13 mai 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4007 du 13.05.2011


 
Reuters: U.N. torture sleuth heads to Tunisia next week
AFP: Prochaine visite en Tunisie du rapporteur de l’ONU sur la torture
AFP: A Tunis, des habitants exaspérés par les soubresauts de violence
Reuters: ANALYSIS-Tunisia under pressure to stick to vote timetable
Reuters: Le « printemps arabe » sur le fil du rasoir, selon Amnesty
Khaled Falah: La Tunisie ne veut pas de « protecteurs »
Houcine Ghali: Tunisie – Révolution sans révolutionnaires


REVUE DE PRESSE

Reuters, le 12 mai 2011 à 16h16 GMT

U.N. torture sleuth heads to Tunisia next week


 

* Juan Mendez aims to help ensure justice for victims

* Making first mission since taking up independent post

GENEVA, May 12 (Reuters) – The United Nations investigator on torture plans to visit Tunisia next week to help transitional authorities ensure that torturers under the previous regime are prosecuted and their victims compensated. Juan Mendez, U.N. special rapporteur on torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment, will be making his first mission since taking up the independent post on November 1.

His task was to « help the interim government ensure justice in terms of a successful transition and assist efforts to establish the rule of law, fulfil the rights to reparations for victims torture and ill-treatment … and ensure that alleged perpetrators are held responsible », a U.N. statement said.

Tunisia’s security apparatus under President Zine al-Abidine Ben Ali often tortured or mistreated dissidents or activists detained for their activities, human rights groups say.

 

Ben Ali was ousted from power on Jan. 14 after weeks of unprecedented protests against poverty, corruption and political repression.

 

Mendez is a lawyer who survived torture while jailed by the military dictatorship in his native Argentina in the mid-1970s for defending opponents of the regime. He was later expelled and now teaches law at American University in Washington, D.C.

 

He will hold talks with senior officials of Tunisia’s provisional government, a fact-finding commission dealing with human rights abuses as well as members of the judiciary, legislature and civil society, according to the U.N. statement.

 

Mendez will also meet torture victims and their families during his May 15-22 visit, which will include stops in Tunis, Bizerte and Kasserine.

He will issue a final report to the U.N. Human Rights Council next year but make preliminary recommendations in Tunis.


 

 

AFP, le 12 mai 2011 à 16h39 GMT

Prochaine visite en Tunisie du rapporteur de l’ONU sur la torture


 

GENEVE, 12 Mai 2011 (AFP) – Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Juan Méndez, se rendra dimanche en Tunisie pour une première mission sous le gouvernement de transition, a indiqué jeudi l’ONU dans un communiqué.

La mission, qui doit durer une semaine, permettra à l’expert argentin « d’évaluer les problèmes et les défis rencontrés par le gouvernement de transition » en Tunisie, précise le communiqué.

« Ma tâche est d’engager le dialogue avec les décideurs et les acteurs clés afin d’aider le gouvernement intérimaire à assurer la justice par le biais d’une transition réussie et d’appuyer les efforts visant à établir l’Etat de droit » explique le rapporteur de l’ONU dans un communiqué.

« Les nouvelles autorités ont pris un certain nombre de mesures afin d’assurer que les auteurs des violations soient tenus responsables et que des réformes à long terme soient entreprises » a-t-il ajouté.

« En tant que Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, je me concentrerai sur l’identification des domaines dans lesquels je peux prêter assistance » a-t-il insisté.

Il rencontrera notamment des représentants du Gouvernement provisoire, du pouvoir judiciaire, du pouvoir législatif, de la Commission d’établissement des faits sur les abus des droits de l’homme depuis les évènements de décembre 2010, du Conseil sur la réforme constitutionnelle et la protection des acquis de la révolution, des médias, de la société civile, des agences des Nations unies et des organisations internationales basées en Tunisie.

M. Méndez rencontrera également des victimes et leurs familles.

Il s’agit de la première visite officielle en Tunisie d’un expert indépendant des droits de l’homme de l’ONU depuis la mise en place du gouvernement intérimaire.

Le rapporteur, qui visitera la Tunisie à l’invitation du gouvernement, se rendra notamment à Tunis, Bizerte et Kasserine.


