18 janvier 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2432 du 18.01.2007

 archives : www.tunisnews.net


Libération:interpellations massives Marianne: L’ombre du GSPC plane sur la Tunisie L’Observateur: Orage salafiste sur la Tunisie Pour une 3éme République en Tunisie –  Un projet d’une 3ème République en Tunisie AFP: Entre burqa et bikini, une musulmane australienne invente le « burkini » Mizaanoun: Si Omar et S’habou Vincent Geisser: Le « phénomène Ramadan » :A propos de l’ouvrage de Ian Hamel, La vérité sur Tariq Ramadan

 


Tunisie : interpellations massives

 
Les affrontements meurtriers, qui ont opposé fin décembre et début janvier les forces de l’ordre à un groupe armé salafiste aux environs de Tunis, ont été suivis d’interpellations massives dans tout le pays. A Bizerte, des jeunes pratiquants ont notamment été arrêtés à la sortie des mosquées. Alors que les organisations tunisiennes de droits de l’homme s’inquiètent de l’arrestation de «plusieurs dizaines» de personnes à Slimane, lieu de l’affrontement le plus grave, dans la région sud de Tunis et au Kef, Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa, villes proches de la frontière algérienne, Tunis a démenti hier avoir procédé à des arrestations massives. En des termes toutefois assez ambigus. «Il n’y a pas de « campagnes d’arrestations » ni d’arrestations en dehors du cadre prévu par la loi», affirmait hier une source officielle. (Source : « Libération » (France), le 18 janvier 2007)


Orage salafiste sur la Tunisie

José Garçon

Les affrontements armés ne sont pas monnaie courante dans une Tunisie étroitement quadrillée par la police et qui se flatte d’être le pays «le plus tranquille de la région». Les deux accrochages meurtriers opposant les forces de l’ordre et un groupe salafiste fin décembre et début janvier aux environs de Tunis ont donc eu l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein.

A lui seul, le silence officiel montre d’ailleurs la surprise et l’embarras des autorités face à des incidents qui auraient fait plus de trente morts, dont douze policiers, et de nombreux blessés: le gouvernement a mis dix huit jours pour admettre que les « dangereux criminels » mis en cause dans un premier temps étaient en réalité un groupe armé salafiste. Après ces affrontements,le président Ben Ali aurait d’ailleurs limogé le directeur de la Sûreté nationale, nommé en juin, en lui demandant de «rester chez lui».

Tout a commencé le 23 décembre avec la traque d’un groupe salafiste à Hammam-Lif qui aurait transité par l’Algérie et aurait installé un camp aux environs de cette ville dans la région de Djebel Ressass. C’est en achetant une quarantaine de pains par jour que ce groupe a éveillé les soupçons d’un boulanger!

Déjà, la fébrilité observée à Tunis, les nombreux barrages de police, les fouilles de véhicules et l’encerclement de la montagne proche de Grombalia, à 30 km de la capitale, après ce premier accrochage ne laissaient guère de doute quant à la nature des « criminels ». Il était difficile de croire qu’un échange de tirs avec des droits communs, des trafiquants de drogue ou d’armes puisse être aussi meurtrier, même dans un pays où la petite et moyenne délinquance s’est installée. Un groupe lourdement armé Dix jours plus tard, la violence et la durée – toute la journée – d’un second affrontement confirmaient que les forces de l’ordre étaient aux prises avec un groupe lourdement armé (RPG et kalachnikov)et surtout très entraîné. Un accrochage aussi long n’a en effet impliqué que cinq salafistes, dont un Mauritanien, barricadés dans une grande bâtisse en construction à Solimane, près de Nabeul. Le chef de la bande, Lassaad Sassi, un ancien gendarme tunisien originaire de Bir el-Bey, «passé » par l’Afghanistan et l’Algérie, ainsi que son adjoint Rabia Pacha ont été tués.

Tous les éléments du groupe qui, selon Tunis, préparait des attentats contre des ambassades étrangères et des installations économiques, ont-ils été «tués ou arrêtés», comme l’affirme le ministre de l’Intérieur ? Ce n’est pas sûr car, selon certaines informations,il compterait près de 300 personnes. D’autres accrochages auraient d’ailleurs eu lieu près de Ghadamès, à la frontière algéro-tuniso-libyenne et une importante cache d’armes aurait été découverte en bord de mer à Amilcar, près de Tunis. Répression et vide politique Ces affrontements ne signifient nullement que la Tunisie renoue avec l’islamisme des années 90 qui a été impitoyablement combattu et mis en échec par les autorités tunisiennes. Tous les observateurs s’accordent d’ailleurs à dire que les islamistes politiques – et notamment leur leader Rachid Ghanouchi, réfugié à Londres – sont totalement étrangers et dépassés par cette affaire. Mais la répression de toute opposition, y compris pacifique et démocratique, a incontestablement créé un vide politique qui favorise l’émergence d’un radicalisme incontrôlable dans certaines franges minoritaires de la jeunesse.

Du coup, nombre d’opposants tunisiens assurent ne pas être vraiment surpris par une évolution qu’ils attribuent au «verrouillage de toutes les libertés». «Le ras-le bol commence à s’exprimer dans des couches qui jusque là ne contestaient pas le régime, d’autant que la situation économique des classes moyennes s’est détériorée, affirme un opposant. Le chômage des jeunes, la persécution des islamistes depuis vingt ans,l’institutionnalisation des passe-droits et d’une corruption effrénée et la campagne lancée depuis septembre contre le port du hidjab ont généré beaucoup de haine, surtout dans les franges de la population où s’exprime chaque jour davantage une revendication identitaire arabo-musulmane ». Le jihad rapproche les salafistes maghrébins La situation internationale, marquée par la montée en puissance du jihadisme, a fait le reste. D’autant que ces groupes extrémistes dénoncent l’«occidentalisation» des pays arabes «modérés» qui «nierait les valeurs musulmanes». Ils jouent sur du velours : des Tunisiens ne nourrissant aucune sympathie à l’égard des islamistes ont eux-mêmes été choqués par «l’étalage outrancier des décorations et des bûches de Noël dans certains magasins de Tunis, notamment Carrefour».

Résultat ? Alors que de très nombreux jihadistes tunisiens sont « passés » en Algérie depuis l’invasion américaine en Irak, une nouvelle donne apparaît. Jusqu’à ces dernières années, les islamistes maghrébins n’avaient pas ou très peu collaboré ensemble et encore moins coordonné leurs actions. Mais les salafistes maghrébins semblent désormais avoir trouvé dans le jihad le dénominateur commun qui les rapproche.

(Source : « L’Observateur » (Maroc), le 18 janvier 2007)

Lien : http://www.lobservateur.ma/detail_article.asp?ref=4718


 

 L’ombre du GSPC plane sur la Tunisie

par Alexis Meyran

La traque des « dangereux criminels » qui a eu lieu entre le 23 décembre et le 3 janvier dernier au sud de Tunis a permis de démanteler une cellule salafiste dont le but était de perpétrer des actes terroristes en Tunisie. L’ombre du GSPC algérien plane sur cette affaire.

On en sait maintenant un peu plus sur les événements inédits qui se sont déroulés dans la banlieue sud de Tunis durant les trois dernières semaines.

D’après le ministre de l’Intérieur Rafik Belhadj Kacem, un premier groupe armé constitué de six membres s’est introduit dans le pays en traversant la frontière algérienne. La filature s’organise alors pour identifier les menées de ces « salafistes terroristes », dixit le ministre. Ce groupe est ensuite rejoint par un autre, constitué, celui-ci, de 21 membres.

Une fois la cellule au complet et prête à passer à l’acte, les forces de sécurité (police et défense nationale) donnent le signal de l’offensive et traquent la bande dispersée autour de la ville de Grombalia à 30 km sud de Tunis. Les combats sont violents.

Lorsque les derniers survivants se replient à Slimane dans une maison en construction, ils essuient des tirs de roquette. Bilan : 12 morts et 15 prisonniers chez les terroristes, 2 morts et trois blessés parmi les forces de sécurité. Alors que plusieurs sources avaient évoqué dans un premier temps des cibles touristiques, on retrouvera dans les bagages des terroristes des documents figurant des plans d’ambassades et des noms de diplomates étrangers en poste en Tunisie, ainsi qu’un arsenal important : kalachnikovs, lance-roquettes RPG, explosifs artisanaux, etc.

Dans une Tunisie d’habitude si calme, quadrillée par quelques 150 000 policiers et on ne sait combien d’informateurs, l’apparition de ce groupe salafiste a surpris tout le monde, même le parti islamiste Ennahdha (« Renaissance ») proche des Frères musulmans et interdit en Tunisie, si l’on en croit l’écrivain tunisien Slaheddine Jourchi dans une interview donnée à l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Ces événements doivent être déchiffrés à l’aune de la réorganisation du djihad international en Afrique du nord, à travers le changement de braqué de son bras armé principal : le GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) adoubé en septembre dernier par Al-Qaïda.

Ce dernier est entré dans une stratégie régionale qui, d’après Kader Abderrahim, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), « fédère des salafistes de la Mauritanie à la Libye, du Maghreb au Sahel, pour y constituer de nouveaux fronts ».

Le chef présumé de la « bande de Slimane », Lassaad Sassi – un ancien de la garde nationale – aurait trouvé refuge dans les rangs du GSPC après avoir constitué une cellule terroriste en Italie chargée de recruter des volontaires pour le djihad en Bosnie ou en Afghanistan (voir Jeune Afrique n°2401). Ses hommes se seraient aguerris au maniement des armes dans les mêmes maquis.

Autre indice qui montre que l’ombre du GSPC plane sur la Tunisie : l’arrestation en décembre par les autorités algériennes de deux suspects tunisiens s’apprêtant à rejoindre le groupe salafiste… 

La Tunisie vient donc d’essuyer un avertissement sans trop de frais pour l’instant, mais qui n’augure rien de bon pour son avenir et son image de paisible nation balnéaire. Comment expliquer que ce pays que l’on croyait à l’abri du terrorisme grâce à des avancées socioéconomiques incontestables, un pays où les femmes ont le statut le plus évolué du monde arabe, puisse engendrer des esprits sensibles aux sirènes du fascisme vert (tous les membres ou presque de la cellule démantelée sont des jeunes d’une vingtaine d’année, de nationalité tunisienne).

Il semblerait que les islamistes – ou du moins leur idéologie – longtemps et durement réprimés par le pouvoir, reprennent du poil de la bête, trouvant un écho chez des jeunes à la religiosité grandissante (l’augmentation du nombre de hijabs dans les rues des grandes villes n’en est qu’un exemple) ; un retour à des valeurs islamiques favorisé par le contexte international et les prêches des téléprédicateurs des chaînes satellitaires du Golfe et du Machreq.

Pour Kamel Jendoubi, président du CRLDHT (Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie), la « situation sociale n’est pas toute rose (le taux de chômage officiel dépasse les 14%, ndlr), et le terrain propice à une violence larvée existe bel et bien, même s’il est limité ». A l’en croire, c’est aussi la nature du régime qui est en cause.

Carthage a constamment cherché à légitimer son autisme en matière de libertés publiques en invoquant le danger islamiste. Un prétexte tantôt justifié lorsque les fondamentalistes représentaient une réelle menace à la fin des années 80, mais devenu fallacieux depuis.

Le déni constant de démocratie, le « flicage » de la population, le verrouillage de l’information, la justice aux ordres, les atteintes aux droits de l’homme, les réseaux de corruption au sein même du pouvoir et le soutien sans faille de l’Europe et de la France ont favorisé la grogne.

Un mécontentement dont pourraient bénéficier les intégristes. « Islamiste malgré lui »… le titre judicieux du web-journal satirique Bakchich, à propos du président Ben Ali, reflète ce paradoxe.

Comble du cynisme, le régime risque d’arguer d’une situation redevenue sensible, qu’il a lui-même grandement contribué à créer, pour encore se durcir.

(Source : « Marianne » (France), le 18 janvier 2007)

Lien : http://www.marianne-en-ligne.fr/une/e-docs/00/00/D1/4F/document_une.phtml


Corps otages de Fadhel Jaibi

 

Cher ami

« CORPS OTAGES » (KHAMSOUN) vient d’obtenir son visa d’exploitation après six mois de combat contre l’imbécillité, la malveillance et la  répression de la liberté d’expression en Tunisie.

Cette victoire, nous vous la devons aussi. Votre soutien nous oblige et nous honore, en même temps qu’il nous confirme que « La liberté  d’expression, celle des artistes en particulier, est un droit fondamental,  absolument vital, dont la défense nous importe et nous incombe à tous »  comme nous l’avait récemment rappelé notre ami Georges Lavaudant qui  avait été avec Familia, l’initiateur de «CORPS OTAGES» (KHAMSOUN) en  invitant à l’Odéon -Théâtre de l’Europe, une compagnie arabe s’exprimant dans sa langue et traitant d’une problématique engageant aujourd’hui le monde entier : la déferlante islamiste.

Soyez donc remercié, vous qui à votre niveau, avez apporté votre soutien pour qu’une autre parole de vérité et de liberté puisse s’exprimer afin d’aider à faire reculer tous les obscurantismes.

Aujourd’hui « CORPS OTAGES » est prêt à circuler, à aller partout où on

l’invitera.

Nous tenions juste à vous en informer car le spectacle sera visible à Tunis au Théâtre de la Ville de Tunis comme suit :

 -Première:      vendredi 2 Février

 -Février:       samedi 3, dimanche 4

                   mercredi 7

                   mardi 13, mercredi 14, jeudi 15

                   mardi 27, mercredi 28

  -Avril:         mardi 3, mercredi 4, jeudi 5

Ceci ne tient pas lieu d’invitation, mais juste d’information afin que

vous puissiez partager notre joie.

