14 mai 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4008 du 14.05.2011


AFP: Tunis: allègement du couvre-feu à partir de ce samedi (officiel)

Reuters: Arrivée de 1.300 migrants ces dernières 24 heures à Lampedusa

AP: Tunisie: British Gas menace de fermer ses usines en proie à l’agitation sociale

AP:Le prix Albert Londres décerné à Tunis à deux journalistes français


REVUE DE PRESSE


Tunis: allègement du couvre-feu à partir de ce samedi (officiel)


 
AFP 14/05/11 17:59 GMT
Le couvre-feu nocturne décrété le 7 mai à Tunis et sa banlieue à la suite de plusieurs journées de troubles va être allégé à partir de ce samedi, a indiqué à l’AFP une source au ministère de l’Intérieur.
 
« Les ministères de l’Intérieur et de la Défense ont décidé d’alléger la durée du couvre-feu à partir de ce samedi de minuit jusqu’à 04H00 (05H00 GMT) », a précisé cette source.
 
Les autorités tunisiennes avaient instauré le 7 mai à Tunis et sa banlieue un couvre-feu, de 21H00 à 05H00 (22H00 à 06H00 GMT) pour une durée indéterminée à la suite de plusieurs journées de troubles précédées par des manifestations anti-gouvernementales durement réprimées par les forces de l’ordre.
 
Elles avaient justifié cette mesure par les nombreux pillages et scènes de violence survenus dans la capitale tunisienne et ses environs.
 

Arrivée de 1.300 migrants ces dernières 24 heures à Lampedusa


Reuters – le 14 mai 2011 13:55
ROME (Reuters) – Huit bateaux venant d’Afrique du Nord et transportant environ 1.300 migrants ont atteint ces dernières vingt-quatre heures l’île italienne de Lampedusa, entre la Tunisie et la Sicile, a annoncé samedi la police italienne.
Ces arrivées portent à 1.800 le nombre de migrants actuellement sur l’île. Depuis le début de l’année, plus de 35.000 Africains, dont 24.000 clandestins venus de Tunisie, ont atteint les côtes italiennes. Plusieurs milliers d’entre eux ont été transférés dans des centres d’accueil de la péninsule.
« L’Europe ne tient pas ses promesses », a déclaré vendredi soir le ministre italien de l’Intérieur, Roberto Maroni, membre de la Ligue du Nord, mouvement anti-immigration, rappelant que Rome avait demandé leur aide à ses partenaires de l’Union pour faire face à cet afflux de clandestins à la suite de la révolution tunisienne et de la guerre civile en Libye.
« Il y a une guerre en Libye et, tant que cette guerre durera, nous aurons des réfugiés qui arriveront chez nous », a-t-il ajouté.
Roberto Maroni a cependant estimé que l’accord conclu avec la Tunisie pour stopper l’afflux de migrants provenant de ce pays semblait porter ses fruits. Sur les 1.300 personnes arrivées vendredi et dans la nuit à Lampedusa, on compte quelque 200 migrants venant de Tunisie.
Silvia Aloisi, Guy Kerivel pour le service français

Tunisie: British Gas menace de fermer ses usines en proie à l’agitation sociale


De The Associated Press – le 14 mai 2011
TUNISIA, Tunisia — Premier producteur de gaz naturel en Tunisie, British Gas a menacé samedi de fermer ses usines installées dans le sud du pays, en raison de blocages sociaux qui persistent depuis plusieurs semaines.
Dans un communiqué, son PDG, Ian Perks, en appelle aux autorités pour qu’elles trouvent une solution rapide, alors que se poursuivent des sit-in menés par des membres des populations locales devant les locaux de l’entreprise à Nakta, au sud de Sfax (côte est). L’entrée du site Hasdrubal/Hannibal de traitement de gaz aurait également été forcée.
A partir des champs qu’elle exploite dans le golfe de Gabès, BG Tunisia dit fournir plus de la moitié de la demande locale et juge sa production « essentielle » pour les centrales électriques du pays. Pour répondre aux revendications des populations du cru, qui réclament des embauches locales, BG Tunisia affirme avoir recruté 60 personnes et débloqué des fonds pour l’octroi de micro-crédits dans le cadre d’un programme évalué à deux millions de dollars.
Sans se montrer plus précise, la société fait état cependant de « sérieuses inquiétudes relatives à la gouvernance dans l’attribution de ces crédits, ce qui constitue un point de discorde avec les manifestants ». Ces derniers réclament notamment que l’examen des dossiers de micro-crédit financés par BG Tunisia soient traités directement avec les associations de développement de la région, selon l’agence officielle TAP.

Le prix Albert Londres décerné à Tunis à deux journalistes français


De The Associated Press – le 14 mai 2011
TUNISIA, Tunisia — Le prix Albert Londres 2011, considéré comme la plus haute distinction du journalisme francophone, a été décerné samedi à deux journalistes français lors d’une cérémonie au théâtre municipal de Tunis.
Le prix de la presse écrite a été attribué par le jury présidé par Annick Cojean (« Le Monde ») à Emmanuel Duparcq, correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) en Afghanistan et au Pakistan.
Celui de l’audiovisuel est revenu au réalisateur David André, auteur d' »Une peine infinie » qui raconte l’histoire d’un condamné à mort dans l’Oklahoma.
Emmanuel Duparcq a tenu à dédier son prix à ses confrères de France Télévisions, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier pris en otage en Afghanistan depuis 501 jours, ainsi qu’à ses collègues de l’AFP et aux journalistes afghans et pakistanais « sans lesquels je n’aurai pas pu écrire mes papiers ».
David André a dit avoir voulu, à travers son film diffusé sur France 2, faire passer un « message universel » contre la peine de mort qui, juge-t-il, « n’apporte pas finalement la paix à ceux qui voulaient voir exécuté l’assassin des leurs ».
Pour le jury et l’association des grands reporters, le choix de Tunis pour la remise des prix, était un hommage aux Tunisiens dont « le courage et l’aspiration à la démocratie ont provoqué un mouvement historique ». AP

Zine El-Abidine Ben Ali doit être extradé et jugé


L‘ancien président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali coule des jours tranquilles sinon sereins en Arabie saoudite, où il a fui le 14 janvier. Et plus le temps passe, plus le refus de le livrer à la justice de son pays paraît injustifiable.

Le nouveau régime tunisien a lancé dès le 26 janvier un mandat d’arrêt international contre lui, contre son épouse, Leïla Trabelsi, et plusieurs proches, tous membres du « clan » qui avait mis le pays en coupe réglée.

