18 janvier 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2067 du 18.01.2006

 archives : www.tunisnews.net


C.R.L.D.H.  Tunisie: Le combat exemplaire des magistrats tunisiens continue
Rapport Mondial 2006 de Human Rights Watch

Les Territoires de la Mémoire : Entretien avec Antoine Madelin « Répression et persécution en Tunisie »

Le Temps:  Partenariat: Tunisie/USA: Entre la réalité et l’utopie d’une coopération…

Tunis Hebdo : La fripe rit !
Jameleddine Heni: Agissez, moi je réfléchis ! –  À propos de cyber dissidents
Houcine Ghali: Telephone fixe- L´etat tunisien arnaque ses citoyens
JA/L’Intelligent: Cachez ce voile…

JA/L’Intelligent: Le hijab est-il islamique ?

Mondher Sfar: Pour un vrai Nuremberg et pour que les vrais négationnistes soient démasqués !

Réalités: De Kairouan à Tunis en passant par Mahdia L’âge d’or de l’Ifriqiya

Le Temps  (Suisse): Couper les vivres au Hamas est «un parfait non-sens»

 

C.R.L.D.H.  Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme ________________________________________________________________   COMMUNIQUÉ

Le combat exemplaire des magistrats tunisiens continue

 

Le lundi 16 janvier 2006, s’est tenue devant la 2ème chambre civile du tribunal de 1ère Instance de Tunis, l’audience de mise en état dans l’affaire n°62565 opposant le Bureau Exécutif légitime de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), présidée par M. Ahmed RAHMOUNI, à la « direction putschiste et fantoche » présidée par M. Khaled ABBAS.   Mme EL GABSI, présidente du Tribunal, a renvoyé l’affaire pour plaidoirie au 13 février 2006, date jugée par les avocats de la direction légitime comme trop rapprochée, ne leur permettant pas de préparer utilement leurs répliques aux conclusions de la partie adverse.   Me Abderrazak KILANI, l’un des principaux défenseurs de l’AMT  (plus de 30 avocats, parmi lesquels M. le bâtonnier Abdessatar Ben Moussa, Me Mokhtar Trifi, président de la LTDH, Me Radhia Nasraoui, Me Ayachi Hammami, Me Anwar Kousri…), a déposé ses conclusions tendant à rejeter les griefs soulevés par les représentants des putschistes, notamment au sujet de « l’absence de la qualité pour agir », signifiant que les « usurpateurs » seraient les nouveaux représentants de l’AMT.   Cette affaire au fond succède à deux référés -ordinaire et heure à heure- engagés par le bureau exécutif légitime en la personne de son président M. Rahmouni, et qui ont été tous deux rejetés pour des raisons contradictoires.   Souvenez-vous, cette grave crise a débuté avec le « mouvement de mutations disciplinaires » qui a frappé les membres les plus actifs de l’association, en réaction aux prises de positions courageuses de la direction légitime issue du 10ème congrès de l’AMT : notamment la motion du 29 décembre 2004 qui a appelé au renforcement du vote plutôt que la désignation (par le président de la République) pour le choix des membres du conseil supérieur de la magistrature, le respect du principe d’inamovibilité, la satisfaction d’un certain nombre de garanties dans le cadre des procédures disciplinaires et la reconnaissance de l’autorité judiciaire  comme « pouvoir » conformément à la Constitution tunisienne. Ces revendications légitimes, formulées pour la première fois par les magistrats, ont valu à l’AMT le mouvement de mutations et sanctions qui a déchiqueté son bureau exécutif, la confiscation de son siège (situé au palais), et pour finir « le remplacement » pur et simple de son bureau légitime par une « direction » désignée, conforme aux exigences de soumission aux autorités.   Recourant comme à l’accoutumée à son arsenal répressif et dissuasif habituel, le pouvoir tunisien, usant de menaces de mutations disciplinaires à l’encontre des magistrats, d’intimidation, de chantage et de désinformation outrancière, a fini par contraindre certains d’entre eux à se « ranger »-de force- aux côtés des usurpateurs.   Cependant la majorité des magistrats continue de défendre courageusement leur Association et son bureau exécutif élu.     Le CRLDHT, Qui a envoyé en partenariat avec le Syndicat de la magistrature (France) Me Bardi en tant qu’observateur judiciaire à l’audience du 16 janvier 2006,   – Salue la résistance des magistrats tunisiens opposés au putsch et à l’hégémonie totalitaire du pouvoir en place – Réitère son soutien le plus vif au bureau exécutif légitime présidé par M. Ahmed Rahmouni – Exige le rétablissement du bureau issu du 10ème congrès de l’AMT, dans ses fonctions et la restitution du local à ses locataires légitimes (équipe Rahmouni) – Exige le respect de l’indépendance de l’AMT et l’annulation des travaux de la prétendue Assemblée Générale Extraordinaire du 3 juillet 2005 organisée par les usurpateurs – Appelle tous les magistrats tunisiens à serrer les rangs autour du bureau légitime de l’AMT – Condamne fermement cette énième manœuvre des autorités pour étouffer le moindre souffle de liberté dans notre pays, et les tient pour seuls responsables dans le pourrissement de cette situation gravissime – Dénonce, encore, une fois, les atteintes répétitives au droit d’association tel que garanti par la constitution tunisienne – Exprime son attachement à l’indépendance de la justice et son autonomie vis-à-vis de l’exécutif – Appelle toutes les organisations syndicales et associations de défense des magistrats, ainsi que les ONG de défense des droits humains, la société civile tunisienne et internationale à se mobiliser pour défendre l’existence d’une Association des Magistrats Tunisiens autonome, légitime et indépendante.     Paris, le 18 janvier 2006    — Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie CRLDHT 21ter rue Voltaire 75011 PARIS – FRANCE Tel/Fax : +33(0)1.43.72.97.34. contact@crldht.org www.crldht.org


 

Mauvaises nouvelles d’Omar Chlendi

17-01-2006    Le Comité apprend aujourd’hui qu’Omar était en mauvaise condition physique lors de la dernière visite familiale qu’il a reçue. Il avait visiblement beaucoup de difficultés de se déplacer, et son genou était complètement « bleu ». Omar souffre de son genou depuis les tortures qu’il a subies lors de son arrestation. Il y a un an, le comité de soutien en Tunisie signalait déjà dans un communiqué que le genou d’Omar nécessitait une intervention chirurgicale. Teresa sa mère est très inquiète, et demande un soutien urgent afin qu’Omar puisse être soigné !   Le Comité de Soutien (France)    (Source : le site www.zarzis.org , le 17 janvier 2006) URL: http://www.zarzis.org/article.php3?id_article=81


 

Rapport Mondial 2006 de Human Rights Watch

La stratégie antiterroriste américaine propice aux abus affaiblit les droits de l’homme au niveau mondial 

