16 octobre 2010

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TUNISNEWS 10 ème année, N° 3798 du 16.10.2010
 archives :www.tunisnews.net 


Parti « Tunisie Verte »: Tunisie : dégradation des libertés de la presse et répression des journalistes Kalima: Ben Ali courtise le Qatar Kalima: L’ambassade de Tunisie tente d’annuler un colloque sur la Tunisie à Bruxelles

Maghreb Emergent: La Tunisie voit d’un mauvais œil la venue VimpleCom… mais ne veut pas troubler son image

Kapitalis: Un Tunisien détenu en Irak en attente d’extradition en Tunisie Investir en Tunisie: Tunisie : M. Sakher El Materi, le premier arabo-musulman primé « Guido Dorso » Omar Khayyam: Un vendeur vendu – Séguéla: Après la force tranquille, la force brute Prof. Taoufik BACHROUCH: Démocratie et Ijtihad 2 Jeune Afrique: Il y a cinquante ans, Jeune Afrique naissait à Tunis sous le nom d’Afrique Action Magharebia: Les Etats du Maghreb souhaitent coopérer contre le terrorisme


Tunisie : dégradation des libertés de la presse et répression des journalistes


 1) le journaliste fahem boukeddous a été condamne à quatre ans de prison pour avoir couvert le soulèvement populaire du bassin minier de gafsa et les manifestations de redeyef. Incarcère à la prison civile de Gafsa son état de sante s’est aggrave et il poursuit depuis le 6 octobre une grève de la faim illimitée pour dénoncer ses conditions de détention et demander sa libération. Toute la société civile s’est mobilisée pour demander sa libération immédiate. 2) Mouldi Zouabi journaliste a radio kalima (cette radio a été interdite et son matériel saisi alors que les proches du pouvoir ont crée des radios prives financés par le citoyen avec la redevance obligatoire payée sur la facture STEG) a été traduit en justice. Les avocats se sont retirés du procès au tribunal de Jendouba et ont dénoncé cette parodie de justice. 3) Le directeur du journal El Mawkef maitre Nejib Chebbi a entamé une grève de la faim le 22 septembre. ( il a été rejoint par madame Meya Jribi secrétaire générale du PDP) pour protester contre  l’arrêt de l’impression du journal. Cette grève s’est  arrêtée le 28 septembre lorsque l’imprimeur a adressé une lettre d’excuse à monsieur Nejib Chebbi et le journal a été imprimé et distribué. 4) Par ailleurs monsieur Ahmed Ben Brahim directeur du journal Ettajdid a été convoque le 27 septembre devant le juge d’instruction pour avoir diffusé de fausses informations SIC ! Le parti « Tunisie Verte » dénonce ces atteintes répétées à la liberté de la presse de l’opposition et demande à la dictature de libérer immédiatement Fahem Boukeddous (en danger de mort a l’hôpital de Sousse) et arrêter toutes poursuites judiciaires à l’encontre de messieurs Mouldi Zouabi et Ahmed Ben Brahim. Nous demandons la libération des détenus du bassin minier de Gafsa et de tous les détenus politiques et l’ouverture d’un dialogue sincère avec tous les partis réellement d’opposition  en vue de construire une véritable démocratie.   Tunis le 15 Octobre 2010
Abdelkader Zitouni, Coordinateur National du parti « Tunisie Verte » Membre du Parti Vert Européen, Membre de la fédération des verts africains, Membre de “Global Greens”.  E- mail : tunisie.verte@gmail.com Tel : 00.216.98.510.596 Fax : 00.216.71.750.907


Ben Ali courtise le Qatar


Proposé par redaction le Jeudi 14 octobre 2010 La dernière visite de l’Emir du Qatar en Tunisie, le 8 octobre 2010, a fait l’objet d’une attention particulière des médias tunisiens, tant officiels que privés. Habitués aux contorsions extrêmes, ces supports d’un autre âge ont, dans un même élan « spontané », subitement abandonné le langage des attaques contre l’Emirat, voué aux gémonies depuis des mois, au diapason des humeurs présidentielles. L’impertinence de la chaîne Al Jazira n’était étrangère à cette vindicte.  Ce renversement des dispositions du général-président qui a nommé un nouvel ambassadeur pour amadouer le souverain qatari, trouverait son explication dans les difficultés financières que connait le gouvernement, notamment la pénurie d’investissements.  La dernière livraison du bulletin TTU monde Arabe datée du 14 octobre, révèle que Ben Ali s’inquiète des menaces libyennes de retirer 14 milliards $, placés à la banque centrale de Tunisie.  La défection des investissements de Dubaï dans nombre de projets immobiliers géants en Tunisie, n’a toujours pas été compensée. Dores et déjà, un projet touristique saharien, dans la région de Tozeur (sud-ouest), d’un montant de 80M$, a été annoncé. Mais tout le monde sait que l’ombre de la diffusion programmée par Al Jazira du témoignage de l’ancien secrétaire d’Etat tunisien à l’Intérieur Ahmed Bennour, a plané tout au long de cette visite. Ben Ali, hanté par ce témoignage aurait-il obtenu par l’imploration ce qu’il n’a pu avoir par la diplomatie de la tension et du chantage ? Rien n’est moins sûr, selon TTU. Les tous prochains jours nous apporteront la réponse. (Source: le site de “Radio Kalima” le 14 octobre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/modules.php?name=News&file=article&sid=270


