MAFIA:
Un parrain tunisien reçoit les honneurs
par Slim Bagga Depuis plus de quinze années, le nom de “Trabelsi” est effroyablement lié au racket, au trafic d’influence, à l’enrichissement illicite…bref à un système mafieux qui a vu le jour et prospéré en Tunisie au lendemain des secondes noces de Ben Ali et avec l’encouragement (certains diraient l’impuissance) de ce dernier. Des Domaines de l’Etat à l’hôtellerie, des pièces détachées aux produits contrefaits, de la téléphonie mobile au transport aérien de basse gamme, l’économie tunisienne a été littéralement détournée par cette famille venue de rien et ceux qui lui sont apparentés. Et au lieu d’ordonner la traduction devant la justice de ces voyous et autres rapaces pour donner l’exemple, notre Général-Président qui, tel Rodrigue n’a d’yeux que pour Leïla, vient de décorer de l’insigne de l’Ordre national du mérite le chef du gang Trabelsi, son propre gendre Belhassen, à l’occasion de la Journée de l’Entreprise. Après les tortionnaires à la solde de son régime policier, décorés et promus, voici donc les mafieux et les bandits de grand chemin à l’honneur. Sinon comment expliquer qu’un homme de l’acabit de Belhassen Trabelsi, propriétaire de Kartago Airlines, qui a mis à genoux l’entreprise publique de transport aérien Tunis Air, qui figure sur la liste noire des compagnies à risques, qui fait l’objet de poursuites judiciaires notamment en France par des clients ayant approché la mort dans le ciel, dont la flotte est constituée de vieux appareils acquis en Roumanie au moindre coût en ne tenant compte d’aucune règle de sécurité, soit honoré, décoré et présenté comme un entrepreneur honorable et l’exemple même de la réussite? Qui peut croire un seul instant au “mérite” de Belhassen Trabelsi? On savait que le ridicule n’a jamais tué personne. Mais l’on sait de mieux en mieux à présent contre qui ces pratiques dignes de Cosa Nostra risquent de se retourner à court ou moyen terme. Ben Ali devrait méditer dès à présent le sort des parrains… (Source : « Bakchich.info » (Journal satirique – France), N° 31 du 20 avril 2007) Lien : http://www.bakchich.info/article1042.html
L’ambassadrice de Tunisie à La Haye a besoin d’un recyclage
Sihem Bensedrine A l’occasion de la campagne pour la libération de Mohamed Abbou, plusieurs sections d’Amnesty International dans le monde ont demandé à rencontrer les ambassadeurs en poste dans les capitales européennes. Certains ont accepté de donner des RV, mais la plupart ont refusé de rencontrer les délégations qui souhaitaient les voir pour évoquer le cas de Maître Abbou et se sont fait porter absents pour ne pas avoir à justifier la détention en prison d’un défenseur de droits humains. L’ambassadrice de Tunisie à la Haye, madame Hamida Labidi a trouvé le plus « ingénieux » des arguments pour se dérober. Elle a commencé par reporter le RV de semaine en semaine durant plus d’un mois ; la section d’AI Hollande était revenue à la charge patiemment ; elle s’est alors fait porter malade pendant trois semaines ; mais il fallait bien guérir un jour ! La représentante d’AI, demandait toujours son RV avec beaucoup de patience et non moins de persévérance. Ne voyant plus d’issue à un autre report du RV promis, elle a fait dire par sa secrétaire, que le cas de Mohamed Abbou est pris en charge par la section tunisienne d’AI et qu’elle ne voyait pas pourquoi elle rencontrerait la section hollandaise à ce sujet! Pour ceux qui ignorent le fonctionnement d’AI, les sections nationales ne prennent jamais en charge les cas qui ont lieu sur leur territoire. Madame l’ambassadrice a omis de s’instruire sur ce volet de son mandat. (Source : Kalima , le 19 avril 2007) Lien : http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=529
Tunisia FDI jumps 72 pct in Q1 on services rise
Reuters, le 20 avril 2007 à 14h05 TUNIS, April 20 (Reuters) – Foreign direct investment in Tunisia, which is eager to lure more foreign investors to create jobs, rose to 280.3 million dinars ($217.62 million) in the first quarter this year from 163 million dinars in the same period last year, official data showed on Friday. The increase of foreign investment flow was the highest in the services business totalling 54.4 million dinars versus just 4.6 million dinars in the previous year. Analysts said the north African country struggles to attract more foreign investment in services and new information technology to spur stronger growth needed to reduce unemployment, officially at 13.9 percent. Services account for 20 percent of Tunisia gross domestic product. The rate is expected to rise to 35 percent in the next decade. Foreign direct investment in the manufacturing sector inched up 3 percent to 48.2 million dinars while energy industry drew 170 million dinars versus 100 million dinars. The government envisages foreign investment value to be 1.3 billion dinars this year from 1.2 billion dinars in 2006, excluding privatisation income. It hopes foreign investment will represent 26.1 percent of gross domestic product by 2016 versus 22.7 percent this year. The government says 2.803 foreign companies are present in Tunisia against 900 firms in the 1990s on the back of investor-friendly reforms which has bolstered its attractivness as a low-cost business platform with a highly qualified workforce on Europe’s doorstep.
