Souhayr Belhassen, une femme arabe et musulmane à la tête de la fédération. « Les droits humains ne peuvent être qu’universels »
Après Irene Khan chez Amnesty International, c’est au tour de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) d’élire une femme à sa présidence. Souhayr Belhassen, journaliste tunisienne, milite depuis trente ans pour les libertés dans son pays. Elle vient du monde arabe et musulman: simple coïncidence ou signal fort de l’organisation au moment où certains parlent de choc des civilisations et d’autres semblent remettre en question l’universalité des droits humains? Rencontre. Vous avez été élue à un moment où le monde arabe et l’Occident se parlent, mais semblent ne pas se comprendre. Où est le problème? Souhayr Belhassen: L’Occident est toujours vu comme le colonisateur. Ce malentendu est attisé par des régimes qui veulent sauvegarder leurs intérêts et des peuples qui refusent, souvent, de voir la réalité en face. Faute de pouvoir s’élever contre leurs dirigeants, ils accusent l’Occident. C’est sur cette réalité qu’a explosé le 11 septembre, avec son lot de peur, de rejet et de nouveau djihad. – L’affrontement entre pays démocratiques et autoritaires se durcit au Conseil des droits de l’homme. Les droits humains sont-ils vraiment universels? – Les droits humains ne peuvent être qu’universels. L’affrontement en cours ne traduit pas des approches, mais des pratiques différentes entre les Etats démocratiques et ceux qui ne le sont pas. Le renouvellement récent de quatorze Etats membres du Conseil nous le prouve: dans la majorité des groupes régionaux, le nombre de candidats était égal au nombre de sièges vacants. Le processus électif était donc possible seulement dans le groupe des Etats européens et occidentaux. La FIDH appelle tous les Etats membres actuels et futurs à respecter leurs engagements, que ce soit le Pakistan, la Tunisie, l’Algérie ou le Bangladesh. Dans ce cadre, la candidature de la Biélorussie était un véritable scandale. – Certains accusent les ONG internationales de servir les intérêts de l’Occident… – Qu’entendez-vous par «certains»? Voulez-vous dire des régimes qui voudraient jeter en prison, torturer et assassiner sans qu’aucune voix ne les dénonce? Ou qui veulent le silence sur les exactions commises au Darfour par les milices Djandjaweed, couvertes par le régime du président Al Bachir? – Dans de nombreux pays, la majorité de la population semble se désintéresser des droits de l’homme. Ces derniers sont-ils l’apanage d’une élite intellectuelle? – Les défenseurs des droits humains sont des femmes et des hommes de bonne volonté. A la Ligue tunisienne des droits de l’homme, tout comme à la FIDH, nous sommes loin d’être tous des «cols blancs» et ne prétendons pas former un parti de masse. L’essentiel c’est de poursuivre notre credo et de se battre pour les libertés. – Vous avez affirmé vouloir donner autant de poids aux droits économiques et sociaux qu’aux droits civils et politiques. Qu’est-ce qui est plus important: manger ou être libre? – Manger et être libre. – Vous venez d’un pays où les droits des femmes sont parmi les plus avancés du monde arabe. Un modèle pour la région? – Oui, dans la mesure où la Tunisie est le seul pays de la région à avoir accompli une révolution par le droit en abolissant la polygamie et la répudiation. Non, dans la mesure où l’inégalité dans l’héritage demeure entière: l’homme hérite le double de la femme. En plus, la violence contre les femmes est un fléau, comme dans d’autres pays. Les associations féministes sont dans la mouvance démocratique et ne veulent donc pas servir d’alibi aux violations des droits humains. – Vous sillonnez le globe sans relâche pour dénoncer les atteintes à la dignité humaine. Qu’est-ce qui vous donne autant de foi dans l’efficacité des institutions internationales? J’ajouterai aussi la Ligue arabe, l’Union africaine et l’Organisation des Etats d’Amérique latine. Je crois dans les normes et les mécanismes internationaux qui, bien que souvent insuffisants, finissent par réguler des situations qui deviendraient sinon intenables. Propos recueillis par Isolda Agazzi, Infosud (Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 22 mai 2007)
Mohamed Harmel, S.G du Mouvement Ettajdid :
La Tunisie et les nouveaux défis démocratiques
