15 août 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2276 du 15.08.2006

 archives : www.tunisnews.net


LTDH: Pour la sauvegarde et  l’approfondissement   des acquis du code du statut personnel

Balha Boujadi: J’adore les opinions, je deteste l’unanimisme Latif Zouhir: Quand Bachar fait son show Mizaanoun: La dignité n’a pas de prix

Daniel M. Pourkesali: Pour Israël c’est le début de la fin…    Laurent Laplante: La paix des cimetières

 
 

Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens 


Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme     Tunis le 13 Août  2006                                                

POUR LA SAUVEGARDE ET  L’APPROFONDISSEMENT   DES ACQUIS DU CODE DU STATUT PERSONNEL

 Depuis sa création il y a plus de 29 ans, la Ligue Tunisienne pour la Défense des droits de  l’Homme  a  toujours considéré que la question des droits des femmes et de l’égalité effective entre les sexes fait partie intégrante des  droits humains.
 La Tunisie, avec ses femmes et ses hommes, fête aujourd’hui le cinquantenaire de la promulgation du Code du Statut Personnel (C.S.P) Il s’agit d’un acquis majeur dont  notre peuple peut  légitimement être fier . Il  a incontestablement contribué à engager un processus  de transformation , non seulement de la famille et des valeurs qui la régissent, mais aussi  de l’ensemble des relations hommes /femmes ,et de la place,du rôle et du statut de la femme dans la société . A  l’occasion  de ce  cinquantenaire , célébré  notamment  par  les  Associations  indépendantes  dont  la L T D H, le Comité Directeur tient à affirmer ce qui suit :
1/-Les acquis réalisés dans le cadre du C S P doivent être défendus et sauvegardés et tous les appels à revenir en arrière, quels qu’en soit les auteurs, doivent être fermement rejetés .
 2/-Cinquante ans après sa promulgation, le C S P  et l’ensemble des législations ayant rapport avec les droits des femmes doivent être réexaminés dans le sens de l’approfondissement et de l’extension de ces droits .C’est une exigence qui est devenue de plus en plus incontournable. Il est indispensable que notre pays consacre enfin, dans la législation comme dans la pratique, l’égalité totale entre les femmes et les hommes. Quand on est opposé à toute discrimination sur la base de la race, du sexe et de la croyance, on ne peut pas admettre l’inégalité dont sont victimes les femmes .De ce fait la revendication de l’égalité entre les sexes en matière d’héritage, objet d’une campagne menée à l’occasion du cinquantenaire par un groupe d’Associations dont la L T D H, répond à une exigence de justice, d’égalité citoyenne et de démocratie.
3/-Les réserves présentées par la Tunisie lors de la ratification de » la Convention Internationale contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes » n’ont aucune justification , et au regard des progrès réalisés dans notre pays dans ce domaine, sont de plus en plus anachroniques. Il devient impérieux que la Tunisie lève ces réserves afin que la législation tunisienne puisse être adaptée à l’esprit et à la lettre de la Convention  et que de nouvelles conquêtes en matière de droits des femmes soient réalisées. Enfin le Comité Directeur tient , à l’occasion de ce cinquantenaire du C S P ,à saluer tou(te)s les militant(e)s qui ,avec courage et détermination ,se battent , dans des conditions parfois très difficiles pour les droits des femmes , pour l’égalité entre les hommes et les femmes .Il lance un appel à tou(te)s les militant(e)s de la Ligue afin que la question de l’égalité hommes/femmes et les revendications consacrant cette égalité soient en permanence au centre de leurs préoccupations et de leur action en faveur des droits humains. Pour le Comité Directeur      Le Président                   Mokhtar TRIFI
 

Les infos explosives du célèbre journaliste américain  Seymour HERSH… à lire et à méditer !!  

 
WATCHING LEBANON by SEYMOUR M. HERSH Washington’s interests in Israel’s war. (Source: The New Yorker, Issue of 2006-08-21, Posted 2006-08-14) Lien: http://www.newyorker.com/printables/fact/060821fa_fact

« Le canard Enchainé » N° 4476 du mercredi 9 août ‏2006‏

« Delanoë, FUTUR MAIRE DE BIZERTE ! »

 

