2 mai 2010

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TUNISNEWS
10 ème année,N° 3631 du 02.05.2010
 archives : www.tunisnews.net 


Reporters sans frontières: Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, est un des prédateurs de la liberté de la presse PDP Fédération de Nabeul: Communiqué Assabilonline: Le jeune Abdelghaffar Guiza est victime d’une agression et une voiture de police tente de l’écraser Assabilonline: Lotfi Mannaï lance un appel pour en finir avec les dépassements et les menaces Ghanem Chraïti / Boubaker Ben Boubaker prisonniers du bassins miniers :  Communiqué Association des Tunisiens en France: L’Immigration Tunisienne Solidaire des Luttes Sociales, Démocratiques et Anticoloniales Slim Bagga: Aux Tunisiens d’arracher la liberté de leur presse! Slim Bagga: Why the Tunisian people need to fight for press freedom Slim Bagga: Es liegt in der Hand der Tunesier, sich die Freiheit ihrer Presse zu erkämpfen! AFP: Pourquoi j’ai été chercher Taoufik Ben Brik en Tunisie El Watan: Taoufik Ben Brik « On m’a enfoncé un entonnoir dans la bouche pour me forcer à boire »


  REPORTERS SANS FRONTIERES Communiqué de presse (http://www.rsf.org) 3 mai 2010

Tunisie Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, est un des prédateurs de la liberté de la presse

 


