25 décembre 2010

Home – Accueil

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3868 du 25.12.2010 archives : www.tunisnews.net


Témoignage : Tunis – Manifestation pour Sidi Bouzid Tunis –  Demonstration in Support to Sidi Bouzid Gnet: Tunisie, l’UGTT solidaire de Sidi Bouzid et Menzel Bouzaïene AP: Tunisie: les autorités avancent la « légitime défense » après la mort d’un manifestant CCDVMSB: Bouzaiene – La police tunisienne et l’armée tunisienne côte à côte imposent l’interdiction de circuler dans la ville CSLHSB: : Rassemblons-nous devant les consulats tunisiens en France  et les Ambassades de Tunisie au Maghreb, en Europe  et au Canada Reporters sans frontières : TUNISIE – Agression du journaliste Moez El-Bey lors d’une émission de radio en direct Luiza Toscane: Agression de Moazz El Bey lors d’une émission de radio en direct Liberté: La Tunisie renoue avec les émeutes  – Le système Ben Ali en question Le Temps: Au cœur de Sidi Bouzid Liberté et Equité: Mohammed Ammar continue sa grève de la faim pour son droit au travail AISPP: Gafsa : nouvel épisode de la série des procès d’étudiants Observatoire tunisien des droits et libertés syndicaux: Jelma : Abdelkader Zayani en grève de la faim pour son passeport


Manifestation pour Sidi Bouzid


 

 
samedi 25 décembre 2010 Aujourd’hui  j ‘ai décidé de partager la douleur des habitants de Sidi Bouzid .Arrivée à l ‘endroit indiqué  pour la manifestation , je ne fus pas surprise de voir que le nombre des policiers dépasse celui des manifestants. A 11 heures les manifestants ont levé des slogans dénonçant ce qui se passe à Sidi Bouzid, puis certain syndicalistes notamment un syndicaliste de Sidi Bouzid ont donné des discours concernant la situation de la région. Juste après les manifestants ont voulu arpenter les rues de Tunis. Les policiers leur ont barré le chemin ce qu’a engendré des affrontements violents et des bousculades et les manifestants ont réussi à passer à la rue Mongi Slim tout en continuant à crier les slogans et à chanter l ‘hymne national. Les policiers continuaient à pousser tout le monde , à insulter les gens vulgairement et même à  tabasser certaines personnes. De la rue de Mongi Slim , les manifestants ont réussi à passer à la rue parallèle à celle de Mongi Slim. La bas de violents affrontements ont commencé. Des gens ont été écrasés et un jeune homme a été violemment battu par les policiers. Et les policiers ont forcé les manifestants à rebrousser chemin. Encore une fois à Mongi Slim , les manifestants ont levé leurs slogans pour la liberté de s’exprimer de manifester , pour le droit au travail , et pour les jeunes tués lors des évènements de Sidi Bouzid qui continuent et se propagent dans d ‘autres régions. Puis tout le monde est retourné à la place Mohamed Ali ou des étudiants ont chanté l ‘hymne de l ‘UGET , certaines  des chansons de Marcel Khalifa , ainsi que l ‘internationale. (Source: Le blog « A tunisian girl » le 25 decembre 2010) Lien: http://atunisiangirl.blogspot.com/2010/12/manifestation-pour-sidi-bouzid.html

Tunis Demonstration in Support to Sidi Bouzid


samedi 25 décembre 2010 After what happened in Sidi Bouzid, calls were launched to organize demonstrations and protests in different regions in Tunisia. In Tunis people were called to gather in Mohamed Ali’s Place in front of the Tunisian General Work Union to express their support to Sidi Bouzid inhabitants. I decided to share the grief of the inhabitants of Sidi Bouzid. Arrived at the place specified for the event, I was not surprised to see that police officers outnumber demonstrators. At 11 am the protesters raised slogans denouncing what is happening in Sidi Bouzid, and some trade unionists including one from Sidi Bouzid gave speeches on the situation in the region. After that, the protesters wanted to walk in Tunis streets. The police blocked their path and this is led to violent confrontations and scuffles. Nevertheless protesters managed to get to Mongi Slim Street while continuing to shout slogans and sing the national anthem. The police continued to push everyone and to insult people vulgarly and they even beat some people. From the street Mongi Slim, protesters managed to move to the street parallel to that of Mohamed Ali. There, violent clashes began. People were crushed and a young man was brutally beaten by the police. The police forced the demonstrators to turn back. Once in Mongi Slim again, protesters raised slogans for freedom of expression, freedom to manifest, as well as  for the right to work and for young people killed during the events of Sidi Bouzid which are continuing and spreading  to other regions . Then demonstrators returned to Mohamed Ali’s Place and a group a students sang the UGET anthem as well as some of the songs of Marcel Khalifa. Publié par lina ben Mhenni à l’adressesamedi, décembre 25, 2010  (Source: Le blog « A tunisian girl » le 25 decembre 2010)

