Lettre ouverte relative au prochain Sous comité droits de l’Homme UE-Tunisie Fédération Africaine des Journalistes : La FAJ s’indigne contre la politique de répression systématique du journalisme indépendant en Tunisie Amnesty International: Journalist in Tunisia faces imprisonment for covering Gafsa unrest AZZA ZARRAD (La femme de Taoufik Ben Brik): Communiqué Comité national de Soutien aux populations du bassin minier: Hassan Ben Abdallah a été écroué Ligue des Droits de l’Homme: En Tunisie, pas de droits pour les défenseurs des droits Le Parti communiste français soutien Khemaïs Chammari et condamne l’attitude du pouvoir tunisien Conference de presse de M. Bouebdelli a la ligue des droits de l’homme- Paris Assassinat de Farhat Hached – Lettre des Syndicats à l’UGTT Slim Bagga: Sami Akremi, l’homme aux 6000 dinars Abdel Wahab Hani: La patience de Aïd / Retornado Zouhir Latif s’effrite face à l’inertie de l’Administration ATS: L’Albanie accepte trois nouveaux ex-détenus de Guantanamo AFP: Crise avec la Suisse: la Tunisie déclare sa solidarité la Libye Reuters: A ‘model’ Islamic education from Turkey?
Juan Goytisolo:
L’Orient et l’Occident comme espaces imaginaires -(traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem)
Lettre ouverte à l’attention de Catherine Ashton, Haute Représentante de l’UE pour les Affaires Etrangères et de Stefan Füle, Commissaire pour l’Elargissement et la Politique Européenne de Voisinage
Chère Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères,
Cher Commissaire,
Dans la perspective du Sous comité droits de l’Homme entre l’UE et la Tunisie le 25 février prochain, nous vous interpellons au regard de la situation des droits de l’Homme qui prévaut en Tunisie.
Le journaliste et écrivain tunisien Taoufik Ben Brik, incarcéré en Tunisie depuis le 29 octobre 2009 a été condamné le 26 novembre suivant à six mois de prison à la suite d’un procès inéquitable. Alors qu’il est atteint du syndrome de Cushing et que Mr Ben Brick nécessite des soins réguliers, les conditions de sa détention s’assimilent à un traitement inhumain, cruel et dégradant portant atteinte à ses droits les plus élémentaires comme son droit de visite, son droit d’accès aux soins de santé ou encore ses droits à la défense.
Dans le contexte d’élections municipales le 9 mai prochain, l’accès aux sièges et locaux de plusieurs ONGs et partis politiques légaux reste largement entravé et les mesures répressives se multiplient à l’encontre des militants des droits de l’Homme. Les actes de harcèlement via une surveillance policière constante et les restrictions arbitraires imposées à la liberté de circulation constituent le quotidien des défenseurs des droits de l’Homme que sont par exemple Sihem Bensedrine, Radhia Nasraoui, Azza Ben Brick, Omar Mestiri, Raouf Ayadi, Fahem Boukadous, Hassan Ben Abdallalh ou encore Slim Boukhdir. Khémaïs Chammari, co fondateur de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme, est d’ailleurs réduit à entamer une grève de la faim illimitée afin d’interpeller sur les violations de ses droits et revendiquer leur respect et garantie au quotidien.
Nous vous demandons d’exiger la libération immédiate de Taoufik Ben Brik ainsi que de tous les défenseurs des droits de l’Homme illégalement condamnés ainsi que l’arrêt immédiat de toutes formes d’intimidation à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme.
Nous vous rappelons une fois encore que l’Accord d’Association qui lie l’Union européenne et ses Etats membres avec la Tunisie contient une clause droits de l’Homme et démocratie juridiquement contraignante pour toutes les parties. La Tunisie s’est également engagée, dans le plan d’action de la Politique Européenne de Voisinage, à promouvoir la démocratie et le respect des libertés fondamentales conformément aux conventions internationales.
Il est temps de prendre acte de la situation sur place et en matière de libertés fondamentales, le constat est rude : aucune reconnaissance légale d’ONG depuis vingt ans, restrictions drastiques de la liberté de circulation, de la liberté d’opinion et d’expression, de la liberté de la presse, de la liberté d’association et de réunion, actes d’harcèlement, menaces, campagnes de diffamation et agressions à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et de leur famille, procès inéquitables, détentions arbitraires, corruption et disparités sociales. Devant ces violations massives des droits de l’Homme, l’exigence de justice se heurte aux atteintes répétées à l’indépendance du barreau et à la mise au pas de l’association des magistrats. Enfin, la torture demeure une pratique courante avérée. Par ailleurs, les fonds de nos projets IEDDH ne sont pas débloqués.
Autant d’éléments qui appellent plus que jamais une mise à l’agenda prioritaire et systématique des droits de l’Homme dans tous les rendez vous de l’Union européenne avec la Tunisie. Nous attendons donc de votre politique à l’égard de la Tunisie qu’elle soit conforme au gage du Commissaire Füle quant au respect des droits de l’Homme comme préalable sine qua non à tout approfondissement des relations de l’UE avec un pays tiers et à la garantie de Mme Ashton de nouer des contacts avec les défenseurs des droits de l’Homme des pays qu’elle visite.