Depuis son arrivée au pouvoir en 1987, Zine el-Abidine Ben Ali contrôle le pays et les médias d’une main de fer. Sa réélection en octobre 2009 pour un cinquième mandat de cinq ans a conduit à un rétrécissement du champ des libertés. Au début de son quatrième mandat en 2004, le président Ben Ali avait pourtant déclaré vouloir poursuivre son action « en vue d’encourager le pluralisme dans le paysage médiatique, (…) en élargissant les espaces de dialogue, en impulsant l’initiative privée dans le secteur de l’information, et en améliorant les conditions de travail et la situation des journalistes ». Mais sous la « douce dictature » de Ben Ali, les journalistes indépendants et les défenseurs des droits de l’homme sont soumis à un véritable harcèlement administratif quotidien, à des violences policières et à une surveillance quasi permanente des services de renseignements. Le 24 octobre 2009, à la veille de sa réélection, Zine el-Abidine Ben Ali a d’ailleurs averti ses détracteurs : « La loi sera appliquée contre quiconque émettra des accusations ou des doutes concernant l’intégrité de l’opération électorale, sans fournir de preuves concrètes ». Les hommes de main du régime n’ont pas tardé à mettre ces menaces à exécution. Au moins dix journalistes indépendants ont été victimes de représailles sans précédent. Le pouvoir n’hésite pas à monter des affaires pour emprisonner ceux qui le gênent. Le contrôle d’Internet s’est considérablement renforcé. En outre, au cours de leurs déplacements professionnels en Tunisie, les journalistes étrangers sont constamment accompagnés d’un fonctionnaire de l’Agence tunisienne de communication extérieure. Le contrôle de l’information prend une forme quasi obsessionnelle dans ce régime autoritaire. Toutefois, le président tunisien, allié des Occidentaux dans leur lutte contre le terrorisme, bénéficie d’une grande mansuétude de la part des organismes internationaux. ——— INTERNATIONAL 40 prédateurs de la liberté de la presse La liste des prédateurs de la liberté de la presse, publiée à l’occasion du 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse, comporte cette année 40 noms : 40 hommes politiques, dirigeants d’institutions d’Etat, chefs religieux, milices et organisations criminelles qui s’attaquent directement aux journalistes, qui font de la presse leur ennemi privilégié, leur bête noire. Puissants, dangereux, violents, ils sont au-dessus des lois. Bon nombre d’entre eux confirment leur présence dans le classement depuis l’année dernière. En Amérique latine, les violences proviennent toujours du même quatuor infernal : narcotrafiquants, dictature cubaine, FARC et groupes paramilitaires. Le continent africain voit également peu de modifications.  Certains rapports de force évoluent en revanche au Moyen-Orient et en Asie. Plusieurs prédateurs ont disparu de la liste, comme en Somalie :  Mohamed Warsame Darwish, le chef des services de renseignements, commanditaire de raids musclés, d’arrestations arbitraires et de tirs délibérés sur les rares journalistes du pays, a été révoqué en décembre 2008. Au Nigeria, le SSS, Service de sécurité d’Etat, a perdu son pouvoir. La police nationale, et plus particulièrement son responsable Ogbonna Onovo, apparaît depuis peu dans ce pays comme l’acteur central des exactions contre la presse. La police, déjà mal formée, est encouragée à user de violences contre les journalistes afin d’écarter les témoins lors de ses opérations. En Irak, les professionnels de l’information sont confrontés à de réels dangers pour faire leur travail du fait de l’actuel conflit larvé. Mais la situation s’améliore peu à peu et les violences touchent plus la population en général et moins les journalistes en particulier. C’est la raison pour laquelle Reporters sans frontières a retiré les groupes islamiques des prédateurs. Un peu plus au Sud, dans le Golfe persique, Ali Abdallah Saleh, président du Yémen, fait lui son apparition dans la liste. Depuis un an, le pouvoir yéménite s’est raidi : création d’un tribunal spécial pour les délits de presse, une dizaine de journaux poursuivis, une douzaine de journalistes en cours de procès. Rien ne doit filtrer des deux sales guerres que le régime mène au nord et au sud du pays. Il était difficile de ne pas faire une place de choix aux milices privées aux Philippines suite au massacre par les nervis du gouverneur local d’une cinquantaine de personnes, dont 30 journalistes, dans la province de Maguindanao le 23 novembre 2009. Les circonvolutions de la justice philippine montrent l’absence de volonté politique à juger les responsables, soutiens trop proches et trop importants pour la présidente Gloria Macapagal-Arroyo. L’impunité prévaut. Le mollah Omar, chef des taliban, dont l’influence s’étend d’Afghanistan au Pakistan, mène une guerre sainte également contre la presse libre, une guerre d’occupation de l’espace médiatique. Une quarantaine d’attaques ont visé directement les journalistes et les bureaux de rédactions en 2009. Le mollah Omar a gagné sa place dans la liste des prédateurs, tout comme Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie, que Reporters sans frontières avait rencontré en mars 2009. Ses poses crânes sur sa supposée tolérance, ses vues faussement bienveillantes sur la liberté de la presse ne trompent personne. Anna Politkovskaïa et Natalia Estemirova, toutes deux ferventes dénonciatrices de la « question tchétchène » ont été abattues, la première à Moscou en octobre 2006, la seconde près de Grozny en juillet 2009. Ramzan Kadyrov n’est pas étranger à ces assassinats, comme à de nombreux autres en Tchétchénie où il a mis en place un régime de terreur. Les trois chefs d’Etat Kim Jong-il, Mahmoud Ahmadinejad et Mouammar Kadhafi illustrent la nouvelle campagne de Reporters sans frontières contre les prédateurs de la liberté de la presse, conçue par l’agence Saatchi&Saatchi et réalisée par les artistes Stephen J Shanabrook et Veronika Georgieva.
 

Parti démocrate progressiste Fédération de Nabeul Communiqué  

Encore une fois la police de oued souhil délégation du nabeul se prend à Mr Lotfi Mennai ex-prisonnier politique et membre depuis plus de deux ans du PDP region de nabeul, le téléphone qui est un moyen de communication pour tout le monde est devenu insupportable pour Mr lotfi voir un outil par le quel la Police dou oued souhil le harcele sans cesse , en fait c’est par le telephone que la police ne cesse à l’ordonner de se presenter au poste sans motif ni un avis legal, ceci dit : La fédération de nabeul du PDP : – refuse ces procedures de harcellement envers Mr mennai Lotfi et tous les militants du PDP. – Exprime ses soupçons d’une liaison entre ce harcelement de Mre mennai avec la visite annuelle des juifs à djerba et à Nabeul et rappelle que ses militants sont civiqument instruit et ne doivent en auccun cas etre l’objet d’un tel soupçonbien qu’ils adoptent la position du PDP exprimée par son Secrétaire Générale envers la visite des islailiens à notre pays. – Rappelle que la réintégration dans la société civile des enciens prisonniers politique à la quelle le PDP s’est engagé attend des reformes etatiques vers une citoyenneté complete et non une suivie intégrale par la police. La fédération de PDP de Nabeul Porte-parole Mr Sethom Habib