J’ADORE LES OPINIONS, JE DETESTE L’UNANIMISME

BALHA BOUJADI En réponse à mon ami Menarfez Barcha Je remercie Menarfez pour avoir pris la peine de répondre à mes écrits et pour son langage respectueux et ses opinions assez cohérentes et pertinentes. Commençons par le titre « L’opinion des masses… est-elle si stupide ?», je vous réponds que « oui »  si vous parlez en singulier, s’il s’agit « des opinions » en pluriel je suis tout à fait d’accord. Ce qui est inacceptable c’est l’unanimisme, ça sent le sacré, le religieux et par conséquent l’action d’endoctriner les pauvres masses et le lavage des cerveaux. C’est comme ça que les partis de Dieux agissent ainsi que toutes les sectes et les associations mafieuses. Passons à vos remarques à propos de la réalité géopolitique et socioculturelle qui enveloppent la situation de ce drame moyen-oriental. Ce que je déplore c’est la lecture de l’histoire faite par notre élite arabe, pleine des déformations et de manipulation, des symboles et des reproductions récurrents qui ont perdu toute signification: 1)- L’existence même de l’Etat d’Israël est, d’après le discours panarabe et celui de l’internationale islamiste, est mis en question. Moi aussi je considère que c’est une injustice, mais… est-ce que l’existence d’un état comme la Jordanie, le Koweït, Oman, les Emirats, Qatar, le Soudan, l’Eretria, la Libye, la Mauritanie, l’Arabie Saoudite même… n’est-il pas mis en question ? Depuis quand ces pays ont-ils existé. Je ne suis pas un expert en Droit International, mais les pays se font et se défont au gré des peuples. Ça fait quelques jours un nouveau état est né, la Macédoine. Demain Kurdistan est en train de voir le jour,,, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise… Sans parler des prétentions d’origine biblique sur Jérusalem, le Temple de Soliman, la terre promise, et tout le bazar idéologique juif… Le fait est que Israël existe, elle est là, un pays reconnu par plus de 150 pays des Nations Unies, parmi lesquelles l’Egypte (le pays le plus peuplé et le plus fort du monde arabe), la Jordanie, Qatar, Le Maroc et même la Tunisie… 2)- Vous avez dit que l’Etat d’Israël a dû choisir entre la coexistence pacifique avec ses voisins ou bien de tenir une attitude coloniale et agressive, et d’après vous elle en a choisi la deuxième posture. Loin de défendre Israël, mais juste en lisant l’histoire, je vous demande qui a déclaré les guerres israélo-arabes, en 1948, en 1956, en 1967, en 1973, en 1982 et en 2006. Bien sûr que la provocation et l’insolence sont quotidiennes, mais aux yeux du monde entier, ce sont nous les coupables et la victime toujours est « le petit état démocratique encerclé par des régimes despotiques et des peuples fanatiques arabes » ainsi on présente toujours l’actualité au Moyen Orient. 3)- Israël a gagné l’Opinion public mondiale et la sympathie des démocraties occidentales par un travail de fond basé sur la propagande et la constitution des lobbys dans tous les pays les plus puissants du monde afin qu’ils puissent défendre ses intérêts. Par contre, nous, on a méprisé tout le monde, comptant sur la « justesse » de notre cause, on a traité tout le monde d’impérialistes, colonialistes, racistes, mécréants… Ajouter à cela des actions terroristes de séquestration d’avions, dynamitage des métros de Paris, de Londres, de Madrid… Prise d’otages… tout ce qui provoque l’instinct  de défense et tout ce qui donne au monde l’image stéréotypée des arabes méchants et des musulmans fanatiques. La justesse de la cause ne suffit pas, il faut soigner l’image et approfondir le dialogue et raffermir nos arguments. 4)- Quant aux massacres, non, vous vous trompez, les seules massacres perpétrés par les jordaniens (Septembre noir avec ses 5000 cadavres), et les libanais (Sabra et Chatila avec ses 1000 cadavres)… dépassent de loin les massacres commis par Israël depuis 1948. 5)- Ne mélangeons pas les choses, l’adjectif « judéo-chrétien » se réfère à un ensemble culturel et religieux différent de l’hellénisme, de l’humanisme et de l’islamisme… Différent mais jamais antagoniste comme vous prétendez montrer (« anti-musulman »), ça c’est ce que les islamistes veulent comprendre, comme quand ils prétendent expliquer la « démocratie chrétienne » comme une idéologie religieuse, alors qu’il n’a que la notion de libéralisme et de l’action « caritative » de l’Etat comme principes inspirés de la Bible. Je ne peux pas imaginer les partisans de l’UDF en France ou le PP en Espagne ou l’UDC italien en train de prêcher la guerre sainte contre les musulmans comme le font nos partis islamistes en Egypte ou au Maroc ou en Algérie… 6)- Les initiatives de paix ont été sabotées parfois par les israéliens mais aussi plusieurs fois par les palestiniens. Depuis les pourparlers de Madrid (1991), les traités d’Oslo (1993) quand les palestiniens ont reconnu l’Etat d’Israël et la feuille de route (2003)… les initiatives se sont multipliées et toujours les mouvements populistes « Intifada » et islamistes « Hamas » ou « Al Djihad Islamique » qui mettent fin aux processus de paix. Quant à Hamas, bien qu’elle soit plébiscitée par le peuple palestinien, cette organisation ne reconnaît pas l’Etat d’Israël ni aucun de traité de paix (même pas celui d’Oslo qui lui a permis d’avoir une autorité autonome et organiser des élections). Comment voulez-vous qu’Israël puisse négocier avec un parti qui ne reconnaît pas son existence ? 7)- L’humiliation dont vous parlez n’est pas propre aux arabes seulement. Les français ont été humiliés par les allemands, les japonais ont été  humiliés (et de quelle manière !) par les américains, les hindous ont été humiliés par les anglais, les russes ont été humiliés par les japonais… Voulez-vous que je continue ? Mais regardez les relations actuelles entre ces pays… tous ces peuples se sont redressés et ils ont travaillé durement pour effacer l’humiliation et tendre la main aux autres d’égale à égale. Cette génération d’humiliation dont vous parlez doit analyser les causes de ses défaites et cultiver un sens à la vie comme l’ont fait les japonais, un peuple sans aucune ressource énergétique a pu envahir le monde par sa maîtrise technologique et industrielle. Nous, au lieu de travailler on insulte les autres et on écrit des poésies et des discours. 8)- Le racisme anti-arabe et anti-musulman en Europe n’est pas gratuit, qui sont les auteurs de 11 septembre aux USA ? Ceux du 11 mars à Madrid ? Ceux du 7 juillet à Londres? Qui a assassiné Téo Van Gogh pour ses idées ? Qui a tué le Commandant Messaoud ? Qui a tué Sadat? Qui a massacré les écoliers de Beslan ? Qui a lancé des Fétouas contre Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Naoual  Saadaoui, Nejib Mahfûz… ? Parce qu’ils ont d’autres idées.  Qui appelle à la guerre sainte en plein centre du Hyde Park londonien ? Parfois je me demande qui est plus raciste que l’autre, les islamistes surtout, vouent une haine ouverte et rancunière contre le monde occidental… Bien sûr que les autres, même une minorité, car ils ont leurs fanatiques eux aussi, vont se défendre en méprisant notre culture et notre civilisation. 9)- Nos régimes politiques sont les régimes que nous méritons. Il ne faut pas jeter la faute aux autres. Notre poète tunisien Abou Al Qacem Chebbi l’a dit : « Quand un peuple a la volonté de vivre, même Dieu doit lui obéir ». Les américains n’ont rien pu faire contre les peuples qui ont une élite intellectuelle et politique éveillé et patriotique, depuis la Corée jusqu’au Chili en passant par l’Iran, le Venezuela, la Bolivie  et la Chine, les peuples ont changé leur système politique par la persévérance et la ténacité et grâce a des leader charismatiques et honnête. Nous les arabes, on fabrique les dictateurs de toutes pièces avec les poésies, les louanges, les statues, les articles glorificateurs, les marches d’appui, les applaudissements, les vivas, les banderoles, les posters géants accrochés même dans nos chambres à coucher…    10)- Vous parlez d’un « citoyen » arabe, c’est trop lui demander, le pauvre. La citoyenneté ce n’est une simple carte d’identité. C’est le respect, la dignité, les droits, les devoirs, la liberté, l’émancipation, l’égalité… montrez-moi un seul arabe chez lui qui n’a pas la peur au ventre chaque fois qu’il croise un policier. Tout ce que vous dites à propos de la lutte pour la dignité et l’honneur et la résistance de Hezbollah face à l’armée israélienne est un joli discours, comme ceux de Saddam, Nasser, Kadhafi, Assad, mais ça reste des mots et rien que des mots. Tout le monde reconnaît la bravoure et le courage des jeunes guerriers de Hezbollah, mais aussi il y’a eu un millier de morts, cinq milliers de blessés, 25.000 maisons détruits, des ponts démolis, des aéroports annihilés, des écoles et des universités en ruines… un adage tunisien dit « Je n’en veux pas d’un courage qui me lègue l’humiliation »… Bien sûr on va transformer, comme toujours, ce spectacle fantasmagorique de ruine et décombre en une belle victoire pour amuser la galerie quelques mois et quelques années, sans analyser ni évaluer ni demander des explications… Et la vie continue, entre une défaite et une défaite il y’a une autre défaite. C’est dur de dire ça mais, personne n’ose appeler les choses de leurs noms. Quant à votre comparaison entre le Hezbollah et l’Arabie Saoudite, elle est trop disproportionnée, celle-ci est un état, riche et prospère, l’autre est un parti politique qui, en principe, doit son budget aux cotisations de ses adhérents. Or, il se trouve que ce parti, contrairement au MDS et au Ettajdid de chez nous qui n’arrivent pas à payer le loyer de deux pièces qui abritent leur siège, Hezbollah peut se permettre d’acheter des missiles, d’avoir sa chaîne TV satellitaire, et hier son SG, « Samahat Essayed », 12 heures après le cessez le feu, il a annoncé qu’il va reconstruire toutes les maisons détruites, qu’il va payer le loyer des familles sans abris… Une insolence sans limite, car au lieu que ça soit le Président de la République qui annonce ces mesures, c’était lui le grand Zorro, qui, après avoir déclenché une guerre absurde, il vient sauver le peuple en détresse. C’est vraiment du jamais vu dans l’histoire de l’Humanité. BALHA BOUJADI, le 15 août 2006 balhaboujadi@yahoo.es 
 