 

AFP, le 13 mai 2011 à 08h49 GMT

A Tunis, des habitants exaspérés par les soubresauts de violence


 

Par Najeh MOUELHI et Sonia BAKARIC

 

TUNIS, 13 Mai 2011 (AFP) – Devant son restaurant avenue Habib Bourguiba à Tunis, Mohamed Salah, se dit exaspéré par des violences qui lui ont fait perdre sa clientèle et, comme beaucoup d’autres, il réclame un retour à l’ordre dans la Tunisie agitée de l’après Ben Ali.

« Notre pays va vers l’inconnu et il faut élire d’urgence un président pour le sauver car j’ai l’impression de vivre dans les territoires occupés et cela ne doit plus durer », dit-il exténué, en faisant référence aux scènes d’Intifada des territoires palestiniens.

Comme la plupart des Tunisiens interrogés sur l’avenue Bourguiba, épicentre de la contestation anti-gouvernementale, il estime que la « priorité des priorités » est de rétablir l’ordre et de relancer l’économie.

La révolution tunisienne était avant tout un mouvement qui a puisé sa force sur le terrain social, avec une jeunesse minée par le chômage et par la mauvaise situation économique face à la fortune colossale accumulée par le clan Ben Ali pendant 23 ans.

Après l’effervescence provoquée par la chute du président, le gouvernement de transition ne parvient toujours pas à relancer l’économie et à rétablir la sécurité.

A quelques mètres du restaurant de Mohamed Salah, Abdelhamid, un retraité de 70 ans, lance qu’il veut avant tout le rétablissement de la sécurité même si cela doit provoquer un report des élections d’une assemblée constituante prévues le 24 juillet.

« Notre pays, dit-il, est au bord du gouffre sur le plan économique et sans sécurité. il ne peut y avoir des élections libres alors il vaut mieux les reporter à une date ultérieure ».

L’hypothèse d’un report de ce scrutin a été soulevée ces derniers jours par une intervention télévisée du Premier ministre Béji Caïd Essebsi, qui a évoqué la « lenteur » des travaux préparatoires.

A Tunis, où aucune affiche électorale n’a encore fleuri, Slim un serveur de café lance devant une terrasse bondée: « On ne peut pas bâtir une démocratie dans une atmosphère polluée » par les violences.

De fait, les commerçants de cette avenue, devenue le lieu symbolisant le renversement du régime autoritaire de Ben Ali le 14 janvier avant de devenir un axe où manifestants s’opposent aux forces de l’ordre du nouveau gouvernement, ont pris l’habitude de baisser leur rideau de fer à chaque manifestation pour protéger leur établissement.

Parmi des passants qui semblent vouloir profiter d’une belle journée estivale, Karima, jeune médecin, estime elle aussi que « la priorité c’est la sécurité ».

« Je veux pouvoir sortir librement quand je veux et où je veux notamment à l’approche de l’été. Je veux seulement la paix!, dit-elle, ajoutant être sceptique sur la tenue des élections à la date prévue en raison de l’insécurité.

Après des manifestations réprimées par la police et des pillages, un couvre-feu nocturne a été rétabli le 7 mai à Tunis et sa banlieue.

Elle dit vouloir « sortir de cette situation stressante et ne plus voir de manifestations et ces scènes de violences entre Tunisiens sur l’avenue Bourguiba qui est devenue un champ de bataille ».

Ridha, un enseignant de 55 ans, estime quant à lui, que la « la priorité c’est l’emploi et la sécurité ainsi que le renforcement des acquis relatifs aux libertés fondamentales ».

« Les élections, poursuit-il, ne vont pas aboutir à un vrai changement dans le pays, l’Assemblée constituante telle qu’elle est conçue ne sera pas représentative de la force populaire, des jeunes qui étaient très actifs lors du 14 janvier tout comme les couches sociales défavorisées ».

Un membre de l’UGTT, la centrale syndicale tunisienne, Abdeljalil Bedoui estime lui, que « ce sont des bandes anti-révolutionnaires qui cherchent constamment à provoquer l’instabilité ».


