TUNISNEWS
9 ème année,N° 3440 du 23.10.2009
REPORTERS SANS FRONTIERES: TUNISIE – UNE CAMPAGNE IMPOSSIBLE POUR LES MEDIAS D’OPPOSITION CPJ: As Tunisian elections near, attacks on press mount Essabil On Line: L‘épouse de notre correspondant Zouhaïer Makhlouf, dénonce la politique d‘encerclement et d‘affamement qui la vise Comité de soutien à la candidature de Ahmed Brahim : Pourquoi le pouvoir a peur de l’Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès (INDP) Abdel Wahab Hani: Messieurs Ghaouar et Matri violent le Code électoral dans le mutisme général AP: Création de la première banque islamique tunisienne AFP: Une activiste des droits de l’homme interdite de quitter la Tunisie (eurodéputés) AP: Tunisia blocks French journalist at airport AFP: Tunisie: une journaliste du “Monde” refoulée à l’aéroport de Tunis AFP: Les Tunisiens aux urnes, Ben Ali assuré de sa reconduite à la tête du pays Reuters: Tunisia’s president on course to win re-election Reuters: Tunisie – Ben Ali brigue un cinquième quinquennat AP: Tunisie: quatre candidats en lice pour la présidentielle de dimanche AP: Tunisie: les bannis de l’élection Reuters: Tunisie-Presse et opposition muselées avant l’élection, dit RSF AP: Tunisia balancing Islam against Islamists AP: Right groups deplore Tunisian abuse AP: Fin de campagne présidentielle en Tunisie Reuters: Tunisians look online for lively vote debate AFP: Tunisia: presidenziali, Ben Ali verso un quinto mandato TTU Monde Arabe: TUNISIE : LE POUVOIR ACCUSÉ D’INTIMIDATIONS Le Monde: Ben Ali 5 Le Temps – Suisse: Leila Ben Ali, la femme qui monte Le Temps – Suisse: La Tunisie prépare déjà l’après-Ben Ali Le Soir: Fin de campagne sous tension AFP: Tout le monde aime Ben Ali El Watan: Tunisie : la parole est à l’opposition El Watan: Khemais Chammari,- Pluralisme en trompe-l’œil et pensée unique Taoufik Ben Brik : Tunisie : “Touche pas à mon homme !”
Tunisie: Non à la terreur policière
Dénonçons la mascarade électorale du 25 octobre
Le régime de Ben Ali organise des “élections” présidentielles et législatives ce 25 octobre. Une nouvelle mascarade électorale, dont les résultats sont connus d’avance, tout comme ses précédentes.
Le peuple tunisien est privé de libertés et de ses droits les plus élémentaires. Il ne jouit d’aucune liberté d’expression, de manifestation, d’organisation…
A la veille de ces “élections”, un véritable climat de terreur s’abat sur les opposants et les militants du mouvement associatif autonome. Ces derniers jours, arrestations, agressions physiques, surveillance policière, interdiction de voyager… se sont multipliés pour faire taire toute contestation de la mascarade électorale. Les animateurs du mouvement du bassin minier, condamnés à de lourdes peines, croupissent en prison depuis juin 2008 dans des conditions inhumaines.
Le collectif pour le boycott des élections d’octobre 2009 en Tunisie appelle à un rassemblement pour dénoncer cette mascarade électorale et manifester contre la recrudescence de la répression et des violences policières en Tunisie.
Rassemblement à Paris – Fontaine des innocents (M° Chatelet les Halles)
samedi 24 octobre 2009 à partir de 13h00
Avec le soutien de (premiers signataires): Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) ; Association des Marocains en France (AMF) ; Comité culturel pour la démocratie au Bénin (CCDB) ; La voie démocratique (Maroc) – région Europe ; Le Parti d’Avant Garde Démocratique Socialiste (Maroc) – Fédéartion d’Europe ; parti communiste des ouvriers de France (PCOF) ; parti communiste français (PCF) ; nouveau parti anticapitaliste (NPA) ; congrès pour la République (CPR) ; parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT).
REPORTERS SANS FRONTIERES / REPORTERS WITHOUT BORDERS
COMMUNIQUER DE PRESSE / PRESSE RELEASE
Le dimanche 25 octobre 2009, les Tunisiens sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leur président de la République et renouveler l’Assemblée nationale. Le résultat de l’élection ne fait pas de doute. La seule question réside dans le pourcentage avec lequel Zine El-Abidine Ben Ali sera réélu. Alors que le mensuel
Afrique-Asie titre son hors-série du mois d’octobre 2009 « Tunisie, pourquoi ça marche », Reporters sans frontières, notamment son secrétaire général Jean-François Julliard, s’est rendue du 12 au 15 octobre 2009 à Tunis pour observer la manière dont les médias, particulièrement ceux d’opposition parviennent, ou non, à couvrir la campagne, et l’accès de certains partis d’opposition aux médias publics. “Le pluralisme de l’information n’est toujours pas une réalité en Tunisie. C’est malheureusement particulièrement vrai en période de campagne électorale. Le président Ben Ali fait la Une des journaux qui ne tarissent pas d’éloges à son égard. Les colonnes des journaux d’Etat ou pro-gouvernementaux sont remplies de messages de félicitations et de soutien à l’adresse du candidat-président. Idem à la télévision et à la radio. Les opinions défavorables au chef de l’Etat sont largement absents des médias et les Tunisiens n’ont pas accès à une information équilibrée”, a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, à son retour d’une mission effectuée à Tunis. “Nous condamnons également l’attitude des autorités tunisiennes qui empêchent les journalistes tunisiens indépendants de faire leur travail, ainsi que les envoyés spéciaux étrangers. La présence policière est permanente en cette période électorale. Les militants de l’opposition, les journalistes indépendants, les défenseurs des droits de l’homme, les avocats et les militants démocrates sont surveillés de près. Cette situation est inacceptable”, a ajouté l’organisation.
Accès du candidat de l’opposition aux médias publics La campagne électorale, d’une durée de 13 jours, s’est officiellement ouverte le dimanche 11 octobre, à la fois pour l’élection présidentielle et pour les législatives. Pour la présidentielle, quatre candidatures ont été validées par le Conseil constitutionnel. Le président sortant Zine El-Abidine Ben Ali pour le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), Mohamed Bouchiha du Parti de l’unité populaire (PUP), Ahmed Inoubli de l’Union démocratique unioniste (UDU) et Ahmed Brahim pour Ettajdid (ancien Parti communiste), qui se démarque des autres candidats en se défendant de faire de la figuration pour donner des gages de ‘démocratie’. Pour la première fois en Tunisie, les quatre candidats en lice pour la présidence bénéficiaient d’une heure d’antenne afin de présenter leur programme, en direct à 20h30 sur la chaîne publique Tunis 7. Zine El-Abidine Ben Ali est bien entendu arrivé en première position dans l’ordre de passage, Ahmed Brahim pour Ettajdid en second. L’organisation du tirage au sort donnant l’ordre de passage a d’ailleurs valu son poste au ministre de la Communication, limogé sur-le-champ, pour ne pas avoir tiré la boule du chef de l’Etat de sa poche plus discrètement. Deux jours après le lancement de la campagne par Zine El-Abidine Ben Ali, Ahmed Brahim devait faire son discours inaugural le 13 octobre à 20h30. A 17h30, le comité de campagne du candidat a reçu un appel informant le parti que l’allocution était diffusée au moment même à la radio, et qu’elle serait retransmise à la télévision à 18h20, soit deux heures plus tôt que prévu, et ce sans explication. Même si le discours de 38 minutes d’Ahmed Brahim a été diffusé dans son intégralité, un tel changement d’horaire constitue un manquement net au principe d’équité entre les différents candidats, les autres ayant vu leur horaire de diffusion maintenu. Par ailleurs, les contraintes imposées aux candidats pour lire, à la virgule près, leur texte et la manière dont les techniciens de la chaîne Tunis 7 ont filmé M.Brahim, le candidat d’Ettajdid, à coups répétés de zooms avant et arrière, auraient eu raison du plus fervent supporter. Difficultés pour les médias d’opposition Tard dans la soirée du 10 octobre, veille de l’ouverture de la campagne, le ministère de l’Intérieur a confisqué le numéro 149 du journal du parti Ettajdid Al-Tariq Al-Jadid (La nouvelle voie) qui contenait le manifeste du parti pour la présidentielle, alors même que ces copies étaient encore à l’imprimerie. Le parti est accusé de ‘violation du code électoral’, bien qu’aucun exemplaire du journal n’ait été distribué. Ces deux exemples illustrent parfaitement la manière dont les autorités tunisiennes utilisent tous les moyens à leur disposition pour museler l’opposition qui a décidé de participer aux élections. Hatem Chaabouni, chargé de l’information au sein du parti Ettajdid, a déclaré à Reporters sans frontières que « la campagne se passe plus dans les médias étrangers que dans les médias tunisiens, dans la mesure où la majorité d’entre eux appartient au régime, et les autres le soutiennent ». Dans le bulletin d’informations quotidien de la seule radio privée Mosaïque, les informations diffusées provenaient toutes de l’ATP, la très officielle agence tunisienne de presse. Même constat pour le quotidien arabophone Ash-Shourouq. Les quotidiens As-Sabah et Le Temps, propriétés du gendre du chef de l’Etat, Sakher Al-Materi, ne donnent pas la parole à l’opposition. Hichem Skik, codirecteur d’Al-Tariq Al-Jadid, évoque la censure, par le Conseil supérieur de l’Information, du contenu même du programme des candidats. Ainsi dans le manifeste du parti Ettajdid, le Conseil a demandé que cinq points soient modifiés, leur contenu n’étant pas ‘correct’ selon les critères du ministère de l’Intérieur. Ce dernier a d’ailleurs bloqué la diffusion des affiches du parti, jugeant le nom ‘Alliance’ et le logo utilisés par le parti non conformes au regard du registre des partis légalement reconnus par l’Etat. Reporters sans frontières a pu constater que, en raison de ces désaccords, les encarts réservés au parti étaient pour la plupart restés vierges dans la capitale, et que dans d’autres villes, les affiches avaient été arrachées. La presse publique regorge d’éloges à l’égard de Zine el-Abidine Ben Ali L’annonce, le 15 octobre, dans le quotidien La Presse, du soutien de l’Association tunisienne des directeurs de journaux (Atdj) à la candidature de Zine El-Abidine Ben Ali constitue une rupture inquiétante de la neutralité de la presse à l’égard des candidats en lice. L’Atdj « se félicite de l’attention présidentielle continue au secteur de l’information », « dans l’objectif d’en améliorer le contenu et de renforcer sa contribution à l’approfondissement de l’expérience démocratique pluraliste en Tunisie » (p.5 de La Presse). La Presse, en page 4 de son édition du 13 octobre, insiste sur l’ « adhésion des organisations nationales au programme électoral du chef de l’Etat », soulignant la « pertinence de la vision et la justesse de la démarche contenues dans le discours-référence » du 12 octobre. La page 8 de cette même édition est consacrée aux commentaires élogieux concernant le discours du candidat-président Ben Ali, qui fait campagne sur le thème ‘Ensemble, relevons les défis’. Le quotidien francophone n’a pas consacré d’espace équivalent aux discours des autres candidats qui n’ont bénéficié, au mieux, que d’un quart de page. Le Temps, dans son édition du 13 octobre annonçant l’ouverture de la campagne électorale, n’a fait aucune mention des partis d’opposition, alors que les activités de candidat-président ont fait l’objet d’une double page (p.4 et 5). Même chose dans son édition du 14 octobre, où un peu plus d’une page (p.4 et 5) est consacrée à la campagne de Ben Ali. L’édition du 14 octobre de La Presse met en avant le soutien des ‘résistants et militants’ avec ce « programme électoral présidentiel (qui) jette les fondements d’un avenir porteur et plus radieux » (p.4). Elle reprend le concept selon lequel cette réélection serait une « nouvelle étape historique sur la voie de la démocratie et du pluralisme », n’hésitant pas à qualifier Ben Ali de « sauveur » (p.5). Le journal mentionne également le soutien d’une délégation de 17 ambassadeurs arabes à l’Observatoire national des élections (p.5) En page 7, un quart de page est consacré aux partis d’opposition, mais Ettajdid n’est même pas mentionné. Même constat dans l’édition du 15 octobre. La Toile toujours prise pour cible Reporters sans frontières a pu constater que la campagne électorale n’a rien changé à la censure de la Toile tunisienne par la cyberpolice. Plusieurs sites d’informations et d’opposition ne peuvent pas être consultés depuis la Tunisie. Plusieurs opposants ne peuvent plus avoir accès à leurs boîtes de courriers électroniques, les mots de passe des messageries ou les adresses IP des ordinateurs ayant été modifiés. Les pages Facebook sont scrutées à la loupe, et la moindre critique à l’encontre du parti au pouvoir entraîne son blocage. L’organisation rappelle que de nombreux journalistes et blogueurs, tels que Slim Boukhdhir et Mokhtar Yahyaoui, sont privés de leur droit à un passeport ; que Lotfi Hajji, correspondant d’Al-Jazeera en Tunisie, n’a toujours obtenu d’accréditation officielle malgré ses demandes répétées au cours des cinq dernières années ; que Sihem Ben Sedrine est toujours sous le coup d’une procédure judiciaire pour ‘utilisation de fréquence sans autorisation’ pour avoir lancé sa radio Kalima. Elle risque jusqu’à cinq ans de prison ferme. La Tunisie figure à la 154e place dans le classement de la liberté de la presse établi par l’organisation pour l’année 2009. Chronologie du harcèlement des médias et des journalistes au cours des dernières semaines : – 15 août 2009 : les autorités prennent le contrôle du Syndicat des journalistes, en mettant à sa tête Jamal Karmawi, le conseiller du secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique, parti au pouvoir (lire http://www.rsf.org/Prise-de-controle-du-syndicat-des.html). L’ancien secrétaire général, Neji Bghouri, n’a pas pu déposer plainte pour faire annuler cette élection frauduleuse. Il s’est vu interdire l’accès aux locaux du syndicat des journalistes, le 9 septembre. – 28 septembre : trois journalistes Slim Boukhdhir, Mahmoud Al-Zouadi etMohamed Maali, se sont vu interdire l’accès à l’aéroport de Tunis-Carthage, alors qu’ils venaient accueillir une confrère Naziha Rajiba, directrice de rédaction du journal Kalima et secrétaire générale de l’Observatoire tunisien pour la liberté de la presse. – 29 septembre : Hamma Hammami, ancien directeur du journal Alternatives, interdit par les autorités, et porte-parole du Parti communiste des ouvriers tunisiens, est physiquement agressé à son arrivée à l’aéroport après avoir fait des déclarations sur Al-Jazeera et France 24, dans lesquelles il a qualifié les élections de ‘farce’ (lire : http://www.rsf.org/Quand-la-police-a-recours-a-la.html). Hamma Hammami a voulu porter plainte contre Zine El-Abidine Ben Ali pour coups et blessures, mais le procureur de la République a refusé de le recevoir. – 1er octobre : les autorités interdisent la distribution de « La régente de Carthage » des journalistes français Nicolas Beau et Catherine Graciet, après avoir perdu un procès intenté auprès du tribunal de Paris demandant l’interdiction du livre. « Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays de liberté », de M. Bouebdelli est également censuré. – 5 octobre : Moaz Al-Bey, correspondant de Radio Kalima et du journal Al-Maouqif à Sfax (270 km au sud de Tunis), est agressé par des policiers en civil. Son matériel journalistique a été détruit ou confisqué. – 10 octobre : Hamma Hammami est interdit de sortir de Tunisie pour assister à une conférence à Sciences Po Paris sur la Tunisie. – 10 octobre (soirée) : la police confisque, à l’imprimerie, le numéro 149 du journal Al-Tariq Al-Jadid (La nouvelle voie), pour ‘violation du code électoral’. Le journal distribué par le parti Ettajdid, qui présente un candidat aux élections (Ahmed Brahim), devait être distribué à compter du 11 octobre, date de l’ouverture de la campagne électorale. – 11 octobre : expulsion de la journaliste italienneManuela Gumucio, responsable de l’Observatorio de Medios, venue faire une formation dans le cadre du projet de monitoring des médias organisé par Sihem Ben Sedrine. – 14 octobre : M. Bouebdelli est la cible de menaces de mort sur le site d’informations www.bilmakchouf.org <http://www.bilmakchouf.org> , proche du régime. – 15 octobre : Zouheir Makhlouf, le correspondant du site Al-Sabil online, a été arrêté alors qu’il effectuait un reportage sur les conditions de vie des habitants de Nabeul (63 km au sud-est de Tunis). Il est officiellement accusé de ‘harcèlement’ pour voir publié des informations sur Facebook. Il a par la suite été transféré dans un centre pénitentiaire à 20 km au nord de Tunis. Son procès se tiendra le 3 novembre prochain. Il a entamé une grève de la faim le 22 octobre. – 20 octobre : Radhia Nasroui, avocate, a été interdite de quitter le territoire tunisien, officiellement parce que des poursuites avaient été engagées contre elle. Officieusement, cela fait suite aux déclarations de l’avocate sur la chaîne Al-Hiwar Ettounsi et de son mari sur Al-Jazzera et France 24. – 20 octobre : Florence Beaugé, journaliste au quotidien français Le Monde, s’est vu interdire l’accès au territoire tunisien pour avoir « toujours fait preuve d’une malveillance patente à l’égard de la Tunisie et de partis pris systématiquement hostiles », d’après une source officielle contactée par l’AFP. – 22 octobre : le journaliste Taoufik Ben Brik est harcelé du fait de ses articles pour le Nouvel Observateur et le site Médiapart. – 22 octobre : des journalistes et des opposants solidaires avec Zouheir Makhlouf ont été empêchés de rencontrer sa femme à leur domicile. – 22 octobre : les forces de police prennent d’assaut les locaux de la station de radio à Tunis, qui émet sur Internet Radio 6, où des journalistes étaient rassemblés depuis le 17 octobre pour dénoncer le monopole de l’Etat sur les médias et l’absence de liberté d’expression à la veille des élections
Committee to Protect Journalists
As Tunisian elections near, attacks on press mount
New York, October 22, 2009—Tunisian authorities must halt harassment of independent journalists, release a journalist jailed for taking photographs, and allow a prominent French reporter to enter the country, the Committee to Protect Journalists said today. CPJ has documented a spike in government attacks on independent journalists as Tunisian presidential and legislative elections approach.