Quand Bachar fait son show

Trois jours après le cessez le feu entre Le hezbollah et Tsahal voila le président Bachar qui fait son premier discours depuis déclenchement des hostilités .C’est donc devant un parterre de journalistes syriens dont c’est le quatrième congrès, dans un pays où il n’ya aucune liberté de presse voire de liberté tout court. Le dictateur Syrien en dénonçant certaines réalités relatives au monde arabe comme la non légitimité de plusieurs régimes s’y trouvant .Je me permettrais votre honneur,président évidemment à vie de facto comme votre tristement célèbre prédécesseur de vous faire remarquer que votre propre poste au plus haut sommet de l’état est certainement illégitime à moins que vous avez une notion  » Assadiénne » de la légitimité dont vous seul détiens le secret.
votre retrait du Liban ainsi que votre volonté non avouée d’éviter de vous impliquer pour la libération du Golan démontre votre incapacité à affronter L’oncle Sam et son protégé Israél .
Dés lors sachez que vos déclarations démagogiques et pseudo-nationalistes ne trompe plus personne. Alors que vos sbires dans l ‘auditoire qui  » spontanément » se lèvent arguant des slogans favorables à votre règne est une technique d’un autre âge et surtout une insulte au peuple syrien et à tout citoyen arabe car plus personne n’est dupe.
Enfin pour clore , je vous prie de relâcher  les prisonniers politiques syriens et libanais alors qu il est vraiment  temps de libérer la presse dans votre pays .
Latif Zouhir latifzo@gmail.com


La dignité n’a pas de prix.

(La dignité s’enrichit d’un nouveau synonyme:NasrAllah).

