TUNISNEWS
7 ème année, N° 2401 du 18.12.2006
C.R.L.D.H. Tunisie: Arrestation du journaliste Lotfi HAJJI Le parti vert Européen appelle l’Union Européenne à prendre en considération les violations des Droits de l’Homme en Tunisie
La FTCR : Journee internationale des migrants Des touristes suédois témoins de bataille entre membres de l´UGTT et la police tunisienne devant l´hôtel EL Mouradi à Skanes
AFP: Attentat de Djerba: condamnation d’un complice confirmée en appel AP: Attentat de Djerba: la condamnation de Belgacem Naouar confirmée en appel Reuters: Peine confirmée pour l’oncle du kamikaze de Djerba « Le Maghrébin »: Sommaire de l’édition du 18 décembre 2006 Le Temps: 21ème congrès de l’UGTT- Nouveau Bureau exécutif: neuf anciens membres reconduits, quatre nouveaux venus HRinfo: The Internet: New Battle between Arab Governments and Freedom of Expression AFP: Les musulmans victimes de discrimination raciale dans l’UE Le Monde: Yusuf Islam, alias Cat Stevens, sort de sa retraitre Ridha KEFI: Comment désamorcer la bombe palestinienne ?
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Arrestation du journaliste Lotfi HAJJI
Communiqué de presse
Le parti vert Européen appelle l’Union Européenne à prendre en considération les violations des Droits de l’Homme en Tunisie
Le refus des autorités tunisiennes d’autoriser l’organisation d’une conférence commune avec le parti « Tunisie Verte », en présence d’un membre du parlement italien Mr Arnold Cassola, en visite en Tunisie le Samedi 9 Décembre 2006, est considéré avec souci par le parti vert européen.
« Tunisie Verte » est un parti vert avec qui nous avons des relations amicales et qui a été invité à notre congrès en Octobre 2006. Le Professeur Arnold Cassola est un ancien secrétaire du parti vert européen. Il est impossible d’imaginer une justification qui pourrait être avancée pour empêcher la tenue d’une conférence de presse commune dans un pays qui déclare souvent respecter les Droits fondamentaux de l’Homme.
Le refus du ministère de l’Intérieur tunisien d’autoriser une conférence de presse, ainsi que son refus persistant de reconnaître officiellement l’existence du parti « Tunisie Verte », n’est pas conforme avec la participation de la Tunisie dans le processus Euro-Med. Nous avons besoin de preuve concrète d’une ouverture politique mais jusqu’à maintenant nous voyons seulement le contraire qui se produit.
Notre souci concernant la situation de violation des libertés de réunion et les libertés d’expression en Tunisie a été présenté dans la presse tunisienne en ces termes « Le recours aux étrangers et l’action de « Tunisie Verte » qui nuit à son pays ». Par souci de bon voisinage, nous considérons que le seul dommage causé à la Tunisie est fait par des personnes au pouvoir qui, sans justifications, dénient les Droits de l’Homme les plus élémentaires.
Dans cette optique, nous considérons sérieusement les menaces voilées adressées au Professeur Arnold Cassola par des intermédiaires, que les autorités tunisiennes préfèreraient pour son intérêt qu’il ne participe pas à la conférence de presse, puisqu’elles ne lui voulaient pas qu’il lui arrive quoique ce soit de désagréable.
Après un tel incident, le palmarès négatif des Droits de l’Homme en Tunisie reçoit une autre gifle par les propres mains des autorités tunisiennes. Etant donné que notre politique est de contraindre l’UE pour faire de ces enjeux démocratiques un facteur déterminant dans ses relations avec des pays du tiers monde, nous appelons l’UE à tenir compte du dossier des Droits de l’Homme en Tunisie dans ses relations avec ce pays. Il y va de la crédibilité de l’UE qui pourrait être mise en doute si ces questions sont passées sous silence.
Ulrike Lunacek Philippe Lamberts
Porte parole Porte parole
EUROPEAN GREEN PARTY
31, Rue Wiertz, B-1050 Brussels, Belgium
Ph: + 32 2 626 07 22 – Fax : + 32 2 626 07 29
N.B : Ce communiqué de presse a été traduit par « Tunisie Verte » à partir de la version anglaise.
*JOURNEE INTERNATIONALE DES MIGRANTS*
« Fédération des Tunisiens Pour une Citoyenneté des deux Rives »
3, rue de Nantes 75019 Paris
Tél : 0146075404
Mail : ftcr2@wanadoo.fr
*A l’occasion de la journée internationale des migrants, la fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives rend hommage à la mémoire de Kazim Kutsul, jeune de 22 ans d’origine turc, décédé d’un suicide dans un centre de rétention à Marseille, victime de la politique du gouvernement en matière d’immigration (loi CESEDA).*
*La FTCR rend également hommage à la mémoire de Taoufik EL AMRI jeune tunisien de 33 ans, repêché le 12 décembre 2006 dans un canal à Nantes, après avoir subi un contrôle d’identité par une brigade de policiers nantais le soir du 22 novembre 2006. Ces policiers viennent d’être inculpés pour faux témoignages et non-assistance à personne en danger.*
*Halte à la chasse aux étrangers*
*Halte à la dérive sécuritaire*
A la veille des élections présidentielles et législatives, la chasse aux étrangers se poursuit sans relâche.
Cet acharnement, résultat direct de la politique du gouvernement actuel en matière d’immigration, répond aux souhaits du ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy à savoir l’expulsion de 25000 personnes en 2006. Du refus des régularisations, à la rétention en passant par la reconduite à la frontière, tous les moyens sont bons pour atteindre ce maudit objectif.
Kazim Kustul, jeune homme de 22 ans, d’origine turc s’est suicidé dans un centre de rétention à Marseille. Le suicide est parvenu suite à la notification d’un arrêt d’expulsion à l’égard de ce jeune qui a tant espéré régulariser sa situation et vivre sereinement dans le pays des
droits de l’homme.
Cet acte marque à la fois l’extrême désespérance des personnes déboutées et la politique inhumaine du gouvernement français et de son ministre de l’intérieur concernant les étrangers résidant sur le territoire français.
La FTCR, s’insurge contre les discriminations faites aux immigrés et dénonce avec énergie la politique française en matière d’immigration qui n’a de cesse de faire de l’immigré un bouc émissaire et un enjeu électoral.
La FTCR apporte son soutien indéfectible à la famille, aux amis et à toutes les personnes éprises de liberté et de justice.
La FTCR, tout en exprimant ses condoléances, appelle à la régularisation de tous les sans papiers, la fermeture des centres de rétention et l’abrogation de la loi CESEDA.
La FTCR s’associe à l’association ACORT (Assemblée Citoyenne des originaires de Turquie) et exige la création d’une commission d’enquête parlementaire afin que toute la lumière soit faite sur le décès de Kazim.
FTCR Paris le 18.12.06
Des touristes suédois témoins de bataille entre membres de l´UGTT
et la police tunisienne devant l´hôtel EL MOURADI à SKANES hier soir
entre le samedi 16 et le dimanche 17 décembre 2006.
Des touristes suédois qui se trouvent en Tunisie pour une semaine de vacance á l´hôtel EL MOURADI de Skanés ont été témoins de la tension politique entre L´UGTT et la répression policière en Tunisie.
Ses touristes qui rentraient de Sousse, après avoir passer des heures pour faire des achats n´ont pu rejoindre leur hôtel El MOURADI de Skanes que très tard la nuit vers une heure du matin. Ils ont passé des heures dans la pluie car la police leur a refusé l´entré de l´hôtel, C´est dans cet hôtel ou se déroule le congres de l´UGTT: La police et la garde nationale ainsi que les services de sécurité politique ont bloqué tous les issues de plusieurs hôtels á Skanes par des barrages á quelques kilomètres de la zone touristique de Monastir.
D´après des informations de Tunis la police politique á interdit l´entré de cet hôtel á plusieurs membres de l´UGTT venu de toute la Tunisie pour soutenir leur congressistes.
Des témoins ont raconté que les grande portes en fer de l´entré principale de l´hôtel ont arraché par les manifestants qui sont des membres de la syndicale. Les forces de l´ordre ont refusé l´entré de l´hôtel á membres du syndicats. Des grands dégâts ont eu lieu dans l´enceinte de l´hôtel ou les manifestants ont réussi á rejoindre les congressistes qui sont á l´intérieur de l´hôtel.
C´est dans cette atmosphère que les touristes suédois ont vécu leur premiers jours de vacances dans le paradis tunisien.
Infos de Tunis
Attentat de Djerba: la condamnation de Belgacem Naouar confirmée en appel
Associated Press, le 18 décembre 2006
TUNIS (AP) – La cour d’appel de Tunis a confirmé lundi le jugement rendu en première instance à l’encontre de Belgacem Naouar, condamné en juin dernier à 20 ans de prison assortis de cinq ans de surveillance administrative pour complicité dans l’attentat de Djerba, a-t-on appris de source judiciaire.
