TUNISNEWS
7 ème année, N° 2283 du 22.08.2006
NGOs Joint Statement in support of H.R. 4780, the Global Online Freedom Act of 2006AP: Une cinquantaine de migrants débarque à nouveau sur les îles siciliennes AFP: A Lampedusa, les drames de l’immigration clandestine se répètent sans finLa Presse : A cœur ouvert avec… Lotfi Bouchnaq :”Artiste de la résistance et soldat de la paix”
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NGOs Joint Statement in support of H.R. 4780, the Global Online Freedom Act of 2006
June 21, 2006
Chairman Christopher H. Smith Subcommittee on Africa, Global Human Rights, and International Operation We write in support of H.R. 4780, the Global Online Freedom Act of 2006. This legislation would help ensure that the Internet remains an open forum for free expression in every part of the world, and help American companies resist pressure from authoritarian governments to compromise their principles. In repressive societies such as China, the Internet has given people unprecedented opportunities to communicate with each other and to learn about the outside world in ways that their governments forbid. But undemocratic governments are now fighting back, by making Internet and technology companies allies in their repression. China, for example, has pressured Yahoo to turn over to its secret police the names of political dissidents who send sensitive information over email. One such dissident, Shi Tao, was recently sentenced to 10 years in prison after being identified by Yahoo. China has also convinced Microsoft to shut down Internet blogs in which Chinese users were criticizing their government, and persuaded Google to censor its search engine results. Chinese citizens using Google’s Chinese search engine now cannot even learn of the existence of information about human rights and democracy on the Internet, including that found on U.S. government supported websites such as the Voice of America. Internet companies argue that people in closed societies such as China are better off if U.S. companies are there to influence the development of this medium. We agree – so long as U.S. companies set a higher standard with respect to privacy and free expression than do local providers in these societies. Thus far, the leading U.S. companies are not doing so. And realistically, they are unlikely to stand up alone to governments in countries like China without clear rules of the road and strong engagement from the U.S. government. H.R. 4780 would compel more transparency about company practices when they operate in repressive countries. The legislation would make it more difficult for repressive governments to obtain Internet user information from U.S. companies when seeking to punish dissidents exercising their right to free expression. For example, if the government of China were to ask a company like Yahoo to identify an Internet user and/or its online activities, the request would have to go through a process involving the U.S. government, freeing the company from having to individually resist the Chinese government’s demands. Thank you for supporting this important legislation and working for its speedy enactment. Reporters Without Borders Amnesty International Human Rights Watch China Information Center CPJ Earth Rights International Laogai Research Foundation National Economic and Social Rights Initiative PEN USA PEN American Center Religious Freedom Coalition Robert F. Kennedy Memorial Center for Human Rights Secretariat of the International Network for Economic, Social and Cultural Rights (ESCR-Net) Sisters of St. Francis of Philadelphia
Une cinquantaine de migrants débarque à nouveau sur les îles siciliennes
Associated Press, le 21 août 2006 à 21h56 ROME (AP) — Une cinquantaine de migrants venus d’Afrique ont atteint les côtes des petites îles siciliennes situées au large de la Tunisie, alors que les autorités continuaient à rechercher d’autres passagers disparus en mer.
Lundi matin, 38 migrants sont arrivés sur les côtes de Lampedusa en deux groupes, a dit le capitaine du port de Palerme, interrogé par téléphone. Selon l’agence Ansa, neuf autres ont été vus arrivant sur l’île de Pantelleria. Les secours recherchaient toujours un nombre indéterminé de disparus après deux naufrages samedi et dimanche au sud de Lampedusa. Dimanche, des pêcheurs ont recueilli dix migrants après un naufrage et dix corps ont été aperçus en mer, mais les rescapés affirment qu’il y avait encore plus de personnes à bord de leur bateau. Samedi, le naufrage d’un autre bateau avait fait au moins dix morts. Selon les 70 survivants, quarante personnes restaient disparues. Avec l’été, les tentatives de franchir les 113km qui séparent la côte nord-africaine de Lampedusa se sont multipliées. Quand ils n’ont pas de visas, les migrants sont placés dans un centre de détention et reçoivent un arrêté de reconduite à la frontière. Associated Press
A Lampedusa, les drames de l’immigration clandestine se répètent sans fin
Par Katia DOLMADJIAN AFP, le 20 août 2006 à 18h31 ROME, 20 août 2006 (AFP) – Lampedusa, petite île italienne qui a vu débarquer 10.000 clandestins ces sept derniers mois, a été confrontée ce week-end à deux naufrages d’embarcations chargées d’immigrés dans lesquels des dizaines de personnes se seraient noyées.
