25 avril 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2894 du 25.04.2008
 archives : www.tunisnews.net


FTCR: Cimetière marin Rouge: Révolte à Gafsa Le Figaro: Malgré plusieurs alertes, la Tunisie résiste à al-Qaida APN : « La censure transforme l’homme en âne et la société en écurie », estime un blogueur tunisien Afrik.com : Maghreb : qui sont les hommes d’influence ?  Portraits des vrais maîtres du sérail Jeune Afrique : France – Tunisie …Coopération tous azimuts Jeune Afrique: Au menu de Sarkozy Jeune Afrique: Almanach de l’islamophobie  Le Afriques: Tarak Ben Amar: Un Tunisien règne sur le cinéma français

 


 

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives

(FTCR)

Communiqué

Cimetière marin

Jeudi 24 avril 2008, une embarcation partie quatre jours plus tôt des environs de Chebba – Gouvernorat de MAHDIA, en direction du sud de l’Italie fait naufrage en pleine mer. Parmi les 26 candidats à l’émigration en Europe qui étaient à son bord, 23 sont présumés « disparus.»

En effet, trois cad avre s ont été retrouvés, ramenés par les eaux vers le littoral tunisien.

Cette nouvelle n’a, hélas, rien d’exceptionnel. Les naufrages en Méditerranée et les morts par noyade des candidats à l’émigration ou à l’asile font, depuis des années, partie de la routine. Le nombre de morts croît au fur et à mesure que l’Europe renforce sa politique sécuritaire et restreint les possibilités d’accès légal à son territoire.

C’est sans doute pour cela que la mort violente d’autant de personnes ne fait l’objet, au mieux, que de quelques dépêches.

En Tunisie, la presse nationale n’y a consenti que quelques lignes dans lesquelles est rapportée la déclaration officielle des autorités tunisiennes : « nous déployons des efforts importants pour empêcher les départs vers l’Italie, à partir de notre territoire et nous avons sérieusement alourdi les peines dont sont passibles ceux qui participent ou organisent de telles traversées »

Nous apprenons donc que l’Etat tunisien garantit qu’au cas où ces malheureux avaient la vie sauve, ils écoperaient de lourdes peines de prison.

La FCTR exprime ses sincères condoléances aux familles des victimes et au peuple tunisien. Elle les assure de toute sa solidarité pour cette nouvelle tragédie

La FTCR a contacté ses partenaires associatifs du sud de l’Italie et la LTDH – Ligue tunisienne pour les droits de l’homme ainsi que l’ACNUR (Antenne Locale du Haut Comité pour les Réfugiés) afin d’engager un travail d’enquête sur le sort des 23 personnes portées « disparues ».

La FTCR considère que les autorités européennes et celles de l’Italie en particulier ont de lourdes responsabilités dans cette tragédie, entre autres, parce qu’elles ont réussi à dissuader les sauvetages en mer. Elle rappelle que le lundi 28 avril 2008 aura lieu la prochaine audience du fameux procès des « sept pêcheurs d’Agrigente », des Tunisiens emprisonnés et poursuivis pour avoir sauvé la vie de 44 naufragé-e-s.

La FTCR tient, également, à rappeler que leurs bateaux sont toujours séquestrés et que les sept pêcheurs de Teboulba vivent dans une situation  extrêmement difficile sans que l’Etat tunisien n’ait bougé le petit pouce pour les aider. 

Ce même lundi 28 avril 2008, Monsieur Nicolas Sarkozy effectuera une visite d’Etat de trois jours en Tunisie, visite dans laquelle, il s’entretiendra avec Monsieur Ben Ali de l’Union pour la Méditerranée. Il y a à peine quelques jours, le Président français a encore osé déclarer que l’économie française a besoin de renfort de main d’œuvre mais que la répression de l’mmigration dite « clandestine » n’en sera pas moins renforcée.

La FTCR condamne avec force cette politique entretenue par les gouvernements des deux rives de la Méditerranée engendrant jour après jour des centaines de morts sous des stèles où ne figurent que des chiffres « Ici repose 102, de l’autre côté 508 et encore et encore… »

Deux ans après l’abolition de l’esclavage et de la traite transatlantique des êtres humains où des centaines de milliers d’Africains mourraient en mer pour que d’autres soient soumis au travail forcé dans les champs de coton, la FTCR propose une journée de deuil national pour les enfants de la Tunisie et de tous les pays du sud se jetant en mer dans l’espoir d’assurer de meilleures conditions de vie et une pleine dignité pour eux-mêmes et leurs proches. Elle appelle toutes les organisations, partis politiques et collectifs épris de justice et s’élevant contre l’esclavage moderne à faire de la journée du 10 mai une journée d’hommage et de commémoration aux morts pour la dignité.

Paris, le 25 avril 2008

Pour la FTCR

Mouhieddine CHERBIB

 

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)

3 rue de Nantes Paris 75019 Tél.: 01 46 07 54 04 Fax: 01 40 34 18 15

E-mail : ftcr2@wanadoo.fr          Site : www.ftcr.eu


 