(Washington, le 18 janvier 2006) – De nouvelles découvertes ont prouvé, en 2005, que la torture et les mauvais traitements font partie intégrante de la stratégie antiterroriste de l’administration Bush. Cette orientation délibérée affaiblit la défense mondiale des droits de l’homme, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui lors de la publication de son Rapport Mondial 2006.   De nouvelles preuves ont montré que les abus lors des interrogatoires ne se sont pas le fait de quelques soldats de grade inférieur, mais qu’ils sont la conséquence d’une stratégie politique délibérée, élaborée par des hauts fonctionnaires du gouvernement américain. Cette politique est une entrave à la volonté de Washington d’amener d’autres Etats, par la persuasion ou par moyen de pression, à respecter le droit international, comme l’indique le chapitre d’introduction de ce rapport de 532 pages.    « Le combat contre le terrorisme est indissociable du combat pour les droits de l’homme,” a déclaré Kenneth Roth, le Directeur exécutif de Human Rights Watch. “Mais justifier, pour mener ce combat, le recours à des pratiques illégales contre des terroristes présumés est tout à la fois maladroit et contreproductif.”    Roth a affirmé que les pratiques illégales ne font qu’encourager l’enrôlement des terroristes, tout en décourageant l’assistance portée par le public aux efforts antiterroristes et en créant une catégorie de détenus qu’il devient alors impossible de juger.    Certains partenaires des Etats-Unis, comme la Grande-Bretagne et le Canada, ont contribué à cette déficience de leadership en matière de droits de l’homme en tentant de se dérober à certaines obligations de protections internationales des plus importantes. La Grande-Bretagne a en effet cherché, en se basant sur des assurances de bons traitements dénuées de crédibilité, à livrer des suspects à des régimes susceptibles de les torturer, Le Canada a cherché à réduire la portée d’un traité proscrivant les disparitions forcées. L’Union Européenne a continué de minimiser l’importance des droits de l’homme dans ses relations avec des Etats jugés utiles dans la lutte contre le terrorisme, comme la Russie, la Chine et l’Arabie Saoudite.    De nombreux pays – dont l’Ouzbékistan, la Russie et la Chine – ont utilisé l’argument de “guerre contre le terrorisme” pour se débarrasser de leurs adversaires politiques, alors marqués du label de “terroristes islamiques”.    Outre ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, Human Rights Watch a rassemblé des preuves sur nombre d’abus graves. En mai, le gouvernement d’Ouzbékistan a massacré des centaines de manifestants à Andijan, le gouvernement soudanais a continué sa “purification ethnique” au Darfour, et des atrocités répétées ont été rapportées dans la République Démocratique du Congo, ainsi qu’en Tchétchénie. Une intense répression s’est poursuivie en Birmanie, en Corée du Nord, au Turkménistan, ainsi qu’au Tibet et dans la région de Xinjiang en Chine. La Syrie et le Vietnam ont continué de restreindre les libertés de la société civile, et le Zimbabwe a mené des expulsions forcées massives, sur la base de motifs politiques.    Il y a cependant eu des avancées dans les efforts déployés par les puissances occidentales pour soutenir les droits de l’homme en Birmanie et en Corée du Nord. Les pays en voie de développement ont aussi joué un rôle positif: l’Inde a suspendu l’essentiel de son aide militaire au Népal après le coup d’Etat du Roi, et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) a obligé la Birmanie à abandonner sa présidence en 2006 en raison de ses antécédents déplorables en matière de droits de l’homme. Le Mexique a pris l’initiative de convaincre les Nations Unies de maintenir un Rapporteur spécial sur la protection des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le Kirghizistan a résisté à une intense pression de la part de l’Ouzbékistan et a porté secours à la presque totalité des 443 réfugiés du massacre d’Andijan, la Roumanie leur a accordé un refuge provisoire.    Pourtant, la déficience de leadership de la part des puissances occidentales a parfois laissé le champ libre à la Russie et à la Chine, qui ont bâti des alliances économiques, sociales et politiques sans tenir aucun compte des droits de l’homme.    Dans son introduction au Rapport Mondial, Kenneth Roth écrit qu’en 2005, il est devenu évident que les mauvais traitements infligés à des détenus par des soldats américains ne se sont pas limités à de simples manquements aux règlements et à la discipline, et n’ont pas uniquement été le fait de quelques « brebis galeuses», mais reflètent un réel choix politique de la part des hauts dirigeants.    Parmi les exemples de cette dérive figurent la menace du Président George W. Bush de mettre son veto à une loi interdisant tout “traitement cruel, inhumain et dégradant” et la tentative du vice Président Dick Cheney de permettre à la CIA de déroger à cette loi. En outre, le Ministre de la Justice Alberto Gonzales a déclaré que les Etats-Unis pouvaient maltraiter des détenus dès lors qu’il s’agissait de citoyens non américains détenus à l’étranger. Le Directeur de la CIA, Porter Goss, a, de son côté affirmé que le “waterboarding”, une méthode de torture qui donne à la victime l’impression qu’elle se noie, était simplement une “technique d’interrogatoire professionnelle”.    “La part de responsabilité en ce qui concerne l’usage de la torture et les mauvais traitements ne peut plus être plausiblement mise sur le compte de mauvaises pratiques de soldats de grade inférieur faisant partie de l’équipe de nuit,” a déclaré Kenneth Roth. “L’administration Bush doit nommer un procureur spécial pour enquêter sur ces abus, et le Congrès doit mettre sur pied une commission indépendante et bipartite pour mener sa propre investigation.”    Le Rapport Mondial 2006 de Human Rights Watch contient des informations issues d’enquêtes sur l’évolution des droits de l’homme dans 66 pays en 2005. Outre l’introduction sur la torture, le rapport comprend deux autres chapitres spécifiques : “Les compagnies privées et l’intérêt public: pourquoi les sociétés devraient se réjouir d’une réglementation mondiale des droits de l’homme” et “Empêcher la propagation fulgurante du VIH/sida: le rôle essentiel des droits de l’homme”.    EXTRAIT DU RAPPORT (EN ANGLAIS)   Tunisia   President Zine el-Abidine Ben Ali and the ruling party, the Constitutional Democratic Assembly, dominate political life in Tunisia. The government uses the threat of terrorism and religious extremism as a pretext to crack down on peaceful dissent. Government critics are frequently harassed or imprisoned on trumped-up charges after unfair trials. Over four hundred political prisoners remained incarcerated, nearly all of them suspected Islamists. There are continuous and credible reports of torture and ill-treatment being used to obtain statements from suspects in custody. Sentenced prisoners also face deliberate ill-treatment. However, during 2005 authorities allowed the International Committee of the Red Cross to start visiting prisons, and ended the practice of placing certain political prisoners in prolonged and arbitrary solitary confinement.   Human Rights Defenders  Authorities have refused legal recognition to every truly independent human rights organization that has applied over the past decade. They then use the pretext of an organization’s “illegal” status to hamper its activities. On September 3, police encircled the Tunis office of the non-recognized National Council on Liberties in Tunisia (CNLT) and, as they had done many times before, prevented members from meeting. Authorities also prevented the non-recognized Tunisian Journalists’ Syndicate from holding its constitutive assembly on September 7.    In 2005 the independent Tunisian Human Rights League (a legally recognized group) was beset by lawsuits filed by dissident members over procedural matters. The broader context shows that these suits are part of a larger pattern of repression; the courts ruled systematically in favor of these plaintiffs, providing a legal veneer for swift and large-scale police operations to prevent League meetings, including its general assembly scheduled for September. The government has continued to block grants issued by the European Union to the League, and Tunisia’s mainstream press obliges with a blackout on criticism by the League and other human rights organizations of Tunisia’s rights record.    Authorities tried to undermine another legally recognized organization, the Tunisian Association of Magistrates, after it elected a leadership calling for more judicial independence. In July judges close to the ruling party attempted to oust that leadership in a special vote. In August authorities evicted the leadership from the association’s headquarters on the disputable grounds that it had been repudiated in the July vote.    Human rights defenders, like dissidents generally, are subject to heavy police surveillance, sporadic travel bans, dismissal from work, interruptions in phone service, physical assaults, harassment of relatives, suspicious acts of vandalism and theft, and slander campaigns in the press. In early May CNLT spokesperson Sihem Bensedrine was the target of an especially vulgar series of articles in at least four pro-government newspapers.    Police arrested lawyer and dissident Mohamed Abou on March 1, 2005— the day after he published an article online comparing President Ben Ali unfavorably to Israeli Prime Minister Ariel Sharon. To disguise that this was the real reason for Abou’s arrest, authorities prosecuted him instead for an article he had written in August 2004 deploring Tunisian prison conditions and on a second, trumped-up charge of assaulting a woman lawyer in 2002. He received a three-year prison sentence.    The Justice System  The judiciary lacks independence. Investigative judges often question defendants without their lawyers present. Trial judges frequently turn a blind eye to torture allegations and procedural irregularities, convicting defendants solely or predominantly on the basis of coerced confessions. Civilians are sometimes tried on terror charges in military courts, verdicts of which carry no right of appeal.    In political cases lawyers are frequently hobbled in their attempts to mount an effective defense of their clients. They sometimes encounter obstacles to obtaining their clients’ complete court file or gaining access to their clients in detention before trial.    Media Freedom  Tunisia’s press remains largely controlled by the authorities. None of the print and broadcast media offers critical coverage of government policies, apart from a few low-circulation independent magazines. The private dailies are all loyalist, often slandering government critics in a manner that is deemed too base for the official media. In 2005 Tunisia got its second private radio station and first private television station, but here too private ownership was not synonymous with editorial independence.  The government blocks certain political or human rights websites that focus on critical coverage of Tunisia. As of September 2005, the government was blocking access to more than thirty such sites, although censorship had been lifted on other sites, such as those of Le Monde and Liberation and of various international human rights organizations.    In light of Tunisia’s record on freedom of expression, human rights organizations criticized Tunisia’s designation as host of the World Summit on the Information Society (WSIS) in November 2005. During that event, authorities prevented Tunisian and international human rights organizations from organizing an alternative “Citizens’ Summit” in Tunis.    Counterterrorism Measures  Tunisian authorities claim that they have long been in the forefront of combating terrorism and extremism, alluding to their long-running crackdown against the once-tolerated Islamist Nahdha movement. In December 2003 Tunisia adopted the “Law in Support of International Efforts to Fight Terrorism and the Repression of Money-Laundering.” It contained a broad definition of terrorism that could be used to prosecute persons for peaceful exercise of their right to dissent.    Since 1991, the one deadly terrorist attack to occur in Tunisia was the April 2002 truck bomb that targeted a synagogue on the island of Djerba. Al-Qaeda claimed responsibility for the attack.    Since April 2005, “anti-terrorism” arrests increased as authorities rounded up scores of young Tunisians in cities around the country, accusing most of them of planning to enlist in jihadist movements abroad. As of this writing, to Human Rights Watch’s knowledge, authorities had charged none of them with committing, or plotting to commit, a specific act of violence, or of possessing arms or explosives. Those brought to court claimed uniformly that the police had extracted their statements under torture or threat of torture. In 2005, a Tunis court convicted eleven youths who had been arrested in similar circumstances during 2004. The conviction of the so-called “Bizerte group” was based almost entirely on confessions to the police that they contested as having been made under torture. In July 2005, an appeals court acquitted five of them but sentenced five others to between ten and twenty years in prison.    Key International Actors  Concerned by Tunisia’s curbs on free expression and nongovernmental organizations, the E.U., the United States, and eleven other countries co-signed a sharp statement on September 30 in advance of the WSIS in Tunis in November 2005. It stated, “the Summit envisages an important and inclusive role for … civil society, international organizations [and] editorially independent media both for the preparations and in the final summit itself. We expect Tunisia … to ensure that arrangements for the Summit take account of and guarantee the unhindered participation of nongovernmental organizations and their members. This is the only way to make sure that this will be a Summit in Tunisia, not a Summit on Tunisia.”    In his speech at the inauguration of the Summit on November 16, Swiss President Samuel Schmid declared, “It goes without saying that here in Tunis, within these walls as well as outside them, everyone should be able to speak with complete freedom.” Tunisian state television censored his remarks.    The United States enjoys good relations with Tunisia and frequently praises its role in “stabilizing” the region and combating terror. The United States also actively monitors human rights conditions in Tunisia, sending observers to political trials. On November 4, 2004, after President Ben Ali pardoned some political prisoners, the U.S. State Department spokesman urged him to extend the amnesty “to all political prisoners convicted or detained for activities not linked to violence or terrorism.” On November 18, 2005, the closing day of WSIS, the U.S. delegation to the summit expressed “disappointment that the government of Tunisia did not take advantage of this important opportunity to demonstrate its commitment to freedom of expression and assembly in Tunisia.”    In its report, “Supporting Human Rights and Democracy” for 2004-05, the State Department noted that the government of Tunisia had blocked “several programs that the U.S. Government funded indirectly, including an attempt by a U.S. NGO to train Tunisian election monitors prior to the Tunisian election.”  The E.U.-Tunisia Association Agreement continued in force, despite the government’s human rights record and its blocking of E.U. grants to some NGOs, including the Tunisian Human Rights League and the Tunisian Women’s Association for Research and Development.    The United Kingdom E.U. Presidency issued a statement on September 13 voicing concern about the plight of the Tunisian Human Rights League. The European Parliament adopted a resolution on September 29 that praised social and economic progress while urging the release of Mohamed Abou and other political prisoners.    France remained Tunisia’s largest trading partner, and President Jacques Chirac a staunch supporter of President Ben Ali. Public statements about human rights were infrequent and cautious. However, on November 15, on the eve of the WSIS, the spokesperson of the French foreign ministry urged Tunisian authorities “to do everything possible to guarantee freedom of information and that journalists can work in freedom.” The remark followed incidents where police prevented French and Belgian crews from filming in Tunis, and the suspicious stabbing of French journalist Christophe Boltanski on a Tunis street on November 11.    France made diplomatic representations, “on a humanitarian basis,” on behalf of a few political prisoners, selected because they had relatives who were French citizens or who resided in France. Tunisian authorities freed one of these, Lotfi Farhat, in July.    In 2004, France returned to Tunisia Taher Belkhirat, despite strong evidence that he would face persecution there. Tunisian authorities arrested him upon his arrival and, in 2005, sentenced him in an unfair trial to ten years in prison (reduced to five years on appeal) on charges of membership in, and recruiting for, a terrorist organization operating abroad. In January 2005, the French Council of State issued a ruling voiding Belkhirat’s expulsion order—months after he had been expelled to and jailed in Tunisia.   (Source: le site official de Human Rights Watch, le 18 janvier 2006) URL: http://hrw.org/english/docs/2006/01/18/tunisi12232_txt.htm
 


 