“We condemn this wave of intimidation, detention, and attacks on critical journalists,” said Mohamed Abdel Dayem, CPJ’s MiddleEast and North Africa program coordinator. “Coupled with a deep-seated disdain for independent reporting, these attacks further tarnish the image of the Tunisian regime. It’s telling that the government would unleash these tactics as it prepares for elections. Truly democratic nations don’t beat, harass, and jail reporters.”
Tunisia is set to hold elections on Sunday. President Zine El Abidine Ben Ali is running for a fifth term after coming to power in a bloodless coup 22 years ago. Three other candidates are running in a race that Ben Ali is virtually assured of winning; two of the candidates have said they actually support Ben Ali.
On Tuesday, authorities barred Florence Beaugé, a Le Monde correspondent, from entering the country after she arrived at the Tunis-Carthage International Airport, according to news reports. After spending the night at an airport terminal under tight police surveillance, she was put on flight back to Paris. No official explanation was given. Government sources quoted by Agence France-Presse said she was denied entry because she had “always adopted an obvious malevolence toward Tunisia and systematically took hostile positions.”
Beaugé has covered Algeria, Morocco, and Tunisia since 2000, and is widely respected among independent journalists and human rights defenders in the three countries. In comments published in Le Monde on Thursday, Beaugé said her recent interview with Hamma Hammami, an opposition figure and former editor of the banned leftist newspaper Al-Badeel, apparently angered Tunisian authorities. Hammami told Beaugé that he was beaten by the police upon his recent arrival from Paris after calling on Tunisians to boycott what he called “farcical elections.” He also told Le Monde that a flammable liquid was poured into the engine of the privately owned car that he and his wife, human rights lawyer Radhia Nasraoui, took home after he was assaulted at the airport.
On Tuesday, authorities jailed Zuhair Makhlouf, a political activist and contributor to Assabil Online, a Tunisian news Web site, in Nabeul province on a charge of “harming and disturbing others through the public communication network.” Makhlouf had taken pictures and published an article about pollution in the industrial areas in Nabeul, according to astatement by local human rights organizations. He is currently being held in Al-Mornaguya prison, in the southern suburbs of Tunis. Under the Telecommunications Code, he could be sentenced to up to one year in prison. A hearing is scheduled for November 3, journalists told CPJ.
Also Tuesday, plainclothes police roughed up Sihem Bensedrine, editor of the online print and radio news outlet Kalima, and prevented her from taking part in a workshop concerning coverage of the election campaign, she told CPJ. Lotfi Hidouri, a journalist with Kalima and Al-Quds Press, was barred from the same workshop a day earlier. He has been under tight police surveillance since Saturday, local journalists told CPJ.
Kalima journalists Bensedrine, Hidouri, and Mouldi Zouabi were detained by police for nearly four hours last week after taking pictures of campaign scenes in the northern city of Tabarka without ”authorization“ from the state-run Tunisia External Communication Agency, Bensedrine told CPJ.
Taoufik Ben Brik, one of the country’s most critical journalists, told CPJ that he was assaulted today by a plainclothes officer after he parked his car and headed to a neighboring school to pick up his daughter. ”She was suddenly at my throat and started hitting me and tearing my clothes. She claimed I insulted her. But I am sure this is one of the prices for interviewing human rights and opposition activists for the French weekly Le Novel Observateur. I am extremely shocked and don’t know how to deal with these kinds of oblique attacks,” Ben Brik told CPJ.
Local journalists told CPJ that the government’s pressure on journalists spiked following the publication this month of a book about the Tunisian first lady’s perceived rise in political and economic influence and alleged involvement in corruption. An Associated Press reporter witnessed police at the Tunis-Carthage airport rummaging through luggage belonging to journalists in search of copies of the book, the news agency reported on Wednesday.
On October 10, authorities seized an issue of the weekly Al-Tariq al-Jadeed, owned by the opposition al-Tajdeed Movement, for “violating the electoral codes,” after the paper published the election manifesto of its candidate, Ahmed Ibrahim, the movement said in a statement.
In 2009, CPJwrotetwice to Ben Ali to protest ongoing attacks on journalists.
(Source: le site du CPJ (Usa), le 22 octobre 2009)
Lien: http://cpj.org/2009/10/as-tunisian-elections-near-attacks-on-press-mount.php
URGENT : L‘épouse de notre correspondant en Tunisie, le militant des droits de l‘homme emprisonné, Zouhaïer Makhlouf, dénonce la politique d‘encerclement et d‘affamement qui la vise
Essabil On Line, Tunis L‘épouse de notre correspondant en Tunisie, le militant des droits de l‘Homme emprisonné, Zouhaïer Makhlouf, nous a dit que vendredi 23 octobre des agents de la police politique avaient fouillé son frère qui l‘aidait à transporter des affaires concernant son travail. Madame Majda Mouaddeb a affirmé que la police avait fouillé le frère de Zouhaïer Makhlouf et les affaires qu‘il transportait et ne l‘avait laissé rentrer à la maison que sur présentation de sa carte d‘identité nationale afin de s‘assurer qu‘il était bien le frère de Zouhaïer Makhlouf. Mouaddeb a vigoureusement condamné ces méthodes de la police politique et elle a fustigé ces comportements de nature à l‘entraver dans son travail, de même qu‘elle a réprouvé le siège permanent de sa maison et la politique visant à l‘affamer. Madame Majda Mouaddeb, l‘épouse de notre correspondant en Tunisie, le militant des droits de l‘homme emprisonné Zouhaïer Makhlouf a commencé une grève de la faim illimitée hier jeudi 22 octobre, en solidarité avec son mari qui s‘est mis en grève de la faim mercredi pour exiger sa libération et protester contre l‘injustice qui lui est faite. La police a interdit à une délégation de militants politiques et de droits de l‘homme de lui rendre visite hier après midi, il s‘agit d‘une décision de la police d‘interdire les visites aux domicile de Zouhaïer Makhlouf (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Pourquoi le pouvoir a peur de l’Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès (INDP) et de son candidat Ahmed Brahim ?
Oui le pouvoir a peur ! Sinon comment expliquer la saisie du journal Attariq Aljadid publiant le manifeste électoral du candidat à la présidentielle Ahmed Brahim? Comment justifier la censure de ce manifeste pendant huit jours alors que la campagne officielle a commencé et que le candidat Ahmed BRAHIM l’a présenté à la télé au troisième jour de la campagne officielle? Comment comprendre cette volonté d’empêcher l’INDP d’organiser des réunions publiques avec les citoyennes et les citoyens, en lui refusant à chaque fois de disposer d’une salle publique de réunion ? Et la saisie de l’affiche du candidat à la présidentielle pendant cinq jours? Et les intimidations policières et les invectives à Sfax, à Sbeïtla et à Tunis, etc.… ? Comment expliquer les invalidations de la moitié des listes de l’INDP, pour les légilatives, en particulier dans les grandes villes, alors que toutes ces listes sont présentées selon le même formulaire et que toutes les candidates et les candidats remplissaient les conditions légales? On se gargarise de la diversité des candidatures et de l’égalité de tous les citoyens alors qu’ il n’y aucun traitement d’égalité entre les candidats. Le candidat sortant officiel du RCD est omniprésent dans tous les espaces publics et tous les médias pendant que les autres candidats et en particulier Ahmed Brahim n’ont qu’un accès minime et très contrôlé à ces mêmes médias. Après tant d’années de répression et de tentatives d’étouffement des espaces de liberté, la peur est en train de changer de camp. Les affairistes, amasseurs de fortune et les clans qui pensent pouvoir endiguer la marche de la Tunisie vers la liberté et la Démocratie ont peur ! les tenants du parti unique, de la pensée unique et du choix unique … ont peur ! Pourtant le mouvement Ettajdid, l’INDP et plus généralement l’opposition démocratique et progressiste ont signifié clairement et à plusieurs reprises qu’ils militent pour une alternative démocratique et progressistes de manière pacifique et par les voies démocratiques! Ces comportements affolés des ennemis de la démocratie montre que nous sommes sur la bonne voie et que le manifeste électoral 2009 a mis le doigt sur les vraies plaies dont souffre notre pays. Pour le jour d’après, continuons la lutte avec la même détermination ! Le comité de soutien à la candidature de Ahmed Brahim en France, s’inscrit d’ores et déjà dans cette perspective et compte développer des actions de mobilisation et organiser des forums et des débat. Alors prenons rendez-vous dés le 26 octobre pour poursuivre ensemble le chemin déjà parcouru ! Comité de soutien à la candidature de Ahmed Brahim
Messieurs Ghaouar et Matri violent le Code électoral dans le mutisme général
Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du respect de la Loi par tous les candidats
Par : Abdel Wahab Hani
Inéligibilité et Incompatibilité… deux personnalités tunisiennes estampillées « proches du pouvoir en place », du monde de la Politique et des Affaires, violent, dans l’impunité totale, le Code électoral.
Ni le Conseil constitutionnel, juge des élections, ni l’Observatoire national des élections, ni le Ministère de l’Intérieur, ni les Médias n’ont dit mots sur ces violations flagrantes, alors que d’autres candidats ont été rejetés pour de simples vices de formes, insignifiants, ou parfois sans aucun motif légal.
Le Candidat-Inéligible membre du Conseil Economique et Social :
Abou Al Alaa Ghaouar, tête de liste de UDU (Union démocratique unioniste, parti d’Allégeance pour reprendre la terminologie du Ministre M’Dhaffar dans Al-Hayat) dans la circonscription de Zaghouan. Ghaouar était proposé, au gouvernement, pour occuper les fonctions d’Ambassadeur.
Le même Ghaouar, ancien de la gauche estudiantine, passé dans les rangs de la droite marxo-populiste d’Allégeance, est membre du Conseil économique et social (CES) au collège des « Personnes qualifiées », où il est présenté par « ses qualités » de « Chef de Bureau dans une entreprise pétrolière » et sa « sensibilité politique » qu’est l’UDU, ainsi que son courrier électronique (Ghaouar-As :ghaouar_as@hotmail.com) et ses coordonnées téléphoniques et télécopieuses (tél : 71-752 333, fax : 71-752 166).
Or, le Code électoral, promulgué par la loi n°69-25 du 8 avril 1969, toujours en vigueur après plusieurs amendements, interdit au Président et aux Membres du Conseil économique et social de se présenter à la députation, du fait de l’inéligibilité dont ils sont frappés, de droit, comme, d’ailleurs, les membres du Conseil constitutionnel, les Magistrats et le Corps préfectoral, au sens de l’article 77 dudit Code (Titre Trois : Dispositions spéciales à l’élection des membres de la Chambre des députés ; Chapitre II : Conditions d’éligibilité et d’inéligibilité) :
Article 77 : (Modifié par la loi organique n°88-144 du 29 décembre 1988)
« Ne peuvent être candidats à la Chambre des Députés que sous réserve de démission préalable de leurs fonctions ou charges :
-Le président et les membres du Conseil constitutionnel de la République ;
-Le président et les membres du Conseil Economique et Social ;
-Les Gouverneurs ;
-Les Magistrats ;
-Les premiers Délégués (Moôtamad Awwal), les Secrétaires généraux de gouvernorat, les Délégués (Moôtamad) et les Chefs de secteur (Omda) ; »
A ma connaissance d’acteur-observateur de la vie politique tunisienne, M. Ghaouar n’a jamais démissionné du Conseil Economique et Social, avant de présenter sa candidature à la Députation. Il est donc frappé d’Inéligibilité d’office.
Le Conseil constitutionnel doit, en outre annuler sa liste pour un sérieux vice de forme. La faute est d’autant plus grave que le parti qui l’a investit fait parti de la réserve à « opposition parlementaire » depuis sa naissance en 1994. Il ne peut donc se targuer d’une méconnaissance des Lois de la République.
Le « Candidat-Inéligible » en question est membre du Conseil Economique et Social, depuis quelques années. Or la fonction principale du Conseil est la concertation entre les partenaires sociaux et économiques, dans le respect de l’esprit des Lois et la proposition de nouvelles pistes de réflexion pour l’Exécutif et pour le Législateur. Les membres du Conseil ne peuvent ignorer la loi, d’autant plus que ledit « Candidat-Inéligible » a été coopté pour représentation de son appartenance politique. Sa méconnaissance de la Loi, et notamment du Code électoral, doit être retenu par les sages du Conseil constitutionnel comme un facteur aggravant, et pour le « Candidat-Inéligible » et pour son parti.