Pour la classe politique tunisienne, Mohamed Harmel est une personnalité qui compte depuis cinquante ans quand il était devenu membre dirigeant du Parti Communiste Tunisien puis Secrétaire général en 1980. Les citoyens de base l’ont découvert à la télévision en 1981 lors de la première campagne électorale pour les législatives réellement pluraliste. Mohamed Harmel a réussi le tour de force de sauver son parti des champs de ruines suite à la disparition du bloc de l’Est. Le Parti Communiste est devenu en 1993 le mouvement Ettajdid (Renouveau). M. Harmel a été élu député de 1994 à 2004. Son objectif, depuis au moins vingt ans, est d’œuvrer à l’émergence d’un parti démocratique et progressiste puissant. Depuis quelques mois une nouvelle dynamique est en train de voir le jour entre le Mouvement Ettajdid et des centaines d’indépendants issus, pour la plupart d’entre eux des milieux de la gauche tunisienne. Le congrès de juillet prochain tentera d’apporter une nouvelle réponse à cette ancienne exigence. Mohamed Harmel a accepté de répondre à toutes nos questions et n’en n’a éludé aucune : de la situation du pays, de ce nouveau partenariat, de l’homme et de son itinéraire. Interview. Au niveau du congrès, où en êtes-vous? Nous sommes dans la phase finale. Nous avons réalisé des progrès importants. Notre partenariat avec les indépendants est plus consistant qu’au départ. Nous sommes déterminés à réaliser un congrès qui doit concrétiser le projet d’un parti à la fois unitaire et pluriel. Les sensibilités progressistes peuvent non seulement cohabiter physiquement mais aussi intellectuellement, politiquement et travailler ensemble. C’est un projet historique. Mais, c’est ce que vous avez voulu faire avec le mouvement « Ettajdid » en 1993. Pourquoi refaire la même chose quinze ans plus tard ? Ettajdid, dès son origine, dès sa naissance, avait cette vocation de devenir un parti unitaire. Nous n’avons pas réalisé en 1993 notre fondation définitive. Elle a toujours été, depuis 93, incomplète et insuffisante pour toute une série de raisons. Nous avons fait une mutation à partir du Parti Communiste vers Ettajdid. Certains l’ont en fait interprété comme un simple changement de nom. Pour nous, c’était déjà le noyau d’un futur parti unitaire et pluraliste. En quoi cette deuxième tentative de refondation en 2007 pourra -t-elle réussir là où elle était incomplète en 1993 ? Cette nouvelle refondation nous permet de faire un pas décisif par rapport à 1993. En cette année, les conditions n’étaient pas réunies. Il n’y avait pas tous ces indépendants enthousiastes pour faire avec nous ce projet. En 1993, quelques indépendants nous ont rejoints mais cela n’était pas significatif. Cette fois-ci nous avons quelque chose de plus consistant et de plus intéressant. Le congrès ne sera qu’un premier pas vers cette refondation qui ne sera pas une création ex nihilo. Si l’on envisage cette construction comme une solution pour Ettajdid, ,alors là on se trompe lourdement. Les conditions dans lesquelles Ettajdid a vu le jour en 1993 étaient difficiles. L’essentiel était de faire cette première mutation. Ce qui nous a motivés, c’est la situation dans le pays beaucoup plus que la situation du Parti. Le pays n’avait et n’a toujours pas réussi à créer un véritable mouvement progressiste et démocratique fort, capable d’exercer une influence sur le cours des évènements. Nous sommes tous restés à des degrés divers ce que j’appelle des proto partis, des projets de partis beaucoup plus que des partis réels. Quelles sont les raisons selon vous ? On s’est heurté à une sorte de mur d’un rapport de force complètement déficient. Pourquoi ? Parce que nous, la Gauche ou ce qu’il en reste, c’était l’émiettement, la division, les querelles de chapelles. C’est l’habitude de cultiver la différence et la divergence, même quand elles sont artificielles, et surtout qu’elles avaient un caractère très idéologique pendant toute une période. Donc quand l’idéologie, dans son sens le plus négatif, a commencé à reculer, les gens se sont en fait rapprochés et il y a eu des convergences dans le champ politique progressiste. Nous avons tenu compte de cette nouveauté et de cette nouvelle possibilité d’unifier les gens qui n’ont plus les mêmes frontières qui les séparaient comme il fut un temps où la moindre divergence provoquait des scissions, des querelles interminables. Le problème aujourd’hui est de savoir si le pays a besoin d’un parti progressiste et démocratique fort . Jusqu’ici la Tunisie n’a pas réussi à faire émerger ce parti-là. Est-ce que c’est possible ? Nous disons oui. D’abord c’est nécessaire, et c’est possible parce qu’il y a tous ces militants de tous bords qui ont connu des aventures de toutes sortes, des luttes et une espèce de prise de conscience pas toujours très achevée ni chez nous ni chez les autres. Une prise de conscience pour nous unir. Une union dans un parti classique et monolithique n’est plus possible, d’où l’idée d’un parti pluriel, c’est-à-dire doué de sensibilités qui peuvent être différentes étant donné le parcours de chacun, mais qui peuvent se retrouver sur les grandes questions. La Tunisie a besoin de nous s’il se passe quelque chose de grave dans le pays car il n’y a pas de force capable d’intervenir sur les événements. Il y a trois partis légaux qui se réclament de cette gauche démocratique, l’émiettement est loin d’être dépassé… Il y a ceux qui continuent à être attachés à des postures de partis de type presque classique avec lesquels nous avons de bonnes relations. Pourquoi ne pas tenter de