Au total, dix-huit actions en justice ont été engagées à Tunis contre l’ancien chef de l’Etat. Ses concitoyens en attendent beaucoup. Ils connaissaient la rapacité du « clan ». Ce qu’ils ont découvert après la chute du dictateur les a pourtant ébahis. Dans sa résidence privée de Sidi Bou Saïd, des armoires blindées regorgeaient de liasses de billets neufs et de bijoux. Les enquêteurs ont aussi découvert dans son bureau officiel du palais de Carthage deux kilos de haschich et, sous le même toit, des pièces d’archéologie soustraites au patrimoine national.

L’homme était à la tête d’une« quasi-mafia », selon l’expression de l’ambassadeur américain à Tunis cité par WikiLeaks. C’était surtout un despote qui, comme ses semblables, régnait par la terreur et entravait la liberté d’expression. Lorsque les choses ont commencé à mal tourner pour son régime, il n’a pas hésité à user de la violence. Lui et son épouse ne sont pas seulement accusés de « complot contre la sûreté intérieure de l’Etat », mais aussi d’avoir « provoqué le désordre, des meurtres et des pillages sur le territoire tunisien ».

Ce long chef d’accusation justifie que, passant outre aux prétendues lois de l’hospitalité, Riyad renvoie dans son pays son encombrant protégé. Il n’y risque plus sa vie comme c’était le cas, qui sait ?, à la mi-janvier. Le nouveau régime est en mesure de garantir sa sécurité comme il assure celle des membres du « clan » Ben Ali-Trabelsi qui ont été arrêtés.

L’Arabie saoudite se tromperait en pensant qu’elle peut, sans dommages pour son image dans le monde arabe et ailleurs, abriter plus longtemps les Ben Ali, comme elle le fit pour l’Ougandais Idi Amin Dada. Le temps n’est plus où l’opinion internationale fermait les yeux sur cette forme d’absolution, destinée dans le meilleur des cas à faciliter une transition démocratique : le chah d’Iran réfugié en Egypte, le Haïtien Duvalier en France, l’Ethiopien Mengistu au Zimbabwe… L’exigence d’équité s’est accrue : la justice internationale s’est dotée d’outils et d’instances qui en témoignent.

La justice tunisienne, composée d’hommes qui ont servi le régime, soumise comme elle l’est aux passions de la rue, est-elle en mesure d’assurer à Ben Ali et aux siens un procès équitable et serein ? La question se pose comme elle s’est posée en France à la Libération. Il y a des risques, que le nouveau gouvernement doit s’attacher à écarter, en garantissant dans la nouvelle Constitution en préparation l’indépendance des tribunaux. Sous cette réserve, Zine El-Abidine Ben Ali doit

(Source: “Le Monde” (Quotidien – France) le 15 mai 2011)

Lien: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/14/zine-el-abidine-ben-ali-doit-etre-extrade-et-juge_1522032_3232.html


Hamadi Jebali : « Nous ne prétendons pas être les détenteurs de la vérité en Tunisie »


13/05/2011 à 09h:21 Par Abdelaziz Barrouhi
Le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, ayant pris de la hauteur, c’est son secrétaire général qui se retrouve en première ligne pour refonder le mouvement islamiste tunisien. Et le réintégrer dans le paysage politique national.

Qualifié hier d’« intégriste » par l’ancien pouvoir, il passe aujourd’hui pour un « islamiste intégrateur ». Ainsi apparaît Hamadi Jebali, 63 ans, numéro deux du mouvement islamiste tunisien Ennahdha, dont il est membre depuis sa fondation sous la houlette de Rached Ghannouchi, il y a trente ans. Ingénieur de formation, Jebali fut l’un des entrepreneurs pionniers en matière d’énergies renouvelables dans sa ville natale de Sousse. Père de deux filles, marié à Wahida, journaliste comme lui, il a été directeur d’El-Fajr, l’organe « nahdhaoui », toléré pendant trois ans avant que le mouvement ne soit « éradiqué » par Ben Ali en 1991-1992.

La lecture et la réflexion en prison, pour les ex-détenus – Jebali a passé quinze ans en détention (1991-2006) –, et la découverte des vertus de la démocratie, pour les exilés, dont Rached Ghannouchi, ont conduit la direction du mouvement à faire un travail de reconstruction en vue de l’intégration d’Ennahdha dans le paysage politique postrévolution. Depuis la légalisation d’Ennahdha en mars 2011, et pour transmettre le flambeau aux plus jeunes, Ghannouchi a pris de la hauteur, se posant désormais comme le père spirituel du mouvement, laissant une grande marge de manœuvre à ses lieutenants.

Jebali s’est donc retrouvé en première ligne, tenant un discours bien articulé qui relève davantage du credo démocratique que de la littérature islamiste traditionnelle. Il y a vingt ans, il passait déjà dans les milieux de la presse internationale comme l’un des cadres les plus ouverts du mouvement. « Aujourd’hui, il a gagné en souplesse, et je pourrais dire qu’il est peu dogmatique et plutôt pragmatique », estime un journaliste qui l’a connu à l’époque. Avec lui au secrétariat général, l’objectif d’Ennahdha semble être de s’affirmer comme un acteur incontournable dans le jeu politique, quitte à nouer des alliances, mais aussi de veiller à ce que les réformes démocratiques imposées par la révolution se traduisent dans les faits. Sans pour autant être pressé d’accéder au pouvoir.

Jeune Afrique : Quel souvenir gardez-vous du régime Ben Ali ?

Hamadi Jebali : Celui d’un régime policier au plein sens du terme. Ennahdha est l’un des mouvements qui ont le plus souffert de l’offensive sauvage du régime.

Le 6 avril, à Monastir, des femmes portant le hijab ont participé aux cérémonies marquant le 11e anniversaire de la mort de Bourguiba. Qu’en pensez-vous ?

Cela montre que le hijab est devenu un phénomène partagé par les Tunisiennes, qu’il soit ou non une forme d’expression politique. Elles sont libres de célébrer Bourguiba en tant que personnalité nationale ; les peuples ont besoin d’une mémoire. À Ennahdha, nous sommes de ceux qui parlent le moins de Bourguiba et de Ben Ali, maintenant qu’ils sont dans leurs tombes, politique pour ce dernier…

Les dirigeants et militants d’Ennahdha ont pourtant passé ces vingt dernières années dans ses prisons ou en exil…

Ce sont vingt années de perdues pour le pays comme pour Ennahdha. D’autres ont souffert avec nous… C’est ce qui a préparé la révolution, laquelle est le fruit des luttes de toutes les parties et de tous les patriotes, tant sur le plan politique et social que sur celui de la défense des droits de l’homme.