 

Reuters, le 13 mai 2011 à 08h49 GMT

ANALYSIS-Tunisia under pressure to stick to vote timetable


 

* Protests, arrests and curfew in run up to July vote

* Smaller parties, analysts say Tunisia not ready

* Rushed transition may mean more risks

By Sylvia Westall

TUNIS, May 13 (Reuters) – Renewed street protests in the Tunisian capital have put pressure on authorities to hold elections in two months’ time even if this could risk more instability in the long run.

Smaller, less mobilised parties have misgivings about the timetable for the vote, which will elect an assembly to rewrite the constitution. Others worry Tunisia is ill-prepared to hold a country-wide democratic ballot after decades of autocracy.

But with tensions high ahead of the July 24 vote, anything more than a small delay could trigger further unrest in a country still trying to restore order after the January overthrow of president Zine al-Abidine Ben Ali.

Police dispersed scores of protesters with tear gas in Tunis on Sunday after four days of demonstrations and arrested around 600 across the country, including in overnight raids. An overnight curfew has been in place since last week.

Protesters fear the interim goverment may go back on its promise to help lead Tunisia towards democracy after decades of one-party rule.

« The election needs to be done on July 24, they need to work towards this so that there is a stabilisation, » law professor Kais Said said.

Prime Minister Beji Caid Sebsi has raised the possibility the vote could be delayed because of technical difficulties but he was quick to issue reassurances on Tunisian television that authorities were aiming for the scheduled date.

A warning from a former interior minister there would be a coup d’etat if the Islamist group Ennahda won was the trigger for the latest protests.

« There is still a very strong revolutionary atmosphere in Tunisia, » Jean-Baptiste Gallopin at consultancy Control Risks said.

« Any move that is perceived as an attempt by elements of the former elite to derail the transition process towards democracy is immediately met with reaction from the street. »

SOME PARTIES NOT READY

It was Tunisia’s political mobilisation — leading to the overthrow of Ben Ali on January 14 — which inspired similar protests across the Arab world.

But the country of 10 million lacks the energy resources of its neighbours and says it needs billions of dollars in foreign loans to help it emerge from the turmoil which hit its job market and hit tourism hard.

Markets however would probably be more forgiving of a small delay and might actually prefer it, said strategist Richard Segal at banking group Jefferies.

« The country is not giving itself much time to hold the new elections and therefore a technical delay would be understandable, » he said.

A quick transition aimed at ushering in stability may in fact do the opposite in the long run, a risk that could also apply to other post-revolution countries like Egypt.

« The worst scenario would be a rushed process that leads to instability, » Segal said, speaking of transitions in general. « In fact, some investors may welcome a slow transition, because this would reduce the risk of near term negative shocks. »

Ennahda, led by moderate Muslim scholar Rachid Ghannouchi and banned under Ben Ali, may benefit from a shorter run-up to the Tunisia vote because it is more mobilised than other parties.

It is expected to poll well in the south where unemployment runs even higher than the national average of 14 percent.

Some of the smaller groups — around 60 parties in total will be competing for votes — say the timing means there is an uneven playing field ahead of the election.

« It makes sense to postpone the election, » said independent political analyst Slaheddin Jourchi, who thinks it would be wise to delay the vote to October or November despite the short-term risks this might pose.

« It is very difficult to organise elections in the next two months, the parties are not ready. The process needs time. »


 

Reuters, le 13 mai 2011 à 12h01 GMT

Le « printemps arabe » sur le fil du rasoir, selon Amnesty


 

 

PARIS, 13 mai (Reuters) – L’essor des mouvements en faveur de la liberté et de la justice au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi que le développement des médias sociaux offrent une occasion sans précédent de faire progresser le respect des droits humains, mais ces changements sont sur le fil du rasoir, estime Amnesty International dans son rapport annuel publié vendredi.

 

« Les hommes et les femmes de ce monde rejettent la peur. Des gens courageux, souvent emmenés par des jeunes, se mobilisent en faveur de la liberté et de la justice et défient les balles, les coups, les gaz lacrymogènes et les tanks », rappelle Salil Shetty, secrétaire général de l’organisation, dans un communiqué.