 Tunisie, l’UGTT solidaire de Sidi Bouzid et Menzel Bouzaïene


Publié le Samedi 25 Décembre 2010 à 18:46 Une marche pacifique a eu lieu ce samedi à Tunis, à l’appel de l’UGTT, en soutien avec les habitants de Sidi Bouzid qui connait des troubles ces derniers jours. L’UGTT de Bizerte a tenu également un rassemblement de solidarité, pour soutenir les revendications des habitants de Sidi Bouzid et Menzel Bouzaïene et « leur droit à  l’emploi et à une vie digne », apprend-on de sources syndicales. Les syndicalistes affirment que « les manifestations de Sidi Bouzid sont spontanées, et ne sont point encadrées, aucune organisation, et encore moins aucun parti n’y ont interféré ». Le bureau exécutif de l’UGTT réuni en milieu de  semaine, sous la présidence de son Secrétaire Général, Abdessalem Jrad, a dit suivre avec » vive préoccupation » la situation à Sidi Bouzid  et a appelé à régler la question de l’emploi dans « une démarche équitable et juste », afin de se prémunir contre « le sentiment d’injustice pouvant donner lieu à des réactions spontanées  et à des tragédies sociales ». La centrale syndicale a, par ailleurs,  appelé l’Etat à jouer son rôle régulateur en matière de promotion des investissements et à créer des postes d’emploi à tous les demandeurs de travail, notamment les diplômés du supérieur. L’UGTT a réaffirmé la nécessité « d’éviter les solutions sécuritaires face à certaines formes d’agissements spontanés, et d’ouvrir un dialogue sérieux et constructif en vue d’un développement durable conciliant les deux dimensions économique et sociale ».  Ce faisant, des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu hier (vendredi) à Menzel Bouzaïene, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, au centre-ouest de la Tunisie. Ces troubles font suite aux remous que connaît Sidi Bouzid depuis le week-end dernier, avec la tentative de suicide de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant, diplômé de l’université, qui s’est immolé par le feu, ainsi que le décès mercredi dernier d’un jeune par électrocution. Selon des sources syndicales, le jeune Houcine Neji,  24 ans, s’est suicidé. Car il ne voulait « plus de misère, plus de chômage ». Au sujet des  incidents de Menzel Bouzaïene, ils ont fait, selon le ministère de l’Intérieur, un mort et des blessés parmi les manifestants, et les forces de l’ordre. Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, relayé par la TAP « les groupes impliqués dans les actes de violence et de trouble ont encerclé et attaqué le poste de la Garde nationale par le jet d’engins incendiaires et de pierres, après avoir installé des barricades sur les routes avoisinantes. Ils ont, également, mis le feu au bâtiment de la Garde nationale, alors que d’autres ont tenté d’y pénétrer par la force ». « Les agents de la garde nationale ont essayé de dissuader les assaillants en leur adressant des avertissements et en procédant à des tirs de sommation, ces derniers ont, toutefois, poursuivi leurs tentatives pour investir  le poste de la garde nationale en lançant des cocktails molotov, ce qui a amené certains agents de la garde nationale à recourir aux armes dans le cadre de la légitime défense », a fait valoir le ministère de l’Intérieur. Et d’ajouter : « Cet incident a fait un mort et deux blessés parmi les assaillants. Plusieurs agents de la garde nationale ont subi des brûlures dont deux sont dans le coma ». Selon des sources concordantes, citant des responsables syndicaux, « ces affrontements ont fait dix blessés et un mort, Mohamed Ammari, un jeune homme de dix-huit ans ». En meeting hier à Sidi Bouzid, Mohamed Ghariani, Secrétaire Général du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) a affirmé que « la Tunisie rejette catégoriquement la surenchère et le chantage et se dresse devant les tentatives menées par certains détracteurs qui cherchent à instrumentaliser des incidents isolés afin de mettre en doute les acquis accomplis dans le pays et de porter préjudice à sa sécurité et à sa stabilité ». Mohamed Ghariani a appelé les militants du RCD « à redoubler d’efforts et à multiplier les initiatives en vue d’ouvrir les portes des structures du RCD devant la jeunesse en quête d’un discours en parfaite symbiose avec ses attentes et qui répond à ses aspirations et préoccupations dans le cadre de la civilité et de la responsabilité », rapporte la TAP. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale a fait le déplacement jeudi dernier à Sidi Bouzid et a annoncé au siège du gouvernorat des projets de développement dont la création d’un fonds commun de placement dédié au gouvernorat de Sidi Bouzid. Doté d’un capital de 5 millions de dinars, ce fonds contribuera au financement des investissements qui seront identifiés dans le gouvernorat. Gnet (Source: Gnet.tn le 25 decembre 2010)

