AFP:Tunisie: manifestation contre le gouvernement, messe pour le prêtre égorgé
Le Nouvel observateur :Tunis ”determine” a faire la lumiere sur le meurtre du pretre polonais romandie:La Suisse vérifie 80 millions de francs d’avoirs tunisiens Ahmed BEN AMOR : LA CONSTITUANTE OU LE CONSEIL DE LA REVOLUTION ? Le Parisien:Tunisie : les excuses de Boillon, l’ambassadeur de France qui fait scandale Le Telegramme :Tunisie. Le nouvel ambassadeur de France s’excuse platement Le Temps: Selon le site JSS News Ben Ali serait mort Fatma BOUAMAIED KSILA :NON AUX FORCES DES TENEBRES QUI NUISENT A LA TUNISIE LIBRE ET A SA REVOLUTION Dr Mahmoud BEN AMMAR:COMMISSIONS DE JUSTICE, VOUS AVEZ DIT ? Karim BEN SLIMANE:Les pieds dans le tebsi : Au moins sous Ben Ali je pouvais dormir tranquille. TUNISIE : POUR LA SAISIE DE LA FORTUNE D’ ABDERRAHMANE TLILI PLANQUEE A GENEVE Houcine Ghali: TUNISIE : POUR LA SAISIE DE LA FORTUNE D’ ABDERRAHMANE TLILI PLANQUEE A GENEVE Le Temps:ça bouillonne à l’Institut Ibn Charaf Le Figaro:Tunisie: la politique de la France “débile” JDD:Le train des Tunisiens Tribune de Geneve :POUR UNE TUNISIE LAÏQUE Les Inrocks :Besancenot: “Les peuples arabes nous montrent qu’il y a une autre voie” Association france Palestine Solidarite:Vent de révolte au Moyen-Orient [et au Maghreb] L’express:La génération Internet au Maroc The New York Times:Next Question for Tunisia: the Role of Islam in Politics New Statesman:This is not an Islamic revolution
Tunisie: manifestation contre le gouvernement, messe pour le prêtre égorgé
Par Kaouther LARBI et Sonia BAKARIC Des milliers de Tunisiens ont manifesté dimanche à Tunis pour réclamer la démission du gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, après une semaine encore marquée par l’instabilité et le meurtre d’un prêtre polonais en l’honneur de qui une messe devait être célébrée. “Gouvernement de Ghannouchi Dégage”: quelque 4.000 personnes ont manifesté devant la Kasbah, siège de la Primature, reprenant le slogan de la révolution qui a provoqué la chute de l’ancien régime “Ben Ali Dégage”. Dans une ambiance bon enfant, surveillés de loin par l’armée et la police qui avaient déployé deux blindés et des hélicoptères, hommes, femmes, enfants ont réclamé le changement de la plupart des institutions. “Démission du Premier ministre, Assemblée constituante, Indépendance de la justice”, “Dissolution du Parlement”, “Dissolution des commissions” (l’une des commissions ets chargée de la réforme électorale), pouvait-on lire sur des pancartes. “Notre révolution n’a abouti à rien avec ce Ghannouchi”, a déclaré Samia Mahfoudh, enseignante de 50 ans. “Ils nous prennent pour des dupes. Tous les membres du Parlement et des conseils de région ont été élus par l’ancien régime, la Constitution a été réformée par l’ancien régime”, a dit Sami Ben Moumen, médecin de 30 ans. Mohamed Ghannouchi a été le Premier ministre de Zine El Abidine Ben Ali de 1999 jusqu’à sa chute le 14 janvier. Après la formation le 17 janvier d’un gouvernement d’union nationale dans lequel l’équipe sortante avait conservé la majorité des postes, des milliers de personnes avaient manifesté quotidiennement devant la Kasbah pour obtenir leur démission. M. Ghannouchi avait finalement remanié le gouvernement épuré des principaux caciques de l’ancien régime le 27 janvier. Depuis, des élections libres ont été annoncées pour dans six mois mais le pouvoir de transition n’a pas fixé de date ni donné de précisions sur le type de scrutins qu’il comptait convoquer. Plusieurs partis d’opposition réclament instamment l’élection d’une Constituante ou la création d’un conseil de sauvegarde de la révolution, estimant que le gouvernement actuel n’a pas de contre-pouvoirs. Outre cette pression politique, le gouvernement reste confronté à l’instabilité. Pour tenter d’apaiser les tensions sociales, il a annoncé vendredi de premières aides sociales d’urgence. Et pour pallier le vide sécuritaire, des réservistes ont rejoint l’armée mercredi. Mais l’insécurité s’est à nouveau illustrée vendredi avec la découverte d’un prêtre catholique polonais, Marek Rybinski, 34 ans, retrouvé mort égorgé dans le hangar d’une école privée à Manouba (près de Tunis) où il était responsable financier. Une messe à sa mémoire devait être célébrée dans l’après-midi à La Goulette, près de Tunis. Dans la matinée, l’évêque de Tunis Lahham Maroun a rencontré le Premier ministre qui, a-t-il dit, l’a “assuré de son engagement personnel ainsi que de celui de son gouvernement à déterminer rapidement les causes” du meurtre. “C’est la première fois que cela arrive, j’espère que cela n’arrivera plus jamais”, a ajouté l’évêque. Les autorités ont attribué ce meurtre qui a beaucoup choqué à des “extrémistes (…) compte tenu de la façon dont il a été assassiné”, laissant entendre qu’il s’agissait d’islamistes. Mais de nombreuses personnes ont estimé que cela pouvait aussi être le fait de personnes restées fidèles à Ben Ali. Vendredi, des islamistes radicaux avaient tenté de mettre le feu à une rue de prostituées, provoquant le lendemain une manifestation pour défendre une “Tunisie laïque”. Source: “AFP” Le 20-02-2011 Lien: http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h3tayVc8K22zNjls_DKB-GEG9Utg?docId=CNG.a85266580914284559822d4b9b4f9a73.e1
Tunis ”determine” a faire la lumiere sur le meurtre du pretre polonais
Le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi a assuré dimanche l’archevêque de Tunis Mgr Maroun Laham de sa “détermination” à retrouver rapidement les auteurs” du meurtre du prêtre polonais Marek Marius Rybinski et “de les traduire devant la justice”. Selon l’agence officielle TAP, le chef du gouvernement a présenté à l’évêque “ses condoléances les plus sincères et ses sentiments de sympathie et de compassion à la suite de cet acte criminel odieux”. Econome d’une école catholique située à la Manouba, à environ 15 km de Tunis, le prêtre, âgé de 34 ans, a été trouvé égorgé vendredi, un acte attribué par les autorités à “des extrémistes”, sans plus de précisions. Lors d’une entrevue avec Mgr Laham, M. Ghannouchi “a réitéré la condamnation par le gouvernement transitoire de ce crime abominable qui a choqué l’ensemble des Tunisiens et des Tunisiennes et qui est contraire aux valeurs de tolérance, de coexistence pacifique et de modération qui ont imprégné la Tunisie tout au long de son histoire”. Dans une déclaration à la presse, l’évêque a jugé important “pour rassurer” le pays, de faire la lumière sur ce crime qui, a-t-il noté, “n’est pas dans les principes et les traditions de la Tunisie”. En attendant “les résultats de l’autopsie et de l’enquête”, il s’est défendu de “faire de spéculations qui pourraient s’avérer fausses”. “C’est la première fois que cela arrive en Tunisie et j’espère que cela ne se reproduira plus jamais”, a-t-il encore dit. Pour Mgr Laham, “notre amour et notre service pour le pays ne peuvent pas être mis en cause par un acte aussi crapuleux”. Source : « Le Nouvel observateur » Le 20-02-2011 Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110220.FAP5301/tunis-determine-a-faire-la-lumiere-sur-le-meurtre-du-pretre-polonais.html
La Suisse vérifie 80 millions de francs d’avoirs tunisiens
Un mois après la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, le Ministère public de la Confédération (MPC) vérifie 80 millions de francs de fonds tunisiens placés en Suisse. Une trentaine de notifications de soupçons sont parvenues au bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS). “Ces avoirs ont tous un lien avec la Tunisie”, a indiqué dimanche à l’ATS la porte-parole de l’Office fédéral de la police (fedpol) Danièle Bersier, confirmant une information parue dans le journal dominical alémanique “SonntagsZeitung”. La porte-parole n’a pas souhaité préciser si ces fonds étaient liés au clan Ben Ali. Le MPC doit désormais décider s’il va engager une procédure pénale. Cinq jours après la fuite de Tunisie de Ben Ali, le 19 janvier, le Conseil fédéral avait gelé les avoirs du président déchu ainsi que d’une quarantaine de ses proches. Une semaine plus tard, Berne avait évalué à plusieurs dizaines de millions de francs la somme touchée par cette mesure. Tunis a déposé une demande d’entraide judiciaire auprès des autorités helvétiques, ce qui implique que l’argent bloqué pourrait être transféré dans le futur en Tunisie. Source: “romandie” Le 20-02-2011 Lien: http://www.romandie.com/infos/ats/display.asp?page=20110220145911400172019048164_brf025.xml
LA CONSTITUANTE OU LE CONSEIL DE LA REVOLUTION ?