Le jeune Abdelghaffar Guiza est victime d’une agression et une voiture de police tente de l’écraser


Assabilonline, Tunisie Le jeune Abdelghaffar Guiza, demeurant à Zarzis, a pris contact avec Assabilonline dans l’après midi du samedi 1er mai 2010 et il nous a informés que alors qu’il revenait samedi de son travail vers trois heures de l’après midi, une voiture banalisée modèle Berlingo avec à son bord deux personnes en civil […] lui a barré la route. Ils lui ont demandé de présenter sa carte d’identité. Il s’est méfié et leur a demandé de décliner leur identité. Ils l’ont frappé et insulté et ont proféré des blasphèmes puis l’ont conduit au poste de police de Zarzis où ils ont continué de l’agresser physiquement et moralement. Ils ont déchiré ses vêtements. Après avoir été remis en liberté il a fait établir un certificat médical des lésions physiques. Lors d’un contact vers neuf heures du soir, le jeune Abdelghaffar Guiza nous a affirmé que la même voiture avait tenté de l’écraser alors qu’il sortait de la mosquée après la prière du soir. Abdelghaffar Guiza est le fils de Mohammed Guiza membre du Forum pour le travail et les Libertés (opposition). Il a été emprisonné en 2003 dans l’affaire du groupe des jeunes de Zarzis pour avoir surfé sur le net. Il a effectué trois ans et 37 jours de prison avant d’être libéré à titre conditionnel et placé sous contrôle administratif pour une durée de cinq ans. Jusqu’à aujourd’hui, il émarge au poste de police Zouhaïer Makhlouf, Saïed Mabrouk,Tunisie (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  


Lotfi Mannaï lance un appel pour en finir avec les dépassements et les menaces


Assabilonline, Tunisie Lotfi Ben Brahim Ben Slama Mannaï, ex prisonnier politique et membre du Parti Progressiste Démocratique de Nabeul, détenteur de la carte nationale d’identité N°04452090, a reçu vendredi 30 avril 2010 vers sept heures du soir un appel provenant du numéro 93319802. Le correspondant l’a informé qu’il relevait du poste de police d’Oued Souhaïl dans le gouvernorat de Nabeul et lui a demandé de se présenter au poste. Mannaï lui a demandé une convocation écrite comme le dispose la loi. L’agent l’a menacé de venir à son domicile et de l’arrêter. Mannaï demande dans un appel adressé à tous les défenseurs et le organisations de droits de l’homme d’intervenir pour mettre un terme aux dépassements et aux menaces dont il est la cible pour avoir exigé d’un agent de police de se conformer à la loi en matière de convocations. Lotfi Mannaï a reçu le 16 janvier 2009 du chef de poste de Oued Souhaïl, Nizzar Rouhouma une convocation par téléphone : il devait se présenter au poste et Mannaï lui avait demandé une convocation officielle légale. Mannaï a été arrêté le 24 janvier 2009 à son domicile sis 1 rue de l’Imam Ghazali à Sidi Achour Nabeul par des agents de la police politique relevant du district de police. L’ex prisonnier politique Lotfi Mannaï est en butte depuis qu’il a quitté la prison en 1995 où il avait effectué une peine de trois ans pour appartenance à une association non autorisée, à des brimades incessantes de la police politique de Nabeul. Le chef du poste de Oued Souhaïl, Mohammed Nizzar Rouhouma, le harcèle sans cesse, le soumettant à des enquêtes et des interrogatoires, le menaçant de le faire émarger hebdomadairement en cas de non présentation à une convocation orale et il contacte ses employeurs et les menace pour qu’ils n’embauchent pas d’ex prisonniers politiques ou de jeunes pratiquants. [ …] En collaboration avec Saïed Mabrouk, militant des droits humains, Tunisie (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 