Tunisie: les autorités avancent la « légitime défense » après la mort d’un manifestant


AP 25/12/10 16:55 TUNIS (AP) — Les autorités tunisiennes ont invoqué samedi la « légitime défense » pour justifier la mort la veille d’un jeune manifestant tué par balle lors des violents affrontements qui ont secoué la ville de Menzel Bouzayane. Le centre-ouest du pays est en proie depuis plus d’une semaine à des troubles incessants, sur fond de chômage et de précarité des conditions de vie. Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur transmis à l’Associated Press, les manifestants ont incendié une locomotive et trois voitures de police avant de s’attaquer à un poste de la garde nationale à l’aide de pierres et de cocktails Molotov. Les avertissements et tirs de sommation étant restés vains, expliquent les autorités, des agents de la Garde nationale ont été amenés à ouvrir le feu « dans le cadre de la légitime défense ». Le communiqué fait état d’un mort et de deux blessés parmi « les assaillants » et de plusieurs blessés, dont deux qui se trouveraient dans le coma, dans les rangs de la Garde nationale. Selon le syndicaliste Mohamed Fadhel, un jeune homme de 18 ans, Mohamed Ammari, a été tué d’une balle dans la poitrine. La tension avait baissé samedi à Menzel Bouzayane mais des escarmouches étaient encore signalées dans la ville dont les accès demeuraient interdits, a-t-il déclaré à l’AP lors d’un entretien téléphonique. Les troubles ont débuté le 25 décembre à Sidi Bouzid, chef-lieu de la région situé à 265km de Tunis, à la suite d’une tentative de suicide d’un jeune homme qui s’est aspergé d’essence et immolé par le feu devant la préfecture. Ils se sont étendus à plusieurs autres villes lorsque, quelques jours après, un autre jeune chômeur s’est suicidé par électrocution en escaladant un pylône de haute tension. Principale formation de l’opposition légale, le Parti démocratique progressiste (PDP) dénonce une « véritable crise ». Pour le porte-parole du comité de soutien aux populations de Sidi Bouzid, Attia Athmouni, il s’agit du « cri d’une jeunesse pour qui la vie et la mort s’équivalent désormais dans une région marginalisée et démunie ». Le fondateur du PDP, Me Néjib Chebbi, rapproche les événements de Sidi Bouzid de ceux de Gafsa en 2008 et dans d’autres régions, comme autant de « sonnettes d’alarme ». Lors d’une conférence de presse, la secrétaire générale du PDP vendredi soir, Maya Jribi, en a attribué la cause à « l’injustice sociale » et aux « horizons bouchés » pour les populations des régions de l’intérieur. Elle a plaidé pour des « mesures urgentes » et l’ouverture d’un dialogue avec les parties concernées afin de déterminer les réformes nécessaires. AP


 

Comité de la citoyenneté et de la défense des victimes de la marginalisation à Sidi Bouzid

Bouzaiene La police tunisienne et l’armée tunisienne côte à côte imposent l’interdiction de circuler dans la ville


Suite à un contact permanent avec la ville de Bouzaiene, il a été possible de vérifier les faits suivants :  La police tunisienne et l’armée tunisienne côte à côte interdisent la circulation dans la ville et contrôlent complètement le quartier de Zaafour. Actuellement ils effectuent des descentes, rentrent par effraction dans les domiciles. Il y a beaucoup de blessés par balles en caoutchouc qui sont chez eux parce qu’ils ne peuvent rejoindre les hôpitaux à cause de l’interdiction de circuler. Des informations contradictoires circulent sur la mort du jeune Chaouki Hidouri qui a été blessé hier par balles réelles. Il y a au moins neuf blessés à causes de tirs à balles réelles à l’hôpital de Sidi Bouzid et à l’hôpital de Sfax On observe beaucoup de cas de disparitions dans la nuit d’hier au sein de la jeunesse et plus particulièrement dans le quartier est. Démenti de tout ce qui circule à propos de la libération des personnes arrêtées à Menzel Bouzaiene On observe de grands incendies dont il est difficile de deviner l’origine puisque toute personne qui sort de chez elle est visée.