Quelles leçons en avez-vous tiré ?

Nous avons fait une évaluation et procédé à notre autocritique en toute objectivité. Les conclusions seront bientôt rendues publiques, ce qui permettra à la direction de rectifier ses erreurs d’orientation. Nous espérons que tout le monde en fera autant. Chacun doit se réformer avant de pouvoir réformer le pays.

Quels sont les principes qui guideront désormais l’action d’Ennahdha ?

Nous nous trouvons dans une situation nouvelle. La révolution a renforcé notre conviction et notre volonté d’agir pour construire un mouvement politique et démocratique [NDLR : Ennahdha utilise le terme de chouri, venant de choura – conseil consultatif islamique], ayant foi dans l’action pacifique et civile. Nous voulons bâtir une société démocratique, fondée sur le pluralisme et sur le respect des libertés individuelles et collectives.

Allez-vous nouer des alliances en vue de l’élection de la Constituante, le 24 juillet ?

Nous ne voulons pas monopoliser l’action pour atteindre les objectifs de la révolution. Nous allons chercher à gagner des sièges autant pour notre mouvement que pour favoriser l’alternance démocratique. Cela nécessite une large alliance avec tous ceux qui veulent préparer l’alternance, que ce soit des partis ou des personnalités indépendantes.

Quel serait le poids électoral de cette alliance ?

Des chiffres circulent, mais ceux qui concernent Ennahdha sont gonflés, avec l’intention de faire peur, à l’intérieur comme à l’étranger. Cela dit, notre objectif est une union nationale avant ou après l’élection, afin d’asseoir dans le pays un modèle démocratique fondé sur la liberté et la justice.

Quel est, selon vous, le profil idéal du président de la République et du Premier ministre que la future Constituante est appelée à désigner pour conduire la dernière étape de la transition ?

Il faudrait qu’ils soient des hommes de consensus. Outre la gestion des affaires urgentes du pays, notamment en matière économique et sociale – ce qui, compte tenu de la période délicate que nous traversons, nécessite un effort de tous, y compris d’Ennhadha –, leur mission est d’agir pour laréussite de la période transitoire. Cela suppose que les institutions de l’État soient impartiales et au service de tous les Tunisiens.

À qui pensez-vous quand vous parlez d’impartialité ?

Je pense au président et au gouvernement, qui se doivent, dans la période transitoire, de ne prendre aucune mesure susceptible d’empêcher les partis et le peuple de s’exprimer. Je pense aussi à l’administration, aux services de sécurité, à l’armée nationale, aux médias et aux finances publiques…

Ennahdha présentera-t-il des candidats à ces postes ?

Le président du mouvement [Rached Ghannouchi] a annoncé qu’il ne se présenterait pas à la magistrature suprême. Ce qui compte, c’est qu’une alliance nationale gère cette période transitoire. Si cela passe par la désignation d’une personnalité indépendante à la présidence ou à la tête du gouvernement, alors nous sommes pour.

Les cadres de l’ex-parti au pouvoir semblent revenir sur le devant de la scène. Craignez-vous une contre-révolution ?

Oui. Il y a des signes d’un retour en arrière réactionnaire. Certains commencent à évoquer la « dictature » de la prochaine majorité politique, le bras de fer entre Ennahdha et le pouvoir… Ce discours cherche à créer une psychose et à empêcher le peuple d’exercer son droit électoral. Ces épouvantails font le lit d’un coup d’État constitutionnel, suggéré par des projets qui circulent, tels que celui d’un « pacte républicain » qui se placerait au-dessus de la Constitution, et de ce fait au-dessus de la volonté du peuple.

Les Tunisiens qui vivent du tourisme craignent que le retour d’Ennahdha dans le jeu politique n’ait des effets négatifs sur le secteur…

Sur ce point, nous sommes un mouvement responsable, nous voulons construire une économie forte, dont l’une des composantes est le tourisme. Il ne serait donc pas raisonnable que nous détruisions notre économie et les sources de revenus qui font vivre une frange importante de la population. Bien au contraire, nous disons aux investisseurs et aux hommes d’affaires du secteur d’être confiants, car Ennahdha va les appuyer et les soutenir.

Votre mouvement est favorable à la parité hommes-femmes sur les listes électorales en vue de l’élection de la Constituante. N’est-ce pas surprenant ?

C’est là une preuve supplémentaire que nous sommes pour l’égalité des droits entre les sexes et que nous mettons ainsi nos actes en conformité avec nos paroles. Ce qui est en revanche surprenant, c’est que, parmi ceux qui se gargarisaient de mots à propos des droits de la femme et de sa liberté, il s’en trouve qui ne sont pas favorables à la parité parce qu’elle contrarie leurs calculs électoralistes et politiciens. L’opinion publique et les femmes jugeront.

Vos adversaires affirment que si Ennahdha accède au pouvoir, elle appliquera la charia, remettant en question les acquis de la femme dans le code du statut personnel, notamment à propos du divorce et de la polygamie.

Nous sommes pour l’égalité des droits entre tous les êtres. Nous estimons même que les droits de la femme demeurent incomplets. Nous soutenons le code du statut personnel, mais nous voulons aussi l’améliorer en renforçant les droits de la femme dans tous les domaines. C’est là une position de principe qui découle de nos valeurs humanistes.

On vous reproche aussi certains interdits religieux liés à des comportements personnels (port du bikini, consommation d’alcool…).

Ces phénomènes doivent être traités avec sagesse et bonne foi dans le cadre de la liberté de croyance qui est un principe fondamental. L’islam est fondé sur la liberté de la foi. Le Coran le dit clairement : « la ikraha fi d-dine » [« Nulle contrainte en religion », II : 256]. Toutes les sociétés ont leurs aspects positifs et négatifs. L’essentiel ici est que personne n’impose ses opinions ou un comportement à qui que ce soit. Le pays est régi par des lois. Nous sommes pour l’État de droit, aucune loi n’est au-dessus de l’État de droit. En conséquence, il n’appartient pas à Ennahdha, ni à aucun autre mouvement, qu’il soit au pouvoir ou non, d’agir en dehors de cecadre constitutionnel et législatif.

Êtes-vous favorable au changement de la législation sur l’héritage, selon laquelle la part du fils est deux fois supérieure à celle de la fille ?