rassembler aussi ces forces ? Ils n’ont pas les mêmes projets que nous. Notre projet est un projet d’ouverture, un projet qui part de l’idée qu’on ne peut pas garder le paysage politique dans sa forme traditionnelle. Cela ne résout pas les problèmes du pays. Cela résout peut être les problèmes des militants mais pas ceux des citoyens. Le pays a besoin d’un parti fort, puissant et influent, d’où la nécessité de renoncer aux frontières traditionnelles et anciennes. Certains disent que le mouvement dit “du 18 octobre” a été une tentative de rassemblement. Qu’est-ce qui vous différencie de lui ? Nous avons soutenu le “18 octobre” dans sa revendication démocratique. Nous ne sommes pas d’accord sur cette tentative d’alliance avec le courant islamiste qui ne peut pas être un élément fondamental de l’alliance nationale très large et progressiste. Les évènements ont montré que le “18 octobre” a des limites. Il reste un mouvement protestataire. Le problème est le suivant : allons-nous rester un mouvement protestataire ? Nous pouvons rester protestataires pendant des années encore. Ce n’est pas la solution. Le mouvement protestataire est nécessaire, mais il n’est pas du tout suffisant pour résoudre un problème fondamental qui est toujours sans solution dans le pays. C’est-à-dire une opposition démocratique progressiste large, capable de peser sur le cours des évènements. L’avenir n’est pas garanti. On ne peut pas vivre ce schéma actuel comme s’il était éternel. Voilà le sens de notre projet. Le congrès ne sera qu’un premier pas vers sa réalisation. Compte tenu de l’évolution de la sociologie politique du pays, est-ce qu’il y a un espace politique pour un grand parti de gauche en Tunisie ? Certainement. Évidemment, les notions de gauche n’ont plus la même signification qu’il y a vingt ou trente ans. Nous sommes plutôt un mouvement progressiste, c’est-à-dire moderniste. Le problème est de savoir comment mettre en œuvre un mouvement qui se détache des anciens clivages idéologiques. Si on l’envisage comme un pur mouvement de gauche au sens traditionnel, alors ce sera un mouvement limité et condamné pratiquement à l’échec. Par contre, si c’est un mouvement moderniste et progressiste, il doit réussir à convaincre l’opinion et la jeunesse. Or jusqu’ici aucun de nous n’a réussi à convaincre l’opinion. Elle nous écoute, parfois attentivement, parfois non, mais elle ne suit pas. Elle est pourtant aussi critique que nous et même parfois plus critique quand elle parle de la situation dans le pays. Cela veut dire qu’il y a un problème. La jeunesse non plus ne nous suit pas. Les jeunes ont certainement un idéal mais ils n’ont pas le même sens de l’engagement que nous avions. Il faut trouver un sens de l’engagement conforme aux exigences nouvelles d’une société complètement transformée. Tout a changé. Dans le processus que vous avez engagé depuis quelques mois, la jeunesse est toujours absente de vos réunions… Pas totalement, mais c’est vrai, nous sommes au début d’un processus nouveau qui n’existait pas il y a quelques années. Ce rassemblement, ce travail en commun et cette préparation d’un congrès ensemble, c’est nouveau ,cela n’existait pas avant. C’est déjà un indice intéressant. Tous ces militants qui représentent un capital humain extraordinaire, et qui sont capables de sacrifices, doivent transmettre leur engagement dans des conditions nouvelles. Notre objectif n’est pas de convaincre seulement les militants, là, nous avons presque réussi, il nous faut convaincre les jeunes pour créer une nouvelle fracture dans un paysage politique complètement amorphe, même s’il s’exprime par des protestations et par des oppositions intéressantes mais qui finissent par devenir un cercle vicieux qui tourne en rond et qui donne satisfaction simplement aux militants. Quels sont les signes nouveaux pour l’opinion et la jeunesse lors de votre prochain congrès ? Premièrement, le signe unitaire. Des gens, qui n’ont jamais travaillé ensemble, se retrouvent dans le même parti. C’est un signe fort pour l’opinion. D’autre part, le congrès doit sortir des messages forts, des idées-forces qui doivent bousculer, débusquer l’opinion : allez les jeunes ! C’est votre pays, c’est votre avenir, ce n’est presque plus le nôtre. Les responsables de ce parti doivent être conscients de la nécessité de se mettre à la portée de l’opinion et de ne pas se refermer sur eux-mêmes comme on le faisait auparavant. Nous ne devons pas fonder un parti pour nous, mais pour l’opinion publique et la jeunesse du pays. Les nouvelles générations n’ont pas les mêmes repères que nous. Est-ce que nous sommes capables de le réaliser ? Je ne le sais pas, je vous l’ai dit. En tout cas c’est notre objectif. Ici la prérogative est de convaincre l’opinion ou une partie de l’opinion, c’est-à-dire qu’il y a un problème de rapport de forces entre nous et l’opinion, entre nous et le pouvoir, parce qu’il y a une sorte de passivité dans