21 janvier 2011

 

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3895 du 21.01.2011 archives :www.tunisnews.net


TTU-Monde Arabe: Les conditions d’une chute

Jalel LAKHDAR: Mise au point / Une justice à rétablir

Noura BORSALI : Tunisie : quel avenir pour cette jeune révolution ?

Youssef Girard: A l’école de l’intifadha du peuple tunisien

Ahmed  BEN AMOR: DE LA RESISTANCE

RABAM: ON N’A VIDE LA POUBELLE DU RCD QU’A MOITIE!  IL FAUT MARCHER SUR LA KASBAH !

Abdel Wahab Hani: Je rentre au pays après 7286 jours d’exil

SONIA.D: Le plafond de verre.

Azerty U: Les BEN ALI, trabelsi, materi, chiboub, mabrouk… n’ont pu s’enrichir sans complices.

Mouvement de soutien aux avocats et au peuple tunisiens pour la democratie et la justice en Tunisie Communiqué de l’association  Français-du-Monde – ADFE – Tunisie


AFP: Tunisie: les personnalités politiques qui vont compter dans l’après Ben Ali AFP: Tunisie: quand le ministre Slim404 twitte le premier conseil des ministres Reuters: Tunisian families await release of political prisoners AFP: Tunisie: adoption d’un projet de loi d’amnistie, islamistes inclus AP: Tunisia’s Islamists eye place in politics Reuters: Deuil national en Tunisie, une semaine après la fuite de Ben Ali AFP: Tunisie: des armes saisies chez un parent de l’épouse de Ben Ali (télévision) AFP: Algérie: les autorités appellent les citoyens à ne pas manifester samedi AFP: Tunisie: le journaliste et opposant Ben Brik candidat à la présidentielle AFP: Parfums de controverse en France après la Révolution du jasmin AFP: Tunisie: le journaliste et opposant Ben Brik candidat à la présidentielle AFP: Deuil national en Tunisie une semaine après la chute de Ben Ali AFP: Tunisie: la famille du « martyr » Bouazizi, éprouvée mais fière de son héros AFP: La nuit à Tunis, les habitants défendent leur cité et leur « liberté » AFP: Tunisie: le stock d’or inchangé depuis 20 ans, réaffirme la Banque centrale AFP: Tunisie: la folle semaine révolutionnaire « de la dignité et de la liberté » AFP: Tunisie: la famille du « martyr » Bouazizi, éprouvée mais fière de son héros AFP: Tunisie: le nom de Ben Ali disparaît des sermons des prières du vendredi  AFP: Tunisie: le stock d’or inchangé depuis 20 ans, réaffirme la Banque centrale Reuters: Al Jazeera TV makes waves with Tunisia coverage AFP: Tunisie: recueillement dans les mosquée libérées de Ben Ali Reuters: Les médias tunisiens goûtent la liberté, mais craignent l’avenir


REVUE DE PRESSE


Dans l’Ordonnance émise le 19 janvier 2011 par le Gouvernement Suisse instituant des mesures à l’encontre de certaines personnes originaires de la Tunisie, on peut lire au début :

Art. 1 Gel des avoirs et des ressources économiques

1 Les avoirs et les ressources économiques appartenant à ou sous contrôle des personnes physiques, entreprises et entités citées dans l’annexe sont gelés.

2 La Direction du droit international public (DDIP) du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) peut, exceptionnellement, après avoir consulté les services compétents du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) et du Département fédéral des finances, autoriser des versements prélevés sur des comptes bloqués, des transferts de biens en capital gelés et le déblocage de ressources économiques gelées afin de protéger des intérêts suisses ou de prévenir des cas de rigueur.

………………….

Puis on trouve à la fin de l’ordonnance la liste nominative suivante :

Personnes physiques, entreprises et entités soumises aux mesures prévues à l’art. 1

Famille Ben Ali

Zine el-Abidine Ben Ali, né en 1936.

1)    époux (1964 – 1988) de Naïma Kéfi, fille du général Kéfi, ex-patron de Ben Ali.

Enfants:

Ghazoua Ben Ali, médecin, mariée à l’homme d’affaires Slim Zarrouk (vente

d’entreprises étatiques privatisées); secteur du plastic; agence de publicité HAVAS Tunisie.

Dorsaf Ben Ali, médecin, mariée à Slim Chiboub (président du Comité nationalolympique tunisien, homme d’affaires); commerce international; partenaire de Aziz Miled dans la Marina de Gammarth; représentant du bouquet Canal + à Tunis commercialisé dès octobre 2010.

Cyrine Ben Ali, mariée en 1996 à l’homme d’affaires Marouane Mabrouk. Présidenteet fondatrice de l’Association «Salama», soutien aux enfants hospitalisés.

2) puis époux (dès 1992) de Leila Trabelsi, présidente de l’association «Besma»pour l’emploi des handicapés; présidente de l’Association «Saïda» de lutte contre le cancer.

Enfants:

Nesrine Ben Ali, née en 1986 à Bruxelles et mariée en 2004 à Mohamed Sakhr El Materi, fils de l’officier Moncef El Materi condamné à mort puis gracié à la suited’un complot avorté contre le président Bourguiba en 1962; possède une revue «Nos enfants» et a créé, en été 2010, l’association caritative «Rahma».

Halima Ben Ali (1992) fiancée à Mehdi Ben Gaie, depuis peu PDG de STAFIM Peugeot et fils de Ridh Gaied, administrateur à l’Amen Bank, PDG de SPIPA «laPâtissière» Mohamed Zine el-Abidine Ben Ali (2005).

Kais Ben Ali, frère aîné du Président; free-shops, alcools, à Sousse et Monastir.

Djalila Ben Ali, soeur du Président; restauration, immobilier.

Hayet Ben Ali, soeur du Président.

Moncef Ben Ali, frère du Président, décédé.

Sofiane Ben Ali, fils de Moncef, époux d’une des filles de Hédi Jilani.

Famille Trabelsi

Leila Trabelsi, épouse du Président; Associations caritatives «Besma» (handicapés) et «Saïda» (lutte contre le cancer).

Belhassen Trabelsi (1963), frère de Leïla, marié à l’une des filles de Hédi Jilani.

Compagnies aériennes et hôtels Karthago, Nouvelair, Tunisia Airport Services; Radio privée «Mosaïque», TV chaîne «Carthage»; distribution de matériel informatique, immobilier. Rachat de la Banque de Tunisie (BT).

Délocalisation d’une partie de son groupe à Charm El Cheikh en Egypte.

Mourad Trabelsi, frère de Leïla, président du Club de volley-ball de Sidi Bou Said.

Mehdi Trabelsi, fils de Belhassen, représentant de Lacoste.

Imed Trabelsi, neveu de Leïla, fils de Mohamed Naceur, décédé.

Bricorama Maire de La Goulette.

Association caritative «Noor» (malvoyants).

Samira Trabelsi, soeur de Leïla, épouse deMontassar Meherzi.

Famille El Materi

Moncef El Materi, PDG de Adwya (groupe pharma), président du Conseil d’administration de Nestlé.

Tahar El Materi, frère de Moncef.

Mohamed Sakhr El Materi (1980), à la tête du groupe «Princesse El Materi Holding

», présent dans le commerce automobile (VW, Audi, Renault Truck, Porsche), la presse (Groupe Dar Assabah, Zitouna FM), l’immobilier, le tourisme de croisière (Goulette Shipping Cruise), les finances (Banque Zitouna) et l’agriculture.

Député au parlement

Association «Dar El Materi» assure le logement et le soutien psychologique aux cancéreux nécessiteux.

Famille Mabrouk, héritiers d’une tradition industrielle et financière

Marouane Mabrouk,

Mohamed Ali Mabrouk, frère de Marouane

Ismaïl Mabrouk, frère de Marouane

Alimentaire (Monoprix, Géant, Sotubi, Sotuchoc,), automobiles (société Italcar et le

Moteur qui représentent Alfa Roméo, Lancia, Fiat, Iveco, Mercedes, Hyundai), finance (Assurances GAT, Banque BIAT), communication (Orange Tunisie, Planète Tunisie), tourisme (Tunisian Travel Services, Fly International Airways).

Famille Chiboub

Slim Chiboub (1959), époux d’une fille du Président.

Afif Chiboub, frère de Slim

«spécialisé dans les commissions sur les grands marchés d’Etat».

Famille Abdallah (proche des Trabelsi)

Alya Abdallah, femme de l’ex-MAE.

Abdelwahab Abdallah, finance (PDG de la Banque de Tunisie).

Famille Jilani

Hédi Jilani (1948), président de l’UTICA, Lee Cooper International.

Famille Guiga

Driss Guiga (1929), ancien ministre de la santé, de l’éducation et de l’intérieur.

Kais Guiga, homme d’affaires promoteur de la Marian Cap 3000 à Bizerte.

Autres

Taoufik Chaïbi, PDG du groupe Ulysse Trading & Industrial Company (UTIC).

Trois pôle d’activité:Emballage, tourisme (Ulysse Djerba), distribution (Carrefour, Champion).

Oncle de Slim Chiboub, gendre du Président.

Groupe Amen, fondé au début du siècle parBrahim Ben Yedder, a été développé par ses filsBéchir Ben Yedder et Rachid Ben Yedder

Finance (Amen Bank, Amen Invest), Assurances (Comar et Hayett), santé (Clinique El Amen, Clinique la Marsa), agroalimentaire (café, huilerie, négoce), hôtellerie (hôtel Magestic, hôtel Dar Saïd et le restaurant Dar Zarrouk à Sidi Bou Said, hôtel

Palace au centre ville), Biens d’équipement (Parenin concessionnaire de Caterpillar, Atlas Copco et John Deere).

Bassam Loukil, concessionnaire de Citroën, Mazda.

Mohamed Ben Jemâa, concessionnaire de BMW.

Moncef Mzabi, concessionnaire de Renault, Nissan.

Aziz Miled, associé de Belhassen Trabelsi (Nouvelair, TTS, Karthago), président de Laico Hotels Management Cpy, CIPA, Marina de Gammarth.


 

Les conditions d’une chute


Parallèlement à la montée de la pression de la rue et les contestations, les Américains ont joué un rôle d’accélérateur dans la chute de Ben Ali. Contrairement aux Européens, et notamment aux Français, qui ont affiché jusqu’au bout une neutralité bienveillante vis-à-vis de son régime, le torchon brûlait depuis quelques mois entre Washington et Tunis comme l’ont d’ailleurs montré les révélations de WikiLeaks. Les premiers coups de semonce de l’administration Obama contre le Président déchu remontent à avril 2010, lors de la visite de Kemal Merjane, ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la Défense.Le général James Jones, alors conseiller du Président pour la sécurité nationale, avait tenu un langage très ferme à cet ancien diplomate, apprécié par les Américains (comme le montre sa nomination dans le tout nouveau gouvernement), stigmatisant la dérive affairiste du régime. Washington se plaignait notamment de liens entre certains membres du clan Trabelsi et l’Iran, dans des affaires de trafics et de blanchiment d’argent. En outre, les Américains n’appréciaient guère le renforcement de la coopération avec la Syrie dans le domaine de la sécurité. Depuis le début des troubles, le mois dernier, ils n’ont donc rien fait pour soutenir le régime, bien au contraire. Au début de l’année, la 6e flotte américaine a reçu l’ordre d’envoyer des bâtiments au large de Tunis. Washington a finalement porté l’estocade contre Ben Ali, la semaine dernière, par le biais de l’armée. En effet, les Américains ont fait parvenir un message au général Rachid Ammar, le chef d’état-major de l’armée de terre limogé par Ben Ali (avant d’être rétabli dans ses fonctions, cette semaine), lui demandant de prendre «ses responsabilités pour que le sang cesse de couler». De son côté, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, en tournée aux Emirats arabes unis, refusait de rencontrer Leïla Ben Ali à Dubaï. A Tunis, consta tant que le discours télévisé de Ben Ali n’avait pas suffi à ramener le calme, le général Ammar lui aurait demandé de faire une seconde intervention, dans laquelle il annoncerait son départ. Une demande repoussée par l’intéressé. Mais le sort du Président n’en était pas moins scellé. Ses ultimes manoeuvres avant de quitter Tunis ont consisté à armer des milices et à organiser l’évasion de prison niers de droits communs, afin de créer une situation de chaos. Des manoeuvres qui n’ont pas réussi à le maintenir au pouvoir, mais dont les fruits empoison nés sont visibles dans le climat de terreur (meurtres, pillages…) qui tend à s’installer dans le pays. (Source: « TTU-Monde Arabe » (Lettre hebdomadaire d’informations politiques et stratégiques) Numéro 675, Jeudi 20 Décembre 2011)


 

 

 

Mise au point /

Une justice à rétablir


 

Par : Jalel LAKHDAR

Ancien Ambassadeur de la Tunisie au Sénégal

Aujourd’hui que le peuple Tunisien a mis fin à l’arbitraire et  au népotisme, a rétabli  les fondements de notre état et à réhabiliter les valeurs de la république grâce à une révolution historique, je peux me permettre de lui raconter  la situation  ou plus tôt l’aventure que j’ai vécu et qui m’a couté mon poste en tant qu’ambassadeur de la république Tunisienne au Sénégal.

 Je voudrais porter  à la  connaissance de l’opinion publique, des responsables et de mes amis que j’étais victime  en tant qu’ambassadeur au Sénégal, d’une  sanction arbitraire  suite à une affaire sombre dont j’ignorais  les éléments et  le contenu.

Le seul indicateur à ma possession, c’est des articles de la presse Sénégalaises qui a parlait d’une affaire d’escroquerie rocambolesque  (achat de diamant !)  Dans laquelle un tunisien  aurait perdu beaucoup d’argent parce que l’intermédiaire son partenaire Sénégalais  a pris pour son compte toute la somme  en l’accusant de malversation devant la police et la justice à Dakar  ce qui lui couté une arrestation….un courrier a été adressé au ministère des affaires étrangères à Tunis.

Mon premier devoir, après avoir découvert la publication de la presse, c’était de contacter la police du commissariat centrale, de s’enquérir de la santé de mon compatriote et de sa situation, de lui envoyer un diplomate pour  l’assister et de charger un avocat de le défendre.

J’ai même demandé à un Tunisien ancien de Dakar, de contacter nos amis Sénégalais pour envisager quelques choses pour lui.

Apres l’intervention de l’ambassade, il a été autorisé a quitté le poste pour bénéficier d’une liberté de circulation et pour contacter son avocat.

L’intéressé s’appelait (Mr Mohsen Dridi).

Apres quelques jours, il a rendu une visite à l’ambassade en mon absence, j’étais en mission en dehors de la chancellerie. Il a été reçu par le diplomate qui suivait son dossier. Ses explications laissaient beaucoup de zone d’ombre particulièrement l’importance  de la somme (presque un million de Dinars Tunisien pour venir investir dans l’achat de diamant  en Afrique de l’ouest ?)

A souligner que des informations à Dakar notamment au niveau de la colonie, débarquait à l’ambassade depuis longtemps sur les aventures du fameux clan des «  Trabelsi et compagnie. » qui faisaient des trafics et du Busines en noir, entre l’Afrique et la Tunisie dans beaucoup de produits. Monsieur Mohsen se présentait comme quelqu’un qui a des appuis et il sollicite l’intervention de l’ambassade dans un domaine qui l’ignorait à savoir la justice.

La réponse était que nous sommes dans un pays souverain et s’il y a un litige il faut passer par la justice avec assistance d’un avocat,  des dépenses et beaucoup de temps. Ce qui nécessite de la patience. Nous avons résolu des dossiers auparavant .

L’intéressé pensait que nous avons un bâton magique pour lui permettre de récupérer facilement ce qu’il considérait comme son argent  , oubliant notre mission et les moyens budgétaires limité destiner selon la loi Tunisienne pour des dépenses claires .

Evidement à la lumière de ma mission, de ma situation de diplomate, de ma carrière administrative, de mon attachement à la transparence et aux valeurs de la république, il m’était impossible de s’inscrire dans un jeu obscur de busines noir qui entaché l’image de notre pays et de notre diplomatie.

Mr Mohsen Dridi (par la suite j’ai eu des informations sur  ses activités douteuses dans le marché noir) a adressé des courriers au palais de Carthage (première dame)  pour porter  plainte contre ma personne  pour non-assistance  et d’une  manière arbitraire,  j’ai été  renvoyé de mon poste après cinq ans de services loyaux à mon pays selon les règles de l’art diplomatique.

Aujourd’hui je  souhaite simplement être réhabilité  par mon pays  notamment par la générosité de monsieur le premier ministre et celle de  monsieur le ministre des affaires étrangères.

Voir l’article de L’Observateur  du Sénégal qui suit /

 

AFFAIRE YOUSSOU GUEYE/ DRIDI MOHSEN :

 Le Président Ben Ali limoge son ambassadeur à Dakar

L’Observateur – Dakar – Mamadou SECK

Le 23 octobre 2009

Le dossier de Youssou Guèye s’internationalise avec la saisine du Président tunisien Ben Ali par l’homme d’affaires tunisien Dridi Mohsen qui a été roulé dans la farine par Y. Guèye d’une somme de 350 millions de FCfa. Et c’est le diplomate tunisien Jalel Lakhdar qui a été le premier à payer les frais de son assistance à son compatriote. Car, le chef de l’Etat, Ben Ali, qui a été informé, par une correspondance, du comportement de son diplomate, l’a relevé de ses fonctions. Le contentieux judiciaire, opposant Youssou Guèye à l’homme d’affaires tunisien, Dridi Mohsen, commence à jeter des grains de sable dans la machine diplomatique entre son pays et le Sénégal. Du fait de l’immixtion du Président tunisien Ben Ali dans ce dossier judiciaire où un de ses citoyens est victime. Le chef de l’Etat tunisien, qui a été saisi de l’affaire par Dridi Mohsen à travers deux courriers, a eu une réaction immédiate. Pour preuve, l’un des courriers dans lequel, Dridi Mohsen dénonçait l’attitude de l’ambassadeur de la Tunisie au Sénégal, a été fatal au diplomate. Car, il a été relevé de ses fonctions par le Président tunisien pour non-assistance à un citoyen tunisien en difficulté. «Il ne m’a jamais assisté dans mes difficultés. Tout ce qu’il me confiait, c’est de rentrer en me disant que je risquais ma vie. Ce sont des Sénégalais qui m’assistaient. Alors que c’est son devoir de m’assister en tant qu’ambassadeur de la Tunisie au Sénégal et au Mali. C’est ce que j’ai porté à la connaissance du Président de la République, Ben Ali», confirme Dridi Mohsen. Ce dernier soutient qu’il n’a pas intérêt à fuir. «Me Massokhna Kane raconte ce qu’il veut, je n’ai pas intérêt à fuir encore moins à donner une fausse identité. En fait, en Tunisie, on ajoute dans ton nom les noms du grand-père et du père, ce qui fait qu’on m’appelle à l’état-civil Dridi Mohsen Ben Béchir Ben Toumi Ben Ali Dridi Mohsen». Pour lui, le véritable débat se trouve dans la procédure judiciaire ouverte contre le client de Me Massokhna Kane. «J’ai déposé une plainte contre Youssou Guèye pour qu’il me paye. Car, il m’a tué. Il m’a escroqué tout mon argent. Je vis sous le toit de mes amis. Cette semaine, je dors chez un ami et la semaine suivante, chez un autre. Parfois, c’est mon avocat qui m’assiste pour la résolution de certains problèmes financiers. Je remercie les autorités sénégalaises qui m’ont beaucoup aidé, sans oublier les journalistes sénégalais. Youssou Guèye m’a tout pris. J’ai même vendu ma maison pour pouvoir acheter un billet d’avion. Il m’a fait visiter toute l’Afrique : le Kenya, le Niger, la Tanzanie, le Djibouti et le Mali», explique Dridi Mohsen. Me Ali Guèye précise, de son côté, que «son client attend la confrontation avec Youssou Guèye». «Il continue dans ses dénégations et nous allons attendre le retour du juge du troisième Cabinet en charge du dossier pour la confrontation. Mon client était retourné dans son pays pour des raisons de santé. Il n’a pas besoin de fuir, car aucune plainte n’est dirigée contre lui», dit Me Guèye. En fait, l’avocat de Youssou Guèye, Me Massokhna Kane, déclarait récemment dans les colonnes de L’Obs que «Dridi Mohsen avait fourni de faux documents avec une fausse identité aux autorités judiciaires avant de prendre la fuite».

 

 


 

Tunisie : quel avenir pour cette jeune révolution ?


Noura BORSALI Une journaliste sans journal   Les manifestations de rue continuent en Tunisie réclamant après la dissolution du RCD la démission du nouveau gouvernement d’« union nationale » annoncé lundi 17 janvier et composé d’une forte majorité de ministres RCD (dont six ministres de Ben Ali), de ministres indépendants et de deux ministres de l’opposition après le retrait du gouvernement de l’UGTT et du chef du Forum et la démission d’un ministre de Ben Ali. Les manifestants pour la plupart syndicalistes et appartenant à différentes franges de la société comme les médecins qui ont rejoint le cortège des manifestations cet après-midi ont scandé des slogans appelant au départ des ministres de Ben Ali dont Ahmed Friaa, ministre de l’intérieur et la démission du gouvernement. Sur des banderoles, on pouvait lire : « Ne détruisez pas nos rêves ». Pour tous ceux-là, la révolution en est une : c’est-à-dire une rupture radicale avec l’ordre ancien. La composition du nouveau gouvernement ne répond en aucun cas à cette attente. Composé dans la précipitation, il a suscité des craintes quant à la reproduction de la situation de l’après déposition de Bourguiba le 7 novembre 1987. On ne cesse de répéter que si cette solution perdurait, la révolution risquerait de nous être confisquée. Alors que demande-t-on alors ? Un comité de salut public composé de personnalités indépendantes, compétentes et intègres qui serait chargé de préparer les conditions d’une échéance électorale, à savoir des élections libres et transparentes en vue d’une assemblée constituante dont le but serait l’élaboration d’une nouvelle constitution. Car celle qui existe aujourd’hui ne peut permettre une véritable transition démocratique. Parallèlement, il s’agirait de mettre en place un gouvernement de technocrates indépendants, compétents et intègres qui veillerait à la reprise normale des activités du pays. Quant aux partis politiques, ils devraient s’atteler à participer au débat national sur toutes les questions relatives aux différentes réformes entre autres juridiques, y apporter des propositions constructives et préparer les élections. Les résultats du scrutin détermineront la part de chaque formation dans un nouveau gouvernement qui serait représentatif des différentes tendances élues par le suffrage universel. Les partis politiques d’opposition qui ont participé au gouvernement actuel qui n’est en aucun cas celui d’une union nationale concrétisée puisque des exclusions ont été déjà faites risquent de se discréditer compte tenu des contestations qui se poursuivent actuellement. Quand bien même ce nouveau gouvernement serait provisoire, il devrait rassembler toutes les tendances et sensibilités et les impliquer dans cette étape difficile de l’histoire du pays. En acceptant des portefeuilles et en s’imposant comme une opposition participative au grand dam des autres formations qui ont obtenu d’ores et déjà leur visa ou qui se constituent pour l’avoir, Ettajdid et le PDP commettent à mon sens une grave erreur. Cette participation à un gouvernement contesté parce que non représentatif et composé d’une majorité d’ex RCD et aussi de ministres de Ben Ali coûterait, à mon sens, très cher non seulement aux deux formations en question mais aussi à l’avenir de cette démocratie que nous voulons construire. Le discrédit qui sera jeté sur ces partis non seulement les affaiblirait mais donnerait plus de crédibilité à l’opposition d’extrême gauche ou islamiste restés en dehors d’un  gouvernement contesté et non représentatif, provisoire soit-il. Cette participation risquerait de préparer le lit de l’islamisme comme alternative à une opposition « mouillée » et qui a trahi les rêves des uns et des autres. Le vrai enjeu aujourd’hui, c’est la crédibilité et le degré de popularité de l’opposition sollicitée pour prendre la relève dans un pays qui aspire à un changement profond en rupture avec tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, s’étaient impliqués dans le régime dictatorial de Ben Ali. Il semble que Ettajdid et le PDP n’ont pas tiré les leçons d’un 7 novembre 1987 et ne sont pas -héla- à l’écoute de ceux qui portent autant d’espoir quant à l’avenir de cette révolution populaire qui doit déboucher sur une démocratie réelle et sans compromis et compromission aucune.


En Tunisie aussi on a fêté le bouc ! Et, en K-do, un i-coup d’Etat !