Nous mettons par ailleurs à votre disposition un dossier du spectacle,

au cas où il pourrait intéresser votre programmation 2007/ 2008.

Cordialement

Familia productions

Jalila, Habib, Fadhel et toute la bande


 Un projet d’une 3ème République en Tunisie

 
Cher Compatriote, Un nouvel espace de débat (http://3rep-tn.blogspot.com/) est né autour du projet de la 3ème république parlementaire en Tunisie. N’hésitez pas à me faire parvenir vos commentaires et suggestions, par email ou en postant un commentaire. A diffuser sans modération. Salutations, 3ème République Tunisie http://3rep-tn.blogspot.com/ Un projet d’une 3ème République en Tunisie Un espace pour échanger et débattre autour d’un projet de nouvelle constitution pour une 3ème république parlementaire. Pourquoi une nouvelle République en Tunisie ? Depuis quelques années, j’ai eu l’intention de rédiger le socle d’une nouvelle constitution pour mon pays. Une constitution qui le projettera dans le peloton des nations réellement démocratiques et le protégera des incidents et accidents de la vie (les évènements de décembre 2006 et janvier 2007, me donnent raison). Certains diront, faut-il préparer les nattes avant de construire la mosquée? Dans un monde mouvant où les crises régionales et internationales ne cessent de se compliquer et se complexifier, je pense qu’il est urgent que tous les citoyens de bonne volonté, où qu’ils sont, prennent conscience de l’importance de la démocratie et de la force des institutions indépendantes dans la gouvernance et la gestion des affaires de l’état. Aujourd’hui, plus que jamais, la démocratie est le meilleur moyen de gouvernance permettant de garantir la sécurité, la prospérité et l’indépendance d’un peuple. Ce projet est bien évidemment initié pour susciter la réaction de tous les patriotes face au destin de notre patrie et que chacun prenne ses responsabilités devant l’histoire afin d’éviter les situations les plus dangereuses pour notre avenir et celui des générations suivantes. La Tunisie – de l’avis de beaucoup d’institutions internationales et de pays amis – est plus que apte à mener le combat des libertés individuelles et collectives en instaurant une république de droit via une vraie démocratie, elle est mature pour réussir ce défi plus que nécessaire pour se développer, s’épanouir et se hisser au rang des nations leaders. Un projet orienté vers l’avenir qui est le plus grand commun dénominateur de chaque peuple. Un projet qui se veut conciliant et rassembleur de toutes les bonnes volontés pour réaliser, dans le calme, le chantier du début de ce siècle : le respect total et complet des droits humains sous une démocratie laïque reconnaissant et protégeant notre identité arabo-musulmane. Un projet qui demande à tous les Tunisiens de retrousser les manches plus que jamais pour réussir ENSEMBLE les défis de demain dans le respect mutuel et dans une ambiance fraternelle où l’intérêt collectif est au-dessus de tous. Il est de notre intérêt, nous citoyens et gouvernants tunisiens, de léguer à nos héritiers le pays le plus prospère, le plus stable, le plus indépendant, le plus respectueux des valeurs universelles et le plus respecté car il s’agit de l’existence même de notre pays et de notre nation arabo-musulmane dans un monde violent et globalisant. Les pays, et donc les peuples, qui ne se respectent pas (pour se faire respecter, il faut se respecter soi même) sont voués à la disparition (politiquement parlant). Il est temps que chacun de nous se pose la question, non seulement qu’est ce que j’ai fais mais surtout qu’est ce que je peux faire pour que notre pays soit meilleur ! Chers concitoyens, «les hommes passent et leurs expériences aussi. Ce que nous pouvons léguer, avec fierté à nos descendants, ce sont des institutions solides et modernes» (une citation de Jean Monnet). Nous avons le choix entre modernisation et décadence. Le choix est très vite fait car l’Histoire retiendra nos actions. De plus, l’heure est propice à l’union dans le respect mutuel pour accomplir cet ambitieux chantier avec le concours et le soutien de toutes les bonnes volontés. Projet de 3ème république parlementaire : Nouvelle constitution Ce projet a pour objet de proposer une constitution pour une troisième république. Mais quel type de république ? Un régime républicain est contradictoire avec un régime présidentiable (le cas de la Tunisie depuis l’indépendance. Un régime présidentiable est différent du régime présidentiel où en mi-mandat, le président fait face à une élection législative qui peut lui faire perdre la majorité dans l’assemblée, comme c’est le cas aux E.U.A.) car ce dernier repose sur le bien vouloir d’une seule personne fût elle élue de manière démocratique et transparente par les citoyens de la république. Dans le régime présidentiable, le président de la «république» concentre tous les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire sans partage et sans rendre compte durant le mandat, d’où l’installation d’une irresponsabilité légalisée, vu que personne ne peut le questionner ni le sanctionner (en supposant que le régime est démocratique). Pire dans un état de non droit, où le régime présidentiable se transforme forcément en régime totalitaire. Ce projet instaure une république parlementaire où le pouvoir des élus est renforcé pour contrôler l’exécutif. Outre le pouvoir législatif, il a à sa disposition tous les outils d’évaluation et de vérification des réalisations faites par le gouvernement. Pour cela, la responsabilité politique liée à l’exercice du pouvoir exécutif doit être du ressort du Premier ministre qui doit répondre de ses activités devant le parlement. Ainsi, l’exécutif sera formé par une majorité parlementaire élue ou composée de manière consensuelle suite au vote des électeurs. Dans la troisième république, le Président jouera le rôle d’arbitre garant du bon fonctionnement des institutions et de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Il est évident que le projet ci-après est incomplet. Il comporte l’essentiel des dispositions et règles régissant la vie des institutions de la 3ème république. D’autres dispositions seront nécessaires pour compléter ladite constitution. Le débat est donc ouvert à celles et ceux qui le souhaitent pour enrichir ce projet dans l’esprit décrit ci-dessus. Les nouvelles propositions des lecteurs seront insérées en rouge, les modifications que j’ajouterai seront annotées en bleu. Chers compatriotes, à vos plumes ! La Présidence En ce début du 21ème siècle, l’homme providentiel n’est plus. De plus, tout homme concentrant tous les pouvoirs, immunisé par des institutions taillées sur mesure, se comportera comme un irresponsable fût-il le plus sage, le plus intelligent et le plus brillant. Proposition I.1 : Dans un régime républicain démocratique et de responsabilité, le président est élu pour occuper la fonction d’arbitre garant du bon fonctionnement, de l’indépendance des institutions et de la séparation des pouvoirs. Il est le commandant en chef des forces armées, préside le conseil national de la sécurité. Il promulgue les lois votées et adoptées par le parlement et peut saisir le conseil constitutionnel. Il préside un conseil des ministres une fois par mois pour être informé en détail de l’état du pays, une fois par semaine il se réunit avec le Premier ministre (et les ministres de la justice, de la défense, de l’intérieur, des affaires extérieures et de l’économie et des finances) qui l’informe de la situation générale. En cas de crise entre le parlement et le gouvernement (censure de celui-ci), le président peut soit dissoudre le parlement ou accepter la démission du Premier ministre. Proposition I.2 : Le Président de la république est élu au suffrage universel direct à la majorité (donc deux tours éventuellement) pour un mandat de 6 (six) ans renouvelable une seule fois. Dans un souci de renouvellement de la classe politique, le président doit avoir au moment de son élection au moins 35 (trente cinq) ans et au maximum 70 (soixante dix) ans. Proposition I.3 : Le président est le seul apte à proposer au parlement, via le ministre de la défense, pour autorisation toute participation des forces armées à une guerre ou à une opération de maintien de la paix. Proposition I.4 : Le Président de la république représente le pays sur la scène internationale. Proposition I.5 : Le Président de la république peut proposer au pays un référendum. Toute proposition parlementaire d’un référendum doit avoir l’autorisation du Président de la république. Proposition I.6 : Le Président de la république et ancien président répond des crimes et délits commis au cours de son mandat devant la haute cour de la république. Pour les crimes et délits commis antérieurement et postérieurement à ses fonctions, il répondra devant la juridiction ordinaire compétente. Proposition I.7 : En cas de vacation du pouvoir, l’intérim sera assuré par le président du parlement jusqu’au terme du mandat présidentiel en cours. Le Parlement Dans un régime réellement républicain le pouvoir est forcément plus partagé et donc parlementaire. Le parlement de la 3ème république légifère mais aussi contrôle le gouvernement et l’administration. Le parlement doit être composé d’une manière qui puisse à la fois refléter la diversité d’opinion dans le pays et permettre de dégager une majorité pour gouverner de manière la plus stable possible. La limitation du nombre de mandats dans le temps permet d’encourager la diversité sociale des représentants du pays et de renouveler la classe politique. Proposition II.1 : Le parlement est élu pour un mandat de 4 (quatre) ans. Il est composé de commissions permanentes et dirigé par un président secondé par deux vice-présidents. Proposition II.1.1 : Les commissions des affaires extérieures et des finances sont présidées par des députés de l’opposition. Proposition II.1.2 : Des commissions temporaires (d’une durée à préciser) d’enquête ou d’information peuvent voir le jour sur vote des parlementaires. Proposition II.2 : Les parlementaires sont élus selon deux modes : majoritaire et proportionnel. Proposition II.2.1 : Une liste nationale composée de deux candidats par gouvernorat est soumise au suffrage national afin d’assurer une majorité. Les deux listes obtenant les deux meilleurs scores sur le plan national se partageront les sièges selon leur ordre d’arrivée dans chaque gouvernorat. Les deux sièges de chaque gouvernorat iront aux deux candidats dont la liste parmi les deux sélectionnées a obtenu le plus de voies dans le dit gouvernorat. Proposition II.2.1.a (une autre option) : La liste obtenant le meilleur score (le total des voix) sur le plan national gagnera l’ensemble des sièges. Cette option permettra de donner une majorité claire, au sein du Parlement, à un groupe obtenant le meilleur score national. Proposition II.2.2 : Une élection nominative par circonscription à la proportionnelle (le candidat obtenant le plus haut score est élu) afin de permettre une meilleure représentativité des différents courants politiques, petits et grands. Proposition II.3 : Le Premier ministre est élu par le parlement à la majorité absolue pour la durée de la législation. Il peut être parlementaire ou quelqu’un de la société civile proposé par le Président de la république. Le Premier ministre élu est nommé par le Président de la république. Le Premier ministre et son gouvernement sont responsables devant le parlement. Le Premier ministre engage la responsabilité de son gouvernement à chaque ouverture de la session parlementaire en proposant au débat et au vote son bilan d’activités de l’année écoulée. La première année, le Premier ministre élu engage la responsabilité de son gouvernement en proposant au débat et au vote un programme pour toute la législature. Proposition II.4 : Toutes les lois doivent être adoptées par le vote des parlementaires. Proposition II.5 : Les parlementaires débattent des projets de lois proposés par le gouvernement, peuvent présenter des amendements et proposer et voter des lois. Proposition II.5.1 : Le parlement est maître de l’ordre du jour. Proposition II.5.2 : Tout projet de loi proposé par 15 (quinze) parlementaires (ou un certain nombre à définir) doit être discuté et voté par le parlement. Proposition II.5.3 : Les parlementaires ont le droit de contester la constitutionnalité d’une loi auprès du conseil constitutionnel. Proposition II.6 : Les trois quart des parlementaires peuvent proposer un référendum à condition qu’il soit autorisé par le Président de la république. Proposition II.7 : Les traités et engagements internationaux doivent être adoptés par le parlement avant leur transposition dans le droit national. Proposition II.8 : Toute participation des forces armées à une guerre ou à une opération de maintien de la paix doit être autorisée par le vote des parlementaires. Proposition II.9 : Un parlementaire ne peut cumuler deux mandats élctifs, il se consacre donc au travail parlementaire. En revanche, un parlementaire peut être nommé ministre sans perdre son siège au parlement. Il ne peut exercer un autre métier public ou privé pendant la législation. Proposition II.10 : Tout élu national bénéficie d’une immunité parlementaire lui permettant de travailler en toute sérénité, impartialité et indépendance. L’immunité parlementaire ne peut être levée que par un vote majoritaire du parlement. Proposition II.11 : Dans un souci de renouvellement de la classe politique, chaque citoyen ne peut être élu parlementaire plus de 4 (quatre) mandats législatifs successifs (16 ans au total). Le parlementaire doit avoir au moment de son élection au moins 25 (vingt cinq) ans et au maximum 74 (soixante quatorze) ans. Proposition II.12 : Une loi organisera le statut de l’élu et du ministre au regard de la législation du travail, des droits sociaux, de la formation professionnelle. Elle favorise, en particulier, l’exercice à plein temps des fonctions électives et le retour à l’emploi des élus et ministres au terme de leur mandat. Le Gouvernement Le gouvernement, présidé par un Premier ministre, exerce l’ensemble du pouvoir exécutif. Proposition III.1 : Le Premier ministre est élu par le parlement à la majorité absolue pour la durée de la législation. Il peut être parlementaire ou quelqu’un de la société civile porposé par le Président de la république. Le Premier ministre élu est nommé par le Président de la république. Proposition III.1.1 : Le Premier ministre ne peut être élu plus de 3 (trois) législatures successives (12 ans au total). Proposition III.1.2 : Le Premier ministre doit avoir au moment de son élection au moins 30 (trente) ans et au maximum 70 (soixante dix) ans. Proposition III.2 : L’action gouvernementale quotidienne s’exerce sous le contrôle du Parlement qui peut, à tout moment, engager la responsabilité gouvernementale, interpeller, infléchir, transformer les décisions politiques (voir Proposition II.3). Proposition III.3 : En cas d’absence de majorité absolue lors du vote du bilan d’activités du gouvernement, le Premier ministre (et donc son gouvernement) doit démissionner. Proposition III.4 : Le Premier ministre nomme et révoque les ministres de son gouvernement. Les ministres de la justice, de la défense et des affaires extérieures sont nommés avec l’accord du Président de la république. Proposition III.4.1 : Tout ministre ne peut cumuler sa fonction de membre de gouvernement avec un mandat exécutif local (maire) ou exécutif régional (président du conseil régional). Il ne peut être associé majoritaire dans une entreprise du secteur concurrentiel ni exercer un autre métier public ou privé. Proposition III.5 : Le gouvernement dirige l’ensemble de l’administration. Il négocie et signe les traités internationaux. Il nomme les hauts fonctionnaires aux emplois civils, défini et met en oeuvre l’engagement des administrations. Proposition III.6 : Avec l’accord du Président de la république, le gouvernement nomme les hauts fonctionnaires aux emplois militaires, à la direction de la diplomatie et de la politique extérieure et à l’administration de la justice. Proposition III.7 : Le Premier ministre répond des crimes et délits commis au cours de son mandat devant la haute cour de la république. Pour les crimes et délits commis antérieurement et postérieurement à ses fonctions, il répondra devant la juridiction ordinaire compétente. Proposition III.8 : Les membres du gouvernement répondent des crimes et délits devant la juridiction ordinaire compétente. Le Conseil Régional La troisième république rapproche les centres de pouvoir politique des citoyens afin de les responsabiliser dans la gestion des affaires et la prise de décisions les concernant sur le plan régional. Le Conseil Régional est l’assemblée élective de chaque gouvernorat. Il gère les deniers publics (impôts locaux et financements accordés par le gouvernement) en sélectionnant les projets et besoins (enseignement, santé, environnement, logement, transport, subventions…) prioritaires dans sa région et allouant les financements nécessaires. Le Conseil Régional est composé d’élus représentants les Moaatamdias de chaque gouvernorat. Proposition IV.1 : Les membres du Conseil Régional sont élus à la proportionnelle à un tour pour un mandat de 6 (six) ans renouvelable deux fois au maximum (18 ans au total). Des listes de candidats sont en compétition dans chaque Moaatamdia. Proposition IV.2 : Le Conseil Régional est composé d’une assemblée délibérante et d’un exécutif élu, parmi ses membres, à la proportionnelle. Proposition IV.2.1 : Un président et 5 vice-présidents dirigent l’exécutif. Ils sont tenus pour responsables devant l’assemblée délibérante. Proposition IV.2.2 : Les membres de l’exécutif sont rémunérés par l’état selon un barème (à définir) de la fonction publique. Proposition IV.2.3 : La fonction exécutive ne peut être cumulée avec tout autre mandat exécutif local (maire) ou national (ministre). Elle ne peut être occupée pendant plus de deux mandats successifs (12 ans au total). Proposition IV.2.4 : La fonction exécutive ne peut être cumulée avec l’exercice d’un métier privé ou public. Proposition IV.2.5 : Les membres de l’assemblée délibérante reçoivent une indemnité forfaitaire fonction de la féquence de leur présence et selon la distance qui sépare le lieu de leur élection (Moaatamdia) de la ville chef lieu du gouvernorat ou siège le Conseil Régional. Proposition IV.3 : Toute décision doit être adoptée par un vote majoritaire de l’assemblée. Proposition IV.4 : Les membres du Conseil Régional ne bénéficient d’aucune immunité et sont responsables pour les crimes et délits commis avant et pendant leur mandat devant la juridiction ordinaire compétente. Le Conseil Constitutionnel Le Conseil Constitutionnel est la juridiction suprême du pays qui peut être saisie pour vérifier la constitutionnalité d’une loi (sa conformité à la constitution). Proposition V.1 : Le Conseil Constitutionnel est composé de 9 (neuf) membres nommés et renouvelés comme suit : Proposition V.2 : Le Conseil Constitutionnel est composé pour un tiers de personnalités nommées par le Président de la république et pour deux tiers de personnalités élues à la proportionnelle par le Parlement (chaque membre doit obtenir au moins un tiers des voix des parlementaires) sur proposition du président du parlement (pour un tiers) et du Premier ministre (pour un tiers). Proposition V.3 : Le président du Conseil Constitutionnel est nommé par le Président de la république. Proposition V.4 : Les membres du conseil sont renouvelés à chaque début de législation. Un membre démissionnaire (ou en cas de vacation suite à un décès) est remplacé par l’instance qui l’a nommé ou élu. Proposition V.5 : Les membres du Conseil Constitutionnel ne peuvent être démis de leur mandat. Proposition V.6 : Chaque membre ne peut siéger au conseil plus de trois législations consécutives. Proposition V.7 : La décision, argumentée, du conseil est prise de façon majoritaire et rendue publique. Chaque membre peut exprimé son désaccord en attachant son argumentaire à la décision majoritaire du conseil. Proposition V.8 : Le Conseil Constitutionnel peut être saisi par le Président de la république ou tout parlementaire dans les 15 jours suivant l’adoption de la loi par le parlement. Il peut être saisi par tout citoyen, représenté par un avocat, dans les 30 jours suivants la promulgation de la loi par le Président de la république. Le Conseil Supérieur de la Justice La troisième république offre aux citoyens une justice indépendante des autres pouvoirs législatif et exécutif. Un Conseil Supérieur de la Justice (CSJ) veille au respect des libertés, des droits des justiciables et à l’égalité de tous les citoyens devant la justice. Le CSJ est le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire et statue comme conseil de discipline pour tous les magistrats. Proposition VI.1 : Le CSJ est obligatoirement consulté avant le vote de toute loi concernant l’organisation judiciaire. Proposition VI.2 : Le CSJ (dont le nombre total de ses membres reste à définir) est composé pour un tiers de personnalités nommées par le Président de la république; pour un tiers de personnalités élues à la proportionnelle par le Parlement (chaque membre doit obtenir au moins un tiers des voix des parlementaires) sur proposition du président du parlement et pour un tiers de magistrats élus par leurs pairs (à définir). Proposition VI.3 : Le président du CSJ est nommé par le Président de la république. Proposition VI.4 : Les membres du CSJ sont renouvelés à chaque début de législation. Un membre démissionnaire (ou en cas de vacation suite à un décès) est remplacé par l’instance qui l’a nommé ou élu. Proposition VI.5 : Les membres du CSJ ne peuvent être démis de leur mandat. Proposition VI.6 : Chaque membre ne peut siéger au CSJ plus de trois législations consécutives. Proposition VI.7 : La décision, argumentée, du CSJ est prise de façon majoritaire et rendue publique. Chaque membre peut exprimé son désaccord en attachant son argumentaire à la décision majoritaire du conseil. Proposition VI.8 : Le CSJ peut être saisi d’un dysfonctionnement du pouvoir judiciaire par tout parlementaire, par tout magistrat, par le barreau et par tout avocat représentant un justiciable. La Cour des Comptes La Cour des Comptes, dirigée par un haut magistrat, est un outil de contrôle à la disposition du Parlement et donc sous l’autorité de son président; elle peut néanmoins procéder sur sa propre initiative à des vérifications et évaluations des comptes publics (administration, entreprises et services publics). Elle évalue et rend compte, annuellement, au parlement sur la réalisation par le gouvernement des programmes votés et de leur performance. La Haute Cour de la République La Haute Cour de la République est une juridiction temporaire pour enquêter et juger un Président de la république ou un Premier ministre selon les dispositions citées plus haut. Elle est composée de deux collèges. Proposition VIII.1 : Un premier collège d’enquête-instruction composé de deux magistrats professionnels (ne faisant pas partie du CSJ) désignés par la hiérarchie judiciaire (ou par le CSJ) et de deux parlementaires, élus par leurs pairs à la proportionnelle, qui instruisent l’affaire en collégialité. La décision de juger l’intéressé devant le deuxième collège de la Haute Cour de la République doit être prise à la majorité des membres du collège. Proposition VIII.2 : Un deuxième collège, pour juger l’affaire instruite par le premier collège, composé des membres du CSJ et son tiers de parlementaires (exceptés les deux parlementaires du premier collège) élus par leur pairs à la proportionnelle, fonctionnera sous sous la présidence d’un magistrat professionnel (le président de la cour de cassation par exemple). La décision doit être prise, selon les lois en vigueur, à la majorité qualifiée des ¾ des membres du collège (y compris le magistrat président). Proposition VIII.3 : Toute hiérarchie juridique, selon les lois en vigueur et suite à un début d’enquête-instruction, peut demander au parlement la mise en place de la Haute Cour de la République et la convocation du premier collège. Proposition VIII.4 : Le premier collège est mis en place par un vote du parlement à la majorité qualifiée des 3/5. Proposition VIII.5 : Pendant la première phase (enquête-instruction), l’intéressé doit démissionner du poste de Premier ministre ou se mettre en congé du poste de Président de la république (il cessera toute activité). Dans le cas du chef du gouvernement, un nouveau Premier ministre sera élu par le parlement pour le restant de la législature. Proposition VIII.6 : En cas de renvoi devant le deuxième collège, le Président de la république ne démissionne que s’il est reconnu coupable pour les faits en question. Dans ce cas l’intérim sera assuré par le président du parlement jusqu’au terme du mandat présidentiel en cours. Le Conseil National de la Sécurité Le Conseil formule et met en oeuvre la politique concernant les activités de sécurité des citoyens et de la sûreté de l’état. Le conseil, présidé par le Président de la république, est composé du Premier ministre, des ministres de l’intérieur, de la défense, de la justice et des affaires extérieures. Ils y sont invités, le ministre en charge de la sécurité et les hauts responsables des différentes directions générales des ministères citées ci-dessus selon les sujets traités (exemple, DG de la police, DG de la gendarmerie…). L’Obsevatoire du Respect des Droits Humains L’Observatoire (ORDH) traite les questions relatives à la défense des droits de l’homme, en particulier, et aux respect de la personne, en général. I’ORDH évalue la situation générale concernant le repect des droits humains et formule ses recommandations au gouvernement. Sa composition est comme suit (à développer) : Le Conseil National de l’Audiovisuel et de la Presse Le CNAP évalue la situation concernant les secteurs de l’audiovisuel et de la presse et fait ses recommandations au gouvernement. Il joue aussi un rôle d’autorité de réglementation de la diffusion et d’édition (du point de vue du contenu et de la concurrence des acteurs : journaux, magazines et éditoriaux publiés sur Internet) afin d’assurer le repect des libertés, la diversité et l’équité d’accès des citoyens aux médias audiovisuel et de presse. Sa composition est comme suit (à développer) : L’Autorité de Régulation des Communications Electroniques L’ARCE joue le rôle de régulateur auprès des entreprises du secteur des communications électroniques. Elle évalue la situation concernant le secteur en question, en termes de concurrence, de repect des cahiers de charges et de l’engagement des acteurs, et fait ses recommandations au gouvernement : Analyse de marché; Gestion des ressources et autorisation d’exploitation; Règlement de litiges et pouvoir de sanction; Régulation tariffaire… Sa composition est comme suit (à développer) : (Source : le blog « Pour une 3éme République en Tunisie » , le 25 décembre 2007 à 7h00) Lien : http://3rep-tn.blogspot.com/  

