord pour suggérer la « frivolité » de ces manifestations ; insinuant ainsi que les manifestations qui ont abouti à la libération de notre pays avaient été, elles, des actes de violence et… de terrorisme.

Sans le moindre souci d’objectivité, les médias persistent à critiquer par tous les moyens les demandes des manifestants. Débats, interviews et même les news n’argumentent qu’à partir d’un seul point de vue :

« Nous n’avons pas de meilleure solution que le gouvernement provisoire dominé par les anciens du RCD. »

Et l’argument le plus fort, le plus utilisé aussi, est, bien sûr, la sécurité, l’équilibre et la sérénité du pays qui sont mises en danger, d’après nos médias, par ces manifestations pacifiques.

C’est un curieux détournement du débat que de l’organiser autour d’un seul point de vue. Le débat, c’est par définition, la discussion ouverte à partir de plusieurs points de vue. Multiplier les débats fermés ressemble fort, là encore, au vieux réflexe conditionné par le seule point de vue qui prévalait, naguère, celui de Ben Ali.

Depuis des décennies, le peuple tunisien s’est habitué à considérer les médias nationaux et même privés comme l’un des acteurs les plus puissants de la société du spectacle.

Mais le plus grave, après la révolte du 14 janvier, est de constater que nous n’avons plus beaucoup de chance d’avoir des médias libres, des médias qui se comporteraient comme des outils politiques indispensables à l’éclosion d’une vraie démocratie.

Car, il est clair que nos journalistes, précisément la majorité, renoncent à leur tâche la plus urgente : construire un espace libre de discussion et de réflexion.

Il est aussi clair que nos médias cèdent, sous ou sans pression (une enquête peut le prouver), à l’unique fonction de propagande et de censure qui était leur fonction sous la dictature.

Source : « Rue89 » Le 25-01-2011

Egypte : La revolution Tunisienne donne des idees a l’opposition


 

Au moins 15 000 personnes ont participé ce mardi au Caire à des manifestations pour des réformes politiques et sociales marquées par des affrontements avec la police. Comme en Tunisie, ce mouvement de protestation a été lancé sur internet grâce aux réseaux sociaux.

À l’initiative de mouvements d’opposition, environ 15 000 manifestants hostiles au pouvoir ont défilé au Caire notamment aux abords de bâtiments officiels du centre-ville. Ces rassemblements ont marqués par des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Près de 30 000 policiers étaient mobilisés dans la capitale pour faire face à ces rassemblements. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les manifestants. Des rassemblements ont aussi été signalés en province, à Alexandrie, Assouan ou Assiout.

Comme en Tunisie, internet a servi de vecteurs aux manifestations. Facebook, Twitter et You Tube ont joué le rôle de caisse de résonance dans ce mouvement de protestation. Des rassemblements qui mobilisent en grande partie des jeunes.

Cette journée de manifestations a reçu le soutien de l’opposant Mohamed El Baradei, ancien responsable de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Parallèlement, le Wafd, premier parti d’opposition laïque, ainsi que les Frères musulmans, ne se sont pas officiellement associés à ce mouvement. Ils ont néanmoins annoncé que leurs jeunes militants pourraient se joindre aux cortèges.

Le pouvoir égyptien craint le risque de contagion à la tunisienne. Après la chute de Ben Ali en Tunisie, beaucoup d’Egyptiens souhaitent la fin du régime d’Hosni Moubarrak, qui règne sur le pays depuis 30 ans. La colère de la population égyptienne s’est amplifiée ces derniers jours. Plus de 40% de la population égyptienne vit avec moins deux dollars par jour et par personne.

Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Egypte, rappelant l’événement déclencheur la révolte en Tunisie. Les manifestations de ce mardi constituent une nouvelle étape en Egypte.

Source : « rtbf.be » Le 25-01-2011

Tunisie : symbole de la perte des valeurs de la France


 

Rarement la France n’aura autant failli à sa réputation, hélas bien dévaluée, de patrie des droits de l’Homme. Pendant deux décennies, elle a préféré fermer les yeux devant les exactions d’une dictature tunisienne de plus en plus répressive et corrompue. Elle est demeurée sourde aux appels à l’aide des opposants, journalistes, syndicalistes, avocats, défenseurs des droits de l’Homme tunisiens. Pire, non contente de s’abstenir de la moindre dénonciation, elle n’a pas hésité, toutes classes politiques confondues, à décerner des brevets de démocratie à l’autocrate Zine El-AbidineBen Ali.

Pourtant chacun savait que la Tunisie n’était pas seulement une terre de tourisme mais aussi une terre de torture où toutes les libertés étaient bafouées de façon à bâillonner la moindre voix discordante. La liste est longue des multiples violations des droits de l’Homme commises par un régime policier entièrement tourné vers la répression : musellement des médias, absence de liberté d’opinion, de réunion et de manifestation, harcèlement des militants contestataires, recours systématique aux mauvais traitements et à la torture, arrestations et condamnations arbitraires, impunité pour les actes de violence des sbires de Ben Ali, système politique verrouillé interdisant tout pluralisme, élections du chef à la soviétique avec 99% des suffrages, sans compter l’incroyable corruption du clan du président et de son épouse.

Alors que la France se félicitait de l’organisation d’un sommet de l’information à Tunis, elle n’a jamais protesté contre les refoulements des journalistes, ou encore du président français de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) expulsé à trois reprises à son arrivée à l’aéroport. De même, lorsque la FIDH a initié en 2001, en France, une procédure contre un haut fonctionnaire du ministère tunisien de l’intérieur pour des faits de torture à l’encontre d’une tunisienne, les autorités françaises, plutôt que de saisir cette occasion pour dénoncer haut et fort la pratique constante de la torture par le régime de Ben Ali, ont tout fait pour étouffer cette procédure et n’ont pas davantage cherché à mettre en œuvre l’exécution d’une condamnation à douze années de réclusion criminelle enfin prononcée en septembre 2010.

La France a préféré soutenir le dictateur, plutôt que d’entendre la colère et la souffrance croissantes du peuple. Alors que le pouvoir tunisien ne cessait de se durcir, elle a même continué, au sein de l’Union européenne, elle aussi largement aveugle, à militer pour l’octroi du statut avancé de partenariat avec la Tunisie. Aucune des justifications mises en avant pour un tel soutien inconditionnel ne résistait pourtant à l’examen. Le prétendu danger islamiste n’était en particulier qu’un leurre, dont a abusé le Président Ben Ali pour pourchasser tous les opposants, la plupart des laïcs. Jusqu’au départ du tyran, l’attitude des autorités françaises a autant manqué de moralité que de lucidité, comme l’ont démontré jusqu’à la caricature les déclarations affligeantes de Madame Alliot Marie.

La vérité est que les politiques français ont renoncé à défendre les valeurs universelles. Sous le fallacieux prétexte qu’il convient de préserver une certaine stabilité internationale, et qu’il n’est pas possible de se brouiller avec tous les Etats autoritaires de la planète, la référence au respect des valeurs élémentaires de la démocratie et des droits de l’Homme est mise sous l’éteignoir. Une telle doctrine, également dictée par la primauté des intérêts financiers, est appliquée aussi bien pour la Russie ou la Chine que pour des pays arabes ou africains. Il s’agit là d’une vision à courte vue. Non seulement la France y perd son âme, mais elle risque fort d’être discréditée et marginalisée.