 Tarak Ben Salah   Le 4 novembre 1987, le Général  Ben Ali, adepte de l’ordre et des logiques binaires, dernier Premier ministre de Bourguiba, recevait l’ambassadeur des USA à Tunis en présence de son ministre des … affaires sociales ! Ce même ministre, Hédi Baccouche, deviendra l’éphémère et aigri Premier ministre du Général, au lendemain du coup d’Etat médical du 7 novembre 1987 ! Deux décennies infâmes plus tard, le 14 janvier 2011, le Général est chassé en douce du pays qu’il a tenu d’une main cupide, d’une main de fer et de plomb, avec la complicité active et passive d’une partie de la population tunisienne et une très large partie de l’élite économique et culturelle du pays. Mais aussi avec le soutien de nombreux pays « frères et amis ». Les hivers sont chauds en Tunisie ! Le 26 janvier 1978, la répression de la grève générale par la police et l’armée tunisiennes avait coûté la vie à des centaines de Tunisiens – plus de 500 morts selon la police, et plus de mille selon l’opposition. Bourguiba n’est pas chassé du pouvoir ! Le 29 décembre 1983, la suppression des subventions aux produits de première nécessité conduisit au déclenchement des «émeutes du pain ». Encore des centaines de morts sous les coups conjugués de l’armée et de la police. Bourguiba, « trompé », aussi, avait, aussi « compris » les besoins de cette « poussière de peuple » ! Il annula l’augmentation des prix de la misère. Il fut acclamé en héros ! Le 13 décembre 2011, un jeune Tunisien, Bouazizi, un jeune atomisé, comme des centaines de milliers d’autres, en détresse solitaire dans un pays de tradition tribale encore vivace dans certaines régions, retourne la violence du pouvoir contre sa propre vie. Cette fois-ci, les jeunes Tunisiens,  spontanément,  réagissent, comme un seul homme ! Fayçal Baraket, en 1992, n’avait pas eu droit à tant d’honneur et d’empathie ! Ces jeunes vont manifester avec une détermination toute électronique leur solidarité, leur ras-le-bol et leur haine du pouvoir, incarné par le Général-et-sa-famille. Encore des morts ! Mais « seulement » 78 morts ! Sous les seules balles de la police du Général ! L’armée, cette fois-ci, a refusé de tirer ! C’est une armée qui protège désormais le peuple ! C’est une armée républicaine ! Le Général, seul, est chassé avec une célérité virtuelle du pouvoir ! Le système, c’est le Général-et-sa-famille ! Et le RCD, alors ! Les hivers sont chauds en Tunisie ! Pourtant, nos hibernations sociales sont courageusement longues ! Notre poète Abou El Kacem Chabbi, lui, nous a parfaitement compris et décrits … Quoi de plus ordinaire ! Un dictateur adepte de l’informatique a été défait par une étrange mobilisation collective électronique ! Etrange, car cette mobilisation a semblé avoir été remontée comme une horloge mécanique. Wikileaks divulgue la teneur de télégrammes diplomatiques, triés sur le volet semble-t-il – bizarrement, aucun télégramme « fuité » ne disserte sur les opposants embedded – concernant la situation politique en Tunisie. Leur contenu indique clairement que les USA ne soutiennent plus leur Salaud tunisien et qu’aucun membre du clan « quasi-mafieux » ne leur semblait crédible pour assurer la survie du régime. L’événement  de l’immolation réelle surgit opportunément. Cela aurait pu être une immolation virtuelle, une immolation fabriquée, une falsification de résultats d’un concours de recrutement, un Timisoara tunisien etc. Les conséquences auraient été les mêmes que par le passé tant une partie de la jeunesse tunisienne était dans le désarroi, la frustration et le désespoir : une révolte, un soubresaut populaire plus ou moins maté et récupéré. Mais cette fois-ci, on  a assisté à une mobilisation de trois semaines, organisée sans faille sur le réseau Facebook. Toutes les informations, toutes les rumeurs, toutes les opinions canalisaient la colère des jeunes vers un même objectif : occuper la rue et exiger le départ du Général-et-sa-famille ! Très peu y ont vu un mouvement aux conséquences majeures. Sauf le Département d’Etat américain ! Les responsables du secteur Tunisie au sein de ce même Département convoquent, dès la première semaine de mobilisation légitime l’ambassadeur de Tunisie et lui transmettent une seule exigence : ne pas censurer le réseau social américain ! Heureusement, cette mobilisation de la jeunesse sera rapidement encadrée par les sections régionales de la centrale syndicale et échappera à la manipulation. Le 14 janvier 2011, à la nuit tombée, à 18 heures 35 minutes, le Général quitte le pays de manière plus élégante que Manuel Noriega mais moins glamour que le Shah d’Iran ! Réaction immédiate de M. Obama, qui salue « le courage et la dignité du peuple tunisien » pour s’être débarrassé du tyran et de son régime ! Mission accomplie, semble-t-il, pour ce Seigneur de l’instrumentalité ! Fichtre ! Un président américain qui sait que notre petite Tunisie existe ! Que ce pays est habité par un peuple et non par des « rues » ! Notre « bravitude » a transpercé les montagnes et traversé mers et océans ! Sous les Bush, la Tunisie, comme ses sœurs arabes, était peuplée de « rues » qui gigotent de temps à autre ! Le mot d’ordre était de terroriser ces rues et de les tétaniser par la puissance de feu américaine. Sous les Bush, on prenait langue avec la « rue arabe » par des opérations de type « Tempête du désert » ou « Stupeur et effroi » ! M. Obama semble privilégier les opérations « flatter et séduire » ! Il nous rend visite modestement. Il nous susurre des mots en arabe. Bientôt, il va nous réciter des versets … sataniques pour nous dire dans quel Islam nous devons nous draper !  Dès la fuite du Général et l’intervention de M. Obama, une partie des Tunisiens a considéré que « la Révolution du jasmin » était achevée ! Le réseau Facebook a relayé cette position. Les informations, les opinions, les mots d’ordre qui y circulent depuis, ont déstabilisé la cohésion et l’assurance de la mobilisation, disloqué les opinions et commencé à semer le doute sur la suite à donner au mouvement populaire. Les troubles, l’insécurité, les actions des simili escadrons de la mort et le ralliement prémédité des opposants embedded sont en train de redonner confiance aux rhinocéros, véritables piliers du régime du RCD-milice-police en place depuis plus de 50 ans. Ce régime a construit en particulier depuis 1987, un système totalitaire modèle. La constitution d’un gouvernement d’ « unité nationale » indique clairement que le jasmin est génétiquement modifié. Il vire vers une drôle de couleur orange et exhale une étrange odeur de rose fanée. En Ukraine et en Géorgie, les politiques de « sortie » du totalitarisme ont été assujetties à des intérêts étrangers et conduites, de ce fait, par des hommes  qui ont ignoré les attentes légitimes de leurs peuples. Résultat : la gabegie, l’instabilité intérieure et l’aventurisme extérieur. La République dominicaine paiera cher sa transition constitutionnelle assurée par un fantoche du tyran macabre Trujillo. Balager, décrit comme un homme austère et effacé, reprit le flambeau et régna sur les Dominicains durant quinze ans.  La Tunisie a fêté le bouc mais elle n’a pas encore fêté sa liberté et encore moins son  émancipation ! Sa révolution a été prise de vitesse par un i-coup d’Etat et une révolution de palais. Si ce mouvement populaire échoue, la Tunisie risque d’habiter pour longtemps le passé de l’Amérique latine.  Rien n’est encore perdu, rien n’est encore gagné. Aujourd’hui, une partie du peuple tunisien occupe pacifiquement l’espace public et exige un changement radical. Pour enrayer toute tentative de retour en arrière. Demain, il n’en sera peut-être pas de même. Nous devons absolument profiter de cette fenêtre de résistance pour parachever la réappropriation de notre destin. Ne nous laissons pas berner par les discours fallacieusement flatteurs ; nous ne sommes ni les plus braves, ni les plus courageux des peuples. Nous le savons, nous avons tendance à tergiverser, à composer. Ne ratons pas ce moment historique. Nous devons renouer avec notre mémoire sociale et éthique, réactualiser le destin brisé de Farhat Hached. L’attitude des syndicalistes de base redonne à tous de l’espoir. C’est grâce à notre Centrale syndicale que le mouvement s’est d’abord émancipé de la manipulation et a retrouvé sa vigueur et sa détermination. L’UGTT doit retrouver la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre. L’assassinat de Ferhat Hached le 5 décembre 1952 avait fragilisé le mouvement syndical tunisien et ouvert la voie à l’hégémonie du Destour. Cette hégémonie explique en grande partie la situation d’aujourd’hui. La Tunisie avait perdu ainsi un contre-pouvoir et la perspective d’un développement politique et économique équilibré. Qui a tué Hached ? Qui sont les Tunisiens qui ont participé à son élimination ? Nous ne le savons pas jusqu’à ce jour. La France, en cette période cruciale pour la Tunisie,  s’honorerait et regagnerait de sa crédibilité auprès des Tunisiens et pas seulement, en levant le secret défense sur cette affaire d’assassinat. La vérité aidera les Tunisiens à comprendre leur passé pour mieux construire leur avenir. La vérité aidera l’UGTT à retrouver son autonomie et son statut de contre-pouvoir et de contre-proposition. Aujourd’hui, sous la houlette des syndicalistes de base de l’UGTT et de l’opposition, l’opposition authentique, le mouvement vers la liberté reprend de l’ampleur. L’enjeu étant d’arracher tout espoir à tous ceux qui ont avili le peuple tunisien pendant plus de cinquante ans, tout espoir de statu quo ou de possibilité de repartir comme en 1987. L’agenda immédiat est la déconstruction du parti-état RCD. Aujourd’hui, la situation risque de dégénérer. Il n’y a rien à espérer de cette nouvelle « transition constitutionnelle », rien à attendre de ce gouvernement « d’unité nationale ».    L’armée nationale tunisienne a refusé de tirer sur la population. Elle l’a décidé en toute liberté et en toute conscience parce qu’elle est patriotique et républicaine. Elle a pris cette fois-ci le parti du peuple. C’est ce qu’elle prétend. Qu’elle le prouve. Qu’elle parachève ce qu’elle a entrepris. L’armée, patriotique et républicaine, libre dans ses choix et décisions, peut superviser le processus de sortie du totalitarisme. Elle peut transformer l’étrange i-coup d’Etat en coup d’Etat clair et franc qui ouvrira la voie à une véritable alternative démocratique. L’armée pourra s’appuyer sur de grands commis de l’Etat qui ont su préserver leur intégrité, pour la gestion des affaires courantes et la reprise d’une activité économique et sociale normale. Elle se chargera de la sécurité des citoyens et de leurs biens. Sera-t-elle en mesure de mettre les bases pour un espace public démocratique ? Elle pourra confier cette mission à un comité de la Constituante. Ce comité pourrait être chapeauté par Ahmed Mestiri et Ahmed Ben Salah, deux personnalités politiques historiques, sociologiquement et politiquement complémentaires. Ils se sont opposés à Bourguiba, certes pas toujours quand il le fallait et comme il le fallait. Ils se sont opposés dès le départ au Général Ben Ali. Agés, ils sont fragiles physiquement mais restent vigoureux intellectuellement et moralement. Ahmed Mestiri et Ahmed Ben Salah disposent de cette légitimité. Ce comité  devra préparer les conditions juridiques et institutionnelles pour une refondation de la Constitution et l’établissement des institutions d’un nouveau régime. Cette préparation devra se dérouler en concertation avec les candidats légitimes aux futures élections présidentielles, tels que Moncef Marzouki, Sihem Ben Sedrine, Hamma Hammami, ou encore Mokhtar Yahyaoui. Ils seront les principaux visages de la Tunisie nouvelle. Tarak   Ben Salah 12, ave Jules Lefebvre 02400 Château-Thierry Tel : 0626230089 Enseignant en sciences économiques Université Paris-Est-Marne-la-Vallée Et Lycée Saint-Joseph à Château-Thierry Membre du Mouvement d’unité populaire (mouvement laminé sous les coups de boutoirs et de la dictature et de l’opposition légale)  

A l’école de l’intifadha du peuple tunisien


 

par Youssef Girard: 19/01/2001

« Ce n’est pas volonté de se battre seul et dédain de toute alliance. C’est volonté de ne pas confondre alliance et subordination ».

Aimé Césaire, Lettre à Maurice Thorez

 Ces dernières semaines plusieurs manifestations de solidarité avec le peuple tunisien ont été organisées en France et singulièrement à Paris. La gauche française, dans ses diverses composantes, y a participé afin de manifester sa solidarité avec le peuple tunisien sur un mode « internationaliste » qui n’était évidemment pas dénué d’arrières pensées électorales. Ayant tous en tête les élections présidentielles et législatives de 2012, les divers acteurs de la gauche française misent sur le fait que leur présence ostensible dans des manifestations de solidarité avec un peuple du Maghreb leur assurera les voix des descendants d’immigrés maghrébins. En raison de cela, ces manifestations furent l’occasion, pour toutes les organisations françaises de gauche, de se mettre en avant afin de séduire un électorat représentant plusieurs millions de voix. Malgré tous les effets déployés, certaines organisations de gauche ont eu bien du mal à masquer la tartuferie de leurs positions politiques respectives vis-à-vis de la révolution tunisienne.

 Il est inutile de s’attarder longuement sur la position du Parti Socialiste dont les liens avec la dictature pro-occidentale de Zine el-Abidine Ben Ali étaient d’ordre structurel. Le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), qui en 2002 enrégimentait environ 1 700 000 adhérents1, est membre de « plein droit » de l’Internationale Socialiste (IS) ce qui n’a jamais dérangé le moins du monde les « démocrates » du PS. Bien au contraire, certains d’entre eux avaient vanté le « modèle » que constituait le régime de Ben Ali. Alliant libéralisme économique, alignement stratégique sur la politique internationale des puissances occidentales et occidentalisation poussée de la société, la dictature tunisienne représentait le type de « despotisme éclairé » dont les socialistes français rêvaient pour l’ensemble du monde arabo-musulman. En visite le 18 novembre 2008 à Carthage, Dominique Strauss-Kahn n’avait pas manqué de féliciter le président Zine el-Abidine Ben Ali pour la pertinence de ses choix économiques qui correspondaient à l’orientation doctrinale du FMI.« En Tunisie, les choses continueront à fonctionner correctement ! », avait-il alors prophétisé au cours de son allocution2.

Hypocritement, les socialistes français ont essayé de faire oublier leurs liens structurels avec la dictature pro-occidentale de Zine el-Abidine Ben Ali et du RCD en manifestant aux côtés des Tunisiens vivant en France contre le despote de Carthage. Les Tunisiens ne furent pas dupes de ces manœuvres de dernière minute qui ne pouvaient cacher le soutien antérieurement apporté à la dictature de Ben Ali par le PS. Les Tunisiens ont exprimé ouvertement leur hostilité envers ces soutiens opportunistes de la vingt-cinquième heure. Lors d’un meeting tenu le 13 janvier à la Bourse du Travail à proximité de la place de la République à Paris, le représentant du PS, Razzy Hammadi, fut copieusement hué par un public en grande majorité composé de Tunisiens. Pour eux, il n’était pas question de donner quitus à la perfidie du PS.

N’ayant pas de liens organiques avec la gauche française, une grande partie des Tunisiens présents à ce meeting exprima aussi son opposition à la monopolisation de la parole par les représentants des organisations françaises de gauche durant une grande partie de la manifestation. Dans la salle, des slogans tels que « la parole aux Tunisiens » ou « c’est nous les Tunisiens » furent scandés par une partie du public pour exprimer son exaspération face à la confiscation de la parole tunisienne par les fraternalistes français de gauche. Une semaine auparavant, lors du rassemblement du 6 janvier à la Fontaine des Innocents à Paris, ces organisations françaises de gauche avaient déjà largement monopolisé la parole.

Après la fuite du tyran de Carthage, cette gauche coloniale a continué ses basses manœuvres pour contrôler le mouvement de soutien à la révolution tunisienne en France. Ces organisations n’hésitèrent pas à se placer dans le peloton de tête lors de la manifestation parisienne du 15 janvier alors que des organisations tunisiennes qui luttaient depuis des années contre la dictature de Ben Ali et dont les militants ont été les premières victimes de la répression, furent reléguées en milieu de cortège. Profondément imbue d’idées coloniales, cette gauche se pense autorisée à marcher devant les seuls acteurs légitimes pour ouvrir cette manifestation : le peuple tunisien et ses organisations qui, en Tunisie et en exil, ont lutté contre la dictature pro-occidentale de Zine el-Abidine Ben Ali et du RCD.

Non contente de monopoliser la parole ou de prendre la tête des manifestations, cette gauche coloniale s’est aussi arrogé le droit de formuler à la place des Tunisiens les idées devant porter leur révolution. Au cours du meeting du 13 janvier, certains fraternalistes de gauche n’ont pas hésité à expliquer aux Tunisiens quelles devaient être leurs revendications ou leurs modes d’action pour mener leur révolution. Faisant preuve d’un fraternalisme suranné, ces délégués de la gauche coloniale se pensent comme les juges et les guides universels de révolutions qu’ils ne feront sans doute jamais dans leur propre pays en raison des risques qu’elles comportent. Ils se considèrent comme les esprits devant diriger les corps des Tunisiens qui luttent sur le champ de bataille. Cette attitude est révélatrice d’une perception du monde marquée du sceau de la culture occidentale de la suprématie. Il faut être profondément imbu d’idées coloniales et persuadé de sa supériorité d’occidental pour se croire autoriser à donner des leçons, depuis les confortables estrades d’une capitale européenne, à un peuple qui s’est soulevé malgré la répression policière, a renversé un tyran et est en train de mener sa révolution.

Cette auto-conviction suprématiste confine à la bouffonnerie caractérisée lorsque l’on garde en mémoire l’histoire récente de cette gauche coloniale apathique et défraîchie. Les mêmes qui s’autorisent à donner des leçons au peuple tunisien, appelaient au « maintient de l’ordre » durant la révolte des banlieues en 2005 car il ne s’agissait pas de soulèvements contre l’humiliation quotidienne mais d’agissements « de voyous ou de trafiquants »3. Les mêmes qui pensent pouvoir dicter leurs idées à un peuple ayant renversé un autocrate, ont été dans la totale incapacité de faire reculer leur propre gouvernement « démocratique » durant la réforme des retraites. Et ce ne sont là que deux exemples récents des manquements de cette gauche atonique. Au regard de cette histoire peu glorieuse, la dernière chose dont le peuple tunisien ait besoin, c’est bien des conseils avisés d’une gauche coloniale paternaliste, décadente et incapable.

Il serait temps que la gauche occidentale décide enfin de se réveiller de son profond sommeil, de secouer son vieux cerveau hémiplégique, pour s’apercevoir que le monde a définitivement changé. Il est irrémédiablement révolu le temps où l’Homme occidental imprimait ses idées « lumineuses » dans les cerveaux et plaçait ses « grands » mots dans les bouches d’une petite « élite » colonisée aux ordres. Cet ordre du monde a été irrévocablement enterré sous les décombres du monde colonial. Alors que la gauche française arrête ses vaines et stériles gesticulations et qu’elle adopte la seule attitude encore acceptable : garder le silence et se mettre à l’école de l’intifadha du peuple tunisien.

La gauche coloniale ‘ala barra

Youssef Girard


 DE LA RESISTANCE


L’internet a joué un rôle important pour relier la contestation populaire.  Les internautes tunisiens sont des jeunes éduqués capable de manipuler l’outil informatique et détourner tous les interdits et les  censures  du pouvoir déchu. Avec eux l’information est devenue fluide.  Facebook et twiter sont un espace de liberté. Ils échappent  au Big Brother Orwelien.   Les avocats de leur côté ont maintenu la flamme de la résistance. Ce corps habitué à défendre les  opprimés n’a pas failli durant  cette période de révolte en faisant l’écho des doléances des tunisiens et des tunisiennes. C’est l’un des espaces rares qui n’a pas été verrouillé.  Par l’intermédiaire des associations de défense des prisonniers  d’opinion,  les avocats ont révélé à l’opinion publique locale et internationale l’autre face barbare du pouvoir déchu. Les syndicalistes  en défiant leur direction sont devenus la voix de la Tunisie profonde.  Réclamant de vivre d’eau et de pain la tête haute et avec dignité. L’UGTT a été de tous les combats de la Tunisie moderne.  De Bourguiba à Ben ali la centrale syndicale était la bête noire du régime. Socle de résistance et voix des oubliés de la croissance. Les locaux syndicaux sont devenus la caisse de résonance des clameurs populaires, réclamant justice et liberté.  Les partis traditionnels reconnus ou pas sont hors jeu. Certains partis ont essayés de jouer le jeu de l’apaisement. Décimés pour certains , contrôlés pour les autres , ils ne peuvent pas prétendre un rôle catalyseur ni d’avant-garde. Ils sont appelés donc à être modeste face à un mouvement spontané et non récupérable. L’élite qui n’a pas vu venir ce sursaut d’exaspération , est remplacé par ces jeunes internautes  ces avocats inlassables ces syndicalistes irréductibles. Le mur de la peur fragilisé, la trouille a changé de camp.   Ahmed  BEN AMOR    Paris le 21/01/2011


ON N’A VIDE LA POUBELLE DU RCD QU’A MOITIE!  IL FAUT MARCHER SUR LA KASBAH !


 

   L’auto-proclamé « premier ministre provisoire» tunisien, Mohamed GHANNOUCHI, et son équipe gouvernementale ad hoc, pour la plupart des caciques de l’ancien régime, semblent bornés, sourds et cons, à telle enseigne qu’ils feignent ne pas entendre les appels grandissants de la population, leur enjoignant l’ordre de foutre le camps.
 
Échaudée par l’histoire maffieuse du défunt « parti » unique, l’RCD, la plèbe n’arrête plus d’exprimer son dégoût et son refus, face à tout ce qui a trait à cette satanique  machine, depuis la fuite du despote BEN ALI, devant le rouleau compresseur de la révolution.    L’exigence est solennelle, afin de permettre la formation d’un gouvernement provisoire, d’Union Nationale, qui aurait pour tache, la gestion momentanée du pays, dans tous les domaines de la vie commune, jusqu’à réalisation des objectifs suivants :
1) La formation d’une Assemblée Constituante, qui rédigerait une nouvelle constitution réunissant des compétences indépendantes des différents secteurs de la société. 2) La rédaction d’une nouvelle Constitution, base des futures lois du pays. 3) L’organisation d’élections libres, législatives et présidentielle, dans la transparence la plus totale, en présence d’observateurs et organisations nationaux et internationaux indépendants. Comme présumé, ces anciens routiers de la politique polluée semblent à l’aise dans l’indécence. Ils ne veulent pas déguerpir, parce que simplement, ils couvent des dossiers plus que pourris, et donc très compromettants.   En outre, ils pourraient espérer un retour proche de leur parrain, qu’ils y aideraient mieux, en étant en poste dans le nouvel état. Et là, ils auraient réalisé d’une pierre deux coups. Je ne répéterais jamais assez, mais faisons gaffe parce que ni KADHAFI à l’Est, ni BOUTEFLIKA à l’Ouest, ni aucun dictateur Zaaraboide, ni même la France ou les états unis etc., n’ont encore digéré notre émérite révolution. Pour mettre tout ce petit monde d’accord, il faut stabiliser notre situation intérieure. Pas à n’importe quel prix, ou n’importe comment, mais en ayant réalisé nos aspirations, dans l’immédiat.
 
   Pour cela, il faut former le gouvernement provisoire indépendant, au plus vite.
 
   Comme l’équipe actuelle ne veut rien entendre, il faut absolument aller à la KASBAH, à Tunis, pour  la déloger. SANS PLUS TARDER, parce que sinon, on risque l’essoufflement, et on perdra tout ce qu’on a réalisé, pour revenir sous un BEN ALI. J’appelle les forces vives de notre cher pays, à TERMINER LE TRAVAIL SI BIEN COMMENCE.  Allez, encore un effort, c’est bientôt fini, et on fêtera çà !   RABAM, content, mais pas rassuré.