Entre burqa et bikini, une musulmane australienne invente le « burkini »

 
AFP, le 18 janvier 2007 à 06h31 Par Madeleine COOREY SYDNEY, 18 jan 2007 (AFP) – Afin de permettre à ses coreligionnaires de pouvoir elles aussi s’adonner aux joies de la plage, tout en respectant leurs convictions, une musulmane australienne a inventé le « burkini », croisement entre le bikini sexy et la stricte burqa. « Je la regardais jouer: elle portait un voile, une chemise longue et des pantalons. Et, par dessus tout, elle avait enfilé le maillot et la jupe de son équipe. Je me suis dit: +Mon Dieu, on doit pouvoir faire quelquechose+ » : c’est en regardant sa nièce jouer au netball (sorte de basketball) qu’Aheda Zanetti a décidé de concevoir elle-même une tenue qui serait à la fois pratique et « religieusement correcte ». « Un si grand nombre de filles et de femmes ne pouvaient pas pratiquer de nombreux sports, dont la natation… Il n’y avait rien de vraiment pratique pour elles… Le tissu, la conception… ça n’allait pas », explique la Libanaise d’origine. A 39 ans, elle a ainsi décidé de laisser tomber une carrière de coiffeuse pour laquelle elle venait d’être formée, et de se lancer dans le stylisme. La mère de quatre enfants, qui n’a jamais porté la burqa, a d’abord conçu un haut qui reliait un voile à une chemise, avant de se lancer dans des tenues de sport plus complètes et de jeter son dévolu sur les maillots de bain. Dans un pays où la plage est une véritable « culture », que ce soit pour le surf ou la simple baignade, il y avait « un vide qu’il fallait combler », se souvient Mme Zanetti. La styliste crée alors le « burkini »: un costume de bain en polyester, d’une rigoureuse couleur noire, qui enveloppe l’ensemble du corps, des cheveux jusqu’aux chevilles. Depuis, sa société « Ahiida », installée dans une banlieue de Sydney, reçoit aujourd’hui des centaines de commandes, venues de toute l’Australie mais également de l’étranger. Coïncidant avec le centenaire des Surfeurs sauveteurs en mer d’Australie, Mme Zanetti a également sorti un burkini rouge et jaune, aux couleurs des sauveteurs. Pour la jeune Mecca Laalaa, 20 ans, cela a été le déclencheur qui l’a convaincue de rejoindre le programme d’entraînement des maîtres-nageurs. « Ce que je portais pour nager m’empêcher de m’impliquer dans des activités nautiques… Pour moi, le burkini signifie que plus rien ne peut m’arrêter », témoigne-t-elle. Le nouveau « maillot » a reçu la bénédiction du mufti d’Australie, le cheikh Taj Aldin al-Hilali. Les musulmans sont 300.000 dans le pays, sur une vingtaine de millions d’habitants. Mais, pour « libérateur » qu’il apparaisse aux musulmanes, le burkini n’en a pas moins suscité la controverse dans une Australie où il y a un peu plus d’un an, en décembre 2005, des émeutes avaient éclaté sur la plage de Cronulla, à Sydney, entre des jeunes originaires du Moyen-Orient et des Australiens de souche européenne venus « reprendre possession » du rivage. Mme Zanetti indique ainsi avoir reçu des courriels racistes mais elle fait également l’objet d’une menace de mort venant d’un musulman qui qualifie son costume de « honte ». Il en faut cependant plus pour décourager la styliste: « Je n’y prête pas réellement attention ». AFP


 

Si Omar et S’habou

Mizaanoun

I- L’Alliance Maghrébine pour la Démocratie.