Pour ces raisons, nous réitérons notre appel en faveur d’une mise en œuvre systématique des lignes directrices sur les défenseurs des droits de l’Homme par la délégation de la Commission et les Etats membres. Il est de votre responsabilité que l’UE respecte ses propres engagements et nous attestons pourtant l’absence de mise en œuvre de ces lignes directrices en Tunisie qu’il s’agisse d’assister aux procès des défenseurs des droits de l’Homme, de les rencontrer en prison ou encore de soutenir leurs familles.
Nous vous appelons à réaffirmer les valeurs fondamentales de l’UE comme vous vous y êtes engagés et à exiger de nos partenaires tunisiens le plein respect des droits de l’Homme et de la démocratie conformément aux articles 8 et 21 TUE.
Thijs Berman, député européen S&D
Cornelia Ernst, députée européenne GUE/NGI
Hélène Flautre, députée européenne Verts/ALE
Sylvie Guillaume, députée européenne S&D
Heidi Hautala, députée européenne Verts/ALE, Présidente de la Sous commission des droits de l’Homme
Marie Christine Vergiat, députée européenne GUE/NGI
Copie à M. Bernard Kouchner, Ministre français des Affaires Etrangères
Fédération Africaine des Journalistes (FAJ)
Communique de presse 19 février 2010
La FAJ s’indigne contre la politique de répression systématique du journalisme indépendant en Tunisie
La Fédération Africaine des Journalistes (FAJ) s’est indignée aujourd’hui contre la politique des autorités tunisiennes de réprimer systématiquement la presse libre et indépendante depuis la tentative de putsch organisée contre le bureau légitime du Syndicat National des journalistes (SNJT) et demande la libération immédiate et sans conditions de Tawfiq Ben Brik journaliste indépendant et de Fahem Boukaddous, correspondant de la chaîne satellitaire « Dialogue tunisien ».
« Ce qui se passe en Tunisie est contraire aux principes élémentaires de la démocratie, de la liberté d’opinion et d’expression.» a déclaré Omar Faruk Osman Président de la FAJ. «Depuis un certain temps, on assiste à une volonté manifeste de mettre au pas tous les journalistes qui veulent travailler de manière libre et indépendante. Il est temps de mettre un terme aux violations de la liberté de la presse et des droits humains».
En Août 2009, Tawfiq Ben Brik, connu pour ses articles critiques sur le gouvernement tunisien a été incarcéré illégalement puis condamné à une peine de 6 mois d’emprisonnement, dans une affaire montée de toutes pièces selon les membres de son collectif de défense et des organisations des droits de l’homme. Il se trouve actuellement dans des conditions pénibles et privé illégalement par la direction pénitentiaire de la visite de ses avocats bien qu’ils soient en possession d’autorisations du tribunal. Son état de santé est alarmant vu qu’il souffre d’une maladie rare.
Fahem Boukaddous correspondant de la chaîne satellitaire “Dialogue Tunisien”, a été quant à lui condamné à une peine de 4 ans de prison pour « constitution d’une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens » uniquement pour avoir couvert et relayé le mouvement de la chaîne Al-Hiwar Attounsi. Il sera jugé en appel le 23 février 2010.
De même deux activistes de la société civile travaillant comme correspondants pour des médias locaux ont été jugés à des peines de prison dans des affaires se rapportant à leurs couvertures des élections d’octobre 2009 et des événements tragiques qu’à connu la région minière en Tunisie.
D’après les observateurs, ces jugements ont été entachés d’irrégularités atroces qui reflètent l’absence d’indépendance de l’autorité judiciaire, même s’il faut se féliciter de la libération de Zouhayr Makhlouf correspondant du journal électronique “Assabil Online” suite à un séjour de prés de 4 mois en prison.
En outre, le tribunal de Tunis examinera le 1er mars prochain l’affaire portée par le SNJT pour annuler le congrès illégal du 15 août 2009 qui a amené une direction illégale et illégitime imposée à la tête du syndicat.
La FAJ appelle les autorités tunisiennes à mettre fin à toute ingérence dans les affaires internes du SNJT et propose sa médiation et sa supervision pour l’organisation diligente du congrès unifié du Syndicat pour plus de sérénité dans leurs relations avec les médias afin que la liberté de la presse et la liberté d’expression deviennent une réalité dans ce pays.