 

« Associé aux nouvelles technologies utilisées par les militants pour déjouer les manoeuvres des gouvernements qui cherchent à étouffer la liberté d’expression et répriment brutalement l’opposition pacifique, ce courage envoie aux gouvernements répressifs le message que leurs jours sont comptés.

 

« Le mouvement se heurte toutefois à une ferme riposte de la part des forces de répression. La communauté internationale doit saisir cette occasion d’instaurer le changement et faire en sorte que 2011 ne soit pas l’année d’une aube illusoire pour les droits humains », ajoute-t-il.

 

« La situation peut basculer d’un côté ou de l’autre dans certains pays. C’est le cas en Libye, en Syrie aussi », a souligné le secrétaire général dans un entretien accordé à Reuters. Il regrette en outre que « des milliers de réfugiés en provenance d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ne puissent faire valoir leurs droits en Europe ».

 

 

BATAILLE POUR L’ACCÈS À L’INFORMATION

 

Dans son rapport, Amnesty se félicite du rôle prépondérant joué par les sites internet tels que Facebook ou Twitter, qui permettent aux contestataires d’échapper à la censure.

 

« Une bataille décisive est en train de se dérouler pour le contrôle de l’accès à l’information, aux moyens de communication et aux réseaux sociaux. Ces derniers nourrissent en effet des actions militantes que les gouvernements s’efforcent de contenir.

 

« On l’a vu en Tunisie et en Égypte: les tentatives des gouvernements de bloquer l’accès à Internet ou de couper les réseaux de téléphonie mobile peuvent avoir le résultat inverse de celui escompté.

 

« Il reste que les États font tout pour reprendre la main et utiliser eux-mêmes ces technologies à l’encontre des militants », écrivent les auteurs du rapport, exhortant les compagnies de télécommunications et les sites en question à veiller au respect des droits de l’homme et à ne pas verser dans le camp de la répression.

 

Vodafone, opérateur britannique de téléphonie mobile, a mis son réseau en sommeil à la demande des autorités égyptiennes pendant la « révolution du Nil », en février. Google a en revanche cherché à contourner la coupure des connexions à internet.

 

Amnesty dresse par ailleurs un parallèle entre le printemps arabe et l’initiative de WikiLeaks, qui a divulgué à partir de la fin novembre 2010 250.000 notes du département d’Etat américain.

 

Evoquant le geste de Mohamed Bouazizi, qui a donné le coup d’envoi de la « révolution du jasmin » en Tunisie en s’immolant par le feu, l’organisation note qu’il l’a fait à peu près au moment où WikiLeaks publiait des documents montrant que les gouvernements occidentaux alliés au régime de Zine Ben Ali étaient parfaitement au courant de ses atteintes au droits de l’homme.

 

« La rencontre de ces deux événements semble avoir déclenché une véritable vague de soutien en faveur des manifestants tunisiens », observe-t-elle.

 

Amnesty s’inquiète par ailleurs pour la situation au Nigeria, où les violences se multiplient, et de la guérilla maoïste dans le centre et le nord de l’Inde. Elle déplore en outre la situation des femmes qui choisissent de porter le voile en Europe.


La Tunisie ne veut pas de « protecteurs »


 
Khaled Falah
 
 
 
 
M. Sami Naïr, politologue et ancien député européen chevènementiste, vient de publier dans le quotidien français « Le Monde » (1) un point de vue intitulé : « Protégeons la Tunisie des assauts de Kadhafi ».
 
M. Naïr nous apprend qu’il a rencontré le 25 avril M. Caïd Essebsi, le chef du gouvernement provisoire tunisien, au sujet de la situation en Libye et de ses répercussions en Tunisie ; pour déjouer les supposés plans de Kadhafi, Sami Naïr :  
 
1) estime qu’il faut s’attendre à un conflit de longue durée, ce qui a pour conséquence de rendre inopérante la résolution 1973 ;  
 
2) propose la renégociation du périmètre d’action d’une nouvelle résolution fondée sur une « activation de l’article 53 de la charte de l’ONU », qui donnerait au peuple tunisien « la possibilité de recevoir de l’aide extérieure sans … devoir déclarer l’Etat agresseur « Etat ennemi » ». M Naïr exhorte l’ONU à « imposer une protection des pays limitrophes de la Libye », en l’occurrence à placer la Tunisie sous une forme de protectorat onusien, voire de l’OTAN !
 