Revendiqué par l’organisation terroriste Al-Qaïda d’Oussama ben Laden, l’attentat avait fait 21 morts, dont 14 Allemands, cinq Tunisiens et deux Français en avril 2002.
Selon les autorités, le kamikaze Nizar Naouar, neveu de Belgacem, avait trouvé la mort carbonisé lors de l’explosion du camion-citerne chargé de gaz qu’il avait fait exploser devant la synagogue de La Ghriba, construite sur cette île du Sud tunisien il y a plus de 2.500 ans, d’après la légende.
Belgacem Naouar, 44 ans, avait été reconnu coupable de “complicité d’assassinat avec préméditation”, “participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre une agression sur les personnes et les biens” et “participation à la détention et la fabrication de matières explosives sans autorisation légale”.
Associated Press
Peine confirmée pour l’oncle du kamikaze de Djerba
Reuters, le 18 décembre 2006
TUNIS (Reuters) – La Cour d’appel de Tunis a confirmé la peine de 20 ans de prison infligée à l’oncle de l’auteur de l’attentat-suicide qui fit 21 morts en 2002 devant la synagogue de la Ghriba, sur l’île touristique de Djerba, a-t-on appris de sources judiciaires.
Quatorze Allemands, cinq Tunisiens et deux Français avaient été tués dans l’explosion, qui avait aussi fait 30 blessés, lors de l’explosion d’un camion-citerne devant la mosquée, qui date du VIIe siècle, au moment de la visite de touristes étrangers.
L’édifice, un lieu de pèlerinage très réputé pour tous les juifs du Maghreb, avait été presque entièrement dévasté lors de l’attentat, première attaque dans un pays arabe revendiquée par les islamistes d’Al Qaïda après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Le magistrat tunisois a confirmé la peine infligée à Belgacem Nawar, 45 ans, reconnu coupable en juin d’avoir aidé l’auteur de l’attentat contre la Ghriba à préparer et à commettre l’attaque et à fabriquer et à manipuler les explosifs.
Nawar a continué à clamer son innocence jusqu’à ce que le verdict soit rendu. Son avocat a annoncé qu’il allait faire appel auprès de la Cour suprême.
REUTERS
Attentat de Djerba: condamnation d’un complice confirmée en appel
« Le Maghrébin », Sommaire de l’édition du 18 décembre 2006
http://www.hebdo.amd-maghreb.org/
** Editorial : La technologie au secours des démocrates tunisiens… Par Omar S’habou La technologie vient de jouer un mauvais tour aux dictateurs. Elle vient de mettre au monde un joli bébé du nom de « Psiphon » qui va donner des cauchemars d’autant plus effroyables à nos amis les dictateurs qu’il est pratiquement impossible à dompter. Il s’agit d’un outil informatique qui permet, comme l’explique le quotidien « Le Monde » du 4 décembre, « de créer un réseau privé virtuel entre l’ordinateur d’une internaute soumis à le censure et un serveur distant situé en zone libre. Ce serveur servira de relais à toutes les applications web consultables depuis un navigateur internet. Il devient alors possible de visiter les bases de données ou médias en ligne jusqu’ alors interdits d’accès, de mettre un blog et de réagir sur un forum… ».
** JUGURTHA, PREMIER NATIONALISTE MAGHREBIN
Dans le panthéon maghrébin, Jugurtha occupe une place aussi importante qu’Hannibal. Les deux chefs militaires ont d’ailleurs de nombreux points en commun. Ils ont défié le puissant Empire romain, tenu longtemps en échec les légions envoyées pour les soumettre, avant de perdre finalement la guerre contre Rome non pas sur un champ de bataille, mais à la suite d’une trahison.
Si les faits d’armes du général carthaginois sont plus spectaculaires que ceux du roi numide, c’est ce dernier, cependant, qui symbolise le mieux aujourd’hui, aux yeux des Maghrébins, la résistance à l’invasion étrangère. À la différence d’Hannibal, né dans la péninsule Ibérique de parents originaires de Phénicie, Jugurtha est né en Afrique et a une ascendance berbère avérée.
** Lu dans le « Soir d’Algérie »: Le mensonge, ça suffit! par Mohammed Ben Chicou. Zidane sauvera-t-il l’image de Bouteflika ? Il semble bien que cela soit trop tard. Autant qu’on ait pu le constater, de l’Espagne à Beyrouth où la conférence de l’Association mondiale des journaux a vertement critiqué la répression que subissent les journalistes en Algérie, le président algérien a fini par renvoyer de lui un profil plus proche de Ben Ali ou de Bongo que de De Gaulle ou de Jefferson, c’est-à-dire qu’il sera, en dépit de ses efforts, un personnage qui laissera un détestable souvenir pour sa postérité.
** Maroc: Réflexions sur Al Monadhara, par Abdelhani Belhaloumi Sans m’attarder sur l’aspect historique, ni sur les différentes étapes de l’immigration marocaine, je passe plutôt à ce qui est en train de faire l’actualité de ces jours, à savoir une rencontre à Rabat organisée par un collectif dénommé Al Monadara. Cette rencontre a traité du sujet qui nous préoccupe tous, Marocains Résidant à l’Etranger (MRE), sans que l’on soit tous représentés.
** Kadhafi: Le fossoyeur de la cause nationale arabe par René Naba
La Libye a célébré, ce 1er septembre 2006, le 37e anniversaire de l’arrivée au pouvoir du colonel Mouammar Al-Kadhafi, désormais doyen des chefs d’État arabes et qui aura été le héraut de l’unité arabe avant de devenir un allié objectif des États-Unis et d’Israël. En 37 ans de pouvoir erratique, le chantre de l’unité arabe aura été l’un des fossoyeurs du nationalisme arabe, le démineur par excellence des menées américaines dans la sphère arabe, le meilleur allié objectif d’Israël.
** Tunisie: Le C.R.L.D.H : Dix ans d’un indispensable combat par Fatima Kabba En 1996, les démocrates tunisiens avaient fini par faire leur deuil de toute sincère volonté de Mr Ben Ali de réaliser ne serait ce que le SMIG démocratique en Tunisie. Une dictature policière au vrai sens de l’expression avait alors achevé d’établir férocement son magistère sur les tunisiens et la Tunisie. Parallèlement, une diplomatie active soutenue par des moyens financiers et logistiques colossaux s’est employée à vendre auprès des chancelleries occidentales le « succès du système tunisien : moderne, stable et, surtout, efficacement dompteur de l’ogre islamiste ».
** Economie: Intégration économique au Maghreb : sur le chemin de la prospérité , par Rodrigo De Rato, Directeur Général du FMI. Lors de mon premier voyage au Maghreb en tant que Directeur général du FMI, j’ai pu constater de première main les problèmes auxquels la région fait face, son énorme potentiel et la contribution que le FMI peut apporter. La création d’emplois et l’accélération de la croissance économique figurent parmi les priorités des programmes des pays que j’ai visités (Algérie, Maroc et Tunisie). Il est évident que chaque pays peut prendre lui-même des mesures importantes, mais je pense qu’il est essentiel d’adopter une nouvelle approche, axée sur une intégration régionale plus poussée, pour accroître rapidement la prospérité dans l’ensemble de la région.
MESSAGE A MM. LARBI GUESMI & BALHA BOUJADI
Bonjour Messieurs,
Depuis quelques jours on assiste sur Tunisnews à une querelle entre Monsieur Larbi Guesmi et un internaute qui garde l’anonymat signant avec le Pseudo Balha Boujadi…je trouve que cette énergie que vous dépensez pour vous “insulter ou de vous critiquer ” ne sert absolument à rien pour la cause tunisienne, au contraire cela amuse la police de l Internet employée par le dictateur le Ben Ali, je ne suis pas la pour prendre la défense de l’un ou l’autre ni de vous juger mais seulement je constate que ce conflit qui vous oppose prend une dimension qui commence à hériter et empoisonner les internautes.
Alors je vous propose de vous échanger vos adresses e-mail respectives et de continuer votre débat en privé, encore mieux pour mettre fin à cette querelle de vous ignorer mutuellement et basta.
Merci de votre compréhension et qu’une lutte efficace continue pour mettre fin à la dictature du général Ben Ali.
Chokri YACOUB
Pour répondre: e -mail : Forum.tuniso.suisse@gmail.com
http://espace.tunisie.over-blog.com/
A madame Soumaya Ghannouchi
.21ème congrès de l’UGTT
Nouveau Bureau exécutif:
neuf anciens membres reconduits, quatre nouveaux venus
Prévu pour samedi soir, la clôture des travaux du 21ème congrès de l’UGTT n’a finalement eu lieu qu’ hier en fin d’après-midi et a abouti à la reconduction d’Abdessalem Jrad et de huit de ses camarades de l’ancien bureau exécutif alors que quatre autres syndicalistes sont entrés pour la première fois à la direction de la centrale.