Pour plus d’information entrez en contact avec +221 33 867 95 87 La FAJ représente plus de 50.000 journalistes dans 36 pays en Afrique
International Federation of Journalists
Africa Regional Office
3rd Floor, Immeuble Seynabou, VDN-Sicap Sacré Cœur III
BP 64257, Dakar Senegal Tel: +221- 33 867 95 86/87; Fax: +221- 33 827 02 50 E-mail: ifjafrique@ifjafrique.org
Website: www.ifjafrique.org
Journalist in Tunisia faces imprisonment for covering Gafsa unrest
COMMUNIQUE DE PRESSE
Tunis, le 23/02/2009
La famille Ben Brik informe l’opinion publique tunisienne et internationale que la vie de Taoufik Ben Brik, le journaliste et poète condamné à 6 mois de prison ferme suite à ses articles sur le régime tunisien est réellement en danger. Son taux de Cholestérol est monté jusqu’à 3,2 g et celui des triglycérides à 3,5. Les autorités pénitentiaires ont refusé de nous en informer à temps malgré la requête de Taoufik, ce qui nous permettrait d’éviter le pire en réajustant le dosage de ses médicaments ; ce qui démontre la volonté des autorités tunisiennes de pousser Taoufik jusqu’à la mort. Nous rappelons les autorités tunisiennes qu’elles sont responsables de tout ce qui pourrait arriver à Taoufik derrière les barreaux. Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit d’une question de vie ou de mort et nous implorons l’opinion à assister Taoufik en danger. AZZA ZARRAD La femme de Taoufik Ben Brik
En Tunisie, pas de droits pour les défenseurs des droits
– 23/02/2010 16:40:00 Khemaïs Chammari a entamé une grève de la faim en raison du harcèlement insupportable dont il est l’objet de la part des autorités tunisiennes. Empêché de se déplacer, empêché de recevoir du monde, téléphone coupé, quasiment emprisonné à domicile, cet éminent défenseur des droits de l’Homme dans son pays mais aussi dans le reste du monde exprime son refus de l’arbitraire par le seul moyen qui lui reste : mettre sa santé en péril. Comme bien d’autres militants tunisiens, Khemaïs Chammari est victime d’un régime qui ne recule devant rien pour empêcher toute expression démocratique dans son pays. Nicolas Sarkozy a cru discerner un progrès des libertés en Tunisie : le sort réservé aux opposants à la dictature de M. Ben Ali devrait le conduire à rappeler à son homologue tunisien l’importance que la France attache au respect des libertés démocratiques. La Ligue des droits de l’Homme réaffirme sa solidarité à Khemaïs Chammari et à tous ceux et à toutes celles qui luttent en faveur des libertés en Tunisie, et appelle le gouvernement tunisien à mettre un terme à ces agissements insupportables. Elle demande au gouvernement français de faire savoir publiquement son soutien aux défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie.
Le PCF soutien Khemaïs Chammari et condamne l’attitude du pouvoir tunisien
Le Parti communiste français exprime sa profonde indignation devant la situation inacceptable imposée par les autorités tunisiennes à l’encontre de M. Khemaïs Chammari. Depuis plusieurs jours, cet homme, parce qu’il est un défenseur inlassable des droits de l’homme dans son pays, se voit placé sous surveillance policière permanente, harcelé, privé du droit de circuler et de rencontrer qui il souhaite. Rien ne peut justifier de telles mesures de privation de libertés. Aucune plainte ou procédure judiciaire ne concerne M. Chammari. Que cherche le pouvoir tunisien? Devant le silence de celui-ci aux questions posées, M. Chammari a décidé d’entreprendre une grève de la faim pour protester contre ce harcèlement. Le Parti communiste français condamne avec la plus grande fermeté l’attitude du pouvoir tunisien et exprime tout son soutien et sa solidarité à l’égard de M. Chammari dont il salue le combat incessant depuis de longues années pour les libertés, la démocratie et le progrès social dans son pays.
Mesdames, Messieurs,
Merci à vous tous d’être venus aujourd’hui.
Je suis le fondateur et le président du premier groupe d’enseignement privé en Tunisie, créé en 1973 avec mon épouse Madeleine.
La Fondation BOUEBDELLI est, dans l’enseignement privé tunisien, l’institution phare de l’éducation et de la formation de la jeunesse depuis plus de 37 ans.
Dès le départ, la Fondation s’est voulue être le symbole de la qualité et l’excellence. Elle a respecté cette devise tout d’abord dans l’enseignement primaire avec l’Ecole Jeanne d’Arc, puis dans l’enseignement secondaire avec le Lycée Louis Pasteur, et enfin en créant l’Université Libre de Tunis qui regroupe un institut polytechnique, une faculté de droit et de gestion et une école d’architecture.
Si je suis aujourd’hui devant vous, c’est pour expliquer comment l’arbitraire a mis fin à cette expérience de plus de 37 ans avec la décision arbitraire et inique de fermeture de l’Université Libre de Tunis.
Comment en est-on arrivé là?
La Tunisie subit malheureusement une grave crise politique qui a détruit toutes les possibilités de construction d’une véritable démocratie dans le pays. Et ce qui est encore plus grave, cette crise politique a conduit à un déréglement du fonctionnement des institutions politiques de l’Etat. L’application de l’Etat de droit dans tous les secteurs de la vie nationale est menacée par l’arbitraire, les passe-droits, la corruption, l’institution du règne de la peur et l’insécurité pour les personnes et leurs biens.
La Fondation Bouebdelli n’a pas échappé à ce sort.
C’est pourquoi j’ai tenu, en octobre dernier, à dénoncer les dérives et les reniements du régime en place dans un livre publié sur internet, intitulé “Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays de liberté”, dans lequel j’ai présenté nombre de propositions constructives, valant mode d’emploi, pour faire de la Tunisie un pays démocratique. Je suis alors entré en résistance.
La publication de ce livre, qui avait pour but d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale, sur la réalité politique en Tunisie, n’a pas manqué d’entraîner la réaction répressive du Pouvoir à l’encontre de notre Institution d’enseignement supérieur, l’Université Libre de Tunis.
En effet, quatre mois après avoir publié ce livre critique sur le Pouvoir en place, j’ai été sanctionné: le ministre de l’Enseignement supérieur a décidé du retrait de l’agrément de l’Université Libre de Tunis pendant 3 ans et la nomination d’un administrateur judiciaire ayant pleins pouvoirs. La récente “mise à mort” de l’Université a utilisé un subterfuge juridique, faute d’avoir pu atteindre son but avec des contrôles fiscaux, d’hygiène, de sécurité sociale et autres, qui n’ont pas abouti.