Une pluie de cartes anniversaires pour Mohammed
par François Montaufray
“je suis l’animateur du groupe ACAT/jeunes du Havre (action des chrétiens pour l’abolition de la torture ). Nous agissons depuis bientôt 20 ans en faveur de prisonniers partout dans le monde, et depuis janvier nous avons pris en charge Mohammed Ben Mohammed.
Voici son histoire :
le 3 avril 2004 il est arrêté illégalement, son domicile est fouillé. Torturé pendant sa garde à vue au ministère de l’Intérieur à Tunis, contraint à signer un procès verbal, et écroué en vertu de la loi antiterroriste du 10 décembre 2003.
Il est détenu à la prison du 9 avril à Tunis dans des conditions inhumaines avec des droits communs : cellule de 40 lits pour 140 détenus et la violence entre les détenus l’avaient conduit à une longue grève de la faim en mai 2005.
Condamné en première instance à 10 ans d’emprisonnement dans l’affaire dite de « Bizerte », une des premières où s’appliquait la loi anti-terroriste. Procès très suivi par les défenseurs des droits de l’homme nationaux et internationaux ainsi que le journal « Libération ». Mohammed avait été parrainé par l’ACAT pendant toute sa détention.
Le 3 juillet 2005 il est acquitté en appel avec 5 autres.
Il n’a jamais pu réintégrer Tunisie Télécom ; il a commencé un projet de ruches et de miel, mais la sûreté de l’Etat l’a harcelé : contrôles, questionnaires, engagement à ne pas porter la barbe, retenue jusqu’à la nuit entière au poste de police. Lors du dernier ramadan, il ne pouvait quitter son domicile sans les avertir. Et sur son acquittement de 2005 : « ton père a dû payer cher ta libération ! »
Le 20 janvier 2007 la sûreté s’est présentée à son domicile en son absence et l’a convoqué au district de Bizerte. Sa famille l’a cherché pendant deux semaines avant de le retrouver à la prison d’El Mornaguia. Il a été torturé pendant ces 15 jours au secret.
Le 6 mars 2007, 19 détenus du quartier Karraka de Mornaguia dont Mohammed et 8 autres prisonniers politiques ont été violemment agressés par des gardiens (coups de bâtons, de poings et de pieds) après qu’ils aient fait la prière du matin collectivement.
Le lundi 2 avril 2007, 38 détenus de Mornaguia dont Mohammed ont entamé une grève de la faim pour exiger leur libération. En solidarité avec leurs enfants, leurs familles les ont accompagnés dans cette grève qui a duré 3 jours.
Ces faits nous montrent combien la société tunisienne est gangrenée par l’arrestation et la torture d’un nombre de plus en plus important de ses citoyens: souvent des croyants convaincus, la sûreté de l’état faisant l’amalgame entre terroristes islamistes et musulmans pratiquants !
Il me semble que le parcours de Mohammed, un parmi tant d’autres, est exemplaire de la politique du gouvernement tunisien à l’encontre des opposants : procès, harcèlement, incarcération…
Dans quelques jours le 28 avril, Mohammed aura 30ans !
Avoir 30 ans en prison dans ces conditions, c’est épouvantable. Aussi je propose de participer à la démarche que nous lançons aujourd’hui :
“Une pluie de cartes anniversaires pour Mohammed”
Il suffit de trouver une très belle carte postale, d’écrire quelques mots de sympathie pour Mohammed, de l’affranchir à 0,60 euro, et de l’envoyer à :
Mohammed Hajj Ali Ben Saïd Ben Mohammed, n°3259
Prison d’el Mornaguia, 1110 Mornaguia, Gouvernorat de Mannouba, TUNISIE
Geste dérisoire mais pouvant montrer notre soutien à un détenu, et à travers lui à tous les autres prisonniers politiques tunisiens.
pour tout renseignement :
acat@montaufray.com
groupe ACAT/jeunes
34 rue Lord Kitchener
76600 Le Havre
Il y a ceux qui voient le monde tel qu’il est et qui se demandent pourquoi . Et il y a ceux qui imaginent un monde plus juste et qui disent : « pourquoi pas ? »
(Source : www.reveiltunisien.org , le 19 avril 2007)
A propos de Salim Sabbah
Reveiltunisien a publié il y a quelques temps une série d’articles “Le compte à rebours a commencé en Bosnie.. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont menacés”
http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2500
Nous nous sommes aperçus qu’un certain Salim Sabbah avait repris certains de ces articles en y apposant sa signature après en avoir déformé le fonds et la forme. Cette personne se revendiquant historien et universitaire s’est livré à un plagiat honteux ne respectant les règles élémentaires de l’honnêteté intellectuelle.
RT accepte la reprise de son contenu sans aucun soucis, sans besoin de nous contacter et parfois même sans que la source ne soit citée.
