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AFP: Otages autrichiens: Vienne pense que les nĂ©gociations vont continuer aprĂšs l’ultimatum Reuters: Otages autrichiens: les combats au Mali gĂȘnent la nĂ©gociation AP: Otages: l’Autriche suspendue Ă l’ultimatum des ravisseurs Le Soir: Petit geste de Ben Ali avant les prĂ©sidentielles RĂ©union du comitĂ© des droits de l’homme de l’ ONU Ă propos de la Tunisie
Le Temps: Précisions du Syndicat Tunisien des Médecins Libéraux « STML »
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Otages autrichiens: Vienne pense que les nĂ©gociations vont continuer aprĂšs l’ultimatum
Otages autrichiens: les combats au Mali gĂȘnent la nĂ©gociation
Otages: l’Autriche suspendue Ă l’ultimatum des ravisseurs
Voici le numĂ©ro 98 d’ELKHADRA. Bonne lecture.
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– A NOTRE BOUFFON BEN ALI
– DE LA TRAHISON ET DU DEFAITISME
– CHAUD DEVANT…..
– Tentatives de contrĂŽle d’internet par les imposteurs des mĂ©dias dominants
– DĂ©claration de principes dâun intellectuel espagnol
– On Osama Bin Ladenâs statement
– RADIO MARZOUKI
– La Tunisie, nouveau nid de l’islam radical ?
– Le Sommet islamique de Dakar et les droits humains
– LE MENSONGE ET L’IMPOSTURE
– Le mot du Tsar
– Le contournement du dernier rĂ©calcitrant arabe
– LILIRI YAMA
– CE QUE SION VEUT…
– Â MON 20 MARS A MOI: BON APPĂTIT
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TUNISIE
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Petit geste de Ben Ali avant les présidentielles
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A l’occasion de la fĂȘte nationale, le prĂ©sident Zine el-Abidine Ben Ali a fait un tout petit geste : il a annoncĂ© la modification « Ă titre exceptionnel » de la loi limitant les candidatures Ă l’Ă©lection prĂ©sidentielle aux prĂ©sidents de parti pouvant se prĂ©valoir du parrainage d’Ă©lus (30 dĂ©putĂ©s par exemple). Le RCD, parti au pouvoir, trustant la plupart des siĂšges, cela limitait les candidatures.
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En 2009, donc, pourra se prĂ©senter tout « premier responsable de chaque parti politique, qu’il soit prĂ©sident, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral ou premier secrĂ©taire, Ă condition qu’il ait Ă©tĂ© Ă©lu Ă ce poste depuis au moins deux annĂ©es consĂ©cutives ». Cela Ă©carte les candidats que le rĂ©gime craint, ceux des partis non reconnus et aussi le charismatique Nejib Chebbi (PDP, lĂ©gal), qui n’est plus Ă la tĂȘte de son parti depuis 2006.
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(B. L.)
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(Source : « Le Soir » (Quotidien â Bruxelles), le 22 mars 2008)
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme tient actuellement (du 17 mars au 4 avril) sa quatre-vingt-douziĂšme session, au SiĂšge de lâONU Ă New York, au cours de laquelle les experts qui le composent viennent dâexaminer les rapports de quelques pays dont la Tunisie⊠DĂ©tails !!
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 Secrétaire général
DH/CT/692
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14/03/2008
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DĂ©partement de lâinformation âą Service des informations et des accrĂ©ditations âą New York
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Communiqué de base
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LE COMITĂ DES DROITS DE LâHOMME SE RĂUNIT DU 17 MARS AU 4 AVRIL Ă NEW YORK
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Les experts examineront les rapports de la Tunisie, du Botswana, du Panama et de lâex-RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme tiendra, du 17 mars au 4 avril sa quatre-vingt-douziĂšme session, au SiĂšge de lâONU Ă New York, au cours de laquelle les experts qui le composent vont examiner les rapports de la Tunisie, du Botswana, du Panama et de lâex-RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine. Ils doivent ainsi passer en revue les mesures prises par ces Ătats parties au Pacte international relatif aux droits civils et politiques quant Ă la mise en Ćuvre des dispositions de celui-ci.
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Cette session sera ouverte par un reprĂ©sentant du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Le ComitĂ© adoptera ensuite son ordre du jour et son programme de travail. Il entendra aussi des reprĂ©sentants dâorganisations non gouvernementales et intergouvernementales au sujet de la situation dans les pays considĂ©rĂ©s.
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Le ComitĂ© examinera au cours de cette session les rapports pĂ©riodiques de la Tunisie, les 17 et 18 mars, du Botswana, les 19 et 20 mars, du Panama, les 24 et 25 mars, et de lâex-RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine, le 26 mars. Il prĂ©sentera ses observations finales au terme de cette session de trois semaines, le 4 avril.
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Le Pacte, adoptĂ© en 1966 par lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de lâONU et entrĂ© en vigueur 10 ans plus tard, compte 161 Ătats parties. Le ComitĂ©, en tant quâorgane de suivi, examine pĂ©riodiquement les rapports prĂ©sentĂ©s par les Ătats parties au sujet de la protection et de la promotion des droits civils et politiques. Des reprĂ©sentants de ces Ătats prĂ©sentent leur rapport avant de rĂ©pondre aux questions orales et Ă©crites des experts du ComitĂ©.Â
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Au cours de cette session, les Ă©quipes spĂ©ciales de pays examineront et Ă©tabliront une liste de questions concernant les rapports soumis par le Japon, la France, le Nicaragua et lâIrlande.
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En vertu du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 111 Ătats parties reconnaissent la compĂ©tence du ComitĂ© pour examiner les plaintes de particuliers relevant de la juridiction dâun Ătat partie au Pacte. Au 11 dĂ©cembre 2007, le ComitĂ© Ă©tait saisi de 397 communications. ConformĂ©ment aux nouvelles dispositions du RĂšglement intĂ©rieur, qui autorisent lâexamen simultanĂ© de la question de la recevabilitĂ© et du fond dans la plupart des cas, lâexamen de ces communications peut aboutir Ă lâadoption de constatations ou Ă une dĂ©cision de recevabilitĂ© ou dâirrecevabilitĂ©.
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme dans le systĂšme des Nations Unies
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme est lâun des sept organes de traitĂ©s créés en vertu dâinstruments internationaux des Nations Unies relatifs aux droits de lâhomme. ComposĂ© de 18 experts indĂ©pendants ayant en majoritĂ© une riche expĂ©rience juridique, le ComitĂ© est chargĂ© de surveiller la mise en Ćuvre des dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (le Pacte) et des deux Protocoles facultatifs qui sây rapportent. à cet effet, les Ătats parties au Pacte doivent prĂ©senter au ComitĂ© des rapports pĂ©riodiques sur la situation des droits de lâhomme dans leur pays, en application de lâarticle 40 de cet instrument juridique international.
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Les sept organes conventionnels(ou organes de traitĂ©s) des Nations Unies sont chargĂ©s de surveiller la mise en Ćuvre des principaux instruments internationaux relatifs aux droits de lâhomme.  Ces organes sont: le ComitĂ© des droits de lâhomme (HRC); le ComitĂ© des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels (CESCR); le ComitĂ© pour lâĂ©limination de la discrimination raciale (CERD); le ComitĂ© pour lâĂ©limination de toutes les formes de discrimination Ă lâĂ©gard des femmes (CEDAW); le ComitĂ© contre la torture (CAT); le ComitĂ© des droits de lâenfant (CRC) et le ComitĂ© pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles (CMW).
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Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
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Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques reconnaĂźt que tous les peuples ont le droit Ă lâautodĂ©termination. Il stipule que tout ĂȘtre humain a le droit Ă la vie, Ă la libertĂ© et Ă la sĂ©curitĂ© individuelle. Il interdit la torture, les chĂątiments ou les traitements cruels ou dĂ©gradants, ainsi que la privation arbitraire de la vie.  Toute personne arrĂȘtĂ©e doit ĂȘtre informĂ©e des raisons de son interpellation et toute personne dĂ©tenue en raison dâun dĂ©lit prĂ©sumĂ© doit ĂȘtre prĂ©sentĂ©e rapidement Ă un juge ou Ă toute personne disposant dâune autoritĂ© lĂ©gale.
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Le Pacte reconnaĂźt aussi, entre autres, la libertĂ© de se dĂ©placer et introduit des limitations Ă lâexpulsion des Ă©trangers prĂ©sents lĂ©galement sur le territoire dâun Ătat partie. En outre, les droits Ă la libertĂ© de pensĂ©e, de conscience, de religion et dâexpression sont reconnus par le Pacte, celui-ci interdisant aussi la propagande en faveur de la guerre ou lâincitation Ă la haine nationale, raciale ou religieuse.
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Ătats parties au Pacte
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Les 161 Ătats ayant adhĂ©rĂ© ou ratifiĂ© le Pacte sont les suivants: Afghanistan, Afrique du Sud, Albanie, AlgĂ©rie, Allemagne, Andorre, Angola, Argentine, ArmĂ©nie, Australie, Autriche, AzerbaĂŻdjan, Bangladesh, Barbade, BahreĂŻn, BĂ©larus, Belgique, Belize, BĂ©nin, Bolivie, Bosnie-HerzĂ©govine, Botswana, BrĂ©sil, Bulgarie, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Canada, Cap-Vert, Chili, Chypre, Colombie, Costa Rica, CĂŽte dâIvoire, Croatie, Danemark, Djibouti, Dominique, Ăquateur, Ăgypte, El Salvador, ĂrythrĂ©e, Espagne, Estonie, Ătats-Unis, Ăthiopie, ancienne RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine, FĂ©dĂ©ration de Russie, Finlande, France, Gabon, Gambie, GĂ©orgie, Ghana, GrĂšce, Grenade, Guatemala, GuinĂ©e, GuinĂ©e Ă©quatoriale, Guyana, HaĂŻti, Honduras, Hongrie, Islande, Inde, IndonĂ©sie, Iraq, Irlande, IsraĂ«l, Italie, Jamahiriya arabe libyenne, JamaĂŻque, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Kenya, Kirghizistan, KoweĂŻt, Lesotho, Lettonie, Liban, LibĂ©ria, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Madagascar, Malawi, Maldives, Mali, Malte, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mexique, Monaco, Mongolie, MontĂ©nĂ©gro, Mozambique, Namibie, NĂ©pal, Nouvelle-ZĂ©lande, Nicaragua, Niger, NigĂ©ria, NorvĂšge, Ouganda, OuzbĂ©kistan, Panama, Paraguay, Pays-Bas, PĂ©rou, Philippines, Pologne, Portugal, RĂ©publique de CorĂ©e, RĂ©publique centrafricaine, RĂ©publique du Congo, RĂ©publique de Moldova, Roumanie, RĂ©publique arabe syrienne, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, RĂ©publique dominicaine, RĂ©publique islamique dâIran, RĂ©publique populaire dĂ©mocratique de CorĂ©e, RĂ©publique tchĂšque, Royaume-Uni, Rwanda, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Saint-Marin, Samoa, SĂ©nĂ©gal, Serbie, Seychelles, Sierra Leone, Slovaquie, SlovĂ©nie, Somalie, Sri Lanka, Soudan, Suriname, SuĂšde, Suisse, Swaziland, Tadjikistan, RĂ©publique-Unie de Tanzanie, Tchad, ThaĂŻlande, Timor-Leste, Togo, TrinitĂ©-et-Tobago, Tunisie, TurkmĂ©nistan, Turquie, Ukraine, Uruguay, Venezuela, Viet Nam, YĂ©men, Zambie et Zimbabwe.
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Protocoles facultatifs
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Le premier Protocole facultatif habilite le ComitĂ© Ă examiner les plaintes Ă©manant de particuliers qui relĂšvent de la juridiction dâun Ătat partie au Pacte. Les 111 Ătats parties Ă ce protocole facultatif sont les suivants: Afrique du Sud, Albanie, AlgĂ©rie, Allemagne, Andorre, Angola, Argentine, ArmĂ©nie, Australie, Autriche, AzerbaĂŻdjan, Barbade, Belgique, BĂ©nin, BĂ©larus, Bolivie, Bosnie-HerzĂ©govine, Bulgarie, Burkina Faso, Cameroun, Canada, Cap-Vert, Chili, Chypre, Colombie, Congo, Costa Rica, CĂŽte dâIvoire, Croatie, Danemark, Djibouti, Ăquateur, Espagne, Estonie, ancienne RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine, FĂ©dĂ©ration de Russie, Finlande, France, Gambie, GĂ©orgie, Ghana, GrĂšce, Guatemala, GuinĂ©e, GuinĂ©e Ă©quatoriale, Guyane, Honduras, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Jamahiriya arabe libyenne, Kirghizistan, Lesotho, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Madagascar, Malawi, Maldives, Mali, Malte, Maurice, Mexique, Moldova, Mongolie, MontĂ©nĂ©gro, Namibie, NĂ©pal, Nicaragua, Niger, NorvĂšge, Nouvelle-ZĂ©lande, Ouganda, OuzbĂ©kistan, Panama, Paraguay, Pays-Bas, PĂ©rou, Philippines, Pologne, Portugal, RĂ©publique centrafricaine, RĂ©publique de CorĂ©e, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, RĂ©publique dominicaine, RĂ©publique tchĂšque, Roumanie, Saint-Marin, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Salvador, SĂ©nĂ©gal, Serbie, Seychelles, Sierra Leone, Slovaquie, SlovĂ©nie, Somalie, Sri Lanka, SuĂšde, Suriname, Tadjikistan, Tchad, Togo, TurkmĂ©nistan, Turquie, Ukraine, Uruguay, Venezuela et Zambie.
