24 mars 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2861 du 24.03.2008

 archives : www.tunisnews.net

 


AP: L’ultimatum des ravisseurs officieusement prolongé AFP: Vienne garde l’espoir de faire libérer ses deux otages enlevés par Al-Qaïda AFP: Allemagne: inquiétude face au renforcement d’Al-Qaïda au Maghreb Chokri YACOUB: Ben Ali : Le roi de la tondeuse a gazon Houcine Ghali, Genève: A jebeniana, des vendeuses travaillent douze heures pour un salaire journalier de 4 dinars!!! Le Temps Lundi: Interview de notre invité de ce lundi : Ahmed brahmi, 1er Secrétaire. du Mouvement Ettajdid  Le Temps Lundi: « Look » extraverti des lycéens Bruno Guigue: Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU AFP: France: un haut fonctionnaire limogé pour un article “anti-israélien” Abd Raouf Chouikha: Pauvre liberté d’expression Oumma: Silence dans les rangs ! Oumma: La honte AFP: Turquie: le parti au pouvoir cherche à éviter d’être frappé d’interdiction

 


 

L’ultimatum des ravisseurs officieusement prolongé

Associated Press (AP)  23/03/2008 15h42 L’ultimatum lancé par les ravisseurs de deux touristes autrichiens enlevés le 22 février en Tunisie par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a été officieusement prolongé, a-t-on appris auprès du ministère autrichien des Affaires étrangères. Al-Qaïda au Maghreb islamique avait initialement donné jusqu’à minuit dimanche (23h GMT) à l’Autriche pour faire libérer certains de ses membres emprisonnés en Tunisie et en Algérie, en échange des otages Wolfgang Ebner et Andrea Kloiber, qui auraient été conduits dans le nord du Mali. Le groupe, qui réclamerait également une rançon de cinq millions d’euros, a averti qu’il tuerait les otages en cas de tentative de les libérer par la force. Toutefois, le gouvernement autrichien sait par de «nombreux contacts en cours» qu’il dispose d’un délai supplémentaire, a expliqué à l’Associated Press un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Vienne, Peter Launsky-Tieffenthal. La cellule de crise chargée de gérer cette affaire, constituée de responsables de la chancellerie et de trois ministères clés (Affaires étrangères, Intérieur, Défense), s’est réunie au cours de la journée de dimanche. M. Launsky-Tieffenthal n’a pas voulu dire si les négociations avec les ravisseurs étaient entrées dans une phase décisive. Il a simplement affirmé que des efforts intensifs ont été engagés dans toute la région du Maghreb pour faire libérer les deux touristes. L’émissaire autrichien Anton Prohaska agit notamment au Mali, où se trouveraient ses deux compatriotes. Samedi, le leader d’extrême droite autrichien Jorg Haider, gouverneur de la province de Carinthie (sud), a déclaré à l’agence APA que le fils du dirigeant libyen Moammar Kadhafi, Seïf al-Islam, négociait avec les preneurs d’otages et était «très optimiste» quant à la possible libération des deux Autrichiens. M. Haider a précisé aujourd’hui à la même agence qu’il s’agissait d’une initiative secrète et personnelle de Seïf al-Islam, qui n’avait pas été préparée en concertation avec le ministère autrichien des Affaires étrangères. L’ultimatum initial, fixé au 16 mars, avait été reporté d’une semaine quelques heures seulement avant son expiration.


Vienne garde l’espoir de faire libérer ses deux otages enlevés par Al-Qaïda

24 mars 22:19 – VIENNE (AFP) – Vienne gardait l’espoir lundi de faire libérer deux Autrichiens enlevés dans le sud tunisien, dont les ravisseurs ont prolongé lundi leur ultimatum jusqu’au 6 avril, le précédent ayant expiré dans la nuit de dimanche à lundi.

 

Dans un communiqué intitulé “dernier ultimatum”, la branche d’Al-Qaïda au Maghreb a accordé lundi “une prolongation supplémentaire de deux semaines qui expirera dimanche 6 avril 2008 à minuit”.

Le groupe a également averti qu’après cette date “l’Autriche, la Tunisie et l’Algérie” seraient “tenues pour responsables de la vie des otages”, selon une association américaine de surveillance des sites islamistes, SITE Intelligence Group.

Le ministère autrichien des Affaires étrangères, qui coordonne les efforts en vue de la libération des deux touristes, n’a pas voulu confirmer lundi soir le nouveau délai annoncé par les ravisseurs islamistes. Le porte-parole Peter Launsky-Tieffenthal s’est contenté de réitérer ses commentaires de la matinée : “nous avons plus de temps pour les négociations” en vue de faire libérer les deux otages.

Dans la matinée, le porte-parole avait assuré que Vienne “poursuivait (ses) efforts avec tous (ses) contacts dans la région”.

Les ravisseurs réclament en échange de leurs otages la libération d’islamistes détenus en Algérie et en Tunisie.

“Les conditions des moujahidine concernant la libération de certains de nos prisonniers en échange de la libération des otages demeurent les mêmes, sans changement, même si certains journaux, habitués au mensonge, disent autre chose”, est-il encore écrit dans le communiqué d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Le groupe semble se référer à une rançon de 5 millions d’euros, que les ravisseurs auraient aussi réclamée pour la libération de leurs otages selon le quotidien autrichien Kurier.

Les autorités autrichiennes ont nié toute négociation directe avec les ravisseurs, qui avaient menacé de tuer les otages si l’on tentait de les libérer par la force, ainsi que l’existence d’une éventuelle demande de rançon.

Wolfgang Ebner, un conseiller fiscal de 51 ans, et sa compagne Andrea Kloiber, une infirmière de 44 ans, originaires de la région de Salzbourg (nord) et habitués des randonnées dans le désert, ont été portés disparus le 22 février tandis qu’ils circulaient dans le sud de la Tunisie à bord de leur véhicule 4X4 immatriculé en Autriche.

Leur enlèvement n’a été revendiqué que le 10 mars par un groupe islamiste rallié à Al-Qaïda depuis 2006.

Interrogé lundi par l’AFP, l’émissaire spécial autrichien Anton Prohaska, à Bamako depuis une semaine, s’est montré confiant. “Le calme qui est revenu dans le nord du Mali peut faciliter nos affaires”, a-t-il dit sans autres précisions.

Depuis jeudi, des rebelles touareg et l’armée malienne, rompant une trêve de six mois, s’étaient livré de violents combat dans le nord du pays faisant au moins huit morts samedi. Bamako y a envoyé dimanche des renforts militaires.

L’émissaire autrichien n’a cependant jamais confirmé que les otages se trouvaient bien dans le nord du pays, expliquant son mutisme par la nécessité de “protéger leur sécurité”.

Selon la mère d’Andrea Kloiber, Christine Lenz, interrogée lundi par l’AFP, les deux otages se trouvent dans une région frontalière entre le nord du Mali et l’Algérie. “Mais nous ne savons rien de plus précis”, a-t-elle ajouté.

A Vienne, une cellule de crise formée de responsables des ministères de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et de la chancellerie se réunit régulièrement pour faire le point sur les médiations en vue de la libération des otages.

 
© 2008 AFP


 

Allemagne: inquiétude face au renforcement d’Al-Qaïda au Maghreb

 

AFP, le 24 mars 2008 à 13h25

 

BERLIN, 24 mars 2008 (AFP) – Les services secrets allemands sont inquiets du renforcement au Maghreb des groupes terroristes alliés au réseau islamiste Al-Qaïda, a déclaré le chef des services d’espionnage (BND) Enrst Uhrlau, dans une interview à paraître

mardi.

“Sans être vus, des groupes (terroristes) qui renforcent le réseau d’Oussama ben Laden se sont établis au Maghreb” et cette région est désormais l’un des piliers du djihad (guerre sainte), a estimé M. Uhrlau, dans un hors-série de l’hebdomadaire Spiegel, Spiegel Special.

“Le BND observe avec une grande inquiétude (…) ce qui est en train de se développer là-bas, qui comporte de nouvelles caractéristiques et apporte le djihad jusque devant notre porte”, a-t-il ajouté.

En octobre, le secrétaire d’Etat allemand à l’Intérieur August

Hanning avait souligné les liens, “mouvements” ou “communications”, existant entre les islamistes du Maghreb et d’Allemagne. Il avait aussi évoqué l’inquiétude suscitée par l’existence de camps d’entraînement terroristes dans le nord du Mali.

C’est dans cette région qu’auraient été conduits deux touristes autrichiens enlevés en février dans le sud de la Tunisie, dont

Vienne tente d’obtenir la libération. Ils sont aux mains d’un groupe salafiste (mouvance sunnite favorable à un retour aux origines de l’islam) rallié à Al-Qaïda depuis 2006.