TUNISIE

Révolte à Gafsa

 
La colère a éclaté sur le bassin d’exploitation minière de phosphate de Gafsa, au sud-ouest de la Tunisie, ravagé par le chômage. Les manifestations pour l’emploi et des conditions de vie décentes ont dégénéré en affrontements musclés avec la police durant la deuxième semaine d’avril. La répression policière, extrêmement dure, tente de contenir un mouvement social de protestation d’une rare ampleur. Elle a conduit à des arrestations et gardes à vue. Ce mouvement, qui couve depuis plusieurs mois, a été déclenché par la publication, en janvier 2008, des résultats du concours d’entrée à la compagnie Phosphates de Gafsa, le principal employeur de la région. La population et des associations de défense ont dénoncé la corruption, les fraudes et le népotisme auxquels a donné lieu ce recrutement. Des manifestations et des grèves ont alors éclaté dans tous les secteurs d’activité, touchant toutes les générations : jeunes, femmes, syndicalistes, enseignants, commerçants. La répression, comme d’habitude, a été brutale : barrages policiers, manifestants encerclés et molestés. Certains syndicalistes, victimes de passages à tabac et de mauvais traitements, ont été visés. Le secrétaire général de l’enseignement de base de Redeyef, Adnane Hajji, a révélé les manipulations de la phase de recrutement à la compagnie, allant jusqu’à dénoncer la complicité de cadres syndicaux locaux. Cela lui a valu le gel de son statut par la centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et sa traduction devant un conseil de discipline. Il a été arrêté alors qu’il souffre d’une grave insuffisance rénale. Son épouse a entamé une grève de la faim jusqu’à sa libération, intervenue quelques jours plus tard. Le paysage social de cette région oubliée du « miracle économique tunisien », un des gisements de phosphates les plus importants du monde, est très sombre. En 2007, le taux de chômage avoisinait 40 %, pour une moyenne nationale de 14 %. Les jeunes diplômés sont particulièrement touchés, ce qui explique leur frustration et leur colère à la parution des résultats. De plus, des pathologies liées à la pollution apparaissent alors que l’accès aux soins est difficile pour beaucoup. Les revendications les plus urgentes avancées sont la résorption du chômage, la création de grands projets industriels et l’affectation de moyens financiers au développement. Pour le moment, le président de la Répu- blique, Ben Ali, reste sourd et s’oppose à toute implication budgétaire accrue de l’État. Le gouvernement a choisi la répression par peur d’une extension de la lutte à d’autres domaines, tant le mécontentement grandit dans le pays. Concernant sa politique, Ben Ali n’a pas besoin d’esquiver les questions gênantes, car elles ne sont même pas posées. La liberté d’expression et d’information est inexistante, et l’ensemble des organes de presse nationaux observent le black-out sur la situation sociale du pays. Cette répression survient à l’occasion de l’« examen périodique universel », nouveau mécanisme de l’ONU pour évaluer les États en matière de droits de l’Homme. Au cours de celui-ci, le régime tunisien a su convaincre le jury de sa parfaite respectabilité ! Une déception pour les ONG nationales et internationales de défense des droits de l’Homme. Le 13 avril, des rassemblements de soutien se sont tenus en Tunisie, en Belgique et en France, notamment à Nantes, où vivent de nombreux Tunisiens originaires de la région. Selon le journal algérien El Khabar, 135 Gafsiens ont passé la frontière vers l’Algérie pour fuir faim et misère. Ils sont depuis retenus près de la frontière dans la wilaya de Tebessa. Alors que Sarkozy s’apprête à se rendre en Tunisie, du 28 au 30 avril, nous devons organiser une solidarité internationale avec les déshérités de Gafsa, condamner la répression violente et dénoncer le caractère policier du régime tunisien. Gisèle Felhendler
 
(Source; Rouge (hebdomadaire de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) n° 2249, 24/04/2008 Lien: www.rouge-hebdo.fr

 

 


 

Malgré plusieurs alertes, la Tunisie résiste à al-Qaida

 
Arielle Thedrel Confinés jusqu’ici en Algérie, les salafistes rêvent de déstabiliser toute l’Afrique du Nord. De notre envoyée spéciale à Tunis MALGRÉ l’enlèvement, fin février, de Wolfgang Ebner et d’Andrea Kloiber, les touristes n’ont boudé ni la route des ksours, ces châteaux forts du Sahara, ni la cité troglodyte de Matmata, étape incontournable dans la découverte du sud tunisien. C’est dans cette localité que l’on a perdu la trace des deux Autrichiens, après un coup de téléphone d’Ebner à son fils annonçant qu’il se dirigeait à bord de son 4 × 4 vers le grand erg oriental qui borde l’Algérie. Nul ne sait quand le couple a été kidnappé par un groupe islamiste armé algérien se réclamant d’al-Qaida, mais, malgré les dénégations des autorités tunisiennes, il est probable que l’enlèvement a eu lieu en Tunisie. Plusieurs observateurs n’excluent pas que les ravisseurs aient même bénéficié de complicités locales. « Dans tous les cas de figures, estime Samir Dilou, spécialiste des groupes islamistes armés, si, comme l’affirme le gouvernement, les deux touristes se sont aventurés jusqu’en Algérie, cela démontre la porosité des frontières et permet d’en déduire qu’un groupe armé peut lui aussi s’introduire sur le territoire tunisien ». Ce fut déjà le cas fin 2006 lorsqu’un groupe de djihadistes tunisiens venus d’Algérie fut appréhendé par les forces de sécurité près de Soliman, une bourgade aux portes de Tunis. L’affrontement s’était soldé par une douzaine de morts et l’arrestation d’une trentaine de jeunes Tunisiens jugés au début de l’année. Selon Samir Dilou, l’un de leurs avocats, « la plupart des accusés n’avaient en réalité qu’un vague lien avec le groupe de Soliman. Mais la règle en Tunisie est de ratisser large et profond ». Depuis le début des années 1990, l’épouvantail islamiste a permis au régime du président Ben Ali de légitimer une politique sécuritaire visant surtout à étouffer toute velléité de contestation. « Mais à présent, poursuit Samir Dilou, nous sommes passés d’une menace terroriste virtuelle à une menace réelle. Les camps d’entraînement d’al-Qaida se trouvent maintenant juste à côté, en Algérie, et le Sahel est devenu l’une de ses bases arrière. Tout indique que la Tunisie est devenue une base de recrutement et un relais logistique pour les salafistes ». Officiellement, les autorités tunisiennes contrôlent la situation. Le quadrillage de ce petit pays (un cinquième de la France) a été jusqu’ici dissuasif. À l’exception de l’attentat de ­Djerba en 2002, la Tunisie a été épargnée par les violences qui ont ensanglanté l’Algérie ou le Maroc. Selon l’avocat Raouf Ayadi, le gouvernement n’en redouterait pas moins des opérations kamikazes.
Procès en série Depuis « l’affaire de Soliman », plus de 1 300 personnes auraient été interpellées et il ne se passe pas une semaine sans que s’ouvre un procès contre des jeunes soupçonnés, à tort ou à raison, de vouloir s’embrigader dans des groupes armés. La plupart sont originaires d’un Sud déshérité où le taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale. Ayadi et Dilou, qui ont assuré la défense de nombreux islamistes ou prétendus tels, notent que, depuis le ralliement du GSPC algérien à l’internationale terroriste d’Oussama ben Laden, le parcours classique des apprentis djihadistes est en train d’évoluer. « Généralement, explique Me Ayadi, après s’être éventuellement entraînés en Algérie, ils sont expédiés en Irak via la Syrie où ils nouent le contact avec les réseaux terroristes ». Mais depuis peu, poursuit Samir Dilou, « plusieurs jeunes, qui auparavant n’avaient que l’Irak en tête, m’ont confié vouloir combattre dans leur pays d’origine » . Retransmise en direct sur toutes les chaînes satellitaires, l’intervention américaine a donné, selon Samir Dilou, « un formidable coup de pied dans la fourmilière islamiste  ». A en croire pourtant Hajmi Lourimi, « l’idéologie salafiste, foncièrement étrangère aux Tunisiens n’a ici aucune assise sociale  ». Lourimi est l’un des 25 000 militants islamistes incarcérés au début des années 1990 après le succès de leur parti, Ennahda, aux législatives de 1989. Ennahda (renaissance en arabe) a été interdit. Libéré l’été dernier après seize années de prison, Lourimi, qui n’a pu trouver un emploi, a repris, à 46 ans, ses études de philosophie. Il achève un master sur Le Discours philosophique de la modernité de Jürgen Habermas. « Ennahda était et demeure un mouvement réformiste. Mais la répression et l’absence de libertés font le lit de l’extrémisme. Plusieurs de mes anciens codétenus, arrêtés après 2003, m’ont avoué être des sympathisants d’al-Qaida ». À en croire des sources militaires américaines, la Tunisie représenterait par tête d’habitant le plus gros contingent de djihadistes en Irak…
 