Ce vote confirme d’ailleurs une orientation de transition devenue désormais coutume à l’UGTT. En effet, la culture du vote discipliné pour la liste du Secrétaire Général s’est éclipsé et a laissé sa place à une concurrence serrée entre des listes concurrentes, quoique naviguant dans le sillage de certains membres influents de l’ancien bureau exécutif et ce, depuis le renouveau du congrès de Djerba.
Les congressistes se sont donc retrouvés avec une nouvelle culture qui s’est affirmée à deux plans. D’une part, aucune liste n’est parvenue à s’approprier la sympathie des congressistes. La tradition du suivisme aveugle ne fait plus recette. Elle a plutôt laissé sa place à un débat, certes consistant mais manquant de polarisation et à un vote effrité. Les élus appartiennent d’ailleurs à trois tendances différentes. D’autre part, et après un débat houleux en séance plénière lors du vote de la motion sur les structures et le règlement intérieur, le congrès a confirmé l’amendement de Djerba qui limite à deux le nombre de mandats successifs au bureau exécutif.
Les péripéties de la dernière journée
L’adoption du rapport moral et du rapport financier ainsi que des différentes motions ont été pratiquement acquises à l’unanimité mais le contenu des débats qu’a connus le 21ème congrès de l’UGTT donne déjà une certaine idée sur le profil des candidats élus, quoique rien ne prédisait la situation chaotique engendrée par les discussions sur les amendements du règlement intérieur et notamment la fameuse question du plafond des deux mandats successifs, lequel amendement a été adopté au congrès de Djerba.
D’ailleurs, on évoluait paisiblement vers un report en douceur au Conseil National de la prise de position à propos de cette problématique, quand les défenseurs du maintien de cet amendement ont décelé dans ce report une combine pour faire passer la position qui prône le retour sur cette réforme. Un véritable débat houleux s’est installé et a fini par maintenir la réglementation et les structures telles qu’elles ont été avalisées par le congrès de Djerba.
Ce débat a pris pratiquement trois heures et les élections n’ont été entamées que le dimanche vers 2 heures du matin et se sont prolongées jusqu’à 9 heures. Quant au dépouillement du vote, il n’a pris fin que vers 5 heures de l’après-midi (Voir en encadré la composition du nouveau bureau exécutif).
Mourad SELLAMI
Composition du nouveau bureau exécutif
Entre parenthèses, le nombre de voix récoltés par chaque membre élu :
Mohamed Sâad (303), Mohamed Moncef Ezzahi (269), Abdessalem Jrad (250), Hassine Abbassi (232), Mohamed S’himi (225), Ridha Bouzriba (224), Mouldi Jendoubi (222), Ali Ben Romdhane (218), , Abid Briki (202), Moncef Yâacoubi (200), Mohamed Trabelsi (194), Belgacem Ayari (192) et Mohamed Chandoul (191).
Les trois ex-membres du bureau exécutif, qui n’ont pas été reconduits, ont récolté respectivement: Hédi Ghodhbani (174), Abdennour Madahi (167) et Slimène Majdi (162) et , ont été classés 14ème, 17ème et 18ème sur un total de quarante candidats. Les autres candidats s’étant retirés. Rappelons que Néji Messaoud, ex-membre aussi du bureau exécutif, s’est retiré de son propre gré et a présidé le congrès de Monastir.
M.S.
(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 18 décembre 2006)
Après avoir été victime d’une tentative d’assassinat
Chérif Alaoui arrêté
Nous avons appris que la police criminelle d’El – Gorjani a procédé, dernièrement, à l’arrestation de trois personnes dont l’artiste Chérif Alaoui et une jeune fille habitant la cité Hélal, à l’ouest de Tunis.
Ces arrestations entrent dans le cadre de l’enquête faisant suite à la plainte déposée par Chérif Alaoui arguant qu’il a été victime d’une agression de la part de deux inconnus qui ont investi sa maison et l’ont poignardé avant de s’enfuir.
Selon les investigations de la police basées sur le témoignage d’un gardien du coin, une jeune fille était partie prenante dans l’affaire puisqu’elle a été vue escalader le mur de la maison de l’artiste en sa compagnie.
Comme il n y avait pas de preuves incriminant aucune autre partie, Chérif Alaoui a été convoqué pour interrogatoire, surtout qu’il a été vu le soir de l’incident à la rue Zarkoun en compagnie d’un trafiquant de devises et quittant les lieux accompagné d’une jeune fille qu’il avait ramenée chez lui.
Il parait qu’un différend les a opposé. La jeune fille l’a poignardé et pris la poudre d’escampette.
Nous avons appris que Chérif Alaoui a été arrêté pour simulation de crime. Il en est de même pour la fille qui l’a poignardé et le trafiquant de devises.
L’enquête suit son cours.
(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 18 décembre 2006)
Les musulmans victimes de discrimination raciale dans l’UE
AFP, le 18 décembre 2006 à 15h43
Par Jean-Michel STOULLIG
VIENNE, 18 déc 2006 (AFP) – Les musulmans de l’Union européenne sont victimes de discrimination en matière d’emploi, éducation et logement et d’islamophobie, selon une agence européenne qui réclame plus d’efforts des Etats membres, mais aussi plus de volonté d’intégration des musulmans.
Le rapport de l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) “montre qu’il reste beaucoup à faire pour s’assurer que les musulmans européens bénéficient des mêmes droits à
l’égalité de traitement et de la même qualité de vie que les autres Européens”, a déclaré la directrice, Beate Winkler, à la presse à Vienne.
Le rapport (sous http://eumc.europa.eu) donne aussi des exemples d’actes “islamophobes”, allant d’insultes à des agressions physiques et à des incendies volontaires.
Il cite aussi des initiatives de dialogue réussies, par exemple au Luxembourg, en Allemagne, ou dans les municipalités de Rotterdam (Pays-Bas) et Birmingham (Royaume-Uni).
Invitant les dirigeants des 25 à “un vrai dialogue interculturel”, l’EUMC recommande aux États membres “de mettre en œuvre des mesures visant à lutter plus efficacement contre la discrimination et le racisme”, illégaux dans l’Union.
Ces actes peuvent “entraîner une forme de désespoir et risquent de saper le sentiment d’appartenance qu’ont les musulmans à l’UE”, comme pour d’autres groupes de migrants et groupes minoritaires.
Chez les jeunes, les obstacles à la promotion sociale “peuvent donner lieu à un sentiment de frustration et d’exclusion sociale”.
Le rapport regrette aussi que ces faits “restent sous-documentées et sous-déclarées”, sauf par la Grande-Bretagne et la Finlande et réclame un effort d’information aux autres Etats
membres.
Selon l’étude, les musulmans, en tant que groupe, sont sur-représentés dans les secteurs mal payés de l’économie. “D’une manière générale, si leur réussite scolaire se situe sous la moyenne, leur taux de chômage, lui, est supérieur à la moyenne” (ex 11% en Irlande en 2002 contre 4% pour l’ensemble du pays).
“Ils sont souvent représentés de manière disproportionnée dans les zones où les conditions de logement sont les plus mauvaises”.
L’EUMC publie parallèlement une étude sur les “Perceptions de la discrimination et de l’islamophobie”, réalisée auprès d’organisations et jeunes musulmans dans dix États.
Des tests montrent que pour les musulmans, les possibilités
d’emploi sont limitées.
Ainsi en 2004 au Royaume-Uni, BBC-radio a envoyé des demandes d’emploi de six candidats fictifs, faisant deviner leur origine à 50 entreprises: la probabilité d’être invités à une entrevue était plus
élevée pour les candidats blancs (25%) que pour les candidats noirs (13%) et surtout au nom musulman (9 %).
En France, en 2004, l’université de Paris I a envoyé différents CV permettant de deviner l’origine: la probabilité d’obtenir une réponse positive était cinq fois moins élevée pour les candidats originaires d’Afrique du Nord.
L’EUMC considère aussi que “l’intégration est un processus qui va dans les deux sens. De nombreux musulmans européens reconnaissent qu’ils doivent faire plus pour s’intégrer dans l’ensemble de la
société”.
Le rapport estime à au moins 13 millions le nombre des musulmans, soit 3,5% de la population totale de l’UE.
Le conseil des ministres de l’UE a décidé ce mois-ci d’élargir le mandat de l’EUMC qui deviendra, au début de 2007, l’Agence de l’UE pour les droits fondamentaux.
