23 février 2011

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في كل يوم، نساهم بجهدنا في تقديم إعلام أفضل وأرقى عن بلدنا، تونس

Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to a better information about our country, Tunisia

TUNISTUNISNEWS NEWS 10ème année, N°3928 du 23.02.2011


An-Nahdha condemns recent acts of aggression againstindividuals and places of worship

Communiqué du Mouvement Ettajdid:  Solidarité avec la Révolution duPeople Libyen

Libye– Communiqué de l’association  Français-du-Monde – ADFE – Tunisie

France – Tunisie: pour le respect mutuel et une coopération véritable

HENDHAROUNI: LE MINISTRE DE L’INTERIEUR EST APPELE A PRESENTER SES EXCUSES A NOTREPEUPLE TUNISIEN

Mahmoud Ben Ammar: Ensemble pour l’ensemble.

ReportersWithout Borders: MIDDLE-EAST / NORTH AFRICA – Media continue to be targets asgovernments crack down on protests

Reporters Without Borders: MOYEN-ORIENT/AFRIQUE DU NORD – Les médiascontinuent à être la cible des campagnes de repression

C.R.L.D.H:Une délégation a parcouru la Tunisie du 13 au 17 février

Marie Barbier: Sur la Côte d’Azur, la chasse aux Tunisiens bat son plein

Hédi KHAZNAGI: Les absents de larévolution L’ambassadeurde France en Tunisie fragilisé

Lefragile printemps des libertés tunisien

Pour une révolution du langage

MondherSfar: La Révolution tunisienne et la culpabilité de l’Occident

Tarak Ben Salah: D’abord la confianceet la loyauté pour sortir de l’humiliation et du totalitarisme ! 


An-Nahdha condemns recent acts of aggressionagainst individuals and places of worship


Press Release

 

A number of protests have been reportedrecently targeting alcohol sellers, brothels and even places of worship, someof which were characterized by threats and compulsion.

An-Nahdha Movement, which is committed todemocratic methods and whose aims are clearly stated in its Constitution:

1.     Stronglyrejects and condemns all forms of aggression, threats or compulsion againstindividuals, premises or places of worship under any pretext and regardless of their perpetrators, and considers them to be an attack on thedemocratic principles upon which it wishes our society to be established, theprinciples of citizenship under which all are equal in terms of their rightsand obligations, where everyone fully enjoys individual and public freedoms,and where society evolves within the mechanisms of open dialogue, far fromcompulsion or threats.

2.     Calls onthe authorities to reveal the facts behind these incidents and theirperpetrators, to avoid confusion, generalization and political exploitation.

3.     Considersthe country’s priorities in this critical period to be the achievement of theaims of the revolution in establishing democracy and equitable development andto stand against the attempts to abort or contain the revolution. Suchincidents must not derail or distract our country from its priorities nor beexploited by internal and external parties.

4.     Considersthat any change or reform aimed at realizing the values of Islam must befounded on dialogue, persuasion and the avoidance of compulsion and aggression whileremaining committed to respect for freedom of conscience, the sanctity ofplaces of worship and the various rights and cultural and religious specifities guaranteed by laws and all religions.

Tunis, 16 Rabi’ al-Awwal 1432

19 February 2011

Rached Ghannouchi

Chairman of an-Nahdha Movement


Communiquédu Mouvement Ettajdid:

Solidaritéavec la Révolution du People Libyen


Le Mouvement Ettajdid exprime ses vivesprotestations contre la répression sanglante par les forces de policelibyennes, aidées par des bandes de mercenaires étrangers, des manifestationspacifiques de larges couches de la population exigeant la reconnaissance deslibertés et la lutte contre la corruption qui règne dans les milieux dupouvoir, y compris chez  le colonel Kaddafi qui tient sans partage lesrênes du pouvoir depuis plus de quarante ans.

Le Mouvement s’incline respectueusement à lamémoire des martyrs de la révolution libyenne, héritiers du grand militantlibyen et maghrébin Omar Mokhtar.

 Il adresse un message de solidarité etde sympathie au peuple libyen frère et appelle toutes les forces démocratiquesdans le monde à accentuer leur pression sur le pouvoir dictatorial libyen afinqu’il mette un terme à la tuerie en cours et accède immédiatement auxrevendications légitimes des manifestants.

 

Tunis, le 21 février 2011

 

p. le Mouvement Ettajdid

Jounaïdi Abdeljaoued


Libye – Communiqué de l’association  Français-du-Monde – ADFE –Tunisie


Tunis,le 23 février 2011

 

Français-du-Monde – ADFE – Tunisie  exprime laplus véhémente protestation devant l’épouvantable répression exercée contre lepeuple libyen par le dictateur Khadafi au pouvoir depuis 40 ans. Le peuple deLibye qui, comme de nombreux autres peuples du Monde Arabe, manifestepacifiquement pour la liberté, la démocratie et la justice, subit de violentesattaques recourant à des troupes de mercenaires et utilisant l’aviation et desarmes de guerre. La folie meurtrière du dictateur exprimée par ses discours etpar ses actes, réprouvée par nombre de responsables libyens civils oumilitaires, a déjà fait des centaines de morts et d’innombrables blessés. Les secours sont empêchés de se porter auprès des victimes. Nousexprimons notre profonde solidarité et notre admiration pour le courage et ladétermination du peuple libyen en lutte et notre espoir en sa victoire. Nousdemandons à la communauté internationale de faire tout ce qui est en sonpouvoir pour mettre fin aux crimes de la clique irresponsable qui se maintientau pouvoir par la force.

 

Association  Français-du-Monde –ADFE – Tunisie


France – Tunisie: pour le respect mutuel et une coopération véritable


 

Tunis,le 23 février 2011

 

 

Membresde l’association  Français-du-Monde – ADFE – Tunisie, nous sommestémoins de la marche irréversible du peuple tunisien vers une société fondée surla justice, la liberté et la dignité, valeurs républicaines universelles dontl’affirmation a également jalonné l’histoire de la nation française. En ce moment crucial, nous tenons à ce que la politique de la Franceenvers la Tunisie réponde à ces aspirations.

 

Jusqu’au13 janvier au soir, le président N.Sarkozy et son gouvernement se sontillustrés par leur soutien au régime de Ben Ali. Depuis le 14 janvier, ils affichent apparemment un revirement total decette politique. Mais nous constatons malheureusement que la politiqueétrangère de la France est toujours menée par la ministre qui a proposé del’aide à la police de Ben Ali jusqu’à la veille de sa chute, et que le nouvelambassadeur de France en Tunisie, connu pour avoir pris la défense du dictateurlibyen et approuvé l’intervention militaire américaine en Irak, a manifesté dèsson arrivée une grossièreté méprisante envers les journalistes tunisiens,suscitant une réaction de rejet justifiée.

 

Nous condamnons son attitude, inadmissible de la part dureprésentant officiel de la France, et demandons fermement à notre gouvernementde faire en sorte que de tels incidents ne se reproduisent plus. Nous estimonsqu’il est indispensable de mettre en œuvre effectivement avec la Tunisie unepolitique de respect mutuel et de coopération véritable.

 

Association  Français-du-Monde –ADFE – Tunisie


LE MINISTRE DE L’INTERIEUR EST APPELE A PRESENTER SES EXCUSES A NOTREPEUPLE TUNISIEN


QUANT A SES ACCUSATIONS PRECIPITEES FACE AU MEURTRE DUPRETRE POLONAIS AVANT LE RESULTAT DE L’ ENQUETE

 

Au nom d’Allah Le Clément et Le Miséricordieuxet la Prière & la paix Soient sur notre Prophète Loyal et Sincère Mohamed

Tunis le 22 février 2011-19 Rabii Al Awal 1432

 

En tant que citoyenne Tunisienne, je demande à ce quele Ministre de l’Intérieur du Gouvernement Provisoire en Tunisie diffuse uncommuniqué dans lequel il présente ses excuses au Peuple Tunisien relatif àl’assassinat du Prêtre Polonais perpétré par « un menuisier » del’établissement selon le communiqué du ministère de l’Intérieur d’hier suivantle journal « La Presse » de ce matin le Mardi 22 Février 2011 :« Assassinat du Prêtre Polonais – Arrestation du meurtrier » etdonc les fausses accusations que Monsieur le Ministre s’est précipité dediffuser en orientant ses soupçons vers « des terroristes, intégristes… » et ce avant le résultat de l’enquête ont engendré une certaineconfusion au niveau de la population.

Le Peuple Tunisien est très conscient qu’il n’ya pasce que certains appellent « intégristes ou par la suite terroristes ouautres … » et donc ce genre d’accusations infondées n’ont plus de placedans notre pays, ben ali a bien produit des accusations à gogo du même genrepour à la fois remplir ses prisons et ses poches.

Nous sommes un peuple tolérant, voire éveillé ET NOUSAVONS IMMEDIATEMENT COMPRIS QUE CET ACTE N’AVAIT AUCUN RAPPORT AVEC DES PARTIESTELLES QUE PEJORATIVEMENT QUALIFIEES PAR MONSIEUR LE MINISTRE DE l’INTERIEURACTUEL.

Même la pure et simple logique assure la réalitésuivante : après la Révolution pacifique et exemplaire de notre PeupleTunisien pour la liberté et la dignité, ce peuple n’a pas besoin d’avoirrecours à la violence car il est libre. En plus, notre peuple n’a jamais faitappel à de tels actes de violences alors qu’il était sous la dictature et laviolence atroce et même écrasante de ben ali et de son régime policier.

Par conséquent, il ne faut pas accuser les gens à tortet à travers sans qu’une enquête légale et transparente ne soit achevée sur labase d’un jugement équitable et dont l’opinion publique Nationale etInternationale en soit bien informée pour éviter le chaos car il y va aussi dela crédibilité de l’état de droit et des institutions.

Ceci est le dernier paragraphe de l’article de« La presse »: « Le ministère a dénoncé cette vile agression,exprimant sa satisfaction de l’absence d’implication de toute tendancepolitique dans ce crime ». « sa satisfaction » implique lanécessité de satisfaire toutes les tendances politiques et le peuple Tunisienen lui adressant des excuses relatives aux soupçons initiaux erronés d’une partet de garantir à ce que de telles accusations infondées ne se reproduisent plusdans notre pays quece soit antérieurement  ou ultérieurement par rapport à la commission descrimes car de telles accusations signifient l’utilisation de la religion à desfins politiques en arabe : « توظيفالدين لأغراضسياسية » comme le disait benali et son régime afin d’exclure ses opposants « Islamistes » et bienmanipuler le peuple Tunisien sous une dictature « durable ».

Notre Tunisie libérée du dictateur doit l’être égalementde la dictature qui n’a que trop duré et qu’il est temps de rompre avec lepassé une fois pour toute./.

 

ECRIT PAR HEND HAROUNI DE LA TUNISIE LIBRE


Ensemble pour l’ensemble.