(Source: Le site du journal « Le Figaro » le 25/04/2008 | Mise à jour : 20:45 | )

« La censure transforme l’homme en âne et la société en écurie », estime un blogueur tunisien

 

Natif de Bizerte, le b logueur tunisien Sami Ben Gharbia est un farouche défenseur de la liberté d’expression qui a préféré quitter son pays plutôt que de se taire. Après un long périple qui l’a mené du Tchad en Iran en passant par l’Arabie Saoudite, il vit aujourd’hui aux Pays-Bas qui lui a accordé l’asile politique. Son blog, « Fikra » (idée en arabe), est censuré en Tunisie depuis 2003 avec la complicité des logiciels fabriqués par Cisco Systems et Nice Systems, précise-t-il. Quand il ne blogue pas, Ben Gharbia occupe le poste d’Advocacy Director pour Global Voices, une organisation mondiale de blogueurs dont le but est de mettre en avant des sujets souvent ignorés par les médias traditionnels. Rencontre avec un homme qui ne pouvait se résoudre au « braiment». Dans le cadre d’un dossier consacré aux blogs, APN s’est entretenu avec les blogueurs les plus éminents du monde arabe. Cette semaine : la Tunisie.

 

APN : Pourquoi bloguez-vous ? Sami BenGharbia : Ma première expérience de blogging remonte à 2002. Mais c’est en 2003 que j’ai lancé mon site/blog personnel.  Auparavant, j’étais actif sur les sites et forums dissidents comme sur TuneZine.com et reveiltunisien.org où je publiait mes textes et prenait part au débat politique qui s’y déroulait.

En fait, la raison pour laquelle j’ai crée mon propre site était de publier mon e-livre Borj Erroumi XL , Voyage dans un monde hostile, mis en ligne le 31 octobre 2003 et qui raconte l’histoire de ma fuite de la Tunisie et mes voyages à travers la Libye, le Niger, le Tchad, l’Arabie Saoudite, la Syrie, l’Iran pour arriver enfin aux Pays-Bas où j’ai demandé l’asile politique.

J’ai toujours cru à la vielle formule arabe définissant l’être humain en tant qu’ «un animal qui parle » (al-insâno hayawânon nâtiq). Djalâl al-Dîn Rûmî, l’un des grands poète mystique musulman disait dans son Livre du Dedans (fîhî mâ fîhî), que  « La parole est la mesure de l’homme ». Dans son Dîwan, Le poète arabe par excellence, al-Motanabbî avait dit que : « La maigreur de mon corps suffit à attester que je suis un homme qui, s’il ne vous parlait pas, demeurerait invisible à vos yeux.»  Pour moi, dérober la parole à l’être humain équivaut à le priver de sa pensée, c’est-à-dire de sa quintessence. Toute entrave à la liberté d’expression, quelle soit une entrave d’ordre politique ou religieux ou social tend à transformer l’homme en animal ; à rabattre sa valeur. Avec la censure, la parole devient braiment, l’homme se transforme en âne et la société en écurie. D’où mon attachement à la liberté d’expression sur Internet, et sur les blogs en particuliers, qui a permis à l’individu de reconquérir sa citoyenneté pour aborder des sujets tabous et concurrencer parfois, bousculer, les médias traditionnels.

 

APN : Quelle différence voyez-vous entre un blogueur et un journaliste ? SBG : Un journaliste vend ses textes à des médias et vit de son activité et de ses écrits qui portent sur l’actualité. Il rapporte une information ou exprime son opinion. Mais souvent, il est tenu de respecter une ligne éditoriale, plus ou moins imposée. Chose qui le différencie du blogueur qui est, à la fois, l’auteur, l’éditeur et, de plus, le propriétaire du support sur lequel il publie ses écrits. Et, dans ce sens, on n’est pas obligé d’être journaliste pour respecter un code de déontologie et de conduite. On voit chaque jour des centaines de journalistes qui racontent n’importe quoi. Une revue de la presse quotidienne tunisienne, où la langue de bois a atteint des sommets, suffit pour s’en convaincre. Par contre, un grand nombre de blogueurs crédibles honorent le blogging et le journalisme citoyen. Je me souviens des propos du grand journaliste égyptien,  Mohamed Hassanein Heikal, sur Aljazeera, lorsque il a déclaré que sa confiance dans le blog égyptien Baheyya, qu’il lisait tous les matins, est plus grande que sa confiance dans les journalistes du pays.

