Répression scandaleuse Cérémonie de mariage du fils de Me Maatar interdite
Grève de la faim d’une journée pour défendre les libertés académiques
Pour le comité du soutien Massaoud Romdhani
Madame, Monsieur, le recteur de Carthage/ 7 Novembre, C’est avec un grand étonnement que j’ai appris que vous ne feriez pas tout ce qui est en votre pouvoir pour que Monsieur Sofiène CHOURABI puisse participer au premier FESTIVAL INTERNATIONAL DE SOLIDARITE DE « LUTTES ETUDIANTES » qui aura lieu du 9 au 14 Avril 2007 en Franche-Comté et en Bourgogne. En effet, moi-même ainsi que toute l’équipe d’organisation de l’Union Générale des Étudiants de Dijon avons appris que la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales Tunis II, refuserait d’une façon incompréhensive d’octroyer à l’étudiant Sofiène CHOURABI, étudiant en 1ère année de sciences juridiques, l’attestation d’inscription . Nous avons déjà prévu le voir parmi les participants de ce festival international à coté des représentants de plusieurs pays européens (Suisse, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Espagne), des canadiens, des vénézuéliens, des représentants africains (Bénin, Sénégal, Côte d’Ivoire). Nous comptions pourtant sur les autorités françaises en France et dans ces pays ainsi que sur les autorités Tunisiennes pour faire tout leur possible et le nécessaire pour favoriser la venue de cet étudiant pour une semaine en France du 9 au 17 avril 2007. Vous savez que ces participants seront pris en charge au niveau de la restauration et de l’hébergement par l’Union Générale des Étudiants de Dijon en France, association reconnue loi 1901, dont les statuts sont déposés depuis 1971 à la préfecture de Côte d’or à Dijon. Au nom de l’Union Générale des Etudiants de Dijon nous demandons donc aux services du rectorat ainsi qu’à Monsieur le Doyen de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales Tunis II de permettre à Monsieur Sofiène CHOURABI d’avoir tous les papiers nécessaires pour justifier de son inscription . En comptant sur votre mansuétude, Fait pour faire valoir ce que de droit, Le Secrétaire National Chargé de l’International de la Fédération Syndicale Étudiante, Pierre-Olivier POYARD
Pas de fêtes pour les noces des fils d’opposants en Tunisie
L’U.G.T.T. A L’EPREUVE DE LA MONDIALISATION
Par Noura BORSALI
Le mouvement syndical tunisien s’inscrit dans un contexte national et international caractérisé par d’importantes mutations, notamment économiques et sociales : flexibilité, déréglementation, libéralisation, individualisation, bases sociales en mutation, poids grandissant du secteur privé, des services, des PME et des femmes, érosion des droits sociaux…Pour s’y adapter, la centrale syndicale est contrainte d’opérer de profonds changements dans les prochaines années.
L’UGTT, tout au long de son histoire parsemée d’embûches dans sa lutte pour la libération nationale et pour son autonomie, a réussi à lier combat politique et combat syndical, à se tailler une place importante dans l’échiquier politique du pays et à s’imposer comme un acteur social et politique et un partenaire incontournable dans le dialogue social.
Pour de nombreux syndicalistes, l’organisation tunisienne doit être en mesure de sauvegarder cet acquis. Sa survie, voire son rayonnement sont tributaires de sa capacité à se rénover dans un contexte international impitoyable, en renonçant à sa vision traditionnelle de l’action syndicale, à des méthodes de travail désuètes, à des discours inadaptés et à des formes de clientélisme affectant son fonctionnement et sa crédibilité.
L’heure, disent-ils, est au renouvellement en vue d’élargir sa base sociale en repensant ses méthodes de travail, ses structures et son rapport à l’Etat, au patronat, à l’entreprise et à la société civile. Sans doute, pour reprendre une expression des experts, s’agit-il de « bâtir une culture de l’innovation ».
