22 mars 2010

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TUNISNEWS
9 Úme année, N° 3590 du 22.03.2010
 archives : www.tunisnews.net 


L’OLPEC

: La justice encore une fois instrumentalisée

pour réduire au silence les journalistes

The Committee to Protect Journalists : Tunisia must end harassment of independent journalists Hend Harouni: Intensification du SiĂšge Policier Contre Abdelkarim Harouni RĂ©alitĂ©: Le livre religieux en Tunisie : Qui le lit ? Est-il devenu plus demandĂ© ? Magharebia: Le Maroc refuse le dialogue avec les islamistes emprisonnĂ©s LibertĂ©: L’aprĂšs-Moubarak est en dĂ©bat en Égypte Jeune Afrique: Au palmarĂšs des libertĂ©s fĂ©minines AFP: Turquie: Le parti au pouvoir en consultations sur un projet constitutionnel Euronews: Turquie : le gouvernement veut dĂ©militariser la Constitution


 Observatoire pour la libertĂ© de presse, d’Ă©dition et de crĂ©ation
                                                           Tunis le 19 mars 2010                                                                                      

La justice encore une fois instrumentalisée

pour réduire au silence les journalistes


 

Nizar Belhassine, correspondant de Radio Kalima et militant associatif et politique a comparu le 16 mars 2010 devant le tribunal cantonal de La Chebba (gouvernorat de Mahdia, 220 km de Tunis) pour « troubles Ă  l’ordre public, insultes et atteinte aux bonnes moeurs ». Il risque un an de prison ferme pour ces accusations.

Selon son avocat, cette affaire a Ă©tĂ© montĂ©e de toutes piĂšces suite Ă  un reportage qu’il a effectuĂ© en fĂ©vrier dernier pour Radio Kalima Ă  la Goulette (banlieue Nord de Tunis) oĂč il avait menĂ© une enquĂȘte sur une expropriation illĂ©gale de citoyens qui ont Ă©tĂ© expulsĂ©s manu militari de l’immeuble dont ils sont propriĂ©taires en vue d’attribuer leur terrain Ă  des proches de Ben Ali.

Les faits qui lui sont reprochĂ©s remontent au 27 juin 2009; il avait ce jour lĂ  participĂ© Ă  un sit-in devant la mairie Ă  l’appel de l’association « Taleb Chebbi » dont il est membre pour protester contre le blocage des fonds publics dont est victime cette association depuis trois ans pour cause d’indĂ©pendance. MalgrĂ© son caractĂšre pacifique, ce sit-in avait Ă©tĂ© violemment rĂ©primĂ© par la police. Cinq heures plus tard Nizar a reçu une convocation et s’est rendu au poste de police d’oĂč il a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  Mahdia, interrogĂ© par la police politique et gardĂ© Ă  vue Ă  Mahdia jusqu’au lendemain. Puis il a Ă©tĂ© relĂąchĂ© et l’affaire classĂ©e,

Nizar Ben Hassine avait reçu sa convocation à comparaitre quatre jours aprÚs la diffusion de son sujet sur les expropriés de La Goulette qui a connu un grand succÚs et a été largement reproduit et commenté sur le réseau social Facebook.

Selon ses avocats, le dossier judiciaire est vide de tout Ă©lĂ©ment de preuve; il ne comporte aucune plainte Ă©manant d’une victime de ces prĂ©tendues atteintes Ă  ‘honneur par des insultes.

Le caractĂšre fallacieux de cette affaire apparaĂźt encore davantage Ă  travers l’insertion dans le dossier de deux faux tĂ©moignages Ă  charge; Les deux tĂ©moins citĂ©s ont dĂ©niĂ© avoir jamais Ă©tĂ© entendus par la police judiciaire sur cette affaire ni avoir jamais Ă©tĂ© prĂ©sents sur les lieux lors du sit-in; Selon l’avocat, ces deux tĂ©moins ont subi des pressions et des menaces d’emprisonnement de la part du chef de poste de la Chebba pour revenir sur le tĂ©moignage innocentant Nizar.

L’un de ces tĂ©moins a fourni Ă  l’avocat de Nizar, maĂźtre Hicham.Garfi une attestation Ă©crite oĂč il dĂ©nonce les dĂ©clarations qui lui sont attribuĂ©es par la police et rĂ©itĂšre sa disposition Ă  tĂ©moigner devant la Cour. Le second a fait part de la mĂȘme disposition mais il a Ă©tĂ© entre temps arrĂȘtĂ© suite Ă  une descente policiĂšre musclĂ©e Ă  son domicile et plus personne ne sait oĂč il se trouve actuellement.

Le premier tĂ©moin a Ă©tĂ© empĂȘchĂ©, le jour de l’audience, d’accĂ©der au palais de justice par les agents de la police politique. Pire encore, le cordon policier qui bouclait le palais a interdit Ă  l’accusĂ© lui mĂȘme de se rendre dans la salle d’audience; il a fallu que son avocat proteste Ă©nergiquement auprĂšs du procureur pour qu’on le laisse entrer.

Cette audience s’est dĂ©roulĂ©e dans un climat de tension policiĂšre extrĂȘme; la police a non seulement quadrillĂ© le palais de justice, mais Ă©galement bouclĂ© tous les accĂšs y menant; Une dizaine d’avocats venant de la capitale et d’autres villes ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  des barrages policiers abusifs (5 barrages Ă  l’entrĂ©e de la ville sur une distance de 5 km) afin qu’ils ne parviennent pas Ă  temps Ă  l’audience; Et de fait, rĂ©sidant dans la ville, maĂźtre Garfi a Ă©tĂ© le seul avocat qui a pu arriver dans les dĂ©lais au tribunal; il a Ă©tĂ© contraint de demander le report de l’audience afin que les nouveaux avocats, qui se sont constituĂ©s volontairement par solidaritĂ© avec Nizar, puissent prendre connaissance du dossier. L’affaire sera examinĂ©e Ă  nouveau le 30 mars prochain.

Par ailleurs, l’audience, sensĂ©e ĂȘtre publique, s’est dĂ©roulĂ©e de fait Ă  huis clos; aucun journaliste, aucun ami ou proche de Nizar n’a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  entrer dans la salle d’audience qui Ă©tait remplie de policiers en civil.  