APN : Qu’est-ce qui vous inspire ? SBG : Je suis de plus en plus intéressé par les sujets qui se rapportent à la liberté d’expression en ligne et par l’utilisation des nouvelles technologies d’information et les outils web 2.0 (les sites de partage de videos comme Youtube, Google Maps, Flikr, Facebook, Twitter, etc.) pour la défense d’une cause juste allant de la promotion du respect des droits de l’homme et des libertés jusqu’à la défense de l’environnement. Regardez comment les blogueurs égyptiens utilisent le Web pour combattre la torture ou comment les activistes tunisiens ou marocains utilisent la vidéo et les outils Web 2.0 pour dénoncer l’injustice et la corruption est un vrai plaisir. Quand la créativité et l’engagement citoyen des activistes se rejoignent, les adeptes du statu quo et de la répression perdent la bataille de l’information.

 

APN : Exercez-vous une autocensure sur vos écrits ? SBG : Ça arrive très rarement; lorsque je sens que ce que je vais dire peut causer plus de tort que de bien à la cause ou à l’idée que je défend, j’opte souvent pour des formules et des expressions moins « agressives ». Ceci dit, souvent je choisis la provocation qui est capable de susciter un débat où une réaction que je trouve intéressante.

 

APN : Quel fut votre post le plus populaire ? SBG : Selon les statistiques de mon blog, c’est le post « Que cherchent les Maghrébins sur Google? » qui semble attirer le plus de visiteurs. L’article en question étudie les tendances du cyber-comportement au Maghreb et en Tunisie en particulier en se basant sur Google Trends .L’autre sujet qui n’a jamais cessé d’intéresser journalistes et chercheurs du Web Social c’est « La carte des prisons Tunisiennes« . Il s’agit d’un travail de mushup (une technique de mixage d’applications composites et de services exposés sur le web pour en former un nouveau service) qui dresse une liste approximative des prisons tunisiennes installées sur une carte Google avec des témoignages vidéo et audio de prisonniers politiques en Tunisie.

 

(Source: Arab Press Network le 22 avril 2008)


Maghreb : qui sont les hommes d’influence ? Portraits des vrais maîtres du sérail

 

samedi 19 avril 2008, par Notre partenaire Matalana
 
Ils sont au centre de toutes les conversations, mais finalement on les connaît peu et mal. Ils fuient les mondanités, parce qu’ils n’ont pas besoin de s’afficher. Ils sont craints et enviés. Ces hommes – car ce sont tous des hommes –, qui ont souvent en commun le goût de l’intrigue et du secret, jouissent d’un privilège incommensurable dans des sociétés aussi pyramidales que les sociétés maghrébines : celui de l’extrême proximité et même parfois de la familiarité avec les chefs. Loyaux serviteurs, ils savent cependant rester à leur place et ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas : des dauphins ou des héritiers putatifs. Ce sont les hommes de l’ombre, les conseillers du Prince, les vrais décideurs. Ils sont beaucoup plus puissants et influents que les ministres dont ils peuvent faire ou défaire les carrières. Dans son dernier numéro, en kioske actuellement, le magazine Matalana lève un coin du voile. Extraits du dossier réalisé par Khaled A. Nasri Parfois éminences grises, parfois confidents, souvent les deux à la fois, les hommes d’influence peuvent, dans les configurations les plus extrêmes, celles du Maroc ou de la Tunisie, commander l’accès au bureau du dirigeant. Rabat, Tunis, Alger, Le Caire, Tripoli : plongée, en cinq étapes et en images, au coeur des galaxies du pouvoir.
Maroc : du collège au sérail Fouad Ali el-Himma, 44 ans. C’est le plus proche conseiller de Mohammed VI, son ami intime aussi, le copain des bons et des mauvais jours. On le présente souvent comme le numéro deux officieux du régime, ce qui est contresens absolu : ce rôle a disparu avec la mise à la retraite de Driss Basri. Fils d’un instituteur originaire de la région des Rhamna, située à mi-chemin entre Casablanca et Marrakech, il est entré au Collège royal sur le tard, en classe de seconde, et n’a plus quitté le prince héritier. Après des études de droit, il effectue un long passage au ministère de l’Intérieur, entre 1986 et 1995, puis devient directeur de cabinet du Prince. Au lendemain du limogeage de Driss Basri, il devient ministre délégué à l’Intérieur, poste qu’il conserve pendant huit ans. En tandem avec le général Hamidou Laanigri, puis seul, après la mise à la retraite de ce dernier, il supervise les dossiers chauds (…). Yassine Mansouri, 46 ans. Nommé début 2005 à la tête de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), la CIA marocaine, cet ancien condisciple de Mohammed VI au Collège royal, est l’homme de confiance du roi. Discret et affable, pieux et austère, réputé pour ses qualités d’écoute – ce n’est pas un euphémisme ! – ce fils de notable de Bejaad a fait ses classes au ministère de l’Information, où il est entré auprès du tout-puissant Driss Basri. Il est initié au renseignement et Hassan II décide en 1992 de l’envoyer en stage… au FBI américain ! En 1997, Driss Basri, rendu paranoïaque et nerveux par les rumeurs alarmantes sur sa santé, le renvoie du ministère de l’Intérieur  : il le soupçonne de l’espionner au profit du prince héritier. La traversée du désert ne dure que deux ans. En novembre 1999, Mohammed VI bombarde Yassine Mansouri directeur de la MAP, l’agence publique de presse marocaine. Il y officie quatre ans avant de retourner à l’Intérieur, comme directeur général des affaires intérieures, le département le plus important. Il supervise notamment les élections communales de 2003, organisées peu après les attentats kamikazes de Casablanca, et qui avaient valeur de test. Introduit dans tous les milieux, Yassine Mansouri atterrit donc à la DGED en 2005. C’est lui qui est chargé de prendre langue avec les nouvelles autorités mauritaniennes au lendemain du renversement de Maâouiya Ould Sid’Ahmed Taya par Mohamed Ely Ould Vall. Grand coordinateur de la lutte antiterroriste – question d’ordre vital aujourd’hui au Maroc – c’est aussi un excellent connaisseur des affaires sahariennes, qui chapeaute directement les négociations avec le Polisario, dont le troisième round doit s’ouvrir prochainement aux Etats-Unis. 80 Avril 2008 Rochdi Chraïbi. Arrivé sur le tard – en même temps que Fouad Ali el-Himma – au Collège royal, Rochdi Chraïbi n’a pas tardé à entrer dans le premier cercle des amis de Sidi Mohammed. Fils d’un instituteur de Ouarzazate, il est maintenant le directeur de cabinet du roi. Il a connu quelques disgrâces passagères, rançon de son extrême proximité avec le monarque, qu’il voit quotidiennement, et est et restera un personnage incontournable de la cour. Hassan Aourid, autre figure historique des années Collège, est l’atypique de la bande. Fort en thème, éternel premier de la classe, docteur en sciences politiques, ce militant de la cause amazighe (berbère) a été nommé en 1999 à un poste inédit : celui de porte-parole officiel du Palais. Son étoile a semblé pâlir depuis, et il est actuellement wali (gouverneur) de la région de Meknès. Mais il a gardé des rapports étroits avec le monarque et pourrait bien rebondir.