Texte intégral du rapport (en anglais)
http://eumc.europa.eu/eumc/material/pub/muslim/Manifestations_EN.pdf
The second report of the Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo) on the freedom to use the internet in the Arab World
The Internet: New Battle between Arab Governments and Freedom of Expression
Acknowledgements
This is the second report of the Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo) on the freedom to use the internet in the Arab World. This report covers 18 Arab countries, providing an overview of how the governments in the Arab world deal with the internet. It includes an update of 11 countries covered in the previous report. It also includes new information with regards to an additional 7 countries that were not previously covered. The report also covers Arab bloggers who have succeeded, over a short period, to play an important role in revealing the conflict between oppression and freedom. The report was based on field interviews with activists that have resorted to the web, in addition to an opinion poll prepared by HRinfo. The report referred to several human rights and press reports in addition to communications between HRinfo and volunteers from across the Arab World. The report was prepared and written by Ehab Zelaky, a journalist at the independent Al-Dostour Newspaper. Gamal Eid, HRinfo’s Executive Director and legal researcher, who wrote the chapter on Bloggers in the Arab World and The Introduction. Sally Sami, Program Coordinator, edited the report and prepared it for publication. Dalia Ziada translated the report into English. HRinfo would like to thank all those who worked on the report for their contribution – including those who declined to take credit for their efforts. We would also like to thank our friends in the region who responded to our poll (HRinfo received 86 responses). Of course, we would also like to thank the Norwegian Human Rights Fund for supporting this project and for its patience with our delays. The Norwegian Human Rights Fund was highly cooperative and for that we express our appreciation.
Introduction Arabs and the Internet
For Arab governments that say they consider the freedom of expression as a western value and therefore undesirable, the internet becomes a very important tool for a public that find freedom of expression an integral right. This fact helps explains the expansion of internet users in the Arab World. In less than three years the number of users has multiplied from 14 million in 2004 to 26 million in 2006 (1). Arab governments traditionally restrict freedom of expression and with the war on terror as a ready made excuse have further imposed more restrictions. Yet, with the blocking of thousands of websites, particularly by the governments of Saudi Arabia , Tunisia , and Syria , thousands others were established to compensate the blocked ones. Thus for example, the Muslim Brotherhood in Egypt set up tens of websites to compensate for the blocking of its websites in Egypt and Syria . This gives a clear indication of the difficulties any authority will face if they try to limit the amount of information available on the Internet. Especially if they find themselves in a situation when they have to lift the ban as it is no longer useful as was the case with the website of the Muslim Brotherhood. Arab governments continuously announce their support of the new technology and implement programs enhance understanding of computers and the internet. While many Arab countries have succeeded in this, others have only distributed computers to its different bureaus without training employees (2). Security services across the region were the only bodies that were able to unite. Meetings of Arab Ministers of Interior take place without any delays and end only once successful cooperation between the different police bodies in the region has been agreed. These agreements even cover the exchange of information and the new technology. The internet is used very extensively in security cooperation. Any policeman in any airport could simply inform you of your life history, the number of cases filed against you, your political inclination, and affiliations to human rights or political organisations (3). The meeting of the Ministers of Interior in February 2006 in Tunisia indicated clearly this harmony between Arab ministers with regards to blocking websites which “advocate terrorism” though they put forward no clear definition of terrorism (4).
On the other hand, the internet has provided an opportunity for Arab users to communicate with one another and with other people in the world. Such communication created an electronic unity through forums and interactive websites, especially in light of the similar experiences with regards to their oppressive regimes. We find, for example, that the Kefaya (Enough) movement in Egypt was followed by similar movements in Yemen , Libya , and Tunisia . Furthermore, Arab blogs have effectively contributed to the creation of harmony among Arab activists and have provided a venue for strong campaigns defending users who have been exposed to violations by their governments. WSIS in Tunisia : The magic against the magicians This was the headline used by Al-Jezeera on its websites to describe the consequence of holding the WSIS in Tunisia in November 2005 (5). Arab governments tried to manipulate this event so as to make it a propaganda tool. However, human rights organizations and those who call for reform well able to use the event in order to put the spot light on the dire reality of freedom of expression, particularly in Tunisia where 8 activists went on a hunger strike to attract attention to the deteriorated situation in Tunisia . In response, the Tunisian president accused them of treason (6). Islamic websites: Despite the fact that many secularist and non-religious websites have been set up, the highest number of websites are Islamic. This of course reflects interests of Arab internet users. However we cannot disregard the role played by Arab governments to control, censor and block websites. Usually this takes place against political, secularist, and human rights websites. For example the www.rezgar.com website, a secularist site known for its advocacy of freedom of expression, minority rights, and women’s rights, was blocked by at least four countries: Saudi Arabia , UAE, Tunisia , and recently Bahrain . Several other human rights and political websites have been blocked in several Arab countries. This is because they have covered violations perpetrated by governments or has criticized their policies. Such actions reveal the hypocrisy of Arab regimes with regards to the reason given for blocking. In the last few months, the Bahraini government blocked around 17 websites, included out own website at the Arab Network for Human Rights Information (hrinfo.net). This is a clear example of the lies told – claiming that the websites targeted are those that threaten values and that are anti-Islamic. ——————————– 1-Saudi Watan Newspaper, 25 November 2006 , http://www.alwatan.com.sa/daily/2006-11- .25/economy/economy04.htm 2-A visit to some offices in the ministry of justice in Egypt and the ministry of information in Yemen by Gamal Eid, HRinfo Executive director 3-Interviews with a number of political and human rights activists who have been stopped at different Arab airports, in addition to a personal experience when the writer was stopped in one airport and banned form entering the government because working for human rights is a threat to national security 4-http://hrinfo.net/press/2006/pr0209.shtml 5-http://www.aljazeera.net/NR/exeres/169EED60-F7BD-4BA3-869C-C9DCC2351251.htm 6-ibid
Tunisia
” Blocked websites are mostly anonymous websites used as a venue to slander and smear the reputation of private individuals, and often include threats from terrorist organisations ” .
Oussama Romdhani Director General of the Tunisian External Communication Agency (ATCE)
Overview
Tunisia may appear on the surface as a modern country, living under the principles of liberalism and a free economy, a state that grants women many freedoms and rights that are not enjoyed by their counterparts in any other Arab state. In reality however, this is not the case. Tunisia , under the rule of Zine Al-Abidine Ben Ali who has been in rule since 1987, is strictly controlled by his ruling Democratic Constitutional Rally party.
Internet and Telecommunications Sector
Tunisia attempts to spread technology in a manner that will attract foreign investment. The government has issued a new communications law that aims to organise the communications sector and show its ‘openness’ to the private sector. It has also established a national communications authority and liberated the market to allow free competition (1).
The Tunisian government also made important initiatives to spread the digital culture. The most prominent was the launching of the presidential project for family computers in 2001. Forty two thousand computers had been sold by 2004 (2). All universities, scientific laboratories, secondary schools and primary schools are connected to the internet (3).
According to the July 2006 statistics of the Ministry of Communication Technology, the number of terrestrial lines owned by TuniCom reached 1.2 million, while mobile lines (owned by TuniCom and Tunisiana) reached 6.5 million. In 2005, 569,000 computers had been sold (4).
In its latest statistics, the Tunisian Agency for Internet – the agency providing internet in Tunisia – the number of internet subscribers has exceeded 109 thousand. The number of users reached 1.148 million.
There is a large difference between the number of internet users and websites browsed because Tunisian internet users prefer to use foreign email accounts to avoid government censorship.
The internet entered Tunisian in 1991, making it the first Arab and African country to be connected. However, the internet was became widely used in only from 1996, when the Tunisian Agency for Internet was established to administer and market internet services and technology (5). According to the government, all the country now has access to the Internet and it is possible to subscribe to its different services via 12 providers, these include 7 providers that provide to public institutions and agencies, and 5 private companies providing the service to the wider market (6). The Tunisian Agency for the Internet is the main provider, connecting all internet providing companies to the Internet. This means that the agency is able to monitor any exchange of information. In addition, two of the service provider companies are headed by relatives of the Tunisian president (7).
Internet services are provided using dial-up and DSL lines. There is a reduced prices for family subscriptions as part of a special program for companies and citizens. The family subscription to the DSL service at a speed of 256k is 25 Tunisian Dinars in addition to 20 Dinars for telephone expenses (1 Tunisian Dinar = 0.75 US dollar). Individual subscription per month is for 50 Dinars plus 20 Dinars for telephone expenses (8).
Communication and Internet Law
The government issued a number of laws to administer this new communications tool. Ministerial decrees were issued following each law to put a framework for internet service providers and internet cafés. Many of the articles in these laws restrict freedom of expression and the exchange of information.
Presidential decree 501, issued on 14 March 1997 , stated that the production, provision, distribution, and posting of information will be administered according to the press law 32/1975 and the law concerning literary and artistic copyright (9).
