14 décembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2397 du 14.12.2006

 archives : www.tunisnews.net


CNLT: Préoccupation concernant la vie des prisonniers politiques dont les familles sont sans nouvelles AISPP: Communiqués Lettre de l’ACAT au Ministre tunisien de la Justice et des Droits de l’Homme FTCR: Mort de Taoufik el Amri – Communiqué FTCR: Un passeport pour Kamel Jendoubi !  L’Audace: Pinochet, Zinochet, destins croisés Reveiltunisien: Tunisie : le prix du combat pour la liberté Reveiltunisien: Le sort de Tawfik, c’est notre sort à nous, les tunisiens Reveiltunisien: Le 9 décembre 2006 : Les droits bafoués Larbi Guesmi: On ne marche pas sur un « Homme Libre » François Burgat: Les attentes du monde arabe à l’égard de l’Union européenne : L’espérance déçue d’une alternative aux États-Unis ? AFP: La circoncision, une arme dans la lutte contre le sida en Afrique (expert) The New York Times: Circumcision Halves H.I.V. Risk, U.S. Agency Finds

 
CNLT

Préoccupation concernant la vie des prisonniers politiques

dont les familles sont sans nouvelles

 

Le 13/11/2006 (*)

 

Le CNLT exige des informations sur le sort des prisonniers politiques dont les familles sont illégalement privées de nouvelles. Les cas de prisonniers empêchés de voir leurs familles se multiplient, et atteignent de longues périodes sans raison légale.

 

Le cas du prisonnier politique Abdelhamid Jelassi : il a été empêché de voir sa famille à la prison de Mornaguia * depuis quatre semaines. Quant aux justifications administratives, elles varient. Le 18 novembre, l’administration de la prison de Mehdia a informé son épouse qu’il avait été transféré à la prison de Messaadine, mais l’administration de cette dernière prison a nié sa présence dans ses murs. L’administration générale des prisons et de la rééducation à Tunis, elle, a affirmé à son frère Abdelmajid qu’il se trouvait bien à Messaadine à l’inverse de ce qu’il leur avait été dit. La semaine suivante, on leur a dit qu’Abdelhamid Jelassi ne voulait pas de visite, prétexte encore invoqué les deux semaines qui ont suivi pour justifier l’absence de parloir.

 

Abdelhamid Jelassi avait annoncé à sa famille, lors de la dernière visite, remontant au 11 novembre 2006 à la prison de Mehdia, qu’il commençait une grève de la faim pour exiger sa libération. Jelassi a été arrêté en avril 1991 et condamné en août 1992 dans le cadre des affaires du mouvement Nahdha à l’emprisonnement à perpétuité par le tribunal militaire de Bouchoucha.

 

Le cas du prisonnier politique Abdellatif Bouhjila, dont la famille a été privée de visites sans motif légal pendant cinq semaines et qui a été présenté le 12 décembre dans un état d’exténuation tel que deux agents l’ont transporté. La visite de son père a été interrompue au bout de quelques minutes après son évanouissement.

 

Bouhjila avait informé son père le 7 novembre 2006 qu’il avait commencé une grève de la faim pour protester contre son absence de traitement et pour exiger des poursuites contre l’agent qui l’avait agressé.

 

Abdellatif Bouhjila est incarcéré depuis 1998 et a été condamné à onze ans d’emprisonnement. Le CNLT :

 

– Fait part de sa vive préoccupation face à l’absence de nouvelles du prisonnier politique Abdelhamid Jelassi et aux dangers qui menacent son intégrité dans ces circonstances illégales.

 

– Alerte sur la gravité de l’état de santé du prisonnier politique Abdellatif Bouhjila en grève de la faim.

 

– Considère que les familles des prisonniers politiques ont leur part de châtiment et rappelle que l’article 14 de la loi n°52 de l’année 2001 relative au régime carcéral oblige l’administration pénitentiaire à informer la famille du prisonnier politique «  à chaque fois qu’il est transféré d’une prison à une autre », disposition violée dans le cas d’Abdelhamid Jelassi. Par ailleurs, l’article 22 relatif à la discipline prévoit que la privation de visite ne peut excéder quinze jours, disposition violée dans les deux cas.

 

– Fait endosser aux autorités tunisiennes l’entière responsabilité des dépassements commis par les administrations pénitentiaires contre les prisonniers.  

 

Pour le Conseil

La porte parole officielle

Sihem Ben Sédrine

 

(*) sic, LT

 

(Traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Liberté pour Mohammed Abbou

Liberté pour tous les prisonniers politiques 

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques

33 rue Mokhtar Atya, 1001- Tunis

tel/fax : 71 354 984

aispptunisie@yahoo.fr

 

 Le 14/12/2006

  

 

Communiqué

  

L’AISPP a appris que la date fixée pour l’intervention chirurgicale prévue sur l’ex prisonnier politique Ahmed Bouazizi, une ablation d’une tumeur cancéreuse du colon, avait été repoussée.

 

Monsieur Ahmed Bouazizi a contracté ce cancer en prison et n’a pas été soigné à temps, d’où l’apparition de métastases, notamment au foie. Monsieur Ahmed Bouazizi a été libéré après son transport à l’hôpital des maladies cancéreuses, l’hôpital Salah Azaïez, le 30 novembre 2006.

 

L’ex prisonnier politique Ahmed Bouazizi a su qu’il pouvait être traité par la médecine alternative dans un établissement des pays du Golfe. Il exige donc de se voir délivrer un passeport pour être soigné dans un établissement privé à l’étranger.

 

Le président de l’Association

Maître Mohammed Nouri

 

(Traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


  Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001- Tunis tel/fax : 71 354 984 aispptunisie@yahoo.fr Le 14/12/2006 Communiqué

 
Aujourd’hui, messieurs Slim Ben Boubaker Ben Mohammed Habib et Rabi’i Ben Nasr Khelifi ont été déférés devant la deuxième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Abderrazak Ben Mouna, afin d’y répondre de crimes de terrorisme qu’ils nient avoir commis. L’appel de l’affaire a eut lieu à la fin de la séance, à l’issue des plaidoiries dans les autres affaires et il semble que le but en était de vider la salle. Effectivement, il ne restait plus au procès que les plus proches parmi les proches des accusés et la police n’a autorisé qu’une personne par accusé à entrer dans la salle. Beaucoup d’avocats se sont présentés pour assurer leur défense, tandis que d’autres ont demandé le report de l’affaire afin de préparer les moyens de la défense. Mais le tribunal a refusé tout comme il a refusé l’intervention d’un avocat après avoir fait taire son client qui voulait préciser ses liens avec un des accusés. Parmi les questions posées à l’accusé : son appartenance confessionnelle. Un des avocats a soulevé la question de la torture demandant que son client soit soumis à un examen médical, mais le tribunal a refusé. Maître Abderraouf Ayadi a voulu plaider mais le tribunal l’a interrompu dès le début et a refusé qu’il discute de la légalité de la loi en vertu de laquelle la chambre d’accusation avait déféré l’affaire devant la chambre criminelle. Maître Abderraouf Ayadi a voulu faire valoir l’inconstitutionnalité de la loi du 10 décembre 2003, car violant la Constitution et les conventions internationales, mais le tribunal s’est obstiné à l’empêcher de poursuivre sa plaidoirie, disant qu’il appliquerait la loi dans tous les cas. Il a alors voulu changer les moyens de la défense et poursuivre la plaidoirie, mais le tribunal n’a rien voulu savoir, a refusé de lui donner la parole, et lui a ordonné de sortir de la salle. L’ordre a été donné aux agents de l’évacuer. Maître Ayadi a protesté,  considérant qu’il s’agissait d’une grave violation des droits de la défense. Il a dit que cette affaire était politique et que l’histoire l’immortaliserait. Ses confrères se sont solidarisés de lui et ont quitté la salle. Des voix de mères de prisonniers politiques se sont élevées lors de cette affaire, comme dans celle qui a suivi. Elles protestaient contre le fait que leurs enfants soient privés de leur droit à être défendus. Après délibération, le tribunal a condamné Slim Ben Boubaker Ben Mohammed Habib à neuf ans d’emprisonnement et Rabi’i Ben Nasr Khelifi à dix ans. Le tribunal a repoussé l’examen de la seconde affaire au 4 janvier 2007. Cette même chambre avait rendu un jugement sévère dans une autre affaire qu’elle avait examinée le 12 décembre 2006. L’AISPP rappelle sa position inchangée quant à la loi sur le terrorisme qu’elle considère inconstitutionnelle, ne faisant pas de distinction entre la résistance et le terrorisme. Elle exprime sa préoccupation face à ces condamnations lourdes infligées à des jeunes pour leurs croyances, leurs pensées et leurs intentions qui n’ont pas eu de concrétisation. Elle considère que ce qui s’est passé aujourd’hui est une atteinte grave aux droits de la défense car un avocat peut changer les moyens de la défense et que, tant qu’il ne sort pas du cadre de l’affaire, le juge ne peut interférer. Le Président de l’Association Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Lettre de l’ACAT au Ministre tunisien de la Justice

et des Droits de l’Homme

 

 

Monsieur le Ministre de la Justice

M. Bechir Tekkari

Ministère de la justice et des droits de l’homme

57 Boulevard Bab Benat

Tunis

Tunisie

Fax : 00 216 71 568 106

 

Monsieur le Ministre,

 

Membre de l’ACAT, je suis particulièrement consterné et préoccupé par les conditions de détention et l’état de santé des prisonniers Abdelhamid Jelassi, Bouraoui Makhlouf, Hédi Ghali et Mohammed Salah Gsoumaen grève de la faim depuis le 5 novembre 2006. Ces derniers purgent des peines de prison allant jusqu’à 15 années de prison pour certains. En dépit de ces protestations non violentes, rien n’a été fait pour améliorer leurs conditions de détention. Pire, l’administration pénitentiaire a décidé de les séparer. Les visites de des familles ont été restreintes et fortement limitées, des prisonniers ont été placés en isolement total. La vie de ces détenus est fortement en péril.

 

Monsieur le ministre, je vous demande instamment :

 

    * de garantir l’intégrité physique et psychologique des détenus Abdelhamid Jelassi, Bouraoui Makhlouf, Hédi Ghali et Mohammed Salah Gsouma, et de leur permette d’accéder à des soins médicau

 

    * de les libérer de cet enfer carcéral qui a déjà fait tant de victimes en Tunisie.

 

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre plus haute considération.

 

Nom :

 

Adresse :

 

CC : Ambassade de Tunisie en France 25 rue Barbet de Jouy 75 007 Paris

 

 

Action des chrétiens pour l’abolition de la torture – 7, rue Georges Lardennois 75019 Paris – France 33 (0)1 40 40 42 43 – www.acat.asso.fr –actions@acat.asso.fr

 


 

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives Communiqué  

TAOUFIK EL AMRI Tunisien trouvé mort à Nantes  peu de temps après son interpellation  par la police nantaise

  UNE VICTIME DE PLUS DE LA SURENCHERE SECURITAIRE DE M. SARKOZY

Taoufik n’avait commis aucune infraction. Il n’était pas non plus en « situation irrégulière ». Il avait 33 ans et travaillait en intérim sur un chantier à Cholet (Maine-et-Loire). Dans la nuit du 22 au 23 novembre 2006, alors qu’il était en bordée à Nantes avec deux amis, il est interpellé et embarqué par 3 gardiens de la Paix. C’était la dernière fois qu’on voyait ce père de famille vivant. La déclaration de sa disparition par sa famille inquiète provoque une enquête. Les trois policiers qui ont procédé au contrôle d’identité de Taoufik multiplient alors les déclarations contradictoires : motif et circonstances de l’interpellation, endroit où ils l’avaient remis en liberté… Mercredi 13 décembre des plongeurs repêchent le corps inanimé de Taoufik dans le Canal Saint Félix à Nantes. Les trois policiers sont mis en garde à vue par le Procureur de la République et leurs mensonges éclatent au grand jour. Leur version invraisemblable des faits les met en accusation. Dans l’hypothèse où Taoufik aurait été « en état d’ivresse manifeste », les policiers se devaient de le mettre en « cellule de dégrisement » et le fait de le remettre en liberté dans cet état constitue dès lors un cas flagrant de  « non assistance à personne en danger » ! Dans le cas contraire, le contrôle de Taoufik n’avait tout bonnement pas lieu d’être puisqu’il n’avait commis, ni ne s’apprêtait à commettre, aucune infraction (art. 78 du code de procédure pénale) et il s’agirait alors d’un « contrôle au faciès » (« délit de sale gueule ») répréhensible par la loi pénale… L’enquête en cours dira s’ils sont coupables de « non assistance à personne en danger » et  impliqués directement ou indirectement dans la mort de Taoufik ? La FTCR s’éleve contre la multiplication des contrôles au faciès et des bavures (il y a un an Clichy sous Bois) qui est révélatrice de la politique du «tout sécuritaire » du Ministre de l’intérieur où « faire du chiffre » en matière d’arrestations, de contrôles, d’expulsions du territoire, etc. devient la consigne pour des policiers qui en oublient leur fonction de « gardiens de  la Paix ». Taoufik, après d’autres, l’aura payé de sa vie.    La FTCR :  . Présente ses condoléances à la famille et aux proches de Taoufik EL AMRI . Condamne fermement le manquement gravissime par les policiers à leur obligation de porter assistance à sa personne. . Demande que toute la lumière soit faite sur les circonstances du décès de Taoufik, et au cas où les prévenus seraient déclarés coupables, qu’il leur soit infligé une punition exemplaire. . Dénonce la politique du « tout sécuritaire » du gouvernement qui ne peut aboutir qu’à de tels drames.   Paris, 14 décembre 2006  

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives

Un passeport pour Kamel Jendoubi !