Je rentre au pays après 7286 jours d’exil

(Samedi 22.01.2011; TU701, Genève: 12 :10, : Tunis-Carthage: 14:05) أُحِبِّكَ يَا شَعْبْ Abdel Wahab Hani إذا الشـــعبُ يومًــا أراد الحيــاة        فــلا بــدّ أن يســتجيب القــدرْ ولا بــــدَّ لليـــل أن ينجـــلي                ولا بــــدّ للقيـــد أن ينكســـرْ ومــن لــم يعانقْـه شـوْقُ الحيـاة                تبخَّـــرَ فــي جوِّهــا واندثــرْ فــويل لمــن لــم تَشُــقهُ الحياة                مــن صفْعــة العــدَم المنتصـرْ كـــذلك قــالت لــيَ الكائنــاتُ                وحـــدثني روحُهـــا المســـتترْ … ومــن لا يحــبُّ صعـودَ الجبـال                يعش أبَــدَ الدهــر بيــن الحــفرْ فعجَّــتْ بقلبــي دمــاءُ الشـباب                وضجَّــت بصـدري ريـاحٌ أخَـرْ… وأطـرقتُ, أصغـي لقصـف الرعـودِ                وعــزفِ الريــاحِ, ووقـعِ المطـرْ … أُبــارك فـي النـاس أهـلَ الطمـوح                ومــن يســتلذُّ ركــوبَ الخــطرْ وألْعــنُ مــن لا يماشــي الزمـانَ                ويقنـــع بــالعيْشِ عيشِ الحجَــرْ هــو الكــونُ حـيٌّ, يحـبُّ الحيـاة                ويحــتقر المَيْــتَ, مهمــا كــبُرْ … إذا طمحـــتْ للحيـــاةِ النفــوسُ                فــلا بــدّ أنْ يســتجيبَ القــدر أبو القاسم محمد الشابي  

Je rentre au pays, après vingt ans d’exil. Du 10 février 1991, 13 :00, jour où j’ai fuit la persécution de la répression kallalo-benalienne, au 22 janvier 2011, 14 :00, jour de mon retour au pays, 7286 jours se sont écoulés, soit 19 ans, 11 mois et 12 jours. 7286 de luttes quotidiennes, mais aussi de privation du pays, de privation de la famille et de proches, de privation de joie et de larmes. Cette dictature nous a privés de ce qu’il y a de plus cher, nos familles et notre patrie. Le Retour est intrinsèquement lié à la condition de tout exilé. Le seul projet de vie qui vaille pour le militant que nous sommes. Je rentre au bord du vol Tunis Air TU701, Départ : 12 :10, Arrivée: 14 :05 , en provenance de Genève et à destination de Tunis Carthage. Je remercie par cette occasion toutes celles et tous ceux qui m’ont aidé à supporter les deux longues décennies d’exil, en Algérie, au Maroc, en Espagne, en France et en Suisse, ainsi que toute ma famille, mes amis et les résistants de la première heure, à l’intérieur du pays et dans la diaspora, dans la société civile, les corporations professionnelles, l’élite et les oppositions mais aussi les fonctionnaires compétents et intègres au sein même de l’appareil de l’État. Ils ont tous permis à notre peuple de résister et qui lui permettent aujourd’hui de donner espoir à la Révolution du 14 janvier. Notre pays a tracé la voie de la libération de l’oppression du joug colonial pour tous les peuplés damnés de la terre par sa Révolution du 18 janvier 1952, pour l’Indépendance, suivie par la Révolution du 23 juillet 1952 en Égypte, de la Révolution du 7 décembre au Maroc et de la Révolution du 1er novembre 1954 en Algérie, pour ne citer que le monde arabe. Et l’Histoire retiendra que la Révolution du 14 janvier 2011 pour la Démocratie sera le laboratoire du monde arabe, islamique et africain, voire de la planète entière pour un monde sans Despotisme, sans Terreur, sans Corruption, sans Favoritisme. Un monde où toutes et tous puissent jouir de leur Droit au Travail, Droit au Développement, Droit à la Lutte contre la Corruption, Droit à la Démocratie,  Droit à la Dignité et Droit à la Participation dans la gestion des affaires de la Cité, entre autres revendications fortes d’un peuple épris de justice et de liberté qui s’est soulevé comme un seul homme pour défendre sa jeunesse et balayer l’une des dictatures mafieuse, affairiste et corrompue les plus abjectes et sournoise de l’Histoire contemporaine. La Révolution du 14 janvier a réussi à venir au bout du Dictateur en moins de quatre semaines. Elle a mis en échec les desseins noirs des adeptes du nihilisme, du chaos et de l’incitation à la haine. Elle a réussi à traduire le malaise social et politique profond en des revendications de Droits, porteuses d’Espoir pour notre pays et pour l’Humanité entière. A la veille de mon Retour et de mon arrivée sur le sol béni de ma Patrie, je m’adresse à tous mes concitoyens pour les saluer et engager leur vigilance face aux dangers qui guettent la Révolution pour la Démocratie. Des Imposteurs et des Voleurs de Révolution guettent notre pays et chercher à retourner la situation contre la volonté du peuple. Les dernières manœuvres ont permis de démasquer les réseaux des faucons de l’ancien régime, les résistants du dernier quart de minute, d’anciens exclus du système assoiffés et avides de pouvoir, mais aussi des risques et des réseaux multinationaux qui veulent tuer la Révolution dans l’œuf et contenir la diffusion de ses idéaux et de son modèle au delà des frontières. Il est de notre devoir, Nous Citoyennes et Citoyens, de protéger les biens publics et privés, mais aussi les acquis politiques et citoyens de la Révolution. J’y veillerai personnellement, de part mes responsabilités de militant de la toute première heure et deux décennies durant, au service de nos concitoyens et notamment des sans droits que l’ancien régime honni n’a cessé de produire tout au long de son existence. Le Souverain, le Peuple souverain a dit son mot, le premier et le dernier mot. Il a rétabli la Souveraineté populaire en moins de quatre semaines de combats pacifiques et héroïques. Le Souverain a gagné sa Liberté et a donné le Pouvoir à l’élite du pays, dans l’espoir de rétablir la Légitimité morale, politique et légale de la République. Le Gouvernement provisoire de l’Autorité intérimaire en place n’a pas le droit de voler cette volonté et doit veiller à la respecter dans les plus brefs délais, inscrits dans le texte et l’esprit de la Constitution. Certes, le Gouvernement en place a pris un ensemble d’engagements et de des mesures très forts, sur le chemin de la transition démocratique. Mais il est indécent qu’une frange de l’élite dans le gouvernement du pouvoir intérimaire renvoie les élections présidentielles aux calendes grecques. Il est indécent de répondre aux attentes de la jeunesse par un gouvernement dont la moyenne d’âge dépasse les 65 ans.. Il est indécent de remplacer une gériatrie sclérosée par une autre.. Il est important de nommer un Porte-Parole-Officiel du Gouvernement, mais il est indécent d’y nommer un militant certes respectable, compétent et intègre, mais tout de même âgé de 73 ans, dans un Gouvernement né de la Révolution de la Jeunesse et avec un fort désir de Réformes politiques et de Rajeunissement de la classe politique. Il est indécent que le gouvernement de la République se transforme en un réseau de copinage soixante-huitard.. Il est indécent que le Gouvernement de la République multiplie les cafouillages des ministres qui communiquent sur tout, sauf sur leurs départements.. Il est indécent que les Ministres de la République, même transitaires, et surtout dans cette période intérimaire, soient incapables de discipline.. Il est indécent de voir les oppositions qui ont tant lutté pour la Démocratie se chamailler et se déchirer dans un moment historique qui exige les plus grands degrés d’Unité de la Nation et de l’élite, dans le carde d’un large élan de compromis historique, faisant passer les intérêts suprêmes de la Nation avant les intérêts partisans.. Il est indécent de reconduire l’idéologue cinglé de l’ancien régime banni et sa plume, son scalpel constitutionnel et le protecteur fiscal de la mafia trabelso-benalo-matrilène, entre autres maladresses.. Il est indécent de transformer les nécessaires exigences de gestion des affaires courantes urgentes du pays en un gouvernement pléthorique de partage du butin de guerre, de club de copains, de coalition idéologique, d’injections de symboles de provocation et de discorde, d’atteinte manifeste à l’Unité nationale et d’instrument de compagne électorale prématurée.. L’heure est grave, les attentes sont grandes, les défis sont énormes et les risques et dangers sont d’une violence inouïe. L’heure est à l’Action. Le Peuple Souverain qui a sculpté la Révolution, qui a défendu les biens publics et privés des hordes de la garde prétorienne de l’ancien régime et de ses alliés, s’organise aujourd’hui pour écarter les symboles de la Dictature et de la Mafia. Il s’organise pour défendre les acquis politiques et citoyens de la Révolution. Le Peuple Souverain a parlé ; J’étais, je suis et je serai à ses cotés. J’étais, je suis et je resterai toujours, comme toujours, à vos cotés Tous ensemble, la main dans la main, nous protégerons la Révolution et nous défendrons les intérêts suprêmes du Peuple Souverain et de la Nation, pour nous et pour les générations futures ; إِنَّ اللَّهَ لا يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّى يُغَيِّرُوا مَا بِأَنْفُسِهِمْ Genève, le 21 janvier 2011 Abdel Wahab Hani awhani@yahoo.fr +33 6 17 96 00 37 +216 99 301 203  

 Le plafond de verre.


Par SONIA.D   Un très bon discours de FRIAA  pour nous rappeler que rien n’est changé et que rien ne changera en TUNISIE, tant que lui et ses semblables, les caciqueS de l’ancienne dictature et les enragés  liberticides  du RCD. Un très bon discours pour démasquer tout ce gouvernement de fantoches et ses collaborateurs, et surtout pour réveiller la nation tunisienne  de sa duplicité, sa naïveté   et son innocence, pour réveiller les démocrates authentiques aussi qui n’ont rien appris du passé . Ce discours,  tant mieux pour nous, est très révélateur; ceux qui lucides sont comme saint THOMAS et qui ne croient que ce qu’ils voient, et pour l’instant, nous voyons et nous constatons que rien n’a changé dans la sphère de décision,  et qu’on essaie de nous endormir avec des mesurettes indignes de nous, les marionnettes comme SLIM404 comptent pour du beurre, son discours réactionnaire, limité  à des onomatopées incultes, ce paumé est juste  une virgule dans un océan  de stupidité est représentatif  de toute la mentalité de ces parvenus qui ont depuis toujours défiguré les réalités tunisiennes, pour ce coup magistral, GANNOUSCHI fut perspicace, mais il  a quand même loupé son coup, le peuple tunisien est au dessus de ces bassesses politiciennes, et il sait  faire la différence entre les originaux et les pâles copies, le faux, l’usage du faux, et les réalités du terrain. OUI ce discours de FRIAA est arrivé  comme la roue de secours de la dernière chance pour un gouvernement de carpettes en totale perte de vitesse, en totale décomposition, mais là  encore, je pense, qu’il a rendu service  à la révolution du peuple. On ne pourra plus instrumentaliser les tunisiens et encore moins le petit peuple noble de la TUNISIE profonde, depuis toujours méprisé .   Cette instrumentalisation du plafond de verre RCeDISTE  poussé à son sommet qui ne veut en rien céder dans le fond – exploitant pourtant la forme tant qu’elle peut servir ses desseins propres, avec quelques opportunistes  de l’ancienne opposition démocratique, devra se rendre à l’évidence de la rue tunisienne, ils peuvent être sûr devant la volonté affichée des tunisiens que ce qui ne sera pas brisé aujourd’hui de l’intérieur, sera brisé  de l’extérieur.   J’ai une totale confiance en cette révolution des sans culottes pour cela. Que Dieu bénisse nos morts, n’insultons pas leur mémoire et ne trahissons pas leur honneur.   La petitesse des dirigeants politiques tunisiens, en cet instant,  me porte à apprécier la grandeur de la nation tunisien, ils ne la méritent pas cette nation, du moins beaucoup d’entre eux, ceux du RCD bien entendu, et surtout ceux des opposants qui ont accepté de faire ses courses et de servir d’alibi, de feuille de vigne, de rideau de fumée à ses complots au long cours. Le pouvoir politique sain et moral que nous appelons de tous nos vœux se porte, désormais, dans la tête de notre peuple,  et il est un objet pensé . Les tunisiens sont en train de donner au monde entier une leçon inoubliable et apportent une nouvelle preuve qu’ils abritent incontestablement une des  plus grandes civilisations du genre . Nous tunisiens, nous avons une grande capacité de dépassement, et tout ce que la rue tunisienne exige laisse transpirer une certaine sincérité. On nous qualifierait peut être de naïfs, mais nous préférons toujours  la naïveté à la paranoïa, parce que nous sommes libres dans nos têtes.

 
Pour certains qui s’érigent en donneurs de leçons, et qui refusent l’avis contraire, tous ceux qui mettent la pression pour nous dire de laisser le gouvernement fantoche actuel travailler, je leur dis qu’il ne sait à rien de mettre la pression sur les militants des réseaux communautaires et de diaboliser la parole libre, qu’ils descendent donc, et c’est plus simple, dans la rue tunisienne pour convaincre les tunisiens de leurs opinions, je doute fort que leur opinion sur la question soit majoritaire dans le pays , chez ceux qui ont libéré la TUNISIE ou dans l’espace politique démocratique non collaborationniste. Oui nous sommes libres de fustiger les marionnettes qui se disaient de l’opposition et qui ont depuis toujours fait du pied à BEN ALI, ou alors quoi? On nous prends pour des crédules, quand la vache est terrassée, on voit surgir les couteaux ? Ben Ali a duré pendant si longtemps, grâce aussi à ces opportunistes qui prenait le thé avec lui, ceux qui se disaient opposants mais qui avait juste un plan de carrière, ces opposants opportunistes continuent à collaborer aujourd’hui avec le pouvoir RCD.  Il faut comprendre que le temps des compromissions est terminé, le temps de la démagogie aussi; beaucoup d’entre nous ont été emprisonné et torturé sous ces MBAZAA et GANNOUSCHI, beaucoup ont gâché leur jeunesse en exil, et beaucoup aussi ont participé au combat révolutionnaire pour les libertés et la chute de BEN ALI. Et ceux là et des milliers de tunisiens libérés ont le droit de contester ce GOUVERNEMENT RCD, ce putsch du 7 NOVEMBRE bis. Alors il suffit d’agresser nos certitudes , nous refusons d’être les moutons de la farce, et les pigeons aussi.  

Les BEN ALI, trabelsi, materi, chiboub, mabrouk… n’ont pu s’enrichir sans complices


 

Azerty U.
Il est important de dénoncer tous ceux qui les ont aidés. la liste est longue mais ces ténors sont mondher zenaidi ( ex ministre du commerce, du tourisme et de la santé…) , abderrahim zouari( ex ministre du tourisme et transport) mahdi mlika (ex pdg onas et ministre de l’environnement) ainsi que les pdg des banques et les directeurs généraux des douanes. Ce sont eux qui ont permis commissions , autorisations , marchés , crédits et trafics en tout genre. Les investigations prouveront que toutes ces personnes se sont servies au passage et ont amassé de grosses fortunes particulièrement MLIKA et ZENAIDI. Le seul patrimoine immobilier de zenaidi est immense souvent au nom de sa maîtresse samira farhat qui possède deux maisons à el-menzah 6, une villa à carthage au port punique , trois villas à gammarth, un vieux palais à sidi bou said , des terrains touristiques. Ceci n’est que l’arbre qui cache la forêt. le patrimoine du couple zenaidi farhat s’étend au delà des frontières : un appartement dans le 8 ème arrondissement de paris etc….. Quand à Mlika le neveu de Ben ali, sa rapacité était elle   qu’on le surnomma  la scie  » el menchar »  car il touchait des commissions à tout bout de champ. tout le monde se rappelle ses frasques à raf raf ainsi que la très grande propriété achetée à l’Etat pour un prix dérisoire et vendu à hamdi medded à prix d’or. Ainsi que la propriété à coté du restaurant les dunes. Ceci n’est q’un avant goût de ce qui va suivre . Ne nous contentons nous pas de dénoncer les pilleurs; ceux qui les ont aidés dans leurs malversations sont aussi coupables. Viendra le jour du jugement pour tous.      ( TO BE CONTINUED)


MOUVEMENT DE SOUTIEN AUX AVOCATS ET AU PEUPLE TUNISIENS

POUR LA DEMOCRATIE ET LA JUSTICE EN TUNISIE


 

 

« Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». [Albert EINSTEIN]

Le propre de l’avocat c’est la défense de l’individu, la défense des droits de chacun, celle des libertés fondamentales. 

Il est le dernier rempart contre l’arbitraire.

Un peuple s’est soulevé contre le joug d’un dictateur, contre l’oppression, les arrestations arbitraires, la torture et la corruption qui l’a laissé exsangue.

Ce peuple s’est soulevé pacifiquement, sans armes. Une contestation populaire sans leader ni parti. Il a osé ce qui était jusque là impensable: il s’est simplement exprimé. Il a crié à la face de son bourreau son refus de supporter plus encore ses exactions.

Dans ce combat d’un courage et d’une dignité absolus, les avocats tunisiens ont joué un rôle primordial.

Nos confrères se sont unis et ont manifesté leur opposition au risque d’être emprisonnés et torturés (voire tués) comme cela est déjà arrivé par le passé.

Qu’avons nous fait?  

Certainement chacun de nous a attendu de nos instances représentatives des actions ou déclarations de soutien à nos Confrères et au peuple tunisien.

Aussi, dans le prolongement de la motion qui a été votée par notre Conseil de l’Ordre et du message de notre Bâtonnier, tendons la main à nos Confrères tunisiens.

Nous ne pouvons rester silencieux lorsqu’un peuple se bat et meurt pour des valeurs que nous défendons, pour la liberté et pour la démocratie !

Ce silence serait coupable et honteux.

Nous ne pouvons rester sans soutenir nos Confrères tunisiens.

Notre robe, ce que nous sommes, nous l’imposent naturellement.

N’oublions pas que demain, lorsque cette période trouble sera terminée, nous renouerons à nouveau des relations avec nos Confrères tunisiens. Que leur dirons-nous alors ?

Aujourd’hui plus qu’hier, manifestons notre soutien au peuple tunisien.

La Tunisie est à un tournant de son histoire.

APPORTONS NOTRE SOUTIEN A NOS CONFRERES TUNISIENS ET AU PEUPLE TUNISIEN QUI RECLAMENT DEMOCRATIE ET JUSTICE.

MOBILISONS NOUS NOMBREUX POUR CETTE JUSTE CAUSE.

AIDONS LES BÂTISSEURS DE LA DÉMOCRATIE QUI N’ONT EU JUSQU’À PRÉSENT LE DROIT DE S’EXPRIMER QUE PAR L’EXIL !

Nous appelons à la conscience de chacun.

Manifestons le mercredi 26 janvier à 12h30 notre soutien!

Rassemblons-nous sur les grandes marches du Palais de Justice en robe.

Il n’est pas de message fort sans véritable action.

Sonia GOUJA et Sarah KHIARI –

Avocats au Barreau de Paris.

 


 

Communiqué de l’association  Français-du-Monde – ADFE – Tunisie


Tunis, le 18 janvier 2011 En ce moment en Tunisie, nous vivons  une véritable révolution populaire. Ce mouvement spontané a été  initié par la jeunesse tunisienne de l’Ouest du pays avec un courage admirable et a été relayé par l’ensemble de la population, entraînant une adhésion massive, tous âges et toutes classes sociales confondus. Les manifestations, pacifiques, témoignaient d’un niveau élevé de conscience citoyenne et d’une détermination totale. La dictature mafieuse de Ben Ali et de son clan, caractérisée par une corruption généralisée, par l’oppression et la violation des libertés publiques, a fait l’unanimité contre le régime. Une violence policière meurtrière a été la réponse de celui-ci  à ces manifestations populaires, entraînant de nombreux morts et blessés. La fuite précipitée de Ben Ali a été suivie par une tentative de déstabilisation du pays, menée par une milice à sa solde perpétrant des violences contre les personnes et les biens. Ces crimes visent à détruire dans les bâtiments incendiés tout document compromettant,  à terroriser la population et  à déconsidérer le mouvement auprès des opinions publiques locale et internationale. L’armée joue parfaitement son rôle de protection de la population. Celle-ci a montré une capacité remarquable à s’organiser pour assurer son auto-défense. Les comités de quartiers, créés spontanément en vingt quatre heures, collaborent avec l’armée et participent à la protection des citoyens ainsi qu’à l’arrestation des suspects. Aujourd’hui, même si les règles de prudence doivent toujours être observées, la situation est sous contrôle et il n’est aucunement question de chaos. Les difficultés d’approvisionnement constatées dans les premiers jours sont en voie de résorption. L’esprit civique et la solidarité  aident à surmonter ces difficultés. En tant que Français, nous attendons de notre pays qu’il ne s’immisce pas dans le processus politique actuellement en cours en Tunisie. Nous approuvons le gel par la France des avoirs financiers et immobiliers du clan Ben Ali et le blocage de toute transaction suspecte. Nous demandons à l’Union Européenne d’en faire autant. Un pas immense a été franchi vers la démocratie en Tunisie. C’est la première étape d’un processus de longue haleine pour concrétiser les aspirations du peuple tunisien qui a commencé à prendre son destin en main. Nous lui exprimons notre admiration et le soutenons dans sa lutte pour la liberté et la dignité.


 Le Collectif de Solidarité avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid – Tunisie LA RÉVOLUTION TUNISIENNE A BESOIN DE NOUS   

MANIFESTATION SAMEDI 22 JANVIER 2011 A 15 H DÉPART DENFERT-ROCHEREAU VERS SAINT- FRANÇOIS XAVIER


 

POUR :   Ø amnistie générale et droit au retour de tous les exilés Ø mise en œuvre immédiate de la liberté de la presse, de la liberté d’association et mise à disposition des associations des moyens de leur libre expression et de leur libre fonctionnement, mise en œuvre immédiate de la liberté de réunion et de manifestation Ø restitution des biens publics à l’étranger accaparés par le RCD à l’Etat tunisien, mise à disposition en France du local du 36 rue de Botzaris aux associations démocratiques tunisiennes Ø séparation stricte de l’Etat et du RCD, ce qui implique la saisie des locaux du RCD, fin de la mise à disposition des moyens de l’Etat en personnel, voitures et locaux, la dissolution des cellules professionnelles du RCD Ø reconnaissance de tous les partis politiques sans exception Ø arrestation, mise en accusation de tous les responsables d’exactions contre les manifestants, les syndicalistes et les militants politiques Ø commission d’enquête réellement indépendante sur les exactions commises et indemnisation des familles des martyrs de la liberté Ø blocage des biens de la famille Trabelsi et de l’entourage du dictateur Ben Ali, commission d’enquête indépendante sur les corruptions et mise en œuvre des procédures tant nationales qu’internationales pour faire rendre gorge des biens volés au peuple tunisien Ø mise en place se mesures financières immédiates toutes affaires cessantes en faveur des chômeurs et particulièrement des chômeurs diplômés Ø préservation des libertés et droits acquis des femmes notamment par le CSP (Code du Statut Personnel) et leur élargissement AC ! – ACHR – ACORT – AFASPA – AMF – ASDHOM -ATF- ATF Paris – ATMF – ATTAC – CAPJPO-EuroPalestine – CEDETIM – CFDA – CISA – CNT – Comité National de Soutien au Mouvement du Bassin minier – Courant Nationaliste Progressiste – CORELSO – CPR – CRLDHT – DAL – Etoile Nord Africaine – Europe Écologie Les Verts – FASE (Fédération pour une alternative Sociale et Écologique) – FDLT (Forum démocratique pour la liberté et le Travail) – FSQP – FTCR – FMVJ-France ( Forum Marocain Vérité et Justice) – La pelle et la pioche – Les Alternatifs – LDH – Le MOUVEMENT POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALE ÉCOLOGIQUE ET DÉMOCRATIQUE – LUTTE OUVRIÈRE – Manifeste des Libertés – Mouvement Nahdha – Mouvement Tajdid France – MRAP – NO-VOX – NPA – partenia 2000 – PCF – PCOF – PCOT – PDP – PG – Le Parti Socialiste Unifié (Maroc) – Réseau Stop la Précarité – SOLIDAIRES – Solidarité Tunisienne – SORTIR DU COLONIALISME – SYNDICAT DES ECRIVAINS DE TUNISIE – UNEF – UTIT – Voie Démocratique Maroc – Voix Libre

TUNISIE

pour la victoire définitive

de la démocratie,

restons solidaires

La liberté vient d’éclore avec éclat en Tunisie.

Le monde, et particulièrement de nombreux Français, sont surpris.

Ce pays, à la population accueillante, leur a été tellement présenté comme une république

« évoluée », nos dirigeants ont entretenu de si bonnes relations avec le régime dictatorial,

que peu de nos concitoyens ont perçu la chape de plomb qui écrasait les Tunisiens, y

compris sur le sol français. Le cri des syndicalistes, des opposants, des prisonniers d’opinion,

des torturés, des humiliés, a été longtemps étouffé.

Nul ne peut croire aujourd’hui que la jeune démocratie tunisienne en formation peut

compter sans réserve sur l’aide désintéressée de la France ou de l’Europe. L’attitude passée

et présente de nos gouvernants nous le démontre. De plus, la malveillance de certains

voisins arabes paraît acquise (voir les déclarations de Kadhafi).

Dans ces conditions il est utile que l’opinion citoyenne se mobilise fortement pour soutenir

la Tunisie nouvelle qui annonce, nous le savons, le printemps à venir dans le monde arabe.

Le courage du peuple tunisien est un exemple et un espoir pour tous les peuples.

Entendre, et débattre avec des opposants historiques tunisiens, c’est déjà agir.

Conférence-débat

le mercredi 2 février 2011 à 19h

Aix-en-Provence

Palais des Congrès boulevard Carnot

avec :

Radhia Nasraoui, avocate tunisienne

Fathi Chamkhi, syndicaliste tunisien

Omar Mestiri, animateur de Radio Kalima

Mouhieddine Cherbib

Vincent Geisser, chercheur au CNRS

Premiers signataires : Aix Solidarité, Association des travailleurs maghrébins de France, Les

Alternatifs, ATTAC Gardanne, ATTAC Pays d’Aix, Fédération tunisienne pour une citoyenneté des 2

rives, Association des étudiants musulmans d’Aix, Europe Ecologie Les Verts PACA, Unis pour un

monde solidaire, Comité pour les libertés en Tunisie Aix-Marseille, Partit Occitan, FSU Aix, NPA,

FASE, CADTM, ASTI d’Aix, Initiative citoyenne, PCF, Parti des Indigènes de la république, Femmes

en noir, Amnesty International Pays d’Aix, UNEF

Contact :aixsolidarite@wanadoo.fr


Ben Ali est parti, la lutte continue en Tunisie

La fuite du dictateur Ben Ali est une grande victoire pour le peuple tunisien. Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, soutenu jusqu’au bout par le gouvernement français, complice et « ami » du despote, a quitté le pays sous la pression de manifestations de plus en plus  massives, expression d’une révolte de tout un peuple qui a payé un lourd tribut à la politique de Ben Ali et à la répression sanglante de ces deux dernières décennies.  

Ce mouvement, rassemblant les jeunes, les chômeurs et précaires, les salariés , les syndicalistes, les étudiants et les enseignants, les avocats a fait preuve de courage , de détermination et d’unité. Il a mis en avant, face à des exigences sociales et démocratiques: « le droit au travail », le « droit à une juste répartition des richesses », la « lutte contre la corruption et le népotisme », et la liberté des medias.

Ce qui se passe en Tunisie, ce qui se déroule aussi en Algérie, montrent que rien n’est inéluctable. Face au musellement des mouvements sociaux, à la répression, les révoltes populaires sont légitimes.  

Le gouvernement tunisien actuel composé en très grande majorité de ministres de Ben Ali, ne représente pas le changement pour le peuple tunisien. En Tunisie la lutte continue contre les anciens de la mafia au pouvoir qui peuplent l’appareil d’Etat et continue à détenir les fruits de leur pillage.

En France la pression ne doit pas se relâcher pour que les avoirs des familles Ben Ali, Trabelsi et leurs satellites soient saisis et restitués au peuple tunisien et afin que toute la lumière soit faite sur la complicité des gouvernements successifs et particulièrement sur celle éhontée de Sarkozy et son gouvernement qui ont soutenu à bout de bras jusqu’au dernier moment ce régime, proposant même, par la bouche du ministre des Etrangères Michèle Alliot-Marie, leurs services pour mieux aider le dictateur à réprimer une population en lutte contre la tyrannie. 

Les organisations signataires, solidaires avec la lutte des peuples tunisien et algérien, s’associent pleinement aux espoirs du peuple tunisien et des forces démocratiques pour que s’ouvre une nouvelle page de l’histoire en Tunisie, pour que cette première victoire ne 

soit pas confisquée. Nous soutenons les revendications du peuple tunisien :

-amnistie pour tous les militants injustement condamnés et spoliés par le régime Ben Ali, -identification et condamnation des responsables des massacres et du pillage économique, -satisfaction des droits sociaux, -une vie digne pour tous et des élections réellement démocratiques.