L’ambassade de Tunisie tente d’annuler un colloque sur la Tunisie à Bruxelles


Proposé par redaction le Jeudi 14 octobre 2010 Le 13 octobre, l’Université libre de Belgique a abrité une conférence intitulée « Tunisie, regard derrière la carte postale, à quand une démocratie? » co-organisée par la section belge d’Amnesty international.  Le recteur de l’Université avait reçu un courrier de l’ambassade de Tunisie en Belgique exigeant l’annulation pure et simple de l’événement, arguant du caractère partial dans le choix des invités tunisiens qui étaient Kamel Jendoubi, président du REMDH, Radia Nasraoui, présidente de l’ALT et Doctor honoris causa de l’ULB, ainsi que Sihem Bensedrine, porte parole du CNLT.  Il va de soi que cette singulière demande jugée « arrogante » et symptomatique de l’autoritarisme du régime tunisien qui ne tolère aucune critique ni chez lui, ni en dehors de ses frontières, a conforté chez les organisateurs l’image qu’ils se font du régime tunisien.  Ce dernier a dépêché une quinzaine de ses hommes de main pour perturber la conférence.  Ils s’en sont pris au modérateur du colloque, le célèbre journaliste du Soir de Belgique, Baudouin Loos, l’accusant de faire de « l’activisme anti Tunisie » et de dresser là un « tribunal contre le régime tunisien »; Ceux qui n’avaient pas pu prendre la parole avaient fait valoir qu’ils venaient d’Allemagne et d’autres pays européens rien que pour intervenir dans le débat, accusant les organisateurs de « déroger aux règles de la démocratie »!  Rappelons que parmi ces hommes de main, certains venaient d’Allemagne et de Suède et avaient joué le même rôle, durant ce mois d’octobre, à la foire du livre de Göteborg en Suède ainsi que celle de Frankfurt en Allemagne, où Sihem Bensedrine intervenait dans des panels sur la Tunisie, offrant le même désolant spectacle digne des anciennes dictatures de l’Europe de l’Est.  Le résultat est qu’ils ont réussi le tour de force de dresser toute l’assistance contre eux, offrant une illustration vivante de la répression de toute voix critique dans la Tunisie de Ben Ali. (Source: le site de “Radio Kalima” le 14 octobre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/modules.php?name=News&file=article&sid=2701


La Tunisie voit d’un mauvais œil la venue

VimpleCom… mais ne veut pas troubler son image

 

La Tunisie n’est pas enchantée de l’arrivée de l’opérateur russo-norvégien  VimpleCom dans Tunisiana, détenue en partie par Orascom Telecom. Elle l’exprime de manière subliminale pour ne pas brouiller l’image d’une Tunisie, terre d’accueil des investissements étrangers. La petite musique tunisienne pour ne pas ressembler au voisin algérien en plein tournant vers le «patriotisme économique »   Alors que deux actionnaires importants de VimpelCom, le norvégien Telenor et le groupe Russe Alfa du milliardaire Mikhaïl Fridman multiplient des déclarations dubitatives sur l’opportunité de réaliser la transaction de 6,6 milliards de dollars avec Naguib Sawiris en raison de la décision de l’Algérie de prendre le contrôle de sa filiale algérienne, Djezzy, la Tunisie a fait parler sa petite musique sur la question. Mohamed Naceur Ammar a envoyé, la semaine dernière, une lettre à la direction de Tunisiana, dans laquelle Orascom Telecom Holding (OTH) détient 50%,  lui rappelant les règles tunisiennes en la matière. La lettre rappelle que conformément à la concession accordée à Tunisiana en 2002, tout changement dans la participation directe ou indirecte dans l’actionnariat de l’opérateur de téléphonie mobile, doit obtenir l’aval préalable du gouvernement tunisien pour tout changement. Quelques journaux algériens en ont en conclu que l’Etat tunisien entendait exercer un droit de préemption sur Tunisiana. Le capital de Tunisiana est détenu à 50% par le Qatari Qtel qui avait racheté le koweitien Wataniya et qui avait hérité de sa participation dans Tunisiana. Il semblerait que l’Etat tunisien soit réservé à l’égard de l’arrivée du géant russo-norvégien dans l’actionnariat d’Orascom  mais qu’il est contraint dans l’expression. Préemption et démenti Certains analystes lui ont prêté la démarche d’inciter en sous-main Qtel à faire valoir son droit de préemption. Selon le site spécialisé Tustex, l’affaire Orascom aurait eu une place de choix lors de la visite à Tunis, le 8 octobre dernier, de l’émir du Qatar, Cheikh Hamad Ibn Khalifa Al Thani. Tustex rappelle que selon la presse officielle tunisienne les entretiens entre l’émir du Qatar et le Ben Ali ont porté sur « les relations bilatérales, les perspectives de renforcement de la coopération, l’impulsion de l’investissement et particulièrement les mégaprojets d’investissement, la promotion du partenariat et le développement des échanges commerciaux » entre les deux pays. La formulation est vague. Elle correspond au fait qu’au niveau public, les responsables tunisiens, même s’ils n’apprécient pas le débarquement d’un ours russe, restent soucieux de ne pas brouiller l’image de la Tunisie comme pays accueillant pour les investissements et respectueux des règles du marché. Le ministère des Technologies de la communication, Mohamed Naceur  Ammar, a souligné qu’il n’a jamais dit qu’il s’opposait à l’entrée du russe Vimpelcom dans le capital de Tunisiana. Lors d’une conférence de presse consacrée au rapport de la Cnuced sur « l’économie de l’information 2010 », le ministre tunisien a souligné qu’il n’a fait que rappeler à Tunisiana lui rappelant les termes de la licence qui lui avait été accordée. De manière plus précise, le ministre tunisien a nié les informations selon lesquelles « il aurait demandé à Qatar Telecom d’exercer son droit de préemption et de racheter les 50% détenus par Orascom Telecom dans Tunisiana ».