Le premier drame a eu lieu samedi à l’aube, lorsqu’un bateau d’une dizaine de mètres coule à quelques kilomètres du rivage de l’île située entre la Sicile et la Libye. Dix corps seront repêchés et 70 personnes secourues, mais les rescapés affirment qu’ils étaient 120 à bord de leur embarcation, et que 40 personnes manquent donc à l’appel, dont des enfants et des adolescents.
Les circonstances du naufrage restent encore à éclaircir: le parquet d’Agrigente (Sicile) a ouvert une enquête et n’exclut pas que le bâtiment de la marine qui a repéré le petit bateau et décidé de lui porter secours, l’ait en fait heurté lors de ses manoeuvres d’accostage, le faisant couler. Dimanche après-midi, plusieurs vedettes des gardes-côtes étaient encore en train d’inspecter la zone à la recherche d’éventuels nouveaux cadavres lorsqu’ils ont été informés d’un second naufrage à une centaine de kilomètres au large de Lampedusa.
C’est un navire de pêche qui a donné l’alerte après avoir repéré une dizaine de personnes dans l’eau. Secourus par l’équipage, plusieurs de ces rescapés ont alors raconté que leur bateau pneumatique comptait une trentaine de personnes, et qu’une vingtaine d’entre elles avaient donc disparu. Peu de temps après, un avion de la marine militaire repérait cinq, puis dix corps.
Lampedusa, minuscule île de quelque 5.000 habitants, est la première terre italienne sur la route des immigrants partis clandestinement de Libye ou de Tunisie. Elle fait face à l’arrivée quotidienne de dizaines de candidats à l’immigration, qui échouent sur ses rivages ou sont interceptés par les gardes-côtes et les douaniers italiens. Selon le ministère de l’Intérieur, un total de 178 embarcations avec 10.414 personnes à bord sont arrivées sur Lampedusa entre le 1er janvier et le 31 juillet 2006, contre 6.901 durant la même période de 2005.
Comme l’Espagne et son archipel des Canaries, l’Italie et ses côtes sont malheureusement régulièrement confrontées à des drames: le dernier date du 29 juillet dernier, lorsque treize personnes sont mortes de faim et de soif après avoir dérivé pendant 20 jours entre la Libye et l’Italie. Les rescapés du naufrage de samedi, d’origine somalienne, marocaine, érythréenne ou encore libyenne, ont indiqué être partis du port de Zuwara en Libye, connu pour être un des points de départ des trafics d’immigrants clandestins vers l’Europe.
Parmi le groupe de survivants, les autorités italiennes ont arrêté cinq hommes qu’ils soupçonnent d’être des passeurs. “Ce n’est pas seulement une tragédie, mais aussi un crime. Et si nous n’arrivons pas à punir les criminels, ils recommencent. Et ainsi les tragédies se répètent”, avait dénoncé le ministre italien de l’Intérieur Giuliano Amato, après le premier naufrage. “Il faut éliminer une bonne fois pour toutes les organisations criminelles qui mettent quotidiennement en danger tant de vies dans la traversée de la Méditerranée”, avait-il déclaré. Ce week-end, quatre nouvelles embarcations avec à leur bord 116 personnes ont été interceptées par les autorités de l’île. AFP
A cœur ouvert avec… Lotfi Bouchnaq
“Artiste de la résistance et soldat de la paix”
La soirée de clôture du festival de Carthage, ce fameux 16 août 2006, “n’est pas prête d’être oubliée”(S.Grichi- La Presse du 18/8/2006). En hommage au Liban frère, meurtri par l’agression israélienne, Lotfi Bouchnaq a décidé d’annuler son gala initial et de présenter un programme de chansons engagées et patriotiques sacrifiant le travail de plusieurs mois prévu avant que la guerre ne se déclarât. Un gala au profit des peuples libanais et palestinien, soutenu par un public record qui, depuis des années, n’a pas vécu une soirée aussi riche et aussi engagée. Carthage a ainsi retrouvé pour un soir son temps de gloire. Lotfi Bouchnaq “qui s’adresse à l’intelligence et non pas à l’instinct du public” (La Presse du 19/8/2006), au sommet de son art, ne cachant pas son bonheur mais humble comme toujours, a bien voulu répondre à nos questions; nous l’en remercions. La clôture de Carthage 2006 a été un événement artistique important et une réussite exceptionnelle qui a recueilli le plébiscite unanime des journalistes et des critiques. Comment évaluez-vous votre succès? Cette soirée a été placée sous le signe de la solidarité avec le Liban. Son contenu composé de chansons engagées ne traduit pas ma position de ce moment-ci mais il indique plutôt la ligne que j’ai suivie depuis le début de ma carrière: être témoin de mon temps et ne pas tourner