L’OLPEC

  • considĂšre que Nizar Ben Hassine n’a fait qu’exercer son droit Ă  l’expression par des voies pacifiques et qu’il est en rĂ©alitĂ© poursuivi pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© dans le cadre de son travail journalistique un cas de corruption et d’abus de pouvoir.

  • dĂ©nonce ce nouveau cas d’instrumentalisation de la justice pour rĂ©duire au silence les journalistes et les dĂ©fenseurs de droits humains.

  • Exige la cessation des poursuites contre Nizar Benhassine et appelle l’Etat tunisien Ă  respecter ses engagements en matiĂšre de respect de la libertĂ© de presse et d’expression.

Pour l’Observatoire

Le président

Mohamed Talbi


 The Committee to Protect Journalists

Tunisia must end harassment of independent journalists


New York, March 22, 2010—The Committee to Protect Journalists calls on Tunisian authorities to end the persecution and imprisonment of a critical journalist and to overturn a four-year jail sentence of another. Taoufik Ben Brik, a well-known contributor to European media outlets who is currently serving a six-month prison sentence on trumped-up charges, has repeatedly rejected a government offer to end his captivity on the condition that he sign an agreement saying he would stop criticizing President Zine El Abidine Ben Ali and his family, local and international media outlets reported over the weekend. Government envoys visited Ben Brik in Siliana Prison three times earlier this month to urge him to sign a letter saying he would “abide by the constitution and refrain from harming his excellency the president and his family,” Ben Brik’s brother, Jalel Zoghlami Ben Brik, told the Italy-based satellite television broadcaster Al-Hiwar Al-Tunisi and the opposition weekly Al-Mawkif on Friday. “They want to cut off my tongue and break my pen, which is the most precious thing I have, and destroy my journalism career,” Al-Mawkif reported Ben Brik as saying. This latest attempt to silence Ben Brik occurred about two weeks before an appeals hearing— slated for Tuesday in the southern town of Gafsa—for Fahem Boukadous, correspondent for satellite TV station Al-Hiwar Al-Tunisi. Boukadous was sentenced in January by a minor court to a four-year prison term for “belonging to a criminal association” and spreading materials “likely to harm public order” after covering violent labor demonstrations in the Gafsa mining region. The ruling came after he objected to a previous six-year jail term issued while he was in hiding for nearly 17 months. Boukadous told CPJ that he has been free since he emerged from hiding in November 2009 and that more than 40 lawyers have volunteered to represent him on Tuesday at in court. “The government of President Ben Ali will stop at nothing to silence independent voices,” said Mohamed Abdel Dayem, CPJ’s Middle ‎East and North Africa program coordinator. “Our colleague Taoufik Ben Brik is to be applauded for his courage in defending his right to speak out as a journalist. We call on the authorities to order his release and to overturn Fahem Boukadous’ conviction on appeal.” Attacks on local and international critical journalists have sharply increased since the October 2009 reelection campaign of President Ben Ali for a fifth term. In addition to Ben Brik’s and Boukadous’ jail sentences, Zuhair Makhlouf, correspondent for news Web site Assabil Online spent more than three months in jail on trumped-up charges in retaliation for critical coverage of President Ben Ali and his government.Human rights lawyer and blogger Mohamed Abbou told CPJ that he has received “similar offers” to end his imprisonment as Ben Brik. Abbou spent more than 28 months from 2005 to 2007 in jail for writing about torture and President Ben Ali’s autocratic rule.


Intensification du SiĂšge Policier Contre Abdelkarim Harouni


Hend Harouni TĂ©l. : 216-71.971.180 Au nom d’Allah Le ClĂ©ment et Le MisĂ©ricordieux et la PriĂšre & la paix Soient sur Notre ProphĂšte Loyal et SincĂšre Mohamed Tunis le 22 Mars 2010 – 6 Rabii Athani 1431 Dans le cadre de l’intensification de la filature policiĂšre Ă©troite Ă  l’encontre de mon frĂšre Abdelkarim Harouni, une motocyclette avec deux agents civils a Ă©tĂ© rajoutĂ©e aux sept voitures qui Ă  ce jour ont pris relĂšve devant son lieu de travail au « Berges du Lac », Ă  son arrivĂ©e chez-nous Ă  la maison et partout oĂč il puisse se rendre.


Police Siege Intensification Against Abdelkarim Harouni


HEND HAROUNI-TUNISIA Tel. : 216-71.971.180 In the Name of Allah, The Clement and The Merciful & Prayer and Peace be upon Our Loyal and Sincere Muhammad Prophet Tunis on the 22nd of March 2010-6th of Rabii Athani 1431 Within the intensification of the strict police pursuit of my brother Abdelkarim Harouni, one motorcycle with two civil police agents has been added to the seven cars that have so far been used in alternation, in front of his working place at « Les Berges du Lac », in his arrival


Le livre religieux en Tunisie : Qui le lit ? Est-il devenu plus demandé ?