Répression et persécution en Tunisie

Madelin, Antoine / Jamin, Jérôme    Pour des raisons politiques, diplomatiques et économiques, l’Union européenne et les nations qui la composent entretiennent de bonnes relations avec un certain nombre de pays qui ne respectent pas toujours ses valeurs fondamentales incarnées, entre autres, par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et sa reformulation dans les constitutions nationales. La Tunisie illustre ce phénomène depuis de nombreuses années. Ce pays qui viole implacablement les Droits de l’Homme les plus élémentaires a récemment fait l’objet d’une médiatisation dont les autorités et le Président Ben Ali se seraient bien passés.   Entretien avec Antoine Madelin Représentant permanent auprès de l’Union européenne de la Fédération internationale de la Ligue des Droits de l’Homme   Jerôme Jamin : La question de la liberté d’_expression s’est dramatiquement posée récemment en Tunisie lors du Sommet mondial sur la Société de l’information. Que peut-on dire à ce sujet?   Antoine Madelin : Le sommet a été l’occasion d’attirer la lumière sur ce pays et il est vrai que pour une fois il y a eu un véritable écho médiatique sur la situation très délicate de la liberté d’_expression en Tunisie. Le fait que l’ensemble des médias internationaux, et partant la communauté internationale, prennent conscience de cette situation était une occasion unique pour les autorités de faire un effort en la matière. Hélas, c’est le contraire qui s’est produit et la répression a même été plus forte que d’habitude.   Jérôme Jamin : Vous voulez dire que les autorités tunisiennes ont profité de l’occasion pour montrer leur intransigeance dans ce domaine ? Antoine Madelin : Ils ont montré qu’ils étaient les maîtres chez eux et qu’ils n’allaient pas être impressionnés par les exigences de la communauté internationale. Il y a en Tunisie un système répressif ancien et développé qui explique pourquoi beaucoup de journalistes ont été pris de court par les techniques utilisées et l’ampleur de la censure. Le discours officiel a toujours été de prétendre, sans craindre les contradictions, et au rythme des mensonges plus gros les uns que les autres, qu’il existe une véritable liberté d’_expression en Tunisie. Une propagande grossière mais bien huilée a donc suffi pour empêcher les uns et les autres de comprendre et donc d’anticiper le système tunisien et sa censure sournoise.   Jérôme Jamin : La médiatisation de ce phénomène a-t-elle eu un impact positif dans l’évolution des mentalités ?   Antoine Madelin : La réaction médiatique a été forte, mais courte ! La répression existe depuis toujours, notamment vis-à-vis de la distribution et de la circulation de la presse écrite. Il n’est pas rare que certains quotidiens étrangers circulent, mais avec de tels retards qu’il n’existe plus de liens entre les faits et l’analyse. Il n’est pas rare que des équipes de journalistes soient brutalisées et intimidées par les autorités comme cela a été le cas lors du sommet en l’occurrence.   Remarquons que les réactions sur le plan international ont été timides alors que l’Union européenne avait exigé une évolution en la matière lors de la préparation de ce dernier et qu’elle n’a finalement pas réagi à la répression.   Jérôme Jamin : Voulez-vous dire que l’Union européenne n’est pas préoccupée par la liberté d’_expression en Tunisie ?   Antoine Madelin : L’Union ne sait pas comment réagir. Elle ne sait pas comment utiliser les instruments à sa disposition pour faire pression sur les autorités. Cela est valable au niveau européen comme au niveau des nations. Par exemple en ce qui concerne les autorités françaises, c’est tout simplement incroyable que l’ambassadeur n’ait pas été au chevet du journaliste de Libération brutalisé et qu’il ne lui ait même pas donné une protection de l’ambassade jusque l’aéroport. C’est absurde de lire les déclarations du ministre des affaires étrangères français qui se fie aux résultats des conclusions des autorités tunisiennes concernant le mauvais traitement qu’aurait subi le journaliste. Accepter la version tunisienne, c’est accepter de fermer les yeux sur sa propagande.   Je crois donc qu’il y a vraiment une incapacité d’action de l’Union européenne dans ce domaine. Elle sait condamner, mais elle ne sait pas comment faire jouer d’autres aspects, notamment économiques, pour faire pression sur les autorités.   Jérôme Jamin : A certains égards, d’aucuns racontent que la Tunisie est un pays plus démocratique que ses voisins. Est-ce que la question de la liberté d’_expression ruine cette affirmation ? Quelle est la situation générale des droits de l’homme au quotidien ? Indépendamment des événements qui ont entouré le sommet.   Antoine Madelin : C’est en effet ce qu’on raconte, notamment, entre autres aspects, par rapport à la situation des femmes. Premièrement, la liberté d’_expression et la liberté de la presse sont probablement pires en Tunisie que dans d’autres pays de la région, Maroc, Algérie et même Egypte, ce fait est incontestable. Les journaux tunisiens sont des journaux de propagande d’un autre temps où aucun enjeux politiques ne sont véritablement analysés. Quiconque sort des rails fait face à des techniques sophistiquées d’intimidation : répression physique, interdiction de filmer dans la rue, impossibilité d’obtenir des autorisations pour pratiquer le métier de journaliste, etc.   Deuxièmement, il est véritablement impossible d’enquêter dans le pays. Là aussi, un ensemble de techniques d’intimidation rendent impossible la collecte d’informations sur des phénomènes sociaux et politiques fondamentaux.   Troisièmement, le judiciaire est complètement à la botte du régime. Il est littéralement impossible de croire qu’un procès qui toucherait la question des droits de l’homme puisse avoir lieu de façon indépendante. L’ensemble des procédures qui touchent aux droits de l’homme n’est pas conforme, et le mot est faible, aux normes internationales. Ainsi, les fondations d’une société démocratique n’existent pas, il n’y a pas de judiciaire indépendant, il n’y a pas de moyen pour enquêter, il est impossible de s’exprimer librement.   Jérôme Jamin : La lutte contre le terrorisme permet à beaucoup d’états, notamment en Europe, de s’en prendre aux libertés fondamentales. La Tunisie a-t-elle renforcé son système répressif au nom de la lutte contre le terrorisme ?   Antoine Madelin : Je ne peux pas affirmer que la répression s’est aggravée depuis le 11 septembre 2001 et la « lutte globale contre le terrorisme » mais il est clair que de nombreux groupements islamistes radicaux font l’objet de persécutions depuis longtemps, et a fortiori depuis 2001. Paradoxalement, des arrestations arbitraires, des procès absurdes et des poursuites au nom de prétendus complots et de projets d’attentats ont permis aux autorités tunisiennes de se faire passer pour un bon élève en matière de lutte contre le terrorisme. Et donc bien entendu sans réaction de la communauté internationale.   Jérôme Jamin : Existe-t-il une opposition politique en Tunisie ? Peut-on parler de contestation sociale ?   Antoine Madelin : Il existe des partis d’opposition reconnus et non-reconnus, il existe même une opposition légale au parlement nommée (sic) par le président ! Une opposition officielle de façade ! Il existe aussi des opposants réels qui eux cherchent à contester certaines politiques mais qui font face à d’énormes difficultés comme par exemple l’impossibilité de se réunir. On ne peut pas en Tunisie se réunir dans un local pour discuter de certains sujets politiques sans rencontrer des problèmes d’intimidation et des obstacles administratifs qui rendent extrêmement difficile l’organisation de réunion et la tenue de débats sur des questions politiques.   Jérôme Jamin : Quelle est la préoccupation essentielle de la fédération au-delà de la liberté d’_expression ?   Antoine Madelin : C’est évidemment la liberté d’association, un pilier fondamental pour pouvoir travailler sur les droits de l’homme. On ne peut pas exercer notre profession, la ligue fait l’objet d’attaques en justice en permanence dans un contexte, je l’ai dit, où le judiciaire est complètement à la botte de l’exécutif. Les autres acteurs, le conseil national pour la liberté en Tunisie, l’association des magistrats, le syndicat des journalistes ne peuvent pas travailler parce qu’ils ne sont pas administrativement habilités. Il y a une procédure difficile pour être officiellement reconnu et c’est encore un moyen pour empêcher la liberté d’_expression. Il n’est pas rare que les autorités passent à tabac celui qui ose venir déposer un dossier pour être reconnu comme association. Ainsi, sur le papier tout semble normal, mais dans la pratique, c’est très difficile de se constituer en association et d’agir sur des dossiers sensibles.   Un autre souci de la fédération, enfin, j’en ai déjà parlé, c’est évidemment l’indépendance du judiciaire. Il est impératif de pouvoir se trouver devant des juges qui ne sont pas à la botte du régime si on veut pouvoir défendre notre cause et nos droits !
(Source : La revue « Les Territoires de la Mémoire » (Belgique), N° 35, janvier-mars 2006) URL : http://www.territoires-memoire.be/am/affArt.php?artid=362  


Partenariat: Tunisie/USA

Entre la réalité et l’utopie d’une coopération…

Par Yosr GUERFEL   Le débat sur l’éventuelle création d’une zone de libre-échange entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique se poursuit. En dehors d’une certaine réticence de certains professionnels et observateurs quant à la portée d’un partenariat stratégique entre deux pays économiquement dissemblables, on s’attend à ce que la seconde assemblée du Conseil tuniso-américain apporte des réponses lucides relatives à la libéralisation du commerce, des services et de l’investissement ainsi que des questions relatives à l’accès au marché et autres points liés à la propriété intellectuelle.   Tout comme l’accord de libre-échange entre la Tunisie et l’Union-Européenne, l’accord de partenariat euro-méd et l’ensemble des accords qui « postulent » essentiellement l’impulsion des échanges commerciaux et la promotion des investissements directs étrangers entre les pays signataires de ces accords, l’accord de libre-échange tuniso-américain s’inscrit dans le même  cadre et véhicule les mêmes objectifs que ses prédécesseurs. Il faut néanmoins espérer de l’Accord-cadre pour le Commerce et l’Investissement (TIFA), signé en 2002, des résultats meilleurs et des échanges réellement fructueux entre les deux pays ?   En se référant aux données chiffrées disponibles, le volume des investissements américains en Tunisie, a depuis 1994, dépassé 600 millions de dollars (1 dollar américain= 1,3 dinar tunisien). Les importations américaines de marchandises ont atteint une valeur de 445 millions dollars en 2004, soit une progression de 29% par rapport à 2003 et les exportations américaines vers la Tunisie, ont enregistré une valeur de 143 millions de dollars.   Près de 55 entreprises américaines employant 12000 tunisiens, sont implantées en Tunisie. La majorité de ces entreprises opèrent dans des secteurs à forte valeur ajoutée comme l’énergie, les technologies de l’information et les équipements médicaux.   Dans le cadre de l’initiative de partenariat entre les Etats-Unis d’Amérique et le Moyen-Orient, dénommée (MEPI), le gouvernement américain concourt au financement de programmes bilatéraux et régionaux dans différents domaines dont notamment, l’infrastructure, le commerce, la réforme judiciaire et légale et le  programme universitaire de jumelage, le programme de formation au profit de l’entrepreneur.   Une enveloppe d’un million de dollars, est attribuée au Ministère de Commerce afin de promouvoir la création d’emplois et d’impulser la croissance grâce à des réformes en profondeur touchant tous les éléments entravant l’exercice du commerce en Tunisie conformément à la réglementation et aux règles de la transparence.   Et afin de renforcer les programmes universitaires entre les deux pays, la Tunisie bénéficie aujourd’hui de 9 programmes de jumelage totalisant chacun un budget de 300 000 dollars.   Sous le nom de « Meeting Program », ce programme régional doté d’un budget de 1,5 million de dollars est destiné à la formation des entrepreneurs et à l’amélioration de leurs compétences technique et organisationnelles de manière à enraciner une nouvelle culture d’entreprise innovante.   Par ailleurs et en ce qui concerne le secteur agricole, la coopération entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique, se manifeste à travers les sessions de formation en Tunisie et à l’étranger au profit des agriculteurs pour améliorer les processus industriels dans le domaine de l’agroalimentaire.   Outre les opérations de financement des recherches scientifiques dans le domaine agricole, « l’USA Wheat Associates « , a récemment alloué une somme de 200000DT au Ministère de la Formation Professionnelle destinée à la construction d’un laboratoire d’analyse de blé en Tunisie.   En dépit du caractère transversal de l’intervention américaine en Tunisie, les perspectives de création d’une zone de libre-échange entre les deux parties laisse le débat ouvert quant à l’étendue d’une telle coopération, qui au sens propre du mot, doit avoir des avantages mutuellement bénéfiques pour les deux pays tant sur le plan commercial que sur le plan d’investissement direct à l’étranger.    (Source : « Le Temps » du 18 janvier 2006)  