En Allemagne, environ 700 personnes sont sous la surveillance des services de contre-espionnage, a indiqué M. Uhrlau à Spiegel

Special. “Et plus d’une douzaine de personnes” dont des Allemands convertis à l’islam se sont rendues au cours des dernières années dans des camps d’entraînement au Pakistan ou en Afghanistan, a-t-il ajouté.

 


Ben Ali : Le roi de la tondeuse a gazon

 
Après la mise en route du rouleau compresseur  par les barbouzes RCDISTES et  sous l’impulsion du chef d’orchestre  le dictateur  Ben Ali, voici maintenant la tondeuse à gazon qui rentre en action pour   faire barrage et écarter  la candidature de Maître Nejib Chebbi et de toutes autres personnalités de la vrai opposition capable  de mettre le dictateur Zine El Abidine Ben Ali hors service  en cas d’élections présidentielles libres et sans fraudes. 
 
Cette ignoble et ultime  manoeuvre était attendu, car ce n’est plus un secret depuis des années le général s’accroche au pouvoir par tous les moyens et il a pris goût… Personnellement je ne serai pas  surpris que le dictateur Ben Ali  va faire passer  d’autres ruses dans ce projet d’amendement  de ” constitution ” tel que la création d’un poste de vice président??? ou même baisser l’âge des candidats à quatre ans cela permettra à son rejeton de se présenter et ainsi il succédera à son père et la monarchie sera rétablie…
 
Vu l’état de santé du dictateur et son âge avancé la guerre de  succession a déjà commencé, et comme le dictateur   Ben Ali est aussi  le président du RCD il va certainement et sans aucun doute manigancer une spécialité dans le cas ou il disparaîtra naturellement pour assurer les siens, n’oublions pas qu’il n’est plus le Ben Ali des années 80, et la  chance qu’on a c’est que cet individu n’est pas éternel. Alors préparons nous car les prochaines années seront très dur et difficile  pour la Tunisie  et le peuple tunisien.  Chokri YACOUB
Candidat potentiel aux élections présidentielles de 2009


 

A JEBENIANA, DES VENDEUSES TRAVAILLENT DOUZE HEURES POUR UN SALAIRE JOURNALIER DE 4 DINARS!!!

 

Au Minigrops Karkouda, dans le misérable village de Jebeniana, Malika, Noura et Sawsen travaillent comme vendeuses, respectivement depuis 4, 2 et 1 ans, pour un salaire mensuel de 120 dinars ( 64 euros ).

 

D’après leurs déclarations, elles travaillent douze heures par jour, durant toute l’année, même pendant les fêtes de l’Aïd. Magnanime, le propriétaire du magasin les ramène le soir chez elles en voiture, car elles habitent à la banlieue du bled et leurs parents sont ainsi sécurisés.

 

Le salaire mensuel de 120 dinars se situe au dessous du SMIG et du SMAG fixés par l’Etat tunisien. Il s’avère misérable lorsqu’on sait que dans ce même village de Jebeniana, le kilo de viande de mouton coûte 12 dinars, ce qui fait que les quatre dinars que chaque fille gagne par jour ne lui permet que l’achat de 333 grammes  de bidoche!!

 

La couverture sociale se trouve totalement absente et la moindre protestation de la part de ces vendeuses leur coûte le renvoi immédiat de leur travail sans trouver la moindre défense auprès d’une quelconque institution.

 

Dénonçant ces cas d’esclavage moderne dans un pays où le pouvoir en place depuis le 7 novembre 1987 ne cesse de prôner le changement, l’Etat de droit et des institutions , auprès des responsables étatiques et des dirigeants du syndicat UGTT, leurs réponses ont été unanimes dans l’hypocrisie et la médiocrité: ” Qu’est ce que vous voulez qu’on fasse? C’est déjà bien qu’elles travaillent et reçoivent un salaire. Il y a des centaines de filles qui les envient vu le manque flagrant de postes de travail “. Pas un mot sur les conditions de travail désastreuses, au mépris des lois en vigueur; rien sur la responsabilité et le non respect des lois que le propriétaire du Minigros Karkouda foule aux pieds.

 

Au village de Jebeniana, comme dans les centaines d’autres bourgades de ce genre, les patrons sont couverts par les responsables en place et les filles se trouvent exploitées sans vergogne dans un pays qui se targue d’avoir instauré l’émancipation féminine depuis plus de vingt ans. Ces petits patrons crapuleux soutiennent, bien sûr, la politique du pouvoir en place et lui viennent en aide en apportant leurs contributions matérielles au compte de solidarité 26/26 et en soudoyant les citoyens pour voter en sa faveur lors des échéances électorales.

 

Ainsi donc, la Tunisie se trouve coupée en deux: celle de la capitale, sa banlieue cossue et les grandes villes, où on cause modernité, on parle de lois et de droit, on consomme chic, et celle paysanne et villageoise où les infrastructures de premières nécessités font défaut, les droits des gens sont bafoués, le chômage touche 50% de la population active et la jeunesse ronge son frein et se suffit d’essayer d’atteindre l’Europe au risque de sa vie en traversant la mer dans des bateaux de fortune pour Lampedusa en Sicile, ou en se donnant à la violence, à l’alcool, au vol et à la prostitution.

 

Et bien sûr, ces réalités là ne sont jamais ni dénoncées, ni au moins exprimées dans l’ensemble des moyens d’information du pays. Même l’opposition fait la sourde oreille sur les conditions de vie pénibles de la Tunisie rurale.

 

Houcine Ghali, Genève

 


 

Mouvement Ettajdid : Quelles chances de ramener « Les mécontents » du partis ?

« Personne ne doit sous-estimer la solidarité de notre unité »

Le Temps Lundi: Interview de notre invité de ce lundi : Ahmed brahmi, 1er Secrétaire.

 

Elu premier Secrétaire du Mouvement Ettajdid lors du Congrès tenu en juillet 2007 par les militants d’Ettajdid et des Indépendants, -un congrès que ses initiateurs voulaient unificateur mais qui a enregistré le mécontentement de certains congressistes ayant décidé de boycotter ses travaux- Ahmed Brabim nous parle ici de l’éventuelle réintégration de ces mécontents, du programme du parti, des élections de 2009 et des dernières mesures présidentielles annoncées par le Chef de l’Etat dans son discours à l’occasion les fêtes de l’Indépendance et de la Jeunesse notamment celles qui concernent la candidature pour l’élection présidentielle de 2009. Interview.

 

Le Temps : Près de huit mois après votre dernier congrès, quel bilan faites-vous des objectifs politiques et de la refonte organisationnelle de votre parti ?

 

Ahmed Brahim :Bien des choses ont été accomplies sur le plan politique pour la mise en œuvre du programme décidé par notre congrès. Depuis la «rentrée» politique, nous avons organisé pas moins de deux manifestations publiques par mois sur des sujets diversifiés (politiques, sociaux, culturels, etc.). Permettez-moi de profiter ici de l’occasion pour annoncer la tenue d’un colloque sur «Gramsci, la Culture et les Intellectuels», et ce vendredi 28 mars à 15h, à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun. Nous avons également pris des initiatives en phase avec les luttes, dont celles des populations du Bassin minier de la région de Gafsa, en faveur desquelles notre mouvement a développé une action constante de solidarité et présenté des propositions concrètes, comme celles contenues dans la lettre que nous avons adressée au chef de l’Etat. Nos représentants au sein de la Chambre des députés, du Conseil économique et social, des Conseils Consultatifs Supérieurs se sont distingués par leur dynamisme et leur sérieux. Ils ont montré comment un parti peut être une force à la fois d’opposition ferme et de proposition constructive. En somme notre bilan est tout à fait positif, mais nous devons être vigilants pour éviter toute forme d’autosatisfaction, car ce qui reste à accomplir sur les plans politique et organisationnel est énorme et doit être à la mesure de nos grandes ambitions pour notre mouvement et pour notre pays.

 

Un comité a été constitué pour contacter les mécontents du dernier congrès en vue de leur réintégration. Qu’en est-il ?

 

En effet notre Comité Politique a décidé à l’unanimité la création de cette commission dont il m’a confié la présidence. Cette décision se situe dans la continuité avec l’esprit d’ouverture et la politique de la main tendue adoptée par notre Conseil central dès après le congrès, et poursuivie depuis par des contacts informels. Nous pensons que, passé le temps des réactions à chaud porteuses de crispation, le moment est venu d’entamer avec les camarades qui ont des réserves ou des griefs une discussion sérieuse et sereine. Pour ce faire, chacun doit mettre en avant ce qui nous a réuni par le passé et ce qui nous rassemble toujours, et ce ne sont pas des différences d’appréciation quant au degré de réussite du congrès qui doivent occulter le projet de construction d’un grand mouvement démocratique, progressiste et moderniste. D’ailleurs, quand bien même nous aurions été tous d’accord sur tous les résultats de ce congrès, cela ne nous aurait pas empêché de continuer notre ouverture vers d’autres militant(e)s pour les amener à contribuer plus efficacement à notre activité commune ou à faire un pas décisif dans notre direction. Je pense aux dizaines de cadres qui partagent sans aucune réserve notre appréciation du congrès et de ses résultats mais qui ne sont pas suffisamment associés au travail d’élaboration et de mise en œuvre de notre politique. Je pense également aux dizaines d’observateurs présents lors du congrès et à leur contribution remarquable à ses travaux, ainsi qu’aux nombreux sympathisants qui se sont manifestés depuis: tout cela doit nous inciter à reprendre le dialogue en vue de rapprocher ces amis davantage de notre Mouvement et, pourquoi pas, les voir adhérer organiquement à notre projet.