HanĂšne Zbiss

Le constat d’un certain regain de religiositĂ© chez les Tunisiens pourrait-t-il se traduire par un intĂ©rĂȘt plus accru au livre religieux, ce livre qui Ă  toutes les Ă©poques a eu sa clientĂšle fidĂšle? Il est intĂ©ressant aujourd’hui de voir quel type de clients l’achĂštent et quelle lecture se donnent-ils exactement. Selon l’enquĂȘte nationale sur les pratiques du livre et de la lecture chez le Tunisien, rĂ©alisĂ©e cette annĂ©e dans le cadre de la Consultation Nationale sur le Livre et la Lecture, un peu plus du quart des Tunisiens (25,9%) lisent des livres religieux. L’enquĂȘte a Ă©tĂ© effectuĂ©e sur un Ă©chantillon de 1.029 personnes, reprĂ©sentatif de la population, ĂągĂ©es de 15 ans et plus. Ce pourcentage n’est pas le plus Ă©levĂ© certes, mais il reste quand mĂȘme important dans un pays oĂč 22,74% n’ont jamais lu un livre, d’aprĂšs la mĂȘme enquĂȘte. Visiblement les lecteurs pour les Ă©crits religieux ont toujours existĂ©, du moins pour le Coran, les hadiths, l’exĂ©gĂšse et le “Douañ”. Reste que leur nombre ainsi que leur profil diffĂšrent d’une Ă©poque Ă  une autre. Un passĂ© intimement liĂ© Ă  l’UniversitĂ© Zitouna Si l’on se refĂšre par exemple Ă  la pĂ©riode des annĂ©es 40 et 50, avant l’IndĂ©pendance, et mĂȘme un peu aprĂšs, la clientĂšle Ă©tait essentiellement composĂ©e d’enseignants et d’étudiants de la Zitouna, si l’on en croit certains libraires qui se rappellent de cette Ă©poque, comme M. Tarek El Asli, qui gĂšre la librairie “Al MĂąaref” fondĂ©e par son grand-pĂšre, et la seule qui subsiste dans la mythique rue des Libraires, toute proche de la MosquĂ©e Zitouna. “Avant, toute cette rue Ă©tait pleine de librairies qui appartenaient Ă  des familles comme Mhamdi, Trabelsi, Themini, Ben Sassi, et qui rĂ©pondaient Ă  la demande d’une clientĂšle Ă  majoritĂ© estudiantine, vu la proximitĂ© avec l’UniversitĂ© zeitounienne. AprĂšs la fermeture de cette universitĂ© Ă  l’aube de l’IndĂ©pendance, le nombre de nos visiteurs a chutĂ©. Ainsi, beaucoup de librairies ont fermĂ© pour se transformer en boutiques d’artisanat ou de bijouterie, d’autres se sont dĂ©placĂ©es vers divers endroits de la Capitale. Il a fallu attendre l’époque des annĂ©es 80 pour enregistrer de nouveau un regain d’intĂ©rĂȘt pour le livre religieux, avec un profil de clients assez diversifiĂ© et pas seulement des enseignants ou des Ă©tudiants », a-t-il indiquĂ©. Son constat a Ă©tĂ© confirmĂ© par d’autres libraires, tels M. Habib Mhamdi qui gĂšre la librairie “Al Manar” depuis le dĂ©cĂšs de son fondateur Tijani Mhamdi. Cette mĂȘme librairie s’est dĂ©placĂ©e vers les annĂ©es 60 de la MĂ©dina Ă  Bab Jedid pour ces mĂȘmes raisons. Mais qu’en est-il de la clientĂšle d‘aujourd’hui, surtout qu’on enregistre Ă  l’image un peu des annĂ©es 80 un retour de la religion dans la vie publique, chaĂźnes satellitaires et radios religieuses aidant ? Nouveaux profils de lecteurs Les libraires interviewĂ©s, qui sont pour la plupart spĂ©cialisĂ©s dans la vente du livre religieux, reconnaissent qu’il y a de nouveaux profils qui surgissent. Tout d’abord, ils remarquent l’afflux de plus en plus de femmes qui auparavant ne s’intĂ©ressaient pas Ă  ce genre de lecture. Ces derniĂšres viennent gĂ©nĂ©ralement acheter le Coran, des livres d’exĂ©gĂšse, Ă©crits dans un langage accessible et comprĂ©hensible, car elles sont gĂ©nĂ©ralement d’un niveau d’instruction modeste, les livres de hadiths, du “douañ” oĂč ceux qui enseignent les pratiques religieuses (le jeĂ»ne, la priĂšre, le hajj
), outre les Ă©crits qui interprĂštent les rĂȘves. Mais elles ont un engouement particulier pour un nouveau type de livres, ceux du “tajwid”, c’est-Ă -dire ceux qui enseignent la maniĂšre juste de psalmodier le Coran. D’aprĂšs M. Tarek El Asli, les femmes qui commencent Ă  frĂ©quenter les Ă©coles coraniques veulent perfectionner leur prononciation ainsi que les techniques de la psalmodie du texte sacrĂ©. L’autre nouvelle clientĂšle qui Ă©tait improbable jusqu’ici, ce sont les Tunisiens vivant Ă  l’étranger qui reprĂ©sentent une cible importante. Selon M. Habib Mhamdi, « Ces derniers profitent de leur sĂ©jour en Tunisie pour s’approvisionner en livres religieux traduits en français ou en anglais. Il s’agit essentiellement des livres de Coran et de livres d’exĂ©gĂšses. Ils prĂ©fĂšrent les acheter ici car ils coĂ»tent moins cher qu’en Europe. Du coup, nous avons une demande importante pendant l’étĂ©, surtout. » Un autre phĂ©nomĂšne qui a fait son apparition ces derniĂšres annĂ©es, comme l’explique M. Mohamed Bennour qui travaille Ă  la librairie “Al Kitab”, est l’affluence de Tunisiens qui veulent se marier avec des Ă©trangĂšres, essentiellement des EuropĂ©ennes. En fait, ils leur achĂštent le Coran traduit ou des Ă©crits qui renseignent sur l’Islam en vue de les pousser Ă  se convertir. Outre les Tunisiens, le livre religieux attire aussi les AlgĂ©riens et les Libyens qui sont de passage dans notre pays. Les premiers ont un engouement particulier pour le Coran. «Chaque semaine, pratiquement, ils viennent en demander », affirme M. Mhamdi. Quant aux seconds, « ils s’intĂ©ressent aux livres spĂ©cialisĂ©s car ils estiment qu’il y a plus de choix en Tunisie ». M. FarĂšs Turki, de la Librairie “Nous-MĂȘmes” nous informe d’une autre clientĂšle Ă©trangĂšre qui lui rend visite rĂ©guliĂšrement, Ă  savoir les employĂ©s de la BAD (Banque Africaine de DĂ©veloppement). Ces derniers cherchent gĂ©nĂ©ralement les traductions francophones ou anglophones, chose qui l’a poussĂ© Ă  diversifier son offre et Ă  multiplier les titres traduits. Hormis ces nouveaux profils identifiĂ©s, les consommateurs du livre religieux sont restĂ©s pratiquement les mĂȘmes. Les libraires travaillant sur ce crĂ©neau depuis des annĂ©es distinguent deux grandes catĂ©gories : le citoyen moyen et le spĂ©cialiste. Mais ces deux catĂ©gories lisent-elles la mĂȘme chose ? Les livres les plus demandĂ©s Absolument pas, rĂ©pondent les libraires qui, selon le niveau intellectuel du client, lui conseillent le type de bouquins qu’ils devraient acheter. Le citoyen moyen est intĂ©ressĂ© par des lectures simplifiĂ©es, faciles Ă  comprendre du point de vue de la langue et du continu. Alors, il se procure gĂ©nĂ©ralement des livres de hadiths (Muslim et Bukhari), d’exĂ©gĂšse dans des versions rĂ©duites et simples Ă  lire, de douĂąa, des Ă©crits qui renseignent sur les pratiques religieuses (priĂšre, jeĂ»ne, hajj, zakat, ablutions