Mais pourquoi ne pose-t-on pas cette question au mufti de la République et aux savants de l’islam dont le rôle est d’y répondre ? Encore une fois, nous sommes un mouvement politique civil au même titre que les autres partis politiques. Il y a une loi qui régit ce genre de situation. Ennahdha n’est pas une institution qui énonce des fatwas.

Il y a un débat au sein de l’élite à propos de l’article 1 du texte de la Constitution de 1959, qui stipule, à l’instigation de Bourguiba, que « la Tunisie est un pays arabe et sa religion est l’islam ». Où vous situez-vous ?

Cet article fait l’objet d’un consensus au sein du peuple tunisien pour définir son identité et sa référence. Il ne conduit, à notre avis, ni à une exclusion ni à une distinction entre citoyens en droits et en devoirs. Chacun peut conserver sa spécificité civile et religieuse. Nous approuvons donc cet article, comme c’est le cas de tout le peuple tunisien.

Ennahdha est-il un parti religieux ?

Ce n’est pas un mouvement religieux au sens théologique. C’est un parti politique. Nous ne sommes pas des anges et nous ne prétendons pas détenir la vérité. Nous ne faisons pas valoir de vérité de Dieu et nous ne parlons pas au nom de l’islam.

Qu’est-ce qui vous distingue alors des laïcs ?

La différence est grande. D’abord, nous ne sommes pas d’accord avec eux sur l’acception du concept de laïcité, né en Europe en réaction à l’alliance de l’Église chrétienne avec les pouvoirs féodaux. Nous invitons nos amis au sein de l’élite qui se dit laïque à se débarrasser de ce prêt-à-porter dont ils veulent parer les Tunisiens et qui est contraire à notre religion et à notre histoire. En revanche, si la laïcité est comprise comme la neutralité de l’État, qui se porte garant de la Constitution et de la loi, c’est-à-dire du respect des libertés, dont la liberté de croyance et de l’ijtihad [« effort d’interprétation »], et que cet État se pose en arbitre et ne s’aligne sur aucun parti ou aucune frange de la société, alors nous n’avons aucune objection à cela.

La politique a-t-elle sa place dans les mosquées ?

L’État ne doit pas intervenir d’une manière coercitive dans les affaires des institutions civiles, qu’il s’agisse d’organisations, d’associations ou de lieux de culte. La mosquée appartient au peuple. Le régime en place comme les partis se doivent de respecter sa spécificité dans le cadre de la Constitution et de la loi. La mosquée ne doit pas être « partisane » et ne doit pas devenir un lieu de propagande.

C’est pourtant le cas…

Il n’est permis ni à Ennahdha ni à aucune partie de destituer un imam pour le remplacer par quelqu’un d’autre. Cela est contraire à la démocratie. La solution serait un accord entre les fidèles et l’administration concernée à travers un mécanisme de consultation démocratique.

Il y a des groupes se réclamant de l’islamisme radical qui sont apparus au grand jour. Quelle est la position d’Ennahdha à leur égard ?

Nous encourageons le pluralisme, y compris au sein des rangs islamistes, car cela fait partie du débat national. S’il y a des dérives et des violations de la loi, c’est à la justice de se prononcer.

De quel mouvement islamiste dans le monde Ennahdha se sent-il le plus proche ?

Notre mouvement a sa propre histoire militante et sa pensée. Il n’est donc pas dans la position de l’imitateur. Il s’appuie sur la réalité tunisienne, qui sert de base à son action. Naturellement, nous tirons profit de toutes les expériences, islamistes ou non. L’approche turque rappelle celle d’Ennahdha sur plusieurs aspects politiques et sociaux. Nous la suivons donc avec intérêt.

On évoque des contacts entre des dirigeants d’Ennahdha et des diplomates étrangers, dont les Américains.

Après ma libération, en 2006, j’avais déjà reçu à Sousse une délégation de diplomates américains. Il m’a semblé que les autorités avaient été mises au courant de ce déplacement. Ce n’est pas non plus un secret que nous continuons et continuerons à avoir des contacts avec des diplomates de tous les pays, à condition de ne pas contrevenir à nos principes nationaux et musulmans, c’est-à-dire n’être l’otage d’aucune partie étrangère ou même intérieure. Au siège de notre mouvement, nous recevons ces temps-ci les visites de diplomates de presque toutes les missions accréditées à Tunis, y compris européennes. Ils viennent s’informer sur nos idées et nos positions. Nous leur demandons à chaque fois de soutenir notre expérience démocratique dans le respect de la souveraineté de notre patrie et de son indépendance.

Propos recueillis par Abdelaziz Barrouhi.

(Source: jeuneafrique.com le 13 mai 2011)

Lien:http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2625p046-049.xml0/politique-tunisie-islamisme-electionhamadi-jebali-nous-ne-pretendons-pas-etre-les-detenteurs-de-la-verite-en-tunisie.html#axzz1MLxb5J9d


Tunisie : non à l’instrumentalisation des mosquées, déclare Chebbi


By M.Y Dépêche Actualité – Politique & Social
 
M. Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocrate progressiste (PDP) a présidé vendredi 13 mai 2011 à Nabeul un grand meeting populaire à l’hôtel Le Khéops devant un nombre important de citoyens et adhérents du parti.
 
M. Chebbi n’a pas manqué de mettre en exergue l’importance de ce moment révolutionnaire, un moment crucial, s’agissant en fait d’un véritable défi à relever. «Le 24 juillet approche. Cette nouvelle Constitution rétablirait l’autorité du pouvoir législatif, sa représentativité, son indépendance et son contrôle vis-à-vis du pouvoir exécutif et du Président de la République, à travers une Assemblée constituante élue démocratiquement par tous les Tunisiens», a-t-il dit.
M. Chebbi a mis en garde contre les dangers d’une instrumentalisation des mosquées au service de desseins politiques visant à exacerber les sentiments religieux. La Tunisie passe par une phase difficile. C’est pour quoi nous sommes appelés à booster notre économie « le tourisme très sinistré doit retrouver sa vitesse de croisière. L’agriculture doit être sauvée et l’investissement doit reprendre si nous voulons avancer », a-t-il ajouté.
 
Le fondateur du PDP a estimé que le développement régional doit toucher tout le pays et notamment les régions défavorisées : « Pour mener à bien ce programme de développement régional, nous devrons fixer un cadre d’action dont le plus important est la création d’emplois pérennes et l’amélioration de l’infrastructure sans oublier la santé, le transport, l’éducation. Il fallait mettre en confiance les investisseurs pour qu’ils reviennent dans notre pays. Seul moyen de faire renaître dans le pays un équilibre social entre les régions », estime M. Chebbi.
Le PDP soutient l’ouverture économique, sociale et culturelle de la Tunisie dans un cadre de responsabilité et de solidarité « Nous voulons construire une société moderne qui prône le droit de chaque tunisien à l’éducation, la santé, l’emploi, la culture et la qualité de vie », a conclu M Chebbi.
 