Tunisie : l’éminence grise et le mauvais génie

Abdelwaheb Abdallah, 68 ans. Ennemi juré des libéraux et de tous les partisans de l’ouverture du régime, il passe pour l’architecte et le maître d’oeuvre de la politique de verrouillage de l’information. Décrit comme l’âme damnée ou le mauvais génie du Président, ce monastirien habile et intelligent, ancien professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi), ancien directeur de la TAP, l’agence de presse officielle, intègre le gouvernement, en septembre 1987, comme… ministre de l’Information. Après un intermède de deux ans à Londres, entre 1988 et 1990, il devient ministre-conseiller et porte-parole du président de la République, poste éminemment stratégique, qu’il conserve treize ans. Plus apparatchik qu’électron libre, l’inamovible « AA » connaît pourtant une semi-disgrâce en novembre 2003, quand les attributions de porte-parole lui sont brutalement retirées pour être confiées à Abdelaziz Ben Dhia. Mais il conserve son bureau au palais de Carthage et continue d’exercer son influence en coulisses. Dix-huit mois plus tard, début 2005, il est nommé aux Affaires étrangères. Un poste auquel il n’était pas spécialement prédisposé. Le choix d’« AA » ne doit cependant rien au hasard : Zine el-Abidine Ben Ali veut un homme sûr pour piloter la réussite du Sommet mondial sur la société de l’information, organisé à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005. Décrit comme un véritable Mazarin, Abdelwaheb Abdallah, dont la femme, Alia, préside le conseil d’administration de l’Union internationale de banques (UIB), passe aussi pour être un proche de Leïla Trabelsi- Ben Ali.
Abdelaziz Ben Dhia, 70 ans. Natif de Moknine, ce professeur de droit privé, ancien doyen de la faculté de Tunis, est issu d’une famille nationaliste de la moyenne bourgeoisie sahélienne. Homme des dossiers sensibles et des missions secrètes, le ministre d’Etat, conseiller spécial et porte-parole du Président est parfois présenté comme l’éminence grise de Zine el-Abidine Ben Ali. C’est en réalité son premier collaborateur. Abdelaziz Ben Dhia a débuté sa carrière ministérielle en 1978, à l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique. Assez discret, ce politicien tout en rondeurs et amateur de bons mots est devenu un des piliers du régime depuis qu’il a été propulsé, en 1996, à la tête du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir, après cinq années passées au ministère de la Défense – un poste nettement moins exposé que l’Intérieur, la Tunisie ne possédant qu’une armée de dimension restreinte. Caution libérale du gouvernement sous Habib Bourguiba, Abdelaziz Ben Dhia s’est transformé sous Zine el-Abidine Ben Ali en apparatchik modèle, et excelle dans le rôle de grand ordonnateur du « soutien inconditionnel et spontané » au Président. Plus royaliste que le roi, c’est lui qui a coordonné la campagne du candidatprésident en 2004. Son légalisme, sa loyauté et son absence d’ambition avouée expliquent en partie son ascension. Mais en partie seulement. Zine el- Abidine Ben Ali apprécie aussi ses qualités de juriste. Abdelaziz Ben Dhia a, en effet, été le principal artisan de la révision de la Constitution opérée en 2002 et c’est lui qui a rédigé l’amendement levant l’interdiction faite au Président d’exercer plus de trois mandats successifs…
Algérie : à l’ombre de l’armée Saïd, Mustapha et Abdenacer Bouteflika : les frères du patron. Aîné d’une fratrie de sept enfants – il a trois frères et deux soeurs – Abdelaziz Bouteflika consulte régulièrement les membres de sa famille, y compris sa mère, très âgée mais toujours écoutée. Saïd Bouteflika, son frère cadet, est peut-être son conseiller le plus influent. Universitaire, c’est un ancien syndicaliste qui a conservé des antennes dans différents milieux. Le Président, qui redoute le syndrome de la tour d’ivoire, le sollicite fréquemment pour prendre le pouls de la société. Mustapha, lui, est son médecin personnel. Et sans doute le dépositaire du secret le mieux gardé d’Algérie : la santé du Président, opéré en urgence, officiellement d’un ulcère hémorragique, fin 2005. Mais, pour nombre d’observateurs, « Boutef » souffrirait en réalité d’un cancer de l’estomac… Enfin, Abdenacer, juriste et secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle, intervient aussi régulièrement pour faire valoir ses avis auprès de son aîné. Egypte : Omar Souleimane, l’indispensable Ce général de 72 ans qu’on dit cardiaque est pourtant depuis une douzaine d’années le plus proche collaborateur d’Hosni Moubarak, son oeil et son oreille. Apprécié à la fois des Egyptiens, des Américains, des Israéliens et des Palestiniens, ce professionnel du renseignement est au centre des dispositifs sécuritaire et diplomatique du vieux pharaon. Diplômé de l’académie militaire soviétique de Frounze, mais aussi de l’université du Caire – en droit et en sciences politiques –, il prend la tête des services de renseignement de l’armée, en 1989, et, à ce titre, coordonne le déploiement des troupes égyptiennes en Arabie saoudite, pendant la première guerre du Golfe (1990-1991). En mars 1991, il devient le chef des moukharabarates, avec rang de ministre. Il gagne la confiance aveugle d’Hosni Moubarak quand il lui sauve la vie, en juin 1995. Alerté sur la présence possible de terroristes du Djihad islamique à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, où devait se rendre le raïs pour un sommet de l’Organisation de l’unité africaine, il insiste pour que le Président ne circule qu’en voiture blindée. L’attaque du cortège officiel lui donne raison, mais le raïs est indemne. Garant de la stabilité du régime, Omar Souleimane a la haute main sur tous les dossiers sécuritaires depuis le limogeage d’Hassan el-Alfi du ministère de l’Intérieur, en novembre 1997. Il dispose également d’un épais carnet d’adresses à l’étranger et s’est transformé en infatigable négociateur de trêves dans le conflit israélo-palestinien. Et est tout naturellement devenu, comme envoyé spécial personnel d’Hosni Moubarak auprès des dirigeants de la région, un des hommes clefs du Moyen- Orient. Libye : la loi du clan Abdallah Senoussi, l’époux d’une des soeurs de Safia, l’épouse du Guide. Il est maintenant numéro deux des services secrets extérieurs, et qui a écopé d’une condamnation par contumace à la prison à vie pour son implication dans l’attentat contre le DC 10 d’UTA, en 1988, a guidé les premiers pas sur la scène politique du fils du Guide, Seif el-Islam. Il jouit de l’entière confiance de Mouammar Kadhafi, qui s’appuie désormais résolument sur son réseau familial pour gouverner, puisque son autre éminent conseiller est Ahmed Kaddafeddam, son propre cousin, qui le suit comme son ombre dans tous ses déplacements. Mais le véritable homme fort, derrière le Guide évidemment, se nomme Moussa Koussa. C’est un janissaire sans états d’âme entièrement dévoué à un maître qu’il comprend en un clin d’oeil. Né à Tripoli, en 1950, il a effectué une partie de ses études aux Etats-Unis, dans le Michigan, avant d’entrer dans les services secrets. Aujourd’hui patron des services spéciaux, il a trempé dans tous les coups tordus du régime avant de gérer les dossiers les plus sensibles : le règlement de l’affaire de Lockerbie, la renonciation par la Libye à son programme d’armes de destructions massives, la libération des infirmières bulgares. Négociateur hors pair, cet homme, qui a longtemps symbolisé la face sombre de la Jammahiriya, est devenu l’interlocuteur obligé et respecté des Occidentaux, et notamment du secrétaire général de la présidence française Claude Guéant.
 