La mondialisation qui est à l’origine de ces changements structurels suscite, pour le mouvement syndical en Tunisie et ailleurs, de sérieuses inquiétudes quant aux droits sociaux des travailleurs mais également quant au poids, à la place, à l’adhésion, à l’efficacité et à la crédibilité de l’action syndicale. Les formes d’action traditionnelles ne sont plus aptes à intervenir.
Dans cette phase de transition qui, de l’avis de tous les observateurs, fragilise les organisations sociales et politiques, le récent regroupement des deux grands syndicats internationaux (C.I.S.L. et C.M.T.) en une seule organisation dénommée Confédération Internationale Syndicale (CIS) constitue une nouvelle stratégie du mouvement syndical international dans sa riposte à la mondialisation du capital (voir encadré). « L’Union fait la force », ne cesse-t-on de répéter.
Selon des syndicalistes, « Se renouveler ou mourir » semble être le plus difficile défi à surmonter dans ce « nouvel ordre économique international » et dans un espace syndical où les résistances au changement demeurent très fortes. Des acteurs syndicaux sous d’autres cieux ont engagé une réflexion et des recherches sur ce qu’on a appelé « le renouveau syndical » auquel l’U.G.T.T. ne semble pas indifférente.
Une nouvelle donne économique
A en croire les décideurs politiques et économiques, l’ouverture entreprise sous la pression de la mondialisation permettrait une reprise durable de la croissance économique. Certains experts ne sont pas de cet avis et pensent que cette ouverture pourrait contribuer à destructurer le tissu économique confronté désormais à une concurrence effrénée. D’où la coexistence de secteurs concurrentiels et ouverts vers l’extérieur et de secteurs aujourd’hui en difficulté, du fait du processus de privatisation et de la concurrence accrue dans des pays asiatiques. L’exemple le plus frappant est notamment le secteur stratégique du textile qui représente près de 50% des exportations nationales et plus de 47% des emplois industriels du pays (occupés à 80% par les femmes).
L’économie tunisienne est engagée dans des réformes économiques visant une plus
grande libéralisation et une meilleure insertion dans l’économie mondiale. « C’est pourquoi, souligne l’économiste-universitaire Abdeljélil Bédoui, le secteur privé est appelé, en principe, à jouer un rôle central dans la croissance économique. En 1997, il a généré près de la totalité (environ 98%) de la production agricole et halieutique, le gros (environ 93%) de la population manufacturière, l’essentiel de la VA (valeur ajoutée) dans la BTP (près de 90%), près de 100% dans les autres services et environ 50% de la VA dans les transports et télécommunications. Depuis 1997, sa contribution ne cesse de croître avec l’accélération du processus de privatisation qui a concerné 165 entreprises publiques entre 1987 et mars 2001 ». Le secteur privé réalise 65,3% du PIB et emploie, selon Sami Aouadi économiste et S.G de la nouvelle fédération de l’enseignement supérieur, près de 2 millions 400 de personnes sur 3 millions 200 actifs. Environ 40% du PIB est réalisé par des micro entreprises employant moins de 5 personnes dans le commerce et moins de 10 personnes dans les autres activités.
Selon un étude de Mondher Benarous sur « Le secteur informel en Tunisie : Répression ou organisation » (Université de Limoges, CEREL), le secteur informel se caractérise par une multitude de micro-entreprises indépendantes ou à caractère familial ayant une taille moyenne comprise entre 2,4 et 3,6 de personnes. « Les relations de travail y sont fondées sur l’emploi occasionnel, les liens de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme ». Ce secteur que les hommes d’affaires appellent les pouvoirs publiques à organiser « fait vivre plus de 15 000 familles et assurent un rôle social et de survie que le secteur officiel est incapable de remplir ». Ce secteur contribuerait, selon l’UTICA, de 15 à 20% au PIB.
Lors de son dernier congrès tenu à Tunis les 21-22 novembre derniers, la centrale patronale s’est engagée, à augmenter la part du secteur privé dans l’enveloppe globale de l’investissement de 53% à 60% d’ici 2009 et à 70% d’ici 2016.
Sur les quelques 10 000 entreprises que compte la Tunisie, plus de 2700 sont en mains européennes et 1 000 sont françaises.