Redeyef, 30 avril 2010 Communiqué

Nous prisonniers du bassins miniers sous mentionnés, par fidélité envers nos martyrs de Redeyef et mus par la confiance que nous avons envers notre cause, face […]à la réponse judiciaire et répressive qui est celle du pouvoir, nous annonçons que nous observerons une journée de jeûne le 1er mai, fête mondiale du travail pour exiger Que soit tournée la page judiciaire par l’arrêt des poursuites contre Fahem Boukaddous et que soient libérés Hassen Ben Abdallah et Laïd Rahhali. Notre droit à récupérer nos droits civiques en remplaçant la libération conditionnelle par une amnistie. Notre droit au travail, garantie de notre dignité, revendication pour laquelle nous avons été emprisonnés et torturés. Des solutions urgentes et sérieuses à la question de l’emploi dans la région La poursuite de tous ceux qui nous ont torturés au district de la Sûreté de Gafsa et dans les prisons où nous avons été transférés […] Ghanem Chraïti Boubaker Ben Boubaker (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  


Association des Tunisiens en France:

L’Immigration Tunisienne Solidaire des Luttes Sociales, Démocratiques et Anticoloniales


Les mouvements social et syndical en France et en Europe placent ce premier mai 2010, journée internationale des travailleurs, sous le signe des effets de « la crise » et des luttes en cours pour la préservation des acquis sociaux, de l’emploi stable et du pouvoir d’achat. Les associations et organisations politiques de l’immigration tunisienne signataires sont partie prenante de ces luttes et solidaires des revendications qu’elles portent. En Europe – Les migrantes et les migrants sont touchés de plein fouet par la précarisation et la dégradation des conditions de vie que déterminent les politiques économiques néo-libérales en œuvre. Ils sont de surcroit les premières victimes de la répression sécuritaire et des politiques de contrôle et de gestion de l’immigration injustes qui en sont inséparables. C’est à un alliage inséparable entre politiques économiques anti-populaires et politiques sécuritaires que les migrants doivent faire face au premier chef. Le ciment de cet alliage, ce qui le renforce et le légitime, se sont les discours et les pratiques aux relents racistes, xénophobes et néo-colonialistes à nouveau banalisés et institutionnalisés. Cette double oppression se dissémine par ailleurs dans l’ensemble de la société sous des formes moins brutales à travers la répression des mouvements sociaux et la criminalisation de la pauvreté. En Tunisie, notre pays d’origine, la situation continue d’être bloquée par la main mise d’un pouvoir antidémocratique et prédateur. Celui-ci perdure grâce à la répression violente de toute revendication sociale ou politique et de tout mouvement populaire ainsi qu’au soutien sans faille des gouvernements européens et états-unien. La politique économique et sociale qu’il met en œuvre se caractérise par la privatisation effrénée des ressources nationales au profit des cercles qui lui sont liés et des capitaux étrangers, par une politique d’investissement à but essentiellement spéculatif et par une généralisation de la corruption. Cela engendre un niveau de chômage alarmant, une aggravation des inégalités sociales et entre les régions, et une baisse sensible du niveau de vie de larges secteurs de la société. Ces derniers –les jeunes en particulier– chômeurs, étudiants ou travailleurs pauvres, se retrouvent devant le choix entre la révolte au risque d’une répression féroce, la soumission à des conditions de vie insupportables, ou l’émigration dans des conditions périlleuses et dégradantes. Dans le monde – La liaison intime entre dépossession des ressources et des conditions d’une vie digne d’une part et répression violente de l’autre se manifeste de la manière la plus meurtrière et barbare dans les occupations et les guerres coloniales anciennes et renouvelées que mènent ou soutiennent les grandes puissances. L’occupation et la colonisation de la Palestine, centrale du point de vue de notre rapport au monde, en est emblématique, de même que la destruction et l’occupation de l’Irak. Nous pouvons encore citer l’invasion de l’Afghanistan, les interventions en Colombie, au Honduras ou au Venezuela, le dépeçage de nombre de pays d’Afrique, etc. Ces guerres contre les peuples et ces occupations sont une condition principale de la perpétuation de l’ordre injuste et inégalitaire qui nous empêche de vivre dignement  » chez soi  » , de nous déplacer librement, de vivre ensemble et de coopérer de manière conviviale et juste. Nous, associations et organisations de l’immigration tunisienne, sommes de manière inséparable solidaires des luttes sociales, des combats démocratiques et des résistances anticoloniales. C’est pourquoi nous plaçons ce premier mai sous le signe de Ferhat Hached, leader syndicaliste et de la lutte de libération nationale tunisien assassiné par l’organisation de barbouzes colonialistes  » La Main Rouge  » en 1952. Il symbolise pour nous le lien entre lutte sociale, démocratique et anticoloniale. Paris, le 1er mai 2010 SIGNATAIRES : Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Association des Tunisiens en France (ATF), Association Départementale de Paris des Tunisiens en France – Paris (ATF-Paris), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Union des Travailleurs Immigrés Tunisien – Ile de France (UTIT-IDF), Comité de Soutien aux Militants de l’UGET, Mouvement Ettajdid – France, Parti Démocrate Progressiste (PDP), Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT), Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) Association des Tunisiens en France, 5, rue Louis Blanc, 75010 Paris  