Contrairement à l’hypocrite discours officiel sur la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, la France s’est bien ingérée dans la politique tunisienne en vantant contre toute évidence les vertus démocratiques du président Ben Ali. Or elle aurait pu et du au moins s’abstenir d’un tel appui à la tyrannie, et au contraire aider la société civile tunisienne à préparer l’inévitable chute du dictateur et la transition consécutive vers un régime démocratique. Le paradoxe était qu’alors que la Tunisie frémissait d’aspirations et de capacités démocratiques, elle devait subir l’une des pires dictatures de la région. En refusant d’apporter son concours à une évolution vers la démocratie, la France a témoigné d’un mépris coupable envers le peuple tunisien, considéré comme inapte à vivre dans un espace de liberté.

Plutôt que d’essayer de trouver de mauvaises et alambiquées justifications à son comportement, la France doit aujourd’hui s’engager pleinement pour apporter tous les soutiens nécessaires au succès de la révolution tunisienne. Elle doit également tirer les leçons de ses défaillances dans la détermination de sa politique étrangère vis-à-vis des pays qui se trouvent dans des situations largement similaires à la Tunisie et où elle fait preuve de la même lâcheté et du même manque de clairvoyance. A défaut, ce sont les peuples marocain, algérien, égyptien, jordanien et autres qui se chargeront de sanctionner sa complicité avec des dictateurs corrompus.

Source: “Le Monde” Le 25-01-2011

”Le sens de la transition en Tunisie”


 

“Le plus important est maintenant de savoir comment l’oeuvre de reconstruction doit être menée”, souligne Ali Mezghani, professeur de droit à l’université Paris I.

La situation que vit laTunisie depuis un mois n’a pu surprendre qu’un pouvoir anachronique en rupture avec son peuple et  sa jeunesse. Se trompant de siècle.

En muselant la presse,  en mettant au pas la société civile, le pouvoir a depuis deux décennies tenu le peuple à l’écart de toute participation citoyenne, a sous-estimé son intelligence, a frustré ses aspirations au progrès et à la liberté, a confisqué son droit à l’information et à la parole. Par son népotisme, il a rompu le pacte social d’un pays dans lequel il était entendu que les riches ne pouvaient être trop riches et les pauvres trop pauvres. Par son inconsistance, il a détruit la classe moyenne qui assurait l’équilibre de la société. Faisant fi du droit, il a soumis la justice à ses intérêts et taillé la Constitution à sa mesure.  Parce qu’il a dépouillé la société de sa dimension politique, un tel pouvoir ne pouvait comprendre que l’immolation d’un jeune n’était pas un suicide mais un cri de désespoir et un message politique. Il ne pouvait comprendre que ce n’est pas seulement d’emploi qu’il s’agit mais de liberté et de dignité surtout. Il ne pouvait que faire tirer sa police sur le peuple pensant que la peur est salvatrice. 

Maintenant que le peuple est débarrassé de la dictature, le plus important est de savoir comment l’oeuvre de reconstruction doit être menée.  A l’évidence, l’exigence d’ordre public, de sécurité et de paix est la condition sine qua non à toute vie sociale. Dans le cas exemplaire que vit la Tunisie depuis la mi-décembre, aucun parti politique, aucune organisation, aucune personnalité ne peut prétendre avoir suscité, conduit, encadré ou orienté le mouvement populaire. Nul n’est en droit de se l’approprier. Appartenant à tous, le pouvoir est, en démocratie, interdit d’appropriation.  C’est le peuple seul, en particulier une jeunesse “connectée” au monde, qui a été l’acteur autonome de sa propre sa libération.

L’avenir dépend de la manière dont la transition sera conduite. C’est une erreur de croire qu’elle se réalise instantanément. Il faut du temps pour reconstruire. C’est par le passage de la souveraineté du prince à la souveraineté populaire que les citoyens intègrent le champ politique et forment la Nation autonome et souveraine. C’est à cette condition que peut se concevoir et se réaliser l’Etat de droit. C’est dans l’Etat, que l’ancien régime a confisqué jusqu’à le faire disparaître, que se retrouve l’unité d’un peuple et la continuité de la nation.

Ces seules considérations suffisent à expliquer pourquoi il est impératif de rester le plus proche possible de la légalité constitutionnelle. La politique de la table rase est irréaliste et dangereuse. Elle amplifie le vide et confond l’Etat avec ceux qui, plutôt que de le diriger, l’ont accaparé. Dans leur principe l’Etat et la Constitution ne peuvent être tributaires des contingences de l’actualité. La constitution tunisienne élaborée en 1957 doit être apurée des traces, de la perversion de la dictature, mais il est essentiel d’en préserver les acquis. Aucune société ne peut prétendre à l’existence si elle ne se prévaut d’un facteur unificateur. Ce qui unit le corps social c’est une manière d’être qui doit être partagée par ses membres.

Inséparable de la démocratie, l’Etat de droit  implique une certaine idée des libertés et un engagement pour leur protection. La souveraineté populaire ne peut s’exprimer que dans la liberté. Celle-ci est d’ordre politique. Liberté d’expression et liberté d’organisation doivent être reconnues à tous. C’est l’affaire du peuple souverain et éclairé que de décider du poids, du rôle et du sort de chaque parti.  Dans l’espace public la sanction est de nature politique.

La démocratie n’est pas seulement une modalité de sélection des gouvernants. Elle est un mode de vie en société. Elle ne définit pas uniquement un régime politique mais aussi un état social. Or, la démocratie ne peut s’instituer si la liberté et l’égalité sont seulement reconnues dans l’espace politique. ll faut donc que la société, pour être citoyenne, soit ordonnée autour d’un droit autonome libéré. La démocratie ne peut faire l’économie de certaines valeurs, au premier chef desquelles celles de liberté et d’égalité. La liberté de penser, de conscience, de conviction n’est rien si les droits civils et politiques ne sont pas égaux, s’il n’est pas mis fin à la discrimination entre les sexes et pour cause d’appartenance confessionnelle. En  démocratie, il est du devoir de la majorité de préserver et de protéger les libertés individuelles. C’est un droit neutre au regard des convictions religieuses, sécularisé, séparant l’espace privé de l’espace public, qui en est garant.  Dans le cas tunisien, la préservation et le renforcement des droits acquis par la femme, dont le rôle dans la résistance et la chute de Ben Ali était capital, seront l’un des signes du succès du mouvement populaire. C’est de modernité politique et sociale que ce dernier s’est revendiqué. Pour ne pas décevoir ses attentes la refonte du système éducatif et la restauration de la crédibilité de la Justice s’imposeront parmi les premières urgences du pays.