      En dehors de la restructurationde l’administration vieillotte et asphyxiée par des habitudes bureaucratiquesnauséabondes, la tâcheà remplir par tout gouvernement, au sein de la société tunisienne,est celle de l’emploi. Il n’est pas un domaine qui ne soit touché par lechômage, sauf le mécontentement. Mis à part un programme large et général àmettre en œuvre, dans chaque secteur, par un investissement  approprié,après étude en profondeur, des priorités du pays, beaucoup d’opportunitésseraient offertes par un aménagement judicieux et une meilleure organisation dece qui existe, déjà.     Il y a des secteurs d’activitéspénibles, desquels on peut libérer des postes à pourvoir, au-delà  devingt ans d’exercice, par exemple, où le rendement est souvent à apprécier. Jepense à l’enseignement, aussi bien en maternelle, que dans le primaire ou lesecondaire.

 

Egalement, là où les classes sont surchargées, on peutrépartir les élèves en plus petits nombres. Cela créera des postessupplémentaires d’enseignants, mais aussi donnera plus de temps réservé àchaque élève, et les résultats scolaires ne peuvent que s’en ressentir, et delà le niveau de formation, puis la qualité des diplômes.

 

Dans les services hospitaliers d’urgence aussi, il y amoyen de faire de même. Là oùl’on travaille de nuit également, les exemples sont divers et variés. Ces deux volets sontdéterminants quant à la concrétisation de tout capital humain.

 

   Dans le secteur de transport, beaucoup de« taxistes » et « louagistes » possèdent plus d’unvéhicule. Souvent il s’agit d’indics du régime de « BENAVI », etpossèdent en plus d’autres moyens de rentes, tels que de l’immobilier louépar-ci, un local commercial par-là, plus une fonction bien rémunérée. Là aussi,beaucoup d’opportunités sont à dégager pour des gens dans le besoin. On ne peuxplus avoir le beurre et l’argent du beurre. Les temps doivent changerdéfinitivement.

 

   Comme je l’ai écrit, il y a plus de vingtans, quant la France est partie de chez nous, en 1956, il n’y avait guère demillionnaires parmi nous. Si donc des fortunes se sont constituées par lasuite, au fil des années, c’est grâce aux prêts bancaires, entre autres. Leproblème est que ces fonds n’étaient accessibles qu’aux acolytes de BOURGUIBA,puis de BEN ALI. A telle enseigne que malgré l’accumulation des crédits, cesont toujours les mêmes qui raflaient les mises. Et qui avaient l’honneur desubventions de toutes sortes. Plus les exonérations fiscales. Ces richesses sesont donc multipliées sur le compte de milliers d’autres potentialités, souventmême plus appropriées, si jamais elles auraient été sélectionnées J’avaissuggéré que ces gens reversent à la caisse, et par conséquent à la Caisse, en pensantà la Caisse Nationale de  la Sécurité Sociale. Qu’elle ne fut ma déceptionquant j’avais vite constaté que la Caisse n’était autre que la création 26-26.

 

  Le Baudet « BENAVI » avaitinterprété, qu’il fallait le récompenser pour avoir renversé le muletBOURGUIBA  le  07 Novembre 1987.Personne ne peut nous convaincre que,ces gavés ont le droit de garder pour eux, cet argent du peuple. Des hôteliersparmi ces gens vont, indécence oblige, jusqu’à interdire à des tunisiens,d’entrer dans « leurs hôtels » de différents calibres, sous pretextque c’est réservé, inclusif ou complet. Surtout en été, saison où beaucoup decitoyens voudraient profiter des infrastructures de leur pays. Et qui s’entrouvent refoulés, par la mafia constituée. Dois-je rappeler que les hôtels,comme des usines et autres lieus de villégiatures, sont pour la plupartconstruits sur des terrains particuliers, dont on a spolié les proprios, sousla menace, au lieu de leur permettre de les construire sur leur terrain. Il estclair que là, la colonisation est bien caractérisée parmi nous. Nos caïmanssont dans tous les secteurs économiques, à haute valeur ajoutée. Ils tirent surtout ce qui bouge, depuis que leur parrain en chef ZABA BABA, et ses SEPTfamilles pilleuses, se sont solidement incrustés. Ainsi donc, un petit effortfinancier de votre part, chers goinfres, serait le bienvenu, pour aider àreconstruire le pays. Les fortunes du palais de Carthage y apporteront du leur.Plus celles de ce beau monde, ayant pris les airs, à rapatrier. D’ailleurs, ona tellement eu peur des jalousies qu’on n’a laissé filmer la caméra, qu’aprèsavoir maintes fois inspecté l’endroit et mémorisé la manne, des joursdurant.      RABAM, de tous mes voeux.

MahmoudBen Ammar


MIDDLE-EAST / NORTH AFRICA – Media continue to be targets as governmentscrack down on protests


As more and more people take to thestreets in Libya, Bahrain and Yemen to demand democratic reforms and change,the authorities in these countries are responding with violence and arecracking down on the journalists who try to cover these protests.

Libya

The Libyan authorities have imposed a newsblackout on what is going in the country. It was already very difficult tointerview people on the spot before the government began to trying to crush theuprising. It is now virtually impossible for a journalist to work. The fewforeign correspondents who were already in Libya before the crisis are keptunder extremely close surveillance and have to restrict their movements.

Many foreign journalists are trying to getto Libya, some of them across the land border with Tunisia. Ben Wedeman,a CNN journalist managed to enter the country yesterdaymorning across the Egyptian border. Some Egyptian journalists also managed toenter from Egypt on the evening of 21 February.

The pan-Arab satellite TV station AlJazeera has accused the Libyan intelligence services of jamming itssignal in Libya since 20 February. Its website is also inaccessible throughoutthe country. The Lebanese TV stations National Broadcasting Network,Al-Jadeed and Al-Manarhave also said they are beingjammed.

Reporters Without Borders has been unableto obtain any information as to the whereabouts of Atef El-Atrash,a journalist with the newspaper Quryna, since 18 February, a dayafter he spoke on Al Jazeera about the demonstrations inBenghazi (http://www.cpj.org/2011/02/libyan-journalist-missing-media-attacked-in-libya.php).

According to network security companiesArbor Networks and Renesys, the Internet has been cut several times since 18February. Traffic has been partially restored but continues to experience agreat deal of disruption. Reporters Without Borders was also told that alltelephone services, both fixed and mobile, have been cut since 21 February.

The official media have been targeted byanti-government protesters. Demonstrators in Tripoli ransacked the premises ofthe Al-Jamahiriya 2TV station and Al-Shababia publicradio station on 20 February. Al-Jamahiriya 2 did notbroadcast that evening but resumed the next day. According to Foreign Policy,demonstrators took over a public radio station in Benghazi and appealed on theair to international media to cover the repression being orchestrated by “thecriminal Gaddafi.”

In their public statements, Libyan leaderMuammar Gaddafi and his son Seif Al-Islam have openly blamed foreigners for thechaos. “Do not believe these dogs, these TV stations,” Gaddafi said on 21February.

Yemen

The violence against journalists has beencontinuing in Yemen.

In one of the latest incidents, securityforces assaulted Zaki Saqladi, a correspondent of the newswebsite AlmasdarOnline, yesterday in the southern province ofAd-Dali, confiscating his car and his camera.

Swiss Info correspondent Abdel-Karim Salam wasthe victim of a particularly violent attack while covering a sit-in outsideSanaa university on 20 February and had to be hospitalized.

Eighteen employees of Al-Yaqeen,an independent newspaper based in Aden, were arbitrarily arrested on 18February and were taken to the Aden governorate security headquarters.Editor Abdullah Masleh said the arrests were carried out by aspecial unit assigned to combating piracy and banditry. The newspaper had giventhe recent demonstrations a lot of coverage, naming people who had been killedor injured. It also published interviews with the head of the Socialist Partyparliamentary group and a political scientist, who discussed the possibility ofthe Egyptian revolution spreading to Yemen. This is the second arrest of alarge number of journalists in a month. Fifteen were arbitrarily arrested atthe end of January.

On 18 February, a group of ruling partysupporters attacked Hamoud Munser, the head of the Sanaabureau of the Dubai-based satellite TV station Al-Arabiya, and an Al-Arabiya cameraman,who was hospitalized. Awsan Al-Qaatabi, the correspondent ofIran’s Al-Alam TV, and Qatar TV cameraman YasserAl-Maamari were also attacked while covering a demonstration in theSanaa district known as Kentucky.

Bushra Al-Maqtari, a freelancer who works for the Marebpress website,was injured by fragments of a grenade thrown by ruling party supporters in thesouthern city of Taez on 18 February. She was covering a sit-in bydemonstrators on a square they have dubbed “Liberation Square” in honour of theEgyptian uprising. Tom Finn, a reporter for the London-based Guardian newspaper,was attacked on 17 February by a group of men armed with sticks, who tried totake his camera.

Bahrain

The Bahraini security forces hadpreviously been restrained in the way they obstructed journalists but snipersin a helicopter fired at New York Times reporter MichaelSlackman and cameraman Sean Patrick Farrell as theywere filming the violence in Manama’s Pearl Square on 18 February.

The US network security company ArborNetworks reports a 20 per cent decrease in Internet traffic in and out ofBahrain in recent days, which suggests that the authorities are filteringonline content in response to the unrest. Connection speeds have also slowedright down.

Late yesterday evening, the authoritiesnonetheless released 25 human rights and opposition activists who had been ontrial since 28 October. They included Ali Abdulemam and AbdeljalilAl-Singace, two bloggers who were arrested on 4 September. ReportersWithout Borders welcomes their release while continuing to deplore thearbitrary way they were arrested and detained.

They were mistreated and tortured, whileall the fundamental rights enshrined in international treaties signed andratified by Bahrain were repeatedly flouted during the trial. Nabeel Rajab ofthe Bahrain Centre for Human Rights told CNN that, in all, about 100 politicalprisoners had been freed but another 400 or so were still held.

An academic and head of the pro-democracyand civil liberties movement Al Haq, Al-Singace was previously arrested in 2009for allegedly trying to destabilise the government because he used his blog (http://alsingace.katib.org) to denounce the deplorable state of civil libertiesand discrimination against Bahrain’s Shiite population.

Abdulemam, a very active blogger andregarded as one Bahrain’s Internet pioneers, was accused of disseminating falseinformation on the pro-democracy forum BahrainOnline.org, a website that gets100,000 visitors a day although access is blocked within Bahrain. A contributorto the international bloggers network Global Voices, he has taken part in manyinternational conferences at which he has denounced human rights violations inBahrain. He was previously arrested in 2005 for criticising the government onhis blog.