Cette agression contre des institutions éducatives de la Fondation BOUEBDELLI n’est pas la première.
Ayant toujours refusé d’accepter les passe-droits pour les protégés du clan au Pouvoir, malgré les sommations et les mesures de rétorsion, ma famille a été en butte, dès 2004, à de multiples tracasseries et la victime d’un véritable harcèlement.
Cela a commencé en septembre 2004 avec la tentative de mainmise sur l’Ecole Jeanne d’Arc.La raison en était le refus décidé par le conseil de classe d’inscrire en première année de notre Collège une élève apparentée au clan au Pouvoir et la non-acceptation de modifier la décision du conseil de classe. Ce fut alors un véritable “Tsunami” avec retrait de l’autorisation, destitution de la directrice, mon épouse, mainmise sur l’ensemble des biens et j’en passe…Pas moins de six ministères ont alors participé à la curée!
Devant l’ampleur du mouvement de protestation et de mobilisation des 1400 élèves, de l’ensemble du corps enseignant et des parents, le ministère de l’Education s’est trouvé contraint de revenir sur sa décision de fermeture.
Trois ans plus tard, en mai 2007, nouvelle confrontation avec le Pouvoir: l’affaire du Lycée Louis Pasteur qui a été relatée, à l’époque, par plusieurs médias français et européens. On nous signifia alors la fermeture du Lycée Louis Pasteur. Personne n’ignorait plus, à ce moment, qu’il s’agissait là d’une décision destinée à favoriser – même au prix d’une illégalité – une institution qui venait d’être créée à cette date, l’Ecole Internationale de Carthage, sur l’initiative de Mme Ben Ali, épouse du président de la République, et Mme Souha Arafat. Ce lycée est toujours fermé.
Le dossier du Lycée Louis Pasteur fut pour moi un choc;
j’ai compris à cette occasion ce qu’était l’arbitraire.
L’affaire du Lycée Louis Pasteur a envenimé le climat un peu plus encore: e.mails détournés, lignes téléphoniques surveillées, contrôles sanitaires répétés, contrôles fiscaux approfondis etc.
Et le coup de grâce vient d’être donné en janvier 2010: l’Université Libre de Tunis vient d’être fermée par une oukase ministérielle, prise en un temps éclair, selon la procédure la plus expéditive et la plus arbitraire qui soit.
Cette procédure administrative s’est terminée en l’espace de 15 minutes. Elle a été suivie le lendemain même et sans autre forme de procès, par un Arrêté signé par le ministre de l’Enseignement supérieur. Ce dernier a décidé de retirer l’autorisation universitaire à l’Université libre de Tunis, de la placer pour 3 ans sous l’autorité d’un “administrateur” relevant du ministère et de fermer définitivement l’Ecole polytechnique de cette Université, qui représente plus de 70% de son activité. Cet Arrêté équivaut réellement à un “arrêt de mort programmé” contre l’Université Libre de Tunis.
L’affaire est une affaire politique. Sous le couvert de prétendues sanctions administratives infondées et disproportionnées, elle vise à faire taire une voix, à dénier à un citoyen libre et patriote le droit de dire la vérité à ses concitoyens.
Elle viserait, outre la volonté de vengeance, à réaliser un projet d’une autre Université libre à Carthage au profit de l’un des clans proches du Pouvoir, comme le laisse entendre la lettre hebdomadaire de “Maghreb Confidentiel”, numéro 912, en date du 4 février 2010, qui écrit: ” La fermeture de l’Université Libre de Tunis, le 25 janvier, est-elle destinée à faire place nette pour la future Université Leïla Ben Ali? Alors que le premier établissement d’enseignement supérieur privé de Tunisie, fondé en 1973 par Mohamed Bouebdelli, vient d’être “suspendu” – jusqu’en 2014! – par le ministre de l’Enseignement supérieur, l’épouse du président Ben Ali fait avancer, selon nos sources, son dernier projet: une Université privée située à Carthage. Des terrains seraient même déjà “réservés” à proximité de l’Ecole internationale de Carthage… Un air de déjà vu? Ce lycée, fondé en 2007 par Leïla Ben Ali et Souha Arafat, la veuve de Yasser Arafat, avait ouvert ses portes juste après la fermeture du Lycée Pasteur, dirigé par l’épouse de Mohamed Bouebdelli, Madeleine Pithoud-Bouebdelli. “La fac de Leïla” devrait faire la part belle aux diplômes d’ingénierie, mais un cursus d’expertise comptable – dont il se murmure qu’il pourrait être bientôt privatisé – serait aussi à l’ordre du jour”. (Fin de la brève).
Enfin, je m’interroge sur l’attitude de la France dans cette affaire. Je suis Franco-Tunisien ainsi que mes enfants. Mon épouse est Française. Pourtant, les Autorités de ce pays ne semblent pas préoccupées outre mesure du sort de la Fondation Bouebdelli et encore moins de celui de ses dirigeants, citoyens français, malgré nos correspondances et tout ce qui a été publié sur la presse.