La loi de la République doit s’appliquer de la même manière, à toutes et à tous. C’est le sens même de la légalité et de l’égalité devant la loi. Aucun passe-droit ne doit être toléré, notamment lorsqu’il s’agit d’élire les Représentants du peuple, qui vont préparer, proposer, discuter et voter des lois.
Le Banquier Fahd Mohamed Sakhr Al-Matri frappé d’Incompatibilité :
Quand au jeune Homme d’affaires, aux affaires florissantes, Magnat des Médias, du Médicament et des Automobiles et tout ce qui roule, entre autres secteurs d’activités monopolistiques ; Héritier de la Dynastie Matri ; Gendre présidentiel du second mariage de l’actuel Chef de l’Etat M. Zine El Abidine Ben Ali, avec Mme Leila Trabelsi, ce qui fait de lui l’Héritier annoncé des Dynasties Ben Ali et Trabelsi à la fois, en plus des Matri ; il est numéro 2 (formellement, mais numéro 1 réellement) de la liste du parti au pouvoir, le RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique) dans la circonscription de Tunis II.
Mais voici que le jeune homme décide de se lancer dans l’investissement bancaire et financier, par le lancement de la première banque islamique du pays : « Banque Zitouna », agrée en tant que « Banque universelle », selon une dépêche de l’agence officielle TAP (Tunisie Afrique Presse), en date du 21 octobre 2009.
L’agence précise que la future banque couvrira l’ensemble du territoire national, « les principales villes dans une première phase ». La naissance officielle a eu lieu de 21 octobre lors de l’Assemblée générale constitutive dans la banlieue huppée de la capitale Tunis, à moins de 72 heures des élections générales, présidentielles et législatives, du dimanche 25 octobre, auxquelles le jeune Banquier est candidat.
Et « Banque universelle » veut dire donc banque couvrant les opérations de « Crédit » et d’ « Epargne », avec « un objet exclusivement financier ».
Et la TAP nous précise que « Les membres du conseil d’administration ont tenu, mercredi, leur première réunion au cours de laquelle M.Mohamed Sakher El Materi est nommé Président du conseil ».
Et ce sont ces fonctions de « Président du Conseil d’Administration » d’une société « ayant exclusivement un objet financier et faisant publiquement à l’épargne et au crédit » qui sont frappées d’Incompatibilité avec le « mandat parlementaire », au sens de l’article 82 du Code électoral (Titre Trois : Dispositions spéciales à l’élection des membres de la Chambre des députés ; Chapitre III : Conditions d’Incompatibilité) :
Article 82 : (Modifié par la loi organique n°88-144 du 29 décembre 1988)
« Sont incompatible avec le mandat parlementaire les fonctions de chef d’entreprise, de président de conseil d’administration, d’administrateur-délégué, directeur ou gérant exercées dans :
-Les entreprises publiques instituées sous la forme d’établissements publics à caractère industriel et commercial ou de sociétés dont le capital social est détenu directement et dans sa majorité par l’Etat ou les collectivités publiques ;
-Les sociétés ayant exclusivement un objet financier et faisant publiquement appel à l’épargne et au crédit ; »
Dans ces conditions, le Conseil constitutionnel doit mettre le « Candidat-Banquier-Incompatible » en demeure, de lui demander de choisir entre la Députation et la Banque. Le cumul n’étant pas possible, même pour les fonctions subalternes de direction, comme énuméré à l’article 82.
Les sages doivent, en outre, mettre en demeure le « Candidat-Banquier-Incompatible » à propos des interdits que le Code électoral prévoit dans ce cas de figure, et notamment la dispositions de l’article 86 : « Il est interdit à tout député de faire ou de laisser figurer son nom suivi de l’indication de sa qualité dans toute publicité relative à une entreprise financière, industrielle ou commerciale ».
Si le Banquier Fahd Mohamed Sakhr Al-Matri choisit sa future carrière de Député, les sages doivent s’assurer de l’application de l’article 87 du Code régissant la « Démission d’office de (ses) fonctions incompatibles avec son mandat ».
Si, au contraire, la Banque lui donne des envies, « son remplacement » sera pourvu, dans les conditions des « élections partielles », « dans un délai maximum de 12 mois » régies par l’article 108 du Code électoral. « La démission d’office est prononcée par la Chambre des députés à la demande du Président de la République ou du Bureau de la Chambre »
Article 87 :
« Le député qui, lors de son élection, se trouve dans l’un des cas d’incompatibilité visé au présent chapitre est considéré, dès que les résultats des élections deviennent définitifs, comme démissionnaire d’office de ses fonctions incompatibles avec son mandat ou placé d’office dans la position de mise en disponibilité spéciale s’il est titulaire d’un emploi public. Le député qui a été nommé, en cours de mandat, à l’une des charges ou fonctions prévuesaux articles 77 à 82 du présent code ou qui accepte une fonction incompatible avec son mandat ou qui a méconnu les dispositions des articles 83 et 86 du présent code est déclaré démissionnaire d’office à moins qu’il ne se démette volontairement de son mandat. Dans l’un comme dans l’autre cas, il sera pourvu à son remplacement conformément à l’article 108 du présent code.
La démission d’office est prononcée par la Chambre des Députés à la demande du Président de la République ou du Bureau de la Chambre.
Les règles d’incompatibilité ne s’appliquent pas aux membres du gouvernement. »
Par extrapolation, nous estimons, nous Abdel Wahab Hani, que les conditions d’Incompatibilité, énumérées à l’article 82 doivent s’appliquer aux membres de la Chambre des Conseillers.
M. Matri père, l’officier Mohamed Moncef Matri, membre du Conseil d’Administration de la Banque Zitouna, et Sénateur-membre de la Chambre des Conseillers, doit démissionner pour éviter les soupçons de collusion entre les Banques et la Politique, comme l’a souhaité le législateur.
Quand aux conditions d’Inéligibilité aux législatives, nous estimons, nous Abdel Wahab Hani, qu’il faut les élargir aux Ambassadeurs et Chefs des Missions diplomatiques et Consulaires, ainsi qu’aux Corps constitués et aux Présidents et Membres des Conseils supérieurs.
Il y va de la pérennité des Institutions et de la séparation des Pouvoirs, instituées par les textes fondateurs de la République.
Paris, le 23 octobre 2009
Abdel Wahab HANI
awhani@yahoo.fr
+33 (0)6 17 96 00 37
Une enquête de « Mediapart »
Au pays de Ben Ali (1/3)
En Tunisie, le tourisme devient une mécanique infernale qui brise le pays
Par Pierre Puchot
Dimanche 25 octobre, Zine el Abidine Ben Ali se présente pour un cinquième mandat à la tête de l’Etat tunisien. Si la France est complaisante envers une dictature qui dure depuis 20 ans, c’est aussi parce que la Tunisie accueille chaque année près d’un million de touristes français. Dans quelles conditions, à quel prix? Enquête sur un système qui précipite l’économie tunisienne dans une spirale infernale.
Pour lire la suite, cliquez sur ce lien :
http://www.mediapart.fr/journal/international/151009/en-tunisie-le-tourisme-devient-une-mecanique-infernale-qui-brise-le-pay
(Source : « Mediapart » (Journal en ligne – France), le 22 Octobre 2009)
Création de la première banque islamique tunisienne
Associated Press, le 23 octobre 2009 à 00h49 TUNIS (AP) –a première banque islamique tunisienne à vocation universelle, commerciale et d’investissement, baptisée “banque Zitouna” (l’olivier) vient de voir le jour à l’issue d’une assemblée générale constitutive, a-t-on appris jeudi de source officielle. Dotée d’un capital initial de 30 millions de dinars (environ 16 millions d’euros), 100% tunisien, elle a été fondée par le jeune homme d’affaires Mohamed Sakher El Materi, gendre du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, patron de “Princesse El Materi holding” qui en détient 51%. Elle sera opérationnelle à la fin du premier trimestre 2010, aux côtés d’une autre banque similaire saoudienne en place depuis plusieurs années. Régies par les principes de la finance islamique qui interdit le “riba” (les crédits usuriers), les banques islamiques se distinguent des banques conventionnelles en étant partie en cas de profit comme en cas de perte dans les transactions qu’elles prennent en charge. AP Associated Press
Une activiste des droits de l’homme interdite de quitter la Tunisie (eurodéputés)
AFP, le 21 octobre 2009 à 18h04 STRASBOURG (Parlement européen), 21 oct 2009 (AFP) – La présidente de l’Association tunisienne de lutte contre la torture, Radhia Nasraoui, n’a pas été autorisée mardi par Tunis à se rendre à Strasbourg, ont regretté les députés européens qui l’y avaient invitée. Mme Nasraoui, qui devait participer au Parlement européen à une rencontre sur la situation des droits de l’homme dans le bassin minier de Gafsa (Sud-ouest), s’est vue opposer une interdiction de quitter le territoire, mardi matin à l’aéroport de Tunis. “Nous condamnons fermement cette atteinte à la liberté de circuler qui a pour objet d’empêcher une voix dissidente de s’exprimer en période électorale”, écrivent au ministre tunisien de l’Intérieur les eurodéputées françaises Hélène Flautre (Verts), Catherine Trautmann (PS) et Marie-Christine Vergiat (Front de gauche). Dans leur courrier, elles qualifient l’interdiction faite à Mme Nasraoui “d’acte supplémentaire de répression et de harcèlement (…) à l’approche des élections législatives et présidentielle”. Les parlementaires se sont en outre inquiétées de la liberté de la presse après l’annonce mardi de source gouvernementale tunisienne qu’une journaliste du quotidien Le Monde souhaitant couvrir les élections du 25 octobre a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage.
Tunisia blocks French journalist at airport
TUNIS, Tunisia (AP) _ 10/21/2009, 2:28 p.m. CDT ALFRED de MONTESQUIOU The Associated Press (AP) — TUNIS, Tunisia – Tunisian authorities have barred a French journalist from entering the North African country, announcing Wednesday-four days before presidential and legislative elections-that she was blocked at the airport on grounds she is hostile to the regime. Florence Beauge, a reporter specializing in North African issues for the leading French daily Le Monde, was blocked at Tunis’ airport late Tuesday because she landed without proper authorization, Tunisian authorities said in a statement. Beauge had reported from the North African country earlier this month, and her reports were deemed unfavorable by the government. The reporter had been warned that she would not be allowed in, the statement said. It added that Beauge had conducted “dubious activities” and shown “blatant malevolence” toward Tunisia in the past. French citizens usually don’t need visas for Tunisia, but in practice foreign reporters need authorization from the government to work there. Beauge denied that Tunisian authorities had warned her she would not be allowed into the country. She said she spent the night at the airport before returning to France on Wednesday. “The police and Tunisair (airline) officials keeping watch of me seemed a bit embarrassed,” she told The Associated Press in a telephone interview from Paris. Beauge said she strove to be balanced in her reports, even though Tunisian officials usually decline requests for comment, which makes reporting harder. She said she had been barred probably because of her recent articles that quoted political opponents describing intense police brutality, as well as the justice minister dismissing the allegations. Beauge has faced antagonism from authorities in several countries across the region, which is comprised of former French colonies where the French press is closely read because there is often little freedom for local media. Tunisia, in particular, is often criticized by human rights groups, who contend it is a police state that represses free speech and political dissent. A tourism magnet and a strong U.S. and European diplomatic and business ally, Tunisia was listed in 154th place for media freedom by the Paris-based Reporters Without Borders media watchdog earlier this week. Most Tunisian media are government-run, or heavily censored. Foreign journalists were being closely monitored ahead before the elections Sunday. Several reporters complained about being tailed by plain-clothed police officers. At Tunis airport, an AP reporter saw police searching the bags of incoming journalists earlier this week, apparently on the lookout for a book recently published in France about the wife of Tunisian President Zine El Abidine Ben Ali, which has been banned in Tunisia. Several opponents of the regime are also banned from meeting with reporters or from traveling abroad. However, a senior government minister insisted earlier this week that Tunisia was inching toward democracy and free speech. Zouheir M’dhaffar, the minister for administrative reform, said the situation had already greatly improved from decades past. Police measures against the press or political opponents were “details” that would slowly solve themselves as “pluralism emerges,” he said. And opponents complaining about police brutality were “attention seekers” taking advantage of the upcoming elections, he contended. M’dhaffar also said the election Sunday would most likely be the last campaign for four-term incumbent Ben Ali. In power since a bloodless palace coup in 1987, Ben Ali has won all his re-elections with over 90 percent of the vote. It is widely assumed that Ben Ali, who is running against three low-profile opponents, will win another five-year term Sunday. Opposition parties authorized to field legislative candidates will likely win about a quarter of seats in parliament, M’dhaffar also said.
Tunisie: une journaliste du “Monde” refoulée à l’aéroport de Tunis
Associated Press, le 21 octobre 2009 à 22h41 TUNIS (AP) — Accusée de “partis pris systématiquement hostiles”, une journaliste du quotidien français “Le Monde”, Florence Beaugé, a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Tunis alors qu’elle venait couvrir les élections présidentielle et législatives du 25 octobre en Tunisie, a-t-on appris mercredi auprès des autorités tunisiennes. Selon un communiqué gouvernemental transmis à l’Associated Press, Florence Beaugé, considérée comme la spécialiste des affaires tunisiennes au quotidien, “avait été avisée au préalable qu’elle ne serait pas admise sur le territoire tunisien”, mais “a préféré se rendre” mardi soir en Tunisie. “Elle a été de ce fait refoulée à son arrivée à l’aéroport”. Le communiqué qualifie la mesure de refoulement de “décision souveraine”. Outre les “activités douteuses” dont elles taxent la journaliste française, les autorités lui font grief d’avoir “toujours fait preuve de malveillance patente à l’égard de la Tunisie et de partis pris systématiquement hostiles”. La journaliste française était venue une semaine auparavant en Tunisie et avait publié une série d’articles après des entretiens avec des opposants et activistes qui s’en sont pris sans ménagement au pouvoir, ainsi qu’avec le ministre de la Justice et des droits de l’Homme. “Le régime tunisien ne supporte pas une seule voix discordante”, a déclaré Florence Beaugé, interrogée par téléphone par l’Associated Press. “J’ai toujours considéré que je cherchais à avoir une couverture équilibrée”, a-t-elle assuré, “même si c’est difficile parfois parce que les officiels tunisiens n’accordent presque pas d’interview”. Mardi soir, “les policiers et les officiels de Tunisair qui me surveillaient paraissaient même un peu gênés”, a-t-elle ajouté, disant craindre ne plus pouvoir se rendre dans le pays tant que le président Zine el-Abidine Ben Ali serait au pouvoir.