 

Un Tunisien détenu en Irak en attente d’extradition en Tunisie

 

Un Tunisien arrêté en Irak en 2008, et condamné par contumace en Tunisie à 12 ans de prison pour activités terroristes, est sur le point d’être extradé.    ________________________________________ Mohamed Ben Faraj Medini est un ressortissant tunisien de 24 ans. Il a quitté la Tunisie en octobre 2008. Entré illégalement en Irak, il a été arrêté en mars 2009. Incarcéré depuis dans un centre de détention de Kerrada, à Bagdad, il attend d’être renvoyé en Tunisie, où il a été condamné par contumace à 12 ans d’emprisonnement pour des activités liées au terrorisme. Le détenu, qui a indiqué par téléphone à sa famille vivant en Tunisie qu’il avait été torturé par des agents des forces de sécurité irakiennes peu après son arrestation, est défendu aujourd’hui par Amnesty International. L’organisation, qui ne s’attarde pas sur les motifs de la condamnation de Mohamed Ben Faraj Medini en Tunisie ni sur les ceux de son entrée clandestine en Irak – ce n’était sans doute pas pour faire du shopping –, appelle aujourd’hui à sa libération, «à moins qu’il ne soit inculpé d’une infraction reconnue par la loi et jugé rapidement et équitablement», et demande, dans ce cas, qu’on lui permette «de bénéficier immédiatement des services d’un avocat et de l’assistance du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr)», comme elle écrit dans un communiqué daté du 22 septembre dernier. On sait que de nombreux ressortissants de pays arabes sont détenus en Irak pour diverses raisons, notamment pour être entrés illégalement dans le pays et pour avoir rejoint des groupes armés combattant les forces américaines et irakiennes. Mohamed Ben Faraj Medini, qui affirme être parti en Egypte, en Syrie, puis en Irak, pour tenter «d’étudier la théologie islamique» (sic !), fait sans doute partie de ces égarés, dont beaucoup échouent dans l’engrenage de la violence aveugle.  


Tunisie : M. Sakher El Materi, le premier arabo-musulman primé « Guido Dorso »


By Audinet Tunisie  Sous l’égide du Sénat italien et la prestigieuse Université de Naples, Monsieur Mohamed Sakher El Materi, Président-Directeur Général de groupe « Princesse El Materi Holding » s’est vu décerner le célèbre prix « Guido Dorso » de la presse et de l’information, avant-hier, à Rome. M. Sakher El Materi est le premier arabo-musulman qui a obtenu ce prix depuis sa création, il y a 31 ans, et ce malgré sa jeunesse et sa récente entrée dans le domaine. M. Nicola Squiteiri (président de Sénat italien) a indiqué, lors dans son allocution prononcée à l’occasion devant le public, que « Après analyse approfondie, l’Association Guido Dorso décerne son prestigieux prix à M. le député qui tire sa vitalité et toute sa force de sa jeunesse mais qui a su harmoniser les valeurs euro-méditerranéennes et œuvrer avec sagesse à l’enracinement du dialogue entre les peuples ». L’orateur n’a pas manqué, par ailleurs, d’insister sur le rôle pionnier de la Radio Zitouna dans la consécration des valeurs de tolérance et de dialogue entre les religions. Il a évoqué, par ailleurs, la plus-value sensible réalisée à Dar Assabah, depuis qu’elle est prise en main par M. Sakhr El Materi, sur la voie d’une évolution générale du secteur de l’information dans le pays grâce surtout à son ouverture à l’initiative privée. De son côté, M. El Materi a précisé qu’il était arrivé à Rome portant avec lui le noble passé de la Tunisie et son avenir radieux, grâce aux efforts du Président Ben Ali et à la perspicacité visionnaire de ses vues. Il a souligné que sa consécration par cette association illustre dépasse sa propre personne pour couvrir tous les hommes des médias en Tunisie et tout le secteur des communications qui évolue en interaction responsable avec l’évolution du climat politique tunisien définitivement tourné vers l’ouverture, la démocratie et la liberté d’opinion et d’expression. (Source: Investir en Tunisie le Samedi, 16 Octobre 2010 13:26) lien: http://www.investir-en-tunisie.net/index.php?option=com_content&id=7384  


Un vendeur vendu Séguéla: Après la force tranquille, la force brute


 

Omar Khayyam  
” Si à cinquante ans, on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie !”. Ainsi parlait Jacques Séguéla. Le fait que Séguéla, 76 ans aujourd’hui, soit encore en vie est une preuve éclatante qu’il est un homme qui n’a pas raté sa vie. En effet, atteint l’âge fatidique, la mort devient préférable à une vie sans Rolex.  Jacques Séguéla est un vendeur très connu en France. Il vend pratiquement tout, du savon à la glycérine au président de la république. En 1981, il a vendu Mitterrand au Français en leur faisant gober son slogan bidon ” La force tranquille”. La force s’est révélée moins tranquille qu’on le croyait: Mitterrand, le monarque républicain, avait créé son propre service de renseignements et avait son propore gouvernement parallèle à l’Élysée. D’après un article récent de Jeune Afrique(1), Jacques Séguéla, confortablement installé en Tunisie, s’acharne à vendre un produit périmé: le général Ben Ali. Il a même accordé une entrevue à la radio de la fille du dicteteur, la très gâtée Cyrine, pour parler de ses vains effort pour “relooker” une dictature agonisante. Certains admirateurs du génie mercatique de Séguéla se demandent: ” Le grand vendeur a-t-il vendu son âme au diable ? “. Je leur répondrais: ” Si le prix proposé par le diable est honnête, pourquoi pas ?” Quitte à relooker l’image du diable, en guise de service après-vente. — 1) Séguéla relooke la Tunisie: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2596p023.xml0/tunisie-tunisie-telecom-publicite-communicationseguela-relooke-la-tunisie.html   (Source: Le blog d´Omar Khayyam le 16 octobre 2010)   http://omarkhayyam.blogsome.com/2010/10/16/un-vendeur-vendu/