S’il faut garder espoir, il ne faut pas perdre de vue les risques de régression. Il faudra faire attention aux restaurations et aux comités de salut public.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 25-01-2011

Tunisie : ” La démocratie suppose un long apprentissage ”


 

Quelles seront les suites de la révolution, en Tunisie et dans le monde arabe ? Pour l’ex-président de l’Institut du monde arabe Denis Bauchard, les disparités dans la région incitent à la prudence

Le 17 janvier, trois jours après la fuite du président Ben Ali de Tunisie, un homme s’est immolé par le feu devant l’Assemblée du peuple, au Caire. Le même jour, à Nouakchott (Mauritanie), un autre en a fait autant, à quelques mètres de la présidence. Le 15, déjà, un Algérien s’était immolé par le feu, lui aussi, dans une ville proche de la Tunisieà En moins de trente ans, des vagues démocratiques ont traversé de nombreuses régions du monde – de l’Amérique latine à l’Europe centrale, de l’Afrique subsaharienne à l’Asie orientale. Dans le monde arabo-musulman, fort de 350 millions d’habitants, l’autoritarisme et l’absence d’Etat de droit n’ont guère été mis en cause. A l’heure des téléphones portables et des réseaux sociaux, pourtant, le statu quo est-il possible, alors que près de deux personnes sur trois ont moins de 30 ans ? Pour Le Vif/L’Express, Denis Bauchard, ancien directeur du département d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères et ex-président de l’Institut du monde arabe, revient sur les événements historiques de ces derniers jours. Et s’interroge sur leur portée, au-delà des frontières de la Tunisie.Y compris pour la France… A Tunis, comment un régime si solide, appuyé sur un Etat policier, a-t-il pu s’effondrer rapidement ? La crise a été mal gérée, sans doute par le président Ben Ali lui-même. Par ailleurs, il y a eu des tensions au sein du régime, entre le ministère de l’Intérieur et l’armée. Cette dernière était relativement discrète et intervenait peu dans la politique. Les choses ont basculé quand l’armée a refusé de tirer sur les manifestants et qu’elle l’a fait savoir au président. A présent, qui peut profiter de la situation ? Difficile à dire. Une première inconnue est le degré d’influence réelle des islamistes en Tunisie. A mon sens, celle-ci est faible. Certes il y a des signes d’une islamisation de la société : les mosquées connaissent l’affluence, un nombre croissant de femmes portent le foulard. Cependant, dans l’ensemble, l’influence des mouvements islamistes, en particulier d’Ennahda, interdit et réprimé sous Ben Ali, me semble réduite. En cas d’élections « honnêtes », leur part de suffrages ne serait sans doute pas très importante. En fait, le scénario idéal serait la constitution d’un gouvernement apolitique et technocratique. L’ancien régime était répressif, mais sa gestion économique et sociale n’est pas en cause. Elle était d’ailleurs saluée par les institutions internationales et l’UE. Avec des moyens relativement limités, la Tunisie avait une croissance assez soutenue et était bien gérée. Le grand nombre de jeunes sans emploi s’explique par une inadéquation entre la formation et les demandes de l’économie. Sans oublier la crise mondiale. Certains prédisent un effet de contagion et un « printemps arabe ». Qu’en pensez-vous ? Les 22 pays arabes présentent des diversités très grandes : entre le Qatar et le Yémen, le PIB par habitant diverge dans une proportion de 1 à 40. Certains régimes sont autoritaires mais il existe aussi des semi-démocraties, comme au Liban ou en Irak. Dans quelques pays, la classe moyenne est importante ; dans d’autres, nonà Bref, il faut être prudent, d’autant que la démocratie suppose un long apprentissage et que les évolutions se font par des processus intérieurs. Cela dit, la Tunisie a certains points communs avec d’autres pays arabes : rejet d’un régime vieillissant par une jeunesse dés£uvrée. Dans le monde arabe, entre 40 et 45 % de la population a moins de 25 ans. Et 25 ans, c’est l’âge de faire la révolution ! Parfois, aussi, une partie importante de la population connaît une grande pauvreté ; au Maroc, les bidonvilles de Casablanca, par exemple, représentent une véritable poudrière pour le régime. Mais le roi bénéficie d’une aura religieuse et son pouvoir n’est pas fondamentalement contesté. Quels pays sont les plus vulnérables ? L’Algérie, l’Egypte, la Jordanie. En Algérie, dans les années 1990, la guerre civile a été perdue par le Front islamique du Salut. La politique qui a consisté à mêler répression et réconciliation a été relativement efficace. Mais il y a encore des troubles et ceux-ci vont sans doute perdurer. De là à imaginer un effondrementà Par-delà la présence du président Bouteflika, le régime est tenu par l’armée, qui a la haute main sur le pouvoir politique et jouit de prébendes économiques. Et puis ce pouvoir bénéficie de la rente pétrolière : 45 milliards de dollars en 2010, peut-être davantage en 2011. En Egypte, en revanche, le risque est réel. Après trente ans de pouvoir, le problème de succession n’est toujours pas réglé, même si Gamal, le fils du président Moubarak, est mis sur le devant de la scène et qu’il est le candidat des hommes d’affaires. Depuis 1952, le pouvoir, au Caire, a toujours été entre les mains des militaires. Ces derniers vont-ils accepter de le confier à un civil, fût-il le fils d’un militaire ? J’en doute. Par ailleurs, les Frères musulmans restent influents, notamment à travers leurs réseaux sociaux, même s’ils ont été durement réprimés. Le mouvement est interdit, mais toléré de facto. En Jordanie, enfin, le régime hachémite est dirigé par un roi jeune et réformiste sur le plan économique. Mais l’impasse du processus de paix israélo-palestinien pèse lourd dans ce territoire où un habitant sur trois est sans doute d’origine palestinienne. C’est une bombe à retardement. Dans les télégrammes diplomatiques américains révélés par WikiLeaks, les représentants des Etats-Unis confient leur inquiétude à Washington face à la corruption, la brutalité et l’arbitraire du régime Ben Ali. Les diplomates français informaient-ils Paris avec la même précision ? C’est probable. Le professionnalisme des diplomates français me laisse penser qu’ils ont informé les autorités pleinement et avec lucidité. Cependant, sur le plan politique, un choix a été fait depuis de nombreuses années. L’idée dominante, en France, était que le régime tunisien était un rempart utile dans une zone sensible : face à une menace islamiste, il faisait preuve d’une certaine efficacité. Cette analyse traduit aussi la crainte que la tragédie qu’avait connue l’Algérie, dans les années 1990, ne se reproduise en Tunisie. Et puis, à tort ou à raison, la gestion économique et sociale semblait convenable : l’administration était relativement efficace et une classe moyenne s’affirmait.

Source: “Le vif.be” Le 25-01-2011

Les leçons de la révolution tunisienne


 

Dix jours après la chute du président Ben Ali, les comparaisons historiques continuent de se multiplier pour comprendre la nature de la « révolution tunisienne », et son impact possible sur l’ensemble de la région. Est-on en Pologne, à Gdansk, en 1980 et l’étincelle qui vient de s’allumer en Tunisie se traduira-t-elle dans quelques mois ou quelques années par une véritable révolution politique dans l’ensemble du monde arabe ? Est-on plutôt en Roumanie, au lendemain de la chute de Ceausescu, en 1989, et la révolution/coup d’Etat a-t-elle déjà été confisquée par les autorités en place ? Ces références à la libération de l’Europe centrale et orientale, faites par un certain nombre d’intellectuels arabes eux-mêmes, ont-elles vraiment du sens ? Quel serait vraiment pour le monde arabe d’aujourd’hui l’équivalent de ce qu’était pour l’«Europe kidnappée » d’hier le « bâton soviétique » ou la « carotte européenne » ?