Dans son analyse des évènements qui ont secoué dernièrement le général Ben Ali et son entourage le plus proche à Tunis, l’auteur dans un article posté sur « Tunisnews » en date du 07/01/2007 a pris le soin de nous mettre en garde, à savoir que l’opinion qu’il émettait sur le sujet,  n’engage que sa propre personne en tant que journaliste et non pas en tant que président d’une certaine Alliance Maghrébine pour la Démocratie – un club de « démocrates » fondé, comme il est bien mis en exergue à la page d’accueil de leur site sur Internet, sur le sol de la métropole française (AMD : Association de droit français dans le cadre de la loi de 1901, récépissé de la Préfecture de Police de Paris N°173890 P).

À moins que l’alliance en question ne soit un club de football ou de pétanques, ce qui n’est pas le cas, l’analyse de monsieur Omar ne peut – par logique – se situer en dehors des grandes lignes directrices de l’alliance. Il n’y a aucun doute qu’elle se trouve bien partagée par ses S’habou ou amis au sein cette alliance. Une alliance à laquelle appartient, entre autres, le sinistre personnage, Tahar Belkhoja, qui fut à son temps, comme  grand serviteur de Bou Rquiba (Eux, pour une question d’esthétique propre à la phonologie ou pour maintenir le flou et le mystère, préfèrent utiliser la dénomination en un seul mot Bourguiba, tel que les colons français avaient transcrit les patronymes arabes à leur guise et convenance à la langue française.) Il a évolué comme tous les autres d’un poste à l’autre pour en finir en féroce ministre de l’intérieur. Il n’est point besoin de rappeler à n’importe quel peuple, surtout arabe, ce que signifie cette fonction dans un tel Ministère de la terreur et de l’horreur. L’unique réussite indiscutable à l’actif de tous les chefs de gangs, qui dictent leurs lois à titre de président, de roi, de prince ou de sultan, dans toutes les régions arabes et musulmanes. Tous bien sûr à vie.

Quant au personnage Belkhoja, qui jouit comme tous ses compères du temps du premier dictateur d’un significatif revenu à six chiffres en tant qu’ancien ministre, a accumulé tout au long de sa carrière une autre fortune largement confortable lui permettant non seulement de vivre très aisément à cheval entre  le pays natal et la France, particulièrement à Paris. Ce monsieur continue à être actif. A part le fait d’être membre fondateur du club, il s’est  trouvé une autre fonction qu’il semble avoir « subtilisé » ou au moins partager avec un autre hideux personnage dit Essyah en tant que vice-président d’une ténébreuse association dite « Association du Souvenir de Bourguiba ». Enfin une association de nostalgiques qui contiendrait aussi bien des français que d’autochtones francisés et dont le siège se trouve, comme par hasard aussi, en France. Dieu sait qu’elle est la signification exacte d’une telle association. Mais restons dans l’article de M. S’habou.

La désinformation ou le mensonge systématique et permanent.

Il y est écrit notamment : «…La désinformation autour de laquelle le régime du 7 novembre a choisi, en toute connaissance de cause, de se construire et de durer. » À cette désinformation que l’auteur semble dénoncer, il a ajouté de sa part le cynisme et l’hypocrisie. Car en  mettant l’accent uniquement sur le régime du 7 novembre, il veut nous faire croire que la désinformation n’est que le stigmate de l’actuel dictateur et feint d’oublier qu’on est toujours dans la même république et la machine de désinformation ou d’intoxication n’a pas été créée par le général en exercice. Tout en étant un instrument perfectionné à l’époque du premier tyran, elle est l’œuvre de plusieurs experts en la matière, tous sortis de la même école occidentale ou plus précisément judéo-chrétienne, et, selon les circonstances, plus sioniste que chrétienne. Par conséquent c’est faux ce que prétend monsieur S’habou sur cette question. Les dix millions de citoyens n’ont jamais cru ni au général ni à son prédécesseur, mais ils avouent quand même, que les médias racontent des mensonges. Il écrit qu’ils sont obligés. Mais il ne dit pas qu’ils sont payés justement pour mentir. Bien qu’employé d’une manière assez grotesque dans les pays arabes et musulmans, le mensonge systématique et permanent, quitte à défier la foi de monsieur Omar et S’habou en la démocratie, est bien un produit occidental. En partant des valeurs morales strictement musulmanes le mensonge est l’équivalent du crime sinon il le dépasse. Il est le crime impardonnable et son châtiment est irréfutable et ne jouit d’aucune circonstance atténuante.

Le point commun entre Bush et M. Omar

Plus loin il écrit : « La nébuleuse terroriste planétaire du nom d’El Qaïda a établi, comme on le sait, à travers le globe, des sortes de succursales aux fins de frapper les centres vitaux d’un occident tyrannique pour faire mûrir les conditions favorables à l’émergence d’un ordre islamique pur et dur …» Lu ailleurs, dans n’importe quel journal occidental, aucun de ces termes employés par l’auteur n’aurait surpris. Monsieur S’habou a pratiquement répété mot par mot les expressions mensongères employées par le messie borgne Bush. Il démontre une affinité extraordinaire, tout en étant à Tunis, à interpréter les choses avec les mêmes manipulations méphistophéliques des plus fanatiques des néocons de l’Administration usaméricaine.

Autrement dit, il retransmet le même mensonge de Bush qui consiste à faire peur aux américains afin de justifier ses terreurs et destructions massives des peuples, surtout arabes et musulmans. Chose qui profite à l’industrie militaire usaméricaine et qui justifie aussi son règne à la Maison Blanche. C’est quand même assez insolite qu’un Omar ait les mêmes idées sur son propre pays et sa propre société qu’un ennemi qui s’appelle Georges ou Jacques. Mais que dis-je ? – Il n’y a plus rien d’insolite. Même la trahison pure et simple est apparentée avec le droit démocratique et est considérée comme une louable opinion.

Dans les traditions et la culture arabes et musulmans, le prénom Omar fait surtout penser à l’un des plus fidèle disciple du Prophète Mohammed, et le plus brillant Khalife, Omar Ibn Al Khattab. A moins que le père de monsieur S’habou ait eu une autre chose dans sa pensée, comme d’ailleurs l’écrit l’auteur, et a pensé à Ammar Bouzzouer, car à lire ce qu’écrit son fils aujourd’hui ça doit lui causer une extraordinaire amertume et un énorme désespoir. Par la suite monsieur S’habou en parlant du fondateur d’El Qaïda, trouve que ce dernier ait décidé de « s’occuper du Maghreb et principalement du bastion du modernisme arabomusulman, cette Tunisie, qui ne veut toujours pas se débarrasser de l’héritage idéologique du mécréant et ennemi de l’Islam : Bourguiba. » En situant les choses dans cette optique-là, il traduit exactement le mensonge de Bush quand il dit : « Ils nous haïssent pour notre mode de vie.»

Indépendamment de ce que prétend monsieur S’habou sur l’objectif d’El Qaïda, que veut-il nous dire d’abord par bastion de modernisme  arabomusulman? – Il n’y a rien qui indique qu’on se trouve réellement devant un bastion de modernisme, ni arabo ni musulman ni rien d’autre qu’une stricte caricature d’une quelconque zone occidentale qui consomme tout et ne produit rien. Où est ce bastion ? – Ou est-ce que pour l’esprit de monsieur S’habou, le fait de voir une infime minorité de la population jouir d’un rythme de vie occidental opulent et surtout insultant au détriment d’un réel et propre projet de construction aux répercussions morales et matérielles sur tous les membres de la société veut y voir un bastion de modernisme arabomusulman ? – Justement les trente ans de règne du premier déposte ont favorisé l’épanouissement de cette classe ou élite – qui existait bien du temps des colons et qui est demeurée en tant que ferment –  formée de parasites et d’opportunistes gloutons de tous gadgets au sens matériel comme intellectuel venant de l’Occident. Il se trouve  que cette ainsi dite élite qu’elle soit dorlotée, chouchoutée par un Occident, son géniteur  se trouve à présent consolidée par le successeur du premier dictateur. Elle constitue une tête de pont indispensable pour un Occident aussi prédateur et fidèle à lui-même. Cette même élite est clonée dans ses moindres détails à Rabat, à Alger, à Nouakchott, à Tripoli, au Caire, à Beyrouth et partout ailleurs, même à Riad ou à Djedda. Aucune ne représente ni un bastion quelconque, et encore moins, un bastion arabomusulman que ne le prétend l’auteur. Tout au plus une vitrine publicitaire des féroces prédateurs de la planète. Toutes ces élites clonées représentent des îles d’opulence, de cynisme, d’insolence et dégénérescence morale,  dans des océans de misères, d’injustices, de terreurs et toutes sortes de calamités. Ces classes d’une terrible et impitoyable voracité s’attachent d’une manière indéfectible, à l’une des métropoles de l’Occident. Pour les unes se sont Paris ou Rome et pour d’autres  Londres ou Washington, mais toutes s’attachent inéluctablement à l’Occident dans son ensemble et ne semblent se trouver en terre arabomusulmane que comme si elles n’étaient qu’en tourisme de longue durée. Dans la foulée elles seraient chargées de liquider à prix de solde toutes les richesses naturelles et humaines qui font la gloire et sans nulle doute la prospérité matérielle de leur Occident bien aimé. Toutes s’identifient aux réussites et succès scientifiques, technologiques ou autres de l’Occident. Toutes ces sinistres élites utilisent, dans leur vie quotidienne, de A jusqu’à Z des produits qui leur arrivent de très loin à travers les mers,  sans soucier le moindre du monde ni de leur coût pour l’ensemble de la société qui est dévastateur, ni de leurs effets qui sont encore beaucoup plus dévastateurs. Aucune de ces élites, ni prises séparément ni prises dans leur ensemble, n’a jamais offert pour tout ce qu’elles reçoivent absolument rien à la société aucun projet de construction réelle. Le seul projet qu’elle présente c’est celui que leur dicte la Banque Mondiale ou le FMI ou d’une manière globale la nouvelle forme coloniale dite la Mondialisation. Et ce projet là reste celui de l’Occident dans son ensemble qui n’a jamais tenu compte des autres peuples de la terre que dans la mesure où ils sont bons à être dépouillés de toutes leurs richesses et de tous leurs biens.

Cinquante ans en arrière et en termes réels notre sous-développement à tous les arabes et musulmans était surmontable en l’espace de quelques années, à présent, on est de plus en plus pauvres, sans aucun projet valable et le progrès nous paraît de plus en plus relevant de chimère. Où est le bastion dont nous parle monsieur S’habou dans tout cela ? – Quelles sont ces grandes réalisations scientifiques et technologiques ? –  Où sont ces centrales nucléaires ? – Où sont ces progrès industriels ? – Où sont ces progrès agricoles ? – Où sont ces progrès en médecines ? – Où sont les industries de constructions de moyens de communications et de transportes ? –  Rien de tout cela. C’est le désert total. Et pourtant un réel bastion arabomusulman ou non, qui pourrait constituer un objet de convoitise ou de jalousie ne peut objectivement s’asseoir que sur des fondements et de structures à même de créer les richesses réelles, renouvelables et en continuelle progression pour tous les membres de la société et non pas l’abjecte opulence accumulée par ces élites parasitaires aux prix de la liquidation à prix de solde de toutes les richesses naturelles de leur société. Des fondements et des structures à même de constituer la base d’une authentique construction, ne sont jamais – aujourd’hui beaucoup plus qu’hier – possibles au niveau de quelques dix millions par ci ou par là, mais plutôt d’un ensemble beaucoup plus grand composé de plusieurs régions arabes ou musulmanes avec la  condition principale d’une souveraineté totale et radicale vis-à-vis de l’Occident. On sait que ce genre d’individus, de la nature de l’auteur de l’article, ne peuvent raisonner en ces termes. Ce n’est pas pour cela qu’ils sont formés. Justement pour son contraire. Ils ne se sentent pas en conflit avec l’autre. Ils sont universalistes disent-ils !