 

Est-ce que les instances d’Ettajdid ont décidé de la manière de cette réintégration ? Seront-ils de simples militants ou occuperont-ils des postes dans les structures dirigeantes ?

 

Nous n’avons rien décidé, c’est le dialogue entre nous qui nous révélera les prédispositions des uns et des autres. Du reste, le terme de «réintégration» est inapproprié, car on ne réintègre pas chez soi. D’ailleurs, certains de nos camarades «mécontents du dernier congrès» comme vous dites, certains de ces camarades, tout en étant extrêmement critiques, n’ont jamais rompu avec le Mouvement et continuent à participer à nos réunions et activités. Je tiens à souligner qu’à la direction d’Ettajdid, nous avons gardé notre sang froid face à une campagne menée directement ou par journaux interposés dans l’intention de nous déstabiliser et de porter atteinte aux acquis fraîchement réalisés. Mais personne ne doit sous-estimer la solidité de notre unité et l’attachement de l’écrasante majorité de nos militants à cette unité autour de nos structures. C’est parce que nous sommes forts de cet attachement que nous voulons sérieusement parier sur le dialogue ouvert et responsable et sur l’esprit constructif qui doit prévaloir sur toute autre considération. J’aimerais réaffirmer ici que les tâches qui nous attendent sont tellement lourdes qu’il y a de la place pour toutes les bonnes volontés et toutes les compétences, y compris les camarades donc les plus réservés sur le congrès et les plus critiques à notre égard, l’essentiel étant la sincérité de l’engagement. Dans le cadre du respect de nos institutions et de nos instances, en premier lieu l’instance suprême qu’est notre congrès et les structures qui en sont issues, tout peut être envisagé concernant la nature et le niveau des responsabilités à confier à tel ou tel de nos cadres, et ce avec toute l’ouverture et la souplesse  nécessaires, dans une perspective constructive tournée vers l’avenir et soucieuse de consolider l’unité et d’accroître le rôle et l’influence de notre mouvement.

 

Est-ce que vous avez arrêté un programme d’avenir pour le parti et quelles en sont les principales lignes ?

 

Le programme dont les orientations ont été approuvées par le congrès concerne d’abord et avant tout l’avenir de notre pays, et notre mouvement n’est qu’un outil qui doit être le plus performant possible pour servir l’intérêt national. Toutes les commissions qui ont préparé le contenu programmatique du congrès ont continué leur travail ou vont le reprendre incessamment. Je pense notamment à la commission économique et sociale, à la commission des Libertés et des Institutions ,  à celles de l’Education et de la Culture, etc.  D’autres ont vu le jour depuis, comme la commission Femme-Egalité, une commission doublement mixte femmes/hommes et adhérents/non adhérents et qui prépare sa première activité publique pour le 3 mai, ou la commission parlementaire composée de  nos trois députés et des experts membres ou amis du parti. Son but est d’assister les députés par des expertises à l’occasion de la discussion des projets de lois qui leur sont soumis comme le projet de loi des finances par exemple. A ce propos, les journalistes, surtout ceux de Dar Assabah, ont relevé l’excellente contribution qualitative de nos trois députés aux débats. Une commission électorale est également en voie de constitution; elle traitera des volets politique et juridique de cette question. De même, un certain nombre de séminaires et de rencontres politico-culturelles sont programmés. Dans la mise en œuvre de notre programme, nous tenons à lier intimement action et réflexion. Cette réflexion ne concerne pas uniquement les problèmes d’actualité, elle intéresse surtout les grands problèmes de demain. Pour mener à bien cette réflexion, deux projets nous tiennent à coeur en tant que direction: le premier est une sorte de Bureau d’études pourvoyeur d’idées et de propositions; le second projet est celui d’une Université Ouverte, avec la participation active des penseurs et intellectuels tunisiens qui partagent avec nous les valeurs de démocratie, de laïcité et de modernité. Notre rôle consistera surtout à leur offrir les conditions idoines pour le déploiement d’une réflexion libre et moderne, indépendante des préoccupations de politique immédiate; c’est là notre contribution à l’essor d’une pensée humaniste et rationnelle authentiquement tunisienne.

 

Et les préparatifs pour 2009 ?

 

Vous savez, les préparatifs pour 2009 ont constitué, dès les tout premiers mois après notre congrès, une de nos priorités politiques. La première manifestation politique de la rentrée, que nous avons organisée en octobre à la Maison de la culture Ibn Khaldoun, a été exclusivement consacrée à cette question. Tous les observateurs en ont noté le grand succès, non seulement par la présence massive de militants et de sympathisants à cette manifestation, mais aussi et surtout par son caractère rassembleur de l’ensemble des partis et sensibilités démocratiques. Nous avons voulu affirmer par là l’urgence d’une convergence autour de la bataille pour des élections véritables. C’est à ce thème qu’a été dévolue une partie essentielle des travaux de notre Conseil Central  et de notre Comité Politique de décembre 2007: nous avons fait des propositions précises pour une refonte fondamentale du système électoral aussi bien au niveau des textes qu’à celui de la pratique. Comme je vous l’ai déjà dit, une commission est en cours de constitution pour assurer le suivi de ces propositions

 

 

A ce propos, comptez-vous nouer des alliances à cette occasion ou redynamiser l’initiative démocratique ?

 

Justement, j’allais en parler. En même temps qu’une bataille pour la rupture positive avec la routine des pseudo-consultations électorales, notre bataille est aussi et surtout une bataille de projets, et le nôtre est un projet démocratique, moderniste et progressiste distinct à la fois du modèle politico-social dominant et du modèle rétrograde d’inspiration théocratique, réellement présent même s’il avance parfois masqué derrière des revendications démocratiques. Cette bataille implique des alliances claires telles que celle que nous nous employons à renforcer avec nos partenaires soucieux comme nous de présenter au pays une alternative crédible et d’éviter toute compromission avec les forces qui instrumentalisent la religion pour remettre en cause les acquis modernistes. D’où l’action incessante que nous menons avec nos partenaires du PSG et du PTPD – dont nous soutenons fermement le droit à la légalisation – ainsi qu’avec les personnalités progressistes indépendantes en vue de redynamiser l’Initiative/Alliance démocratique. Comme je vous l’ai déjà dit, une rencontre nationale va être bientôt organisée dans ce but… Parallèlement, nous tenons à élargir nos alliances sur la base des orientations démocratiques et modernistes communes dans le respect des spécificités des parties concernées. C’est pour faire mûrir les conditions pour un tel élargissement des alliances que nous somme soucieux de développer et d’approfondir nos relations bilatérales avec tous nos partenaires, notamment avec le Forum démocratique, avec lequel nos convergences sont en train de s’approfondir et de se consolider notablement.

 

 

Que pensez-vous des dispositions concernant les élections présidentielles annoncées dans le discours du Chef de l’Etat à l’occasion des fêtes de l’Indépendance et de la Jeunesse?

 

Il faut attendre d’avoir plus de précisions sur les mesures envisagées avant de se prononcer d’une manière complète et définitive. Je formulerai donc simplement les remarques suivantes:

 

Je note d’abord que, jusqu’à ce matin, seul le RCD pouvait présenter un candidat aux présidentielles car la loi constitutionnelle en cours consacre de fait l’unicité de la candidature. Les mesures annoncées par le Président de la République constituent donc une dérogation positive à cette règle injuste contraire aux principes élémentaires de tout régime républicain. Elles montrent surtout qu’on a enfin renoncé à la discrimination entre les partis légaux sur la base de leur représentation ou non au parlement : si j’ai bien compris, le PDP et sans doute aussi le Forum démocratique auraient, comme Ettajdid,  le droit de présenter leurs premiers responsables aux présidentielles. On ne peut que se féliciter que cette discrimination infondée ait été abandonnée, même si, en comparaison avec les dispositions transitoires prises pour les élections de 2004, il y a une restriction qui empêche les partis qui le désirent de présenter un des membres de leurs bureaux politiques s’il leur paraît être le meilleur candidat. Cette limitation manifestement «ciblée» de l’autonomie de décision des partis est inacceptable dans son principe et tout à fait dommageable pour le climat politique général qu’il est grand temps d’assainir.