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Le second Protocole facultatif au Pacte, adoptĂ© en 1989 et entrĂ© en vigueur en juillet 1991, vise Ă abolir la peine de mort. Les 65 Ătats ayant ratifiĂ© ce second protocole facultatif sont les suivants: Albanie, Afrique du Sud, Allemagne, Andorre, Australie, Autriche, AzerbaĂŻdjan, Belgique, Bosnie-HerzĂ©govine, Bulgarie, Canada, Cap-Vert, Chypre, Colombie, Costa Rica, Croatie, Danemark, Djibouti, Ăquateur, Espagne, Estonie, ancienne RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine, Finlande, France, GĂ©orgie, GrĂšce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, LibĂ©ria, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Mexico, Moldova, Monaco, MontĂ©nĂ©gro, Mozambique, Namibie, NĂ©pal, NorvĂšge, Nouvelle-ZĂ©lande, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Philippines, Portugal, RĂ©publique tchĂšque, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Serbie, Seychelles, Slovaquie, SlovĂ©nie, SuĂšde, Suisse, Timor-Leste, TurkmĂ©nistan, Turquie, Ukraine, Uruguay et Venezuela.
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Composition du ComitĂ© des droits de lâhomme
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Le ComitĂ© est composĂ© de 18 experts siĂ©geant Ă titre individuel. Il sâagit de Rafael Rivas Posada (Colombie), Elisabeth Palm (SuĂšde), Ivan Shearer (Australia), Ahmed Tawfik Khalil (Ăgypte), Abdelfattah Amor (Tunisie), Christine Chanet (France), Prafullachandra Natwarlal Bhagwati (Inde), Maurice Ahanhanzo GlĂšlĂš–Ahanhanzo (BĂ©nin), Edwin Johnson Lopez (Ăquateur), Walter KĂ€lin (Suisse), Rajsoomer Lallah (Maurice), Michael OâFlaherty (Irlande), Nigel Rodley (Royaume-Uni), Ruth Wedgwood (Ătats-Unis), Yuji Iwasawa (Japon), Zonke Zanele Majodina (Afrique du Sud), Iulia Antoanella Motoc (Roumanie) et JosĂ© Luis Sanchez-Cerro (PĂ©rou).
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Pour de plus amples informations, priĂšre de consulter le site du Haut Commissariat aux droits de lâhomme Ă lâadresse suivante: http://www.ohchr.org/french/bodies/hrcouncil/index.htm
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(Source : site de lâONU, le 14 mars 2008)
Lien : http://www.un.org/News/fr-press/docs/2008/DHCT692.doc.htm
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17/03/2008
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Assemblée générale
DH/CT/693
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DĂ©partement de lâinformation âą Service des informations et des accrĂ©ditations âą New York
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Pacte international relatif
aux droits civils et politiques
ComitĂ© des droits de lâhomme
Quatre-vingt-douziĂšme session                             Â
2511e et 2512e sĂ©ances â matin et aprĂšs-midi
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LE COMITĂ DES DROITS DE LâHOMME OUVRE LES TRAVAUX DE SA QUATRE-VINGT-DOUZIĂME SESSION
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Le Ministre tunisien de la justice exprime la dĂ©termination de son pays Ă donner un nouvel Ă©lan Ă la dynamique de protection et de promotion des droits de lâhomme
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme a entamĂ© aujourdâhui les travaux de sa quatre-vingt-douziĂšme session par lâexamen du cinquiĂšme rapport pĂ©riodique de la Tunisie*. Le Ministre tunisien de la justice et des droits de lâhomme, qui le prĂ©sentait, a exprimĂ© la dĂ©termination de son gouvernement à « donner un nouvel Ă©lan Ă la dynamique de protection et de promotion des droits de lâhomme ».
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M. BĂ©chir Tekkari a notamment indiquĂ© que la Tunisie Ă©tait un Ătat « abolitionniste de fait » de la peine de mort. Le Chef de lâĂtat tunisien a annoncĂ© quâil ne signerait jamais un acte dâexĂ©cution, a-t-il dĂ©clarĂ©. Lâexperte de la France, Mme Christine Chanet, a cependant demandĂ© des Ă©claircissements sur cette position, la peine capitale figurant toujours dans la loi, a-t-elle soulignĂ©.
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Lors de cette session, qui se tient jusquâau 4 avril au SiĂšge de lâONU, Ă New York, le ComitĂ© doit examiner les rapports de la Tunisie, du Botswana, du Panama et de lâex-RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine.
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Le rapport soumis aujourdâhui aux 18 experts du ComitĂ© prĂ©sente les principales mesures lĂ©gislatives et pratiques adoptĂ©es par la Tunisie au cours de la pĂ©riode 1993-2005 afin de renforcer la mise en Ćuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont cet Ătat est partie depuis 1969. Le rapport prend en outre en considĂ©ration les points que le ComitĂ© des droits de lâhomme avait soulevĂ©s dans ses observations finales en octobre 1994, lors de lâexamen du quatriĂšme rapport de la Tunisie.
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Dans son rapport, la Tunisie dit avoir « tout mis en Ćuvre pour le respect de lâhumanisme, du pluralisme et du droit Ă la diffĂ©rence ». « La dĂ©marche tunisienne est certes progressive, mais elle est dĂ©terminĂ©e, irrĂ©versible et prometteuse », est-il en particulier Ă©crit.
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En le prĂ©sentant, le Ministre tunisien de la Justice et des droits de lâhomme a Ă©noncĂ© les principales mesures arrĂȘtĂ©es par le Gouvernement en matiĂšre de protection et de promotion des droits de lâhomme. La premiĂšre de ces mesures concerne la dĂ©cision de la Tunisie dâaccueillir des rapporteurs spĂ©ciaux aussi bien du Conseil des droits de lâhomme que de la Commission africaine des droits de lâhomme. La Tunisie a Ă©galement dĂ©cidĂ© de remettre, au cours de lâannĂ©e 2008, huit rapports relatifs aux droits de lâhomme Ă diffĂ©rents organes des Nations Unies, a-t-il dit, mentionnant Ă©galement le rapport pĂ©riodique universel qui sera prĂ©sentĂ© devant le Conseil des droits de lâhomme.
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En rĂ©ponse aux questions Ă©crites des experts portant sur des arrestations et dĂ©tentions arbitraires, la dĂ©lĂ©gation a soulignĂ© que la Tunisie avait Ă©tĂ© un des premiers Ătats Ă ratifier sans rĂ©serve la Convention pertinente. Le droit et la procĂ©dure sont respectĂ©s, a-t-elle assurĂ©. « Si le procureur constate un nombre suffisant de faits qui offrent un fondement Ă une poursuite en justice, il dĂ©clenche la procĂ©dure. »
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Le ReprĂ©sentant du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, M. Ngonlardje Mbaidjol, avait ouvert la quatre-vingt-douziĂšme session du ComitĂ©, ce matin, en rappelant notamment que le Conseil des droits de lâhomme avait repris sa sixiĂšme session entre le 10 et le 14 dĂ©cembre 2007. Depuis, le Conseil a continuĂ© son processus dâexamen, de rationalisation et dâamĂ©lioration des mandats. Le ReprĂ©sentant du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral a Ă©galement indiquĂ© que lâ« examen pĂ©riodique universel » du Conseil des droits de lâhomme aurait lieu du 7 au 18 avril. Les fruits des discussions lors de cet examen pĂ©riodique universel seront utiles pour le ComitĂ©, notamment en termes de rationalisation de ses relations avec le Conseil, a-t-il expliquĂ©.
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De son cĂŽtĂ©, le PrĂ©sident du Groupe de travail sur les communications, M. Ivan Shearer de lâAustralie, a prĂ©sentĂ© un bref exposĂ© des activitĂ©s du Groupe, qui sâest rĂ©uni la semaine derniĂšre. Il a indiquĂ© que 32 textes avaient Ă©tĂ© examinĂ©s. Trois affaires ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es recevables, tandis que neuf dossiers ont Ă©tĂ© rejetĂ©s, a-t-il prĂ©cisĂ©. En outre, 19 affaires ont Ă©tĂ© examinĂ©es quant au fond, tandis quâun dossier a Ă©tĂ© reportĂ©, un complĂ©ment dâinformation ayant Ă©tĂ© demandĂ© aux parties.
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme, que prĂ©side M. Rafael Rivas Posada de la Colombie, est lâun des sept « organes de traitĂ©s » créés en vertu d’instruments internationaux des Nations Unies relatifs aux droits de lâhomme. ComposĂ© de 18 experts indĂ©pendants ayant en majoritĂ© une riche expĂ©rience juridique, il est chargĂ© de surveiller la mise en Ćuvre des dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (le Pacte) et des deux Protocoles facultatifs qui s’y rapportent. à cet effet, les Ătats parties au Pacte doivent prĂ©senter au ComitĂ© des rapports pĂ©riodiques sur la situation des droits de lâhomme dans leur pays, en application de lâarticle 40 de cet instrument juridique international qui est entrĂ© en vigueur en 1976.
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme poursuivra lâexamen du cinquiĂšme rapport pĂ©riodique de la Tunisie demain, mardi 18 mars Ă 10 heures.
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* Rapport publié sous la cote CCPR/C/TUN/5
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ORGANISATION DES TRAVAUX ET QUESTIONS DIVERSES
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Rapport du Groupe de travail sur les communications
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Déclarations
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M. NGONLARDJE MBAIDJOL, qui intervenait en qualitĂ© de ReprĂ©sentant du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, a prĂ©sentĂ© les Ă©lĂ©ments nouveaux concernant le Conseil des droits de lâhomme. Il a expliquĂ© que le Groupe dâexperts sur le Darfour avait Ă©tĂ© dissout, le mandat de celui-ci Ă©tant maintenant assurĂ© par la Rapporteure spĂ©ciale sur la situation des droits de lâhomme au Soudan, Mme Sima Samar. Il a aussi mentionnĂ© quâun nouveau rapporteur spĂ©cial sur les formes contemporaines dâesclavage sera nommĂ© au cours de la septiĂšme session du Conseil, en mars 2008, en remplacement de lâancien Groupe de travail sur cette question. En outre, un nouveau mĂ©canisme remplacera lâancien Groupe de travail de la Sous-Commission sur les populations autochtones. M. Mbaidjol a ajoutĂ© que le Conseil doit examiner les cas de 14 pays et ainsi que des mandats thĂ©matiques concernant cinq pays et des sujets comme les dĂ©fenseurs des droits de lâhomme, le racisme, la discrimination raciale.
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Le 25 mars, le Conseil des droits de lâhomme devra procĂ©der Ă 14 nominations pour plusieurs organes, a prĂ©cisĂ© M. Mbaidjol. Il sâagit tout dâabord des groupes de travail sur les personnes Ă descendance africaine, sur la dĂ©tention arbitraire et sur les disparitions forcĂ©es. Il y a aussi les nominations des rapporteurs spĂ©ciaux sur les peuples autochtones, la vente dâenfants, lâesclavage, le logement et lâalimentation. Le Conseil nommera Ă©galement les experts indĂ©pendants sur la rĂ©forme Ă©conomique, la dette Ă©trangĂšre et lâextrĂȘme pauvretĂ©, ainsi que le rapporteur spĂ©cial sur la situation des droits de lâhomme au Myanmar et celui sur la situation des droits de lâhomme dans les territoires palestiniens occupĂ©s depuis 1967. Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral devra aussi pourvoir les postes vacants en ce qui concerne les dĂ©fenseurs des droits de lâhomme et la Somalie.
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Le reprĂ©sentant du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral a ensuite indiquĂ© que lâ« examen pĂ©riodique universel » du Conseil des droits de lâhomme aura lieu du 7 au 18 avril. ConformĂ©ment Ă la rĂ©solution 5/1 du Conseil des droits de lâhomme, un groupe de trois rapporteurs, appelĂ© « troĂŻka », sera formĂ© pour faciliter les examens prĂ©vus. Le 25 fĂ©vrier 2008, a poursuivi M. Mbaidjol, les rapports nationaux de la plupart des 16 Ătats qui devront ĂȘtre Ă©tudiĂ©s Ă la prĂ©sente session ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur le site Web du Conseil des droits de lâhomme, ainsi quâune compilation dâinformations. Les Ătats pourront en outre prĂ©senter des observations orales, a-t-il prĂ©cisĂ©. Il a Ă©galement mis lâaccent sur lâimportance des rapports prĂ©parĂ©s par le Haut Commissariat aux droits de lâhomme, qui apportent des informations utiles pour les travaux des organes de traitĂ©s en gĂ©nĂ©ral en particulier pour le ComitĂ© des droits de lâhomme.
