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Le Parisien: Ben Ali expurgé des manuels scolaires en Tunisie
Le Figaro: Tunisie: un supporter de football tué
Gnet: Commerce, la Tunisie face à une concurrence rude sur le marché libyen
Jeune Afrique: Tunisie : pour Kamel Morjane, « la démocratie ne s’invente pas »
Ben Ali expurgé des manuels scolaires en Tunisie
Les manuels scolaires tunisiens ont été expurgés des passages laudateurs consacrés au président déchu Zine El Abidine Ben Ali, a annoncé le ministère de l’Education alors que près de deux millions d’élèves reprennent le chemin de l’école jeudi. «Tous les passages sur l’ex-président ont été enlevés, notamment dans les livres d’histoire et d’éducation civique», a déclaré Mohamed Sfar, porte-parole du ministère.
Pour la première rentrée post-révolution, 370 titres (dont 4 nouveaux et 28 modifiés) ont été publiés en 12 millions d’exemplaires. «Nous avons supprimé tout ce qui relève de la farce politique de l’ancien régime», a déclaré pour sa part le directeur d’édition du Centre National pédagogique, Belgacem Lassoued, au quotidien local, La Presse. Les années précédentes, les manuels d’enseignement débordaient de photos du président déchu et de son épouse Leila Trabelsi, et les élèves de 3e devaient étudier des extraits de discours de Ben Ali, rappelle notamment le journal. La Tunisie compte près de 6 000 établissements scolaires dont les trois quarts sont des écoles primaires, 57 000 instituteurs et 76 000 professeurs, a détaillé, lundi le ministre de l’Education. Elections le 23 octobre La désignation des directeurs et proviseurs, «jadis effectuée d’une manière anarchique, se fait désormais en fonction de critères fondamentaux, à savoir l’aptitude pédagogique, l’ancienneté et les diplômes», a également souligné le ministre. La révolution tunisienne a chassé du pouvoir Ben Ali qui a trouvé refuge depuis la mi-février, en Arabie Saoudite. Après de longues années sous le régime dictatorial de Ben Ali et de sa femme, Leila Trabelsi, la Tunisie s’apprête à vivre ses premières élections démocaratiques, le 23 octobre prochain.
Source: “Le Parisien” Le 13-09-2011
Tunisie – Constituante : flou et inquiétude chez les électeurs !
Par Mounir Ben Mahmoud
S’il est vrai que les structures régionales de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) ont rencontré des difficultés logistiques pour répondre, dans les délais, au flux immense des candidatures qui lui sont parvenues, ceci n’est rien comparativement au flou qui embaume les esprits des citoyens appelés à faire un choix déterminant pour l’avenir de la Tunisie. Les électeurs n’ont jamais été placés face à leurs responsabilités pour faire le choix de la société qui leur sied le mieux. Ils ont été habitués à ce que l’on décide à leur place ou, à la limite, à ce qu’il y ait un semblant de ‘consensus national’ auquel ils n’avaient qu’à adhérer sans se casser la tête. Aujourd’hui, la révolution du 14 janvier a permis de changer la donne. Ce sont les citoyens tunisiens qui vont choisir le modèle de société qu’ils veulent. Ils vont exprimer ce choix dans la nouvelle constitution qui va être rédigée par les députés qui seront élus le 23 octobre prochain. Une société civile dynamique et plus de 110 partis politiques veillent à réunir toutes les conditions objectives afin que les prochaines élections soient libres, démocratiques et transparentes et à ce que les résultats sortis des urnes traduisent la volonté populaire. L’Instance supérieure indépendante des élections, présidée par Kamel Jendoubi, fait de son mieux pour garantir les meilleures conditions pour la tenue de ces élections. Mais, une donnée essentielle manque à ce tableau. Les citoyens ne savent pas où donner la tête face à cette floraison de partis politiques et de listes indépendantes. Cette difficulté de choix est d’autant plus évidente que la majorité des partis politiques n’ont pas encore dévoilé de programmes. Ils se limitent à des slogans partagés par tous, parlant sommairement de démocratie, d’égalité, de magistrature indépendante et d’équilibre régional. Or, la question est beaucoup plus profonde. Le 24 octobre prochain, la Tunisie aura une chambre de représentants élus qui