 

Ensuite, le dossier électoral est, pour nous, un dossier global qui doit être envisagé dans toutes ses composantes en évitant de tout ramener à la seule liberté de candidature aux présidentielles, malgré l’importance que revêt cette question.. La Tunisie est réellement et gravement malade de ses élections et il n’est pas admissible que celles de 2009 puissent être une reproduction des précédentes. Il est grand temps que notre peuple connaisse enfin des élections qui soient dignes de ce nom. C’est à la réalisation de cet objectif que nous accordons, quant à nous, la priorité. La question essentielle et lancinante aujourd’hui est donc de savoir si le pouvoir va prendre des mesures concrètes et précises pour garantir aux élections futures – présidentielles, législatives et municipales- des conditions qui leur assurent un minimum de crédibilité auprès du peuple tunisien.

 

Enfin, s’agissant du droit de se présenter aux élections présidentielles, j’estime que la seule solution réellement démocratique et équitable consisterait à reconnaître à tout citoyen tunisien répondant à un certain nombre de critères (essentiellement d’ordre moral et juridique) le droit de briguer les suffrages de ses concitoyens, les élections constituant le moyen décisif pour séparer «le bon grain de l’ivraie»…à condition, bien entendu, que ce soient des élections véritables!

 

Si des formules transitoires peuvent être – à la rigueur- envisagées, cela doit s’inscrire dans un contexte général favorable, dénué, notamment de toute volonté d’exclusive à l’égard de X ou deY.

 

. Et vous-même, êtes-vous candidat aux présidentielles?

 

Comme vous le savez, je suis le premier secrétaire d’un parti – et j’ajouterai: d’un parti démocratique! Toute décision concernant les élections doit donc être prise par les militants et les instances de notre parti – qu’il s’agisse de la participation aux élections ou de la candidature  à ces élections. En tout état de cause, ce que je souhaite aujourd’hui, c’est que l’opposition démocratique engage immédiatement des discussions sérieuses, approfondies et responsables en vue de dégager rapidement une position commune sur les conditions pour des élections crédibles, le cas échéant sur une candidature commune et, surtout, sur un programme démocratique, progressiste et moderniste commun qui entraîne l’adhésion active d’une partie importante de notre peuple – en particulier de la jeunesse. J’appelle donc tous nos partenaires, partis et indépendants, à entamer sans délai de telles discussions : pour ce qui nous concerne, à Ettajdid, nous y sommes tout à fait prêts.

 

Interview réalisée par Néjib SASSI

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 24 mars 2008)

 


 

« Look » extraverti des lycéens

 

* Tous y passent ; Beckam, « Le Che », Haïfa OuOuahbi, Jennifer Lopez…Il y a aussi le «Hijab» décapotable.

 

Dans les sociétés orientales comme la nôtre, les gens sont le plus souvent jugés suivant leur apparat, notamment leurs habits vestimentaires, leurs tenues alors que les apparences sont trompeuses. La valeur d’une personne devient en quelque sorte identifiée et limitée à ce qui est communément appelé son look.

 

Le « look », ce terme anglais est de plus en plus répandu dans la société tunisienne et notamment, chez les jeunes. Suivre la mode ce n’est surtout pas une fatalité et ne peut jamais l’être. Mais lorsqu’il s’agit de conduites un peu trop anti-conformistes et d’habits décontractés et « very very in » dans des  établissements scolaires, cela devient déplaisant, de mauvais goût et intolérable pour des jeunes censés aller aux lycées en quête de savoir pour approfondir leurs connaissances scientifiques et non pour faire dans le genre « m’a-tu vu ».

 

En passant devant les lycées de la Capitale, on se heurte à des scènes et des images quelque peu surréalistes. Sans pour autant généraliser, il y en a de toutes les couleurs : impolitesse, bagarres, gros mots, scènes de flirts…C’est à se demander si l’on est bel et bien devant un établissement scolaire ou dans une boîte de nuit. A qui en incombe la responsabilité ?. Est-ce la faute aux parents ou aux éducateurs ?. Est-ce la faute aux médias, à l’excès de tolérance ou à l’ouverture de la société aux cultures étrangères?.

 

L’ouverture de la société tunisienne à toutes les cultures et à toutes les habitudes de consommation, la propagation des chaînes satellitaires, les transformations radicales dans les relations parentales et dans les systèmes d’éducation sans oublier les sensations de liberté et d’autonomie de plus en plus ancrées chez les jeunes, ont un impact direct sur les comportements et les choix vestimentaires de ces derniers.

 

 

 

Des habits incommodes

 

Hormis les comportements extravertis observés chez une frange de jeunes lycéens, les habits qu’ils portent : garçons comme filles paraissent complètement «out» et incommodes et en contradiction avec les lieux éducatifs ou les établissements scolaires qu’ils fréquentent.

 

Les filles sont généralement fascinées par la vie des « Peoples » et par  la nouvelle vogue du monde du « fashion », du design et de la beauté. La féminité et l’envie d’être coquettes, attirantes et belles, l’exigent comme si elles sont conditionnées. C’est légitime, mais il est quand même inconcevable de porter des habits cérémonials à l’école. Pour aller au lycée, les filles sont généralement tirées à quatre épingles.

 

Minis jupes à la Jennifer Lopez, pantacourts pour ne pas dire des shorts à la Haïfa, robes style Amy Winhouse et Nancy, pantalons serrés à taille basse faisant montrer la couleur de leurs strings, cheveux : blonds, rouges, bleues, multicolores…selon la mode, piercing et tatouages comme telle ou telle star, lentilles bleues, verts et gris : au choix, maquillage libanais… En bref, les adolescentes sont impressionnées et influencées par leurs idoles: stars de cinéma, chanteuses, et mannequins.

 

Même pour un nombre de filles voilées, elles ne semblent pas être épargnées du courant de la mode orientale et moderne. Parfois on se demande si ces lycéennes voilées sont conscientes de leurs apparences et si elles portent vraiment le voile par conviction religieuse ou pour une autre raison. « Hijab mini, Hijab moulant, Hijab climatisé, Hijab décapotable.. » : tels sont les refrains d’une chanson hip hop qui donne une image caricaturée de certaines jeunes filles qui prennent le voile comme bouffonnerie.

 

Les garçons sont également séduits par leurs stars préférées et ont tendance à imiter leurs comportements et leurs looks. Pantalons larges à tailles basses style hip hop, pulls : Manchester, Réal, Milan…etc. Cheveux longs comme Che Guevara et Ronaldino ou courts tels que Agassi et Emenim.

 

 

 

Mode

 

Ainsi garçons comme filles suivent la mode à la lettre et s’identifient facilement et vite aux nouvelles stars. Ce n’est surtout pas un crime, mais il demeure inadmissible de porter des tenues sportives ou des habits de stars au lycée. Les jeunes sont tenus de respecter le milieu éducatif, les instituteurs et de faire la part des choses. Autrement dit faire la différence entre une école et un salon de thé, une boîte de nuit, une cérémonie de mariage, un stade ou un gala. A chaque endroit la tenue qui va avec et d’éviter ainsi l’amalgame.

 

Et là il faut souligner le rôle joué par les médias et leurs influences sur les jeunes qui sont de plus en plus attirés par le petit écran, par la télé réalité et par le nombre illimité et varié de chaînes de musique. Un bouquet de chaînes sur mesure pour la nouvelle génération et qui correspond parfaitement à ses convictions, ses croyances et ses idéologies. Une sélection appropriée des programmes et des chaînes est de mise. Faire le tri et choisir ce qui va le mieux avec  notre culture et notre identité ne serait pas de trop. Où est la part des parents dans tout cela ?

 

Et bien, les parents n’ont plus le temps de veiller inlassablement sur leurs enfants. Les obligations professionnelles font que les parents ont de  moins en moins de temps libre à passer avec leurs gosses. La famille quitte la maison de bonne heure et ils ne se revoient que le soir tout juste pour manger et dormir. Les parents déclarent leur incapacité relative de gérer leurs enfants en dehors de la maison. Il est vrai qu’ils ne sont pas censés jouer le rôle de détective privé, mais ils doivent s’assurer d’une façon ou d’une autre si leurs enfants sont disciplinés et respectent leurs milieux éducatifs ou pas, d’autant plus que c’est eux qui achètent les besoins vestimentaires de leurs mômes. Donc, quelque part, ils sont responsables de l’inconvenance de ces derniers. En fait, si l’on achète à ses jeunes filles un mini jupe, un Top (un pull au dessus du ventre), une chemise décolletée, un jean ébréché…c’est pour qu’elles les mettent en allant au lycée. Et c’est réciproque pour les garçons. Les parents sont donc en partie responsables.

 

Concernant les établissements scolaires, les règles et les disciplines sont de moins en moins respectées. Et les lycéens échappent peu à peu à l’autorité de l’établissement scolaire de sorte qu’ils font tout pour ignorer les règles et le code d’éthique. Le cadre éducatif s’intéresse plutôt aux résultats, à la note, au nombre de lauréats et passe sous silence parfois le code d’éthique et la discipline qui doivent être respecté dans un établissement scolaire.