L’appel à la formation du conseil de la protection de la révolution suscite un débat contradictoire. Ses initiateurs défendent l’idée de vigilance en l’absence d’une représentation nationale et légitima du peuple tunisien. Ses détracteurs craignent un conseil de révolution comme on voit d’habitude lors de la prise du pouvoir par les militaires. En tout cas le problème c’est l’inexistence d’un contre pouvoir face à un gouvernement qui tire sa légitimité de l’ancien pouvoir puisqu’ on est toujours dans le cadre de la constitution en vigueur. Et en plus les règles de transition rendent bientôt la situation juridique intenable des institutions actuelles. Comment y remédier ? Deux solutions s’imposent: – En gardant la présidence par intérim afin d’assurer la continuité de l’état, il faut appeler à des élections pour une assemblée constituante afin de doter le pays d’une nouvelle constitution. Ces élections seront ouvertes à tout le monde partis et indépendants. La constituante sera dépositaire de la souveraineté. Elle peut garder ce gouvernement ou appeler le président par intérim à la constitution d’un nouveau gouvernement réellement transitoire. – Ou bien constituer des comités de vigilance sur le plan local et régional par la société civile. Ces comités ont un pouvoir moral d’alerter l’opinion publique de tout dérapage ou manquement à ligne de changement radical. Cette diversité permet à tout un chacun de s’exprimer. L’existence de ces comités n’a pas de limite dans le temps. L’exercice de la pression passe par les manifestations publiques ( sit in, grève, affichage, marches etc…). Ma préférence va à la première solution. C’est une réponse claire, qui tranche avec le statuquo. Avec la constituante les institutions du pays partent avec une légitimité à limage de la Tunisie nouvelle. Car le travail opaque de la commission chargée de la révision de la constitution n’offre pas cette légitimité. On ne sait rien sur ses délibérations à huis clos donc non rassurante sur l’aboutissement de ses propositions. Le brouillard politique et constitutionnel dans lequel se trouve la Tunisie n’aide pas à rebondir et à tourner la page de l’ancien pouvoir. Les tunisiens s’inquiètent et c’est légitime. Ahmed BEN AMOR Paris le 19/02/2011
Tunisie : les excuses de Boillon, l’ambassadeur de France qui fait scandale
A peine cinq jours après avoir pris son poste, le nouvel ambassadeur de France à Tunis a provoqué la colère des Tunisiens. Boris Boillon, 41 ans, a présenté samedi soir ses «excuses» à la télévision nationale tunisienne pour avoir répondu jeudi à des questions de journalistes d’une manière qui a pu paraître «hautaine». Des centaines de manifestants avaient défilé dans la journée devant l’ambassade de France à Tunis pour réclamer le départ du nouvel ambassadeur, dénonçant «son manque de diplomatie» et «son agressivité». «Je m’excuse auprès des journalistes et de tous les Tunisiens», a déclaré, dans un arabe parfait, le benjamin des diplomates français, qui avait présenté mercredi ses lettres de créance. «S’ils ont pris mes réponses comme une manière de répondre de façon hautaine, je le regrette et je suis vraiment désolé et je présente toutes mes excuses à tout le peuple tunisien», a-t-il poursuivi. Jeudi, lors d’une conférence de presse, Boris Boillon avait refusé de répondre à des questions de journalistes, ou les avait qualifiées de «questions débiles» ou de «n’importe quoi». Elles portaient sur la gestion de la révolution tunisienne par la France et, en filigrane, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, proposant le «savoir-faire» de Paris en matière maintien de l’ordre à Tunis. «J’ai une énergie et une volonté bien déterminée de promouvoir des relations bilatérales. J’ai été spontané plus que je n’aurais dû l’être. Dorénavant, je dois parler de manière plus polie», a ajouté samedi soir Boris Boillon. Des excuses très diplomatiques. Source: ”Le Parisien” Le 20-02-2011 Lien: http://www.leparisien.fr/crise-tunisie/tunisie-les-excuses-de-boillon-l-ambassadeur-de-france-qui-fait-scandale-19-02-2011-1323143.php
Tunisie. Le nouvel ambassadeur de France s’excuse platement
Décidément, les relations entre la France et la Tunisie restent compliquées. Après les propos contestés de Michèle Alliot-Marie, c’est le style du nouvel ambassadeur de France, Boris Boillon, qui énerve les tunisiens jusqu’à les pousser à manifester pour exiger son départ. Le diplomate a présenté ses excuses hier soir. “J’ai été plus spontané que je n’aurais dû”, a-t-il déclaré. Boris Boillon a 41 ans. Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, il a travaillé ses gammes de diplomate en Irak avant d’être nommé ambassadeur de Tunisie suite à la chute de Ben Ali. Sa mission : changer les relations entre les deux pays, “prendre un nouvel élan, en s’appuyant sur une nouvelle ambition partagée”, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Et Boris Boillon a commencé très fort ! L’ambassadeur a invité des journalistes tunisiens à partager son repas et à découvrir sa nouvelle politique jeudi dernier. Questions “débiles” Au cours de cette rencontre, il a refusé de répondre à certaines questions portant sur les propos de Michèle Alliot-Marie ou sur son manque d’expérience, les qualifiant de “débiles” ou de “n’importe quoi”. Le ton employé a choqué. La réaction ne s’est pas faite attendre. Ce samedi, environ 500 Tunisiens ont manifesté devant l’ambassade de France dénonçant le “manque de diplomatie” et “l’agressivité” du nouveau venu. Sur les pancartes brandies, on pouvait lire: “M. Boillon, vous occupez un poste diplomatique et vous n’avez rien d’un diplomate”, “dégagez, petit Sarko!”, “Boris dégage!”, “C’est vous qui faites honte à la France”. “Il y a des manifestations tous les jours à Tunis” Ce n’est pas (encore) un problème pour le quai d’Orsay. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangère explique qu'”il y a des manifestations tous les jours à Tunis”, quelques semaines après le renversement d’un régime policier qui tenait le pays d’une main de fer. “Tout le monde manifeste sur tout, la Tunisie est un pays qui se réveille, les Tunisiens sont un peuple qui a soif de s’exprimer”, a-t-il encore observé, pour expliquer cette manifestation où ont afflué de nombreuses personnes alertées par Facebook. “Dorénavant je dois parler de manière plus polie” Face à la contestation, Boris Boillon a tout de même préféré s’excuser. D’abord sur Twitter, puis, plus officiellement, à la télévision nationale tunisienne. “Je m’excuse auprès des journalistes et de tous les Tunisiens”, a-t-il déclaré en arabe. “S’ils ont pris mes réponses comme une manière de répondre de façon hautaine, je le regrette et je suis vraiment désolé et je présente toutes mes excuses à tout le peuple tunisien”, a-t-il poursuivi avant d’expliquer son comportement : “J’ai une énergie et une volonté bien déterminée de promouvoir des relations bilatérales. J’ai été spontané plus que je n’aurais du l’être. Dorénavant je dois parler de manière plus polie”. Source : « Le Telegramme » Le 19-02-2011 Lien : http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/tunisie-le-nouvel-ambassadeur-de-france-s-excuse-platement-19-02-2011-1212460.php
Selon le site JSS News Ben Ali serait mort
Depuis que JSSNews a annoncé le coma et l’accident cardio-vasculaire du président déchu de la Tunisie, nous avons reçu à plusieurs reprises des informations sur son état de santé qui irait en se dégradant. Mais depuis quelques heures, des diplomates tunisiens en poste en Europe de l’Ouest, affirment, “de source sûre“, que Ben Ali serait mort et que des négociations seraient en cours pour organiser les funérailles à Tunis. Selon les sources de JSSNews, « le Président Ben Ali serait mort à 22h30, dans la nuit de vendredi à samedi. Des négociations seraient en cours avec le gouvernement de Tunis afin qu’il soit autorisé à être enterré en Tunisie ». La mort ne peut être confirmée car ils voudraient que le rite musulman soit officiellement respecté ; c’est à dire, organiser des funérailles le jour même du décès. Il serait donc tout à fait possible, selon les sources de JSSNews, que « l’annonce de la mort soit retardée de 3 ou 4 jours ». Les diplomates tunisiens qui se sont confiées à JSSNews explique par ailleurs que «Ben Ali serait mort cliniquement depuis 24 heures (ndlr: avant sa mort physique)». Autre information qui confirmerait ce que nos premières sources nous avaient déjà confiées, sa femme, Leïla Trabelsi, aurait, «depuis Tripoli en Lybie, donné le feu vert pour débrancher Ben Ali. Le fait que ce soit la pleine lune aurait pesé sur sa décision». Dernière information, mais non des moindres, Ben Ali, « serait mort seul. Pas un seul membre de sa famille n’aurait daigné venir le visiter en Arabie Saoudite alors que tous savaient qu’il vivait ses derniers moments». Source: “Le Temps” Le 20-02-2011 Lien: http://www.letemps.com.tn/article-53208.html
NON AUX FORCES DES TENEBRES QUI NUISENT A LA TUNISIE LIBRE ET A SA REVOLUTION
Dans la nuit du 17 au 18 février dernier, dans la ville de Mannouba, un des trois gouvernorats du grand Tunis, un prêtre polonais âgé de 34 ans, Le Père Marek Rybinskisalésien, économe d’une école religieuse privée située dans la région, a été retrouvé mort égorgé et mis dans un dépôt de l’école. Quelques heures plus tôt, un groupe d’intégristes extrémistes a organisé devant la grande synagogue de Tunis une manifestation raciste au cours de laquelle ces individus ont scandé des slogans haineux, extraits du moyen âge, hostiles à tout ce que notre révolution a réalisé de plus cher : le droit à la différence, la liberté de culte et la démocratie. Je ne sais pas s’il y’a un lien direct entre les deux évènements, ou si ce sont les mêmes groupes obscurantistes qui ont frappé ici et là, mais tous deux portent les mêmes marques de haine aveugle qui a conduit cette fois au crime et au meurtre. Pareils à des rats d’égout, ces individus n’existaient pas avant la révolution, preuve d’un grand courage politique que nous envions, ils vivaient comme leurs idées dans le noir, hors temps et hors histoire …. Quelques unes de nos villes et de leurs habitants les ont découvert après le 14 janvier avec leurs discours extrémistes qui ont provoqué un sentiment d’effroi parmi les populations présents, partout où ils se sont manifestés. La Tunisie a vécu plus d’un demi siècle dans le déni de toute citoyenneté et les tunisiens qui se sont battus pour la reconnaissance de leurs droits à la liberté et à la dignité ont souffert le martyr des décennies durant et se sont vus privés des moindres droits humains. Les premiers de ces droits et de ces libertés fondamentaux sont sans doute le droit à la différence et la liberté de conscience….Ce sont les abc des droits humains garantis par tous les textes et traités universels de défense des droits. Et maintenant, alors que le vent de la liberté a soufflé sur notre pays brisant nos chaînes pour faire de nous des femmes et des hommes libres, mais différents et c’est ce qui fait notre force parce que notre différence est un facteur d’enrichissement et de complémentarité….. Non, la Tunisie d’aujourd’hui ne peut cautionner un tel discours ou une telle pratique, contraire aux valeurs d’ouverture et de tolérance qui spécifient notre peuple et identifie notre pays. La réputation de notre Tunisie, terre d’accueil et d’hospitalité depuis des millénaires, a été une fois de plus renforcée par notre révolution qui appartient à toutes les tunisiennes et tous les tunisiens, sans exception, sans distinction aucune, religieuse soit-elle, ethnique ou sexuelle ….La Tunisie appartient à tous ses enfants, qu’ils adoptent l’Islam, le Judaïsme, le Christianisme ou l’Athéisme, nous sommes toutes et tous égaux et libres dans l’exercice ou non des cultes. Et pour que des tels crimes ne se produisent plus et que des tels pratiques soient sévèrement punies , il est primordial que ces lieux hautement symboliques de culte soient protégés, ce qui ne s’est pas fait jusqu’à maintenant alors que tout le monde sait le risque encourue en cette période critique de la vie de notre pays…. Le ministère de l’Intérieur assume toute sa responsabilité dans ce qui vient de se passer. Aux premières heures de la révolution, nous avons entendu des forces de la police se défendre d’être des tueurs, tortionnaires ou milices… Où sont ces forces qui se disent prêts à servir la révolution ?…. Il est temps de se mettre au service de notre révolution et de protéger les acquis de notre révolution en garantissant la protection de nos minorités, car nous ne pouvons prétendre la liberté quand des citoyens tunisiens vivent dans la menace et la peur. Enfin, soyons toutes et tous vigilants afin que des telles pratique qui nuisent à l’image de la Tunisie libre cessent , il y va de la crédibilité et des acquis de notre révolution. Paris, le : 20/02/2011 Fatma BOUAMAIED KSILA
COMMISSIONS DE JUSTICE, VOUS AVEZ DIT ?
