: La justice encore une fois instrumentalisée
pour réduire au silence les journalistes
La justice encore une fois instrumentalisée
pour réduire au silence les journalistes
Nizar Belhassine, correspondant de Radio Kalima et militant associatif et politique a comparu le 16 mars 2010 devant le tribunal cantonal de La Chebba (gouvernorat de Mahdia, 220 km de Tunis) pour « troubles à l’ordre public, insultes et atteinte aux bonnes moeurs ». Il risque un an de prison ferme pour ces accusations.
Selon son avocat, cette affaire a été montée de toutes pièces suite à un reportage qu’il a effectué en février dernier pour Radio Kalima à la Goulette (banlieue Nord de Tunis) où il avait mené une enquête sur une expropriation illégale de citoyens qui ont été expulsés manu militari de l’immeuble dont ils sont propriétaires en vue d’attribuer leur terrain à des proches de Ben Ali.
Les faits qui lui sont reprochés remontent au 27 juin 2009; il avait ce jour là participé à un sit-in devant la mairie à l’appel de l’association « Taleb Chebbi » dont il est membre pour protester contre le blocage des fonds publics dont est victime cette association depuis trois ans pour cause d’indépendance. Malgré son caractère pacifique, ce sit-in avait été violemment réprimé par la police. Cinq heures plus tard Nizar a reçu une convocation et s’est rendu au poste de police d’où il a été transféré à Mahdia, interrogé par la police politique et gardé à vue à Mahdia jusqu’au lendemain. Puis il a été relâché et l’affaire classée,
Nizar Ben Hassine avait reçu sa convocation à comparaitre quatre jours après la diffusion de son sujet sur les expropriés de La Goulette qui a connu un grand succès et a été largement reproduit et commenté sur le réseau social Facebook.
Selon ses avocats, le dossier judiciaire est vide de tout élément de preuve; il ne comporte aucune plainte émanant d’une victime de ces prétendues atteintes à ‘honneur par des insultes.
Le caractère fallacieux de cette affaire apparaît encore davantage à travers l’insertion dans le dossier de deux faux témoignages à charge; Les deux témoins cités ont dénié avoir jamais été entendus par la police judiciaire sur cette affaire ni avoir jamais été présents sur les lieux lors du sit-in; Selon l’avocat, ces deux témoins ont subi des pressions et des menaces d’emprisonnement de la part du chef de poste de la Chebba pour revenir sur le témoignage innocentant Nizar.
L’un de ces témoins a fourni à l’avocat de Nizar, maître Hicham.Garfi une attestation écrite où il dénonce les déclarations qui lui sont attribuées par la police et réitère sa disposition à témoigner devant la Cour. Le second a fait part de la même disposition mais il a été entre temps arrêté suite à une descente policière musclée à son domicile et plus personne ne sait où il se trouve actuellement.
Le premier témoin a été empêché, le jour de l’audience, d’accéder au palais de justice par les agents de la police politique. Pire encore, le cordon policier qui bouclait le palais a interdit à l’accusé lui même de se rendre dans la salle d’audience; il a fallu que son avocat proteste énergiquement auprès du procureur pour qu’on le laisse entrer.
Cette audience s’est déroulée dans un climat de tension policière extrême; la police a non seulement quadrillé le palais de justice, mais également bouclé tous les accès y menant; Une dizaine d’avocats venant de la capitale et d’autres villes ont été confrontés à des barrages policiers abusifs (5 barrages à l’entrée de la ville sur une distance de 5 km) afin qu’ils ne parviennent pas à temps à l’audience; Et de fait, résidant dans la ville, maître Garfi a été le seul avocat qui a pu arriver dans les délais au tribunal; il a été contraint de demander le report de l’audience afin que les nouveaux avocats, qui se sont constitués volontairement par solidarité avec Nizar, puissent prendre connaissance du dossier. L’affaire sera examinée à nouveau le 30 mars prochain.
Par ailleurs, l’audience, sensée être publique, s’est déroulée de fait à huis clos; aucun journaliste, aucun ami ou proche de Nizar n’a été autorisé à entrer dans la salle d’audience qui était remplie de policiers en civil.