le dos à la réalité des choses ni surtout à la vérité. Quant au succès de la soirée que vous évoquez, il est dû à la conjugaison de plusieurs facteurs associés: d’abord le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine qui a parrainé la conception de la soirée et son contenu, l’orchestre et son chef, le maestro Abderrahmen Ayadi, qui ont fait un effort exceptionnel. Mais aussi et surtout le public qui a répondu présent en soutenant cette action et enfin tous les soldats de l’ombre dont la liste est longue. Je ne veux en aucun cas oublier la présence massive des médias et de tous les journalistes sans qui un tel programme n’aurait pas eu un rayonnement aussi large. Vous aviez préparé un programme initial depuis plusieurs mois avec toute une équipe mobilisée pour le réaliser. Avec votre prise de position au sujet de l’agression du Liban, il a fallu en une semaine seulement en préparer un autre de 16 chansons pour un gala de 2h30! Je m’étais préparé depuis des mois à une soirée de Carthage avec toute mon équipe. J’ai eu l’accord de la direction du festival et la confiance du ministère pour en assurer la clôture. Ma responsabilité s’en est trouvée encore plus engagée. J’ai alors fait appel à une dizaine de musiciens russes qui se sont mis à répéter de suite, chez eux, mon programme initial. Et, à Tunis, mon équipe guidée par Mohsen Matri, a travaillé d’arrache pied pour le réaliser, d’autant plus qu’il était inédit. Et vous savez à quel point je respecte le public pour ne pas me répéter devant lui. Oui mais tout le travail fait est tombé à l’eau et cela a dû vous coûter cher en énergie, en temps et en argent! Bien entendu pour réécrire et faire les arrangements de 20 chansons initialement prévues dont la moitié sont des chansons nouvelles, cela coûte cher, très cher. Surtout que je ne travaille qu’avec des professionnels à part entière. De même, les musiciens russes très demandés qui forment le groupe de jazz le plus ancien de Moscou «Loum Sdstrema», ont été mobilisés pour cet évènement. Personne à ce moment-là ne s’attendait à la guerre déclarée par Israël. A quel moment avez-vous estimé qu’il fallait changer de programme? Je suis de près les événements du monde et encore plus ceux qui concernent la nation arabe. Dès le premier jour de cette 6e guerre du Liban où ce pays frère a été agressé, j’ai commencé à croire que j’avais une position à prendre en tant qu’artiste et en tant qu’être humain. Il était de mon devoir de faire partie de cette résistance, à ma manière, partant du principe que celui qui n’a pas de position dans sa vie n’existe pas. J’ai donc immédiatement décidé de concevoir un programme digne de l’événement. Mais le temps étant trop court n’était-ce pas sans risque ? Je suis né sous le signe du Capricorne; j’aime les défis mais si je fonce droit devant, c’est toujours avec les yeux ouverts. De plus, pour ce spectacle, j’étais animé par ma conviction que cette cause était juste et par la certitude que tous mes partenaires (ministère de la Culture, direction du festival, musiciens et chef d’orchestre) étaient convaincus par les mêmes valeurs. Nous étions tous motivés par la nécessité de réussir une opération qui ne fait que confirmer, une fois encore, la position sincère, courageuse et claire de tout le pays. Le deuil de trois jours était une décision juste qui est venue confirmer cela. Pourquoi cette guerre vous a-t-elle particulièrement touché plus que toute autre? Je suis contre toute guerre. Je suis un homme de paix. Mais cette agression a dépassé les limites de l’humain. Guerre inégale, injuste, qui sent le complot actif et passif d’un monde satanique où les intérêts passent avant tout, même si cela coûte la vie de milliers d’innocents. J’ai senti le besoin d’être solidaire en offrant tout mon cachet qui va être versé sur le compte 35-35 au profit des enfants du Liban et de Palestine, comme c’était le cas en Algérie, à J’mila dans la wilaya de Sétif, et au Maroc, à Marrakech précisément, et comme ce sera le cas lors d’une grande tournée dans les pays du Golfe qui démarrera le 14 septembre 2006 au Qatar. Cela en plus d’ un CD produit avec mes propres fonds que j’offrirai sans contre-partie au ministère de la Culture qui se chargera de le diffuser au profit de la même cause. C’est le minimum que je puisse faire vis-à-vis de ma conscience. Je n’oublie pas de rendre hommage à mon frère et mon compagnon de route Adam Fathi, qui n’a pas hésité à soutenir mon action, à l’encourager et à traduire