Par Mizaanoun L’apocalypse. Quand le 12 juillet 2006, l’aviation militaire israélienne avait déclenché « la pluie d’été » des bombes sur tout le Liban, les stratèges qui avaient mis au point l’opération de destruction de ce pays, bien avant l’enlèvement le jour même des deux soldats israéliens près de leur base du village frontalier de Za’arit, comme ultime recours afin de faire libérer les prisonniers libanais et arabes, dont la plupart se trouvent dans les affres des prisons israéliennes sans jugement ni accusation définie depuis des décennies, pensaient qu’il allait s’agir d’une guerre éclaire qui durerait moins de six jours. On commencé par assiéger le pays par terre, mer et air. Et pendant que, en quelques heures, certains pilotes militaires confortablement installés dans les sièges des meilleurs bombardiers du siècle, tels des diables de l’enfer, larguant leurs bombes de grandes dimensions destructrices, et réduisaient ainsi toutes les infrastructures du pays – aéroports, ports, routes, ponts etc. – en poussières, d’autres de leurs collègues, toujours du haut du ciel, rasaient de la surface de la terre des villages entiers au sud et des immenses quartiers de Beyrouth, sans pour autant tenir en considération, le moindre du monde, qu’ils sont en train d’ensevelir sous des millions de tonnes de décombres des enfants, des femmes, des handicapés et des vieillards. Pendant ce temps – toujours dans les premières heures – la marine militaire, tirait des obus des plus grands calibres sur les villages côtiers et les hélicoptères Apache ou Chinook poursuivaient pour les tuer de simples citoyens qui pourraient se trouver sur les rues ou sur les routes et qui ne seraient même pas au courant de ce qui passait dans leur pays, dans leurs villes, dans leurs villages, dans leur ciel, dans leurs plaines ou dans leur mer. Les routes, les rues étaient parsemées de cadavres de victimes innocentes. C’était l’apocalypse dans toutes ses effroyables dimensions de fin de monde. Les jours suivants les mêmes scènes d’enfer vont continuer. Il était prévu que devant de telles hécatombes, la reddition générale des uns et des autres ne pouvait être qu’imminente. Et la liste des clauses et des conditions ne laissait rien à des éventuelles négociations ultérieures. On voulait tout et tout de suite : La libération immédiate des deux militaires enlevés sans discussion aucune. Et l’idée de leur échange ne pouvait même pas effleurer l’esprit. Le démantèlement ipso facto de la résistance, c’est á dire le reddition de Hizb Allah avec armes et bagages. D’autant plus que les bombardements du sud de la capitale qui a réduit son quartier général de Haret Hrek en cendres laissait présumer que les israéliens avaient fait disparaître à jamais sous des montagnes de décombres tout l’état major y compris le chef suprême Essayed Hassan Nasr-Allah. Condolezza Rice, la Secrétaire d’État de Bush qu’un de ses compatriotes avait qualifiée d’une infamie pour les gens de couleurs du pays en ces termes : « Nous sommes les descendants des esclaves et nous n’avons pas attendu cinq siècles pour voir l’une des nôtres placée là où elle est pour justifier les massacres des innocents. C’est une honte ! » Elle avait refusé de demander au Conseil de Sécurité un cessez-le feu et avait ajouté à toutes les conditions israéliennes, depuis les bureaux de Washington, une principale, qui dit-elle afin de régler définitivement le problème une fois pour toute ; changer les règles du jeu. Plus tard quand finalement au bout de deux semaines elle se présente dans la région, elle est plus explicite sur ces nouvelles règles du jeu. Elle parle de l’accouchement difficile d’un nouvel Moyen Orient. Mais c’est la meilleure solution. Les batailles héroïques de Bent Jbeil Mais aussi convaincus ou plus que leurs protecteurs usiens et israéliens, les saoudiens étaient les premiers parmi tous les régimes arabes à sauter sur la belle aubaine et apporter leur soutien public à l’opération en cours. Ils rêvent depuis longtemps de découdre avec le terme même de résistance. Donc pour eux, il n’y avait aucune possibilité que la résistance, face à la plus puissante machine de guerre de l’histoire, tienne le coup. Ils ne lui donnent aucune chance. D’ailleurs leur fameux communiqué de presse date du lendemain c’est-à-dire le 13 juillet qui ne laissait aucun doute sur leur adhésion à l’apocalypse. Contrairement à d’autres guerres où ils avaient temporisé pendant un certain temps avant de dévoiler les cartes de leur lâcheté et leur alignement indéfectible sur toutes les entreprises de l’ennemi quel qu’il soit, cette fois-ci pour ne par se trouver en déphasé le jour de la victoire, ils se sont engagés tout de suite. Les deux autres, Moubarak en Égypte et Abdallah en Jordanie étaient aussi de la même opinion. A la réunion des « ministres des affaires étrangères » de tous les régimes arabes en place qui va avoir lieu au Caire plus d’une semaine après le déclenchement de l’enfer, ils se sont alignés en bloc sur la position des saoudiens. Au bout de quinze jours d’enfer, mais sans aucun résultat concret sur aucun point, Condolezza Rice, qui s’était montrée intraitable pendant la conférence de Rome, et son patron Bush commençaient à s’impatienter. Ils décident quand même d’accorder un prolongement des scènes de carnages, et de massacres. Un pont aérien entre les bases militaires de Bush et les bases militaires israéliennes en passant par celles de Blair s’était établi d’urgence afin d’acheminer un meilleur matériel