Iran

Several sources in Iran have toldReporters Without Borders that the authorities have again been blocking theInternet and mobile phone networks since the start of a big protest at 3 p.m.on 20 February. Internet connections have been slowed right down or entirelydisconnected in certain neighbourhoods in Tehran, Isfahan, Shiraz and Mashad,making it hard or impossible to browse or send emails. SMS services have beencut since midday on 20 February in several regions, preventing use of Twitter.

There has been heavy jamming of the BBC and Voiceof America, while it has become very hard to access Gmail, AOL and Yahoo!in several regions.

Cyber-attacks on independent news websitesand opposition sites are continuing. The Voice of America websitewas temporarily taken offline on 21 February after Iran’s “Cyber Army” hackedinto it and posted its own messages (see illustration). The Cyber Army’screation was announced on 20 May 2010 by Ebrahim Jabari, one of the commandersof the Revolutionary Guards. It has been responsible for acts of censorshipagainst websites and networks deemed to be “destructive” and for the arrests ofhundreds of netizens. Its website targets have included Twitter and RadioZamaneh.

READ: http://en.rsf.org/middle-east-north-africa-media-continue-to-be-targets-as-23-02-2011,39604.html

Soazig Dollet Bureau Afrique du Nord & Moyen-Orient / North Africa & Middle-EastDesk  Reporters sans frontières / Reporters Without Borders


MOYEN-ORIENT/AFRIQUE DU NORD – Les médias continuent à être la cible descampagnes de répression


Alors que les mouvements de protestations’amplifient en Libye, au Bahreïn et au Yémen, demandant réformes etchangements démocratiques, les autorités ont choisi de répondre par la violenceet de réprimer les journalistes qui tentent de couvrir les manifestations.

Libye

Les autorités libyennes imposent unblack-out de l’information sur les événements dans le pays. Il était déjà trèsdifficile de recueillir des témoignages de personnes sur place avant le débutde la répression de l’insurrection populaire. Il est maintenant devenuquasiment impossible pour un journaliste de faire son travail. Les rarescorrespondants étrangers présents sur place avant la crise sont extrêmementsurveillés, aussi limitent-ils leurs déplacements.

De nombreux journalistes étrangers cherchent à se rendre en Libye,notamment via le frontière tunisienne. Ben Wedeman, journaliste deCNN,a pu entrer dans le pays, le 22 février 2011, au matin par la frontièreégyptienne. Des journalistes égyptiens ont également pu entrer dans la soiréedu 21 février, également depuis l’Egypte.

La chaîne satellitaire Al-Jazeera accuse lesservices de renseignements libyens de brouiller, depuis le 20 février, sonsignal dans le pays. Le site Internet de la chaîne est inaccessible partout enLibye. Les chaînes libanaises National Broadcasting Network, Al-Jadeed et Al-Manar dénoncentégalement des brouillages.

En outre, l’organisation est sans nouvelles d’Atef El-Atrash,journaliste pour le journal Quryna depuis le 18 févrierdernier. La veille, il était intervenu en direct sur Al-Jazeera pourcommenter les manifestations de Benghazi (http://www.cpj.org/2011/02/libyan-journalist-missing-media-attacked-in-libya.php).

Selon les sociétés Arbor Networks etRenesys, Internet aurait été coupé à plusieurs reprises depuis le 18 février.Le trafic aurait repris partiellement mais resterait très perturbé. Reporterssans frontières a reçu des informations selon lesquelles toutes les connectionstéléphoniques, sur lignes fixes et mobiles, auraient été coupées depuis le 21février.

D’autre part, les médias officiels ont étépris pour cible par des manifestants anti-gouvernementaux. Les locaux de lachaîne Al-Jamahiriya 2 et ceux de la radio publique Al-Shababia ontété saccagés, le 20 février, par des manifestants à Tripoli. La diffusion de lachaîne, suspendue dans la soirée, a repris le lendemain. Selon le ForeignPolicy, des manifestants se sont emparés d’une station de radio publique àBenghazi, confisquant l’antenne et appelant les médias internationaux à couvrirla répression orchestrée par “le criminel Qadhafi”.

Dans leurs interventions publiques,Muammar Qadhafi et son fils Seif Al-Islam ont clairement accusé l’étrangerd’avoir perpétré chaos. Le 21 février, Muammar Qadhafi traitent les télévisions étrangèresde « chiens errants”.

Yémen

Au Yémen également, les violences à l’encontre des professionnelsde l’information se poursuivent.

Ainsi, le 22 février 2011, les forces de l’ordre ont agressé lecorrespondant du journal en ligne AlmasdaronlineZakiSaqladi, dans province d’Ad-Dali (sud du pays), avant de confisquer sonvéhicule et son appareil photo.

Abdel-Karim Salam, correspondant de Swiss Info, a étévictime d’une agression violente le 20 février dernier, alors qu’il couvrait unsit-in devant l’université de Sanaa. Il a été transféré à l’hôpital.

Le 18 février dernier à Aden, les forcesde l’ordre yéménites ont arrêté de manière arbitraire 18 collaborateurs dujournal indépendant Al-Yaqin. Ils ont été transférés au siègede la sécurité du gouvernorat. Selon le rédacteur en chef du journal, AbdullahMasleh, ils ont été arrêtés par l’unité spécialisée dans la lutte contre lepiratage et le banditisme. Le journal avait largement couvert lesmanifestations récentes, mentionnant les noms des morts et des blessés. Ilavait également publié l’interview du président du groupe parlementaire duParti socialiste et celle d’un politologue yéménite qui expliquaient lapossibilité d’une contagion de la révolution égyptienne au Yémen. C’est ladeuxième arrestation massive de professionnels de l’information au Yémen depuisle début de l’année 2011. A la fin du mois de janvier, 15 journalistes avaientdéjà été enlevés.

Un groupe de sympathisants du parti au pouvoir a attaqué ledirecteur du bureau d’Al-Arabiya à Sanaa, Hamoud Munser,et un cameraman de la chaîne. Ce dernier a été hospitalisé. Ont également étéagressés un correspondant de la chaîne iranienne Al-’Alam TV,AwsanAl-Qaatabi, et le cameraman de Qatar TV, YasserAl-Maamari, alors qu’ils couvraient une manifestation dans le quartierKentucky de la capitale.

La journaliste freelance Bushra Al-Maqtari, qui a,entre autre, contribué au site Marebpress, a été blessée, le 18février, dans la province de Taez, par les projectile d’une bombe lancée pardes sympathisants du parti au pouvoir. Elle se trouvait sur la place,rebaptisée “Place de la Libération” par les manifestants, en référence àl’insurrection en Egypte. Le veille, le correspondant du GuardianTomFinn, a été attaqué par un groupe d’hommes portant des bâtons. Ils onttenté de confisquer sa caméra.

Bahreïn

Si les forces de sécurité avaient jusqu’alors fait preuve deretenue dans leur façon d’entraver le travail des journalistes, le 18 février,un hélicoptère et des snipers ont tiré sur le journaliste MichaelSlackman et le cameraman Sean Patrick Farrell du NewYork Times, qui filmaient les violences se déroulant sur la place de laPerle à Manama.

Selon l’entreprise américaine de sécurité informatique ArborNetworks, le trafic Internet depuis et vers le Bahreïn aurait diminué d’environ20 % ces derniers jours, ce qui pourrait suggérer que le pays a intensifiéson filtrage du Net en réponse aux troubles. La vitesse de la bande passante aété fortement ralentie.

Cependant, les autorités ont libéré, le 22 février tard dans la soirée,25 militants de l’opposition et des droits de l’homme, dont les blogueursAliAbdulemam et Abdeljalil Al-Singace, arrêtés le 4 septembre2010 dont le procès s’était ouvert le 28 octobre 2010. Reporters sansfrontières salue ces libérations, mais condamne l’arrestation arbitraire et lemaintien en détention de ces militants des droits de l’homme. Victimes de mauvais traitements et d’actes de torture,ils étaient jugés dans le cadre d’un procès inique au cours duquel ont étélargement bafoués les droits fondamentaux inscrits dans les conventionsinternationales signées et ratifiées par le Bahreïn. Nabeel Rajab, directeur duBahrain Center for Human Rights, a déclaré à CNN qu’une centaine de prisonnierspolitiques avaient été libérés, mais qu’environ 400 sont toujours détenus.

Abdeljalil Al-Singace, directeur d’Al Haq(mouvement pour les libertés civiles et la démocratie) et universitaire avaitdéjà été arrêté en 2009 pour avoir prétendument lancé une campagne dedéstabilisation contre le gouvernement. Il dénonçait sur son blog (http://alsingace.katib.org) les discriminations à l’égard des chiites, ainsi quel’état déplorable des libertés publiques dans son pays. Ali Abdulemam, unblogueur très actif, est considéré par les net-citoyens du pays comme unpionnier d’Internet dans le pays. Il était accusé d’avoir diffusé de faussesinformations sur le forum BahrainOnline.org, pro-démocratique et bloqué auBahreïn malgré ses 100 000 visiteurs par jour. Collaborateur du réseau mondialde blogueurs Global Voices, il est intervenu dans de nombreuses conférencesinternationales pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme à Bahrein. Il avaitdéjà été arrêté en 2005 pour des écrits critiques du régime sur son blog.

Iran

D’après plusieurs sources contactées par Reporters sans frontièresen Iran, les autorités du pays ont à nouveau bloqué Internet et les réseaux detéléphones mobiles, et ce dès le début de la manifestation du 20 février à 15heures. Les connexions Internet ont été fortementralenties, voire coupées dans certains quartiers, notamment à Téhéran, Ispahanet Shiraz, Mashad, rendant de facto la navigation et l’envoi d’emailsdifficiles, voire impossibles. Le réseau de SMS a été coupé dès le 20 février àmidi, dans plusieurs régions du pays, empêchant notamment l’usage de Twitter.

Les programmes de la chaînebritannique BBC et de la chaîne américaine Voice ofAmerica (VOA) ont été fortement brouillés. L’accès à Gmail, AOL etYahoo ! a été rendu très difficile dans plusieurs régions.

Les attaques contre les sitesd’information indépendants et les sites proches de l’opposition continuent. Le21 février 2011, le site de Voice of America a été hacké,suite à des attaques menées par la « cyber-armée » iranienne (voirl’illustration). La création de cet organe de censure avait été annoncée le 20mai 2010, par Ebrahim Jabari, l’un des commandants des Gardiens de laRévolution. Cette « cyber-armée » est responsable des actions derépression contre les réseaux qualifiés de « destructeurs », et del’arrestation de centaines de Net-citoyens. Parmi ses victimes, plusieurssites, tels que Twitter ou Radio Zamaneh.

Lire: http://fr.rsf.org/maghreb-et-moyen-orient-les-medias-continuent-a-etre-la-23-02-2011,39603.html
Soazig Dollet Bureau Afrique du Nord & Moyen-Orient / North Africa & Middle-EastDesk  Reporters sans frontières / Reporters Without Borders 


Une délégation a parcouru la Tunisie du 13 au 17 février


  

Une délégation* a accompagné le retour en Tunisie, le 13 février,de Mouhieddine Cherbib, membre fondateur du Comité pour le respectdes libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) et ancien présidentde la Fédération des Tunisiens pour la citoyenneté des deux rives (FTCR),condamné en 2008, lors du procès des leaders du mouvement social du Bassinminier de Gafsa, à deux ans de prison ferme pour son soutien en France à cettelutte1.