Comité de la citoyenneté et de la défense des victimes de la marginalisation à Sidi Bouzid Source : http://24sur24.posterous.com/sidibouzid-2 (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 COLLECTIF DE SOLIDARITÉ AVEC LES LUTTES DES HABITANTS DE SIDI BOUZID

RASSEMBLONS-NOUS DEVANT LES CONSULATS TUNISIENS en France  et les Ambassades de Tunisie au Maghreb, en Europe  et au Canada


FACE A L’EXTENSION DU MOUVEMENT DE PROTESTATION DE LA JEUNESSE DE SIDI BOUZID  CONTRE LE CHÔMAGE, LA PRÉCARITÉ ET LA CORRUPTION ET POUR LA DIGNITÉ ; LES AUTORITÉS TUNISIENNES FONT TIRER SUR  LES MANIFESTANTS : BILAN UN JEUNE MANIFESTANT* DE MENZEL BOUZAÏNE TUE PAR BALLE
 Le mouvement de protestation des jeunes chômeurs de Sidi Bouzid qui dure depuis plus de dix jours vient de perdre deux nouveaux jeunes, après l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, le suicide par électrocution de Houcine Falhi, Mohamed Béchir El Amari a été tué par balles alors qu’il manifestait hier avec ses camarades dans la ville de Menzel Bouzaïne pour l’emploi, une vie digne et contre la corruption . Contrairement à la propagande et aux promesses en l’air des autorités tunisiennes les faits sont là : face aux milliers de manifestants des villes de la région de Sidi Bouzid les réponses sont des balles. Encore une fois les jeunes refusent l’indignité et le mépris, au prix de leurs vies ils manifestent contre la misère, le chômage et contre la corruption. Fidèle à leurs  pratiques répressives les autorités tunisiennes répondent  par le mépris, l’emprisonnement, les promesses mensongères et maintenant par les balles qui tuent les jeunes. Face à ces crimes le collectif de soutien  aux luttes des habitants de la région de Sidi Bouzid invite toutes les personnes éprises de démocratie et de justice à se rassembler devant les consulats de Tunisie demain dimanche 26 décembre 2010 à 11 heures devant le consulat général de Tunisie à Paris pour soutenir la luttes des jeunes de Sidi Bouzid pour l’emploi et la dignité et contre la corruption. La solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et le soutien de leurs revendications quand aux politiques sociales et de développement durable. –                   Pour une commission d’enquête sur les morts tragiques des jeunes. –                   POUR la levée complète et immédiate du siège policier appliqué à la région de Sidi Bouzid. –                   VIVE LA LUTTE DES HABITANTS DE SIDI BOUZID ET DE SA JEUNESSE.
–                   HALTE A LA RÉPRESSION ET AUx SOLUTIONS SÉCURITAIRES. –                   LIBÉRATION IMMÉDIATE DES EMPRISONNES. Rassemblement à Paris Le dimanche 26 décembre 2010 à 11H DEVANT LE CONSULAT DE TUNISIE DE PARIS  Rue Lubeck  Paris 75016   métro Iéna ligne 9 – Boissière ligne 6 * Des informations contradictoires circulent sur la mort du jeune Chaouki Hidouri qui a été blessé hier par balles réelles.    COLLECTIF DE SOLIDARITÉ AVEC LES LUTTES DES HABITANTS DE SIDI BOUZID C/O : FTCR – 5 Rue de Nantes 75019 – Paris – ftcr@ftcr.eu – 0140230711 Paris le 25 décembre 2010
 

 Reporters sans frontières 
 

TUNISIE – Agression du journaliste Moez El-Bey lors d’une émission de radio en direct


Reporters sans frontières et l’Observatoire pour la Liberté de la Presse, d’édition et de création (OLPEC), son organisation partenaire en Tunisie, dénoncent l’agression, le 24 décembre 2010 à dix neuf heures, du correspondant de Radio Kalima, Moez El-Bey, alors invité d’une émission que Radio Kalima diffuse en partenariat avec Radio Galère à Marseille (88.4FM).

Le journaliste y intervenait en direct depuis son domicile de Sfax pour commenter les événements survenus dans le gouvernorat de Sidi Bouzid (260 km au sud de Tunis) qui viennent de connaître de nouveaux développements avec le décès d’un manifestant de Menzel Bouzayane.