 
La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives s’insurge contre cet Etat tunisien qui prive encore une fois, un de ses « citoyens » de son droit le plus élémentaire : la liberté de circulation. Notre ami Kamel Jendoubi est en effet privé de passeport et forcé à l’exil depuis plus de dix ans. Les initiatives se sont multipliées pour sensibiliser les gens, ainsi que les pouvoirs publics et onusiens sur cette situation. La FTCR aussi, interpelle les différents mécanismes onusiens de défenses des droits humains, ainsi que les différentes institutions européennes, afin d’intervenir auprès des autorités tunisiennes, pour réparer cette injustice, ô combien flagrante. Depuis mars 2000, les autorités tunisiennes refusent le renouvellement du passeport de Kamel, le privant ainsi du droit élémentaire de circulation et du retour à sa terre natale. Cette décision arbitraire qui l’a empêché en 2004 d’assister aux funérailles de son père, est survenue après une série de campagnes médiatiques calomnieuses bien orchestrées de la part de journaux de caniveau , campagnes qui n’ont d’ailleurs pas hésité à porter atteinte à son intégrité et à son honneur. Tout cela fut bien sûr suivi, d’un « procès- mascarade », intenté par une justice délabrée et corrompue et à l’occasion duquel, elle accusa le militant Kamel de « diffamation des autorités publiques et judiciaires » sans toutefois prendre la peine de l’informer ou de le saisir officiellement de cette poursuite judiciaire ! La FTCR considère que ces mesures prises à l’encontre de notre compagnon de lutte- qui rappelons-le, est le président du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (C.R.L.D.H.T)- sont contraires au respect des droits humains, ainsi qu’aux normes juridiques de l’ordre national et international. Elle rappelle surtout, que le droit de disposer d’un passeport est un droit inaliénable et que la liberté de circuler est une liberté fondamentale garantie par la constitution du pays et par les conventions internationales que la Tunisie elle-même a ratifiées. Par ailleurs, la fédération affirme que le droit de défense est un droit sacré et qu’il est intolérable que les autorités engagent des poursuites judiciaires contre un citoyen tunisien résidant en France, soit qu’il en soit avisé. Elle s’élève contre cet acharnement des autorités tunisiennes à réprimer, par des moyens crapuleux et des voies détournées tous les défenseurs des droits humains, Hommes et Femmes, à l’intérieur du pays, comme à l’extérieur. La F.T.C.R exige enfin l’arrêt de ces mesures arbitraires à l’encontre de notre ami Kamel et affirme que la mobilisation continuera, quelque soient les pressions et quelque soient les atteintes faites à la dignité humaine.   Soyons toutes et tous avec Kamel !   Paris le 26-11-2006

 


 

 

                                       

L’institut International de la Pensée Islamique – IIIT France vous invite à une Rencontre – Débat

« Pouvoir politique et légitimité en Islam »

 

Avec

 

M. Abderraouf Boulaabi

Directeur de l’Institut Supérieur des Sciences Islamiques – ISSI, Docteur en sociologie politique et Islamologie

 

Autour de son dernier livre paru chez éd. l’Harmattan, 2006 :

« Islam et pouvoir : les finalités de la Charia et la légitimité du pouvoir

 

Samedi 16 Décembre 2006 à 14H00

 

Au bureau de l’institut situé au 9-11 Avenue Michelet 93400 St Ouen Métro n°13, arrêt Carrefour Pleyel, Sortie BD Ornano

 

Entrée : libre

  

Tél. : 01.40.10.24.46

Fax : 01.40.10.24.47

E. mail :iiitfrance@yahoo.fr

Site Internet : www.iiitfrance.net

 


 

Pinochet, Zinochet,

destins croisés

Les dictateurs ont ceci de commun : la traîtrise, la peur, la fuite. Jusqu’à sa mort, Augusto Pinochet, l’ex-général chilien coupable d’avoir torturé des dizaines de milliers parmi ses compatriotes et assassiné des milliers d’autres, aura fui la justice internationale pour laquelle son procès aurait servi d’exemple. Jusqu’à sa mort qui ne l’absout nullement de ses crimes, le « caudillo » aura nargué cette justice internationale embryonnaire – mais ô combien nécessaire – pour montrer aux criminels qui nous gouvernent que tôt ou tard, ils rendraient compte de leurs abominations. Un lâche criminel s’en va. Des familles entières déchirées depuis l’opération Condor n’obtiendront donc pas réparation ni les disparus n’obtiendront justice. Il serait intéressant de rappeler amèrement ici que c’est tout de même grâce à certaines personnalités influentes dans les démocraties occidentales que Pinochet avait pu échapper dès 1998 au filet de l’inlassable juge espagnol Garzon. Je veux citer cette femme de marbre, l’ex-Premier ministre britannique Margaret Thatcher. Oh ! Point n’est besoin de revenir sur les connivences rattachant l’une et l’autre depuis la guerre injuste menée dans les Malouines. Il y a et y aura malheureusement toujours de ces hommes et femmes au sein des démocraties occidentales qui ne savent pas se défaire de tyrans infréquentables. Ce qui m’interpelle aujourd’hui, comme en 1998 déjà à travers l’arrestation d’Augusto Pinochet à l’époque, à Londres, c’est cette sorte de parallélisme ayant jouxté l’ancien dictateur chilien et l’actuel tyran tunisien au pouvoir. Tous deux sont effectivement issus de l’armée. Mais ce n’est pas tout. En tout cas, ce n’est pas en appel ce qui serait le plus symbolique. Ils sont surtout tous deux traîtres, lâches, félons… Quelques heures avant de mettre fin à sa vie alors que le palais de la Monéda était en feu, et préférant le suicide à l’horreur de la torture, le président socialiste Salvatore Allende disait alors sur les ondes de la radio nationale chilienne : « J’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas vain ; j’ai la certitude que cela sera une leçon morale qui punira la félonie, la lâcheté et la trahison ». C’était un certain … 11 septembre 1973, et les USA voyaient alors d’un bon oeil, sinon encourageaient un drame qui se jouait en Amérique Latine. Une vingtaine de jours plus tard, le félon nommé par Allende fut destitué. En Tunisie, Zine El Abidine Ben Ali ne fut qu’un fonctionnaire de renseignements depuis les années 60 et rien ne le prédestinait à une carrière politique. Le mensonge, les dossiers, la Cour, l’ont parachutés pour être nommé dauphin de Bourguiba le 2 octobre 1987. Le 7 novembre de la même année, il destitua son mentor. Soit 35 jours. Peu importe ! Dans l’armée, on ne parle pas et l’omerta est la règle même si les félons en sont issus depuis les guerres d’indépendance et de décolonisation dans les pays arabes et maghrébins Et ce qui n’est pas sans raison depuis une dizaine d’année, nous avons à juste titre attribué au Général sans envergure qui gouverne la Tunisie, le surnom de Zinochet. Ce félon , issu de rien, et dont la botte militaire écrase tout un peuple, doit être jugé. Le plus tôt possible. Car les tyrans finissent souvent malades. Avant de se réfugier aux enfers. Sans répondre de leurs crimes abjects. Or, le vrai enfer est celui vécu par leurs concitoyens avant que leurs prostates chancellent et que leurs coeurs vacillent… Il faut avoir le courage de dire, contrairement à ce que soutenait Moncef Marzouki, il y a peu, que Ben Ali et sa famille doivent être jugés. Osons espérer qu’une justice les poursuive jusque sous la terre…une terre acquise d’ailleurs par le vol, le viol et les crimes… Slim Bagga
 
(Source: L’Audace N°143 janvier 2007)


 

Tunisie : le prix du combat pour la liberté

Article paru dans le journal OUEST-France,édition du dimanche 10 décembre 2006

 

A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, entretien avec le militant Moncef Marzouki, qui vient de rentrer à Sousse (Tunisie) pour lutter contre la dictature de Ben Ali.

 

Médecin internationalement reconnu, défenseur des droits de l’enfant et des handicapés, Moncef Marzouki, 61 ans, est l’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Il dénonce sans relâche la torture. En 2006, après un exil en France, il rentre en Tunisie où sa sécurité est menacée. Vendredi, alors qu’il répondait par téléphone aux questions de Ouest-France, Moncef Marzouki a reçu la visite de la police tunisienne, qui lui a remis une convocation au tribunal.

 

Pourquoi ce retour risqué en Tunisie ?

 

Question de cohérence. À partir du moment où j’ai appelé les Tunisiens à entrer dans une résistance pacifique et démocratique, je ne pouvais pas décemment le faire à partir de Paris. La dictature a détruit ce pays, elle en a détruit l’âme, les valeurs, les institutions. Il y a ici un peuple pacifique, civilisé… mais qui a été pris en charge par un régime qui exerce sur lui un terrorisme d’État.

 

Quelles formes cela prend-il ?

 

La filature permanente, l’omniprésence de la police, la surveillance des téléphones, des courriers. Dans les années 1990, on a eu une quarantaine de morts sous la torture. On estime que 30 000 personnes ont été torturées. Non pas pour arracher des informations. Mais pour terroriser : la porte reste entrebâillée… pour que les gens sachent qu’on torture.

 

Quel est intérêt de Ben Ali ?

 

Pour protéger un vaste marché de corruption, parce que nos pays sont quasiment mis en coupe réglée par des bandes mafieuses qui se sont emparées des États. Donc, pour cacher leurs vols, elles sont obligées de faire taire les gens.

 

Le harcèlement est permanent ?

 

À partir du moment où des hommes, comme moi, se lèvent pour dire « non », ils sont chassés à courre. Je suis incapable de marcher dans la rue. On envoie contre moi des gens qui me traitent de juif, de sioniste, de vendu…

 

Comment un tel régime se maintiendrait-il sans base populaire ?

 

Il n’a pas de base populaire. Mais un tel régime peut se maintenir très longtemps par la terreur, surtout s’il a un appui étranger. Or, actuellement, toutes les dictatures arabes, pas seulement la nôtre, sont appuyées par les grandes démocraties occidentales, par la France, par l’Europe, etc.

 

Parce que M. Ben Ali les persuade qu’il lutte contre le terrorisme islamique, c’est cela ?

 

Absolument. Or, ce terrorisme, il le fabrique lui-même. Actuellement, il y a pratiquement 600 jeunes qui sont arrêtés et qui passent dans le hachoir d’une loi antiterroriste adoptée pour faire plaisir à M. Bush. Des jeunes qui, tout simplement, vont à la mosquée. On leur fabrique des procès absolument iniques, pour faire passer l’idée que la machine répressive tunisienne est en train de faire de la prévention. La population paraît résignée… C’est une impression. Jusqu’en 1996, les Tunisiens étaient dans un puits et cet homme avait mis la bâche au-dessus du puits. On ne voyait pas la lumière. Dans ces années de plomb où j’étais président de la Ligue (tunisienne des droits de l’homme), pour envoyer un fax, c’était la croix et la bannière. Al-Jazira et Internet ont tout chamboulé. Les élites, maintenant, sont superinformées par Internet et le peuple superinformé par Al-Jazira. Les régimes qui luttent contre la liberté d’expression sont complètement isolés, dévalorisés, désacralisés.

 

Vous prônez une transition pacifique. Laquelle ?

 

D’une part, j’appelle la population à résister. D’autre part, je dis à ces gens-là : allez-vous en, on ne veut pas vous traîner devant la justice comme cela se passe en Irak. Rendez à la population ses droits, ses libertés… On pourra organiser une réconciliation, ce qui s’est passé en Afrique du Sud après la fin de l’apartheid.

 

Une Journée des droits de l’homme, cela sert-il vraiment ?