Je voudrais insister ici, sur un sujet désormais d’importance, à plus d’untitre. Conséquence logique de toute révolution qui se respecte : les commissions chargées d’examiner les plaintes d’exactions commises par le régime déchu,demeurent à visée floue, malgré les bonnes intentions. Personnellement, j’avais préconisé la constitution de commissions régionales,pour qu’elles soient : a) Plus décentralisées, et donc plus proches du citoyen concerné et en interaction efficiente avec lui, afin d’avoir un sens sans délai, sur le terrain. b) Promptes à répondre au nombre incalculable de problèmes accumulés, durant le demi siècle de la seconde colonisation, et des injustices intriquées qui en ont découlé. D’autre part, jusqu’à maintenant, pas un seul responsable n’a répondu à la question posée par les réels intéressés, les citoyens. A savoir : Comment chaque commission fonctionnerait-elle, au delà de la collecte des plaintes et de leur étude? Dans quels cadres seraient énoncées les solutions et quels sont les délais d’exécutions, surtout ? Car le nombre d’abus est incalculable : Il s’agit de décisions de « justice » prises sous l’effet de la corruption ou de la pression, exercées sur des « juges », à l’époque du Parrain en chef, « BENAVI », et dont les mains sont aussi souillées, de pourritures. Malgré eux ? Ces gens sont connus et identifiés. Ils sont une honte pour le drapeau du pays qui les héberge. A l’humanité entière. Dans tous les cas,toutes nouvelles procédures judiciaires, basées sur des rendus de « justice » de l’époque deZaba BABA, entachées par l’iniquité, ne peuvent avoir lieu, jusqu’à ce que JUSTICE REELLE soit rendue, après révision de chaque affaire de fond en comble, etannulation sans tarder, des décisions INJUSTES, d’abord. Personne ne demande à ces commissions de se substituer aux tribunaux, mais tout bonnement de convaincre ceux-ci d’arrêter les dégâts, juste le temps des révisions qui s’imposent. Je voudrais donc savoir, comment la commission à laquelle un citoyen aurait recours va-t-elle procéder, pour arrêter la machine à temps, réellement. Avant que l’irréparable ne soit commis. Est-il vrai que ces commissions n’auront d’effort et de prérogatives, que pour orienter le citoyen, dans ses démarches. Dans ce cas, Lesquelles ? Vers qui ? Vers quoi ? Et dans quels délais ? D’autre part, relancer la machine dans les tribunaux, est toujours coûteux en argent (avocats, huissiers notaires, enregistrements etc.). Qu’a –t-on prévu pour les dépossédés, qui n’ont plus les moyens financiers pour se battre ? Plus la perte de temps précieux et très longs, souvent, que personne ne pourra remplacer. Je voudrais signaler, que si les dégâts causés par l’iniquité, ne s’arrêtent pas, en attendant des mesures radicales de corrections urgentes, les choses ne vont que se compliquer.Il faut stopper la poursuite du mal, jusqu’à ce que révision complète des décisions mafieuses, soit faite. On ne peut construire une renaissance sur du compost : la Justiceest le Fondement de la Civilisation. Tout travail de réparation doit aboutir à la réparation. En plus de la justice, la santé et le socio-économique doivent avoir la priorité. Il ne faut pas oublier de corriger le pouvoir d’achat des plus nécessiteux, puis des autres, selon les besoins. En plus de stopper l’inflation, naguère galopante, il faut augmenter les salaires, dès que possible. On pourrait les multiplier par 2, voire par 3, pour ceux des plus bas. Il y a de l’argent, là où le baudet en chef et son entourage l’ont placé en banques- dans les 4 coins du monde-, et même dans les palais, en nombre dans le pays. Ainsi, le citoyen en bonne santé, peut commencer à consommer et travailler, et par là, à faire démarrer la machine productive de toute notre économie. De notre citoyenneté commune. Dr Mahmoud BEN AMMAR
Les pieds dans le tebsi : Au moins sous Ben Ali je pouvais dormir tranquille.
Par Karim BEN SLIMANE Dans une analyse de la situation tunisienne Vincent Geisser spécialiste des questions tunisiennes pointait déjà que dans la Tunisie de l’après Ben Ali deux forces s’opposaient. Une force qui s’est auto intronisée à la tête d’un gouvernement de transition et qui défend une réforme douce à doses homéopathiques et qui n’a rien oublié des méthodes de l’ancien régime et une deuxième force aux couleurs bigarrées ratissant large au sein de la société civile et dans des partis politiques de tendances différentes qui soutient une réforme radicale et prône une politique de la table rase et réclament que des têtes soient coupées et exhibées en public. Que devient le peuple dans tout ça. Un otage qui ne sait plus à quel saint se vouer et qui commence à émettre des doutes plus que sérieux sur l’existence même de saints. Débarrassé de sa peur le peuple aujourd’hui verse dans le scepticisme tout azimut et dans le désenchantement de la classe politique. Car si la dictature avait une vertu par rapport à la démocratie ça serait le sentiment de certitude. Ainsi sous Ben Ali on avait des certitudes. Tous ceux qui étaient au gouvernement étaient complices, tous les RCDistes qui s’en revendiquent étaient des arrivistes et tous les journalistes des officines publiques et celles bénies par le gouvernement étaient des véreux. Au moins on le savait et qu’on le veuille ou non et même si cela avait un gout de foutage de gueule le sentiment de certitude était apaisant. Lâches nous étions certes mais au moins nous étions certains et résignés ce qui nous permettait de vaquer à d’autres occupations et à dépenser notre énergie ailleurs que dans la politique, le sport des médiocres par excellence. La révolution a brouillé beaucoup de fondamentaux dans la vie des tunisiens. Pour la première fois on s’est mis à croire à espérer et donc à douter. Résultat je ne dors plus car je ne suis plus aussi certain qu’avant. Moi qui avait la certitude que tous ceux qui étaient au gouvernement était complices je me suis surpris à trouver des excuses à certains d’entre eux. Et de dire que peut-être certains ont-ils eu le courage de résister contre le système et d’essayer de le réformer de l’intérieur ? Peut être, mais cela ne m’arrange pas car dans mon système binaire que la dictature m’a inculqué il ne devrait pas avoir de troisième case. Les politiques doivent être soit corrompus soit des honnêtes gens utopistes qui ont bravé le danger en se sont soulevant du vivant de la dictature. Ces derniers on les reconnaissait facilement au nombre de grèves de la faim qu’ils ont endurées, des années passées en prison et de la fréquence de leurs visites aux caves du ministère de l’intérieur, connues pour un savoir faire magistral pour transformer du bon vin en vinaigre. Pas de doutes donc sur les Nejib Chebbi, les Radia Nasraoui, les Siham Bensedrine, les Ahmed Brahim et Moncef Marzouki et la liste est longue. Mais avec la révolution bénie j’ai l’impression que Dr Jekyl et Mr Hyde se côtoient et rodent en plein jour. Et voici Chebbi et Brahim dont la probité m’était certaine qui volent au secours d’anciens caciques du système les Ghannouchi les Mebezaa et on a évité le pire avec le départ de Morjane, de Friaa, de Jegham et de Rouissi. Mon système binaire en prend un coup. Et je ne suis pas aux bouts de ma surprise. Je me retourne du coté des radicaux, l’histoire nous apprend que les radicaux ont plus de crédit car ils n’ acceptent pas les compromis et les compromissions. Que vois-je ? Un véritable monstre difforme un vrai Frankstein, les trostskistes aux côtés des islamistes, et j’ai retenu aussi la présence de l’UGTT dont les leaders ne m’ont jamais inspiré confiance et pour être tranquille avant je les classais dans la case des corrompus. Ce qui réunit cet aréopage est leur dévouement pour protéger la révolution parait-il. Tous contestent le gouvernement de transition et lui reprochent son manque de légitimité populaire comme si eux ils ont consulté les 10 millions de tunisiens pour s’auto proclamer tutélaires de la révolution. Bref, comme il ne s’agit pas de tirer des conclusions mais juste de digresser, je crois que nous avons bel et bien évolué puisque il me semble que nous pâtissons aujourd’hui des problèmes des Hommes libres et démocrates : nous doutons de tout et nous dépensons une énergie et un temps fous à comprendre les basses manœuvres de politiciens véreux et sans principes. Me vient alors la triste impression qu’on ne produit d’Hommes vertueux et quiets que sous l’oppression et le despotisme. Peut être que mon psy me conseillera t-il un séjour en Corée du Nord pour soigner mon insomnie.