Déjà fin avril, le journal londonien « The Independant » rapportait les propos du ministre britannique de la défense, Liam Fox qui, devant les parlementaires, envisageait l’envoi de troupes britanniques à la frontière tuniso-libyenne pour créer « une zone de sécurité ».  
 
Les initiateurs de cette campagne pour l’octroi de facilité ou pour l’installation de troupes étrangères à la frontière tuniso-libyenne doivent savoir :  
 
1) A la suite des déclarations de Liam Fox aux « Communes », 25 OOO internautes tunisiens ont manifesté sur facebook leur opposition à toute présence militaire étrangère. De même, de nombreux membres de la « Haute Instance » se sont prononcés dans le même sens. Enfin le chef du gouvernement provisoire a rejeté, au cours de son intervention télévisée du 8 mai, toute facilité militaire accordée à des puissances étrangères. Il semble établi qu’une très large majorité de la population tunisienne est attachée au respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du pays.  
 
2) La Tunisie n’a aucun intérêt à être partie prenante de l’intervention de l’OTAN en Libye, au nom d’une interprétation tendancieuse de la résolution 1973 de l’ONU. Elle doit éviter de se laisser entrainer dans un conflit militaire, contraire aux intérêts des peuples des deux pays et du monde arabe. Elle doit continuer à faire preuve de retenue et de sang froid dans la gestion de la situation à la frontière tuniso-libyenne. En revanche, il est du devoir de chacun de venir en aide aux réfugiés qui affluent par dizaines de milliers, surtout depuis le début de l’action militaire des forces de l’OTAN. Les Tunisiens ont déjà donné un bel exemple de solidarité en accueillant plus de 200 000 personnes en provenance de Libye.  
 
3) Le titre de l’article de M. Naïr n’est pas de la plus grande délicatesse pour ceux qui ne gardent pas un souvenir émouvant du protectorat, et qui ne souhaitent pas être de nouveau « protégés ».  
 
 
Khaled Falah, responsable des relations extérieures du Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie.
 
 
(1) « Le Monde » du 12 mai 2011, p 24.

TUNISIE : REVOLUTION SANS REVOLUTIONNAIRES


 

 

Houcine Ghali, Genève

 

 » Lorsqu’ une partie d’ un groupe en insurresction réussit à prendre le pouvoir et que des changements profonds, politiques, économiques et sociaux se produisent dans la société « , on parle à ce moment précis de révolution. C’ est ainsi que la révolution française de 1789 a balayé l’ Ancien Régime, en instaurant la liberté, l’ égalité et la fraternité; la révolution russe de 1917 a terrassé l’ absolutisme des tsars pour instituer un système socialo-communiste et que la révolution iranienne de Khomeyni de 1978 a imposé une idélogie islamiste radicale sans la moindre concession.

 

En Tunisie donc, il n’ y a eu qu’ une révolte spontannée, une insubordination régionale qui a pris des dimensions nationales suite à un évènement dramatique qui est celui de l’ immolation par le feu de Mohamed Bouazizi. Il est certain que les émeutes du Sud du pays n’ auraient jamais amené à la situation actuelle si les habitants de la capitale n’ avaient pas suivi le mouvement de protestation en envahissant les rues de Tunis et en siblant la tête du serpent, le ministère de l’ Intérieur.

 

Après le 14 janvier, et suite à la fuite du président Ben Ali, il n’ y avait personne de l’ opposition pour donner le sens qui s’ imposait à la révolution naissante, c’ est à dire à proposer un gouvernement provisoire qui coupe totalement avec les anciens caciques du pouvoir destourien. Au contraire, ce sont les fidèles à Ben Ali et à l’ ancien président Bourguiba qui se sont imposés comme dépositaires des étapes de la révolution et artisans de sa concrétisation!

 

Et c’ est ainsi que Fouad Lembazzaa, ancien Président du Parlement, et Béji Kayed Essebsi, qui cumule 60 ans de pouvoir destourien avec l’ autoritarisme et l’ absolutisme que le peuple a subi, ont pris les reines du pouvoir, en tant que Présient de la République et Premier ministre du gouvernement provisoire. Et tout celà en application de la Constitution, comme si, suite à la révolution, cette Constitution a encore un sens pour appliquer ses principes.