Démocratie et Ijtihad 2


Prof. Taoufik BACHROUCH       La pénétration économique ayant été instaurée et consolidée sous sa forme mercantile par l’obtention de l’ouverture progressive des marchés intérieurs, il fallait engager des entités musulmanes dirigeantes sur la voie de la docilité diplomatique et de la subordination politique, par un recours subtil, tour à tour, à la menace et à l’intéressement. Les ambassadeurs accrédités à Istanbul et le personnel consulaire disséminé dans les capitales provinciales se chargèrent d’une œuvre systématique, sinon de sape des autorités en place, du moins d’apprivoisement de leurs tenants. Ce fut le « compradorat ». Là où l’argument militaire ne suffisait pas, il fallait passer à l’étape suivante : susciter petit à petit, insidieusement et sur place, des groupes d’élites complaisantes et acquiescantes, les circonscrire, et en les célébrant comme un modèle du genre, les convaincre du fait que l’ordre ottoman était devenu caduc et qu’il fallait adopter les acquis de la civilisation des Lumières, pour que, en s’amendant, elles œuvrent à leur redressement. Ils les munirent de conseillers et d’instructeurs qui, en les encadrant, les stylisèrent selon leurs convenances. La stratégie pouvait être bonne dans son principe, mais l’usage qui en a été fait était des plus déplorables. Les campagnes insidieuses de satellisation de certaines franges des élites les plus propices pouvaient commencer sous prétexte de modernisation et au moyen de la mise en avant de l’homme musulman nouveau, fer de lance d’une modernité surimposée, et élevé de ce fait sur le pavois, pourvu qu’il prît quelque distance à l’endroit de son patrimoine. Les élites les plus impliquées constituèrent le cheval de Troie de la colonisation. Nous en sommes le produit tardif et quasi hybride. Les Tanzimat répondirent à la nécessité de réformer l’Etat musulman de l’intérieur, il ne s’agissait pas moins de modifier sournoisement ses paradigmes islamiques par des paradigmes philosophiques. Toutefois les réformes entreprises n’autorisèrent pas au bout du compte un relèvement conséquent des entités politiques musulmanes, d’où le naufrage de la colonisation et la guéguerre religieuse. Le réarmement politico-militaire a échoué lui aussi, comparativement aux performances concomitantes réalisées par le Japon. La société en fit vainement les frais par un surcroît de charges et de déshonneur. Les réformes structurelles modifièrent l’allure extérieure des élites et la façade de l’Etat ; elles devinrent du coup éclairées et fréquentables. Mais la nouvelle matrice du pouvoir devint une pâle réplique de l’ordre politique européen. Le despotisme ne continua pas moins à sévir au nom de l’impérieuse défense des réformes accomplies. C’était le paradoxe de la nouvelle donne. Ce changement eut lieu en vertu d’une conception nouvelle, laïcisante, du Ijtihad, celui qui s’est trouvé dans une confrontation avec la civilisation des Lumières et les principes de la Révolution franco-américaine. Les valeurs de la Déclaration des Droits de l’Homme, promulguées avant tout pour conférer la citoyenneté aux Israélites de France, considérés jusque-là comme de simples étrangers, se sont avérées comme incompatibles avec un chapitre du fiqh, celui de la Dhimma. Il fallut le supprimer sans autre forme de procès, pour les beaux yeux des judéo-chrétiens.  L’inégalité entre les Musulmans et les non Musulmans était juridique. Il fallait modifier la législation musulmane en conséquence. A la suite de quoi, la charte de Gül Hane (1839) et le Hatti Chérif de1856, comme le Pacte Fondamental de 1857, consacrèrent deux principes qui ne concernaient aucunement les musulmans : la protection juridique des non Musulmans ne procèderait plus de la Loi religieuse mais de la loi séculière, et le marché intérieur musulman doit être impérativement ouvert sans entraves aux produits européens, conformément aux exigences émises par la mondialisation d’alors. Le Musulman n’y trouva pas son compte de prime abord. A la proclamation de la Constitution de 1861, les sujets juifs du bey de Tunis passèrent la nuit à faire la fête dans leurs souks, illuminés pour la circonstance jusqu’au matin, alors que les souks réservés aux sujets musulmans restèrent plongés dans l’obscurité, de même que leurs minarets dans le noir. Le signe ne pouvait tromper. L’opinion musulmane ne se sentit pas concernée par le Pacte Fondamental. Pourtant on en fit l’évènement du siècle ; L’œuvre de démantèlement du Fiqh pouvait commencer et se poursuivre jusqu’à ce jour (Code du Statut personnel), en attendant celle de dépècement du Coran, en cours de réalisation. Si les laïcs observent la conspiration d’un bon œil, c’est leur bon droit. Mais lorsque les Coptes défendent leur autonomie canonique, comme cela s’est vu ces dernières semaines en Egypte, cela devient louable et progressiste. Si les Jeunes Tunisiens avaient été au fait des arcanes de leur histoire, des compromissions qu’elle recèle, et des zones d’ombre qui l’enveloppent, ils n’auraient pas fait du Pacte Fondamental une référence cardinale pour éclairer leur conception du mouvement national. Le concept de Destour était piégé dès l’origine, en ce qu’il perpétuait des modèles piégés sur les implications desquelles on n’a pas assez réfléchi. Fascinés en leur qualité d’évolués, comme éblouis, ils ne pouvaient se rendre compte que les grands principes ne sont jamais être neutres.     Il fallait domestiquer les tenants des pouvoirs en place, ce qui ne cessait de prévaloir, protéger les minorités religieuses contre la Loi musulmane, et donner libre cours au commerce international, en cette période de révolution industrielle. Des assemblées dites représentatives furent créées, mais la séparation des pouvoirs était de pure forme, l’ordre réformé ayant été dûment noyauté par l’instauration d’un despotisme sournois destiné à imposer les Réformes, sans promouvoir toutes ses implications. Ce qui est toujours le cas. La nouvelle problématique de la Sharia a réactivé des polémiques qui se sont résolues en résistances sporadiques, puis en révoltes armées, enfin en terrorisme. Mais la nouvelle œuvre législative était des plus discutables. Ce fut le code criminel qui donna le plus de fil à retordre, eu égard au fait que l’harmonisation entre le droit européen (le code français notamment) et le droit musulman, était pratiquement mission impossible. Il fallut consentir à des entorses au détriment de ce dernier. Face à une telle impasse, le Bey de Tunis se crut autorisé, nonobstant son inculture notoire, de promulguer un décret, resté inconnu, dans lequel il proclamait que toute contradiction insurmontable entre les principes des Droits de l’Homme et les préceptes de la Loi musulmane doit être impérativement résolue en faveur des premiers et au détriment de ces derniers La mesure était audacieuse, voire irréfléchie et impudente.  