M.Y
 
(Source: Investir en Tunisie le Samedi, 14 Mai 2011 13:31)

La Tunisie poussée à respecter le calendrier électoral


 

La reprise de manifestations à Tunis met sous pression les autorités intérimaires, incitées à respecter le calendrier de la transition et organiser les élections constituantes à la date prévue du 24 juillet même s’il peut en résulter davantage d’instabilité à long terme.

Certains partis encore faiblement mobilisés estiment que ce calendrier est trop serré pour assurer l’équité du scrutin. D’autres craignent que la Tunisie ne soit mal préparée à un scrutin démocratique après des décennies de régime autocratique.

Mais dans un contexte de tension croissante, tout autre écueil qu’un retard léger pourrait provoquer de nouveaux troubles dans un pays qui peine encore à rétablir l’ordre après la chute, en janvier, du président Zine ben Ali.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants dimanche à Tunis après quatre jours d’agitation et a procédé à quelque 600 arrestations en divers points du pays. Un couvre-feu est en vigueur depuis samedi.

Les manifestants redoutent de voir le gouvernement intérimaire revenir sur sa promesse de conduire le pays vers la démocratie en rompant avec un long régime de parti unique.

« Les élections doivent intervenir le 24 juillet, il faut qu’ils oeuvrent en ce sens pour qu’il y ait une stabilisation« , estime Kais Saïd, professeur de droit.

Le Premier ministre par intérim, Beji Caïd Essebsi, a évoqué dimanche un report possible lié à des difficultés techniques, mais il s’est empressé ensuite d’assurer que les autorités faisaient le maximum pour respecter la date convenue.

Les dernières manifestations avaient fait suite aux propos d’un ex-ministre de l’Intérieur selon qui un coup d’Etat serait à craindre en cas de victoire du mouvement islamiste Ennahda.

« Il règne encore une très forte atmosphère révolutionnaire en Tunisie, note Jean-Baptiste Gallopin, du groupe Control Risks. Toute initiative perçue comme une tentative d’éléments de l’ancienne élite pour faire dérailler le processus de transition vers la démocratie se heurte immédiatement à une réaction de la rue.« 

La mobilisation politique de la Tunisie, couronnée par le renversement de Ben Ali le 14 janvier, a inspiré des mouvements de contestation analogues dans le monde arabe.

Mais ce pays de 10 millions d’habitants ne possède pas les ressources énergétiques de ses voisins et estime avoir besoin de milliards de dollars de prêts extérieurs pour surmonter la désorganisation qui affecte durement son marché de l’emploi et son industrie touristique.

Les marchés seraient toutefois plus compréhensifs devant un report du scrutin et pourraient même en être satisfaits, selon Richard Segal, stratégiste auprès du groupe bancaire Jefferies. « Le pays se donne peu de temps pour tenir ces nouvelles élections, aussi un retard d’ordre technique serait-il compréhensible« , dit-il.

Une brève transition censée favoriser la stabilité pourrait avoir l’effet opposé à long terme, et ce risque concerne d’autres pays en phase postrévolutionnaire comme l’Egypte.

« Le pire des scénarios serait celui d’un processus accéléré débouchant sur l’instabilité« , souligne Richard Segal en évoquant les transitions de façon générale. « En fait, certains investisseurs pourraient approuver une transition lente, car cela réduirait le risque de chocs négatifs à court terme.« 

Une courte période préélectorale pourrait favoriser le mouvement Ennahda, dirigé par Rachid Ghannouchi et interdit sous la présidence de Ben Ali, parce qu’il est plus mobilisé que d’autres partis. On s’attend à ce qu’il réalise de bons scores dans le Sud, où le chômage dépasse la moyenne nationale de 14%.

Certains des partis les plus modestes – une soixantaine seront en lice – estiment que le calendrier rend le jeu inégal entre les candidats au scrutin.

« Il serait sensé de reporter les élections« , dit le politologue indépendant Slaheddin Djourtchi, favorable à ce qu’elles aient lieu en octobre ou novembre. « Il est très difficile d’organiser des élections dans les deux mois, les partis ne sont pas prêts. Le processus exige du temps.« 

Par Reuters
 
(Source: l´express.fr 13/05/2011 à 16:06

Tunisie. Ben Jaafar préfère s’engager que… dégager


 
Samedi, 14 Mai 2011 08:02
 
«On ne peut pas demander à un gouvernement de transition de changer radicalement le pays. Ceux qui seront élus le 24 juillet auront à répondre aux attentes du peuple», déclare Mustapha Ben Jaafar.
Par Zohra Abid
 
Le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl) parlait mercredi à Tunis, au cours d’un déjeuner-débat avec la presse.
En quelques phrases, M. Ben Jaafar a brossé un tableau peu reluisant de la situation dans le pays au lendemain de la révolution.
Interrogé sur sa rencontre la veille avec le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, il a répondu que le 15 janvier, avec le premier et ensuite le deuxième gouvernement de transition, le peuple tunisien a fait un faux pas et raté une des marches de la révolution: celle de la confiance. D’où les difficultés que rencontre actuellement la Tunisie.
 
Accélérer les poursuites judiciaires
M. Ben Jaafar a rappelé que le premier gouvernement comptait plusieurs figures emblématiques de l’ancien régime. Il a fallu la pression de la rue et des sit-in de la Kasbah pour qu’il y ait changement. «Aujourd’hui, il y a un homme sage, assermenté, qui connaît les rouages de la politique et qui peut tenir le pays jusqu’aux élections du 24 juillet», estime le leader du Fdtl. Selon lui, le 24 juillet est un rendez-vous sacré et doit être maintenu. «On parle beaucoup du report ou du maintien de cette date. Pour l’intérêt général, je suis contre le report. Car il y a de plus en plus de dérapages et d’insécurité dans la rue et dans les institutions. Ceci est dû à un manque flagrant de confiance entre le peuple et ses dirigeants. Ces derniers n’ont pas la légitimité totale pour gouverner», a-t-il ajouté.
Autrement dit, le vrai gouvernement qui va tenir la Tunisie naîtra de cette échéance et ce sera lui qui aura à gérer les affaires du peuple et à mettre en place les réformes profondes. «Les Tunisiens vont voter dans la transparence. Une fois, le gouvernement élu sera en place, personne ne viendra demander à ce dernier de dégager. Il va avoir de gros dossiers à gérer: la constitution, la situation économique et sociale, l’emploi, la culture, l’enseignement et la santé», explique Dr Ben Jaâfar.
 