Ne faut-il pas chercher des comparaisons au Sud plutôt qu’à l’Est de l’Europe ? Le régime tunisien, en s’ouvrant au monde par le tourisme, par l’accent mis sur l’éducation et les droits des femmes, n’a-t-il pas contribué à créer une classe moyenne vibrante comme avait pu le faire l’Espagne, dès les années 1960, sous le régime de Franco ?

Dans ce cas, une société civile serait-elle véritablement prête à prendre le relais d’un régime autocratique une fois ce dernier renversé ? Mais qui serait pour la Tunisie l’équivalent de ce que fut le roi pour l’Espagne, un symbole de la continuité de l’Etat et de l’unité de la nation ? Si elle est fondée, la comparaison avec la sortie du franquisme dissocie clairement l’exemple de la Tunisie de celui de l’Egypte, où il ne s’existe pas une société civile à l’espagnole.

On pourrait multiplier à l’envi les références historiques ou les analogies géographiques, qui contiennent toutes une part de vérité mais qui ne peuvent résumer la réalité unique du cas tunisien. Ce qui est certain c’est qu’il serait bien optimiste de considérer la chute du président Ben Ali comme l’équivalent pour le monde arabe de ce que fut pour l’Europe la chute du mur de Berlin. Mais il serait aussi bien imprudent de ne pas comprendre qu’il y aura un avant et un après « révolution du jasmin » – et ce, quoi qu’il arrive demain en Tunisie -pour l’ensemble du monde arabe. Les images de Tunisiens lacérant les portraits du dictateur déchu ont fait le tour du monde. Cette fois-ci, ce n’étaient pas, comme en Irak, des soldats américains qui mettaient leur drapeau sur la statue déboulonnée de Saddam Hussein, mais des citoyens arabes qui se battaient sans armes pour conquérir leur liberté et leur dignité.

En réalité, au lendemain de la révolution tunisienne, le monde arabe a deux projets de développement politique devant lui et aucun d’eux n’est « arabe », même si tous les deux sont « musulmans » : le modèle turc ou bien le modèle iranien.

Si la contestation gagne d’autres pays de la région, combien seront tentés par l’« ouverture à la turque » et combien par le « fondamentalisme à l’iranienne » ? Il est certes nécessaire d’introduire des nuances dans cette dichotomie par trop simpliste. Il y a des zones d’ombre dans l’expérience turque actuelle, en dépit de son « islam modéré » et, au-delà des mollahs, des raisons d’espérer dans le caractère vibrant de la société iranienne.

Entre ces deux modèles alternatifs, les préférences des sociétés occidentales sont claires : la Turquie plutôt que l’Iran. Autant il existe un quasi-consensus aujourd’hui en Europe pour garder une distance raisonnable entre l’Union et la Turquie, autant face aux changements et, qui sait, au désordre dans le monde arabe, un rôle stabilisateur de la Turquie serait considéré comme bienvenu.

Certes l’histoire ne se répète pas, mais l’ordre néo-ottoman ne serait-il pas la meilleure alternative au risque de chaos arabe ? La Turquie d’Erdogan ne joue-t-elle pas déjà un rôle grandissant dans la région et son image n’est-elle pas sortie renforcée auprès de la « rue arabe » lorsqu’elle a pris clairement position contre l’interception « musclée » par Israël de la flottille en route pour Gaza ?

Mais être populaire est une chose, servir de modèle en est une autre.

Source : « Les echos » Le 25-01-2011

La Tunisie : une révolution sans mode d’emploi


  

« Nous avons fait la révolution, mais le mode d’emploi n’est pas fourni. » Rencontré près de Sidi Bouzid, « la ville où tout a commencé », le jeune journaliste d’une des deux chaînes de télévision privées de Tunisie éclate d’un rire sonore en se rendant compte combien sa boutade est juste.     Depuis des semaines, les événements se bousculent ici, personne ne sait de quoi le lendemain sera fait et où tout cela va s’arrêter. D’un bout à l’autre du pays, les Tunisiens de toute condition et de tous les âges répètent à qui veut bien l’entendre : « Nous n’en revenons toujours pas, nous vivons comme dans un rêve, un rêve éveillé. » Et ils ajoutent tous : « Ben Ali a fini par nous convaincre que nous étions un peuple de lâches et d’incapables ». Et l’histoire a prouvé que c’était tout le contraire.    Depuis plus d’un mois, les yeux du monde entier sont tournés vers ce petit pays de 10 millions d’habitants où a eu lieu la première révolution du 21e siècle. Moins d’un mois après que Mohamed Bouazizi, le jeune vendeur de fruits et de légumes de Sidi Bouzid, chef-lieu d’une des régions les plus pauvres du pays, s’est immolé devant l’édifice de l’autorité locale, le dictateur Zine el-Abidine Ben Ali quittait le pays, chassé par une révolution populaire, au bout de 23 ans de règne sans partage.     Le suicide du jeune homme de 26 ans, harcelé et humilié par une policière qui lui a confisqué sa charrette sous prétexte qu’il n’avait pas de permis en bonne et due forme, a été l’étincelle qui a déclenché un véritable feu de brousse. La jeunesse de tout le pays s’est embrasée.     « Nous n’avions aucune soupape de sécurité, nous étions le dos au mur, tout était interdit, nous étions humiliés quotidiennement, tous autant que nous sommes », explique Haythem, un jeune blogueur de Tunis qui a joué un grand rôle, en tant qu’activiste des réseaux sociaux, dans la diffusion d’informations qui ont permis que la révolte prenne forme. Après des années de répression et de surveillance policière, le pays a sauté comme un autocuiseur.     Dans ses dernières convulsions, le régime Ben Ali a eu recours à une répression sanglante. Plus de 100 personnes, surtout des jeunes, ont payé de leur vie, tombées sous les balles des policiers. « Mon frère était quelqu’un de très fier », nous explique Leïla, la soeur cadette de Mohamed Bouazizi, devenu un héros pour toute une génération. « Se faire gifler par une policière était pour lui insupportable, la mort était préférable. »    Nous entendons un son de cloche semblable à l’hôpital régional de Kesserine, la ville où on a compté le plus grand nombre de morts : 37, selon les statistiques officielles, 84, selon le chef de la réanimation de l’hôpital, qui a vu beaucoup de familles repartir avec leurs morts sans les enregistrer, de peur de représailles.    Le jeune Kaïs, un étudiant de 20 ans, blessé par balle aux deux jambes, le 9 janvier dernier, est catégorique : « Je n’ai plus d’argent pour payer mes études et je n’ai aucune perspective de travail… Tant qu’à vivre comme ça, mieux vaut mourir sous les balles. »    Cette révolution a été un mouvement spontané que personne n’a dirigé et que personne n’avait prévu. La combinaison gagnante est née de deux éléments clés : une jeunesse, souvent éduquée, mais surtout désespérée, humiliée et sans perspectives d’avenir, et un espace de liberté appelé Internet et, plus précisément, Facebook, qui a permis aux régions de communiquer entre elles.     « Vous n’êtes pas seuls » : voilà le message qui, relayé par des milliers de voix, via Internet, d’un bout à l’autre du pays, a donné du courage aux jeunes des régions pour affronter les balles. Dorénavant, ils savaient que le mouvement n’était pas concentré uniquement à Sidi Bouzid ou à Kasserine ou encore à Monastir. Ils savaient qu’il était global.    Mais il n’y a pas eu qu’Internet. Une institution a joué un rôle fondamental pour donner à cette révolution spontanée un souffle qui a fini par chasser le dictateur et sa famille : c’est l’Union générale des travailleurs tunisiens.     L’UGTT est le syndicat unique en Tunisie. Pendant des années, il a été le seul contre-pouvoir à la dictature. Toléré, bien que noyauté par les gens fidèles au régime, il s’est néanmoins développé pour devenir une organisation tentaculaire, qui compte aujourd’hui près de 250 000 membres.    Ce sont les bureaux locaux de l’UGTT, partout dans le pays, qui ont repris le flambeau, qui ont encouragé le mouvement et qui ont fait grossir les rangs de cette jeunesse désespérée, prête à tout. Ce sont principalement les membres de l’UGTT qui sont descendus dans les rues de Tunis, en rangs serrés, pour donner ces masses qu’on a vu, jour après jour, dans l’avenue Habib-Bourgiba et qui ont finalement eu raison de la dictature.    Aujourd’hui, la Tunisie est à la croisée des chemins. Jusqu’où doit aller cette révolution? Va-t-elle s’arrêter pour laisser les institutions travailler et pour préparer les premières élections libres? Le gouvernement de coalition, dont plusieurs membres sont liés de près à l’ancien régime et que les trois ministres issus de l’UGTT ont quitté, va-t-il survivre à la contestation qui ne désarme pas?     Cette contestation, toute concentrée aujourd’hui à Tunis, est à nouveau composée de jeunes des régions pauvres, qui ont investi la capitale, prêts à tout pour faire tomber le gouvernement, et de l’UGTT qui appelle ses membres à faire la grève. Les enseignants du primaire ont largement suivi l’appel. Les écoles ne fonctionnent pas. Le gouvernement de transition va-t-il céder comme le dictateur, aujourd’hui en fuite? Le mouvement va-t-il s’essouffler? L’armée va-t-elle s’en mêler? Réponse, dans quelques heures, quelques jours ou… quelques semaines.