 

Pour conclure, on ne peut pas en imputer la responsabilité sur une telle ou telle personne ou sur tel ou tel organisme. L’ensemble des acteurs de la société civile est impliqué. La mondialisation, l’ouverture de la société tunisienne aux cultures et coutumes étrangères, la modernisation, la transformation des modes de vie et les slogans d’indépendance et de liberté ancrés chez les jeunes sont pour quelque chose.

 

Yosr GUERFEL

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 24 mars 2008)

 

 

 

 


Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU

Par Bruno Guigue

jeudi 13 mars 2008

 

Dans sa rubrique « Point de vue » du 27 février 2008, « Le Monde » a généreusement offert ses colonnes à un texte d’une hystérie verbale et d’une mauvaise foi insondables. Les accusations qu’il profère à l’égard du conseil des droits de l’homme de l’ONU sont si mensongères que même la liste des signataires ne tempère qu’à peine notre stupéfaction : Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel, Pierre-André Taguieff, Frédéric Encel .. On peut facilement compléter la liste tant l’omniprésence des intellectuels organiques du lobby pro-israélien nous est devenue familière.

 

Le titre sans nuances de cette prose haineuse est déjà tout un programme : « L’ONU contre les droits de l’homme ». Dès les premières lignes, on peut y lire cet appel angoissé : « L’année 2008 verra-t-elle simultanément le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU et la destruction de ses principes par la même ONU ? Tout porte à le redouter, tant depuis un certain nombre d’années, par ses dérives, l’ONU s’est caricaturée ». Inévitablement le lecteur non averti s’alarme : l’organisation internationale serait-elle brusquement devenue suicidaire ?

 

Mais par bonheur la suite nous éclaire aussitôt sur les préoccupations profondes de nos signataires : « A Durban, en Afrique du Sud, s’est tenue en 2001 la conférence mondiale contre le racisme, à l’initiative des Nations-Unies. C’est au nom des droits des peuples que furent scandés des « mort à l’Amérique ! » et « mort à Israël ! » et c’est au nom du relativisme culturel qu’on fit silence sur les discriminations et violences commises contre les femmes ».

 

Quel rapport entre la géopolitique du Moyen-Orient, manifestement en cause dans les appels à combattre les Etats-Unis et Israël, et l’oppression des femmes que viendrait cautionner le « relativisme culturel » ? Probablement aucun. Mais amalgamer les deux sujets présente l’intérêt polémique de suggérer une pernicieuse concurrence entre les victimes : vous qui condamnez Israël et l’Amérique, vous ne dites rien de la souffrance des femmes opprimées dans les pays musulmans. C’est une antienne dont la rhétorique lobbyiste est coutumière : elle permet de détourner le lecteur occidental de la critique de la politique américaine ou israélienne en fixant son attention sur un problème interne des sociétés moyen-orientales.

 

Ce rapprochement polémique entre les deux sujets, pourtant, est particulièrement cocasse. L’Arabie saoudite, où le port du voile est obligatoire et les femmes interdites de conduite automobile, est l’alliée historique des Etats-Unis dans la région. Le régime obscurantiste des talibans, lui, a vu le jour sous les auspices d’une CIA qui a prêté ses camps d’entraînement sur le sol américain aux combattants du mollah Omar. En revanche, l’Irak et la Syrie baasistes, plus proches de la norme occidentale en matière de condition féminine, n’eurent pas droit aux mêmes égards. Le premier a été pulvérisé sous les bombes US, la seconde est rangée dans la catégorie des « Etats voyous ». Mais peu importe : les partisans de la politique américaine au Moyen-Orient se croient fondés à donner des leçons en matière d’émancipation féminine.

 

S’agissant de l’ONU, en outre, on ne s’étonnera guère d’un tel ressentiment de la part des porte-parole du néoconservatisme à la française. Car les résolutions du conseil des droits de l’homme, comme hier les déclarations de l’assemblée générale, ont osé mettre en cause la répression israélienne en Palestine occupée. Les 47 Etats élus par leurs pairs au CDH bénéficient de l’égalité de vote. La sensibilité qui s’y exprime reflète donc une opinion majoritaire qui n’a aucune raison de cautionner l’occupation militaire des territoires arabes. Que les thuriféraires d’Israël, cependant, se rassurent : ces résolutions demeurent symboliques à défaut d’être exécutoires. Mais ce n’est pas suffisant. Il leur faut aussi en stigmatiser le principe par un usage grossier de la calomnie.

 

C’est à quoi s’emploient rageusement les signataires. « Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances qui s’y constituent, les discours qui s’y tiennent, les textes qui s’y négocient et la terminologie utilisée anéantissent la liberté d’expression, légitiment l’oppression des femmes et stigmatisent les démocraties occidentales .. Le CDH est devenu une machine de guerre idéologique à l’encontre de ses principes fondateurs. Ignorée des grands médias, jour après jour, session après session, résolution après résolution, une rhétorique politique est forgée pour légitimer les passages à l’acte et les violences de demain ».

 

Symptôme d’une psychose paranoïaque ou monument de la démonologie occidentale : on hésite sur le diagnostic. La seule certitude, c’est que ce réquisitoire contre des forfaits inexistants témoigne d’une inventivité hors du commun. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU voudrait « anéantir la liberté d’expression » ? On se demande bien pourquoi et comment. Mais nos interrogations demeurent sans réponse. Nos polémistes annoncent « la mise à mort de l’universalité des droits » par l’ONU elle-même, mais cette mort annoncée reste nimbée de mystère. Aucune citation des résolutions du CDH ne vient étayer cette accusation, et les détracteurs de l’ONU condamnent ses idées supposées avec une violence inversement proportionnelle aux preuves de ce qu’ils avancent. Visiblement, ils préfèrent parler à sa place en procédant directement au commentaire de ce qu’elle est censée avoir dit.

 

En guise de citations, on doit alors se contenter des propos résumés au style indirect, sans guillemets, qu’aurait tenus M. Doudou Diène, rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie auprès de l’ONU. L’intellectuel sénégalais aurait ainsi déclaré qu’« énoncer une critique contre le port de la burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste, et que la loi française contre le port des signes religieux à l’école participe du racisme antimusulman ». Seul problème : ces citations sont introuvables. Si chacun de ces énoncés soulève évidemment des objections, encore faut-il qu’il ait été formulé. Une polémique grossière sur des citations qui n’en sont pas : le procédé condamne ses auteurs.

 

Au demeurant, les seules citations que les idéologues publiés par « Le Monde » auraient dû produire à l’appui de leur propre thèse sont celles du CDH lui-même. Mais ils se gardèrent bien de le faire. Livrant leur interprétation tendancieuse en lieu et place de la pensée d’autrui, ils pérorent gravement en prenant leur fantasme pour la réalité : « La confusion est à son comble, affirment-ils, quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion ». Mais d’où vient cette idée ? Qui l’a émise ? Nul ne le sait. N’importe qui, en revanche, peut vérifier ce qu’a énoncé le CDH sur la question religieuse. Il suffit de consulter les compte-rendus officiels des six sessions réunies depuis sa création en juin 2006.

 

Le 30 mars 2007, le CDH a ainsi adopté une résolution «  sur la lutte contre la diffamation des religions ». Ce texte nuancé insiste sur « le droit de chacun à la liberté d’expression, qui devrait s’exercer de façon responsable et peut donc être soumis à de restrictions, prescrites par la loi et nécessaires pour le respect des droits ou de la réputation d’autrui, la protection de la sécurité nationale, de la santé ou de la morale publiques, et le respect des religions et des convictions ». Sur le plan des principes, ce texte ne diffère guère du droit positif en vigueur dans la plupart des pays, les Etats occidentaux ayant eux aussi entouré l’exercice de la liberté d’expression de certaines limites juridiques. En France, la reconnaissance de la liberté d’expression n’entraîne aucun droit à diffamer son voisin, toute forme d’injure manifestant une discrimination raciale ou religieuse est punie par la loi, et certaines dispositions législatives ont même eu pour effet d’énoncer une vérité officielle sur des faits historiques.

 

Naturellement, la teneur de cette résolution du CDH n’est pas indifférente au contexte politique lié à la « guerre contre le terrorisme » menée tambour battant par Washington. « Le Conseil se déclare préoccupé par les images stéréotypées négatives des religions et par les manifestations d’intolérance et de discrimination en matière de religion ou de conviction. Il se déclare en outre profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l’islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l’homme. Il note avec une vive inquiétude l’intensification de la campagne de diffamation des religions, et la désignation des minorités musulmanes selon des caractéristiques ethniques et religieuses depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001 ».