seront appelés à décider du choix sociétal mais, aussi, du nouveau budget pour l’année 2012. Pourtant, aucun parti ne s’est adressé à la population pour parler de ses choix en matière de fiscalité. Ils se sont limités à nous parler d’équité fiscale. La fiscalité n’est d’ailleurs qu’un exemple parmi un lot de questions pratiques auxquelles le nouveau gouvernement issu des élections, est appelé à répondre. D’autres questions sont aussi simplistes que pertinentes. Les jeunes qui se sont révoltés contre le chômage et la précarité, veulent voir la fin de leur calvaire et ils se demandent sur les moyens de le faire. Les partis politiques sont appelés à s’exprimer sur cette problématique. En plus et comme il s’agit de rédiger une Constitution, les partis sont dans l’obligation de nous dévoiler leur position sur l’éducation qu’ils vont proposer aux enfants, le modèle de justice qu’ils conçoivent, la place de la femme dans la société, etc. En l’absence de telles réponses, comment pourrait-on choisir ? Comment pourrait-on distinguer le bon grain de l’ivraie ? L’expérience est certainement très réussie jusque là avec plus de 1600 listes et 10.000 candidats pour les 217 sièges de la Constituante. Mais, les citoyens sont perplexes et ont peur de choisir. Ce n’est pas parce que Hamma Hammami, Néjib Chebbi, Rached Ghannouchi ou Moncef Marzouki, voire Mustapha Ben Jaâfar et Ahmed Brahim, ont été bousculés par le régime dictatorial de Ben Ali, qu’on doit leur accorder confiance. Les citoyens veulent être sûrs que le nouveau régime issu des prochaines élections traduise leurs aspirations de liberté politique et de justice sociale. Or, les slogans n’ont jamais suffi pour bâtir un Etat. Un programme clair est nécessaire. Il est censé exploiter comme il se doit les ressources humaines et matérielles de la Tunisie pour la faire sortir du gouffre et épargner son peuple de nouvelles années de disette socioéconomique. Face à ces enjeux fondamentaux, il n’y a que l’overdose de candidatures comme réponse disponible. Donc, les citoyens auront des difficultés pour faire leur choix, surtout en l’absence de programmes politiques et économiques clairs. Hormis le Forum de Ben Jaâfar et le pôle démocratique progressiste évoluant autour d’Ettajdid, voire le PDP de Néjib Chebbi, qui ont dévoilé des séries de mesures pratiques pouvant être assimilées à des programmes, le reste des partis politiques, y compris Ennahdha, n’ont pas présenté de programme. Ennahdha n’a cessé de nous promettre un programme qui n’a pas encore mûri. La dernière promesse remontait à l’après-Aïd, soit une bonne quinzaine de jours. Donc, s’il est vrai que ce moment laisse entrevoir un espoir de démocratie en Tunisie, l’absence de programmes laisse planer des craintes quant à l’avenir de ce processus. La transition politique ne peut réussir comme il se doit que sur la base d’un programme économique propulsant la Tunisie vers une société technologique.
Source: “Business News” Le 13-09-2011
Tunisie: un supporter de football tué
Un Algérien est mort et des dizaines de personnes blessées dans des violences dimanche au stade El Menzah de Tunis en marge d’un match de la coupe de la Confédération africaine de football (CAF), a annoncé cet après-midi le porte-parole du ministère de l’Intérieur. « Un nombre important de personnes ont été blessées lors des affrontements, et 46 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue », a-t-il ajouté. Les violences avaient éclaté pendant la rencontre opposant le Club africain de Tunis face à la formation ivoirienne de l’ASEC Mimosas (1-0) en match comptant pour la 5ème et avant dernière journée de la phase de poule de la coupe de la Confédération africaine de football (CAF). Après un quart d’heure de jeu, l’arbitre avait dû arrêter le match à cause de fumigènes lancés par une partie du public sur le terrain. Le jeu avait repris après l’intervention des forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes. La veille, des heurts avaient également opposé des supporters lors de la rencontre entre l’Espérance de Tunis et MC Alger en ligue des champions d’Afrique (groupe B).
Source : « Le Figaro » Le 13-09-2011
Erdogan à Tunis : la Turquie entre dans le bal… des élections !