Source : « Radio Canada » Le 25-01-2011

Tunisie : les militants des droits de l’homme demandent des éclaircissements


Après une mission menée la semaine dernière à Tunis, ils ont établi un certain nombre de recommandations pour faciliter la mise en place de la démocratie

Comment aider la démocratie naissante en Tunisie ? « Il faut de toute urgence que les touristes et les investisseurs français reprennent le chemin de notre pays », insiste Mouhieddine Cherbib, franco-tunisien, cofondateur du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT). « La révolution est calme, les manifestations pacifiques. Il n’y a eu aucun incident depuis le départ de l’ex-président Ben Ali, les hôtels attendent leurs clients », souligne ce dernier, un opposant qui s’apprête à revoir son pays après la fin d’une condamnation par contumace. Ce soutien aux réformes et, plus prosaïquement, aux besoins économiques et sociaux du peuple tunisien, figure parmi lavingtaine de recommandations du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), après une mission menée à Tunis la semaine dernière.

Quel est le bilan réel de la répression ?

Pour Michel Tubiana, membre du bureau exécutif du réseau, qui a participé à la mission, l’Union européenne (UE) pourrait, dans ses premières aides, contribuer à la gestion des archives de l’ancien régime. « D’expérience l’on sait que ce genre de régime produit des quantités phénoménales de documents dont il faut garantir d’urgence la conservation, à la fois pour les actions en justice à venir et pour la mémoire du pays », explique-t-il, ajoutant à l’adresse de la France qu’elle serait bien inspirée de rendre publique ses archives diplomatiques. Mais c’est essentiellement aux nouvelles autorités tunisiennes que s’adresse le REMDH. Il réclame des éclaircissements rapides sur plusieurs questions concernant les événements depuis le 17 décembre. Quel est le bilan réel de la répression ? Officiellement 78 morts, mais certaines associations tunisiennes estiment que le nombre de victimes est deux fois plus élevé. Que s’est-il vraiment passé lors des affrontements entre l’armée et la garde présidentielle au palais de Carthage ? Le silence est « absolu » sur cet assaut de l’armée effectué le 16 décembre, deux jours après la fuite du président Ben Ali.

Qui a été arrêté, qui a été libéré pendant les émeutes ?

Qui a donné l’ordre de tirer dans les prisons ? « Des prisonniers ont été tués par balles, d’autres ont été brûlés. Des témoins ont vu des prisonniers qui fuyaient de peur leur prison », rapporte Michel Tubiana, qui a appris de la chancellerie que le directeur de l’administration pénitentiaire avait été démis de ses fonctions et probablement incarcéré. Qui a été arrêté, qui a été libéré pendant les émeutes ? Sans listes publiques des uns et des autres, il sera impossible de s’assurer que toutes les personnes détenues ont recouvré la liberté. « Des familles recherchent leurs proches, des personnes ont disparu », souligne encore Michel Tubiana. Quant à l’ensemble des prisonniers d’opinion dans les geôles tunisiennes, ils seraient 2 000 à 3 000 condamnés au titre de la loi antiterroristes. « Mais cela ne couvre pas les personnes jugées pour association de malfaiteurs ou autres motifs », poursuit l’avocat. Des dizaines de familles de détenus se sont rassemblées mardi 25 janvier devant le ministère de la justice à Tunis pour réclamer des nouvelles de leurs proches. En plus de ces réponses urgentes, le REMDH réclame la création d’une commission indépendante sur les violations des droits de l’homme depuis l’indépendance de la Tunisie.

Source: “La Croix” Le 25-01-2011

Yves Lecoq victime du clan Ben Ali


Selon Rue 89,Yves Lecoq, amateur de week-ends en Tunisie, avait fait l’acquisition d’une villa en bord de mer en Tunisie. Il relate au site d’informations la façon dont le bien a été acheté : « Pour acheter une maison quand on est étranger, même si le vendeur est lui-même étranger, il faut une autorisation du gouverneur. Comme celle-ci ne venait pas, je me suis dit que ça commençait mal… » La transaction prendra quatre ans avant d’être conclue…

En 2009 il prend enfin possession des lieux enfin presque…En arrivant sur place des policiers en civil lui interdisent de rentrer chez lui. Yves Lecoq constate que sa rue est fermée par une barrière et que la maison de gardien de son voisin a été transformée en poste de police.

Le célèbre imitateur se voit tel un délinquant, emmené au poste de police où on vérifie son identité. Interloqué, Lecoq demande aux autorités pourquoi on le traite de la sorte. Il apprendra finalement que la propriété jouxtant celle dont il venait de faire l’acquisition est celle de l’un des gendres du Président Ben Ali, Mohamed El Materi, époux de Nesrine, 24 ans, l’une des filles du couple Ben Ali.

Yves Lecoq qui est enfin autorisé à rentrer chez lui, ne sera pas au bout de ses surprises. Il découvre en pleine nuit, que son voisin possède un animal de la jungle et pas le moindre : un lion. Réveillé par ses rugissements, il appelle au secours. Son gardien arrive précipitamment, le rassure et lui explique que le lion est de l’autre côté du mur, dans le jardin de son voisin. « Il avait sa cage juste contre la séparation avec mon jardin. J’ai voulu mettre une clôture, mais El Materi m’a demandé de ne pas le faire. J’étais toujours dans la crainte de représailles, d’autant plus qu’il avait recruté le frère du gardien de ma maison pour avoir des renseignements. » raconte Yves Lecoq.