Les Tunisiens aux urnes, Ben Ali assuré de sa reconduite à la tête du pays
AFP, le 22 octobre 2009 à 08h51 Par Hamida BEN SALAH TUNIS, 22 oct 2009 (AFP) – Après 22 ans au pouvoir, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali est assuré d’emporter les élections dimanche et d’entamer un nouveau mandat, avec l’ambition, malgré la crise économique, de porter la Tunisie au rang des pays avancés d’ici 2014. Face à trois concurrents, le président sortant brigue un 5e et théoriquement dernier mandat, la Constitution amendée en 2002 autorisant des mandats successifs et limitant à 75 ans l’âge du président. Ben Ali, 73 ans, a succédé au premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba, qu’il avait destitué pour “sénilité” en 1987. En 2004, il avait été reconduit par 94,4% des voix et son parti avait obtenu une majorité écrasante au parlement, résultats décriés par ses détracteurs incrédules. Son parti, le Rassemblement Constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir depuis l’indépendance) devrait également conserver la majorité des 214 sièges de la Chambre des députés aux législatives, se déroulant également dimanche. Le résultat des scrutins ne fait aucun doute aux yeux des observateurs et les trois rivaux de Ben Ali partent “sans illusions” et “sans enjeu électoral” pour la 3e élection présidentielle pluraliste. La campagne électorale (11-23 octobre) a révélé le fossé existant entre la logistique modeste de l’opposition et la machine de guerre électorale du RCD fort de 2,7 millions d’adhérents et profondément ancré dans le pays. M. Ben Ali bénéficie de l’appui des centrales patronale et syndicale. Ses portraits prédominent, il est le candidat déclaré de trois des huit partis d’opposition. Le RCD mobilise par milliers. Ses couleurs, rouge et blanc, et celle violet de M. Ben Ali, drapent les villes et villages, ses ministres sillonnent le pays, avec en point d’orgue, des apparitions médiatisées de son épouse, Leila, au premier plan de la campagne. Peu connus, les portraits de ses rivaux apparaissent sur les espaces réservés à l’affichage urbain et dans les médias, leur audience se limitant, selon des témoins, à quelques centaines de personnes lors des meetings de campagne. Sortant des rangs, Ahmed Brahim, se plaint d’entraves après la censure de son manifeste et la saisie de l’organe de son parti de gauche, Ettajdid (Renouveau, 3 sièges). Cet universitaire à la retraite, 63 ans, se pose “en vrai concurrent” et refuse de jouer au “figurant”. Il propose des réformes audacieuses et réclame l’alternance au pouvoir. Deux autres opposants, Ahmed Nejib Chebbi et Mustapha Ben Jaafar, se sont retrouvés hors course, pour “non conformité à la loi”. Face à M. Ben Ali, deux autres postulants proches du pouvoir: Mohamed Bouchiha, 61 ans, du Parti de l’unité populaire (PUP, 11 députés) et Ahmed Inoubli, 51 ans de l’Union démocratique unioniste (UDU, nationaliste, 7 députés). Les détracteurs du régime qualifient la consultation de “mascarade” et l’accusent de “tailler des lois sur mesure” pour une “opposition d’allégeance” et un “pluralisme de façade” dans un paysage “verrouillé”. “Renforcer le processus démocratique” est un leitmotiv de M. Bouchiha, déjà candidat en 2004, son parti misant plutôt sur plus de sièges au parlement. Un Observatoire national dirigé par l’ancien bâtonnier Abdewaheb Béhi surveillera les élections à la demande du président sortant, qui s’est engagé pour un scrutin “transparent” et “régulier”. Fort de succès économiques, Ben Ali souhaite inscrire son pays au rang des pays avancés et s’engage à réduire le chômage (14%) qui risque de mettre en péril les acquis sociaux dont se prévaut le régime.
Tunisia’s president on course to win re-election
Reuters, le 22 octobre 2009 à 15h41 * President Ben Ali in power since 1987 * Opponents say election is unfair * Tunisian leader a Western ally against Islamist militants By Tarek Amara TUNIS, Oct 22 (Reuters) – By Tarek Amara TUNIS (Reuters) – Tunisia votes in a presidential election on Sunday that is almost certain to hand a new term to Zine al-Abidine Ben Ali, president for the past 22 years and a staunch ally in the West’s fight against Islamist militants. Ben Ali’s opponents accuse him of suppressing dissent, but many voters credit the 73-year-old with making the North African country one of the most prosperous in the region and overseeing political stability for a generation of Tunisians. “It’s simply that someone you know is better than someone you don’t know,” said Hayet, a 45-year-old woman in the capital, Tunis, where buildings are adorned with pictures of the president and banners urging people to give him a new mandate. Europe and the United States have praised Ben Ali for helping track down radical Islamists operating abroad and for containing militants at home, especially after the bombing of a Tunisian synagogue in 2002 which killed 21 people. Tunisians will also be voting for a new parliament on Sunday. Ben Ali’s party holds 80 percent of the seats and is expected to easily retain its majority. ECONOMIC TICKET Launching his campaign, Ben Ali promised that if re-elected he would reduce unemployment and aim for a 40 percent increase in per capita income, which is already among the highest in North Africa. Tourism is the mainstay of Tunisia’s economy. “No Tunisian family will remain without a job or source of income for at least one of its members by the end of 2014,” Ben Ali said earlier this month. He also promised more democracy. “The coming stage will see a greater support from the state for political parties and the press and media in general,” he said. A former military officer, Ben Ali came to power in 1987 when doctors declared then-president Habib Bourguiba senile and unfit to rule. He won 94.4 percent of the vote in the last election in 2004. He is now one of Africa’s longest-serving leaders but appears in good health and keeps a busy schedule of appearances, often accompanied by his wife, Leila Ben Ali. Analysts say the only credible opponent among his three challengers in Sunday’s vote is Ahmed Brahim, the candidate of the opposition Renewal, or Ettajdid, Movement. OPPOSITION SAYS VOTE UNFAIR Human rights groups say Tunisia has only a veneer of democracy and ruthlessly clamps down on dissent — allegations denied by the government. Ben Ali has come under domestic and foreign pressure to show more political openness in Sunday’s election. His opponents are sceptical that is going to happen. Opposition challenger Brahim accused the authorities of preventing him from holding election rallies, handing out leaflets or putting up campaign posters. Even before campaigning started, Tunisia’s main opposition force, the Democratic Progressive Party, announced it was boycotting all elections, saying it did not want to participate in meaningless votes. “There is nothing to suggest that there are elections in this country,” said Fathi Touzri, who ran unsuccessfully in the last parliamentary elections as an independent. “This election was supposed to show the maturity of the Tunisians, but it appears to be a missed opportunity,” he said.
Tunisie – Ben Ali brigue un cinquième quinquennat
REUTERS Reuters, le 22 octobre 2009 à 17h34 par Tarek Amara TUNIS, 22 octobre (Reuters) – Arrivé au pouvoir il y a 22 ans en écartant Habib Bourguiba pour cause de “sénilité”, le président tunisien Zine el Abidine ben Ali brigue dimanche son cinquième quinquennat depuis sa première confirmation par les électeurs à la tête du pays, en 1989. Le chef de l’Etat tunisien, qui est âgé de 73 ans, est quasiment assuré de sa reconduction, bien que trois autres candidats soient en lice, dont un seul opposant crédible, Ahmed Brahim, du mouvement Ettajdid (Renouveau). Les détracteurs du président sortant l’accusent d’avoir réduit au silence toute dissidence, mais nombre de Tunisiens plaident qu’il a métamorphosé leur petit pays étroitement dépendant du tourisme en l’un des plus prospères et stables politiquement d’Afrique du Nord. “Quelqu’un que vous connaissez est tout simplement mieux que quelqu’un que vous ne connaissez pas”, explique Hayet, une électrice qui votera Ben Ali dimanche à Tunis, la capitale ornée de portraits du chef de l’Etat sortant et de banderoles appelant la population à lui confirmer sa confiance. Après avoir déposé en novembre 1987 Bourguiba, le “père de l’indépendance” dont il était alors Premier ministre, Ben Ali a été confirmé en 1989 à la présidence puis réélu cinq ans plus tard, sans opposition. Il a ensuite été reconduit en 1999 et 2004 avec plus de 99% et de 94% des voix, malgré l’introduction formelle du multipartisme. Dimanche, les Tunisiens sont également appelés à renouveler leur parlement, où le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président, détient 80% des sièges et devrait retrouver sans difficulté sa majorité. “UN VERNIS DE DÉMOCRATIE”? En lançant sa campagne, Ben Ali a promis que, une fois réélu, il réduirait le chômage et s’efforcerait d’accroître de 40% le revenu par habitant, déjà comparativement haut dans ce pays qui compte plus de dix millions d’âmes. “Aucune famille tunisienne ne restera sans travail ou source de revenu pour au moins un de ses membres d’ici à la fin de 2014”, a promis cet ancien responsable de l’appareil de sécurité tunisien originaire de Hammam Sousse, près de Sousse, dans la province du Sahel. Ben Ali a aussi promis plus de démocratie. “L’étape à venir verra l’Etat soutenir davantage les partis politiques, la presse et les médias en général”, a ajouté cet ancien officier éduqué en France et aux Etats-Unis. Bien qu’il soit largement dépassé en terme de longévité au pouvoir par son homologue et voisin libyen Mouammar Kadhafi, le chef de l’Etat tunisien sortant est devenu en Afrique l’un des doyens mais il semble en bonne santé et fait des apparitions publiques fréquentes. Les organisations de défense des droits de l’homme jugent que le système politique tunisien ne présente qu’un vernis de démocratie et affirment qu’il réprime durement toute opposition, une accusation que le gouvernement nie farouchement. Le président Ben Ali est soumis à des pressions intérieures et extérieures pour concéder une véritable ouverture politique à l’occasion de sa vraisemblable reconduction à la présidence jusqu’en 2014. Mais ses opposants demeurent sceptiques. “Rien ne suggère qu’il y a des (vraies) élections dans ce pays. Ce scrutin était censé montrer la maturité des Tunisiens, mais il semble que ce soit une occasion manquée”, déplore Fathi Touzri, qui a vainement tenté de se faire élire en tant qu’indépendant aux dernières législatives. Avant même l’ouverture de la campagne, la principale formation d’opposition, le Parti démocrate progressiste, avait annoncé le boycottage des scrutins législatif et présidentiel, qu’il juge dénués de sens.
Tunisie: quatre candidats en lice pour la présidentielle de dimanche
Associated Press, le 22 octobre 2009 à 17h52 par Bouazza ben Bouazza TUNIS (AP) — emake de celle de 2004, l’élection présidentielle qui aura lieu dimanche en Tunisie, en même temps que les législatives, verra la participation de quatre candidats. Au pouvoir depuis 22 ans, le président en exercice Zine El Abidine Ben Ali, 73 ans, brigue un cinquième mandat consécutif de cinq ans qu’il est quasiment assuré de remporter face à trois candidats de l’opposition. Soutenu par le puissant parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui, selon ses dirigeants, compte plus de deux millions d’adhérents sur une population de dix millions d’habitants, le successeur du “père de l’indépendance” tunisienne, Habib Bourguiba, qu’il avait démis en 1987 pour “sénilité”, se prévaut de l’appui des organisations de masse telles les centrales syndicale, patronale, féminine et des agriculteurs, ainsi que d’une multitude d’associations. Trois des huit partis de l’opposition légale se sont même ralliés à sa candidature. Pour justifier ce quasi-unanimisme autour de “l’artisan du changement”, ses partisans mettent en avant son bilan “largement positif”. Après avoir “sauvé le pays de la déliquescence”, il est crédité de l’avoir hissé, en deux décennies au rang de pays émergent, souvent qualifié de “dragon de l’Afrique”. Pour son cinquième et -normalement- dernier mandat, selon la Constitution telle qu’amendée en 2002, il ambitionne d’élever la Tunisie au statut de pays avancé. A son arrivée au pouvoir, il avait abrogé la présidence à vie instituée par son prédécesseur, en limitant à trois le nombre de mandats présidentiels. Cette limitation a été supprimée en 2002 par voie référendaire et l’âge de la candidature à la présidence repoussé de 70 à 75 ans. En revanche, le bilan politique est loin de faire l’unanimité. Son régime est régulièrement la cible de critiques d’organisations non gouvernementales et d’une partie de l’opposition qui l’accusent d’atteintes aux libertés et aux droits de l’Homme Tout en rejetant ces accusations qui, selon Tunis, “ne collent pas avec la réalité tunisienne”, le président tunisien se dit constamment attaché à un processus démocratique “irréversible”, mais qui, à ses yeux, doit s’accomplir “progressivement et à pas sûrs pour prémunir le pays des revers qui ont été néfastes à d’autres pays”, en allusion à la menace islamiste. Le président-candidat aura pour adversaires trois dirigeants de l’opposition dont deux modérés, considérés proches du pouvoir. Tous trois ne se font du reste guère d’illusions quant à l’issue du scrutin. Le chef du parti de l’unité populaire (PUP), Mohamed Bouchiha, avoue que sa candidature vise à “contribuer à l’évolution de la vie politique”. Premier opposant à avoir franchi la barre des 1% lors de la précédente présidentielle, cet ancien journaliste et professeur d’histoire et géographie, âgé de 60 ans, présente son parti comme “une force de proposition et de compromis”. Quant au dirigeant de l’Union démocratique unioniste (UDU), d’obédience nationaliste arabe, Ahmed Inoubli, il prône “une nouvelle génération de réformes politiques” pour promouvoir les libertés et consacrer le respect des lois. Cet avocat de 51 ans propose un contrôle parlementaire effectif du gouvernement, la révision du code électoral pour instaurer un scrutin à la proportionnelle et l’abolition du code de la presse jugé inadapté à la liberté d’opinion et d’expression. Plus critique envers le pouvoir, le leader du mouvement Ettajdid (Le Renouveau ex-parti communiste), Ahmed Brahim, se démarque des deux précédents et se défend de faire de la figuration. Il se présente comme “un vrai candidat de l’opposition démocratique” et entend “traiter d’égal à égal” avec le candidat du parti au pouvoir, en dépit d’un rapport de forces inégal, “inouï et irréaliste”, selon ses dires. “Je suis conscient que l’alternance n’est pas pour demain, mais au moins que le pays entende des voix différentes”, clame-t-il. Depuis le lancement de la campagne électorale, cet universitaire de 63 ans n’a cessé de dénoncer “les entraves” auxquelles il se heurte ainsi que son parti, en déplorant “l’absence d’égalité de chances entre les candidats en lice”. AP Associated Press
Tunisie: les bannis de l’élection
Associated Press, le 22 octobre 2009 à 18h28 TUNIS (AP) –Destiné officiellement à élargir le champ des candidatures, l’amendement “exceptionnel” introduit en juillet 2008 dans la Constitution tunisienne a en fait mis à l’écart deux figures emblématiques de l’opposition de l’élection présidentielle de dimanche. Premier à avoir annoncé son intention de se porter candidat, Me Néjib Chebbi, le chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP), considéré comme la principale formation de l’opposition légale, s’est trouvé exclu de la course. Il ne remplissait pas la condition selon laquelle le candidat doit être élu à la tête de son parti depuis au moins deux années successives. Il a cédé la direction du PDP à Maya Jribi, première femme à diriger une formation politique en Tunisie. Cet avocat de 64 ans juge que la loi a été “taillée sur mesure pour l’exclure”. Il s’est retiré en dénonçant “l’absence de conditions minimales de libertés, d’honnêteté et de transparence”. Sans se déclarer surpris par cette mise à l’écart, la troisième qu’il subit, il ne se démobilise pas pour autant. “Comme c’est constitutionnellement le dernier mandat de Ben Ali, je serai mobilisé comme tous les Tunisiens pour ouvrir de nouvelles perspectives de transition ou d’alternance démocratique”, a-t-il assuré à l’Associated Press. Le Dr Mustapha Ben Jaâfar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDLT), a, lui, accueilli l’invalidation de sa candidature avec “quelque surprise, mais beaucoup de regret”, jugeant que les arguments invoqués pour justifier cette décision sont “puisés dans un juridisme excessif”. “Cela s’est fait en contradiction avec la volonté affichée par le pouvoir qui a placé cette loi dans le cadre de plus d’ouverture. Finalement, au lieu d’ouvrir, on a plutôt fermé”, a déploré M. Ben Jaâfar, 69 ans, ancien dirigeant de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Lui non plus n’entend pas baisser les bras. “Nous allons continuer, avec sérénité et beaucoup de patience, à militer pour la cause de la démocratie dans notre pays”, a-t-il dit à l’AP en se disant persuadé qu'”au sein du système, il y a des forces qui militent aussi vers l’évolution vers plus de démocratie et plus de respect des libertés”. Au lendemain de l’élection du 25 octobre, il compte s’atteler avec d’autres dirigeants de l’opposition à la construction d’un “socle solide sur lequel nous pourrions construire une coalition qui puisse rééquilibrer les forces en présence et mettre en place une plateforme commune”. AP
Tunisie-Presse et opposition muselées avant l’élection, dit RSF
Reuters, le 23 octobre 2009 à 18h01 PARIS, 23 octobre (Reuters) – Le pouvoir tunisien a tout mis en oeuvre pour empêcher une élection présidentielle équitable dimanche et contrecarrer toute velléité de couverture médiatique indépendante, dit vendredi Reporters sans frontières. Le président tunisien Zine el Abidine ben Ali, qui brigue son cinquième quinquennat, est quasiment assuré de sa reconduction bien que trois autres candidats soient en lice, dont un seul opposant crédible, Ahmed Brahim. Depuis le début de la campagne officielle, le 11 octobre, “les Tunisiens n’ont pas accès à une information équilibrée”, écrit RSF dans un rapport transmis aux médias français. L’organisation de défense des droits de la presse, qui a envoyé une délégation en Tunisie mi-octobre, dénonce également les difficultés faites aux envoyés spéciaux étrangers. Après un premier séjour en Tunisie au début du mois d’octobre, Florence Beaugé, reporter du quotidien français Le Monde, a été refoulée à l’aéroport de Tunis mercredi. Cette décision n’a pas été motivée officiellement par les autorités tunisiennes, précise l’organisation. De plus, souligne RSF, plusieurs sites d’information de l’opposition ne peuvent pas être consultés de Tunisie et plusieurs opposants n’ont plus accès à leurs messageries. Ahmed Brahim, candidat du mouvement Ettajid (Renouveau, ancien Parti communiste), a souffert des méthodes du pouvoir, dénonce l’organisation, qui fait état des modifications de dernière minute d’horaires de diffusion de ses messages de campagne ou un tirage au sort truqué pour la présentation des programmes des candidats à la télévision. “Pour la première fois en Tunisie, les quatre candidats en lice pour la présidence bénéficiaient d’une heure d’antenne en direct sur la chaîne Tunis 7. Zine el Abidine Ben Ali est bien entendu arrivé en première position”, ajoute RSF. L’organisation de ce tirage au sort aurait coûté son poste au ministre de la Communication “pour ne pas avoir tiré la boule du chef de l’Etat de sa poche plus discrètement”. “Les autorités tunisiennes utilisent tous les moyens à leur disposition pour museler l’opposition”, estime Jean-François Julliard, le secrétaire général de RSF.