Editorial de l’association mondiale des journaux à l’occasion de la Journée du 3 mai de la liberté de la presse

Les raisons du combat des Tunisiens pour la liberté de la presse :

un éditorial WAN-IFRA du journaliste tunisien en exil Slim Bagga  


Slim Bagga, ancien rédacteur en chef du journal d’opposition tunisien, L’Audace, qui a été publié tous les mois de 1993 à 2007, a fui son pays pour venir en France en 1992. Malgré cette longue distance temporelle, il continue à recevoir des menaces de mort, pas plus tard qu’en décembre 2009, en raison de ses enquêtes et de ses opinions sur la corruption du gouvernement de son pays natal. Après les élections de l’année dernière, le gouvernement tunisien continue de harceler, arrêter et censurer les journalistes qui osent protester, reléguant ainsi la Tunisie en fin du classement mondial des pays par rapport au degré de liberté de la presse qui y règne. L’éditorial de Slim Bagga, écrit exclusivement pour la WAN-IFRA, l’association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information, analyse pourquoi les Tunisiens devraient exiger une presse libre. Aux Tunisiens d’arracher la liberté de leur presse! Il y a quelques années, un quotidien de Dakar au Sénégal avait été saisi par les autorités. Et, geste unique de bravoure, d’engagement et de solidarité, tous les journaux en ont repris l’éditorial le lendemain. Comme pour s’opposer tel un seul homme à un acte de censure et manifester leur désapprobation de cet encagement de la parole et du mot libres. Les Tunisiens vivent depuis près de 22 ans, et en dépit du degré de mâturité politique qu’ils ont atteint, avec une presse monocorde, véhiculant les mêmes titres sur leurs « Une » de journaux, publiant des articles aux mêmes teneurs encensant le Prince, ses faits, gestes et décisions. Cette presse, rappelant une époque de triste mémoire et sa célèbre « Pravda » soviétique, est en total décalage, voire indigne de la Tunisie d’aujourd’hui et des Tunisiens. Or, la liberté d’informer et d’être correctement informé ne se décrète pas par le pouvoir. Comme toutes les libertés, elle se conquiert et s’arrache de haute lutte. Plus que jamais les Tunisiens doivent davantage s’organiser et exiger l’instauration d’une presse plurielle, libre et responsable qui les informe sans détour de leur quotidien et de la gestion de leur pays par un gouvernement et des responsables plutôt enclins au verrouillage de l’information qu’à sa libre circulation et à son développement. Il n’est pas exagéré de considérer que, dans le monde développé, l’on mesure la bonne santé démocratique d’un pays à la liberté dont jouit sa presse. Par conséquent, l’engagement de la société civile et de la société tunisienne dans son ensemble pour faire reculer chaque jour les barrières de la censure et de la sous-information est un pari indispensable, vital vers l’instauration à court terme d’une bonne gouvernance et à moyen et plus long termes d’une démocratie réelle, à l’abri de toutes les dérives de l’autoritarisme et des abus inhérents aux gouvernants. A ce sujet, que les Tunisiens et Tunisiennes se souviennent ce qu’affirmait Montesquieu, il y a déjà plus de deux cents ans: « Lorsque cesse le tumulte de la société, celle-ci est prête pour le despotisme »… Slim Bagga www.worldpressfreedomday.org  

Editorial’s freedom daypress

Why the Tunisian people need to fight for press freedom:

a WAN-IFRA editorial by exiled Tunisian journalist, Slim Bagga.