MANIFESTATION Samedi 22 janvier à 15h place du Capitole à TOULOUSE

Premiers signataires : Association France-Tunisie, ATTAC Toulouse, UD-CGT31, Collectif 31 de soutien à la jeunesse algérienne, Coup de Soleil MP, CUAL Toulouse Centre, ETM31, FSU31, Gauche Unitaire, LDH, Lutte Ouvrière, Maison de Quartier de Bagatelle, Mouvement de la Paix(Comité 31), MRAP, NPA31, PCF, Parti Communiste Tunisien, PCOF31, Parti de Gauche31, Parténia, Solidaires31, SUD Etudiants Mirail, Tunisie Solidarité, Tunisie Eveil et Vigilance, UNEF, Survie MP   

 


CONDOLEANCES  C’est avec beaucoup de tristesse que l’ATF a appris le décès de la regrettée  Safia FARHAT, Secrétaire générale de l’ATFD. Nous, nous inclinons à la mémoire de la militante infatigable et nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et ses proches,Ghassen, Zeïneb, RAJA, TAREK, HATEM,  et tousles autres ainsi qu’à ses amies de l’ATFD. Que Safia repose en paix    Pour l’ATF Le Bureau National  
 

AFP, le 20 janvier 2011 à 17h22 GMT

Tunisie: les personnalités politiques qui vont compter dans l’après Ben Ali


 

TUNIS, 20 Jan 2011 (AFP) – Dans la Tunisie de l’après Zine El Abidine Ben Ali, le président déchu, plusieurs personnalités émergent du lot pour jouer un rôle po

litique de premier plan:

1/ Opposition légale

– Ahmed Néji Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP)

Cet avocat de 66 ans, dont le parti est aujourd’hui présidé par une femme, Maya Jribi, a animé sa formation pendant 23 ans. Ministre du développement régional et local dans l’actuel gouvernement d’union nationale, il plaide pour une transition en douceur tout en gardant les yeux rivés sur la présidentielle. Il est difficile de mesurer le poids de sa formation. Mais cet homme politique au ton calme et dissuasif, apparaît doté d’un certain charisme. Il n’a pu se présenter à la présidentielle de 1989.

– Mustafa Ben Jaafar: dirigeant du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL)

Ce médecin de 71 ans, incarne la gauche démocratique. Candidat à la présidentielle de 1990, il a été écarté par le Conseil constitutionnel au motif qu’il ne remplissait pas la condition selon laquelle un candidat doit être le chef élu de sa formation depuis au moins deux ans. Nommé ministre dans le gouvernement de transition, il en a démissionné le 19 janvier en raison de la forte présence de membres de l’ancien parti au pouvoir.

– Ahmed Ibrahim, dirigeant d’Ettajdid (ex-communiste):

Ce professeur de français de 66 ans, marqué à gauche, a forgé son expérience politique dans le syndicalisme. Il est ministre à l’Enseignement et de la Recherche scientifique dans le gouvernement de transition. A la présidentielle de 2009, il n’obtient que 1,57% dans une consultation largement truquée qui verra Ben Ali se faire réélire avec un score soviétique de 89,62% des voix.

2/Opposition interdite

– Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste interdit Ennahda:

Ce diplômé en théologie et agronomie de 69 ans a été poussé à l’exil en 1989, avant d’être condamné à la réclusion à perpétuité en 1991 lors de procès ayant suivi le démantèlement du mouvement islamiste, qui a le plus souffert de la répression sous le régime de Ben Ali. Son retour en Tunisie est attendu après la loi d’amnisitie générale adopté par le gouvernement de transition de Mohammed Ghannouchi, avec lequel il n’a aucun lien de parenté. Son mouvement n’aura pas de candidat à l’élection présidentielle, mais veut mesurer sa force aux légistives prévues dans six mois. Ennahda avait recueilli 17% des voix aux législatives de 1989, sous une étiquette « indépendante ».

– Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la République:

Ce médecin de 65 ans, premier candidat déclaré à la présidentielle prévue dans six mois, est issu de la gauche laïque. Il vivait en exil en France jusqu’à la chute de Ben Ali, avant de rentrer mardi en Tunisie, où son premier geste a été de s’incliner sur la tombe de Mohammed Bouazizi, le premier « martyr » de la « Révolution du jasmin », à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la révolte. Il a été président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) jusqu’en 1994. Il avait été condamné à un an de prison en 2000.

– Hamma Hammami, leader du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT):

Ce professeur d’arabe de 59 ans, a été maintes fois condamné par la justice de l’ancien régime pour ses activités politiques. Il est sorti de la clandestinité en février dernier. Interpellé à son domicile deux jours avant la chute de Ben Ali, il a été libéré le lendemain. Il a annoncé lundi que son parti ne présenterait pas de candidat à l’élection présidentielle dans six mois. Le PCOT, très actif dans le monde syndical et les universités, ne s’est pas encore prononcé sur sa participation aux prochaines législatives.

3/Dans l’ex-camp du président déchu:

– Kamel Morjane:

Ce diplomate de 69 ans, bardé de diplômes d’universités américaines, a souvent été présenté comme le candidat de Washington pour succéder à Ben Ali. Il a le handicap d’être lié par alliance à la famille du président déchu et d’avoir été membre du Rassemblement démocratique constitutionnel (RCD). Il n’a rejoint le gouvernement qu’en 2005, à la Défense, avant d’être nommé aux ministère des Affaires étrangères où il a été reconduit dans le gouvernement de Transition. Il avait auparavant fait toute sa carrière au sein des Nations unies et été numéro deux du Haut commissariat pour les réfugiés (UNHCR).

– Mohamed Jegham:

Licencié en économie et en administration publique, il a été ministre du Tourisme sous Ben Ali, avant de devenir son chef de cabinet. Il est ministre du Commerce et du Tourisme dans le gouvernement de transition. Parfois présenté comme le dauphin de l’ex-dictateur, il s’est attiré des inimitiés dans le clan Ben Ali-Trabelsi et a été écarté du palais présidentiel par l’épouse du président déchu Leïla Ben Ali. Ses démêlés avec l’ancien pouvoir pourraient à l’avenir lui servir. « C’est le plus propre et plus intègre » parmi les anciens ministres, dit de lui l’un de ses anciens collaborateurs.


 

AFP, le 20 janvier 2011 à 17h24 GMT

Tunisie: quand le ministre Slim404 twitte le premier conseil des ministres


 

TUNIS, 20 Jan 2011 (AFP) – « C’est jouissif d’écouter le ministre de la justice lire le mandat d’arrêt commençant par le nom de Ben Ali » le blogueur Slim Amamou, secrétaire d’Etat à la Jeunesse, faisait jeudi le compte-rendu du premier conseil du nouveau gouvernement… en direct sur twitter!.

Emprisonné pendant la « révolution du jasmin » pour ses activités de cyberdissident et libéré à la veille de la fuite de Ben Ali, Slim Amamou fait vivre, sous le compte @slim404, les premiers pas du nouveau gouvernement depuis sa nomination lundi soir… évidemment annoncée sur twitter.

Le tout pour le bonheur de ses milliers de fans qui le suivent (8.000 abonnés à son compte jeudi après-midi) en Tunisie et ailleurs et n’en revenaient pas de suivre en direct le conseil des ministres minute par minute et de dialoguer avec lui.

« Hahaha. Il y a un juriste pirate qui s’est installé sur la table des ministres. Personne n’y a vu que du feu », twitte-t-il. « Si j’ai bien compris le ministre de l’Economie, on a perdu 3% du PIB à cause de vos conneries », lance-t-il à ses fans, parmi lesquels de nombreux manifestants.

« Slim n’est pas un secrétaire d’Etat, c’est un espion », s’enthousiasme l’un d’eux.

Le blogueur avait prévenu. « On s’est mis d’accord qu’il faut communiquer. Je suis à l’intérieur, je vais vous dire tout ce qui se passe », avait-il twitté peu après sa nomination.

Un de ses premiers twitts comme ministre évoquait d’ailleurs le « premier clash de la part des rcdistes (membres du RCD, le parti de Ben Ali) sur le fait que je ne porte pas de cravate ».

Jeudi matin, Slim404 raconte avec humour son arrivée difficile à son ministère. « Je savais pas où était le ministère, j’ai demandé à un passant, il m’a accompagné jusqu’à la porte ». Et devant le ministère une manifestation l’accueille.

« Les fonctionnaires de mon ministère ne veulent pas du gouvernement, y compris moi et mon ministre (de tutelle) », twitte-t-il.

L’un des objectifs de cet informaticien de 33 ans, est de former le nouveau gouvernement à la communication sur internet. Mission déjà en partie réussie si on l’en croit, à propos de Sami Zaoui, secrétaire d’Etat aux technologies de la communication. « Sami Zaoui sec. Etat TIC est maintenant sur Twitter ».

Slim Amamou a refusé de démissionner du gouvernement, après le départ de quatre ministres issus de l’opposition, mardi. « Au sujet des anciens ministres de Ben Ali, il faut être réaliste quand même. Si vous voulez des gens qui ont du métier et savent ce qu’ils font, il faut faire appel à ces personnes », a-t-il expliqué dans des interviews.

Mais il est déjà conscient que sa liberté de ton risque de faire des vagues.« I won’t last long in the govt. anyway. I’m not here to build a career » (je ne durerai pas longtemps au gouvernement. De toute façon, je ne suis pas là pour faire une carrière), twitte-t-il à un internaute anglophone.


 

Reuters, le 20 janvier 2011 à 18h03 GMT

Tunisian families await release of political prisoners


 

By Abdelaziz Boumzar

TUNIS, Jan 20 (Reuters) – Some brought lunch for their sons, others waited at army barricades looking out for prison vans. Many had been there since Tunisia’s government vowed this week to free political prisoners locked up under the old president.

Families waiting outside Borj Lamary prison on Thursday, complained that only a few hundred had been freed so far and demanded the release of all those imprisoned for political reasons during the 23-year rule of Zine al-Abidine Ben Ali.

« We are waiting for the release of our sons. We have been waiting for three days now, since we heard about the pardon of political prisoners, » said Mohammed Khaled Khmeira, who was waiting outside the jail.

« What bothers us most is the lack of information. There is no information from the prison. They told us nothing about how this will be implemented, who will be freed, who will not. »

Tunisia’s government promised this week to free 1,800 political prisoners. Facing popular and opposition demands, it decided on Thursday to grant recognition to all banned political groups and adopt an amnesty for all political prisoners.

Reuters cameramen saw one bus leave Borj Lamary prison on Thursday morning, carrying around 20 men who were welcomed by tearful relatives.

Among them was Sameer Hagouba, who had been studying at the Islamic al-Azhar university in Egypt when he was deported on terrorism-related charges and imprisoned in his native Tunisia.

« Does this look like the face of terrorism? asked Hagouba, a handsome young man with a light and carefully trimmed beard.

ISLAMISTS INSIDE

Other young men had been taken from their homes by internal security forces and never returned, their mothers said.

« They took all Muslims, men and women. They came to my house asking about my son. I said ‘why are you asking about my son’ and they said ‘because he wants to go to Afghanistan to al Qaeda’. My son? He’s 23 and he’s going to Afghanistan? To al Qaeda? » said Fawzia Daloushi, awaiting her son Ziad, who had yet to be freed.

« They sentenced him to five years and they have tortured him and tortured him almost to death. He was being tortured and we were being tortured inside too, » said Daloushi, who wore a white headscarf, little seen on the streets of Tunis, where Ben Ali enforced strict secular rules.  Many of the relatives complained that Ben Ali’s government cracked down on all devout Muslims, accusing them of links to Islamists or to terrorist groups.

« Half the prisoners in Tunisia are accused of being Khomeinists. They are not Khomeinist, » said one man who gave his name as Sami, referring to the leader of Iran’s Islamic revolution Ayatollah Ruhollah Khomeini.

« What happens is a plain clothes security official prays with them at the mosque and when they come out after prayers, they put them in cars and take them to jail and no one hears of them after that. »

Ministers said on Thursday the amnesty and the legalisation of all political parties would include Tunisia’s main Islamist party, Ennahda, and its members.

Most of those waiting outside Borj Lamary said they visited their incarcerated relatives regularly, bringing them food and other supplies, but a few said they had little information.

« They beat them inside and how do we know what their situation is? I don’t know what my son’s situation is, » said Balti Mabrouka, who wore a purple headscarf. « I don’t know if my son is alive or dead. »


 

AFP, le 20 janvier 2011 à 18h22 GMT

Tunisie: adoption d’un projet de loi d’amnistie, islamistes inclus


 

Par Kaouther LARBI

TUNIS, 20 Jan 2011 (AFP) – Le gouvernement tunisien de transition a adopté jeudi un projet de loi d’amnistie générale qui concernera aussi les islamistes, lors du premier conseil des ministres de l’après-Ben Ali, qui a décrété un « deuil national de trois jours » pour les victimes de la « révolution du jasmin ».

L’Etat va prendre possession des « biens mobiliers et immobiliers du Rassemblement constitutionnel démocratique » (RCD), le parti du président déchu Ben Ali, a également annoncé jeudi le porte-parole du gouvernement, à l’issue du premier conseil des ministres du cabinet d’union nationale.

Un deuil national de trois jours « en mémoire des victimes des récents événements », a aussi été annoncé par Taieb Baccouche.

« Le ministre de la Justice a présenté un projet de loi d’amnistie générale, qui a été adopté par le Conseil des ministres, qui a décidé de le soumettre au Parlement », a déclaré à l’AFP le ministre du Développement, Ahmed Néjib Chebbi.

« Le mouvement Ennahdha sera concerné par l’amnistie générale », a précisé le ministre de l’Enseignement supérieur Ahmed Ibrahim, devant des journalistes.

Interdit sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier pour l’Arabie saoudite à l’issue d’un mois de révolte populaire sans précédent, le parti islamiste Ennahdha avait annoncé mardi qu’il allait demander sa légalisation.

Le Premier ministre du nouveau gouvernement de transition, Mohammed Ghannouchi, avait annoncé lundi entre autres mesures de démocratisation que tous les partis politiques qui le demanderont seront légalisés.

« A partir de demain, la commission chargée de préparer les élections commencera à travailler. Il y a des lois à écrire, d’autres à revoir, dans un esprit de concertation avec toutes les tendances et toutes les sensibilités, sans aucune exception », a aussi déclaré à la presse Ahmed Ibrahim, chef du parti Ettajdid (ex-communiste).

Selon la Constitution tunisienne, les élections présidentielle et législatives doivent avoir lieu dans un délai maximum de deux mois, en cas de vacance du pouvoir. Mais le Premier ministre a indiqué qu’elles auraient lieu « d’ici six mois ».

« Il y a des solutions pour réussir cette transition sans être en dehors de la Constitution, malgré les limites du système politique et des lois actuelles », a jugé M. Ibrahim.

Un millier de manifestants ont de nouveau réclamé jeudi à Tunis la démission du gouvernement de transition qui s’est réuni pour la première fois, dénonçant comme les jours précédents la présence à des postes clés de ministres de l’ancienne équipe du président déchu Ben Ali.

Pour tenter de désamorcer la crise, tous les ministres du gouvernement membres du parti de l’ex-président Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ont démissionné de cette formation qui a ensuite annoncé la dissolution de son Bureau politique.

Puis un des huit ministres issus de l’ancien régime, Zouheir M’dhaffer, chargé du Développement administratif, a démissionné du gouvernement pour « préserver l’intérêt suprême de la nation et favoriser la transformation démocratique du pays ».

M. M’dhaffer est considéré comme l’architecte de la réforme de la Constitution approuvée en 2002 par référendum qui avait supprimé la limitation des mandats présidentiels et avait permis à l’ex-président Ben Ali de se maintenir au pouvoir.

Au même moment, les manifestants, rassemblés devant le siège du RCD dans la capitale, scandaient: « le peuple veut la démission du gouvernement », en brandissant des pancartes proclamant, comme la veille: « On n’a plus peur de vous, traîtres ! » et « RCD out! ».

« Je suis avec vous. On ne va pas tirer sur vous, l’essentiel c’est que le rassemblement soit pacifique », a lancé à la foule un colonel de l’armée qui tentait de calmer les manifestants.

Ceux-ci l’ont applaudi et certains ont cueilli des fleurs dans les massifs alentours pour les déposer dans les canons des chars postés là, devant des militaires qui souriaient.

Des fonctionnaires tunisiens ont déboulonné l’inscription « Rassemblement constitutionnel démocratique », qui décorait en grandes lettres dorées la façade du siège du parti.

Devant le bâtiment, des Tunisiens contemplaient la scène en la comparant à la statue de l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein, déboulonnée à Bagdad après la chute de son régime en 2003.

Par ailleurs la chaîne publique, citant une « source officielle » non identifiée, a annoncé l’interpellation de 33 membres du clan Ben Ali, sans préciser les circonstances des arrestations ni les noms des personnes interpellées.

Mercredi, la justice tunisienne avait ouvert une enquête pour « acquisition illégale de biens », « placements financiers illicites à l’étranger » et « exportation illégale de devises », contre Zine El Abidine Ben Ali et sa famille.

Les pays européens sont tombés d’accord jeudi lors d’une réunion d’experts sur le principe d’un gel des avoirs du président tunisien déchu et de ses proches. La France avait annoncé mercredi avoir pris « les dispositions nécessaires » pour bloquer d’éventuels « mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France » du clan Ben Ali-Trabelsi. La Suisse a fait de même.


 

Associated Press, le 21 janvier 2011 à 00h22 GMT

Tunisia’s Islamists eye place in politics


 

By ELAINE GANLEY, Associated Press

 

TUNIS, Tunisia (AP) _ For decades, Tunisians espousing political Islam were banned, jailed and forced underground by their country’s autocratic regime.

Now they are seeking a place in government _ raising fears that Islamic radicalism might take root in Tunisia, long seen by the West as a bulwark against terrorism.

With the promise that democracy will replace dictatorship, members of the outlawed Ennahdha party have taken to the streets, joining daily protests aimed at banishing all traces of the former ruling party of ousted President Zine El Abidine Ben Ali.

Such activism by the Islamists _ who want a role for Islam in their country’s politics _ is feeding jitters that extremism may be on the rise in Tunisia, long a Westward-looking nation proud of its modern identity. Women enjoy widespread freedoms, Muslim headscarves are banned in public buildings and abortions, a deep taboo in most Muslim societies, are legal in Tunisia.

Members of Ennahdha, Renaissance in English, say fears of radicalism have no merit.

« The Western media is frightening people, saying that ‘the Islamists are rising.’ But we are not to be feared, » said party spokesman, Hamadi Jebali.

« We are not the Taliban or al-Qaida or Ahmadinejad, » he said, referring to the Iranian president. « We will submit to the vote of the people when the time comes. »

Such a public profile by the Islamist group would have been unthinkable during the rule of Ben Ali, who banned it in 1992, accusing it of conspiring to kill him and establish a Muslim fundamentalist state.

Less than a week after Ben Ali fled to Saudi Arabia,

Ennahdha’s No. 2 leader has already met with Tunisia’s prime minister amid efforts to form a new government. The Islamist party’s exiled founder, Rachid Ghanouchi, is waiting to return from London, where he has lived for nearly two decades.

The United States, Tunisia’s former colonial ruler France and other Western powers long supported Ben Ali, in large part because the North African nation was an anchor of stability in a volatile region and a trusted ally in the fight against terrorism.

Already, the regional al-Qaida spinoff, al-Qaida in the Islamic Maghreb, is looking to capitalize on Tunisia’s new era, urging Tunisians to train in their camps and « wage the decisive battle against the Jews, the Crusaders and their agents, » according to the SITE Intelligence Group, which monitors al-Qaida communiques.

Tunisia’s Western allies have expressed concerns about rising radicalism. A day before Ben Ali fled, Secretary of State Hillary Rodham Clinton delivered a stark warning to

Arab leaders that they must open economic and political space to the Mideast’s exploding youth population if they want to blunt extremism.

Euphoria has swept Tunisia since the flight of Ben Ali, who ruled for 23 years and quashed all opposition. But for many, the yearning for pluralism born with their « people’s revolution » stops with the Islamists. Fears of lost social freedoms or a rise in radicalism pose too great a risk to allow a voice for even a moderate version of political Islam, as Ennahdha says it offers.

« That’s the danger. I’m against political Islam, » said Habib Jerjir, a leader of the Regional Workers’ Union of Tunis.

Like many in this Mediterranean nation, he wants to see the myriad opposition movements that have been banned until now have a place on the political scene _ but not one that combines Islam with politics. « We must block their path, » Jerjir said.

Long a tourist haven, Tunisia was put on its secular path by its modern-day founder Habib Bourguiba. He outlawed Muslim headscarves in public buildings and introduced a code that freed women from many of the constraints they face in other Arab countries. He famously once went on television during the Muslim fasting month of Ramadan suggesting citizens should eat.

Ben Ali, who toppled Bourguiba in a bloodless coup in 1987, initially took a softer approach to the Islamists. Ennahdha won 17 percent of the vote in 1989 legislative elections, with its candidates running as independents. Then, Ben Ali’s crackdown began.

The scenario most feared by those opposed to an Islamist presence in politics became a reality in neighboring Algeria, a former French colony like Tunisia. There, a Muslim fundamentalist party became a vehicle for despairing jobless youth and swept up large segments of society. Once legalized, it bounded to the forefront of political life, overtaking the longtime ruling party. The army canceled 1992 elections the fundamentalists were poised to win, prompting a decade-long insurgency.

There is no way to measure the extent of public support for Ennahdha, long a clandestine movement. But with a freedom of expression never before known in this country of 10 million, those who support a greater role for Islam in politics are daring to speak up.

« Now, there has been a total change, and I feel a sense of peace and the right to speak, » said Mahmoud Gharbi, who spent a year in prison two decades ago for his Islamist activities.

The 46-year-old would not say whether he would join Ennahdha if it is given legal status. « But if we really want to practice democracy, we have to give everyone a chance, » he said.

Abdelatif Ben Lamine, a banker and imam, wants to see everyone’s political agenda made public, including Ennahdha’s.

« We’re in a very delicate phase, » he said. « In our society, there are Islamists, democrats, capitalists, communists. It’s a cocktail. » Referring to Ennahdha, he added: « We must dig into their

ideas to see if they are moderate or not. We must give everyone a chance to make his political agenda public. »

At their meeting Thursday with Prime Minister Mohamed Ghannouchi, Ennahdha members asked the interim leadership to « turn the page as soon as possible, » said Ajmi Lourimi, a founding member of the group. « We asked to participate in political life. The response was positive, » Lourimi said. However, their request for the return of all exiles « will take some time, » the group was told.

« We want to reconcile Tunisians with their identity, their values, their culture, » said Lourimi, who was freed

in 2007 from 17 years in prison.

« We don’t come from another planet. We’re part of society. I don’t know why anyone should worry, » Lourimi said. « Religion is part of our personality. »


 

Reuters, le 21 janvier 2011 à 03h54 GMT

Deuil national en Tunisie, une semaine après la fuite de Ben Ali


 

par Lin Noueihed et Christian Lowe

TUNIS, 21 janvier (Reuters) – La Tunisie observe à partir de vendredi trois jours de deuil en hommage aux dizaines d’émeutiers tués durant le mois de manifestations ayant provoqué la chute du régime de Ben Ali.

Le dernier bilan, annoncé lundi, est de 78 morts au moins, la plupart tués par des balles policières. Selon le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, les émeutes ont fait une centaine de morts.  Après cette période de deuil national, annoncée jeudi par la télévision publique à l’issue du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, les Tunisiens vont progressivement retrouver une vie normale : les écoles et les universités, fermées le 10 janvier, quatre jours avant le départ du président Zine Ben Ali, doivent rouvrir lundi.

Les évènements sportifs, tous annulés depuis la semaine dernière, pourront « très bientôt » avoir lieu, a dit à la presse Mohamed Aloulou, nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports.

Le gouvernement d’union nationale a décidé de reconnaître l’ensemble des mouvements politiques interdits et de décréter une amnistie pour tous les prisonniers politiques.

Les manifestations continuent néanmoins pour exiger la fin de l’emprise du RCD, l’ancien parti au pouvoir, sur la vie politique. Les protestataires réclament que les ministres ayant officié sous Ben Ali quittent le gouvernement transitoire.

Face à la pression de la rue, les autorités ont annoncé jeudi la dissolution du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique et un ministre lié à l’ancien pouvoir a présenté sa démission.

Selon la télévision, les ministres RCD vont rester au gouvernement mais ont tous renoncé à leurs fonction au sein du parti, comme l’avaient déjà fait le président par intérim, Fouad Mebazaa, et le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi.

Les violences et pillages ont diminué depuis les jours de chaos qui ont succédé au départ précipité de Ben Ali.

La police ayant perdu tout crédit dans l’opinion pour avoir réprimé sévèrement les manifestations avant la fuite du président, le gouvernement s’appuie désormais sur l’armée pour maintenir l’ordre.

 


Reuters, le 21 janvier 2011 à 08h10 GMT  

Tunisie: des armes saisies chez un parent de l’épouse de Ben Ali (télévision)


 

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Des armes ont été saisies dans la maison d’un membre de la famille de l’épouse du président déchu Ben Ali, selon des images de la télévision publique vendredi, premier jour d’un deuil national décrété la veille lors du premier Conseil des ministres du gouvernement de transition.

Des fusils à lunettes de précision, des pistolets, des fusils de chasse et des cartouches étaient cachés sous du sable, dans le jardin d’une villa appartenant à un membre de la famille de Leïla Trabelsi, épouse du président déchu qui a fui le pays il y a une semaine sous la pression populaire.

La télévision publique a montré des images de policiers s’affairant dans cette villa, au lendemain de l’annonce de l’arrestation de 33 membres de la famille du président Ben Ali qui avait mis le pays en coupe réglée.

Dans le centre de Tunis, un important dispositif policier était de nouveau déployé sur l’avenue Habib Bourguiba, en prévision d’une nouvelle manifestation pour exiger la démission du gouvernement de transition, à cause de la présence en son sein de nombreux ministres de l’ancien régime.

En ce jour de prière du vendredi, les rues du centre de la capitale étaient moins fréquentées que les derniers jours et la plupart des commerces fermés, à part les cafés et les boulangeries.