Tunisia balancing Islam against Islamists
Associated Press, le 22 octobre 2009 à 16h32 By ALFRED de MONTESQUIOU, Associated Press Writer CARTHAGE, Tunis (AP) — Clad in ample white robes, a turban and red skullcap, Sheik Mohamed Machfar slips on a pair of large black earphones as he sits behind the microphone in the gleaming new studios of Radio Zitouna. Now one of the most popular talk show hosts in Tunisia, he happily explains how his programs embody the comeback of Islamic values in a nation viewed as among the most secular in the Arab world. Named after Tunisia’s most famous mosque, the radio airs recitations from the Quran for half the day and discusses Islamic values and culture the rest of the time. Funded by the son-in-law of President Zine El Abidine Ben Ali and broadcasting from a plush house next to the presidential palace, Zitouna says his station has become the single most popular private radio in Tunisia, with over 12 percent ratings — and clear government backing in a country where any form of public speech is tightly controlled. ”I think our success proves to the people how well the government treats Islam in Tunisia,” beams Sheik Machfar, a cleric who graduated from the prestigious Zitouna religious university. The radio’s spectacular rise over the past two years illustrates the Tunisian regime’s apparent knack for placating popular sentiment while keeping a tight grip on power. Ben Ali, in place since a bloodless palace coup in 1987, seems assured of a landslide victory in Sunday’s presidential and legislative elections. He is running against three officially approved candidates. The president’s Constitutional and Democratic Rally, or RCD, party — which dominates all state structures, unions and media — should also see an easy victory in its bid for parliament’s 214 seats. A handful of small, left-of-center parties fielding candidates are expected to win about a quarter of the seats. Besides the radio station, there are other apparent concessions to Islamic values, like alcohol-free zones in Saudi-funded housing projects spreading around the capital and an increased tolerance for female headscarves. Headscarves were banned by decree from public buildings in 1981. However, a court ruled in December 2006 that the ban was unconstitutional. ”Tunisian Islam is very secure, so it’s fine,” Machfar said. Even Ben Ali’s opponents acknowledge he has steered tiny Tunisia toward economic growth, a large measure of stability and comparatively good social welfare. But when they are out of earshot of the near-omnipresent police, many Tunisians say the trade-off is increasingly hard to bear: little or no freedom of speech, few public liberties and next to no alternative political choices. The Islamists have been enduring the brunt of this pressure over the past decade. Thousands are behind bars and their political parties are outlawed — even though authorities now allow much of what they had sought. ”The regime is very good at sensing the mood of the people and letting go of just enough to keep the calm,” said Zied Daoulatli, a leader of the banned Hizb en-Nahda movement, who spent 14 years in jail for belonging to an unauthorized political party. ”But look at how they do it,” he said, pointing at three plainclothes police who had tailed him into a hotel lobby. Even moderate Islamist parties are outlawed, but officials say it’s fair because Islam is the state religion and no group can claim it for itself. And authorities contend that some other forms of freedom are gaining ground. ”Some cases of human rights violations can be noticed, but these cases don’t constitute a systematic violation,” Justice and Human Rights Minister Bechir Tekkari told reporters. He claimed that numerous Web sites were blocked because they publish either ”terrorism, pornography or pedophilia.” However, the AP saw that these include Youtube, Dailymotion, and the Reporters Without Borders media watchdog. There are no more political prisoners or prisoners of opinion in Tunisia, Tekkari claimed, although some 3,000 Islamists are estimated to be behind bars. Most were arrested in a crackdown after a 2002 terror bombing on the tourist island of Djerba that killed 21 people, mostly German tourists. The government’s few outspoken opponents say the slow-paced reforms are above all a facade to soothe Western partners. ”They let go of some crumbs to keep the system rolling,” said Ahmed Brahim, the only presidential candidate who voiced criticism during his campaign. Tunisia is a strong U.S. and European ally. It managed a 3 percent GDP growth rate this year despite the global recession. The small country of 10 million deprived of any significant natural resources fuels its economy with millions of tourists pouring to its seaside resorts, and industries or services outsourcing from Europe. International benchmarks show it has greatly reduced poverty, achieved strong literacy rates and promoted the role of women in society like no other Arab country, although unemployment remains at 14 percent.
Right groups deplore Tunisian abuse
Associated Press, le 22 octobre 2009 à 19h40 By ALFRED DE MONTESQUIOU, Associated Press Writer TUNIS, Tunisia (AP) _ A human rights group and media watchdog on Friday denounced abuses they said were being committed by the Tunisian government before this weekend’s presidential and legislative elections. Amnesty International said a survey it conducted this month in Tunisia found that authorities were not living up to pledges to improve the human rights situation in the North African country, which is a strong U.S. and European diplomatic and business ally. “Beneath the facade, there is an entrenched climate of repression,” said a statement from London-based Amnesty. The statement listed the use of anti-terrorism laws to crackdown on unionists, protesters and youths perceived to be leaning toward Islamism. It said political parties outspokenly opposed to President Zine El Abidine Ben Ali remain banned or “critically hamstrung” by restrictions on freedoms of expression and assembly. Government critics, including human rights activists, “are subject to oppressive surveillance, threats, harassment and physical violence by government officials or people acting on their behalf,” the statement said. Paris-based Reporters Without Borders, which also recently conducted a survey in Tunisia, denounced the ongoing lack of media freedom, and listed recent cases of government harassment against Tunisian and foreign journalists. “Pluralism of information is still not a reality in Tunisia,” Reporters Without Borders said in a statement, pointing to the long messages of support filling much of the Tunisian before Ben Ali’s widely expected re-election. The Web sites of both organizations were inaccessible from Tunis on Friday. Tunisia’s Justice and Human Rights Minister denied Thursday there were any systematic violations or abuse in Tunisia, and said the country was making strides toward political openness, with several mild opposition parties allowed to field candidates in Sunday’s elections. Rights groups have a distorted vision of the regime, Bechir Tekkari said, because they listen too much to political opponents. He also insisted Web sites blocked by Tunisian authorities were those promoting “terrorism, pornography or pedophilia.”
Fin de campagne présidentielle en Tunisie
Associated Press, le 22 octobre 2009 à 18h31 TUNIS (AP) — La campagne électorale pour les élections présidentielle et législatives de dimanche s’est achevée vendredi. Quatre candidats sont en lice pour la magistrature suprême mais Zine el Abidine ben Ali est quasiment sûr de remporter un cinquième mandat consécutif de cinq ans. Lire la suite l’article Articles liés La Tunisie épinglée par Amnesty International et RSF Création de la première banque islamique tunisienne Tunisie: les bannis de l’élection Plus d’articles sur : Tunisie Discussion: Tunisie Le président âgé de 73 ans dirige le pays depuis 22 ans. Candidat du puissant parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), fort de plus de deux millions d’adhérents, il a mené campagne en se présentant comme “l’homme du changement” qui ambitionne de hisser la Tunisie au rang des pays avancés. Ce cinquième mandat devrait être son dernier, selon la Constitution qu’il a fait amender en 2002. Aucun incident n’a été signalé pendant la campagne, à l’exception d'”entraves” dont s’est plaint le principal candidat de l’opposition à la présidentielle, Ahmed Brahim, affirmant qu’il n’avait pu “mener une campagne dans des conditions normales”. Soutenu par plusieurs personnalités indépendantes et un parti de gauche non reconnu, le chef du mouvement “Ettajdid” (Le Renouveau), a, néanmoins eu droit à un long passage à la télévision publique et a pu tenir plusieurs meetings à l’intérieur du pays. Les deux autres candidats de l’opposition sont considérés comme plus modérés, voire proches du pouvoir: il s’agit du chef du Parti de l’unité populaire (PUP), Mohamed Bouchiha, et de celui de l’Union démocratique unioniste (UDU), d’obédience nationaliste arabe, Ahmed Inoubli. AP Associated Press
Tunisians look online for lively vote debate
Reuters, le 22 octobre 2009 à 18h32 By Tarek Amara TUNIS, Oct 23 (Reuters) – By Tarek Amara TUNIS (Reuters) – Young Tunisians and opposition parties are turning to the Internet to find the vibrant debate they feel is missing from an election campaign in which President Zine al-Abidine Ben Ali has overshadowed his opponents. Ben Ali, a 73-year-old credited by many Tunisians with bringing stability and rising incomes, is poised to win Sunday’s vote. His image dominates newspapers and television, and criticism of his 22-year rule is rarely found in traditional media. Instead, some Tunisians are using blogs and social networking sites such as Facebook as a forum for news and views. They are following young people in a number of countries where traditional media are controlled, notably Iran when opposition supporters widely used Twitter, Facebook and other sites to communicate after disputed elections earlier this year. Tunisia has 850,000 Facebook subscribers — nearly a tenth of the country’s population. “There is no freer space in Tunisia than the Internet for expressing yourself freely,” Sofain Chourabi, a journalist and Ben Ali opponent, told Reuters. “Local media block any different opinions.” The Tunisian government says it is committed to democracy and freedom of expression, and denies imposing any restrictions on independent journalists. But Ben Ali’s critics say people have to turn to the Internet because the authorities influence what appears in the traditional media. The New York-based Committee to Protect Journalists (CPJ) said it had documented an upsurge in incidents of journalists being intimidated and harassed in the run-up to the vote. “We condemn this wave of intimidation, detention, and attacks on critical journalists,” Mohamed Abdel Dayem, CPJ’s Middle East and North Africa program coordinator, said in a statement. “Truly democratic nations don’t beat, harass, and jail reporters.” Campaigners at home and abroad cite the example of Abdallah Zouari, a former editor of Islamist-leaning al Fajr newspaper, who was jailed for more than 10 years in the early 1990s and then sent to a five-year exile to a remote desert hamlet. With little exposure in newspapers and on TV, opposition parties use sites such as Facebook to spread their message. The Democratic Union publishes photographs and recordings of its Secretary-General, Ahmed Inoubli, on its Facebook page. Tunisians use Facebook to share video clips of news events, such as floods or unrest, which are not broadcast on television. TURF INLFUENCES Online blogs contain satire on Ben Ali that would never be found in a newspaper. The Internet is a crucial battleground in influencing young people who make up the majority of its users. They account for almost half Tunisia’s 10 million population and about 450,000 people aged between 18 and 20 are eligible to vote for the first time on Sunday. The authorities have also recognised the importance of the Internet. Ben Ali’s RCD party has itself been using Facebook to cover his campaign events and speeches, and sign up supporters. The party has also launched three Internet sites with details of the president’s achievements and glowing testaments from foreign personalities. But Ben Ali’s opponents say the relative freedom they have enjoyed on the Internet is now under threat. The opposition Democratic Progressive Party said this week that authorities had arrested one of its members, Zuhair Makhlouf, for an Internet report about its activities in the city of Nabeul. ANSA, le 23 octobre 2009 à 19h39
Tunisia: presidenziali, Ben Ali verso un quinto mandato
TUNISI (ats/ansa) Promettendo a tutti i tunisini “più benessere e più ricchezza” il presidente Zine El Abidine Ben Ali si presenta domenica alle elezioni presidenziali per ottenere il suo quinto mandato alla guida del paese dopo 22 anni di potere. Anche in questo scrutinio Ben Ali, 73 anni, è il favorito contro i suoi tre avversari: Ahmed Inoubli, 51 anni, dell’Unione democratica (Udu, nazionalista, sette deputati), Mohamed Bouchiha, 61 anni, del Partito dell’Unità popolare (Pup, centro, 11 deputati) e Ahmed Brahim, 63 anni, del partito di sinistra Ettajdid (tre deputati). “Per mancata conformità alla legge” sono rimasti fuori altri due esponenti dell’opposizione Ahmed Nejib Chebbi e Mustafa Ben Jaafar. Con pochi mezzi e molti ostacoli gli avversari di Ben Ali, secondo gli osservatori, hanno ben poche chance di battere il presidente che nelle scorse elezioni è stato eletto con percentuali che variavano dal 94 al 99%. Nella campagna elettorale Ben Ali ha messo in campo ogni media possibile, giornali, televisioni, internet e anche sms per sottolineare la riconoscenza e il sostegno alla sua “politica avanguardista” espressione che ricorre di frequente sui quotidiani tunisini. Da mesi è mobilitato tutto il Raggruppamento costituzionale democratico (Rcd) il partito presidenziale che ha 2,7 milioni di aderenti, su una popolazione di 10 milioni, per la vittoria del presidente e per mantenere la maggioranza dei 214 seggi in parlamento nelle legislative per le quali si vota nella stessa giornata di domenica. Il rosso e il bianco della bandiera, più il viola preferito da Ben Ali, sommergono città e paesi, le sue fotografie si sono moltiplicate se ciò è possibile in un paese dove l’immagine del presidente è presente in ogni piazza, caffè, ristorante, negozio, palazzo pubblico e privato. Nelle stesse ora in cui Ben Ali l’11 ottobre ha aperto la campagna elettorale davanti a 15.000 persone nello stadio di Rades, il ministero dell’Interno ha sequestrato il giornale e i manifesti di Ettajdid “per violazione della legge elettorale”. Le leggi arbitrarie sono tra le riserve espresse dai critici della presidenza Ben Ali come la modifica della costituzione nel 2002 per accedere ad un quarto mandato e l’obbligo per i candidati alla presidenza di essere alla guida di un partito da almeno 24 mesi anni introdotto l’anno scorso. Ex militare con studi in Francia e negli Stati Uniti Ben Ali comincia la sua ascesa al potere nel 1984 diventando ministro della Sicurezza nazionale, poi responsabile dell’Interno e infine capo di stato dopo che un gruppo di medici aveva dichiarato ‘incapace di intendere e di volere’ Habib Bourghiba, fautore e primo presidente dell’indipendenza dalla Francia. La sua Tunisia può vantare grandi progressi economici e una stabilità politica ben vista dall’Occidente anche come argine all’integralismo. Gli oltre vent’anni di Ben Ali hanno fatto della Tunisia un paese tra i più prosperi dell’Africa del Nord con un Pil pro capite di 5000 dinari (2500 euro) e strutture moderne che, in aggiunta a un regime fiscale vantaggioso, ha attratto investimenti stranieri e migliaia di aziende interessate a delocalizzare parte della loro produzione. Ciò che si rimprovera alla Tunisia è un sistema di potere che non lascia alcuno spazio al dissenso o alla critica in nessun settore della società: partiti politici, associazioni, sindacati e stampa. Ogni voce alternativa viene tacitata in modo sbrigativo. L’ultimo episodio risale a martedì quando una giornalista del quotidiano francese ‘Le Monde’ Florence Beauge, arrivata a Tunisi per seguire le elezioni, è stata respinta all’aeroporto e costretta a tornare a Parigi. “Una decisione sovrana” hanno detto le autorità tunisine motivata dalla “malevolenza e dall’attitudine ostile” della giornalista nei confronti della Tunisia. ANSA
TUNISIE : LE POUVOIR ACCUSÉ D’INTIMIDATIONS
A quelques jours du scrutin présidentiel en Tunisie, qui devrait voir la réélection du président Ben Ali, les milieux de l’opposition font état d’intimidations croissantes, visant en particulier des militants des droits de l’Homme. Il y a une semaine, l’avocate Radhia Nasraoui et son mari Hamma Hammami auraient été agressés à l’aéroport de Tunis, alors qu’ils rentraient, respectivement, de Genève et de Paris. Et, le 16 octobre, une autre figure de l’opposition, la journaliste Sihem Ben Sedrine a fait l’objet d’une interpellation avec son mari, Omar Mestiri, par des individus qui lui ont confisqué sa caméra. (Source : TTU Monde Arabe (Lettre hebdomadaire d’informations stratégiques – France), N° 620 du 22 octobre 2009)
Edito du « Monde »
Ben Ali 5
Nul besoin d’être devin pour prédire que, dimanche 25 octobre, l’élection présidentielle en Tunisie verra le triomphe de Zine El-Abidine Ben Ali, qui, à 73 ans, va entamer un cinquième mandat. Au pouvoir depuis vingt-deux ans, le tombeur d’Habib Bourguiba, le “père de l’indépendance” écarté à la suite d’un “coup d’Etat médical”, a toujours écrasé ses adversaires, ne leur abandonnant que des miettes. Le comble a été atteint lors du scrutin de 1994, où M. Ben Ali avait raflé 99,81 % des suffrages, selon les chiffres officiels. Cinq ans plus tard, sollicitant un troisième mandat, il s’était contenté de 94,49 % de votes en sa faveur – sur fond de participation massive, comme à chaque fois.