En revanche, des responsables de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Tunis ont récemment pris d’eux-mêmes l’initiative d’aller rencontrer mon épouse à l’Ecole Jeanne d’Arc et manifesté leurs inquiétudes et leur soutien…
Dans l’affaire du yacht volé au PDG de la Banque Lazard par un membre du clan au Pouvoir en Tunisie, M. Bruno Roger, son malheureux propriétaire, a pu récupérer son bien en quelques semaines. C’est vrai qu’il est l’ami personnel de MM. Chirac et Sarkozy.
Serions-nous donc des Français de seconde zone? Car dans l’affaire qui nous concerne, nous n’espérons pas moins que de récupérer nos biens dont nous avons été spoliés, et que la France sensée protéger ses ressortissants et ses citoyens y mette un point d’honneur…
Je voudrais, pour conclure, remercier tous ceux qui nous ont manifesté leur soutien tout au long de cette décennie d’acharnement du Pouvoir, et tout particulièrement la Ligue des droits de l’homme, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie, RSF, M. Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, M. Michel Tubiana, MM. Kamel Jendoubi et Mohieddine Cherbib, ainsi que tous les médias qui ont traité cette affaire sans complaisance. Merci à tous.
Monsieur JERAD Abdessalem
Secrétaire Général de l’UGTT
29, Place M’hamed Ali
Tunis 1002
TUNISIE
Paris, le 23 février 2010
Objet : Pour la vérité sur l’assassinat de Farhat Hached
Chers amis,
Nous soutenons pleinement votre recherche de vérité et de justice s’agissant du meurtre en 1952 deFahrat Hached, secrétaire général de l’UGTT depuis sa fondation en 1946 jusqu’à son assassinat. Il était aussi une figure importante du mouvement national tunisien.
Cette plaie non refermée vient en effet d’être rouverte à la suite de la diffusion par la chaîne de télévision Aljazeera d’un reportage sur l’assassinat du leader syndicaliste tunisien par l’organisation terroriste « la Main rouge ».
Dans ce reportage, un citoyen français revendique être partie prenante de cet assassinat. Plus de 50 ans après, ce personnage, non seulement ne regrette rien mais affirme que si c’était à refaire, il le referait.
Nous comprenons que cette diffusion ait provoqué une légitime émotion en Tunisie où Farhat Hached jouit d’une image particulière dans la mémoire collective.
Cette émotion interpelle les syndicats français sur le rôle du gouvernement de la France de l’époque dans cette affaire.
C’est pourquoi la CFDT, la CGT, la FSU, Solidaires et l’UNSA soutiennent votre démarche auprès des autorités françaises pour faire toute la lumière sur les circonstances, les responsabilités et l’identification des auteurs de l’assassinat de Farhat Hached. Nous interviendrons à vos côtés pour appuyer cette action et ses éventuelles suites judiciaires.
Soyez, chers amis, assurés de notre profonde solidarité.
Pour la CFDT Philippe Réau |
La CGT Jean-François Courbe |
La FSU Roger Ferrari |
Solidaires Alain Baron |
L’Unsa Saïd Darwane
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Sami Akremi, l’homme aux 6000 dinars
Les services du Chef du Bureau des Relations avec le Citoyen au Ministère de l’Intérieur (MonsieurHasan Maghraoui: +216-71-233-000), promettent se renseigner, de saisir les autorités compétentes et de prendre attache avec Aïd / Retornado Latif. Espérons un dénoument huereux à une attente de passeport de près de 1000 jours. Nous engageons les nôtres des AÏDOUN / RETORNADOS à saisir le Chef du Bureau des Relations avec le Citoyen au Ministère de l’Intérieur,afin de dégeler leurs demandes de passeport.
Par Abdel Wahab Hani
Notre ami Aïd / RetornadoZouhir Latif s’impatiente, dans l’inertie et l’inaction inexpliquée de l’Administration, à l’attente de son passeport tunisien, déposé depuis juillet 2008.
Résident en Grande Bretagne, binational, citoyen tunisien et sujet deSa Gracieuse Majesté Elisabeth II, née Elizabeth Alexandra Mary Windsor, Reine d’Angleterre, Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de ses autres royaumes et territoires, Cheffe du Commonwealth et Reine de ses 16 Etats, Amirautée, Défenseuse de la Foi, Gouverneuse de l’Eglise anglicane par la grâce de Dieu, notre ami Aïd / RetornadoZouhir vient d’écrire à Son Excellence Hamida Mrabet Labidi, Ambassadrice de la République Tunisienne à Londres, auprès du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, ainsi qu’auprès de la République d’Irlance.
Aïd / Retornado Zouhir y demandait à l’Ambassadrice de lui délivrer son passeport tunisien afin qu’il puisse se rendre au chevet de sa maman Mme Latif mère, agée de 86 ans et aujourd’hui souffrante. La dernière rencontre entre mère et fils date de 2005 à Tunis. Depuis Mme Latif n’a pu voir son fils bien aimé.