Le nouveau gouvernement, formé lundi, a décrété jeudi un deuil national de trois jours « en mémoire des victimes » de la « Révolution du jasmin » –plus d’une centaine de morts depuis la mi-décembre selon l’ONU–, adopté un projet de loi d’amnistie générale et décidé la reprise des cours dans les écoles et universités « la semaine prochaine ».

 

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 08h57 GMT  

Algérie: les autorités appellent les citoyens à ne pas manifester samedi


 

ALGER, 21 Jan 2011 (AFP) – Les autorités locales algériennes ont demandé à la population de ne pas répondre à l’appel de l’opposition à participer à une manifestation samedi en plein centre d’Alger en faveur d’une ouverture démocratique.

« Il est demandé aux citoyens de faire preuve de sagesse et de vigilance, et de ne pas répondre à d’éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, leur quiétude et à leur sérénité », indique un communiqué de la wilaya (préfecture) d’Alger transmis jeudi soir à l’agence algérienne APS.

La wilaya y rappelle que « les marches à Alger ne sont pas autorisées » et que « tout rassemblement sur la voie publique est considéré comme une atteinte à l’ordre public ».

Les manifestations sont proscrites en Algérie en vertu de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992.

En Tunisie voisine, les émeutes populaires ont débouché sur le renversement le 14 janvier du président Zine El Abidine Ben Ali qui a régné sans partage sur le pays pendant 23 ans.

L’appel à la manifestation de samedi est fait « sans autorisation des services administratifs compétents », selon le communiqué.

Elle a été convoquée par un parti d’opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 19 députés sur 385), et doit partir de la place de la Concorde, ex-Place du 1er mai, vers le siège de l’Assemblée populaire nationale (parlement).

Malgré cette interdiction, le chef du RCD, Saïd Sadi, s’est déclaré déterminé à maintenir cette marche, initialement prévue le 18 janvier puis reportée au 22, axée également sur une demande de libération d’émeutiers présumés arrêtés en janvier.

Les autorités avaient annoncé 1.100 arrestations et précisé que seuls les adultes seraient poursuivis devant la justice.

Des émeutes de cinq jours au début du mois en Algérie ont fait cinq morts, plus de 800 blessés, presque tous des policiers, et des dégâts matériels importants.

 

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 10h17 GMT  

Tunisie: le journaliste et opposant Ben Brik candidat à la présidentielle


 

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Le journaliste tunisien Taoukif Ben Brik, opposant acharné au régime de Zine El Abidine Ben Ali, sera candidat à l’élection présidentielle prévue d’ici six mois en Tunisie, a-t-il annoncé vendredi à l’AFP.

« Bien sûr, je suis candidat. Je fais campagne depuis 2000. Et aujourd’hui, je me sens un candidat favori parce que je suis le seul qui pendant toutes ces années ai combattu ouvertement Ben Ali », a-t-il déclaré.

Taoufik Ben Brik avait annoncé sa candidature jeudi au magazine en ligne Slate.fr, déclarant qu’il serait « le premier président de la Tunisie indépendante et révolutionnaire ».

Il est le deuxième candidat déclaré à la prochaine présidentielle tunisienne après l’opposant historique Moncef Marzouki, qui vivait depuis de nombreuses années en exil en France.

Taoufik Ben Brik, 50 ans, est connu pour ses écrits dénonçant la dictature de Ben Ali. Censuré, régulièrement harcelé par la police du régime, il a été emprisonné six mois fin 2009-début 2010 en Tunisie pour des faits de violences sur une femme, à l’issue d’un procès qualifié de « machination politique » par les défenseurs des droits de l’homme.

Après avoir dirigé la Tunisie d’une main de fer pendant 23 ans, Zine El Abidine Ben Ali a fui son pays le 14 janvier pour l’Arabie saoudite, chassé par une révolte sans précédent réprimée dans le sang.


 

AFP, le 21 janvier 2011 à 10h29 GMT

Parfums de controverse en France après la Révolution du jasmin


 

Par Anne-Laure MONDESERT

PARIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Diplomatie déboussolée, controverse politique mais soutien de l’opinion française: La révolution tunisienne suscite à Paris débats et remise en cause de pratiques anciennes et tenaces dans la relation avec les régimes autoritaires du Maghreb et d’Afrique.

« Connivence », « complaisance », « silence complice ». Beaucoup de mots ont été utilisés depuis deux semaines pour décrire les tergiversations d’un exécutif français qui n’a jamais cru à la chute de Zine el Abidine Ben Ali et s’est laissé déborder par les événements.

Pendant que les médias français multipliaient les émissions spéciales en direct d’une capitale, Tunis, libérée de la « dictature », la polémique ne cessait d’enfler dans la classe politique.

Le 11 janvier, trois jours avant la chute de Ben Ali, la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie lâchait, devant le Parlement, une petite phrase qui a déchaîné les passions et, selon l’opposition, sérieusement affaibli la diplomatie du président Nicolas Sarkozy.

La Tunisie, disait-elle, pouvait compter, si elle le souhaitait, sur le « savoir-faire » policier de la France pour rétablir l’ordre sans faire de victimes.

Dix jours plus tard, la polémique sur cette offre de coopération ne s’est pas tue. Dans les allées du pouvoir, on plaide la « maladresse » mais surtout l’exceptionnelle rapidité de la chute de Ben Ali.

« Soyons honnêtes: nous avons tous, hommes politiques, diplomates, chercheurs, journalistes, été surpris par la Révolution de jasmin », a expliqué Michèle Alliot-Marie.

Mais surtout, ce débat a révélé la relation étroite, imbriquée, entre la France et l’ancien régime tunisien. Au sein de la classe politique, gauche et droite se renvoient la balle.

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, né à Tunis et propriétaire d’une maison à Bizerte (nord de la Tunisie), a dû se défendre d’avoir été « un valet du pouvoir » tunisien.

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a assuré n’avoir jamais fait de « compromis » même s’il a reçu la nationalité tunisienne dans les années 1990 en récompense de l’organisation d’une année culturelle franco-tunisienne.

La France est étroitement liée à son ancien protectorat, indépendant depuis 1956: 600.000 Tunisiens, y compris binationaux, vivent en France et entre 21.000 et 22.000 Français résident en Tunisie.

La Tunisie est l’une des destinations favorites des Français pour leurs vacances –1,5 million de personnes s’y rendent chaque année–, et la France y est l’un des principaux investisseurs.

« C’est l’intimité de deux régimes qui a fait que ceux qui auraient dû comprendre les premiers ont semblé être les plus décalés », observait jeudi l’éditorialiste Alain Duhamel dans le journal Libération (gauche).

Comme pour l’Algérie et le Maroc, il a toujours été difficile pour les responsables gouvernementaux français de critiquer le régime tunisien, au risque de se retrouver persona non grata et de renoncer à l’un des leviers de l’influence française.

La France « est restée dans une sorte d’aveuglement idéologique que Ben Ali était une rempart contre l’intégrisme islamique et contre l’immigration clandestine », a expliqué Vincent Geisser, spécialiste du monde arabe et musulman.

Si l’attitude des autorités a été âprement critiquée, les opposants tunisiens, pour beaucoup exilés en France, ont salué le soutien de la société civile française.

« Aujourd’hui, la France a les moyens de se rattraper. Et elle doit se rattraper en appuyant la Tunisie non pas en s’ingérant mais en donnant des signes très forts d’appui au processus démocratique », note Vincent Geisser.

Depuis la chute de Zine el Abidine Ben Ali, elle multiplie les marques de soutien à la révolution et dit traquer sans pitié les avoirs de l’ex-président et de sa famille. L’asile en France lui a été refusé. Les Tunisiens de France ne l’auraient pas compris, a concédé le gouvernement.

 


 

AFP, le 21 janvier 2011 à 11h10 GMT

Tunis: 500 manifestants défilent, prévoient un sit-in jusqu’à la démission du gouvernement

 


 

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Cinq cents personnes ont à nouveau défilé vendredi dans les rues de Tunis, demandant la démission du gouvernement en raison de la présence en son sein de caciques du régime du président déchu Ben Ali, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Ils se dirigeaient dans la matinée vers le ministère de l’Intérieur, prévoyant un sit-in « jusqu’à la dissolution du gouvernement ».

« Vous avez volé la richesse du pays mais vous n’allez pas voler la révolution! Démission du gouvernement! Nous serons toujours fidèles au sang des martyrs », ont scandé les manifestants dans l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre de la capitale.

Certains agitaient un drapeau de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), la puissante centrale syndicale qui a joué un rôle important au cours de la Révolution du jasmin en la canalisant et en lui donnant un tour politique.

Le bâtiment du ministère était protégé par l’armée, très populaire dans le pays, et par des unités de la police anti-émeutes qui empêchaient également l’accès au siège du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir de Ben Ali, situé à quelque 400 mètres du ministère de l’Intérieur.

« RCD out! », proclamaient toujours les pancartes de la foule.

« On n’a que des ballons et des fleurs », affirmait un manifestant, soulignant le caractère pacifique du défilé.

Un autre brandissait une affiche associant le slogan « Notre président » à une photo de Mohammed Bouazizi, le jeune vendeur de fruits et légumes qui s’est immolé par le feu le 17 décembre, lançant le signal de la révolte populaire.

La rue tunisienne conteste fortement la présence aux postes clés du gouvernement d’union nationale de membres de l’équipe sortante.

Le nouvel exécutif de transition a été formé lundi après la chute de Zine El Abidine Ben Ali, contraint vendredi à l’exil en Arabie Saoudite par un mois de révolte populaire au cours de laquelle au moins 100 personne ont été tuées, selon l’ONU.

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 11h28 GMT  

Tunisie: le journaliste et opposant Ben Brik candidat à la présidentielle


 

  TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik, opposant « acharné » au régime de Zine El Abidine Ben Ali, sera candidat à l’élection présidentielle prévue d’ici six mois en Tunisie, a-t-il annoncé vendredi à l’AFP.

« Bien sûr, je suis candidat. Je fais campagne depuis 2000. Et aujourd’hui, je me sens un candidat favori, parce que je suis le seul qui pendant toutes ces années ait combattu ouvertement Ben Ali », a-t-il déclaré.

Taoufik Ben Brik avait annoncé sa candidature jeudi au magazine en ligne Slate.fr, déclarant qu’il serait « le premier président de la Tunisie indépendante et révolutionnaire ».

Il est le deuxième candidat déclaré à la prochaine présidentielle tunisienne après l’opposant historique Moncef Marzouki, qui vivait depuis de nombreuses années en exil en France.

Taoufik Ben Brik, 50 ans, est connu pour ses écrits dénonçant la dictature de Ben Ali. Censuré, régulièrement harcelé par la police du régime, il avait été emprisonné six mois fin 2009-début 2010 en Tunisie pour des faits de violences sur une femme à l’issue d’un procès qualifié de « machination politique » par les défenseurs des droits de l’Homme.

Après avoir dirigé la Tunisie d’une main de fer pendant 23 ans, Zine el Abidine Ben Ali a fui son pays le 14 janvier pour l’Arabie Saoudite, chassé par une révolte sans précédent.

« J’appartiens aux grandes tribus qui ont marché sur Tunis. Je viens des régions de Thala, Kasserine, Tunis… », a affirmé à l’AFP le journaliste et poète, énumérant les villes tunisiennes où les victimes de la répression ont été les plus nombreuses ces dernières semaines.

« J’ai résisté. Pendant toutes ces années, j’ai dit à Ben Ali, je lui ai même écrit un livre, que je ne partirai pas de Tunisie », a-t-il rappelé, soulignant que d’autres opposants, des communistes aux islamistes, avaient alors choisi l’exil.

Né le 9 novembre 1960 à Jerissa, localité minière du nord-ouest, Taoufik Ben Brik est l’un des six enfants du fondateur du premier syndicat minier du temps du protectorat français (1881-1956).

Juriste de formation, il a commencé sa carrière dans les années 1980 dans la presse locale, avant d’être renvoyé du quotidien francophone gouvernemental La Presse.

Plume libre, il s’engage avec la presse étrangère, notamment française, enchaîne ouvrages et chroniques, maniant à l’envi l’ironie et la satire avec pour cible préférée le président Ben Ali, qu’il nomme « Ben Avi ».

Aucun de ses écrits n’est diffusé en Tunisie, où il demeure généralement inconnu du grand public, la presse locale n’évoquant son nom que pour dénoncer un « scélérat ».

Le 3 avril 2000, il entreprend une grève de la faim de 42 jours pour protester contre les vexations et harcèlement dont il fait l’objet. Il réussit à impliquer la France, jusqu’au président d’alors Jacques Chirac, pour obtenir un passeport et son hospitalisation à Paris.

Certains de ses amis avaient alors regretté qu’il n’ait pas joué un rôle pour fédérer l’opposition en Tunisie.

Taoufik Ben Brik avait jusqu’alors favorisé sa liberté de parole à l’action politique. Mais la donne a changé. « Beaucoup de félons cherchent à trahir et à confisquer cette révolution. mais je fais confiance à la rue. La rue, je n’ai jamais douté d’elle », explique-t-il.

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 11h45 GMT  

Deuil national en Tunisie une semaine après la chute de Ben Ali


 

Par Imed LAMLOUM

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Une semaine jour pour jour après la chute du régime autoritaire honni du président Ben Ali, la Tunisie observait un premier jour de deuil national en mémoire des victimes du soulèvement populaire – une centaine de morts selon l’ONU -, en ce vendredi de prières dans les mosquées.

Alors que les drapeaux tunisiens étaient en berne au sommet des édifices publics et que la télévision diffusait par intermittence des versets du Coran, un demi-millier de manifestants ont commencé à protester, comme chaque jour, dans le centre de Tunis pour exiger la démission du gouvernement de transition.

« Vous avez volé la richesse du pays mais vous n’allez pas voler la révolution! Démission du gouvernement! Nous serons toujours fidèles au sang des martyrs », scandaient les manifestants hostiles à la présence de caciques de l’ancien régime dans l’exécutif provisoire.

Aux cris de « RCD out! », en référence au parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique, présent dans tous les rouages du pouvoir et symbole de répression et de corruption, ils défilaient le long de l’avenue Habib Bourguiba, prévoyant de poursuivre leur mouvement « jusqu’à la dissolution du gouvernement ».

Parallèlement, la traque policière de la famille de Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, se poursuit. Fusils à lunettes de précision, pistolets, fusils de chasse, cartouches: de nombreuses armes ont été saisies dans la villa d’un membre de la famille de Leïla Trabelsi, dans la banlieue de Tunis, selon des images diffusées vendredi par la télévision publique.

La chaîne publique avait annoncé la veille l’arrestation ces derniers jours de 33 membres de l’ancien clan présidentiel, sans donner leur identité.

Le gouvernement de transition a décrété jeudi soir un deuil national de trois jours « en mémoire des victimes » de la Révolution du jasmin, réprimée dans le sang par la police de Ben Ali qui a tiré à balles réelles sur des manifestants.

Cette première révolution populaire dans le monde arabe a provoqué la chute du président Ben Ali après 23 ans de règne autoritaire et corrompu, et sa fuite le 14 janvier en Arabie Saoudite.

En ce jour de prêche dans les mosquées, on s’attendait à ce que la parole des imams se libère pour la première fois, après une étroite surveillance policière des lieux de culte.

Signe du vent de liberté qui souffle sur la Tunisie depuis une semaine, après des lustres de censure, la librairie Al Kitab (Le livre) affichait à sa devanture quelques exemplaires de « brûlots » apportés de l’étranger par des clients, portant le bandeau: « spécimen, interdit en Tunisie ».

Parmi ces livres, « La régente de Carthage », l’enquête des journalistes français Nicolas Beau et Catherine Graciet sur la façon dont Leïla Trabelsi a fait main basse sur des pans entiers de l’économie tunisienne, ou encore « Tunisie, le livre noir », de Reporters sans frontières.

Pendant ce temps, la transition entamée par le gouvernement « d’union nationale » formé lundi par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi se poursuit.

Les trois commissions créées par le gouvernement devaient se réunir pour la première fois vendredi pour définir leur composition et leur mode de fonctionnement.

La première est chargée de préparer des élections présidentielle et législatives « d’ici six mois », la deuxième d’enquêter sur la répression policière sanglante pendant les émeutes et manifestations qui ont commencé mi-décembre, et la troisième d’enquêter sur la corruption et les malversations de l’ancien régime.

Le journaliste et opposant Taoufik Ben Brik a annoncé vendredi qu’il sera candidat à l’élection présidentielle, rejoignant l’opposant historique Moncef Marzouki.

Ben Brik, 50 ans, est connu pour ses écrits dénonçant la dictature de Ben Ali. Censuré et harcelé par la police du régime, il avait été emprisonné six mois fin 2009-début 2010 à l’issue d’un procès qualifié de « machination politique » par les défenseurs des droits de l’homme.

Lors du premier Conseil des ministre de l’après Ben-Ali, le gouvernement a adopté jeudi un projet de loi d’amnistie générale qui concernera aussi les islamistes du mouvement tunisien interdit Ennahdah.

Important signe du retour progressif à la normalité, les cours dans les écoles et universités, suspendus depuis le 10 janvier, reprendront la semaine prochaine.

Dans un nouveau signe d’ouverture, le gouvernement a également décidé de supprimer la police politique des universités, traditionnels foyers de contestation, « en respect du principe d’inviolabilité des campus ».

Enfin, il a annoncé que l’Etat prendrait possession des « biens mobiliers et immobiliers du RCD dont le sigle a été arraché jeudi de la façade du siège du parti par des fonctionnaires, sous le regard ravi d’un millier de manifestants.


 

 

AFP, le 21 janvier 2011 à 11h41 GMT

Tunisie: la famille du « martyr » Bouazizi, éprouvée mais fière de son héros


 

Par Dario THUBURN

SIdi bouzid, 21 Jan 2011 (AFP) – « Mon frère me manque beaucoup, mais son martyr a permis de libérer la Tunisie »: Samiya Bouazizi est fière de Mohammed, qui s’est immolé le 17 décembre, geste de désespoir à l’origine de la révolte populaire qui a emporté le régime de Ben Ali.

Le jeune homme de 26 ans a grimpé sur son étal de fruits, s’est arrosé d’essence, et a allumé un briquet. Un geste radical de protestation après les multiples saisies musclées par la police des denrées qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens, à Sidi Bouzid, à 260 km au sud de Tunis.

« Mon fils s’est immolé et il m’a emportée avec lui. Rien ne pourra le remplacer. Il était le pilier de notre foyer », se désole sa mère, Mannoubia, en pleurs dans la petite maison familiale de cette ville désolée, à des années-lumière de la Tunisie balnéaire des touristes et call-centers français délocalisés.

Ses quatre soeurs se souviennent d’un garçon travailleur et taquin, qui leur donnait de l’argent de poche pour acheter leurs livres de classe et des friandises. « Je suis très très fière de lui, mais en même temps si triste », confie, la voix brisée, Besma, sa soeur âgée de 16 ans.

Après des années d’humiliation, Mohammed Bouazizi a craqué, lorsqu’une policière l’a giflé et lui a une nouvelle fois confisqué ses oranges, lors d’une froide matinée de décembre, entraînant son suicide spectaculaire en face du siège du gouverneur de la région.

Le jeune vendeur a aussitôt été hospitalisé. « Quand je suis arrivé, son corps était si profondément brûlé que je n’ai pas pu le reconnaître. Mais il a alors prié tout bas et j’ai reconnu sa voix », témoigne son beau-père, Ammar, désignant l’étal à demi-calciné précieusement conservé par la famille dans son garage, dans l’espoir qu’il devienne un jour un symbole de la révolution tunisienne, dont l’écho continue de retentir dans tout le monde arabo-musulman.

Car pendant que Mohammed Bouazizi agonisait à l’hôpital, son destin tragique poussait le peuple tunisien à la révolte, après des années de colère rentrée et d’humiliations sous le régime policier du président Zine El Abidine Ben Ali, à travers de nombreuses manifestations réprimées dans le sang qui ont fait au moins 100 morts, selon les Nations unies.

La mort du jeune homme, survenue le 4 janvier, a marqué une nouvelle escalade. Dix jours après, le président déchu s’enfuyait en exil en Arabie saoudite, tandis qu’en Algérie, en Egypte et en Mauritanie, des suicides de jeunes reflétaient le profond malaise social et politique qui règne dans ces pays.

« Mohammed a libéré le peuple tunisien et j’espère qu’il va aussi libérer le peuple arabe », souligne Salem Bouazizi, venu prier sur la tombe de son frère, au milieu d’un paysage aride de cactus et d’oliviers.

Les Bouazizi sont plongés dans la détresse, mais aussi fiers de Mohammed, qui s’est dressé pour défendre ses droits après des années d’abus subis par la famille, comme la saisie de ses terres par un puissant homme d’affaire local, ou la mort du père de famille, exténué par son travail dans le bâtiment.

Sa mère, qui travaille dans une ferme, et son beau-père, ouvrier du bâtiment, ne gagnent pas 4 euros par jour à eux deux.

A Sidi Bouzid, où la pauvreté est générale, Mohammed Bouazizi est devenu un héros. Des habitants viennent tous les jours présenter leurs condoléances à la famille. Non loin de sa maison, un graffiti rend hommage à « Bouazizi le martyr ».

La Tunisie entame vendredi le premier des trois jours de deuil national décrétés en mémoire aux victimes de la « révolution de jasmin », au premier rang desquelles figure le jeune vendeur de fruits et légumes, avec les dizaines de manifestants tombés sous les balles de la police.

« Nous avons tous beaucoup de respect pour lui. C’est le vrai chef de notre révolution. C’est le héros de la jeunesse. Il a sacrifié sa vie pour ses droits et ceux des autres », raconte Zyad Al Gharbi, 27 ans, un de ses amis.

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 11h42 GMT  

La nuit à Tunis, les habitants défendent leur cité et leur « liberté »


 

Par Thibauld MALTERRE

TUNIS, 20 Jan 2011 (AFP) – « On n’est pas seulement là pour défendre notre quartier, on protège la Tunisie. La liberté qu’on a conquise, il faut la garder »: derrière une barricade improvisée, les « gardiens de la cité » bloquent l’accès à leur quartier de Tunis, contre pillards et miliciens de Ben Ali.

Une dizaine d’habitants du Bardo, à l’ouest du centre-ville, se réchauffent jeudi soir autour d’un feu où ils vont passer la nuit, tandis que des habitants du quartier leur apportent thé, café et pâtisseries.

« On est là depuis le premier jour du couvre-feu, vendredi dernier. On en a parlé ensemble le matin puis on s’est organisé entre nous, il n’y a pas de chef. On se répartit entre groupes dans chaque rue, en cas de problème on utilise un sifflet et tout le monde rapplique », explique Mohammed Amine, 20 ans, qui a noué une couverture autour de sa taille pour se protéger du froid.

La chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali qui tenait depuis 23 ans la Tunisie d’une main de fer a été suivie de nombreux pillages et d’exactions, commises par des miliciens fidèles à l’ancien régime, selon des témoignages.

Ben Ali a fui il y a une semaine en Arabie Saoudite, après un mois de révolte populaire sans précédent.

Depuis une semaine, l’état d’urgence est en vigueur mais le couvre-feu a été progressivement assoupli et court désormais de 20H00 à 05H00 (19H00 à 04H00 GMT). C’est pendant le couvre-feu que les « gardiens de la cité », comme ils se surnomment, entrent en action partout en Tunisie.

« On ne laisse passer personne sauf les gens du quartier. Même les policiers, on ne les laisse pas passer », témoigne l’un d’eux, derrière la barricade formée par de grandes poutres en bois, des tôles ondulées, une porte grillagée, un vieux bidon et une brouette métallique.

La méfiance envers la police qui a réprimé dans le sang le soulèvement au cours duquel au moins 100 personnes sont mortes selon les Nations unies, est générale.

« La police a toujours eu la main lourde sous le régime de Ben Ali, on ne peut pas lui faire confiance. Le régime est fini mais avec notre mobilisation, on veut s’assurer qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. Maintenant, c’est le peuple qui décide », proclame Moncef, fonctionnaire de 50 ans.

« On n’est pas là pour faire de la politique, on est là pour protéger le pays. J’ai prêté serment de protéger la Tunisie quand j’ai accompli mon service militaire, je suis là pour cela ce soir », souligne Mongi, une figure du quartier, surnommé « le général ».

Une voiture de police, gyrophare allumé, passe à intervalles réguliers dans ce quartier, non loin du Parlement.

« C’est nouveau: dans chaque voiture de police, il y a maintenant deux policiers et deux militaires. On est rassuré de voir des soldats avec eux. On a confiance à 1.000% dans les militaires ! », approuve Mohammed Amine.

Parmi les « gardiens », souvent armés de bâtons et de longs couteaux, beaucoup participent aussi pendant la journée aux manifestations quotidiennes qui demandent le départ du gouvernement des ministres issus de l’ancien parti au pouvoir, au nom des acquis de la Révolution du jasmin. Un terme qui ne fait d’ailleurs pas l’unanimité.

« Je refuse ce nom. Il y a eu trop de sang répandu, trop de martyrs pour qu’on appelle notre révolution comme cela. Pour nous c’est la révolte des hommes libres et de la jeunesse », estime Abdel Hilaa, 66 ans, tandis que son voisin lance: « c’est la révolution du piment! ».

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 12h12 GMT  

Tunisie: le stock d’or inchangé depuis 20 ans, réaffirme la Banque centrale


 

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – La réserve stratégique d’or de la Tunisie, qui est de 6,8 tonnes, est inchangée depuis 20 ans, a affirmé vendredi à l’AFP une source à la Banque centrale, démentant de nouveau les informations faisant état du vol d’1,5 tonne d’or par l’épouse de l’ex-président Ben Ali.

« Il y a 5,3 tonnes d’or dans les coffres de la Banque centrale tunisienne (BCT) à Tunis et 1,5 tonne à la Banque d’Angleterre à Londres. Cette quantité na pas changé depuis une vingtaine d’années », a précisé une source de la BCT, qui a requis l’anonymat.