 

L’adoption de ce texte s’est heurtée à l’opposition des pays occidentaux, mis en minorité lors du vote final. Aucun d’entre eux n’y a vu, toutefois, le danger mortel pour la civilisation universelle que dénoncent les signataires de notre pamphlet antionusien. Au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Allemagne « a fait remarquer que, comme l’a établi le rapport de M. Doudou Diène, la discrimination fondée sur la religion ne concerne pas uniquement l’islam, mais également le judaïsme, le christianisme et des religions et croyances venues d’Asie, ainsi que des personnes sans religion. Elle a également souligné qu’il est problématique de séparer la discrimination fondée sur la religion des autres formes de discrimination. Elle a aussi jugé l’utilisation du concept de diffamation contre-productive, préconisant plutôt un texte axé sur la liberté de religion ou de conviction ».

 

Que ce débat témoigne d’une différence de sensibilité sur les questions religieuses entre pays membres de l’organisation de la conférence islamique (OCI) et pays occidentaux est une évidence. Cela méritait une réflexion sur la sécularisation relative des sociétés concernées et la référence, explicite dans les pays musulmans, à des valeurs religieuses. Mais cette réflexion n’effleura même pas l’esprit de nos intrépides signataires qui, faute d’avoir lu les textes auxquels ils font vaguement allusion, en dénaturent volontairement la signification. Refusant de discuter rationnellement les arguments de l’autre, on préfère le stigmatiser en imaginant une dramaturgie grossière mettant en scène des personnages réels. Ce théâtre de marionnettes, du coup, tient lieu d’argumentaire.

 

C’est ainsi que nos signataires s’en prennent violemment à Mme Louise Arbour, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. «  Elle a participé à une conférence à Téhéran consacrée aux droits de l’homme et à la diversité culturelle, dénoncent-ils. Portant le voile, comme la loi de la république islamique l’exige, la haut-commissaire a été le témoin passif de l’énoncé de principes à venir, ainsi résumés : offense aux valeurs religieuses considérée comme raciste. Bien pire, dès le lendemain de cette visite, vingt et un Iraniens, dont plusieurs mineurs, furent pendus en public. C’est en sa présence que le président Ahmadinejad a renouvelé son appel à la destruction d’Israël ».

 

Encore une fois, l’art de l’amalgame intellectuel atteint des sommets. Mêlant tout et son contraire, le texte publié par « Le Monde » mise sur la confuse indignation du lecteur en anesthésiant au passage son jugement critique. Louise Arbour portait le voile à Téhéran, soit. Mais aurait-elle pu, en Israël, organiser une réunion pendant le shabbat ? Les régimes religieux ont des exigences que n’ont pas les autres. On peut le déplorer, mais ils sont chez eux. L’offense à la religion, dans certains pays, est considérée comme une forme de racisme. Faut-il que nous allions les convaincre du contraire, et de quelle manière ? La peine de mort, enfin, est cruellement appliquée en Iran. Mais les aspects odieux du régime de Téhéran ne le résument pas pour autant, et le régime saoudien n’a rien à lui envier. Surtout pas l’amitié des Etats-Unis, où un président texan a été élu sur sa réputation d’exécuteur intraitable des criminels supposés. Sans parler d’Israël, seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles.

 

Les diatribes iraniennes contre l’Etat hébreu relèvent, elles, d’un affrontement géopolitique dont l’un des principaux paramètres est l’attitude d’Israël lui-même. S’il avait appliqué la peine de mort aux civils palestiniens avec davantage de discernement depuis soixante ans, il n’aurait pas suscité un tel rejet de la part de ses voisins proches ou éloignés. Sous occupation militaire, amputés d’une partie de leur territoire, ou régulièrement bombardés par son aviation, ces derniers ont d’excellentes raisons de le détester. Mais peu importe. Décidés à instruire à charge contre Mme Arbour pour son séjour à Téhéran, nos polémistes incriminent « son silence et sa passivité », qu’elle aurait justifiés par « le respect de la loi iranienne et le souci de ne pas offenser ses hôtes ».

 

« Charbonnier est maître chez soi, commentent-ils. C’est le docteur Goebbels qui utilisait cet argument d’opportunité, à la tribune de la Société des nations en 1933, pour se soustraire à toute critique d’une institution internationale impuissante ». On croit rêver. Car, analogie pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui s’assied sur la SDN en 1933 et l’Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967. Comme son lointain prédécesseur, Israël, lui aussi, se « soustrait à toute critique d’une institution internationale impuissante ». Et s’il le fait, c’est pour mieux conquérir « son espace vital, de la mer au Jourdain », selon la belle formule employée par Effi Eitam, ministre d’Ariel Sharon, en 2002.

 

« Les grands crimes politiques ont toujours eu besoin de mots pour se légitimer. La parole annonce le passage à l’acte », philosophent nos signataires. Ils n’ont pas tort : le 29 février, le vice-ministre israélien de la Défense Matan Vilnaï a brandi la menace d’une « shoah » contre les Palestiniens avant de lancer à Gaza la sanglante opération qui fit 110 victimes palestiniennes en une semaine. Quitte à enfreindre un tabou religieux, l’Etat hébreu, manifestement, a franchi un cap sémantique avant de déchaîner sa puissance militaire : il est passé « de la parole à l’acte ».

 

Mais le meilleur a été gardé pour la fin. « Les idéologies totalitaires avaient remplacé les religions. Leurs crimes, les promesses non tenues d’avenir radieux ont ouvert grande la porte au retour de Dieu en politique. Le 11 septembre 2001, quelques jours après la fin de la conférence de Durban, c’est bien au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis ». Lier dans une même trame le 11 septembre 2001 et les résolutions du CDH, il fallait oser. Il est vrai que nous avons affaire à des spécialistes.

 

« Retour de Dieu en politique », disent-ils. Nos intellectuels savent de quoi ils parlent : Israël n’est-il pas l’Etat confessionnel par excellence ? « Si la revendication d’un coin de terre est légitime, affirmait Theodor Herzl, alors tous les peuples qui croient en la Bible se doivent de reconnaître le droit des juifs ». Bibliquement établie, la légitimité d’un Etat juif en Palestine va de soi : le texte sacré tient lieu de titre de propriété. Pour les sionistes religieux, le retour des juifs en Eretz Israël est inscrit dans le récit de l’Alliance lui-même. Prendre possession de la terre que Dieu a donnée aux juifs fait partie du plan divin, et ce serait le contrarier que de renoncer à cette offrande.

 

Du coup, aucun compromis n’est possible avec les Arabes. En 1947, le grand rabbin de Palestine martelait le statut théologique du futur Etat juif : « C’est notre forte conviction que personne, ni individu, ni pouvoir institué, n’a le droit d’altérer le statut de la Palestine qui a été établi par droit divin ». Chef du parti national-religieux, le général Effi Eitam expliquait à son tour en 2002 : «  Nous sommes seuls au monde à entretenir un dialogue avec Dieu en tant que peuple. Un Etat réellement juif aura pour fondement le territoire, de la mer au Jourdain, qui constitue l’espace vital du peuple juif ». Au moins, c’est limpide.

 

Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que le lobby pro-israélien exècre l’ONU : son appétence pour le droit international est inversement proportionnelle à son engouement pour le droit divin. Il est vrai que l’un est infiniment plus favorable au Grand Israël que l’autre. Percuter les résolutions de l’ONU avec la Thora relève de l’exploit intellectuel et du prodige politique : Israël l’a fait. Pour nos signataires, « c’est au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis ». Ce n’est pas tout à fait faux, à condition d’inclure dans l’analyse l’Etat hébreu, cet artefact colonial bâti au forceps sur les ruines de la Palestine au nom de la Bible et de la Shoah.

 

A propos de terrorisme, l’Etat d’Israël, qui plus est, peut se targuer d’un palmarès hors compétition. Les odieux attentats du 11 septembre 2001 ont fait dix fois moins de victimes que le siège de Beyrouh par Tsahal en 1982. Ses admirateurs occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. L’Etat hébreu mérite bien ce concert de louanges que les intellectuels organiques lui décernent à longueur de colonnes. Et quelle outrecuidance, de la part de l’ONU, de vouloir fourrer son nez sale dans les affaires intérieures israéliennes !

 

A l’instar des pires calomnies, les accusations publiées dans « Le Monde » du 27 février se sont répandues sur la toile. Elles suscitent sur certains blogs des commentaires haineux que l’on ose à peine citer. M. Doudou Diène y est qualifié de «  défenseur de la secte du pédophile fou et des adorateurs du caillou ». On y lit que « depuis les invasions musulmanes le croissant fertile est devenu le croissant stérile, et la civilisation a émigré en Occident ». Sur l’ONU, un internaute déchaîné résume à sa façon l’article publié par « Le Monde » : « l’ONU, c’est un ramassis de la racaille islamiste et tiers-mondiste ». Qu’attend-on pour supprimer l’ONU ? Ce sera encore plus simple. Islamophobie déclarée, haine du monde arabe, stupéfiante arrogance occidentale, tout y est. Opération réussie, mesdames et messieurs les intellectuels organiques.