Quelques minutes après le début de l’émission, les auditeurs ont pu entendre des coups frappés à la porte du domicile du journaliste. Des cris, puis plus rien, la ligne ayant été coupée. Des habitants du quartier ont agressé Moez El-Bey, sous le regard complaisant d’agents de police, présents sur le palier. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières et l’OLPEC, les policiers auraient dit aux voisins que le journaliste s’était introduit chez eux en leur absence. Le journaliste a porté plainte pour effraction de domicile le 25 décembre.

Les émeutes populaires à Sidi Bouzid (260 km Sud Est) ont été déclenchées suite à l’immolation par le feu, le 17 décembre 2010, d’un jeune diplômé chômeur. D’importantes forces de police ont bouclé la ville interdisant tout accès. Les autorités entendent imposer un black-out sur la région et les évènements qui s’y déroulent, tenant au maximum les journalistes à l’écart, n’hésitant pas à recourir à la violence physique à leur encontre.

Déjà Zouhaeir Makhlouf, journaliste pour le site en ligne assabilonline (www.assabilonline.net), avait été agressé le 17 décembre dernier par des policiers en civil devant son domicile (http://fr.rsf.org/tunisie-zouheir-makhlouf-passe-a-tabac-par-20-12-2010,39098.html). Depuis le 19 décembre, de nombreux journalistes indépendants ont été placés sous une surveillance policière permanente, avec interdiction de quitter leur ville de résidence. Ismaïl Dbara, correspondant dehttp://www.elaph.com, a également été visé. Nizar Ben Hassen, correspondant de Radio Kalima, a été poursuivi par trois voitures de police banalisées stationnées aux accès de son domicile à Chebba. Il lui a été interdit de se rendre à Sidi Bouzid en vue de couvrir les émeutes. Le 20 décembre, Moez El Bey a été intimidé par la police après avoir recueilli le témoignage d’une personne blessée au cours des émeutes et admise en urgence à l’hôpital de Sfax pour des soins aux yeux. Le journaliste a été conduit au poste de police de l’hôpital où il a subi une fouille corporelle humiliante. Les enregistrements ont été effacés, et la carte mémoire de son appareil photo confisquée. Il a été menacé de représailles s’il continue à couvrir les évènements.

De leur côté, les médias officiels, après être restés silencieux, qualifient les émeutes de Sidi Bouzid de « rumeurs infondées », citant une source officielle qui s’indigne « des tentatives de certaines parties d’instrumentaliser cet incident isolé, de le dévier de son véritable contexte et de l’exploiter à des desseins politiques malsains, en en faisant, dans un objectif de manipulation et de provocation, une affaire de droits de l’Homme et de libertés, et en mettant en doute les acquis de développement de la région ».


Agression de Moazz El Bey lors d’une émission de radio en direct


Vendredi 24 décembre à dix neuf heures, Moazz El Bey était l’invité d’une émission de Radio Kalima en partenariat avec Radio Galère (Marseille, 88.4). Il y intervenait en direct depuis son domicile en Tunisie. Au bout de quelques minute d’émission et alors qu’il informait et commentait les événements survenus le jour même dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, et plus particulièrement à Menzel Bouzaiene, où un jeune homme avait succombé sous les tirs de la police lors d’une manifestation quelques heures plus tôt, les auditeurs ont pu entendre des coups frappés à la porte du domicile de Moazz El Bey, des cris, puis plus rien, la ligne lui ayant été coupée.
Moazz El Bey a été agressé violemment par des habitants de son quartier à l’instigation de la police politique, qui empêche les journalistes par ce procédé les journalistes de couvrir les manifestations dans le gouvernorat de Sidi Bouzid
Luiza Toscane

 