 

Cela sert. C’est à la fois très inquiétant dans la mesure où plus on parle des droits de l’homme, plus cela veut dire qu’ils vont mal et pourtant, il y a quelque chose de positif c’est que… (silence) C’est la police. (dialogue en arabe… silence) Je viens d’être convoqué, le 12 décembre, devant le juge d’instruction ! Pour incitation à je ne sais quoi… Cela veut dire que, très probablement, ils veulent m’arrêter. J’avais décidé de me rendre en France, le 21 décembre, pour passer les fêtes avec ma famille et pour continuer mes soins médicaux. Voilà, je ne pourrai pas. […] Oui, il faut continuer à parler les droits de l’homme. Mais il ne faut pas les confiner dans les questions de libertés politiques, il ne faut pas oublier que ce sont aussi des droits sociaux et économiques.

 

 

Recueilli par Bruno RIPOCHE.

 

(Souce : www.reveiltunisien.org, le 13 décembre 2006)

Lien :http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2402

 


 

Le 9 décembre 2006 : Les droits bafoués

 

Message posté sur les forums internes de reveiltunisien.org

 

Ce 9/12/2006, Ben Ali adresse un discours au peuple, pardon à une sélection de personnes choisies à la carte et par hasard qui sont toujours les mêmes.

 

Journée des droits de l’homme dictée par l’onu.

 

Cette institution internationale est à reformer puisque quand il s’agit des droits des palestiniens l’oreille est sourde !! Revenons à notre salle à Carthage où se tient le discours du siècle du chef de l’état, tout le système est là : accusé d’atteinte aux droits de l’homme, à savoir tous les prisonniers politiques, les prisonniers d’opinion, les prisonniers illégalement sans procédure judiciaire, sans avocat, les citoyens au chômage, les malades sans soins faute de moyens, les tunisiens privés de passeports, les étudiants arrêtés et expulsés des facultés, les tunisiens étouffés et encerclés par un système véreux jusqu’à les pousser à partir à l’étranger sans âme et une famille cassée et c’est voulu.

 

Absence du droit de manifester même sous la bannière de l’ugtt, le seul syndicat couvé par le parti et le régime et dont sauterelle pardon jrad est reconduit d’avance ; pas le droit de se réunir, pas le droit de créer une association, pas le droit de créer un parti, pas de droit d’éditer un journal, pas de liberté de presse ; pas le droit de participer à une conférence même scientifique sans l’aval de la dakilia, pas question de se présenter aux élections sans tazkia du parti, pas de critiques, pas de pièce de théâtre de jaibi ni de lamine ni d’émission de tv concoctée à l’avance et signée par les apparatchiks du Destour pas de kotba du vendredi dans les mosquées sans la signature du moldavo- tibétain ministre cheveux noir de la religion, pas d’aide sans passer par el oumda, le motamad, le wali, le rais d’echobaa, le secrétaire du rcd, il faut la griffe de ces personnes pour obtenir la bénédiction du système même pour dénicher une autorisation de vente de cigarettes, pas de bourse d’étude si le père n’est pas affilé au rcd, pas d’autorisation de louage si vous n’êtes pas fils de militant des moustiques, pas de mariage si votre fille est avec le khimar comme le cas de jbali, pas de visite des prisonniers du kef et tabassage des citoyens qui le font comme c’est le cas de marzouki, de Madame abbou, de maître ayadi sous les yeux de tous le monde !!!!

 

Pas de aljazira en Tunisie, pas de rsf, pas de revue ou quotidien qui vient de l’étranger ne sort sur le marché tunisien avant d’être contrôlé par le filtre politique, pas de ligue des droits de l’homme ltdh bloquée devant les tribunaux, pas de jugements des malfrats et des responsables ripoux et qui détournent tout argent, marchandise, humains, influences, vident les banques, exportent des devises, pas d’amendes pour les fautifs d’administrateurs, pas de blâmes pour les députés absents, pas de renvois des fonctionnaires rcdistes de leurs emplois protégés par le parti même au delà de 2 mois d’absence, pas de limite de temps pour les kawadas et les sans âmes, sans personnalités les mesquins genre ce samir abdallah de la chambre des conseillers on dirait korrfisse, et il parle jusqu’à ce que la salive blanche sorte des deux cotés et c’est comme ça qu’il a obtenu le poste en se mettant dans la couverta du hizb et tamjid, idem pour mhenni, pour samir labidi, un chiffon qui se tape le poste de l’onu en suisse ou cet énergumène du maître du dimanche, le capot des avocat el ahmadi en incitant directement à la tv comment trouver la ruse pour voler. Ou ce député un certain chrigui ancien wali, puis pdg après le frigo et cela après une grande bavure de vol de l’argent de l’état à l’office des logement de l’enseignement, 12 personnes jetées en prison sauf lui blanchi, au contraire il a été promu vice secrétaire général du parti c’est ça l’amitié, et ça ne lui plaît pas , il se lance et en quelques mois le voila promoteur il vend des appartements à prix d’or devient millionnaire et promet à ses amis acheteurs des postes de députés svp et chose faite de nombreux sont parachutés dans l’assemblée sans aucun niveau, dont un ancien délégué du jour au lendemain il est député pourtant la loi est claire pas question de se présenter comme candidat tout en étant préfet ou délégué. cela est possible pour les individus chez nous.

 

Pas de lois, pas de règlements de respectés, pas de droits les plus petits pour le citoyen, pour certains il faut attendre 10, voir 15 années pour obtenir gain de cause d’un tribunal, pas de droit si tu portes plainte contre l’état, pas d’explication des refus de l’administration, pas d’aides sociales tangibles, pas de logements pour les démunis, pas de sécurité sociale et blocage de la caisse d’assurance maladie dans l’intérêt de garder l’argent pour l’état et que les apparatchiks profitent du magot, pas d’allocations familiales, pas d’indemnités de chômages, pas de service militaire pour les fils des maquisards, pas de syndicalisme dans les sociétés étrangères… etc

 

Je regarde comme vous ces soumis qui applaudissent des phrases déjà entendues et répétées depuis 1987 ceux qui s’accrochent applaudissent plus fort, tiens jilani n’est pas là … il dort tranquille puisque confirmé à l’utica … j’ai oublié pas de relève de la gouvernance ni de direction des institutions, pas un seul qui n’applaudit pas, pas de rjouli qui dit ce qu’il faut dire de logique et qui se révolte contre cette mascarade des droits de l’homme même klibi marche en avant.

 

C’est honteux que juste le même jour on dénonce en Tunisie des graves atteintes aux droits de l’homme par toute l’opposition, par amnesty, par rsf, par human watch, par le parti socialiste français, par des défenseurs internationaux et même le conseil de l’Europe.

 

Des prix achetés avec l’argent des tunisiens offerts au chef … la preuve cette italienne garnabbou qui offre un cadeau au président écrit en arabe et enveloppé dans un paquet rouge et violet, mon oeil et l’oeil de tous les citoyens qui observent.

 

(Souce : www.reveiltunisien.org, le 13 décembre 2006)

Lien : http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2401

 


 

Le sort de Tawfik, c’est notre sort à nous, les tunisiens

chercher l’erreur …

 

Message posté sur les forums internes de reveiltunisien.org

 

On comprend très bien les sentiments d’injustice que ressent le docteur Marzouki, depuis 25 années il bataille pour la liberté de la Tunisie avec du courage à vendre face à un régime les plus dur du monde.

 

Mettons nous tous derrière cet homme correcte, sincère et cultivé en vue de changer les choses chez nous. Nous n’avons aucune alternative que de nous unir tous ensemble autour d’une personne valable et qui a sacrifié des années de sa vie pour une Tunisie plus juste et plus démocratique.

 

Je me pose une grande question, où sont les nombreux intellectuels tunisiens en France, en Europe, au Canada et ailleurs. Pourquoi ne s’expriment-ils pas sur les sites internet, dans les médias. Pourquoi n’organisent-ils pas des rencontres, des réunions, des associations actives où ils peuvent donner leurs avis et participer avec leurs compatriotes qui se battent contre la dictature et la main mise sur leur pays d’une mafia politico- économique.

 

Il ne faut pas avoir peur et être réticent, regardez tous ces gens courageux qui bougent dans tous les pays du monde Ukraine, Géorgie, Chili, Madagascar, Sénégal, Bahrein, Bolivie, Mexique, Turquie, Mauritanie, …des changements assez importants et voulues par les peuples.

 

C’est ça défendre son pays et non par ce silence, par cette timidité et le profil bas de laisser les autres faire et on profitera quand le plat est cuit. Il y a un manque flagrant de réactions de la part des tunisiens exilés, dont une majorité presque renvoyée de leur pays par la peur, par les intimidations et par le manque de libertés, voir pour un problème économique – vu que les postes sont accaparés par les ben oui oui. Savez vous qu’il y a presque un million de tunisiens qui vivent à l’étranger cela représente 10% de la population, un chiffre énorme pour un petit pays de 10 millions d’habitants et cela arrange le pouvoir en place, moins de bouches à nourrir, moins de chômeurs, moins de protestataires, moins de dépenses pour l’état, moins de concurrents pour les profiteurs et surtout plus de devises qui profitent aux apparatchiks et détourneurs.

 

Pas de division entre les tunisiens en majorité pour un changement radical de la politique en Tunisie et surtout que de nombreux concitoyens vivent mal en Europe dans la précarité et le chômage, souhaitant rentrer dans leur pays mais qui ont peur des conséquences en arrivant chez eux, de voir leurs situations se dégrader, de ne pas trouver les soins nécessaires, d’être écrasés par l’administration et par les contraintes. Des retraités calfeutrés dans les HLM à 70, 75, 80,ans et souhaitent mourir en Europe plutôt que d’avoir leur karama bafoué. Ce fait nouveau traduit la détresse de cette catégorie de tunisiens, qui dans le temps partaient le premier jour de leur retraite en Tunisie la tête haute de fierté de vivre dans un pays modéré.

 

Des jeunes qui meurent tous les jours en fuite vers l’Italie, l’Espagne, la France, des jeunes en prison à Malte, des jeunes dans les centres de retentions à Lampadousa,en Sicile, à Marseille, à Sangatte, à Sebta en attente d’être expulsés dans des conditions de haine et de mépris.

 

Les autres tunisiens même ceux qui travaillent subissent la ségrégation, le racisme, le rejet, l’exploitation. Ne parlons pas de ceux sans papiers qui souffrent quotidiennement traqués par la police, refoulés par les préfectures, écrasés par les profiteurs au noir et dans l’impasse vu les règlements draconiennes de sarkosy.

 

EJJALIA, dans l’oubli total du laisser aller de l’état tunisien qui ne tend même pas un doigt pour défendre les ressortissants tunisiens d’ailleurs. Au contraire il accueille les délocalisés et donne tout aux étrangers faux investisseurs et colporteurs. Voila le jeune Tawfik tué à Nantes et jeté dans un canal depuis 3 semaines ni vu ni connu à la suite d’un contrôle policier, cela par le fait qu’il la tête d’un nord africain et les soupçons tombent par mépris et par racisme.

 

Ce jeune tunisien ouvrier qui a quitté son pays à la fleur de l’âge est victime de cette dictature qui règne et marginalise les jeunes et les poussent à partir, et victime aussi des règlements de force et de haine contre les étrangers décidés par le ministre de l’intérieur en vue d’en découdre avec l’immigration et surtout les nord- africains.

 

(Souce : www.reveiltunisien.org, le 13 décembre 2006)

Lien : http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2400


On ne marche pas sur un « Homme Libre »

Larbi Guesmi

 

M. balha boujadi,

 

Dans ton article publié sur TUNISNEWS le 11 décembre 2006, tu nous a traités de ridicules,d’égorgeurs (=criminel), de fascistes….

 

Tu as dis des islamistes : …ils manipulent, ils agressent, ils menacent, ils trompent, ils dupent, ils défient, et surtout ils nous mentent tous les jours… Ils mentent comme ils respirent.

 

Et dire (dans ton dernier article) « En plus je n’ai jamais insulté personne de la même façon comme tu l’as fait » !!!! c’est du mensonge par excellence. Rien d’étrange : « Dans la façon de voir se projette la façon d’être »

 

On ne peut avoir une carapace assez solide pour rester imperméable à des insultes pareilles et aux incursions faites dans notre morale surtout lorsqu’elles sont fausses et se répètent fréquemment.

 

Tes propos vexants ont porté atteinte à notre dignité en tant que musulmans et tu veux peut être qu’on t’en remercie!!! L’équipe de TUNISNEWS, (renseignes-toi sur leur identité religieuse et politique et tu en seras surpris), l’ont déjà fait en publiant tes accusations non fondées sur le site, mais pas moi. Voilà, Œil pour œil, dent pour dent et celui qui a commencé est l’agresseur, avec le grand regret d’avoir joué ton jeu.

 

Tous les jours je lis et j’entends des propos et des points de vue qui ne me plaisent pas mais qui ne me révoltent pas non plus et que je respecte en tant qu’opinion d’autrui. Mais les tiennes, et comme toujours, elles ne sont ni justes ni objectives et n’expriment que de la haine et du faux ci se n’est de l’ignorance.