Chiffres significatifs :

* Les investissements américains en Tunisie ont dépassé 600 millions de dollars * Les importations américaines de marchandises en provenance de la Tunisie : 445 millions dollars en 2004 * Les exportations américaines : 143 millions de dollars * 55 entreprises américaines employant 12000 tunisiens, sont implantées en Tunisie * La Tunisie bénéficie aujourd’hui de 9 programmes de jumelage totalisant chacun un budget de 300 000 dollars  

 

Investir en Tunisie…commencer par le Net

Asma GUEZMIR   Moteur essentiel de la croissance économique en Tunisie, l’investissement a longtemps été au cœur du schéma de développement du pays. En offrant un cadre légal favorable et des incitations financières et fiscales avantageuses, la Tunisie n’a pas hésité sur les moyens pour épauler les initiatives locales et étrangères. Une stratégie qui s’est avérée payante puisque le volume d’investissement industriel est passé de 1464,3 MD en 2004 à 1657,1 MD en 2005 soit un bond de 13,2 % (source : www.tunisieindustrie.nat.tn  malgré la morosité des managers tunisiens.   L’enquête trimestrielle de l’observatoire de l’entreprise de l’IACE révèle, en effet, que l’indice de confiance qui tient compte de l’optimisme des chefs d’entreprise tunisiens à l’égard des perspectives de développement des affaires est passé de 18,3 points lors du 1er trimestre 2005, à 16,6 points au cours du 2ème et 14.4 points pour le 3ème trimestre, soit une baisse de 8,6 points par rapport au dernier trimestre 2004.   L’investissement tunisien sur le Web Sur Internet, malgré la rareté des sites qui incitent à l’investissement en Tunisie, leur contenu reste fort intéressant. En voici quelques-uns :   www.tunisieindustrie.nat.tn   Présenté comme étant le portail de l’industrie tunisienne, le site de l’API, (l’agence de la Promotion de l’industrie) est une main tendue vers les entrepreneurs en quête d’informations pour mieux envisager leur décision d’investir en Tunisie. Outre une esquisse de la conjoncture économique et du tissu industriel tunisien, www.tunisieindustrie.nat.tn  propose un guide complet traitant des étapes à suivre pour mener son idée à bon port. Une déclaration de projet en ligne est même possible avec un délai de réponse annoncé de 24 heures.   www.investir-en-tunisie.net   Partenaires de l’annuaire international des affaires EUROPAGES, www.investir-en-tunisie.net  est conçu principalement pour les promoteurs étrangers désirant s’implanter en Tunisie ainsi que les entrepreneurs tunisiens en quête de capitaux étrangers. Ceux-ci y trouveront leur salut grâce à la multitude de produits et services en ligne mis à leur disposition à l’instar de l’annuaire gratuit des entreprises, la bourse des affaires ou encore l’assistance aux nouveaux promoteurs.   Investir-en-tunisie.net, comporte également un volet dédié à la Tunisie et aux différents arguments dont elle dispose pour attirer les entrepreneurs. Avec 130.000 visiteurs enregistrés pour l’année 2005 et 3000 abonnés à sa newsletter hebdomadaire, investir-en-tunisie.net semble avoir gagner son pari d’être le site incontournable des affaires en Tunisie.   www.investintunisia.tn   Dans la même lignée, le site de l’agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA) abonde d’informations de toutes sortes sur la création d’entreprise en Tunisie. Néanmoins, il sort du lot en proposant 8 langues étrangères différentes dont le chinois et le japonais, ciblant ainsi un plus grand nombre de marchés. De surcroît, le site est décliné dans une charte graphique attirante et ergonomique avec une seule fausse note d’ordre technique : l’affichage avec le navigateur Firefox est à revoir.   (Source : Tunis Hebdo du 17 janvier 2006)

LES TUNISIENS ET L’HABILLEMENT

La fripe rit !

 Des scènes d’attroupements monstres autour des étalages de fripes, cela est devenu on ne peut plus banal dans de nombreux coins de Tunis qui hébergent ce genre d’activités en passe de damer le pion aux prestigieux articles exposés en vitrine. C’est que ce commerce juteux, qui emploie quelque 80 mille personnes, est en train de bouleverser le comportement vestimentaire du Tunisien qui n’hésite plus à se ruer sur la friperie. Et ce, d’autant plus qu’il y trouve, à merveille, son compte à des prix défiant généralement toute concurrence.   En visitant les friperies de Mellasine, Mannouba, Hafsia, sans compter cette kyrielle de petits commerces qui prolifèrent à vue d’œil, l’on ne peut rester indifférent face à ce véritable capharnaüm. De la chemise au pantalon, en passant par les manteaux, les blousons, les chaussures, les chaussettes, les bonnets, les pulls, les sacs, les cache-col et tutti quanti, les articles exposés à la vente s’étalent à perte de vue et restent à la portée de toutes les bourses.   Un commerce bien régi   Les produits de la fripe qui proviennent essentiellement de pays d’Europe (Italie, France, Allemagne, Suisse) et des USA, par le biais du port de Radès, représentent environ 12 % du marché tunisien de l’habillement. Il existe à l’échelle nationale 47 entrepôts de douane chargés de l’importation et de la distribution auprès de grossistes représentés par gouvernorats, et ce, suivant des quotas bien stricts essentiellement régis par le ministère du Commerce et de l’Artisanat. Derrière ce commerce se trouve même un syndicat, à savoir la Chambre syndicale nationale des grossistes de la fripe. Son président, M. Attia Samir, en homme rompu aux arcanes de la chose, estime que l’on doit désormais compter avec ce commerce qui a le vent en poupe et implique la quasi-totalité des couches socioprofessionnelles.   Minutieusement soumises à une opération de tri, ces marchandises sont disposées en balles (ou ballots) de 40 à 45 kg l’unité suivant la nature du vêtement. Le prix de vente de la balle varie de 40 à 200 dinars en fonction du contenu. Ainsi, une balle de sous-vêtements renfermant 500 à 600 pièces coûte entre 100 et 120 dinars, alors qu’une balle de chemises censée contenir entre 150 et 200 pièces vaut entre 150 et 200 dinars.   Une fois les balles acquises, libre aux détaillants de fixer leurs tarifs.   Seul hic, le commerce des articles en cuir et les jouets n’est pas autorisé par le ministère quand bien même le marché en regorgerait à tire-larigot. Aussi, les grossistes sont rigoureusement repartis entre les gouvernorats, à l’extérieur desquels ils ne peuvent écouler leurs marchandises. Le syndicat, par le biais de M. Attia, déplore ces contraintes et souhaite que le ministère permette aux entrepôts de vendre, ne serait-ce qu’un pourcentage limité, ces articles (surtout les chaussures).   Dans les dédales des souks   «Autrefois, notre clientèle était essentiellement composée de personnes nécessiteuses, voire très démunies et issues de quartiers pauvres. Actuellement des Tunisiens de toutes les couches socioprofessionnelles se bousculent au portillon pour s’approvisionner», déclare Moez, vendeur de fripe au souk de la Hafsia, en pleine négociation avec une cliente visiblement mordue d’un manteau à fourrure d’une rare élégance.   Il faut reconnaître que si certains articles sont usagés, une part importante est toute neuve, provenant particulièrement d’articles de fins de séries ou d’invendus que certaines entreprises européennes bazardent ou offrent aux associations caritatives ou autres, censées les expédier sous d’autres cieux.   Certaines gens, à l’instar de Zouhour (qui n’a rien à voir avec la nôtre), la quarantaine, sont des fidèles de la place. Connaissant par cœur les méandres des souks de la Hafsia et de Mellassine, elle en fait régulièrement le tour, et les trésors qu’elle déniche feraient pâlir d’envie les propriétaires des boutiques de luxe. «Je viens d’acheter une veste en cuir et un pull à col roulé à seulement vingt dinars. Or, ces articles, vu leur qualité, m’auraient coûté les yeux de la tête dans les magasins de prêt-à-porter. Il suffit pour y arriver, de connaître les périodes d’ouverture des balles et s’armer de patience», confesse-t-elle, d’un air goguenard et malicieux. Non loin de là, des clients se servent à volonté avec la rapidité de l’éclair. Il s’agit, après renseignements, du contenu de nouvelles balles qui vient d’être déversé.   In fine, la prolifération spectaculaire de la friperie, si elle fait à la fois les choux gras des vendeurs et des clients, il n’en demeure pas moins d’un autre côté que ce commerce lèse, à n’en point douter, les tenanciers de produits de vitrine qui ont vu la proportion de leur clientèle se réduire comme une peau de chagrin. Et pour couronner le tout, une usine couvrant 70 mille m2 pour l’importation et le tri de tels produits (y compris des couvertures de luxe) vient de voir le jour à la Mornaguia.   Décidément, le marché de la fripe a encore de beaux jours devant lui.   O.D   (Source : Tunis Hebdo du 17 janvier 2006)


 

TUNISIE Bismuth à Jérusalem

  Président de la communauté juive de Tunisie, Roger Bismuth s’est rendu début janvier à Jérusalem, où il a pris part à la Convention internationale des parlementaires juifs. Il était accompagné d’Aasse, son épouse d’origine danoise.   Membre de l’Utica (l’organisation patronale), de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) et, depuis août 2005, de la nouvelle Chambre des conseillers (Sénat), Bismuth, qui parle l’arabe sans accent, est le seul parlementaire tunisien de confession juive.   Il a profité de son séjour à Jérusalem pour plaider en faveur d’une relance des relations diplomatiques entre les deux pays, interrompues depuis le déclenchement de la seconde Intifada en septembre 2000.   (Source : JA/L’Intelligent N°2349 du 15 au 21 janvier 2006)  

Tunisie Télécom : friture sur la ligne

par RIDHA KÉFI, CORRESPONDANT À TUNIS   La privatisation de Tunisie Télécom connaît quelque difficulté. Le 4 janvier, Bouygues Télécom a annoncé le retrait de sa candidature.   Après l’espagnol Telefónica, il est le deuxième – sur quatorze sélectionnés – à renoncer à l’opération.   Une dizaine d’opérateurs sont encore en lice, dont France Télécom, Telecom Italia, Vivendi Universal et Portugal Telecom, mais les autorités ont décidé de repousser de six semaines la date limite pour le dépôt des dossiers, initialement fixée au 31 janvier.   Cette décision fait suite à la grève du personnel de l’entreprise, observée par deux employés sur trois, le 5 janvier, pour protester contre les délais de cession et la part du capital à céder, jugée trop élevée, et réclamer, en cas de privatisation, des garanties et des compensations financières correctes pour les éventuels licenciés. Ils menacent, par ailleurs, de faire une nouvelle grève de deux jours, au début février, si leurs revendications n’étaient pas prises en compte.   « La cession partielle du capital de l’entreprise ne se traduira pas par une atteinte aux acquis des employés », assurent les autorités. Tunisie Télécom a le monopole de la téléphonie fixe (1,2 million d’abonnés) et gère 72 % du marché du mobile (2,5 millions d’abonnés). En 2004, elle a réalisé un bénéfice net de 161 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 710 millions d’euros.   L’appel d’offres pour la cession de 35 % de son capital a été lancé à la fin d’août 2005. L’entreprise espère retirer de l’opération quelque 1,4 milliard d’euros. À suivre…    (Source : JA/L’Intelligent N°2349 du 15 au 21 janvier 2006)