de guerre beaucoup plus performant comprenant entre autres des bombes de plusieurs tonnes capables, dit-on, de percer la terre et atteindre les guérilleros de Hizb Allah qui se trouveraient dans des bunkers à plusieurs mètres sous le sol. Aujourd’hui, on le sait les bombes ont servi à détruire massivement les routes, les vergers des arbres fruitiers et les champs de légumes alors que les guérilleros de Hizb Allah démontraient bien à Bent Jbeil, à Maroun Erras, à Nabatya, à Sayda, à Sour et dans tous les villages, montagnes et plaines du sud, qu’ils ne se trouvaient pas dans des bunkers, mais sur la surface de la terre pour mieux accueillir les soldats de l’ennemi cuirassés dans leurs plus modernes chars et toujours protégés du haut du ciel par des nuées d’hélicoptères et d’avions de toute dénomination. Bref la résistance qui va s’avérer au-dessus de toute espérance, ayant surpris d’une la forme majuscule et qui va gagner toutes les accréditations pertinentes sur le terrain de bataille pour entrer par les grandes portes de l’histoire, n’est pas de la même nature que les forces armées des régimes arabes auxquelles sont habitués les israéliens et qu’ils défaisaient comme s’ils tiraient sur des canards sauvages, et, qu’elle ne va pas donner son bras à retorde aussi facilement. Malgré la destruction presque totale du pays, plus d’un millier de pertes humaines, plusieurs milliers de blessés, des centaines de milliers de personne de la population du sud déplacés vers le nord dans des conditions insupportables et plusieurs autres milliers retenus sur place sans électricité, sans aliments sans eau, son soins, malgré tout ça et beaucoup plus, la résistance a infligé aux israéliens des pertes inimaginables pour eux. Ils n’ont jamais perdu autant de leurs militaires dans toutes leurs guerres réunies qu’ils ont menées jusque là. Jamais les villes et les villages de l’autre côté de la frontière n’avaient été ni même menacés. Toutes les destructions c’était toujours chez l’autre. C’est-à-dire chez les arabes. L’illusion de voir le drapeau blanc de la reddition s’effritait même s’il est vrai qu’à un certain moment il y a eu des pleurs en public. Les pleurs de celui qui n’a jamais été au fond personnellement menacé. Mais ces pleurs ne leur servaient à rien. Il s’agit d’émotions caractéristiques aux régimes officiels arabes. Un mois s’était écoulé. Les trente jours qu’avaient duré toutes les guerres précédentes et les batailles se déroulaient encore corps à corps à Bent Jbeil, le village que les israéliens disaient avoir conquis déjà le premier jour. Et à chaque apparition à la télévision d’Essayed Hassan Nasr Allah, le chef suprême de la résistance, des précisions indiscutables de par leur véracité sont données sur les conditions dans lesquelles se trouve la résistance à chaque stade. Et tout ce qu’il annonçait à venir était encore plus précis. Alors que les états major israéliens politiques et militaires qui avaient perdu le nord pratiquement à la première semaine de l’apocalypse étaient incapables de maintenir un plan de guerre plus de vingt quatre heures. La débâcle en est bien une. Enfin quand Condolezza Rice qui était revenue dans la région et on lui a fait savoir qu’elle n’était pas bienvenue à Beyrouth, elle avait bien compris qu’il ne lui restait plus qu’à donner l’ordre au représentant de Bush à l’ONU, l’arrogant Bolton, pour commencer à rédiger la résolution numéro 1701. Et s’il pouvait avoir de l’aide de quelques alliés ça serait encore mieux. La France s’est portée volontaire avec des intentions bien évidentes et dans la même foulée les représentants des régimes arabes qui pensent encore pouvoir se racheter feront beaucoup de bruit dans les salles de presse de l’ONU à New York. Alors que pendant un long mois, tous sans exception avaient, tout en gardant un silence sépulcral, interdit la moindre manifestation populaire de soutien à la résistance et leurs programmes d’intoxications à travers les journaux, les stations de radio et les chaînes de télévisions habituelles déversaient continuellement leurs égouts habituels. A Tunis on célébrait avec enthousiasme l’arrivée de la chanteuse Maria Carey. Enfin la question qui se pose à tous ces régimes n’est pas celle de la solidarité avec un peuple frère, mais tout simplement la solidarité avec un peuple quelconque agressé et qui a largement mérité l’affection et la solidarité de tous les peuples de la terre, du Venezuela à toutes les capitales du monde y compris Washington jusqu’au pays basque en Espagne. Ils vont à voir à répondre à la question tôt ou tard. Qui sait plus tôt qu’ils ne le pensent. La débâcle de l’ennemi Quand finalement ils étaient tous arrivés – les israéliens, leurs alliés occidentaux et les régimes arabes – à la conclusion que cette fois les règles du jeu ont effectivement changé, il ne leur restait plus qu’à sauver la face, chacun selon les chances qu’il pensent avoir encore de survie politique. Tous ont pris conscience à présent que les temps où les israéliens – tout en se servant les premiers – constituaient le fer de lance, l’invincible terreur de la région qui les protégeait, ou l’alibi de poids pour se maintenir dans leur tyrannie, sont bien révolus. Le souffle de la résistance s’est avéré beaucoup plus long que celui de tous les ennemis réunis. La résolution, même si à escient, est bien ambiguë, ne laisse aucun doute sur la débâcle. De toute manière Essayed Hassan Nasr Allah avait tiré cette même conclusion tout à fait au début. Mais ni Bush, ni Olmert, ni