TUNISIE : POUR LA SAISIE DE LA FORTUNE D’ ABDERRAHMANE TLILI PLANQUEE A GENEVE
Houcine Ghali, Genève Après dix sept ans passées à la tête de l’ Office national de l’ huile ( ONH ), Abderrahmane Tlili a été seccessivement PDG de la Société de transport pétrolier saharien ( TRAPSA ), de la Compagnie franco-tunisienne de pétrole ( CFTP ), de la Société italo-tunisienne de pétrole ( SITEP ) et enfin de l’ Office de l’ aviation civile et des aéroports ( OACA ). Ce grand commis de l’ Etat, lancé et appuyé par Mme Wassila Ben Ammar ( deuxième épouse d’ Habib Bourguiba ) en reconnaissance à son père Ahmed Tlili, grand militant et leader du syndicat UGTT, dirigeait donc duran vingt deux ans cinq des plus importantes nationales qui ont eu des relations financières et commerciales avec l’ étranger. Ce qui lui a permis de puiser largement dans leurs caisses et d’ amasser une fortune colossale qu’ il a planquée en Suisse et principalement à Genève. Arrêté le 17 septembre 2003, Abderrahmane Tlili fut jugé le 2 juin 2004 par la Chambre criminelle du Tribunal de Première instance de Tunis à 9 ans de prison ferme et à une amende de quarante quatre millions de dinars pour délit d’ abus de pouvoir lors de l’ exercice de ses fonctions de PDG de l’ aviation civile et des aéroports ( 0CA ), d’ obtention de profits illicites pour lui-même et pour autrui, de préjudice occasionné à l’ Administration, de non déclaration de biens à l’ étranger et de tentative de cession de ces biens sans avoir demandé l’ autorisation préalable de la Banque centrale, comme le stipule la loi. Abderrahmane Tlili a croupi des années en prison parce qu’ il a refusé de virer la totalité de sa fortune en Suisse sur les comptes de l’ ancien président Ben Ali. Le maître de la déposition de Bourguiba en 1987 est habitué à ce genre de pratique puisqu’ Ismael Sahbani, l’ ancien secrétaire général du syndicat ouvrier UGTT, qui détenait lui aussi des millions de francs suisses , acheminés à Genève durant les années 90 par son éminence grise Mokhtar Boubakr ( surnommé El Mokh dans les bars de Tunis où il offrait à boir à ses potes gauchistes ), a fini par les céder à Ben Ali et ainsi tiré de prison quelques mois seulement après sa condamnation pour vol et dilapidation des biens de l’ UGTT. Directeur du Bureau syndical de l’ UMA à Tunis, Mokhtar Boubakr voyageait avec passeport diplomatique car, paralellement, il travaillait aussi pour le ministère de l’ intérieur. Après plus de trois ans d’ enquête, de recherche et d’ investigation que j’ ai menées en Suisse et notamment à Genève, il s’ avère, documents officiels à l’ appui, qu’ Abderrahmane Tlili a amassé une fortune colossale ( des dizaines de millions de francs suisses ), dont il a planqué la totalité en Confédération hèlvétique et essentiellement à Genève, sous forme de dépôts bancaires, d’ achats immobiliers et de création de sociétés. Il s’ agit de deux immeubles de sept étages chacun, situés aux 24 et 26 rue des Deux-Ponts à Genève, achetés le 06.11 et le 05.12.1997 pour la somme de 8 400 000 francs suisses ( 12 600 000 dinars ) et revendus le 26.09.2003 à François et Cedric STUTZ pour uniquement 6 500 000 francs suisses ( 9 750 000 dinars ). Et c’ est Michel Rethoret, le gestionnaire des affaires et homme à tout faire d’ Abderrahmane Tlili qui a finalisé la vente de ces deux immeubles, grâce à une fausse procuration puisqu’ elle n’ a été légalisée ni par un nautaire ni par une autorité tunisienne compétente, d’ autant plus qu’ Abderrahmane Tlili était en prison à Tunis et qu’ il lui était donc impossible de signer une quelconque procuratrion. En réalité, Michel Rethoret a falsifié une ancienne procuration donnée par Abderrahmane Tlili quelques années avant qu’ il ne soit arrêté et condamné, pour pouvoir vendre ces deux immeubles et encaisser l’ argent. Abderrahmane Tlili possédait aussi un immeuble de grand standing comprenant 55 appartements et locaux commerciaux aux 3, 5 et 7 route de Saint-Cergue à Mies, canton de Vaud ( Lausanne ), à 10 kms de Genève. Acheté en 1996 pour la bagatelle de 8 millions de francs suisses ( 12 millions de dinars ), cet immeuble a été vendu en 1999 pour pas moins de 10 millions de francs suisses. En plus de cette fortune en liquide et en immobilier, Abderrahmane Tlili possédait une société de distribution, représentation, commerce, commissionnement et courtage de tout produit, la EURABCOM SA, qui était située chez Fiducior SA, 43 rue du Rhône à Genève, à deux pas de l’ immeuble des Ben Ali et Trabelsi, six, lui, au 100 de la même rue, la plus cossues de la Cité de Calvin. Je détiens toutes les pièces officielles justificatives de cette affaire Tlili, avec ses contrats d’ achat et de vente, ses impôts, ses assurances, ses fudiciaires et institutions financières qui se sont occupées de ses affaires, blanchiment compris. Abderrahmane Tlili, les deux clans Ben Ali/Trabelsi ne sont pas les seuls qui ont pillé le pays et planqué leur argent en Suisse. Il y a d’ autres barons du pouvoir qui ont fait de même, comme Hedi Jilani, Ismail Sahbani, Ben Dhia, le patron de Nouvelair, etc… Ils appartiennent aussi bien à l’ époque de Bourguiba qu’ à celle de Ben Ali. Ils ont investi dans les cafés, la restauration et l’ achat de demeure personnelle. De même, les divers ambassadeurs qui se sont succédés aussi bien à la mission permanente à Genève qu’ à Berne, ont largement participé à planquer en Suisse l’ argent spolié du peuple tunisien. Les différents et successifs représentants de Tunisair à Genève se sont eux aussi donnés aux magouilles pour aider des membres appartenant aux clans Trabelsi/Ben Ali et détourné des sommes d’ argent revenant à cette compagnie nationale, suite à des trafics délectueux avec des agences de voyage sur la place de Genève. Il est donc urgent pour que le gouvernement provisoire actuel à Tunis fasse le nécessaire en alertant les autorités hèlvétiques, concernant les personnes citées dans cet article, afin de s’ occuper de ces affaires. Car, Michel Rethoret, qui a encaissé la somme de la vente des deux immeubles de Tlili à Genève, pourrait prendre la poudre d’ escampête en transférant les 6 500 000 francs suisses dans l’ un des paradis fiscaux. Houcine.ghali@bluewin.ch
ça bouillonne à l’Institut Ibn Charaf Dialogue de sourds entre le directeur, les étudiants et les professeurs
• Le chef de l’établissement s’accroche toujours à son poste et les enseignants votent pour sa destitution ! – Depuis l’arrêt des cours le 11 janvier 2011 et la reprise des examens du premier semestre, entamée début février, les études ne redémarrent toujours pas ou presque pas à l’Institut Supérieur des Sciences Humaines (l’ancien Lycée Ibn Charaf). Jusqu’à hier samedi, les salles de l’établissement sont quasiment désertées, sinon les cours fonctionnent avec 1/10ème de leur effectif habituel. Certains professeurs qui n’accueillent qu’un ou deux étudiants les retiennent et dispensent leurs leçons comme du temps où toute la classe était là. Pourquoi ce retard dans la reprise du cours normal des études à Ibn Charaf alors qu’à quelques dizaines de mètres de là, à la Faculté du 9 avril par exemple et dans d’autres Instituts voisins, l’assiduité est à plus de 70 % de l’effectif ? Nous avons tenté de comprendre les raisons du blocage auprès des premiers concernés, en l’occurrence les étudiants. Les professeurs nous ont également fait part de leur évaluation de la situation ! Nous nous sommes entretenus par ailleurs avec le directeur de l’Institut, M. Mohamed Néjib Boutaleb, lequel semble faire l’objet ces derniers jours d’une campagne violente appelant à sa démission. Les étudiants : « C’est le directeur et non les professeurs que nous contestons ! » Pour une partie des étudiants (notamment les syndicalistes), l’heure des comptes a sonné pour le directeur de l’institut et quelques uns de ses proches collaborateurs (notamment le secrétaire général de l’Institut). Selon ce groupe, les responsables visés doivent quitter leurs postes actuels parce que durant leur exercice, ils ont très mal géré l’établissement et ont spolié plusieurs droits des étudiants. Au sujet de M. Boutaleb, le directeur, ils ne contestent nullement sa valeur scientifique et le condamnent uniquement en tant qu’administrateur. En ce qui concerne la reprise des cours qu’ils subordonnaient jusque-là au départ du chef de l’établissement, les représentants syndicaux des étudiants promettent de réintégrer les salles à partir de demain lundi 21 février sans pour autant renoncer à leur revendication essentielle. « Nous nous contenterons dorénavant de la pause entre midi et 14 heures, pour manifester notre colère contre l’administration », affirme l’un des représentants des étudiants au Conseil Scientifique de l’Institut. Les professeurs votent le départ du directeur Les professeurs, eux, sont plutôt partagés sur la question du départ de M.Boutaleb et sur son opportunité à l’heure où l’urgence consiste à ramener les étudiants aux cours. En tout cas, et depuis la semaine dernière, une partie des enseignants a accéléré le départ du responsable du service financier autour duquel une pétition circula quelques jours auparavant. Aujourd’hui, le même problème semble se poser avec le directeur de l’établissement dont certains exigent la démission immédiate et l’accusent de mauvaise gestion, d’abus administratifs et financiers et même moraux. Le torchon brûlait déjà depuis longtemps entre ce responsable et certains syndicalistes ou/et membres du Conseil scientifique. Au moins trois réunions eurent lieu depuis fin janvier entre professeurs sans vraiment aboutir à une décision claire et unanime concernant M.Boutaleb. Hier, samedi, on a fini par appeler à un référendum des enseignants : ces derniers devaient ainsi se prononcer pour ou contre la démission du directeur. Aux dernières nouvelles, et à la lumière des résultats du vote organisé, ce dernier a été gentiment prié de présenter sa démission. Sans quoi, les votants se verraient obligés de le destituer eux-mêmes de sa fonction pour, disent-ils, le bien de l’établissement. Le directeur : « Mes détracteurs sont ingrats et minoritaires ! » Vendredi après-midi, nous avons eu un bref entretien téléphonique avec M. Mohamed Néjib Boutaleb au cours duquel il a affirmé qu’il ne voyait aucun mal à ce que désormais les responsables administratifs de l’établissement soient élus. « Je suis moi-même adepte de la démocratie, mais qu’on sache au moins que ma désignation à la tête de cet institut est amplement méritée vu mon statut scientifique et mes compétences de bon gestionnaire. On ne doit pas non plus passer sous silence mes sacrifices consentis au profit de l’établissement : pendant la période des violences et des pillages successive à la Révolution du 14 janvier, j’ai risqué ma vie pour préserver l’Institut et ses biens. Pour ce qui est des étudiants qui exigent mon départ, constituent-ils une majorité parmi leurs camarades ? J’ai moi-même été étudiant et syndicaliste ; j’ai toujours dialogué avec les syndicats et défendu les étudiants et les professeurs. N’est-ce pas ingrat après tout cela, de me couvrir d’insultes et de m’accabler de reproches et d’accusations ? Nonobstant ces attitudes malveillantes, j’ai déjà reconnu mes torts et présenté mon mea culpa lors d’une réunion avec tous les professeurs. J’en ai encore pour très peu de temps à la tête d’Ibn Charaf. Après ce délai tout proche, je cèderai mon poste au nouveau directeur élu. Mais je reste persuadé qu’à Ibn Charaf, ce n’est pas la majorité qui souhaite ma destitution. Seuls quelques uns mettent toute leur énergie à la provoquer ! » Et la reprise effective alors ? En attendant donc que la situation se débloque, les études à l’Institut risquent d’enregistrer de nouveaux retards ; à moins que les étudiants ne décident, comme promis, de réintégrer les classes en masse à partir de ce lundi. S’ils ne le font pas, ils seront à coup sûr les gros perdants de la crise. N’anticipons pas et croisons les doigts pour que la semaine rentrante soit enfin celle du vrai redémarrage de l’année universitaire à Ibn Charaf. Source:”Le Temps” Le 20-02-2011 Lien: http://www.letemps.com.tn/article-53214.html
Tunisie: la politique de la France “débile”