D’ ailleurs, juste quelques jours après le 14 janvier 2011, la Constitution est devenue cadupe, le Parlement a été dissous, mais on a gardé deux vieux destouriens qui cumulent 150 ans d’ âge et fidèles aux deux pouvoirs qui ont réprimé le peuple tunisien depuis 1956, pour mener à bien la révolution!

 

Le résultat est clair: règne de la violence, absence de poursuite des membres des deux clans Ben Ali/Trabelsi et de leurs suppôts;interférance des anciens RCDistes dans les décisions et les orientations du gouvernement provisoire;imposition du ministère de l’ Intérieur en tant que force de répression et de non respect de la liberté de manifester;absence de politique claire dans tous les domaines et laisser trainer les choses pour retarder le délai des votations prévu en juillet prochain afin que les forces antirévolutionnaires aient le temps de se mobiliser pour atteindre leur but.

 

La révolution tunisienne, spontannée et à laquelle personne ne s’ attendait, n’ avait pas d’ organisation et de leaders cappables de bien l’ orienter. Elle a été donc désorientéé et les jeunes qui l’ ont portée sur leurs épaules ont tout fait pour qu’ elle réussisse ( sit in dans la Kasbah, manifestations, création des comités de la sauvegarde la révolution à travers la République, etc..), mais celà n’ a pas été suffisant parce que les partis politiques qui se targuent d’ être dans l’ opposition, ainsi que toutes les autres organisations de la société civile qui se veulent radicales et se gargarisent de révolutionnaires, n’ ont pas été à la hauteur de cet évènement historique que la Tunisie a traversé. Tous ont accepté la main mise sur la révolution par l’ intermédaire de Fouad Lembazzaa et de Béji Kayed Essebsi.

 

La révolution a fait irruption donc en Tunisie mais, hélas, sans trouver de révolutionnaires pour l’ accompagner. Comme d’ habitude, dans l’ histoire contemporaine du pays, et après 50 ans de répression, de misère intellectuelle et d’ absence totale de liberté et de dignité, les Tunisiens se laissent berner et râtent le coche. Ils n’ ont malheureusement pas retenu la leçon du coup d’ Etat du 7 novembre 1987, durant lequel ils ont fait une totale allégeance à Ben Ali, contre lequel ils se sont soulevés 23 ans après!

 

Houcine.gha@bluewin.ch


Tunisie: «Coup d’Etat policier» et procès politique dévoilés


Par Moncef BS

 

Invité d’une radio tunisienne Shems fm, cet après midi, Safi Saïd politologue, a fait une révélation à la fois grave et importante. En effet, il a affirmé que «en date du 3 mars 2011, des cadres policiers ont adressé une lettre à Béji Caïd Sebsi –le jour même où il a été désigné comme premier ministre succédant à Mohammed Ghannouchi- le menaçant s’il ne destituait pas Farhat Rajhi de ces fonctions de ministre de l’intérieur, alors ils règleront son compte» (c.à.d. le compte de M. BCS).

Ce qui explique le limogeage dans les jours qui suivent de Farhat Rajhi.

Aussi et à la même occasion, Safi Saïd a confirmé le rôle de manipulateur politique d’arrière plan que jouait Kamel Eltaïef, et qu’en l’an 1992, à son retour du Liban à Tunis, Safi Saïd était un témoin oculaire de la file d’attente que constituait la majorité des hommes politiques devant le bureau de Kamel Eltaïef, homme d’affaires originaire de la ville de Sousse et ami rapproché de Ben Ali.

Aussi, M. BCS n’a pas été épargné, lors de cet entretien radiophonique en direct. En évoquant la question de «souahlia» les gents du sahel, Safi Saïd a rappelé que M. BCS, dans son livre parle de «Monastir capitale -officieuse- de la Tunisie» et que «Bourguiba ne parlait des questions sensibles et confidentielles qu’avec les ministres issus du sahel, au point où M. BCS -tunisois- se sentait des fois froissé». Mieux encore, M. BCS en parlant dans son livre de Mesdames Wassila Bourguiba et Saïda Sassi, il les qualifiait respectivement de«tunisoise et élégante» et de«sahlia vêtue de melia -habit traditionnel du sahel- venant conquérir le palais de Carthage».