nos sentiments communs dans des textes forts et sincères en toute circonstance. En tant qu’ambassadeur des bonnes intentions de l’ONU, vous avez toujours appelé à la paix entre les Hommes! Y croyez-vous vraiment? J’étais, je suis et je serai toujours pour la paix. Il est temps pour que les décideurs de ces guerres se regardent dans la glace s’ils en ont le courage. Jamais les guerres n’ont résolu les différends. Je soutiens l’action de mon pays qui œuvre sans relâche pour une paix juste et durable. Certains ambassadeurs des bonnes intentions de l’ONU ont démissionné en critiquant la position peu claire selon eux de l’ONU; vous avez eu une autre attitude! Je ne peux me permettre de critiquer mes anciens collègues qui ont choisi de démissionner. Moi, je n’ai pas l’habitude de jeter l’éponge et d’abandonner. C’est de l’intérieur que la lutte est efficace. Ma nomination était le résultat de l’engagement de l’artiste que je suis et du travail que j’avais fourni mais aussi une reconnaissance à mon pays. Elle me donne encore plus le sentiment de responsabilité et de persévérance. Nous sommes là pour soutenir les milliers d’hommes honnêtes et sincères qui, à l’intérieur de cette organisation, continuent de défendre les causes justes pour la paix, l’égalité, la démocratie et la liberté. Comment avez-vous ressenti la fin de cette guerre du Liban? La résistance libanaise nous a redonné enfin l’espoir et rendu un peu de notre dignité en tant qu’arabe. Il est vrai que le prix payé était fort mais la foi quand elle est là, forte et inébranlable, finit tôt ou tard par l’emporter. Néanmoins, j’ai peur que cette victoire sur le terrain nous soit volée par les décisions politiques. Revenons à Carthage. Le programme concocté était composé essentiellement de chansons engagées alors que certains artistes ont purement et simplement annulé leur gala, tandis que d’autres se sont contentés d’une chanson hommage au Liban! L’art est une forme de résistance non de démission quand il traduit une conviction sincère et une foi profonde et qu’il est sans calcul. Mon engagement ne date pas d’hier et ne s’arrêtera pas demain. Le programme que j’ai présenté comportait des chansons destinées à prévenir la tempête, à appeler à la vigilance et à l’union, au réveil de la conscience, à la résistance tout en croyant en la paix. J’ai chanté avec mes tripes et le public a reçu mes chansons au fond de son cœur. Entre lui et moi, les mots ont été un pont sincère et solide parce que j’ai traduit ses douleurs, ses rêves, sa joie, sa révolte et l’espoir qui ne mourra jamais. Vous avez redonné espoir à la chanson engagée que certains ont enterrée trop tôt! La chanson à thème, c’est le moyen par lequel l’artiste exprime ses idées et ses prises de position. De tout temps, les artistes engagés ont existé et ont traduit leur époque: Sayed Derouiche, Cheikh Imam, sur des textes de Ahmed Foued Najm, en Egypte, Fairouz et les Rahabani, Marcel Khalifa et les textes de Mahmoud Derouiche surtout, Julia Botros, Oumaima Al Khalil au Liban, Mejda Erroumi en Syrie, Khaled Echikh au Bahreïn, Ness El Ghiwène au Maroc. Et en Tunisie Al Bahth Al Moussiqi, Al Hamaiem Al Bidh, Hédi Guella, Mohamed Bhar et bien d’autres. Mon engagement est pour le maître (Ya sidi allimni), pour ceux qui suent et que la chanson oublie (Hadhi ghnaya lihom), pour les peuples opprimés (Sarajevo), pour mon frère l’Homme où qu’il soit (Khouya al insène), pour le droit au pain et à la liberté ensemble (Nour echams) …. Je n’ai pas attendu la guerre du Liban pour défendre mes idées. Vous avez toujours été au sommet. Ce gala a confirmé votre position de leader. N’est-ce pas une lourde responsabilité? Tout d’abord, je suis contre les étiquettes, les qualificatifs et les superlatifs. Je suis un homme de terrain. Je crois au travail surtout quand c’est un travail d’équipe animé d’une rigueur professionnelle. Plus important que la place que j’occupe dans le milieu artistique, c’est la trace que je laisse qui compte. La réussite de ce gala m’engage encore plus à aller de l’avant. Et c’est une lourde responsabilité que je souhaite assumer avec bonheur. Un dernier mot… Je suis fier d’appartenir à un pays qui croit en l’artiste et qui investit en l’art comme un moyen d’expression pour transmettre nos messages, affirmer notre appartenance et notre identité, et confirmer notre image d’un peuple de paix, d’amour, de fraternité et de tolérance. Propos recueillis par Ali OUERTANI (Source : « La Presse » du 22 août 2006)