Selon la chaîne de télévision TF1 et le journal Le Monde, l’épouse de l’ancien dictateur tunisien, Leïla Ben Ali se serait enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d’or, sous forme de lingots, d’un montant évalué à 45 millions d’euros.

La BCT avait une première fois démenti ces informations mercredi, dans un communiqué affirmant que le stock d’or entreposé dans ses coffre, de 5,3 tonnes, n’avait subi aucune variation ces dernières années.

Mais selon le Conseil mondial de l’or (CMO), la Tunisie possède des réserves d’or estimées à 6,8 tonnes.

Deux commissaires aux comptes internationaux sont actuellement en train de procéder à un audit des réserves à la BCT et le résultat préliminaire ne montre aucune variation du stock d’or, a ajouté vendredi cette dernière.

Selon les services secrets français cités par Le Monde, Leïla Trabelsi, la femme du président, « se serait rendue à la Banque centrale de Tunisie chercher des lingots d’or », et aurait essuyé un refus du gouverneur, avant qu’il ne cède sous la pression de Zine El Abidine Ben Ali.

D’après TF1, le retrait des quantités d’or aurait eu lieu fin décembre.

« C’est une histoire politique pour discréditer l’ancien gouverneur de la BCT », a déploré vendredi la source de la Banque centrale tunisienne interrogée par l’AFP, dénonçant des « allégations visant à toucher à l’intégrité de Taoufik Baccar et à nuire son image pour des fins politiques ».

A peine formé lundi, le gouvernement de transition avait annoncé le limogeage du gouverneur de la BCT, M. Baccar, remplacé par Mustapha Kamel Nabli, ancien économiste de la Banque Mondiale.

Le gouvernement n’a pas fourni d’explication officielle à ce changement.

Zine El Abidine Ben Ali a fui vendredi son pays pour l’Arabie Saoudite, après un mois de manifestations réprimées dans le sang qui ont mis fin à 23 ans d’un règne sans partage.

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 14h47 GMT  

Tunisie: la folle semaine révolutionnaire « de la dignité et de la liberté »


 

Par Pierre AUSSEILL

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Après 23 ans sous une chape de plomb, les Tunisiens, déterminés à ne pas se faire confisquer leur révolution populaire, ont vécu une semaine historique s’appropriant, avec une ivresse joyeuse et dans la dignité, la liberté de parole et de manifester.

« C’est miraculeux, vertigineux, on se pince pour y croire! »: une semaine jour pour jour après la fuite sans gloire du président Zine El Abidine Ben Ali en Arabie Saoudite sous la pression d’un peuple excédé, l’avocat et journaliste tunisien Abdelaziz Mezouchi, 63 ans, n’en revient toujours pas.

« J’éprouve du soulagement et beaucoup de fierté. Car les gens de ce régime avaient réussi à nous faire intérioriser que nous étions un peuple peureux, lâche et opportuniste. Nous vivons une sorte de thérapie collective », dit-il.

Manifestations quotidiennes, prises de pouvoir des journalistes dans les rédactions, libération de prisonniers politiques et retour d’opposants exilés, contestation de patrons de certaines entreprises par les salariés… Sept petits jours se sont écoulés depuis la fuite du dictateur. Le pays est méconnaissable.

Qui eut pu prédire, il y a seulement une semaine, qu’un gouvernement tunisien de transition, pourtant très décrié en raison de la présence en son sein de caciques de l’ancien régime, proclamerait « la liberté totale d’informer », promettrait une amnistie générale, y compris pour les islamistes?

Comment ne pas croire avoir rêvé en écoutant mercredi le président tunisien par intérim, l’ancien président de l’Assemblée nationale Foued Mebazâa –pas vraiment la vocation d’un Danton– promettre à la télévision une « rupture totale avec le passé », prononcer les mots « révolution de la liberté et de la dignité »?

Comment enfin avoir imaginé, avant ce 14 janvier 2011 désormais historique, que la famille Ben Ali et celle encore plus détestée de son épouse, l’ancienne coiffeuse Leïla Trabelsi, qui régnaient avec arrogance en maîtres absolus en  s’accaparant des pans entiers de l’économie, seraient traqués, exilés ou arrêtés, leurs luxueuses villas pillées, leurs biens saisis?

La peur et l’incertitude suscitées par les pillages et les exactions nocturnes imputées à des miliciens armés irréductiblement fidèles à l’ancien régime, immédiatement après la fuite de leur maître, ont d’abord bridé toute explosion de joie populaire.

Mais depuis que le calme est globalement revenu, et avec lui la sérénité, malgré le maintien de l’Etat d’urgence et d’un couvre-feu peu à peu allégé, une immense fierté s’exprime chaque jour sur les visages, dans les mots.

« Vous avez vu! les Tunisiens, nous l’avons fait tout seuls! », exultait en début de semaine un douanier de l’aéroport de Tunis, à propos de cette première révolution populaire de l’histoire des pays arabes.

« Maintenant je peux dire mon nom et mon prénom aux journalistes », s’étonnait tout joyeux mercredi Haddad Mahmoud, un fonctionnaire reprenant le travail à Sidi Bou Saïd, port de carte-postale près de Tunis.

Les Tunisiens chantent à tue-tête leur hymne national, chaque jour, dans des manifestations hostiles à l’ancien « parti-Etat », dont le sigle en lettres rouges a été symboliquement arraché jeudi de la façade de son orgueilleux siège national à Tunis.

Ils fraternisent, déposant des fleurs dans les canons des chars, avec une armée qui avait été mise à l’écart par le régime Ben Ali et s’est rendue très populaire en refusant de tirer sur la foule pendant la révolte.

« On n’est pas seulement là pour défendre notre quartier, on protège la Tunisie. La liberté qu’on a conquise, il faut la garder », confiait en pleine nuit Mongi, la quarantaine, à la barricade d’un des innombrables comités de vigilance mis en place dans tout le pays pour protéger les quartiers des pillages et des exactions.

A Siliana, à 120 km de Tunis, des habitants ont investi le siège de l’ancien parti au pouvoir pour y habiter. D’autres se sont partagés des terres qui leur avaient été confisquées. Un peu partout fleurissent de nouvelles « Place de la révolution », baptisées par les habitants eux-mêmes.

Lorsqu’on interroge un ministre de l’ancienne opposition sur les manifestations hostiles à son gouvernement, il s’étonne: « Mais c’est normal! C’est la démocratie! ».

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 15h01 GMT  

Tunisie: la famille du « martyr » Bouazizi, éprouvée mais fière de son héros


 

Par Dario THUBURN

SIdi bouzid, 21 Jan 2011 (AFP) – « Mon frère me manque beaucoup, mais son martyre a permis de libérer la Tunisie »: Samiya Bouazizi est fière de Mohammed, qui s’est immolé le 17 décembre, geste de désespoir à l’origine de la révolte populaire qui a emporté le régime de Ben Ali.

Le jeune homme de 26 ans a grimpé sur son étal de fruits, s’est arrosé d’essence, et a allumé un briquet. Un geste radical de protestation après les multiples saisies musclées par la police des denrées qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens, à Sidi Bouzid, à 260 km au sud de Tunis.

« Mon fils s’est immolé et il m’a emportée avec lui. Rien ne pourra le remplacer. Il était le pilier de notre foyer », se désole sa mère, Mannoubia, en pleurs dans la petite maison familiale de cette ville désolée, à des années-lumière de la Tunisie balnéaire des touristes et call-centers français délocalisés.

Ses quatre soeurs se souviennent d’un garçon travailleur et taquin, qui leur donnait de l’argent de poche pour acheter leurs livres de classe et des friandises. « Je suis très très fière de lui, mais en même temps si triste », confie, la voix brisée, Besma, sa soeur âgée de 16 ans.

Après des années d’humiliation, Mohammed Bouazizi a craqué, lorsqu’une policière l’a giflé et lui a une nouvelle fois confisqué ses oranges, lors d’une froide matinée de décembre, entraînant son suicide spectaculaire en face du siège du gouverneur de la région.

Le jeune vendeur a aussitôt été hospitalisé. « Quand je suis arrivé, son corps était si profondément brûlé que je n’ai pas pu le reconnaître. Mais il a alors prié tout bas et j’ai reconnu sa voix », témoigne son beau-père, Ammar, désignant l’étal à demi-calciné précieusement conservé par la famille dans son garage, dans l’espoir qu’il devienne un jour un symbole de la révolution tunisienne, dont l’écho continue de retentir dans tout le monde arabo-musulman.

Car pendant que Mohammed Bouazizi agonisait à l’hôpital, son destin tragique poussait le peuple tunisien à la révolte, après des années de colère rentrée et d’humiliations sous le régime policier du président Zine El Abidine Ben Ali, à travers de nombreuses manifestations réprimées dans le sang qui ont fait au moins 100 morts, selon les Nations unies.

La mort du jeune homme, survenue le 4 janvier, a marqué une nouvelle escalade. Dix jours après, le président déchu s’enfuyait en exil en Arabie saoudite, tandis qu’en Algérie, en Egypte et en Mauritanie, des suicides de jeunes reflétaient le profond malaise social et politique qui règne dans ces pays.

« Mohammed a libéré le peuple tunisien et j’espère qu’il va aussi libérer le peuple arabe », souligne Salem Bouazizi, venu prier sur la tombe de son frère, au milieu d’un paysage aride de cactus et d’oliviers.

Les Bouazizi sont plongés dans la détresse, mais aussi fiers de Mohammed, qui s’est dressé pour défendre ses droits après des années d’abus subis par la famille, comme la saisie de ses terres par un puissant homme d’affaire local, ou la mort du père de famille, exténué par son travail dans le bâtiment.

Sa mère, qui travaille dans une ferme, et son beau-père, ouvrier du bâtiment, ne gagnent pas 4 euros par jour à eux deux.

A Sidi Bouzid, où la pauvreté est générale, Mohammed Bouazizi est devenu un héros. Des habitants viennent tous les jours présenter leurs condoléances à la famille. Non loin de sa maison, un graffiti rend hommage à « Bouazizi le martyr ».

La Tunisie entame vendredi le premier des trois jours de deuil national décrétés en mémoire aux victimes de la « révolution de jasmin », au premier rang desquelles figure le jeune vendeur de fruits et légumes, avec les dizaines de manifestants tombés sous les balles de la police.

« Nous avons tous beaucoup de respect pour lui. C’est le vrai chef de notre révolution. C’est le héros de la jeunesse. Il a sacrifié sa vie pour ses droits et ceux des autres », raconte Zyad Al Gharbi, 27 ans, un de ses amis.

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 13h57 GMT  

Tunisie: le nom de Ben Ali disparaît des sermons des prières du vendredi 


 

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Le nom de Zine El Abidine Ben Ali, le président tunisien déchu, a disparu des sermons des imams des prières du vendredi, tout comme la surveillance policière autour des mosquées, ont indiqué des fidèles et des religieux.

A la mosquée Al-Fath, Avenue de la liberté dans le centre de Tunis, l’imam a commencé son sermon par une prière à « la mémoire des martyrs de la révolte des jeunes », sans mentionner tout au long de son prêche une seule fois le nom de Ben Ali.

« D’habitude, l’imam lance des incantations du genre +que Dieu bénisse notre président Zine El Abidine ben Ali+ », a fait remarquer un fidèle, Anas Tamallah, 26 ans.

A la grande mosquée de la Zitouna, au coeur de la Médina de Tunis, l’intendant général Mohktar Ben Tekhiat a indiqué à l’AFP que le sermon que devait prononcer l’imam ne comportait aucune mention à Ben Ali que la propagande officielle présentait toujours comme « le protecteur de la nation et de la religion ».

Sous le régime de Ben Ali, les mosquées étaient strictement surveillées au nom de la lutte contre les islamistes et les sermons du vendredi étaient inspirés sinon écrits par les autorités officielles de l’islam représentées par le ministère des Affaires religieuses.

 


AFP, le 21 janvier 2011 à 12h12 GMT  

Tunisie: le stock d’or inchangé depuis 20 ans, réaffirme la Banque centrale


 

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – La réserve stratégique d’or de la Tunisie, qui est de 6,8 tonnes, est inchangée depuis 20 ans, a affirmé vendredi à l’AFP une source à la Banque centrale, démentant de nouveau les informations faisant état du vol d’1,5 tonne d’or par l’épouse de l’ex-président Ben Ali.

« Il y a 5,3 tonnes d’or dans les coffres de la Banque centrale tunisienne (BCT) à Tunis et 1,5 tonne à la Banque d’Angleterre à Londres. Cette quantité na pas changé depuis une vingtaine d’années », a précisé une source de la BCT, qui a requis l’anonymat.

Selon la chaîne de télévision TF1 et le journal Le Monde, l’épouse de l’ancien dictateur tunisien, Leïla Ben Ali se serait enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d’or, sous forme de lingots, d’un montant évalué à 45 millions d’euros.

La BCT avait une première fois démenti ces informations mercredi, dans un communiqué affirmant que le stock d’or entreposé dans ses coffre, de 5,3 tonnes, n’avait subi aucune variation ces dernières années.

Mais selon le Conseil mondial de l’or (CMO), la Tunisie possède des réserves d’or estimées à 6,8 tonnes.

Deux commissaires aux comptes internationaux sont actuellement en train de procéder à un audit des réserves à la BCT et le résultat préliminaire ne montre aucune variation du stock d’or, a ajouté vendredi cette dernière.

Selon les services secrets français cités par Le Monde, Leïla Trabelsi, la femme du président, « se serait rendue à la Banque centrale de Tunisie chercher des lingots d’or », et aurait essuyé un refus du gouverneur, avant qu’il ne cède sous la pression de Zine El Abidine Ben Ali.

D’après TF1, le retrait des quantités d’or aurait eu lieu fin décembre.

« C’est une histoire politique pour discréditer l’ancien gouverneur de la BCT », a déploré vendredi la source de la Banque centrale tunisienne interrogée par l’AFP, dénonçant des « allégations visant à toucher à l’intégrité de Taoufik Baccar et à nuire son image pour des fins politiques ».

A peine formé lundi, le gouvernement de transition avait annoncé le limogeage du gouverneur de la BCT, M. Baccar, remplacé par Mustapha Kamel Nabli, ancien économiste de la Banque Mondiale.

Le gouvernement n’a pas fourni d’explication officielle à ce changement.

Zine El Abidine Ben Ali a fui vendredi son pays pour l’Arabie Saoudite, après un mois de manifestations réprimées dans le sang qui ont mis fin à 23 ans d’un règne sans partage.

 


Reuters, le 21 janvier 2011 à 09h42 GMT  

Al Jazeera TV makes waves with Tunisia coverage


 

* Al Jazeera barred from Tunisia before revolt

* Some viewers say treads line between reports and opinion

* Arab states grumble about Al Jazeera, some bar it

By Dina Zayed

CAIRO, Jan 21 (Reuters) – When street protests ousted the Tunisian president, 26-year-old Egyptian Sabah first heard about it in a call from a friend who told her: « Switch on Al Jazeera. »

The riots that overthrew Zine al-Abidine Ben Ali and shocked the Arab world, were swiftly caught by the Qatar-based channel. Before many others, it flooded bulletins with footage, streamed online and updated its Twitter, Facebook and blog sites.

« I’m not usually interested in politics but it’s hard not to follow events like these when they are glaring at me in my living room, » said Sabah, who quickly followed her friend’s advice and turned to Al Jazeera when the news broke.

Al Jazeera’s correspondents are barred from several Arab states and it often draws scorn from Western governments, but since its 1996 launch it has mesmerised Arab viewers who once had little choice but state TV that spoon-fed the official line.

As events unfolded in Tunisia, a country where Al Jazeera’s bureau had been closed, the channel again innovated among Arab broadcasters by using mobile phone footage and social media.

It no longer has a news monopoly in the Arabic satellite TV space. And some viewers say it treads a fine line between reporting and taking sides. But they stay glued regardless.

« Al-Jazeera is like a media brigade, » said Jordanian Maisara Malass, an opposition activist. « By its coverage of events it has helped far more than any other outlet such as Facebook to spread the revolution from one city to the other. »

From its very early days, Al Jazeera stunned the Arab world with heated debates and tough questioning of Arab officials, until then virtually unheard of. It won broad international attention, and U.S. grumbles, with its 2003 Iraq war coverage.

Tunisia may prove another defining moment. Al Jazeera was swifter than most to grasp the enormity of the protests that delivered what many Arabs thought impossible — an Arab autocrat hurled out of office by ordinary people.

OTHERS PLAY CATCH-UP

« This marks the maturity of Jazeera television as a political force that can play a role in changing political orders, » Beirut-based analyst Rami Khouri wrote, saying that the channel’s avid viewers « may want to launch their own protests. »

When Tunisia’s Mohamed Bouazizi, who set himself on fire because police seized his vegetable cart, an act that spurred the protests, Al Jazeera was one of the first outlets to broadcast pictures of his self-immolation.

« Al Jazeera’s strength has been that it ‘owned’ the Tunisia story, » said Firas Al-Atraqchi, a former senior editor for an Al Jazeera website and now at the American University in Cairo (AUC). « Others had to catch up and try and ride its coat-tails. »

The channel relied on mobile footage for 60 percent of its material to circumvent an official media blackout, a channel executive said. To some, that made it seem part of the revolt or that it was siding with protesting Tunisians.

« Al Jazeera was like one of those protesting in the streets of Tunis and made people live with the events, » said Zeid Abu Oudeh, founder of Jordan Days, a Jordanian website and blog styled after YouTube.

Early on, the channel ran reports comparing Tunisia’s economic woes to the rest of the region. It would not have been lost on other Arabs, many of whom like Tunisians complain about high prices, a lack of jobs and authoritarian rule.

« Al Jazeera has revolutionised the Arab mind, » said former Kuwait information minister Saad bin Tifla al-Ajmi.

« I don’t think Al Jazeera is a symbol of objectivity, but it is the symbol of pushing the lines that have always restrained Arab minds and withheld information and camouflaged reality, » said Ajmi, a publisher of an online Kuwaiti paper.

ANGERING ARAB STATES

Some Arabs don’t mind if Al Jazeera is opinionated.

« Free media should take the side of the people, instead of supporting the views of the rulers, » said Ibrahim Gharab Mohammed, 28, a Syrian living in the United Arab Emirates.

The channel’s coverage has angered many Arab states, where most domestic media are on a tight leash. Al Jazeera had to wait till Ben Ali was toppled to get its TV crews into Tunisia.

But prior to the overthrow, Tunisian ministers went on Al Jazeera to give their views, a tacit admission of its influence.

« We had problems with the governments of almost every Arab country, » Hassan Shweiki, head of output in Al Jazeera, said.

« If you want to be a good journalist, its normal for you to face these collisions, we follow events and news and some governments don’t find that to their liking, » he said, adding the channel was barred from Kuwait, Iraq, Algeria and Morocco.

Al Jazeera is sponsored by Qatar, although the government disavows direct control of the channel.

While some analysts say the range of opinions expressed on Al Jazeera has helped Qatar build a reputation as a broker in regional diplomacy, others argue it also helped promote radical Islamist views which have infuriated Washington in particular.

It was through Al Jazeera that al Qaeda leader Osama bin Laden and his right-hand man Ayman al-Zawahri delivered their video-taped messages after the Sept. 11, 2001 attacks against U.S. cities.

One thing viewers and commentators all agree about however is that Al Jazeera’s brand of journalism, since first being launched, has changed how Arab media covers events.

« Before the 1990s, anything could have happened and at times nobody would have found out about it, » said Rasha Abdulla, AUC’s chair of the Journalism and Mass Communications Department.

« They would have to huddle around a radio, trying to get the BBC signal or so and that would be it, » she said, describing Al Jazeera as one of the most influential developments in Arab media in the past quarter century.

But Al Jazeera now has more competition than at its launch, from rival stations and now social media. But instead of competing using traditional means, the channel has joined in with its own social media and other interactive websites.

Al Jazeera and the Arab media revolution it has helped spark mean autocratic governments can no longer expect to control what their populations watch or read, analysts say.

« There is plenty of socio-political dissent, disillusionment and disenfranchisement in the Arab World to fuel the fires of revolution, » the AUC’s Atraqchi said. « Al Jazeera is shedding light on these not stoking the flames. »  


 

AFP, le 21 janvier 2011 à 15h51 GMT

Tunisie: recueillement dans les mosquée libérées de Ben Ali


 

Par Mohamed HASNI

TUNIS, 21 Jan 2011 (AFP) – Le nom de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a disparu, une semaine après sa fuite, des sermons de la prière du vendredi dans les mosquées où les imams ont prié pour la mémoire des « martyrs » de la répression du dernier mois de son régime.

« Prions à la mémoire de nos martyrs qui se sont sacrifiés pour qu’on vive libres », lance l’imam à la fin de son sermon. « Amen », répondent en coeur les centaines de fidèles qui remplissent la mosquée Al-Fatah, avenue de la Liberté dans le centre de Tunis, et débordent sur la rue.

La prière coïncide avec le premier des trois jours de deuil national décrétés jeudi par le gouvernement de transition à la mémoire des victimes de la répression: 78 selon le gouvernement, une centaine selon les Nations unies.

L’imam, un nouveau dont personne ne connaît le nom, a remplacé celui officiel de l’ancien régime qui a « tout simplement disparu », indique un fidèle.

Le religieux demande à la foule une « prière de l’Absent », après celle de chaque vendredi, en signe de deuil et d’hommage aux victimes de la répression.

« L’ancien imam du vendredi, Ali Habboura, nous a menti chaque semaine pendant des années », murmure un vieux fidèle, Taoufic Bérinji.

C’est à la demande du ministère des Affaires étrangères que cette « prière de l’Absent » a été dite, mais le ton du sermon a rompu avec le passé.

« D’habitude, l’imam lance des incantations du genre « que Dieu bénisse notre président Zine El Abidine ben Ali », fait remarquer un fidèle, Anas Tamallah, 26 ans, alors qu’un banquier, Hédi Joudi, acquiesce.

Peu avant le début de la prière, un groupe de jeunes installe une pancarte avec la photo de Mohamed Bouazizi, en habit de président, et une liste d’un « gouvernement d’honneur » composé des « martyrs de la révolution ».

Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’était immolé devant les bureaux du gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid (260 km de Tunis) pour protester contre la saisie musclée par la police de son étal de fruits et légumes. Son geste de désespoir, le 17 décembre, a déclenché la révolte qui a embrasé ensuite tout le pays.

A la grande mosquée de la Zitouna, au coeur de la Médina de Tunis, le responsable de l’administration, Mokhtar Ben Tekhiat, a indiqué à l’AFP que le sermon ne comportait aucune mention à Ben Ali, que la propagande officielle présentait comme « le protecteur de la nation et de la religion ».

Sous le régime de Ben Ali, les mosquées étaient étroitement surveillées au nom de la lutte contre les islamistes, et les sermons inspirés, sinon écrits, par le ministère des Affaires religieuses.

« Aucun écart n’était permis et on était épié par les indicateurs de la police qui, au lieu de regarder vers l’imam pour entendre le sermon, lui tournaient le dos pour surveiller les réactions des fidèles », se rappelle M. Joudi.

L’imam de la mosquée Al-Fatah qualifie de « grande révolution » le soulèvement de la population et invite « les jeunes à la préserver », en appelant à un « retour à l’islam qui est un rempart contre les tentations et les dérives ».

Mais le ton reste général et modéré même s’il souligne qu' »en Islam, il ne convient pas de séparer l’Etat de la religion ».

Ce discours tranche avec celui, militant, des islamistes tunisiens, qui avaient pris le contrôle de l’espace religieux dans les premières années du régime de Ben Ali, en prônant l’établissement d’un Etat islamique, avant d’être décimés par l’appreil sécuritaire du régime.

Les fidèles de la prière du vendredi à Tunis n’avaient ni barbes ni tenues vestimentaires pouvant rappeler celles des islamistes du mouvement Ennahdha, interdit, de Rached Ghannouchi, et qui prépare aujourd’hui son retour sur la scène politique tunisienne.

« Le Tunisien a goûté à la liberté et s’il a été capable de dire non à Ben Ali, je pense qu’il sera capable de le dire demain à Ghannouchi », estime, confiant, M. Joudi.

 


Reuters, le 21 janvier 2011 à 16h16 GMT  

Les médias tunisiens goûtent la liberté, mais craignent l’avenir


 

       par Andrew Hammond

    TUNIS, 21 janvier (Reuters) – Au siège du syndicat national des journalistes, dans le centre de Tunis, les rédacteurs savourent un moment rare de liberté, mais ils craignent qu’il ne soit fugace.  « Les gens sont joyeux, mais c’est un sentiment mêlé d’inquiétude », confie Zouheir Taba, journaliste à Hourriya, organe du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).

    Le RCD est le parti du président Zine ben Ali, chassé la semaine dernière par des manifestations de rue après 23 ans de pouvoir et refugié aujourd’hui en Arabie saoudite.

    « On craint fort que les journalistes ne fassent exception dans cette révolution et que la nouvelle République se comporte comme avant envers les médias », explique Taba.

    De cette villa de style colonial, on entend au dehors la clameur des manifestants qui réclament le départ des membres du RCD du gouvernement transitoire mis en place après la fuite de Ben Ali.

    Celle-ci a amené les journalistes à espérer que la culture de la peur dans laquelle ils vivaient depuis 1987 avait disparu avec le chef de l’Etat déchu.

    Mais, les réseaux bénalistes dans la presse étant encore en place, il leur faut quelque temps pour réaliser qu’ils peuvent aujourd’hui écrire librement.

    « EUPHORIQUES MAIS INQUIETS »

    Walid Braham se souvient avoir été limogé d’un magazine radio-télévisé pour avoir refusé de flatter l’ancien président. D’autres journalistes évoquent leurs mutations ou suspensions pour ne s’être pas

    Hourriya a cessé de paraître le lendemain de la fuite de Ben Ali, après avoir pris partie pour la révolution tunisienne, rapporte Taba.