) ou sur le rite malikite (“Al Mouwattañ” de l’Imam Malek ), des bouquins sur l’histoire des prophĂštes et des Califes biens guidĂ©s, sur la mĂ©decine prophĂ©tique, sur l’interprĂ©tation des rĂȘves et sur les femmes du prophĂšte Mohamed. Parmi les titres les plus demandĂ©s, il y a “Riadh Assalihine” (Les jardins vertueux), “Muhammad Rasoulou Allah” (Muhammad, le ProphĂšte de Dieu), “Attib Annabaoui” (La mĂ©decine prophĂ©tique), “AddouaĂą Al Mostajeb” (La priĂšre acceptĂ©e), “Arroukya AchariyĂąa” (La thĂ©rapie charaĂŻque) que certains charlatans utilisent pour soi-disant guĂ©rir les malades, “Dalayel Al Khayrat” (Les guides des bien-faits), “Al Moshaf Al Morchid Al MouĂźn” (pour la perfection de la psalmodie du Coran)
 Quant Ă  la deuxiĂšme catĂ©gorie, celles des spĂ©cialistes, elle rĂ©unit les universitaires, les professeurs d’éducation religieuse, les imams, les Ă©tudiants et les personnes d’un certain niveau intellectuel. Ces gens ne rechignent pas sur les prix, contrairement aux premiers, et ils sont prĂȘts Ă  payer des sommes importantes afin d’acquĂ©rir un livre dont ils ont besoin pour leurs Ă©tudes, leurs recherches ou mĂȘme pour approfondir leurs connaissances dans un domaine particulier. Les prix varient gĂ©nĂ©ralement entre 100 et 300 dinars, voire plus. Cette catĂ©gorie s’intĂ©resse aux diffĂ©rentes sections des sciences religieuses : la thĂ©ologie, le droit musulman, les fondements du Droit musulman, le hadith, la Sira, l’exĂ©gĂšse et le mysticisme. Dans chaque section, il y a les classiques qui sont les plus lus par les spĂ©cialistes comme la Sira d’Ibn Hichem, “Sahih Muslim” et “Sahih Al Bukhari”, “Tafsir Aljalalyn”, “Tafsir Ibn Khathir”, “Al Fath Al bari”, “Al Foutouhat Al Maqqiya” (Les Illuminations Mecquoises d’Ibn Arabi), “IhyaĂą Ouloum Addine” (La revivification des sciences religieuses d’Al Ghazali), “Asbab Annouzoul” (Les causes de la RĂ©vĂ©lation)
 Mais il y aussi ce qu’on appelle “Islamiyet”, c’est-Ă -dire des Ă©tudes et des essais sur la religion musulmane, tels les livres de Mohamed Tahar Ben Achour ou d’Ahmed Amine ou Ali Abderrrazek. On trouve encore des livres sur la rĂ©forme de l’Islam, d’auteurs comme Mohamed Charfi, Hichem DjaĂŻt, Iyadh Ben Achour, Mohamed Arkoun, Hamadi Redissi, Youssef Seddik, Olfa Youssef, dont la clientĂšle est diffĂ©rente gĂ©nĂ©ralement de celle des deux premiers, d’aprĂšs les affirmations de M. Bennour, qui a fait le choix de sĂ©parer le rayon qui leur est rĂ©servĂ© de celui des livres religieux au sein de la librairie “Al Kitab”. Un monopole de l’édition moyen-orientale Cette diversitĂ© de choix et de profils ne profite pas, pourtant, Ă  l’édition tunisienne puisque le livre religieux est Ă©ditĂ© exclusivement au Moyen-Orient, notamment au Liban et en Egypte. Car s’il Ă©tait produit en Tunisie, il serait vendu plus cher, vu les lourds coĂ»ts du papier et de la main-d’oeuvre outre la petitesse du marchĂ©. Tous les libraires, affirme M. Salah El Asli de la librairie “Al Maktaba Al Atiqua”, prĂ©fĂšrent acheter chez les maisons d’éditions libanaises et Ă©gyptiennes, d’autant plus qu’ils ne payent pas de taxes pour l’importation. Du coup, un bouquin peut se vendre Ă  1 ou 2 dinars, et puis il y a une large gamme de choix pour toutes les bourses et pour tous les niveaux. Reste que le livre religieux reprĂ©sente un crĂ©neau pour les librairies en langue arabe. Il occupe 80% du chiffre d’affaires de la librairie “Nous-MĂȘmes” et 50 Ă  60% de celui d’”Al Maktaba Al Atiqua”. MĂȘme “Al Kitab”, qui est une librairie gĂ©nĂ©raliste avec une prĂ©dominance du livre francophone, s’investit dans ce marchĂ© bien qu’il ne reprĂ©sente qu’à peu prĂšs 3% de son chiffre d’affaires. C’est que ce crĂ©neau profite aussi de la publicitĂ© que lui font les chaĂźnes religieuses sur le satellite et surtout la Radio Zitouna, comme le prĂ©cise M. FarĂšs Turki, estimant qu’elle a donnĂ© un vrai coup de pouce Ă  la demande. « Les gens viennent chercher les livres dont ils ont entendu parler Ă  la radio », affirme pour sa part M. Salah El Asli. Concurrence et piratage : le livre religieux en souffre aussi ! NĂ©anmoins, les libraires sont loin de parler d’un engouement excessif pour le livre religieux malgrĂ© l’existence d’une offre importante. Pour cause, deux facteurs. D’une part l’interdiction de certains livres qui n’entrent pas en Tunisie, essentiellement ceux des activitĂ©s extrĂ©mistes, et qui sont les plus demandĂ©s. M. Turki indique que grĂące Ă  Internet et aux chaines satellitaires, les gens sont de plus en plus informĂ©s des nouveautĂ©s dans le domaine et des livres les plus recommandĂ©s par la communautĂ© des internautes. D’autre part, beaucoup de personnes prĂ©fĂšrent puiser leurs informations sur la religion en regardant la tĂ©lĂ© ou en Ă©coutant la radio car c’est la maniĂšre la plus simple et qui leur parle directement, comme le prĂ©cise M. Habib Ben Tahar, Ă©crivain spĂ©cialisĂ© en livres religieux et fonctionnaire au ministĂšre des Affaires religieuses, qui prĂ©cise que « les gens aiment la facilitĂ©. Or lire un bouquin nĂ©cessite un effort particulier». Mais il y aurait peut-ĂȘtre un troisiĂšme facteur sur lequel attire l’attention M. Tarek El Asli, c’est le tĂ©lĂ©chargement sur Internet de livres religieux et leur vente sur CD au prix d’un dinar. ‘Alors, Ă  quoi bon dĂ©penser plus en achetant la version papier ?’ Le livre religieux semble donc suivre le mĂȘme sort que les autres types de bouquins : concurrence de la radio, de la tĂ©lĂ© et d’Internet, piratage, dĂ©tournement des gens de la lecture etc. Reste qu’il rĂ©siste mieux Ă  toutes les tendances et Ă  toutes les Ă©poques car il demeure liĂ© Ă  un sentiment de religiositĂ© et Ă  un besoin de rencontrer la parole divine et de la comprendre.