Notre pays qui accorde une importance particulière aux investissements directs à l’étranger (IDE, 10% des investissements productifs, génèrent le tiers des exportations et 1/6 des emplois, 230 000 personnes) continue d’attirer des entreprises étrangères. Celles-ci opèrent essentiellement dans l’énergie, le tourisme, l’immobilier et les industries manufacturières (notamment le textile).
Par ailleurs, la Tunisie est confrontée à un défi structurel du fait des nombreuses échéances en perspective telles que l’achèvement de la construction de la zone de libre-échange (ZLE) en 2008 et la libéralisation des services et des échanges agricoles (en cours de négociation).
Tout cela ne se fera pas sans casse. En tout cas sans des remises en cause douloureuses.
Ainsi, la réforme du Code du travail de 1994 a favorisé la flexibilité du travail et le développement des emplois précaires. Le processus de mondialisation remet donc en cause les bases de l’économie tunisienne. Or, il ne s’agit pas seulement de développer l’économie, il faut aussi assurer l’équilibre social. Ceci demeure une préoccupation majeure du gouvernement.
Dans ce nouveau contexte, « les organisations patronale et syndicale créées dans le cadre de l’Etat-Providence sont appelées aujourd’hui non seulement à se repositionner mais également à apporter des réponses à la question de l’évolution du marché. L’U.G.T.T. travaille depuis cinq ans sur les questions de ces mutations et de la restructuration de l’économie et tente de développer quelques points sur l’articulation de la question de développement et de la question sociale », souligne Mongi Amami, Directeur des Etudes au Département des Etudes et de la Documentation de la centrale qui ajoute qu’« à l’échelle nationale, la composition sectorielle de l’emploi a changé si bien que se pose avec acuité la question relative au rôle du syndicat dans la réorganisation de l’entreprise et au type de partenariat à bâtir avec les employeurs et l’Etat ».
Le temps des remises en question
Face aux changements qui affectent le monde du travail et au recul du modèle de développement basé désormais sur le coût de la main-d’œuvre comme élément de compétitivité, quelles réponses peut apporter le mouvement syndical sans remettre en cause ses fondements ? Pour Mongi Amami, « il s’agit de savoir quelle organisation nous voulons aujourd’hui face à la prépondérance du secteur privé et informel et comment la repositionner dans la société et dans son environnement international en tenant compte des mutations économiques et sociales et en revoyant les rapports véhiculant les structures internes de l’organisation. Le partage doit-il se faire par région ou par secteur ? Le centralisme est-il toujours valable ? Pourquoi ne pas penser à d’autres formes d’organisation telles que le fédéralisme, l’union ou encore la confédération ? Le blocage est là car l’UGTT trouve des difficultés à encadrer sa base féminine et jeune et aussi à recruter de nouveaux membres dans le secteur privé ».
Le département des Etudes et de la Documentation, dirigé par Mohamed Shimi, membre du Bureau exécutif, a déjà amorcé cette réflexion sur le renouveau syndical en élaborant ou en engageant des recherches sur « La démocratie, le développement et le dialogue social », sur « Le renouveau syndical » (en cours) etc… ou encore des études sur les grands dossiers de l’heure comme « les Caisses de sécurité sociale », « la fiscalité » et « le secteur du textile et habillement » qui constituent autant d’ouvrages de référence desquels pourraient s’inspirer les décideurs politiques et économiques ainsi que les négociateurs syndicaux.
Un travail de formation et de débat autour du renouveau syndical, du secteur privé et de l’information syndicale par exemple, ou d’autres questions sectorielles a été mené dans le cadre de journées d’étude ou de séminaires organisés par divers départements de l’U.G.T.T. Cette dynamique de réflexion reflète le degré de conscience des syndicalistes de la nécessité de s’informer et de se former dans un monde en perpétuelle mutation.
Toutefois, les changements internes de l’U.G.T.T. sont lents car les résistances au changement sont toujours fortes compte tenu du positionnement des uns et des autres dans les structures existantes et de leurs conflits personnels, souvent provoqués par des conflits d’intérêt. « Certains cadres syndicaux jouissent de privilèges incompatibles avec le statut d’une organisation militante et combative comme l’UGTT », souligne un syndicaliste sous couvert d’anonymat. D’ailleurs, cette question a été abordée par des congressistes qui ont appelé à réduire les privilèges et à mieux distribuer le budget de la centrale.