(Source: Afrik.com le 19 avril 2008)


 

France – Tunisie
Coopération tous azimuts
 
 
L’Union pour la Méditerranée (UPM), la gestion concertée des flux migratoires, la coopération dans le domaine de l’éducation et de la formation et les contrats économiques seront les principaux axes de la visite d’État qu’effectuera Nicolas Sarkozy en Tunisie, du 28 au 30 avril, à l’invitation de son homologue tunisien Zine el-Abidine Ben Ali. Le président français sera accompagné par son épouse, Carla Bruni, et par une forte délégation ministérielle comprenant notamment Rachida Dati (garde des Sceaux), Rama Yade (Droits de l’homme), Fadela Amara (Politique de la ville), les têtes d’affiches de la diversité, ainsi que les ministres des Affaires étrangères et de l’Immigration, Bernard Kouchner et Brice Hortefeux…
 
Le chef de l’État français prononcera un discours devant les participants du forum d’affaires tuniso-français, le 29 avril, à Gammarth, sous l’égide de l’Utica et du Medef, les patronats tunisien et français. Et devrait, le lendemain, visiter la région de Sousse, dont est originaire son homologue tunisien. Sarkozy, contrairement aux usages, ne logera pas dans l’une des villas des hauteurs de Gammarth dédiées aux chefs d’État invités par la République tunisienne, mais à l’hôtel The Residence. Un établissement luxueux qui propose des soins de thalassothérapie, et où il a ses habitudes.
 
Les deux présidents apposeront leur signature au bas de l’accord de gestion concerté des flux migratoires, taillé sur mesure pour s’adapter aux spécificités de la main-d’œuvre qualifiée tunisienne, qui sera le premier du genre jamais signé entre la France et un pays de la rive sud de la Méditerranée (voir J.A. n° 2466). Le projet d’UPM, sévèrement amendé sous l’injonction de la chancelière allemande Angela Merkel, figurera aussi au cœur des entretiens bilatéraux. Il est peu probable, en revanche, que le président français se hasarde à faire la leçon à son homologue sur la question des droits de l’homme, même si la présence de Rama Yade dans la délégation semble indiquer que le dossier ne sera pas totalement mis sous l’éteignoir. La secrétaire d’État aux Droits de l’homme, qui fait office de « conscience morale » du gouvernement Fillon, a d’ailleurs eu ces dernières semaines des contacts informels avec des représentants de l’opposition et de la dissidence démocratique.
 
Enfin, et même s’il ne vient pas pour chasser les gros contrats, le président français aura à cœur de faire avancer les intérêts d’Airbus. Le XIe plan tunisien (2007-2011) prévoit en effet une enveloppe de 450 millions de dinars (245,8 millions d’euros) pour le renouvellement de la flotte de Tunisair. De leur côté, les Tunisiens attendent avec impatience de connaître la décision de Latécoère, l’un des plus importants fournisseurs de l’avionneur européen, qui hésite entre la Tunisie et le Maroc pour l’implantation d’une de ses usines. S’achemine-t-on vers un troc Airbus contre usines ? Sans doute.
 
En revanche, rien n’est acquis en matière de nucléaire civil. La filière intéresse les Tunisiens, mais ils jugent que les « méga-centrales à la française » excèdent largement leurs besoins en énergie.
 