The decree also obliged providers to remind subscribers and service users to abide by the laws, while maintaining the right to the Minister of Communication to monitor internet use at any time and using any means (10).
Eight days after the Presidential decree was passed, the Minister of Communication issued a decree on 22 March 1997 to further regulate internet use. Service providers, according to the decree, must provide the Tunisian Agency for Internet with the names of subscribers at the beginning of each month (11). With regards to content, the decree put the responsibility on the manager of the provider companies. In addition, subscribers, web-owners will be held responsible for any violation of the current law (12). The manager is obliged to constantly monitor content. In this manner, the regulations make the manger censor content and information to avoid any being held responsibility by the state authorities.
In September 1997, a ministerial decree was issued to administer the use of coding on the web. Any provider wishing to receive or send coded information must first receive a license. Once the license is granted, the provider is not allowed to use codes for any purpose but those mentioned in the application. The minister of communication has the right to withdraw the license if ‘national security’ or ‘public order’ are thought to be threatened (13).
This decree was amended by ministerial decree 2727/2001. Conditions and regulations for coding were changed as a committee was formed. The committee includes officials from the Ministry of Interior in addition to those from the Ministry of Communication (14).
With regards to internet cafes, a ministerial decree was issued in 1998 describing conditions that cafés must meet. These included articles that the café owner or an assistant must be present at all times (15). The café owner must hang a clear sign stating users are responsible for any violation to the law which should be visible to all visitors (16).
The government also issued laws administering e-trade, such as law 83/2000 regarding electronic trade, and law 57/2000 regarding electronic documents and documentation (17).
In 2003, Tunisia issued a counter-terrorism law – a law described by human rights activists as highly restrictive of the basic rights of citizens and of the peaceful activities of civil society. The law is framed so that it can consider any opinion, image, symbol referring to a person, organisation, or a call for a protest or assembly, as sufficient to describe such an act as an act of terrorism. (18)
Censorship and Website Blocking
Human rights organisations strongly criticised the United Nations for choosing Tunisia to host the World Summit for Information Society (WSIS) on 16-18 November 2005. Tunisia has a terrible record for curtailing basic freedoms and freedom of expression. Kofi Annan, however, beleived that the selection of Tunisia would put it under the spot light and thus the government would have to revise its policies that violate human rights (19). However, oppressive policies continue. Several journalists were attacked and beaten and Robert Ménard head of Reporters Without Borders (RSF) was banned from entering the country (20).
Tunisian legislation upholds freedom of expression and basic rights as stated in the constitution (21). Furthermore, President Ben Ali claimed in his 2004 presidential campaign the right of the citizen to enjoy free communication services without censorship (22). In reality, however, communication and the internet are restricted and websites, especially opposition websites, are blocked and in many instances web-editors and writers are arrested and imprisoned.
A study presented to the WSIS stated that 10% of 2,000 websites tested by the researchers are blocked in Tunisia ; most of these are political, opposition, human rights, or pornographic websites (23). A report issued by the Tunisia Monitoring group in May 2006 confirmed that at least two websites are blocked ( www.hrinfo.net and www.amisnet.org ). However, Oussama Romdhani, Director General of the Tunisian External Communication Agency (ATCE) insisted ” Blocked websites are mostly anonymous websites used as venue to slander and smear the reputation of private individuals, and often include threats from terrorist organisations ” (24).
Neila Charchour Hachicha , founder of the Liberal Mediterranean party , insisted that her website was blocked after it posted a statement made by the 18th of October movement. The block was lifted when the US State Department issued a statement on the issue. However, the government later re-blocked the website (25).
Many activists who met with the TMG mission complained about the difficult they face in accessing the internet despite the fact that they have a DSL line. Members of the mission attempted to access the internet from the headquarters of Observatory for Freedom of Press, Publishing and Creation (OLPEC) and were unable to access any website. Rachid Khechana , editor in chief of Al-Maoukif newspaper and Neila Charchour Hachicha also complained that they cannot access the internet (26).
News websites are also blocked. The website alarabiya.net was blocked by authorities in Tunisia starting on 12 November 2005 . Following a decree that was issued banning any newspaper from mentioning the website’s name (27). The news website Al-Watan Voice was blocked in 2004 for unknown reasons (28). The most recent case was that of Misryoom, an Egyptian news website. The decision to block the website came three days after it posted a report about a stolen boat that was found to be with a member of the President’s family (29).
The Tunisian government does not admit the fact that it censors the internet and insists that it only blocks pornographic and terrorist websites. However, websites such as www.fdtl.org , www.nadha.net , and www.albadil.org , all political websites of opposition groups are blocked and remained so even during the WSIS (30).
The Tunisian activist, Sihem Bin Sedrine says that there are more than 400 employees at the Ministry of Communication whose work is to monitor internet users and the content they browse. They have full freedom to oppress freedom of information exchange and expression (31).
The first electronic political asylum
The last few years have witnessed an increasing in blogging. However, the Tunisian government was able to control this new phenomenon because the website that includes all blog addresses, http://tn-blogs.com , refuses to include any opposition blogs. These included the blog of Judge Mokhtar Yehyai, and that of the emigrant Sami Ben Gharbia (32). As result, Ben Gharbia, requested the first ever electronic political asylum when the blog www.manalaa.net , which carries all Egyptian blogs, decided to accepted his blog and publish it (33).
Ben Gharbia co-founded the first website for protests, www.yezzi.org , during the WSIS. The website allows all those who wish to protest the rule of Ben Ali to post a picture of the protester carrying a sign calling on the president to step down. The website was blocked only 18 hours after it was launched (34).
Posting information on the internet is very dangerous in Tunisia and often results in serious consequences as was the case with Naziha Rajiba, also known as Umm Zied, who posted an open letter in 2003 to the Minister of Education criticising the system of education in the country. She announced her resignation after 34 years of teaching. She was sentenced to one year suspended sentence after being accused of violating regulations of information exchange (35).
In light of these circumstances it was natural that Tunisia would host the conference of Arab Ministers of the Interior in January 2006. The conference welcomed the recommendation of the Egyptian Foreign Minister to block all websites supporting terrorism and inciting hatred. However, the group did not provide a clear definition of “terrorism”. A vague definition ratified in 1988 was used. The definition is very vague and allows for violations of freedom of expression and the right to exchange information, which are basic rights systematically violated by Arab governments (36).
The Egyptian Minister of Interior recommended that unity of Arab efforts to push the Security Council to pass a resolution by which all large international companies are to block websites posting information on making and using weapons and bombs in addition to those that propagate fundamentalist ideas and ideologies (37).
Seventeen human rights organization criticized such attempts especially that the Egyptian and Tunisian governments are infamous for their animosity towards the internet (38).
An Eye for An Eye:
Tunisia is infamous for being the first Arab country standing against the freedom of internet. It is also the first country to resort to the internet to get back at those who have criticized the government’s oppression. The Tunisian government established websites defaming activists and attacking them. A Tunisian activist told the Arabic Network for Human Rights Information that the Tunisian Government and the Communications Authority, which is controlled by relatives of the Tunisian president, provides financial and information support to those websites so as to punish activists for their criticism (39).
Arrests
Tunisian authorities have restricted internet users and have arrested and imprisoned some. In all the cases, the court sentences were excessive and disproportionate even for the alleged ‘crime’. The defendants did not have all legal rights. The following list is of those who have been arrested for using the internet and posting material on it.
• Mohammed Abbou
Mohammed Abbou posted articles criticising the Tunisian government for inviting the Israeli Prime Minister, Ariel Sharon, to attend the WSIS. He also condemned the torture which takes place in Tunisian prisons. He was arrested and sentenced in April 2005 to 3 years and 6 months imprisonment after a trial that did not meet international standards of a fair trial. Currently, Abbou is imprisoned in the Kef prison, 200 km away from the Tunisian capital where his family reside. Authorities have repeatedly refused his lawyers permission to visit him.
– The Youths of Zarzis
Tunisian authorities arrested 8 youths in the city of Zarzis in the north of Tunisia . They were accused of terrorism. The only evidence was a group of files downloaded from the internet. Authorities accused the 8 Tunisians of having formed a terrorist group to terrorise the public, holding meetings without a license, theft, and preparation of explosives. On 16 April 2004 , the court sentenced 6 of the youth to 19 years of imprisonment. A seventh defendant was sentenced to 26 years of imprisonment as he was accused of being the leader of the group, while the eighth defendant, who was under age, was sentenced to 25 months imprisonment. Following appeals the sentences were reduce.
A presidential pardon on 27 February 2006 resulted in the release of six of the youth of Zarzis. However, they continue to face harassment.