l’opinion qui n’est pas une absence de lucidité. Nous devons transformer cette lucidité en action et en engagement. Nous sommes ouverts à toutes les forces démocratiques et pas uniquement de gauche car nous n’avons pas l’intention de construire un mouvement de gauche au sens classique et traditionnel du terme. Est-ce que vous comptez faire de l’échéance de 2009 un rendez-vous avec l’opinion publique ? Oui, alors nous allons essayer de recréer un rendez-vous avec l’espoir qu’il ne sera pas un rendez-vous manqué. Cela dépendra aussi de vous ? Partiellement, d’où le message du congrès, d’où tous ces militants qui piaffent d’impatience pour l’action publique… et les nouveaux militants… L’actuelle direction d’Ettajdid fera-t-elle partie de la nouvelle direction ? Il y aura une direction démocratiquement et unitairement choisie. Personnellement je ne ferai pas partie de cette direction. C’est-à-dire que je ne serais pas secrétaire général. Quelle est la personnalité la mieux indiquée pour vous succéder ? Je n’ai pas de successeur désigné. Mais quel doit être son profil ? Il doit avoir des qualités unitaires. Avec Ettajdid et avec les indépendants aussi, il doit être novateur en même temps et doit être imprégné de cet esprit d’un parti à la fois pluriel et unitaire. Il fera partie de la nouvelle génération. Normalement, il faudrait que la nouvelle génération puisse jouer son rôle totalement. On m’a proposé le poste de président. Ce n’est ni un poste honorifique ni un poste exécutif, c’est un poste politique moral. C’est une transition, mais je ne ferai pas partie de la direction. Vous serez donc le Président du mouvement ? C’est ce qu’on me propose. C’est ce que les structures du mouvement Ettajdid proposent. Et vous, quelle est votre position ? Je suis d’accord si nos partenaires sont d’accord ; alors je suis prêt à jouer ce rôle de transition qui n’est pas un rôle d’exécution ni un rôle de direction. Vous avez assuré des responsabilités politiques de premier plan depuis plus de quarante ans. N’est-ce pas contradictoire avec la revendication d’alternance ? La voilà, l’alternance, puisque je ne serai pas dans la direction ; j’ai pris l’initiative de créer les conditions d’une alternance totale et sans problème. Le nouveau secrétaire général doit jouer son rôle pleinement et sans aucune ambiguïté. Le nouveau secrétaire général sera-t-il le candidat d’Ettajdid pour la présidentielle de 2009 ? Je ne sais pas. Est-ce que vous avez discuté de cela ? Pas encore, car on ne connaît pas les règles légales. En 2004 il y a eu des dispositions particulières. Ne faudrait -il pas qu’en 2009 le secrétaire général soit lui-même le candidat à la présidentielle ? Peut-être, je ne sais pas. Avec la nouvelle direction on va certainement en discuter. Ce n’est pas tout à fait mon affaire. Quand se tiendra votre congrès ? Les 27,28 et 29 juillet. Il faut bien tenir ce congrès pour passer à autre chose. Quand vous jetez un regard rétrospectif sur votre engagement de jeune militant communiste, qu’est-ce qui a changé pour vous ? J’ai passé mon temps à renouveler mon engagement parce que c’est ça aussi qui m’a permis de me retrouver en phase avec toutes ces révisions. Passer du Parti Communiste au mouvement Ettajdid était le résultat d’une réflexion, d’un nouvel engagement et donc l’abandon d’un certain nombre de dogmes, de convictions anciennes et cela jusqu’à maintenant. Je crois avoir joué un rôle important dans cette ouverture vers les indépendants pour la tenue d’un congrès unitaire, je crois que j’ai dû subir un certain nombre de frustrations personnelles, intellectuelles, politiques et morales pour en arriver là. Je continue à réfléchir, mais j’ai dû abandonner beaucoup de choses tout en gardant du départ l’essentiel du patriotisme que j’ai pratiqué pendant la lutte nationale, du progressisme que j’ai pratiqué après l’indépendance et de cette forme d’éthique qui a fait qu’Ettajdid présente des caractéristiques un peu particulières, que nous ne jouons pas avec un certain nombre de principes, même si les principes ne sont pas rigides. Je crois que j’ai évolué. Mais on vous a souvent reproché de ne jamais faire votre autocritique Autocritique sur quoi ? Sur les erreurs du passé. Lesquelles ? Vous venez de dire que vous avez évolué, donc vous avez commis des erreurs dans le passé ? Pas nécessairement. Quand on évolue cela ne veut pas dire qu’on a commis des erreurs. Cela veut dire que la situation a changé, que le monde a changé, que les sociétés humaines ont changé et que le responsable politique doit évoluer en fonction de ces changements. Je suis à la fois un témoin et un protagoniste de ces changements. Si c’était à refaire, vous seriez toujours un jeune militant communiste ? On ne peut pas faire de la politique fiction, on ne peut pas revenir en arrière. Je me suis trouvé à 18 ans dans des conditions particulières qui m’ont amené à choisir le Parti Communiste et c’est