(Source: Jeune Afrique (Magazine hebdomadaire – France), N° 2467 du 20 au 26 avril 2008)
 
 


 
Au menu de Sarkozy
 
« Carla sera-t-elle du voyage ? » C’est la question qui était sur les lèvres du Tout-Tunis à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy du 28 au 30 avril. L’épouse du président français viendra en effet. Le couple sera logé à la résidence officielle que l’État tunisien met à la disposition des chefs d’État étrangers sur les hauteurs de Gammarth, au nord de Tunis. Au premier stade de la préparation du voyage, l’ambassade de France avait réservé l’hôtel Résidence (voir p. 48) qui se trouve non loin de là, mais le président Ben Ali a insisté pour que son hôte dispose de la résidence d’État comme il se doit pour une telle visite.
Les deux chefs d’État assisteront à la signature d’une dizaine de contrats et accords. Le contrat le plus élevé, d’un montant de 1,4 milliard d’euros, porte sur l’achat d’une dizaine d’avions Airbus par la compagnie nationale Tunisair.
La visite commencera par des entretiens entre les deux présidents dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy dans le milieu de l’après-midi du 28 avril. Ils seront suivis par un dîner officiel au Palais de Carthage auquel devraient assister les deux premières dames. Le couple français devrait repartir pour Paris le 30 en fin de matinée depuis l’aéroport de Monastir.
 
(Source: Jeune Afrique (Magazine hebdomadaire – France), N° 2467 du 20 au 26 avril 2008)
 
 


Almanach de l’islamophobie
par FAWZIA ZOUARI
 
Il ne se passe plus un jour sans que l’Europe ne prenne à partie l’islam et les musulmans. Je me propose de vous fournir l’almanach de ces attaques grotesques, ?moi qui vous ai habitués à la liste des fatwas ridicules. Façon de montrer que la bêtise est la chose la mieux partagée au monde. Voici donc le calendrier à rebours de l’islamophobie.
Avril 2008 : profanation du cimetière de Notre-Dame-de-Lorette par des barbares qui se réclament d’un pays civilisé. Depuis, je suis devenue une fan de Rachida Dati, je vous jure !
Mars : un haineux parlementaire hollandais diffuse sur Internet un film-pamphlet contre le Prophète de l’islam. Devant l’offense faite à une communauté de plus d’un milliard de musulmans, l’Europe hausse à peine le sourcil, le film tournera en boucle, au nom d’une sacro-sainte liberté d’expression à deux vitesses, comme tout le monde sait.
Mars encore : la presse occidentale publie le portrait d’un journaliste égyptien assorti d’une notoriété inventée, un illustre inconnu, wallah ! qui va devenir, par la grâce de sa conversion au christianisme, un VIP du Vatican. Qu’un musulman rejoigne la maison du Christ, c’est son affaire. Mais que le pape ait l’impudeur de fêter en grande pompe l’entrée dans la maison chrétienne, dite de l’Amour, de quelqu’un dont les propos suintent la haine contre ses ex-coreligionnaires, non ! Saviez-vous que Maurice Béjart est mort musulman ? Pas sûr. Parce que les médias n’ont pas cru bon de le signaler. La conversion de l’un des plus grands artistes du XXe siècle n’a pas bénéficié de publicité. Et c’est tant mieux. Les muftis de l’islam ont eu la décence de ne pas faire leur propagande sur son dos. Et puis si les mosquées commençaient à faire des youyous autour de convertis pourfendeurs du Christ et profanateurs de Marie, je me sentirais très mal.
Février : les caricatures de Mohammed bénéficient de nouveaux procès et, par conséquent, de nouvelles publications, comme si les précédentes ne suffisaient pas. L’Europe s’offusque devant ces « hordes » de musulmans descendus dans les rues d’Amman ou de Karachi, oubliant que c’est elle-même qui a déclaré les hostilités. Quelques semaines auparavant, la même Europe se disait prête à payer de sa poche la sécurité d’une Somalienne qui avait enrichi l’humanité d’une œuvre majeure : tirer sur la barbe de quelques enturbannés aux frais du contribuable hollandais !
On ne va pas me dire que toutes ces provocations partent de bons sentiments. Que la confusion entre terrorisme et islam n’est pas savamment entretenue. Qu’il ne s’agit pas d’une imposture consistant à confondre haine et critique, insulte et liberté d’expression. Je ne voulais pas conclure à la théorie du complot. Mais, l’autre jour, un de mes collègues m’a dit : « Fawzia, tu n’as rien compris, tout ça, c’est de la politique. » Je vais finir par lui donner raison.
 
(Source: Jeune Afrique (Magazine hebdomadaire – France), N° 2467 du 20 au 26 avril 2008


Tarak Ben Amar: Un Tunisien règne sur le cinéma français

  Il est de Tunisie, pays du cinéma africain, mais c’est bien sur le 7e art français qu’il règne.

Par Chérif Elvalide Sèye, Dakar
 
La ministre française de la Culture, Christine Albanel, s’émeut de cette opération de concentration.

Tous les laboratoires cinématographiques français appartiennent à un Africain. Le Tunisien Tarak Ben Amar, en l’occurrence. En rachetant, le 19 décembre 2007, les laboratoires de développement de films Eclair, le Tunisien totalise désormais un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros et un effectif de 820 salariés. Ce n’est plus l’Afrique qui craint la mainmise occidentale. C’est la ministre française de la Culture, Christine Albanel, qui s’émeut de cette « opération de concentration » et prévoit de rencontrer le magnat venu de l’autre côté de la Méditerranée. Les trois organisations françaises d’auteurs, réalisateurs et producteurs de cinéma, l’ARP, la SACD et la SRF, s’inquiètent également des éventuelles conséquences sociales de l’opération. Le Tunisien rassure. « J’ai racheté des laboratoires qui étaient au bord du dépôt de bilan, j’ai investi 50 millions d’euros sur cinq ans pour les renflouer et les préparer au numérique et j’ai sauvegardé l’emploi. Je suis un homme de cinéma, pas un banquier, ni un spéculateur, je gère ces sociétés en bon père de famille ».