Tout cela pourrait vous paraître rocambolesque mais que nenni ! Le récit de Lecoq est confirmé dans unedépêche diplomatique révélée par WikiLeaks.

En 2010, empêché de faire des travaux dans sa propre villa, il a fini par, quelques mois avant la chute du pouvoir, vendre sa maison à Sakher El Materi.  Aujourd’hui, il ne veut pas la récupérer : « Apparemment, la télévision tunisienne disait ces jours-ci que je pourrais la récupérer. Mais c’est un bien mal acquis acheté avec de l’argent qui l’est aussi… Donc je ne sais pas si ce sera possible. »

Source : « PeopleInside » Le 25-01-2011

Ottawa pourrait geler les actifs de Ben Ali


 

À l’instar de la France, de la Suisse et de l’Union européenne, le Canada pourrait geler les actifs du président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali et de sa famille.

C’est ce qu’a indiqué Ottawa, hier, qui a du coup dénoncé l’arrivée de proches du dictateur au pays, il y a quelques jours.

«M. Ben Ali, les membres destitués de l’ancien régime tunisien et leurs proches ne sont pas les bienvenus au Canada», a déclaré une porte-parole du ministère fédéral de la Citoyenneté et de l’Immigration, Melanie Carkner.

Un jet privé avec à son bord quatre ou cinq membres de la belle-famille de M. Ben Ali serait arrivé à Montréal jeudi dernier, selon le Journal de Québec. Le groupe demeurerait depuis dans un hôtel de l’ouest de la ville. Leur identité n’avait toujours pas été révélée au moment de mettre sous presse.

Le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration, Jason Kenney, a déclaré que ces personnes se trouvaient légalement au pays, car elles auraient le statut de résident permanent au Canada.

Au moins un beau-frère de Ben Ali (Belhassen Trabelsi) détiendrait un tel statut, et ce, depuis 2009. Riche homme d’affaires controversé en Tunisie, il est à la tête d’un empire présent dans les secteurs médiatique, bancaire et du transport aérien.

La semaine dernière, le gouvernement provisoire de la Tunisie a annoncé qu’il ouvrait une enquête dans l’espoir de faire la lumière sur «l’acquisition illégale de biens» et sur des «placements financiers illicites à l’étranger». La fortune du président déchu et de ses proches est évaluée à 5 milliards de dollars. À ce jour, une trentaine d’entre eux ont été arrêtés.

La Suisse, la France et l’Union européenne ont déjà annoncé qu’elles tenteront de geler les actifs de la famille ou de «bloquer les mouvements financiers suspects».

Hier, le Canada a ouvert la porte à des démarches similaires.

«Il y a une série d’options qui permettent de geler des actifs, y compris par l’entremise des Nations unies ou à la demande d’un gouvernement étranger», a expliqué Melissa Lantsman, directrice des communications du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

«Notre gouvernement est prêt à travailler avec l’ONU ou le gouvernement tunisien pour appliquer un tel gel.»

Maison à Westmount

On ignore pour l’instant quels sont les biens que détiennent l’ex-dictateur ou sa famille au Canada. À Montréal, ils posséderaient au moins une maison: celle de Mohamed Sakher El Materi, gendre du président, qu’il a achetée en 2008 à Westmount pour la somme de 2,5 millions.

La semaine dernière, un avocat a affirmé que la maison avait été vendue à ses clients. Mais le nom du gendre de l’ex-dictateur figure toujours au registre foncier.

Hier, la luxueuse maison de pierres, qui offre une vue imprenable sur le centre-ville, était vide. «Ça fait plus d’un an qu’il n’y a personne», a dit une voisine, qui n’a pas voulu être nommée. «Un couple est venu y passer un mois, il y a environ deux ans. La femme a accouché, puis ils sont repartis.»

Par ailleurs, l’Association des droits de la personne au Maghreb et le Collectif de solidarité au Canada avec les luttes sociales en Tunisie ont mandaté l’avocat Kamel Balti pour poursuivre l’entourage du l’ex-dictateur en justice.

Au cours d’un entretien avec La Presse, Me Balti a indiqué qu’il demanderait au gouvernement de divulguer l’identité des proches de l’ex-dictateur arrivés récemment au Canada. Il compte de plus invoquer la convention de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) pour qu’on leur retire leur statut de résident permanent. «On veut contribuer à cette lutte contre la corruption des agents publics et lancer un message clair à toutes les dictatures», a-t-il expliqué.

Sonia Djelidi, coordonnatrice du Collectif de solidarité avec les luttes sociales en Tunisie, qui participe à la démarche judiciaire, doute quant à elle que ce statut soit toujours valide : les résidents permanents doivent avoir vécu au Canada pendant au moins deux ans, pour chaque tranche de cinq ans.

Source: “Cyberpresse” Le 25-01-2011

Où va-t-on ?


 

 C’est la question que se posent des millions de Tunisiens et qui interpelle la classe politique tous courants confondus et les organisations de la société civile quelles que soient leurs tendances.

L’urgence d’une réponse s’impose à l’heure où la rue vit des moments de grande agitation et la situation dans le pays se distingue par un désordre qui frise l’anarchie.

La grande peur aujourd’hui est que la révolution du peuple tunisien soit déviée de la trajectoire que lui ont tracée ses héros.

Les jeunes Tunisiens qui se sont soulevés et ont fait tomber l’une des tyrannies les plus sanguinaires de ce siècle, revendiquaient non seulement  le droit au travail et la reconnaissance de l’existence des laissés pour compte et des déshérités de la Tunisie moderne, mais essentiellement le recouvrement de la dignité et de la fierté longtemps bafouées par un régime  qui a mal jugé les capacités de rebondissement du peuple tunisien, pacifique et civilisé, mais intraitable lorsqu’il s’agit d’atteinte à son honneur.

Les jeunes révoltés de la Tunisie dont beaucoup sont tombés en martyrs n’ignoraient pas qu’ils étaient en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire de leur pays et d’ouvrir une ère de démocratie, de justice, d’égalité et de responsabilité pour leur peuple.

Responsabilité, voilà le mot qui doit prévaloir en ces moments difficiles et qui doit guider toutes les couches de la société quels qu’en soient le rang et le degré de responsabilité.

La responsabilité exige aujourd’hui un strict respect de la loi et une conformité à la légalité.

Malheureusement on constate avec amertume une amplification de la contestation alors que le pays n’a pas encore pansé ses plaies. Et si certaines contestations sont compréhensibles, la sagesse dit qu’il faut laisser le temps au temps et donner une chance à ce gouvernement provisoire pour qu’il accomplisse son travail dans la sérénité. Après tout il ne s’agit que d’une période transitoire de courte durée. L’heure des comptes sera pour plus tard. Autrement ce sera le désordre et le chaos et l’enfoncement dans une crise aux conséquences imprévisibles et périlleuses .