L’OLPEC
-
considère que Nizar Ben Hassine n’a fait qu’exercer son droit à l’expression par des voies pacifiques et qu’il est en réalité poursuivi pour avoir révélé dans le cadre de son travail journalistique un cas de corruption et d’abus de pouvoir.
-
dénonce ce nouveau cas d’instrumentalisation de la justice pour réduire au silence les journalistes et les défenseurs de droits humains.
-
Exige la cessation des poursuites contre Nizar Benhassine et appelle l’Etat tunisien à respecter ses engagements en matière de respect de la liberté de presse et d’expression.
Pour l’Observatoire
Le président
Mohamed Talbi
Tunisia must end harassment of independent journalists
New York, March 22, 2010—The Committee to Protect Journalists calls on Tunisian authorities to end the persecution and imprisonment of a critical journalist and to overturn a four-year jail sentence of another. Taoufik Ben Brik, a well-known contributor to European media outlets who is currently serving a six-month prison sentence on trumped-up charges, has repeatedly rejected a government offer to end his captivity on the condition that he sign an agreement saying he would stop criticizing President Zine El Abidine Ben Ali and his family, local and international media outlets reported over the weekend. Government envoys visited Ben Brik in Siliana Prison three times earlier this month to urge him to sign a letter saying he would “abide by the constitution and refrain from harming his excellency the president and his family,” Ben Brik’s brother, Jalel Zoghlami Ben Brik, told the Italy-based satellite television broadcaster Al-Hiwar Al-Tunisi and the opposition weekly Al-Mawkif on Friday. “They want to cut off my tongue and break my pen, which is the most precious thing I have, and destroy my journalism career,” Al-Mawkif reported Ben Brik as saying. This latest attempt to silence Ben Brik occurred about two weeks before an appeals hearing— slated for Tuesday in the southern town of Gafsa—for Fahem Boukadous, correspondent for satellite TV station Al-Hiwar Al-Tunisi. Boukadous was sentenced in January by a minor court to a four-year prison term for “belonging to a criminal association” and spreading materials “likely to harm public order” after covering violent labor demonstrations in the Gafsa mining region. The ruling came after he objected to a previous six-year jail term issued while he was in hiding for nearly 17 months. Boukadous told CPJ that he has been free since he emerged from hiding in November 2009 and that more than 40 lawyers have volunteered to represent him on Tuesday at in court. “The government of President Ben Ali will stop at nothing to silence independent voices,” said Mohamed Abdel Dayem, CPJ’s Middle East and North Africa program coordinator. “Our colleague Taoufik Ben Brik is to be applauded for his courage in defending his right to speak out as a journalist. We call on the authorities to order his release and to overturn Fahem Boukadous’ conviction on appeal.” Attacks on local and international critical journalists have sharply increased since the October 2009 reelection campaign of President Ben Ali for a fifth term. In addition to Ben Brik’s and Boukadous’ jail sentences, Zuhair Makhlouf, correspondent for news Web site Assabil Online spent more than three months in jail on trumped-up charges in retaliation for critical coverage of President Ben Ali and his government.Human rights lawyer and blogger Mohamed Abbou told CPJ that he has received “similar offers” to end his imprisonment as Ben Brik. Abbou spent more than 28 months from 2005 to 2007 in jail for writing about torture and President Ben Ali’s autocratic rule.
Intensification du Siège Policier Contre Abdelkarim Harouni
Hend Harouni Tél. : 216-71.971.180 Au nom d’Allah Le Clément et Le Miséricordieux et la Prière & la paix Soient sur Notre Prophète Loyal et Sincère Mohamed Tunis le 22 Mars 2010 – 6 Rabii Athani 1431 Dans le cadre de l’intensification de la filature policière étroite à l’encontre de mon frère Abdelkarim Harouni, une motocyclette avec deux agents civils a été rajoutée aux sept voitures qui à ce jour ont pris relève devant son lieu de travail au « Berges du Lac », à son arrivée chez-nous à la maison et partout où il puisse se rendre.