Long chemin Qu’il est long le chemin qui mène au faîte du cinéma ce fils, né le 12 juin 1949, d’un père tunisien et d’une mère corse catholique, convertie à l’islam pour épouser son père. Ce que n’exige toutefois pas l’islam. C’est pourtant un lycée américain catholique de Rome qu’il fréquente à treize ans, car le père est diplomate tunisien. Puis, c’est l’Université catholique de Georgetown, aux Etats-Unis, qui l’accueille. Diplômé d’économie, il est admis à la célèbre Harvard, mais ne la rejoint pas. Piqué par le virus du cinéma, il monte en Tunisie sa propre société de production, Carthago Films. Peut-être ébloui par les lumières et la magie du cinéma. Sa terre natale est un pays de cinéma. Il a dix-sept ans quand le ministre tunisien de la Culture, Chedli Klibi, lance en 1966 les Journées cinématographiques de Carthage, la première manifestation du genre dans le monde arabe pour « un dialogue, franc, lucide, sans arrière-pensées. Un tel dialogue ne peut conduire qu’à une meilleure connaissance réciproque entre Africains et Européens, entre Méditerranée du Sud et Méditerranée du Nord », explique le ministre. Le premier lauréat, Tanit d’or du festival, est le Sénégalais Ousmane Sembène pour La Noire de…, alors que le Tanit d’argent récompense Le premier cri, du Tchécoslovaque Jaromil Jires.

Son ascension est brutalement remise en question par le fiasco de Pirates, film qu’il produit pour Roman Polanski.

Festival Outre son festival, la Tunisie abrite de très beaux sites qui attirent de plus en plus de cinéastes qui viennent y tourner. Ben Amar voit le parti à en tirer. Il va s’occuper des gros tournages de films. Avec de sérieux atouts. Il est le neveu du président Bourguiba, par sa tante Wassila, l’épouse de l’homme fort tunisien. Il a ses entrées et peut ouvrir toutes les portes. Il est aussi polyglotte. Il parle italien, vestiges de ses études au lycée catholique de Rome, anglais pour avoir poursuivi ses études aux Etats-Unis. Sans compter l’arabe et le français qui sont pratiquement ses langues maternelles en tant que Tunisien. Les réalisateurs attirés par le soleil et les paysages diversifiés tunisiens sont heureux de pouvoir compter sur quelqu’un qui s’occupe de toute la logistique. Surtout qu’il ne rechigne pas à la tâche. Il est ainsi à la fois assistant, régisseur, comptable et, à l’occasion, chauffeur. Le premier grand film qu’il produit est Les Magiciens, de Claude Chabrol, en 1976. Progressivement, Carthago Films monte en puissance. Il participe au tournage en Tunisie d’une soixantaine de films dont les plus connus sont La Guerre des étoiles et Les Aventuriers de l’Arche perdue. Il acquiert bientôt une envergure internationale. Il commence à constituer un véritable empire, avec en Tunisie une nouvelle pièce, les Studios Imperium. De son passage italien, peut-être ses liens avec Silvio Berlusconi. Il produit avec lui une série sur la chute de l’Empire romain, Anno Domini, en 1983. C’est un succès commercial et financier. Le partenariat avec son ami italien se poursuit. En 1989 il crée une nouvelle société, Quinta Communications, en association avec lui. Le capital de la société est de 130 millions de francs français.

Coup dur Ses qualités de gestionnaire prudent ne lui évitent pas les coups durs. Son ascension est brutalement remise en question par le fiasco de Pirates, film qu’il produit pour Roman Polanski. Il est embarqué dans un imbroglio juridico-financier. Mais le dénouement est aussi inattendu que salvateur. Il gagne le procès contre la major américaine Universal. Près de 14 millions de dollars de dommages et intérêts lui sont versés. Une première dans l’histoire du cinéma. Son empire cinématographique se consolide avec l’acquisition du groupe Quinta, qui regroupe une grande partie des industries techniques du cinéma français (image, postproduction, effets spéciaux, son). L’acquisition d’Eclair fait de lui le numéro un de la production française et une très bonne place dans le cinéma européen. L’Europe ? Il achète pour 85 millions d’euros, 75% d’Eagle Pictures, le premier distributeur indépendant italien, et s’intéresse à des actifs en Scandinavie et en Allemagne. En Amérique du Nord, il entre à hauteur de 15% au sein du capital du Canadien Alliance, spécialisé dans les films indépendants américains, qui possède le Britannique Momentum et l’Espagnol Aurum. Il ne cache pas ses ambitions. Les majors américaines contrôlent 70% du marché de la distribution de films en Europe. « Il reste 30% à prendre pour une major européenne ! » La sienne, bien évidemment.

« Je suis un homme de cinéma, pas un banquier ni un spéculateur, je gère ces sociétés en bon père de famille. »

Diversification Le cinéma dompté, il diversifie ses activités. En 1995, il entre de plain-pied dans l’univers des médias. Il est nommé administrateur et membre du conseil d’administration de Mediaset, la société qui regroupe les chaînes italienne et espagnole de Silvio Berlusconi. Il rachète aussi à Rupert Murdoch deux fréquences hertziennes italiennes, Europa TV et Prima TV. En France, il est propriétaire de 14% du capital de la chaîne de télévision bretonne TV Breizh. « Je veux monter d’ici à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine un fonds d’investissement dans les médias avec ceux qui me font confiance. » Vincent Bolloré, un autre de ses amis, qu’il a aidé à entrer dans le conseil d’administration de la prestigieuse banque d’affaires italienne Mediobanca, se dit déjà prêt à l’accompagner : « Tarak n’est plus un intermédiaire, mais un investisseur à part entière. Voilà plusieurs mois que je lui conseille de bâtir son propre groupe et je l’accompagnerai s’il le souhaite. » Tarak Ben Amar est désormais membre du gotha des hommes du cinéma et de la communication. Ses amis sont Silvio Berlusconi, Leo Kirch, Rupert Murdoch, sans oublier le prince saoudien Al Waleed, qu’il a convaincu d’investir dans les médias. A Tunis, il habite dans les quartiers les plus huppés. A Paris, une grande villa à la Porte d’Auteuil. Il y reçoit le téléphone mobile à portée de main. En 25 ans, pour plus de 500 millions de dollars, Ben Ammar a produit plus de 50 films. Un tel succès n’est pas bien vu par tout le monde. Surtout qu’il s’est engagé en 2004 dans la controversée La passion du Christ de Mel Gibson. Sans doute se sent-il de taille à affronter ceux qui l’accusent d’antisémitisme.

(Source: Le Afriques (Le journal de la finance africaine) Le 15 avril 2008)

 

 

 

 

 

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