(Source: « RĂ©alitĂ©  » (Hebdomadaire – Tunisie) le 22 mars 2010)  


Le Maroc refuse le dialogue avec les islamistes emprisonnés

Rabat a rejeté un récent appel au dialogue lancé par des Marocains emprisonnés en vertu de la loi sur le terrorisme.


Par Naoufel Cherkaoui pour Magharebia à Rabat — 18/03/10

Le gouvernement marocain n’organisera aucune discussion avec les islamistes emprisonnĂ©s, a dĂ©clarĂ© le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khalid Naciri Ă  Magharebia dans un entretien exclusif accordĂ© lundi 15 mars.

Naciri a dĂ©clarĂ© Ă  Magharebia que la demande des islamistes pour un dialogue de rĂ©conciliation ‘n’est pas Ă  l’ordre du jour du gouvernement ».

En publiant rĂ©cemment des lettres et des dĂ©clarations pour dĂ©savouer leur idĂ©ologie terroriste et leur affiliation, de nombreux dĂ©tenus islamistes emprisonnĂ©s en vertu de la loi sur le terrorisme espĂ©raient convaincre les autoritĂ©s marocaines d’accepter leur appel au dialogue.

Depuis les attentats de Casablanca en 2003, les autoritĂ©s marocaines ont pourchassĂ© les terroristes islamistes et en ont arrĂȘtĂ© plus de mille. La derniĂšre rĂ©action en date du gouvernement pourrait ĂȘtre le signe d’une flexibilitĂ© moindre qu’elle ne le paraissait en mai dernier, lorsque le ministre de l’IntĂ©rieur de l’Ă©poque, Chakib Benmoussa, avait expliquĂ© qu’il y avait certainsmoyens par lesquels les prisonniers du mouvementSalafia Jihadia pourraient sortir de prison – y compris par suite d’une grĂące royale – s’ils exprimaient leur remords et modifiaient leur maniĂšre de penser.

La plus rĂ©cente ouverture en direction des islamistes emprisonnĂ©s est venue sous la forme d’une « Initiative d’Ă©quité » proposĂ©e par le religieux marocain emprisonnĂ© Mohamed Abdelouahab Rafiki, aliasAbou Hafs. Sa lettre contenant cette proposition a Ă©tĂ© distribuĂ©e par le Forum pour la dignitĂ© des droits de l’Homme lors d’une confĂ©rence de presse organisĂ©e la semaine derniĂšre.

Le prĂ©sident de ce forum, Mustafa Ramid, a dĂ©clarĂ© lors d’un entretien accordĂ© le 15 mars Ă  Magharebia que « cette initiative reflĂšte l’importance de l’intĂ©rĂȘt national, qui implique la nĂ©cessitĂ© d’ouvrir les dossiers de centaines de prisonniers ».

« [P]our nous, mĂȘme s’il y a des terroristes parmi eux, il y a Ă©galement des personnes innocentes qui doivent ĂȘtre identifiĂ©es et relĂąchĂ©es », avait-il dĂ©clarĂ©. « De plus, le gouvernement devrait revoir les cas des personnes repenties. »

« Le terrorisme n’est pas seulement un comportement criminel ; c’est avant tout une idĂ©ologie, une croyance et une conviction qui doivent ĂȘtre abolies et battues en brĂšche par le dialogue », a ajoutĂ© ce militant des droits de l’Homme. « La partie la plus importance qualifiĂ©e pour dĂ©manteler la pensĂ©e terroriste
 est le cercle des prisonniers islamistes. »

Dans un entretien avec le quotidien Ettajdid publiĂ© le 5 mars, Abou Hafs explique : « Nous sommes un groupe de personnes innocentes qui rĂ©futons toutes les accusations et demandons Ă  ĂȘtre libĂ©rĂ©s. Nous avons fait des erreurs, et nous les reconnaissons. »

« [H]onnĂȘtement, je ne comprends pas l’intĂ©rĂȘt de certaines parties Ă  maintenir nombre de nos jeunes derriĂšre les barreaux, notamment lorsqu’ils ont dĂ©noncĂ© tous les actes de terrorisme et l’extrĂ©misme, ou ont reconnu leur culpabilité », ajoute Abou Hafs. « Ils ont fait part de leur volontĂ© de rĂ©intĂ©grer la sociĂ©tĂ©. Quel est alors le but de cette angoisse permanente pour ces personnes et leurs familles ? »

D’autres parties de la sociĂ©tĂ© marocaine ont des rĂ©actions mitigĂ©es Ă  cette initiative de dialogue.