les régimes arabes ne sont sentis concernés. Tous se sont dit mais qu’est ce qu’il raconte ce type ? – Imperturbable le chef Nasr Allah a répété la même chose à chacune de ses quatre apparitions. Il avait promis la victoire et il a eu raison. Et comme l’écrit Abdel Bari Atwan, le directeur du journal arabe édité à Londres El Quods El Arabi, dans son éditorial d’aujourd’hui 14 août « Le tremblement de terre, c’est celui qui va avoir lieu, à partir du cessez-le feu, à l’intérieur même des dirigeants militaires et politiques israéliens qui doivent rendre compte sur le pourquoi et le comment de leur débâcle. Sur le comment aller en guerre en aventuriers sans calculer d’avance les conséquences, sans avoir les renseignements précis sur les capacités politiques et militaires de l’ennemi, sans avoir pris en considération les réactions de la population à l’intérieur du Liban ni celles des masses populaires arabes ? » En effet et contrairement à ce que les saoudiens – de par leur infamie habituelle – avaient soutenu, à savoir que la résistance se serait engagée dans une aventure sans calculer les conséquences de leur action, ce sont bien les israéliens que se sont avérés les aventuriers et ce malgré l’énorme écart entre leurs forces et celles de la résistance. Quant au professeur émérite, à l’université de Georgetown de Washington, Norman Birnbaum dans un long article paru aujourd’hui 14 dans le quotidien espagnol El Pais sous le titre : « ¿Est-ce que Israël est une bonne chose pour les juifs ? » Et il écrit : « La fameuse association stratégique qu’on dit entre les Etats-Unis et les israéliens ne devrait pas être nécessairement entendue comme éternelle. A partir du moment où les dirigeants usiens décident que des intérêts stratégiques plus amples et plus importants exigent une sujétion ou même l’abandon des israéliens ils ne douteraient pas de le faire. » Et plus loin, il écrit : « Une politique neutre de l’Administration U.S au Proche Orient ne devrait pas nécessairement être préjudiciable aux israéliens, tout à fait le contraire, elle réduirait l’agressivité et le militarisme qui dominent dans la culture politique des israéliens. L’autre jour un général israélien a fait une évaluation de grand calibre en déclarant qu’Israël est en guerre depuis 6000 ans…» Le professeur qui est lui même de confession israélite, sait à quoi s’en tenir en émettant ses critiques. Il écrit que si ceux qui ne sont pas de la même religion sont automatiquement accusés d’antisémitismes, les coreligionnaires, comme lui, sont tout simplement accusés de s’auto-haïr. Dans la même ligne d’analyse de la situation ou presque, Abdel Bari Atwan écrit dans le même article : « Les conséquences psychologiques de la débâcle seront beaucoup plus profondes et menacent sérieusement le projet des pères du sionisme et de tous ceux qui le soutiennent soit à l’intérieur de la Palestine occupée soit ceux de l’extérieur (…) Le monde s’aperçoit aujourd’hui qu’Israël représente un fardeau lourd à porter sur le plan sécuritaire et moral. Cet état qui se caractérise par ses activités agressives et particulièrement par son terrorisme d’état est devenu le plus puissant instigateur de l’extrémisme (…) Toutefois, il faut bien attirer l’attention sur le fait que les vaincus dans cette guerre, particulièrement les États-Unis et les israéliens, vont difficilement digérer leur défaite et lécher leurs blessures calmement. Les expériences dans le passé et précisément au Liban même, nous renseignent qu’ils ne sont pas ainsi, et, peuvent bien recourir à d’autres méthodes pour se venger du Liban et de son peuple telle que la remise en vigueur de la culture des milices ou même provoquer la guerre civile. » Enfin selon la correspondante du journal El Pais toujours du 14 le premier ministre israélien Ehud Olmert qui aurait reçu dernièrement les parents des soldats Regev et Goldwasser, leur a dit qu’il va négocier leur libération avec le Parti de Dieu (Hizb Allah) et que s’il n’a pas imposé explicitement cette exigence dans la résolution 1701, c’était justement pour faciliter la fin de la guerre. Et des porte parole militaires assurent que tout au long de la guerre on a réalisé de nombreuses et très dangereuses recherches des deux soldats qui n’ont malheureusement donné aucun résultat. Sur cette question encore une fois c’est Essayed Hassan Nasr Allah qui a dit la vérité et tous les autres ont menti. Il a dit que celui qui pense les libérer sans plus, il se fait des illusions, des illusions, des illusions. Il a répété trois fois le terme. Ils ne seront libérés qu’à travers des négociations indirectes et en échange de nos prisonniers. De toute manière la question posée par le professeur Birnbaum reste une affaire qu’ils sauront résoudre entre eux. Mais le plus significatif dans le témoignage et de beaucoup d’autres qui vont apparaître dans les prochains jours vont donner les dimensions réelles de la débâcle, la première dans son genre, ce qui va permettre au monde de découvrir le grand mensonge maintenu pendant des longues décennies à travers toutes les atrocités et les humiliations qui sont devenues le pain quotidien des peuples arabes et musulmans. Dans un précédent article à la suite du massacre des enfants de Qana sous le titre Qana, Sud du Liban (Les portes de l’enfer), j’avais écrit le suivant : [i]« Mais l’enfer, tout l’enfer finira par se renfermer plus tôt qu’ils ne le pensent sur eux-mêmes. Il ne se l’imagine même pas. Et pourtant il est inexorablement en train de le faire. »