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Pour M. Mbaidjol, il est Ă©vident que les fruits des discussions lors de lâexamen pĂ©riodique universel seront utiles pour le ComitĂ©, notamment en termes de rationalisation de ses relations avec le Conseil. Il a encore prĂ©cisĂ© que le Conseil avait tenu en janvier sa sixiĂšme session spĂ©ciale sur « les violations des droits de lâhomme Ă©manant des incursions militaires israĂ©liennes dans les territoires palestiniens occupĂ©s, y compris la bande de Gaza et la ville de Naplouse, en Cisjordanie ». Cette session sâest terminĂ©e par lâadoption dâune rĂ©solution appelant Ă la protection des civils palestiniens dans ces territoires, conformĂ©ment au systĂšme juridique des droits de lâhomme et au droit international humanitaire.
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Enfin, le reprĂ©sentant du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral a abordĂ© la rĂ©forme du systĂšme des organes des traitĂ©s, indiquant quâest prĂ©vue une session dâorganisation de la rĂ©union intercomitĂ©s afin de mettre en Ă©vidence les domaines nĂ©cessitant une harmonisation. Il a aussi indiquĂ© que le ComitĂ© sur lâĂ©limination de toutes les formes de discrimination Ă lâĂ©gard des femmes avait Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă GenĂšve et avait adoptĂ© des directives rĂ©visĂ©es pour la rĂ©daction des rapports. Le ComitĂ© des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels est, pour sa part, en train de revoir ses propres directives. M. Mbaidjol a ensuite indiquĂ© que Samoa compte dĂ©sormais parmi les Ătats parties Ă la Convention, depuis sa rĂ©cente ratification du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. La RĂ©publique de Moldova a, pour sa part, ratifiĂ© le premier Protocole facultatif et les Philippines le deuxiĂšme. Vanuatu et Cuba ont signĂ© le Pacte.
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Au cours de la prĂ©sente session, a rappelĂ© M. Mbaidjol, le ComitĂ© examinera les rapports de la Tunisie, du Botswana, du Panama et de lâex-RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine. En outre, les Ăquipes spĂ©ciales de pays doivent adopter des listes de questions concernant les rapports pĂ©riodiques de lâIrlande, du Nicaragua, de la France et du Japon. Des discussions sur les mĂ©thodes de travail du ComitĂ© sont aussi Ă son ordre du jour. Enfin, il est prĂ©vu de commencer lâĂ©tude dâun projet gĂ©nĂ©ral de commentaires sur la question dĂ©licate des obligations des Ătats parties en vertu du Protocole facultatif qui a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© par M. Shearer.
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Le PrĂ©sident du Groupe de travail sur les communications, M. IVAN SHEARER, expert de lâAustralie, a prĂ©sentĂ© un bref exposĂ© des activitĂ©s du Groupe, qui sâest rĂ©uni la semaine derniĂšre. Dix membres du ComitĂ© des droits de lâhomme ont assistĂ© aux rĂ©unions du Groupe de travail, a-t-il soulignĂ©. Il a indiquĂ© que 32 textes avaient Ă©tĂ© examinĂ©s. Trois affaires ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es recevables par consensus et neuf dossiers ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s non recevables par consensus, a-t-il prĂ©cisĂ©. En outre, 19 affaires ont Ă©tĂ© examinĂ©es quant au fond, tandis quâun dossier a Ă©tĂ© reportĂ©, un complĂ©ment dâinformation ayant Ă©tĂ© demandĂ© aux parties. Plusieurs dĂ©cisions de non-recevabilitĂ© ont Ă©tĂ© adoptĂ©es par le biais du rapport du Rapporteur spĂ©cial sur les communications, a-t-il ajoutĂ©.
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M. ABDELFATTAH AMOR, expert de la Tunisie, sâest dit prĂ©occupĂ© du retard pris dans les travaux. Il est important de renforcer les pouvoirs du Rapporteur spĂ©cial sur les communications de maniĂšre Ă Ă©viter les enregistrements des communications qui sont manifestement irrecevables et qui ne comportent pas des preuves suffisantes, a-t-il affirmĂ©.
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Mme IULIA ANTOANELLA MOTOC, experte de la Roumanie, a souhaitĂ© de son cĂŽtĂ© que des discussions du ComitĂ© portent pendant cette session sur la question des mĂ©dias. Il est nĂ©cessaire de sâinterroger sur la façon dont le ComitĂ© fera ses communications, a-t-elle ainsi expliquĂ©.
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EXAMEN DES RAPPORTS SOUMIS PAR LES ĂTATS PARTIES CONFORMĂMENT Ă LâARTICLEÂ 40 DU PACTE ET DE LA SITUATION DANS DES PAYS
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Examen du cinquiÚme rapport périodique de la Tunisie (CCPR/TUN/5)
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M. BĂCHIR TEKKARI, Ministre de la Justice et des droits de lâhomme, qui prĂ©sentait le cinquiĂšme rapport pĂ©riodique de son pays, a exprimĂ© la dĂ©termination du Gouvernement tunisien Ă soutenir tous les efforts du ComitĂ© des droits de lâhomme. Ce rapport, qui couvre une pĂ©riode de 10 ans, est publiĂ© Ă un moment oĂč le pays passe Ă la vitesse supĂ©rieure en vue de mettre en Ćuvre son projet sociĂ©tal, a-t-il soulignĂ©. Ce projet, a-t-il expliquĂ©, constitue un pari sur lâhomme et ses capacitĂ©s crĂ©atrices et puise ses rĂ©fĂ©rences dans les idĂ©aux de la pensĂ©e politique moderne et universelle. Les multiples rĂ©formes engagĂ©es en Tunisie permettent de mesurer les avancĂ©es rĂ©alisĂ©es, a-t-il dit, prĂ©cisant que la protection et la promotion des droits de lâhomme reprĂ©sentaient une Ćuvre sans cesse consolidĂ©e mais sans cesse inachevĂ©e.
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Le Ministre a en outre fait Ă©tat des principales mesures arrĂȘtĂ©es rĂ©cemment par le Gouvernement tunisien afin, a-t-il assurĂ©, de donner un nouvel Ă©lan Ă la dynamique de protection et de promotion des droits de lâhomme. La premiĂšre de ces mesures concerne la dĂ©cision de la Tunisie dâaccueillir des rapporteurs spĂ©ciaux aussi bien du Conseil des droits de lâhomme que de la Commission africaine des droits de lâhomme. La Tunisie a Ă©galement dĂ©cidĂ© de prĂ©senter, au cours de lâannĂ©e 2008, huit rapports relatifs aux droits de lâhomme Ă diffĂ©rents organes des Nations Unies. à ces rapports, sâajoutera le rapport pĂ©riodique universel qui sera prĂ©sentĂ© devant le Conseil des droits de lâhomme, a-t-il prĂ©cisĂ©.Â
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Entre autres mesures, M. Tekkari a Ă©galement mentionnĂ© la consolidation du ComitĂ© supĂ©rieur des droits de lâhomme et des libertĂ©s fondamentales en application des Principes de Paris, le retrait des rĂ©serves au dĂ©cret portant ratification de la loi sur la protection des droits de lâenfant, un projet de loi en cours dâexamen envisageant lâadhĂ©sion de la Tunisie au Protocole facultatif au Pacte international aux droits civils et politiques. Sâagissant de la peine capitale, le Ministre a rappelĂ© que la Tunisie Ă©tait un pays abolitionniste de fait et continuerait Ă ne pas exĂ©cuter les mesures de condamnation Ă mort. Le chef de lâĂtat tunisien a annoncĂ© quâil ne signerait jamais un acte dâexĂ©cution, a-t-il dĂ©clarĂ©. M. Tekkari a par ailleurs citĂ© lâinvitation lancĂ©e Ă lâorganisation « Human Rights Watch » Ă venir visiter des unitĂ©s pĂ©nitentiaires. Cette invitation sâajoute Ă dâautres formes de coopĂ©ration avec des organisations internationales agissant dans le domaine des droits de lâhomme, a-t-il dit. Il a en outre soulignĂ© la dĂ©cision de crĂ©er auprĂšs du Coordonnateur gĂ©nĂ©ral des droits de lâhomme, une instance chargĂ©e du suivi des recommandations des diffĂ©rents organes de traitĂ© afin de mesurer leur application effective.
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Lâapprofondissement du processus dĂ©mocratique est substantiel, a observĂ© le Ministre tunisien de la justice et des droits de lâhomme. Le paysage politique tunisien a Ă©voluĂ©, a-t-il expliquĂ©, prĂ©cisant que neuf partis participaient Ă lâanimation de la vie politique et intellectuelle du pays. LâĂtat a adoptĂ© rĂ©cemment de maniĂšre volontariste un nouveau mode de scrutin afin dâassurer la participation des partis dâopposition aux niveaux national et local, quelle que soit la reprĂ©sentation des partis, a-t-il affirmĂ©. Le Ministre a Ă©galement mis lâaccent sur les efforts entrepris par son gouvernement pour la promotion des droits de la femme, de lâenfant et de la famille.Â
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M. Tekkari a en outre soulignĂ© la nĂ©cessitĂ©, pour la communautĂ© internationale de relever le dĂ©fi du terrorisme qui, en Tunisie, a-t-il dit, nâest pas une vue de lâesprit, citant en particulier lâattentat contre une synagogue en 2002. Le Ministre a dĂ©noncĂ© lâextrĂ©misme qui offre, selon lui, une vision dĂ©formĂ©e de la religion. Il sâest Ă©galement Ă©levĂ© contre ce quâil a qualifiĂ© de « dĂ©rive mĂ©diatique », Ă savoir la diffusion de programmes qui tentent dâendoctriner la jeunesse tunisienne par des discours simplistes et dĂ©magogiques. Les tĂ©lĂ©spectateurs sont infantilisĂ©s comme sâil nây avait ni intelligence de lâhomme ni sagesse de Dieu, a-t-il estimĂ©. M. Tekkari a enfin condamnĂ© les effets pervers de la mondialisation de lâĂ©conomie, lesquels, Ă ses yeux, sont de nature Ă affecter les acquis des Tunisiens en matiĂšre de droits Ă©conomiques et sociaux.Â
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Réponses aux questions écrites posées par les experts
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Cadre constitutionnel et juridique de lâapplication du Pacte (article 2)
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Pour rĂ©pondre Ă la premiĂšre sĂ©rie de questions posĂ©es, relative Ă la valeur et Ă lâapplication des traitĂ©s en droit interne, un membre de la dĂ©lĂ©gation tunisienne a observĂ© quâil ne suffit pas dâadhĂ©rer aux traitĂ©s mais quâil faut aussi les invoquer directement devant les tribunaux nationaux. Lâarticle 32 de la Constitution tunisienne prĂ©voit que les traitĂ©s ratifiĂ©s par le PrĂ©sident de la RĂ©publique et approuvĂ©s par la Chambre des dĂ©putĂ©s ont une valeur juridique supĂ©rieure Ă celle des lois. Le traitĂ©, une fois quâil a pris place dans lâordre juridique national, sâimpose donc au juge comme aux autres pouvoirs constitutionnels de lâĂtat, a expliquĂ© le reprĂ©sentant. Il a indiquĂ© que lâintroduction des instruments internationaux dans le droit interne a entraĂźnĂ© une discussion devant les tribunaux tunisiens, qui ont Ă chaque fois jugĂ© que ces instruments, y compris ceux relatifs aux droits de lâhomme, pouvaient ĂȘtre directement invoquĂ©s par les justiciables. De lâavis du dĂ©lĂ©guĂ©, on peut donc parler dâapplication directe des traitĂ©s dans la vie des justiciables tunisiens.
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Il a citĂ© lâexemple dâune dĂ©cision rendue en juin 2000 par le Tribunal de premiĂšre instance de Tunis, aux termes de laquelle la juridiction a rejetĂ© une demande de rĂ©pudiation au motif quâelle repose sur une forme traditionnelle et religieuse du mariage fondĂ©e sur la volontĂ© unilatĂ©rale du mari, sans considĂ©ration aucune de lâintĂ©rĂȘt de la famille, ce qui contredit la Constitution tunisienne et la DĂ©claration universelle des droits de lâhomme de 1948, ainsi que les articles 1, 2 et 16 de la Convention sur lâĂ©limination de la discrimination Ă lâĂ©gard des femmes. Le reprĂ©sentant a aussi Ă©voquĂ© un arrĂȘt de la Cour de cassation, en 2001, sur pourvoi dâun pĂšre tunisien aprĂšs un jugement de divorce ayant accordĂ© la garde de lâenfant Ă la mĂšre belge. Le pourvoi Ă©tait fondĂ© sur le caractĂšre contraire Ă la loi tunisienne du jugement. La Cour de cassation a rejetĂ© le pourvoi, en se fondant sur le fait que la juridiction belge a statuĂ© en fonction de lâintĂ©rĂȘt de lâenfant, ce qui ne perturbe pas lâordre public tunisien, sâagissant dâune question de droit privĂ© international. En 2003 encore, dans un cas de recherche de paternitĂ© grĂące Ă lâADN, un tribunal de premiĂšre instance a dĂ©clarĂ© que la filiation est un droit de lâenfant qui ne saurait ĂȘtre limitĂ© par la forme de relation entre ses parents, câest-Ă -dire mĂȘme si ceux-ci ne sont pas liĂ©s par le mariage.