« Nous applaudissons une telle initiative. C’est le seul moyen d’Ă©clairer la position des islamistes, pour que chacun puisse la connaĂźtre », a expliquĂ© Mohammad Muhtad, prĂ©sident d’un comitĂ© de soutien aux dĂ©tenus de la loi sur le terrorisme, Ă  Magharebia le 15 mars.

« Les autoritĂ©s marocaines ont clairement indiquĂ© qu’elles ne sont pas disposĂ©es Ă  ouvrir un quelconque dialogue avec les islamistes emprisonnĂ©s [et] leur seul espoir est de demander le pardon du Roi », a dĂ©clarĂ© lundi Ă  Magharebia Mohammed Darif, un spĂ©cialiste des groupes islamistes. « Je ne pense pas qu’une quelconque initiative comme celle d’Abou Hafs incitera les autoritĂ©s Ă  rouvrir le dossier, parce que sa dĂ©claration prouve que ces gens ne comprennent pas la sociĂ©tĂ© marocaine, son Ă©volution et ses liens avec l’Occident ; en consĂ©quence, ils restent encore fidĂšles Ă  leur idĂ©ologie extrĂ©miste. »

(Source:www.magharebia.com le 18 maes 2010)

Lien:http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2010/03/18/feature-01


MalgrĂ© ses apparitions Ă  la tĂ©lĂ©vision L’aprĂšs-Moubarak est en dĂ©bat en Égypte


Par : Djamel Bouatta Plus de deux semaines aprĂšs l’ablation de la vĂ©sicule biliaire et le retrait d’un polype du duodĂ©num dans un hĂŽpital allemand, l’Ă©tat de santĂ© du prĂ©sident Hosni Moubarak prĂ©occupe toujours les Égyptiens et ils ne sont pas les seuls. La tĂ©lĂ©vision publique diffuse en boucle des images du chef de l’Etat : une sĂ©quence oĂč il apparaĂźt en robe de chambre, amaigri. Les Égyptiens, aprĂšs s’ĂȘtre remis de la dĂ©couverte de la maladie  de leur prĂ©sident, se posent la question de savoir qui, aprĂšs lui, dirigera l’Égypte. Le sujet alimente toutes les rumeurs au Caire, bien que la Bourse de la capitale ait repris des couleurs aprĂšs la chute de la semaine derniĂšre lorsque se propagea la rumeur du dĂ©cĂšs de Moubarak. Le temps est aux incertitudes au Caire. En fait, imaginer le pays aprĂšs Moubarak ne va pas de soi pour nombre de ses compatriotes, celui-ci est au pouvoir depuis trente ans. Dans le pays, la moitiĂ© de la population n’a connu que Moubarak ! Un habitant sur trois n’a pas encore 15 ans, l’Ăąge mĂ©dian est de 24 ans. La succession de l’octogĂ©naire, dont le mandat actuel expire en 2011, reste une question sensible. Son fils cadet, Gamal, 46 ans, apparaĂźt comme le successeur dĂ©signĂ©. L’influence croissante de ce dernier au sein du Parti national dĂ©mocrate (PND) au pouvoir, il en est le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et dans le gouvernement, dont le Premier ministre et plusieurs membres de son cabinet, avaient Ă©tĂ© choisis par Gamal en personne, en est un signe parmi d’autres. Mais les observateurs estiment paradoxal que l’Égypte renoue avec un systĂšme de dynastie hĂ©rĂ©ditaire auquel la rĂ©volution nasserienne, en 1952 a prĂ©cisĂ©ment mis un terme. Sait-on jamais ? Il reste qu’au Caire et dans les autres capitales, on spĂ©cule sur d’autres candidatures. Le chef des renseignements, Omar Souleimane, serait le mieux placĂ©, quitte Ă  attirer Ă  ses cĂŽtĂ©s Gamal, dans un poste de vice-prĂ©sident. Parmi les outsiders figurent aussi Amr Moussa, patron de la Ligue arabe, et Mohammed El-Baradei, nouveau venu dans la compĂ©tition, qui dirigeait il y a peu l’Agence internationale de l’Ă©nergie atomique (AIEA), Ă  Vienne, et qui n’hĂ©site pas Ă  critiquer ouvertement les Moubarak. Les FrĂšres musulmans ont eux jetĂ© l’éponge, leur nouveau chef s’intĂ©resse Ă  la daĂąwa. Une grande Ă©pine de moins aux Moubarak car les islamistes reprĂ©sentent tout compte fait le seul grand danger Ă  la succession de Moubarak par son fils. Le mouvement islamiste des FrĂšres musulmans est persuadĂ© que son heure viendra lorsque les Egyptiens auront tous basculĂ© dans leur camp. Ce qui ne saurait tarder Ă  en croire les bruissements de la sociĂ©tĂ©. Le Caire est entrĂ©e dans la zone de turbulences. (Source: « Liberté » (Quotiien – Algerie) le 22 mars 2010)

Au palmarÚs des libertés féminines


22/03/2010 Ă  13h:24 Par Marwane Ben Yahmed
L’organisation non gouvernementale amĂ©ricaine Freedom House s’est penchĂ©e sur la condition fĂ©minine au Maghreb et au Moyen-Orient. Conclusion de ce travail titanesque : les droits des femmes y progressent indĂ©niablement… mais Ă  pas comptĂ©s. Revue de dĂ©tail.