Source: “Le Temps” Le 25-01-2011

Mémoire du temps présent

Clin d’œil à Yadh Ben Achour (1)


 

Me Yadh Ben Achour président de la commission supérieure de réforme politique qui est un camarade de promotion universitaire et un ami très cher, est connu de tous pour son intégrité morale irréprochable et sa compétence. Il a aussi un nom. En effet, il n’est autre que le petit fils du Cheikh – Sidi – Tahar Ben Achour, une véritable autorité, vénérée dans le monde islamique tout entier, auteur d’une monumentale exégèse sur la pensée islamique et les textes sacrés « Attahrir wa Attanwir ».

Tahar Ben Achour ancien doyen de l’Université prestigieuse de la « Zitouna », était aussi un grand nationaliste puisqu’il s’est joint au mouvement du nationaliste de la première heure, le leader Ali Bach Hamba, en 1910, lors d’une manifestation célèbre des étudiants de la grande mosquée juste avant les tragiques événements du Jellaz en 1911.

Par ailleurs il est le fils du grand cheikh – Sidi – Al Fadhel Ben Achour dont j’ai eu l’honneur d’être l’élève.

Ce brillant penseur, professeur et conférencier était un homme à l’élégance physique et intellectuelle légendaire, et auteur entr’autres d’une anthologie sur le mouvement littéraire et intellectuel en Tunisie : « Al Haraka Al adabiya wel fikria fi Tunes ».

Mais Si Yadh n’est pas qu’un nom, et il n’a pas eu seulement la peine de naître, comme certains dans une grande famille de « Ulamas » et de jurisconsultes ! Il s’est fait aussi un prénom en devenant lui-même, professeur et doyen de la faculté de droit et des sciences économiques de Tunis et en publiant plusieurs ouvrages de droit constitutionnel et d’essais sur la pensée islamique, entr’autres son livre : « Normes, foi et loi en particulier dans l’Islam » (éditions – CERES).

C’est dire si le Premier ministre M. Mohamed Ghanouchi a bien fait en le désignant à la tête d’une commission de la plus haute importance tête d’une commission qui a une véritable mission historique de proposer et sculpter les formes et le contenu du nouveau système constitutionnel et politique de la Tunisie après un quart de siècle de despotisme et de totalitarisme absolus.

Mais à notre étonnement les premières déclarations de M. Ben Achour sont tout simplement décevantes pour ne pas dire tout à fait inquiétantes ! Je m’explique : M. Ben Achour souligne dans ces déclarations que « la constitution de 1959 est une constitution « équilibrée » mais que la pratique l’a dénaturée par le régime du Parti unique » et il ajoute ensuite « qu’à son avis en ce qui concerne la nature du régime présidentiel ou parlementaire, ce dernier comporte des dangers pour la Tunisie » ! Je tombe des nues ! Incroyable et inimaginable de la part d’un grand professeur de droit constitutionnel comme Si Yadh Ben Achour !

Le risque est grand de nous réinstaller dans une situation comparable à celle qui a conduit par la faute de la Constitution de 1959 et du présidentialisme autoritaire qu’elle a enfanté. Je reviens à la constitution de 1959. Celle-ci est un parfait déséquilibre entre les trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire bien qu’en son préambule (3e paragraphe) elle dit vouloir instaurer « une démocratie fondée sur la souveraineté du peuple et caractérisée par un régime politique stable basé sur la séparation des pouvoirs ».

En effet cette constitution aussi bien au niveau de la forme, quantitative, que du fond qualitatif, donne une prééminence presqu’absolu à l’exécutif surtout au Président de la République, au détriment du législatif et du judicaire. Le nombre d’articles qui intéresse le pouvoir exécutif est une fois et demie supérieur à ceux du législatif. Par ailleurs par les pouvoirs règlementaires et autres, le Président est de fait une autorité législative et judiciaire puisque ce Président de la République est le président du conseil supérieur de la magistrature et a la haute main sur le pouvoir judiciaire par « son » ministre de la Justice qui nomme et gère la carrière des magistrats ! D’où ces « procès » injustes, iniques et « fabriqués » en tout genre dans les affaires sensibles contre les opposants au régime du dictateur et de son épouse que ce soit dans le domaine politique ou économique !

Par ailleurs, la Constitution de 1959, a été tellement manipulée pour permettre à l’ancien régime dictatorial de perdurer qu’elle ne peut, si elle est maintenue ou rafistolée à nouveau, que conduire à l’éclosion d’une nouvelle dictature !

Nommez aujourd’hui un Président de la République, même comparable au Calife le « juste » « Omar Ibn Al Khattab » sur la base de la Constitution de 1959 et il sera soit un Bourguiba président autoritaire, soit un Ben Ali dictateur racé, hors normes.

C’est pourquoi, Si Yadh, il nous faut absolument une nouvelle Constitution « Wal hila fi tark al hyal » !

Source: “Le Temps” Le 25-01-2011

                          Canada is waiting on word from Tunisia to freeze former president’s assets


 

The Canadian government says it’s waiting for a request from Tunisia to freeze the assets of former government members who may have fled to Montreal.

Several relatives of ex-president Ben Zine El Abidine Ben Ali are believed to be in Canada after he was chased from power earlier this month.

Ben Ali’s regime is accused of rampant corruption and a litany of human rights abuses, including torture and kidnapping.

Many Tunisian-Canadians are now worried Canada will become a safe haven for those trying to duck legal proceedings in Tunisia.

One Montreal lawyer wants Ottawa to release the names of all those with ties to Ben Ali who are now in Canada.

Canadian government officials say members of Ben Ali’s family are not welcome in Canada.

They say they are willing to work with the UN or the provisional Tunisian government to apply an asset freeze.

Source: “Winnipeg Free Press” Le 25-01-2011

Tunisia: Life Without Ben Ali


 

Many observers are wondering what will happen next for Tunisians. Recently, the country’s longtime leader, Zine El Abidine Ben Ali, left the country as civilian protestors demanded a new government.

Some are asking whether Tunisia’s long-standing ties to the West will continue, whether Islamists will play some part in a future Tunisian government, and will Tunisia’s economy, considered by many to be among the most stable in the region, remain strong.

Tunisia scholarKenneth Perkins, professor of history at the University of South Carolina, says “it is true that Tunisia’s economy appeared to be prosperous, but while some people benefitted, many outside Tunis, in remote areas, did not see the results of Tunisia’s prosperity.”

Author of A History of Modern Tunisia, Tunisia: Crossroads of the Islamic and European Worlds and Historical Dictionary of Tunisia, Perkins says one example is students who completed university degrees but often found it difficult to obtain employment commensurate with their skills unless they were willing to go to Europe.

One area of Tunisian society that will be closely examined is the middle class, reputed to be larger than other countries in the region.  One question to be answered is what will happen to this segment of society as the so-called “Jasmine Revolution” takes hold.

“It has the potential to benefit the Tunisian middle class because this has been more of a middle class movement than normally occurs during civilian upheavals,” said Perkins.

The University of South Carolina historian also says the Tunisian middle class has not only been concerned about economic matters, but is interested in political freedom and the ability to openly express themselves without threat of retaliation.

“Zine El Abidine Ben Ali held the country very tightly. He led an autocratic regime in which the ability to express dissent in a meaningful way was limited,” noted Perkins.