 

Habib Ben Yahia

par RIDHA KÉFI   L’ex-ministre tunisien des Affaires étrangères Habib Ben Yahia, 67 ans, a été nommé secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), organisation régionale réunissant l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Il rejoindra son poste à Casablanca, au Maroc, à partir du 1er février. Son mandat durera trois ans.   Ben Yahia succède à son compatriote Habib Boularès. Ce dernier, 72 ans, qui a assuré un mandat de trois ans (2002-2005) prorogé d’un an, a souhaité de ne pas « rempiler » pour des raisons de santé. En l’absence d’un sommet de l’organisation, seule instance habilitée à nommer un secrétaire général, le président tunisien (à qui incombe le privilège de désigner un candidat) a donc été dans l’obligation de lui choisir un successeur.   La candidature de Ben Yahia a été approuvée par la 24e session du conseil des ministres des Affaires étrangères de l’organisation réuni le 7 janvier à Tripoli. Diplomate de carrière, ambassadeur aux Émirats arabes unis, Japon, Corée du sud, Belgique, États-Unis, Mexique et Venezuela, l’ancien ministre a dirigé la diplomatie de son pays entre 1991 et 1997, puis entre 1999 à 2004. Il a aussi été ministre de la Défense (1997-1999) et conseiller diplomatique du chef de l’État. Au début de 2005, le secrétaire général des Nations unies Koffi Annan lui a proposé d’être son représentant spécial en Côte d’Ivoire, mais le président tunisien a préféré le garder à ses côtés.   Ben Yahia ne manque pas d’expérience, mais il va devoir réaliser (presque) l’impossible : relancer une organisation qui peine, depuis dix ans, à réunir son instance suprême, le sommet des chefs d’Etat, en raison du différend opposant Rabat et Alger à propos du Sahara occidental.   (Source : JA/L’Intelligent N°2349 du 15 au 21 janvier 2006)


Agissez, moi je réfléchis !

À propos de cyber dissidents

Jameleddine HENI Chercheur en psychologie cognitive   Donc, nous nous sommes trompés sur le compte des cyber dissidents tunisiens[1]. Au début, nous les avions bien  cru des opposants sur le Net. Nous avions pris leur conquête du Web pour un élargissement de la sphère d’opposition. Ils n’étaient « justifiés » à nos yeux que dans la mesure où ils servaient la dissidence.   Nous nous étions drôlement fourvoyé parce que la cyber dissidence (telle que définie dans la note de bas de page insérée dès la première phrase) n’avait pas tellement servi la dissidence qu’elle ne s’était taillée une identité politique indépendante, parfois très écartée de la dissidence. Non seulement, notre hypothèse de continuité entre ces deux catégories avait foiré, mais surtout elle était le contraire de ce que montrent les faits.   La lecture assidue de portails tunisiens, nous en donne l’exemple. D’anonymes mais aussi de franches signatures, sont plus cyber que dissidents. Ils écrivent tous les jours, sur beaucoup de choses politiques, sinon sur tout. Mais cette omniprésence in vitro s’accompagne d’une absence cruelle du terrain ; peu, très peu d’acteurs politiques les connaissent, les croisent in vivo.  Ces mutins du Net n’arborent aucune bannière officielle. Ils ne proposent pas d’initiatives. Leurs contributions sont généralement individuelles, sous forme polémique ou  pamphlétaire. Leurs textes – c’est souvent  sous cette forme qu’ils participent- émergent du lot moyennant une rhétorique, une approche et un style singuliers. Plus singulières encore sont leurs conclusions nihilistes. Ils amorcent la pompe des controverses, puis se font très assidus en entrant en résonance avec les positions politiques des uns et des autres, sans jamais  tomber dans la catégorie d’interlocuteurs !! Après chaque action d’envergure, ils sortent du bois  et nous livrent en « éclairé de bande » ce qu’ils en pensent ! Et la mayonnaise prend bien, puisque leurs « réflexions » se donnent à voir comme un feed-back objectif, plus ou moins absent chez les acteurs politiques.  Parce qu’on croit toujours qu’on ne peut en même temps agir et réfléchir. Aux autres l’action, à eux la réflexion !!   Chroniqueurs attitrés Cette posture de chroniqueur attitré de la réalité politique tunisienne, procure aux cyber séditieux une « légitimité »  tacite d’autorité morale ! Le hic est que les « sujets » sur lesquels opère cette autorité ne sont autres que les vrais dissidents, les activistes et autres hommes de terrain !! Ainsi et par un jeu de légitimité de fait, le Net dit politique, aboutit à inverser la hiérarchie de la militance. Ce sont ces dissidents purement virtuels qui proposent des « travaux pratiques » à l’intention des vieux praticiens de la Polis !  Vous voyez un peu ce que c’est que d’apprendre au vieux singe de faire des grimaces !!! Le plus beau,  c’est qu’ils se prennent au sérieux et ne doutent de rien. Rappelez-vous la façon dont ils définissent une grève de la faim à des gens qui viennent d’en sortir, leur « ré-vision » du courage politique dans des posts adressés aux  activistes de l’intérieur qui se risquent à manifester à deux doigts de la police ?????   Mais comme toute légitimité de fait, cette primauté du spectateur supposément critique sur l’acteur supposément partisan, ne reflète pas un rapport de force ; il s’agit plutôt d’une manœuvre habile qui dure ce que durent les roses ! Car, faut-il le rappeler, l’opposition virtuelle se sert d’un medium (Internet) qui n’est pas totalement isolé de la donne politique. Que deviennent, en effet, les cyber dissidents si un gouvernement ou l’autre décide des réformes démocratiques, une amnistie ou des pourparlers avec l’opposition ? Que deviennent-ils si l’embargo sur le net est levé ??   Une dissidence effective et efficace n’arrange en rien l’affaire de la cyber dissidence capricieuse, rebelle, qui se veut une entité indépendante, justifiée, avec qui faut-il toujours compter. Pérenne quelle que soit la donne politique ! Afin de se maintenir comme catégorie politique autonome et uniquement« pensante », la Net dissidence a stratégiquement tout lieu de tenir à distance l’action des opposants, pour pouvoir l’ « analyser » ! La règle d’or est alors de  relativiser les infimes exploits de la dissidence réelle,  dépassionner les malheurs des militants de terrain,  relever leurs responsabilités, leurs limites et leurs infidélités. Le rôle critique du web consiste chez nos opposants virtuels en un écart –inlassablement- constant d’avec les mouvements d’opposition. Or cet argument stratégique de « pérennité » est quelque part  un argument à la décharge de la dictature, qui se voit ménagée insidieusement, du seul fait que des cyber (je ne sais quoi encore ?) « épinglent » des dissidents. Alors elle se repose un coup !!! Ce service rendu aux despotes frise dans certains cas  l’appel du pied. Nombre de textes foisonnent de noms d’oiseaux injuriant et moquant nommément les activistes, d’autres alignent des « allusions » plus parlantes sur l’honnêteté de chefs de file!?   En même temps  nos contestataires in vitro connaissent bien  la limite de leur jeu. Ils ont besoin de l’opposition sans qui, ils n’auraient existé nulle part. Ils y tiennent comme à une raison d’être. Sa disparition n’est rien d’autre que leur propre ruine. Aussi, ne la mordent-ils pas jusqu’à l’os. Se contentent d’y laisser des bleus, de la tenir dans l’immobilisme en criant haro sur tous ses faits et gestes. Elle doit exister dans l’unique mesure où elle est à critiquer. Elle doit donc être belle et se taire, sinon se faire malmener !!!    Le combat de survivance de la cyber dissidence n’est pas le combat vital de l’opposition. Le premier est un combat de « géographie » politique, le second est une force de l’histoire. Si les causes sont justes, une vraie cyber dissidence ne serait qu’un moyen au service de la dissidence…Sans autre raison d’être…Chers cyber dissidents il est peut-être temps de vous le dire, vous casser du sucre sur le dos de gens infiniment plus « rentables » !   
——————————————————– [1] Dans ce texte le mot cyber dissidents n’englobe pas tous les usagers militants du Web, son usage est limité à une catégorie d’utilisateurs qui  n’agissent que sur le net et dont le caractère dissident est plus dirigé contre l’opposition que contre la dictature. 18 janvier 2006
 

 

TELEPHONE FIXE : L’ETAT TUNISEN ARNAQUE SES CITOYENS

Houcine Ghali, Genève   Dans un village du gouvernorat de Sfax, Daghbaji, tient une misérable épicerie à la rue Arbi Zarrouk et vent les produits de première nécessité. Après la déduction de la location de sa boutique, il lui reste à peine 120 dinars pour subsister. Mais Daghbaji à un téléphone fixe. Durant le début du mois de décembre dernier, il reçoit la facture et, en jetant un coup d’œil sur le montant, il a faillit être victime d’une crise cardiaque.   Effectivement, sa famille a téléphoné pour la somme de 27 dinars 143 millimes. Mais comment diable le montant final à payer se monte-t-il à 41 dinars 830 millimes?   C’est que Tunisie Télécom, service de télécommunication étatique, y a ajouté 6 dinars 457 millimes pour l’entretien, 6 dinars 48 millimes de TVA (18%), 1 dinars 982 millimes pour service sur les communications (sic) et 200 millimes pour le timbre fiscal!!   Il y a donc 14 dinars 373 millimes de charges sur une consommation téléphonique de 27 dinars 143 millimes. Dans aucun pays du monde on arrive à un taux pareil de diverses taxes sur le prix des communications téléphoniques.   Et pourquoi un timbre fiscal pour un téléphone? Et depuis quand le citoyen doit-il payer une taxe sur chaque facture pour l’entretien du téléphone puisqu’il paye des impôts qui sont sensés servir à financer ce service? Et qu’est-ce que c’est cette taxe de 982 millimes pour service sur les communications (El atawa ala el ittissalât)?   En réalité, il ne s’agit là que d’une arnaque gouvernementale à l’égard des citoyens face au marasme qui frappe les réserves étatiques. Cette politique s’étend, de la même manière, à la facture du gaz, de l’eau et de l’électricité. Mieux encore, les pouvoirs publics ont poussé l’outrecuidance jusqu’ à son paroxysme puisque les prix de l’essence et du gasoil ont augmenté quatre fois durant l’année 2005 et janvier 2006, le redressement fiscal touche maintenant les employés et simples ouvriers de garage, des milliers d’hectares de terres que cultivent et sur lesquels vivent des familles depuis des centaines d’années se trouvent tout d’un coup domaine de l’Etat qui négocie avec chaque paysan pour lui arracher quelques dinars afin de devenir vraiment propriétaire.   Suite à une vaste corruption pratiquée par les clans au pouvoir, l’Etat n’arrive plus à gérer ses programmes, à financer ses projet et à payer ses fonctionnaires. Alors il s’est trouvé obligé à arnaquer ses citoyens en gonflant les factures et en inventant des services et des taxes imaginaires. Mais tout cela ne fait qu’exacerber la patience des Tunisiens modestes et de la classe moyenne qui, jusqu’à présent, se suffisent de noyer leur colère et leur chagrin dans la celtia et le haut mornag.   17 JANVIER 2006