Chaque annĂ©e, depuis 1975, c’est la mĂȘme antienne. Tous les 8 mars, on cĂ©lĂšbre avec assiduitĂ© et ferveur la JournĂ©e internationale de la femme. Un peu partout dans le monde, les hommes se donnent bonne conscience. Les mĂ©dias multiplient les sujets plus ou moins racoleurs sur ces femmes qui bougent, brisent les plafonds de verre, s’émancipent ou, au contraire, sur celles qui continuent desubir les pires avanies. Les bourreaux mĂąles sont montrĂ©s du doigt, les Ă©gĂ©ries de cette « lutte des sexes » mises sur un piĂ©destal. On offre des fleurs, des roses de prĂ©fĂ©rence, presque aussitĂŽt fanĂ©es. Car dĂšs le 9 mars, tout recommence comme avant la catharsis planĂ©taire : la femme redevient un ĂȘtre intrinsĂšquementinfĂ©rieur Ă  l’homme, quelles que soient la rĂ©gion, la religion ou le niveau de dĂ©veloppement. Seul l’écart entre les droits, les libertĂ©s et le statut des deux sexes diffĂšre d’un pays Ă  l’autre, mais il est toujours lĂ , presque partout. Et s’il est un monde oĂč cet Ă©cart devient abĂźme, c’est bien le monde arabe (et perse). À ne pas confondre avec le monde musulman, car les terres d’islam asiatiques, en la matiĂšre, n’ont pas que des leçons Ă  recevoir


Les femmes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont-elles vouĂ©es Ă  cette soumission sĂ©culaire ? La longue marche vers la libertĂ© et l’émancipation de leurs sƓurs d’Europe, des AmĂ©riques et d’Asie y trouve-t-elle un quelconque Ă©cho ? Les inĂ©galitĂ©s se rĂ©duisent-elles ? La trĂšs sĂ©rieuse organisation non gouvernementale amĂ©ricaine Freedom House, vĂ©ritable vigie de la libertĂ© dans le monde, a menĂ©, depuis 2004, un impressionnant travail de fourmi dans dix-huit pays de la rĂ©gion (voir classement gĂ©nĂ©ral ci-dessous), Ă  l’exception d’IsraĂ«l, pour rĂ©pondre Ă  ces questions. Conclusion de l’enquĂȘte, rendue publique le 3 mars et parue Ă©galement en arabe : les droits des femmes progressent indĂ©niablement, mais Ă  pas comptĂ©s. Seuls l’Irak, la Palestine et le YĂ©men, thĂ©Ăątres de conflits internes ou de la montĂ©e d’un certain extrĂ©misme religieux, Ă©chappent Ă  ce relatif cercle vertueux. OĂč les progrĂšs les plus significatifs ont-ils Ă©tĂ© enregistrĂ©s ? En AlgĂ©rie, au KoweĂŻt (les femmes y ont obtenu en 2005 droit de vote et Ă©ligibilitĂ©) et en Jordanie.

Les meilleurs Ă©lĂšves de ce palmarĂšs des libertĂ©s se recrutent au Maghreb. Premier levier de l’émancipation relative, l’éducation. Allez expliquer Ă  une diplĂŽmĂ©e de biologie, de mĂ©decine ou de droit que sa place est aux fourneaux
 En tĂȘte, sans surprise, la Tunisie. Les femmes y jouissent d’un statut juridique sans Ă©quivalent dans le monde arabe, mis en place dans l’euphorie de l’aprĂšs-indĂ©pendance et consolidĂ© depuis. Viennent ensuite le Maroc et l’AlgĂ©rie, Ă  Ă©galitĂ© parfaite – quel hasard ! – sur l’ensemble des indicateurs Ă©laborĂ©s par Freedom House (voir p. 45). Pas de grandes surprises non plus en fin de classement puisque y figurent, outre l’Iran d’Ahmadinejad, le YĂ©men et l’Arabie saoudite, oĂč voter, ĂȘtre Ă©lue ou conduire est impossible, voyager et ĂȘtre soignĂ©e soumis Ă  l’approbation d’un homme et oĂč l’inĂ©galitĂ© entre les sexes est consacrĂ©e dans les textes de lois.

RĂ©flexe pavlovien

L’immense intĂ©rĂȘt du travail de Freedom House rĂ©side aussi dans le fait que l’ONG ne s’est pas cantonnĂ©e aux lĂ©gislations. Car une chose est la loi, une autre son application. Les avancĂ©es sur le papier sont bien rĂ©elles et relativement partagĂ©es par toute la rĂ©gion. Mais les lois n’ont pas toujours vocation Ă  ĂȘtre homogĂšnes. De nombreuses mesures de discrimination lĂ©gale cohabitent avec des dispositions qui amĂ©liorent la condition des femmes. Ainsi la Syrie bloque-t-elle tout progrĂšs sur les questions familiales en mĂȘme temps qu’elle permet un meilleur accĂšs des femmes Ă  la vie publique. Au KoweĂŻt, on autorise le droit de vote, mais on instaure la sĂ©grĂ©gation sexuelle dans les universitĂ©s. Surtout, certaines professions censĂ©es faire appliquer les lois restant aux mains des hommes (police, justice), leur mise en Ɠuvre demeure trop souvent Ă  l’état de vƓu pieux


Las  ! Si les progrĂšs accomplis sont tangibles, et parfois importants dans certains domaines (Ă©ducation, participation Ă  la vie Ă©conomique et politique), ils ne suffisent pas Ă  comprendre et Ă  mesurer l’évolution rĂ©elle de l’accĂšs effectif des femmes Ă  leurs droits. Car un sinistre mĂ©canisme s’enclenche quasi inexorablement Ă  chaque fois que les femmes obtiennent de haute lutte tel droit ou telle libertĂ©. C’est presque une loi physique, un rĂ©flexe pavlovien : chaque avancĂ©e se voit opposer une rĂ©sistance accrue de la part des hommes. En clair, plus les femmes s’affranchissent, plus certains redoublent d’efforts pour leur faire regagner leurs pĂ©nates et les y confiner.

Le principal espoir pour les femmes arabes ? Que les hommes s’aperçoivent enfin, comme l’explique Karima Bounemra Ben Soltane, directrice du bureau Afrique du Nord de la Commission Ă©conomique pour l’Afrique des Nations unies (CEA), qu’elles « demeurent une ressource largement inexploitĂ©e ». Ainsi, en pĂ©riode de crise Ă©conomique par exemple, il n’est pas rare de voir un pĂšre animĂ© d’une conception plutĂŽt rĂ©trograde de la femme laisser ses filles quitter le domicile familial pour travailler et rapporter de l’argent. L’utilitĂ© de leur Ă©mancipation est alors dĂ©montrĂ©e par leur apport Ă©conomique, et les principes qui rĂ©gissaient jusque-lĂ  le foyer s’évanouissent peu Ă  peu


Quand les hommes auront compris que les femmes sont leurs Ă©gales, qu’il est dans leur intĂ©rĂȘt – et celui de leur nation – de les associer pleinement Ă  la vie Ă©conomique, sociale et politique, le monde arabe aura accompli un pas de gĂ©ant vers le dĂ©veloppement, la dĂ©mocratie et la justice. Il cesserait ainsi de se tirer une balle dans le pied pour enfin marcher sur ses deux jambes.