Mouhieddine Cherbib ayant fait opposition à cette condamnation parcontumace, il a été entendu le 16 février par le tribunal de Gafsa, mais, desmanifestations empêchant son fonctionnement normal (dues, selon des magistrats,à ce que des membres des familles de condamnés pour délits ou crimes de droitcommun ont été payés par des éléments de l’ancien régime pour les menacer enexigeant la libération de ces détenus), son procès a été renvoyé au 21 avril.Il sera l’occasion de dénoncer l’arbitraire de la justice tunisienne sous lerégime de Ben Ali et de poser les questions relatives à la réforme dusystème judiciaire pour une justice indépendante et impartiale.

La délégation a également rencontré à Ras El Djebel, dans le nordde la Tunisie, des acteurs de la révolution et des familles de martyrs. Elle arendu visite à Bizerte à Ali Ben Salem, doyen desmilitants des droits de l’Homme et président de la section deBizerte dela LTDH. Au siège de la LTDH à Tunis libéréde la pression permanente de la police, elle a rencontré différentescomposantes de la société civile tunisienne. Reçue à Redeyef parla population du Bassin minier, à Sidi Bouzid par les avocatset les militants du soulèvement, et, à Kasserine par lesjeunes, les familles de martyrs de la révolution et la population, elle a pumesurer le courage, la lucidité et la maturité de ces personnes ainsi quel’importance de leurs attentes quant à l’urgence des mesures sociales, et leurvigilance pour l’élimination des traces de l’ancien régime et la nécessaireconstruction d’authentiques institutions démocratiques.

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Hommage à Said Bouziri

combattant de la démocratie 

La délégation* a participé le 17 février à un hommage au militantassociatif tunisien en France, combattant de la démocratie et membre du bureaunational de la LDH Saïd Bouziri, disparu tragiquement en 2009, organisé sur satombe à Tunis par la LTDH, la LDH, la FTCR et le CRLDHT, après avoir visité safamille et s’être entretenu avec ses frères et sœurs, sa mère âgée de 80 ans,cousine du militant historique du nationalisme tunisien Salah BenYoussef, et son père âgé de 94 ans.  Mokhtar Trifi et KhémaiesKsila président et SG de la LTDH et Fahem Boukadous Journaliste,ont participé à cet hommage  au cimetière  El-Jallaz à Tunis.

1La délégation était composée de SouhayerBelhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droitsde l’Homme (FIDH), Alima Boumedienne, sénatrice, Les Verts-Europeécologie, Michel  Debon, Solidarité laïque, BernardDréano, Cédétim, Driss El Kherchi,(13 et 14/02) présidentde l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) ; DanielFeurtet, Parti communiste français, MonseigneurJacques GaillotRazziHammadi, (13/02) secrétaire national du Parti socialiste, KamelJendoubi, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme(REMDH), Jamel Jeni, président de l’Association maghrébine desdroits de la personne au Canada, Abdesslem Lahcen Omar, Associationdes familles des prisonniers et disparus Sahraouis, Philippe Legrand,LDH Nantes, Collectif nantais de soutien aux Tunisiens de Redeyef, GillesManceron, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), MohamedNemri, ATMF Argenteuil, Saïd Tahri, ATMF GiovannaTanzarella, (14/02)  Fondatiion René Seydoux pour le MondeMéditerranéen,

2- Abdessatar Benmoussa Ancien bâtonnier, MessaoudRomdhani porte parole du Comité de soutien à la population du BassinMinier, Abderrahman Hédhili membre du comité directeur de laLTDH, Afef Benaceur porte parole du Comité des chômeursdiplômes de Gafsa,  Ridha Raddaoui, Avocat des prisonniers duBassin minier de Gafsa, Faten Khlaifi, militante à Gafsa, KhémaiesKSILA Secretaire Général de la LTDH ont accompagné la délégation.

Comité pour le respect des libertés et desdroits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) – Association des Travailleurs Maghrébinsen France (ATMF) – Ligue des droits de l’Homme (LDH) – Réseaueuro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) – Cédétim – Associationmaghrébine des droits de la personne au Canada – Collectif nantais desoutien aux Tunisiens de Redeyef – Fédération des Tunisiens pour lacitoyenneté des deux rives (FTCR)- Fédération internationale des ligues desdroits de l’Homme (FIDH)

Paris le 22 Février2011

 


Sur la Côted’Azur, la chasse aux Tunisiens bat son plein


23 février 11:31

Dans leur hâte à expulser les Tunisiens arrivés en France ces dernières semaines dans la zone frontalière avec l’Italie, les autorités n’hésitent pas à passer outre le droit. Á Cannes, les policiers sont incités à les arrêter « en priorité ». L’arrivée dans le sud-est de la France de quelques dizaines de Tunisiens serait-elle en train de faire perdre la tête aux autorités françaises ? Depuis le début du mois, la préfecture des Alpes-Maritimes a enregistré 113 interpellations de Tunisiens, soit une augmentation « significative ». Les autorités ont donc sorti l’artillerie lourde : renforts de CRS, augmentation des patrouilles de surveillance, sur les routes, les voies ferroviaires et maritimes, mais aussi consignes discriminatoires et multiplication des atteintes aux droits. Ainsi, le commissariat de Cannes a vu afficher sur ses murs, durant tout le week-end, une note dactylographiée incitant à arrêter en priorité les Tunisiens. Elle demande aux fonctionnaires de la CSP (circonscription de sécurité publique) d’« interpeller les étrangers en situation irrégulière de nationalité tunisienne dans la gare et aux abords samedi et dimanche ». Dénoncée par le syndicat Unité SGP Police, cette note interne a été retirée dimanche soir, la préfecture précisant que « le renforcement du dispositif de surveillance et de mise en ouvre des mesures de reconduite à la frontière s’applique à tous les étrangers en situation irrégulière quelle que soit leur nationalité ». Sauf que ce sont bien les Tunisiens qui remplissent actuellement les centres de rétention administrative (CRA) du sud-est de la France. Celui de Nice compte à lui seul 21 Tunisiens pour 38 places. Á Nîmes, le CRA, fermé à cause d’une épidémie de gale la semaine dernière, a rouvert vendredi pour 20 Tunisiens. Cinq devaient encore arriver hier. « Hâtives », d’après les associations présentes dans les CRA, les procédures se font en dehors des cadres légaux : arrestations et rétentions illégales, usage abusif des menottes, notifications des droits insuffisantes, etc. « Samedi, on a carrément vu la police du CRA saisir le juge des libertés pour prolonger la rétention, témoigne David Rohi, coordonnateur de la mission éloignement à la Cimade. Normalement, c’est au préfet de le faire, donc la saisine a été jugée irrecevable, ils ont été libérés. » L’administration est visiblement pressée de les expulser du territoire français. « Ils ne restent que très peu de temps, indique Assane Ndaw, de Forum réfugiés. Deux, trois jours avant d’être réadmis en Italie ou    reconduits en Tunisie. » Jusqu’à présent, aucun n’a demandé l’asile en France. « Ce sont des jeunes hommes qui souhaitent venir travailler ou rejoindre de la famille, explique David Rohi. Certains sont juste de passage vers d’autres pays européens. Marie Barbier

(source: Voix Tunisiens)

 


Les absents de la révolution


 

 Il y a deux mois  la Tunisies’est révoltée. Le peuple continue à occuper le devant de la scène. Il est surtous les fronts, il est partout où il doit être. Il manifeste contre legouvernement provisoire, contre la censure, contre le dictateur égyptien,contre le dictateur libyen, contre le fanatisme, contre l’ambassadeur français…Agile, alerte, précis, vif, sage, cultivé, démocrate, tenace. Et sa voix, commeune mélodie,  nous vient continuellement pour nous rappeler  lapromesse d’un élan, l’éclat d’une aube sans pareil.

 Et pendant ce temps, il y a des absents,des bavards mystérieusement muets. Ils se sont murés dans un silence quioffense et irrite, un silence qui exprime l’indifférence et la distancevis-à-vis des événements historiques du pays ou qui coule d’un désarroiinexplicable.

 

      –  Il y a des hommes politiques absents, des hommes sans voix:

Les uns se sont engouffrés dansun gouvernement sans légitimité et ils sont devenus illégitimes. Ils se font petits presque transparents, sans mémoire, honteux  et on devine le sens de leur silence. Ils se consument sous les lambris des palais feutrés du pouvoir. On nesait même plus s’ils appartiennent à un parti et s’ils ont eu des idées. On leslaisse au crématorium de l’histoire.

Les autres revenus d’un exilforcé, semblent dans un état d’ivresse.  Ce sont des ex-fans des sixtiesqui cherchent leurs empreintes sur les sables d’antan, sous le charme descrépuscules aux effluves de jasmin. Lesidoles sont sur des nuages.  Laissons leur le temps de revenir sur laterre ferme.

 

    –   Il y ades musiciens et des chanteurs aphones. Les troubadours de l’état déchu ontbeaucoup chanté et loué les décisions avant-gardistes, ils ont tout chantéjusqu’à perdre le souffle, jusqu’à perdre la voix. Ils ont tout chanté, les voila sans répertoire et ils sont dans tous leurs états. Le bruit dela  rue en effervescence accompagne nos jours, mais les troubadours n’ontpas l’oreille assez fine pour ça. Parions qu’ils vont très vite trouver denouvelles mélodies. Laissons leur le temps de sortir de leur silence inouï, onva bientôt entendre leur voix mielleuse.

 

       –  Il y a les artistes de théâtre qui auraient pu organiser desreprésentations au profit des familles touchées dans leur chair et leurs biens.Ils auraient pu s’approprier les plateaux de la télévision pour nous parler desautres révolutions et des espoirs des peuples proches ou lointains. Ils n’ontplus de textes à dire.  Ils regardent le spectacle de la rue. C’est la commedia dell’arte en continu et ils sont sonnés, perdus, ilsvacillent. Ils ne peuvent  rivaliser avec les acteurs de la rue qui sont au sommet de leur art, ils abandonnent la scène, toutes les scènes. C’estle rideau qui tombe à la fin de la dernière parole de leur dernier vaudeville,leur voix s’est éteinte en même temps que les lumières du théâtre. Laissons-leur le temps de se maquiller et de retrouver la scène, ils sont habitués auchangement de personnages.

  

Il y a  ainsi des silences quiposent question, mais qu’on ne s’y trompe point, les sans-voix d’hier sontagiles, alertes, précis, vifs, sages, cultivés, démocrates, tenaces…

 

Hédi KHAZNAGI


L’ambassadeur de France en Tunisie fragilisé


 

Boris Boillon s’est montré discret lors de la visite deChristine Lagarde et Laurent Wauquiez.