Pour la première fois un gouverneur de province, des moins autorisés, qui par ailleurs était animé de la volonté de restaurer l’esclavage, donnait le pas, sous la menace et dans les faits, aux idéaux occidentaux, au détriment des idéaux islamiques. La volonté de synthèse n’est plus qu’une chimère. Enfin la brèche ! La Tunisie pouvait pavoiser : elle était à la pointe du libéralisme constitutionnel musulman (alors que la première Constitution était égyptienne). Une manière bien cavalière que de résoudre l’incompatibilité entre les principes de l’éthique islamique, ceux de la citoyenneté occidentale et ceux des droits de l’Homme. Le consensus sur lequel vécut la société tunisienne était de ce fait rompu. Le cul de sac dans lequel se trouva l’Ijtihad en disait long sur une incompatibilité structurelle de son objet avec une modernité apologétique et mal comprise de ses promoteurs. Surtout que cet Islamisme dit progressif n’est pas sans rappeler le judaïsme progressif allemand d’alors, qui en constitua la litière, et qui prônait depuis le milieu du XIXe siècle au plus tard (école de Francfort notamment) la préservation des seules valeurs spirituelles et morales de la Bible, tout en faisant table rase du reste, notamment la halakha (équivalent juif de la sharia) et la lecture littérale des textes sacrés, pour se mettre au diapason du nouvel Etat moderne en voie de construction. Nombre d’antécédents de l’Islamisme réformiste sont à rechercher dans le canevas du réformisme judaïque. Les analogies sont frappantes. La transposition a pour objectif de couler l’Islam dans un moule qui ne peut être le sien, celui du libéralisme judéo-chrétien. La révolte de Ali Ben Ghédahim posait le premier jalon du rejet islamiste d’un réformisme transposé et inéquitable, parce que, cédant à des injonctions allogènes, se révèle incapable de synthèse heureuse, qui fait que l’Islam reste l’Islam et, en évoluant, il ne se dénature pas. C’est un défi majeur auquel nos élites, toutes tendances confondues, n’ont pas su répondre. Les réformistes, ceux qui sont si prompts à tripoter l’Islam, se sont gardés de frayer avec le noyau dur des sciences et des technologies en marche, et de créer à partir de ces promesses d’avenir, des espaces bien à eux. C’était une autre paire de manche, qui dépassait leur entendement et leur sens de la responsabilité. Ils nous ont engagés dans une impasse culturelle.      La raison en est que nos réformistes laïcs ne disposaient pas d’une formation ni scientifique ni religieuse conséquente ; ils furent des bricoleurs, des adaptateurs sans envergure, des transpositeurs sans talent, dépourvus d’une part de la connaissance d’une science religieuse qui ne fût pas religieuse, mais aussi d’une science religieuse tout court qui les autoriserait à agir en connaissance de cause. Autrement dit, en agissant à la manière de Pierre le Grand, ils agirent en despotes. Les débats parfois vifs qui ont animé les travaux de la Commission qui a eu pour mission de rédiger les nouveaux textes juridiques issus de Ahd al Aman attestent de leur médiocrité, comme en témoignent les procès-verbaux qui les rapportent     Le réformisme touchant à des aspects religieux est entré d’emblée en contradiction avec le noyau dur de la religion, celui qui ne peut être négociable, faute d’un ajustement astucieux et convaincant. Il ne fut pas précédé d’un vrai débat sur la sécularisation et ses enjeux. Il ne prit pas appui sur une histoire de la religion musulmane qui soit le produit et l’agent, éventuellement, de la sécularisation des sciences religieuses. Son tort est qu’il n’a pas été précédé d’une distanciation critique du fait islamique, mais aussi d’une comparaison raisonnée des phénomènes et des systèmes religieux conduisant peut-être à des révisions raisonnées. Les réformateurs se comportèrent comme des ignorants qui croyaient savoir ; et s’ils savaient ils n’agirent pas en conscience. Plutôt que de s’investir dans les sciences nouvelles et de les diffuser dans la société, plutôt que de constituer un milieu social qui fît tâche d’huile par la compétence et l’exemple, ils se contentèrent d’exprimer des aspirations irrécusables certes dans leurs principes, mais restées des vœux pieux, les uns dans le domaine religieux et les autres dans le domaine politique. Ce qu’ils laissèrent en héritage à leurs successeurs, c’était un message coupé de l’action fructueuse et de très haut niveau. Il ne suffit pas de rêver en formulant des souhaits et des désirs. Encore faut-il savoir mener des actions d’excellence qui illustrent les desiderata et les concrétisent.  Ils s’enfermèrent dans un discours pseudo théologique :  ils déclarèrent hautement avoir l’intention de respecter, mais en paroles, l’esprit du Coran et de la Sunna, et en même temps ils se fourvoyèrent dans des distorsions qui portèrent atteinte à la prééminence, pourtant reconnue, de l’Islam sur toute autre forme d’idéologie, ce qui fut vécu comme une attaque partisane contre son essence même. Ce double langage fut à l’origine de leur échec, et celui-ci fut cause d’un brouillage dont on n’arrive pas encore à se départir. Une recherche méthodique, historico critique, sur le fait musulman n’a pas eu lieu encore, malgré les ergotages accomplis. La lacune est lourde de conséquence.   D’où la discorde actuelle. L’Islam est une Bible décalée et verrouillée à dessein, pour la corriger, à en croire son fondateur. Il ne sert à rien de s’acharner à le déverrouiller et de courir le risque de l’annihiler. C’est le propre du tabou. Est-il raisonnable de tirer indéfiniment le diable par la queue ?       L’Islam contrarie-t-il la libération de la femme par l’éducation et l’emploi, ce par quoi elle continue à s’ouvrir de larges boulevards à son honneur, depuis la colonisation. Mais le paradoxe est que c’est l’Etat moderne qui la contrarie aujourd’hui en vouant une partie non négligeable de la jeunesse féminine au chômage deux fois plus qu’il ne le fait pour les garçons. Ce sont les carences de l’Etat en matière d’emploi qui la desservent. La cause féminine est devenue un gadget de pouvoir mis en avant pour les dissimuler. Les déboires sociaux sont sublimés par des slogans de genre. L’Islam ne s’oppose pas à ce que chaque légataire partage ses biens, de son vivant, par la hiba ou la wisaya par exemple, à égalité entre ses héritiers. Ce sont les possédants qui ne s’y prêtent pas. Ce n’est pas notre foi qui contrarie notre progrès scientifique et technologique, mais nos incompétences cumulées du fait de ceux qui nous dirigent qui persévèrent à ne pas nous doter d’une vision d’avenir qui nous rehausse. Sachons raison garder. Il faudra diversifier les filières au choix pour que le pluralisme social ait un sens, l’un pour les laïcs et l’autre pour ceux qui veulent vivre leurs Islam en conscience, à l’abri de la tutelle de l’Etat. L’Etat de type jacobin est une formule dépassée, parce que injonctive; il porte en lui les stigmates de l’autoritarisme et se prête mal à un renouvellement politique. En revanche l’Etat beylical avait été pluraliste, quoique décrié.   (suite au prochain numéro) (Source: “Mouatinoun” organe du FDTL Nr 137.octobre 2010-10-07)  