Pour autant, nous n’acceptons la malhonnêteté et la récupération du travail de personnes qui se sont investies sans compter pour faire paraître ces informations.
C’est pourquoi nous avons demandé à Salim sabbah de retirer ces articles de son blog et pas uniquement d’en préciser la source. Celui-ci n’ayant pas accédé à notre demande, nous sommes contraints de publier cette mise au point.
Nous acceptons par avance ses excuses pour ce vol et cette falsification.
Hasni
pour reveiltunisien.org
Annonce d’une émission TV:
Le dimanche 22.04.2007
08.30h..09.00h sur “Phoenix”
*Schätze der Welt*
Erbe der Menschheit: Heilige Stätten des Islams, zum Thema Glauben und Leben gibt es Infos über Kairouan und Damaskus.
Transport ferroviaire:
Un projet pour desservir Médenine et Kairouan à l’étude !
Les études effectuées par les structures spécialisées montrent que la mobilité terrestre des voyageurs va s’accroître à un rythme très soutenu durant les années à venir. Parmi les options envisagées pour répondre à cette évolution de la demande figure le développement du domaine ferroviaire à travers le prolongement des grandes lignes plus loin vers le Sud et le Centre-Ouest du pays.
Les multiples avantages que procure le transport ferroviaire de voyageurs, qui se caractérise particulièrement par sa grande capacité d’embarquement, sa très bonne performance en matière d’économie d’énergie et sa faible nuisance écologique, font que le train figure au cœur des orientations futures relatives au développement du secteur du transport des passagers en Tunisie.
Dans le chapitre consacré au transport terrestre des voyageurs du rapport élaboré par les services spécialisés du ministère de l’Environnement et du développement durable qui expose les orientations de développement durable en Tunisie à l’horizon 2020, on prévoit que la demande en matière de transport terrestre en Tunisie s’apprête à connaître une évolution soutenue au cours de la période à venir et qui s’étale jusqu’à 2020. Les estimations faites à ce propos font état d’une croissance annuelle de près de 5% du nombre de voyageurs par voie terrestre.
Evalué actuellement à environ 400 mille voyageurs par jours (v/j), tous modes de transport confondus, ce nombre doit dépasser en 2020, d’après les estimations, les 724 000 v/j.
Constituant un choix stratégique qu’il faut développer, le transport ferroviaire est appelé à accroître ses capacités au cours de la même période. Le nombre de voyageurs sur les réseaux ferroviaires devrait dépasser les 36 mille passagers par jour contre 16 mille à l’heure actuelle.
Pour ce faire, les options futures exposées par le rapport et relative au développement des capacités du réseau ferroviaire portent notamment sur les lignes interurbaines, considérées d’ores et déjà assez rentables. Les options envisagées portent sur les principales lignes de la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCFT), en l’occurrence celles reliant successivement les villes Tunis-Sfax-Gabès et Tunis-Bèja-Ghardimaou.
Pour la première ligne (Tunis-Sfax-Gabès) le scénario actuellement à l’étude porte sur un prolongement, et à long terme si possible, son électrification de la voie unique pour qu’elle atteigne la ville de Médenine. A partir de la récente remise en service de la liaison Sfax-Métlaoui, on étudie la possibilité de prolonger cette ligne se prolonge pour desservir la ville de Kairouan.
Ces scénarios, une fois concrétisés, permettraient de faire d’une pierre deux coups : réduire la facture énergétique et réaliser une raccordement optimal du territoire national au réseau du transport.
(Source : « Le Quotidien », (journal quotidien – Tunis), le 20 avril 2007)
www.discoverislamicart.org
Expositions virtuelles sur l’art islamiques en Méditerranée
Les grandes dynasties islamiques de la Méditerranée font l’objet de 18 expositions virtuelles ”découvrir l’art islamique en Méditerranée”, mettant l’accent sur le passionnant héritage artistique et culturel de cette région.
Ces expositions ont été au centre d’une présentation tenue, mercredi, au siège de la Bibliothèque nationale de Tunis, en présence de certains coordinateurs de ce projet, à l’occasion de son inauguration simultanée dans 13 autres pays méditerranéens.
Ce projet est coordonné par Musée sans frontières qui met en valeur quelques 244 monuments et 603 objets provenant de 40 musées et de 14 pays.
L’adresse ” www.discoverislamicart.org ” permet une visite à travers 13 siècles d’histoire islamique, depuis les califes omeyyades (661-750) jusqu’à la fin de l’empire ottoman en 1922. Disponibles en 8 langues, les expositions virtuelles traitent aussi des thèmes comme l’art figuratif, la calligraphie arabe, la place de la femme, la décoration géométrique, l’eau, le pèlerinage ou la décoration florale et végétale ainsi que des situations de contact entre l’histoire de l’Europe et celle de la Méditerranée islamique.