He sees the restrictions of the Ben Ali government on the Tunisian people as a “powerful factor” in the recent events that led to a change in the country’s leadership.

Another question that will be answered in the coming years is if other countries in the region were affected by the revolution.

Perkins says the nature of Ben Ali’s regime was comparable to the leadership of other countries such as Egypt, where President Hosni Mubarak allowed “small political openings, but not producing meaningful political participation” or democratization.

“I think in Egypt, in Algeria, in countries particularly throughout the western Arab world where ties with Tunisia are strong they may be looking at the revolution as an inspiration,” contends Perkins.

He says the people conducting the Tunisian revolution have relied heavily upon social media to communicate with one another, the region and the rest of the world.

“People in neighboring countries are well aware of what has been going on in Tunisia and many would like to see something similar happen in their own countries,” said Perkins.

Whether Islamists have a place in any future Tunisian government and if there is any similarity between the Iranian revolution, which began more than 30 years ago, and what is happening in Tunisia is another area that Perkins intends to examine.

“There was an Islamist movement in Tunisia in the 1980s and 1990s that was thoroughly crushed by the Ben Ali government,” said Perkins. “This happened at a time when Algeria was going through difficulties which were tied to Islamist movements. In order to prevent those currents from carrying over into Tunisia, the [Ben Ali] government took repressive actions against Tunisian Islamists even though they were more progressive than Islamists in other countries.”

Perkins believes current conditions in Tunisia could allow for a reemergence of the Islamists.

“There are lots of critiques of the current government and the Islamists may be in a position to take advantage of that, but large numbers of Tunisians, especially those in the middle class, do not find the Islamist movement speaks to their interest, hopes and desires,” he said.

Perkins says the U.S. should continue to support democracy and civil society in countries like Tunisia.

“From a security point of view Tunisia was perceived by the U.S. as an ally and I don’t think that will change even if the current government were to be replaced. Tunisia’s ties to many of the values of the western world are very strong,” he added.

Perkins says that Tunisia is a secular state which places a lot of emphasis on education, women’s rights and other liberal ideals and he doesn’t “see those things changing.”

Source: “voanews” le 25-01-2011

Tunisie : symbole de la perte des valeurs de la France

 


 

Rarement la France n’aura autant failli à sa réputation, hélas bien dévaluée, de patrie des droits de l’Homme. Pendant deux décennies, elle a préféré fermer les yeux devant les exactions d’une dictature tunisienne de plus en plus répressive et corrompue. Elle est demeurée sourde aux appels à l’aide des opposants, journalistes, syndicalistes, avocats, défenseurs des droits de l’Homme tunisiens. Pire, non contente de s’abstenir de la moindre dénonciation, elle n’a pas hésité, toutes classes politiques confondues, à décerner des brevets de démocratie à l’autocrate Zine El-Abidine Ben Ali. Pourtant chacun savait que la Tunisie n’était pas seulement une terre de tourisme mais aussi une terre de torture où toutes les libertés étaient bafouées de façon à bâillonner la moindre voix discordante. La liste est longue des multiples violations des droits de l’Homme commises par un régime policier entièrement tourné vers la répression : musellement des médias, absence de liberté d’opinion, de réunion et de manifestation, harcèlement des militants contestataires, recours systématique aux mauvais traitements et à la torture, arrestations et condamnations arbitraires, impunité pour les actes de violence des sbires de Ben Ali, système politique verrouillé interdisant tout pluralisme, élections du chef à la soviétique avec 99% des suffrages, sans compter l’incroyable corruption du clan du président et de son épouse. Alors que la France se félicitait de l’organisation d’un sommet de l’information à Tunis, elle n’a jamais protesté contre les refoulements des journalistes, ou encore du président français de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) expulsé à trois reprises à son arrivée à l’aéroport. De même, lorsque la FIDH a initié en 2001, en France, une procédure contre un haut fonctionnaire du ministère tunisien de l’intérieur pour des faits de torture à l’encontre d’une tunisienne, les autorités françaises, plutôt que de saisir cette occasion pour dénoncer haut et fort la pratique constante de la torture par le régime de Ben Ali, ont tout fait pour étouffer cette procédure et n’ont pas davantage cherché à mettre en œuvre l’exécution d’une condamnation à douze années de réclusion criminelle enfin prononcée en septembre 2010. La France a préféré soutenir le dictateur, plutôt que d’entendre la colère et la souffrance croissantes du peuple. Alors que le pouvoir tunisien ne cessait de se durcir, elle a même continué, au sein de l’Union européenne, elle aussi largement aveugle, à militer pour l’octroi du statut avancé de partenariat avec la Tunisie. Aucune des justifications mises en avant pour un tel soutien inconditionnel ne résistait pourtant à l’examen. Le prétendu danger islamiste n’était en particulier qu’un leurre, dont a abusé le Président Ben Ali pour pourchasser tous les opposants, la plupart des laïcs. Jusqu’au départ du tyran, l’attitude des autorités françaises a autant manqué de moralité que de lucidité, comme l’ont démontré jusqu’à la caricature les déclarations affligeantes de Madame Alliot Marie. La vérité est que les politiques français ont renoncé à défendre les valeurs universelles. Sous le fallacieux prétexte qu’il convient de préserver une certaine stabilité internationale, et qu’il n’est pas possible de se brouiller avec tous les Etats autoritaires de la planète, la référence au respect des valeurs élémentaires de la démocratie et des droits de l’Homme est mise sous l’éteignoir. Une telle doctrine, également dictée par la primauté des intérêts financiers, est appliquée aussi bien pour la Russie ou la Chine que pour des pays arabes ou africains. Il s’agit là d’une vision à courte vue. Non seulement la France y perd son âme, mais elle risque fort d’être discréditée et marginalisée. Contrairement à l’hypocrite discours officiel sur la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, la France s’est bien ingérée dans la politique tunisienne en vantant contre toute évidence les vertus démocratiques du président Ben Ali. Or elle aurait pu et du au moins s’abstenir d’un tel appui à la tyrannie, et au contraire aider la société civile tunisienne à préparer l’inévitable chute du dictateur et la transition consécutive vers un régime démocratique. Le paradoxe était qu’alors que la Tunisie frémissait d’aspirations et de capacités démocratiques, elle devait subir l’une des pires dictatures de la région. En refusant d’apporter son concours à une évolution vers la démocratie, la France a témoigné d’un mépris coupable envers le peuple tunisien, considéré comme inapte à vivre dans un espace de liberté. Plutôt que d’essayer de trouver de mauvaises et alambiquées justifications à son comportement, la France doit aujourd’hui s’engager pleinement pour apporter tous les soutiens nécessaires au succès de la révolution tunisienne. Elle doit également tirer les leçons de ses défaillances dans la détermination de sa politique étrangère vis-à-vis des pays qui se trouvent dans des situations largement similaires à la Tunisie et où elle fait preuve de la même lâcheté et du même manque de clairvoyance. A défaut, ce sont les peuples marocain, algérien, égyptien, jordanien et autres qui se chargeront de sanctionner sa complicité avec des dictateurs corrompus. Patrick Baudouin, Avocat à la Cour de Paris président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) (Source: LEMONDE.FR | 25.01.11 | 15h26  •  Mis à jour le 25.01.11 | 19h23)

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