dans ce cadre-là que j’ai mené la lutte nationale, beaucoup plus que mes copains du Néo Destour, et peut-être mieux. On adhère à 18 ans à un parti qu’on ne connaît pas très bien et qu’on apprend à connaître au fur et à mesure. Je ne regrette pas ce chemin-là. C’est difficile de regretter parce qu’il faut se remettre dans des conditions qui n’existent plus maintenant, mais je ne considère pas que c’était des erreurs. Le Parti a fait des erreurs mais je peux dire que ma génération les a corrigées. La preuve est qu’on a fait un chemin considérable. On dit aussi que vous avez abandonné le communisme après la débâcle de l’Union Soviétique. Oui et non. Ettajdid a été fondé en 1993. “Oui”, parce que cela nous a permis de faire notre mutation et convaincre le Parti aussi. Je ne suis pas le seul à décider. On a mis des années à convaincre le Parti pour cette mutation. Ce n’était pas simple pour des gens qui sont attachés à la forme du Parti Communiste. “ Non” parce qu’il ne faut pas oublier qu’après l’Indépendance nous avons fait un travail de réflexion, nous avons discuté de documents, y compris un document très important qui préfigurait ce que nous allions faire après, avant même l’effondrement des pays de l’Est…Une réflexion qui a mis du temps et ce n’est pas simple de passer d’une position à une autre, mais cela ne veut pas dire que c’était des erreurs à corriger. C’était un cheminement qui a commencé avec la lutte nationale, dans les prisons et dans les camps, puis au début de l’Indépendance, qui s’est poursuivi et qui a donné naissance à tout ce qu’on a fait, c’est-à-dire Ettajdid…Et puis ce congrès-là, cela ne se réfléchit pas en termes d’erreurs à corriger. C’est une démarche perverse de transformer cette réflexion en un dépassement d’erreurs. Si cela avait été des erreurs, on n’aurait rien jusque-là… Un parti n’est pas un individu, ce n’est pas un secrétaire général seulement. Il y a toute une culture, tout un ensemble de gens. Nous avons réussi à convaincre le Parti Communiste de se transformer, de se transcender, de se dépasser pour devenir Ettajdid…Nous avons réussi à aller plus loin, nous avons réussi à convaincre Ettajdid actuel de faire qu’il ne soit plus Ettajdid pur et dur, mais qu’il soit rénové, élargi à d’autres partenaires. Et que le congrès est le résultat de la décision à la fois des membres de Ettajdid et de tous ceux qui sont avec nous. Quelles sont les valeurs que vous allez défendre dans ce nouveau parti ? La démocratie d’abord, qui n’est pas réalisée encore malheureusement, et la modernité, c’est-à-dire le droit des femmes, le rationalisme. Nous allons reprendre tous les acquis de notre héritage, qui est menacé par une nouvelle tradition sectaire et dogmatique et qui veut remettre en cause tous les acquis d’un pays qui a quand même accordé des droits aux femmes, qui avait Ibn Khaldoun…Toutes ces traditions, pas seulement tunisiennes mais aussi arabo-musulmanes. Auparavant vous étiez une formation politique qui faisait des problèmes socio-économiques son principal cheval de bataille. Maintenant la primauté serait à la culture et à la civilisation ? La Tunisie est un pays qui a des particularités, qui n’est pas un grand pays, qui n’est pas un pays de richesses pétrolières et qui a une richesse intellectuelle, une richesse de traditions qui est maintenant contrecarrée par cette poussée intégriste que même plusieurs femmes adoptent. Elles s’érigent contre les droits qui ont été leurs acquis et donc nous avons du pain sur la planche pour revaloriser, réhabiliter, développer et enrichir tous ces acquis. Que dites- vous à la jeunesse qui a peur pour son avenir ? On lui dit : la Tunisie est à la croisée des chemins, et vous les jeunes, votre avenir est en jeu car il y a un déficit démocratique grave et un recul du modernisme, du rationalisme et des acquis. Nous, notre parti, en tant qu’opposition nationale ne sommes qu’un instrument, et non une fin en soi. Mais on est en droit de vous demander : quel est votre projet économique ? Si, bien sûr, nous avons toutes ces valeurs de gauche. On défend le travail, l’emploi, l’égalité, les droits sociaux, le rôle des syndicats…Nous allons combattre le favoritisme, toutes les tares de la société qui se sont accentuées ces dernières années. Normalement il ne suffit pas de le dire pour ne pas rester dans la posture protestataire. Il faut que les gens viennent avec nous pour qu’on puisse défendre ensemble ces objectifs. Pour que les gens vous rejoignent, il faut qu’ils soient convaincus que vous avez des réponses à leurs problèmes. Oui, nous allons essayer d’apporter des réponses nouvelles. Il faut que le congrès soit un évènement, même si c’est un premier évènement qui doit être perceptible dans une partie de l’opinion et de la jeunesse. Notre message, c’est que ces gens-là doivent s’engager. Il faut un engagement de ceux qui sont lucides mais qui ne sont pas encore engagés. Quels sont vos objectifs