Intervenant par le biais d’une visio-conférence, la commissaire européenne chargée des relations extérieures et de la politique européenne de voisinage a souligne que l’exposition rappelle que l’héritage culturel de l’islam méditerranéen fait partie du paysage culturel européen et permet de prendre la mesure du large éventail d’expressions artistiques dans les différents pays du pourtour méditerranéen tout au long de leur histoire commune. Cela reflète, a-t-elle ajouté, cet esprit de coopération entre les peuples et les cultures, lequel esprit est encouragé par l’Union européenne.
De son côté, la présidente du musée sans frontière a indiqué que le projet constitue un apport significatif dans la vie d’un grand nombre de musées et d’institutions culturelles à travers l’Europe et la Méditerranée.
Présent à cette séance de présentation, le conservateur du musée de Mertola au Portugal, collaborateur au projet a mis en exergue l’importance de la double perspective de cette ”expérience unique” qui permet un accès libre aux objets et un développement permanent aussi bien économique que culturel et touristique des régions du Nord et du Sud de la Méditerranée.
Ces expositions sont accompagnées d’un ouvrage richement illustré de 272 pages intitulé ”Découvrir l’art islamique en Méditerranée” qui a été présenté par la même occasion.
Il s’agit de 22 chapitres rédigés par 39 auteurs de 14 pays et proposent une lecture complémentaire des thématiques des expositions en les intégrant dans un contexte historique plus vaste. De l’Espagne à la Syrie et de la Turquie à la Tunisie, les arts de l’islam méditerranéen témoignent d’une diversité et d’une créativité exceptionnelles.
L’art islamique ouvre la voie vers une meilleure compréhension de l’histoire de la méditerranée du point de vue islamique tout comme occidental. Chacune des oeuvres présentées offre une preuve tangible des liens culturels qui ont longtemps uni les pays de la région euro-méditerranéenne.
Ce projet est financé par le programme Euromed Heritage de la Commission européenne. Son élaboration a nécessité une dizaine d’année avec la contribution de plus de 300 collaborateurs parmi les experts et les institutions culturelles.
(Source : « www.infotunisie.com », (Officiel), le 18 avril 2007)
Le Maghreb inquiet de l’issue de la “bataille d’Al-Qaïda en Irak” (analystes)
AFP, le 20 avril 2007 à 08h37
Par Mona SALEM CASABLANCA (Maroc), 20 avr 2007 (AFP) – Une éventuelle victoire d’Al-Qaïda en Irak aurait de graves répercussions au Maghreb et montrerait la voie aux groupes jihadistes qui lui sont dévoués dans la région, estiment des analystes marocains. Après les attaques en mars et avril à Casablanca (Maroc) et à Alger, les services de sécurité maghrébins poursuivent leurs efforts pour arrêter les membres des groupes jihadistes. Des responsables, comme le ministre marocain de la Communication Nabil Benabdellah, affirment que la lutte contre le terrorisme est d’abord “idéologique et culturelle”. Plusieurs analystes se montrent inquiets de la situation à l’extrémité orientale du monde arabe. “L’Irak est devenu une université du martyr”, estime Mohamed Tozy, professeur de sciences politiques à l’université Aïn-Chok de Casablanca, reprenant l’expression du chef d’Al-Qaïda en Irak, Abou Omar Baghdadi. “Nous annonçons la sortie, pour la première fois dans l’histoire de l’Irak, du premier groupe de lauréats d’officiers du jihad qui sont d’un haut niveau international”, avait déclaré Baghdadi, chef de “l’Etat islamique d’Irak” dans un enregistrement diffusé mardi sur l’internet. “Si l’Afghanistan était une école qui a produit les combattants d’Al-Qaïda, c’est en Irak que se trouve l’université”, avait-il ajouté. “L’Irak est devenu un terrain d’expérimentation en taille et temps réels et l’Irak sert désormais de modèle” pour les jihadistes, a ajouté M. Tozy, qui note que “se balader en permanence avec une ceinture d’explosifs est un mode opérationnel signé Zarqaoui”. Abou Moussab Zarqaoui, chef d’Al-Qaïda en Irak, a multiplié les opérations kamikazes jusqu’à sa mort dans un bombardement américain en juin 2006. “La plupart des jihadistes salafistes accordent maintenant la priorité à l’Irak. S’ils gagnent, ils élargiront leur champ de bataille au Maghreb et s’ils échouent, le salafisme jihadiste devrait normalement reculer”, estime-t-il. Ce point de vue est partagé par Mohamed Darif, professeur de sciences politiques à l’université de Mohammedia, qui estime que “ce qui se passe au Maghreb ne peut être isolé de ce qui se déroule dans d’autres pays”. “A partir de 2004 et de la structuration d’Al-Qaïda en Irak par Zarqaoui, cette organisation a revu sa stratégie. Elle a décidé qu’au lieu de disperser ses efforts dans la lutte contre plusieurs régimes arabes, elle doit les concentrer sur l’Irak”, estime M. Darif. “Pour Al-Qaïda, instaurer l’Etat islamique dans le monde arabe commence d’abord par un Etat islamique en Irak”, ajoute M. Darif. Entre 2004 et 2006, les organisations liées à Al-Qaïda au Maghreb se sont focalisées sur le recrutement de combattants