 

Tu rêves peut être d’avoir le prix Nobel pour la paix. Pourquoi pas ? C’est une manière de s’enrichir. Chaque fois que quelqu’un s’attaque à l’Islam et aux musulmans, peu après on le voit félicité par l’attribution de ce fameux prix.

 

Bref ! Ce que tu écris fait l’œuvre d’un pro-sioniste et rien de plus, pour ne pas dire que tu en es un.

 

Tu n’as aucune objectivité et tu ne mérites pas qu’on discute avec toi. Tes articles n’existent plus pour moi. L’équipe de TUNISNEWS va sûrement continuer à diffuser tes articles mensongères et haineux sur le site sous le prétexte de Liberté d’Expression !!! Tant mieux pour toi au dépend de plusieurs valeurs. Quand on est tellement assoiffé et affamé on risque de boire et de manger n’importe quoi. Mais heureusement que ce n’est pas le cas de tout le monde, en tout cas pas moi. Profite donc bien de cette Pénurie de libertés et de la générosité des « Tunisnewsois ».

 

Pour l’équipe de TUNISNEWS :

 

  1. La liberté d’expression a bien des limites et partout dans le monde il y a des lois qui régissent ces limites. C’est seulement quand il s’agit d’indigner les musulmans et de les agresser qu’on commence à parler de « Liberté Absolue », chose qui n’a jamais existé et qui n’existera probablement jamais.

 

  1. L’impartialité est, certes, une valeur, mais à mon avis, on a toujours une appartenance et une identité qu’il faut défendre clairement et à tout prix. Personnellement je préfère prendre partie et position claire dans le combat sans la moindre ambiguïté (sans vous accuser de quoi que ce soit).

 

 

  1. Merci pour le combat que vous menez, mes critiques ne sont qu’un point de vue.

 

RESPECT et EXCUSES pour tous les lecteurs de TUNISNEWS.


 

 

Ne leur permettez plus d’insulter notre religion

 

« … Je comprends bien votre point de vue à vouloir faire de Tunisnews le refuge de tous ceux qui veulent s’exprimer librement (votre réponse à Monsieur Larbi Guesmi), mais d’ici à permettre aux chargés de missions de la Dakhilia d’insulter notre religion, et de porter atteinte aux 1,5 milliard de ses adeptes, je trouve cela très léger de la part de Tunisnews… !!, car les types comme Balha le simplet, ou un certain Kamel Chaabouni, ou tout autre ramassis du Nidham ont leurs propres journaux de propagande tel El Hadath ou Echchourouk où ils peuvent cracher librement leurs venin et cela avec la bénédiction des autorités.

 

D’autre part, imaginez que demain, les 130 mille agents de Ben Ali se mettent à leur tour à écrire (ils ont largement le temps pour cela) allez-vous diffuser leurs crachats au nom de la liberté de l’expression, au risque de saturer la toile ?

 

Je vous laisse réfléchir à cette éventualité, tout en vous proposant d’exiger la vraie identité de tous ceux qui veulent s’exprimer sur votre site ( identité que vous gardez pour vous bien entendu), mettant ainsi fin à tous ces minables qui crachent leur venin à travers des pseudo peu glorieux. Mais en attendant, je vous prie de bien vouloir mettre fin aux diffamations de ces ramassis de la Dakhilia

 

Amicalement,  Citoyen Tunisien


 

Les attentes du monde arabe à l’égard de l’Union européenne:

L’espérance déçue d’une alternative aux États-Unis ?

par François Burgat jeudi 14 décembre 2006

 

Cette note a été demandée par la Commission des Affaires étrangères du Parlement Européen. Direction générale pour les politiques externes de l’Union. Direction B – Département thématique Etude externe Fonctionnaire responsable : Dr Stefan Krauss DG Politiques externes Département thématique. Toute opinion exprimée est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement la position du Parlement européenDGExPo/B/PolDep/2006/25 4 octobre 2006 FR.

Dans le monde arabe, quelles sont, au miroir de la perception des États-Unis d’Amérique, les attentes des acteurs, gouvernants ou opposants, « sociétés civiles » ou « acteurs religieux » à l’égard de l’Union européenne ? Quelles améliorations l’UE pourrait-elle apporter aux méthodes, aux cadres de pensée et aux instruments de son action dans cette région du monde pour accroître leur efficacité ?

La visibilité et la fonctionnalité des actions de l’Union européenne dans le monde arabe diffèrent selon que l’on se place sur le terrain économique ou politique. La présente étude se concentre sur les attentes politiques du monde arabe. Elle s’efforce donc d’identifier, telles que les perçoivent ses possibles partenaires, les principales limites à la crédibilité et à l’efficacité de l’action européenne en la comparant le cas échéant à celle des États-Unis d’Amérique. L’importance de ces attentes varie en fonction de la proximité géographique des interlocuteurs et – selon qu’un passé colonial et, le plus souvent, son écho migratoire, relient les sociétés concernées – de leur degré d’« intimité historique ». Elle peut également, comme c’est le cas dans les territoires palestiniens, dépendre de l’urgence que revêt la quête d’un soutien occidental alternatif à celui des États-Unis.

L’analyse du champ politique des relations euro-arabes requiert un usage prudent des catégories et des notions, notamment celles de « sociétés civiles » et d’« acteurs religieux » qui, dans un environnement autoritaire, peuvent perdre une grande partie de leur portée. Sans minimiser la qualité d’un grand nombre des initiatives de l’UE, cette étude s’attache à souligner ce que l’écoute des opinions arabes fait apparaître comme les principaux défis qu’elle devra relever pour renforcer et surtout pérenniser ses relations avec cette région.

Peut-on gagner la confiance d’une population en étant considéré comme l’allié complaisant de ses deux principaux « adversaires » ? Ce défi essentiel, l’Union doit le relever d’abord au niveau régional, du fait de sa proximité, voire d’un certain tropisme à l’égard de l’Etat d’Israël, même lorsque les politiques de ce dernier quittent manifestement les rails de la légalité internationale. Comment l’UE peut-elle gagner la confiance de la population palestinienne sans se démarquer plus fermement des graves atteintes aux droits élémentaires commises à son détriment par l’occupant israélien ? (1). Ce défi, l’Union doit ensuite le relever à nouveau, à l’échelle cette fois de chacune des enceintes nationales. Il résulte de sa complaisance avérée vis-à-vis des « repoussoirs » que représentent tous ceux des régimes arabes qui malmènent impunément les principes de bonne gouvernance qu’elle prétend précisément promouvoir. Comment l’UE peut-elle gagner la confiance des populations libyennes, algériennes ou tunisiennes (etc.), tout en déroulant le tapis rouge devant leurs leaders, que tout devrait pourtant porter à dénoncer pour la constance avec laquelle ils ont bafoué les droits et les libertés les plus élémentaires ? (2) La lenteur avec laquelle l’Union identifie, dans les sociétés civiles ou dans les oppositions politiques, des partenaires alternatifs – et, tout particulièrement, son incapacité persistante à établir le moindre contact avec la génération montante des courants islamistes modérés –, porte enfin fortement atteinte à son image, fragilisant de plus en plus l’ancrage de ses entreprises. L’impasse où l’a placée, en janvier 2006, le boycottage du gouvernement palestinien pourtant élu avec son entier soutien, constitue la manifestation extrême de cette contradiction latente dans laquelle risque inexorablement de s’enfermer son action (3). Cette étude propose enfin quelques recommandations centrées sur la nécessité de préparer les mutations qui accompagnent le renouvellement en cours de la génération des élites gouvernantes issues des indépendances et le dépassement des ultimes séquelles de l’unilatéralisme, politique mais aussi culturel, hérité de l’histoire (4).

** *** **

1. L’Union européenne entre « attentisme » et « atlantisme »

L’action politique de l’Union européenne dans le monde arabe est souvent décrite – aussi bien par les acteurs étatiques que par les opposants – comme souffrant à la fois de l’inachèvement de l’édifice institutionnel sur lequel elle repose et d’une trop faible identité par rapport à celle des États-Unis. Alors que le discrédit croissant de la politique étrangère de l’administration du président Georges Bush procure un a priori très favorable dans de larges secteurs des opinions arabes, l’UE ne parvient que très partiellement à capitaliser le potentiel de ces millions de « déçus de Washington ». Au terme de négociations attentistes, la montagne des déclarations de principe accouche trop souvent de décisions tardives, considérées au mieux comme trop proches de celles des États-Unis et au pire comme trop ouvertement favorables à Israël.

Dans le traitement du dossier passionné du conflit israélo-arabe et de ses ramifications régionales, – tout particulièrement depuis le rapprochement franco-américain sur le dossier irakien puis libanais –, l’UE est ainsi accusée de s’aligner – contre l’intérêt bien compris de tous, y compris celui de l’État hébreu – sur les positions les plus unilatérales et les moins universelles de l’axe israélo-américain. Telle est la première limite, la plus fréquemment énoncée, à sa crédibilité et à sa réputation.

Pour la génération de ceux qui se disent désabusés à son égard, l’Europe dit souvent le droit, mais elle dit plus spontanément celui du plus fort. Et cela ne vaut pas que dans l’arène régionale (« Israël a le droit de se défendre »), mais, tout autant, dans les enceintes politiques nationales, où la stricte domestication des institutions parlementaire et judiciaire et la banalisation du recours à la torture contre les opposants politiques ont rarement été condamnées à l’heure et avec la fermeté attendue. Lorsque l’UE consent à rappeler le droit du plus faible, elle est accusée de ne point se donner les moyens, ni militaires, ni même seulement diplomatiques, de le faire appliquer, tolérant les plus graves manquements aux normes les plus solennellement énoncées de son action.

Si toute une génération d’opposants politiques, pas seulement islamistes, ne croit plus pouvoir compter sur l’appui des « principes » et des « valeurs » de l’UE, tant de fois proclamées , c’est que la politique des deux poids deux mesures a gravement porté atteinte à la crédibilité de son rôle d’arbitre régional. Dans les enceintes nationales, la longue guerre civile algérienne a fourni les exemples les plus archétypiques de ces manquements répétés. Depuis l’annulation du processus électoral de décembre 1991, l’usage illimité et la manipulation cynique de la violence par les officines du régime d’Alger n’ont mérité que le quasi-silence de Bruxelles et consacré son absolue incapacité à faire respecter ou même à rappeler en temps utiles les droits, garanties et principes que l’Union dit promouvoir dans la région.

Si, au Proche-Orient, il peut arriver que certains personnels de l’UE répugnent d’avoir à dévoiler publiquement leur affiliation professionnelle, c’est que, dans le conflit israélo-arabe cette fois, les épisodes se sont multipliés où la soumission silencieuse de l’Europe à la loi du plus fort a prévalu sur sa capacité à faire respecter ses engagements internationaux les plus clairement formulés. Des petits cercles diplomatiques informés jusqu’aux larges audiences populaires des chaînes satellitaires arabes, cette géométrie variable de l’éthique politique et de l’humanisme européen au Proche-Orient fonde le désaveu qui est au cœur de toutes les évaluations : les plus documentés des observateurs soulignent le contraste béant entre l’intransigeance avec laquelle l’Europe exige du Hamas le respect des trois conditions pour sa reconnaissance et le laxisme parfait avec lequel elle a laissé Israël s’affranchir totalement des cinq conditions mises à l’approbation de son retrait unilatéral de Gaza. L’« enterrement » du « plan de Jérusalem », produit d’un remarquable effort conjoint des chefs de mission européens pour une fois en parfait accord et mystérieusement devenu « caduc », a choqué les spécialistes de tous bords. En mars 2006, les conditions du retrait des observateurs européens de la prison de Jéricho pour y laisser pénétrer l’armée israélienne en toute illégalité internationale, conduisant Mahmoud Abbas à annuler son intervention devant le Parlement européen ont particulièrement malmené la crédibilité européenne. À ce jour, la plus marquante des contre-performances de l’Union aux yeux d’une écrasante majorité des opinions publiques, et celle dont la portée symbolique est la plus désastreuse, reste le retrait de l’aide budgétaire au gouvernement de l’Autorité palestinienne né de ces élections que Bruxelles et Strasbourg avaient encouragées, surveillées et approuvées sans réserve comme un modèle de démocratie unique dans le monde arabe.

En juillet 2006, dans une configuration curieusement identique – puisque l’État hébreu, après l’offensive contre le Hamas de Gaza, lançait une offensive armée sous l’identique prétexte de s’en prendre à un adversaire exclu du champ politique légitime du seul fait de sa qualification d’« islamiste » –, la longue semaine de silence de l’Union – à peine rompue par une déclaration de sa présidence (la seule également à avoir évoqué l’existence des prisonniers palestiniens) – et son incapacité à raccourcir les délais accordés par les États-Unis à Israël pour parfaire la destruction des infrastructures civiles du Liban ont contribué à sceller ce désaveu unanime des opinions publiques arabes et, à quelques nuances près, celui de ses élites gouvernantes.