 Il y a cinquante ans, Jeune Afrique naissait à Tunis sous le nom d’Afrique Action


15/10/2010 à 18h:17 Par La rédaction web de Jeune Afrique
Le 17 octobre 1960 paraissait à Tunis le numéro 1 d’ “Afrique Action”, un journal de combat fondé par Béchir Ben Yahmed et qui devait devenir peu de temps après “Jeune Afrique”. Un demi-siècle plus tard, nous vous proposons de revivre les premiers pas de cette aventure à travers le récit qu’en a fait François Poli, regretté collaborateur de l’hebdomadaire. Extrait d’un ouvrage inédit, son texte a été publié à l’occasion de la sortie du numéro 2500 de J.A.

 Le projet du journal a mûri. On a trouvé le titre, Afrique Action. Et le local où on le rédigera. Béchir Ben Yahmed et Mohamed Ben Smaïl, futur rédacteur en chef, en parlent chaque jour entre eux, naturellement, mais s’en entretiennent également avec des amis de passage dans la région, ou qui y vivent. On en parle sur la terrasse de la petite maison blanche et bleue de Ben Yahmed au bord de la plage de Gammarth, ou sur la plage même, en maillot, entre deux bains de mer et deux coups de vin rosé. Outre Ben Yahmed et Ben Smaïl, il y a là Jean Daniel, amoureux inconditionnel de la Tunisie, qui conseille avec affection et un peu de condescendance, le sociologue-écrivain-journaliste Jean Duvignaud, chargé de cours à Tunis, qui théorise en machouillant son éternelle Gitane filtre, Guy Sitbon, le benjamin, et Tom Brady du New York Times, que Ben Yahmed écoute d’une oreille particulièrement attentive, car il est le seul représentant de cette presse anglo-saxonne que le futur directeur d’Afrique Action juge la meilleure de toutes. Pour fabriquer Afrique Action, il faut évidemment de l’argent. On en aura un peu – très peu. Une société sera créée au capital de 1 000 dinars tunisiens (1 500 euros actuels). Ben Yahmed souscrira 50 % des parts ; un ami, l’avocat tunisien Othman Ben Aleya, un communiste, l’autre moitié. Chacun apportera en outre 500 dinars en compte courant. Il faudra donc du crédit – et pas qu’un peu.  