In a similar case, authorities arrested 13 youths in February 2003 near the Tunisian capital. In June 2004 they were indicted of being members of a terrorist group. Evidence was that files had been downloaded from the internet. On 27 February 2006 , three were released.
• Ali Ramzi Bettibi
On 15 March 2005 authorities arrested Ali Ramzi Bettibi while he was in an internet café. He was sentenced to 4 years imprisonment for re-publishing articles published by terrorist groups. The article promised to shed blood if Sharon attends the WSIS in Tunisia . Even though human rights organisations condemn incitement to violence, the right to freedom of expression is integral, especially since Bettibi was not the author.
Bettibi was treated violently and his books and CDs were confiscated from his home even though there was no court order to do take these items.
Internet Cafés
Since October 1988 internet cafés have existed in Tunisia . Currently there are some 300 cafés. The state supported the first 100 cafés set up in Tunisia by lending 50% of the investment and enabling the café owner to return the money in instalments over a period of 2 years.
Browsing the internet in internet cafés is much more difficult than from private homes despite the fact that internet cafés provide the service using ADSL. The Tunisian Agency for the Internet makes it difficult for café owners to get a license. In addition, owners must present a list of those who have used the internet in their café on a monthly basis. Even though it is not a requirement for internet cafes to register users, owners are responsible for the content browsed in their cafés. This has created a situation when café owners play the role of a censor, occasionally banning users from entering or asking them to leave. For example in Sfakes, owners insist that users hand in their identity cards. This information is then sent to the security bureaus. When a user is described as an opponent, they are banned from entering the café. In Tunis , the capital, authorities directly blocks access when it sees it as necessary.
——————————– 1-Ministry of Communication Technology, http://www.infocom.tn/index.php?id=206 2-Ibid 3-Tunisian Agency for Internet, Important Numbers, http://ati.tn/Defaulter.htm 4-Ministry of Communication Technology, http://www.infocom.tn/index.php?id=5 5-Tunisian Agency for Internet, The History of Internet in Tunisia , http://www.ati.nat.tn/ar/internet/historique/htm . 6-Ministry of Communication Technology, ibid. 7-Gamal Eid, The Internet in the Arab World: A New Space for Repression, the Arabic Network for Human Rights Information, pp. 29 8-Price list of Global Net, http://www.gnet.tn/html/redaction/ads_enterprise/adsl_enterprise.html 9-www.infocom.tn/fileadmin/Documentation/juridiques/jort_Ar/jort_24_25_3_1997.pdf 10-Ibid 11-http://www.infocom.tn/fileadmin/Documentation/Juridiques/Jort_Ar/jort_25_28_3_1997.pdf 12-Ibid 13-http://www.infocom.tn/fileadmin/Documentation/Juridiques/Jort_Ar/jort_76_23_9_1997.pdf 14-The Tunisian Agency for Internet, Legal framework, http://www.ati.nat.tn/ar/cadre-juridique http://www.ati.nat.tn/ar/cadre-juridique 15-ibid 16-Ibid 17-Ibid 18-Tunisia : Censored Media, The Arab Organisation for Freedom of Press, http://www.apfw.org/indexarabic.asp?fname=report%5Carabic%5C2004%5Cspa1052.htm 19-http://www.asharqalawsat.com/details.asp?section=3&article=334230&issue=9854 20-ibid 21-Tunisian Constitution, http://www.chambredesdeputes.tn/a_constit.html 22-http://www.benali2004.tn/news/processus6.html 23-http://news.moffed.com/wmview.php?ArtID=250 24-http://www.hrinfo.net/ifex/wsis/06/pr0530.shtml 25-Ibid 26-Ibid 27-http://www.alarabiya.net/Articles/2006/01/02/19994.htm 28-http://www.alwatanvoice.com/arabic/news.php?go=show&id=3576 29-http://www.almesryoon.com/ShowDetails.asp?NewID=19739&Page=1 30-http://www.alarabiya.net/Articles/2005/11/07/18388.htm 31-http://www.wsisarabicnews.org/news/97474.shtml 32-http://web.amnesty.org/library/Index/ARAMDE300192005 33-http://www.hrinfo.net/press/2006/pr0209.shtml 34-http://web.amnesty.org/library/Index/ARAMDE300192005 35-http://web.amnesty.org/library/Index/ARAMDE300192005 36-http://www.hrinfo.net/press/2006/pr0209.shtml 37-Ahmed Moussa, The Tunisian President Calls for the Activation of …, Al-Ahram Newspaper, 31 January 2006 . 38-http://www.hrinfo.net/press/2006/pr0209.shtml 39-An interview with a Tunisian Activist on 14 May 2006 . HRinfo chose not to publicize these websites for the defamatory content they provide.
(Source: The second report of the Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo) on the freedom to use the internet in the Arab World, published the 13th of December 2006)
Lien: http://www.openarab.net/en/reports/net2006/tunisia.shtml
Yusuf Islam, alias Cat Stevens, sort de sa retraitre
Bruno Lesprit
Voici un retour pour le moins inattendu : celui de Cat Stevens, ou plutôt Yusuf, un des chanteurs les plus populaires des années 1970, retiré du show-business depuis bientôt trente ans pour cause de conversion à l’islam. Le nom complet du musicien britannique est Yusuf Islam mais, peut-être pour signifier que son nouvel album n’est pas “religieux”, seul le prénom apparaît sur la pochette d’An Other Cup, flanquée d’un sticker rappelant qu’il s’agit bien de “l’ex-Cat Stevens”.
Dans sa retraite, Yusuf Islam a continué à enregistrer des disques, sacrés exclusivement. Aujourd’hui, à 58 ans, c’est au bon souvenir des anciens fans de Cat Stevens qu’il se rappelle. Le titre et la pochette (une tasse de thé) d’An Other Cup sont un clin d’oeil à un de ses plus grands succès, l’album Tea For the Tillerman (1971). La musique n’a guère changé, rangée depuis quatre décennies au rayon “soft rock” : un mélange de folk et de pop doux et tranquille, introspectif et intimiste, dont les autres tenants furent Carole King, James Taylor ou Jim Croce.
Cat Stevens s’est donc remis à la guitare et au piano, ornant ses chansons de cordes, cuivres et choeurs. Curieusement, il reprend Don’t Let Me Be Misunderstood, standard popularisé par Nina Simone et les Animals, enlaidi ici par de vilains synthétiseurs. On note la participation d’un invité de marque, le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, lui aussi musulman. La nouveauté vient des paroles, sermonneuses et vilipendant le matérialisme du monde moderne.
Si Le Monde rend compte avec retard d’An Other Cup, publié le 14 novembre, c’est parce que Yusuf a, à deux reprises, annulé des entretiens prévus à Londres. Depuis, il n’a plus donné la moindre nouvelle à sa maison de disques. L’acceptation de cette interview était conditionnée à l’envoi préalable des questions pour vérifier leur caractère politiquement correct. Car il est un nom à ne pas prononcer devant Yusuf Islam : celui de son compatriote Salman Rushdie.
Discret depuis sa conversion, l’ancienne pop star revenait brutalement sous les feux de l’actualité en 1989. Devant les étudiants de l’université de Kensington, il estimait conforme avec le Coran la fatwa prononcée par l’ayatollah Khomeyni contre l’écrivain britannique, auteur des Versets sataniques. Cette prise de position a sérieusement écorné son image, des radios décidant alors de boycotter ses chansons. Yusuf Islam peut bien répéter qu’il a été piégé par les médias, il n’a jamais renié les propos qu’on lui a prêtés. Par la suite, il a été plus prudent, dénonçant sans ambiguïté les attentats du 11 septembre 2001. Il s’est opposé à la guerre en Irak mais a lancé un appel aux ravisseurs de l’otage britannique Kenneth Bigley pour qu’ils le libèrent.
“COMME UN MIROIR”
Selon le degré d’empathie qu’il suscite, Yusuf Islam est tour à tour considéré comme un modéré ou un orthodoxe. Ce qui ne l’a pas empêché d’obtenir honneurs et reconnaissances. Islamia, l’école coranique qu’il a ouverte à Londres en 1983, est la première à avoir obtenu le statut d’établissement d’Etat. Pour ses actions caritatives, il a reçu des mains de Mikhaïl Gorbatchev en 2004 le prix Man for Peace décerné par un comité de lauréats du Nobel de la paix. Il a d’ailleurs chanté à Oslo le 11 décembre pour le concert accompagnant l’attribution des Nobel. Il se présente aujourd’hui “comme un miroir à travers lequel les musulmans peuvent voir l’Occident et les Occidentaux voir l’islam”. Cette “position unique” lui permettrait de réduire cet “écart culturel”.