 

Bruno Guigue

Diplômé de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA

Auteur de “Proche-Orient : la guerre des mots”, L’Harmattan, 2003

 

(Source : le site « Oumma.com » (France), le 13 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/Quand-le-lobby-pro-israelien-se

 

 

 


 

France: un haut fonctionnaire limogé pour un article “anti-israélien”

 

AFP, le 23 mars 2008 à 15h36

 

PARIS, 23 mars 2008 (AFP) – Un haut fonctionnaire français, le sous-préfet de Saintes (sud-ouest) Bruno Guigue, a été limogé après avoir publié une tribune “violemment anti-israélienne” sur un site internet, a-t-on appris auprès du ministère de l’Intérieur.

 

Dans une tribune publiée le 13 mars sur le site internet “Oumma.com”, M. Guigue, dont la qualité de sous-préfet n’était pas mentionnée, estimait notamment qu’Israël est “le seul Etat au monde

dont les +snipers+ abattent des fillettes à la sortie des écoles”.

 

Il ironisait également sur les “geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer pendant Shabbat”.

 

La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a “été mise au courant mercredi du contenu de cette tribune et a immédiatement décidé de mettre fin aux fonctions” de M. Guigue, a-t-on indiqué au ministère.

 

Le haut fonctionnaire “s’est mis lui-même en dehors des conditions d’exercice de sa fonction” en commettant “une violation flagrante et caractérisée du devoir de réserve”, a par la suite

déclaré son supérieur hiérarchique, le préfet de Charente-Maritime Jacques Reiller.

 

M. Guigue, “aura rendez-vous dans les jours qui viennent avec son administration du personnel” pour être reversé à un poste d’administrateur civil, et d’ici-là n’exerce plus ses fonctions, a précisé le préfet.

 

Diplômé notamment de l’Ena (Ecole nationale d’administration, le creuset des élites françaises), M. Guigue a publié plusieurs ouvrages, dont “Proche-Orient: la guerre des mots”, et des tribunes sur la situation proche-orientale. Il ne souhaitait pas s’exprimer dimanche, selon la préfecture de Charente-Maritime.

 

Le site “Oumma.com” se présente comme “le premier site de l’islam francophone sur internet” avec “plus de 6 millions de visites mensuelles”. Il affirme constituer “une initiative indépendante de nature culturelle, civique et informative”, visant notamment à “organise(r) le débat d’idées sur l’intégration et la représentation de l’islam en Europe et partout dans le monde francophone”.

 

AFP

 

 

Le 24 mars 2008 à 7h, sur le site StreetReporters.net

 

Le sous-préfet limogé répond

 

Le sous préfet limogé par le ministère de l’intérieur, pour sa prose violemment anti-israélienne, répond dans les colonnes du Parisien: “J’ai été le premier surpris. Je fais des analyses géopolitiques depuis 10 ans. Je le fais hors de mes fonctions”. Bruno Guigue, soumis à la règle de la neutralité en tant que sous-préfet de Charente Maritimes, écrivait qu'”Israël est le seul état au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie de l’école”.

 

Lien : http://www.streetreporters.net/quicks/1370

 


 

Pauvre liberté d’expression

 

Salam,

 

Je viens d’apprendre avec consternation et stupeur le limogeage de Bruno Guigue. Je trouve qu’il est scandaleux de condamner un intellectuel quel qu’il soit pour ses idées ou pour ses prises de positions.

 

Du moment que son engagement ne nuit pas au respect et à l’intégrité d’autrui.  Au nom de notre chère liberté d’expression, cette règle devrait s’appliquer dans les deux sens ! On constate hélas que le “droit de réserve” proprement dit est souvent malmené et, est loin d’être respecté par bon nombre de penseurs, d’intellectuels, d’enseignants ni même par certains détenteurs du prix Nobel. Je préfère ne citer personne pour ne pas sombrer dans une polémique inutile.

 

Pourtant personne à notre connaissance n’a été limogé ni même inquiété.

 

Sous prétexte de défense de la laïcité ou de manière plus pernicieuse de lutte contre le racisme ou l’antisémitisme, certains penseurs s’octroient le droit de stigmatiser, de ridiculiser ou d’insulter les croyances d’autrui. A-t-on le droit de blesser les “autres” dans leurs valeurs les plus intimes ?  Peut-on soustraire le droit à la différence revendiqué par certaines minorités et de le diluer dans une uniformisation dont on peut craindre la stérilité ? A ce propos, le débat se heurte à une limite au delà de laquelle notre civilisation porteuse de tolérance et de valeurs humanistes ne pourra plus s’identifier. Valeurs dont notre pays a payé très cher la défense de leur pérennité.

 

Je crains que ce limogeage ne s’inscrive dans une logique de continuité; l’ONU va bientôt débattre du problème concernant le respect du sacré, en vue de condamner les dérives liées a l’Islamophobie et à toutes formes de racisme. Nous assistons donc à une campagne dénonçant les droits de l’homme vs ONU (voir la pétition qui circule sur le site de la Licra http://www.licra.org  ) ou de dénigrement du port du voile en vue de son interdiction ( http://www.halteauvoile.fr ).

 

Il faudrait à mon humble avis organiser une campagne nationale de pétitions en vue de réhabiliter rapidement Bruno Guigue dans ses fonctions de sous-préfet et que ce droit de réserve soit respecter par tous sans exception.

 

Il est urgent d’agir  !

 

Abd Raouf Chouikha

 


 

 

Silence dans les rangs !

 

Notre ami Bruno Guigue, haut fonctionnaire de la République, énarque et normalien, signataire de nombreux articles dans notre site, vient d’être limogé de son poste de sous-préfet par sa ministre de tutelle, Madame Michèle Alliot-Marie.

 

Il lui est reproché d’avoir publié sur oumma.com, le 13 mars 2008, une analyse intitulée « Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU » (dépêche AFP du 22 mars 2008).

 

Ce billet réagissait à une tribune d’intellectuels inconditionnels d’Israël visant à déconsidérer l’ONU, et à condamner des résolutions du Conseil des droits de l’Homme

 

Dans ce texte, notre ami, qui jouit d’une réputation d’expert par ses nombreux écrits sur les questions du Proche et du Moyen Orient, rappelait les actions d’un Etat attaché à discréditer l’ONU et blâmait la politique d’occupation qui le conduit à violer nombre de règles du droit international et du droit des gens.

 

La sanction qui le frappe nous montre à l’envi que l’usage d’une saine critique ne peut s’exercer équitablement en France. En effet, si chacun a le loisir aujourd’hui dans notre pays, fonctionnaire ou pas, de critiquer, condamner, dénoncer à peu près n’importe quel Etat, n’importe quelle religion, n’importe quelle personnalité, il existe une exception à cette règle et notre ami Bruno Guigue, que nous assurons de notre total soutien est puni pour avoir cru à l’existence d’une véritable et totale liberté d’expression au pays des Droits de l’Homme.

 

(Source : le site « Oumma.com » (France), le 23 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/Silence-dans-les-rangs


La honte

 

L’information est scandaleuse. Bruno Guigue a donc été limogé de ses fonctions de sous-préfet après avoir publié une tribune dénonçant les exactions d’Israël. Il lui est reproché officiellement un manquement à son devoir de réserve ; “même s’il voulait publier un ouvrage sur les vases Ming, il devrait en référer, c’est la seule règle” a affirmé pince-sans-rire le préfet de Charente-Maritime, Jacques Reiller dans les colonnes du Monde.

 

Même son de cloche chez la ministre de l’Intérieur Michelle Alliot-Marie pour qui il a manqué à son “devoir de réserve”, tandis que le porte-parole de la place Beauvau, interrogé par I-Télé assène que “ce n’est pas une question de fond”.

 

Nous prendrait-on pour des imbéciles ?

 

Qui peut croire un seul instant que les critiques virulentes proférées contre Israël dans cet article ne sont pas à l’origine de ce limogeage ?

 

Rappelons que peu de temps après la publication de ce texte sur oumma.com , des réactions se sont faites entendre, en dénonçant le contenu. Elles émanent des mêmes personnes qui ont initié la campagne de lynchage médiatique contre Charles Enderlin. A ce journaliste, il était reproché d’avoir fait diffuser sur les chaînes de télévision les images terribles du massacre du petit Mohamed al Durah par l’armée israélienne.

 

Conscients que cette horrible vidéo allait porter un coup fatal à l’image d’une armée par ailleurs déjà condamnée pour des crimes de guerre, des militants, soutiens farouches de l’Etat hébreu ont engagé une odieuse campagne pour démolir Charles Enderlin. Et c’est donc aujourd’hui des acteurs de cette campagne qui dénoncent les manquements supposés de B. Guigue en matière de devoir de réserve. Les même d’ailleurs avaient pris fait et cause contre Edgar Morin, victime lui aussi d’un chantage à l’antisémitisme après de nombreux autres personnalités (Daniel Mermet, Pascal Boniface, etc.).