Mais il y a le passé de L’Action, les quinze mille lecteurs potentiels, l’image de marque de Béchir Ben Yahmed, homme d’affaires sérieux. Le crédit suivra. Quant au programme politique du journal, il est parfaitement délimité. Afrique Action se battra pour l’indépendance de tous les pays du Tiers Monde encore colonisés, pour l’Algérie en guerre, pour le développement, contre les injustices sociales, pour la démocratie. Non pour obtenir celle-ci dans l’immédiat (ne rêvons pas), mais afin que croissance et progrès politique aillent du même pas. On dira aux hommes du pouvoir : il est possible que vous ayez raison, que nous soyons pour le moment condamnés aux partis uniques et à l’absence de liberté, mais il faut que ce soit provisoire. Même lentement, la situation doit évoluer. 1960 est pour l’Afrique une date d’une importance exceptionnelle. Ce monde nouveau, auquel il vient d’être fait allusion, commence réellement à sortir du néant. Entre le 1er janvier et le 31 décembre, dix-sept pays africains deviennent indépendants, s’ajoutant aux sept qui le sont déjà. Le Cameroun, souverain depuis le 1er janvier, a inauguré la série. Ont suivi le Sénégal, le Togo, le Mali, Madagascar, le Zaïre, la Somalie. En août, cascade d’indépendances : Bénin, Niger, Haute-Volta, Côte d’Ivoire, Tchad, Centrafrique, Congo et Gabon. En octobre, le Nigeria. En novembre, la Mauritanie. En Afrique du Sud, Blancs et Noirs s’affrontent avec une violence sans précédent (les massacres de Sharpeville datent de cette année-là), mais pour l’ensemble du continent le départ est définitivement donné. Au Congo, le 5 septembre, peu après l’intervention des Casques bleus, Lumumba est révoqué par Kasa-Vubu. Il réplique en destituant Kasa-Vubu et en se proclamant chef de l’État. Le 14, Mobutu prend le pouvoir. Situation extrêmement confuse jusqu’au 3 décembre, où Lumumba est arrêté, puis transféré au Katanga, où il sera assassiné. Plus d’une fois, comme ici, la liberté se paiera très cher. Au nord du Sahara, l’Algérie est toujours en guerre. En septembre, Ferhat Abbas se rend à Pékin et à Moscou, où il est reçu comme un chef d’État : reconnaissance de fait de l’Algérie combattante par les deux grandes puissances du monde communiste. De Gaulle sera contraint d’en tenir compte. C’est dans ce contexte que le 17 octobre paraît le premier numéro d’Afrique Action. En couverture, la photo de Dag Hammarskjoeld. L’éditorial de Ben Yahmed – sa déclaration d’intention, pour mieux dire –, intitulé « Renaissance », dit notamment ceci : « L’Action a eu d’innombrables amis qui aujourd’hui attendent Afrique Action. Cela dit, nous ne nous faisons pas d’illusions : on nous attend avec une amicale impatience, mais en même temps, on nous attend au tournant. « Les tournants sont nombreux, nous le savons : comment concilier le journalisme et l’engagement ; la solidarité avec nos camarades algériens et l’opiniâtre volonté que nous avons d’intéresser et de convaincre le peuple français ; notre attirance pour les civilisations collectivistes et notre désir, parfois presque désespéré, de voir l’Occident se sauver du déclin et de la ruine ; notre volonté de dialogue et de coopération et notre susceptibilité ombrageuse à l’égard de ceux qui ne savent pas nous parler ? « Pour chaque sujet que le monde nous impose, le fait pour nous de refuser le sectarisme et la violence nous conduit à des positions difficiles. La facilité aujourd’hui, c’est la surenchère, et l’héroïsme moderne, Bourguiba l’a récemment déclaré, réside dans une modération calculée. Tant de révolutionnaires ne sont pas des révoltés, le lyrisme est si voisin de la démagogie, l’examen attentif des problèmes est devenu une vertu si rare que l’un des tournants où l’on nous attend, c’est précisément le risque d’être pâle, incolore et neutre par prudence et par volonté d’être présent. « C’est au moins, en tout cas, un reproche que nous nous efforcerons de ne pas mériter. Pour nous, la mesure ne saurait être qu’une passion contenue, c’est-à-dire le contraire de la tiédeur… » Sur l’Algérie en particulier, la rédaction n’est pas tiède. Il faut le redire aujourd’hui : ce que ce journal a fait pour les Algériens engagés dans leur combat de libération (on a un peu tendance à l’oublier) est considérable. Afrique Action est évidemment à l’époque interdit à Alger. À Paris, très fréquentes saisies. Mais, à Tunis, c’est avec une réelle impatience que, chaque semaine, on guette son apparition, quand il sort des rotatives de la défunte Dépêche tunisienne, tachant les doigts et parsemé d’innombrables coquilles. La presse internationale aussi l’attend, cite et commente pratiquement chaque numéro. Le journal s’élabore dans un petit immeuble à deux niveaux de la place Pasteur, près des jardins du Belvédère. La rédaction en haut, l’administration en bas. Dès le début, on sait que l’on ne pourra tenir qu’au prix d’économies draconiennes, en rognant sur tout. Mais il y a au rez-de-chaussée, derrière son comptoir de formica, l’homme qu’il faut pour ça : Chérif Toumi. Sympathique, serviable, débonnaire avec sa bonne brioche d’homme bien nourri, mais souffrant, quand il s’agit des deniers du journal, de paralysie chronique du côté du tiroir-caisse. La rédaction, en cette fin 1960, ne compte guère plus d’une demi-douzaine de personnes : Ben Yahmed, Ben Smaïl, Abdelhamid Kahia, Josie Fanon (épouse de Franz Fanon), Dora Ben Ayed, le mystérieux Girard (qui ne s’appelait pas vraiment Girard), un jeune homme qui avait des problèmes avec l’armée française (objecteur de conscience ou déserteur, on ne l’a jamais très bien su). Et enfin, chargé de donner apparence plus humaine aux articles difformes, bossus, obèses ou affligés de pieds plats – autrement dit chargé du rewriting –, l’auteur des lignes que vous lisez. Très jolie, très répandue dans la society tunisoise, Dora Ben Ayed signe d’excellents reportages. Kahia est à la fois reporter-photographe et metteur en pages. En fait, faute d’une rédaction plus étoffée, chacun doit affronter à cette époque des tâches non prévues dans ses attributions. On sait à quelle heure on arrive au journal, jamais quand on en sortira. Viennent souvent à Afrique Action, en 1960, Mohamed Masmoudi, Azouz Mathari, directeur de la Société tunisienne de banque, et son adjoint Serge Guetta, le futur cinéaste algérien Mohamed Lakhdar Hamina, Jean Amrouche, Franz Fanon (déjà atteint de la leucémie qui l’emportera), ou l’un ou l’autre des responsables du FLN algérien de passage dans la capitale tunisienne. La conférence de rédaction est prévue à 18 heures, mais elle commence rarement avant 21 ou 22 heures, quand les visiteurs ont fini par s’en aller. Utiles, d’ailleurs, ces visiteurs : ils apportent des informations ou bien, lorsqu’il s’agit de Mathari ou de Guetta, l’annonce qu’un crédit supplémentaire est accordé au journal, dont le découvert commence à s’arrondir. C’est Kahia qui souffre le plus de ces retards. La conférence terminée, lui seul doit rester encore au journal pour travailler sur la maquette jusqu’aux environs de minuit. Il se rend ensuite à l’imprimerie, rentre chez lui vers 2 heures du matin, se lève à 5 heures pour aller effectuer des tirages photographiques dans son laboratoire, passe à 8 heures à la photogravure, revient à 9 heures au journal et recommence une nouvelle journée. Et ça dure comme ça pendant des mois, quatre jours par semaine. Kahia ne fera pourtant jamais de dépression nerveuse. À Paris, Jean Daniel a créé pour le journal un bureau que dirigeront successivement Robert Barrat et Paul-Marie de La Gorce, et d’où arrivent, chaque semaine, des articles qui complètent le travail de la rédaction tunisienne. Jean Amrouche, Jean Daniel, Robert Barrat, Albert-Paul Lentin, Jean Rous et quelques autres signent plus ou moins régulièrement dans cet Afrique Action de la période héroïque. À New York, où il vit, marié à la fille de l’un des rois américains du jean, le tissu des célèbres pantalons, Simon Malley, futur directeur d’Afrique Asie, couvre l’actualité africaine vue des États-Unis. À Tunis, où il assure dans ses vieilles espadrilles la correspondance nonchalante du Monde, Guy Sitbon commence à donner fréquemment des articles, de même qu’Abdelkader Zghal, sociologue tunisien. Un jour, en reportage à Bamako, Zghal est abordé par un jeune Malien qui propose de lui servir de guide. Après le circuit touristique traditionnel, Zghal est invité en famille et chaleureusement fêté. Le vieux père demande : « D’où viens-tu, mon frère ? – De Tunisie. – La Tunisie ? Ah, oui, Nasser ! – Non, rectifie Zghal, Bourguiba. – Ça ne fait rien, mon frère, ce sont tous des prophètes ! » (Source: Jeune Afrique le 15 octobre 2010) Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20101015171729/anniversaire-france-italie-tunisieil-y-a-cinquante-ans-jeune-afrique-naissait-a-tunis-sous-le-nom-d-afrique-action.html  