Commerce, la Tunisie face à une concurrence rude sur le marché libyen
La Libye est le cinquième partenaire commercial de la Tunisie, et son premier partenaire arabe et africain. Sa part dans le commerce extérieur tunisien est de 3,7 %, ce qui équivaut à 1905 millions de dinars, exportations et importations confondues. Quelque 1100 exportateurs tunisiens travaillent sur la Libye, la valeur annuelle des exportations au cours de ces trois dernières années a été de 1080 millions de dinars. C’est dire l’importance du marché libyen pour la Tunisie. Les répercussions de la guerre libyenne sur l’économie tunisienne a été au centre du Lundi économique, une émission de Radio Kalima et de Gnet, en présence de Lotfi Khedir, directeur de l’observatoire du commerce extérieur, et de Mongi Mkadem, économiste.
Globalement, au regard d’une conjoncture mondiale erratique, caractérisée par un ralentissement du commerce mondial joint à la conjoncture interne difficile, le volume des exportations tunisiennes a reculé de 27,5 %, dont une baisse importante des exportations des phosphates et dérivés, suite à la baisse de la production destinée à l’export, ce qui constitue un important manque à gagner pour la Tunisie, a fortiori qu’elle est en train de manquer une conjoncture favorable, caractérisée par la hausse des cours du phosphate. S’agissant de nos exportations vers la Libye, elles ont reculé de 4,2 % sur les premiers 8 mois de l’année 2011, soit un maque à gagner de 27,8 millions de dinars. Excepté les industries agroalimentaires, tous les autres secteurs ont reculé. Nos exportations vers notre voisin du sud sont diversifiées et touchent les industries diverses (38,7 %), l’électromécanique (28,4%), l’agroalimentaire (27 %) et le phosphate (6 %). Nos importations sont dominées par les hydrocarbures, la Tunisie en a importé ces derniers temps de la Turquie. En matière agroalimentaire, et pour répondre à une forte demande, la Tunisie a augmenté ses exportations vers la Jamahiriya, aux dépens d’autres marchés suédois, belge… »En ce qui concerne les autres types de produits destinés à l’export, certains opérateurs ont pu trouver des solutions de rechange en acheminant leur production vers le Maroc, le Rwanda, le Congo, l’Algérie », fait savoir Lotfi Khedir. Outre la la marchandise transitant par le circuit formel, la part du commerce parallèle entre la Tunisie et la Libye est extrêmement importante, se transformant en une véritable contrebande pendant la guerre en Libye. Mais, le ministère n’en tienne pas compte, ses chiffres ne concernent que les transactions commerciales déclarées. « Il est difficile de quantifier la part du commerce parallèle », indique Lotfi Kedher annonçant la création d’une unité de gestion par objectifs pour organiser le commerce au niveau de la zone frontalière. « Maintenant que la situation politique a changé en Libye, avec la chute du régime Kadhafi, quel type de relations économiques veut-on construire entre la Libye et la Tunisie ? » Se demande Mongi Mkadem. « Auparavant, nos relations bilatérales étaient sujettes à l’humeur de Kadhafi, quid de maintenant. Seront-elles toujours régies par l’humeur politique ? », s’interroge-t-il. Une question à laquelle il est difficile de répondre. La Tunisie semble se préoccuper plus, en l’état actuel des choses, de gérer la situation actuelle que de se projeter dans l’avenir. Lotfi Khedir annonce, néanmoins, que la Tunisie compte consolider sa présence en Libye. « Il faut que l’on tire profit de la proximité et qu’on améliore la qualité de nos produits, car il y a une grande concurrence ». La Libye est devenue en effet l’objet de convoitise, en France pour ne citer que cet exemple, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, s’est réuni dernièrement avec les membres du MEDEF, et les a incités à profiter du capital de sympathie de la France en Libye et d’exploiter les perspectives d’investissements là-bas. En Tunisie, l’UTICA a ouvert une antenne à Tripoli, et le gouvernement a mis en place un bureau pour la promotion des exportations à Benghazi et n’a pas encore l’intention d’en ouvrir un dans la capitale libyenne ; les actions coordonnées font encore défaut.
Source: “Global Net” Le 13-09-2011
DES CENTAINES DE MILLIARDS DE PERTES POUR L’ÉCONOMIE NATIONALE
L’est du pays ravagé par la contrebande
Les révoltes libyenne et tunisienne ont charrié leur lot de malheurs que l’Algérie subit de plein fouet.