Police Siege Intensification Against Abdelkarim Harouni
HEND HAROUNI-TUNISIA Tel. : 216-71.971.180 In the Name of Allah, The Clement and The Merciful & Prayer and Peace be upon Our Loyal and Sincere Muhammad Prophet Tunis on the 22nd of March 2010-6th of Rabii Athani 1431 Within the intensification of the strict police pursuit of my brother Abdelkarim Harouni, one motorcycle with two civil police agents has been added to the seven cars that have so far been used in alternation, in front of his working place at « Les Berges du Lac », in his arrival
Le livre religieux en Tunisie : Qui le lit ? Est-il devenu plus demandé ?
Hanène Zbiss
Le constat d’un certain regain de religiosité chez les Tunisiens pourrait-t-il se traduire par un intérêt plus accru au livre religieux, ce livre qui à toutes les époques a eu sa clientèle fidèle? Il est intéressant aujourd’hui de voir quel type de clients l’achètent et quelle lecture se donnent-ils exactement. Selon l’enquête nationale sur les pratiques du livre et de la lecture chez le Tunisien, réalisée cette année dans le cadre de la Consultation Nationale sur le Livre et la Lecture, un peu plus du quart des Tunisiens (25,9%) lisent des livres religieux. L’enquête a été effectuée sur un échantillon de 1.029 personnes, représentatif de la population, âgées de 15 ans et plus. Ce pourcentage n’est pas le plus élevé certes, mais il reste quand même important dans un pays où 22,74% n’ont jamais lu un livre, d’après la même enquête. Visiblement les lecteurs pour les écrits religieux ont toujours existé, du moins pour le Coran, les hadiths, l’exégèse et le “Douaâ”. Reste que leur nombre ainsi que leur profil diffèrent d’une époque à une autre. Un passé intimement lié à l’Université Zitouna Si l’on se refère par exemple à la période des années 40 et 50, avant l’Indépendance, et même un peu après, la clientèle était essentiellement composée d’enseignants et d’étudiants de la Zitouna, si l’on en croit certains libraires qui se rappellent de cette époque, comme M. Tarek El Asli, qui gère la librairie “Al Mâaref” fondée par son grand-père, et la seule qui subsiste dans la mythique rue des Libraires, toute proche de la Mosquée Zitouna. “Avant, toute cette rue était pleine de librairies qui appartenaient à des familles comme Mhamdi, Trabelsi, Themini, Ben Sassi, et qui répondaient à la demande d’une clientèle à majorité estudiantine, vu la proximité avec l’Université zeitounienne. Après la fermeture de cette université à l’aube de l’Indépendance, le nombre de nos visiteurs a chuté. Ainsi, beaucoup de librairies ont fermé pour se transformer en boutiques d’artisanat ou de bijouterie, d’autres se sont déplacées vers divers endroits de la Capitale. Il a fallu attendre l’époque des années 80 pour enregistrer de nouveau un regain d’intérêt pour le livre religieux, avec un profil de clients assez diversifié et pas seulement des enseignants ou des étudiants », a-t-il indiqué. Son constat a été confirmé par d’autres libraires, tels M. Habib Mhamdi qui gère la librairie “Al Manar” depuis le décès de son fondateur Tijani Mhamdi. Cette même librairie s’est déplacée vers les années 60 de la Médina à Bab Jedid pour ces mêmes raisons. Mais qu’en est-il de la clientèle d‘aujourd’hui, surtout qu’on enregistre à l’image un peu des années 80 un retour de la religion dans la vie publique, chaînes satellitaires et radios religieuses aidant ? Nouveaux profils de lecteurs Les libraires interviewés, qui sont pour la plupart spécialisés dans la vente du livre religieux, reconnaissent qu’il y a de nouveaux profils qui surgissent. Tout d’abord, ils remarquent l’afflux de plus en plus de femmes qui auparavant ne s’intéressaient pas à ce genre de lecture. Ces dernières viennent généralement acheter le Coran, des livres d’exégèse, écrits dans un langage accessible et compréhensible, car elles sont généralement d’un niveau d’instruction modeste, les livres de hadiths, du “douaâ” où ceux qui enseignent les pratiques religieuses (le jeûne, la prière, le hajj…), outre les écrits qui interprètent les rêves. Mais elles ont un engouement particulier pour un nouveau type de livres, ceux du “tajwid”, c’est-à-dire ceux qui enseignent la manière juste de psalmodier le Coran. D’après M. Tarek El Asli, les femmes qui commencent à fréquenter les écoles coraniques veulent perfectionner leur prononciation ainsi que les techniques de la psalmodie du texte sacré. L’autre nouvelle clientèle qui était improbable jusqu’ici, ce sont les Tunisiens vivant à l’étranger qui représentent une cible importante. Selon M. Habib Mhamdi, « Ces derniers profitent de leur séjour en Tunisie pour s’approvisionner en livres religieux traduits en français ou en anglais. Il s’agit essentiellement des livres de Coran et de livres d’exégèses. Ils préfèrent les acheter ici car ils coûtent moins cher qu’en Europe. Du coup, nous avons une demande importante pendant l’été, surtout. » Un autre phénomène qui a fait son apparition ces dernières années, comme l’explique M. Mohamed Bennour qui travaille à la librairie “Al Kitab”, est l’affluence de Tunisiens qui veulent se marier avec des étrangères, essentiellement des Européennes. En fait, ils leur achètent le Coran traduit ou des écrits qui renseignent sur l’Islam en vue de les pousser à se convertir. Outre les Tunisiens, le livre religieux attire aussi les Algériens et les Libyens qui sont de passage dans notre pays. Les premiers ont un engouement particulier pour le Coran. «Chaque semaine, pratiquement, ils viennent en demander », affirme M. Mhamdi. Quant aux seconds, « ils s’intéressent aux livres spécialisés car ils estiment qu’il y a plus de choix en Tunisie ». M. Farès Turki, de la Librairie “Nous-Mêmes” nous informe d’une autre clientèle étrangère qui lui rend visite régulièrement, à savoir les employés de la BAD (Banque Africaine de Développement). Ces derniers cherchent généralement les traductions francophones ou anglophones, chose qui l’a poussé à diversifier son offre et à multiplier les titres traduits. Hormis ces nouveaux profils identifiés, les consommateurs du livre religieux sont restés pratiquement les mêmes. Les libraires travaillant sur ce créneau depuis des années distinguent deux grandes catégories : le citoyen moyen et le spécialiste. Mais ces deux catégories lisent-elles la même chose ? Les livres les plus demandés Absolument pas, répondent les libraires qui, selon le niveau intellectuel du client, lui conseillent le type de bouquins qu’ils devraient acheter. Le citoyen moyen est intéressé par des lectures simplifiées, faciles à comprendre du point de vue de la langue et du continu. Alors, il se procure généralement des livres de hadiths (Muslim et Bukhari), d’exégèse dans des versions réduites et simples à lire, de douâa, des écrits qui renseignent sur les pratiques religieuses (prière, jeûne, hajj, zakat, ablutions…) ou sur le rite malikite (“Al Mouwattaâ” de l’Imam Malek ), des bouquins sur l’histoire des prophètes et des Califes biens guidés, sur la médecine prophétique, sur l’interprétation des rêves et sur les femmes du prophète Mohamed. Parmi les titres les plus demandés, il y a “Riadh Assalihine” (Les jardins vertueux), “Muhammad Rasoulou Allah” (Muhammad, le Prophète de Dieu), “Attib Annabaoui” (La médecine prophétique), “Addouaâ Al Mostajeb” (La prière acceptée), “Arroukya Achariyâa” (La thérapie charaïque) que certains charlatans utilisent pour soi-disant guérir les malades, “Dalayel Al Khayrat” (Les guides des bien-faits), “Al Moshaf Al Morchid Al Mouîn” (pour la perfection de la psalmodie du Coran)… Quant à la deuxième catégorie, celles des spécialistes, elle réunit les universitaires, les professeurs d’éducation religieuse, les imams, les étudiants et les personnes d’un certain niveau intellectuel. Ces gens ne rechignent pas sur les prix, contrairement aux premiers, et ils sont prêts à payer des sommes importantes afin d’acquérir un livre dont ils ont besoin pour leurs études, leurs recherches ou même pour approfondir leurs connaissances dans un domaine particulier. Les prix varient généralement entre 100 et 300 dinars, voire plus. Cette catégorie s’intéresse aux différentes sections des sciences religieuses : la théologie, le droit musulman, les fondements du Droit musulman, le hadith, la Sira, l’exégèse et le mysticisme. Dans