La Tunisie renoue avec les émeutes Le système Ben Ali en question


Par : Djamel Bouatta Le climat de violence qui s’est installée en Tunisie serait-il l’expression d’un ras-le-bol vis-à-vis d’une gouvernance (gestion patrimoniale) dont WikiLeaks a livré quelques pans sulfureux ? Un mort et des dizaines de blessés dans des affrontements à Menzel Bouzayane, dans la région de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie. De violents affrontements ont opposé vendredi plus de 2 000 manifestants et la police dans le centre-ouest de la Tunisie et fait un tué et dix blessés, et la situation reste tendue. Version officielle dans ce pays tenu jusqu’ici d’une main de fer : des groupes d’individus ont incendié la locomotive d’un train et mis le feu à trois véhicules de la garde nationale, avant d’attaquer le poste de la garde nationale de la ville. Après avoir essayé de les dissuader, des agents de la garde nationale ont été amenés “à recourir aux armes dans le cadre de la légitime défense”, selon le ministère de l’Intérieur. Un classique dans les pays autoritaires. Version de manifestants : des renforts de police dépêchés de Sidi Bouzid ont encerclé la ville de Menzel Bouzayane en en interdisant les accès pour que les forces de l’ordre procèdent à une vague d’arrestations, la localité étant en proie depuis une semaine à des troubles sociaux à la suite d’une tentative de suicide d’un Tunisien de 26 ans, diplômé de l’université. La protesta s’est propagée à des villes voisines, et la région n’est qu’à 200 km de la capitale. Les faits. Tout a commencé vendredi 17 décembre quand Mohammed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, faute d’un travail en conformité avec ses diplômes universitaires, se fait confisquer sa marchandise par la police municipale, n’ayant pas les autorisations nécessaires. Devant l’impossibilité de récupérer son bien, une charrette à deux bras et son chargement, il a décidé de s’immoler par le feu devant la préfecture en criant qu’il ne voulait “plus de misère, plus de chômage”. Gravement brûlé, il a été évacué vers un hôpital de Tunis, c’était le seul soutien de sa famille. Détonateur. Il en fallait pas plus pour allumer le feu au sein d’une population frappée par le chômage. À la suite de cet incident, des habitants de Sidi Bouzid ont organisé, le jour même, un sit-in pacifique devant la préfecture. Ce rassemblement s’est poursuivi le lendemain, regroupant toujours plus de personnes. Des heurts ont alors éclaté entre les manifestants et la police, et plusieurs personnes auraient été blessées des deux côtés. Les manifestants ont scandé des slogans pour réclamer le droit de travailler. Plusieurs manifestants sont raflés par la police. Le cycle manifestations-répressions s’est alors installé dans la région et risquait de déborder plus loin encore. La veille, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme avait demandé une enquête sérieuse. Saluant le mouvement de protestation, le Parti démocratique progressiste a appelé à la libération des personnes arrêtées. Lors d’une conférence de presse, ce parti de l’opposition légale a appelé vendredi à l’ouverture d’un dialogue avec les composantes de la société civile et les jeunes chômeurs. La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) exprime “sa vive inquiétude face à la situation en Tunisie après les émeutes”. Selon l’Ong, plusieurs dizaines de manifestants sont encore incarcérés. La FIDH demande leur libération et une enquête impartiale. L’explication de régimes autocrates. L’affaire ébruitée, les autorités tunisiennes ont affirmé que ces heurts ne représentaient qu’un “incident isolé”, et dénoncé leur exploitation à des fins politiques “malsaines” ! Le ministre du Développement, Mohamed Nouri Jouini, s’est alors déplacé jeudi à Sidi Bouzid, pour annoncer des mesures présidentielles pour la création d’emplois et le lancement de projets d’un montant de 7 millions d’euros. Ces événements font écho aux mouvements de protestation sociale qui avaient eu lieu dans le bassin minier de Gafsa (Sud-Ouest) en 2008, à la suite desquels plusieurs dizaines de personnes avaient été condamnées, ou encore à la manifestation insolite de Gafsa avec des familles entières de Tunisiens qui s’étaient  massées devant le poste-frontière algérien, drapeau de ce pays en tête ! (Source: « Liberté » (Quotidien – Algerie) le 26 decembre 2010)