Aïd / Retornado Zouhir y rappelait à l’Ambassadrice le dernier discours du Chef de l’Etat, en Conseil des Ministres, appelant les ministres et les responsables de l’Etat à prendre au sérieux les problèmes et les doléances de nos concitoyens
Aïd / Retornado Zouhir avait entamé toutes les démarches légalistes entreprises par AÏDOUN /RETORNADOS:
-Il a écrit à La Médiateure Administrative;
-Il a fait établir un extrait de son Casier juidiciaire vierge;
-Il a téléphoné, cet après-midi, aux services du Responsable du Bureau des Relations avec le Citoyen au Ministère de l’Intérieur, Monsieur Hasan Maghraoui: +216-71-233 000, rappelant le récent discours du Chef de l’Etat sur le rôle desdits bureaux au service des citoyens. Ces derniers doivent aider les citoyens, y compris ceux de la Diaspora, dans leurs requêtes auprès de l’Administation
Journaliste Grand Reporter Producteur TV, Aïd / Retornado Latif a interviewé les grands de ce monde: Kofi Annan, Tony Blair, Naguib Mahfouz, Necmettin Erbakan, Abdullah Gul, Ibrahim Rogova, Sa Magesté Hassan II
Aïd / RetornadoZouhir Latif est déterminé à rentrer au pays le plutôt que possible. Si les autorités consulaires renaclent à lui délivrer son passeport, il est déterminé à rentrer avec le passeport de Sa Majesté Elisabeth II.
Il enetend protester contre cette discrimination dont il fait l’objet, à l’instar de dizaines d’autres AÏDOUN / RETRONADOS qui attendent, dans une patience légendaire, leurs passeports tunisiens déposés depuis des mois voir des années, alors que la prosédure prend tout juste quelques 3 heures dans nos Consulats et les services consulaires de nos Ambassades.
Espérons que les services de Madame Hamida Mrabet Labidi, Ambassadrice à Londres, de Madame Saïda Rahmouni, Médiateure de la République, de Monsieur Hasan Maghraoui,Chef du Bureau des Relations avec le Citoyen au Ministère de l’Intérieur et ceux de Monsieur Ali Larbi Aïdoudi,Directeur général de la Direction générale des Affaires consulaires au Ministère des Affaires étrangères, inciteront les autorités compétentes, et notamment le Ministre de l’Intérieur Monsieur Rafij Haj Kacem, à prendre les mesures positives qui s’imposent, en libérant le passeport duAïd / Retornado Zouhir Latif, avant qu’il ne soit trop tard.
Paris, le 24 février 2010
Aïd / Retornado, Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mouhibboun Wa Kariha Al KArihoun
Abdel Wahab Hani
+33(0)617960037 (injoignable depuis les lignes fixes, mobiles, rifi, publiques et privées de l’opérateur national Tunisie Telecom, depuis bientôt une décennie, par décision d’un fonctionnaire, ‘tunisien et non émirien’ zélé)
PS: Pour joindre Aïd / Retornado Zouhir Latif, Director & TV Producer:
+44(0)7578492089 et +44(0)7536941872
L’Albanie accepte trois nouveaux ex-détenus de Guantanamo
Crise avec la Suisse: la Tunisie déclare sa solidarité la Libye
A ‘model’ Islamic education from Turkey?
Juan Goytisolo
Courtesy l’auteur J.G., traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem
Il y a quelques années, alors que je prenais tranquillement mon café, attablé à une terrasse de la Place Jemâa el-Fnâ à Marrakech, une touriste française en goguette s’approcha de moi pour me saluer et me faire part avec chaleur de son émotion de se trouver en Orient. En Orient ? Oui bien sûr ! Tous ces bazars, ces souks couverts et les arômes des épices, n’est-ce pas comme dans un conte oriental ? Malencontreusement je n’ai eu ni le courage ni la patience pour lui expliquer que l’Orient et l’Occident en tant qu’espaces mentaux, fruits de notre imaginaire collectif, ne correspondent à aucune réalité géographique. Le Maroc n’est-il pas connu chez les Arabes comme Al-Maghrib al-Aqsa ou l’Extrême Occident, autrement dit, quelque chose de si exotique et de si lointain pour un citoyen yéménite que l’étaient le Caire ou Damas, pour nous Européens, avant l’invention des vols charters.
Parler d’Orient et d’Occident comme on le fait actuellement dans le discours politique courant est un euphémisme : ce dernier terme désigne l’Europe et le monde américain crée par elle, alors que le premier renvoie à l’islam. Nous sommes donc en présence de deux termes dont le contenu antagonique date de plusieurs siècles, et dont la confrontation, prétendument inéluctable pour certains, donnera sa chair au fameux Conflit des Civilisations, qui a fait couler tant d’encre depuis la fin du XXe siècle ; plus précisément après les attentats du 11 septembre. Longtemps considéré comme un obstacle à l’expansionnisme soviétique, l’islam est redevenu à nouveau le symbole de la barbarie à laquelle nous devons faire face aujourd’hui. Le communisme mort, l’islam resurgit à l’horizon. Après le court intermède de la chute du Mur de Berlin qui nous a fait miroiter une fin probable de l’histoire, le discours spécifique de la Guerre froide fut à nouveau réintroduit dans les cercles politico-religieuses de l’ancienne présidence impériale de Georges W. Bush : Priorité à la défense des libertés et de la démocratie contre l’idéologie totalitaire et « son arme de destruction massive : la menace terroriste ».