Ces scores absurdes, qui en disent long par leur invraisemblance sur la réalité de la démocratie tunisienne, étaient aussi ceux de son prédécesseur. A quatre reprises, de 1959 à 1974, Habib Bourguiba a été élu et réélu à la présidence avec plus de 99 % des suffrages exprimés. Avec de tels plébiscites, un scrutin présidentiel ne s’imposait plus et, logiquement, en 1975, Bourguiba instaurait la présidence à vie. Circonstance atténuante : c’était Bourguiba ! Un grand de l’Histoire.
Indéfendable sur le plan politique, cette continuité d’un président à l’autre a été positive dans d’autres domaines. Sur des questions cruciales comme le statut de la femme ou la politique démographique, Ben Ali a eu l’intelligence de poursuivre l’œuvre de Bourguiba. La Tunisie y a gagné en modernité.
Les choix économiques de M. Ben Ali se sont souvent révélés être les bons. En privilégiant l’économie de marché, en tissant très tôt des liens solides avec les pays de l’Union européenne, en mobilisant des ressources importantes en faveur de l’éducation, la Tunisie, dépourvue de ressources naturelles, est un exemple de développement plutôt réussi, même si la corruption, systématiquement organisée au profit du clan présidentiel, et la frilosité des entreprises tunisiennes hors de leur marché national posent problème.
“Ben Ali 5” sera-t-il conforme aux autres ? Un mélange d’Etat policier, impitoyable pour les opposants laïques ou islamistes, embastillés, torturés, tabassés, sur fond de mieux-être économique ? Est-ce là l’ambition de M. Ben Ali au soir d’un quart de siècle à la tête de la paisible Tunisie ? Il peut se targuer d’avoir développé son pays mieux que l’Algérie ou le Maroc. Il devrait aspirer à en faire un modèle sur le plan politique. Malheureusement, cela n’en prend pas le chemin.
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 23 octobre 2009)
Leila Ben Ali, la femme qui monte
Tunisie vendredi23 octobre 2009 Jean-Claude Péclet L’épouse du président tunisien s’affiche de plus en plus à ses côtés. Un livre qu’elle a tenté, en vain, de faire interdire en France raconte la prise de pouvoir de son clan Née Trabelsi, Leila Ben Ali a grandi avec dix frères et sœurs dans un quartier pauvre de Tunis. Formée comme coiffeuse, elle a rencontré dans un salon son premier mari, dont elle a divorcé trois ans plus tard. La suite est plus trouble. Se livrant à de petits trafics douaniers, elle aurait été arrêtée et aurait alors rencontré, à la Sûreté, Zine El Abidine Ben Ali, son futur mari et président. Avant de l’épouser, elle aurait eu une liaison avec un industriel cultivé, Farid Mokhtar. Ce dernier est mort des années plus tard suite à un mystérieux accident de voiture, alors qu’il était pris dans une lutte de pouvoir contre le clan Ben Ali. Après son mariage avec Ben Ali, en 1992, l’épouse et son «clan» se font d’abord discrets. Puis ils commencent à placer leurs pions dans les entreprises qui comptent en Tunisie: aviation, banques, terrains devenant opportunément constructibles, chaînes de magasins et de restaurants, médias. L’appétit du clan est tel que, parfois, les industriels concurrents essaient timidement de se plaindre, sans succès. Publicité «La Régente de Carthage, main basse sur la Tunisie», tel est le titre du livre paru début octobre aux Editions La Découverte, qui raconte par le menu cette prise de pouvoir. L’enquête de Nicolas Beau (qui avait déjà cosigné «Notre ami Ben Ali») et de Catherine Graciet est, bien sûr, censurée en Tunisie. Leila Ben Ali tente aussi de la faire interdire en France, mais se fait débouter devant le Tribunal de grande instance de Paris, frais à sa charge. Les renseignements contenus dans le livre «dépeignent bien la réalité tunisienne», dit au Temps une source indépendante. Militante d’une participation des femmes à la politique, Leila Ben Ali préside l’Organisation de la femme arabe. Elle animait – avec un charisme certain – un grand meeting de soutien à son mari organisé la semaine dernière au Palais des sports d’El Menzah, près de Tunis. En cela, elle est sortie du rôle qu’elle tenait jusqu’ici à la tête de différentes œuvres caritatives. En juin, un des principaux groupes de presse tunisiens – racheté par son gendre Sakhr el-Materi – saluait sa «générosité discrète», la jugeant «percutante d’esprit, d’humour, d’humanisme».
(Source: “Le Temps” (Quotidien – Suisse) le 23 octobre 2009) http://www.letemps.ch/Page/Uuid/62d96798-bf47-11de-b6d7-be89cc3615cf/Leila_Ben_Ali_la_femme_qui_monte
La Tunisie prépare déjà l’après-Ben Ali
Jean-Claude Péclet Assuré de gagner les élections ce week-end, le président de 73 ans doit être attentif à deux clignotants orange sur le plan social A 73 ans, Zine El Abidine Ben Ali ne se sent pas fatigué. Il brigue ce week-end un cinquième et – théoriquement – dernier mandat comme président. Les 10,5 millions de Tunisiens voteront aussi pour élire leurs députés. La marge de suspense est mince: entre 90 et 98% des voix pour Ben Ali. La police et la censure verrouillent le pays. L’avocate des droits de l’homme Rhadia Nasraoui, qui dénonçait la «mascarade» des élections dans nos colonnes, est interdite de voyages, harcelée à domicile. Une journaliste du Monde dont les articles ont déplu a été refoulée à la frontière. A part les membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’omniprésent parti de la majorité qui se réserve 75% des sièges au parlement, la population est largement indifférente à cette campagne monocolore – mauve, la couleur du RCD. Pourtant, le bilan de Zine El Abidine Ben Ali vaut mieux que l’image caricaturale qu’en donnent ses opposants. La Tunisie affiche un taux de croissance moyen de 5% depuis vingt ans, l’accès à l’éducation de base et aux services vitaux y est quasi universel, les transferts sociaux représentent une part importante du budget, les infrastructures sont bien développées, dans les villes en tout cas, beaucoup moins ailleurs. Publicité Avec un revenu annuel moyen de 3300 dollars, le niveau de vie est supérieur à celui des pays voisins. Le taux de pauvreté a été réduit à 7%, estime la Banque mondiale, et, si la classe moyenne n’atteint pas 80% de la population comme le clame la propagande officielle, elle existe bel et bien. Le gros point noir reste l’absence de libertés. «Malgré les engagements du gouvernement, les citoyens ne jouissent d’aucune liberté politique», écrit le Département américain des affaires étrangères. La Tunisie est classée 154e, derrière la Russie, en matière de liberté de la presse par Reporters sans frontières. Pour le respect des droits humains, la Fondation Mo Ibrahim lui attribue le même score qu’au… Nigeria. Les remontrances occidentales au régime restent néanmoins feutrées. Pour l’Europe (75% des échanges commerciaux), la Tunisie est un sous-traitant bon marché, bien éduqué et souple. Si l’automobile et le textile peinent en ce moment, les centraux d’appels téléphoniques y sont en plein boom. La Suisse, dont les exportations vers la Tunisie ont augmenté de 155 à 180 millions de francs l’an dernier, est le 8e partenaire économique du pays, qui développe ses pôles de compétences technologiques. Pour les Etats-Unis, le régime Ben Ali offre un rempart face à l’islamisme radical. D’ailleurs, le président tunisien n’aime pas parader sur la scène internationale. Il est discret hors des frontières; en retour on le dérange peu… Mais Zine El Abidine Ben Ali n’est pas immortel, et les observateurs de la campagne ont noté la place croissante qu’y occupe son épouse, Leila, née Trabelsi. Œuvres caritatives, défense des femmes musulmanes, meetings électoraux, première page des journaux: elle est partout. Dans l’économie surtout. Publié début octobre, La Régente de Carthage, écrit par Nicolas Bau et Catherine Graciet, détaille les nombreux secteurs (banques, immobilier, commerce, etc.) sur lesquels le «clan Trabelsi» a «fait main basse». Les informations de ce livre «reflètent bien la réalité», dit une autre source. Cela ne fait pas encore de Leila Ben Ali la dauphine désignée du président. «Le propre des autocrates est de ne pas préparer leur succession», relève un proche observateur de la vie politique tunisienne. Pour Catherine Graciet, un des auteurs de La Régente, «la bourgeoisie d’affaires en a assez du clan Trabelsi et du système de corruption généralisé. De plus, l’attitude des services secrets, qui jouent un rôle important, n’est pas claire.» Si le suspense électoral est nul, deux feux orange clignotent. D’abord le chômage. Le taux officiel atteint 14%, mais il est deux à trois fois plus élevé chez les jeunes diplômés. Joint à l’absence de liberté, c’est un cocktail explosif. L’endettement de la classe moyenne «fragilisée», selon un diplomate, est le second souci. «Le gouvernement a acheté la paix sociale avec des crédits généreux, mais les échéances commencent à tomber», dit un étudiant en sciences politiques.
(Source: “Le Temps” (Quotidien – Suisse) le 23 octobre 2009)
Tunisie Journaliste expulsée et avocate retenue, à l’approche des élections Fin de campagne sous tension
BAUDOUIN LOOS
TUNIS – DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Quelle mouche a donc piqué les autorités tunisiennes ? Alors que des élections présidentielles et législatives présentées comme « une nouvelle étape majeure dans le processus démocratique » se tiennent dimanche prochain, tout se passe comme si l’heure était à la crispation. En attestent une expulsion et une interdiction de voyager.
L’expulsion concerne Florence Beaugé, journaliste du Monde, qui, arrivée à l’aéroport de Tunis mardi soir a été contrainte de reprendre le même avion, vers Paris cette fois. Explication : « Cette journaliste a toujours fait preuve de malveillance patente à l’égard de la Tunisie et de parti pris systématiquement hostiles », dit le communiqué officiel remis à l’AFP.
Notre consœur française, présente il y a deux semaines en Tunisie, avait apparemment commis une faute impardonnable : publier sur la même page une interview du ministre tunisien de la Justice et des Droits de l’homme et… le récit des dernières mésaventures de Hamma Hammami et de sa femme Radhia Nasraoui.
Cette dernière, avocate spécialisée dans les droits de l’homme, a été empêchée de prendre l’avion pour Paris, mardi soir également. Elle devait participer à une réunion au Parlement européen à Strasbourg consacrée aux événements du bassin minier de Gafsa et leurs conséquences – des mouvements de protestation sociale, en 2008, qui avaient donné lieu à une forte répression, à des actes allégués de torture et de sévères condamnations pénales.
Motif de l’interdiction de quitter le territoire ? « Ils m’ont sorti une plainte inconnue d’un citoyen inconnu pour une raison inconnue, le tout datant de 2008 », raconte Mme Nasraoui. Or, depuis l’an dernier, l’avocate a souvent voyagé sans dommage… Comprenne qui pourra.
Sauf que Radhia Nasraoui et son mari sont, d’évidence, devenus les bêtes noires du régime. Hamma Hammami, dirigeant d’un petit parti d’extrême gauche, venait justement de passer à la télévision Al Jazira et sur France 24, pour y proférer ses critiques très radicales envers le régime. À son retour de Paris, le 29 septembre, Hammami l’a vite payé : dans l’aéroport de Tunis même, il a été agressé et rudement frappé par des barbouzes en service commandé. Sa femme l’affirme : « Ce genre de décision se prend au sommet de l’État, c’est comme cela en Tunisie ».