 

Cachez ce voile…

par RIDHA KÉFI, CORRESPONDANT À TUNIS   Les propos du ministre des Affaires religieuses contre le hijab, « phénomène importé », ont provoqué une vague d’indignation dans le monde arabe.   Aboubaker Akhzouri, ministre tunisien des Affaires religieuses, était, jusqu’ici, un illustre inconnu, y compris dans son pays. Les propos hostiles au hijab, le voile islamique, qu’il a tenus, le 27 décembre, dans Assabah, quotidien indépendant de Tunis, n’ont rien de choquant pour la majorité de ses concitoyens. Ils s’inscrivent dans un islam de raison et de progrès défendu par l’ancien président Habib Bourguiba et par son successeur, Zine el-Abidine Ben Ali. Ils ont cependant provoqué une vague d’indignation dans les journaux, chaînes satellitaires (notamment Al-Jazira et Al-Arabiya) et forums de discussion un peu partout dans le monde arabo-islamique.   La colère des lecteurs, téléspectateurs et internautes ne s’est pas portée seulement sur le ministre, mais aussi sur son pays, accusé d’être « le porte-drapeau du sécularisme, du libéralisme voire de la luxure, dans un monde, arabo-islamique agressé de toutes parts par les néocroisés, sionistes, agnostiques, scientistes et autres francs-maçons », selon les termes d’un internaute saoudien particulièrement enflammé. On fera grâce aux lecteurs des autres insultes auxquelles le ministre a eu droit dans certains médias du Maghreb et du Machreq. Mais qu’a-t-il dit de si scandaleux ?   « Le hijab est un phénomène importé. Nous le considérons comme un habit sectaire, dissonant et étranger à nos traditions. Or nous rejetons toute forme de sectarisme », a déclaré Akhzouri. Avant d’ajouter : « Nous refusons aussi le port de la horka blanche [habit que portent les hommes dans les pays du Golfe] et la barbe anormale qui souligne une appartenance bien déterminée », en allusion aux longues barbes hirsutes qu’arborent généralement les islamistes.   Dans sa guerre contre le hijab et la horka, le ministre ne s’est pas contenté d’appeler les Tunisiens à respecter leurs traditions vestimentaires – pourquoi ne porteraient-ils pas, par exemple, la jebba et le sefsari, habits respectifs des Tunisois et des Tunisoises ? – et à suivre « leur » propre islam, qui concilie authenticité et modernité, religion et raison, préservation de l’identité et ouverture à l’autre… Il a stigmatisé aussi « l’influence du Machreq » sur le comportement religieux de certains de ses compatriotes. Cette influence est colportée, selon lui, par les journaux et les chaînes satellitaires, qui reprennent souvent les fatwas (édits religieux) édictées par les cheikhs de l’université d’Al-Azhar au Caire, dont l’ouverture d’esprit est loin d’être la vertu majeure, « alors qu’en Tunisie nous avons l’une des plus importantes écoles de fiqh [droit islamique] dans le monde islamique, celle de la mosquée Ezzitouna [de Tunis] ».   Ezzitouna est l’une des plus anciennes universités du monde. Fondée il y a plus de treize siècles, elle a été démantelée au lendemain de l’indépendance par Bourguiba, qui voyait en elle un foyer de résistance à ses desseins réformistes, avant d’être réhabilitée par Ben Ali, qui l’a réformée et transformée en université moderne. Elle est aujourd’hui un foyer de pensée islamique rationaliste et ouvert à la modernité occidentale.   Cependant, le ministre a beau nier le retour en force du hijab, qui avait presque complètement disparu des villes tunisiennes au début des années 1990, au plus fort de la répression du mouvement islamiste Ennahdha, et soutenir qu’au contraire cette vague est « en nette régression », grâce notamment à « l’esprit éclairé » diffusé par les structures de l’État, on peut aisément constater un accroissement du nombre de femmes voilées dans la rue et les lieux publics. C’est peut-être la raison qui l’a poussé à relancer la guerre contre le voile.   Malgré les efforts de l’État pour combattre le fondamentalisme religieux, assécher ses sources, réduire la pauvreté qui en fait souvent le lit, assurer un contrôle strict des 4 000 mosquées que compte le pays, encadrer les imams et harmoniser les contenus de leurs prêches, intégrer les kouttab (écoles coraniques) dans le système éducatif national, purger les programmes d’enseignement des scories obscurantistes, encourager l’esprit rationaliste, bref, « tunisifier » la pratique de l’islam, force est de constater que nombre de Tunisiens continuent de suivre les prêches des prédicateurs extrémistes d’Égypte, d’Arabie saoudite et d’ailleurs. De même que beaucoup de Tunisiennes choisissent de porter le hijab, à la manière de leurs soeurs du Machreq, alors que les autorités veillent au grain, appliquant scrupuleusement la fameuse circulaire n° 108 de 1981 qui interdit le port d’allibas al-taifi (l’« habit sectaire ») dans les écoles et les lieux publics.   Par-delà les réactions passionnées qu’elles ont suscitées parmi les tenants d’un islam rigoriste, les déclarations du ministre des Affaires religieuses ont donc eu pour conséquence tout à fait inattendue de remettre à l’ordre du jour une question que la plupart des Tunisiens ont cru réglée depuis longtemps et qui revient, par un effet de boomerang – ou par une sorte de contagion régionale -, sur les devants de l’actualité… nationale. Elles ont aussi donné l’occasion à Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste Ennahdha (non reconnu), exilé à Londres depuis une quinzaine d’années, de se rappeler au souvenir de ses compatriotes. Dans un communiqué en date du 29 décembre, celui-ci a réitéré l’attachement de son mouvement au hijab, comme « un des attributs de la femme musulmane », et stigmatisé le régime qui, à travers l’interdiction du voile islamique dans les espaces publics s’attaque, selon ses termes, « aux principes de la démocratie, aux libertés individuelles et collectives et aux fondements de la personnalité arabo-musulmane ».   Curieux retournement de situation – et de sens : le hijab, longtemps considéré comme le symbole de l’enfermement de la femme et de la dégradation de sa condition sociale – c’est, en tout cas, la thèse souvent défendue par les forces libérales et progressistes dans le monde arabe -, est en passe de devenir le signe de sa… libération.   (Source : JA/L’Intelligent N°2349 du 15 au 21 janvier 2006)

Le hijab est-il islamique ?

par RIDHA KÉFI   La Tunisie, qui a donné naissance, dès le milieu du XIXe siècle, à une lignée de penseurs réformistes (Khaïreddine Pacha, Ali Bach-Hamba, Tahar Haddad, Abdelaziz Thâalbi, Habib Bourguiba…), peut s’enorgueillir de posséder aujourd’hui une véritable école de pensée islamique moderne. Mohamed Talbi, qui écrit souvent dans ces colonnes, est l’un de ses plus illustres représentants. On citera aussi Hichem Djaït, Abdelmajid Charfi, H’mida Ennaïfer, Iyadh Ben Achour, Mohamed Charfi, Sadok Belaïd, Abou Yaâroub Marzouki ou encore Youssef Seddik. À cette liste, il faut ajouter un groupe de femmes qui commencent à faire parler d’elles: Iqbal Gharbi, Mongia Souayhi, Raja Ben Slama et Amel Grami. Historiennes ou arabisantes spécialisées dans les études islamiques, elles publient depuis quelques années ouvrages et articles (en arabe) où elles proposent une relecture, souvent très audacieuse, de l’histoire de l’islam et de ses textes fondateurs (Coran et hadith, tradition du Prophète). Leurs écrits leur valent le respect des intellectuels progressistes et libéraux et la foudre des fondamentalistes.   À propos du hijab, ces jeunes universitaires sont unanimes : il n’a jamais constitué une obligation religieuse, surtout durant les premières années de l’islam. Le Prophète, qui recevait indifféremment hommes et femmes, n’a jamais exigé des secondes qu’elles se voilent le visage. Il n’a jamais caché non plus ses épouses au regard des visiteurs, qui étaient nombreux à se rendre chez lui, du moins durant les cinq premières années de l’Hégire.   Quant aux versets coraniques où il est question du hijab, il convient de les situer dans leur contexte. Dans les sourates al-Nour (« Lumière ») et al-Ahzab (« Factions »), le hijab est conseillé aux femmes libres, quand elles sortent dans la rue, afin qu’on puisse les distinguer des esclaves. Ces dernières ayant pris l’habitude de porter le voile elles aussi, par coquetterie ou pour passer pour des femmes libres, le calife Omar al-Khattab a dû le leur interdire de manière formelle. Si le port du voile était une obligation islamique, le Commandeur des croyants ne l’aurait pas interdit à des musulmanes, fussent-elles de modeste condition.   Dans un autre verset de la sourate al-Ahzab, le hijab a une autre signification. C’est une sorte de séparation (ou de rideau) derrière lequel le Prophète s’est résigné – sur le conseil du même Omar al-Khattab – à cacher ses épouses, afin qu’elle puissent recevoir les gens des deux sexes sans se mélanger à (ou être vues par) eux.   Ce n’est que longtemps après la mort du Prophète que les fouqaha (théologiens, jurisconsultes) ont fait du port du voile une obligation pour les musulmanes. Mais seules les citadines ont respecté l’injonction, et encore, alors que les Bédouines ont continué à sortir le visage découvert.   (Source : JA/L’Intelligent N°2349 du 15 au 21 janvier 2006)  

 

Gayssot, l’Histoire, et le Crime :  

Pour un vrai Nuremberg et pour que les vrais négationnistes soient démasqués !