L’UGTT, qui vient de fêter son soixantième anniversaire, est donc appelée à évoluer et surtout à renoncer aux formes traditionnelles d’un syndicalisme formé dans le cadre d’un Etat-nation.
A cet égard, se posent de nombreuses questions dont dépend l’avenir de l’organisation : Dans quelle mesure les syndicats sont-ils encore capables d’influencer les politiques publiques ? Pour ce faire, quelles alternatives proposent-ils ? Comment investir le secteur privé qui demeure peu favorable à la syndicalisation (taux inférieur à 20%) face à cette nouvelle composition de l’emploi et à l’internationalisation des entreprises tunisiennes, objectif proclamé de l’UTICA ? Comment pénétrer le secteur informel ou encore ceux dont les activités ont recours à la sous-traitance ? Quelles stratégies adopter pour revitaliser l’action syndicale ? Selon quel agenda?
Un fait est incontestable : tel qu’elle fonctionne depuis sa création voilà soixante ans, l’UGTT semble peu adaptée à la nouvelle configuration du marché du travail et au nouveau profil des travailleurs. « Les secteurs traditionnels ont changé, l’aménagement du temps de travail aussi. Il y a la sous-traitance, la prépondérance du secteur privé dans lequel l’U.G.T.T. demeure sous-représentée. Pour toutes ces raisons et pour d’autres, notre centrale syndicale est appelée à renoncer aux slogans, à changer ses méthodes de travail et à proposer des alternatives pour tous les dossiers qui préoccupent les travailleurs comme ceux de l’emploi, de la sécurité sociale et la libéralisation du marché ainsi que de l’encadrement syndical du secteur privé », souligne Ali Romdhane, membre du B.E. de l’U.G.T.T.
En dépit des mutations à l’échelle de l’économie mondiale et nationale, la centrale n’a pas suffisamment évolué alors qu’elle est appelée non seulement à changer ses structures au vu du transfert des secteurs d’emploi, mais également à réaliser la démocratie interne, estime le dirigeant syndical qui renchérit : « L’U.G.T.T. est aussi un espace où sont représentées la quasi-totalité des tendances politiques du pays. Elle doit donc gérer cette pluralité et répondre à ses objectifs multiples que stipule son statut comme la défense des droits des travailleurs, l’instauration de la démocratie et le soutien des causes de libération nationale. Tout cela en évitant les divisions, et la prépondérance de tel combat sur un autre ainsi que la sauvegarde des intérêts personnels au détriment de ceux des travailleurs qui sont les seuls susceptibles de donner un sens à notre rôle de syndicalistes ».
Ali Romdhane -devenu à la suite de ce congrès numéro 2 de l’organisation- plaide aussi pour une meilleure présence des femmes et des jeunes dans les syndicats, et pour une consolidation des liens et des réseaux avec la société civile. Le soutien apporté, lors du dernier congrès de l’UGTT, à la candidature d’une syndicaliste chevronnée Naïma Hammami en est l’illustration.
L’impérative ouverture sur les femmes, les jeunes et la société civile
Ces thèmes -ouverture sur de nouveaux membres parmi lesquels les jeunes et les femmes et la construction de nouveaux réseaux à l’intérieur et à l’extérieur de la centrale- constituent la nouvelle stratégie du mouvement syndical international qui cherche à construire de nouvelles coalitions sociales.
Des commissions nationales et régionales des femmes travailleuses ont été créées au sein de l’U.G.T.T., tout comme des structures pour les jeunes travailleurs. Les syndicalistes sont pour la plupart conscients de cette nécessité d’adaptation aux évolutions et de recours aux nouvelles technologies pour améliorer la qualité des services fournis aux affiliés.