Slim Bagga, the former editor of Tunisia’s opposition monthly, L’Audace, fled his country for France in 1992. However, the passage of time does not stop him receiving death threats as recently as December last year, over his investigations and opinions on government corruption in his native Tunisia. Following last year’s elections, the Tunisian government continues to harass, arrest and censor journalists who dare to speak out against it, making Tunisia a country of low rank on the world press freedom index. Slim Bagga’s editorial explores why the people of Tunisia should demand a free press. He writes exclusively for WAN-IFRA, the World Association of Newspapers and News Publishers. It is up to the Tunisians to secure freedom for their press! Some years ago, a newspaper in Dakar, Senegal, was seized by the authorities. In a unique gesture of courage, commitment and solidarity, acting as a single voice to protest this act of censorship and display their disapproval of such a suppression of free speech, on the following day all newspapers published the banned newspaper’s editorial. For nearly 22 years, and despite the level of political maturity they have attained, Tunisians have lived with a « harmonised » press that brings the same front page headlines and publishes articles showering praise on the government and its laws, initiatives and decisions. This press, which calls to mind a sad era and the famous Soviet newspaper Pravda, is completely out of step with and unworthy of today’s Tunisia and the Tunisian people. But the freedom to inform and to be correctly informed is not a given. Like all liberties, it is won and wrested by hard-fought struggle. More than ever before, Tunisians must organise and demand a press that is pluralistic, free, and accountable, that informs them openly about their daily lives and the running of their country by a government and its officials who are more inclined to conceal information than allow its free circulation and elaboration. It is no exaggeration to say that, in the developed world, the health of a country’s democracy is gauged by the level of freedom enjoyed by the press in that country. Consequently, the commitment of civil society and the entire Tunisian society every day to push back the barriers of censorship and suppression of information is a vital step towards establishing good governance in the short term as well as genuine democracy, free from all the trappings of authoritarionism and abuses inherent in government, in the medium and long terms. In this connection, it is perhaps appropriate for the people of Tunisia to recall what Montesquieu stated more than two hundred years ago: « When society becomes passive, it is ripe for despotism »… Slim Bagga www.worldpressfreedomday.org


Es liegt in der Hand der Tunesier, sich die Freiheit ihrer Presse zu erkämpfen!