Lorsque, le 2 août 2006, Ahmed Mansour, présentateur vedette de l’émission phare de la chaîne qatari Al-Jazira (Bi La hudûd  : Sans frontières) reçoit Madame Tarja Halounen en sa qualité de présidente de l’Union européenne, il résume ainsi en peu de mots ce profond dépit : « Vous n’aidez qu’Israël ! Tous les responsables européens qui sont venus visiter la région ont évoqué la libération des prisonniers du Hezbollah ou du Hamas. Mais pas un seul n’a évoqué […] les cinq cents femmes ou enfants incarcérés dans les prisons israéliennes. À ce jour, pas un seul Européen n’a réclamé leur libération, ni la leur ni celle des autres prisonniers. N’y a-t-il donc que les Israéliens qui intéressent l’Union européenne ? »

2. La fragilité politique des relais institutionnels de l’Union

Comment communiquer avec un groupe dont le leadership autoritaire et impopulaire a de surcroît une propension naturelle et un talent achevé pour centraliser à son profit tous les canaux et tous les vecteurs de la communication ?

Les principales attentes arabes non satisfaites vis-à-vis de l’Europe et le principal obstacle à l’approfondissement de ses relations avec cette région du monde sont d’une manière ou d’une autre le résultat, direct ou indirect, de cet autoritarisme de la majeure partie des partenaires étatiques et institutionnels sur lesquels repose son partenariat. La relative incapacité de l’Union à prendre la mesure de l’impopularité croissante de ses partenaires étatiques pourrait être atténuée par une politique de communication avec les acteurs non étatiques. Mais, on va le voir, il n’en est rien. L’Union peine à identifier, aussi bien au sein des oppositions partisanes qu’au sein des sociétés civiles ou des acteurs religieux, des partenaires ou des interlocuteurs susceptibles de pallier l’impopularité de ses interlocuteurs officiels. Pas assez démarquées des politiques impopulaires de l’administration américaine ou d’Israël, les actions de l’UE sont relayées par des régimes qui, pour garantir leur survie, acceptent de se faire eux-mêmes les relais de ces politiques, y compris dans leur volet sécuritaire. À la locomotive de la « guerre globale contre la terreur », ils accrochent ainsi les wagons de leurs propres stratégies répressives. Sauf à être infléchies substantiellement, les politiques de coopération de l’UE risquent ainsi d’échouer à prévenir les graves crispations qui ne manqueront pas de survenir quand de nouveaux régimes dans cette région seront en prise plus directe avec le sentiment et les attentes de leurs concitoyens.

Une façon – brutale mais didactique – de prendre la mesure de la distance qui, au Maghreb comme au Proche-Orient, sépare les attentes populaires et les discours des régimes, est d’utiliser, aux marges du monde arabe, la référence iranienne. Elle permet d’observer un État où le processus révolutionnaire de 1980 a mis en prise – pour un temps – la perception populaire des politiques de l’environnement occidental et le « franc-parler » du régime. Si l’on veut prendre la mesure de l’ampleur du désaveu des politiques occidentales au Proche-Orient, il faut avoir conscience que (hormis la parfaitement condamnable mise en doute des crimes nazis) la rhétorique du président Ahmadinejad à l’égard de l’Occident et d’Israël peut être considérée comme une matrice raisonnablement fidèle de ce que, dans bon nombre d’enceintes privées et, de plus en plus souvent, dans les grands forums télévisés du monde arabe, exprime une écrasante majorité de la population. On peut ainsi entrapercevoir la ligne politique que pourraient défendre d’autres régimes à naître lors de la marginalisation – inévitable – des élites gouvernementales aujourd’hui au pouvoir.

2.1. L’arbre des stratégies gouvernementales…

2.1.1. Sur la scène internationale : l’aide de l’Europe « contre » les États-Unis

Le paradoxe des attentes exprimées par les élites gouvernementales vis-à-vis de l’Union tient au fait que, dans l’arène internationale, elles attendent de leur partenaire européen un partage des ressources politiques plus équitable en leur faveur, partage qu’elles sont en revanche peu enclines à mettre elles-mêmes en œuvre, dans les arènes nationales cette fois, dès lors qu’il s’exercerait au détriment de leurs propres privilèges. Confrontées à l’unilatéralisme américain en général (et notamment au verrouillage américain du Conseil de sécurité), les élites arabes au pouvoir ont vis-à-vis de l’Europe des attentes peu différentes de celles de leurs opposants. Sans d’ailleurs que les modèles de société soient significativement en cause, si elles souhaitent plus d’Europe, c’est avant tout pour avoir « moins d’Amérique ».

Leurs souhaits au moins officieux se sont diversifiés un temps sur l’appréciation de l’opportunité de l’intervention américaine en Irak, l’éviction de Saddam Hussein ayant bénéficié, avant que l’ampleur des « dommages collatéraux » et les contrecoups multiples de cette campagne militaire n’aient été mesurés, du soutien au moins tacite d’une partie d’entre elles et, il est vrai, de certains compartiments de leurs opinions publiques.

D’une manière générale, sur la scène internationale, les élites gouvernementales semblent attendre aujourd’hui que leurs partenaires européens, en se démarquant des politiques des États-Unis et de leur tropisme pro-israélien, deviennent moins « infréquentables » que ceux-ci aux yeux de leurs opinions. Plus l’UE se démarque des États-Unis et plus elle (re) devient de ce fait un partenaire apprécié.

2.1.2 Sur la scène intérieure : contre les droits des opposants

Dans leur relation avec l’Union européenne, les élites gouvernantes arabes ont une tendance logique à faire primer les exigences de leur pérennité sur les principes de bonne gouvernance que l’Union entend promouvoir. Leur impopularité et leur degré d’autoritarisme ne sont toutefois pas partout identiques. La répression n’est pas le trait dominant des dynamiques politiques du sultanat d’Oman ou celle des émirats pétroliers du Golfe, où la faible démographie se conjugue avec l’importance des ressources pétrolières et gazières pour alléger le fardeau politique des dirigeants et accroître leur marge de manœuvre. D’une manière générale, ces États rentiers peu peuplés ne sont pas ceux où les attentes à l’égard de l’Europe sont les plus aiguës et les enjeux de son action les plus importants. La Libye fait sans doute exception : sa rente pétrolière et sa démographie limitée ne l’ont pas protégé d’une profonde fracture politique, fut-elle masquée par l’ampleur des méthodes répressives mises en œuvre par le dernier venu des grands partenaires de l’Europe.

Même s’il n’est pas sorti – tant s’en faut – de l’ère de l’autoritarisme, le Yémen, pour avoir choisi de maintenir l’opposition islamiste, dont le leader est président du Parlement, à l’intérieur du système et donc loin des tentations révolutionnaires radicales, n’a pas encore atteint dans ce domaine le niveau des contradictions devenues manifestes au Maghreb et en Égypte. C’est surtout dans ces États les plus peuplés du nord de l’Afrique, ainsi que – mais en d’autres termes – dans les zones du Proche-Orient ou irradie le conflit israélo-arabe que se pose avec le plus d’acuité la question du rôle de l’Union en matière de soutien à la bonne gouvernance, à l’établissement de l’Etat de droit, à l’indépendance de l’autorité judiciaire, aux droits de l’Homme et aux libertés fondamentales.

Capables de cautionner une lecture très politique de la « domination impériale » des États-Unis, les élites gouvernementales avalisent en revanche fréquemment les lectures américaines les plus culturalistes ou les plus « théologiques » pour masquer les raisons très banalement politiques de la montée en puissance de leurs oppositions. En « dépolitisant » la lecture des résistances auxquelles ils se heurtent, la « sur-idéologisation » des tensions politiques permet en effet aux acteurs étatiques d’occulter la part de responsabilité souvent essentielle qui est la leur.

La « crise des caricatures » (janvier 2006) et celle née en septembre de la même année des propos sur l’islam du pape Benoit XVI ont montré qu’un certain nombre d’acteurs étatiques (Syrie, Libye, Égypte, Arabie Saoudite, mais également Israël) peuvent avoir paradoxalement intérêt à participer à cette « théologisation » opacifiante des humeurs de tous ceux qui leur résistent. Si le concept de « guerre des civilisations » a été significativement employé pour la première fois dès 1990 par Bernard Lewis à propos du conflit israélo-palestinien, c’est qu’il permettait de masquer très utilement la matrice trivialement nationaliste de ce conflit. Si certains régimes arabes autoritaires s’accommodent parfaitement des manifestations religieuses anti-occidentales – voire les encouragent en sous-main –, c’est qu’elles accréditent chez leurs interlocuteurs européens l’idée (fausse) que le fondement des oppositions auxquelles ils se heurtent de plus en plus fréquemment est de nature sectaire et religieuse plus que politique.

Les élites arabes au pouvoir cautionnent donc souvent des approches culturalistes (aidez-nous à résister à ces islamistes qui sont également vos ennemis) ou « économicistes » (aidez-nous financièrement et nos opposants perdront toute base sociale) pour justifier leur refus persistant de toute ouverture politique. Par cette stratégie, une partie d’entre elles est parvenue avec une étonnante facilité à faire cautionner son autoritarisme par l’environnement international en général et, notamment dans le cadre du Processus de Barcelone, par l’Union européenne en particulier.

Hormis les cas très particuliers du gouvernement palestinien du Hamas (qui a pour ambition de regagner la crédibilité de l’Union) et de la Syrie (qui doit surmonter une hostilité européenne liée non pas à ses méthodes répressives, dont l’Union s’est toujours accommodée, mais seulement à son rapprochement stratégique avec l’Iran), la plupart des régimes arabes, tout particulièrement les plus autoritaires, ont toutes les raisons de se féliciter de l’attitude de l’UE à leur égard. Par les seules exigences de leur « lutte » supposée « contre le fondamentalisme » et alors même que la démonstration est amplement faite que cette radicalisation sécuritaire crédibilise et nourrit celle de leurs opposants, ils sont parvenus à faire oublier leurs entorses graves et répétées aux libertés publiques et aux droits individuels. Ces entorses n’ont jamais affecté ainsi ni l’attitude de l’Union à leur égard ni le montant des soutiens financiers qui leur sont accordés, au détriment de la qualité des relations avec leurs opposants, c’est-à-dire une large majorité des populations concernées, en constante dégradation au cours de la décennie écoulée.

2.2. …et la forêt ignorée des attentes oppositionnelles

D’une manière générale, les acteurs autres qu’étatiques attendent donc impatiemment de l’UE s’autonomise de l’axe américano israélien et que, dans les domaines essentiels des droits de l’Homme et de la bonne gouvernance, elle se montre un interlocuteur plus exigeant à l’égard de ses partenaires étatiques.

2.2.1. Sur les droits de l’Homme : la conviction d’un double discours

Au lendemain des attentats du 11 septembre, le lancement de la « guerre globale contre la terreur » est venu différer une nouvelle fois la concrétisation par l’UE de ses exigences en matière de bonne gouvernance, de consolidation de l’État de droit, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Ce recul est bien mis en évidence par l’amertume de l’opposant tunisien Moncef Marzouki qui, pour résumer la démission de l’environnement international vis-à-vis des régimes autoritaires arabes, écrit que « depuis le 11 septembre, jamais les dictateurs ne se sont mieux portés ». L’éradication par la violence de toute opposition autre que cosmétique en Tunisie et en Algérie, la corruption avérée de la compétition électorale égyptienne, le « désamorçage » ou la mise hors de portée de toute sanction électorale des rouages essentiels du pouvoir marocain, pour ne rien dire du verrouillage totalitaire de la scène politique libyenne (dont le leader sera néanmoins autorisé lui aussi à fouler les tapis rouges de l’Europe), sont au cœur du désaveu manifeste dont fait aujourd’hui l’objet l’UE dans de très larges couches populaires du monde arabe.

« Pourquoi soutenons-nous tous les dictateurs arabes ? Leurs peuples ne veulent plus le faire, il faut bien que quelqu’un s’en charge  ! » Cet échange entre le chef de l’État français et l’un de ses jeunes compatriotes, imaginé en 1996 par Le Canard enchaîné, a conservé toute son actualité en 2006 et peut être extrapolé sans danger à la totalité des politiques de l’Union. Si de tels exemples sont volontiers empruntés au seul chef de l’État français, qui n’en a pas le monopole, tant s’en faut, c’est que Paris donne souvent le « la » européen du laxisme dans l’évaluation des performances démocratiques des régimes de la façade nord de l’Afrique.