chaque section, il y a les classiques qui sont les plus lus par les spécialistes comme la Sira d’Ibn Hichem, “Sahih Muslim” et “Sahih Al Bukhari”, “Tafsir Aljalalyn”, “Tafsir Ibn Khathir”, “Al Fath Al bari”, “Al Foutouhat Al Maqqiya” (Les Illuminations Mecquoises d’Ibn Arabi), “Ihyaâ Ouloum Addine” (La revivification des sciences religieuses d’Al Ghazali), “Asbab Annouzoul” (Les causes de la Révélation)… Mais il y aussi ce qu’on appelle “Islamiyet”, c’est-à-dire des études et des essais sur la religion musulmane, tels les livres de Mohamed Tahar Ben Achour ou d’Ahmed Amine ou Ali Abderrrazek. On trouve encore des livres sur la réforme de l’Islam, d’auteurs comme Mohamed Charfi, Hichem Djaït, Iyadh Ben Achour, Mohamed Arkoun, Hamadi Redissi, Youssef Seddik, Olfa Youssef, dont la clientèle est différente généralement de celle des deux premiers, d’après les affirmations de M. Bennour, qui a fait le choix de séparer le rayon qui leur est réservé de celui des livres religieux au sein de la librairie “Al Kitab”. Un monopole de l’édition moyen-orientale Cette diversité de choix et de profils ne profite pas, pourtant, à l’édition tunisienne puisque le livre religieux est édité exclusivement au Moyen-Orient, notamment au Liban et en Egypte. Car s’il était produit en Tunisie, il serait vendu plus cher, vu les lourds coûts du papier et de la main-d’oeuvre outre la petitesse du marché. Tous les libraires, affirme M. Salah El Asli de la librairie “Al Maktaba Al Atiqua”, préfèrent acheter chez les maisons d’éditions libanaises et égyptiennes, d’autant plus qu’ils ne payent pas de taxes pour l’importation. Du coup, un bouquin peut se vendre à 1 ou 2 dinars, et puis il y a une large gamme de choix pour toutes les bourses et pour tous les niveaux. Reste que le livre religieux représente un créneau pour les librairies en langue arabe. Il occupe 80% du chiffre d’affaires de la librairie “Nous-Mêmes” et 50 à 60% de celui d’”Al Maktaba Al Atiqua”. Même “Al Kitab”, qui est une librairie généraliste avec une prédominance du livre francophone, s’investit dans ce marché bien qu’il ne représente qu’à peu près 3% de son chiffre d’affaires. C’est que ce créneau profite aussi de la publicité que lui font les chaînes religieuses sur le satellite et surtout la Radio Zitouna, comme le précise M. Farès Turki, estimant qu’elle a donné un vrai coup de pouce à la demande. « Les gens viennent chercher les livres dont ils ont entendu parler à la radio », affirme pour sa part M. Salah El Asli. Concurrence et piratage : le livre religieux en souffre aussi ! Néanmoins, les libraires sont loin de parler d’un engouement excessif pour le livre religieux malgré l’existence d’une offre importante. Pour cause, deux facteurs. D’une part l’interdiction de certains livres qui n’entrent pas en Tunisie, essentiellement ceux des activités extrémistes, et qui sont les plus demandés. M. Turki indique que grâce à Internet et aux chaines satellitaires, les gens sont de plus en plus informés des nouveautés dans le domaine et des livres les plus recommandés par la communauté des internautes. D’autre part, beaucoup de personnes préfèrent puiser leurs informations sur la religion en regardant la télé ou en écoutant la radio car c’est la manière la plus simple et qui leur parle directement, comme le précise M. Habib Ben Tahar, écrivain spécialisé en livres religieux et fonctionnaire au ministère des Affaires religieuses, qui précise que « les gens aiment la facilité. Or lire un bouquin nécessite un effort particulier». Mais il y aurait peut-être un troisième facteur sur lequel attire l’attention M. Tarek El Asli, c’est le téléchargement sur Internet de livres religieux et leur vente sur CD au prix d’un dinar. ‘Alors, à quoi bon dépenser plus en achetant la version papier ?’ Le livre religieux semble donc suivre le même sort que les autres types de bouquins : concurrence de la radio, de la télé et d’Internet, piratage, détournement des gens de la lecture etc. Reste qu’il résiste mieux à toutes les tendances et à toutes les époques car il demeure lié à un sentiment de religiosité et à un besoin de rencontrer la parole divine et de la comprendre.