Slim Bagga, der ehemalige Chefredakteur der oppositionellen tunesischen Monatszeitschrift L’Audace, die von 1993 bis 2007 veröffentlicht wurde, floh 1992 aus seinem Heimatland nach Frankreich. Trotz des langen Zeitraums, der seither vergangen ist, erhält er aufgrund seiner Recherchen und Meinungsäußerungen zu staatlicher Korruption in seinem Heimatland Tunesien nach wie vor Todesdrohungen, wie etwa im Dezember letzten Jahres. Auch nach den Wahlen im letzten Jahr sind Journalisten, die es wagen, sich regierungskritisch zu äußern, weiterhin Schikanen, Festnahmen und Zensurmaßnahmen von staatlicher Seite ausgesetzt. Auf der Rangliste für Pressefreiheit rangiert Tunesien daher weit unten. In seinem exklusiv für WAN-IFRA, den Weltverband der Zeitungen und Nachrichtenmedien, verfassten Editorial erörtert Slim Bagga, warum sich die Bürger Tunesiens für eine freie Presse stark machen sollten. Vor einigen Jahren war eine Tageszeitung in Dakar im Senegal von den Behörden geschlossen worden. In einer einzigartigen Geste, die von Mut, Engagement und Solidarität zeugte, veröffentlichten am folgenden Tag alle Zeitungen das Editorial der verbotenen Zeitung – um sich mit vereinter Stimme diesem Akt der Zensur entgegenzustellen und ihrer Missbilligung für diese Unterdrückung des freien Wortes Ausdruck zu verleihen. Die Tunesier leben seit nunmehr fast 22 Jahren, und das trotz der politischen Reife, die sie inzwischen erlangt haben, mit einer Presse, die die gleichen Schlagzeilen auf ihren Titelseiten bringt und Artikel gleichen Inhalts veröffentlicht, in denen die Mächtigen, deren Entscheidungen, Handlungen und Taten beweihräuchert werden. Diese Presse, die an eine traurige Epoche der Geschichte und die berühmte sowjetische ,,Prawda » erinnert, steht in absoluter Diskrepanz zum heutigen Tunesien und seinen Bürgern. Die Freiheit, zu informieren und korrekt informiert zu werden, lässt sich jedoch nicht von oben verordnen. Wie alle Freiheiten muss sie errungen und hart erkämpft werden. Mehr denn je zuvor müssen sich die Tunesier stärker zusammentun und die Etablierung einer pluralistischen, freien und verantwortlichen Presse fordern, die sie unumwunden über das aktuelle Geschehen und die Führung ihres Landes durch eine Regierung und deren Verantwortungsträger informiert, die eher dazu tendieren, Informationen hinter verschlossenen Türen zu halten, als deren freie Verbreitung und Entwicklung zu fördern. Es ist sicherlich nicht übertrieben zu sagen, dass man in den entwickelten Staaten den demokratischen Status eines Landes nach der Freiheit bemisst, die die dortige Presse genießt. Darum ist das Engagement der Zivilgesellschaft und der gesamten tunesischen Gesellschaft – mit dem Ziel, die Hürden der Zensur und des Informationsdefizits tagtäglich weiter abzubauen – die entscheidende Herausforderung, um auf kürzere Sicht Good Governance und auf mittlere bzw. längere Sicht eine echte Demokratie zu etablieren, geschützt vor allen Auswüchsen des Autoritarismus und des Machtmissbrauchs durch die Herrschenden. Hierzu mögen sich die Tunesier und Tunesierinnen vor Augen führen, was Montesquieu bereits vor mehr als 200 Jahren feststellte: ,,Wenn der lebendige Diskurs in einer Gesellschaft erstarrt, ist sie reif für den Despotismus »… Slim BAGGA


Pourquoi j’ai été chercher Taoufik Ben Brik en Tunisie


AFP 01.05.2010 Hier, j’ai été chercher le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik en Tunisie. Aller-retour express pour l’accompagner et maximiser ses chances de passer sans encombres les douanes tunisiennes. Souvent, les journalistes indépendants, les défenseurs des droits de l’homme ou les avocats de l’opposition sont empêchés de quitter leur pays. C’est ce qui est arrivé au frère de Taoufik, Jalel Zoghlami, lorsque nous l’avions invité à Paris pour intervenir lors d’une conférence de presse. Taoufik n’avait aucune assurance de pouvoir quitter son pays librement. Les prétextes invoquées par les autorités ne manquent pas dans de telles situations. Le passeport n’est pas lu par la machine, une énigmatique convocation au poste de police interdit de quitter le territoire, le visa est légèrement décollé de son passeport : tous les motifs sont bons pour privés les démocrates tunisiens de prendre une bouffée d’air à l’étranger. Hier, Taoufik est passé sans encombres. Il m’a demandé de rester près de lui lorsque nous avons passé la douane de l’aéroport de Tunis Carthage, ainsi que lors de la fouille des bagages. En montant dans l’avion, Taoufik m’a confié : « Ils avaient l’ordre de me laisser partir cette fois. C’était trop facile et trop rapide ». A l’arrivée à Paris, l’ambiance était toute autre. Trois policiers sont venus nous accueillir à la descente de l’avion pour nous escorter et nous faciliter les formalités de contrôle. Les mêmes autorités nous ont donné l’autorisation d’organiser un rapide point presse après le passage des douanes. Taoufik est désormais libre de ses mouvements, libre de s’exprimer. Il peut critiquer Nicolas Sarkozy ou Zine el-Abbidine Ben Ali, ici, il ne risque pas la prison. Il sait qu’il sera critiqué, que tout le monde n’est pas d’accord avec lui. Mais Taoufik est un formidable débatteur. Son seul souhait est de pouvoir un jour polémiquer librement chez lui, en Tunisie.