Les Etats du Maghreb souhaitent coopérer contre le terrorisme


Des experts ont proposé une stratégie antiterroriste en deux volets, combinant solution militaire et développement social. Par Walid Ramzi pour Magharebia à Alger – 14/10/10 Les analystes du terrorisme soulignent que les solutions économiques et sociales, ainsi qu’un effort militaire conjoint, pourraient renforcer la sécurité dans la région. Selon le Dr Lies Boukraa, directeur du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) à Alger, la force d’AQMI réside dans la faiblesse des pays du Sahel et dans le manque de coopération. “L’élimination d’al-Qaida est possible d’ici quelques mois, contrairement à ce que l’Occident tente de montrer”, a déclaré Boukraa. Cet expert a mentionné le sous-développement comme l’une des causes profondes de la radicalisation, ajoutant que lorsque les problèmes de la pauvreté et de la faim seront résolus, il n’y aura plus de place pour le recrutement dans les rangs d’al-Qaida. Il a fait valoir qu’au moins 50 tonnes d’héroïne transitent par la région du Sahel et que 100 millions d’euros sont ainsi trafiqués chaque année, ajoutant qu’AQMI a collecté 70 millions d’euros de rançons ces dernières années, ce qui lui confère un budget supérieur à celui de certains pays du Sahel. “Les principaux facteurs d’agravation du terrorisme dans la région sont intérieurs, notamment l’absence de démocratie et une approche de tutorat pour traiter avec les citoyens”, a expliqué Abdelaziz Hariti, président de l’Association algérienne d’assistance humanitaire. “Les pays du Sahel ont suffisamment de volonté politique pour gérer leur sécurité, mais des problèmes sociaux, ethniques et religieux ainsi que l’absence de projets de développement font partie des principales raisons qui font de la région du Sahel un lieu propice aux vulnérabilités sécuritaires”, a expliqué Mohamed Khetaoui, spécialiste en politique. “L’échec des pays africains à lutter contre le terrorisme a poussé l’Algérie à régir militairement pour éradiquer ce fléau de la région”, a ajouté Sadek Bouguetaya, un diplomate, ajoutant que d’autres pays pouvaient apprendre de l’expérience algérienne. Pour leur part, certains analystes estiment que la coordination entre les pays du Sahel fait encore défaut. Mohamed Smiem, universitaire spécialisé en matière de sécurité, a déclaré à Magharebia que les différences entre les pays sont “principalement liées aux méthodes de conduite des opérations militaires contre al-Qaida dans la région”. Pour tenter de renforcer la coordination en matière de sécurité dans la région, les dirigeants d’Algérie, de Libye, de Mauritanie, du Mali et du Tchad ont tenu une réunion consultative en marge du somet arabo-africain de Syrte, en Libye, dimanche 10 octobre. Ils ont parlé des développements politiques et sécuritaire dans la région du Sahel-Sahara. Houcine Boulahia, spécialiste de la sécurité, a qualifié cette réunion de “bonne chance de surmonter les différences qui sont récemment apparues” entre les dirigeants du Sahel. Pour sa part, l’Algérie a lancé une campagne de sensibilisation antiterroriste de grande ampleur. L’ambassadeur d’Algérie aux Etats-Unis Abdallah Baali a rencontré Daniel Benjamin, le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain, pour discuter de la coopération dans la lutte contre le terrorisme dans la région. Le gouvernement algérien fait de gros efforts pour empêcher la marginalisation de la jeunesse locale et son recrutement par des groupes terroristes. Le ministère de l’Intérieur a récemment remplacé les responsables locaux dans les provinces des frontières sud pour injecter un nouvel élan dans les projets de développement. Dans un entretien avec le quotidien francophone algérien El Watan le 11 octobre, Amenokal des Touaregs algérien a réfuté que les tribus touaregs aient rejoint al-Qaida, mais il a reconnu que cela était devenu extrêmement difficile du fait de leurs exigences financières. Dans le même état d’esprit, d’anciens combattants du mouvement touareg dans le nord du Mali ont expliqué samedi 9 octobre qu’ils étaient prêts à lutter contre AQMI au Sahel. Ahmed Agh Bebe, porte-parole des anciens rebelles et membres de l’assemblée nationale malienne, a déclaré dans un communiqué à l’AFP que lui-même et son groupe attendaient “le feu vert du gouvernement malien pour expulser AQMI” du Sahel africain. Il a ajouté que s’ils étaient armés, ils seraient en mesure de battre rapidement AQMI dans le cadre de l’Accord d’Alger signé en juin 2006, qui a mis fin à vingt ans de lutte entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien et envisage de mettre en place des unités spéciales de l’armée pour maintenir la sécurité dans le nord du Mali. Ces combattants espèrent que le gouvernement malien créera des opportunités d’emploi par la mise en oeuvre de l’Accord d’Alger pour leur permettre de reprendre la défense de leur pays.

 
(Source: Magharebia.com le 14 octobre 2010)
 

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