Pour Abdejelili Bédoui, « la restructuration est impérative dans ce contexte de mutations du secteur public, de la prépondérance des services, de l’externationalisation de la production, de l’appel à la sous-traitance assurée par le secteur privé, de la fragilisation de l’emploi avec l’établissement du contrat de durée déterminé (CDD)…La centrale syndicale absente dans le secteur privé doit développer des mécanismes appropriés pour y assurer sa présence. D’autre part, la restructuration n’est pas un problème physique mais aussi juridique car il s’agit de revoir la structuration des entités et donc passer impérativement par une réforme des structures internes ».
D’où cette nécessité de renouveler le leadership syndical. « Les membres de l’actuel B.E. sont, dans leur grande majorité, des enseignants ou des surveillants, ou des employés dans le secteur public, tout comme ceux de la C.A. La configuration des deux représentations. ne reflète en rien l’évolution et les mutations sectorielles dans l’économie tunisienne », souligne l’économiste tunisien. Cette question du renouvellement du leadership syndical a été soumise à la C.A. du mois de novembre dernier et aussi au congrès. Tous deux ont tranché en faveur du maintien du principe des deux seuls mandats successifs pour les dirigeants syndicaux.
L’UGTT devra également répondre à cette question : Comment apporter des innovations qui influenceraient la capacité d’action des syndicats et ce en impulsant de nouvelles configurations ou structures au plan local ? Des réponses-propositions ont déjà été apportées, telles que le projet d’une confédération qui réunirait des fédérations (à créer) regroupant toutes les représentations syndicales au niveau de chaque secteur, en vue d’accroître la taille du syndicat sectoriel, d’élargir sa base et d’augmenter sa combativité.
L’exemple en a été donné -bien qu’encore à tous ses débuts- par la fédération de l’enseignement supérieur et celle de la santé. Mais, la réalisation de cette restructuration recommandée par le congrès extraordinaire de Jerba en février 2002 est jugée très timide. Le chemin parcouru ne semble pas satisfaire bon nombre de syndicalistes. D’autant que le congrès de Monastir ne s’est pas penché suffisamment sur ces questions. La plupart des congressistes demeuraient désormais préoccupés par les questions de libération nationale au Moyen-Orient et de la résistance au Liban, en Irak et en Palestine occupée.
Rénover l’agenda syndical aux droits humains et à la citoyenneté mondiale
Pour élargir sa base sociale, l’U.G.T.T., doit, selon les experts, inclure dans son agenda les préoccupations sociales qui dépassent le cadre strict du travail, comme les droits humains ou la citoyenneté mondiale. Pour cela, elle a construit des réseaux avec la société civile et s’est impliquée activement dans la construction du forum social maghrébin. « L’U.G.T.T. doit en effet jouer un rôle politique pour maintenir les équilibres sur ce plan, pour préserver les acquis sociaux et aussi les valeurs de démocratie et de liberté », estime Abdeljelil Bédoui.
Pour cela, la formation aussi bien des responsables syndicaux que des syndiqués est indispensable. La compétence des cadres syndicaux est plus qu’une nécessité car ils doivent être capables d’épouser les changements et de mener à bien les négociations avec le patronat ou le gouvernement ou encore au sein de l’entreprise, en se basant sur des dossiers bien étoffés et sur des propositions crédibles.
Le dialogue social est à repenser. « Jusque-là, il n’a porté que sur les salaires et les conditions de travail. Il s’agit, toujours selon notre économiste, de réhabiliter le niveau micro de l’entreprise et de créer une structure intermédiaire entre le micro et le macro dans tous les secteurs pour assurer la permanence de ce dialogue pas seulement sur la question des salaires mais aussi sur l’hygiène, la formation, la restructuration de l’entreprise, le recyclage, la qualité, la fiscalité etc… Le dialogue doit porter sur le budget pour que le social ne soit pas négligé, ni être conçu comme une forme d’assistance. Pour ce faire, il faut développer chez les cadres syndicaux les techniques de négociations qu’ils ne maîtrisent pas, en organisant de multiples sessions de formation et de recyclage ».