intermédiaires ? Le congrès va prendre une grande décision : il va mettre le paquet, sortir des sentiers battus, sortir des discours traditionnels purement protestataires, qui peuvent me satisfaire en tant que militant, mais qui doivent aller vers l’opinion. Dire aux gens : allez, le moment est venu de prendre votre destin en main. Vous, en tant que futur Président non exécutif, quels sont vos projets d’avenir ? Ecrire. Sur quoi êtes- vous en train d’écrire ? Sur tout ; je vais avoir plus de temps, de marge et de recul, avec moins de responsabilités politiques directes, et donc je vais me permettre d’écrire. Il faut que je me “libère” du congrès pour me consacrer à ce à quoi j’aspire depuis des années. J’écris quelquefois, j’ai une chronique dans Ettarik al Jadid. Disons que j’espère faire quelque chose qui peut intéresser la nouvelle génération. Je vais faire ce que Malraux appelait des anti-mémoires. J’ai une mémoire et un parcours, mais je vais prendre cela à l’envers, c’est-à-dire ne pas me complaire mais parler d’avenir. C’est une sorte de défi. Vous allez écrire en arabe ou en français ? Pourquoi cette question ? Parce que les nouvelles générations lisent de moins en moins en français. Je ne sais pas. J’ai commencé à écrire en français, mais je peux aussi écrire en arabe ou peut être les deux. N’oubliez pas que je suis Sadikien, je peux être utile avec mon parcours. Avec ce que j’ai fait, avec ce que je n’ai pas fait et ce que je peux faire, je peux être intéressant (rires). Est-ce que vous avez un regret dans votre carrière politique ? On n’a pas pu réaliser ce parti très large. Nous avons buté d’abord sur les divisions de la gauche car chacun voulait sa petite chapelle, personne ne voulait y renoncer. Et donc on a dû attendre et ramer un peu. Nous avons buté sur l’absence de liberté démocratique. Le congrès représente un frémissement, des gens qui pensent un peu comme nous et réciproquement. Parfois on est d’accord, parfois non ; on discute, c’est un bouillonnement. Il faut que le congrès sorte quelque chose qui soit axé sur l’opinion. Il faut rompre avec cette tradition des militants qui se satisfont de ce qu’ils disent. Un parti pour les autres… pas pour nous. Les indépendants, c’est combien de divisions ? Je n’ai pas compté. C’est des centaines ? Peut-être, je ne sais pas, nous n’avons pas le sens de l’arithmétique parce qu’actuellement ce n’est pas en bataillons que nous raisonnons ni en nombre ; c’est en valeurs et en engagement. Est-ce que le parti changera de nom ? Cela m’étonnerait car je n’ai pas entendu de propositions de changement de nom. Le nom Ettajdid est un nom d’actualité qui garde un peu de sa fraîcheur et de sa saveur et qui symbolise le sens de notre combat. « Ettajdid » est une bonne formule, mais nous n’avons pas d’attachement religieux au nom. En tout état de cause, Ettajdid n’est pas une solution pour nous mais pour cette jeunesse qui nous regarde et qui doit être impliquée avec nous. L’engagement de la jeunesse, la nôtre, ne peut pas être le même que celui de la jeunesse d’aujourd’hui parce que les gens aspirent à la liberté individuelle, nous, nous étions des « kamikazes». Nous avons renoncé à notre liberté individuelle et à notre confort familial. Les jeunes d’aujourd’hui ne veulent pas renoncer à leur liberté individuelle. Or notre système ancien peut être ennuyeux. Les jeunes aspirent à un idéal, ils peuvent être attachés à des valeurs, du moins ceux qui ne sont pas embrigadés dans l’intégrisme ou autre mais qui aspirent aussi à une marge de liberté. Il faut concilier l’engagement politique et la liberté individuelle. On ne peut pas exiger aujourd’hui d’un jeune qu’il soit engagé comme nous le fûmes avec les mêmes repères, les mêmes formes idéologique, marxistes ou autres. Donc plus de réunions les samedis après-midi. Par exemple (rires). Il faut intégrer le culturel, le divertissement, l’engagement et le sérieux… Il faut imaginer de nouvelles formes pour l’engagement politique de la jeunesse. Il y va de l’intérêt du pays. Zyed Krichen (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1105 du 17 mai 2007)
Réponse à M. Abdelaziz Zarrouk
Par Béchir Turki Dans un article paru dans Réalités du 12 avril 2007 et intitulé “Bourguiba restera Bourguiba”, je suis qualifié de “faux historien”. Mon correspondant n’est cependant pas un contradicteur anonyme. Après avoir affirmé que mon texte est plein “d’erreurs pour ne pas dire mensonges” il se présente comme un “militant fier d’être Bourguibiste” et il dévoile partiellement son identité par trois détails. En premier lieu, il a pour grand-père Mohamed el Arbi Zarrouk : “lors de la proclamation (sic) du protectorat français en 1881 [ce dernier] a failli passer de vie à trépas…”. En second lieu, il a pour trisaïeul “Sidi el Arbi, grand vizir (sic) du règne de Mahmoud Bey et victime lui aussi “d’une injustice décriée et innommable…”. Enfin, il était délégué de