    Au quotidien Assabah, propriété depuis 2008 de Sakher Materi, gendre de Ben Ali, l’éditorialiste Saleh Attia dit que la ligne éditoriale a été remaniée et que les partisans de l’ancien régime ont été écartés.

    « Durant les premiers jours, nous étions complètement sous le choc. Nous étions euphoriques, mais inquiets que Ben Ali revienne », confie Attia. « Les journalistes avaient tous peur d’être punis, au cas où il reviendrait, pour leurs écrits. »

    Avec la désignation du président de la Chambre des députés comme président intérimaire, les journalistes se sont sentis soulagés. Assabah a fait savoir à son chef de la censure, nommé par Materi, qu’il se passerait désormais de ses services.

    La presse tabloïd s’en donne désormais à coeur joie pour épingler les frasques de Leïla Trabelsi, la très largement haïe épouse de Ben Ali.

    Abdelahhab Abdallah, le conseiller de Ben Ali, qui avait la haute main sur la presse aux ordres, a disparu de la circulation. Sa villa, dans une banlieue chic de Tunis, a été pillée et brâlée.

    EFFET BOOMERANG

    « Abdallah avait fait de la presse tunisienne un désert aride où seule comptait l’opinion de Ben Ali », confie Attia, qui n’en craint pas moins aujourd’hui des provocations ou des ingérences étrangères.

    Il dit craindre des interférences d’Etat arabes qui ne voient pas nécessairement d’un bon oeil la révolution populaire tunisienne. « Il faut que nous écrivions de façon responsable. On ne peut reprendre la rhétorique de la rue. Il faut préparer l’avenir. »

    La chaîne canal 7, référence à la date de la prise de pouvoir de Ben Ali, en novembre 1987, s’est rébaptisé télévision tunisienne et diffuse désormais des débats sans fin sur la révolution, qualifiée encore d’émeutes, quelques jours plus tôt.

    Sur son plateau, s’y croisent des intellectuels, opposants et défenseurs des droits de l’homme qui n’avaient jusque-là jamais eu l’honneur d’y prendre la parole.

    L’armée, qui a refusé, contrairement aux policiers du régime bénaliste, de tirer sur les foules durant les quatre semaines de soulèvement populaire, est désormais considérée comme ayant sauvé « la révolution populaire pour la liberté et la dignité ».

    La bâtiment de la télévision reste sous bonne garde. A l’intérieur, les anciens obligés de Ben Ali, toujours en place, s’inquiètent visiblement pour leur avenir et sont soumis aux pressions des journalistes ‘libérés’, rapporte le personnel favorable à la « Révolution du jasmin ».

    Mais, en dépit de cette liberté nouvelle, certains journalistes n’hésitent pas à confier leurs craintes d’un effet boomerang de forces obscures toujours aux manettes. 

 


 

Tunisie: ce que vous pensez de la révolution de jasmin


 

La Révolution de jasmin tunisienne, joliment renommée « jasmin rouge » par le collectif tueursnet, vous a passionnée. Pas un jour sans que vos commentaires ne viennent enrichir nos nombreux articles sur le sujet, des deux côtés de la Méditerranée.

C’est d’abord l’euphorie qui a dominé vos messages quand le départ de Ben Ali a été officialisé vendredi 14 janvier. Une joie ressentie jusque très loin. « Depuis l’Iran, je tiens a féliciter avec la plus grande joie et beaucoup d’espoir le grand peuple Tunisien pour sa grande victoire contre la dictature », se félicite Farzine.

Mais l’euphorie est très vite teintée d’inquiétude. « Bien sûr le changement gagné par le peuple, c’est un événement heureux, sourit Coquelicot59. Mais la suite nous dira si l’argent, la convoitise pour les richesses de ce pays attire vers lui « des remplaçants » de ceux qui sont partis et qui viendront tout gâcher. Qu’en découle de notre révolution des désillusions que dans notre histoire nous avons connu…. »

« Justice sociale et économique » 

Il y a les sceptiques, pour lesquels la chute de Ben Ali n’est qu’un trompe l’œil. « La liberté retrouvée ? Illusion d’optique, nous dit Camgus. Le peuple sera toujours gouverné par une poignée de manipulateurs, il en est ainsi depuis la nuit des temps , les dominés et les dominants . La seule constante gouvernementale à trouver, ce sont les équilibres, équilibres sociaux, économiques, politiques, religieux, culturels… Tout excès est immédiatement affaiblissant pour le corps social. En trois mots : Justice Sociale et Économique voila ce que devrait être le programme général de la mondialisation! » C@n@ille le rouge se fait plus noir: « Au nom de la démocratie, « on » leur imposera une commission internationale de contrôle aussi neutre qu’un conseil de la banque mondiale, façon Côte d’ Ivoire, pour veiller que le futur élu est bien en cour au FMI, à Bruxelles à défaut de rôle de Paris un peu trop compromis. » Bref, comme le résume un internaute anonyme, « que la « Révolution du Jasmin » ne périclite pas en « Journées des Dupes » ! »

Les plus combattifs appellent les Tunisiens à ne pas baisser la garde. « Bizarrement dans ce gouvernement ne figure pas le Congrès pour la république et le PCOT, pourtant deux partis interdits sous Ben Ali qui étaient à la tête de la contestation politique à l’encontre de Ben Ali. Messieurs les nouveaux démocrates, méfiez-vous le peuple tunisien est loin d’être stupide. Vive la Tunisie libéré de ces tortionnaires, vive la révolution tunisienne qui inonde le monde de son besoin de liberté ! », affirme Yohann.

« Rester au contact des travailleurs »

Vous êtes nombreux à avoir salué le départ des ministres membres de l’UGTT du gouvernement. « On ne peut en effet être à la fois en dehors et dedans dans de telles circonstances et entrer dans un gouvernement, fût-il de transition et technique, aux côtés de ministres du régime déchu. C’est se couper les bras pour agir : rester au contact des travailleurs et lutter de l’extérieur pour une voie réellement démocratique. C’est garder sa crédibilité et son autonomie. A la limite, ce serait un peu comme si, à la Libération, des Résistants avaient côtoyé d’anciens ministres de Pétain dans le GPRF », note Gérard Raffort.

Vous avez été encore plus nombreux à critiquer les émissions spéciales des chaînes de télévision française. Notamment le 20 heures de France 2.  » Le 20 heures de Pujadasse en direct de Tunisie hier au soir (17 01 2011) s’apparente à une opération de désinformation en direction des Français(es) mais, à mon avis, avant toutes choses en direction des Tunisiens eux-mêmes », tonne Ecnaouri, qui relève qu’à aucun moment le présentateur n’a « prononcé le mot de dictateur. Mais des « présidents » en veux-tu en voilà à la pelle. C’était pitoyable et révoltant. »

« Le plus dur se présente »

Mais c’est sans doute la proposition d’aide sécuritaire en faveur du régime de Ben Ali, formulée par la ministre des affaires étrangères française Michèle Alliot-Marie à l’Assemblée nationale, qui a suscité chez vous la plus grande indignation. « Quelle aurait été la réaction de la France si la Tunisie avait proposé la même assistance en cas de manif? » se demande un internaute anonyme.

Pour vous tous, internautes de L’Humanité, les jours qui viennent vont être décisifs pour l’avenir de la Tunisie.  « Le plus dur se présente toujours quand l’enthousiasme est retombé. D’ici quelques jours les évènements auront quitté la Une des journaux français et on passera à autre chose », relève un commentateur anonyme. « Espérons que la « révolution du jasmin » pourra tenir ses promesses d’un avenir démocratique, laique et progressiste pour le peuple tunisien », conclut Henry Jacky.

Source : « L’humanite » Le 21-01-2011

Tunisie : Mohammed Bouazizi, ce héros


 

Le marchand ambulant, qui s’est immolé par le feu, est érigé au rang de martyr à Sidi Bouzid.

Un vent de liberté souffle sur Sidi Bouzid. C’est dans cette ville située à 260 km au sud de Tunis que s’est donné la mort, le 17 décembre dernier, Mohammed Bouazizi en s’immolant par le feu.

Un acte dramatique – à l’origine de la révolte des Tunisiens – que les habitants n’oublient pas. « Mon frère me manque beaucoup, mais son martyre a permis de libérer la Tunisie », confie Samiya, la sœur du marchand ambulant. Et c’est au rang de héro qu’est érigé aujourd’hui le jeune homme. Son portrait a remplacé celui du président déchu Ben Ali dans les commerces de la ville. « Mohammed a libéré le peuple tunisien et j’espère qu’il va aussi libérer le peuple arabe », souligne Salem Bouazizi, venu prier sur la tombe de son frère, au milieu d’un paysage aride de cactus et d’oliviers.

« Mohammed a redonné l’espoir aux Tunisiens », explique un autre habitant de Sidi Bouzid, sur Europe 1 :

Depuis le 4 janvier, date de la mort de leur fils, les Bouazizi sont plongés dans la détresse, mais aussi fiers de Mohammed, qui s’est dressé pour défendre ses droits après des années d’abus subis par la famille, comme la saisie de ses terres par un puissant homme d’affaire local, ou la mort du père de famille, exténué par son travail dans le bâtiment.

Sa mère, qui travaille dans une ferme, et son beau-père, ouvrier du bâtiment, ne gagnent pas 4 euros par jour à eux deux. A Sidi Bouzid, où la pauvreté est générale, Mohammed Bouazizi est donc devenu un héros. Des habitants viennent tous les jours présenter leurs condoléances à la famille. Non loin de sa maison, un graffiti rend hommage à « Bouazizi le martyr ».

Source : « europe1 » Le 21-01-2011

La Tunisie n’est ni l’Algérie, ni le Maroc ni l’Iran


 

Cette semaine, Marianne laisse carte blanche à Benjamin Stora*, pour qui il faut se garder de rapprocher la révolution tunisienne de soulèvements antérieurs. Elle présente des singularités qui en font un cas unique. A partir de là, l’avenir reste ouvert à l’imprévisible.

e divorce avec le clan au pouvoir était politique mais aussi, plus profondément, culturel. Un printemps démocratique anticipé traverse le Maghreb. Je ne suis pas sûr pour autant qu’il faille le qualifier de « révolution du jasmin ». Tout l’enjeu est de ne pas se tromper sur la nature de ce changement de régime. La singularité de cette histoire tunisienne, c’est d’abord qu’un consensus s’est soudain réalisé dans la société tunisienne contre un clan familial usurpateur, concentrant entre ses mains les richesses et les leviers d’influence. Peu à peu, ce clan a ligué contre lui l’ensemble des classes sociales : des jeunes diplômés chômeurs aux professions libérales, des intellectuels aux syndicalistes. De ce point de vue-là, l’unanimisme anti-Ben Ali n’est pas sans évoquer des modèles antérieurs de soulèvement : la profonde singularité de cette histoire tunisienne, c’est la force du consensus populaire, comparable à celui de la société portugaise dans le salazarisme finissant. Comme dans le Portugal de 1974, il y a eu une unanimité sociale et politique qui a « coagulé » des classes et des intérêts sociaux fort divergents autour des forces armées – le Mouvement des forces armées – en dirigeant leurs énergies contre la personne d’un dictateur. Une telle configuration ne pourrait pas exister en Algérie ou au Maroc, qui sont des sociétés beaucoup moins homogènes. En Algérie, l’effondrement du système du parti unique (FLN), en octobre 1988, a débouché sur une guerre civile dans les années 90 et a fait des dizaines de milliers de morts. Et la multiplication des revendications berbères, des émeutes sociales, des grèves ouvrières depuis plusieurs mois n’a pas provoqué l’effondrement du régime. Autre singularité très importante des événements de ces dernières semaines, la place tenue par la plus ancienne centrale syndicale du Maghreb, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), prépondérante en Tunisie. Quelques jours avant la chute de Ben Ali, l’UGTT a précipité les événements en se prononçant en faveur de la grève générale. Ce trait apparente la révolution tunisienne au modèle polonais de la grève générale de 1981 orchestrée par le syndicat Solidarnosc contre le gouvernement Jaruzelski. Enfin, troisième et dernière spécificité qui distingue le soulèvement des Tunisiens : l’existence, dans de nombreux pays arabes, de « partis-Etat-services » qui font office de police politique au service des régimes, et qui sont mandatés à l’encadrement et à la surveillance de la population. Le démantèlement de ces services de sécurité a eu lieu en Irak en 2003 par l’intervention anglo-américaine. Le soulèvement tunisien en a eu raison, en revanche, sans intervention extérieure. Preuve que ce qui vient de se passer en Tunisie est un combinat de tous ces modèles antérieurs et qui ne ressemble à aucun. Il existe une ressemblance asymptotique avec les soulèvements antérieurs. Mais n’en concluons pas que tout est joué d’avance, que cette histoire-là est fléchée et qu’on va aller, inéluctablement, vers un certain type de révolution – de type iranien, par exemple, ou, au contraire, censément préparée d’avance, sur un modèle quasi conspiratif, comme si une ingérence étrangère était à l’origine du tournant démocratique, ainsi que le suggèrent des internautes. L’un des premiers enseignements de cette révolution, c’est que les gens, tous les gens, en Tunisie, sont passés au réel. Ils ont fait preuve d’une grande maturité en rompant, justement, avec la pensée complotiste. La caractéristique essentiel de la révolution tunisienne actuelle, c’est la conversion à la réalité d’un peuple jusqu’ici confiné dans la virtualité (la virtualité numérique), compensation d’une privation de moyens d’expression réels. Les Tunisiens d’aujourd’hui ont hâte de savoir ce qu’est une vraie société, avec une vraie presse, de vrais partis politiques, de vrais syndicats, une vie intellectuelle libre. Ne nous y trompons pas : c’est la société tunisienne qui a décidé, avec maturité, d’en finir avec un système de surveillance de la population, à la manière des Tchécoslovaques lors de la Révolution de velours. Qualifier ainsi cette révolution d’« e-révolution » ne rend pas plus compte de l’entière complexité de ce qui s’est passé. Internet a existé surtout pour les Tunisiens comme soupape d’expression, comme sas de décompression pour des citoyens bâillonnés. Mais maintenant, d’une certaine manière, le rôle compensatoire de la Toile n’est plus aussi déterminant, car le contrôle étatique sur l’information a brutalement cessé. La révolution tunisienne n’est pas davantage comparable à la révolution iranienne de 1979, car les islamistes iraniens, sous le régime du chah, étaient une grande force politique, très structurée, à l’intérieur du pays. D’ailleurs, avant les événements de 1979 qui devaient aboutir au renversement de Pahlavi, le consensus politique, bien que reposant officiellement sur la laïcité, était déjà largement structuré autour de cette force religieuse radicale : le contraire, en somme, de la Tunisie de Ben Ali. Ce qui est provisoirement rassurant, dans le soulèvement tunisien, c’est l’omniprésence de l’UGTT à la manœuvre, et le fait qu’aucune force religieuse ne s’est manifestée, pour l’instant. Par ailleurs, la révolution iranienne et l’expérience algérienne des années 90 ont démontré aux sociétés du monde arabo-musulman la réalité (et les atrocités) de l’expérience islamiste, et de la guerre entre l’Etat et les islamistes. Enfin, autre singularité radicale, la Tunisie est le pays où le taux d’alphabétisation est le plus élevé du monde arabe. Le paradoxe tunisien a résidé dans cette contradiction, à terme intenable, entre un haut niveau culturel et un Etat autoritaire, traitant ses citoyens comme des analphabètes. Ainsi, le divorce avec le clan familial qui tenait les rênes du pouvoir n’était pas simplement politique, mais, plus profondément, et aussi plus décisivement, culturel. Il ne faut pas perdre de vue le fait que le monde contemporain a un effet émollient sur toutes les idéologies collectives, comme le nationalisme arabe, mais aussi d’une certaine manière l’islamisme. L’individualisme démocratique travaille en profondeur le monde arabo-musulman. Et ce qui irrigue aujourd’hui souterrainement l’imaginaire arabo-musulman contemporain, c’est plus la figure du harag, du «fuyard», du « déserteur » symbolique, que celle du prêcheur fanatisé. Il ne faut pas se réjouir trop vite, il ne faut pas exprimer trop vite son soulagement, mais un fait est sûr : l’avenir reste ouvert… à l’imprévisible ! * Benjamin Stora est professeur d’histoire du Maghreb contemporain. Derniers ouvrages : Lettres, récits, et carnets des Français et des Algériens pendant la guerre d’Algérie, Les Arènes ; Bibliographie de l’Algérie indépendante, CNRS éditions (à paraître).

Source: “Marainne2” Le 21-01-2011

Un analyste d’agence témoigne: dégrader la Tunisie est honteux!


 

La Tunisie a subi à son tour la dégradation de la note de sa dette. Marianne a voulu comprendre ce qui ressemble à une double peine. Pour cela, nous avons interviewé un analyste qui fut encore récemment en charge de la Tunisie pour l’une des agences de notation. Sous couvert d’anonymat, il détaille ce qui fut son travail et critique des agences de notation en pleine déconfiture. Car pour lui: la Tunisie n’aurait pas du être dégradée.

A peine quarante huit heures après sa constitution, la nouvelle équipe gouvernementale en place à Tunis devra, en plus des difficultés au quotidien de la population, faire face à la défiance des marchés. Et plus précisément des agences de notation. Après avoir jeté de l’huile sur le feu de la crise irlandaise et grecque, leurs torches se tournent désormais vers la Tunisie.

Si Fitch et Standard & Poors ont d’ores et déjà placé la note de la dette souveraine de la Tunisie sous «surveillance négative», Moody’s n’a pas hésité mercredi 19 janvier à la dégrader de « Baa2 à Baa3 ». L’agence justifie sa décision par «l’instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime, résultant d’une crise politique qui a débuté par des émeutes sociales» ainsi que «Les importantes incertitudes économiques et politiques (qui mettent) en danger la stabilité du pays».

Pour comprendre le fonctionnement de ces agences, Marianne a demandé à un économiste qui avait jusqu’il n’y a pas longtemps en charge la notation de la Tunisie au sein de l’une de ces agences. Sous couvert d’anonymat, il nous décrypte son travail et critique sévèrement la vitesse et la précipitation de la dégradation.

L’interview

Marianne : Avant de nous donner votre analyse du choix de dégrader la note tunisienne, pouvez-vous nous décrire en quoi consistait votre travail ?

Tout d’abord, cette activité n’est pas bénévole. Le gouvernement, en fait la Banque centrale de Tunisie verse plusieurs dizaines de milliers de dollars annuels pour qu’une agence apprécie la situation du pays. 

Concrètement, pour ce pays nous nous déplaçons à deux analystes, un senior et un junior. Le travail se déroule sur trois jours durant lesquels nous sommes amenés à voir les ministres de l’économie, des finances, du commerce extérieur, le gouverneur de la banque centrale, les ambassadeurs des grands pays, comme celui des Etats-Unis. Voilà pour le coté constant. Pour ce qui est plus particulier à la Tunisie, nous voyons en plus l’ambassadeur de France, et pour la petite histoire, le ministre de l’intérieur, que l’on écoute de loin.

Nous rentrons et élaborons un rapport qui est ensuite présenté aux autres analystes de l’agence. La note est ensuite arrêtée. Puis, elle est communiquée au gouvernement, avant d’être rendue publique. Je me souviens ainsi de m’être fait enguirlander par le ministre de l’économie qui espérait une amélioration de la note de la Tunisie, ce que je n’avais pas fait.

Marianne : Comment jugez-vous la dégradation opérée par Moody’s ?

En un mot : scandaleux. L’exemple tunisien est flagrant d’une dérive des agences de notation. Elles auraient du dire « Attention, il y a certes instabilité, mais historiquement, la Tunisie opère ses transitions politiques sans risque pour les investisseurs ».

Cela a toujours été le cas. La Tunisie n’a jamais fait défaut, ni sur ses dettes d’Etat, ni sur ses dettes locales. Elle a toujours payé rubis sur l’ongle. L’indépendance s’est déroulée dans un certain calme. La transition de Bourguiba à Ben Ali ne fut pas sanglante, et s’est faite sans impact économique majeur. Le pragmatisme politique tunisien s’est encore une fois illustré quand l’armée a changé de cheval, et a mis Ben Ali dans un avion. Bref le risque politique est faible, voir nul.

Passons au risque économique. La situation économique et financière du pays s’est-elle dégradée? En rien.Les avantages de ce pays demeurent intacts : une réactivité impressionnante aux évolutions du business, et un fort capital humain (une bonne formation de la population). Sa dette est faible : 39% du PIB, deux fois moins que la France. Mieux, la Tunisie n’a jamais eu recours aux ressources du FMI, ce qui lui laisse en plus une cartouche supplémentaire dans son fusil.

Bref, le risque économique est tout comme le risque politique, nul.

Conclusion, les agences ne notent plus les fondamentaux…

Marianne : Pourquoi ?

Les agences sont tombées dans un travers qui menace leur existence. Elles protègent avant tout leur réputation au lieu de faire leur travail qui consiste à analyser les risques à long terme susceptibles de remettre en cause le remboursement de la dette. Qu’il y ait eu des problèmes en Irlande comme en Tunisie, cela n’avait échappé à personne. Mais en choisissant de dégrader ces deux pays les agences sont en contradiction avec leurs principes.

Je viens de l’expliquer pour la Tunisie.

L’affaire irlandaise est tout aussi exemplaire. Malgré la garantie de sa dette par la Banque centrale européenne et le FMI, les agences ont dégradé l’Irlande. Absurde. 

On arrive donc à une situation où 15 types dans un bureau votent une défiance à deux institutions aussi solides que la Banque centrale de l’Union et le Fonds.

Cela se ressent jusqu’au sein des agences qui souffrent d’une fuite des cerveaux. Rien qu’à Moody’s, trois directeurs chargés justement de noter les dettes souveraines ont successivement claqué la porte. Où est la mémoire, l’historique des analyses des pays, quand règne une telle incertitude ?

La question est donc : pourquoi les gens continuent de faire confiance à ces entreprises ?

Elles ne voient jamais les crises avant qu’elles ne se produisent, comme dans l’affaire des subprimes. Ou pire, elles les enveniment comme c’est le cas avec la dégradation de la Grèce ou de l’Irlande, et cette fois encore avec la Tunisie.

Source: ”Marianne2” Le 21-01-2011

« Rester en Tunisie était déjà, pour moi, une forme de résistance »


 

Lorsque nous l’avions rencontré en 2009, à l’occasion de la sortie de son album« TheAstounding Eyes of Rita »(ECM/Universal),Anouar Brahem, célèbre joueur de oud (lutharabe) tunisien et vivant en Tunisie, prudent, n’avait pas souhaité s’étendre sur le sujetBen Ali et le régime politique dans son pays. Aujourd’hui, sa parole se libère.

Où étiez-vous quand les événements ont commencé ?

Anouar Brahem : J’étais à Tunis. Fort heureusement. J’aurais été très frustré de ne pas être sur place pendant ces événements. J’attendais avec la plus grande impatience ce moment historique. Sans trop y croire.

Avez-vous été surpris et choqué par la manière dont les choses ont évolué ?

La brutalité du régime déchu n’est pas surprenante. Et cela m’a bien sûr énormément choqué. Je pense même que si l’armée n’avait pas refusé de tirer sur les gens, le carnage aurait été bien plus grand.

Vous attendiez-vous au départ précipité de Ben Ali ?

Tout le monde a été pris de court et surpris par la vitesse à laquelle se sont passées les choses.

En quoi ce qui arrive aujourd’hui est important pour vous ?

Nous sortons d’un cauchemar. Il ne pouvait pas nous arriver une plus belle chose, une meilleure délivrance, malgré les terribles pertes et le deuil des familles qui ont perdu leurs proches. Je n’osais même pas en rêver. J’étais très inquiet quant à l’avenir du pays et surtout très inquiet pour l’avenir d’une jeunesse qu’on a poussée au désespoir.

La Tunisie est un petit pays de nature plutôt paisible où il fait bon vivre… Mais ce régime a fini par rendre l’atmosphère des plus irrespirables et la vie impossible pour certains. Ceux qui souffraient le plus étaient les jeunes. Les Tunisiens sont sortis dans la rue et ont manifesté une soif éperdue de liberté. C’est grâce à cette jeunesse que nous devons ce renversement du régime. Aujourd’hui, elle nous redonne espoir.

J’aurais d’ailleurs souhaité qu’il y ait plus de jeunes dans ce gouvernement transitoire. A cette jeunesse tunisienne, je tiens à rendre le plus grand hommage et aussi à beaucoup d’hommes et de femmes de la société civile qui n’ont cessé de militer depuis toutes ces années pour la démocratie et les droits de l’homme.

Durant ces événements, Internet a joué un rôle important pour canaliser un mouvement de solidarité à travers la population. Les gens se sont mis à parler avec une liberté inédite avant même la chute du régime.

Cet événement est historique et j’espère une belle et rapide contagion partout dans le monde où règnent les dictatures et surtout dans le monde arabe.

Aviez-vous fait des déclarations en opposition avec le régime ? Avez-vous subi des pressions de la part des autorités par le passé ?

Je n’ai pas fait d’opposition frontale. Cela aurait signifié pour moi de faire un choix : devenir dissident et quitter le pays ou bien rester et prendre le risque d’être empêché de le quitter, ce qui aurait signifié me retrouver dans l’impossibilité de poursuivre ma carrière. Dans un cas comme dans l’autre, cela n’était pas acceptable pour moi.

Mais déjà, ne pas signer les pétitions de soutien à Ben Ali et ne pas participer au plébiscite quasi généralisé, était perçu comme une déclaration d’opposition. A part quelques événements anecdotiques comme des tracasseries à chaque renouvellement de mon passeport par exemple, ou des remarques de la part du pouvoir pour avoir refusé de jouer un jour au Théâtre de la ville de Tunis sous le portrait de Ben Ali, je n’ai jamais été une cible directe de ce régime.