(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique), le 22 octobre 2009)
Tunisie : des élections présidentielles et législatives sans le moindre enjeu
Tout le monde aime Ben Ali
REPORTAGE TUNIS DE NOTRE ENVOYE SPECIAL Rien de nouveau sous le soleil tunisien? En effet, sauf que le soleil se fait timide à quelques jours des élections, comme s’il refusait de participer à une fête officielle qui paraît laisser les Tunisiens de marbre. Dame! En fait de suspense, ce cinquième scrutin présidentiel depuis 1989, toujours couplé à des élections législatives, se présente comme ses devanciers: joué d’avance. Le président Zine el-Abidine Ben Ali et son parti le Rassemblement démocratique constitutionnel (RCD) vont rafler aux alentours de 95%, sinon plus, comme d’habitude. Les autorités tunisiennes n’aiment pas le portrait que la presse étrangère fait d’elles. Celui du « Soir » restera inconnu ici: le journal comme son site restent victimes de la censure locale. Il n’est certes pas le seul dans ce cas. «Nous n’avançons peut-être pas au rythme dont vous rêvez, mais d’élections en élections nous avançons sans aucun doute vers la démocratie »: Moncer Rouissi, président du semi-officiel Comité supérieur des droit de l’homme, semble même convaincu par son plaidoyer. Les arguments que le régime développe ne manquent d’ailleurs pas de poids. C’est que les indices économiques et sociaux officiels montrent une situation peu banale en Afrique, comme les 3% de croissance malgré la crise, une croissance démographique maîtrisée (1%), un taux de pauvreté modeste (3,8%), une imposante classe moyenne (81%) sans parler de la fierté nationale, le statut de la femme, depuis très longtemps le plus avancé du monde arabe… Pourquoi alors cette apparente humeur populaire maussade, cette indifférence face au formidable déploiement de la machine de guerre électorale du RCD et cette couleur mauve, la préférée du président, qui couvre les façades? Les méthodes du régime seraient-elles usées? Les journaux, à de rares et marginales exceptions près, regorgent encore et toujours d’une propagande ahurissante et abrutissante tout en louanges pour l’«Ere nouvelle» conduite par Ben Ali. Toutes les associations rivalisent de compliments pour le grand homme, depuis le Groupement tunisien pour la culture numérique jusqu’à l’Association des diabétiques en passant par la Fanfare de Zarzis. Il ne manque que l’Association des aveugles clairvoyants pour être complet, dirait-on si la situation prêtait à rire. Ce n’est guère le cas. Les «acquis» vantés ne sont pas en cause, même si beaucoup de Tunisiens incriminent la vie chère avec amertume. Mais le régime se comporte comme s’il avait peur d’une poignée d’opposants. Alors point de libertés. Ou si peu. Et une façade démocratique qui ne convainc personne, ni en Tunisie ni à l’extérieur. La communauté internationale, elle, se tait. Ces opposants, parlons-en. Il y a les radicaux. Comme le Parti communiste ouvrier tunisien, de Hamma Hammami, qui s’est fait rosser à l’aéroport il y a trois semaines pour avoir dénoncé sur Al-Jazira les turpitudes du régime, dont l’enrichissement suspect de l’entourage du président. Il promeut le boycott. Comme les islamistes, longtemps pourchassés à mort, mais qui se font plutôt silencieux: le pouvoir les courtiserait-il? En tout cas, l’islam prend de plus en plus de place. Radio Zitouna, Banque Zitouna, que veut le peuple? Trois partis d’opposition auraient aimé participer, mais le régime a décidé de ne leur laisser qu’une minuscule partie des miettes. La plupart de leurs listes pour les législatives ont été invalidées parce que les formulaires d’inscription ont été mal remplis. La Tunisie est la seul pays au monde où les opposants sont incapables de s’inscrire valablement. Il restera 54 sièges pour «l’opposition-soutien», les 25% prévus par la loi. Pour les amis. Pour la présidentielle, ils seront quatre. Ben Ali, qui aura plus de 90%, et trois autres, deux faire-valoir et un ex-communiste aux convictions sincères d’opposant, Ahmed Brahim, qui paiera cher le ton sans concessions de ses interventions publiques. Il a même pu parler à la télévision. Mais, annoncé à 20h30 devant tout le monde, il est finalement passé à 18h30 devant quelques ménagères interloquées. Mais pourquoi donc ces opposants, des gens bien le plus souvent, acceptent-ils de jouer dans cette pièce au goût douteux? «Dans ce climat d’allégeance, répond Khemais Chammari, un des critiques du régime lui-même traîné dans la boue par une certaine presse, il faut se battre sur le terrain électoral pour montrer que l’alternance n’est pas un blasphème.» Dommage que les caciques du «ghetto de l’opposition assiégée», comme il dit, soient aussi porteurs d’un mal, le «tout-à-l’ego», qui les voit se déchirer dans de pitoyables querelles d’ambitions personnelles… Alors, la population qui ignore souvent jusqu’à l’existence d’une opposition se rabat sur les rares signaux d’un pouvoir opaque. En l’occurrence, l’irrésistible ascension de Leila Trabelsi, la jeune (52 ans) femme du président, frappe les esprits. Ses apparitions publiques prennent des allures présidentielles depuis cette campagne. Mais agit-elle au nom de ses intérêts ou pour ses proches, «la famille» comme on dit en Tunisie, où quantité d’histoires, vraies ou fausses, circulent attribuant aux frères et beaux-fils des rôles peu reluisants? On ne prête qu’aux riches… Dans son appartement de banlieue, notre confrère Taouffik Ben Brik se rappelle au souvenir des amateurs de bons mots. Pour cet original, sorte de chien fou qui aboie dans le désert des Tartares, «la Tunisie s’en va en friche et Ben Ali s’en fiche; voilà vingt-deux ans qu’il se la coule douce. Face au devoir d’idolâtrie, les Tunisiens sont au-delà de la déprime, ils ne rêvent plus, ils ont compris. Ils font la sieste». Et s’il disait vrai? BAUDOUIN LOOS Douze minutes sur le campus de l’Ariana Tout est calme sur le campus de la Faculté des Sciences juridiques et politiques à Ariana, en banlieue tunisoise. Il est presque 13 heures et quelques dizaines d’étudiants discutent en cherchant un peu d’ombre dans l’agréable jardin intérieur de la faculté, près de la buvette. Nous avisons un groupe de filles assises au centre de la place. Elles sont six, dont une seule voilée. « Pouvons-nous parler de votre vie, de vos rêves, du pays, des élections de dimanche ? Je ne vous demande pas votre nom… » Des sourires un peu gênés nous répondent. « Pourquoi pas ? », lâche la plus audacieuse. Et d’énoncer son credo : « Moi, je veux voyager, découvrir le monde, la France. Le mariage est le dernier de mes soucis ! Je souhaite vivre seule ». Et la politique ? « Heu, je ne vote pas ; cela ne m’intéresse pas trop, vous savez… » Une camarade s’interpose : « Les choses ont bien changé ici depuis l’époque de nos parents. Nous les filles jouissons d’une certaine indépendance. Je suis reconnaissant au président Ben Ali, il a su promouvoir le développement de ce pays et aider les jeunes ». Une jeune fille proteste à voix basse : « Moi je ne vote pas parce qu’il n’y a rien à décider, ce régime est celui d’un parti unique ». Une seule des six étudiantes ira voter, d’ailleurs. « L’abstention, c’est une forme de vote, non ? », ose l’une d’elles en rougissant. Un homme sans âge surgit. Le regard inquisiteur, les sourcils froncés. « Avez-vous une autorisation pour venir ici », nous lance-t-il d’un ton poli mais ferme. « Non, je croyais qu’interroger des étudiants participait de la bonne compréhension de ce que doit être une démocratie ». « Suivez-moi ! ». Le ton est cette fois comminatoire. Nous nous tournons vers les étudiantes : « Je crois qu’on ne se verra plus, au revoir ! ». Nous avions vu juste. Dans le bureau de celui qui se révèle s’appeler Mohamed Tlili, secrétaire général de la faculté, les choses tournent comme on pouvait l’anticiper. Deux (longs) coups de fil se clôturent par des regrets : « On me confirme que vous êtes bien journaliste et accrédité, mais hélas ! vous avez besoin d’une autorisation du doyen, lequel n’est pas libre pour le moment. Je vous assure que j’aurais aimé vous aider, mais vous comprenez… Je vais vous reconduire à la porte ». B. L. La peur comme système « Je ne pense pas que les Tunisiens ont peur, il existe suffisamment d’espaces de liberté dans ce pays, tel le syndicat historique l’UGTT. » Dans la maison coquette qui abrite à Tunis le semi-officiel « Comité supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales », son président, le vétéran Moncer Rouissi, un ex-ministre et ambassadeur respecté, semble négliger sa promesse de ne pas user de la langue de bois. En effet, l’impression retirée d’une énième visite dans la capitale tunisienne reste toujours la même : dans cet Etat où la police, en uniforme ou en civil, quadrille tous les espaces, la population préfère ne pas aborder la politique. Les interviews en rue embarrassent visiblement les habitants. Quatre confrères travaillant, micro en main, pour des radios françaises et britannique nous le confirment. Les rares quidams qui acceptent de parler se voient dûment morigénés dès la fin de l’entretien par des agents en civil zélés. Dissuasif. La réputation du régime fait le reste : les allégations de mauvais traitements abondent dans les rapports des organismes internationaux spécialisés. « La peur qui habite les gens explique l’apathie apparente du corps social, commente Nejib Chebbi, principal dirigeant du PDP, parti légal qui va finalement boycotter les élections. Les gens préfèrent ne plus s’occuper d’eux et se détournent de l’espace public. » Les chauffeurs de taxi, innombrables à Tunis, en attestent. « Je n’irai pas voter dimanche, nous dit l’un d’eux. Pas la peine, notre président sera reconduit et tant mieux, il nous préserve de l’instabilité. Et puis je dois nourrir mes enfants, la politique ne m’intéresse pas ! ». B. L.
(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique), le 23 octobre 2009)
Tunisie : la parole est à l’opposition
Ils sont avocats, journalistes, médecins… Certains vivent en Tunisie, mais pour la plupart, ils ont été contraints à l’exil. Alors que l’élection présidentielle de ce dimanche 25 ne laisse aucun doute sur la réélection de Ben Ali, El Watan Week-end a ouvert ses pages aux opposants. Et organisé une table ronde avec Radhia Nasraoui, militante des droits de l’homme, Slim Bagga, fondateur du mensuel “L’Audace” suspendu en 2007 et Moncef Marzouki, fondateur du Centre national des libertés en Tunisie.
En quoi cette élection est-elle différente des précédentes ?
Radhia Nasraoui : Le climat est plus tendu. C’est une véritable terreur. Nous vivons depuis longtemps sous une dictature, mais là c’est pire. Le régime a arrêté Zouheir Makhlouf, un défenseur des droits de l’homme, dont le seul tort est d’avoir filmé dans un quartier populaire. Montrer la misère n’est pas du goût de Ben Ali, qui veut donner une image paradisiaque de la Tunisie. Notre collègue Sihem Bensedrim a été agressée et la journaliste du Monde, Florence Beaugé, que les Tunisiens trouvent encore trop modérée, a été expulsée, ses articles n’auraient pas plu apparemment. Et tout ça en une seule et même journée.
Slim Bagga : Ceci n’est pas différent. Nous avons fait le deuil de la Constitution le 16 mai 2002. Ben Ali a organisé un référendum pour s’octroyer l’impunité et l’éternité au pouvoir. En 2004, ce n’était déjà plus des élections. Le président devait se limiter à trois mandats. Mais nous sommes orphelins de Constitution depuis 2002.
Moncef Merzouki : En rien, c’est toujours le même rituel et la même farce ridicule pour les acteurs et offensante pour les spectateurs.
Si blocages de la part du régime tunisien il y a, quels sont-ils ?
R. N : Ca dépasse l’imagination. Les journalistes occidentaux sont là pour couvrir la campagne et le régime, au lieu de faire preuve de tolérance, attaque. Mon domicile est encerclé par des dizaines de policiers. J’ai été convoquée avec mon mari par la police criminelle, qui s’occupe normalement des grosses affaires, des crimes de sang, et nous apprenons par la presse qu’un citoyen aurait soi-disant porté plainte contre nous ! Ma fille a été terrorisée, les policiers l’ont forcée à ouvrir la porte de notre maison. Mon mari a quitté le domicile, après son agression sauvage à l’aéroport. J’ai moi-même été insultée dans un vocabulaire ordurier, on m’a traitée de « prostituée », alors que mes pneus étaient crevés au même moment…
S. B : La loi attribue des subventions aux journaux, aucun de ceux tenus par l’opposition n’a vu cet argent ! Les manifestations sont interdites. Invitez deux personnes chez vous et vous voyez débarquer 40 policiers… Les moyens financiers et humains font défauts, on saisit les biens des opposants. Leurs familles sont agressées. Moi-même, avant mon mariage en janvier, on a menacé ma femme. Alors que mon seul tort est d’être un journaliste qui a tenu tête à la mafia au pouvoir.
M. M. : Regardez le dernier scandale du régime… cet Imed Trabelsi, fils ou neveu de la régente de Carthage que les tribunaux français réclament pour vol et recel d’un bateau subtilisé en Corse. Rappelons qu’en 1991 le frère du dictateur, un certain Moncef Ben Ali, fut condamné par la justice française à 11 ans de prison pour trafic de drogue. Il ne les fera jamais car il a été trucidé rapidement par on ne sait trop qui. Puis il y a l’espoir des familles un certain Sakhr Marti, époux de la fille. Il vient d’acquérir pour un million de dollars une villa au Canada. Tout est à l’avenant. La tête du régime est constituée de bandes maffieuses et ces gens-là feraient des réformes, autoriseraient la soi-disant opposition à leur ravir la clé du coffre ou même à leur en contester la propriété. Il y a quelque chose de surréaliste dans la politique en Tunisie. D’un côté sexe, argent, trafics en tout genre, polices secrètes, torture ; répression aveugle et systématique… En face des bobos qui protestent d’avoir été exclus de fausses élections et d’autres encore plus étranges réclamant la réconciliation nationale, voire les réformes. Non décidément, cette pauvre Tunisie ne mérite ni ses gouvernants ni ses « opposants ».
A la veille du scrutin présidentiel, est-ce que la campagne (notamment de l’opposition) s’est faite dans les normes ?
R. N. : Pas du tout ! Je parlais de terreur, c’est très significatif. On demande juste aux Tunisiens de se taire, qu’ils soient contents ou non. Les centaines de prisonniers d’opinion qui subissent des conditions de détentions moyenâgeuses en sont la preuve.