pour l’Irak, affirme-t-il. Les autorités marocaines ont démantelé durant les trois dernières années 16 cellules qui cherchaient à envoyer des combattants en Irak, la dernière étant celle de Tétouan (nord) démantelée au début de 2007. “Le Maroc demeure encore pour Al-Qaïda une base arrière de soutien logistique à l’Irak”, affirme ce spécialiste. Les dernières explosions à Casablanca constituent “une réaction au démantèlement de cellules après une coopération avec l’Algérie, la Mauritanie et des pays européens”, ajoute M. Darif. “C’est aussi un message aux autoriés marocaines disant: +vos informations sont lacunaires puisque les jeunes qui se sont fait exploser le 14 avril près du consulat général des Etats-Unis ne figuraient sur aucune liste de recherchés+”, a-t-il dit. AFP
Quand Al Qaïda vise le Maghreb
Par Taïeb Zahar C’est le 11 avril qu’Al Qaïda a frappé en plein cœur d’Alger, à l’entrée du Palais du Gouvernement et dans un poste de police prés de l’aéroport Houari Boumediene. Al Qaïda semble avoir une prédilection pour le chiffre 11. Le 11 septembre à New York et le 11 mars à Madrid… Les attentats d’Alger ont eu lieu dans un contexte marqué sur le plan intérieur par la poursuite d’actions militaires d’envergure à l’Est du pays contre des groupes terroristes et sur le plan maghrébin par la recrudescence des tentatives d’attentats heureusement déjoués à temps par la police marocaine à Casablanca et les suicides de kamikazes. Les attentats d’Alger sont venus illustrer une triste réalité : les terroristes, même s’ils sont fortement diminués, gardent une capacité de nuisance et peuvent frapper au moment qu’ils choisissent . Pour les Algériens, l’inquiétude est réelle et légitime : celle de voir ressurgir les actions criminelles qui ont endeuillé le pays pendant près d’une décennie. Ces attentats sont porteurs de quelques enseignements qu’il convient de souligner. Le terrorisme est certes résiduel, mais il peut encore réagir et certains observateurs mettent ces actes sur le compte des défaites que subissent les groupes d’Al Qaïda en Algérie sous l’effet des opérations menées par les forces de l’ordre dans les régions où ils sont implantés ; ce serait une réaction de désespoir pour rappeler que les terroristes ne sont pas sur le point d’abandonner leur projet. Cependant les objectifs de tels attentats sont médiatiques et également politiques ; il s’agit de montrer que la politique d’apaisement du Président Bouteflika n’a pas atteint ses buts, que le pays n’est pas sûr ; ce message s’adresse aux Algériens à la veille des élections législatives du mois de mai prochain et aux investisseurs étrangers attirés par les potentialités énormes de l’Algérie, qui a amorcé un certain décollage économique porteur de grands espoirs de voir ce pays amorcer son développement économique et social. Déjà, en Algérie, on commence à mettre en doute l’efficacité de la politique de réconciliation prônée par le Président Bouteflika ; certains vont même jusqu’à avancer que de nombreux islamistes amnistiés dans le cadre de cette initiative ont rejoint les groupes terroristes. On doit cependant relativiser les choses car la situation de l’Algérie aujourd’hui n’est pas comparable à celle qui prévalait dans les années 90. Depuis, le mouvement islamiste a été profondément affaibli et l’on peut dire que la majorité des Algériens lui ont tourné le dos. D’autre part, à l’époque de la montée en force des islamistes, le pays était confronté à une grave crise économique et sociale due à l’héritage de décennies de blocages économiques et à la baisse des prix du pétrole – qui constitue la principale ressource de l’Algérie -. Aujourd’hui, le pays dispose de plus de 70 milliards de dollars de réserves, la confiance est revenue, les investisseurs étrangers arrivent et s’implantent dans un pays auquel ils accordent un intérêt évident et les signes de la croissance sont bien réels. C’est un nouveau climat que les terroristes d’Al Qaïda veulent torpiller car ils savent que c’est la crise économique et les problèmes sociaux qui sont le meilleur terreau pour leur action. La menace est sérieuse, non point que le terrorisme puisse déstabiliser le régime mais il peut annuler les effets positifs de la situation politique et de la conjoncture économique et engager le pays dans des combats marginaux dont il n’a nullement besoin. L’attentat d’Alger – fortement médiatisé en raison du nombre de ses victimes et de son caractère spectaculaire – survient quelques semaines après les évènements de la fin de l’année dans la banlieue de Tunis et au moment où le Maroc fait face à des menées terroristes ; il porte une signification importante qui doit être soulignée et dont on doit tirer les conclusions qui s’imposent : la menace est devenue maghrébine et ce n’est pas un hasard si le G.S.P.C a choisi de se dénommer Organisation d’Al Qaïda pour le Maghreb islamique. Dorénavant, le champ d’action de ces groupes est le Maghreb et subsidiairement les pays limitrophes de l’Afrique du Sud du Sahara. Cette dimension maghrébine du terrorisme