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Le juge administratif tunisien a aussi pris des dĂ©cisions avant-gardistes, a poursuivi le reprĂ©sentant, citant une dĂ©cision de 1994 oĂč le juge administratif, se fondant sur la DĂ©claration de 1948, a dĂ©cidĂ© que lâadministration ne pouvait faire figurer dans le dossier administratif dâune personne ses convictions religieuses. Le dĂ©lĂ©guĂ© a Ă©voquĂ© une autre affaire de 2001, relative Ă la libertĂ© dâassociation, oĂč le tribunal sâest fondĂ© expressĂ©ment sur lâarticle 22 du Pacte international des droits civils et politiques. Concernant la libertĂ© de mariage, le tribunal administratif sâest fondĂ© Ă©galement sur ce Pacte pour reconnaĂźtre le droit de se marier Ă partir de lâĂąge nubile, dans un cas de non-autorisation prĂ©alable au mariage. Le Conseil constitutionnel a aussi Ă©tĂ© amenĂ© Ă donner son avis sur une affaire, en relevant que la Convention des Nations Unies sur les droits de lâenfant retient en premier lieu lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant. Enfin, le reprĂ©sentant a assurĂ© que la Tunisie a commencĂ© activement Ă Ă©tudier la question de son adhĂ©sion au premier Protocole facultatif au Pacte, par le biais dâune commission spĂ©ciale.
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RĂ©pondant Ă la deuxiĂšme question, qui porte sur le ComitĂ© supĂ©rieur des droits de lâhomme et des libertĂ©s fondamentales, un autre membre de la dĂ©lĂ©gation de lâĂtat partie a expliquĂ© que câest une entitĂ© publique devenue indĂ©pendante financiĂšrement. Elle est conforme aux Principes de Paris, a-t-il assurĂ©. Sa tĂąche est dâaider le PrĂ©sident de la rĂ©publique sur les questions des droits de lâhomme, notamment dâattirer son attention sur des cas de violation de ces droits. Nous Ă©laborons aussi des Ă©tudes et des recherches sur les droits de lâhomme, ce qui consacre la coopĂ©ration de ce ComitĂ© avec les Nations Unies. En outre, a-t-il indiquĂ©, le PrĂ©sident du ComitĂ© peut rendre visite Ă des centres dâincarcĂ©ration sans prĂ©avis. Les membres du ComitĂ© reprĂ©sentent toutes les catĂ©gories de la population civile, a-t-il ajoutĂ©, et cet organe fonctionne en suivant le principe du consensus.
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Reprenant la parole pour rĂ©pondre Ă la question relative aux difficultĂ©s dâexĂ©cution des jugements, le Ministre de la justice et des droits de lâhomme a indiquĂ© que sur les retards dâexĂ©cution constatĂ©s, il y avait dĂ©jĂ 66% de cas dĂ©jĂ rĂ©solus. Lorsquâil sâagit dâannuler un acte administratif contraire Ă la loi, cette annulation est rĂ©troactive, a-t-il expliquĂ©. Si un concours est entachĂ© de vice, par exemple, il faut le recommencer, et câest ce qui entraĂźne des retards. Le deuxiĂšme problĂšme concerne lâindemnisation, car chaque dĂ©pense doit ĂȘtre inscrite sur le budget de la Tunisie et on doit donc attendre le budget suivant pour inscrire toute dĂ©pense dâindemnisation.
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Concernant les mesures prises pour renforcer lâindĂ©pendance de la justice, le Ministre a signalĂ© que la derniĂšre modification en 2005 de la composition du Conseil de la magistrature lâa fait passer de 35 Ă 18 membres. Huit sont Ă©lus, contre six auparavant, et deux femmes sont dĂ©signĂ©es pour consacrer provisoirement une discrimination positive. Au niveau de ses attributions, le Conseil a une compĂ©tence dĂ©cisionnelle et non consultative, quâil sâagisse de la nomination, de la mutation ou de la promotion des magistrats. La troisiĂšme Ă©volution importante de cet organe est son mode de fonctionnement. En effet, toutes les dĂ©cisions sont maintenant prĂ©parĂ©es par un comitĂ© restreint, avant la rĂ©union solennelle, qui est prĂ©sidĂ©e par le chef de lâĂtat tunisien, a-t-il expliquĂ©. En outre, si lâinamovibilitĂ© des juges existe encore, elle ne constitue pas cependant un principe absolu et elle est limitĂ©e Ă une durĂ©e de cinq ans.
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Mesures de lutte contre le terrorisme et respect des droits garantis par le Pacte
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Le Ministre de la justice et des droits de lâhomme a soulignĂ© que son pays disposait, depuis le 10 dĂ©cembre 2003, dâune loi de lutte contre le terrorisme, la Tunisie ayant Ă©tĂ© et Ă©tant toujours victime dâactes de terrorisme. Le principal reproche formulĂ© Ă lâĂ©gard de cette loi est une dĂ©finition imprĂ©cise de lâacte terroriste, a-t-il observĂ©. Cette dĂ©finition nâa pas Ă©tĂ© Ă©tablie pour rĂ©agir Ă certaines mouvances politiques, a-t-il dit, mais a Ă©tĂ© faite Ă partir dâinstruments internationaux, notamment de la Convention internationale pour la rĂ©pression du financement du terrorisme, adoptĂ©e par lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies le 9 dĂ©cembre 1999. Cette loi nâenglobe en aucune maniĂšre les dĂ©lits dâopinion, a-t-il Ă©galement assurĂ©.
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Non-discrimination et égalité des droits des hommes et des femmes (art. 3 et 26)
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Une reprĂ©sentante de la dĂ©lĂ©gation tunisienne a indiquĂ© que la Constitution tunisienne, adoptĂ©e en 1959, avait contribuĂ© au renforcement et Ă la consĂ©cration du principe de lâĂ©mancipation de la femme. Ceux-ci ne pouvaient se faire sans sâattaquer directement au vĂ©cu quotidien des femmes et aux entraves posĂ©es par la tradition, aux usages et coutumes considĂ©rant la femme comme infĂ©rieure Ă lâhomme, a-t-elle affirmĂ©.
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Le viol est incriminĂ© et tombe sous le coup des articles 227 et 227 bis du Code pĂ©nal, a-t-elle Ă©galement expliquĂ©, prĂ©cisant que la loi sâappliquait Ă tous, y compris aux Ă©poux. Le viol conjugal est puni en Tunisie, a-t-elle insistĂ©. La reprĂ©sentante a en outre dĂ©clarĂ© que plusieurs associations de dĂ©fense des droits de la femme faisaient des campagnes de sensibilisation Ă lâĂ©gard des femmes. Sâagissant de lâadultĂšre, celui de lâhomme et celui de la femme sont traitĂ©s de maniĂšre parfaitement Ă©gale, a-t-elle affirmĂ©. De mĂȘme, le lĂ©gislateur a abrogĂ© lâarticle 207 du Code pĂ©nal, qui faisait bĂ©nĂ©ficier des circonstances attĂ©nuantes le mari qui tuait son Ă©pouse surprise en flagrant dĂ©lit dâadultĂšre. Ce crime est dĂ©sormais soumis Ă la peine appliquĂ©e en matiĂšre dâhomicide, Ă savoir la prison Ă vie, a-t-elle dit.
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Un autre dĂ©lĂ©guĂ© a commentĂ© lâarticle 58 du Code du statut personnel relatif au droit des enfants au regard de sa compatibilitĂ© avec les articles 3 et 26 du Pacte, expliquant, en substance, quâil ne souffrait dâaucune inĂ©galitĂ© entre les sexes et quâil ne consacrait aucune discrimination. Cet article, qui a pour objet la dĂ©termination des conditions que doit remplir le titulaire de la garde de lâenfant, est conforme au principe dâĂ©galitĂ©, a-t-elle soulignĂ©.
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Droit Ă la vie (article 6)
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En ce qui concerne le nombre de prisonniers condamnĂ©s Ă la peine de mort, le Ministre de la justice et des droits de lâhomme a expliquĂ© que la Tunisie est un pays abolitionniste de fait. Le chef de lâĂtat tunisien a confirmĂ© rĂ©cemment la position quâil a prise en ce sens dans les annĂ©es 1990. Le fait de se contenter de ne pas exĂ©cuter les peines entraĂźne cependant des souffrances tant pour le condamnĂ© que pour leurs familles, a-t-il reconnu, assurant que la situation nâest pas statique. Il a en effet expliquĂ© que la loi avait rĂ©duit le nombre de cas dans lesquels la peine de mort est encourue. En outre, toutes les personnes condamnĂ©es Ă la peine capitale sont prĂ©sentĂ©es Ă la grĂące prĂ©sidentielle. La Commission de grĂące considĂšre maintenant la durĂ©e qui sâest Ă©coulĂ©e depuis le prononcĂ© de la peine, avant de dĂ©cider de commuer la peine de mort en peine dâemprisonnement. Le Ministre a aussi assurĂ© que le dĂ©bat dans la sociĂ©tĂ© sur cette question est trĂšs actif.
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Interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants, droit à la liberté et à la sécurité et traitement des prisonniers (articles 7, 9 et 10)
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Concernant la question des arrestations et dĂ©tentions arbitraires, un membre de la dĂ©lĂ©gation tunisienne a rappelĂ© que son pays a Ă©tĂ© un des premiers Ătats Ă ratifier sans rĂ©serve la Convention pertinente. Il existe des ONG qui accusent la Tunisie de dĂ©tenir de façon arbitraire quelques dĂ©fendeurs des droits de lâhomme, a-t-il notĂ©. Il a cependant assurĂ© que le droit et la procĂ©dure sont respectĂ©s. Si le procureur constate un nombre suffisant de faits qui offrent un fondement Ă une poursuite en justice, il dĂ©clenche la procĂ©dure. Il a ensuite exprimĂ© son dĂ©saccord avec une dĂ©cision du ComitĂ© des dĂ©tentions arbitraires, qui a estimĂ© quâun avocat avait Ă©tĂ© victime de ce genre de dĂ©tention, et en indiquant quâen fait cet avocat avait agressĂ© une de ses collĂšgues femmes, la blessant sur 10% de son corps. Le Ministre tunisien a ajoutĂ© que le procureur a le droit dâapprĂ©cier le bien-fondĂ© de la plainte, mais que ce droit nâest pas discrĂ©tionnaire et quâune plainte classĂ©e sans suite peut quand mĂȘme faire lâobjet de poursuites Ă lâinitiative de la partie lĂ©sĂ©e. Il a aussi dĂ©noncĂ© le fait que de nombreux dĂ©pĂŽts de plaintes sont destinĂ©s Ă faire gonfler le nombre des plaintes.
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Les prisons tunisiennes sont visitĂ©es par le ComitĂ© international de la Croix-Rouge (CICR), a poursuivi le Ministre de la justice et des droits de lâhomme, qui rĂ©pondait Ă la question sur les conditions de dĂ©tention. Cet accord a permis de bĂ©nĂ©ficier de lâexpĂ©rience du CICR dans ce domaine, sâest-il rĂ©joui. Lâouverture des prisons Ă ce genre de visites entraĂźne un changement de mentalitĂ©s au sein des structures pĂ©nitentiaires, a-t-il ajoutĂ©. Cette expĂ©rience avec le CICR nous encourage Ă Ă©largir ces visites et nous avons ainsi signifiĂ© Ă Human Rights Watch notre accord pour cela.
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RĂ©pondant Ă la question des mauvais traitements de la part des agents et de lâĂtat, un autre membre de la dĂ©lĂ©gation a indiquĂ© que les tribunaux de droit commun garantissent que chaque plaignant puisse prĂ©senter au procureur sa plainte Ă lâencontre dâagents chargĂ©s de faire appliquer la loi. En lâabsence de statistiques dĂ©nombrant le nombre de ces violations, lâexamen des annales juridictionnelles permet de recenser un certain nombre dâaffaires dans lesquelles des agents de police, de la Garde nationale et de lâadministration pĂ©nitentiaire ont Ă©tĂ© dĂ©fĂ©rĂ©s devant les tribunaux pour des faits liĂ©s Ă lâexercice de leurs fonctions. Le Ministre a repris la parole pour assurer que la lĂ©gislation tunisienne nâadmet pas quâun dĂ©fenseur des droits de lâhomme soit inquiĂ©tĂ© du fait de ses fonctions.
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Concernant le sujet du harcĂšlement des opposants politiques, un membre de la dĂ©lĂ©gation a indiquĂ© quâil existe en Tunisie neuf partis, qui sont reprĂ©sentĂ©s Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s et qui bĂ©nĂ©ficient de subventions publiques. Les groupes politiques non reconnus doivent agir selon les principes de la Constitution et respecter la forme rĂ©publicaine du rĂ©gime et ses fondements, a-t-il prĂ©cisĂ©. Outre lâinterdiction de discrimination et de violence dans les principes dâun parti, il ne peut sâappuyer fondamentalement dans ses principes et activitĂ©s sur une langue, un sexe, une race, une langue ou une rĂ©gion. Sâagissant du harcĂšlement, les autoritĂ©s tunisiennes ne veulent pas rester indiffĂ©rentes Ă lâĂ©gard de toute agression de cette nature. Le Ministre a ajoutĂ© que cinq ou six cas de dĂ©tention arbitraire ont dĂ©jĂ abouti Ă une indemnisation.