1276 affaires de contrebande ont été traitées, 256 personnes arrêtées, 215 véhicules, près d’un million de litres de carburants saisis, ainsi que 849 têtes de bétail pour une somme de plus de 60 milliards de centimes. Les chiffres sont effarants. Jamais l’activité illicite n’a connu un essor pareil au niveau de nos frontières! C’est dire que la menace n’est pas seulement une éventuelle contamination par les révoltes arabes, elle n’est pas uniquement terroriste mais également économique. Ces chiffres renseignent à quel point l’économie nationale est saignée. Et les pouvoirs publics pris dans cet étau n’ont pas le droit à l’erreur dans cette partie du pays. Il ne faut surtout pas que la semoule, ou le carburant manquent! Mais plus grave encore, c’est le trafic du mercure qui a augmenté de 171,20%! Cet élément chimique est hautement dangereux dans la mesure où il sert à la fabrication d’explosifs puissants. Il n’est pas à écarter d’ailleurs, que ce trafic est impulsé par les groupes islamistes armés qui pullulent dans la région du Sahel et en cette période de troubles. Il y a également le trafic du corail qui a augmenté de 180%, toujours selon les services de sécurité. Une autre atteinte à l’équilibre marin sachant que le corail est une espèce en voie de disparition en Algérie. Le soulèvement populaire en Tunisie, la guerre civile en Libye, deux pays qui partagent plus de 1000 km de frontières avec l’Algérie, ont été des facteurs déterminants dans l’activité de la contrebande au niveau de la bande frontalière est et sud-est. Ce trafic illicite a augmenté de 69, 23% selon le bilan des services de sécurité. Et l’on craint le pire. La Gendarmerie des gardes-frontières (GGF) a traité de son côté pas moins de 817 affaires avec l’arrestation de 26 personnes sachant que 806 affaires demeurent contre X. Lors de leurs opérations, les GGF ont saisi 130.805 litres, de mazout, 306.910 litres d’essence, 84 véhicules et 754 têtes de bétail pour une somme évaluée à plus de 20 milliards de centimes. Les contrebandiers se concentrent particulièrement entre l’Algérie et la Tunisie, a-t-on précisé lors de la conférence de presse tenue hier au niveau du commandement de la Gendarmerie nationale de la 5e Région militaire. Ce sont surtout les produits alimentaires qui constituent pour les réseaux de la contrebande un fruit bien juteux. Et le spectre d’une crise alimentaire n’est pas à écarter. Des observateurs bien avertis ont déjà tiré la sonnette d’alarme et soutiennent le risque d’une éventuelle pénurie en mesure de s’étendre à tout le territoire national. Ce sont des tonnes de semoule, d’huile, de lait et de sucre qui transitent illégalement par les frontières et ce sont des millions de personnes qui se retrouvent à leur insu, otages de la contrebande. Le phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur à la faveur des crises sociales en Tunisie et en Libye, a été abordé par le ministre du Commerce Mustapha Benbada, mais ne donnera aucun détail sur les mesures de lutte contre ce grave fléau. Les deux pays voisins ne sont pas près de sortir de leurs crises pour l’instant, et que ce soit sur les plans sécuritaire, social ou économique, c’est l’Algérie et elle seule, qui en subit les conséquences. Il va sans dire que l’alerte est déjà au rouge, notamment, et cette hémorragie commence à bien se sentir au niveau des wilayas de l’Est. Le contexte n’est certainement pas au profit de l’Algérie qui a réussi jusque la à maîtriser sereinement le cap de la révolte arabe. Les réseaux de contrebande mus par leur motivation dévastatrice de ruiner l’économie du pays sont certainement pilotés par de gros requins qui tirent leur intérêt à voir l’Algérie replonger dans une crise sociale aux conséquences lourdes. Cela est flagrant aussi de constater qu’aucun pays occidental ou arabe ne se soucie des retombées néfastes, subies par l’Algérie depuis plusieurs mois. Les mêmes services ont procédé, au cours de cette période qui n’a pas été de tout repos, surtout au niveau des frontières, au traitement de 12.630 affaires, dont le trafic de drogue, l’immigration clandestine, le crime contre l’économie et le crime organisé avec l’arrestation de 584 femmes et là aussi, on note une augmentation de 10,50% avec les précisions de 794 crimes, 7914 délits et 3862 contraventions.
Source: “L’expression” Le 13-09-2011
Lien: http://www.lexpressiondz.com/actualite/138786-l-est-du-pays-ravage-par-la-contrebande.html
Tunisie. Cascade de démissions au Pdp
Que se passe-t-il au sein du Parti démocratique progressiste (Pdp) du tandem Chebbi-Jeribi ? Chaque jour apporte son lot de récriminations et de démissions.