gouverneur, probablement à La Manouba. En réponse, deux remarques préalables : d’abord, la référence à ses aïeux est en dehors du débat ; ensuite, il confond “militant” et “courtisan”. Les patriotes étaient néo-destouriens, tout court. Ils servaient en silence la nation. Maladroits dans le domaine de la flagornerie, ils n’étaient ni bourguibistes, ni ladghamistes, ni bensalahistes, ni surtout pas wassilistes. Cela dit, je réitère mes affirmations et je précise ceci : mes propos sur le traitement réservé à Lamine Bey et à la Beya, après l’abolition de la monarchie, ainsi que mes révélations sur les sévices subis par les princes Chadly et Slaheddine ne couvraient qu’une partie de la réalité. Au lieu de réfuter ne serait-ce qu’une seule erreur ou un seul mensonge —je le défie d’en trouver— car je n’ai rien avancé qui ne soit fondé sur un document authentique ou sur des témoignages concordants sérieux, M. Abdelaziz Zarrouk nous soumet une série d’élucubrations auxquelles, par respect à la fois pour la vérité et pour l’ensemble des lecteurs, je me dois de répondre. M. Zarrouk soutient que “Bourguiba n’a rien fait de mal à Lamine Bey quant à sa personne privée et à sa famille” (sic). A l’appui de son antithèse, il nous fournit cinq arguments. Examinons-les tour à tour: Cas du prince Slaheddine : M. Zarrouk nous dit qu’il a eu l’honneur de recevoir dans sa délégation, en mars 1965, le Chef de l’Etat et qu’à cette occasion il a assisté “à la nomination d’ingénieur (sic) du fils de Lamine Bey, Slaheddine, sur recommandation du Président Bourguiba”. Ici qu’on me permette trois remarques : Il est tout à fait normal qu’une région quelconque du pays reçoive la visite du Chef de l’Etat. Mais les êtres humains n’ont pas le don d’ubiquité. Une telle visite ne pouvait pas être possible en mars 1965. Bourguiba était, du 16 février 1965 au 8 avril 1965, en visite officielle dans plusieurs pays frères ou amis : la R.A.U (Egypte) puis la Jordanie, puis l’Arabie Saoudite, puis le Liban, puis l’Iran, puis la Turquie ; puis le Koweït et enfin la Yougoslavie. En fait, la visite du Chef de l’Etat a eu lieu à El Habibia le 19 Juin à l’occasion de la célébration du 10ème anniversaire de la réforme agraire. A cette époque, l’Office de mise en valeur de la Medjerda (OMVVM) expérimentait l’élevage intensif des poulets. Or les résultats se révélèrent bien maigres. On s’était rappelé que l’élevage de toutes sortes de volailles était le violon d’Ingres du prince Slaheddine. C’est ainsi qu’on a fait appel à lui. On l’avait au bout de quelques mois envoyé en France avec mission de prendre contact avec le fournisseur principal en poussins et en aliments composés, l’Institut Arloin, et de découvrir les causes de nos mauvais résultats. Quelques jours après son retour à Tunis, il a été congédié sans explications. M. Zarrouk en connaît certainement les raisons. Qu’il nous les dise. Après cette courte période de dignité retrouvée, le prince Slaheddine a été dans la nécessité d’accepter un emploi subalterne dans l’un des cafés de la Capitale (voir son interview accordée au périodique “Al Watan al Arabi” et reproduite par le journal local “Al Ayam” no 149, semaine du 7 au 13 avril 1988) Cas de Lamine Bey : Sur la foi d’un haut fonctionnaire du Premier ministère, M. Zarrouk affirme que Bourguiba remettait mensuellement au souverain déchu la somme de 500 dinars et un mouton annuellement à l’occasion de l’Aïd el Kébir. Là, M. Zarrouk, vous prenez les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ! Pourquoi pas, pendant que vous y êtes, des baklawas à l’occasion de l’Aïd el Fitr ? Savez-vous ce que représentaient 500 dinars à la fin des années 50 ? Savez-vous que l’indemnité mensuelle servie au président de l’Assemblée Nationale constituante n’était que 300 dinars et qu’un député ne recevait que 150 dinars par mois ? (Voir J.O.R.T. du 8 juin 1956 page 762). Pour les Tunisiens nés après 1957 le paragraphe dans lequel vous évoquez Voisard, “l’assemblée des 40” (sic), Ezzeddine Bey et enfin de Hautecloque est illisible. Vous avez l’art des confusions et des omissions délibérées et de l’imprécision du vocabulaire. Sous votre plume, l’adverbe “auparavant” et la locution “par la suite” laissent rêveur… Pour les lecteurs d’aujourd’hui, il faut rappeler clairement ceci : – le Résident général Jean de Hautecloque (13 janvier 1952 – 25 août 1953) a été congédié et remplacé par Pierre Voisard (26 septembre 1953 – 28 juillet 1954) congédié à son tour. Deux fins de proconsulats exceptionnels dans l’histoire du protectorat ; – “le Conseil des quarante” – composé en particulier de Farhat Hached, du Dr. Sadok Mokaddem, de Tahar Ben Ammar, d’Albert Bessis et d’autres – a été formé par Lamine Bey pour contrecarrer l’action de Jean de Hautecloque. Ce Conseil n’a donc rien à voir avec les réformes présentées par Voisard le 4 mars 1954 ; – Ezzeddine Bey était bey du camp, c’est-à-dire héritier présomptif du trône. Sa