A l’extrémisme radical de Ben Laden, prenant pour cible d’abord les Musulmans qui ne partagent pas sa vision du jihâd et seulement après, ceux qu’il surnomme « sionistes croisés », l’ancien Président des Etats-Unis et ses vulcains en ont opposé un autre, mais de type différent qui, en plus des groupes gravitant autour de la nébuleuse d’Al-Qaïda, englobait leurs complices présumés tels que Saddam Hussein et l’Iran des Ayatollahs, les incluant sans autre forme de procès dans la doctrine médiocre et ringarde de « l’Axe du Mal ». La distinction habituelle entre musulman, islamiste et jihadiste s’est évaporée par la volonté des télévangélistes et des curés affublés d’uniforme militaire, jouant aux cicérones politiques. La théorie du « Choc des Civilisations » – entre celle des pays démocratiques membres de l’Alliance atlantique et celle de l’Islam ; entre celle des colonnes des combattants de la liberté et celle des forces obscurantistes et tyranniques – n’a jamais été aussi bien servie. Quoi qu’il en soit, poser le problème en ces termes, ne pouvait que conduire fatalement aux désastres dont nous continuons de subir les répercussions jusqu’à aujourd’hui.
C’est ainsi que dès le 11 septembre 2001, nous sommes témoins de deux guerres meurtrières : une menée en Afghanistan avec l’aval de la communauté internationale mais mal conçue et piteusement conduite ; l’autre, en Irak, sans véritable prétexte autre que l’ambition, les convoitises et un chapelet de mensonges enrobés d’arguments patriotiques, et dont les maigres résultats politiques n’ont d’égal que les immenses pertes causées par les destructions des infrastructures de ce pays, de l’affrontement sanglant entre ses trois composantes ethnico-religieuses (en plus du harcèlement millénaire de sa minorité chrétienne) et du nombre très élevé des victimes (y compris nord-américaines). Ces deux guerres furent accompagnées d’un gigantesque déploiement de la machine de propagande, jouant sur l’amalgame et présentant la partie pour le tout. Comme pour le monde chrétien, la variété des situations, la richesse et la complexité des cultures et des traditions religieuses présentes au sein de l’islam ont peu importé aux experts du Pentagone et de la Maison Blanche. Car ce qui obéissait à l’impératif de contrôle des ressources en hydrocarbures et à la stratégie unilatérale du renforcement de l’hégémonie de la première puissance mondiale se transmuait, comme au temps du colonialisme européen en une « mission civilisatrice ». Mais l’échec retentissant de leurs visées arrogantes a démontré à quel point ils étaient dans l’erreur.
Alors que les diverses croyances et systèmes religieux présents dans l’aire asiatique – confucianisme, brahmanisme, bouddhisme, etc.— ont été de tout temps perçus avec candeur et complaisance, l’Islam, comme l’a noté le grand historien tunisien Hicham Djaїt, continue toujours d’incarner l’idée d’un credo à la fois proche mais inassimilable, dont la volonté hégémonique nous fait peur et dans le miroir duquel notre propre image se réfléchie. Même s’il y a eu des périodes de paix ou du moins des moments d’équilibre entre ces deux bouts de tissu aux couleurs bariolées que nous appelons Chrétienté et Islam, le souvenir qui perdure dans la mémoire collective des deux bords est celui d’une suite de conquêtes, de victoires, de défaites, de Croisades et de Guerres saintes. Cette longue et conflictuelle histoire commune, chargée de vicissitudes et de retournements a prit fin il y a plus d’un siècle par le triomphe écrasant des puissances européennes : chute de l’empire ottoman, abolition du Califat et occupation de la rive sud de la Méditerranée , du Détroit de Gibraltar aux rivages de la Turquie.
L’Etat laïc fondé par Kemal Atatürk et le soulèvement du Rif sous la bannière de Mohammad Ben Abdelkrim al-Khatâbî étaient incontestablement les signes avant-coureurs qu’une nouvelle étape historique pointait à l’horizon. Trois décennies plus tard, le cours des événements allait confirmer cette orientation.
Tout cela nous paraît bien loin aujourd’hui, mais il faut rappeler malgré tout le passé afin de rendre intelligible le présent et éviter de commettre les mêmes erreurs. Il fallait qu’on explique un jour pourquoi et comment, du Maroc à l’Irak, les mouvements de libération nationale dans le monde arabe, laïques et porteurs d’aspirations démocratiques à l’origine, tombèrent les uns après les autres entre les mains des dictateurs ou sous la férule des monarchies parfois théocratiques, au point qu’il est devenu difficile de faire la distinction entre celles-ci et les républiques dynastiques créées dans les années soixante et soixante-dix du XXe siècle au Maghreb et au Proche-Orient. Au moment où la rhétorique sur l’Unité arabe tourne à la mauvaise blague (il suffit de rappeler le spectacle déplorable offert par ces régimes pendant l’offensive israélienne contre Gaza), le retour massif à la religion tant dans la sphère privée que publique, met à nu l’impuissance et la désaffection des peuples arabes vis-à-vis de la politique, et ce sont les valeurs démocratique et les droits des femmes qui en ont pris un sacré coup.