Boris Boillon avait été présenté comme un brillant »Sarkoboy ». Après une dizaine de jours à Tunis, le diplomate âgé de41 ans semble déjà en difficultés : lors de la visite de Christine Lagarde etde Laurent Wauquiez, mardi, dans la capitale tunisienne, le représentant de laFrance sur place s’est fait très discret, au second plan dans le protocole.Exemple : il n’a pas assisté au rendez-vous entre le Premier ministre tunisienet la ministre de l’Economie.

« Tout va très bien, je suis très content, je suistrès heureux de servir ici », a simplement glissé Boris Boillon au microd’Europe 1. Force est pourtant de constater que ses premiers pas en tantqu’ambassadeur de France en Tunisie ont été laborieux. Moins de trois joursaprès son arrivée dans le pays, le 16 février dernier, Boris Boillon a suscitéla colère des Tunisiens en qualifiant de « débiles » les questions de journalisteslocaux qui l’interrogeaient sur Michèle Alliot-Marie et sur les relations de laFrance avec Ben Ali. Une sortie filmée par Radio Mosaïque.

« Il fait rester calme »

Suite à ces propos, plusieurs milliers de manifestantsont exprimé leur colère en demandant le départ de Boris Boillon. A Paris, leministère des Affaires étrangères a minimisé l’ampleur de la polémique. »C’est un incident isolé », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay,Bernard Valero. « Il faut rester calme et relativiser parce qu’il arencontré beaucoup de journalistes et déjà beaucoup d’autorités tunisiennes quilui ont tous manifesté leur soutien et leurs encouragements », a-t-ilajouté.

Face au tollé, le nouvel ambassadeur, qui fut conseillerde Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, a pourtant présenté ses excusesvia Twitter. « Vraiment désolé si j’ai pu offenser. Ce n’était pas monintention », écrit Boris Boillon. Le lendemain, il les réitérait sur leplateau d’un journal télévisé tunisien.

« Tous contre Boillon »

Las, Boris Boillon reste controversé. « L’ambassadeurstar du Sarkozysme, jusqu’ici à Bagdad, incarne une diplomatie du businessquand la priorité devrait être de renouer avec la société civile », dénonceun internaute sur la page Facebook intitulée « Tous contre Boillon ».

Facteur aggravant : la prestation télévisée de BorisBoillon lors du Grand Journal de Canal +, en novembre dernier, au cours delaquelle il défendait le colonel Kadhafi, est ressortie ces derniers jours.Elle a fait le tour du web et contribue un peu plus à brouiller son image. Onpeut en effet y voir l’ambassadeur assurer que si Kadhafi « a été unterroriste, il ne l’est plus ».

Source: ”Europe1” Le 23-02-2011

 

http://www.europe1.fr/Politique/L-ambassadeur-de-France-en-Tunisie-fragilise-424683/

 

Le fragile printemps des libertés tunisien


Un vent nouveau souffle sur la Tunisie. Celui de laliberté. Incontestablement, le ton des médias tunisiens a changé. Il y a encoreun mois, tous les journaux publiaient en une la même photo du président BenAli, avec la même légende et le même édito vantant les mérites du »sauveur » ou du « héros qui a placé la Tunisie sur la voie de laréussite ».

Aujourd’hui, dans les rues de la capitale, leskiosques offrent un parfum de pluralisme inédit au pays du jasmin. Pour lapremière fois, les journalistes sont libres de choisir leurs sujets. Unreporter de la télévision nationale racontait, lors d’une rencontre récente àTunis : « Ça fait plus de trente ans que je travaille pour unmédia, et pourtant ça ne fait que quelques jours que je suis journaliste. »

Les Tunisiens ont la parole. Bridés pendant desdécennies, ils veulent raconter, témoigner, commenter. Les médias regorgentd’émissions du type « L’antenne aux auditeurs » où chacun s’exprime,parfois avec virulence. Le syndicat professionnel peut enfin jouer son rôle etse battre pour que les journalistes signent un contrat et soient payésdécemment.

Mais cette liberté reste fragile et il est de notreresponsabilité à tous de la protéger. La censure n’a pas totalement disparu.Dans certaines rédactions, critiquer le nouveau gouvernement n’est pas permis.Des émissions ont été annulées à la dernière minute parce qu’elles offraientune tribune à des personnalités jugées incontrôlables. Les vieux réflexes ontla peau dure. « Pendant plus de vingt ans, nous avions tous un petit BenAli au-dessus de la tête. Il est parti, mais nous avons encore l’habitude dejeter un œil par-dessus notre épaule pour vérifier qu’il ne nous surveilleplus. Il va falloir du temps avant de perdre cette manie », explique unjournaliste d’une radio anciennement clandestine.

CONSOLIDER LES ACQUIS DE LA JEUNE RÉVOLUTIONTUNISIENNE

Les principaux directeurs des médias n’ont pas changé.Seul le quotidien francophone La Presse, détenu à 51 % par l’Etat, s’estdébarrassé de son président-directeur général. Le lendemain du départ de Zineel-Abidine Ben Ali, les journalistes ont pénétré dans le bureau de l’ancien patron etexigé son départ immédiat. Les deux rédacteurs en chef ont été gardés dansl’équipe mais rétrogradés simples reporters. Ils arpentent désormais les ruesde Tunis pour collecter des informations et recueillir des témoignages. Pour lapremière fois, alors qu’ils ont dirigé le principal quotidien du pays pendantdes années, ils sont des journalistes.

Mais les autres patrons de presse n’ont pas quittéleur poste. Ceux qui chantaient, hier encore, les louanges du chef de l’Etat,se parent désormais des habits des révolutionnaires. A les écouter, ilsseraient des résistants de la première heure, des martyrs de la liberté de lapresse. Pourtant, là non plus, les automatismes n’ont pasdisparu. Ils n’ont attendu personne pour fixer les nouvelles lignes rouges. Lesviolences commises par la police et la corruption restent des sujets peutraités par les rédactions des grands médias.

Il faut rapidement consolider les acquis de la jeunerévolution tunisienne. Réformer les lois, mettre en place de véritablesstructures indépendantes de régulation des médias, former les journalistes,accorder des licences et des autorisations pour la création de nouveauxmédias : autant de conditions à remplir pour que ce vent frais de liberténe tombe pas aussi brusquement qu’il s’est levé.

Le gouvernement français est totalement discrédité auxyeux des Tunisiens. Et d’une manière générale, la jeunesse tunisienne ne veutpas d’ingérence extérieure. Elle a prouvé qu’elle pouvait se débrouiller seule.C’est vrai. Mais refuser l’ingérence ne signifie pas l’indifférence. Les ONG,les intellectuels et les artistes devraient être en première ligne pourrenforcer les démocrates tunisiens. Ce n’est malheureusement pas le cas. Iln’est pas trop tard pour agir. Pas encore. Alors mobilisons nos forces pour quece mouvement historique dans le monde arabe donne naissance à un véritableespace de liberté et de débats.

 

Source: “Le Monde.fr” Le 23-02-2011

 

Lien: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/23/le-fragile-printemps-des-libertes-tunisien_1483832_3232.html

 

Pour une révolution du langage


 

Quelle idée d’avoir appeléles grands événements que la Tunisie vient de vivre « la révolution dujasmin » ! Quand on sait que cette appellation fut donnée au coupd’État médical qui aboutit à l’éviction de Bourguiba par Ben Ali, on crie aucontresens. En outre, l’expression file la métaphore habituelle d’un peuple quiaurait hérité pour tout bien de plages et d’une fragrance, et réitère l’imagefausse d’un pays sans spécificités réelles, voire sans histoire.

À preuve : demandez à n’importe quel touriste ceque la Tunisie évoque à ses yeux. Sans réfléchir, il ânonnera :« Plages et jasmin » ! Et qualifiera les Tunisiens de peuple« très gentil ». Et après ? Rien. Par contre, posez-lui la mêmequestion sur le voisin algérien : c’est de suite la guerre d’Algérie etson « million de martyrs ». Le Maroc : c’est l’authenticité, lefaste de la couronne ou la fameuse Marche verte. La Libye : le pétrole et les frasques de Kaddafi, bien sûr. Le Yémen :Rimbaud, entre autres. La Turquie : l’ancienne Byzance au mieux, legénocide arménien au pire. Pour la Tunisie, c’est à peine si on retient le nomde Didon – qui, du reste, n’est pas tunisienne – et, des siècles plustard, celui de Habib Bourguiba.

Qui, parmi les touristes et VIP des hôtels de Hammamet,sait que la Tunisie a été la première « province » à se rebeller contrele calife musulman, au IXe siècle, déjà ? Qu’elle a toujoursconstitué un laboratoire de la pensée arabo-musulmane avec ses natifs que sontIbn Khaldoun, El-Houssari ou Ibn Mandhour, et que ses femmes ont écrit lespremières pages de l’émancipation féminine en terre d’islam ? La Tunisiefut également le premier pays arabe à se doter d’une Constitution (1861) et àabolir l’esclavage (1846). Elle abrite aujourd’hui une élite intellectuelled’avant-garde qui brille dans le cinéma, le théâtre, tout comme dans larelecture des sources religieuses.

C’est dire que la révolution actuelle ne doit pas selimiter à une conscience politique et sociale, mais qu’elle doit également êtreune « révolution du langage » susceptible de reformuler les mots et,avec eux, les imaginaires. Dès lors, comment appeler ce que les Tunisiensviennent de vivre ? On pourrait faire allusion à un lieu en proposant« la révolution de Sidi Bouzid » ; après tout, les Hmama issusde cette région ont toujours été une tribu rebelle et fière. Ou « larévolution de Carthage », pour indiquer un acte de refondation de la citéde jadis. Il y a aussi des dates : la « révolution dejanvier », en référence à d’autres mois de janvier marqués en Tunisie pardes révoltes du pain, mais les repères du temps ne renvoient qu’à lachronologie là où il faut parler d’événement marquant de l’Histoire. « Larévolution du numérique » ? Cela sous-entendrait qu’internet a faitles choses à la place des Tunisiens, alors même qu’ils ont exposé leur vie pourla cause.

Que reste-t-il ? Ce qui vient le plus naturellementà l’esprit, en définitive : « la révolution tunisienne ». Toutbonnement. Une formule qui a l’avantage de mettre en exergue ce pays, de luidonner la paternité géographique et historique de ce fait unique dans le mondearabe, d’user du qualificatif de « tunisianité » pour les soubresautsdémocratiques à venir.