Le député Noël Mamère (Europe Ecologie-Les Verts) a estimé aujourd’hui sur Radio J que la politique de la France à l’égard de la Tunisie était “débile” car les politiques “n’ont rien compris à la situation”. “A l’image de M. Boillon et de Madame Alliot-Marie, la politique de la France à l’égard de Tunis est une politique débile”, a lancé le député, interrogé sur les déboires du nouvel ambassadeur de France en Tunisie qui a dû heir soir présenter ses “excuses” à la télévision nationale. Boris Boillon avait répondu à la presse d’une manière jugée “agressive”, refusé de répondre à des questions de certains journalistes ou les avait précisément qualifiées de “débiles” ou de “n’importe quoi”, suscitant les protestations de plusieurs centaines de Tunisiens devant l’ambassade à Tunis. “Quand on est ambassadeur, on essaie d’employer des mots un peu plus châtiés. Je pense que son avenir est déjà scellé concernant sa représentation à Tunis. Mais, il ne faut pas faire payer le lampiste”, a poursuivi le député-maire de Bègles (Gironde). “Ce sont des politiques qui n’ont rien, absolument rien, compris à la situation”, et qui pendant les 23 ans de présidence Ben Ali, qu’ils soient de droite ou de gauche, “ont entretenu des relations quasi-incestueuses avec ce régime”, a-t-il continué. “Madame Alliot-Marie et M. Boillon ne sont que les révélateurs de cet aveuglement”. Selon lui, “la France à l’étranger est aujourd’hui totalement déconsidérée”. Source : « Le Figaro » Le 20-02-2011 Lien : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/02/20/97001-20110220FILWWW00134-tunisie-la-politique-de-la-france-debile.php
Le train des Tunisiens
A Modane, à la frontière franco-italienne, la police traque les Tunisiens, candidats à l’exil, en route pour Paris. Mélanie n’imaginait pas qu’un jour elle serait accusée d’être un passeur de clandestins. D’autant qu’à 23 ans elle prépare les concours de la catégorie A ou B dans la fonction publique et qu’elle envisage une carrière dans la police nationale ou les Douanes. Les beaux projets professionnels de la jeune femme originaire de Fontainebleau tout comme ses desseins personnels – fiançailles au printemps puis mariage l’été prochain – se sont écroulés jeudi matin au péage de Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) sur l’A43. Lorsque les fonctionnaires de la Police de l’air et des frontières (PAF) ont interpellé un migrant tunisien dans sa voiture. Elle l’avait empruntée à sa mère pour passer quelques jours en Italie avec Youssef, 23 ans, son compagnon depuis trois ans, et Jafar, 21 ans, le frère de ce dernier. Mélanie a accepté d’embarquer cet homme, rencontré “par hasard” sur un parking entre Turin et la frontière française de Modane à la demande insistante de Youssef. “Parce qu’il était natif de Zarzis, la même ville du Sud tunisien que la famille de Youssef.” Stupéfaction pour la jeune Bellifontaine: lors de son audition par les policiers, Mélanie apprend que son “auto-stoppeur” n’est autre que le cousin de Youssef et de Jafar. Entendu avec un interprète, le migrant a confié son périple aux policiers. Il raconte son passage entre la Tunisie et l’Italie à bord d’un vieux chalutier avec une centaine d’autres comme lui, moyennant 500 euros par personne. Sur l’île de Lampedusa (Italie), il embarque, dans la confusion, sur un ferry à destination du continent. Suit la remontée en train de la péninsule italienne, de Naples à Turin, via Rome, Bologne et Milan. Tout au long de son parcours, il est en contact par portable avec ses deux cousins titulaires d’un permis de séjour en France qui le guident jusqu’au point de rendez-vous. A Milan, il se trompe, se perd puis réussit à monter dans une rame de la Renfe pour Turin. L’histoire, la méthode et le parcours sont identiques pour tous les Tunisiens rencontrés par le JDD à la frontière de Modane, l’un des quatre points de passage entre la France et l’Italie. Tous ont un même objectif: rejoindre la France! “Nous assistons depuis quelques jours à une arrivée régulière et continue de Tunisiens”, constate la commissaire Myriam Akkari, responsable de la PAF en Savoie. Au cours de la seule journée de jeudi, sur les douze étrangers en situation irrégulière interpellés à Modane, neuf arrivent directement de Tunisie. Quinze fois plus qu’avant la chute de Ben Ali. Face à cette situation, Brice Hortefeux s’est montré déterminé. Mercredi, le ministre de l’Intérieur a assuré à l’Assemblée nationale que les immigrés tunisiens ne bénéficieront d’aucun traitement de faveur en France: “Un étranger en situation irrégulière a vocation à être reconduit dans son pays d’origine sauf situation humanitaire particulière. La règle qui s’appliquera, c’est celle de notre politique migratoire.” Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, a précisé que la France prévoit d’accueillir des Tunisiens débarqués sur l’île italienne de Lampedusa seulement dans des cas “très marginaux”. A Modane, depuis vendredi, les fonctionnaires de la PAF ont reçu le renfort de 45 CRS pour lutter contre cette immigration clandestine. “Une aide au passage familial” “On ne peut pas dire que l’on assiste, pour l’instant, à une immigration clandestine organisée, mais plutôt à une aide au passage de type familial”, remarque le commandant Olivier Vinzent. Il cite l’exemple de Christine, 31 ans, d’Aulnay-sous-Bois (93), interceptée dans le TGV Milan-Paris en compagnie de son beau-frère qu’elle tentait de faire passer pour son mari d’origine tunisienne. Son époux lui avait remis son passeport français, les titres de transport ont été achetés en France. Malgré tout, la supercherie n’a pas échappé à l’œil des fonctionnaires de la PAF. Rencontrée un peu plus tard, jeudi, alors qu’elle revenait au commissariat de Modane pour tenter d’apercevoir son beau-frère, elle confie “avoir agi à la demande de son conjoint, par amour et par devoir moral pour sa belle-famille restée en Tunisie. Même avec un changement politique elle n’a aucun espoir économique”, ajoute-t-elle. Pour tous ces Tunisiens, le discours est toujours le même. Ils ne croient pas en une meilleure vie dans leur pays natal. Tous décrivent les règlements de comptes et les rackets menés par des bandes armées sur l’économie locale depuis la chute du pouvoir. “Ben Ali ou Mohamed Ghannouchi, ça ne changera rien pour nous. Notre avenir est en France. C’est là qu’on peut travailler, acheter et gagner de l’argent”, résume Lakhdar, 19 ans. Il y a deux semaines encore, ce jeune homme promenait des touristes à dos de chameau à Tozeur. Interpellé par la PAF dans les toilettes du TGV, il a été remis après audition aux autorités italiennes de Bardonecchia juste de l’autre côté du tunnel du Fréjus. Dans la salle de rétention administrative française, il a pu profiter d’un repas, une ration de poulet basquaise sous vide, chauffée au four à micro-ondes. Avant de monter dans le fourgon de police dans lequel il a franchi les Alpes dans l’autre sens, un fonctionnaire de la PAF lui a tendu un pull offert par une œuvre humanitaire. Dehors, il fait – 5 degrés et le jeune chamelier n’est vêtu que d’un tee-shirt et d’un mince blouson de cuir. Les policiers ont laissé Mélanie quitter le commissariat de Modane quelques minutes avant de relâcher son petit ami Youssef et Jafar. Elle n’est pas près d’oublier ce “voyage surprise pour la Saint-Valentin”. Tous trois feront l’objet de poursuites ultérieures pour aide à l’entrée de personne en situation irrégulière. Ils encourent, tout comme Christine qui faisait passer son beau-frère pour son mari, au maximum jusqu’à trois ans de prison et 300.000 euros d’amende. Quant aux Tunisiens interpellés, leur avenir est plus incertain. Faute de place, de temps et de structure pour reconduire sur l’autre rive de la Méditerranée les 5.000 Tunisiens qui ont débarqué en Italie ces deux dernières semaines, les autorités transalpines les remettent en liberté. Ils ont obligation de quitter le territoire italien pour rentrer dans leur pays. Ils n’en ont ni les moyens ni l’intention. Source : « JDD » Le 20-02-2011 Lien : http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Modane-La-police-aux-frontieres-face-aux-migrants-tunisiens-reportage-271443/
POUR UNE TUNISIE LAÏQUE
En aucun cas les islamistes n’ont contribué à la révolution, je suggère donc qu’ils continuent à rester planqués chez eux, ils ne feront pas la loi en Tunisie et nous y veillerons. Les actes extrêmistes doivent être sévèrement punis, ils sont peut-être encore l’oeuvre des pro-benali (Ben Ali serait déclaré mort) qui souhaitent déstabiliser ainsi le nouveau régime de transition, semer la zizanie et le décrédibiliser aux yeux du monde entier. Une manifestation s’est déroulée samedi à Tunis pour dénoncer plusieurs incidents avec des islamistes qui s’en sont pris à une rue dédiée à la prostituion et à la mort d’un prêtre polonais, LE prêtre, âgé de 34 ans, a été retrouvé mort, égorgé dans le parking d’une école catholique «Arrêtez vos actes extrémistes», «Laïcité = liberté et tolérance»… scandaient les manifestants. Les poussées islamistes sont à craindre et les risques de dérapage sont très forts. Il est temps de rappeler que la Tunisie veut s’afficher comme pays tolérant qui refuse le fanatisme, il est temps de renforcer la laïcité dans la loi, c’est un combat à mener de suite. Avant que la pieuvre fanatique n’enserre et étouffe un pays en quête de liberté. En Tunisie plusieurs mouvements ont dénoncé ces agissements dont Ennahda . Emboîtant le pas au ministère de l’Intérieur, le département des Affaires religieuses a, à son tour, condamné samedi cet “acte criminel” et appelé “instamment les hommes de religion et les composantes de la société civile à agir avec détermination pour éviter que de tels actes se reproduisent”. Dans un communiqué diffusé par l’agence gouvernementale TAP, “le ministère des Affaires religieuses réaffirme son attachement au principe de coexistence entre les races et les nationalités et à la liberté du culte aussi bien au niveau des croyances qu’au niveau des pratiques”, et ce “conformément aux idéaux et à l’esprit de la grande révolution du peuple tunisien”. Vendredi, le ministère de l’Intérieur a accusé “un groupe de terroristes fascistes d’obédience extrémiste d’être derrière ce crime, comme l’attestent la façon dont il a été assassiné”. Il a assuré que les auteurs de ce “crime odieux” et leurs complices seront “sévèrement punis “. Mettant l’accent sur “les valeurs d’ouverture et de tolérance dont le peuple tunisien, toutes catégories confondues, est imprégné”, le communiqué “appelle les autorités compétentes à faire la lumière sur les circonstances réelles de cet acte et ses auteurs afin d’éclairer l’opinion publique avant d’adresser des accusations” à quelque partie que ce soit. Dans un autre communiqué, il se démarque par ailleurs des incidents antisémites survenus dernièrement devant la grande synagogue de Tunis ainsi que des manifestations d’éléments islamistes ayant ciblé des points de vente de boissons alcoolisées et des maisons closes, y voyant des “atteintes aux fondements de la démocratie qui sous-tendent notre société” Dans cette période de transition, les minorités religieuses doivent être spécialement protégées et tout acte à leur encontre être sévèrement puni. Il est temps de rappeler que la Tunisie sera et restera un pays laïc où un chacun doit pouvoir marcher dans la rue ou pratiquer sa religion sans être menacé. Source : « Tribune de Geneve » Le 20-02-2011 Lien : http://regardscroises.blog.tdg.ch/archive/2011/02/20/pour-une-tunisie-laique.html
Besancenot: “Les peuples arabes nous montrent qu’il y a une autre voie”