Couper court aux rumeurs
Le secrétaire général du Fdtl insistee beaucoup sur le statut du gouvernement provisoire qui ne peut qu’apaiser les maux du citoyen, et non éradiquer le mal qui le ronge depuis des décennies. Dans le même sens, M. Ben Jaafar appelle à l’accélération des poursuites judiciaires engagées à l’encontre des responsables de l’ancien régime. «Juger ces gens-là est la seule issue pour calmer les esprits», plaide-t-il. Pour aller de l’avant, il faut bien un tel coup d’accélérateur traduisant la bonne volonté du gouvernement, seul moyen pour couper court aux rumeurs d’une faveur réservée aux proches du pouvoir déchu», explique-t-il. «Il faut désigner des juges qui se chargeront uniquement de ces affaires. Dans nos tribunaux, il y en a des juges qui sont en train de se tourner les pouces», ajoute-t-il.
En évoquant la question de l’insécurité, la première chose qui vient à l’esprit c’est, bien sûr, la dernière déclaration de Farhat Rajhi, ancien ministre de l’Intérieur, selon laquelle «il existe un gouvernement de l’ombre», et qui n’a pas manqué de provoquer des mouvements de protestation partout dans le pays.
 
 
 
Selon M. Ben Jaafar, cette déclaration est grave et irresponsable, car elle a provoqué une vague d’agitation le week-end dernier dans plusieurs régions. «Je suis navré. Avec mes respects pour l’homme et pour le juge, je dis qu’il s’agit d’un acte irresponsable. Un haut responsable ne peut pas donner crédit à des considérations régionalistes. Mais où veut-il en venir? Appelle-t-il à la haine et au retour à une époque révolue, celle du tribalisme et du régionalisme? Cela menacerait notre stabilité et ébrècherait les valeurs de la révolution», dénonce-t-il. Et il condamne tout aussi fermement les propos de l’ancien ministre de l’Intérieur sur un projet de complot militaire qui se tramerait dans les coulisses si le parti islamiste Ennahdha remportait un jour les élections. «C’est grâce à notre armée que notre pays a évité un bain de sang. Maintenant, l’heure est pour la construction et non à la destruction qui ne peut que porter préjudice au pays», lance-t-il.
Quid du programme du Fdtl? Quelles idées propose-t-il pour construire le pays sur des bases solides? L’ancien opposant à Bourguiba et à Ben Ali, et qui se garde de s’impliquer dans l’actuel régime, rappelle que son parti, fondé en avril 1994, n’a pas existé depuis des dizaines d’années et qu’il n’est pas, non plus, né de la dernière pluie ni n’a poussé comme un champignon après le 14 janvier. Le Fdtl a ses objectifs et un programme. «Le Fdtl est fier de la lutte qu’il a menée sans relâche pour faire triompher les valeurs de la démocratie», affirme M. Ben Jaafar. Et d’ajouter que son parti tire également sa légitime de sa contribution à faire germer la fleur de la révolution de la liberté et de la dignité qui a mis un terme à un régime dictatorial et corrompu.
 
Les préparatifs de la campagne
«Nous avons été privés six ans de notre passeport et nous avons souvent passé des soirées dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Nous ne l’avons pas crié sur tous les toits. Nous n’avons pas fait de grève de la faim. L’essentiel pour nous est de militer sur le terrain pour la démocratie, de la justice sociale et de la concrétisation de l’identité arabo-musulmane. Nous comptons sur notre principal capital, qui est la jeunesse», dit-il, tout en appelant à mettre en première ligne la garantie de la liberté publique et individuelle en agissant pour la défense de droits de l’homme, en préservant les acquis sociaux, en rejetant l’exclusion, la domination, l’extrémisme, le fanatisme et la violence, en assurant la qualité des soins dans le domaine de la santé et en prêtant une attention particulière aux droits et conditions de séjour des Tunisiens à l’étranger. Il s’agit aussi de rester ouvert sur l’étranger, d’être à l’heure de la modernité et du développement…» Tout cela sera, selon le leader du Fdtl, bien tracé et structuré les 21 et 22 mai lors de la réunion prochaine du bureau du parti. Ce sera, selon le conférencier, comme un avant-goût du lancement de la campagne électorale. Qui a dit que le Fdtl ne fait sa campagne que dans les grandes villes? A ce propos, M. Ben Jaafar affirme que son parti a déjà effectué plusieurs visites dans des patelins et autres villes de la Tunisie profonde. «Il y a eu des meetings à Sidi Bouzid, Kasserine, Béjà, Kairouan et cela c’était bien passé. Ce samedi, nous irons au Kef avant de rencontrer les habitants de Jendouba le dimanche. Les rencontres avec le peuple vont se multiplier les semaines à venir», annonce-t-il pour réfuter l’accusation selon laquelle le Fdtl serait un parti de citadins habitant la banlieue nord de Tunis.
Comment le Fdtl va-t-il financer sa campagne électorale? M. Ben Jaafar dit que, pour le moment, son parti ne compte que sur les apports de ses d’adhérents. Il ajoute n’avoir jamais eu de financement extérieur ni pour son parti, ni pour ‘‘Mouwatinoun’’, son journal hebdomadaire bilingue.
Interrogé sur le timing de la campagne électorale dans les médias, Dr Ben Jaafar avoue ne pas en savoir plus que la presse. Selon lui, les dates vont être fixées par le gouvernement. Craint-il l’influence sur cette campagne des télévisions étrangères émettant hors du pays, et qui ne seraient pas tenues de respecter les exigences d’équilibre du passage des candidats, comme France 24 et la chaîne qatarie Al-Jazira, deux chaînes très suivies par les Tunisiens et qui jouissent d’une certaine crédibilité auprès des Tunisien? Ben Jaafar préfère réserver sa réponse. Pour le moment. En attendant, peut-être, de voir comment ces chaînes vont se comporter lors du début de la campagne. Et puis, pourquoi jeter la pierre? Les grands médias, il vaut mieux les avoir avec soi.
 