J’ai évoqué la dilapidation de l’héritage légué par les figures emblématiques des mouvements d’émancipation arabes – nationalistes, laïques, démocrates – des hommes et des mouvements qui furent persécutés d’abord par des Européens se disant porteurs de civilisation, ensuite par des régimes musclés favorables aux intérêts de ceux-ci. Mais alors que les réformistes et les dissidents du communisme soviétique reçurent l’appui généreux, moral et matériel de l’Occident, aussi longtemps que la guerre froide a duré, ceux des pays arabes ont été tout simplement dégommés par l’indifférence ou par la complicité peu glorieuse de ce dernier avec des régimes exécrés. Les intérêts économiques de l’Angleterre, de la France et plus tard des Etats-Unis ont pesé et pèseront plus lourd que la défense des valeurs dont ces pays se faisaient ouvertement les champions. Le résultat a été catastrophique et les statistiques portant sur la situation politique, économique, sociale et éducative dans le monde arabe actuel sont là pour nous fournir une idée sur l’étendue de la catastrophe. Je me permettrais de reproduire à ce sujet, un passage lu il y a quelques temps qui concerne l’ensemble de l’aire islamique et qu’il faudrait bien évidemment mettre à jour :
“ Le pouvoir d’achat par tête d’habitant dans le monde arabe et musulman est de 3.700 dollars environ, contre 28.000 dollars par tête dans les pays développés. L’addition des montants des P.I.B des pays musulmans réunis est inférieure au P.I.B de l’Allemagne. Le P.I.B de l’ensemble des pays arabes est à peine supérieur à celui d’un pays comme l’Espagne. 47% des musulmans sont analphabètes, ne savent ni lire ni écrire et n’ont jamais mis les pieds dans une école. On enregistre de surcroît une crise du savoir et de la connaissance. La langue arabe est parlée par trois cent millions d’habitants environ, alors qu’on publie annuellement plus de livres en grec, une langue qui n’est parlée en tout et pour tout que par 15 millions d’habitants. On dénombre 15 universités dans l’ensemble des pays islamiques contre 5.000 aux Etats-Unis ”
Cet exposé succinct parle de lui-même. Le déséquilibre brutal qui existe entre l’Europe et les pays arabes et musulmans n’est pas dû uniquement à la religion, ni ne s’explique à coup de versets coraniques justifiant l’usage de la violence, mais par des causes sociales, politiques et culturelles, à l’œuvre souterrainement car recouvertes par l’envahissement de la culture religieuse. Il s’agit là de causes dont l’examen approfondi est indispensable pour prendre les mesures adéquates qui s’imposent à l’avenir. Les Occidentaux, faut-il le rappeler, n’endossent pas l’entière responsabilité des erreurs, car celles des Arabes et des musulmans sont tout aussi lourdes que les nôtres. L’hégémonie sociale grandissante des forces conservatrices et traditionnelles obstinément accrochées à l’interprétation rigide et littérale des textes révélés, à la défense et à la perpétuation de certaines lois coutumières d’un autre temps, en particulier ceux relatifs au statut de la femme, est la conséquence directe de la frustration accumulée durant des décennies en raison de la corruption des élites dirigeantes et des dictatures qui s’éternisent au pouvoir. Les farces électorales dont le scénario se reproduit imperturbablement à l’infini à travers tout le monde arabe, loin de constituer un rempart pour endiguer l’expansion de l’islamisme radical, ne font, bien au contraire, que le conforter dans ses choix et contribuer indirectement à le présenter comme l’unique alternative fiable. Dans la vaste géographie de l’islam, le rapport de force qui oppose des régimes politiques plus ou moins oppresseurs à des sociétés civiles étrillées, varie d’un pays à l’autre : de l’absence totale dans certaines contrées, au combat acharné de certains secteurs minoritaires mais combatifs dans d’autres, pour défendre des valeurs de citoyenneté éloignées mais non opposées à la religion que nous avons en partage avec eux. Certes, ce rapport ne traduit pas la même réalité dans des pays comme le Maroc, l’Egypte, dans un Etat laïque comme la Turquie , ou dans un pays aussi complexe, intellectuellement riche et contradictoire que la République islamique d’Iran.
Tout n’est pas sombre cependant dans le tableau général qu’offre notre planète mondialisée. Le recul des valeurs démocratiques dans le Dâr al-islâm n’est pas irréversible. Les réformistes, non seulement existent, mais donnent de la voix : je les connais, j’ai eu des entretiens avec certains d’entre eux, que ce soit en Iran, au Maghreb ou au Proche-Orient. Ils sont à la fois démocrates et musulmans, ils sont la preuve vivante du caractère fallacieux de la théorie du Choc des Civilisations – ils revendiquent les droits garantis par la Charte des Nations-unies, ils animent des associations où les femmes tiennent des rôles de premier plan. Ce sont des hommes et des femmes qui aspirent au rapprochement et à la compréhension de ceux qui partagent avec eux les valeurs dans lesquelles ils ont foi ; ils refusent de se laisser décourager par l’hostilité et par l’inertie de leurs concitoyens. Face à la rhétorique anti-terroriste, face aux proclamations incendiaires d’Al-Qaïda et à l’immobilisme intéressé de leurs gouvernants, ils attendent, confiants, le changement de cap des politiques européenne et nord-américaine.
Il est à craindre que les bonnes paroles prêchées par Barak Obama dans ses discours du Caire et d’Ankara restent lettre morte, impuissantes face à l’entêtement aveugle du Gouvernement israélien dans les territoires occupés, face au bourbier de l’Afghanistan, face à la politique de terreur menée par New Delhi au Cachemire, et face à la répression et au défi nucléaire de l’Iran, etc. Mais sa conviction que l’usage de la force à lui seul ne peut venir à bout des problèmes, ni ne peut constituer une alternative adéquate à l’extrémisme, constitue malgré tout un pas positif dans la bonne direction.
—J.G.
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