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Droit à un procÚs équitable (art. 14)
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La dĂ©lĂ©gation a affirmĂ© que la loi tunisienne interdisait dâinvoquer comme Ă©lĂ©ments de preuve, dans toute procĂ©dure, des dĂ©clarations obtenues par la torture ou les mauvais traitements. Câest un principe gĂ©nĂ©ral de droit que tout acte obtenu par la violence est nul et de nullitĂ© absolue.
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Questions des experts
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Mme CHRISTINE CHANET, experte de la France, a demandĂ© pour quelles raisons la Tunisie nâavait pas encore adhĂ©rĂ© au Protocole facultatif. Elle a Ă©galement demandĂ© des prĂ©cisions sur le fait que la Tunisie se dĂ©clare pays abolitionniste de fait de la peine de mort, alors quâelle figure toujours dans la loi. Elle a par ailleurs estimĂ© quâune garde Ă vue de trois jours, renouvelĂ©e pour six jours Ă©tait lourde. De quel recours dispose une personne arrĂȘtĂ©e et qui ne bĂ©nĂ©ficie pas dâun avocat? a-t-elle notamment demandĂ©. Mme Chanet a estimĂ© que les rĂ©ponses apportĂ©es sur les cas de torture et de mauvais traitements Ă©taient trĂšs vagues alors que les plaintes Ă©taient, elles, trĂšs prĂ©cises, notamment sur des cas de torture par lâĂ©lectricitĂ©. Elle a en outre fait Ă©tat de cas de harcĂšlements contre des journalistes, des avocats ou des militants, des comportements excessifs, a-t-elle dit, qui portent atteinte Ă la libertĂ© dâexpression.
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Ă son tour, M. PRAFULLACHANDRA NATWARLAL BHAGWATI, expert de lâInde, a apprĂ©ciĂ© les informations dĂ©taillĂ©es fournies dans le rapport par la dĂ©lĂ©gation tunisienne, mĂȘme si certaines questions demeurent sans rĂ©ponse. Il a aussi fĂ©licitĂ© la dĂ©lĂ©gation pour les mesures prises visant lâabolition de la peine de mort ainsi que celles qui ont pour objectif dâempĂȘcher la discrimination Ă lâĂ©gard des femmes. En ce qui concerne le ComitĂ© supĂ©rieur des droits de lâhomme, il a voulu connaĂźtre la durĂ©e du mandat de ses membres et la façon dont est assurĂ©e leur indĂ©pendance. Il a Ă©galement voulu savoir si les recommandations Ă©taient contraignantes pour le Gouvernement et si des recommandations avaient Ă©tĂ© faites, combien de ces recommandations ont Ă©tĂ© suivies et combien de recommandations ont Ă©tĂ© rejetĂ©es par lâĂtat partie.
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Concernant lâOmbudsman, il a demandĂ© dans combien dâinstances ces recommandations ont Ă©tĂ© acceptĂ©es et rejetĂ©es. Est-ce que le gouvernement doit motiver son rejet? Comment les juges des tribunaux administratifs sont nommĂ©s et comment peut-on mesurer leur compĂ©tence? a-t-il aussi voulu savoir.
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Sâagissant de lâindĂ©pendance du pouvoir judiciaire, il a relevĂ© que le recrutement des juges est assurĂ© par le ministĂšre, donc par lâexĂ©cutif, et non pas par le judiciaire. Il sâest aussi inquiĂ©tĂ© de ce que les procĂ©dures dâenquĂȘte disciplinaire et les motifs de fautes sont laissĂ©s Ă lâapprĂ©ciation du Gouvernement et non pas des institutions judiciaires.
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M. MAURICE AHANHANZO GLĂLĂ-AHANHANZO, expert du BĂ©nin, faisant rĂ©fĂ©rence Ă la loi tunisienne antiterroriste, sâest dit frappĂ© par le secret qui est imposĂ© dans certains aspects de la procĂ©dure, notamment sur lâidentitĂ© des officiers de police. Cela lui rappelle les pays oĂč les juges nâont pas de visage ou de nom. Il a par ailleurs regrettĂ© que les ONG qui rendent visite aux administrations pĂ©nitentiaires ne soient que des ONG internationales.
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Ă lâintention des organes dâinformation âą Document non officiel
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18/03/2008
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Assemblée générale
DH/CT/694
DĂ©partement de lâinformation âą Service des informations et des accrĂ©ditations âą New York
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Pacte international relatif
aux droits civils et politiques
ComitĂ© des droits de lâhomme
Quatre-vingt-douziĂšme session                             Â
2513e et 2514e sĂ©ances â matin et aprĂšs-midi
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COMITĂ DES DROITS DE LâHOMME: LA TUNISIE PRĂCISE LES CONDITIONS DâEXERCICEÂ DESÂ DIFFĂRENTES LIBERTĂS
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Plusieurs experts expriment leurs inquiétudes au sujet de cas de tortures ou de mauvais traitements
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme a achevĂ© aujourdâhui lâexamen du cinquiĂšme rapport pĂ©riodique de la Tunisie. La dĂ©lĂ©gation de ce pays, conduite par le Ministre de la justice et des droits de lâhomme, a tentĂ© de rĂ©pondre aux questions ou aux inquiĂ©tudes des experts concernant la libertĂ© dâopinion ou dâexpression, le traitement des prisonniers, le droit de rĂ©union pacifique, lâinterdiction de la torture ou lâabolition de la peine de mort.
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Le Ministre, M. BĂ©chir Tekkari, a ainsi assurĂ© quâil nâexistait pas de prisonniers politiques en Tunisie. Si certaines personnes dĂ©tenues ont appartenu Ă une mouvance politique, elles sont incarcĂ©rĂ©es pour des raisons indĂ©pendantes de cette affiliation et pour des dĂ©lits de droit commun, a-t-il expliquĂ©. Le chef de la dĂ©lĂ©gation tunisienne a Ă©galement affirmĂ© que la libertĂ© dâassociation en Tunisie Ă©tait respectĂ©e, une association pouvant mĂȘme assumer un service public car, a-t-il prĂ©cisĂ©, ce dernier nâa pas le monopole de lâadministration.
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Le Ministre tunisien de la justice et des droits de lâhomme a rĂ©pondu aux nombreuses interrogations manifestĂ©es par les experts concernant des cas de torture ou de mauvais traitements dont ils ont Ă©tĂ© informĂ©s. M. Tekkari, qui a fait Ă©tat dâune campagne de dĂ©sinformation Ă ce sujet, a nĂ©anmoins indiquĂ© que son pays ne cherchait pas Ă nier la possibilitĂ© de tels cas, soulignant quâil sâagissait lĂ dâune Ă©tape dans leur rĂ©pression et leur Ă©limination. En tout cas, a-t-il ajoutĂ©, chaque fois que lâon constate un acte de torture, les juges nâhĂ©sitent pas Ă le sanctionner.
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Le Ministre a en outre rappelĂ© que son pays sâĂ©tait engagĂ© dans un processus abolitionniste de la peine de mort et a dĂ©noncĂ© lâidĂ©e selon laquelle la prise en compte de la durĂ©e de dĂ©tention dâun condamnĂ© Ă©tait une nouvelle sanction infligĂ©e Ă cette personne. Lorsquâune personne est condamnĂ©e Ă mort, elle ne sera pas exĂ©cutĂ©e, a-t-il rĂ©affirmĂ©, citant lâengagement solennel pris par le Chef de lâĂtat tunisien en 1991.
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Plusieurs experts ont insistĂ© sur les cas dâatteinte Ă la libertĂ© dâexpression, ce qui, a estimĂ© celui de lâĂgypte, constitue un grand Ă©cart entre la lĂ©gislation qui garantit la libertĂ© dâopinion et les aspects pratiques de lâexercice de ce droit dans lâĂtat partie.
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Pour la dĂ©lĂ©gation tunisienne, le Gouvernement sâemploie depuis 20 ans Ă encourager la libertĂ© dâexpression que la Constitution protĂšge. Le Code de la presse a Ă©tĂ© amendĂ© plusieurs fois pour amĂ©liorer les conditions dâexercice de ces libertĂ©s, a-t-elle affirmĂ©, prĂ©cisant que le Gouvernement ne cherchait nullement Ă influencer les choix Ă©ditoriaux et invitait mĂȘme les journalistes Ă ne pas sâautocensurer. PrĂšs de 90% des magasines et des journaux tunisiens sont des propriĂ©tĂ©s privĂ©es, a-t-elle assurĂ©.
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Le Ministre lui-mĂȘme a abordĂ© les cas de journalistes qui se prĂ©tendent victimes de menaces et dâintimidations, dĂ©clarant quâaucun journaliste nâĂ©tait actuellement dĂ©tenu, Ă lâexception dâun journaliste pour une affaire de droit commun aprĂšs avoir insultĂ© des agents de lâordre.
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Enfin, la dĂ©lĂ©gation tunisienne a affirmĂ© que la libertĂ© de rĂ©union Ă©tait pleinement garantie en Tunisie et procĂ©dait de lâarticle 8 de la Constitution. Le droit de rĂ©union est soumis Ă certaines exigences, comme la nĂ©cessitĂ© du maintien de lâordre public, a-t-il Ă©tĂ© toutefois prĂ©cisĂ©.
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RĂ©sumant les commentaires exprimĂ©s par ses collĂšgues, le PrĂ©sident du ComitĂ© et expert de la Colombie, M. Rafael Rivas Posada, a soulignĂ© lâimportance de disposer de davantage dâinformations sur la question de la torture. Les accusations prĂ©cises reçues sur la persistance de ce phĂ©nomĂšne proviennent de diffĂ©rentes sources, a-t-il ajoutĂ©. De mĂȘme, a-t-il dit, le ComitĂ© a de bonnes raisons de continuer Ă suivre de prĂšs les questions liĂ©es Ă la libertĂ© dâexpression. Il a, enfin, souhaitĂ© que soient fournies Ă lâavenir des informations complĂ©mentaires sur les critĂšres retenus pour interdire des rĂ©unions publiques ou restreindre la libertĂ© dâassociation.
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Le ComitĂ© des droits de lâhomme se rĂ©unira demain, mercredi 19 mars Ă 11 heures, pour examiner le rapport initial du Botswana.
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EXAMEN DES RAPPORTS SOUMIS PAR LES ĂTATS PARTIES CONFORMĂMENT Ă LâARTICLEÂ 40 DU PACTE ET DE LA SITUATION DANS DES PAYS
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Suite de lâexamen du cinquiĂšme rapport pĂ©riodique de la Tunisie (CCPR/TUN/5)
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Question des experts
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Abordant la question de la libertĂ© dâexpression, M. JOSĂ LUIS SANCHEZ-CERRO, expert du PĂ©rou, a notĂ© quâil nâexiste quâune agence de presse en Tunisie, entreprise publique qui a le monopole de lâactualitĂ© nationale et sert de filtre pour les autres moyens dâinformation. Cela ne reflĂšte peut-ĂȘtre pas ce que lâarticle 19 du Pacte dispose sur la libertĂ© dâexpression, a-t-il fait observer. Il a donc voulu savoir sâil existait dâautres organes de presse qui peuvent mieux assurer le respect de ce principe. Le rapport indique quâil nây ait pas de censure en Tunisie, a-t-il relevĂ©, tout en faisant remarquer quâune certaine pression est exercĂ©e pour obliger les journalistes Ă Ă©crire dans la ligne du Gouvernement. La dĂ©finition dâun acte terroriste, telle quâĂ©tablie dans la lĂ©gislation nationale, lui semble trop gĂ©nĂ©rale. Il sâest aussi Ă©tonnĂ© quâon garantisse lâanonymat des juges et a averti contre les risques de cette pratique de « juges sans visage », autrefois en vigueur dans son pays.
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M. NIGEL RODLEY, expert du Royaume-Uni, a soulevĂ© quant Ă lui la question de la peine de mort, relevant que la Commission de grĂące examine le temps passĂ© en dĂ©tention depuis la condamnation Ă la peine capitale pour dĂ©cider de la commutation en peine dâemprisonnement. Il sâest Ă©tonnĂ© quâon prenne en compte cette durĂ©e, se demandant si lâintention Ă©tait de laisser la personne dans la terreur avant de commuer sa peine. Quelle est la durĂ©e moyenne de dĂ©tention avant la dĂ©cision de commuer la peine? a-t-il demandĂ©. De lâavis de lâexpert, il serait bon que la peine de mort ne soit pas prononcĂ©e dans de tels cas.
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En ce qui concerne la torture, lâexpert britannique a notĂ© que cela fait neuf ans quâa Ă©tĂ© formulĂ©e la premiĂšre demande du Rapporteur spĂ©cial sur la torture -fonctions quâil assumait lui-mĂȘme Ă lâĂ©poque- de se rendre dans le pays. Il semble que lâĂtat serait prĂȘt maintenant Ă accueillir une visite du Rapporteur spĂ©cial du Conseil des droits de lâhomme. Le Rapporteur spĂ©cial pourra-t-il recevoir une invitation? a-t-il demandĂ©. Il a aussi notĂ© que des preuves solides Ă©taient exigĂ©es pour que les juges se penchent sur des allĂ©gations de torture et de traitements inhumains et dĂ©gradants. Mais selon lui, le juge ne doit refuser lâexamen dâaucune plainte au motif que les preuves nâapparaissent pas suffisamment solides. Sur la question des agents de lâĂtat ayant commis des actes de mauvais traitement dans lâexercice de leurs fonctions, il a demandĂ© sâil y avait eu des cas de poursuites en vertu de la loi 1999 sur la torture et quels types de condamnation avaient Ă©tĂ© prononcĂ©s.