Fils d’une Suédoise et d’un cafetier chypriote, celui qui est né Steven Demetre Georgiou a été éduqué dans une école catholique. Les premiers tubes pop qu’il signe à partir de 1966 (I Love My Dog, Matthew & Son ou The First Cut Is the Deepest) le promettent à une brillante carrière, un temps contrariée par une tuberculose contractée en 1968. Pendant sa convalescence, il s’intéresse au bouddhisme et aux religions orientales. C’est l’islam qu’il choisira, le 23 décembre 1977. A 29 ans, il coupe sa chevelure, allonge sa barbe, revend ses instruments et ses disques d’or au profit d’associations caritatives.
Le communiqué de presse accompagnant son nouvel album indique que sa sortie a lieu “tout à fait par hasard, au moment même où l’on fête le 40e anniversaire de la publication du premier disque de Cat Stevens, I Love My Dog.” On imagine que c’est “tout à fait par hasard” également qu’est distribué un coffret de 4 CD rétrospectif de son oeuvre. Les fans sont gâtés : livret de 96 pages rédigé par l’auteur, et une quinzaine de titres inédits, dont la bande originale du film Harold et Maude (1972), qui ne fut pas commercialisée à sa sortie, et Honey Man, un duo avec Elton John. Les charmants dessins dickensiens dus à sa plume qui ornaient les pochettes ont été remplacés par des photos de minarets et de coupoles de mosquées, de vagues océanes et de couchers de soleil.
An Other Cup, 1 CD Ya Records/Polydor.
Cat Stevens, 1 coffret de 4 CD A & M/Universal.
(Source : « Le Monde » du 19.12.06)
Comment désamorcer la bombe palestinienne ?
Par : Ridha KEFI
Les deux principales forces politiques palestiniennes, à savoir le Hamas (mouvement islamiste radical), majoritaire depuis les dernières élections législatives, et le Fatah (mouvement national laïc), qui a perdu ces élections -mais pas la tête de l’exécutif, encore assuré par son leader, Mahmoud Abbas- semblent être arrivés à la conclusion qu’ils ne pourront pas, dans l’état actuel, se mettre d’accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Mais est-ce là une raison suffisante pour qu’ils rompent le dialogue et se lancent dans une confrontation dont ils auraient tout à craindre pour l’unité de leur peuple ?
Ce qui s’est passé, mercredi soir, au point de passage de Rafah, à la frontière entre l’Egypte et Gaza, où le Premier ministre islamiste Ismaïl Haniyeh a été l’objet d’une tentative d’assassinat, et les heurts sanglants qui ont suivi cette tentative, devraient donner à réfléchir aux deux protagonistes, à leurs alliés régionaux et à la communauté internationale dans son ensemble. Autant d’ailleurs que la décision annoncée samedi par le président de l’Autorité palestinienne de convoquer le plus tôt possible des élections présidentielle et législatives anticipées. Car loin d’aider à calmer les esprits après le grave incident de mercredi, cette décision intempestive, car mal préparé, n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu, rendant la situation encore plus explosive.
Si elle venait à se déclencher, une guerre civile entre Palestiniens serait difficile à contenir et ses conséquences sur toute la région du Moyen-Orient catastrophiques. Le feu ainsi allumé serait d’autant plus difficile à éteindre que le conflit inter- palestinien pourrait alimenter un autre, encore plus grave, dont on a déjà un avant-goût amer en Irak et au Liban, entre l’Iran perse et chiite, d’un côté, et de l’autre, les pays arabes et sunnites, avec une étrange alliance, celles des pays arabes sunnites et d’Israël, également concernés par la menace iranienne.
L’influence grandissante des chiites en Irak, conséquence directe de l’occupation américaine de ce pays, la montée du Hezbollah pro-iranien au Liban et le rapprochement récent entre le Hamas palestinien et la République islamique, qui est en voie de se doter de la bombe atomique, sont des données inquiétantes, non pas seulement pour Israël qui a été incapable de démanteler, l’été dernier, l’infrastructure militaire du Hezbollah au Liban, mais aussi pour les pays arabes à majorité sunnite, qui ont de bonnes raisons de redouter une contagion islamiste radicale. Ce qui s’est passé la semaine dernière dans la Bande de Gaza est très significatif à cet égard et doit être considérée comme un signal d’alarme.
Que s’est-il passé au point de passage de Rafah ?
Mercredi 13 décembre au soir. Le premier ministre palestinien, qui revenait d’une tournée de collecte au Soudan, en Syrie, au Qatar et en Iran, avait été bloqué au passage de Rafah, sur ordre du ministre israélien de la défense Amir Peretz, qui voulait l’empêcher d’introduire dans la Bande de Gaza la somme collectée dans ces pays, estimée à quelque 35 millions de dollars (1). C’est, en fait, à El Arish, en Egypte, pendant qu’il attendait l’autorisation de franchir le poste frontalier de Rafah, que le Premier ministre palestinien apprit la décision d’interdiction d’entrée dans la Bande de Gaza. Les directives venaient apparemment du Premier ministre Ehoud Olmert personnellement.
Haniyeh, qui avait abrégé son voyage en raison de la tension croissante entre le Hamas et le Fatah dans les territoires palestiniens, avait prévu de tenir une conférence de presse dès son arrivée à Rafah afin de faire le compte-rendu de sa tournée et annoncer à ses adeptes qu’il rapportait des sommes importantes qui serviraient à payer les salaires des employés, gelés depuis l’arrivée du Hamas au gouvernement, en mars dernier, et à améliorer le quotidien des populations.
Apprenant la nouvelle de l’interdiction d’entrée de leur leader, des centaines de membres du Hamas se sont rendus sur place, et des échanges de tirs ont commencé entre eux et les forces de la garde présidentielle d’Abbas, et même avec des forces égyptiennes de sécurité, faisant plusieurs dizaines de blessés et de nombreux dégâts aux installations.
Le chef des services de renseignements égyptiens, qui a été sollicité pour intervenir en faveur d’Haniyeh, a finalement conclu un arrangement avec ses homologues israéliens en vue de permettre l’entrée du leader palestinien dans la Bande de Gaza. Pour cela, ce dernier a dû se délester de l’argent qu’il transportait et accepter que cet argent soit versé sur un compte de la Ligue arabe en Egypte. On apprit par la suite que les sommes ainsi déposées seront transférées ultérieurement à l’Autorité palestinienne par l’intermédiaire de la Ligue arabe.
Le convoi d’Haniyeh avait à peine franchi la frontière entre l’Egypte et la Bande de Gaza que des « inconnus » ont tiré dans sa direction. L’un des gardes du corps du Premier ministre a été tué, son fils, Abdessalem, blessé, en même temps que l’un de ses conseillers politiques et de ses gardes du corps.
Dans l’entourage d’Haniyeh, les doigts accusateurs se sont immédiatement dirigés vers la « Force 17 », la garde présidentielle d’Abbas. Malgré les « regrets » exprimés par ce dernier au Hamas, les militants islamistes ont continué à crier vengeance et, dans un premier temps, exigé du président de l’Autorité palestinienne de mettre toute la lumière sur cet attentat.
Au Hamas, on affirme « savoir qui est derrière cet attentat et comment régler ce problème ».
Des accusations et des menaces précises ont même été proférées contre certaines personnes, dont Mahmoud Dahlan, homme fort du Fatah dans la Bande de Gaza.
L’incident a montré, s’il en était encore besoin, le profond fossé qui sépare désormais les deux principales forces politiques du pays, le Fatah et le Hamas, et les deux têtes de l’exécutif palestinien, le président Abbas et le Premier ministre Haniyeh, qui semblent déterminés à mettre fin à une cohabitation de plus en plus difficile à gérer.
C’est le cas, en tout cas, du président Abbas qui a annoncé, avant-hier, dans un discours transmis en direct à la télévision, sa décision de convoquer des élections présidentielle et législatives anticipées et recommandé qu’elles aient lieu le plus tôt possible. « Revenons vers le peuple, pour entendre sa voix, et laissons le être le juge », a-t-il lancé, sous les applaudissements d’une foule de ses partisans. Soit, mais il faudrait que cela soit accepté aussi par les gens du Hamas, qui ont de bonnes raisons de se prévaloir d’une légitimité déjà acquise par les urnes.
L’épreuve de force (ou « le coup d’Etat », selon la terminologie utilisée par les membres du Hamas) lancée par la présidence palestinienne contre le gouvernement islamiste est-elle donc bien entamée ? Va-t-elle déboucher sur de nouvelles violences inter- palestiniennes voire une guerre civile ? Le Proche-Orient, Israël compris, peut-il supporter le chaos généralisé qui s’ensuivrait ? La communauté internationale- Etats-Unis, Europe et Ligue arabe en premier lieu- peuvent-ils supporter plus longtemps les conséquences dramatiques de la situation actuelle où les Palestiniens sont maintenus sous pression, affamés et poussés à s’entretuer ?