explique l’intérêt manifesté par des pays comme la France ou Espagne, qui craignent des attentats sur leur propre territoire et surtout les Etats-Unis qui veulent conduire la lutte contre le terrorisme dans le monde et tiennent à renforcer leur présence dans la région, surtout qu’ils envisagent une coopération plus étroite notamment avec l’Algérie sur les plans économique et également sécuritaire. Tous les pays du Maghreb sont visés par le terrorisme à des degrés divers, certes, mais aucun d’entre eux n’échappe aux projets des islamistes d’Al Qaïda. Les situations dans les trois pays sont différentes et les raisons de l’émergence du phénomène islamiste le sont également. La situation en Tunisie présente des risques inférieurs à ce qui pourrait se passer en Algérie et au Maroc, même s’il y a une vraie inquiétude de l’opinion publique pour des raisons qui tiennent à la fois de l’histoire, du modèle de développement et des progrès réalisés en matière de développement social et humain : scolarisation, promotion de classes moyennes ouvertes au progrès et à la tolérance, acquis sociaux qui ont réduit la fracture sociale. En quelque sorte, la manière dont la Tunisie a géré le problème islamiste depuis le Changement du 7 Novembre a réduit les risques d’expansion de l’islamisme radical et de sa composante terroriste ; mais tout cela ne signifie nullement que notre pays est à l’abri d’attentats terroristes dont le propre est de frapper là où l’on s’y attend le moins et aussi parce que le terrorisme, avec ses ramifications et ses réseaux, dépasse les frontières et peut être importé. Face à ce terrorisme qui se place au niveau maghrébin, les pays de la région doivent dépasser leurs différends et adopter une riposte commune contre ces organisations qui menacent leurs acquis, leur stabilité et leur avenir. L’objectif prioritaire est de neutraliser ces groupes et de prévenir leurs actions ; pour cela et dans l’immédiat, les pays maghrébins doivent intensifier la coordination de leurs services de sécurité car dans ce genre de situations l’information est essentielle. Cependant le côté sécuritaire doit s’accompagner d’une stratégie en profondeur qui vise les racines du phénomène terroriste et elle ne peut avoir d’effet notable que dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe qui doit être réactivée au plus tôt et le problème du Sahara occidental impérativement résolu; c’est là un objectif qui ne saurait attendre davantage. Le Maghreb est la meilleure antidote contre le terrorisme et ses causes. Pour au moins deux raisons. La première est qu’il constitue pour nos jeunesses un idéal pour lequel on doit militer, surtout que ces jeunesses sont en manque d’idéal et se laissent ainsi tenter par les aventures les plus extrêmes. La deuxième est que le “Non Maghreb” coûte cher en matière de points de croissance pour nos pays et retarde ainsi leur développement économique et social ; ces points perdus sont autant de points marqués par l’extrémisme qui se nourrit du sous-développement, des écarts sociaux et de l’absence de perspectives d’avenir. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1112 du 19 avril 2007)
“Bourguiba, les Beys et la République”
Par Talha Husseini Suite à la publication de notre article sur ‘‘Bourguiba, les Beys et la République’’ de Béchir Turki, nous avons reçu de M. Talha Husseïni les précisions suivantes : Je suis un fidèle lecteur de Réalités et, étant le fils aîné de feu Slaheddine Bey, cadet des fils de Sidi Mohamed Lamine Bey, 19ème et dernier roi de Tunis, j’ai lu avec un intérêt mitigé l’article de M. Béchir Turki paru dans le N°1102 de Réalités. Si certaines données historiques sont racontées avec précision pour la mémoire collective afin que l’histoire ne s’oublie pas, il reste des périodes vécues par la famille, qui sont mal ou moyennement racontées, par manque d’éléments en possession de l’auteur. Mon père a en effet été incarcéré dans la prison civile d’une manière arbitraire (et sans être jugé) pendant deux longues années qui ont été pénibles pour lui et pour nous, car feu Habib Bourguiba nous avait littéralement jetés dehors du palais de Carthage sans ressources aucune, avec juste nos habits. J’avais 13 ans et nous avions survécu à la tragédie grâce notamment à l’aide de Mme Dalila Rochdi (qui n’était pas danseuse active de son état) et grâce aussi à certains amis juifs tunisiens, dont le docteur Lelouch, et à feue Lella Zakia, épouse de feu le docteur Hamadi Ben Salem. Nous (mes deux sœurs et mon frère cadet) étions jeunes et je me souviens encore que nous n’avions pour dormir que des lits de camp et aucun moyen de subsistance. Un changement de statut des plus difficiles à gérer. Bref, mon intervention se situe beaucoup plus sur le poste occupé par feu mon père à sa sortie de la prison civile, exactement le 20 mars 1959. Mon père n’a jamais été employé de café (comme M. Turki le dit), mais exerça de 1960 à 1984, en qualité d’ingénieur avicole à l’Office de Mise en Valeur de la Medjerda. Mon père avait deux grandes passions, le football (il a fondé