Partout dans toutes les régions du monde arabe la situation est la même : Une élite parasitaire dont tous les membres ne représentent à peine  plus de deux ou trois pour cent de l’ensemble qui ingurgite – sans se poser la moindre question – un sans fin de produits occidentaux que débarquent les bateaux et les avions cargos de toutes dimensions, alors que le reste de la population, c’est-à-dire les 97%, je dis bien quatre vingt dix sept pour cent, se voit forcée par la terreur  de tous ces dictateurs à vivre sur les « poubelles » de ces élites. Il est bien triste de voir certains naïfs ou pauvres d’esprit parler d’économie, alors qu’en réalité, il ne s’agit que de la gestion de la misère au profit de l’économie réelle, celle de  l’Occident. Si le pivot de l’économie occidentale se trouve dans leurs gigantesques industries, chez nous dans le monde arabomusulman, l’axe de la société – pour ne pas dire ce qui n’existe pas, c’est-à-dire l’économie –  c’est le train de vie de cette classe formée de oisifs mais grands goinfres qui se gavent à satiété de toutes les friandises occidentales. Et de leurs poubelles au sens figuré comme au sens propre s’alimente l’écrasante majorité de la population 

Revenant à présent à ce genre de relations entre le monde arabe et l’Occident, que ne cessent de mettre en exergue ces sinistres élites sous le terme pompeux de respect de la légalité internationale. En termes d’échanges – si jamais on peut appeler  ainsi – ça signifie qu’un produit occidental, n’importe lequel, ça peut aller d’une simple épingle ou une pièce de rechange d’un objet de consommation à un moyen de transport ou de communication quelconque nous est facturé à partir de soixante fois la valeur de l’heure de travail de l’homme blanc par rapport à l’heure de travail d’un citoyen arabe ou musulman pour produire un objet quelconque que l’Occident veuille s’y intéresser. Autrement dit l’heure de travail d’un blanc occidental, nous revient, au moins, à soixante heures de travail de chez nous. Les mêmes paramètres s’appliquent à ce que cette élite considère une gloire ou le bijou de toutes ses fausses réalisations ou performances : Le tourisme. Dans ce secteur le déficit est catastrophique non seulement de par ses considérations strictement économiques, mais aussi par ses retombées sociales qui sont dévastatrices. Dans ce secteur – qui au fond ne répond qu’aux besoins de la seule économie occidentale et à la nécessité d’espace pour son mouvement financier. On verra plus loin dans quelles circonstances la société a été entraînée dans cette affaire. Et dans le cadre de la concurrence entre une région et une autre dans le monde arabe ou ailleurs dans le monde sous domination occidentale, les choses ne s’arrêtent plus aux prix déjà truqués à l’avantage comme il se doit des agences de voyages occidentales et à la qualité, sinon ça s’étend à tout un éventail de caprices des plus perverses et des plus dégénératives que véhicule l’individu occidental. En somme un secteur totalement antagonique avec les valeurs morales de plusieurs sociétés humaines et non pas seulement la nôtre, justement arabomusulmane. En termes économiques  intrinsèques, le produit dans ce domaine qui nous coûte 60 heures de travail est échangé contre un produit occidental qui a coûté moins d’une heure de travail. Et ça dans le meilleur des cas. Il n’est donc pas étonnant que toutes les régions arabes soient continuellement déficitaires. Par conséquent il n’est point étonnant que seule cette minorité élitaire ait le droit à un rythme ou mode de vie occidentale avec toutes ses exubérances. Souvent les produits occidentaux les plus sophistiqués arrivent beaucoup plus vite sur nos marchés que sur les marchés occidentaux. Bien sûr en quantité bien réduite. Juste pour satisfaire les besoins des membres de notre élite parasitaire. Juste pour la vitrine.

Lors d’un court débat à la télévision française F24 du 08/01/2006 à 19 heures est apparue une dame du nom de Emna Soula, (sénateur selon le présentateur) face au très connu opposant au régime, le docteur Moncef El Marzouki, justement pour parler des derniers événements sanglants. Madame la sénateur était bien maquillée, habillée en costume bien occidental (Évidemment, elle ne va quand même pas arriver en Safsari ou en costume traditionnelle dirait-on, là n’est pas l’objet de la question.) et comme bijou visible à la camera, pendait autour du cou et partiellement sur son décolletée une énorme chaîne d’or. Ce genre de chaînes finement tressées, mais assez épaisses, qui sont généralement appréciées et portées par les gitans hommes et femmes ou les gangsters et les trafiquants de drogues d’Amérique du Sud. Il est bien clair que la dame s’était bien déplacée par avion à Paris. Elle était tout à fait le prototype de cette élite que ne se prive de rien. Et à la question posée par le journaliste sur le pourquoi de tergiversations des autorités  et les différentes versions contradictoires qu’on donnait sur la vérité des évènements, elle n’a rien trouvé d’autre à dire que : « Il était normal qu’on ne dise par la vérité tant que l’enquête était en cours afin d’éviter les fuites etc. » Mais ce q’elle n’a pas dit, c’est que ça fait bien cinquante ans que ces gangsters  évitent les fuites. Autrement dit ça fait bien cinquante ans qu’on raconte que des mensonges. La seule vérité, qu’ils ne sont pas tenus de dire, c’est leur train de vie farouchement occidental, extrêmement coûteux et finalement financé par une population vivant en permanence dans la terreur et l’humiliation.

Et puis une fois qu’elle ait finalement reconnu l’évidence que contrairement à ce qu’avaient maintenu les autorités pendant plusieurs jours, il ne s’agissait point d’affaires de drogues ou de criminels, mais bel et bien d’actions armées. Et quand le journaliste de la chaîne de télévision française lui a posé la question sur le pourquoi des choses, la raison de cette explosion – tout comme monsieur Omar – elle n’a pas hésité à faire le chapeau à des éléments étrangers au pays – disait-elle – « car nous sommes un petit pays sans richesses naturelles et son peuple n’a pas génétiquement cette propension à la violence et c’est cette non violence qui fait l’admiration des occidentaux pour notre pays. » (Elle a dit notre pays)

De là, faut-il conclure que cette opulence dans laquelle vit cette minorité parasitaire, est due à la générosité occidentale  et non pas aspirée du sang du peuple. Quel culot! Par la suite le journaliste s’est tourné vers le docteur Marzouki avec son air de toujours, qu’on dirait qu’il venait de ce campement sur les bords de la Seine des SDF français et à peine ce dernier a-t-il commencé à donner son explication des évènements et leurs origines réelles dont les racines plongent profondément dans la corruption, l’injustice, l’humiliation, la terreur etc. qu’il a été interrompu à la fois par le présentateur et les vociférations assourdissantes de madame la sénateur Soula.

On reviendra sur la question de la génétique propension des citoyens à la non violence plus loin. Mais d’ores et déjà on trouve ce même leitmotiv  chez tous les autres tyrans arabes et musulmans. Le même refrain est repris aussi par tous ces mouvements, les « Cheikhs » ou  Ulémas qui tournent dans le giron de ces impitoyables dépostes. Tous veulent réduire les arabes et les musulmans à des peuples qui ne connaissent que veulerie, vilénie, soumission totale et enfin de compte des peuples qui ne comptent en rien. Quelle erreur monumentale !

Évidemment dans une telle société sans projet réel de construction aucun, pour ce faire, il n’y a rien d’étonnant à ce que règnent le despotisme – non pas d’un seul homme comme on veuille toujours le faire croire, mais d’une poignée d’individus –   avec tous ses corollaires de terreurs, de corruptions, de misères et de toutes les calamités qui inévitablement mènent à toutes sortes d’explosions organisées ou non.

Dans tout cela et pour ce qui est du Maghreb en particulier, notre ami avec son alliance, semble nous dire que de cette zone géographie là,  lui appartient à lui et à son club et à personne d’autre. Mais quand on voit un peu ce qu’il nous propose d’autre à travers son alliance chapeautée, comme il se doit, par la métropole de toujours et plus coloniale que jamais, franchement on est en droit de se demander : Mais par quelle autorité morale s’arroge-t-il, lui monsieur S’habou, le droit de regard sur de telles questions ? – Enfin le droit que lui octroie sa qualité de président d’une certaine alliance ! Au fond l’Alliance de monsieur S’habou – comme l’indique bien le récépissé de déposition signalé auprès de la préfecture de Paris – reste quand même intrigante. Ou que les autorités françaises se sont fait abusées de l’utilisation de leurs lois par ces individus fondateurs au nez même du colon d’une organisation dont le but consisterait à liquider à court ou moyen terme les avoirs et intérêts français dans toute la région du Maghreb, ou alors le projet d’une telle alliance ne serait que de la poudre aux yeux et par conséquent tout à fait destiné à mieux consolider ces mêmes intérêts. Monsieur Omar pourrait objecter ce qu’il voudra sur les susceptibilités des tyrans, mais franchement aller déposer un dossier auprès de la préfecture de Paris pour alliance qui concerne les peuples du Maghreb ça relève franchement du mystère propre aux membres de cette élite !

L’héritage idéologique et l’archéologie.

Mais quand il parle de « l’héritage idéologique du mécréant et ennemi de l’Islam : Bourguiba. » est-ce qu’il y a le moindre doute là-dessus ? – Bou Rquiba a bafoué publiquement les valeurs morales et la foi de toute la société. Et il ne s’en est point caché. Il émulait disait-il, son admiré Kamel Atatürk, le père des turques. Ce dernier avait commencé son combat contre cet « ennemi l’Islam» presque un demi siècle avant lui et le sort des turques, dépend toujours de la bonne volonté ou du bien vouloir de l’Occident. L’élite turque quant à elle, avec toute l’avance qu’elle a sur l’élite à laquelle appartient monsieur Omar, n’a pas fait encore de miracle. Plus de quatre vingt dix pour cent du peuple turque vivent de la même manière que les autres peuples musulmans. Et quand on va en Anatolie, on se croirait encore dans la Turquie de l’époque de la chute du Khalifat au début du 20ième siècle ou la fin du 19ième. Bien que le régime turc, allié inconditionnel de l’Administration américaine et membre de l’OTAN, fournissant à cette organisation une quantité significative de militaires et d’officiers disposés à intervenir avec force là où il le faut pour défendre les intérêts de l’Occident, même pour écraser des musulmans comme c’est bien le cas en ce moment en Afghanistan ce qui aurait suffi pour prouver l’adhésion corps et âme de l’élite turque aux valeurs occidentales, ni son incorporation à la Communauté Européenne, ni l’amélioration des conditions de vie de sa population ne semblent une réalité proche. Et dire que tous les gouvernements successifs en Turquie depuis Kemal Atatürk qui a aboli le Khalifat en 1924 n’ont cessé de faire toutes sortes de concessions aux européens jusqu’à même renoncer à leur simple couvre-chef traditionnel pour le remplacer par le béret et pourtant il n’y a rien qui indique que l’Occident soit sur le point de céder et finalement ouvrir les portes du « Paradis » aux pauvres turques. Et ça peut durer encore longtemps, indéfiniment. A moins que les turques finissent par se réveiller, par se convaincre et changent enfin de cape. Et là c’est une autre question.

Monsieur S’habou après nous avoir expliqué les rouages de fonctionnement de ces groupes et l’essence de leur idéologie ou leur credo, le salafisme, ce qui d’après lui,  les conduit  purement et simplement  vers le culte de la mort, il arrive à la conclusion pour écrire : « A mon  humble avis, ce qui vient de se produire en Tunisie et qui risque de se reproduire dans ce même registre, n’est pas inquiétant. Je vais peut être surprendre plus d’un, mais je ne m’étais senti à aucun moment, durant ces derniers jours, saisi d’inquiétude, à fortiori de panique. Contre ce type de dangers exogènes, notre pays est défendu par d’invincibles armées qui ont pour nom de guerre : Le Code du Statut Personnel, la culture du planning familial….Notre pays n’étant pas un échafaudage confessionnel artificiel dessiné par les compas et les équerres des stratèges du condominium franco britannique. La Tunisie a construit sa solidité et son homogénéité sur plus de trois mille ans et a tours été sculptée par le souffle de la reforme… »

D’abord il est bien de rappeler à l’auteur que ce qu’il appelle le culte de la mort ça n’existe pas dans l’Islam. C’est encore un produit d’origine occidentale. Dans la société occidentale le culte de la mort est resplendissant dans toutes ses dimensions, mais toujours par son antagonisme c’est à dire l’énorme attachement à la vie. La philosophie qui a mené cet Occident à cette hégémonie épouvantable. La philosophie qui est à la source de son arrogance et sa barbarie. Par contre dans la culture musulmane, on ne meurt jamais pour rien. Et comme on ne meurt pas pour rien, et, qu’il y a de toute manière une récompense il n’y a pas de culte de la mort. Mais cette question n’est pas non plus l’objet de cette réflexion qui fait suite à votre article.

Pour l’auteur tous les dangers qui menacent la société sont exogènes. Les mêmes arguments employés par tous les dictateurs et tyrans qu’ils soient ceux du Maghreb ou ceux du Machrek  y compris les gangsters de la Péninsule Arabe qui se sont appropriés, ni plus ni moins que, de tout un continent. Ils ont poussé le culot –  avec la complicité, précisément de ce même Occident avec toutes ces institutions et toutes ses légalités –  de lui donner comme « patronyme national » leur propre nom de famille. Pour le tyran du Caire tout ce qui passe en Égypte est aussi exogène et comme bouc émissaire, il utilise toujours l’élément palestinien. Il est toujours à la portée. Pour celui de Jordanie, les éléments sont souvent aussi palestiniens et depuis quelque temps, ils sont  irakiens ou syriens sinon tous ensemble. Même ce sinistre personnage du Pakistan, rejette aussi la responsabilité sur les « Taliban » et sur Al- Qaïda. Rien au Pakistan ne pousse les pauvres pakistanais à se révolter contre cet ignominie d’individu !? Enfin inutile de continuer citer les exemples. L’argument des dangers  exogènes de monsieur Omar n’a rien de sérieux. Ça relève de sa propre fantaisie.