L’économie s’oriente davantage vers l’entreprise comme noyau de base. « Aussi, souligne Mongi Amami, est-il nécessaire de développer une culture de dialogue au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, il y a blocage. On peut bâtir cette culture autour de la formation professionnelle, de la qualité, de la santé, de l’hygiène, en somme autour d’autres domaines qui peuvent présenter un intérêt aussi bien pour le travailleur que pour l’employeur. Il s’agit de développer une compétitivité basée sur une éthique sociale : l’éducation, la formation professionnelle, la sécurité sociale etc…».
Le mouvement des réformes est irréversible pour la plus vieille organisation syndicale du monde arabe contrainte d’opérer ces profonds changements dans les prochaines années pour s’adapter aux mutations en cours dans le monde du travail. Dans le cas contraire, estiment ne nombreux observateurs, « le risque de voir apparaître d’autres syndicats existe », comme le prouve la dernière initiative d’anciens responsables syndicaux en vue de créer une nouvelle Confédération syndicale, la CGTT…
Un nouveau-né : La Confédération syndicale internationale
Le mercredi 1er novembre 2006 est née, à Vienne, la Confédération Syndicale Internationale (CSI), réunissant 306 centrales nationales représentant 168 millions de salariés dans 154 pays et unifiant les deux grands courants du syndicalisme mondial qui se sont officiellement dissous à cette occasion: le courant réformiste représenté par la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL), et chrétien par la Confédération Mondiale du Travail (CMT). Seule la Fédération Syndicale Mondiale (FSM), troisième confédération syndicale mondiale de 42 millions de salariés, d’obédience communiste n’a pas rejoint ce mouvement d’unification, dont elle critique « les compromis et concessions ». Pour le Britannique Guy Ryder, ex- représentant de la CISL. élu S.G. de la CSI, présent à Monastir, au congrès de l’UGTT: « La CIS est née, d’une part, d’une volonté d’unité qui est la base du syndicalisme. Pendant toute son histoire qui a débuté au 19è siècle, nous dit-il, le mouvement syndical international était divisé pour des raisons idéologiques, politiques et de conceptions du syndicalisme. Or, depuis les deux dernières décennies, ces divisions n’existent plus. D’autre part: le syndicalisme international est face au processus de la mondialisation auquel nous n’avons pas de réponses. Il nous fallait donc créer un nouvel internationalisme syndical cohérent et efficace pour affronter cette révolution dans le monde du travail. Par ailleurs, nous défendons l’indépendance et la démocratie syndicales et nous ne faisons pas de concessions sur nos principes de base. C’est ce qui nous sépare de la FSM ». Ce rapprochement entre les deux grandes organisations internationales encore impensable il y a quelque temps, a pour objectif -tel que mentionné dans les statuts de la CSI- de « changer le cours de la mondialisation ». Pour Guy Ryder, la nouvelle confédération oeuvrera afin de « construire des stratégies syndicales mondiales pour contrer celles du capitalisme », de constituer un lobby auprès des institutions internationales telles que l’O.M.C. et le F.M.I. dont elle réclame la réforme et de mener des actions dans le cadre des multinationales pour revivifier le syndicalisme indépendant. Pour cela, « elle doit, nous dit-il, innover ses méthodes de travail et apprendre à négocier avec des employeurs qui agissent selon des stratégies transnationales. Dans ce cas, un syndicaliste tunisien, par exemple, ne peut plus négocier selon des stratégies purement nationales ». Le syndicalisme international serait-il concurrencé par le forum social ou encore par le mouvement altermondialiste qui attirent de plus en plus d’adeptes surtout parmi les jeunes ? « Oui, il est vrai que les jeunes ne sont plus attirés par le syndicalisme mais plutôt par le mouvement associatif sur l’environnement etc…Nous travaillons beaucoup avec les ONG et la société civile. Cette ouverture que nous avons décidée doit se faire dans le respect mutuel de nos fonctions et rôles respectifs. Les syndicats demeurent cependant les seuls représentants des travailleurs. Donc pas de concurrence mais une complémentarité », indique Guy Ryder.
ÊTRE INDEPENDANT !!!
Désaffection, maux et remèdes…
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