le fameux Club sportif d’Hammam-Lif) et l’aviculture. J’ajouterai aussi les voitures de sport. Il a réalisé en 1960, le premier et plus grand centre avicole d’Afrique du Nord. Ses connaissances dans ce domaine étaient sans compromis et il les doit à son amour pour l’aviculture dès son jeune âge et quand il était Prince régnant. Je rappelle aussi que les visiteurs officiels durant le règne de Bourguiba rendaient obligatoirement visite à ce centre devenu réputé, tant par sa production au niveau national que par sa tenue. D’ailleurs feu Habib Bourguiba en avait fait l’éloge dans un de ses fameux discours aux Palmarium. A son départ à la retraite en 1985, mon père acheta un fonds de commerce à la rue de Madrid et il ouvrit une petite cafétéria-pâtisserie. C’est cette période que cite M. Turki dans son reportage qui est erroné. Je vous prie donc de faire paraître cette mise au point qui me permet de rectifier ce passage de la vie de mon père, et vous en remercie. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1112 du 19 avril 2007)
La Banque mondiale en passe de réhabiliter le rôle de l’Etat
Matthieu Auzanneau La Banque mondiale change d’ère. Son prochain Rapport mondial annuel sur le développement, qui doit être rendu public en septembre, encourage les gouvernements des pays pauvres à encadrer et à soutenir leurs paysanneries, prenant à contre-pied la doctrine néo-libérale “d’ajustement structurel” défendue par le bailleur de fonds international depuis une génération. Pour la première fois depuis 1982, ce rapport, qui oriente la stratégie de la Banque mondiale, se concentre sur l’agriculture. Délaissée par les politiques de lutte contre la pauvreté, l’aide au secteur agricole redevient un enjeu majeur. La version provisoire du World development report 2008 dont Le Monde.fr a eu connaissance débute par un constat : “Il est frappant de voir que les trois quarts des pauvres des pays en développement sont des ruraux : 2,1 milliards d’individus vivent en dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour, soit un tiers de l’humanité (…). Bien que l’agriculture ne soit pas le seul instrument capable de les sortir de la pauvreté, c’est une source hautement efficace de croissance pour y parvenir.” “LES BAILLEURS ONT TOURNÉ LE DOS À L’AGRICULTURE” Suit un diagnostic qui sonne comme l’aveu d’un fourvoiement : “Malgré cela, la puissance de l’agriculture pour le développement a trop souvent été sous-utilisée. Avec la domination de l’industrialisation dans le débat politique, le développement par l’agriculture n’a souvent même pas été considéré comme une option. Les pays en développement connaissent très fréquemment un sous-investissement et un mal-investissement dans l’agriculture, de même que des travers politiques qui jouent à l’encontre de l’agriculture et des populations rurales pauvres. Et les bailleurs ont tourné le dos à l’agriculture. Cet abandon de l’agriculture a eu des coûts élevés pour la croissance, le bien-être et l’environnement.” Le rapport, en cours de validation par les Etats membres de la Banque, est examiné par le ministère des affaires étrangères français depuis le début du mois d’avril. Même si son contenu peut encore évoluer (et être édulcoré), “la Banque mondiale est déterminée à entériner cette évolution historique de son discours”, atteste un haut responsable du bailleur de fonds international à Washington. Le Français Michel Griffon, responsable de l’agriculture et du développement durable au sein de l’Agence nationale de la recherche, se réjouit d’un tel revirement, “qui devrait orienter l’action de la Banque mondiale pour vingt ans”. “C’est le document que nous attendions de la Banque mondiale depuis plus de vingt ans, depuis que les politiques d’ajustement structurel ont balayé les politiques publiques agricoles antérieures sans les remplacer”, applaudit-il. FIN DU “CONSENSUS DE WASHINGTON” Constatant que la part de l’agriculture dans les dépenses publiques a reculé entre 1980 et 2004, que ce soit en Afrique (de 6,4 % à 5 %), en Amérique Latine (de 14,8 à 7,4 %) ou en Asie (de 8 à 2,7 %), le texte de la Banque mondiale insiste sur la nécessité de relancer ces aides. “La croissance agricole, bien que conduite par le secteur privé et le marché, est très dépendante du soutien du secteur public. C’est pourtant dans les pays où l’agriculture est la plus vitale que les Etats tendent à être les plus faibles. (…) La mise en place de politiques de développement agricole réclame de solides stratégies nationales et une administration publique œuvrant en faveur d’une distribution et d’une responsabilité financière efficaces (…).” Vincent Ribier, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, a participé à une réunion d’experts sur le rapport au Quai d’Orsay le 6 avril dernier. Impressionné par ce changement de ton, il affirme : “Les politiques néo-libérales d’ajustement structurel défendues par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont eu un impact très direct et très négatif sur le monde rural dans les pays pauvres.” Selon cet économiste, la