(Source: Jeune Afrique (Hebdomadaire – France) le 22 mars 2010)  

Turquie: Le parti au pouvoir en consultations sur un projet constitutionnel


AFP / 22 mars 2010 17h47 ANKARA – Le parti issu de la mouvance islamiste au pouvoir en Turquie a entamĂ© lundi des consultations avec l’opposition sur un projet de rĂ©vision constitutionnelle, qui pourrait engendrer de nouvelles tensions avec le camp laĂŻque. Ses dirigeants ont prĂ©vu de rencontrer pendant toute la semaine les partis d’opposition « afin de leur expliquer la nĂ©cessitĂ© de cette rĂ©vision » d’une Constitution hĂ©ritĂ©e du coup d’Etat militaire de 1980 pour aligner la Turquie sur les normes europĂ©ennes, a affirmĂ© le vice-Premier ministre Cemil Ciçek. « Il semble difficile d’avancer dans la voie de l’intĂ©gration Ă  l’Union europĂ©enne avec la Constitution actuelle », a soulignĂ© M. Ciçek, rappelant que le bloc europĂ©en en rĂ©clamait la rĂ©vision. MĂȘme si le Parti de la justice et du dĂ©veloppement (AKP) est largement majoritaire au Parlement, il a besoin du soutien de l’opposition pour faire passer ces amendements. En cas d’Ă©chec au parlement, le gouvernement soumettra sa rĂ©forme Ă  rĂ©fĂ©rendum. La rĂ©vision prĂ©voit en particulier de changer le mode de nomination des magistrats, alors que la haute magistrature, bastion de la laĂŻcitĂ©, est gĂ©nĂ©ralement hostile Ă  l’AKP. Elle prĂ©voit aussi des mesures pour rendre plus difficile la dissolution des partis politiques. L’AKP avait Ă©chappĂ© de justesse en 2008 Ă  une interdiction pour cause d’activitĂ©s anti-laĂŻques. Le principal parti d’opposition pro-laĂŻque, le Parti rĂ©publicain du peuple (CHP), a d’ores et dĂ©jĂ  dĂ©noncĂ© le projet: « Les inquiĂ©tudes de l’AKP d’ĂȘtre un jour dissous et de voir ses cadres jugĂ©s sont les principales raisons pour lesquelles ce parti a prĂ©parĂ© une telle rĂ©vision », a indiquĂ© son chef Deniz Baykal. Le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite) a Ă©galement refusĂ© de soutenir les changements. Le projet a aussi Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© par les reprĂ©sentants de la haute magistrature. Le prĂ©sident de la Cour de cassation Hasan Gerçeker a dĂ©plorĂ© lors d’une confĂ©rence de presse « des dispositions qui font reculer l’indĂ©pendance des juges et sont en complĂšte contradiction avec le principe de sĂ©paration des pouvoirs ». « Ils se moquent de la haute magistrature », a pour sa part estimĂ© le vice-prĂ©sident du Conseil supĂ©rieur de la magistrature Kadir Özbek. Il a estimĂ© que la rĂ©forme allait « crĂ©er de graves problĂšmes » au sein de l’institution judiciaire. M. Ciçek a dĂ©fendu le projet en affirmant: « notre objectif n’est pas de renforcer notre pouvoir, mais d’asseoir la souverainetĂ© populaire ». Le projet prĂ©voit aussi des changements qui ouvrent la voie Ă  un jugement des auteurs du putsch de 1980 et Ă  une amĂ©lioration des droits des femmes. Il doit ĂȘtre soumis au Parlement d’ici Ă  la fin du mois.

Turquie : le gouvernement veut démilitariser la Constitution


Euronews 22/03 19:15 CET Le gouvernement turc veut dĂ©militariser la Constitution. Un projet qui engendre de nouvelles tensions avec le camp laĂŻc. Les dirigeants du parti au pouvoir, l’AKP, se sont donnĂ©s une semaine pour convaincre les partis d’opposition de la nĂ©cessitĂ© de cette rĂ©vision. L’actuelle Constitution turque date du dĂ©but des annĂ©es 80 au lendemain du coup dâ€˜Ă©tat militaire. Le vice-Premier ministre assure que ces changements sont nĂ©cessaires pour pouvoir continuer d’avancer dans les nĂ©gociations avec l’Union europĂ©enne. Il rĂ©fute aussi vouloir renforcer le pouvoir de l’AKP
 Cemil Ciçek : “L’objectif de ce changement constitutionnel est d’installer la souverainetĂ© du peuple dans tous les domaines et de renforcer le pouvoir du peuple. Aujourd’hui nous sommes ici, mais demain un autre parti pourrait ĂȘtre au pouvoir. Ce qui ne change pas c’est la volontĂ© du peuple, la souverainetĂ© du peuple. Il ne semble pas possible d’associer ce pays Ă  une constitution sous tutelle militaire”. La rĂ©vision prĂ©voit de changer le mode de nomination des magistrats. La Haute-Magistrature, bastion de la laĂŻcitĂ© est gĂ©nĂ©ralement hostile Ă  l’AKP. Le gouvernement veut aussi rendre plus difficile la dissolution des partis politiques. L’AKP avait Ă©chappĂ© de peu Ă  la procĂ©dure il y a deux ans. Bien que majoritaire Ă  l’AssemblĂ©e, l’AKP a besoin de l’opposition pour faire passer cette rĂ©vision Constitutionnelle. En cas dâ€˜Ă©chec le gouvernement soumettra sa rĂ©forme Ă  rĂ©fĂ©rendum.  

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