  Taoufik Ben Brik. Journaliste et opposant tunisien

« On m’a enfoncé un entonnoir dans la bouche pour me forcer à boire »


 

Libéré il y a trois jours au terme d’une peine de six mois d’emprisonnement, Taoufik Ben Brik réaffirme sa volonté de dénoncer le gouvernement tunisien et raconte à El Watan Week-end ses conditions de détention.  

- Vous avez été libéré après avoir purgé la totalité de votre peine (6 mois). Racontez-nous les conditions de votre détention…

J’étais dans une prison préhistorique, dans le Far West tunisien, la prison de Siliana, près de la frontière algérienne. Cette prison est réservée aux détenus turbulents. Même les matons qui y sont envoyés sont des gardiens de prison punis par leur hiérarchie. Il y avait de nombreux Algériens dans cette prison, la plupart étaient des trafiquants de drogue. J’étais dans une cellule de 60 m2 aux côtés de 19 autres détenus, tous analphabètes. La consigne était claire : m’isoler de tout. Je n’avais droit ni aux livres, ni au stylo, ni au papier…

- Ce sont les raisons pour lesquelles vous aviez décidé d’entamer une grève de la faim ?

La grève de la faim, je l’ai décidée après l’interdiction de recevoir les visites de ma famille et de mes avocats. Mais les autorités étaient assez pernicieuses. Huit matons m’ont tenu et m’ont enfoncé un entonnoir dans la bouche. Ils y versaient du lait afin de rompre ma grève de la faim. Nous avions le droit à une promenade dans un endroit très exigu et aucun contact n’était possible avec les autres prisonniers. Ben Ali voulait me casser afin que je demande pardon au tsar de Tunisie. Mais je le répète, même si j’ai une santé fragile, j’ai une âme plus tannée qu’une crosse de fusil !

- Et aujourd’hui, quel est votre état d’esprit ? Vous poursuivez toujours votre combat…

Je n’ai pas le choix. Je ne sais qu’écrire sur Ben Ali. Si vous me demandez d’écrire sur Bouteflika ou M6 ou sur Djerba et Hammamet, je ne saurais pas le faire. Ben Ali, c’est mon dada. Il a passé un quart de siècle au palais de Carthage, j’ai passé un quart de siècle à le lorgner.

- Vous allez fêter votre sortie de prison en France auprès de vos amis pour la Journée mondiale de la liberté de la presse. Mais les autorités occidentales ne sont-elles pas complices du système Ben Ali avec leur silence sur la situation des droits de l’homme en Tunisie ?

On s’en fout ! La France a besoin de vendre sa camelote, comme pour le Maroc et l’Algérie. Paris a besoin d’être amie avec la Tunisie. Nicolas Sarkozy n’a pas l’étoffe d’un Chirac qui, en 2000, avait insisté sur la nécessité de défendre les droits de l’homme en Tunisie. Sarkozy veut protéger son machin, l’Union pour la Méditerranée, et ne veut pas qu’un sombre Ben Brik fasse tout capoter. Mais des hommes politiques comme Bernard Kouchner et Bertrand Delanoe ont sermonné Ben Ali sur mon cas. Il s’est senti humilié. Pour revenir à votre question, je vais en France, car c’est là où j’ai tissé tout mon réseau de soutien : des journalistes du Monde, du Nouvel observateur, il y en a aussi en Algérie et je remercie à l’occasion Omar Belhouchet pour son soutien.

- Fondamentalement, votre combat n’est-il pas perdu d’avance ? Un écrivain contre tout un système politique en Tunisie ?

Moi je n’ai rien à perdre, je ne gagne rien si ce n’est le plaisir de m’occuper de Ben Ali. S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Comparé aux oranges ou à Djerba, Ben Ali est le seul objet qui fasse vendre en Tunisie. Vous savez, l’Union des syndicats de journalistes arabes vient de décerner au président tunisien un « bouclier », une légion d’honneur, gage de son amitié pour les journalistes arabes, un comble. Moi je n’ai ni l’arsenal de Ben Ali (bagne, police, banque), j’ai juste le calame, c’est-à-dire le mot qui scintille comme un diamant et la plume qui pique comme un dard.  

Par Ahmed Tazir

(SOURCE: Elwatan (Quotidien – Algerie) le 1er mai 2010)

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