Son NPA a perdu plus d’un tiers de ses adhérents mais Olivier Besancenot est regonflé à bloc: avec la Tunisie puis l’Egypte, il vient de vivre ses premières révolutions. Entretien. Olivier Besancenot est un révolutionnaire. Il milite pour la révolution depuis tout petit, il connaît tout de la Commune, de 1848, du Che, des sandinistes et quand il parle de la révolution, ses yeux brillent. Il ne l’a jamais connue lui-même mais là, ça y est, il en voit une, puis deux… Besancenot nous parle de ces révolutions du XXIe siècle avec l’excitation du séminariste à qui la Vierge apparaîtrait ! Tant pis si ces révolutions ne sont pas particulièrement socialistes, tant pis si elles ne sont même pas explicitement anticapitalistes, tant pis si les activistes sont des internautes et des geeks plus que des théoriciens et des intellectuels… Ce sont quand même des révolutionnaires. entretien > Alors ? On y est, à la révolution ? Olivier Besancenot – C’est la première fois que j’assiste à l’une d’elles. Jusqu’alors, je militais pour des idées révolutionnaires dans un monde sans révolution, à partir de références d’autres générations. J’ai connu la toute fin de la révolution nicaraguayenne. Quant aux révolutions de l’Est, elles ne remettaient pas en cause les intérêts occidentaux, comme les intérêts français avec la Tunisie et les intérêts américains avec l’Egypte. Ces révolutions ne sont ni socialistes ni anticapitalistes… Elles posent la question sociale et celle de la démocratie. Dans l’histoire, il est rare qu’une révolution populaire se déclenche à partir d’un livre rouge, d’un programme ou d’une idéologie. Même en octobre 1917, la révolution ne s’est pas faite au nom du socialisme mais dans le prolongement de la révolution de février, pour la paix, la terre et le pouvoir aux Soviets. Une révolution est le dénouement d’une situation intenable : une partie de la population d’en bas se révolte et l’oligarchie n’est plus en mesure de gouverner. En Tunisie, après que Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu, les manifestants réclamaient du travail et du pain. Ce n’est qu’après la répression que la rue a demandé le départ de Ben Ali. En Algérie, les revendications sont les mêmes, mais pas le dénouement. Les révolutions, comme dit Ken Loach, sont contagieuses. Les Tunisiens pensaient : si nous sommes capables d’y arriver, cela va inspirer d’autres peuples qui subissent le joug. “Contagieux”, ça fait maladie ! Si ça peut faire flipper nos adversaires… Un mouvement s’est amorcé, il s’est passé quelque chose d’impensable. La révolution égyptienne le prouve encore. En Tunisie, sans l’alliance de la classe moyenne urbaine avec les jeunes pauvres de province, pas de révolution… On trouve dans tous les processus révolutionnaires des alliances entre différents secteurs de la société. Les révolutions estampillées 100 % “prolétariennes” par quelques professeurs rouges sont une illusion. Le problème est de savoir où se situe la force motrice. En Egypte et en Tunisie, c’est le peuple. Entre islamisme et démocratie, l’issue de ces révolutions est encore inconnue. Il n’y a que le processus qui vous intéresse ? Non. Les peuples arabes nous montrent qu’il y a une autre voie que dictature ou islamisme. En tant qu’internationalistes, notre devoir est de lutter contre la complicité de notre gouvernement. On a monté des actions de solidarité en France avec les grévistes de la faim, les militants pourchassés, emprisonnés. L’ambassade tunisienne envoyait sa bande de cogneurs. Un des plus beaux meeting de ma vie, c’était à la Bourse du travail avant la chute de Ben Ali. On a senti le souffle de la révolution. On était inquiets mais les Tunisiens présents nous disaient : il y a eu trop de morts, on ne fera plus machine arrière. Aujourd’hui, personne ne peut parler au nom du peuple tunisien mais nous avons la responsabilité de peser sur les intérêts économiques français, qui ont bien magouillé avec le régime Ben Ali, comme Orange par exemple. Les Tunisiens ont peut-être aussi fait la révolution pour rejoindre la société capitaliste ? Mais la Tunisie, c’était déjà le capitalisme et même un des meilleurs élèves du FMI. Les Tunisiens ne l’ont pas oublié. Les politiciens professionnels ont peur de l’inconnu. Pour eux, c’est le vide. Mais le “vide” en Tunisie, cela veut dire des assemblées générales improvisées, la serveuse qui te tend un tract dans un café… Ces peuples étaient privés de liberté d’expression, puis le mur de la peur est tombé… C’est un point commun à toutes les périodes d’ébullition. Je n’ai pas vécu Mai 68 mais il paraît que tout le monde parlait politique. Lors des grandes grèves de 1995, sous Juppé, les gens parlaient entre eux, ne serait-ce que grâce au covoiturage. Une révolution, c’est un moment d’euphorie avec une forte charge d’adrénaline ou c’est changer le monde pour le rendre meilleur ? C’est un processus fait de flux et de reflux. Ça ne se réduit pas à la seule journée où Ben Ali et Moubarak dégagent. En Tunisie, deux pouvoirs potentiels se font face. Les gouvernements de transition, portés par tous les débris du régime Ben Ali, se battent pour leur légitimité. Il existe un autre pouvoir : celui de la rue. Les forces révolutionnaires les plus politisées proposent une assemblée constituante. Pour changer de système, il ne suffit pas de substituer un gouvernement à un autre car la police et les hautes sphères de l’administration restent dans les mêmes mains. On assiste à une course de vitesse entre des forces révolutionnaires et des forces contrerévolutionnaires. La Tunisie nous rappelle ce que nous savions : ce ne sont pas les révolutionnaires qui sont responsables des morts. Ce vent de révolution peut-il atteindre la France ? Il nous faudrait ici aussi une bonne vieille révolution. Je suis enthousiaste parce que j’ai vécu quelque chose d’exceptionnel mais je garde la tête sur les épaules. On prend plus de coups qu’on en rend et nous n’en sommes pas encore à une déferlante de révolutions qui pourrait d’ici peu emporter l’ordre capitaliste. Twitter et Facebook ont-ils changé les données de la révolution classique ? C’est bluffant et très important en termes de moyens de communication. Sur les murs, on peut lire “Vive la révolution” et “Vive Facebook”… Mark Zuckerberg est révolutionnaire, alors ? (rires) Il serait surpris si on lui disait ça. En général, toutes les révolutions font preuve d’originalité. Pour répandre la révolution cubaine, Che Guevara avait créé clandestinement et à l’arrache la Radio Rebelde dans la sierra Maestra. Les revendications sociales, le besoin de liberté d’expression, de démocratie ne pourraient-ils pas servir de levier pour une révolution en France ? Oui, toutes proportions gardées. Nous arrivons dans une nouvelle phase de la mondialisation. Il y a eu la crise financière et écologique et certains économistes ont évoqué le retour du keynésianisme. Or, les libéraux se sont parfaitement accommodés de l’intervention de l’Etat lorsque celui-ci a trouvé des milliards pour les banques. En fait, on assiste à une nouvelle offensive libérale de l’ampleur de celle qu’on a connue sous Thatcher et Reagan. Nous n’allons pas sortir de la crise puisque ce sont ces politiques économiques qui l’ont suscitée et qui l’alimentent encore. De plus, ces politiques n’emportent plus l’adhésion. On l’a vu avec les grosses manifestations en Grèce, en Irlande, en Espagne, en France, avec la révolte des étudiants en Angleterre. Cet acteur de la démocratie, dont on ne parlait plus et qui s’appelle le peuple, se réinvite depuis un an sur la scène politique. Un nouveau cycle pourrait s’ouvrir, fait de révoltes sociales, de grèves générales et de révolutions. Cette déringardisation de la révolution change-t-elle vos rapports de force avec les autres partis de gauche ? On n’a jamais eu autant de contacts avec des partis à l’international. La gauche radicale aussi forte n’est plus une spécificité française ? On n’est pas le petit village gaulois qui résiste. Face à la mondialisation, il ne faut pas se retrancher derrière les frontières comme le souhaitent certaines formes de souverainisme, voire de nationalisme… Source : « Les Inrocks » Le 20-02-2011 Lien : http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/60203/date/2011-02-20/article/-b147286f19/
Vent de révolte au Moyen-Orient [et au Maghreb]
Le mouvement de révolution né en Tunisie et en Egypte continue de faire tache d’huile au Moyen-Orient où la répression a fait des dizaines de morts en Libye, à Bahreïn et au Yémen, alors que des manifestants défilent à Alger où un député de l’opposition a été grièvement blessé. Vent de révolte au Moyen-Orient [1] Le président américain Barack Obama a « condamné » vendredi soir le recours à la violence contre les manifestants « pacifiques » et appelé au respect de leur liberté d’expression en Libye, au Yémen et au Bahreïn. En Libye, le vent de révolte qui s’est levé mardi, s’est déjà soldé par la mort d’au moins 84 personnes, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), qui s’appuie sur des témoignages de personnel hospitalier et de témoins. Selon un décompte de l’AFP établi à minima à partir de sources locales, 41 personnes avaient péri vendredi soir dans les émeutes concentrées à Benghazi, la deuxième ville du pays, et dans l’est. Suivant l’exemple de ses voisins tunisien et égyptien qui ont chassé leurs dirigeants, les manifestants réclament le départ immédiat du colonel Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. A Bahreïn, petite monarchie du Golfe persique stratégique pour les Etats-Unis qui y base sa Ve Flotte (indispensable pour la guerre en Afghanistan), l’armée s’est retirée de la place de la Perle, épicentre de la contestation. Des milliers de manifestants antigouvernementaux sont revenus samedi sur la place de la Perle à Manama où ils ont commencé à ériger des tentes, deux jours après la dispersion violente de leur sit-in, selon un correspondant de l’AFP sur place. Après le retrait des chars de l’armée de la capitale comme le demandait l’opposition, principalement chiite, les manifestants ont commencé à convergé vers la place de la Perle, épicentre de la contestation, à partir de trois axes. Les protestataires ont enlevé les barbelés qui entouraient cette place du centre de Manama, alors qu’un hélicoptère survolait le secteur. Ils ont ensuite commencé à dresser des tentes place de la Perle. « Par notre sang, par notre âme, nous te défendrons, Bahreïn », scandaient les protestataires. Peu après, les slogans « Le peuple veut la chute du régime » ont été entendus. La police n’est pas intervenue, à l’exception d’un bref tir de grenades lacrymogènes sur l’un des axes conduisant à la place, qui n’a pas empêché l’arrivée des protestataires. Environ six personnes ont été hospitalisées pour inhalation de gaz. Les manifestants, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, brandissaient des drapeaux bahreïnis, ainsi que des bannières blanches frappées du mot « Paix ». L’opposition réclame une monarchie constitutionnelle, un gouvernement élu et une alternance pacifique du pouvoir dans un pays où le poste de Premier ministre est occupé par cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa, oncle du roi, depuis l’indépendance de Bahreïn, en 1971, et où les ministères clés sont tenus par des membres de la famille royale. Parallèlement au Yémen, de violents heurts opposaient samedi manifestants et partisans du régime autour de l’Université de Sanaa. Un étudiant a été tué par balle et cinq autres ont été blessés, selon un journaliste de l’AFP témoin de la scène. Il s’agit du premier mort à Sanaa depuis le début de la contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh il y a une semaine, par les jeunes, notamment les étudiants. Les partisans du président ont tenté d’entrer en force dans le campus d’où sortent quotidiennement depuis une semaine des manifestations demandant le départ du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 32 ans. La répression des manifestations est plus violente à Aden, grande ville du sud du pays, où neuf personnes ont été tuées depuis mercredi. En Algérie, où le pouvoir craint un scénario de révolution à la tunisienne, quelque 200 personnes ont commencé à manifester samedi malgré un important dispositif policier déployé dans le centre d’Alger. Aux cris de « Algérie libre et démocratique », « pouvoir assassin », « le peuple veut la chute du régime », les manifestants défilent sur un parcours délimité jusqu’à la place des Martyrs, soit environ quatre kilomètres plus loin. [2] Un député du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbes, a été grièvement blessé lors d’un affrontement avec la police au cours de la marche organisée à Alger, a rapporté un membre de son parti. « Il a reçu un coup au ventre donné par un policier. En tombant, sa tête a heurté le trottoir », a indiqué à l’AFP Mohsen Belabbas, porte-parole du RCD, selon lequel le député paraissait dans le coma. Selon le Dr Rafik Hassani qui se trouvait à ses côtés à l’hôpital de Mustepha tout proche, M. Besbes semblait souffrir d’un traumatisme crânien. En Tunisie, d’où est parti le mouvement de révoltes, le gouvernement a condamné l’assassinat d’un prêtre polonais, « égorgé » par des « extrémistes » vendredi dans le garage d’une école religieuse privée de la région de Manouba, près de Tunis. C’est le premier meurtre annoncé à la fois d’un religieux et d’un étranger depuis la chute du régime de Ben Ali le 14 janvier. [3] Enfin, à Djibouti, des affrontements ont repris dans la matinée dans une banlieue populaire entre partisans de l’opposition qui réclament la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh et forces de l’ordre. Ces incidents interviennent au lendemain d’un grand rassemblement de l’opposition dans la capitale qui avait dégénéré en violences dans la soirée. Source: “Association france Palestine Solidarite” Lien: http://www.france-palestine.org/article16767.html