Banque mondiale s’apprête à sceller pour la première fois dans un rapport international majeur “la fin du consensus de Washington”, qui résume depuis 1989 la stratégie des experts de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et du département du Trésor américain : privatisation, déréglementation, impôts faibles, libéralisation des échanges. L’un des auteurs principaux du rapport confirme : “On s’est clairement placés au-delà du consensus de Washington, parce que la pauvreté n’a pas reculé, et que maintenant il y a l’urgence environnementale.” A l’heure où selon les Nations unies, l’exode rural n’a jamais été aussi rapide dans l’histoire, la nouvelle ligne adoptée par le rapport de la Banque mondiale trouve son origine dans le constat de nouveaux périls. “L’accélération du changement climatique, l’imminence d’une crise de l’eau, la lente adoption des nouvelles biotechnologies, et le bourgeonnement de la demande de biocarburants et d’aliments pour le bétail créent de nouvelles incertitudes sur les conditions dans lesquelles la nourriture sera disponible dans l’économie mondiale”, prévient la Banque mondiale. (Source : « LeMonde.fr » (Site du Quotidien – France), le 20 avril 2007)
Présidentielles en Turquie: le port du voile, casse-tête chronique, revient d’actualité
AFP, le 20 avril 2007 à 08h34
Par Burak AKINCI ANKARA, 20 avr 2007 (AFP) – La Turquie laïque bannit le foulard dans les administrations et sur les campus, mais l’éventualité que la prochaine Première dame du pays porte ce symbole de l’islam politique creuse davantage le fossé entre laïcs et religieux.
Emine Erdogan, l’épouse du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, porte le voile depuis sa jeunesse comme la plupart des épouses des cadres du parti de la Justice et du Développement (AKP), qui a ses racines dans la mouvance islamiste mais qui refuse ce label. L’élection présidentielle (prévue en mai) pourrait bien voir la victoire de M. Erdogan, qui entretien le mystère sur ses prétendues ambitions. Le voile, un marqueur identitaire fort chez les électeurs de base de l’AKP, irrite les laïcs et cristallise passions et polémiques. Le débat est engagé sur la question: est-ce qu’un homme dont l’épouse porte le voile islamique peut prétendre au plus haut poste administratif d’un Etat laïque? M. Erdogan, depuis l’accession au pouvoir de son parti en 2002, n’a pas caché son souhait d’assouplir la loi sur le voile, sans cependant y arriver à cause de l’opposition de l’establishment laïque, dont l’armée, qui voit dans le foulard un signe ostensible de l’ingérance de la religion dans la politique.
Emine Erdogan est perçue comme un symbole de ce militantisme qui menacerait la République : une Première dame voilée est tout simplement inconcevable aux yeux des cercles laïcs.Ses deux filles ont été envoyées poursuivre leur études aux Etats-Unis afin qu’elles puissent rester voilées. La presse laïque publie régulièrement des photos de Mme Erdogan et de la reine Rania de Jordanie ou de la Première dame de Syrie Asma al-Assad, toutes les deux non-voilées, pour marquer le paradoxe entre la Turquie laïque et ces pays arabes.Ni Emine Erdogan, ni les autres femmes voilées des cadres AKP n’ont jamais été invitées au palais présidentiel par le chef d’Etat sortant Ahmet Necdet Sezer, un laïc convaincu qui estime que le palais doit être fermé au foulard. Le chef de l’Etat est également le commandant en chef des forces armées turques. Alors comment concevoir un commandant suprême à la femme voilée alors que le foulard islamique est strictement interdit pour les épouses des officiers de l’armée, qui se considère la gardienne des principes séculiers? Le chef-d’état major, le général Yasar Büyükanit, a esquivé une question à ce sujet lors d’une récente conférence de presse tout en affirmant vouloir un président attaché à la laïcité. Emine Erdogan, si son mari est élu à la magistrature suprême, ne sera cependant pas la première à porter le foulard au palais présidentiel de Cankaya.
En effet, Latife Ussaki, l’ephémère épouse du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, se couvrait la tête aux débuts de la république fondée en 1923. Mais elle s’est dévoilée avec les réformes laïques, y compris vestimentaires, qui découragaient les femmes de porter le voile et interdisaient aux hommes le port du fez et du turban.Toutefois, contrairement aux idées reçues, selon un rapport publié en 2006, le port du voile est en recul chez les Turques. Sur 1.500 personnes interrogées, 36% affirment sortir dans la rue sans voile. Elles n’étaient que 27,3% en 1999.
Une certaine “bourgeoisie islamiste” est née ces dernières années dans les grandes villes turques.Des défilés de mode aux couleurs islamistes, inconcevables il y une dizaine d’années, sont devenues des événements banals dans les métropoles. Dans son livre intitulée “Musulmanes et modernes: Voile et civilisation en Turquie”, la sociologue turque Nilüfer Göle note que derrière le voile apparaît un nouveau profil de femme musulmane: éduquée, urbanisée et revendicative.
AFP