Je pense que le fait d’être une figure publique respectée en Tunisie et d’avoir la chance de mener une carrière internationale ont aidé dans ce sens. Je suis en tous cas content d’avoir pu résister à toute forme de compromission et d’avoir fait le choix de continuer à vivre dans mon pays. Parce que c’est ici qu’il me semblait que je devais être. J’avais le sentiment que rester était déjà une forme de résistance.

Source: “Le Monde.fr” Le 21-01-2011

Tunisie: Des policiers demandent  a pouvpoir former un syndicat


 

« Ils ont assuré que quel que soit le régime, ils ne seraient plus à l’avenir violents envers la population », a expliqué un syndicaliste de l’UGTT.

« Je vous demande pardon et j’espère que vous nous pardonnerez », a déclaré un policier en uniforme, Naïm Selmi, ovationné par la foule rassemblée devant le siège officiel du Premier ministre, la Kasbah de Tunis. Des policiers ont demandé vendredi 21 janvier dans plusieurs villes de Tunisie, pour la première fois, la création d’un syndicat pour défendre leurs droits, allant jusqu’à demander pardon à la population, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Changer l’image déformée »

« Je suis membre d’un groupe de policiers qui demande le droit de constituer un syndicat, pour changer l’image déformée que la population se fait de nous », a ajouté le policier âgé de 25 ans, dont deux dans la police. La population tunisienne exprime ouvertement son hostilité à l’égard de la police, instrument privilégié du pouvoir du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, qui s’est illustrée dans la répression sanglante de la « révolution de jasmin », qui a fait 100 morts en un mois selon les Nations unies.

A Sfax et à Sousse, les grandes villes du pays, des policiers se sont joints vendredi à des manifestations, ont constaté des photographes de l’AFP. Plusieurs dizaines de policiers ont aussi contacté vendredi des responsables de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, dans l’extrême sud de la Tunisie, pour demander la création d’un syndicat.

Brassard rouge 

« Plusieurs dizaines de policiers, en civil et en uniforme et portant un brassard rouge, se sont rendus aujourd’hui à l’Union régionale du travail de Ben Guerdane pour demander la création d’un syndicat qui défende leurs droits matériels et moraux », a expliqué à l’AFP Hssine Betaïeb, syndicaliste de l’UGTT joint par téléphone. « Ils ont assuré que quel que soit le régime, ils ne seraient plus à l’avenir violents envers la population », a-t-il ajouté.

Les policiers n’avaient pas le droit de se constituer en syndicats, sous le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie saoudite, après un mois de soulèvement populaire qui a mis fin à un règne de 23 ans sans partage

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 21-01-2011

Tunisie: «Je n’ai jamais profité du système Ben Ali, mais je suis victime de mon nom» de famille


 

Un neveu de l’ancien président Ben Ali raconte les difficultés que lui causent son patronyme…

C’est la première fois depuisles événements de vendredi dernier qu’il ose sortir de chez lui. Brun, mince, de taille moyenne, il est assis à la terrasse d’un café, visiblement inquiet. Derrière ses lunettes, il scrute chaque personne qui passe, se tait lorsque le serveur arrive. «Je suis un peu parano», s’excuse-t-il.

Ce jeune homme de 24 ans restera anonyme. Enfin, pas tout à fait. Son nom de famille, c’est Ben Ali. Son grand-père, décédé, était le grand frère du président déchu. Mais il l’affirme haut et fort: il n’a pas «trempé» dans des affaires louches, ni jamais profité de passe-droits.

Facilités

Comme son grand-père, son père, a vécu presque toute sa vie en France. Lui y est né, et n’a pris la nationalité tunisienne qu’en 2009. Il est installé enTunisie depuis 10 mois, où, son bac+5 en poche, il comptait créer son entreprise. Le jeune homme concède qu’effectivement, son nom lui a facilité les choses, «dans les administrations par exemple», mais souligne qu’en France aussi, il y a des facilités quand on a le bon nom ou quand on est ami avec les bonnes personnes.

«Ce qui me fait mal au cœur, c’est que je n’ai jamais profité de ce système, mais j’en paye quand même le prix.» Il précise qu’il roule en Fiat Punto, pas en Lamborghini, et qu’il a toujours refusé d’«intervenir» en faveur de ceux qui lui demandaient. «Je ne le fais pas pour moi, je ne vais pas le faire pour les autres. Et puis, je n’ai pas été éduqué comme ça.»

«Quand on s’appelle Ben Ali on est forcément malhonnête»

Malgré cela, il est «bloqué» enTunisie. «Je suis vraiment étranger à tout ce qui a pu se passer, mais aujourd’hui, je suis victime de mon nom. Quand on s’appelle Ben Ali ou Trablesi, qu’on soit proche ou pas du président, on est forcément quelqu’un de malhonnête, de mauvais.» Cet oncle qui lui rend la vie impossible, il dit ne l’avoir vu que deux fois dans sa vie, et lui avoir à peine adressé la parole.

Le jeune homme vit désormais dans la peur de ne pas savoir de ce qu’il pourrait lui arriver. «J’ai peur de me faire molester par la population comme de me faire arrêter par la police ou l’armée.» Il croit en effet savoir queles personnes portant le même nom que lui sont arrêtées et mises en prison en attendant qu’une enquête soit diligentée. Alors, n’ayant aucune envie de vivre cette «expérience traumatisante qu’est laprison, surtout en Tunisie», il ne prend pas le risque de sortir.

Peur de l’arrestation

«Je limite tout mouvement. Je ne vais pas travailler, ni faire les courses. Je ne fais rien, je vis enfermé chez moi depuis vendredi. Je ne prends même pas ma voiture parce qu’avec les barrages, un simple contrôle d’identité, et je ne sais pas ce qui peut m’arriver», raconte-t-il, précisant qu’il n’a sur lui que sa carte d’identité française, «au cas où ça passerait mieux».

Rentrer en France, il voudrait bien, mais craint d’être arrêté à la frontière. Sortir du pays de façon clandestine? Pas question: «Je n’ai pas envie de fuir, je n’ai rien à me reprocher.» On lui aurait même proposé de lui faire quitter le pays, par la Lybie, par l’Algérie, moyennant 8.000 euros. «D’une, je n’ai pas cet argent, et de deux, je n’ai pas envie de partir de cette façon là.»

Amertume

Il explique qu’il finira par «prendre le risque» de partir légalement, en tentant de prendre le bateau ou l’avion. Mais pas tout de suite. Il veut attendre que les choses se calment: «Si je pars maintenant, même pas une semaine après, j’ai peur qu’on dise que je me sauve, que j’ai quelque chose à me reprocher.» Il précise de plus qu’il n’est pas seul dans cette situation. Son père, sa belle-mère, son petit frère et sa petite sœur de 7 et 11 ans, sont eux aussi bloqués.

Le jeune homme est donc seul, uniquement épaulé par sa fiancée et des amis qui ne lui ont pas tourné le dos, et un peu «amer» après les réponses qu’on lui a faites au consulat français. «Ils disent qu’ils ne peuvent rien pour moi. Quelqu’un m’a même dit que c’était mon problème, qu’il fallait réfléchir avant. Comme si j’avais choisi de m’appeler comme ça.» Contactée, l’ambassade de France indique en effet qu’elle ne peut rien faire dans ce cas, car elle ne peut intervenir contre la loi tunisienne.

Source : « 20minutes.fr » Le 21-01-2011

Tunisie: Les chevaux d’un gendre de Ben Ali sont à vendre


 

POLEMIQUE – Une enquête sur l’argent qui a servi à les acheter pourrait être ouverte…

Dans la période actuelle,il ne fait pas bon être un proche du clan Ben Ali. Slim Chiboub, gendre de l’ex-président tunisien, en fait l’expérience en ce moment. La vingtaine de chevaux de course qu’il possède en France, basés àChantilly et Marseille, sont suspectés d’avoir été achetés avec l’argent du peuple tunisien. En conséquence, il a commencé à les vendre, a révélé à 20minutes.fr une source travaillant dans le milieu hippique.

Les chevaux vendus ou «passés sous un autre nom»

C’est une bien mauvaise nouvelle pour Slim Chiboub quand le bilan de ses galopeurs s’établit en 2010 à une vingtaine de courses remportées pour un cumul de 582.000 euros de gains. Mais la fin d’une course remportée récemment par l’un d’entre eux à Marseille «a failli tourner au pugilat entre pro et anti-Ben Ali», rapporte cette source qui précise que cela a commencé à donner des frissons àFrance Galop, en charge des courses hippiques en France.

Alors «les chevaux de Slim Chiboub ont été passés sous un autre nom», celui de leur entraîneur pour la plupart, quand ils n’ont pas été tout simplement vendus. Cependant, dans ce dernier cas, l’argent n’atterrit jamais directement dans la poche du propriétaire, précise notre source, mais «sur un compte France Galop» et celui-ci «servira à payer ses entraîneurs».

Slim Cheboub fait profil bas

Si Slim Cheboub, actuellement à Dubaï, fait profil bas, il «serait un peu précipité de le mettre dans le même sac que Ben Ali, avec qui il n’est pas en odeur de sainteté», d’après l’un des managers qu’il emploie. En effet, l’homme est marié à Dorsaf Ben Ali, l’une des filles issues du premier mariage du président déchu, et «avait été écarté politiquement par les proches de la deuxième première dame», Leïla Trabelsi, a précisé Le Parisien jeudi.

Par ailleurs, Slim Cheboub ne figure pas sur la liste des membres de la famille Ben Ali et Trabelsi recherchés par les nouvelles autorités tunisiennes. Cependant, selon Le Parisien, un homme d’affaires tunisien vivant en France, Salah Harbaoui, a malgré tout déposé mercredi un référé pour faire saisir ses chevaux parSherpa, une ONG qui figure parmi les auteurs de la plainte visant les faits de recel d’abus de biens sociaux, blanchiment et recel de détournement de fonds publics du clan Ben Ali.

Source : « 20minutes.fr »

Lien :http://www.20minutes.fr/article/657110/societe-tunisie-chevaux-gendre-ben-ali-vendre

Les nouveaux défis de la presse tunisienne


 

Les journalistes peuvent désormais exercer leur métier

En annonçant la fin du ministère de l’Information, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi a tourné une sombre page de l’histoire de la presse en Tunisie. Avec la chute de Ben Ali, les médias peuvent enfin s’exprimer librement, après des années de censure. Les journalistes devront quant à eux se délivrer de l’auto-censure pour répondre aux défis de cette libéralisation, et ainsi retrouver la confiance de leurs lecteurs.

Les quotidiens nationaux étaient en rupture de stock vendredi en Tunisie, symbole de l’attente du peuple tunisien. Pour la première fois depuis plus de deux décennies, les journalistes peuvent faire leur métier, sans interférence des services de sécurité et du ministère de l’Information aboli par le gouvernement intérimaire à la suite du départ de l’ex-président Zine Al-Abidine Ben Ali. Le Monde,Courrier international, Libération, paraissent à nouveau.

Pendant des années, les médias, privés comme publics, ont fonctionné sous tutelle du régime de Ben Ali. « On a été opprimé d’une manière incroyable. On ne pouvait pas même pas être neutre. Des journalistes ont été virés, pourchassés, emprisonnés, on a même tiré sur un correspondant du journal Le Monde », confie Lotfi Laamari, contacté par Afrik.com. Figure des médias tunisiens, il a été plusieurs fois chassé de sa rédaction pour ses prises de positions. « On ne pouvait pas écrire sur la Tunisie. Pas non plus sur les pays « amis », comme la Libye, ou le Maroc », poursuit-il. En 2008, pour avoir couvert pour la télévision la révolte de la mine de Gafsa, au sud de la Tunisie, Fahem Boukadous a été condamné à quatre ans de prison pour « association de malfaiteurs » et diffusion d’informations menaçant l’ordre public. Il a été libéré jeudi.

« En Tunisie, la presse c’est pour les annonces »

Le système était bien huilé. Chaque article était soumis par les rédacteurs en chef à l’aval du Palais, ou de l’Agence tunisienne de communication étrangère (ATCE), véritable « prison de la Bastille » pour Lotfi Lamaari. Les rares qui ne respectaient pas cette injonction s’exposaient à la colère du régime en cas d’articles compromettants. L’ATCE pouvait aussi décider de priver le journal de la vitale publicité étatique. Les rédacteurs en chef sont ainsi devenus au fil des années des symboles de la censure. Pas étonnant que dans certains quotidiens, les journalistes ont exigé leur départ après la fuite de Ben Ali. Les journalistes de La Presse de Tunisie ont par exemple mis dehors leur rédacteur en chef, nommé par l’ex-parti au pouvoir. Le président Ben Ali faisait tout les matin la Une de leur journal.

« Tu étais privé de tout quand tu n’étais pas du côté du pouvoir », affirme Lotfi Laamari. Pourtant, certains se sont battus pour faire honneur à leur profession. « Les journalistes étaient divisés entre ceux qui ont choisi d’être modérés pour pouvoir survivre, et d’autres, minoritaires, pour qui la liberté de la presse passait avant les acquis sociaux », explique le journaliste tunisien. Petit à petit s’est mis en place une sorte d’autocensure. Et, ceux qui tentaient de s’en libérer pouvaient même être mal vus au sein de leur profession.

En janvier 2008, le Syndicat national des journalistes tunisiens est crée. Cinq mois plus tard, sous la houlette du responsable de son bureau, Néji Bghouri, le syndicat publie un rapport sur la liberté d’expression mettant directement en cause le régime de Ben Ali. Ce rapport provoque un tôlé en Tunisie, mais aussi, chose plus surprenante, au sein du tout nouveau syndicat. Une motion de censure y est votée, quatre membres du bureau démissionnent, suffisant pour destituer Néji Bghouri.

Répondre aux défis de la liberté de la presse

La presse tunisienne n’a pas couvert les émeutes. Le 6 janvier, deux jours après la mort de Mohamed Bouazizi à la « Une » des principaux titres de la presse tunisienne, de langue française ou arabe, aucun mot sur son histoire, ni sur des premiers soulèvements qui se sont multipliés entre le 19 et le 24 décembre dans les villes voisines de Sidi Bouzid. Ce n’est qu’à partir du 13, date à laquelleBen Ali annonce dans un discours la libéralisation de la presse, que les médias tunisiens commencent à traiter de ces évènements. Avant cela, ils présentaient les manifestants comme des « délinquants ».

Face à cette autocensure, les Tunisiens ont déconsidéré la presse nationale en tant que vecteur crédible d’information. Une place prise par les chaînes étrangères comme France 24 et surtout Al-Jazzera, ainsi que part Internet. Ils sont 3,5 millions, soit environ 30 % de la population, à avoir suivi la contestation sur le Net, s’échangeant l’information nécessaire pour la faire grandir. L’ancien président Zine Al-Abidine Ben Ali a attisé ce désamour. « Ben Ali a eu un comportement schizophrène par rapport à la presse. D’un côte, il encourageait les journalistes à se détacher de l‘auto-censure. De l’autre, on était suivi par les services secrets. Et le public croyait Ben Ali », explique Lotfi Laamari.

Aujourd’hui, les langues commencent à se délier, et comme dans la rue, on ose enfin dire les choses. Pourtant, il semble qu’une restructuration complète soit nécessaire pour que les médias se détachent complètement de leurs vieux réflexes. Pour Lotfi Laamari, cette nouvelle liberté est « un acquis provisoire qu’il faut consolider à travers des textes juridiques ».Il milite pour une refonte du code de la presse. Selon lui, les conditions matérielles défavorables des journalistes sont aussi un frein à la qualité du traitement de l’information en Tunisie, où le salaire moyen des journalistes avoisine les 500 dinars.

Lootfi Laamari voit la période Ben Ali comme « une sombre parenthèse » qui se referme. Il est certain que « le peuple a compris que le régime de Ben Ali était responsable de l’état de la presse tunisienne ». Selon lui, « Al-Jazeera est moins présent » depuis quelques jours. Il est tout de même conscient que la presse devra « être à la hauteur de cette responsabilité » pour retrouver la confiance de ses lecteurs. Lors des manifestations qui ont entrainé la chute de Ben Ali, on clamait « Tounis Sabaa, jabana », Tunis7, vous n’êtes que des lâches.

 

Source: “Afrik.com” Le 21-01-2011

                                                                                                                    Les employés de Dar Assabah communiquent

 


 

Nous, employés de Dar Assabah, journalistes, techniciens et administrateurs, réunis le 19-01-2011 au siège de l’établissement:

Annonçons qu’en date de 17 janvier, l’établissement a été l’objet d’une tentative d’appropriation de la part de l’un des associés de la société. Cet actionnaire possède 20% des parts sociales, ce qui ne l’autorise pas, en vertu des lois en vigueur, de prendre possession de l’établissement ni de le gérer ou de prendre à ce titre quelque décision que ce soit.

 

Cet associé minoritaire a voulu mettre les journalistes devant le fait accompli en annonçant une série de mesures, parmi lesquelles la désignation d’un superviseur général des rédactions. Devant cet état de fait, l’ensemble des employés, journalistes, techniciens et administrateurs, a repoussé  cette tentative à travers laquelle son instigateur a voulu profiter de la situation actuelle au sein de Dar Assabah. Nous rappelons, à ce propos, les sacrifices consentis par l’ensemble des employés qui ont été, durant des années,  privés de leurs droits matériels et moraux. 

Nous rappelons que les 80% des parts sociales de Dar Assabah appartiennent successivement  à « Princesse Holding », à hauteur de 60%,  et à Sakher El Matri, à hauteur de 20%. Les anciens propriétaires ont en effet cédé leurs parts en contre partie de sommes importantes. En conséquence, la gérance de l’établissement revient à ceux qui en assurent la pérennité ainsi qu’à la collectivité nationale. De ce fait, personne n’a le droit de se  l’approprier.

Tout en rappelant que nous faisons  partie de la révolution populaire,  nous continuons à faire valoir notre droit à exercer notre mission d’information  en toute liberté, nous annonçons que les employés de Dar Assabah expriment les revendications suivantes :

Premièrement : Attachement à notre plein droit à la liberté d’expression

Deuxièmement : Investissement des droits matériels des employés dans la capital de la société. Ces droits sont relatifs aux primes de rendement et aux avancements dont les employés ont été privés pendant neuf ans au sein de l’entreprise de presse Dar Assabah.

Troisièmement : Les journalistes  doivent avoir leur mot à dire dans la nomination des superviseurs de la rédaction ainsi que dans la définition de la ligne éditoriale qui ne peut être qu’au service de la nation

Quatrièmement : Notre solidarité, en cette période et jusqu’à l’assainissement de la situation légale et administrative de l’établissement, avec l’actuel directeur général et directeur de la publication pour superviser les affaires administratives.

Nous annonçons, par ailleurs, la constitution, depuis hier, de deux nouvelles commissions au sein de l’établissement

-La première commission, administrative, composée du Directeur général actuel et des représentants de l’administration et de la rédaction pour étudier la situation actuelle des employés

-La deuxième commission sera spécialement consacrée au volet rédactionnel.Elle sera composée des rédacteurs en chef et de représentants de journalistes.

Source: ”Le temps” Le 21-01-2011

Traque des familles de l’ex-couple présidentiel; Kadhafi, désormais, personnalité la plus impopulaire


 

L’air de la révolte n’a pas encore quitté la toile. On s’active d’autant plus que le net se libère. Entre les messages politisés et les appels sociaux d’entraide et de responsabilité civile, le Tunisien ne perd pas son sens de l’humour.

La première cible est l’ancien président qui reçoit des messages de Tunisiens vivant partout dans le monde et qui tous ont un seul mot d’ordre « Tu vas être jugé ». Certains reprennent ses discours d’autres relatent ses crimes. Une grande ironie, souvent tournée en satire alimente ces messages et vidéos.

On continue également à traquer la fortune des membres de la famille de l’ancien président et entre une vidéo qui nous introduit dans un immense garage contenant les voitures de luxe et des citoyens en Suisse qui guettent l’éventuelle arrivée d’un des membres devant une banque pour liquider son compte, les Tunisiens se convertissent en excellents détectives privés.

Tout est alors déballé au grand public sur la toile ; les monuments historiques ayant constitué la décoration du foyer de l’un des frères de l’ancienne première dame, le palais de l’ancien président à Hammamet, les propriétés et sociétés de chacun des membres de leurs familles, le montant de leur fortune et même les sommes déboursées – parfois gratuitement – pour l’acquisition de projets et de biens.

Les internautes sont à la fois des investigateurs, des notaires, et des caricaturistes, la toile leur permettant de tout partager. Il va de même pour toute information, message ou vidéo concernant l’arrestation des membres de la famille. Parfois dans la rue, parfois dans un grand salon luxueux et entourés des forces de l’ordre ou des agents de l’armée, les membres de la famille de l’ex président et de sa femme font la « une de la toile » et circulant sur le net à une vitesse hallucinante. La même attention est aussi accordée aux membres de leurs familles qui ont réussi à fuir, l’un des Trabelsi est alors filmé à Dubaï et un reportage sur l’hôtel dans lequel a séjourné une des filles de l’ancien président à Euro Disney ont circulé sur la toile. Un groupe par contre a été constitué pour défendre la famille Chiboub. 

La deuxième cible de la toile est Kadhafi. On est remonté à la période Bourguiba pour déterrer toutes les « imprudences et gaffes » du colonel libyen et on ne l’a pas épargné.

Ainsi, une vidéo de l’un des discours de Bourguiba dans laquelle il « ridiculise » le grand rêve nationaliste « arabiste » de Kadhafi a vite fait le tour. Une autre, où le colonel lui-même explique le sens du mot démocratie – selon lui d’origine arabe « dimou » et « krassi », latéralement traduites faire durer les chaises / Trônes – n’a pas manqué de figurer sur des milliers de profils. Les internautes ont même partagé un extrait d’une émission française dans laquelle on ridiculisait le « guide des révolutions » comme le colonel aime se faire appeler.

Pour finir, les internautes tunisiens demandent au colonel de ne pas se mêler des affaires de la Tunisie s’il ne veut pas rejoindre son ami, l’ancien président tunisien…

Source: “Le Temps” Le 21-01-2011

Family of dead Tunisian hero wants democracy


 

The family of a young man who set himself ablaze, triggering a popular uprising that overthrew Tunisia’s autocratic president, wants Tunisians to honor his memory by fighting for democracy.

Mohamed Bouazizi’s mother prayed at her son’s concrete tomb in the graveyard of this central Tunisian town, as she does daily.

« I pray that the new authorities will make new fair policies – policies that my son inspired, » Manoubia Bouazizi told The Associated Press.

Mohamed Bouazizi was a 26-year-old university graduate without a steady job. He struggled to make ends meet for his widowed mother, four brothers and three sisters.

Having failed to find better employment, he would fill up a rickety wooden cart with fruits and vegetables and wheel it into the town market. His relatives said he was harassed by municipal officials for not having a license to sell the vegetables. When he didn’t pay bribes, town authorities broke up his cart and stopped him from selling his wares.

His family said a municipal official hit him, spat in his face, and called him filthy when they destroyed his small business. In despair, he stood on his vegetable cart, poured a liter and a half of gas on his body and set it on fire.

« My son has always been a hardworking person, and it never occurred to me that he would think about burning himself, » said his mother. « But the insults and humiliation from the municipal authorities became too much – how was he supposed to pay bribes and keep his family fed? »

His self-immolation Dec. 17 – which left him in intensive care, wrapped head to toe in white bandages – resonated with other young graduates struggling to find jobs, sparking protests first in his town and then, town by town, around the country. After two weeks days hovering between life and death, he died Jan. 5.

Others died too, protesters killed in clashes with Tunisian police, or those who imitated Bouazizi’s suicidal act. In recent days self-immolations have taken place in Egypt, Algeria and Mauritania, apparently inspired by Bouazizi.

For decades, Tunisia has promoted itself as an Arab world success story, a stable place where the economy is stronger than in neighboring countries, women’s rights are respected, unrest is rare and European tourists can take stress-free vacations at beach resorts.

But the recent protests have exposed a side of Tunisia that the country has long tried to hide: the poverty of the countryside, poor job prospects for youths and seething resentment at the government of President Zine El Abidine Ben Ali, who had ruled Tunisia with an iron fist since 1987.

Nearly a month of protests following Bouazizi’s self-immolation drove Ben Ali to flee toSaudi Arabia a week ago. A caretaker government is struggling to restore calm.

« We want a new government that will give us our rights as a real citizens, not just lip service, » said Bouazizi’s sister, Samia. « A government that knows the value of the word ‘citizen’ because this is the right of my brother and it is the right of all Tunisians. »

The young man’s house is small and bare, with uncarpeted floors, a few couches to sit on and a refrigerator in the hallway. A set of vegetable scales that he used on his cart lays on the floor as a reminder of the profession he used to feed his family.

« The day Mohamed burned was like a small tree that burned but left its roots deeply planted in the ground, » said his aunt Radia Bouazizi. « I pray that the people of Tunisia do not waste this opportunity for revolution. »

Visiting Bouazizi’s tomb, a teenage brother cried softly as he fell on the grave.

Souce: “The Washington post” Le 21-01-2011

Islamist movement at forefront of Tunisia’s protests


 

Tunisia’s underground Islamic movement has emerged at the forefront of nationwide protests against its leadership and appears set to emerge as the strongest political force in elections.

Al-Nadha is lead by the London-based exile Rachid Ghannouchi who has said that he will return to the country as soon as the threat of life in prison is lifted.

Mr Ghannouchi has the best claims to an electoral following inTunisia after the disintegration of the ruling party. He has wide core support at the country’s universities and his followers secured 17 per cent in 1989’s election – an unrivalled following in Tunisia’s rigged electoral system.

Senior lieutenants of the fundamentalist leader were yesterday prominent in the thousands strong crowd that demanded the resignation of all ministers – including Prime Minister Mohammed Ghanouchi – tainted by service to ousted dictator, Zine el-Abidine Ben Ali.

Sadouk Chourou, a Tunis lawyer, has been seen organising groups within the protest.

Ali Laraiedh, the Al-Nadha vice president, said that party activists of the banned movement had been mobilised.

Source: “The Telegraph” Le 21-01-2011

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2 février 2005

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