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Mme RUTH WEDGWOOD, experte des Ătats-Unis, a abordĂ© quant Ă elle la question de lâaccĂšs aux prisons. Sâil est normal que les visites du ComitĂ© international de la Croix-Rouge (CICR) soient couvertes par la confidentialitĂ©, il devrait y avoir un accĂšs possible pour un organe de contrĂŽle, a-t-elle estimĂ©.
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Réponses aux questions orales posées par les experts
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La dĂ©lĂ©gation, dirigĂ©e par M. BĂCHIR TEKKARI, Ministre de la justice et des droits de lâhomme, rĂ©pondant aux questions orales des experts, a dit espĂ©rer une Ă©volution de la jurisprudence vers une application directe des normes internationales, laquelle constituerait une garantie de lâexercice des libertĂ©s et du droit en gĂ©nĂ©ral.Â
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Le Ministre a, de son cĂŽtĂ©, apportĂ© des prĂ©cisions sur lâintention de la Tunisie dâadhĂ©rer au Protocole facultatif du Pacte. Une phase « études » est nĂ©cessaire, a-t-il soulignĂ©, prĂ©cisant que cette pĂ©riode nâimpliquait pas une volontĂ© de reporter cette adhĂ©sion ou ne signifiait pas une attitude craintive de la part de la Tunisie. Cette intention ne manquera pas, le moment venu, de se transformer en engagement effectif, a-t-il affirmĂ©.  Â
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M. Tekkari est Ă©galement revenu sur la position abolitionniste de son pays face Ă la peine capitale. La Tunisie est un Ătat abolitionniste de fait, a-t-il redit, prĂ©cisant que la peine de mort nâĂ©tait pas exĂ©cutĂ©e. Ce nâest pas une attitude statique, mais une Ă©tape, a dĂ©clarĂ© le Ministre. Celle-ci sâinscrit, a-t-il estimĂ©, dans une dynamique dâensemble. Toute personne condamnĂ©e Ă mort est prĂ©sentĂ©e Ă la grĂące prĂ©sidentielle, a-t-il expliquĂ©. Il a soulignĂ© que des initiatives Ă©taient menĂ©es en Tunisie en faveur de lâabolition, certaines, parfois, avec le soutien de lâĂtat. Mais, malgrĂ© cela, lâopinion publique nâest encore pas prĂ©parĂ©e Ă lâabolition de la peine de mort, a-t-il assurĂ©.Â
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Sâagissant des cas de torture Ă©voquĂ©s, un membre de la dĂ©lĂ©gation a notamment estimĂ© que la Cour europĂ©enne des droits de lâhomme Ă©tait influencĂ©e par une campagne de dĂ©sinformation menĂ©e en Tunisie. Les cas soulevĂ©s par lâOrganisation mondiale contre la torture (OMCT) sont lâobjet de suivis par les autoritĂ©s judiciaires tunisiennes, a-t-il Ă©galement affirmĂ©, prĂ©cisant que la Tunisie nâĂ©tait pas insensible Ă ces accusations.
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Reprenant la question sur lâincrimination de la tentative dâacte de terrorisme, le Ministre de la justice et des droits de lâhomme a expliquĂ© que cette tentative nâest punissable que lorsquâil y a un commencement dâexĂ©cution et seulement si la concertation se fait dans le cadre dâune organisation terroriste. Il est en effet admis en droit que, pour la criminalitĂ© organisĂ©e, la perception de la tentative soit diffĂ©rente de ce quâelle est pour des crimes ordinaires. Concernant la question du secret professionnel des avocats, qui risque dâĂȘtre violĂ© si on applique la loi qui oblige quiconque Ă diffuser des informations sur une activitĂ© terroriste, le Ministre a assurĂ© que lâavocat est protĂ©gĂ© dans son secret professionnel. Mais si un avocat ou un mĂ©decin a connaissance dâinformations sur le terrorisme en dehors de ses activitĂ©s professionnelles, il doit bien entendu communiquer ces informations.
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Lâanonymat des magistrats et des officiers de police a Ă©tĂ© soulevĂ©, a poursuivi le Ministre, mais il faut savoir que cette possibilitĂ© se situe dans le cadre de la lutte contre la criminalitĂ© transnationale, comme la Convention pertinente des Nations Unies le prĂ©voit pour les tĂ©moins. Dans la loi tunisienne, un tel recours nâest possible quâen cas de « pĂ©ril en la demeure », a prĂ©cisĂ© M. Tekkari, qui a aussi rappelĂ© quâil y avait dĂ©jĂ eu des cas dâassassinat de magistrats ou de tĂ©moins, notamment en Italie. En outre, lâavocat et le prĂ©venu peuvent demander que lâanonymat soit levĂ©. Cette loi nâa cependant pas Ă©tĂ© invoquĂ©e dans les audiences en Tunisie, a-t-il aussi dĂ©clarĂ©. Mais nâoublions pas que la Tunisie reste un pays visĂ© par le terrorisme.
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La Tunisie a beaucoup fait pour les droits de la femme, a poursuivi M. Tekkari. Elle a aboli la polygamie et la rĂ©pudiation et a consacrĂ© une Ă©galitĂ©, mĂȘme si elle est encore Ă parfaire. Mais cela ne plait pas Ă certains milieux, a-t-il assurĂ©, et beaucoup veulent dĂ©truire ces acquis. En ce qui concerne les critĂšres de nomination des personnalitĂ©s indĂ©pendantes au sein du ComitĂ© supĂ©rieur des droits de lâhomme, il a indiquĂ© quâelles sont choisies en raison de leur expĂ©rience dans le domaine des droits de lâhomme et de leur intĂ©gritĂ©. Titulaires dâun mandat de trois ans, ces personnes doivent reprĂ©senter la diversitĂ© de points de vue. Les reprĂ©sentants du MinistĂšre ne participent pas Ă cette sĂ©lection, a-t-il prĂ©cisĂ©. Les recommandations de ce ComitĂ© sont prises en considĂ©ration et souvent appliquĂ©es Ă la lettre. Les recommandations formulĂ©es par lâOmbudsman administratif sont aussi largement suivies. Le Ministre a ainsi citĂ© une recommandation de prĂ©voir lâappel et la cassation pour les jugements rendus par le tribunal de lâimmobilier.
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Les visites des prisons ne sont pas uniquement assurĂ©es par le CICR, a ensuite indiquĂ© le Ministre. Le ComitĂ© supĂ©rieur des droits de lâhomme est lui aussi amenĂ© Ă effectuer ce genre de visites. La confidentialitĂ© Ă laquelle est soumise le CICR nâempĂȘche pas des rĂ©sultats tangibles et donc une vĂ©ritable amĂ©lioration des conditions de dĂ©tention. Câest ce qui nous a encouragĂ©s Ă demander aussi Ă Human Rights Watch dâintervenir, a expliquĂ© M. Tekkari.
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Questions des experts
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Mme CHRISTINE CHANET, experte de la France, sâest interrogĂ©e sur le critĂšre de la durĂ©e avancĂ© par la dĂ©lĂ©gation tunisienne pour remplacer la peine capitale qui nâest pas appliquĂ©e. Elle a notamment qualifiĂ© ce systĂšme organisĂ© de la durĂ©e de dĂ©gradant, cruel et inhumain. De mĂȘme, elle a estimĂ© que les rĂ©ponses apportĂ©es aux questions relatives Ă la torture ne sont pas satisfaisantes. La Tunisie nie le phĂ©nomĂšne de la torture, a-t-elle dit. Lorsque lâon nie le phĂ©nomĂšne, on nâapporte pas les Ă©lĂ©ments de prĂ©vention qui permettraient de sâen Ă©loigner, a-t-elle dĂ©clarĂ©.Â
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Lâexpert du Royaume-Uni sâest interrogĂ© sur les rĂ©ponses apportĂ©es par la dĂ©lĂ©gation concernant les dĂ©tentions arbitraires et les mauvais traitements, en particulier lâargument invoquant une campagne de diffamation. Apparemment, les limites ne sont pas respectĂ©es, a-t-il dit, ajoutant que les assertions de mauvais traitement avaient peut-ĂȘtre un certain fondement.
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M. PRAFULLACHANDRA NATWARLAL BHAGWATI, expert de lâInde, a demandĂ© si la Police tunisienne bĂ©nĂ©ficiait dâune formation particuliĂšre en matiĂšre de respect des droits de lâhomme.
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Réponses aux questions orales posées par les experts
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Le Ministre de la justice et des droits de lâhomme a affirmĂ©, sâagissant des cas de mauvais traitements, quâen matiĂšre pĂ©nale, la preuve devait ĂȘtre apportĂ©e par le juge et non par le plaignant. Chaque fois quâil existe des Ă©lĂ©ments sĂ©rieux pour une requĂȘte, câest au juge dâapporter la preuve, a-t-il affirmĂ©. M. Tekkari a prĂ©cisĂ© que des individus occupant des postes Ă responsabilitĂ© nâĂ©taient pas Ă lâabri dâune condamnation lorsque les preuves de leur implication Ă©taient Ă©tablies.
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Le Ministre a rappelĂ© que son pays Ă©tait engagĂ© dans un processus abolitionniste de la peine de mort et a dĂ©noncĂ© lâidĂ©e selon laquelle la prise en compte de la durĂ©e de dĂ©tention dâun condamnĂ© Ă©tait une nouvelle sanction infligĂ©e Ă cette personne. Lorsquâune personne est condamnĂ©e Ă mort, elle ne sera pas exĂ©cutĂ©e, a-t-il rĂ©affirmĂ©, citant lâengagement solennel pris par le chef de lâĂtat tunisien en 1991. La Commission de grĂące a retenu derniĂšrement un critĂšre de durĂ©e depuis le prononcĂ© de la peine jusquâĂ une nouvelle grĂące, a-t-il expliquĂ©. Ce temps donne droit Ă bĂ©nĂ©ficier de la commutation en peine de prison, a-t-il soulignĂ©, qualifiant ce critĂšre dâassouplissement, de nouvelle dynamique visant Ă favoriser davantage la commutation de la peine capitale.   Â
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Reprenant les questions sur la torture et les mauvais traitements, M. Tekkari a rappelĂ© quâil y a non seulement de fausses allĂ©gations mais aussi une certaine organisation pour faire de fausses allĂ©gations, afin de les prĂ©senter devant des organes des Nations Unies par exemple. Toutefois, chaque fois que lâon constate un acte de torture, les juges nâhĂ©sitent pas Ă les sanctionner, a-t-il assurĂ© avec force. On ne nie pas la possibilitĂ© de cas de torture et reconnaĂźtre cela est dĂ©jĂ une Ă©tape dans la rĂ©pression de tels actes et dans lâĂ©limination de ces pratiques, de lâavis du Ministre.Â
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Pour prĂ©ciser sa rĂ©ponse Ă la question de lâexpert du Royaume-Uni, M. Tekkari a assurĂ© que le Rapporteur spĂ©cial du Conseil des droits de lâhomme sur la torture va recevoir une invitation Ă se rendre sur place. En ce qui concerne les Ă©tablissements pĂ©nitentiaires, le Ministre a indiquĂ© que le CICR a visitĂ© tous les lieux de dĂ©tention, ayant contactĂ© au moins 5 000 prisonniers Ă plusieurs reprises. Nous assurons une formation pour tous les agents chargĂ©s de lâexĂ©cution des lois et leur distribuons des guides sur les droits des prisonniers.
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Réponses aux questions écrites sur les articles 15 à 27 du Pacte
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LibertĂ© dâopinion et dâexpression (article 19)
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Depuis 20 ans, la Tunisie sâemploie Ă encourager la libertĂ© dâexpression, a indiquĂ© un membre de la dĂ©lĂ©gation. Notre Constitution protĂšge la libertĂ© dâopinion et dâexpression. Le Code de la presse a Ă©tĂ© amendĂ© plusieurs fois pour amĂ©liorer les conditions dâexercice de ces libertĂ©s, a-t-il prĂ©cisĂ©. On a ainsi aboli les dĂ©lits de diffamation publique, car câĂ©tait un terme trop vague. On a aussi ramenĂ© de 6 Ă 3 mois le dĂ©lai maximum de suspension dâune publication par un tribunal. Dans leurs associations de mĂ©dias, les journalistes Ă©lisent librement leurs membres. Le dĂ©lĂ©guĂ© a assurĂ© que le Gouvernement ne cherche nullement Ă influencer les choix Ă©ditoriaux et au contraire encourage lâindĂ©pendance des mĂ©dias, en les invitant Ă ne pas sâautocensurer. PrĂšs de 90% des magasines et des journaux tunisiens sont des propriĂ©tĂ©s privĂ©es. Les partis dâopposition publient rĂ©guliĂšrement leurs journaux et magasines, sans censure. En 2003, on a vu apparaĂźtre les stations de radios privĂ©s et lâĂtat nâa plus le monopole de la radio et de la tĂ©lĂ©vision, a aussi informĂ© le reprĂ©sentant tunisien. En outre, les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision peuvent Ă©mettre en sous-traitance par le secteur privĂ©.