(Source: « Réalité » (Hebdomadaire – Tunisie) le 22 mars 2010)
Le Maroc refuse le dialogue avec les islamistes emprisonnés
Par Naoufel Cherkaoui pour Magharebia à Rabat — 18/03/10
Le gouvernement marocain n’organisera aucune discussion avec les islamistes emprisonnés, a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khalid Naciri à Magharebia dans un entretien exclusif accordé lundi 15 mars.
Naciri a déclaré à Magharebia que la demande des islamistes pour un dialogue de réconciliation ‘n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement ».
En publiant récemment des lettres et des déclarations pour désavouer leur idéologie terroriste et leur affiliation, de nombreux détenus islamistes emprisonnés en vertu de la loi sur le terrorisme espéraient convaincre les autorités marocaines d’accepter leur appel au dialogue.
Depuis les attentats de Casablanca en 2003, les autorités marocaines ont pourchassé les terroristes islamistes et en ont arrêté plus de mille. La dernière réaction en date du gouvernement pourrait être le signe d’une flexibilité moindre qu’elle ne le paraissait en mai dernier, lorsque le ministre de l’Intérieur de l’époque, Chakib Benmoussa, avait expliqué qu’il y avait certainsmoyens par lesquels les prisonniers du mouvementSalafia Jihadia pourraient sortir de prison – y compris par suite d’une grâce royale – s’ils exprimaient leur remords et modifiaient leur manière de penser.
La plus récente ouverture en direction des islamistes emprisonnés est venue sous la forme d’une « Initiative d’équité » proposée par le religieux marocain emprisonné Mohamed Abdelouahab Rafiki, aliasAbou Hafs. Sa lettre contenant cette proposition a été distribuée par le Forum pour la dignité des droits de l’Homme lors d’une conférence de presse organisée la semaine dernière.
Le président de ce forum, Mustafa Ramid, a déclaré lors d’un entretien accordé le 15 mars à Magharebia que « cette initiative reflète l’importance de l’intérêt national, qui implique la nécessité d’ouvrir les dossiers de centaines de prisonniers ».
« [P]our nous, même s’il y a des terroristes parmi eux, il y a également des personnes innocentes qui doivent être identifiées et relâchées », avait-il déclaré. « De plus, le gouvernement devrait revoir les cas des personnes repenties. »
« Le terrorisme n’est pas seulement un comportement criminel ; c’est avant tout une idéologie, une croyance et une conviction qui doivent être abolies et battues en brèche par le dialogue », a ajouté ce militant des droits de l’Homme. « La partie la plus importance qualifiée pour démanteler la pensée terroriste… est le cercle des prisonniers islamistes. »
Dans un entretien avec le quotidien Ettajdid publié le 5 mars, Abou Hafs explique : « Nous sommes un groupe de personnes innocentes qui réfutons toutes les accusations et demandons à être libérés. Nous avons fait des erreurs, et nous les reconnaissons. »
« [H]onnêtement, je ne comprends pas l’intérêt de certaines parties à maintenir nombre de nos jeunes derrière les barreaux, notamment lorsqu’ils ont dénoncé tous les actes de terrorisme et l’extrémisme, ou ont reconnu leur culpabilité », ajoute Abou Hafs. « Ils ont fait part de leur volonté de réintégrer la société. Quel est alors le but de cette angoisse permanente pour ces personnes et leurs familles ? »
D’autres parties de la société marocaine ont des réactions mitigées à cette initiative de dialogue.
« Nous applaudissons une telle initiative. C’est le seul moyen d’éclairer la position des islamistes, pour que chacun puisse la connaître », a expliqué Mohammad Muhtad, président d’un comité de soutien aux détenus de la loi sur le terrorisme, à Magharebia le 15 mars.