Au cœur de Sidi Bouzid


Chômage, précarité, sentiment de marginalisation. Les jeunes parlent « Nous avons confiance en l’Etat, pas en les individus » De notre envoyée Hajer Ajroudi –  Il y a une semaine, le jeune Mohamed Abou Azizi, diplômé universitaire s’est immolé par le feu. Au chômage, il faisait le marchand ambulant. A la suite d’un problème d’ordre administratif, ses nerfs lâchèrent. Il tenta de se suicider en s’immolant par le feu, mais fut sauvé à temps. Acte isolé ? Sans doute. Mais dans ce genre de situation, il y a  comme un effet d’entraînement. C’est la grogne. Les problèmes existentiels des jeunes remontent à la surface. Et pour mettre le feu aux poudres voilà qu’un autre jeune  avait perdu  la maîtrise de soi, et, connu pour ses écarts de conduite (d’après ses concitoyens) escalade un poteau électrique. Il est électrocuté et le malheureux y perd la vie. Sidi Bouzid est en pleine convulsion. Instrumentalisation, réactions épidermiques, revendications légitimes, tout y est. Encore une fois, manœuvrant avec dextérité et sens du patriotisme, les  forces de l’ordre agissent et rétablissent l’ordre, sans heurts et sans casse. Du moins, pas comme certains médias étrangers veulent le faire croire. Hier soir, nous entrâmes dans une  ville qui paraissait s’être assagie. Il commençait déjà à faire nuit, et, hommes, femmes et enfants, rentraient chez eux après une journée « normale » de travail. Quelques ambulances passaient pourtant, déchirant le silence dans le retentissement des sirènes ; on transportait les gens de Meknassi, une autre ville du gouvernorat à l’hôpital de Sidi Bouzid. Dans cette contrée également il y avait du grabuge… Nous nous sommes dirigés vers une cafétéria et ayant deviné que nous étions journalistes, une vingtaine de jeunes se sont rassemblés autour de nous. « Nous voulons parler, nous voulons dire ce dont nous souffrons », disaient-ils. Anis, 25 ans : « On n’a pas le droit de rencontrer les responsables » « Notre problème ici est qu’on n’a pas le droit de rencontrer les responsables, ou alors il faut glisser quelque chose pour le faire !! J’ai un diplôme en électricité depuis 2001 et pourtant je suis au chômage depuis des années. J’ai demandé un prêt BTS, la réponse fut que je n’y avais pas droit, puisque mon frère en a obtenu un. J’ai essayé de rencontrer l’ancien gouverneur, et on m’en a empêché. Très vite, je me suis trouvé en état d’arrestation… J’ai dû passer trois mois en prison. On est sept garçons et trois filles dans la famille. Ma sœur a une maîtrise en physique, obtenue en 2008 et elle est au chômage. Mon autre sœur travaille depuis 17 ans maintenant et n’est toujours pas titulaire. Mes deux plus jeunes frères sont handicapés et ne peuvent pas travailler. Et ma troisième sœur a été licenciée après 11 ans passés au sein d’une entreprise ayant déclaré finalement faillite. Evidement, elle n’a pas reçu d’indemnité. » Durant tout le temps qu’Anis parlait, d’autres l’interrompaient. Chacun voulait raconter son histoire et toutes les histoires se ressemblaient : diplôme en poche et chômage au bout du chemin ! Selim, 25 ans : « Dites-nous où et comment travailler ? » « J’ai poursuivi une formation en informatique et je suis au chômage depuis trois ans. Il n’y a pas de possibilité de travail ou alors il faut être « le fils d’untel », sinon avoir les moyens « de payer le poste »… Très vite un autre jeune, technicien supérieur en informatique industrielle et âgé de 27 ans, lui coupa la parole : « J’ai passé des années à Sousse à travailler comme maçon en parallèle de mes études pour pouvoir les payer et me voilà au chômage depuis deux ans. J’ai essayé d’obtenir un prêt et on me l’a refusé car je n’avais rien à hypothéquer ni de personne me cautionnant. Non seulement nos jeunes hommes ne trouvent pas d’emploi, mais nos jeunes filles ont subi « un chantage » de la part de certains anciens responsables lors de leurs requêtes d’emploi. Quelques uns leur ont demandé certains services… D’ailleurs bien des responsables ont tellement œuvré pour leur propre intérêt et l’intérêt de leurs proches que ces derniers vendaient même les tickets de grands matchs au marché noir ! Un autre jeune se joint aussitôt à la conversation s’écriant : « On est « méprisé » et même notre hôpital souffre d’un laisser-aller et d’un manque de propreté. Mon oncle a été hospitalisé et j’ai dû lui apporter moi-même la couverture, car il n’y en avait pas !! ». Le ministre de la Santé publique, intéressé par la situation et voulant améliorer les choses, a rendu visite à l’hôpital. Nous avons vu le personnel le nettoyer à l’occasion, et depuis… M. Ahmed, un homme d’âge mûr s’est alors mêlé à cet instant à la discussion afin de résumer la situation: « Les jeunes ici se trouvent en grand nombre au chômage et se sentent marginalisés, voire méprisés et humiliés. Le problème réside dans le fait que les responsables ayant été nommés ici et qui ont vidé les ressources du gouvernorat, se sont « servis » et ont toujours refusé d’écouter ces jeunes. Le nouveau gouverneur, armé de bonne foi et voulant vraiment faire quelque chose, a besoin de temps. Or ces jeunes ont déjà perdu confiance  en l’administration. Cette dernière a fini par perdre toute crédibilité. L’incident du jeune Mohamed, n’est que la goutte ayant fait déborder le vase. » M. Mourad Jlili, homme d’affaires « Ce qui s’est passé est une accumulation durant les cinq dernières années car on n’a pas de zone industrielle. Du coup, les investisseurs tunisiens ou étrangers ne trouvent pas d’emplacement pour leur investissement ici, notre région manque aussi d’infrastructures et de bureaux. Le taux de chômage est élevé comparé aux régions voisines. Il existe également un trafic des terres agricoles qui sont vendues à l’insu de leurs propriétaires, notamment à Rgab. Les subventions pour investissement sont seulement de 15% dans notre gouvernorat, alors que dans d’autres régions elles sont de 25%. Il n’y a pas eu de développement pendant cinq ans. Aucun nouveau projet n’a été lancé.» Leurs exigences ? Des usines et des entreprises étatiques pour leur créer des postes d’emploi. Pourquoi pas privés, puisque cela élargit le marché du travail  et les opportunités d’emploi? Car le public ne vole personne et le privé se remplit les poches. Et puis, il faut avoir des pistons pour intégrer les projets privés. Ainsi, les jeunes de Sidi Bouzid continuent de faire confiance à l’Etat, même si leur confiance dans les individus s’est effondrée. Ils placent tous leurs espoirs dans le secteur étatique … Le ministre de l’Intérieur et du Développement local a d’ailleurs visité la région et un budget lui sera consacré. Des projets seront lancés afin de créer des postes d’emploi. Ainsi se sont exprimés librement les jeunes que nous avons interviewés. Nous disons bien librement car il n’y avait guère de rétention à la parole. Ils étaient libres de parler. Et nous pouvions faire d’autant plus facilement notre travail que la ville était sécurisée. Dans les rues de Sidi Bouzid on ressent comme un  optimisme… Les mesures annoncées avaient fait leur effet. Les jeunes et les citoyens de Sidi Bouzid accueillent en effet avec soulagement et confiance ce train de mesures socio-économiques. Mais ce qui est certain c’est qu’ils n’ont confiance qu’en l’Etat. C’est sans doute trop injuste vis-à-vis du secteur privé. Mais la colère est toujours mauvaise conseillère. Demain, il fera jour…
 
(Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunisie) le 25 decembre 2010)

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation Indépendante de Droits humains 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com

Nouvelles des libertés en Tunisie

[…]


2) Mohammed Ammar continue sa grève de la faim pour son droit au travail Mohammed Ammar, ex prisonnier politique, poursuit sa grève de la faim illimitée pour le 18ème jour d’affilée afin d’exiger son droit à un emploi après que toutes les portes lui aient été fermées au nez et que sa situation sociale ait atteint un stade critique menaçant de famine et d’errance les membres de sa famille. […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispp.free@gmail.com Tunis, le 24 décembre 2010

Gafsa : nouvel épisode de la série des procès d’étudiants


Aujourd’hui, la chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de Gafsa (360 km au sud ouest de la capitale, Tunis) a examiné l’affaire N°3276 dans laquelle sont déférés en liberté les étudiants Fares Alibi, Mohammed Slimani, Farouk Amroussia et Houssem Amroussia pour dommages aux biens d’autrui, agression extrêmement violente et diffamation en vertu des articles 304 (3 ans d’emprisonnement et 1000 dinars d’amende), 218 (un an d’emprisonnement et 1000 dinars d’amende), 245 et 247 (6 mois d’emprisonnement et 240 dinars d’amende) du code pénal, à la suite des mouvements de protestation organisés par l’Union Générale des Etudiants de Tunisie à l’Institut préparatoire des études d’ingénieur de Gafsa le 13 avril 2010. L’audience d’aujourd’hui a été reportée au 24 mars 2011 afin que soit convoqués le reste des accusés et à la demande de la commission de la défense composée de Maîtres Ridha Raddaoui, Khaled Krichi, Choukri Belaïd, Khaled Aouaïnia, Radhia Nasraoui, Afef Zarrouk, Mourad Ferjani, Mohammed Jadlaoui et Faïçal Tlijani. […] Pour la commission des procès équitables Khaled Krichi  (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Observatoire tunisien des droits et libertés syndicaux

Jelma : Abdelkader Zayani en grève de la faim pour son passeport


Vendredi 24 décembre 2010 à huit heures de matin, Abdelkader Zayani a commencé une grève de la faim illimitée au local de l’Union locale du Travail de Jelma pour exiger son passeport. Abdelkader Zayani est au chômage. Il a étudié en Algérie, obtenu un capes d’anglais et il a été déféré en justice à son retour d’Algérie et condamné à un an et demi d’emprisonnement. Il est privé de passeport depuis près de dix ans. Un comité de soutien à Abdelkader Zayani s’est constitué à l’Union locale du Travail, dont le coordonnateur est le syndicaliste Ridha Abdellaoui. Observatoire tunisien des droits et libertés syndicaux (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 

Home – Accueil الرئيسية

 

Lire aussi ces articles

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.