  par Mondher Sfar, historien, Paris
            La critique de la Loi Gayssot consiste de nos jours à lui reprocher de légiférer en matière d’histoire. Nous ne sommes pas sûrs que ce soit là une bonne formulation de la question.               La Loi Gayssot nous invite en fait à respecter la chose jugée en l’occurrence les conclusions du Tribunal de Nuremberg.               Cette démarche ne nous déplait pas du tout, pour la simple raison qu’un crime relève de la justice et non de la discipline historique. Il n’y a aucun reproche à ce que la question du génocide relève de la justice et de son investigation, avant d’aboutir sur la chaire de l’historien.               Or, justement, c’est là où gît toute l’affaire : Sommes-nous sûrs que le Tribunal de Nuremberg auquel se réfère la loi Gayssot ait fait sérieusement son travail d’investigation et de jugement ?               Lisons l’Article 18 du Statut du Tribunal : « Le Tribunal devra : (a) limiter strictement le procès [des ‘Grands criminels de Guerre’] à un examen rapide des questions soulevées par les charges. » Ainsi, malgré la gravité des charges, des accusations et de l’envergure internationale du procès, voici que l’on décide comme règle de jeu d’escamoter l’étude des preuves des charges.    L’Article 19 enfonce encore plus le clou : « Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l’administration des preuves. Il adoptera et appliquera autant que possible une procédure rapide et non formaliste et admettra tout moyen qu’il estimera avoir une valeur probante. »        Encore plus explicite, l’Article 21 stipule : « Le Tribunal n’exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis. Il considérera également comme preuves authentiques les documents et rapports officiels des Gouvernements des Nations Unies, y compris ceux dressés par les Commissions établies dans les divers pays alliés pour les enquêtes sur les crimes de guerre, ainsi que les procès-verbaux des audiences et les décisions des tribunaux militaires ou autres tribunaux de l’une quelconque des Nations Unies. »               Ainsi pas moins de trois articles des statuts du Tribunal pour insister sur cette extraordinaire décision de juger sans examiner les preuves.               De plus, le Statut a fermé la porte à la mise en question de la légitimité du Tribunal : Article 3 : « Ni le Tribunal, ni ses membres, ni leurs suppléants ne pourront être récusés par le Ministère Public, par les accusés, ou par leurs défenseurs. »               Autre important déni de justice, l’instauration de la rétroactivité des lois, juger selon des lois postérieures aux crimes ou délits commis, comme le crime contre l’humanité.               Les dégâts ne s’arrêtent pas là. Le Statut a interdit aux accusés de se défendre au cours des débats : Article 18 : « (b) prendre des mesures strictes pour éviter toute action qui entraînerait un retard non justifié [dans le cours du procès], et écarter toutes questions et déclarations étrangères au procès de quelque nature qu’elles soient ; (c) agir sommairement en ce qui concerne les perturbateurs, en leur infligeant une juste sanction, y compris l’exclusion d’un accusé ou de son défenseur de certaines phases de la procédure ou de toutes les phases ultérieures, mais sans que cela empêche de décider sur les charges. »               Donc, des lois rétroactives et un procès sans preuves, sans possibilité de récuser le tribunal, sans débat, mais aussi sans appel : Article 10 : « Dans tous les cas où le Tribunal aura proclamé le caractère criminel d’un groupe ou d’une organisation, (…), le caractère criminel du groupe ou de l’organisation sera considéré comme établi et ne pourra plus être contesté. » Il en est de même des décisions finales du Tribunal : Article 26 « La décision du Tribunal relative à la culpabilité ou à l’innocence de tout accusé devra être motivée et sera définitive et non susceptible de révision. »               Autre violation du droit humain : la loi édictée par ce Tribunal a établi un principe ségrégationnel, en spécifiant l’origine politique ou nationale des prévenus, et par conséquent, en excluant tous les autres criminels qui sont susceptibles de tomber sous le coup de la loi instituée par le Tribunal. Un criminel qui aurait commis le même crime de guerre ou contre l’humanité et qui appartiendrait aux Alliés pourrait dormir tranquille.               Le Tribunal de Nuremberg a battu le record mondial du déni de justice et des violations des droits humains les plus élémentaires, et en particulier de ceux établis par la Déclaration universelle des Droits de l’homme. C’est pourtant ce Tribunal qui est établi par la loi Gayssot comme source du droit.               En fait, il n’y a pas eu de jugement des criminels, mais il y eut seulement une parodie de justice. L’objectif inavoué du Tribunal de Nuremberg a été de légitimer la décision prise par les puissances alliées d’exécuter les vaincus en tant que vaincus et non en tant que criminels. La conséquence la plus paradoxale en a été que les crimes, tous les crimes, n’ont jamais été jugés, ni même entièrement identifiés.   Il n’y a jamais eu de jugement du crime de génocide               La Loi Gayssot qui s’en prend à « ceux qui auront contesté, (…) l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité » est inopérante, car « l’existence » de ce crime contre l’humanité n’a pas été jugée en tant que telle. Il faut rappeler ici que le Tribunal de Nuremberg a eu pour objet officiel et spécifique le « Procès des Grands Criminels de Guerre » et il n’a eu à juger du crime contre l’humanité qu’en termes subsidiaires et incidents et non principalement.               On peut donc affirmer qu’il n’y a jamais eu de jugement du génocide juif. Même le jugement du Commandant Hoess d’Auschwitz l’a été dans le cadre du jugement des ‘criminels’ et non du jugement du crime contre l’humanité. Ainsi, les crimes des déportations n’ont jamais fait l’objet de jugements. Les crimes commis au sein des camps de concentration n’ont jamais fait l’objet de procès, y compris le camp d’Auschwitz. Les juifs eux-mêmes, survivants ou parents des morts dans les camps n’ont pas intenté de procès pour ce qui leur est arrivé durant la Deuxième Guerre mondiale. De tels procès auraient été l’occasion de détailler les crimes et de déterminer les responsabilités. Dans la réalité, tous ces crimes qui auraient dû faire l’objet de procès, ont été traités sous forme de protestations des victimes à travers des ‘témoignages’ privés édités dans des périodiques ou des livres. Les victimes n’ont été écoutées au cours de tous les procès de Nuremberg qu’en qualité de témoins, pas en qualité de victimes. Tout s’est passé comme si les crimes dont les juifs ont été victimes – pour ne parler que d’eux – ne pouvaient faire l’objet de procès. Même les crimes de guerre n’ont été jugés : ni ceux commis par l’Axe ni ceux commis par les Alliés.               Une des principales raisons en est que le sionisme, de connivence avec les vainqueurs, a fait main basse sur les ‘crimes contre l’humanité’ pour les sortir du cadre classique du droit criminel national. Le but a été d’en faire des crimes ‘spécifiques’ non pas tant pour leur ampleur ‘inimaginable’ comme le prétend la propagande sioniste, mais pour leur prétendu genre nouveau différent des crimes connus des législations existantes. Ce genre nouveau est le ‘génocide’ spécifié par Nuremberg sous le vocable de ‘crimes contre l’humanité’. Pourquoi créer cette nouvelle catégorie de crimes ? C’est pour donner naissance à une entité juridique nouvelle qui est la prétendue ‘race biologique juive’. C’est celle-là même qui a été inventée par l’idéologie raciale nazie. Le sionisme a cherché à perpétuer le bénéfice de la nouvelle entité raciale juive instituée par Hitler afin qu’elle soit reconnue par le droit international. La reconnaissance de la nouvelle catégorie ‘raciale juive’ à travers de l’institution de la nouvelle catégorie de crime qu’est le ‘génocide’ a été une des principales raisons d’être du Tribunal de Nuremberg, sous prétexte de juger des ‘Grands Criminels de Guerre’.               Ainsi, le Tribunal de Nuremberg (1) a parodié un procès contre les criminels de guerre, il a exclu les crimes perpétrés par les vainqueurs ; (2) le Tribunal a escamoté les crimes réels commis dans les camps de concentration grâce au concept nouveau et anti-juridique de ‘génocide’ et de ‘crime contre l’humanité’, spoliant les victimes de leurs droits à la justice de leur pays ; (3) le Tribunal a consacré grâce au concept de ‘génocide’ l’idéologie raciale nazie qui a prétendu que les ‘juifs’ sont une race biologique ; (4) la chambre à gaz est devenue un point de fixation dans l’esprit des sionistes pour ce qui est des crimes commis dans les camps de concentration, car pour eux la destruction ‘chimico-biologique’ des juifs est la preuve ‘scientifique’ de l’existence d’une prétendue ‘race’ juive qui ne peut obéir aux lois habituelles du droit international connu jusque là. Cette invention juridique a ouvert en conséquence la voie au ‘droit à un Etat’. L’enchaînement de cette logique est : un crime unique – un crime contre l’humanité – un crime contre une race – une race – un Etat.               Voilà donc l’aberration des procès dits des ‘Grands criminels’, ou même des petits ‘criminels’ comme Eichmann. Les victimes ont été leurrées par ces procès à sensation qui n’ont pas jugé des faits historiques mais des faits politiques qui relèvent des affaires d’Etat et non des affaires des femmes et des hommes victimes de crimes personnels. Au lieu du concret, on a fabriqué le fantastique et on leur a dit : vous avez été victimes d’un Holocauste, d’une Shoah, vous n’avez pas à vous en soucier, c’est nous qui s’en chargerons.               C’est que les sionistes n’ont eu aucun intérêt à juger véritablement les crimes de déportation, ou ceux commis dans les camps de concentration, ou même le régime nazi. En plus de l’instrumentalisation politique des crimes, les sionistes ont eu peur que ces procès ne se retournent contre eux, en révélant la part de leur responsabilité politique dans ces persécutions qu’ils favorisèrent en sous main, car ils ont vu qu’elles allaient dans le sens de leurs objectifs politiques : la création d’un Etat prétendument juif, dans une perspective idéologique que les nazis étaient loin de désavouer.               Toujours est-il que ce stratagème, combiné avec l’idéologie horrifique de la Shoah, a fini par faire croire aux victimes, comme aux autres, que toute la vérité a été dite.               La négation des crimes commis commence ici : par la négation du droit des victimes individuelles, quelles qu’elles soient, à un procès juste, authentique, exemplaire et équitable pour les torts qu’elles avaient subi durant la Deuxième Guerre mondiale et avant. Cette négation se double par celle des crimes politiques et militaires commis à la fois par les puissances alliées et par la puissance sioniste montante.               C’est pourquoi il est urgent :               D’abroger la loi Gayssot qui avalise un crime de déni de justice qu’incarnent le Tribunal de Nuremberg et ses Statuts.               Que les promoteurs du Tribunal de Nuremberg et leurs exécutants soient jugés et punis.               Que les victimes de tous les crimes commis durant la Deuxième Guerre mondiale et avant à l’encontre des populations civiles – quelle que soit leur nationalité, leur religion, leur appartenance nationale ou ethnique – poursuivent en justice leurs bourreaux, et que leurs plaintes soient acceptées.               Que le crime contre la paix soit jugé en toute équité et que ses commanditaires et leurs exécutants soient poursuivis devant la justice, quelle que soient la nationalité de leurs auteurs.               Avant Gayssot, avant l’Historien, exigeons d’abord que justice soit faite, et que les vrais négationnistes soient démasqués.   

HISTOIRE GENERALE DE LA TUNISIE Tome II :

De Kairouan à Tunis en passant par Mahdia L’âge d’or de l’Ifriqiya.