« Je ne vois pas, en toute bonne foi, ce que l’on peut reprocher à ces élections  », déclare encore Jacques Chirac au lendemain du scrutin présidentiel algérien d’avril 2004 – notoirement truqué –, avant de faire remettre au président Bouteflika, en septembre 2005, le « Prix Louise Michel… des droits de l’Homme et de la démocratie  ». Quinze ans plus tôt, la France l’avait, il est vrai, fait remettre également à son homologue égyptien Hosni Moubarak au terme d’un scrutin dont les lecteurs du très réaliste roman témoignage égyptien (ou les spectateurs du film qui en est tiré), L’Immeuble Yacoubian[1], ne peuvent désormais plus ignorer la dérisoire réalité.

Les élections sont « raisonnablement démocratiques  », avait déjà commenté Paris (et laissé dire l’Union) en novembre 1995, au terme d’un autre scrutin algérien aussi grossièrement truqué. La voix de la France a tout autant attesté que la Tunisie était une « expérience exemplaire de modernisation  », sans jamais être contredite à Bruxelles. Les vrais droits de l’Homme sont le « droit de manger  » (sous-entendu pas les libertés démocratiques) a précisé enfin le chef de l’État français, commentant la grève de la faim entreprise en décembre 2003 par l’avocate militante des droits de l’Homme, Radhia Nasraoui, pour dénoncer la radicalisation sécuritaire du président Ben Ali – lui aussi couronné du Prix Louise Michel en 1988[2].

Pour les oppositions aux régimes des pays arabes ayant ratifié des « accords d’association » avec l’UE (comme la Tunisie, le Maroc et l’Algérie), le fameux « article 2 » de tous ces accords, affirmant solennellement le caractère « essentiel » du respect des droits de l’Homme[3] quotidiennement violés et jamais sanctionnés, est perçu comme le symbole même d’une duplicité de l’UE, dont le discours moral ne serait que le paravent d’un cynisme d’abord guidé par les intérêts économiques à court terme.

En 2005, la « colère froide » de deux militants tunisiens des droits de l’homme, Sihem Bensedrine et Omar Mestiri, a ainsi résumé éloquemment ce terrible paradoxe de l’action de l’Union : dans leur livre L’Europe et ses despotes, ils dénoncent la « criminelle hypocrisie des responsables de l’Union européenne  » et démontrent que « violations des droits de l’Homme et corruption, à des degrés divers, sont les traits communs des régimes auxquels l’Europe apporte un soutien politique et économique constant, du Maroc à la Syrie, en passant par l’Afrique du Nord et l’Égypte  ».

2.2.2. Des sociétés civiles sous influence et des « ONG » étatisées

Alors que l’UE tarde à prendre la mesure du prix que lui coûte l’impopularité des vecteurs étatiques de son action, elle ne parvient pas à établir le contact avec des acteurs non étatiques plus représentatifs : qu’ils soient représentés par les oppositions, les « acteurs religieux » ou les « sociétés civiles », ils souffrent eux aussi paradoxalement d’une identique fragilité.

Les « sociétés civiles » souffrent dans le monde arabe de deux tentatives d’appropriation restrictive. Les régimes autoritaires parviennent le plus souvent à y établir leur autorité, vidant ainsi le concept de toute portée. Ce détournement « interne » est aggravé par le fait que les Européens ont eu tendance à restreindre eux-mêmes la notion de société civile aux seuls acteurs dits « laïques » et à en exclure plus ou moins consciemment le large spectre des oppositions islamistes, des intellectuels ou des associations émanant ou seulement susceptibles de sympathie avec cette partie du paysage politique. Lorsqu’elle ne parle pas aux États, le plus souvent, l’Europe ne sait parler qu’avec ceux « qui lui ressemblent ». La sélection des voix désignées comme « laïques » s’opère souvent de surcroît sans trop se soucier, le cas échéant, de leur proximité avec les régimes – dès lors qu’elles disent, à leur vis-à-vis européen, dans l’une des langues qu’il parle (c’est-à-dire tout sauf la langue locale) et dans la « terminologie » qui lui est familière, ce qu’il souhaite entendre.

Si respectable puisse-t-elle être dès lors que l’on en mesure les limites, cette composante très minoritaire conforte chez son vis-à-vis occidental l’idée qu’elle détient le monopole du potentiel modernisateur dans les sociétés arabes. Et pour protéger son quasi-monopole de représentation auprès de l’environnement international, elle participe très activement au processus de démonisation et d’exclusion de ses rivaux islamistes. Confortée par cette frange radicale d’une intelligentsia laïque qui, dans son ensemble, est pourtant très loin de se restreindre à une telle posture, l’Europe surévalue assez systématiquement des expressions associatives de la société civile dotées d’une très faible représentativité : il leur suffit trop souvent de s’afficher comme « féministes », « de gauche » ou « laïques » pour que leurs interlocuteurs européens ne se soucient nullement ni de la réalité de leur ancrage populaire ni même de leur proximité éventuelle avec les régimes autoritaires, au point d’être parfois instrumentalisées ou même créées par les régimes à seule fin de nourrir et d’exporter le discrédit d’une (large) catégorie de leurs principaux opposants politiques.

Sous le pavillon des ONG, circulent en effet (dans le monde arabe mais pas seulement) toutes sortes de marchandises, y compris ce que certaines victimes de l’autoritarisme des régimes appellent aujourd’hui par dérision des « OVG » c’est-à-dire des organisations… « vraiment gouvernementales ». De la Tunisie au Maroc en passant le Yémen ou l’Arabie, elles sont créées « à la demande et selon la conjoncture », en fonction des besoins de la communication des régimes avec les chancelleries ou les donateurs étrangers, pour atténuer leur image d’autoritarisme, accaparer des financements mais aussi discréditer et contrecarrer toute concurrence de véritables ONG. C’est ainsi que le soutien de l’UE aux ONG et à travers elle aux « sociétés civiles », qui devrait nuancer sa proximité avec les régimes, se transforme très souvent, via les « organisations très gouvernementales », en un surcroît de soutien à leur égard.

Le cas bien documenté de la Tunisie fournit un exemple particulièrement révélateur de pratiques qui n’ont toutefois rien de spécifique et peuvent être extrapolées à la quasi-totalité des pays de la zone. Le 26 juin 2004, lors de la réunion à Hammamet de la commission préparatoire au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), les autorités ont montré une nouvelle fois leur capacité, pour empêcher la prise de parole des associations indépendantes, à mettre en avant des organisations leur ayant fait allégeance[5]. La capacité du régime à capter les aides destinées à la société civile a été amplement établie : « La délégation de l’Union européenne ne finance in fine que des associationscooptées selon une stratégie de saupoudrage par gouvernorat définie par Carthage. Les projets “démocratie” de MEDA sont canalisés par les intermédiaires agréés du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et, suivant les cheminements officiels, se transforment en soutien aux OVG, ces “organisations vraiment gouvernementales” comme disent les Tunisiens, qui ne constituent que des pseudo contre-pouvoirs [6]. »

Le Forum civil euroméditerranéen et la plate-forme des ONG destinés, dans le cadre du Processus de Barcelone, à dépasser le monopole des États et à institutionnaliser le débat entre organisations de la société civile, n’ont pas échappé à cette contradiction, jamais portée sur la table du débat. Aux yeux d’un grand nombre de ceux qui en sont de facto exclus, le Forum apparaît comme étranger à de larges composantes du paysage intellectuel et politique. Les acteurs proches des oppositions islamistes ne sont que très rarement associés à ces rencontres, et ceux qui voudraient voir évoluer cette situation se heurtent au lobbying surmédiatisé de la minorité agissante des sociétés civiles, proche des milieux qualifiés d’« éradicateurs » qui est parvenue, jusqu’à ce jour, à faire dénier par les Européens la moindre parcelle de légitimité politique à leurs challengers islamistes.

3. Un différentiel dangereux avec la génération de l’islam politique modéré[7]

Alors que les contacts noués entre l’UE et les oppositions devraient contribuer à desserrer la mise sous tutelle étatique des sociétés civiles, ils souffrent d’un même parti pris : sauf exception, ils sont strictement limités aux acteurs « laïques » de cette « troisième force » qui, dans l’imaginaire politique occidental, a vocation à surgir du tête à tête entre les régimes autoritaires et leurs opposants islamistes. Le problème que pose cette mythique troisième force est double : a) au cours des vingt années écoulées, elle a largement démontré qu’elle ne disposait pas d’un ancrage populaire lui permettant de constituer une alternative crédible aux régimes ; b) elle est fondée sur une lecture des courants islamistes qui les présente comme étant absolument imperméables aux dynamiques de libéralisation politique et de « démocratisation », ce qui est pourtant loin d’être le cas et signe la plus grave erreur d’appréciation du regard occidental dominant et, dans le cas présent, des instances européennes concernées.

3.1. Un Islam institutionnel étatisé

Dans le monde arabe, l’Union européenne tend à être perçue comme représentante de sociétés plus « déchristianisées » que laïques, ce qui constitue l’une de ses principales différences avec la société américaine, perçue comme plus religieuse. Cette religiosité américaine est parfois mise au crédit des Etats-Unis, pour qui, à la différence de l’Europe, la présence du religieux dans l’espace public ne pose pas problème. Au cœur de l’Europe, la France est accusée non seulement d’exclure le voile islamique des enceintes scolaires mais, de façon moins légitime, de le stigmatiser dans des pans entiers de l’espace public. La religiosité américaine est en revanche dénoncée comme nourrissant les entreprises missionnaires des ONG protestantes, leur soutien souvent très passionnel à l’État d’Israël et leur influence jugée particulièrement néfaste sur la politique étrangère des néo-conservateurs.

Dans le monde arabe, la plupart des acteurs religieux institutionnels (muftis et oulémas, dirigeants des grandes universités islamiques telle Al-Azhar) sont trop étroitement dépendants des régimes pour exprimer autre chose que les analyses et les stratégies de ces derniers. Les attentes exprimées à l’égard de l’Europe lors des innombrables dialogues interreligieux et autres séminaires et rencontres organisées avec ces représentants des croyants du monde arabe, tout particulièrement quand il s’agit d’analyser les causes de la « violence terroriste », occultent de ce fait systématiquement l’une des principales d’entre elles à savoir le verrouillage répressif qui sévit dans chacune de leurs sociétés. Sur ce terrain de la communication « inter-religieuse », telle est sans doute l’une des sources essentielles de la myopie de l’Union en matière d’information, d’image et d’action.

La mainmise des régimes sur les autorités religieuses ne se limite pas au territoire de leur stricte souveraineté politique : elle se manifeste aussi largement à l’intérieur de l’Europe, interférant tout autant avec le fonctionnement et donc la représentativité de certaines institutions musulmanes. Ainsi, un « dialogue interreligieux » qui réunirait, avec les encouragements de l’Europe, les autorités de la Mosquée de Paris, sur lesquelles l’influence du régime algérien est demeurée déterminante, les autorités religieuses algéroises, tunisiennes ou marocaines, n’aboutirait dans la réalité qu’à mettre en présence les différentes facettes d’un identique autoritarisme et à occulter, pour l’essentiel, les attentes convergentes dans ce domaine des croyants des deux rives. S’interdisant de prendre en compte le rôle – essentiel – des régimes dans la montée de la violence qualifiée d’« islamique », les « acteurs religieux » officiels tendent généralement à compenser ce vide par une excessive « théologisation » des tensions politiques. En tout état de cause, leur mobilisation ne permet que de façon limitée et contradictoire aux institutions européennes et aux communautés religieuses ou politiques ou simplement humaines des deux côtés de la Méditerranée d’entrer dans une interaction un tant soit peu productive.

Des stratégies de contournement de cette mainmise impliqueraient que l’Union choisisse de recourir à des interlocuteurs religieux déliés de toute allégeance avec les régimes et donc plus ou moins ancrés dans le paysage oppositionnel. Toutefois, la conjonction du « parler musulman » et d’une posture oppositionnelle suffit généralement, jusqu’à ce jour, à rendre à ses yeux un acteur musulman strictement infréquentable.

3.2. Un islam oppositionnel démonisé

La situation tout à fait paradoxale dans laquelle s’est trouvée l’Union en choisissant de boycotter le gouvernement palestinien nouvellement élu reflète en les concentrant les contradictions que le cumul de ces deux biais du positionnement européen – tropisme pro-israélien excessif et incompréhension de la nature des forces alternatives aux régimes arabes en place – risque à terme d’étendre à sa relation avec la totalité de son environnement arabe.

Les mêmes biais qui affaiblissent la définition européenne des « sociétés civiles » arabes « légitimes » produisent d’identiques dégâts dans l’identification des opposants politiques. Lorsque l’Union s’avise de vouloir prendre langue avec d’autres que les acteurs étatiques ou les représentants officiels des sociétés civiles, elle opère à nouveau un tri extrêmement préjudiciable à leur représentativité. Les oppositions dites « laïques » de la première génération (plus ou moins les héritières historiques des socialismes arabes) jouissent de l’essentiel de l’attention de l’Europe. Cette reconnaissance est souvent proportionnelle à la vigueur avec laquelle elles s’emploient à stigmatiser leurs concurrents islamistes. De façon plus préjudiciable, les représentants de l’alternative laïque aux régimes (souvent autoproclamés « démocrates », appellation qui sous-entend que la totalité du spectre des courants islamistes est hermétique à ce concept) ne disposent en fait dans leurs sociétés respectives que d’une représentativité inversement proportionnelle à celle dont ils jouissent dans les chancelleries et les médias européens.