 

Source : « Jeune Afrique »Le 23-02-2011

 

Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2614p098.xml0/histoire-revolution-langage-revolution-du-jasminpour-une-revolution-du-langage.html

 

La Révolution tunisienne et la culpabilité de l’Occident


Ayant milité à l’Université de Tunis de 1970 à 1974 ausein de la Gauche révolutionnaire qui m’a valu un procès et neuf ans d’exil,j’ai décidé en 1992 de m’exiler à nouveau à Paris pour dénoncer le régime deBen Ali, ses crimes de torture et sa mainmise sur l’Etat et l’administration auprofit d’une maffia sans foi ni loi. Après avoir lancé en 1993 avec des amis unComité d’Appel à la démission de Ben Ali, je me suis consacré avec feu AliSaïdi à soutenir les défenseurs des droits de l’homme en Tunisie et aussi àorganiser au sein du Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe unecellule d’aide aux demandeurs d’asile et à leurs familles.

J’ai pu à travers cette activité découvrir le vrai visagedes régimes occidentaux et de leur idéologie ambigüe. Je voudrais en témoigneraujourd’hui à travers ces quelques brèves réflexions sur l’histoire de ladictature benalienne jusqu’à la Révolution tunisienne et ses enseignementsquant à notre vision de l’Occident et de ses valeurs.

Quand Bourguiba fut renversé un 7 novembre 87, le peupletunisien avait déjà une grande soif de liberté et de dignité, similaire à cellequi anime aujourd’hui notre glorieuse Révolution. Ben Ali devait en tenircompte. D’où sa fameuse Déclaration où il a promis démocratie et liberté pourtous les Tunisiens, le temps de mieux asseoir sa dictature policière.

Il est vrai que cette manœuvre n’a pu faire illusionlongtemps sans la connivence d’une certaine frange de l’opposition qui a prêtémain forte au régime et a participé à la consolidation de la dictature, avecl’appui des milieux européens de gauche comme de droite qui voyaient en Ben Alile meilleur garant de leurs prétendus intérêts économiques et géostratégiques.

C’est ainsi que les Européens ont pu entretenir longtempsle mythe d’un régime somme toute tolérable et acceptable. Ils ont répété sapropagande sur la nécessité d’injecter des doses homéopathiques de démocratiecomme si celle-ci était une matière hautement explosive, à manier avec bien desprécautions. Feu Philippe Seguin soutien inconditionnel du dictateur affirmaitquant à lui que la Tunisie a deux siècles de retard démocratique par rapport àla France et qu’il fallait par conséquent bien patienter pour y prétendre. Cemême Seguin, dans un moment d’exaltation révolutionnaire, a même été jusqu’àaffirmer lors des élections tunisiennes de 1999 que le RCD était un modèle pourle RPR en France. Chirac, renchérissant dans la course à la défense du régimetunisien, a conseillé Radhia Nasraoui , lors de sa grève de la faim, qu’ellen’avait qu’à « manger et à se taire ».

L’on comprend aujourd’hui le cynisme de l’Occident àprétendre n’avoir pu voir venir la Révolution tunisienne. L’Europe étaitparfaitement au courant de l’ampleur des atrocités commises contre le peupletunisien, de la torture pratiquée à grande échelle comme des exactions et lepillage du pays. Non seulement les Occidentaux étaient au courant de tous cescrimes perpétrés par leur partenaire privilégié, ils y ont eux-mêmes contribuéde façon encore plus active, grâce aux aides financières qui n’aidaient en faitqu’au pillage de la Tunisie. L’Occident est devenu réellementpilleur-corrupteur en Tunisie, au même titre que les Trabelsi. Il faudraitcomprendre que le système d’aide financière international n’est qu’un systèmemaffieux en son essence dispensé au profit des donateurs et de leurs complicesintérieurs. Rien de nouveau depuis le dix-neuvième siècle quand l’Europe a misà genoux la finance tunisienne grâce à un système de corruption et de pillageéconomique et financier avec la complicité du Bey et de ses ministres vraisprototypes des Trabelsi-Ben Ali. L’on sait que ce système euro-méditerranéenavant la lettre a donné prétexte à l’occupation militaire de la Tunisie en 1881et à sa colonisation. Lors de notre Indépendance en 1956, les choses n’ont guèrechangé. C’est ce même système qui continue aujourd’hui à ruiner l’Afrique etles pays dits du tiers monde. Et c’est lui qui a ruiné aujourd’hui l’économietunisienne par l’intermédiaire de la maffia des Trabelsi et des Ben Ali.

L’on hésite à qualifier de machiavélisme ou d’imposturel’initiative de l’Europe de geler les avoirs de la maffia tunisienne, comme sielle venait de découvrir pour la première fois les milliards d’Euros pillés surle dos des Tunisiens, tout en continuant ses aides financières sans contrôle. L’Europe est ainsi prise en flagrant délit de complicité que ne démentirapas l’acharnement avec lequel elle tenait à octroyer un statut avancé pour ledictateur malgré les protestations véhémentes de la société civile.

La mauvaise foi européenne n’est que trop flagrante. Elleexige aujourd’hui l’ouverture d’une enquête sur l’institutionnalisation dupillage de la Tunisie et de ses relations avec les hommes de main de la maffia.Rappelons ici comment la justice française s’est dessaisie il y a peu de lapoursuite de Imed Trabelsi dans l’affaire du vol des yachts volés en France, oucomment la France a aidé Moncef Ben Ali, frère du Président, à quitter laFrance après avoir été arrêté à Orly en 1992 avec des valises d’argent sale etde la drogue, lors de la fameuse affaire dite « Couscous connexion ». Pourmieux signer sa connivence avec la maffia de Carthage, la France a mis neuf anspour octroyer le statut de réfugié à Mounir Beltaïfa témoin numéro Un contreMoncef Ben Ali lors du procès de ses complices, et ce statut n’a été accordéque sur décision du Conseil d’Etat ! Et ce n’est là que la face émergée del’iceberg.

Ce sont ces mêmes Européens qui se sont rendus aussicomplices par leur silence sur les crimes de sang et les crimes contre l’humanitéperpétrés par leur protégé de Président, comme la pratique généralisée et àgrande échelle de la torture dans la Dakhilya, dans les commissariats depolice, dans les prisons sans parler des atrocités commises contre des milliersde familles, des femmes et des enfants, pour un prétexte ou un autre. Ce sontces Occidentaux qui feignent aujourd’hui la surprise pour nous dire qu’ilsn’ont rien vu venir, et qu’ils auraient « sous-estimé » le mécontentementpopulaire en Tunisie ! La France voudrait par là nier les crimes contrel’humanité qu’elle et l’Europe ont couverts de leur autorité, par leur silenceet par leur complicité active. La « bourde » de Michèle Alliot-Mariequi a proposé le savoir-faire policier de la France au régime de Ben Ali moribonden est une illustration sans appel.

Cette complicité occidentale s’est illustrée aussi avecce qu’on a appelé la « lutte antiterroriste », une lutte qui n’est enfait elle-même que du pur terrorisme international exercé au service d’intérêtsgéostratégiques de domination du monde. Sous prétexte de cette lutteantiterroriste, de grands crimes contre l’humanité ont été perpétrés à grandeéchelle, touchant des peuples entiers, en Irak, en Afghanistan, en Palestine,en Tchetchénie, etc. La Tunisie n’a pas été épargnée par ce fléau d’un autreâge. Pour en donner une base juridique, Ben Ali, sous instigation occidentale,a promulgué en décembre 2003 la loi dite « antiterroriste » quiconsiste à pratiquer une véritable chasse aux sorcières contre tous ceux quiont participé à, ou aidé la résistance contre l’occupation de l’Irak par lesforces impérialistes occidentales. Qu’importe que cette guerre fut illégale entermes de loi internationale, menée en violation de la Charte desNations-Unies, toujours est-il que toute résistance a été déclarée par les USAet l’Europe acte « terroriste ». Elle a ôté aux victimes de cettemachination tout droit à la justice ou au statut de prisonniers de guerre. Onleur a enlevé de fait tout droit humain, et on les a réduits juridiquement àl’état proche du statut de sous-hommes, de pensionnaires de Guantanamo ou d’AbuGharib.

Les victimes tunisiennes ont été persécutées en Europeavec une cruauté qui n’a rien à envier à celle pratiquée par la policepolitique de Ben Ali. Les Tunisiens jugés en Europe ont eu droit à des procèsiniques, condamnés sans preuves avec des sanctions sans commune mesure avec lesfaits et les preuves produites. Même les familles de ces victimes vivant enEurope n’ont pas été épargnées, ayant été elles aussi persécutées avec lesmêmes méthodes de Ben Ali. Des familles entières sont prêtes à en témoignerdevant la justice le jour où ces régimes européens devront répondre à leur tourde leurs crimes.

La loi antiterroriste veut une fois ces victimes ontpurgé leurs peines en Europe dans les conditions précitées, qu’elles soientmises de force dans un avion à destination d’un autre enfer, celui de l’ami BenAli qui les reçoit dans la Dakhiliya pour des séances de torture suivies denouvelles condamnations aussi iniques que celles prononcées en Europe, toujoursau nom de la loi « anti-terroriste ». Evidemment, ces régimeseuropéens, ceux de la France, de l’Angleterre ou en particulier de l’Italie,n’ont cure des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme quand elleleur ordonne de s’abstenir d’expulser ces victimes innocentes vers le paradistunisien des droits de l’homme. De nombreux Tunisiens ont été ainsi misabusivement dans un avion à destination de Tunis, comme ce fut le cas, pour neprendre qu’un exemple, de Ali Toumi, père de famille résident en Italie,expulsé par l’Italie et torturé à son arrivée en Tunisie en août 2009. LaFrance, quant à elle, s’est contentée d’expédier il y a un an Yassine Ferchichiau Sénégal, suite à une décision de la Cour européenne lui recommandant de nepas le remettre aux autorités tunisiennes. On ne compte pas les Tunisiens quela France a expédiés directement à la Dakhilya de Ben Ali.

Aujourd’hui ces pays européens nous expliquent doncqu’ils n’étaient pas au courant des atrocités commises par le régime de Ben Alicontre les Tunisiens, alors même qu’ils en sont les complices les plus actifs,et nous saurons sans doute un jour s’ils n’en sont pas les instigateurs neserait-ce qu’au nom des accords de coopération entre les polices européennes ettunisienne. J’ai eu personnellement le témoignage de la présence de la policetunisienne dans des Commissariats de police français lors d’interrogatoire deTunisiens accusés faussement de terrorisme. Les policiers français poussaientmême la subtilité jusqu’à menacer leurs victimes tunisiennes de les renvoyer enTunisie dans le but de les terroriser et de les amener à avouer des crimesqu’elles n’ont pas commis. Les mêmes méthodes de terrorisme policier sontpratiquées des deux côtés de la Méditerranée, au nom de la soi-disant lutteantiterroriste.