(Source: Kapitalis.com le 14 mai 2011)

 
Actus nationales

Il est à Abha avec sa famille : La nouvelle vie de Ben Ali


Le président déchu et sa famille habitent une demeure prêtée par le gouvernement saoudien à Abha.
Depuis sa fuite, le 14 janvier, en Arabie Saoudite, on avait peu de nouvelles de lui. Où s’est-il réfugié? Quid de son «coma»? Comment passe-t-il ses journées? Notre correspondante l’a retrouvé.
Ben Ali, sa femme, leur fille Halima (18 ans), leur petit garçon Mohamed (7 ans) et la nourrice ont d’abord séjourné du 15 au 22 janvier dans le palais du roi Fayçal à Djedda, avant d’émigrer à Abha, une ville de 230.000 habitants à 450 kilomètres au Sud de Djedda. Ils habitent une grande demeure bourgeoise, d’une dizaine de pièces, prêtée par le gouvernement saoudien. D’habitude, cette maison aux murs blancs et au toit de tuile rouge loge des personnalités du monde entier, venues se ressourcer et respirer le bon air de la montagne.
Implantée à quelques encablures du centre-ville, cette résidence cossue passe inaperçue, au milieu d’autres habitations. Rien ne laisse supposer de l’extérieur que Ben Ali et sa famille occupent cette «prison dorée». Le service de sécurité, assuré par les forces saoudiennes, est très discret. Pourtant, c’est là, le 15 février, que l’ancien président a brièvement perdu connaissance. Selon nos sources, il n’a pas été victime d’un accident vasculaire cérébral mais d’une crise d’hypoglycémie due au surmenage et au stress provoqués par les arrestations des membres de sa famille, deux jours auparavant, et à une violente dispute avec son épouse, la veille.
En fait de coma, il aurait eu un simple malaise dû à une crise d’hypoglycémie
A bord d’un hélicoptère, Ben Ali a été transporté à l’hôpital du roi Fayçal à Djedda pour y subir des examens médicaux. Admis sous le nom d’un prince saoudien, il en est sorti trois jours plus tard. Il n’aurait donc jamais été dans le coma. Selon nos informations, c’est un proche de la famille resté à Tunis qui a orchestré cette rumeur afin que le peuple tunisien cesse de vouer son «ami» aux gémonies. Et Leïla Ben Ali née Trabelsi, l’épouse du président déchu, la «reine de Carthage», ne s’est pas non plus rendue en Libye ou dans un pays du Golfe. Elle n’a pas quitté l’Arabie Saoudite.
Depuis le mandat d’arrêt international lancé contre lui et son épouse, le 26 janvier dernier pour «acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers» et «transferts illicites de devises à l’étranger», Ben Ali ne peut sortir du pays. Il vit très mal son exil. Il suit les événements qui secouent le monde arabe à la télévision, sur Internet et Twitter. Dimanche 10 avril, l’un de ses frères, Slah Ben Ali, a été arrêté à Sousse, à 150 kilomètres au Sud de Tunis. Et les autorités provisoires tunisiennes demandent désormais l’extradition du couple déchu.
 
D’après «Paris-Match»
 
(Source: “Le Quotidien” (Quotidien – Tun isie) le 14 mai 2011)

Un internaute qui avait brûlé et uriné sur le Coran, relaxé


« Mon Dieu, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !»
 