Sur le terrain, le relais de la génération nationaliste a en fait été pris partout par leurs successeurs islamistes, qui en réintroduisant dans le discours politique la terminologie de la culture musulmane « endogène » ont banalement prolongé sur le terrain culturel et symbolique le processus de « remise à distance » de l’ancien colonisateur qu’ils avaient eux même initié. Pourtant, l’Europe a pour l’heure complètement échoué à rationaliser la perception de cette génération politique et à établir avec elle les moindres canaux de communication, laissant de ce fait se réduire de façon drastique sa connaissance et sa reconnaissance de la composante majoritaire de son environnement arabe. Hormis quelques louables exceptions (les représentants de l’UE ont su établir et conserver le contact avec le Hezbollah libanais, n’interrompant pas la coopération avec le ministère de l’Énergie lorsque l’un de ses membres y a été nommé), la vision européenne des attentes du monde arabe passe par un prisme extrêmement réducteur : la voix des régimes occulte celles des sociétés civiles, et celle des oppositions laïques très minoritaires masque celle de l’entière génération islamiste.

Dans les rangs islamistes, l’Europe est sans surprise accusée de chercher jusqu’à ce jour une mythique « troisième force » qui capitaliserait les ressources de son double désaveu supposé de la « peste » (militaire) et du « choléra » (islamiste). Cette impasse de la vision politique européenne est ainsi résumée par un universitaire algérien exilé, Abbas Aroua, « La thèse du “ni peste, ni choléra” a frappé l’Europe d’une véritable “cécité” politique. Abusée par un prisme idéologique parfois proche de l’islamophobie (comme certaines réactions très officielles intervenues lors de la crise des caricatures l’on révélé), prisme qui conforte ses peurs ataviques, […] courant, à l’instar du général de Gaulle dans les années 1950, derrière une illusoire “troisième voie”, l’Europe est demeurée aveugle à l’évolution de la réalité algérienne et arabe, qui veut que ses intérêts légitimes seront mieux garantis par les véritables représentants des populations concernées, que, tôt ou tard, les forces véritablement représentatives de la société, parviendront à faire accéder au pouvoir.  »

3.3. Barcelone et l’impasse programmée du boycottage du gouvernement palestinien

En terre arabe, l’UE ne dispose donc pas aujourd’hui des interlocuteurs, des relais et des ressources lui permettant de se préparer réalistement aux défis des transitions politiques en cours et à venir dans ces pays. L’ostracisation indiscriminée de toute expression politique oppositionnelle – ou même, dans le cas du Hamas, gouvernementale – en provenance du monde arabe, dès lors que ses auteurs emploient le vocabulaire de la culture musulmane, est considérée par une large majorité d’opposants, pas seulement islamistes d’ailleurs (et donc par une large majorité des citoyens de cette région du monde), comme l’une des causes centrales de l’un des plus graves échecs de la diplomatie européenne : celui, avéré, du « Processus de Barcelone », dont la plupart des observateurs s’accordent à considérer aujourd’hui qu’il est demeuré lettre morte.

L’incapacité européenne à percevoir le processus historique relativement banal qui explique l’émergence de ces forces et leur présente centralité dans le paysage politique arabe est au cœur de ce revers. L’UE se refuse non seulement à reconnaître l’importance de l’ancrage populaire des oppositions islamistes modérées, mais plus encore à déceler leur potentiel modernisateur – dans tous les domaines de la libéralisation politique, y compris le renforcement des droits individuels des femmes comme des hommes –, au même titre que celui des acteurs « laïques » du reste du spectre politique.

Depuis plus de deux années maintenant, plusieurs think tanks démocrates américains se sont ralliés pour leur part à cette perspective qui considère les « islamistes modérés » comme la « clé de la réforme arabe », pour reprendre le titre d’un article d’Amr Hamzawy, chercheur à la Carnegie Endowment for International Peace[8]. Avant que la moindre réforme significative puisse avoir lieu dans le monde arabe, affirmait-il en substance, « les États-Unis et l’Europe doivent commencer à établir des relations avec les islamistes modérés, une action moins épineuse qu’il ne peut le paraître, car ces islamistes ont fait leur les règles démocratiques et fait preuve d’un soutien très réel à l’État de droit ». En attestent notamment, dans le monde arabe tout entier, les multiples alliances qu’opèrent les islamistes, depuis le Liban (où le très chrétien général Aoun s’est associé au Hezbollah chiite) jusqu’au Yémen (où les socialistes ont, lors de l’élection présidentielle du 20 septembre 2006, fait alliance avec la formation du Rassemblement Yéménite pour la Réforme, proche des Frères musulmans), en passant par les signataires, en janvier 1995, de l’exemplaire pacte de Sant’ Egidio entre toutes les composantes de l’opposition algérienne.

Lorsque se conjuguent les effets du tropisme pro-israélien et l’incapacité à construire rationnellement la relation avec les acteurs des courants islamistes, le pire peut prendre la forme du boycottage du gouvernement légalement élu de la Palestine et du message extrêmement contradictoire qu’il a adressé à l’ensemble des oppositions arabes. À force de ne pas vouloir reconnaître une génération politique, de plier ses principes à l’importance des ressources économiques et des marchés de ses interlocuteurs arabes, de sacrifier les principes du long terme politique sur l’autel du court terme financier et électoral, l’Europe a vraisemblablement affecté considérablement la portée et l’efficacité de ses échanges avec son environnement arabe et musulman. Incapable d’identifier des interlocuteurs ailleurs qu’auprès des régimes autoritaires ou sur le rebord fragile des sociétés qui lui renvoie l’image réconfortante de son universalité, elle risque de se retrouver à terme en porte à faux avec toute une partie du monde.

4. Quelques orientations pour rééquilibrer l’action de l’Union européenne

4.1 Affirmer la pleine reconnaissance de toutes les forces politiques autres que sectaires, « islamistes » incluses

Le premier et le plus urgent des infléchissements des politiques de l’Union serait de s’atteler à construire des passerelles intellectuelles et informelles, avant d’être politiques et institutionnalisées, avec la totalité de l’échiquier démocratique arabe. La notion de courant islamiste doit être reconstruite à partir d’une distinction trop rarement faite : une majorité d’acteurs politiques, pour des raisons de nature identitaire, est sensible à une affirmation des marqueurs de la culture musulmane. Ce processus d’affirmation ne détermine pas l’usage de modes d’actions politiques particuliers et ne peut en tout état de cause être perçu comme étant en relation d’antinomie et d’exclusion avec les dynamiques de libéralisation politique et de modernisation sociale. Certes, l’UE peut et doit conserver le droit de se démarquer des acteurs politiques ne respectant pas sa propre éthique. Mais elle doit le faire alors avec la même vigueur quel que soit le vocabulaire des acteurs concernés et non sur la seule base de leur éventuelle « islamité », ostracisant en bloc, à ce seul titre, toutes les formations politiques qualifiées d’« islamistes ».

Sans s’abstraire d’aucune des exigences diplomatiques, l’Union pourrait veiller à inclure dans la liste de ses interlocuteurs (gouvernementaux bien sûr, mais également oppositionnels et membres des sociétés civiles) la totalité des familles politiques en présence et en particulier tous ceux – c’est-à-dire une écrasante majorité – des courants islamistes qui acceptent le principe de ces dialogues ou de ces interactions. Souvent présents dans les enceintes parlementaires, comme c’est le cas en Palestine, au Yémen, en Jordanie, au Liban, au Koweït, en Irak ou en Arabie Saoudite, pour ne rien dire des situations où ils participent ou dirigent un gouvernement (comme au Liban ou en Palestine, et demain en Irak ou ailleurs), ils ne sauraient faire l’objet d’une quelconque ostracisation qui puisse continuer à crédibiliser, comme l’a fait la terrible contre-performance palestinienne, l’idée, aujourd’hui profondément ancrée, d’un sectarisme antimusulman de l’Europe.

Les intellectuels associés aux programmes de l’UE doivent évidemment venir de tous les horizons de pensée et ne pas exclure systématiquement (comme l’ont fait jusqu’à un certain point le programme du Forum civil et la plate-forme des ONG) les intervenants considérés comme proches ou faisant partie de la mouvance islamiste.

4.2. Dépasser la lecture théologisante des tensions politiques

La reconnaissance des courants islamistes modérés implique pour l’UE de ne plus se laisser entraîner – quelle que soit la propension de certains acteurs, y compris étatiques, à le faire – sur le terrain d’une « idéologisation » ou, pire, d’une « théologisation » de la lecture des tensions dans et avec le monde arabe. Plus encore que des efforts de rapprochement culturel ou religieux, si nécessaires soient-ils, la relation euro-arabe a besoin aujourd’hui de mécanismes capables d’assurer une meilleure répartition des ressources politiques, c’est-à-dire un plus haut degré de justice internationale ou même seulement d’un degré d’injustice moins manifeste.

Si le rapprochement culturel est à même de participer à ce règlement, il ne saurait en aucune façon s’y substituer. Le registre du « dialogue des cultures » ou des « civilisations » ne doit donc jamais justifier le refus d’une lecture profane et d’une réponse simplement politique aux tensions avec le monde arabe. Le recours à une approche culturaliste, théologique ou « civilisationnelle », interdit en effet d’appréhender la matrice profane et politique des conflits d’intérêts et, ce faisant, les responsabilités respectives des acteurs, à l’échelon régional, mondial ou au niveau de chaque État.

4.3. Redéfinir les missions du dialogue interculturel

« L’Europe et les États-Unis partagent les mêmes valeurs  », affirmait, en 2004, le Président Jacques Chirac en compagnie du Premier ministre Tony Blair. Certes. Mais cela implique-t-il pour autant que « ces deux pays  » (sic) aient de ce fait à « mener des combats communs  » ? Peut-être, mais… contre qui ? Contre des « civilisations », africaines ou asiatiques, dont le non-dit d’une telle formule est qu’elles n’auraient pas les mêmes valeurs ?

La diversité symbolique des pratiques, des rites et des références, est trop souvent extrapolée, à tort, pour accréditer l’idée de différences plus substantielles qui seraient fondées sur des « valeurs » supposées incompatibles. Le dialogue interculturel devrait donc servir à faire prendre conscience au plus grand nombre, sur les deux rives de la Méditerranée, que la diversité des cultures se limite en réalité au terrain des matériaux symboliques (références historiques ou mythiques, profanes ou religieuses) que mobilisent les différents groupes culturels pour légitimer leurs valeurs, mais que, pour l’essentiel, elle n’englobe pas les valeurs elles-mêmes.

La confusion n’est pas nouvelle et ses conséquences, toutes négatives, sont multiformes. D’Atatürk conditionnant l’accès de ses concitoyens à la modernité au port d’une forme précise de casquette « européenne » aux réticences françaises émotionnelles devant le port du hidjab (pas seulement dans les écoles publiques), en passant par la tentation fréquente des croyants de tous dogmes de nier l’existence d’un dénominateur commun humaniste transcendant les appartenances religieuses, les blocages, analytiques et politiques, sur lesquels débouche cette confusion entre la « substance » des valeurs et les références symboliques mobilisées pour les légitimer sont nombreux. Le dialogue interculturel promu par l’Europe doit contribuer à les dévoiler et à les dénoncer, en identifiant les innombrables manières qu’ont dogmes, doctrines et communautarismes de nier à la culture de l’autre la capacité d’exprimer une référence universelle.

4.4. Penser et dépasser l’unilatéralisme de la relation culturelle : entendre pour être entendu, apprendre pour enseigner

Le développement vers le monde arabe de moyens de communication européens, notamment audiovisuels, est certes un objectif louable. Mais il ne devrait pas avoir pour conséquence d’aggraver le déséquilibre des flux médiatiques Nord-Sud. Si elle veut elle-même être entendue, l’Europe doit permettre – sans discrimination – aux opinions publiques du monde arabe de se faire elles aussi entendre au sein de l’Union.

Sur le territoire européen, le pluralisme de l’information politique sur le monde arabe et musulman apparaît comme l’un des préalables essentiel à la résorption des malentendus et des tensions avec cette région du monde. Pour l’heure, la distribution de la parole publique sur les conflits du Proche-Orient demeure toutefois particulièrement déséquilibrée. Or, lorsque l’un des quatre pieds d’une chaise, ou d’une table, s’autorise à être plus haut que les autres, ou bien lorsqu’il est de fait interdit à l’un d’entre eux d’atteindre la hauteur lui permettant de participer à l’équilibre collectif… c’est la possibilité du « vivre ensemble » (national ou international) qui risque très vite d’être compromise. C’est ce déséquilibre-là, avec ses terribles conséquences, qui doit être nommé si on veut le dépasser.