Cette osmose entre les régimes européens et la gestapotunisienne a été menée sous couvert tantôt de la lutte antiterroriste comme onvient de le montrer, tantôt au nom de la lutte contre l’islamisme. La criminalitéd’Etat a toujours besoin de se draper sous de prétextes fallacieux, naguère cefut aussi au nom de la lutte contre le communisme. La lutte contre l’islamismea représenté un prétexte idéal pour torturer à volonté sans que cela suscite deprotestation conséquente, en endormant la conscience des peuples européens. BenAli est devenu un grand homme d’Etat qui torture démocratiquement et dans lerespect des droits de l’homme. Ce n’est pas une caricature mais c’est de cettefaçon-là que l’opinion ferme les yeux sur les atrocités et les crimes contrel’humanité. En cas de protestation d’ONG, on met tout au plus l’incident sur lecompte de certains agents indélicats, et l’affaire est vite étouffée aux yeuxdu public. Parfois, on fait semblant de juger ces agents indélicats sanstoutefois aller jusqu’à donner leurs noms ni quand ni où ils auraient étéjugés.

La Révolution tunisienne est un coup dur pour l’Europe.Non seulement elle a permis de surprendre l’ Occident en flagrant délit decomplicité avec de grands criminels, mais elle risque surtout de dévoiler lavéritable nature des régimes occidentaux qui prétendent être des régimesdémocratiques et respectueux des droits de l’homme et qui ne sont en réalitéque des dictatures à peine déguisées, qui ne diffèrent guère de la dictature àla Ben Ali, tenant leurs peuples dans l’ignorance de ce qu’ils manigancentsecrètement dans le monde et les privent d’informations fiables en transformantles medias en puissant outil de désinformation, d’abrutissement et d’ignorancede la réalité du monde et de la vie des peuples dominés et asservis par leursgouvernants.

Pour les régimes occidentaux, le danger à moyen terme dela Révolution tunisienne est de non seulement voir leurs propres peuplesprendre conscience du vrai visage de leurs régimes mais aussi et en conséquencede remettre en question les fondements idéologiques de la soi-disant démocratieet du soi-disant libéralisme qui les ont trompés sur leur propre vécu et sur laréalité du monde.

Ce système idéologique, fondement de la civilisationoccidentale, est appelé à être remis en question, et à s’ouvrir sur les valeursdes autres civilisations méprisées jusqu’ici et qui sont porteuses des vraiesvaleurs de l’humanisme, de la vraie fraternité entre les hommes. On observeaujourd’hui en Occident un déficit de compassion pour la souffrance des autres,pour l’écoute et le pardon, une forme d’indifférence quand au sort de peuplesexterminés, dévastés, affamés, brûlés par le phosphore aujourd’hui enAfghanistan, en Irak ou en Palestine, ou hier par les bombes nucléaires àHiroshima ou à Nagasaki. Quand des rapports sur ces atrocités sont renduspublics, on les repousse ostensiblement du haut des institutionsinternationales et on réduit au silence leurs auteurs.

Cette monstruosité ne suscite plus d’état d’âme chez lespolitiques, les intellectuels ou même les religieux, parce qu’elle s’inscritdans les fondements idéologiques de l’Occident depuis les Grecs et depuisHomère. L’Iliade est la Bible de la conscience occidentale banalisant laguerre : guerres impérialistes de domination et d’exploitation des peuplesdu monde durant de nombreux siècles et qui perdurent jusqu’à nos jours,génocides de l’esclavage et de la traite des noirs, génocide des Indiensd’Amérique, des conquêtes coloniales sur les cinq continents, guerresreligieuses européennes, guerres mondiales, le génocide des Juifs et desPalestiniens, utilisation des armes de destruction massives comme à Hiroshimaet Nagasaki, etc., etc.

La Révolution tunisienne est liée dialectiquement àl’histoire de l’Occident. Elle participe aussi directement ou indirectement del’histoire de l’humanité. En ce sens elle pourrait contribuer à la remise enquestion de bien des idées reçues, questionner les valeurs occidentales et pourquoipas déboucher sur une refondation de notre humanité une et solidaire.

Mondher Sfar, Philosophe, ancien exilé à Paris

Source: “Palestine-solidarite” Le23-02-2011

 

Lien: http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Mondher_Sfar.230211.htm

 

D’abord laconfiance et la loyauté pour sortir de l’humiliation et du totalitarisme !

 

 

Il semble inutile de revenir sur ledéroulement troublant des événements de laboratoire qui ont précédé lafuite de Tunisie, humiliante pour nous tous, du Président tunisien ce 14janvier 2011. La « révolution grandeur nature » en Egypte a levétoute ambiguïté sur les desseins et l’opportunisme prémédité de la maininvisible qui a coaché, en direct et en temps réel sur les télévisions dumonde,  l’organisation du départ du Général Moubarak du Caire.Aujourd’hui, un mois après La fuite, la révolte, tant rêvée ettant attendue du peuple tunisien est en train de tourner en révolutiond’opérette ! Les embusqués, les ministres, les députés, les sénateurs, lesjournalistes, les laudateurs, les indifférents et profiteurs de tous bords durégime RCD-Ben Ali-et-sa-famille s’érigent en révolutionnaires et se proclamentles meilleurs défenseurs des intérêts de « la révolution de ladignité » ! Ils sont en passe de reprendre le cours de notre destinlà où ils ont estimé qu’il n’était pas contraire à leurs intérêts personnels etillégitimes. En même temps, les  « jeunes » qui ont faitla «révolution » auraient choisi le sillage des boat-people pourdéfendre leur « révolution » et affirmer leur volonté de vivredans la dignité ! Quant aux Facebookers, ils ont, semble-t-il,  déserté la vie réelle pour mieuxse replonger dans leur no lifeDrôle de Tunisie ! Drôles denous !

 

Deux décennies deRCD-Ben Ali-et-sa-famille sont lourdes à porter,

à digérer, àéliminer, à déconstruire !

 

Plus d’un mois après cette fin ubuesque,le  « gouvernement de transition » réprime, piétine, tergiverse,louvoie et organise une situation délétère et anxiogène, pour s’opposer à lavolonté d’émancipation exprimée par l’écrasante majorité de la populationtunisienne. Sinon, comment interpréter l’évacuation 7novembriste de laplace de la Kasbah ! Comment interpréter les nominations des« nouveaux » Walis ! Comment interpréter ces départs massifsd’émigrants vers une Europe qui instrumentalise, en cette période de criseéconomique et de doute existentiel, la peur de                    « l’immigration musulmane » ! Comment interpréter l’annonce d’un incendie criminel imaginaire contrela « Ghriba » ! Comment interpréter l’organisation de cesmanifestations anti-juifs-tunisiens au centre de l’actuelle capitaletunisienne ! Pourquoi laisser assassiner un moine de Mornag !Pourquoi laisser faire ces actes contre ces maisons pourtant de tolérance !Est-ce une volonté d’instiller l’angoisse et la peur, conjuguée à une volontéd’internationaliser la situation de crise pour faire accepter le statu quo ?Est-ce une incapacité à restaurer la stabilité et à assurer une transitiondémocratique crédible ? Dans tous les cas de figure, l’actuelle Autorité aéchoué dans sa mission première : instaurer les conditions de laconfiance, impératif primordial à toute adhésion populaire et à une véritablesortie de l’humiliation et du totalitarisme. Du totalitarisme politique et de celuidu système économique mafieux ! Ce « Gouvernement » doitreconnaître qu’il en est génétiquement incapable ! Le chef de l’armée quis’est publiquement proclamé garant de la victoire de la « révolution de ladignité » doit reconnaître que son choix est inéluctablement stérile.

Ne nous leurrons pas. Le règne de lanébuleuse RCD-Ben Ali-et-sa famille n’a duré que deux décennies parce que nousavons eu la chance d’avoir été soumis par la mafia la plus bête du monde !Avec un semblant de tact et une voracité moins vigoureuse, le règne de cettemafia aurait perduré plusieurs années encore. Malgré le courage et larésistance d’une frange de la population tunisienne.

La colère de notre peuple a été concentrée etdirigée contre le clan Ben Ali-et-sa-famille.  Ce clan a été évincé. Pas la nébuleuse RCD. A vouloir rechercher à toutprix une sortie sans douleur, nous risquons de nous faire voler notrerenaissance. Le parti Institutionnaliste et ses avatars au Mexique dominent lepays à cause des mêmes erreurs depuis quasiment un siècle ! Lesconséquences de cette situation dans le pays d’Emiliano Zapata et du SubcomandanteMarcos  sont éloquentes.

Il n’y a pas de sortie du totalitarisme pour le Nord et une sortie dutotalitarisme pour le Sud ! Il y a la stratégie du guépard et lastratégie de la Prusse réunifiée. La premièreconsiste au final à ce que rien ne change et la seconde à changer tout,méticuleusement et rationnellement. En douceur quand il le faut. En profondeur eten tranchant dans le vif quand il le faut et  là où il le faut.

L’agenda populaire, les urgences du momentsont  la sortie de l’humiliation, la sortie du totalitarisme politique etla sortie du système économique mafieux. Les élections ne constituent une urgence que pour ceux qui travaillentpour préserver le statu quo ou pour ceux qui rêvent de porter le foulardorange au cou. Qu’ils prennent garde ! Le jeu du foulard peut s’avérermortel politiquement et celui du statu quo peut conduire à labérézina ! 

Opération médias ouverts ! A visage découvert !

 

La sortie de deux décenniesd’humiliation doit passer par une libération sans conditions de la paroleet de l’écrit. Les lois sur la libertéd’expression doivent être immédiatement suspendues et les médias déclarésouverts. Médias ouverts, à visage découvert. Tout à l’opposé des pseudonymes etvisages floutés du web ! Avec une posture de dénonciation, nullement dedélation.

Seuls, ceux qui n’ont  pas vécu ces deux décennies infâmes del’autre rive de l’Etat-RCD-Ben Ali-et-sa-famille ne comprendraient pas lebesoin de revanche symbolique qu’éprouve une large partie de la populationtunisienne et son besoin de raconter les humiliations, les tortures, lesspoliations, les diffamations, les mensonges, les bassesses, les lâchetés, lajustice partiale et falsifiée ou la perte et la disparition de proches. Ne pasrendre possible cette thérapie collective risque de livrer la société à l’explosiondes maladies mentales, de la délinquance et de la criminalité. C’est ce type dethérapie qui permettra à notre peuple de renouer avec sa force intérieure, deredécouvrir la puissance de l’éthique dans le maintien de la cohésion sociale.Ce type de thérapie peut nous ouvrir le chemin d’une résiliencecollective, condition nécessaire à la construction d’une société équilibrée,productive et solidaire. Nous éviterons ainsi les revanches démesurées, leslynchages, les délations et une dégradation morale plus sévère. Nousretrouverons ainsi les chemins de la vérité, de la clémence et de laréconciliation.