« Les autorités marocaines ont clairement indiqué qu’elles ne sont pas disposées à ouvrir un quelconque dialogue avec les islamistes emprisonnés [et] leur seul espoir est de demander le pardon du Roi », a déclaré lundi à Magharebia Mohammed Darif, un spécialiste des groupes islamistes. « Je ne pense pas qu’une quelconque initiative comme celle d’Abou Hafs incitera les autorités à rouvrir le dossier, parce que sa déclaration prouve que ces gens ne comprennent pas la société marocaine, son évolution et ses liens avec l’Occident ; en conséquence, ils restent encore fidèles à leur idéologie extrémiste. »
(Source:www.magharebia.com le 18 maes 2010)
Lien:http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2010/03/18/feature-01
Malgré ses apparitions à la télévision L’après-Moubarak est en débat en Égypte
Au palmarès des libertés féminines
Chaque année, depuis 1975, c’est la même antienne. Tous les 8 mars, on célèbre avec assiduité et ferveur la Journée internationale de la femme. Un peu partout dans le monde, les hommes se donnent bonne conscience. Les médias multiplient les sujets plus ou moins racoleurs sur ces femmes qui bougent, brisent les plafonds de verre, s’émancipent ou, au contraire, sur celles qui continuent desubir les pires avanies. Les bourreaux mâles sont montrés du doigt, les égéries de cette « lutte des sexes » mises sur un piédestal. On offre des fleurs, des roses de préférence, presque aussitôt fanées. Car dès le 9 mars, tout recommence comme avant la catharsis planétaire : la femme redevient un être intrinsèquementinférieur à l’homme, quelles que soient la région, la religion ou le niveau de développement. Seul l’écart entre les droits, les libertés et le statut des deux sexes diffère d’un pays à l’autre, mais il est toujours là, presque partout. Et s’il est un monde où cet écart devient abîme, c’est bien le monde arabe (et perse). À ne pas confondre avec le monde musulman, car les terres d’islam asiatiques, en la matière, n’ont pas que des leçons à recevoir…
Les femmes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont-elles vouées à cette soumission séculaire ? La longue marche vers la liberté et l’émancipation de leurs sœurs d’Europe, des Amériques et d’Asie y trouve-t-elle un quelconque écho ? Les inégalités se réduisent-elles ? La très sérieuse organisation non gouvernementale américaine Freedom House, véritable vigie de la liberté dans le monde, a mené, depuis 2004, un impressionnant travail de fourmi dans dix-huit pays de la région (voir classement général ci-dessous), à l’exception d’Israël, pour répondre à ces questions. Conclusion de l’enquête, rendue publique le 3 mars et parue également en arabe : les droits des femmes progressent indéniablement, mais à pas comptés. Seuls l’Irak, la Palestine et le Yémen, théâtres de conflits internes ou de la montée d’un certain extrémisme religieux, échappent à ce relatif cercle vertueux. Où les progrès les plus significatifs ont-ils été enregistrés ? En Algérie, au Koweït (les femmes y ont obtenu en 2005 droit de vote et éligibilité) et en Jordanie.
Les meilleurs élèves de ce palmarès des libertés se recrutent au Maghreb. Premier levier de l’émancipation relative, l’éducation. Allez expliquer à une diplômée de biologie, de médecine ou de droit que sa place est aux fourneaux… En tête, sans surprise, la Tunisie. Les femmes y jouissent d’un statut juridique sans équivalent dans le monde arabe, mis en place dans l’euphorie de l’après-indépendance et consolidé depuis. Viennent ensuite le Maroc et l’Algérie, à égalité parfaite – quel hasard ! – sur l’ensemble des indicateurs élaborés par Freedom House (voir p. 45). Pas de grandes surprises non plus en fin de classement puisque y figurent, outre l’Iran d’Ahmadinejad, le Yémen et l’Arabie saoudite, où voter, être élue ou conduire est impossible, voyager et être soignée soumis à l’approbation d’un homme et où l’inégalité entre les sexes est consacrée dans les textes de lois.