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Une dĂ©cision rĂ©cente a aboli le contrĂŽle administratif sur les livres, a poursuivi le dĂ©lĂ©guĂ©. Les maisons dâĂ©dition reçoivent un soutien de lâĂtat mais celui-ci nâa pas de contrĂŽle sur le contenu des publications. En outre, lâaccĂšs aux satellites est illimitĂ©. Le reprĂ©sentant a aussi fait valoir que la Tunisie est le pays dâAfrique le mieux connectĂ© Ă Internet. Des mesures dâincitation sont destinĂ©es Ă encourager le dĂ©veloppement de sites Internet et on constate quâil existe des milliers de sites tunisiens, y compris des journaux en ligne.
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Abordant la question de la compatibilitĂ© avec lâarticle 19 du Pacte de la loi organique tunisienne, qui interdit Ă tout Tunisien de sâexprimer sur un mĂ©dia audiovisuel Ă©tranger en faveur ou contre un candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles durant la campagne Ă©lectorale, le Ministre a prĂ©cisĂ© que cette interdiction est limitĂ©e Ă la pĂ©riode Ă©lectorale et que la sanction encourue nâest que pĂ©cuniaire et non privative de libertĂ©. Il a indiquĂ© que lâaffichage et le passage tĂ©lĂ©visĂ© des candidats en pĂ©riode Ă©lectorale sont organisĂ©s par la loi et financĂ©s par lâĂtat de façon transparente et Ă©gale. Lâordre des passages Ă la tĂ©lĂ©vision se dĂ©cide par tirage au sort. Si des candidats ou leurs partisans sont autorisĂ©s Ă sâexprimer en dehors de ce cadre, ils pourront recevoir une subvention en nature, ce qui met en cause la transparence de lâopĂ©ration Ă©lectorale quant Ă son financement, a fait valoir le reprĂ©sentant.
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Droit de réunion pacifique (art. 21)
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La libertĂ© de rĂ©union est pleinement garantie en Tunisie et procĂšde de lâarticle 8 de la Constitution, a soulignĂ© la dĂ©lĂ©gation. Une loi de 1969 stipule dĂšs son article 1er le droit de rĂ©union, lequel est soumis Ă certaines exigences, comme la nĂ©cessitĂ© du maintien de lâordre public. Des dizaines de rĂ©unions publiques se tiennent chaque jour, sur lâensemble du territoire national, en toute quiĂ©tude, conformĂ©ment Ă la loi, a soulignĂ© un dĂ©lĂ©guĂ©. Sâil existe une possibilitĂ© dâinterdire par un arrĂȘtĂ© une rĂ©union susceptible de troubler lâordre public, celui-ci peut faire lâobjet dâun recours devant un tribunal administratif. Aucune entrave nâest opposĂ©e Ă lâexercice du droit de rĂ©union que la Tunisie tient Ă prĂ©server, a-t-il assurĂ©.Â
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LibertĂ© dâassociation (art. 22)
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Le Ministre tunisien de la justice et des droits de lâhomme a ajoutĂ© Ă la rĂ©ponse Ă©crite apportĂ©e par sa dĂ©lĂ©gation, que toute crĂ©ation dâassociation Ă©tait, depuis une loi de 1988, soumise Ă la simple formalitĂ© de dĂ©claration.
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Droit des personnes appartenant à une minorité (article 27)
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La dĂ©lĂ©gation a ensuite abordĂ© la question des BerbĂšres qui revendiquent la protection et la promotion de leur culture et de leur langue. Il a parlĂ© de « projet sociĂ©tal » qui puise dans lâhĂ©ritage trois fois millĂ©naire de la Tunisie, et se fonde sur le mĂ©tissage, le brassage, la citoyennetĂ© et lâancrage dans lâuniversel. Lâenseignement de lâhistoire dispensĂ© dans les Ă©coles et universitĂ©s cherche Ă prĂ©senter la sociĂ©tĂ© dans une dimension qui permet dâapprĂ©hender toute sa diversitĂ©. Les Tunisiens sont Ă la fois des « BerbĂšres arabisĂ©s et des Arabes berbĂ©risĂ©s », aprĂšs les nombreux mĂ©langes. Lâarticle 6 de la Constitution consacre lâĂ©galitĂ© de tous les citoyens sans discrimination en raison de lâidentitĂ© ethnique ni de la langue. Le dĂ©lĂ©guĂ© a fait valoir que le taux de scolarisation a atteint 99% et que le taux de pauvretĂ© a Ă©tĂ© rĂ©duit Ă 3,8%. Dans lâenseignement supĂ©rieur, 57% des Ă©tudiants sont des filles, a-t-il ajoutĂ©, et on constate que 81% de la population tunisienne constitue la classe moyenne. Enfin, la sociĂ©tĂ© a un projet dâouverture sur lâuniversel. Câest le contexte qui est marquĂ© aujourdâhui par la mondialisation oĂč la frontiĂšre entre le local, le national et lâinternational se trouble. La mondialisation rime souvent avec la standardisation des esprits, ce qui dĂ©bouche parfois sur une quĂȘte dâidentitĂ© aveugle. La Tunisie entend combattre le paradigme du choc des civilisations.
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Un autre membre de la dĂ©lĂ©gation a apportĂ© des prĂ©cisions sur le problĂšme berbĂšre. Il a dâabord prĂ©sentĂ© un pays homogĂšne oĂč la grande majoritĂ© de la population est arabophone et musulmane de rite malĂ©chite. Câest le fruit de lâhistoire et dâun brassage de populations ethniques trĂšs diverses et câest notre richesse, sâest-il prĂ©valu. Dans lâĂźle de Djerba, il y a une population qui est Ă la fois berbĂ©rophone et arabophone. Elle pratique en outre un culte particulier, a-t-il expliquĂ©, sans rencontrer de problĂšme.
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Une reprĂ©sentante de la Tunisie a apportĂ© des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse complĂ©mentaires sur la libertĂ© de religion. Le chapitre V de la Constitution et lâAccord conclu entre lâĂtat et le Saint-SiĂšge rĂšglent les activitĂ©s des Ă©glises qui sont au nombre de 14 en Tunisie. La Constitution reconnaĂźt Ă©galement la libertĂ© pour tous les juifs de pratiquer leur religion. La majoritĂ© de la population tunisienne est musulmane, mais cela ne veut pas dire que la majoritĂ© domine les minoritĂ©s. Selon la loi islamique, nous devons respecter toutes les religions, a-t-elle prĂ©cisĂ©. En ce qui concerne les lieux de culte, elle a indiquĂ© que des subventions sont accordĂ©es Ă diverses Ă©glises. La reprĂ©sentante a insistĂ© sur le fait quâil nây a aucune distinction entre les citoyens tunisiens car les minoritĂ©s ont les mĂȘmes droits et devoirs que les autres. La carte dâidentitĂ©, a-t-elle ajoutĂ©, ne mentionne pas la religion de son titulaire. Elle a aussi Ă©voquĂ© la prĂ©sence de sectes, qui sont Ă©galement respectĂ©es. Celle qui Ă©pouse un musulman, a-t-elle poursuivi, peut exercer librement sa religion. Elle a aussi abordĂ© la question du fondamentalisme et les efforts faits pour ne pas laisser sâinstaller cette idĂ©ologie.
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Un sĂ©nateur tunisien, qui a prĂ©cisĂ© quâil faisait partie de la communautĂ© juive tunisienne, a indiquĂ© quâil participait Ă la vie publique de son pays depuis 40 ans. Il a affirmĂ© avoir toujours Ă©tĂ© capable dâexercer ses droits, de façon active. LâadhĂ©sion de la Tunisie aux instruments juridiques internationaux pertinents a seulement permis de consacrer des droits qui existaient dĂ©jĂ , a-t-il estimĂ©. Il a assurĂ© que les membres de la communautĂ© juive peuvent librement pratiquer leur religion et notamment organiser des pĂšlerinages.  Dans lâĂźle de Djerba, il y a la plus grande synagogue dâAfrique, a prĂ©cisĂ© le sĂ©nateur. Les juifs, les chrĂ©tiens et les musulmans pratiquent leur religion respective en toute libertĂ©, a-t-il insistĂ©, et leur mode de vie reflĂšte bien leurs caractĂ©ristiques.
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Diffusion dâinformations concernant le Pacte
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Un membre de la dĂ©lĂ©gation tunisienne a ensuite donnĂ© des prĂ©cisions sur la formation dispensĂ©e aux agents de lâĂtat quant aux dispositions du Pacte. Il a expliquĂ© que la discipline des droits de lâhomme est enseignĂ©e Ă tous les niveaux de lâĂ©ducation, en mettant lâaccent sur les dispositions du Pacte et les mĂ©canismes nationaux et internationaux. RĂ©pandre la culture des droits de lâhomme passe par lâintensification des moyens Ă cette fin, a-t-il ajoutĂ©.
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Concernant la diffusion dâinformations sur le Pacte et les prĂ©cĂ©dentes observations finales du ComitĂ©, il a indiquĂ© quâun nouvel organe, qui dĂ©pend du coordonnateur des droits de lâhomme est spĂ©cialement chargĂ©e de ce suivi. Un grand nombre dâorganisations non gouvernementales et la sociĂ©tĂ© civile participent aux travaux de cet organe. En outre, la Tunisie se prĂ©pare actuellement Ă lâexamen de son rapport devant le Conseil des droits de lâhomme.
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Questions des experts
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M. AHMED TAWFIK KHALIL, expert de lâĂgypte, sâest notamment dit frappĂ© par le nombre relativement Ă©levĂ© de cas dâatteinte Ă la libertĂ© dâexpression, ce qui, a-t-il soulignĂ©, constitue un grand Ă©cart entre la lĂ©gislation qui garantit la libertĂ© dâopinion et les aspects pratiques de lâexercice de ce droit dans lâĂtat partie. En outre, il a fait Ă©tat dâaccusations portĂ©es par des organisations non gouvernementales selon lesquelles le Gouvernement tunisien utiliserait la menace que feraient porter certains sites Internet sur les droits de lâhomme pour les supprimer. Il sâest dĂ©clarĂ© prĂ©occupĂ© par le nombre dâinformations relativement important selon lesquelles des dĂ©fenseurs des droits de lâhomme et dâautres personnes auraient Ă©tĂ© menacĂ©s pour leur participation Ă des groupes non reconnus par les autoritĂ©s ou pour lâexercice de leur droit dâexpression.
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M. RAJSOOMER LALLAH, expert de Maurice, est en particulier revenu Ă la question Ă©crite portant sur la libertĂ© dâassociation pour regretter le manque dâinformations apportĂ©es par la dĂ©lĂ©gation. De lâavis de lâexpert, le problĂšme des dĂ©fenseurs des droits de lâhomme est lâun des sujets de prĂ©occupation les plus importants. De mĂȘme, la Tunisie est confrontĂ©e selon lui au problĂšme du terrorisme. Les lois et les gouvernements ne sont pas forcĂ©ment les mieux Ă mĂȘme de traiter de cette situation et ont besoin de la collaboration de la sociĂ©tĂ© pensante reprĂ©sentĂ©e dans les associations, a-t-il estimĂ©.
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Lâexperte des Ătats-Unis a estimĂ© que le Code de la presse tunisien donnait une dĂ©finition trop large de la diffamation. Dâautres articles, a-t-elle dit, obligent la presse Ă ĂȘtre prudente pour critiquer le Gouvernement. De mĂȘme, sâagissant des Ă©lections, elle sâest Ă©tonnĂ©e du fait quâun Ă©lecteur tunisien Ă©tait interdit dâexprimer une opinion Ă une station de radio ou Ă une chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Ă©trangĂšre.
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Mme IULIA ANTOANELLA MOTOC, experte de la Roumanie, a rejoint lâopinion de ses collĂšgues concernant le rĂŽle de la sociĂ©tĂ© civile en Tunisie. Elle a par ailleurs demandĂ© Ă la dĂ©lĂ©gation de prĂ©ciser les moyens Ă la disposition du pays pour traiter de la situation des personnes handicapĂ©es.
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Réponses aux questions orales des experts
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Le Ministre de la justice et des droits de lâhomme a rectifiĂ© les reproches des experts selon lesquels des procĂšs nâavaient pas Ă©tĂ© Ă©quitables. Il a prĂ©cisĂ© quâil sâagissait de cas oĂč un grand nombre dâavocats demandaient de changer de salle dâaudience afin de permettre lâaccĂšs Ă un plus grand nombre de personnes ou pour accommoder la participation de tous les avocats concernĂ©s. Dans le dernier cas, le juge avait demandĂ© aux avocats de se prĂ©senter par petits groupes, car ils Ă©taient une centaine, et ceux-ci, nâacceptant pas cette demande, avaient invoquĂ© le non-respect du droit Ă un procĂšs Ă©quitable. Dans lâautre procĂšs, le tribunal avait entendu les plaidoiries pendant 22 heures continues, donnant le temps quâil fallait Ă chaque avocat.