La génération Internet au Maroc
Entre 3000 et 20 000 Marocains ont manifesté dimanche à Casablanca et Rabat à l’appel du mouvement du “20 février” lancé sur Facebook, pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi. Incisive, contestataire et de plus en plus libérée, la blogosphère marocaine est un nouvel espace de liberté dans le pays. Nous sommes tous tunisiens”… Depuis la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, en Tunisie, les blogs et les réseaux sociaux du Maroc sont en ébullition. Fiers, aussi, du rôle joué par la blogosphère tunisienne dans la révolution du Jasmin. “C’est une grande victoire. Les Tunisiens ont montré toute l’importance que pouvait avoir le Web 2.0 (les réseaux sociaux) pour faire bouger les choses”, s’enthousiasme Mostapha Gomri qui partage sur Internet avec ses “amis”, depuis sept ans, ses analyses politiques et ses coups de gueule. Tous les jours, pendant les émeutes qui ont secoué la Tunisie, des milliers de Marocains ont suivi les événements en direct sur Facebook, Twitter ou Youtube. Ils ont rediffusé les vidéos des manifestations, appelé à la mobilisation au Maroc ou en France, commenté chaque nouveau rebondissement et vibré à l’unisson des blogueurs tunisiens aux avant-postes de la confrontation avec la dictature de Ben Ali. L’épisode a encore renforcé la présence des Marocains sur la Toile, où ils se montrent de plus en plus incisifs. Ils sont aujourd’hui 80 000 dans le royaume à avoir ouvert un blog, et près de 2 millions à utiliser un réseau social. La croissance de l’utilisation d’Internet a été fulgurante, au point que le nombre d’abonnés a augmenté de 10 000 % en cinq ans selon l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Un tiers des Marocains a aujourd’hui accès au Web, ce qui fait du royaume le deuxième pays le plus connecté du monde arabe après l’Égypte. “Grâce à sa politique économique libérale, le Maroc a vu très tôt apparaître sur le marché des opérateurs avec des prix assez bas. Ça a dopé l’essor du secteur”, analyse Hisham Almiraat qui couvre le Maroc pour le réseau de défense des blogueurs Global Voices. “Lignes rouges”: le Sahara, la religion, le roi Algérie: en direct des émeutes C’est la faute à Facebook!” Celui qui pointe un doigt accusateur sur le plus populaire des réseaux sociaux en Algérie – 1,5 million d’abonnés selon une estimation récente mais non vérifiée – n’est autre que le ministre des Affaires religieuses. Pour Bouabdallah Ghlamallah, en effet, si la rue algérienne s’est enflammée durant les émeutes de l’huile et du sucre, au début de janvier, c’est par la faute des “facebookers”. L’information et les commentaires souvent virulents à l’égard du pouvoir ont si bien circulé que l’accès au réseau était devenu difficile et l’utilisation du “chat” impossible pendant deux à trois jours. La rumeur s’installe alors sur la Toile algérienne et désigne un coupable : l’État. “Ils n’apprécient ni qu’on proteste ni qu’on s’informe, alors ils filtrent et censurent”, assure un internaute. Au plus fort de la révolution du Jasmin, dans la Tunisie voisine, un grand nombre d’internautes avaient troqué leurs profils (images de présentation) contre l’emblème national tunisien ou des photos mêlant les drapeaux tunisien et algérien. ANIS ALLIK (à Alger) Alors que l’heure est plutôt au durcissement vis-à-vis de la presse écrite, Internet représente un véritable espace de liberté pour la jeunesse marocaine. Comme en Tunisie, on trouve sur la Toile des informations, des photos et des vidéos qui ne sont diffusées ni par les journaux ni par les chaînes de télévision. Fini le temps où les blogs étaient de simples journaux intimes… Les internautes n’hésitent plus à briser des tabous. Saïd Essoulami, directeur du Centre pour la liberté des médias au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (CMF MENA), suit de près cette évolution. Pour lui, Internet ouvre des horizons nouveaux au Maroc. En août 2009, par exemple, des internautes lancent sur Facebook un débat sur l’interdiction de rompre le jeûne en public pendant le Ramadan, une infraction punie d’une peine de 1 à 6 mois de prison selon l’article 222 du Code civil. Ils organisent à travers le réseau social un pique-nique symbolique pour protester. Il n’en fallait pas plus pour mettre la Toile en ébullition et faire parler de ce sujet, complètement absent des journaux ! Cheveux longs et barbe de trois jours, Najib Chaouki était l’un des initiateurs de ce mouvement. Pour ce blogueur politique aux billets acérés, c’est une évidence: il faut pouvoir parler de tout sur la Toile. Y compris s’il faut pour cela franchir les fameuses “lignes rouges” : le Sahara, la religion, le roi. “Notre travail aide la transition démocratique, martèle-t-il. C’est en faisant tomber les tabous que l’on pousse le pays à s’ouvrir et à gagner en liberté.” Sur YouTube, des gendarmes recevant des bakchichs L’un des premiers à avoir donné l’exemple est un jeune habitant de Targuist, une petite localité perdue entre Al Hoceima et Chechaouen (Nord). En juillet 2007, il filme, en toute discrétion, des gendarmes en train de recevoir des bakchichs lors de contrôles de la circulation. Puis, il poste sa vidéo sur le site de partage Youtube. En quelques jours, elle est reprise partout au Maroc sur Internet puis dans les médias traditionnels. Source : « L’express » Le 20-11-2011 Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/la-generation-internet-au-maroc_963669.html
Next Question for Tunisia: the Role of Islam in Politics
The second phase of Tunisia’s revolution played out in this city’s ancient medina last week as military helicopters circled and security forces rushed to carry out an unusual mission: protecting the city’s brothels. Police officers dispersed a group of rock-throwing protesters who streamed into a warren of alleyways lined with bordellos shouting “God is Great!” and “No to brothels in a Muslim country!” Five weeks after protesters forced out the authoritarian government of President Zine al-Abidine Ben Ali, Tunisians are locked in a fierce and noisy debate about the role of Islam in politics. About 98 percent of the population of 10 million is Muslim but Tunisia’s liberal social policies and Western lifestyle shatter stereotypes of the Arab world. Abortion is legal, polygamy is banned and women commonly wear bikinis on the country’s Mediterranean beaches. Wine is openly sold in supermarkets and imbibed at bars across the country. Women’s groups say they are concerned that in the cacophonous aftermath of the revolution conservative forces could tug the country away from its strict tradition of secularism. “Nothing is irreversible,” Khadija Cherif, a former head of the Tunisian Association of Democratic Women, a feminist organization. “We don’t want to let down our guard.” Ms. Cherif was one of thousands of Tunisians who marched through the capital on Saturday demanding the separation of mosque and state in one of the largest demonstrations since the overthrow of Mr. Ben Ali. Protesters held up signs saying, “Politics ruins religion and religion ruins politics.” They were also mourning the killing on Friday of a Polish priest by unknown assailants. That attack was also condemned by the country’s main Muslim political movement, Ennahdha, which was banned under Mr. Ben Ali’s dictatorship but is now regrouping. In interviews in the Tunisian press, Ennahdha’s leaders have taken pains to praise tolerance and moderation, comparing themselves to the Islamic parties that govern Turkey and Malaysia. “We know we have an essentially fragile economy that is very open toward the outside world to the point of being totally dependent on it,” Hamadi Jebali, the party’s secretary general said in an interview with the Tunisian magazine Réalités. “We have no interest whatsoever in throwing everything away today or tomorrow.” The party, which is allied with Egypt’s Muslim Brotherhood, says it opposes the imposition of Islamic law in Tunisia. But some Tunisians say they remain unconvinced. Raja Mansour, a bank employee in Tunis, said it was too early to tell how the Islamist movement will evolve. “We don’t know if they are a real threat or not,” she said. “But the best defense is to attack.” By this she meant that secularists should assert themselves, she said. Ennahdha is one of the few organized movements in a highly fractured political landscape. The caretaker government that has managed the country since Mr. Ben Ali was ousted is fragile and weak, with no clear leadership emerging from the revolution. The unanimity of the protest movement against Mr. Ben Ali in January, the uprising that set off demonstrations across the Arab world, has since evolved into numerous daily protests by competing groups, a development that many Tunisians find unsettling. “Freedom is a great, great adventure, but it’s not without risks,” Fathi Ben Haj Yathia, an author and former political prisoner. “There are many unknowns.” One of the largest demonstrations since Mr. Ben Ali fled took place on Sunday in Tunis, where several thousand protesters marched to the prime minister’s office to demand the caretaker government’s resignation, which they accused of having links to Mr. Ben Ali’s regime. Tunisians are literally debating the future of their country on the streets. Avenue Habib Bourguiba, the broad thoroughfare in central in Tunis named after the country’s first president, resembles a Roman forum on weekends, packed with people of all ages excitedly discussing politics. The freewheeling and somewhat chaotic atmosphere across the country has been accompanied by a breakdown in security that has been particularly unsettling for women. With the extensive security apparatus of the old regime decimated, leaving the police force in disarray, many women say they are afraid to walk outside alone at night. Achouri Thouraya, a 29-year-old graphic artist, says she has mixed feelings toward the revolution. She shared in the joy of the overthrow of what she described as Mr. Ben Ali’s kleptocratic government. But she also believes that government’s crackdown on any Muslim groups it considered extremist, a draconian police program that included monitoring those who prayed regularly, helped protect the rights of women. “We had the freedom to live our lives like women in Europe,” she said. Now she is a “little scared,” she said. “We don’t know who will be president and what attitudes he will have toward women.” Mounir Troudi, a jazz musician, disagrees. He has no love for the Ben Ali regime but believes that Tunisia will remain a land of beer and bikinis. “This is a maritime country,” he said. “We are sailors and we’ve always been open to the outside world. I have confidence in the Tunisian people. It’s not a country of fanatics.” Source: “The New York Times” Le 20-02-2011 Lien: http://www.nytimes.com/2011/02/21/world/africa/21tunisia.html
This is not an Islamic revolution