” 1,3 million d’êtres humains emprisonnés dans un espace clos comme des poulets de batterie”
La situation dans les territoires palestiniens et surtout à Gaza est dramatique et urgente : les écoles, les centres de santé, la distribution d’eau courante, d’électricité, de médicaments ne fonctionnement plus depuis avril, 79% des familles de Gaza vivent dans une pauvreté extrême (contre 30% en 2000), connaissent une hausse généralisée du chômage (45%), la famine et des risques accrus d’épidémie.
« Même selon les sinistres standards de Gaza, les 5 derniers mois ont été des mois cruels. Quelque 400 palestiniens, la plupart des civils non armés, ont été tués au cours d’attaques israéliennes (4 soldats israéliens et 2 civils ont été tués), Israël a bouclé Gaza, la coupant du monde extérieur, tandis que la communauté internationale a imposé des sanctions brutales, ravageant l’économie de Gaza déjà sinistrée », a écrit Norman Finkelstein, sur le site ”www.counterpunch.org ”.
« Gaza est entrain de mourir, son peuple est au bord de la famine, une société entière est entrain d’être détruite. Le bruit le plus terrifiant pour les Palestiniens, c’est celui d’une voix anonyme sur leur téléphone portable disant qu’ils ont une demi heure pour quitter leur maison avant qu’elle ne soit détruite par des bombes ou missiles. On ne peut pas faire appel », renchérit Patrick Cockburn sur le même site. « Gaza vit dans les pires conditions jamais connues, l’armée israélienne a semé la dévastation à travers Gaza-il n’y a pas d’autre mot pour le décrire- tuant et démolissant, bombardant et pilonnant de façon indiscriminée. C’est une punition collective, honteuse et choquante », ajoute Gideon Levy dans le quotidien de gauche ”Haaretz”. « Comme on pouvait le prévoir, Gaza s’est trouvée sur le bord d’une guerre civile fratricide. L’expérimentation a été un succès. Les Palestiniens se tuent entre eux. Ils se conduisent comme prévu, à la fin d’une longue période appelée ”qu’est ce qui arrive quand vous emprisonnez 1,3 million d’êtres humains dans un espace clos comme des poulets de batterie” », observe Amira Hass de façon narquoise dans le même journal.
Autre témoignage israélien, celui des ” Femmes en Noir” israéliennes (1), qui ont organisé la campagne « Levez le siège de Gaza ! Arrêtez la guerre ! » couronnée par une grande manifestation à Tel Aviv, le 2 décembre. Evoquant le « le terrible siège actuel de Gaza ». ces militantes pacifistes écrivent dans le manifeste publié à cette occasion : « Le siège a débuté il y a six mois pour répondre à l’élection du Hamas. Dans le but de couper les ressources financières du gouvernement du Hamas- soi- disant pour éviter le financement du terrorisme- la Communauté internationale a isolé la Palestine en imposant un embargo sur le commerce et les activités bancaires et en réduisant sévèrement l’aide internationale. Cela n’empêche pas Israël de continuer à limiter les déplacements à l’intérieur de la Palestine, restreindre presque toutes les entrées et sorties de la Bande de Gaza et à conserver les taxes qu’il prélève pour l’Autorité palestinienne ».
Résultat, ajoutent les ”Femmes en Noir” : « le chaos, la violence et la pauvreté qui se sont alimentés l’un, l’autre. L’armée israélienne a fait pleuvoir des tirs sur les habitants de Gaza, tandis que des militants palestiniens ont envoyé des missiles artisanaux Qassam dans des villes israéliennes voisines. Rien que dans les quatre derniers mois, près de 400 habitants de Gaza ont été tués par la puissance de feu israélienne, deux Israéliens ont été tués par la puissance de feu palestinienne et, des deux côtés, les enfants sont à présent traumatisés pour le restant de leur vie. »
Autre témoignage alarmant, celui John Ging, directeur des opérations de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, qui décrit le naufrage de la Bande de Gaza, véritable prison à ciel ouvert, dans un entretien au magazine français ” L’Express” (2 novembre). Environ un million de Palestiniens, sur un total de 1,4 million d’habitants à Gaza, dépendent désormais de l’aide fournie par son organisation. En moins d’un an, tous les indicateurs se sont dégradés. « Nous procurions alors une aide alimentaire directe à 650 000 personnes. Le total atteint désormais 850 000. Nos études les plus récentes montrent que 87 % de la population de la Bande vit dans la pauvreté, dont 79% dans un état de dénuement extrême », explique Ging.
Cette dégradation est due, selon lui, à la suspension des concours financiers internationaux depuis la victoire électorale de Hamas et son corollaire, le non-paiement des salaires des fonctionnaires locaux. Les incursions militaires israéliennes ont aggravé encore la situation. Ainsi, la destruction de la centrale électrique, qui fournissait 60% des besoins, a eu un impact terrible. Les gens dans l’enclave surpeuplée n’ont que quelques heures de courant par jour. La distribution d’eau courante est affectée elle aussi. Plus généralement, tous les services publics s’effondrent, à commencer par la collecte des ordures et le traitement des eaux usées.
« Mais rien à ce stade n’est plus inquiétant que le naufrage de l’ordre public, consécutif aux affrontements entre le Hamas et le Fatah. Quant au verrouillage quasi-total des trois voies d’accès-Erez, Karni et Rafah-, il accroît l’accablement », ajoute le fonctionnaire de l’UNRWA, qui souligne également le désespoir des civils, leur frustration et leur peur du lendemain. « La Bande de Gaza a connu bien des épisodes difficiles, dit-il, mais jamais une telle combinaison de désastres, évidemment propice à la radicalisation des esprits, notamment au sein de la jeunesse. Ne subsiste aujourd’hui aucune perspective d’avenir. Nous persistons, nous les gens de l’ONU, à préconiser la modération et la tolérance, mais que pèsent nos mots face à la réalité de terrain ? Ce territoire est peuplé avant tout de gens civilisés, qui aspirent à une existence paisible. Laissons-leur au moins cette chance. »
Puis, cette terrible conclusion, qui donne froid au dos à qui veut encore entendre, et peut-être agir : « La Bande de Gaza est une bombe à retardement. J’entends de plus en plus clairement le tic-tac. Le moment de l’explosion approche. Le temps presse. Ce n’est pas une formule, c’est la réalité telle qu’on la vit ici. »
Que faire pour éviter une catastrophe annoncée ?
Laisser pourrir davantage une situation déjà pourrie ? Continuer à affamer le peuple palestinien sous prétexte de bouter les islamistes du Hamas hors du gouvernement ? Attendre le déclenchement d’une guerre civile inter- palestinienne afin de démontrer de manière définitive qu’il n’ y a pas d’interlocuteur en face, comme le font aujourd’hui les Israéliens ?
Dans un chat sur le site ” lemonde.fr” (15 décembre 2006), l’expert français Jean-François Legrain préconise une solution qui mérite d’être méditée : « L’une des portes de sortie, dit-il, serait l’autodissolution de l’Autorité d’autonomie par un commun accord entre le Fath et le Hamas, qui viserait à mettre la communauté internationale face à ses responsabilités. Cette communauté, depuis des décennies, préconise la création de deux Etats en Palestine, l’Etat d’Israël et l’Etat palestinien, mais elle n’a jamais pris les moyens pour parvenir à la mise en œuvre de ses propres résolutions. En dissolvant l’Autorité d’autonomie, les Palestiniens conduiraient la communauté internationale à une implication effective, plus seulement financière, mais également politique et éventuellement militaire, en accord avec ses propres principes ».
Le chercheur français admet cependant que cette solution constituerait « une rupture avec la politique internationale des dernières décennies, dont la dérive a pu être observée vers un désengagement politique au profit, de facto, de la première puissance dans la région, Israël, qui bénéficie du soutien actif des Etats-Unis. Donc un abandon des principes au profit d’une logique des simples rapports de forces. »
Traduire : seul le rétablissement des principes et, son corollaire, le respect de la légalité internationale et des engagements passés par chaque partie, ou en d’autres termes, la relance du processus de paix sur la base de la ”feuille de route” élaborée par le Quatuor (Nations unies, Etats-Unis, Union européenne et Russie), pourraient éviter aux Palestiniens- et à leurs voisins israéliens- les affres d’un chaos généralisé.
(1) Les ” Femmes en Noir” constituent un réseau international informel où des femmes s’engagent à titre personnel, unies par des idéaux de pacifisme, de féminisme et de multiculturalisme. Les ”Femmes en Noir” sont apparues pour la première fois en 1988, en pleine Intifada pour réclamer la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Elles expriment leur protestation dans la rue contre leur propre gouvernement. Elles manifestent en silence et vêtues de noir.
(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 18 décembre 2006)