La sortie du totalitarisme politique

Les Autorités actuelles ne représentent que la nébuleuse RCD qui tentede sauver une large partie de ses intérêts mal acquis. Elles doivent finir par reconnaître leur défaite et accepter d’être dissoutes si ellesveulent sauver leurs intérêts légalement et légitimement conquis. Ellesdevraient faire preuve d’un « fairplay » utilitariste.

Les forces de la résistance et du changement, toutes, quelles que soientleurs couleurs politiques et idéologiques, les patriotes, doivents’unir, s’engager ensemble et poursuivre le processus de destitutionet de déconstruction de la forteresse Etat-RCD. Ce processus a été stoppépar le transfert chaotique du pouvoir entre les hommes du RCD quitentent la stratégie du guépard. En 1987, le leitmotiv des hommes du PSD était« Ne bousculez pas Ben Ali ! Il manque de confiance en soi ! Rassurez-le ! ». Pour lerassurer, nous l’avons bien rassuré ! C’était l’argument brandi pour éviter dedevoir, alors, prendre immédiatement les mesures qui auraient interdit depoursuivre comme au 6 novembre 1987. L’opposition joua le jeu et fitmalheureusement preuve de «  fairplay » ! Les argumentsde « vide institutionnel » ou « de risques d’instabilitépolitique et d’insécurité » doivent être, aujourd’hui, combattus etbalayés. Gardons bien en mémoire nos fautes, nos atermoiements, nos divisionset nos lâchetés ! La révolte populaire doit être relayée, avant qu’il nesoit trop tard, par les forces de la résistance et du changement. Ces forcespourraient s’organiser dans une « Destituante ». Un sas quipermettra de désarmer et de neutraliser les forces contre-révolutionnaires, unechambre de stérilisation qui participera à éliminer les germes dustatu quo. Les femmes et les hommes de la résistance et du changement, élus parla répression subie, les emprisonnements, leurs exils, leurs actions, leurdétermination et leur constance, leur patriotisme, doivent imaginer et élaborerensemble cette « Destituante » ; c’est-à-dire un ensembled’Institutions-miroirs, asymétriques aux Institutions stratégiques del’Etat-RCD à fin d’arraisonner ces dernières, de les phagocyter, de décomposerleurs sources de pouvoir, de s’y substituer et d’éviter ainsi tout risque devide institutionnel. Elles devront créer progressivement un no man’s landpolitique entre les hommes et les femmes les plus impliqués dans l’Etat-RCD etles institutions de la nouvelle République. Le parti du Destour, s’il existeencore, doit détruire la camisole-RCD. S’il a encore une légitimité, il doit lareconquérir, se renouveler et se reconstruire loin du pouvoir, dansl’opposition. Il doit passer par le tamis d’une longue traversée du désert enguise de cure de désintoxication de ses addictions totalitaires. Il participerapar cette abstinence politique responsable au processus de reconstruction dupays !

Une fois que cette «  Destituante »  aura achevé deneutraliser la nébuleuse Etat-RCD, elle devra embrayer rapidement sur une Constituante.La Constituante, formée d’un ensemble d’institutions fondatrices d’unordre nouveau, se chargera d’établir les Institutions d’un nouveau Régimepolitique, d’une Nouvelle République. D’une République modeste, à l’image dupays. Une République modeste,  mais avec la volonté de devenirsouveraine !

Notre pays est une nation modeste. Modeste du point de vue de sagéographie, de sa démographie, de son poids politique, de ses ressourceséconomiques ou scientifiques et culturelles. Notre pays est foncièrementpacifique.

L’esprit qui prévaudra sur l’ensemble des institutions de la Constituantedevrait refléter cette réalité et indiquer  les grands choix d’avenir.

Notre pays a souffert de fictions délirantes des « combattants suprêmes »et des « artisans d’une date » ! Ces hommes providentiels se sonttaillé des statues hyper-dimensionnées. Ils se sont réservé un statut dePrésident d’hyper-puissance. Ils se sont faitériger une présidence hypertélique qui a conduit notre pays à des impassesévolutionnaires. Ce Palais de Carthage, générateur de folies des grandeurs etde Présidents à vie doit disparaître. L’annonce de la nécessité de ladélocalisation du siège de la présidence vers un lieu plus modeste, plus prochedes réalités de notre pays, plus préservateur de la santé mentale des hommes oudes femmes à qui le peuple ou ses représentants confieront la charge dereprésenter les Tunisiens et la Tunisie, cette annonce de volonté dedélocalisation constituera le signal clair de l’engagement du pays dans uneautre phase de son histoire. Le Palais de Carthage pourra être transformé en uncentre de recherches et d’accueil des plus méritants de nos étudiants et desplus éminents chercheurs du monde dans les disciplines les plus variées. Cetteannonce signifiera que le pays tout entier est conscient du désastre qui frappela qualité de notre enseignement et de la misère de notre recherche et de notreproduction scientifiques. L’annonce du projet de délocalisation devrait lancerune vaste réflexion et une concertation populaire sur la pertinence d’uneéventuelle délocalisation de la capitale vers le centre du pays. Un tel projetde réaménagement du territoire pourrait susciter un vaste débat autour d’unenouvelle géopolitique intérieure, plus adaptée aux exigences d’un développementdurable et aux impératifs de la régionalisation et de la mondialisation.

Notre pays a souffert de l’absence de développement équilibré et notrepeuple du manque aigu de justice sociale, du refus d’un partage équitable desfruits de la croissance économique de ces quatre dernières  décennies. Lesquinze ans qui ont suivi notre indépendance sont à part, quelles quesoient les erreurs, les maladresses ou les fautes commises par les uns ou lesautres ! L’histoire de cette période doit être dé-falsifiéeofficiellement ! Un développement économique équilibré et durable nepourra se construire sans un Etat keynésien, interventionniste et régulateur.Les plans d’ajustements structurels imposés par le FMI doivent être annulés dansleur réalité et leurs conséquences. Sur ce point, la BIRD a déjà fait son meaculpa dès … 1997 ! Lareconquête des leviers économiques essentiels  de la puissance publiquepourrait débuter par, d’abord, la mise sous tutelle publique des biens en Tunisiedu clan Ben Ali-et-sa-famille (la restitution des biens de ce clan transférés àl’étranger prendra, elle, plus de temps). L’Etat, représenté par ungouvernement légal et légitime, pourra recouvrer dans une phase ultérieure lesparts du capital des entreprises détenues par les membres de ce clan, selon desprocédures normées de renationalisations ou de nationalisations. En récupérantses biens, ses entreprises, les services publics dont il avait été spolié,l’Etat retrouvera en même temps, ses instruments de gouvernement etd’orientation des activités économiques. Une politique économique cohérente, créatrice d’emplois et de richesses,tournée vers les régions oubliées pourrait être mise en place grâce aux moyensfinanciers retrouvés et à une véritable politique de collecte des impôts.

Beaucoup de nos concitoyens ont souffert d’une Administration judiciaireaux ordres, gardienne des  intérêts du RCD-Ben Ali-et-sa-famille. Que ceuxdes magistrats qui ont su garder leur dignité et intégrité le confirment !Une déclaration d’indépendance de la Justice, ici et maintenant,pourrait instituer symboliquement le premier pilier d’une Destituante et d’unfutur régime fondé sur la séparation et l’équilibre des différents pouvoirs.Cette proclamation constituera une condition supplémentaire pour l’instaurationde la confiance.

Soyons honnêtes et objectifs ! Sur le plan diplomatiqueaujourd’hui, notre pays est relativement insignifiant, politiquement etmilitairement. Sous le règne de Bourguiba, puis sous celui de Ben Ali, lasouveraineté potentielle du pays a été progressivement tronquée, en partie pourdes considérations de rapports de forces internes, et en partie pour desraisons d’équilibres régionaux. L’empreinte de la France sur la Tunisie indépendante a été suffocante et humiliante, oui ! Depuis l’assassinat deFarhat  Hached. La pesanteur américaine s’est confirmée durant cesévènements. La Tunisie n’est pas obligée de se soumettre à l’agenda américainou à une doctrine Monroe élargie au monde Arabe. D’autant plus que la puissanceréelle des Etats-Unis est de plus en plus tributaire de l’agenda géostratégiquede la puissance chinoise.  

La Tunisie pourrait opter pour un statut deneutralité, à l’image du Costa Rica. Le statut de ce pays n’a porté préjudiceni aux intérêts de ses voisins, ni à ceux des Etats-Unis. Au contraire. Ladiplomatie de neutralité du Costa Rica a permis de résoudre bon nombre detensions et de conflits. Ce statut a permis auCosta Rica d’accueillir d’importantes institutions centre et sud-américaines,notamment la Cour Interaméricaine de Justice. Son président Oscar Arias a même étécouronné par un Prix Nobel de la Paix.

Le sourire de Farhat ! « Il n’est rien de plus puissantque l’ITTIHAD »

 « Nous voulons la liberté de nous exprimer […], nousméprisons la haine, la vengeance, l’abus d’autorité […], nous n’aimons pas lesintrigues, les manœuvres sournoises, nous aimons le soleil et le grand jour,nous sommes loyaux et nous aimons la loyauté. Nous nous attaquons àl’injustice, quelle que soit la forteresse qui la protège. Nous jouons francjeu avec notre adversaire et nous lui disons carrément pourquoi nous lecombattons et il nous comprend s’il est loyal. »  

Les militants de l’UGTT devraient méditer ces paroles intemporelles etuniverselles. Les militants de l’UGTT qui ont résisté à la dictature doiventprendre leurs responsabilités. Ils doivent opérer leur propre« Destituante » et écarter leur Direction qui a frayé jusqu’au boutavec le système Etat-RCD. Aujourd’hui, l’histoire, notre peuple offrent auxauthentiques militants de l’UGTT l’occasion de reconquérir leur rôle, rôle dontils ont été spoliés par les assassins français de Farhat Hached et leurscomplices tunisiens. Cet assassinat et l’affaiblissement conséquent dumouvement syndical et social tunisien ont bénéficié à un courant politique. Cecourant politique, incarné par le Néo-Destour, a gouverné le pays depuisl’indépendance de manière hégémonique, avec les résultats que nous vivonsaujourd’hui.    

La période historique actuelle donne à l’UGTT l’occasion de rétablir leséquilibres socio-économiques et politiques dans le pays. Une UGTT purifiée descomplices de l’Etat-RCD a l’occasion historique de prendre une revancheresponsable. De l’UGTT doit émaner une force politique pour diriger etorganiser cette période de transition démocratique et de reconstruction despouvoirs en Tunisie. La Centrale Syndicale est la seule capable aujourd’huid’agréger les forces du changement loin de tout sectarisme et régionalisme.Cette émanation politique de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens doitprendre la tête d’un Mouvement Populaire pour la Transition Démocratique.

 

Tarak Ben Salah enseigne les sciences économiques àl’Université de Marne-la-Vallée et au lycée St Joseph de Château-Thierry.

Membre du Mouvement de l’Unité Populaire.

 

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