Au début, ça a commencé par des démissions individuelles. Peu à peu, on en est venu à des démissions collectives, accompagnées de communiqués décrivant le malaise qui gagne les militants du parti face aux intrus, imposés par la direction et souvent issus du Rcd, l’ex-parti au pouvoir dissous.
Après Bizerte et Radès, où de nombreux membres du bureau ont claqué la porte, c’est au tour de la cellule du parti de la Cité du Stade à Hammam-Lif de faire de même. Cette démission a été confirmée lundi par le bureau local à travers un communiqué où sont mentionnés les noms des signataires, les adhérents démissionnaires.
Cette décision prise depuis le 6 septembre n’a pas été confirmée par la section de Hammam-Lif qui a vite démenti l’information.
Apparemment, il y a des frictions internes au sein de ce parti et les adhérents semblent ne pas partager la nouvelle ligne politique de leur leader, jugée trop complaisante à l’égard des hommes d’affaires et des militants issus du système Ben Ali.
Source: ”Kapitalis” Le 13-09-2011
Lien: http://www.kapitalis.com/politik/55-debat/5820-tunisie-cascade-de-demissions-au-pdp.html
Bien que contesté en raison de ses liens avec l’ancien régime, l’ex-ministre des Affaires étrangères de Ben Ali estime qu’il a un rôle à jouer sur la nouvelle scène politique tunisienne. Et s’en explique.
Juriste de formation, diplômé de l’Institut de hautes études internationales de Genève (IHEI), de l’université du Wisconsin et de l’Académie de droit international de La Haye, Kamel Morjane revendique ses racines destouriennes et revient sur la scène politique à la tête d’un nouveau parti, El-Moubadara (« l’initiative »), qu’il a fondé avec des jeunes des régions, entre autres. Ses fonctions à l’ONU, notamment au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), qu’il a intégré dès 1977, l’ont conduit de Djibouti au Caire en passant par Kinshasa, mais également à Genève, où il a représenté laTunisie auprès de l’office de l’ONU et présidé l’organe de règlement des différends et le comité des affaires administratives et financières de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Rappelé à Tunis en 2005, il est nommé ministre de la Défense, puis prend la tête des Affaires étrangères en janvier 2010. Après la révolution du 14 janvier 2011, il est reconduit à son poste dans le gouvernement provisoire de Mohamed Ghannouchi, mais est contraint à la démission sous la pression de la rue.
Si ce diplomate de carrière est une figure appréciée sur la scène internationale, où il compte de nombreux soutiens, il est plutôt contesté en Tunisie, où certains lui reprochent une lointaine parenté avec Ben Ali – il a épousé la fille d’un cousin de l’ex-raïs –, ses liens avec les États-Unis et, surtout, d’avoir siégé au bureau politique du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, ex-parti au pouvoir). À 63 ans, ce père de deux enfants tente aujourd’hui de se positionner dans le nouveau paysage politique du pays. Se disant fédérateur, Kamel Morjane veut rassembler autour d’un projet d’inspiration destourienne, un courant auquel beaucoup de Tunisiens sont sensibles. Bien qu’étant inéligible, il contribue, par sa personnalité et son expérience, à donner de la crédibilité à son parti dans la perspective de l’élection de la Constituante, le 23 octobre.
Jeune Afrique : Où en êtes-vous huit mois après le 14 janvier ?
Kamel Morjane : En tant que démocrate convaincu, je suis heureux des mutations que vit le pays, des débats qui s’installent. Le parti El-Moubadara, dont je suis le fondateur, travaille à partir des données et des demandes de cette nouvelle Tunisie, tout en étant ancré dans un terreau destourien progressiste.
Beaucoup pensent que le 14 janvier a été le fruit d’un concours de circonstances. Croyez-vous en la révolution tunisienne ?
J’y crois dans la mesure où le peuple s’est exprimé et a enclenché une dynamique irréversible ; la Constitution, fondement de la République, a été abrogée, et les institutions opèrent leurs réformes. Ce sont là des éléments propres à une révolution, d’autant que le RCD, la Chambre des députés et celle des conseillers ont été dissous.
Vous avez été membre du RCD. Quels étaient vos liens avec ce parti ?