Réflexe pavlovien
L’immense intérêt du travail de Freedom House réside aussi dans le fait que l’ONG ne s’est pas cantonnée aux législations. Car une chose est la loi, une autre son application. Les avancées sur le papier sont bien réelles et relativement partagées par toute la région. Mais les lois n’ont pas toujours vocation à être homogènes. De nombreuses mesures de discrimination légale cohabitent avec des dispositions qui améliorent la condition des femmes. Ainsi la Syrie bloque-t-elle tout progrès sur les questions familiales en même temps qu’elle permet un meilleur accès des femmes à la vie publique. Au Koweït, on autorise le droit de vote, mais on instaure la ségrégation sexuelle dans les universités. Surtout, certaines professions censées faire appliquer les lois restant aux mains des hommes (police, justice), leur mise en œuvre demeure trop souvent à l’état de vœu pieux…
Las ! Si les progrès accomplis sont tangibles, et parfois importants dans certains domaines (éducation, participation à la vie économique et politique), ils ne suffisent pas à comprendre et à mesurer l’évolution réelle de l’accès effectif des femmes à leurs droits. Car un sinistre mécanisme s’enclenche quasi inexorablement à chaque fois que les femmes obtiennent de haute lutte tel droit ou telle liberté. C’est presque une loi physique, un réflexe pavlovien : chaque avancée se voit opposer une résistance accrue de la part des hommes. En clair, plus les femmes s’affranchissent, plus certains redoublent d’efforts pour leur faire regagner leurs pénates et les y confiner.
Le principal espoir pour les femmes arabes ? Que les hommes s’aperçoivent enfin, comme l’explique Karima Bounemra Ben Soltane, directrice du bureau Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA), qu’elles « demeurent une ressource largement inexploitée ». Ainsi, en période de crise économique par exemple, il n’est pas rare de voir un père animé d’une conception plutôt rétrograde de la femme laisser ses filles quitter le domicile familial pour travailler et rapporter de l’argent. L’utilité de leur émancipation est alors démontrée par leur apport économique, et les principes qui régissaient jusque-là le foyer s’évanouissent peu à peu…
Quand les hommes auront compris que les femmes sont leurs égales, qu’il est dans leur intérêt – et celui de leur nation – de les associer pleinement à la vie économique, sociale et politique, le monde arabe aura accompli un pas de géant vers le développement, la démocratie et la justice. Il cesserait ainsi de se tirer une balle dans le pied pour enfin marcher sur ses deux jambes.
Turquie: Le parti au pouvoir en consultations sur un projet constitutionnel
Turquie : le gouvernement veut démilitariser la Constitution
Euronews 22/03 19:15 CET Le gouvernement turc veut démilitariser la Constitution. Un projet qui engendre de nouvelles tensions avec le camp laïc. Les dirigeants du parti au pouvoir, l’AKP, se sont donnés une semaine pour convaincre les partis d’opposition de la nécessité de cette révision. L’actuelle Constitution turque date du début des années 80 au lendemain du coup d‘état militaire. Le vice-Premier ministre assure que ces changements sont nécessaires pour pouvoir continuer d’avancer dans les négociations avec l’Union européenne. Il réfute aussi vouloir renforcer le pouvoir de l’AKP… Cemil Ciçek : “L’objectif de ce changement constitutionnel est d’installer la souveraineté du peuple dans tous les domaines et de renforcer le pouvoir du peuple. Aujourd’hui nous sommes ici, mais demain un autre parti pourrait être au pouvoir. Ce qui ne change pas c’est la volonté du peuple, la souveraineté du peuple. Il ne semble pas possible d’associer ce pays à une constitution sous tutelle militaire”. La révision prévoit de changer le mode de nomination des magistrats. La Haute-Magistrature, bastion de la laïcité est généralement hostile à l’AKP. Le gouvernement veut aussi rendre plus difficile la dissolution des partis politiques. L’AKP avait échappé de peu à la procédure il y a deux ans. Bien que majoritaire à l’Assemblée, l’AKP a besoin de l’opposition pour faire passer cette révision Constitutionnelle. En cas d‘échec le gouvernement soumettra sa réforme à référendum.
Home – Accueil – الرئيسية