Par Ahmed Ounaïes   Sud Editions vient de faire paraître le deuxième tome de l’Histoire Générale de la Tunisie. Faisant suite au premier tome consacré à l’Antiquité, paru en mars 2003, le tome II couvre la période qui s’étend de la première invasion arabe en Ifriqiya en 647 jusqu’à la fin de la dynastie hafside et l’installation des Turcs Ottomans à Tunis en 1574. Sept éminents historiens ont collaboré à l’ouvrage qui présente, en 476 pages, le fil historique ainsi que le tableau humain, économique, social et culturel, avec cent cinquante documents (illustrations, cartes et plans) couvrant plus de neuf siècles.   Il faut saluer l’excellente introduction générale, rédigée par Mohamed Talbi, auteur par ailleurs du chapitre sur les Aghlabides. L’évolution politique est développée en cinq grandes parties, avec l’appui d’un appareil critique et documentaire très riche. ہ la fin de chaque partie, des analyses détaillées sont consacrées à la révolution économique, sociale et culturelle. Un intérêt particulier est porté à la genèse de la société arabo-berbère et aux débats qui l’ont agitée. Une évolution spécifique a marqué la société ifriqiyenne qui, sur le socle berbère en partie christianisé, s’est enrichie des apports successifs composant les armées arabes, originaires du Machrek, d’Egypte, du Yémen et du Khurassan. L’interpénétration de ces divers apports, le rôle fluctuant et souvent déterminant des grandes tribus berbères, les controverses de doctrine qui se sont développées parallèlement à Kairouan et à Bagdad au sein même de la communauté sunnite, la préservation de la religion et de la pratique du christianisme qui ont persisté jusqu’au XIe siècle… autant de facteurs qui forment la trame de la société et de la vie culturelle ifriqiyenne et qui sont présentés dans des exposés méthodiques, mais aussi à travers des documents illustrés ou, parfois, dans des encadrés permettant de situer un fait ou un personnage marquant. Une attention particulière est portée à la Sicile arabo-musulmane dont la culture, encore vivante, constitue une transition entre les deux rives de la Méditerranée.   Une liste des gouverneurs ou des Emirs conclut chacune des cinq parties, avec les dates respectives de leur investiture. En annexe, un tableau indicatif de concordance entre les années de l’ère hégirienne et de l’ère chrétienne permet d’établir les correspondances de manière pratique.   Ruptures et déchirements   Arrachée à l’Empire Byzantin, l’Africa s’engage dans un nouveau destin. La chute de Carthage en 699 scelle la fin de la période romano-byzantine qui a duré huit siècles. La fondation de Kairouan en 670 signifie l’ancrage de l’Islam en Occident et sa poussée irrésistible jusqu’aux rives de l’Océan. L’Ifriqiya, d’abord province du nouvel empire (Wilaya), se fait reconnaître en 800, avec Ibrahim Ibn al Aghlab, le statut d’Emirat.   Finement analysé par l’historien Hichem Djaït, l’épisode de la Wilaya est une période de ruptures et de déchirements dramatiques qui a connu, sous l’autorité de personnages de caractère exceptionnel tels que Okba ibn Nafa’a et Hassan ibn Nu’man, et dans le feu d’une résistance berbère héroïque et désespérée, l’émergence d’un ordre nouveau qui s’efforce de reproduire le modèle de gouvernement de Damas puis de Bagdad, mais qui affirme en fait les prémisses d’une véritable Métropole régionale irrésistible. Djaït développe avec clarté et précision le tableau de ce Maghreb soumis à l’ordre arabe : le rayonnement de Kairouan sur l’Occident musulman éclaire cette période fondatrice. Bientôt, l’avènement de dynasties proprement berbères, assumant à leur compte l’ordre de l’islam, projette l’Ifriqiya dans le monde méditerranéen.   Avec la dynastie fatimide, l’Ifriqiya s’insère dans la querelle dynastique qui opposa aux Omayades puis aux Abbassides les descendants d’Ali, le cousin et gendre du Prophète dont les Chiites épousent la cause. L’Ifriqiya se donne alors la prétention de conquérir le centre même de l’empire : occuper Bagdad après avoir conquis l’Egypte. Le professeur Farhat Dachraoui alterne les analyses sur les deux tableaux, en Ifriqiya et sur le front égyptien. Dans un style vif, il décrit les ravages de la da‘wa isma‘ilienne, mélange d’agitation révolutionnaire et d’appel à la pureté de la foi, ardemment servie par des Kutama fanatisés, tenus en réserve sur les monts de la petite Kabylie jusqu’au signal fatidique. L’établissement aghlabide, miné de surcroît par une querelle de succession, succombe au déferlement des Kutamas. Le nouveau Mahdi fatimide, fondateur de Mahdia, et ses successeurs (910 – 973) n’ambitionnaient pas moins que le Califat. Après trois campagnes militaires infructueuses en Egypte, la quatrième, en 969, aboutit à la fondation d’une nouvelle capitale baptisée Al Qahira et d’une grande mosquée baptisée Al Azhar (970 – 972). Le 11 juin 973, l’émir fatimide Al Mu’izz, quittant Mahdia, fait son entrée triomphale dans sa nouvelle capitale, après avoir investi un chef berbère, Buluggin Ibn Ziri, du gouvernement de Mahdia. C’est alors que, s’affranchissant de la tutelle du Caire, les Zirides fondent la première dynastie berbère d’Ifriqiya.   La première dynastie berbère   Le professeur Dachraoui analyse avec rigueur la montée en puissance des Fatimides et leur politique hégémonique qui, très logiquement, donne naissance à une rébellion kharijite d’une virulence inouïe et qui faillit les abattre. Dans cette aventure, Kairouan et Mahdia connaissent un essor exceptionnel. L’ouvrage en donne des illustrations de qualité, où l’on voit s’inscrire, dans toutes les formes de l’art, l’empreinte africaine sur l’apport proprement oriental.   Le professeur Abdelmajid Dhouib expose avec subtilité le cruel dilemme des premiers gouverneurs Zirides, tenus par le serment de fidélité aux Fatimides du Caire mais aussi tentés par le retour dans le giron de Bagdad, tandis que des heurts sanglants opposent les Sunnites de rite malikite, qui ont toujours prévalu en Ifriqiya, aux nouveaux clercs chiites imposés par les Mahdis fatimides. La rupture est consommée sous le règne d’al-Mu’izz : la longue analyse du professeur Dhouib contribue à mieux cerner les constantes fondamentales de la société ifriqiyenne. La rupture provoque les représailles du Caire : l’invasion hilalienne. Bientôt, Mahdia succombe sous le poids des armes et des pillages dévastateurs des Hilaliens venus d’Egypte (1048 -1052), mais aussi des offensives répétées des rois normands qui, après avoir conquis la Sicile en 1091, harcèlent les côtes jusqu’à la chute de la deuxième capitale d’Ifriqiya (1148).   C’est seulement le 21 janvier 1160 que Mahdia est libérée par les forces almohades. En effet, l’Emir Abd al Mu’min, qui venait de fonder à Marrakech le royaume almohade en 1147, lançait deux campagnes victorieuses au Maghreb central puis en Ifriqiya : l’empire berbère des Almohades étend alors son autorité sur tout l’Occident musulman, de Marrakech à Tripoli, incluant en outre l’Andalousie. La dynastie hafside qui installe la nouvelle capitale de l’Ifriqiya à Tunis et qui gouverne jusqu’en 1574 est issue d’un des fondateurs du mouvement Almohade, Cheikh Abu Hafs Yahia Ibn Omar. L’historien Mhamed Ali M’rabet couvre la période hafside. Il s’attarde sur les temps difficiles de la conquête de la souveraineté et le rôle de Abu Zakarya qui, en véritable homme d’Etat, jette les fondations du futur royaume de Tunisie.   Une individualisation irrésistible   Au-delà des déboires intérieurs et des restaurations salutaires, la Tunisie Hafside s’ouvre aux influences des nouvelles forces qui commandent désormais le destin de la Méditerranée: l’Empire de Charles Quint et l’Empire ottoman, tandis que l’essor du commerce animé par la flotte vénitienne pousse les échanges et les rapports diplomatiques de plus en plus vers les pôles européens. Ces développements sont rapportés dans des encadrés éloquents qui complètent et enrichissent l’ouvrage et qui permettent de mieux situer la Tunisie de la fin du Moyen âge. Dans son fond, le livre illustre le passage de l’Ifriqiya à la Tunisie en un processus d’individualisation irrésistible, dans le contexte de l’Occident musulman et de l’expansion des puissances européennes en Méditerranée.   Sud Editions entreprend un travail méritoire qui met à la disposition des chercheurs, des enseignants et du public cultivé un ouvrage utile, pratique et complet. Les deux premiers volumes, consacrés à l’Antiquité et au Moyen Age, tiennent largement leurs promesses. Avec la publication annoncée des volumes III – (Epoque Moderne) et IV – (Epoque Contem- poraine), la bibliothèque tunisienne sera dotée d’une authentique Histoire Générale de la Tunisie en quatre volumes, totalisant près de 2.000 pages et 500 cartes, plans et documents.   (Source : « Réalités » N° 1045 du 5 janvier 2006)


 
PROCHE-ORIENT. L’International Crisis Group conseille à l’UE de ne pas exclure les islamistes.

Couper les vivres au Hamas est «un parfait non-sens»

  Luis Lema   Quelle attitude faut-il adopter face au Hamas? La question risque de se poser de manière frontale aux Européens et aux Américains – sans même parler des Israéliens – après les élections palestiniennes du 25 janvier prochain. Si le mouvement radical islamique ne sortira pas forcément vainqueur du scrutin, il obtiendra sans doute une part importante du pouvoir au sein de l’Autorité palestinienne.   Face à cette situation, il n’y a pas de bonne solution, dit en substance l’International Crisis Group (ICG), dans un rapport publié ce mercredi. Mais la moins mauvaise consisterait à favoriser, autant que possible, une intégration progressive du Hamas dans la vie politique palestinienne.   C’est un paradoxe: même après avoir été combattu sans répit par Israël, le Hamas n’a jamais semblé plus fort qu’aujourd’hui. Sentant son souffle sur leurs épaules, les membres de l’entourage du président Mahmoud Abbas avaient déjà reporté ces élections, censées se tenir originellement en juillet dernier. Résultat: alors que le Fatah du président n’en finit plus de se désagréger, le Hamas, lui, est encore monté en puissance. Après qu’il a remporté plusieurs scrutins municipaux, rappelle l’ICG, «le Hamas gère aujourd’hui la vie quotidienne de centaines de milliers de Palestiniens».   Cette irruption islamiste a complètement déconcerté les Occidentaux. Alors qu’ils ont placé le Hamas sur leur liste des mouvements terroristes, les Européens (pour ne prendre qu’eux) encouragent tout de même la tenue d’élections libres en Palestine. Mais, dans le même temps, ils ont gelé leurs projets de coopération dans les mairies tenues par le Hamas et menacent de faire de même à l’échelle de tous les territoires en cas de succès des islamistes aux prochaines élections.   «Cette attitude est un parfait non-sens», juge sévèrement l’ICG en insistant sur le fait que l’Europe se coupe ainsi d’une bonne partie de la population palestinienne et met en péril ses propres projets de développement.   Inflexibilité sur deux points   Certes, la communauté internationale doit se montrer inflexible face au Hamas sur deux questions: la fin de la violence contre les civils et l’acceptation d’une solution politique passant par la reconnaissance de deux Etats. Mais cela lui laisse une certaine marge pour traiter de questions de vie quotidienne avec des islamistes qui, au demeurant, ont fait preuve de beaucoup de pragmatisme depuis qu’ils sont installés dans les mairies de Gaza et de Cisjordanie. Les Européens, notamment, ne disposent que de l’arme économique pour infléchir la politique du Hamas et tenter de stabiliser la région. Ils feraient mieux de l’utiliser à bon escient.   (Source : « Le Temps » (Suisse) du 18 janvier 2006)


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