L’Europe ne doit pas craindre d’encourager ses interlocuteurs arabes à se constituer un savoir autonome sur l’Europe. Aux précieux Centres de recherches en sciences sociales sur le monde arabe (qui pourraient être utilement « européanisés » pour en renforcer le potentiel et la capacité d’attraction), des Centres arabes d’étude de l’Europe pourraient ainsi s’ajouter pour le bénéfice mutuel de la construction d’un savoir scientifique partagé et donc dépassionné.

Tout en gardant ses ambitions d’être écoutée et d’enseigner au Sud, l’Europe doit saisir toutes les chances qu’elle peut avoir d’écouter le monde arabe et d’y apprendre. Les programmes européens d’apprentissage des langues du monde arabe et les séjours d’acculturation d’étudiants européens dans cette région constitueraient sans doute un des meilleurs leviers d’action dans ce domaine.

5. Des allègements techniques

Il est très souvent fait état du découragement de partenaires potentiels de l’Europe devant la lourdeur extrême des procédures contractuelles de financement. Or les petites structures qui n’ont pas les moyens de faire face aux exigences techniques requises pour bénéficier d’un tel soutien sont souvent celles qui sont le plus solidement ancrées dans le tissu social.


 

[1] Alaa al-Aswany, L’Immeuble Yacoubian, Actes Sud, Arles, 2006.

[2] Ce n’est pas par hasard si ces quelques exemples évoquent les prises de position françaises. Aujourd’hui partenaires privilégiés de l’UE au sud de la Méditerranée, les trois principaux pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) ont été durant des décennies des colonies françaises. Et depuis de longues années, les témoignages ne manquent pas pour attester que, au sein des instances dirigeantes de l’UE, les représentants des principaux États membres ont admis que la gestion des « affaires maghrébines » de l’Europe était avant tout une « affaire intérieure française ». Au-delà des pétitions de principe, cet héritage colonial pèse toujours très lourd – même s’il tend heureusement à s’atténuer – dans la définition des politiques de l’UE sur la rive Sud de la Méditerranée. Paradoxalement, les dirigeants des régimes autoritaires de ces pays, pourtant attachés par mille liens économiques occultes à l’ancienne métropole, ne se privent pas d’utiliser hypocritement dans leur rhétorique publique cette grave faiblesse de l’UE, qui entrave sa capacité à définir une politique étrangère libérée des pesanteurs postcoloniales.

[3] « Le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme, tels qu’énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel du présent accord. »

[4] Sihem Bensedrine et OmarMestiri, L’Europe et ses despotes. Quand le « modèle tunisien » dans le monde arabe fait le jeu du terrorisme islamique, La Découverte, Paris, 2004.

[5] Vincent Geisser et ÉricGobe, « Tunisie : consolidation autoritaire et processus électoraux », L’Année du Maghreb 2004, Paris, CNRS Editions, 2006

[6] Béatrice Hibou, La force de l’obéissance. Économie politique de la répression en Tunisie, La Découverte, Paris, 2006 (p. 120 : « Le jeu impossible des partenaires étrangers : l’exemple des financements européens »).

[7] Pour une argumentation plus explicite de nos hypothèses sur l’Islam politique, voir : François Burgat, L’Islamisme au Maghreb : la voix du sud, Karthala, Paris, 1988 ; Payot, 1995 ; L’Islamisme en face, La Découverte, Paris, 1995, 1996, 2002 ; L’ Islamisme à l’heure d’Al-Qaida, La Découverte, Paris, 2005 ; J.Esposito et F.Burgat (dir.), Modernizing Islam. Religion in the Public Sphere in Europe and the Middle East, Hurst and Company, Londres, 2002.

[8] Amr Hamzawy, « The key to Arab reform : moderate islamists », Policy Brief, n° 40, 26 juillet 2005.« Pendant des décennies, explique-t-il, les régimes arabes ont usé d’une stratégie de la peur pour encourager les États-Unis et l’Europe à soutenir leur politique répressive à l’égard des mouvements islamistes, mobilisant l’image de fanatiques anti-occidentaux prenant le pouvoir par les urnes. Pourtant, les islamistes modérés d’aujourd’hui ne participent plus de ce cauchemar. Les acteurs et les observateurs politiques qui continuent à insister sur le fait qu’il n’existerait rien de tel qu’un “islamisme modéré” omettent de prendre en compte le fait que les organisations militantes au Maroc, en Algérie, en Égypte, en Jordanie, au Koweït et au Yémen ont évolué au terme de décennies d’échec dans leur opposition à des régimes répressifs. Au lieu de s’accrocher aux mirages d’États théocratiques, bon nombre de mouvements islamistes reconnaissent maintenant la pertinence du choix de concourir pacifiquement pour obtenir une participation au pouvoir et de travailler dans le cadre des institutions existantes pour promouvoir des ouvertures démocratiques progressives. »

François Burgat  

Politologue, (auteur de L’Islamisme à l’heure d’Al-Qaïda, La Découverte, 2005)

Auteur de  :

(Source: Le site  OUMMA le 14 decembre 2006)

Lien:   http://oumma.com/spip.php?article2283


La circoncision, une arme dans la lutte contre le sida en Afrique (expert)

 

AFP, le 14 décembre 2006 à 16h05

 

BLANTYRE, 14 déc 2006 (AFP) – Les pays d’Afrique australe, région du monde la plus touchée par le sida, ont été invités jeudi à envisager sérieusement la circoncision des hommes comme l’un des moyens d’enrayer la propagation de la pandémie.

 

“C’est évident (…) la circoncision masculine réduit la transmission du VIH”, a déclaré le chirurgien zambien Kasonde Bowa au dernier jour du 3e forum annuel des responsables de la lutte contre le sida des 14 pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

 

“La SADC doit prendre une décision et adopter une position de leadership sur le sujet. La pandémie du VIH s’est aggravée dans la région et la circoncision masculine peut faire la différence”, a-t-il ajouté devant les participants de cette réunion organisée à Blantyre, la capitale du Malawi.

 

Cet expert a rappelé que la circoncision était largement acceptée en Afrique australe où elle fait partie des traditions de certaines ethnies, comme les Xhosa d’Afrique du Sud par exemple.

 

M. Bowa a ajouté qu’il y avait même une “demande croissante en faveur de la circoncision” dans des pays qui ne la pratiquent pas.

 

Qualifiant la circoncision d’intervention de santé publique, il a précisé qu’il s’agit d’une “opération de faible coût qui coûte seulement 15 USD alors que les traitements pour le sida coûte 480 USD par personne et par an et représente une dépense perpétuelle”.

 

La SADC regroupe l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo (RDC), le Lesotho, Madagascar, le Malawi, Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

 

 


 

 

 Circumcision Halves H.I.V. Risk, U.S. Agency Finds

By DONALD G. McNEIL Jr.

 

Circumcision appears to reduce a man’s risk of contracting AIDS from heterosexual sex by half, United States government health officials said yesterday, and the directors of the two largest funds for fighting the disease said they would consider paying for circumcisions in high-risk countries.

 

The announcement was made by officials of the National Institutes of Health as they halted two clinical trials, in Kenya and Uganda, on the ground that not offering circumcision to all the men taking part would be unethical. The success of the trials confirmed a study done last year in South Africa.

 

AIDS experts immediately hailed the finding. “This is very exciting news,” said Daniel Halperin, an H.I.V. specialist at the Harvard Center for Population and Development, who has argued that circumcision slows the spread of AIDS in the parts of Africa where it is common.

 

In an interview from Zimbabwe, he added, “I have no doubt that as word of this gets around, millions of African men will want to get circumcised, and that will save many lives.”

 

Uncircumcised men are thought to be more susceptible because the underside of the foreskin is rich in Langerhans cells, sentinel cells of the immune system, which attach easily to the human immunodeficiency virus, which causes AIDS. The foreskin also often suffers small tears during intercourse.

 

But experts also cautioned that circumcision is no cure-all. It only lessens the chances that a man will catch the virus; it is expensive compared to condoms, abstinence or other methods; and the surgery has serious risks if performed by folk healers using dirty blades, as often happens in rural Africa.

Circumcision is “not a magic bullet, but a potentially important intervention,” said Dr. Kevin M. De Cock, director of H.I.V./AIDS for the World Health Organization.

 

Sex education messages for young men need to make it clear that “this does not mean that you have an absolute protection,” said Dr. Anthony S. Fauci, an AIDS researcher and director of the National Institute of Allergy and Infectious Diseases.

 

Circumcision should be used with other prevention methods, he said, and it does nothing to prevent spread by anal sex or drug injection, ways in which the virus commonly spreads in the United States.

 

The two trials, conducted by researchers from universities in Illinois, Maryland, Canada, Uganda and Kenya, involved nearly 3,000 heterosexual men in Kisumu, Kenya, and nearly 5,000 in Rakai, Uganda. None were infected with H.I.V. They were divided into circumcised and uncircumcised groups, given safe sex advice (although many presumably did not take it), and retested regularly.

 

The trials were stopped this week by the N.I.H. Data Safety and Monitoring Board after data showed that the Kenyan men had a 53 percent reduction in new H.I.V. infection. Twenty-two of the 1,393 circumcised men in that study caught the disease, compared with 47 of the 1,391 uncircumcised men.

In Uganda, the reduction was 48 percent.

 

Those results echo the finding of a trial completed last year in Orange Farm, a township in South Africa, financed by the French government, which demonstrated a reduction of 60 percent among circumcised men.

 

The two largest agencies dedicated to fighting AIDS said they would now be willing to pay for circumcisions, which they have not before because there was too little evidence that it worked.

 

Dr. Richard G. A. Feachem, executive director of the Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, which has almost $5 billion in pledges, said in a television interview that if a country submitted plans to conduct sterile circumcisions, “I think it’s very likely that our technical panel would approve it.”

Dr. Mark Dybul, executive director of President Bush’s $15 billion Emergency Plan for AIDS Relief, said in a statement that his agency “will support implementation of safe medical male circumcision for H.I.V./AIDS prevention” if world health agencies recommend it.

 

He also warned that it was only one new weapon in the fight, adding, “Prevention efforts must reinforce the A.B.C. approach — abstain, be faithful, and correct and consistent use of condoms.”

 

Researchers have long noted that parts of Africa where circumcision is common — particularly the Muslim countries of West Africa — have much lower AIDS rates, while those in southern Africa, where circumcision is rare, have the highest.

 

But drawing conclusions was always confounded by other regional factors, like strict Shariah law in some Muslim areas, rape and genocide in East Africa, polygamy, rites that require widows to have sex with a relative, patronage of prostitutes by miners, and men’s insistence on dangerous “dry sex” — with the woman’s vaginal walls robbed of secretions with desiccating herbs.

 

Outside Muslim regions, circumcision is spotty. In South Africa, for example, the Xhosa people circumcise teenage boys, while Zulus do not. AIDS is common in both tribes.

 

Nelson Mandela’s autobiography, “Long Walk to Freedom,” contains an unnerving but hilarious account of his own Xhosa circumcision, by spear blade, as a teenager. Although he was supposed to shout, “I am a man!” he grimaced in pain, he wrote.

 

But not all initiation ceremonies are laughing matters. Every year, some South African teenagers die from infections, and the use of one blade on many young men may help spread AIDS.

 

In recent years, as word has spread that circumcision might be protective, many southern African men have sought it out. A Zambian hospital offered $3 circumcisions last year, and Swaziland trained 60 doctors to do them for $40 after waiting lists at its national hospital grew.

 

“Private practitioners also do it,” Dr. Halperin said. “In some places, it’s $20; in others, much more. Lots of the wealthy elite have already done it. It preventsS.T.D.’s, it’s seen as cleaner, sex is better, women like it. I predict that a lot of men who can’t afford private clinics will start clamoring for it.”

(S.T.D.’s are sexually transmitted diseases.)

 

Male circumcision also benefits women. For example, a study of the medical records of 300 Ugandan couples last year estimated that circumcised men infected with H.I.V. were about 30 percent less likely to transmit it to their female partners.

 

Earlier studies on Western men have shown that circumcision significantly reduces the rate at which men infect women with the virus that causes cervical cancer. A study published in 2002 in The New England Journal of Medicine found that uncircumcised men were about three times as likely as circumcised ones with a similar number of sexual partners to carry the human papillomavirus.

 

The suspected mechanism was the same — cells on the inside of the foreskin were also more susceptible to that virus, which is not closely related to H.I.V.

 

(Source : The New York Times (USA), le 14 décembre 2006)

Lien:http://www.nytimes.com/2006/12/14/health/14hiv.html?_r=1&th&emc=th&oref=slogin

 

 

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