Pour Israël c’est le début de la fin…

Par Daniel M. Pourkesali   12 août 2006   C’est fou, ce que les choses peuvent changer, en trois semaines ! On sait que les fomenteurs de guerre sont dans la merde, dès lors que le Premier ministre (libanais) sunnite Fouad Siniora, ce premier ministre soutenu par les Etats-Unis, qui n’aurait pas hésité jusqu’à la semaine passée à s’ afficher sur les photos en compagnie de Condoleezza Rice [1], lui dit qu’ elle n’est pas la bienvenue à Beyrouth tant qu’elle n’exigera pas et qu’elle n’imposera pas un cessez-le-feu immédiat. Après quoi, il a remercié le Hizbullah [2], cette épine qu’il avait depuis si longtemps fichée dans le flanc, pour ses sacrifices dans la défense et la protection du Liban.   Bush-Blair & Cie, dans leur soutien à l’unisson de l’agression israélienne barbare contre le Liban, ont réussi à renverser totalement la proverbiale table politique – je précise : sur leur tronche. Leur adoption de la notion absurde d’un Israël pratiquant soi-disant l’autodéfense et leur insistance entêtée à répéter qu’il ne saurait y avoir d’arrêt de l’offensive israélienne tant que les combattants du Hizbullah n’auront pas été chassés de la zone frontalière ont non seulement renforcé le Hizbullah, mais apporteront une eau bien venue au mouvement de la résistance anti-sioniste, au Liban, bien entendu, mais aussi bien au-delà de ce pays.      Nathan Gardels, rédacteur en chef d’une revue de réflexion sociale et politique, publiée par Blackwell/Oxford, ainsi que Global Services, un service de la rédaction du Los Angeles Times, lors d’une interview récente [3] de Zbigniew Brzezinski, ont posé la question suivante à l’ancien conseiller ès sécurité nationale du Président Carter : « La supériorité militaire, en tant qu’instrument brutal, ne conduit-elle pas à une inimitié éternelle, plutôt qu’à la sécurité ? »      Voici ce que Brzezinski a répondu : « Ces préconisations des néocons, dont Israël a le pendant, sont fatales pour l’Amérique, et elles seront fatales, en fin de compte, pour Israël. Elles vont finir par retourner totalement l’ écrasante majorité des populations du Moyen-Orient contre les Etats-Unis. Les leçons de l’Irak parlent d’elles-mêmes. A la fin des fins, si la politique néoconne continue à être poursuivie, les Etats-Unis seront exclus de cette région du monde, et ce sera alors aussi le début de la fin, pour Israël ». [Amen ! ndt]      Ensuite, Gardels demande à Brzezinski : « La mort de si nombreux citoyens innocents, à Qana, dans le Sud du Liban – à l’instar du massacre de Hadîtha, en Irak, perpétré par l’armée américaine – n’envoie-t-elle pas aux Arabes et aux Iraniens un message selon lequel le « nouveau Moyen-Orient » concocté par les Etats-Unis et Israël sera fait d’occupation militaire, de carnages et de sang versé ? »      Ce à quoi, Brzezinski répond : « C’est précisément la raison pour laquelle la politique néoconne est catastrophiquement dangereuse, tant pour l’ Amérique que pour Israël ». Il poursuit ensuite, en expliquant qu’ « aujourd ‘hui, il est de plus en plus difficile de dissocier le problème israélo-palestinien, le problème irakien et le problème iranien. Ni les Etats-Unis, ni Israël n’ont la capacité d’imposer une solution unilatérale au Moyen-Orient. Même s’il y a des gens qui se bercent d’illusion à ce sujet, et pour qui le réveil sera très douloureux. »      « L’opinion publique, dans l’ensemble du monde arabe, a réagi en soutenant fermement le Hizbullah et le Liban », a écrit Rami Khouri dans un article récent du quotidien de Beyrouth en anglais Daily Star [4]. « Washington est incapable de ressentir la douleur de sa castration diplomatique auto-infligée, conséquence de sa prise de parti pour Israël ».   Les bombardements aveugles et incessants d’Israël sur le moindre village, la moindre petite route, le moindre pont et tous les types d’infrastructures du Liban, qui ont tué à ce jour plus de mille personnes, dont beaucoup d’ enfants, et chassé de chez eux plus d’un million de personnes, ont forgé une unité remarquable tant dans le monde politique qu’au sein de la population libanaise, qu’il s’agisse des Chrétiens, des Musulmans sunnites ou des Musulmans chiites. Ceux des Libanais qui ont pu un moment rejeter le Hizbullah lors du déclenchement de la crise actuelle ont désormais rejoint l ‘unanimité des Libanais, qui le soutiennent.      La politique néoconne absurde inventée et adoptée par Bush-Blair, consistant à faire des guerres en vue d’obtenir la paix aura pour effet de générer de plus en plus de sentiments anti-américains et anti-israéliens, et de renforcer la résolution et le soutien apporté à tous ceux qui résistent à l’ axe agresseur Washington-Londres-Tel Aviv.   on Campaigniran.org, 3 août 2006   source anglaise http://www.campaigniran.org   Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour         http://altermonde-levillage.nuxit.net

 