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Concernant la torture, le Ministre a indiquĂ© prĂ©cĂ©demment que la victime pouvait saisir le juge si le parquet avait rejetĂ© la plainte, ce qui oblige le juge Ă se saisir de lâaffaire. Sâagissant de la libertĂ© dâexpression, des subventions directes sont accordĂ©es Ă certains journaux naissants, a-t-il ensuite expliquĂ©. Il a aussi fait valoir que si certains se plaignent dâatteintes Ă la libertĂ© dâexpression, aucun journal nâa pourtant Ă©tĂ© suspendu. Les sites Internet dont nous demandons la fermeture sont les sites pornographiques ou ceux qui incitent Ă la violence, a-t-il prĂ©cisĂ©. Il y a trois ans, 10 Tunisiens ont Ă©tĂ© dĂ©fĂ©rĂ©s devant la justice pour avoir Ă©tĂ© impliquĂ©s dans des actes terroristes, car ils avaient appris sur Internet comment fabriquer des explosifs, avaient fait des essais devant un lycĂ©e et repĂ©rĂ© les lieux de lâattentat prĂ©vu. Deux dâentre eux, aprĂšs leur relaxe ou leur libĂ©ration, ont Ă©tĂ© impliquĂ©s peu aprĂšs dans des actions terroristes en Somalie et en France. Abordant les cas des personnes qui se prĂ©tendent victimes de menaces et dâintimidations, il a indiquĂ© quâaucun journaliste nâest actuellement dĂ©tenu, sauf un qui lâest pour une affaire de droit commun aprĂšs avoir insultĂ© des agents de lâordre.
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Pour ce qui est des rĂ©unions qui auraient Ă©tĂ© empĂȘchĂ©es, le Ministre a prĂ©cisĂ© que si un juge avait ordonnĂ© lâannulation du congrĂšs de la Ligue des droits de lâhomme tunisienne, câest parce que ses prĂ©paratifs violaient un jugement prĂ©cĂ©dent. Cette annulation a donc Ă©tĂ© ordonnĂ©e pour faire exĂ©cuter une dĂ©cision de justice qui nâĂ©tait pas respectĂ©e. Avant de tenir une rĂ©union publique, il faut la dĂ©clarer Ă lâadministration, a-t-il ajoutĂ©. En deuxiĂšme lieu, lâadministration peut lâinterdire si elle considĂšre quâelle est illĂ©gale.
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Pour ce qui est des prisonniers politiques, il nây a pas en Tunisie de personnes dĂ©tenues parce quâelles ont exprimĂ© une opinion politique. Il y a certes parmi les personnes dĂ©tenues certaines qui ont appartenu Ă une mouvance politique, mais elles sont incarcĂ©rĂ©es pour des raisons indĂ©pendantes de cette affiliation et pour des dĂ©lits de droit commun. Le Ministre a aussi affirmĂ© que la libertĂ© dâassociation en Tunisie est respectĂ©e, une association pouvant mĂȘme assumer un service public, car celui-ci nâest pas le monopole de lâadministration.
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RĂ©pondant aux questions sur la diffamation, M. Tekkari a prĂ©cisĂ© quâil faudrait se rappeler la dĂ©finition de ce dĂ©lit, qui comprend une atteinte Ă lâhonneur et Ă la rĂ©putation et non une simple allĂ©gation. Le Code Ă©lectoral prĂ©voit que lâincitation Ă voter pour tel ou tel candidat, donc lâacte de faire campagne pour un candidat, ne peut se faire de façon parallĂšle au systĂšme Ă©tabli. Ce systĂšme sâapplique dâailleurs aussi bien aux Ă©lections prĂ©sidentielles que lĂ©gislatives. à la question relative aux sites Internet, un autre membre de la dĂ©lĂ©gation a assurĂ© que les activistes et chefs de lâopposition disposent dâune libertĂ© trĂšs large pour sâexprimer. Cependant, certains dâentre eux font un usage abusif de lâInternet, a-t-il constatĂ©.
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Enfin, M. Tekkari a partagĂ© lâavis de lâexperte roumaine quant Ă lâimportance de la sociĂ©tĂ© civile. Il a aussi tenu Ă rappeler que la Tunisie a adhĂ©rĂ© Ă la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapĂ©es et Ă son Protocole facultatif. La Tunisie pratique une sorte de discrimination positive pour ces personnes, en organisant notamment des cours adaptĂ©s, en crĂ©ant des Ă©coles spĂ©cialisĂ©es ou en leur rĂ©servant certains emplois.
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M. RAFAEL RIVAS POSADA, expert de la Colombie, qui prĂ©side le ComitĂ©, a soulignĂ© les dangers que lâapplication de nombre de dispositions pourrait crĂ©er en matiĂšre de droits de lâhomme si lâanonymat des personnes jugeant les terroristes Ă©tait maintenu. Cela limite indĂ»ment beaucoup de garanties de procĂ©dure figurant dans le Pacte, a-t-il dit. Il sâest en outre fĂ©licitĂ© du fait que la Tunisie se soit engagĂ©e dans la voie de lâabolition de la peine de mort.
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Le PrĂ©sident du ComitĂ© a jugĂ© important que le ComitĂ© dispose de davantage dâinformations sur la question de la torture. Les accusations prĂ©cises reçues sur la persistance de ce phĂ©nomĂšne, a-t-il ajoutĂ©, proviennent de diffĂ©rentes sources, a-t-il ajoutĂ©. De mĂȘme, a-t-il dit, le ComitĂ© a de bonnes raisons de continuer Ă suivre de prĂšs les questions liĂ©es Ă la libertĂ© dâexpression. Lâexpert de la Colombie a, enfin, souhaitĂ© que soient fournies Ă lâavenir des informations complĂ©mentaires sur les critĂšres retenus pour interdire des rĂ©unions publiques ou porter atteinte Ă la libertĂ© dâassociation.
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Le Ministre tunisien de la justice et des droits de lâhomme a rappelĂ© les diffĂ©rentes mesures arrĂȘtĂ©es par le Gouvernement en matiĂšre de protection et de promotion des droits de lâhomme, comme la dĂ©cision de la Tunisie dâaccueillir des Rapporteurs spĂ©ciaux aussi bien du Conseil des droits de lâhomme que de la Commission africaine des droits de lâhomme, ou la dĂ©cision de prĂ©senter, au cours de lâannĂ©e 2008, huit rapports relatifs aux droits de lâhomme Ă diffĂ©rents organes des Nations Unies.
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Composition de la délégation
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Outre M. BĂ©chir Tekkari, Ministre de la justice et des droits de lâhomme de la Tunisie, la dĂ©lĂ©gation Ă©tait composĂ©e de MM.
Habib Mansour, ReprĂ©sentant permanent de la Tunisie auprĂšs de lâONU;
Samir Labidi, ReprĂ©sentant permanent de la Tunisie auprĂšs de lâOffice des Nations Unies Ă GenĂšve et des organisations internationales en Suisse;
Ridha Khemakhem, Coordinateur gĂ©nĂ©ral des droits de lâhomme, MinistĂšre de la justice et des droits de lâhomme;
Taher Fellous, Directeur gĂ©nĂ©ral de la coopĂ©ration internationale, MinistĂšre de lâintĂ©rieur et du dĂ©veloppement local;
Oussama Romdhani, Directeur gĂ©nĂ©ral de lâAgence tunisienne de la communication extĂ©rieure (ATCE);
Mohamed Chagraoui, chargĂ© de lâunitĂ© des droits de lâhomme, MinistĂšre des affaires Ă©trangĂšres; Mme NĂ©biha Gueddana, Directrice gĂ©nĂ©rale de lâOffice national de la famille et de la population (ONFP);
M. NĂ©jib Ayed, Directeur gĂ©nĂ©ral du Centre national dâinnovation pĂ©dagogique et de recherche en Ă©ducation (CNIPRE), MinistĂšre de lâĂ©ducation et de la formation;
M. Joseph Roger Bismuth, Sénateur;
Mme Mongia Souayhi, SĂ©nateur, professeur dâĂ©tudes islamiques, UniversitĂ© Zeitouna, Tunis; M. Abdallah al-Ahmadi, avocat, professeur universitaire, FacultĂ© de droit de Tunis
et Mme Monia Ammar, ChargĂ©e de mission, MinistĂšre de la justice et des droits de lâhomme.
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Ă lâintention des organes dâinformation âą Document non officiel
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(Source : site officiel de lâONU, le 17 mars 2008)
Lien : http://www.un.org/News/fr-press/docs/2008/DHCT694.doc.htm
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Précisions du Syndicat Tunisien des Médecins Libéraux « STML »
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Dans le cadre du droit de réponse, le Syndicat Tunisien des Médecins Libéraux (STML) tient à faire certaines précisions en réponse aux allégations du secrétaire général du STMSL
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1- Le Dr Ali Jbira a Ă©tiquetĂ© le STML comme ” communĂ©ment appelĂ© syndicat de gĂ©nĂ©ralistes “.
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Le STML tient Ă prĂ©ciser qu’il reste le syndicat de TOUS LES MEDECINS LIBERAUX AUSSI BIEN SPECIALISTES (1100 mĂ©decins spĂ©cialistes adhĂ©rents au STML sur un ensemble de 2400 mĂ©decins spĂ©cialistes en exercice en Tunisie) QUE GENERALISTES (1300 gĂ©nĂ©ralistes sur 2300 en exercice en Tunisie).
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Il est Ă remarquer que sur l’ensemble des mĂ©decins spĂ©cialistes en exercice en Tunisie plus de 500 mĂ©decins spĂ©cialistes et environ 1000 mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes n’adhĂšrent Ă aucun syndicat. Tout en sachant qu’il y a un grand nombre de mĂ©decins spĂ©cialistes qui adhĂšrent en mĂȘme temps aux deux syndicats.
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Par ailleurs, dans son discours, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du STMSL (syndicat d’une frange de spĂ©cialistes de fait) a usĂ© du terme ” communĂ©ment appelĂ© syndicat de gĂ©nĂ©ralistes “. Cette Ă©tiquette reste un jugement de valeur strictement personnel et qui n’est pas partagĂ© par l’ensemble de la profession. Ce jugement de valeur tĂ©moigne d’une volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de nuire au STML en usant d’Ă©tiquettes et de stigmates.
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2- Dans le cadre du suivi des accords de la convention sectorielle et de la mise en place du rĂ©gime de l’assurance maladie, le STML a mis l’accent dans son communiquĂ© de presse du 29 fĂ©vrier 2008 (qui malheureusement n’a pas Ă©tĂ© publiĂ© par le journal ” Le Temps “), sur la nĂ©cessitĂ© de l’Ă©valuation de l’activitĂ© des mĂ©decins libĂ©raux fin 2008, soit dix-huit mois aprĂšs le dĂ©marrage de la 1Ăšre Ă©tape et six mois aprĂšs le dĂ©marrage de la 2Ăšme Ă©tape. Il a Ă©tĂ© convenu avec les autoritĂ©s de tutelle que la rĂ©vision de tous les honoraires des mĂ©decins libĂ©raux est inĂ©luctable.
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3- Dans le cadre d’une plus grande ouverture au secteur libĂ©ral et sur insistance du STML, les listes d’hospitalisation mĂ©dicales et chirurgicales en rapport avec les 24 APCI, la gynĂ©co-obstĂ©trique et la nĂ©onatologie sont fin prĂȘtes. Ces listes seront soumises Ă l’approbation des Ministres de la SantĂ© publique et des Affaires Sociales, de la SolidaritĂ© et des Tunisiens Ă l’Etranger. Elles seront prises en charge par la CNAM Ă compter du 1er juillet 2008.
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Le STML tient Ă rappeler qu’il continue Ă dĂ©fendre avec rĂ©alisme et dans le cadre lĂ©gal et consensuel les intĂ©rĂȘts de la profession mĂ©dicale libĂ©rale afin d’amĂ©liorer les acquis dĂ©jĂ obtenus. Il invite tous le confrĂšres libĂ©raux Ă rester sereins et ne pas tomber dans le piĂšge des spĂ©culations et d’Ă©viter les dĂ©rapages nuisibles Ă l’image de marque du mĂ©decin pour ne pas dilapider le pool de confiance des citoyens et de la considĂ©ration des autoritĂ©s.
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Le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral Dr Mohamed Rabeh ChaĂbi
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NDLR : Le fait que nous publiions ces prĂ©cisions qui se prĂ©tendent ĂȘtre un droit de rĂ©ponse, prouve notre souci de transparence. Dans cet Ă©pineux dossier de la rĂ©forme de l’assurance-maladie, notre journal a fait Ă©tat, au jour le jour, de toutes les Ă©tapes, de toutes les nĂ©gociations, de tous les enjeux, donnant la parole Ă l’administration, aux corporations et aux corps de mĂ©tiers concernĂ©s par cette rĂ©forme. Notre journal n’est le porte-parole d’aucune corporation, d’aucun syndicat et d’aucune administration que ce soient. Nous nous Ă©tonnons que M. Mohamed Rabah ChaĂŻbi juge que nous n’ayons pas « malheureusement » pas publiĂ© leur communiquĂ© du 29 fĂ©vrier alors qu’il est le premier Ă savoir que l’organisme qu’il reprĂ©sente ne nous permet pas d’assister Ă leurs assises (Commission Administrative, Conseil National, etc…) et ne diffuse pas Ă©quitablement l’information.
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(Source : « Le Temps » (Quotidien â Tunis), le 23 mars 2008)
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