By Olivier Roy The uprisings in Egypt and Tunisia show that Islam is now less potent politically, even as its social dominance grows In Europe, the popular uprisings in North Africa and the Middle East have been interpreted using a model that is more than 30 years old: the 1979 Islamic revolution in Iran. Commentators have been expecting to see Islamist groups – the Muslim Brotherhood and their local equivalents – either at the head of the movement or lying in wait, ready to seize power. But the discretion of the Muslim Brotherhood has surprised and disconcerted them: where have the Islamists gone? Look at those involved in the uprisings, and it is clear that we are dealing with a post-Islamist generation. For them, the great revolutionary movements of the 1970s and 1980s are ancient history, their parents’ affair. The members of this young generation aren’t interested in ideology: their slogans are pragmatic and concrete – “Erhal!” or “Go now!”. Unlike their predecessors in Algeria in the 1980s, they make no appeal to Islam; rather, they are rejecting corrupt dictatorships and calling for democracy. This is not to say that the demonstrators are secular; but they are operating in a secular political space, and they do not see in Islam an ideology capable of creating a better world. The same goes for other ideologies: they are nationalist (look at all the flag-waving) without advocating nationalism. Particularly striking is the abandonment of conspiracy theories. The United States and Israel – or France, in the case of Tunisia – are no longer identified as the cause of all the misery in the Arab world. The slogans of pan-Arabism have been largely absent, too, even if the copycat effect that brought Egyptians and Yemenis into the streets following the events in Tunis shows that the “Arab world” is a political reality. This generation is pluralist, undoubtedly because it is also individualist. Sociological studies show that it is better educated than previous generations, better informed, often with access to modern means of communication that allow individuals to connect with one another without the mediation of political parties – which in any case are banned. These young people know that Islamist regimes have become dictatorships; neither Iran nor Saudi Arabia holds any fascination for them. Indeed, those who have been demonstrating in Egypt are the same kinds of people as those who poured on to the streets to oppose Mahmoud Ahmadinejad in 2009. (For propaganda reasons, the regime in Tehran has declared its support for the opposition movement in Egypt, though this is little more than a settling of scores with Hosni Mubarak.) Many of them are religious believers, but they keep their faith separate from their political demands. In this sense, the movement is “secular”. Religious observance has been individualised. Above all, people have been demonstrating for dignity and “respect”, a watchword that emerged in Algeria in the late 1990s. And the values to which they are laying claim are universal. But the “democracy” that is being called for is not foreign, and therein lies the difference from the Bush administration’s attempt to promote democracy in Iraq in 2003. That did not work, because it lacked political legitimacy and was associated with a military intervention. Today, paradoxically, it is the waning of US influence in the Middle East, together with the pragmatism of the Obama administration, that has allowed a native and fully legitimate demand for democracy to be expressed. That said, a revolt is not a revolution. The new popular movement has no leaders, no structure and no political parties, which will make the task of anchoring democracy in these former dictatorships difficult. It is unlikely that the collapse of the old regimes will automatically lead to the establishment in their place of liberal democracies, as Washington once hoped would happen in Iraq. What of the Islamists, those who see in Islam a political ideology capable of solving all of society’s problems? They have not disappeared, but they have changed. The most radical of them have left to wage international jihad; they are in the desert with al-Qaeda in the Islamic Maghreb, in Pakistan or the suburbs of London. They have no social or political base. Indeed, global jihad is completely detached from social movements and national struggles. Al-Qaeda tries to present itself as the vanguard of the global Muslim “umma” in its battle against western oppression, but without success. Al-Qaeda recruits deracinated young jihadists who have cut themselves off entirely from their families and communities. It remains stuck in the logic of the “propaganda of the deed” and has never bothered to try to build political structures inside Muslim societies. Because al-Qaeda tends to concentrate its activities in the west or aims at so-called western targets elsewhere, its actual impact is next to nil. It is a mistake, therefore, to link the re-Islamisation that has taken place in the Arab world over the past 30 years with political radicalism. If Arab societies are more visibly Islamic than they were 30 or 40 years ago, what explains the absence of Islamic slogans from the current demonstrations? The paradox of Islamisation is that it has largely depoliticised Islam. Social and cultural re-Islamisation – the wearing of the hijab and niqab, an increase in the number of mosques, the proliferation of preachers and Muslim television channels – has happened without the intervention of militant Islamists and has in fact opened up a “religious market”, over which no one enjoys a monopoly. In short, the Islamists have lost the stranglehold on religious expression in the public sphere that they enjoyed in the 1980s. Dictatorships in the Arab world, though not in Tunisia, have often favoured a conservative Islam that is highly visible but not especially political, and that is obsessed with controlling public morals. (The wearing of the hijab, for instance, has become commonplace.) This has meshed with the “Salafist” movement, which emphasises the re-Islamisation of individuals rather than the development of social movements. What has been perceived in the west as a great, green wave of re-Islamisation is in fact nothing but a trivialisation of Islam: everything has become Islamic, from fast food to women’s fashion. The forms and structures of piety, however, have become individualised, so now one constructs one’s own faith, seeking out the preacher who speaks of self-realisation, such as the Egyptian Amr Khaled, and abandoning all interest in the utopia of an Islamic state. The Salafists concentrate on the preservation of religious values and have no political programme. Moreover, other religious currents until now regarded as being in decline, such as Sufism, are flourishing once more. This growing diversity of faith goes even beyond the confines of Islam, as in the cases of Algeria and Iran, where there has been a wave of conversions to Christianity. It is also a mistake to see the dictatorships as defending secularism against religious fanaticism. With the exception of Tunisia, authoritarian regimes in the Arab world have not made their societies secular; on the contrary, they have reached an accommodation with a neofundamentalist form of re-Islamisation in which the imposition of sharia law is called for without any discussion of the nature of political power. Everywhere, official Muslim institutions, based on an austere conservative theology, have been co-opted by the state. This has become so effective that the traditional clerics trained at al-Azhar University in Cairo no longer have anything to say about the main social and political questions of the day. They have nothing to offer a younger generation looking for ways of living their faith in a more open world. These developments have also affected Islamist political movements, as is exemplified by the changing face of the Muslim Brotherhood in Egypt and al-Nahda, the “renaissance party”, in Tunisia. The Muslim Brotherhood has changed in response to troubling events, as much in what seemed like success (the Islamic Revolution in Iran) as in defeat (the repression that has been meted out to it everywhere). A new generation of militants has drawn lessons from this, as have such veterans as Rachid Ghannouchi, founder of al-Nahda. They have understood that seeking to take power in the wake of a revolution leads either to civil war or to dictatorship. And in their struggle against repression, they have come into contact with other political forces and formations. Knowing their own societies well, they are aware that ideology carries little weight within them. They have also learned lessons from Turkey, where Recep Tayyip Erdogan and the AK party have succeeded in reconciling democracy, electoral success, economic development and national independence with the promotion of values that are, if not Islamic, at least “authentic”. Above all, the Muslim Brotherhood no longer advocates an alternative economic and social model. The Brothers have become conservative with regard to morality and liberal on the economy. This is without doubt the most striking evolution in their outlook, because, in the 1980s, Islamists claimed to defend the interests of the oppressed classes and called for state ownership of the economy and redistribution of wealth. Today, the Muslim Brotherhood in Egypt endorses Mubarak’s agricultural counter-reforms, which have returned to landowners the right to raise prices and sack tenant farmers. So complete has this transformation been that Islamists are now wholly absent from the social movements active in the Nile Delta, where there has been a resurgence of the “left”, particularly of trade union militancy. However, the embourgeoisement of the Islamists is at the same time an asset for democracy, because it pushes them towards reconciliation and compromise, and into alliances with other political forces. It is no longer a question, therefore, of attempting to establish whether or not dictatorships are the most effective bulwark against Islamism; Islamists have become players in the democratic game. Naturally, they will try to exert control over public morality, but, lacking the kind of repressive apparatus that exists in Iran, or a religious police on the Saudi model, they will have to reckon with a demand for liberty that doesn’t stop with the right to elect a parliament. In short, the Islamists will either identify themselves with the conventional, Salafist tradition, abandoning in the process any pretence to reconceive Islam’s place in modernity, or else they will make an effort to rethink their understanding of the relationship between religion and politics. In Egypt, the Muslim Brotherhood will play a central role in the coming changes as long as the revolt remains largely apolitical. For the moment, this is still the politics of protest; it is not the dawn of a new type of regime. Moreover, Arab societies remain somewhat conservative. The middle classes that developed following the period of economic liberalisation want political stability. They are protesting, above all, against the predatory nature of dictatorship. Here, a comparison between Tunisia and Egypt is illuminating. In Tunisia, the extended Ben Ali clan weakened all its potential allies by refusing to share not only power, but wealth, too. The business class was swindled by the ruling family and the army marginalised both politically and financially. The Tunisian army was poor, and thus had a corporate interest in seeing the advent of a democratic regime that would give it a bigger budget. In Egypt, by contrast, the regime has had a much larger social base, and the army was involved not just in shoring up political power but also in the administration of the economy, with all the benefits that flowed from that. In this respect, that country is typical of the Arab world. Democratic movements throughout the region will therefore come up against deeply rooted networks of clientelism. Is the demand for democracy capable of overcoming complex arrangements of allegiance and belonging, in the army, among tribes and among the political elite? To what extent will regimes be able to exploit old allegiances – among the Bedouins in Jordan, say, or the tribes of Yemen? Conversely, can such groups themselves become actors in the movement for democratic change? And how will religion adapt to the new situation? The process of change will undoubtedly be long and chaotic, but one thing is certain: the age of Arab-Muslim exceptionalism is over. Recent events point to profound transformations in Arab societies which have been under way for some time, but which until now have been obscured by the distorting optic of western attitudes towards the Middle East. What the convulsions in Egypt and Tunisia show is that people in those countries have drawn the lessons of their own history. We have not finished with Islam, that is for sure, nor is liberal democracy the “end of history”, but we must at least learn to think of Islam in relation to an “Arabic-Muslim” culture that today is no longer closed in on itself – if it ever was. Olivier Roy is professor of social and political theory at the European University Institute in Florence. His most recent book is “Holy Ignorance: When Religion and Culture Part Ways” (C Hurst & Co, £20) This essay, written exclusively for the New Statesman, was translated from the French by Jonathan Derbyshire Source: “New Statesman” Le 15-02-2011 Lien: http://www.newstatesman.com/religion/2011/02/egypt-arab-tunisia-islamic