Quant aux invincibles armées c’est tout simplement pathétique. Et il nous met devant la première armée, celle du Code du Statut Personnel. Le cheval de Troie de toute cette classe d’intellectuels à laquelle appartient monsieur Omar. Là aussi les turques sont en avance et ce n’est donc pas la panacée des seuls amis de monsieur Omar. En tout cas en ce qui nous concerne l’histoire est là pour nous éclairer sur les circonstances réelles qui ont poussé, le premier dictateur à manœuvrer dans ce sens. Car en réalité, dans les années cinquante, ce que cherchait le dictateur n’était pas le bien être et le progrès de la société, il cherchait surtout à asseoir sa dictature et comment éliminer ses adversaires. Plus il s’approchait de la bourgeoisie, plus la confiance est mutuelle. La bourgeoisie était parfaitement acquise à une certaine liberté qui prenait comme parangon le mode de vie colonial et voulait s’assurer de l’orientation du dictateur et ce dernier de leur allégeance. D’ailleurs à la même époque – sur recommandations toujours d’experts occidentaux – est mis en marche la construction du secteur dit touristique. Le super ministre du dictateur Ahmed ben Salah avait prétendu que tel secteur n’était que provisoire et personne ne pouvait imaginer les gigantesques dimensions qu’il va prendre à nos jours ni les répercussions économiques et morales aussi destructrices les unes que les autres. Restons là pour le moment et signalons que le dictateur, comme il se doit a été finalement – pour sénilité ou par coup d’état médical –écarté au crépuscule de sa vie sans contemplation et isolé telle une peste jusqu’à la fin de ses jours et fut enterré à la sauvette, alors qu’il laissait entendre dans ses moments d’hallucinations et de prépotence que le cortège de ses funérailles devraient se dérouler sur les plus de 150 kilomètres d’épaule à épaule d’une foule qui s’alignerait entre le palais de Carthage et le cimetière de Monastir pour lui rendre un dernier et vibrant hommage comme elle ne l’avait rendu et ne le rendra à personne d’autre que lui !

Tous les moyens étaient bons y compris les éliminations physiques avec ou sans bouffonnerie de justice. Et en cela il a jouit du concours très actifs de toutes les puissances occidentales. L’assassinat de son principal adversaire à Francfort n’a jamais fait l’objet ni même d’une simple enquête criminelle de la part de la police allemande. Mais laissons cette question de côté. Et bien qu’il ne soit pas question de faire ici tout l’inventaire de ce dictateur, rappelons seulement à monsieur Omar et ses S’habou de l’Association du Souvenir de Bourguiba le contexte de l’époque et les positions politiques du personnage qui engageait en même tout le pays. Il avait soutenu toutes les invasions occidentales et toutes les ingérences dans les affaires des peuples. Il s’est aligné d’une manière catégorique sur la politique agressive des américains et n’a ménagé aucun effort pour pourfendre tout ce qui est susceptible de faire un front de résistance arabe ou musulmane. Mais pour rester dans le sujet, le pays à l’époque, comme d’ailleurs de nos jours, le problème principal de la société, celui de la liberté des personnes, concernait aussi bien les hommes que les femmes. La situation de la femme à l’époque n’avait aucun rapport avec les valeurs de la société. C’était principalement la résultante d’une colonisation directe qui a duré presque un siècle. Certainement d’autres accumulations viendront s’y ajouter durant, avant et après cette époque. Toutes les conditions dans laquelle se trouvaient la femme, l’enfant et le vieillard et l’ensemble de la société étaient inacceptables. Mais en tout état de cause une telle question ne pourrait être résolue au niveau des élucubrations et  du délire d’un dictateur.

Après ce parcours du Statut qui a duré cinquante ans, les résultats sont là : Des enfants illégitimes de plus en plus nombreux déposés ou abandonnés dans de sortes de crèches ou d’associations dont la première a été inaugurée par la deuxième épouse du premier dictateur. Les dernières statistiques nous indiquent que le taux de femmes qui sont définitivement condamnées à terminer leur vie dans le célibat est de plus en plus croissant. Idem pour les mères célibataires. Et sans parler des fournées successives de jeunes filles du qui se sont embarquées dans les années soixante, soixante dix, quatre vingt et jusqu’à nos jours dans des voyages vers les capitales occidentales et se sont trouvées dans ce qu’on appelle les quartiers chauds de ces villes. Quant à leur exploitation dans le propre pays, ça  se passe de commentaire. Jamais même à l’époque de la présence sur le terrain des colons français on n’a enregistré autant de petites filles arrachées de leur humble foyer parental pour aller servir de bonnes dans les palais de cette cynique classe à laquelle appartient notre auteur. Qui des membres de cette classe de insultants personnages qui se disent orgueilleux de cet héritage du Statut,  y compris les juges, ose-t-il nier qu’il n’a pas une, deux ou trois bonnes à la fois ? – Toutes ces pauvres personnes sont parmi les victimes des exodes ruraux vers les grandes villes, un des dérivés de la situation créée par le dictateur. Mais le fameux Statut que monsieur S’habou présente comme une armée invincible, c’est sûr qu’il a causé des fissures profondes dans la famille comme cellule de base de la société. Un statut qui a fini non seulement avec les dégâts sociaux qui font l’unanimité de tout le monde loin de présenter une solution à un problème a fini par créer d’innombrables problèmes sociaux, de déracinement d’insouciance  au point de voir des milliers de jeunes filles venir applaudir dans la capitale et dans d’autres villes des chanteurs ou chanteuses occidentaux telle que l’américaine Mariah Carey ou Enrico Macias, alors que les bombes pleuvaient sur le Liban, la Palestine ou l’Irak. Et pire encore ce que les médias visuels véhiculent comme programmes tel le dernier en cours « Star Academy » ou le « Big Brother » C’est bien le comble. Quant à la culture du planning familial, c’est tout simplement une incitation à la perversion qui fait en même temps des grosses affaires pour les multinationales qui fabriquent les préservatifs les pilules contraceptives et toute la panoplie d’objets inhérents à ce genre de culture qui a pris naissance comme toutes les autres calamités en Occident et a été importée et introduit par les mêmes membres de cette élite.

Bien que le dictateur soutienne que se sont les difficiles conditions de sa propre mère qui l’auraient poussé à prendre une telle décision au sujet du Statut, il est plus que probable que l’inspiration lui a été soufflée précisément par cette deuxième épouse qui est issue de la grande bourgeoisie de la capitale.

De toute manière toutes les décisions prises par un dictateur ne sont jamais dans l’intérêt de la société. Il aurait fallu un débat dans lequel se seraient impliquées  toutes les parties de la société. Il n’en a pas été ainsi. Ni sur cette question fondamentale ni sur toutes les autres questions importantes de la vie de la société. Ça a duré 30 ans avec le premier dictateur et ça dure depuis presque vingt ans avec le deuxième. Mais si jamais il y a des réussites individuelles, féminines ou masculines, elles ne doivent rien ni au premier dictateur ni à son successeur. D’ailleurs comme tout ce qu’ils veulent considérer comme progrès, ne l’est que dans la mesure où il est résultat des spéculations tous azimuts de la même classe dans n’importe quel domaine qu’il soit.

Sachant que l’esprit du colon prédateur de par sa nature ne faisait aucune distinction entre l’homme et la femme, le plus curieux encore dans cette question est que, les premiers à avoir applaudi le fameux statut et lui ont accordé leur bénédiction c’étaient bien les puissances occidentales. Non seulement mais leurs experts ont collaboré directement à la rédaction de ce dithyrambique statut. De toute manière et contrairement à ce que veuille soutenir l’auteur et toute la classe à laquelle il appartient, sur l’erronée souveraineté, les « experts » occidentaux sont partout dans tous les domaines de la société, aujourd’hui comme hier. Les femmes dans notre société sont nos grandes mères, nos mères, nos tantes,  nos sœurs, nos cousines, elles sont toutes nous-mêmes, en chacun de nous et dans notre ensemble. Le progrès nous fait avancer tous et le sous-développement et toutes les autres calamités sociales s’abattent aussi sur nous tous. Donc il est très difficile pour monsieur Omar S’habou de compter beaucoup sur cette armée imaginaire d’invincibles qui partagerait ses opinions. Quant aux élucubrations intellectuelles sur les compas et les équerres du condominium franco-britannique, elles semblent situer l’auteur hors d’orbite. Les compas et les équerres n’ont plus cours et ces instruments sont tout simplement remplacés par d’autres hautement plus sophistiqués et plus efficaces et avec la même finalité. Toujours par les mêmes prédateurs et leurs mêmes collaborateurs que forment la même élite. Et pour les trois mille ans dont il nous parle, ça reste du domaine de l’archéologie. En cela notre monsieur S’habou, rejoint aussi bien les « sorciers – archéologues » égyptiens, que ceux du Liban, ceux de l’Algérie, ceux du Maroc et même les « hideux archéologues » en vogue ces derniers temps ceux précisément de l’Irak. Tous les dictateurs sont dans l’obligation de s’inventer les alibis les plus saugrenus et les plus insolites justement pour se démarquer du voisin ou du frère. Et cette besogne est confiée aux intellectuels de l’espèce de monsieur Omar.

Et enfin pour terminer cette brève réflexion au sujet de l’article en question, l’auteur découvre que « parmi les dizaines de milliers de chômeurs, il y a des milliers de diplômés dont les « convictions islamistes les prédisposent à la martyrologie. » Il s’en étonne et ce n’est pas surprenant, comme d’ailleurs il n’y a rien de surprenant quand il écrit : « Je ne m’étais senti à aucun moment saisi d’inquiétude, à fortiori de panique. » L’inquiétude est bien celle du peuple qui souffre en silence depuis plus de cinquante ans. Au fur et à mesure que le peuple prenne confiance en lui-même et c’est bien le cas en ces jours, la panique s’emparera inévitablement de tout l’establishment y compris de monsieur Omar.


Le « phénomène Ramadan »