 

Comment ne pas penser qu’il s’agit là d’un nouvel épisode de cette guerre idéologique menée contre tous les contempteurs d’Israël ?

 

Voyons donc ce qui, dans les propos de B. Guigue a pu susciter l’émoi de ses détracteurs. B. Guigue nous rappelle les sinistres “exploits” militaires d’Israël, civils décimés à coups de missiles, et déjà durant le seul été 82 (invasion du Liban) le bilan macabre qui était 10 fois supérieur à la terrible tragédie du 11/09. N’est-ce pas là un simple calcul mathématique ?

 

L’allusion au III Reich est sans doute l’extrait le plus virulent. Mais que dit Bruno Guigue ? Prétend t-il que le régime nazi est l’exact équivalent de l’actuel gouvernement d’Israël ? Certes, non. Citant les propos de défenseurs acharnés de l’Etat d’Israël qui précisément se commettent dans de bien imprudents rappels de l’histoire, il précise que “analogie pour analogie”, il n’est pas certain que de tels rapprochements soient de nature à servir l’Etat hébreu.

 

Faut-il rappeler ici cette incroyable interview accordée au journal israélien Haaretz où un des commandants des Forces de Défense d’Israël (FDI) dans les territoires palestiniens déclare ignominieusement que dans le cas où la cible serait “un camp de réfugiés à forte densité ou bien la Kasbah de Naplouse, et s’il est assigné aux troupes de conduire la mission avec les plus faibles pertes possibles de part et d’autre, le chef des opérations devra analyser et prendre en compte les batailles du passé ; y compris, aussi choquant que cela puisse paraître, sur la manière dont l’armée allemande a combattu le ghetto de Varsovie”.

 

Le mouvement pacifiste israélien Coalition des Femmes pour une Paix Juste a ainsi commenté ces propos odieux “Si on peut comparer un camp palestinien au ghetto de Varsovie, à qui doit-on alors comparer les soldats qui l’attaquent ?”.

 

Faut-il encore rappeler aussi cette abominable déclaration encore plus récente -en pleines tueries contre Gaza où des dizaines de femmes et d’enfants ont été décimés- de Matan Vilnai, vice-ministre de la Défense israélien qui en réponse aux “tirs de Qassam” promettait aux Palestiniens “une Shoah encore plus grande” ?

 

Qui donc est responsable de telles comparaisons ? Qui s’inspire des plus odieux crimes de l’histoire ? Comment enfin rester de marbre face à de telles abjections ?

 

Revenons donc à ce fameux devoir de réserve qui est opposé à Bruno Guigue. Il faut tout d’abord rappeler qu’il s’exprimait en tant que spécialiste des questions politiques et non en sa qualité de sous-préfet. Par ailleurs, il est exact que la législation française soumet la liberté d’expression des fonctionnaires à certaines limitations au nom de l’obligation de réserve : toutefois, de telles limitations doivent être conformes à l’article 10.2 de la CEDH, en particulier ses articles qui disposent que l’ingérence ainsi commise doit poursuivre des buts légitimes (la sécurité nationale, l’intégrité territoriale ou la sûreté publique, la défense de l’ordre et la prévention du crime, la protection de la santé ou de la morale, la protection de la réputation ou des droits d’autrui) et être justifiée par des considérations démocratiques.

 

A notre avis ici, cela n’est certes pas le cas. Plus encore, ce sont certainement les propos de Bruno Guigue s’inscrivant courageusement contre des crimes majeurs contre un peuple désarmé et qui demeurent impunis qui se situent dans le droit fil d’une certaine tradition française de défense des droits de l’homme. En ce sens, Bruno Guigue fait largement honneur à sa fonction.

 

Enfin, rappelons encore une déclaration scandaleuse passée quasiment inaperçue. S’exprimant contre l’attentat de la yeshiva Merkaz Harav, à Jérusalem au nom des 111 parlementaires du groupe d’amitié France-Israël le 11 mars dernier, place de la République, à Paris, Claude Goasguen, député UMP de Paris, a dénoncé les agressions d’un “peuple sauvage de terroristes épouvantables”. Mais sur le massacre commis peu après de dizaines de civils, femmes et enfants de ce “peuple sauvage de terroristes”, Goasguen n’avait rien trouvé à redire. Et ses propos n’ont guère suscité l’émoi.

 

Il faut dire que les députés n’étant pas de hauts fonctionnaires, ils ne sont pas soumis à un devoir de réserve. Ni même apparemment à celui de décence.

 

Pour finir, nous souhaitons citer ici le propos du journaliste britannique Robert Fisk qui couvre l’actualité proche-orientale depuis des décennies et qui déjà, dénonçait il y a quelques années l’impunité dont jouit Israël qu’il mettait au compte d’une intolérable lâcheté ” La peur d’être taxés «  d’antisémitisme » nous amène à fermer les yeux sur des agissements inadmissibles au Moyen-Orient », dénonçait t-il. Et de s’interroger « Que se serait-il passé si nous avions soutenu le régime d’apartheid sud-africain contre la population noire majoritaire ? (…).

 

Et si nous avions décrit les enfants noirs abattus par la police comme les victimes d’un « acte sacrificiel » de leurs propres parents ? (…)Il faut toutefois rappeler que les escadrons de la mort sud-africains n’utilisaient ni mitrailleuses héliportées, ni missiles…Depuis la seconde guerre mondiale, rarement un peuple aura été aussi vilipendé que le peuple palestinien. Rarement un peuple aura été aussi souvent excusé, jamais on ne lui aura à ce point passé ses caprices, que les Israéliens.

 

Les ambassades israéliennes, de part le monde, s’emploient à tenir la jambe aux éditeurs, pour leur faire la leçon : ils ne doivent pas qualifier le Premier ministre israélien de « faucon », car cela « enfreindrait la courtoisie ». Et les publicistes de rentrer dans le rang, le petit doigt sur la couture du pantalon.(…)

 

Notre couardise, notre refus de dire la vérité, notre peur d’être taxés d’« antisémitisme » – l’une des injures les plus graves qui puissent être proférées envers un journaliste – ne font que contribuer à la perpétration d’actes atroces au Moyen-Orient, et en même temps, en fermant les yeux, à les laisser se perpétuer sans rien dire. Nous serions bien inspirés de regarder bien en face ces « remakes » de l’ère de l’apartheid et de nous souvenir de l’époque où les hommes avaient encore un peu d’honneur… ».

 

Bruno Guigue est un homme d’honneur, assurément. C’est en cela qu’il dérange.

 

(Source : le site « Oumma.com » (France), le 23 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/La-honte

 


Turquie: le parti au pouvoir cherche à éviter d’être frappé d’interdiction

 
ANKARA – Le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir en Turquie et menacé par une procédure d’interdiction pour activités anti-laïques, envisage une modification de la Constitution pour y échapper, a indiqué lundi un responsable de l’AKP. L’AKP pourrait déposer au Parlement d’ici la fin de la semaine une proposition visant à rendre plus difficile l’interdiction d’un parti politique, a déclaré le vice-président du parti Nihat Ergün à des journalistes. Le procureur de la Cour de cassation a déposé le 14 mars un recours auprès de la Cour constitutionnelle réclamant la dissolution pour activités anti-laïques de l’AKP, formation issue de la mouvance islamiste. Le réquisitoire du procureur, examiné par la Cour constitutionnelle, accuse le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et nombre de ses amis de l’AKP d’islamiser la Turquie laïque et demande qu’on leur interdise l’activité politique pendant cinq ans. C’est la première fois qu’une telle requête est lancée contre un parti au pouvoir, même si une vingtaine de formations ont été dissoutes en Turquie depuis les années 1960. Une révision de l’article 69 de la Constitution turque, ayant trait aux fonctions des partis politiques, “est devenue une nécessité”, a estimé M. Ergün qui, sans entrer dans les détails, a laissé entendre que la proposition de l’AKP visait à rendre plus difficile l’interdiction d’un parti. Le parti de M. Erdogan, issu de la mouvance islamiste mais qui se définit aujourd’hui comme démocrate et conservateur, est au pouvoir depuis 2002. Il a obtenu 46,6% des voix, soit 341 des 550 sièges de l’Assemblée unicamérale, aux législatives de juillet 2007. Le procureur accuse cette formation de constituer un “foyer d’activités anti-laïques”. “Le système actuel de dissolution d’un parti peut mettre fin au travail législatif”, a souligné M. Ergün qui a rappelé que le parti pro-kurde DTP (Parti pour une société démocratique, 20 sièges au Parlement) était également visé par une procédure d’interdiction. (©AFP / 24 mars 2008 16h53)

 

 


 

 

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