S. B. : L’opposition est matée, les candidats sont éliminés. Ahmed Ben Brahim, par exemple, passe à la télévision, on lui accorde même 40 minutes ! Mais il faut voir à quelle heure il passe : à 16h, quand tout le monde est au travail et en plus sur une chaîne secondaire, alors que Ben Ali et sa femme ont tribune libre au journal de 20h sur la chaîne nationale. Leïla Ben Ali ne se comporte pas en femme de président, mais bien en présidente. D’ailleurs, ces derniers temps, on la voit souvent à la télévision. Elle a l’air méchant, énervée par le livre qu’elle a tenté d’interdire, La Régente de Carthage…
M. M. : Le mot opposition n’a de sens que dans une démocratie qui, pour fonctionner, exige un gouvernement et une opposition. Ce qu’on appelle opposition sous une démocratie frelatée ou une dictature honteuse comme celle qui sévit en Tunisie, se compose de Beni – oui oui, et de Beni non oui. Sous une dictature comme l’a montré si souvent l’histoire, il n’y a de solution que dans la résistance armée ou civile. Je plaide pour la civile bien sûr et je rejette tout aussi fortement la violence que cet ersatz d’opposition qu’on trouve en Tunisie ou dans d’autres joumloukia (« joumhouria – mamlaka » : république monarchique) arabes.
Qui soutient l’opposition en Tunisie ? Le régime ? Les adhérents ? Des organisations internationales ?
R. N. : Il existe deux oppositions : l’une légale et l’autre non reconnue par le pouvoir. Mais aucune n’est plus puissante que l’autre. La majorité des formations politiques a décidé de boycotter ces élections. Avec le mouvement des ouvriers du bassin minier, on peut dire que la population a rejoint l’opposition. On est passé de l’indifférence totale de beaucoup des citoyens à l’exaspération. Dans les années 1990, personne n’osait même nous regarder. Aujourd’hui, les gens suivent notre combat, nous saluent dans la rue. Certains même nous aident, discrètement. A côté, les organisations internationales nous apportent leur soutien à chaque fois que nous sommes réprimés.
M. M. : Je vous ai dit d’oublier ce terme et les quelques malheureux acteurs devant un parterre vide. Le port du voile face à un Etat qui a fait de la lutte contre l’islamisme son beurre, le sabotage du travail à tous les niveaux, les grèves perlées, les mouvements massifs comme ceux qui ont secoué le bassin minier, c’est cela qui compte. La résistance est bien réelle. Hélas ! elle est plutôt passive, dispersée et non encore politisée. Quand va-t-elle devenir active, politique et planifiée ? C’est aux résistants de faire que l’énergie potentielle que le peuple renferme devienne une force de destruction de la dictature maffieuse et de construction de la République et de l’Etat démocratique.
Participer au scrutin, n’est-ce pas devenir « alibi démocratique » du régime de Ben Ali ?
R. N. : Tout à fait ! Je suis de ceux qui appellent au boycott. Malgré cela, je défends les deux vrais candidats d’opposition qui se présentent. Ils ne peuvent pas se réunir, le régime a tenté de modifier leurs programmes, on voudrait leur choisir leurs mots !
S. B. : Absolument ! Je ne reconnais ni ce pouvoir ni ces élections et je considère que c’est une erreur de l’opposition. En 2002, les institutions ont été piétinées, elles ne sont plus légitimes. L’opposition est trop légaliste, donc trop permissive.
M. M. : Bien évidemment ; mais allez dire cela à des politiciens qui ont besoin de ce genre de happening pour se donner l’illusion d’exister.
On ne peut pas s’empêcher de se demander pourquoi les opposants se prêtent au jeu d’élections déjà truquées… Pourquoi ne dénoncent-ils pas les dérives mafieuses ? Pourquoi les opposants n’arrivent-ils pas à avancer en rangs serrés ?
R. N. : Les journaux des deux candidats d’opposition ont été saisis. Les manifestations et les réunions sont interdites, l’encerclement est total. Par ailleurs, tous les Tunisiens savent que ce ne sont pas de vraies élections. Ils ne s’y intéressent même pas. La cherté de la vie, la corruption, le chômage et la répression passent avant ces élections sans enjeu.
S. B. : L’opposition est déchirée par les ego. Ben Ali l’a divisée en 1988, avec son Pacte National, conçu soi-disant pour englober les islamistes. En fait, un an après, il récupérait les officiers mis en retraite par la RDA avec la chute du Mur de Berlin, et procédait au quadrillage de la société. Ces officiers ont créé des postes de délateurs, des citoyens espions. Cette participation au Pacte National s’est retournée contre les démocrates.
M. M. : De nouveau, demandez-leur, moi je suis un résistant, je ne suis pas un opposant. Ceci étant dit, d’où tenez-vous que le système n’a pas détruit les partis d’opposition ? Il les a infiltrés, bloqués, corrompus, divisés et cela pour les partis reconnus. Les autres, les non reconnus, leurs membres sont chassés à courre. Ils sont soit en prison, soit en exil.
Comment s’exprime l’opposition en Tunisie ? Prend-elle forme aujourd’hui à travers d’autres canaux que la politique ? Une intelligentsia ? Une opposition populaire ?
R. N. : Des communismes aux islamistes en passant par les nationalistes arabes, aucun n’a voulu prendre part à ces élections, servir de faire-valoir, de « chouhoud dhour » (« faux témoins »). Pendant longtemps en Tunisie, notre seul moyen de pression a été la grève de la faim, puisque l’opposition ne peut ni manifester ni se réunir. La multiplication des grèves, des sit-in, des manifestations de soutien est la preuve que les Tunisiens commencent à bouger. Le cercle des protestataires s’élargit.
M. M. : La résistance populaire, ce sont les combats pour la survie dans des endroits rarement visités par la presse. Pour les jeunes, c’est la parole libre sur Internet et Facebook. C’est la lente assimilation des messages explicites et implicites des chaînes satellitaires. C’est le mépris affiché des malfrats qui se prennent pour la famille régnante. Tout bout dans la marmite du diable. A quand l’explosion ? Nul ne le sait.
Les dés sont-ils déjà jetés pour le scrutin à venir ? L’opposition peut-elle un jour prendre le pouvoir ?
R. N. : Tout le monde sait que ces élections sont une mascarade et que Ben Ali va encore gagner avec 99% des voix. Ils vont peut-être baisser un peu cette année, mais ça ne changera rien au final.
S. B. : C’est une véritable mascarade. Nous assistons à la montée en puissance du clan de Leïla Ben Ali, en vue de la succession. Ce n’est pas un scoop, son gendre sera le prochain président de l’Assemblée nationale, issue des ces « élections » et c’est lui qui reprendra le pouvoir, conformément à la Constitution en cas de vacance. C’est un putsch maquillé.
M. M. : Quels dés ? Des dés qui donnent 6 chaque fois que vous les jetez même si vous jouez avec le tricheur pendant mille ans ? Non l’opposition ne prendra jamais le pouvoir. D’ailleurs, elle est tellement molle qu’elle n’en rêve même pas. Non c’est un autre sauveur qui va sortir du chapeau des services secrets locaux et occidentaux. Sauf que maintenant nous sommes prévenus – et lui aussi- que le Ben Alisme a marché une fois mais ne marchera pas deux. Quant à notre combat à nous les fils de la Tunisie martyrisée, il n’est pas près de finir. Tellement long est le chemin vers la liberté, mais avons-nous d’autre choix que de continuer à combattre, si ce n’est pour nous, au moins pour nos enfants pour qu’ils ne vivent plus dans leur patrie comme des sujets mais comme des citoyens… pour qu’ils puissent enfin être fiers de leur pays et non plus en avoir honte et ne désirer rien de plus que de le quitter.
(Source: “El Watan” (Quotidien – Alger le 23/10/2009)
Khemais Chammari, co-fondateur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme Pluralisme en trompe-l’œil et pensée unique
Le 25 octobre, au terme d’un processus plébiscitaire conduit à marche forcée depuis près de deux ans, mobilisant tous les moyens et le faste grandiloquent de la propagande de l’appareil de l’Etat, le président Zine El Abidine Ben Ali inaugurera, à 73 ans, son 5e – et en principe – dernier mandat présidentiel de cinq ans. Le taux de participation à ce scrutin verrouillé – qui se double le même jour d’élections législatives une fois de plus totalement faussées – ne saurait être, du moins officiellement, en deçà des 85% du corps électoral et le président Ben Ali sera élu par plus de 94% des suffrages censés s’être exprimés ! Face à cette débauche de moyens déployés, dont le coût est évalué à l’équivalent de 15 à 17 millions de dinars tunisiens, l’opinion, lassée par cette « overdose » de liturgie de l’Etat-RCD, affiche un scepticisme, voire une indifférence, à tous égards révélateurs de son désintérêt pour la chose publique et pour la vie politique. Il ne s’agira, au demeurant, que de la consécration d’un véritable rituel d’allégeance, comme la Tunisie n’en a probablement jamais connu depuis l’indépendance en 1955. S’inscrivant dans la logique despotique de la réforme constitutionnelle imposée par le référendum du 26 mai 2002 ; ce sacre – auquel la première dame de Tunisie est étroitement associée – confirmera que, par-delà les apparences formelles d’une consultation en trompe-l’œil, le système politique de l’Etat-RCD n’a de nom dans aucun traité de droit constitutionnel. Le référendum de 2002, puis les élections de 2004 et de 2009 constituent des moments décisifs sur la voie du renforcement du despotisme et du système d’ impunité, qui en est l’un des principaux fondements. Cette dérive ainsi que l’embrigadement des composantes autonomes de la société civile (journalistes, magistrats, défenseurs des DH), et les atteintes systématiques et quotidiennes aux droits de l’homme, unanimement constatées par les observateurs internationaux, sont évidemment niées par le pouvoir. Le contexte de ces élections est marqué, de surcroît, par les effets longtemps niés de la crise économique mondiale, une corruption galopante et la montée des tensions sociales illustrée notamment par la révolte légitime des populations du bassin minier de Redeyef- Gafsa (sud-est) fermement réprimée, ainsi que par les manœuvres en direction de l’Islam politique. Après avoir diabolisé et réprimé de façon implacable le parti islamiste En Nahdha, le pouvoir s’est engagé dans la voie d’une surenchère piétiste conservatrice. Toujours est-il que l’échéance des élections du 25 octobre sera une nouvelle occasion manquée d’amorcer une timide ouverture. (Source: “El Watan” (Quotidien – Alger le 23/10/2009)
Tunisie : “Touche pas à mon homme !”
Radhia Nasraoui, avocate tunisienne et femme de Hamma Hammami, estime que les élections d’octobre 2009 sont placées sous les signes de la “répression, du pillage, de la corruption, et du chômage. Interview de Taoufik Ben Brik.
Radhia Nasraoui, l’avocate des enfoirés et des têtes brulées, ne badine pas lorsqu’il s’agit de la vie de son compagnon des bons et des mauvais jours. Il y a des femmes comme ça, qui ne laisse jamais leur homme en cours de route. En panne. Surtout, lorsqu’il est pourchassé par la meute. Pour Hamma, cette femme frêle, à la frimousse de Géraldine Chaplin, elle est toujours DISPONIBLE. Toutes griffes dehors. Une louve qui défend sa tanière. Dès qu’elle sent son mec en danger elle se métamorphose en un chien berger, solitaire et hargneux. Gare à celui qui s’approche de son bélier. Pour cet homme qui a passé dix ans de sa vie en tôle et dix autres sous terre, Radhia a ameuté la terre entière et le ciel aussi n’est pas en reste. Elle a fait des grèves de la faim, créé des comités de soutient, amené une cohorte de journalistes étrangers pour qu’on ne l’oublie pas. Ces jours-ci, Hamma est perdu de vue. Il s’est enfuit dans la nuit. Compte-t-il rester caché longtemps ? Radhia dit qu’il « va sortir de son repaire incessamment. » Mais une rumeur circule sur son compte. On dit que Hamma ne fuit pas Ben Ali. Il fuit Radhia. Il doit avoir ses raisons. Avec une femme aussi terrible, invivable, voudrait mieux chercher de l’air ailleurs. Elle te bouffe tout l’oxygène. Normal, elle a des poumons de mutante. Et l’air est rare sur la lune. Elle est le portrait craché de son père, Charlie Chaplin. Géniale et merdi… Elle veut être seule face aux feux de la rampe. Personne ne doit lui faire de l’ombre. C’est une méga-star. Mais on lui pardonne ses caprices de diva, tant qu’elle brille sur nous. Lumières.
Hamma Hammami, votre mari, vit une nouvelle chasse à l’homme…
– Sous une dictature, personne n’est intouchable, personne n’est à l’abri de l’arbitraire. À n’importe quel moment on peut devenir la cible. Il suffit de s’exprimer ou de prendre position sur un sujet quelconque, surtout s’il s’agit d’un sujet « tabou » qui touche les intérêts de certaines forces occultes, pour être puni. Hamma Hammami, mon mari, porte parole du Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie, non reconnu, et directeur du journal Al Badil (l’Alternative), s’est exprimé le 25 septembre dernier sur « Al jazeera » ainsi que sur la chaine française « France 24 ». Il a dénonce la répression, la corruption, le pillage des richesses du pays et l’exploitation féroce des travailleurs. C’est le contexte dans lequel se déroulent les élections du 25 octobre, qu’il a qualifié de mascarade et appelé à les boycotter.
À son retour à Tunis le 29 septembre 2009 il a été sauvagement agressé par un grand nombre d’agents à l’intérieur de l’aéroport de Tunis Carthage, dans la zone réservée aux voyageurs. L’agression a continué à la sortie de l’aéroport. Jai été moi-même agressée physiquement et traitée de tous les noms. On nous prive de notre droit a la libre expression en Tunisie et on nous puni quand on a l occasion de s’exprimer à l’étranger.
Nous avons porté plainte contre Ben Ali en personne et son ministre de l’intérieur, en tant que chefs directs de la police. Une agression à l’aéroport, un lieu de souveraineté, ne peut en aucun cas être « un acte isolé ». Au lieu de nous rendre justice, on nous colle un procès de droit commun, une pratique courante en Tunisie. Le vendredi 9 octobre, et juste avant le départ de mon mari à Paris pour assister à une conférence sur les élections, nous avons reçu deux convocations de la brigade criminelle. Hamma a été interdit de quitter le pays. Notre domicile à El Manar est assiégé par la police. Le lundi 12 octobre, ma fille Sarah (10 ans) qui se trouvait à la maison a été terrorisée par un groupe d’agents de la police criminelle.
Est-ce qu’il va entrer dans la clandestinité une nouvelle fois ?
– Pourquoi Hamma se plongera t il de nouveau dans la clandestinité ? Il va se défendre frontalement, cette fois ci contre ses accusateurs.
Qu’est ce que vous ne pardonnez pas à Ben Ali ?
– D’avoir érigé la torture en système de gouvernement.
Dans quel contexte se déroulent les élections d’octobre 2009 ?
– Répression, pillage, corruption, chômage, exclusion, pauvreté, justice soumise et Ben Ali continue sur sa lancée. Les événements du bassin minier sont là pour accuser Ben Ali et l’acculer.
Comment s’en sortir ?
– Se battre. C’est la question.
Y-a-t-il une personne que vous auriez aimé élire à part vous, bien sûr ?
– Je suis contre le régime présidentiel. Donner tous les pouvoirs à une seule personne, n’est pas démocratique. Le virage vers l’autocratie est très facile. Regardez ce que nous endurons en Tunisie depuis plus de 50 ans. Je préfère une démocratie parlementaire, où la fonction du chef de l’état est plutôt honorifique.
Propos recueillis par Taoufik Ben Brik
(Source : le site du « Nouvel Observateur » (France), le 22 octobre 2009)
Lien :http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/20091022.OBS5450/tunisie__touche_pas_a_mon_homme_.html