A propos de l’ouvrage de Ian Hamel, La vérité sur Tariq Ramadan

 
par Vincent Geisser « Encore un ouvrage sur Tariq Ramadan ! » serait-on tenté de dire en découvrant l’enquête du journaliste Ian Hamel qui fait suite à une longue série de révélations toujours plus sensationnelles sur le médiatique intellectuel musulman[1]. Il est vrai que le « phénomène Ramadan » est inédit dans l’espace public européen. Le caractère iconoclaste et inclassable du personnage suscite méfiance et suspicion dans l’opinion (cf. la fameuse théorie du « double langage ») ce qui, loin de nous éclairer sur les origines, les ressorts et les enjeux de la « posture ramadanienne », tend davantage à brouiller les pistes. Plus on parle de Tariq Ramadan, moins on a l’impression de le saisir. Il faut reconnaître que le leader musulman contribue très largement à ce brouillage des « sens » en adoptant une démarche qui vient remettre en question nos catégories classiques de perception du fait musulman, lesquelles sont héritées de l’orientalisme[2]. Il se réclame de l’universalisme des Lumières tout en adoptant une démarche communautaire. Il se dit défenseur de la tradition musulmane (sunna) tout en revendiquant sa filiation réformiste. Il développe une pensée conservatrice sur le plan des mœurs et des valeurs domestiques, tout en affirmant son attachement à un certain progressisme social et politique. Mais plus encore, le leader musulman qui parvient à mobiliser autour de sa pensée des milliers de citoyens européens de « culture musulmane » est rebelle à une certaine forme d’institutionnalisation, ce qui renforce davantage le mythe de l’ubiquité du prédicateur (Tariq Ramadan est à la fois partout et nulle part), personnage insaisissable et donc incontrôlable. Autant d’ingrédients qui provoquent un certain désarroi chez les acteurs médiatiques, politiques et intellectuels européens, virant parfois à l’ostracisme. En France, Tariq Ramadan serait aujourd’hui le leader musulman à abattre, à l’instar de ce qu’avait pu susciter Henri Curiel dans les années soixante-dix : juif, égyptien, communiste, de surcroît partisan de « l’Algérie algérienne », l’action du militant tiers-mondiste était nécessairement jugée « subversive » et dangereuse pour notre démocratie occidentale[3]. En ce sens, la complexité ramadanienne secoue notre imaginaire français et européen sur l’islam et les musulmans. Dès lors nous vient la tentation de réduire cette complexité sur un mode cathartique par une inflation de discours qui, de manière concurrente ou complémentaire, contribuent à créer une « légende Ramadan » pour reprendre la formule de la politologue Khadija Mohsen-Finan. Des interprétations du « phénomène Ramadan » marquées idéologiquement A l’heure actuelle, l’on peut grosso modo repérer trois types d’énoncés dominants sur le « phénomène Ramadan ». La nouvelle incarnation du diable ? Le premier type, le plus répandu dès lors qu’il s’agit de traiter de la situation de l’islam et des musulmans en France, relève du registre du dévoilement à forte connotation sécuritaire. Il a été amplement analysé par les spécialistes des médias : « Tout journaliste doit tenter de trouver, derrière les raisons officielles avancées, les raisons cachées, les motivations de l’ombre, les intérêts inavoués parce qu’inavouables. Mais le dévoilement ne s’acquiert que rarement par une enquête d’investigation. C’est donc dans l’étude des discours et lors des interviews que le journaliste tentera de déceler les raisons cachées. Il s’agit de faire dire aux acteurs ce qu’ils ne veulent pas dire ou ne peuvent pas dire. Il faut chercher a priori au-delà du discours, parce que c’est dans le non-dit que peut se cacher le scoop potentiel »[4]. Ironisant sur la façon « très orientée » dont la plupart des journalistes ou des experts sécuritaires rendent compte depuis quelques années de sa démarche, Tariq Ramadan aime à prononcer cette phrase, censée s’appliquer à sa personne : « Ramadan ne dit pas ce qu’il fait et ne fait pas ce qu’il dit  »[5]. Dans cette perspective, le « cas Ramadan » justifierait à lui seul d’un traitement médiatique spécial, relevant de la posture du dévoilement : démasquer le « sens caché » de son discours et les motivations secrètes de ses projets qui sont nécessairement anti-démocratiques, anti-laïques et anti-républicains. Cette attitude de suspicion permanente n’est pas récente. Elle imprégnait déjà les représentations véhiculées par les autorités coloniales sur les mouvements réformistes musulmans : « Ces jeunes Musulmans quand ils protestent, vous vous indignez, quand ils approuvent, vous suspectez, quand ils se taisent, vous redoutez », reprochait au siècle dernier le sénateur Maurice Violette à ses collègues français[6]. C’est dans ce registre que l’on peut classer notamment les ouvrages de Caroline Fourest, Frère Tariq et de Lionel Favrot, Tariq Ramadan dévoilé, dont les « informations » puisent souvent dans les élucubrations des « spécialistes » autoproclamés du terrorisme. Héros malgré lui ? Le second type de discours sur le « phénomène Ramadan » ressort du registre hagiographique, exprimant en quelque sorte « la légende dans la légende ». Il est véhiculé par les militants et les sympathisants de la « cause » qui dépeignent le leader musulman sous les traits d’un héros des temps modernes. L’on retrouve ici l’une des variantes du mythe du sauveur[7] : l’efficacité symbolique du message de Tariq Ramadan sur ses suiveurs (followers) s’opère à la faveur d’une situation de vide institutionnel et spirituel dans une communauté musulmane européenne en gestation. Les déclarations de type « c’est Tariq Ramadan qui a montré la voie  » ou « c’est en écoutant ses cassettes que je suis revenu à l’islam » sont fréquentes dans la bouche de ses auditeurs qui reconnaissent unanimement le rôle pionnier de l’intellectuel musulman dans le processus de « réislamisation » des nouvelles générations musulmanes socialisées en Europe. Toutefois, force est d’admettre que ce registre hagiographique, s’il est présent de manière récurrente dans le discours de certains sympathisants et militants ramadaniens, n’a donné lieu à aucun écrit conséquent (une biographie à la gloire du leader par exemple). L’on ne trouve pas encore dans les librairies (y compris les librairies islamiques) de panégyrique de Tariq Ramadan, célébrant ses qualités extraordinaires et ses vertus. Il est d’ailleurs fort probable que l’intellectuel musulman s’opposerait à une telle entreprise hagiographique qui viendrait desservir ses projets. Tribun populaire au secours de l’extrême gauche has been ? Il convient de s’arrêter, enfin, sur un troisième type d’énonciation qui relève également du registre militant mais qui s’exprime cette fois-ci « en dehors » de la communauté de foi musulmane. C’est un discours que l’on recense notamment dans les cercles tiers-mondistes et/ou d’extrême gauche, parfois dans certains milieux chrétiens engagés (les « cathos de gauche ») et qui tend à présenter Tariq Ramadan comme l’incarnation du tribun, ou plus précisément du leader proche des « nouvelles classes populaires » héritières de l’immigration, une sorte de « Malcolm X arabo-musulman », faisant le lien (au sens fort du terme) entre les « militants révolutionnaires » et le nouveau prolétariat urbain majoritairement « musulman ». Là aussi, l’on retrouve, en grande partie, la constellation mythique du « sauveur », déclinée dans sa version profane : le processus de désaffiliation associative, politique et syndicale qui affecte les banlieues populaires a créé un vide que seuls des partenariats avec des leaders « musulmans progressistes », tels que Tariq Ramadan, pourraient combler. C’est une vision à la fois naïve et romantique qui tend bien sûr à surestimer les capacités de mobilisation populaire de l’intellectuel musulman mais qui trouve néanmoins des relais idéologiques, notamment auprès des militants du Socialist Workers Party (sa branche française est intégrée à la LCR) et de certains milieux tiers-mondistes qui prônent le dialogue des civilisations[8]. Ni ramadanophobie, ni ramadanophilie : une investigation journalistique sans complaisance Où situer l’ouvrage de Ian Hamel parmi ces multiples registres ? Ceux qui s’attendaient à une énième enquête à sensation sur les connections de « Frère Tariq » avec les réseaux islamo-terroristes internationaux seront très certainement déçus, tout comme ceux qui espéraient une œuvre de réhabilitation de leur « héros » auprès de l’opinion publique. L’ouvrage de I. Hamel s’inscrit dans le registre de l’investigation journalistique rigoureuse, refusant de céder à une quelconque facilité du « prêt à clicher sécuritaire » ou du récit héroïque. Rien de cela dans ce livre. Au contraire, s’il fallait définir l’originalité du présent ouvrage par rapport à ceux qui l’ont précédé, c’est que son auteur a su faire « feu de tout bois » en ne se limitant pas aux seules sources policières et militantes mais en se livrant à une forme de « triangulation journalistique », interrogeant tour à tour des responsables des services de renseignements dont les avis sont souvent contradictoires, des experts sécuritaires, des spécialistes de l’islam européen, des militants de la « cause », des « concurrents musulmans » de l’intellectuel genevois, des « pro-Ramadan » , des adversaires déclarés mais aussi des « déçus du ramadanisme », catégories de témoins et d’enquêtés souvent absentes des précédents écrits sur le leader musulman. On notera un véritable travail d’investigation : Ian Hamel suit « son héros » (ou anti-héros) pas à pas dans de nombreux rassemblements, manifestations et séances confidentielles, explorant ainsi les moindres recoins de l’univers ramadanien. Pour toutes ces raisons, l’ouvrage de Ian Hamel contient des informations et des témoignages inédits qui permettent de restituer toute la complexité du « phénomène Ramadan » et de rétablir une certaine « normalité dépassionnée ». Son enquête aide à saisir les ressorts et les enjeux de l’action de Tariq Ramadan qui relève, en grande partie, d’une stratégie de leadership à multiples facettes (religieuse, politique, intellectuelle, médiatique…). De ce point de vue, le « phénomène Ramadan » peut être assimilé à ce que les auteurs anglo-saxons qualifieraient de successful leadership, puisant à plusieurs sources de légitimation et jouant sur de nombreux registres jugés incompatibles, sinon inquiétants pour notre « système républicain » : comment peut-on être musulman et avoir une vision politique ? [9]. Le « ramadanisme » : un leadership multi-facettes A trop vouloir traiter Tariq Ramadan comme un leader charismatique, on court le risque de verser dans une représentation néo-orientaliste et culturaliste, comme si les Arabes et les Musulmans étaient incapables de développer des relations d’autorité autres qu’émotionnelles et passionnelles : « le thème du leader dit ‘charismatique’, inspiré (trop librement) de Max Weber, apparaît récurrent, voire obsessionnel, dès lors qu’il s’agit du Monde arabe comme si celui-ci était culturellement prédisposé à produire de tels leaders »[10]. Malgré ces précautions légitimes dans un contexte post-11 septembre où les discours essentialistes sur l’islam et les musulmans refleurissent à tout bout de champ, il nous paraît pertinent d’analyser le « phénomène Ramadan » comme une manifestation du successful leadership et ceci pour plusieurs raisons relatées dans l’ouvrage de Ian Hamel. On y retrouve d’abord les attributs de l’hérédité qui contribuent à asseoir son leadership charismatique. Le succès de Tariq Ramadan dans l’espace public européen doit beaucoup à la mise en scène d’une filiation prestigieuse, celle de son grand-père Hassan al-Banna, fondateur du mouvement des Frères Musulmans mais aussi celle, moins connue, de son père, Saïd Ramadan, acteur visionnaire de l’islam européen. Bien sûr, l’intellectuel genevois critique ceux qui tendent à réduire son projet personnel à l’héritage idéologique de son grand-père : « Je ne me suis jamais dit : « Il faut que je continue ». Mais je comprends que, de l’extérieur, les choses soient perçues ainsi  », déclare volontiers Tariq Ramadan à ses interlocuteurs. Pourtant, le leader musulman ne renie pas cet héritage. Au contraire, il l’assume pleinement : « Ainsi que je le répète depuis des années, je reconnais d’autant mieux cette filiation qu’elle ne me pose aucun problème. Je suis le petit-fils de Hassan al-Banna, le fils de sa fille et de Saïd Ramadan. Ce sont des faits dont je suis fier »[11]. Au-delà de cette hérédité prestigieuse, assumée et revendiquée, le charisme ramadanien doit beaucoup également à la personnalité du leader (ce qui fait toute la différence avec son frère Hani par exemple), ou du moins à ses représentations publiques (réunions, rassemblements, prestations médiatiques) ou semi-publiques (cercles restreints). A certains égards, Tariq Ramadan apparaît comme une sorte de « saint vivant », sinon comme un « monstre sacré » au sens antique du terme. A écouter certains de ses proches et de ses admirateurs, Tariq Ramadan serait doté de toutes les qualités humaines, sur les plans spirituel, moral, intellectuel et physique. Il se produit un véritable phénomène de fascination collective qui ne manque pas d’exaspérer le leader. La description des attitudes et des comportements de certains de ses auditeurs et « suiveurs » lors des meetings publics ou des halaqat (cercles) en fournit de multiples illustrations : l’entrée et la sortie du leader sont orchestrées comme celles d’une star, sans que l’on sache vraiment quelle est la part d’organisation et d’improvisation dans la mise en scène. L’hérédité reconstruite et les qualités personnelles du leader ne produiraient qu’une efficacité limitée sur les mobilisations et les représentations collectives si elles n’étaient pas corrélées à une forme d’institutionnalisation de la « parole ramadanienne ». Les prestations et les rassemblements organisés autour du leader (et pour lui) font appel à des codes et des rituels spécifiques qui se sont institutionnalisés avec le temps (1994-2005), bien que Tariq Ramadan ait toujours rejeté toute idée de « structure » ou d’ « organisation centralisée ». Sur ce plan, Tariq Ramadan fait figure aujourd’hui de « petit entrepreneur indépendant » de l’islam européen, créant et gérant des biens et des services symboliques à destination des croyants et des pratiquants. L’on retrouve la figure du « nouveau prédicateur », décrite il y a plus de vingt ans par le politologue Bruno Etienne qui est plus ou moins transposable – avec beaucoup de précautions – au contexte européen actuel : « Or nous avons relevé à travers l’étude de la Da’wa (l’appel) l’apparition de ‘petits entrepreneurs indépendants’ et d’associations (dont la forme varie) enracinés dans l’Islam en tant que source de légitimité et entrant en compétition avec les clercs et les structures orthodoxes pour briser leur monopole de la production des biens symboliques légitimes. Il faudra à ceux-ci beaucoup d’imagination et/ou de répression pour contrecarrer ce projet, car la fin n’est rien moins qu’une société alternative »[12]. Toutefois, cette institutionnalisation de la parole du leader n’est performative que parce qu’elle s’articule à un « récit ». De ce point de vue, l’ouvrage de I. Hamel nous donne à voir