La paix des cimetières

 
Laurent Laplante Québec, le 14 août 2006
D’énormes avalanches de candeur, d’ignorance ou de mauvaise foi sont nécessaires pour considérer comme un cessez-le-feu la cynique mascarade à laquelle vient de s’adonner le Conseil de sécurité de l’ONU. Même si les États-Unis et la France avaient déjà vicieusement vidé les mots de leur sens, rien ne justifie, en effet, la propagande lénifiante et mensongère qui maquille en paix équitable et négociée l’agenouillement imposé au Liban. Rien non plus ne rend crédible ou tolérable l’absolution accordée par le Conseil de sécurité aux exactions commises par Israël et son complice étatsunien. Croire ce que le Conseil de sécurité de l’ONU brandit comme une promesse de paix, ce serait de notre part, semblables aux Allemands de 1932 ou de 1934, nier la montée de l’impérialisme raciste. ——- La réalité, ce n’est pas que les armes se sont tues ou vont se taire. Personne, pas même ceux qui nous demandent de le croire, n’adhère à cette fiction. Les envahisseurs israéliens occuperont le sol conquis aussi longtemps qu’ils le voudront. Le Hezbollah, que Tsahal affronte le moins possible, gardera ses armes et continuera à s’arroger le rôle de l’armée nationale libanaise. Bombes et roquettes continueront à pleuvoir, tout simplement parce que le Conseil de sécurité perd son temps et le nôtre à ergoter sur ce qui ne se produira pas. Rien ne garantit un cessez-le-feu, car aucun des deux belligérants n’en veut. Quand le Hesbollah s’impatientera, à juste titre d’ailleurs, des vols israéliens et de la circulation des drones à quelques mètres au-dessus des civils libanais, il tirera quelques roquettes. Et Israël, jugeant que le Hezbollah continue ses activités qualifiées de terroristes, reprendra ses bombardements, si même ils ont été suspendus. Et le vaste choeur des menteurs à gages et des inconditionnels de la diaspora réaffirmera le droit d’Israël de se défendre. Cessez-le-feu ? Mensonge délibéré et insulte à l’intelligence. Ce n’est pas parce que plusieurs de nos quotidiens populaires affirment qu’« Israël accepte le cessez-le-feu » qu’il faut les croire. Présumons quand même la bonne foi de ces vendeurs de copie, car il ne faut jamais évoquer de noirs complots quand la bêtise suffit. ——- Faut-il, malgré tout, s’interroger sur l’identité des vainqueurs ? Je le crois, sans aimer l’exercice. La victoire tangible et scandaleuse, c’est celle des militaires sur les civils. Celle des bombes israéliennes sur les Libanais sans armes ni uniforme. Tout comme la victoire étatsunienne sur le Japon de 1945 fut celle des bombes atomiques larguées sur des civils. Semblable à celle que recherchait Hitler avec ses V-1 et ses V-2. Semblable à celle des « libérateurs » étatsuniens bombardant Dresde. En oubliant qu’à triompher grâce à l’immolation des non-belligérants, on se salit. Que je sache, la démocratie préfère les mains nettes. Qu’on nous épargne la propagande pro-israélienne selon laquelle les civils libanais ne sont morts qu’en raison de la présence à leurs côtés et dans leurs caves des terroristes du Hezbollah. Malgré la censure qu’Israël impose, toute personne de bonne foi sait aujourd’hui, grâce à Human Rights Watch et à des journalistes présents sur les lieux comme Robert Fisk, que cette mauvaise excuse vise à occulter les crimes de guerre d’Israël. Aucune preuve n’a été offerte à l’appui de cette accusation et les exemples abondent d’attaques menées par Israël contre des cibles sans le moindre intérêt militaire. ——- La réalité, ce n’est pas que le Conseil de sécurité fait se lever la paix sur un pays saigné dans ses vivants et dans son âme. C’est qu’un État injustement écrasé sous les bombes est contraint à une capitulation honteuse et qu’il voit se recroqueviller le territoire national. Peut-être même ce pays est-il déjà promis à la disparition. La réalité, c’est qu’un millier de ses enfants sont morts, que des milliers d’autres vivront avec l’hypothèque de blessures et de handicaps, qu’un quart de la population appartient désormais à la sous-race des réfugiés, que des milliers d’humains renoncent à habiter un pays soumis aux crimes israéliens et à la lâcheté onusienne, que la destruction de ses infrastructures renvoie la société un siècle en arrière. Et tout cela, pour quel crime exactement ? Qu’on le nomme. J’entends d’avance la rengaine : Israël a le droit de se défendre. C’est vrai, mais n’en déplaise à tous les Olmert, Bush, Harper et Ignatieff dont nous sommes affligés, un monde de décence et de dignité distingue la légitime défense de la barbarie. Tuer dix fois plus de civils libanais que de militants du Hezbollah, ce ne peut pas être une défense légitime. Se confirme la conclusion de La lettre à un otage de Saint-Éxupéry : « Il n’y a pas de commune mesure entre le combat libre et l’écrasement dans la nuit ». Ce qu’avalise le Conseil de sécurité, c’est une bassesse et une lâcheté morbide. Chaque militant du Hezbollah aurait-il la feuille de route du tueur en série que Tsahal agirait sans décence en liquidant plus de victimes que lui dans sa rage de ne pas le neutraliser. Cette indécence est observable. Les civils libanais ont été pris en otages et ravalés au rôle négligeable de dommages collatéraux. Leur mort, de dire le suave Bolton, pèse moins lourd que celle des civils israéliens. Himmler aurait approuvé. ——- Ce que nous avons devant les yeux, c’est une invasion israélienne qui n’a rien à voir avec l’enlèvement d’un soldat israélien. C’est une guerre menée à l’encontre des pauvres règles qui tentent de civiliser quelque peu la conduite des opérations militaires. C’est la colère de généraux qui, au lieu d’affronter le Hezbollah et ses guerriers fanatiques, s’adonnent au sacrifice d’humains innocents en jouant les victimes. La paix qu’impose le Conseil de sécurité, c’est celle des cimetières. (Source : « Dixit Laurent Laplante », le 14 août 2006) Lien: http://www.cyberie.qc.ca/dixit/20060814.html


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