Un internaute au chômage s’est amusé à dupliquer l’autodafé commis par le pasteur américain Terry Jones, en brûlant le Coran. Pis encore : il a osé uriner sur le livre sacré, la scène ayant été diffusée sur Internet. Il a été traduit devant les tribunaux pour provocation publique à la discrimination nationale, raciale ou religieuse, délit qui pouvait lui valoir jusqu’à un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Le tribunal correctionnel de Strasbourg vient de décider de relaxer purement et simplement le prévenu en estimant que ce double geste n’excédait pas les limites de la liberté d’expression…
Un fait divers peu banal mais révoltant et, un jugement, pour le moins, lamentable.
Cette profanation du livre sacré de plus d’un milliard de musulmans est, jusque-là, un fait inédit et constitue assurément un fait unique de l’histoire contemporaine des livres sacrés de toutes les religions aujourd’hui connues dans le monde. – Qu’un citoyen français se distingue par ce triste forfait, et qu’il se signale à l’attention du monde entier en diffusant aussi ostensiblement sur Internet un geste aussi dégradant, voilà un privilège qui a, certes, fait sa renommée, encore qu’il s’agisse d’une renommée que peu de gens, à travers le monde, lui envieraient.
Il est, cependant, plus triste encore d’observer que, dans sa singularité, ce délit est loin d’être un acte isolé. Dans la même période du jugement de cet internaute par le tribunal correctionnel de Strasbourg, des skinheads ont été interpellés et d’autres mis en examen pour ‘profanation de tombes juives et musulmanes dans trois cimetières de Strasbourg et pour dégradations volontaires en raison de l’appartenance à une religion et provocation à la haine raciale. Toujours à Strasbourg, des dégradations aux domiciles de personnalités musulmanes et juives ou des incendies visant des personnes d’origine turque, ont été perpétrés par des groupes appartenant à une autre mouvance extrêmement xénophobe. Le panorama est quasiment désespérant : ces déplorables exactions n’ont épargné ni les symboles, ni les morts et ni les vivants…
D’un autre côté, on ne peut manquer de remarquer que ces gestes semblent avoir reçu l’assentiment et les encouragements d’une partie non négligeable de l’opinion publique régionale ou nationale, en France – et, ailleurs… L’exhibitionniste de l’Internet, par exemple, loin de susciter des réactions de réprobation de la part des usages du web, a reçu plusieurs messages de soutien à la connotation raciste encore plus radicale.
Certains seraient tentés de trouver une explication sociologique à ces gestes irresponsables, faisant valoir que généralement, ces gestes sont commis par des désœuvrés pour la plupart , des jeunes comme on en trouve malheureusement beaucoup sous l’emprise de l’alcool et de l’usage de produits stupéfiants. – Mais ces explications sont loin d’être convaincantes. A l’accumulation de dérives observables dans plusieurs pays occidentaux et sur plusieurs décennies, il faut trouver une explication plus sérieuse et plus profonde que la crise d’une jeunesse désespérée ou victime du désœuvrement social. La crise est, hélas !, d’ordre politique et moral.
Une crise politique : Il faut rappeler des faits plus anciens, mais très significatifs, car ils ont préparé le terrain à ces débordements nouveaux et inédits. L’histoire – récente -, a en effet, commencé avec le tollé général fait autour de la fameuse affaire Salman Rochdi’ et ses Versets sataniques. Tout récemment un autre forfait commis au détriment de la communauté musulmane à travers le monde : c’est la triste affaire des caricatures du Prophète, déclenchée par un journaliste danois, bientôt rejoint par un grand nombre de ses collègues européens. Les Européens voient ces caricatures comme l’expression légitime d’un droit intouchable. Mais ils savent pertinemment que l’atteinte à la mémoire de Mahomed est pour les Musulmans, une ligne rouge qu’il serait criminel de dépasser. Or, ce qu’il est regrettable de constater, c’est que non seulement les journalistes européens ont persisté dans la publication de ces caricatures, mais encore ils ont reçu les encouragements publics et chaleureux des plus hauts dirigeants politiques de leurs pays. – Après les simples marginaux, on trouve donc, des intellectuels et ensuite, des responsables politiques du plus haut niveau, qui se rejoignent pour stigmatiser une même communauté – la communauté musulmane, à travers le monde -, pour l’humilier, et pour fouler aux pieds tous les autres bons principes de bonne entente, de bon voisinage, de paix entre les nations, de respect de l’Autre et de lutte contre les extrémismes, les discriminations, contre le racisme et la haine entre les nations : une véritable croisade (le mot est historique!) du monde occidental uni contre les Musulmans.
Une crise morale : La croisade politique se double et révèle une autre crise plus profonde dans le monde occidental. Il s’agit d’une crise des valeurs morales de cette société. Pour le montrer, il faut revenir au fait divers mentionné plus haut. – Le délinquant de Strasbourg a été traduit devant le tribunal correctionnel de cette ville. Le procureur adjoint près de ce tribunal a pris au sérieux cette affaire puisqu’il a caractérisé ce délit d’acte de provocation publique à la discrimination nationale, raciale ou religieuse, passible selon la loi, d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende. Or, le tribunal correctionnel a infligé au représentant du Parquet, un désaveu total en rejetant la qualification qu’il a attribuée au délit et en affirmant, au contraire, qu’il ne s’agissait là que d’un geste qui n’excédait pas les limites de la liberté d’expression’, ce qui devait conduire à la relaxation pure et simple du prévenu.
Un très grand fossé entre l’évaluation due au procureur et celle décidée par le tribunal correctionnel.
Une rupture qui exprime aussi la grande perturbation qui s’est infiltrée dans l’échelle des valeurs par référence à laquelle la fonction de juger, la plus terrible parmi les hommes, selon Montesquieu, doit être exercée. Car ici, l’enjeu est clair : il s’agit de décider, laquelle des deux considérations doit l’emporter sur l’autre : la condamnation de la discrimination raciale et des incitations à la haine religieuse, d’un côté, ou de l’autre, l’exercice de la liberté d’expression. Pour des motivations peu avouables, pour ne pas dire ‘peu respectables’, l’homme de la rue, et avant lui, une catégorie (au moins…) d’intellectuels et plusieurs hommes politiques de très haut rang, ont hélas !, inconsidérément bouleversé la pyramide des valeurs pour le seul motif qu’il s’agit de mettre à mal une communauté culturelle et politique parmi les plus importantes dans le monde, la communauté musulmane.
Mais quand il s’agit de l’institution judiciaire, n’y a-t-il pas lieu de s’attendre à plus de sérénité dans le jugement, à plus de hauteur dans les évaluations?
Il faut faire le constat que le juge français n’a pas mis plus de nuance dans son jugement et dans sa décision : la relaxe, pure et simple, c’est-à-dire, la prévalence de la valeur liberté d’expression sur les valeurs respect de l’autre, condamnation de toutes les formes de discrimination, de lutte contre les incitations à la haine religieuse, raciale, culturelle : des principes fondamentaux que le monde occidental n’arrête pas de proclamer ‘à cor et à cri’ comme étant des valeurs universelles suprêmes. Un bouleversement du rapport entre les valeurs, couramment pratiqué par les décideurs politiques, et malheureusem Ce qui lui valut un immencent, avalisé par cette autorité exceptionnellement proclamée comme devant rester au-dessus de la mêlée, totalement indépendante du politique et de ses trahisons, i. e. l’autorité judiciaire.
Le jugement du tribunal correctionnel de Strasbourg est venu détruire toute cette mythologie, en mettant à nu la réalité de la solidarité indéfectible entre toutes les composantes de l’ensemble de la structure politico-culturelle du monde européen : la société civile, le monde du Politique, et le monde du Judiciaire… – Qu’on ne mette pas ces propos sur le compte d’un dénigrement indu de cette autorité judiciaire. L’actualité vient brutalement nous rappeler la réalité des choses : les derniers rebondissements d’une douloureuse affaire qui a fait la Une’ des journaux français pendant des mois et des mois – l’affaire Omar Raddad, vient de nous rappeler que dans la même France de l’Internet de Strasbourg, il y a aussi la France du jardinier marocain d’Aix-en-Provence injustement condamné pour un crime qu’il n’a pas commis et duquel il a toujours clamé son innocence, mais pour lequel, à la suite d’une enquête bâclée et d’un procès entaché de toutes sortes d’irrégularités et quasiment expéditif, il a été condamné à 18 ans de prison. Après un jugement définitif, une demande de révision du procès sur la base de la remise en cause des éléments déterminants de l’accusation, vient d’être introduite et peut conduire à des surprises et à une situation particulièrement embarrassante pour l’institution judiciaire.
Qu’on le veuille ou non, un point commun relie indéniablement les deux affaires : dans les deux cas, il s’agit d’un procès, non pas contre telle ou telle autre personne, mais bien contre toute une communauté, contre une religion, déterminées, et d’un procès dont tout le monde, en Occident, est complice.
Mais, hélas !, ne devait-on pas prendre conscience de la considérable gravité de l’entreprise ? – Dans ces deux affaires, en apparence anodines pour le commun des mortels, le monde occidental, n’a-t-il pas en fait, ‘perdu un peu de son âme et par là-même, de sa crédibilité ? – Avec l’affaire Omar Raddad’, il a perdu le sens de la recherche de la ‘Vérité’. Avec l’affaire de Strasbourg, il a encore perdu une autre valeur : l’universalité attachée aux principes éthiques qu’il prétend défendre contre vents et marées…
Peu de Vérité, peu d’Universalité: Que reste-t-il, alors, de ce monde occidental ?
‘Mon Dieu, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! (Luc, 23, 34).
Amen…
 
 
Auteur : Par Sadok BELAÏD*
 
(Source: “La Presse” (quotidien – Tunisie) le 14-05-2011) lien:http://www.lapresse.tn/14052011/29104/mon-dieu-pardonne-leur-car-ils-ne-savent-pas-ce-quils-font.html

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