des éléments « inédits » de la « légende Ramadan », clef essentielle pour comprendre les fondements et les enjeux actuels de son leadership dans le paysage islamique européen. En effet, il est aisé de repérer dans le « succès du leader » un registre hautement symbolique qui consiste en l’énonciation d’un « récit », d’une « légende » à la fois individuelle, familiale et collective : « La dimension individuelle du leadership tient à la relation entre le leader et ses ‘suiveurs’ (followers), celui-ci apparaissant comme un narrateur, un acteur qui raconte une histoire (story, narrative) et symbolise la teneur de ce récit. En la circonstance, raconter une histoire ne préjuge pas de la véracité historique du récit relaté. Pas plus que cette activité ne revient à « raconter des histoires », au sens où le locuteur s’emploierait délibérément à tromper ou à mystifier ses auditeurs. Le dispositif narratif et symbolique du leadership se situe dans cet entre-deux de l’histoire (history) et de la manipulation »[13]. Le récit ramadanien renvoie à un « dispositif narratif captivant »[14], mobilisant les émotions et les passions de ses « admirateurs » comme de ses « détracteurs » : l’assassinat de son grand-père (Hassan al-Banna), l’exil forcé de son père en Europe (Saïd Ramadan), la campagne de dénigrement médiatique qui l’atteint personnellement (la « ramadanophobie »), autant de scènes d’une « martyrologie familiale », suscitant tantôt l’agacement, tantôt la compassion. La « légende Ramadan » laisse rarement indifférent. Elle vient donner un sens à un monde complexe, se greffant sur un contexte d’incertitude : celui d’une communauté musulmane européenne en rupture avec ses anciens repères (l’islam consulaire contrôlé par les Etats d’origine) et à la recherche de nouveaux « jalons »[15]. Elle est inséparable de l’expression d’un registre victimaire : confronté à diverses campagnes de diffamation, Tariq Ramadan face à une assemblée majoritairement musulmane, répète fréquemment cette phrase : « A travers moi, c’est vous [nous] qu’ils visent ». Ce registre victimaire à la fois individuel (Moi) et collectif (Vous/Nous) est consubstantiel à l’exercice du leadership de type charismatique. Comme le rappelle le politologue Michel Camau, « la fonction charismatique s’exerce sous le signe du bouc émissaire. Elle répond aux enjeux de l’expression d’une identité de groupe tant en ce qui concerne la préservation des valeurs transmises que ‘la conquête du devenir’. Elle s’actualise dans des circonstances où le groupe, percevant une menace ou aspirant à un devenir, vit son identité sur le mode de l’unisson »[16]. La finalité implicite de la narration ramadanienne, à l’instar du récit des grands leaders, est la redéfinition de l’identité du groupe de référence (la communauté musulmane européenne) et la promotion de son intégration à un ensemble plus vaste. Mais le successful leadership de Tariq Ramadan sur l’islam européen s’explique aussi très largement par l’absence de récits concurrents. Sans détenir le monopole, le récit ramadanien a réussi à s’imposer comme discours de référence sur toutes les questions touchant à l’islam européen : « L’existence d’un champ de production spécialisé est la condition de l’apparition d’une lutte entre l’orthodoxie et l’hétérodoxie qui ont en commun de se distinguer de la doxa, c’est-à-dire de l’indiscuté. Or, dans la situation actuelle, les producteurs de biens symboliques concurrentiels en lutte pour le monopole de cette production puisent dans le même stock, font appel au même capital culturel : l’Islam. C’est son interprétation et donc son utilisation qui diffèrent  »[17]. Comme le montre très bien Ian Hamel dans la deuxième partie de l’ouvrage, Tariq Ramadan a su indiscutablement « faire la différence » par rapport à divers types d’énoncés déjà existant dans le champ islamique officiel ou le contre-champ islamique (officieux et/ou oppositionnel), marginalisant du même coup les discours « importés » des clercs liés aux Etats d’origine, des leaders islamistes exilés et des « nouveaux prédicateurs », pourtant jeunes mais beaucoup moins charismatiques et surtout trop focalisés sur les aspects purement religieux et cultuels, alors que l’intellectuel genevois a su insuffler une dimension sociétale à son discours, en l’attelant aux nouvelles réalités européennes (le chômage, les inégalités sociales, le racisme, les discriminations, les relations hommes-femmes, l’homosexualité…). Mais dans le même temps, l’hégémonie du récit ramadanien se fonde sur des ressources précaires (au sens symbolique comme au sens matériel). Le paradoxe de la stratégie du leader musulman européen est de chercher à institutionnaliser un discours et une démarche, tout en rejetant par principe l’idée de « structure ». Tariq Ramadan prône en quelque sorte « une institutionnalisation anti-structures », fustigeant la « notabilisation » et la bureaucratisation affectant certaines organisations islamiques françaises et européennes qui, selon lui, se seraient éloignées des préoccupations quotidiennes de la « base musulmane ». A propos du Conseil français du culte musulman (CFCM), il écrit ainsi : « Sur le fond, la situation est grave et les musulmans de France ont de quoi s’inquiéter : on organise sous leurs yeux des élections-mises-en-scène – parasitées par le mensonge et la magouille les plus indigestes – pour un Conseil dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il brille par son inefficacité […]. Les dés seront alors à rejouer sans doute… tant il est vrai que la représentation de l’islam de France répond aujourd’hui davantage à un agenda politique et politicien qu’à la nécessité de structurer dignement et honnêtement la seconde religion de France »[18]. Dans une perspective similaire, Tariq Ramadan rejette avec virulence toute idée de constitution d’une « minorité musulmane » à l’échelle européenne, n’hésitant pas à porter la controverse à certains théologiens proches ou membres de l’UOIF qui tentent, eux, de jeter les fondements d’une « sharia des minorités »[19] : « je pense, affirme t-il, que cette approche strictement ‘minoritaire’, de surcroît entretenue par une course éperdue vers une ‘adaptation’ qu’il faut continuellement prouver, est piégée et mène à une impasse » [20]. Un intellectuel solitaire ? Quelle alternative organisationnelle Tariq Ramadan propose-t-il donc aux musulmans de France et d’Europe pour « résister » – sinon contenir – à ces dérives oligarchiques, caractérisant aujourd’hui la plupart des associations et des mouvements islamiques ? Mise-t-il sur l’émergence à moyen terme d’un « mouvement ramadanien » autonome, ancré dans la « société civile musulmane » européenne, une sorte d’UOIE-bis[21] mais davantage marquée à gauche ? C’est une hypothèse peu probable que nous avons déjà eu l’occasion d’examiner. S’il convient de reconnaître qu’aucune personnalité islamique n’avait acquis une telle audience dans les milieux musulmans et au-delà, dans les cercles intellectuels européens, en dehors de tout appui d’une organisation structurée et hiérarchisée, force est d’admettre que ce qui fonde aujourd’hui la « puissance » du leader charismatique pourrait très bien se transformer en faiblesse. A l’instar de la gauche autogestionnaire des années soixante-dix, la ‘mouvance Ramadan’ joue actuellement le rôle de ‘laboratoire d’idées’ de l’islam européen, pionnier et devancier en matière de « réformes islamiques »[22], mais en marge des ‘logiques de pouvoir’ qui animent les grandes fédérations musulmanes, toujours prêtes au compromis, voire à la compromission[23]. Rebelle aux « structures », peu à l’aise dans les partenariats avec les autres organisations musulmanes (il l’est davantage avec les mouvements laïques et tiers-mondistes), trop pragmatique pour se lancer dans une aventure politique et électorale (il sait que le « vote musulman » est une illusion)[24], il nous paraît plus probable que Tariq Ramadan soit conduit à délaisser progressivement toute prétention à bâtir un leadership de type institutionnel pour revêtir l’habit de l’intellectuel solitaire au risque de perdre tout pouvoir d’influence directe sur sa propre communauté de foi mais d’en gagner autant dans le reste de l’opinion publique européenne. Leader communautaire au départ, Tariq Ramadan deviendrait progressivement une « élite transnationale », ce qui implique bien sûr une forte visibilité mais pas forcément une organisation de suiveurs et de fidèles. Au-delà des élucubrations sécuritaires habituelles, c’est tout le paradoxe de la trajectoire de ce « leader musulman », dont nous rend compte Ian Hamel dans son livre, La vérité sur Tariq Ramadan. [1] A l’exception de l’ouvrage de Aziz Zemouri, Faut-il faire taire Tariq Ramadan  ?, L’Archipel, 2005, qui repose sur un entretien approfondi avec le leader musulman, les écrits sur T. Ramadan relèvent principalement des registres sécuritaire et sensationnaliste. Cf. Jack-Alain Léger, Tartuffe fait Ramadan, Denoël, 2004 ; Lionel Favrot, Tariq Ramadan dévoilé,. LyonMag, 2004 ; Elie Ayoub, Tariq Ramadan ou la Tentation de Dieu, Jacques-Marie Laffont, 2004 ; Caroline Fourest, Frère Tariq, Grasset, 2004 ; Paul Landau, Le Sabre et le Coran, Tariq Ramadan et les Frères musulmans à la conquête de l’Europe, Editions du Rocher, 2005. [2] Vincent Geisser, « A propos du double langage de Tariq Ramadan », publié dans le dossier « Tariq Ramadan : islamiste ou citoyen ? », Politis, 20 janvier 2005. [3] Henri Curiel avait été l’objet d’une campagne de presse diffamatoire menée entre autre par Georges Suffert dans l’hebdomadaire Le Point qui l’accusait d’être « le chef des réseaux d’aide au terrorisme ». Il. sera assassiné le 4 mai 1978 par deux tueurs « non identifiés ». Cf. Gilles Perrault, « Henri Curiel citoyen du tiers-monde », Le Monde diplomatique, avril 1998. Cf. son ouvrage, Un homme à part, Paris, éditions Bernard Barrault, 1998. [4] Arnaud Mercier, Le journal télévisé, Paris, Presses de Sciences Po, 1996. Sur la posture du dévoilement, cf. aussi l’ouvrage de Thomas Deltombe, L’Islam imaginaire, La Découverte, 2005. [5] Phrase prononcée par T. Ramadan lui-même lors de ses conférences publiques, notamment celles données au cours des deux dernières années qui coïncident avec la campagne de « harcèlement médiatique » dont le leader musulman aurait été l’objet. Notes personnelles, Vincent Geisser, 2004 et 2005. [6] Cité par Amar Naroun, Ferhat Abbas ou les Chemins de la souveraineté, Denoël, 1961, p. 59 et Guy Pervillé, Les étudiants algériens de l’université française 1880-1962, Alger, Casbah Editions, 1997, p. 74. [7] Sur le « mythe du sauveur », cf. Raoul Girardet, Mythes et mythologie politique, Paris, Seuil, 1986. [8] Alex Callinicos, leader du SWP déclarait ainsi : « Cce qui est pratiquement devenu « la question musulmane » est le test de la capacité des révolutionnaires à se lier à la classe ouvrière telle qu’elle est, et non telle qu’elle était il y a trente ans ou dans les livres que nous avons lus », cité par Eddy Fougier, « Altermondialisme, le nouveau d’émancipation ? ». Se reporter plus particulièrement au paragraphe intitulé « Les limites de l’élargissement : le cas du rapport entre altermondialistes et organisations musulmanes », www.lignes-de-reperes.com, 13 juillet 2005. [9] C’est notamment le type de questions que se pose Bernard Cassen pour qui le mélange des genres entre « islam » et « politique » ne peut être synonyme que d’islamisme ou d’islam radical. Cf. son texte, « Altermondialisation et Islam. Bernard Cassen répond à Tariq Ramadan », Politis, juillet 2003. [10] Cf. nos remarques dans notre ouvrage co-écrit avec Michel Camau, Le syndrome autoritaire, Presses de sciences po, 2003, p. 78. Pour une illustration de ce type d’analyses culturalistes sur les musulmans, cf. Bernard Lewis, Le langage politique de l’Islam, Gallimard, 1988. [11] Aziz Zemouri, Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?, L’Archipel, 2005, p. 95. [12] Bruno Etienne, « La moelle de la prédication. Essai sur le prône politique dans l’Islam contemporain », Revue française de science politique, année 1983, numéro 4, p. 711. [13] Michel Camau, « Leader et leadership en Tunisie : potentiel symbolique et pouvoir autoritaire », dans M. Camau et V. Geisser, Habib Bourguiba. La trace et l’héritage (dir.), Paris, Karthala, 2004. [14] Ibid. [15] Dans le présent ouvrage, I. Hamel rappelle que « Jalons » est le nom du premier bulletin diffusé par T. Ramadan. Une référence explicite, selon l’auteur, à Jalons sur le chemin de l’islam, l’un des ouvrages les plus connus de Sayyed Qutb, penseur majeur du mouvement des Frères musulmans. [16] Michel Camau, « Leader et leadership… », op. cit. [17] Bruno Etienne, « La moelle de la prédication. Essai sur le prône politique dans l’Islam contemporain », op. cit., p. 708. [18] Cf. le texte de T. Ramadan sur le blog de Xavier Ternisien, « Tariq Ramadan réagit », http://ternisien.blog.lemonde.fr/ternisien/2005/06/tariq_ramadan_r.html, 20 juin 2005. Dans la même perspective critique, cf. l’article de Yamin Makri, fondateur de l’Union des jeunes musulmans (UJM), organisation proche de T. Ramadan, « Les nouveaux notables de la République. Entre mutation et compromission ? », www.oumma.com, 25 avril 2005, http://www.oumma.com/article.php3 ?id_article=1485. [19] Cf. L’analyse de du recteur de la Mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou (UOIF), dans le livre d’entretien publié avec Leïla Babès, Loi d’Allah, loi des hommes, Albin Michel, 2002. [20] Cité dans Aziz Zemouri, Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?, op. cit., p. 115. [21] L’UOIE est l’Union des organisations islamiques en Europe dans la principale composante est la branche française (UOIF). [22] Lire entre autres son « Appel international à un moratoire sur les châtiments corporels, la lapidation et la peine de mort dans le monde musulman », publié le 30 mars 2005. Pour consulter le texte original et les réactions suscitées dans le monde musulman, cf. www.tariqramadan.com. [23] Vincent Geisser, « A propos du double discours de Tariq Ramadan », Politis, op. cit. [24] Interrogé sur ses prétendues ambitions politiques et électorales, T. Ramadan répond : « Quant à l’idée d’utiliser l’appartenance à la communauté de foi musulmane pour encourager un mouvement politique, je m’y suis opposé depuis longtemps : c’est la pire des choses à faire », cité dans Aziz Zemouri, Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?, Paris, L’Archipel, 2005, p. 251. Cf. Xavier Ternisien, « Existe-t-il un vote musulman ? », Le Monde du 19 avril 2004. Vincent Geisser Politologue, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (CNRS), enseigne à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Dernier ouvrage paru : Habib Bourguiba, la trace et l’héritage, éditions Karthala, mai 2004 Il est également l’auteur de : La nouvelle islamophobie, Editions la Découverte, 2003 Ethnicité républicaine (Presse de Sciences-Po, 1997) Diplômes maghrébins d’ici et d’ailleurs (CNRS Editions, 2000) Le Syndrome autoritaire. Sociologie de la Tunisie de Bourguiba à Ben Ali (en collaboration , Presse de Sciences po, 2003)
(Source : www.oumma.com, le 17 janvier 2007) Lien : http://oumma.com/spip.php?page=imprimer&id_article=2317


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