Tout d’abord, je m’inscris, comme mon père, dans une tradition destourienne, et c’est à elle que je me réfère. Je ne suis revenu en Tunisie qu’en 2005, pour mettre mes compétences au service du pays. J’ai longtemps travaillé à l’étranger, loin des couloirs du RCD et des pressions. Certes, comme l’immense majorité des Tunisiens, j’ai une part de responsabilité, ne serait-ce que par mon silence, mais il ne faut pas occulter l’impuissance, surtout dans les dernières années, des hauts responsables face à l’ancien régime. Quant au RCD, il faut que cela soit dit : cela faisait longtemps qu’il n’était plus l’ogre que l’on décrit ; c’était une coquille vide, dans la mesure où il n’était plus le centre de décisions. Tout se décrétait entre quelques personnes au palais de Carthage.
La révolution a révélé de profondes fractures sur les plans politique et social. Une réconciliation nationale est-elle possible ?
Quelle que soit la responsabilité des uns et des autres, si on veut la démocratie, on ne peut rester dans l’exclusion. Certes, on doit demander des comptes et laisser la justice accomplir sereinement sa tâche. Mais on ne peut ignorer les avertissements et appels d’intellectuels, de militants des droits de l’homme, de juristes quant à la nécessité d’une réconciliation nationale. Les hommes politiques, même les plus modérés, ont fait l’expérience de l’exclusion, en ont souffert, savent l’impact qu’elle peut avoir et les fissures qu’elle crée dans une société. Construire un avenir n’est possible qu’en réunissant toutes les forces et les compétences du pays.
Un parti implique une vision et un programme. Que proposez-vous pour la Tunisie ?
Notre avenir réside dans la compétition et dans la compétitivité afin d’atteindre le niveau de pays émergents tels que le Brésil et l’Argentine. Nous pouvons faire la différence avec l’élément humain, mais il est clair que le capital n’a pas de sentiment et que nous devons cesser de nous appuyer sur l’État-providence, bien que le rôle de ce dernier soit toujours stratégique. Sur le plan économique, nous ne pouvons faire moins que de nous inscrire dans une économie de marché avec une approche régionale et continentale soutenue et le développement de technologies à forte valeur ajoutée. Par expérience, je suis convaincu que le dialogue Sud-Sud et l’ouverture sur l’Afrique seraient porteurs pour l’économie.
L’Europe reste un partenaire privilégié, mais la Tunisie en est trop dépendante, puisqu’elle réalise avec elle 75 % à 80 % de ses échanges. À ce fait économique, on peut ajouter la déception par rapport au statut avancé avec l’Union européenne [UE]. Depuis le 14 janvier, on s’attendait à un progrès sur ce dossier puisque la révolution a enclenché la mise en place d’un processus démocratique et que les conditions de l’UE étaient ainsi remplies.
L’émergence des islamistes a abouti à une redistribution des cartes. Quel est votre avis sur la montée en puissance du parti Ennahdha ?
Les idéologies extrêmes n’apportent rien de bon. Les partis islamistes ne sont pas convaincants sur l’essence même d’un islam d’ouverture et d’avenir. Par ailleurs, il est bien difficile de traiter avec des personnes ou un parti qui ne se réfèrent qu’à un seul livre. Cela dit, il ne faut pas non plus tomber dans l’exclusion, mais demander aux responsables islamistes d’expliciter clairement leurs orientations en évitant le double langage. Il s’agit de construire la Tunisie. C’est une responsabilité collective. Chacun doit jouer son rôle, mais aussi travailler avec les autres. Une démocratie ne s’invente pas, elle se pratique dans le respect d’autrui et des lois.
Les institutions ont été ébranlées par la révolution et certaines sont dans l’obligation de se réformer. Quelles sont les priorités ?
Les réformes sont nécessaires et même urgentes, mais il s’agit d’abord de retrouver un équilibre. La période de remous que nous traversons est une étape obligatoire, mais on met en péril nos institutions en nous éternisant dans le provisoire. Il faut que le gouvernement retrouve une légitimité au plus vite, pour sa crédibilité tant nationale qu’internationale, car il n’y a pas que la politique. Aujourd’hui, les États sont comptables de leurs réalisations et performances économiques. Aussi devons-nous veiller à ce que la Constituante ne s’installe pas dans la durée et aboutisse rapidement à l’instauration de la IIe République, afin d’aller vers des élections essentielles.
Source : « Jeune Afrique » Le 13-09-2011