présence au défilé du 14 juillet 1952 aux cotés de Hautecloque signifie l’absence du souverain à ce même défilé. Le félon a été assassiné un an plus tard le 1er juillet 1953 dans la véranda de son domicile par un valeureux patriote dont vous n’avez pas le droit de taire le nom: Hédi Ben Jaballah, originaire de Tozeur. Cas du prince Chedly : “D’autres membres de la famille beylicale furent intégrés dans l’administration tunisienne selon leurs compétences. C’est ainsi que le fils de Lamine Bey, Chedly, a pris sa retraite de la Compagnie Tunisienne de Navigation comme employé”. Là non plus, M. Zarrouk ne précise ni en quoi consistait le travail du prince Chedly au sein de la C.T.N. ni l’indice de son salaire, ni la date de son recrutement. Après quarante mois tirés à la prison d’El Houareb, dans le gouvernorat de Kairouan, et vingt mois dans la prison civile de Tunis, sans jugement et sans motif apparent, la C.T.N. a fait de lui un smigard chargé de distribuer à ses employés les journaux. Ismail Bey et Rachid Bey : Ces deux princes ne peuvent en aucune façon être considérés comme les obligés de quiconque. Le premier était déjà dans l’armée bien avant la proclamation de la République. Quant au second, ce que M. Zarrouk dit de lui est très juste. Mais quel est le mérite de Bourguiba dans l’affaire? -Aucun. Rachid Bey doit à son intelligence et à sa persévérance la conquête de ses titres universitaires comme il doit à sa compétence et à son honnêteté sa brillante carrière de haut cadre bancaire. En dehors des deux princes ci-dessus cités, les Husseinites ont fourni à la République d’autres compétences qui font honneur au pays. Qu’il me suffise de signaler à M. Zarrouk l’existence d’un petit-fils de Lamine Bey, le prince Fayçal Bey. Il a enrichi notre bibliothèque d’un beau livre intitulé “La dernière Odalisque” (édition stock 2001). Je lui en recommande vivement la lecture. Il en tirera grand profit. Concernant vos ascendants, M. Zarrouk, j’ai de l’admiration pour votre grand-père, le général Mohamed el Arbi Zarrouk. Né à Tunis en 1823, mort à Médine le 6 juin 1902, il était en 1881 à la fois président du Conseil municipal de la Capitale depuis 1865, directeur du Collège Sadiki depuis sa création en 1875, et membre du Conseil des ministres depuis 1879. En cette dernière qualité il osa dire non à Sadok Bey et s’opposa le 12 mai 1881 à la signature du Traité du Bardo alors que les troupes du Général Bréard assiégeaient la capitale. Un siècle plus tard, en 1981, en hommage à votre grand-père, le Président Bourguiba a décidé, à l’instar de Sadok Bey, de nommer le cheikh el médina, Zakaria Ben Mustapha, membre du Conseil des ministres. (…) Quant à votre trisaïeul, Mohamed El Arbi Zarrouk n°1, Khaznadar de 1814 a 1822 de Mahmoud Bey et non pas Grand Vizir, je suspends mon jugement. Je vous invite à vous rafraîchir la mémoire en lisant ou en relisant les “vrais” historiens. Voyez par exemple ce que dit de lui M. Khelifa Chater dans son ouvrage intitulé “Dépendances et mutations précoloniales – La Régence de Tunis de 1815 à 1857” (Edition de l’Université de Tunis – 1984). (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1105 du 17 mai 2007)
Le PM malaisien accuse l’Occident de préjugés vis à vis de l’Islam
AFP, le 22 mai 2207 à 10h14 TOKYO, 22 mai 2007 (AFP) – Le Premier ministre malaisien Abdullah Ahmad Badawi a accusé mardi les Occidentaux de préjugés vis à vis de l’Islam, soulignant la question palestinienne demeurait la principale cause de tensions entre les deux mondes. “Une grande part des préjugés contre l’Islam en Occident est liée au manque de compréhension vis à vis de la vraie nature de l’Islam, en tant que religion pratiquée par 1,4 milliard de personnes dans le monde”, a déclaré le Premier ministre au cours d’une visite officielle au Japon. “Les Occidentaux ont tendance à considérer les autres peuples et cultures uniquement de leur point de vue et de leur philosophie occidentale”, a-t-il assuré lors d’une cérémonie à l’université Meiji à Tokyo. Pour M. Abdullah, l’histoire ne peut expliquer les tensions actuelles entre le monde musulman et occidental. “L’explication doit être recherchée dans des époques plus récentes, avec l’usage répété de la force et d’autres machinations du plus fort contre le plus faible pour s’assurer des victoires politiques, stratégiques ou territoriales”, a-t-il affirmé. Le Premier ministre malaisien a souligné l’urgence du problème palestinien et critiqué Israël pour ses récents raids aériens dans la bande de Gaza. Le monde “doit accepter le fait que la lancinante question palestinienne, entre autres facteurs, est la raison essentielle à l’origine de la tension continue entre l’Occident en général et le monde musulman dans son ensemble”, a-t-il déclaré. “Nous devons accepter l’idée que le fardeau des Palestiniens incarne désormais tout ce qui est injuste et inéquitable dans le traitement des peuples”, a-t-il conclu. AFP