Cette analyse politique faite par Safi Saïd en direct sur les fréquences d’une radio, apporte une révélation d’un mini-coup d’Etat policier avec l’emprunte très probable de Kamel Eltaïef, surtout que les évasions simultanées de détenus de trois prisons dans des villes différentes, enregistrées récemment, été précédées d’une réunion préalable à Sousse (ville du sahel) révélation faite par un journal en ligne et non démentie à ce jour.

Les citations de M. BCS, relevées dans son livre, à propos du clan du sahel, ajoutées à l’existence très probables du mini-coup d’Etat sus visé, qui expliquerait d’ailleurs le déchaînement et la violence débordante exercée par la police sur 14 journalistes, des femmes et des enfants, en dispersant une manifestation pacifique le vendredi 6 mai, viendraient étayer les révélation de Farhat Rajhi, diffusées par un journaliste sur Facebook, la semaine dernière, portant préparation d’un coup d’Etat et de l’existence d’un gouvernement fantôme, constitué autour de Kamel Eltaïf, d’où émanent toutes les manœuvres politiques et les nominations de responsables gouvernementaux et qui s’efforce à récupérer un pouvoir perdu suite à la révolution du 14 janvier (selon Farhat Rajhi).

Ainsi, il serait, non seulement injuste, mais aussi une manœuvre très grave, qui conduirait la Tunisie droit au mur, de chercher de dresser un procès politique et d’idées contre l’ex-ministre de l’intérieur, Farhat Rajhi ayant un statu de juge, jouissant d’une forte popularité et d’un soutien sans faille du corps de la magistrature, exprimée lors d’une manifestation tenu devant le ministère de la justice ce lundi.

Par cette tentative de procès politique, M. B.C.Sebsi se croyait encore dans les années 60, ère d’un autoritarisme et d’un bourguibisme révolu et jugulé par le fait révolutionnaire persistant.

(Source: le blog de Moncef BS sur « Médiapart », le 11 mai 2011)

Lien : http://blogs.mediapart.fr/blog/moncef-bs/110511/tunisie-coup-d-etat-policier-et-proces-politique-devoiles


Qui a tué Mahmoud Toumi ?


Nadia Omrane

Un jeune homme de 26 ans est mort dimanche soir à Soliman, petit bourg en bord de mer près de Hammamet qui s’était illustré, il y a deux ans, comme un repaire de terroristes salafistes proches d’El Qaïda.

Mais ce jour là de jeunes villageois en effervescence, comme partout ailleurs dans la République, sans qu’on en comprenne les revendications, entrent en conflit ouvert avec un camion de militaires chargés de maintenir l’ordre. Une histoire dérisoire de bicyclette fait monter la tension, et de jeunes militants d’une formation de gauche (PTPD, Parti du Travail Patriotique et Démocratique) s’interposent entre les deux parties. Mais un soldat, sans doute à bout de nerfs ou tentant de tirer une sommation, envoie une balle dans le ventre du militant de ce parti qui décède presque sur le champ. Tels sont, selon des témoins, les faits que devra établir une commission d’enquête.

Qui a tué Mahmoud Toumi? Qui est responsable et pourquoi est-il mort ? Le « crime », tel que le décrit le communiqué du PTPD, est le fait d’un militaire, c’est incontestable. Mais le climat dans lequel est survenue cette tragédie a d’autres responsables.

Pendant que Mahmoud Toumi agonise, le Premier ministre Beji Caïd Essebsi se livre sur les trois chaînes de télévision à un exercice de style tout à la fois détaché, supérieur et musclé. Il parle sécurité, élections et emploi, puis il nous raconte tout un film sur les évadés des prisons. Enfin, alors que nous attendons du chef du gouvernement la plus grande transparence, il nous pose une devinette comme si nous étions dans les cinq dernières minutes d’un feuilleton policier : à nous de découvrir les responsables des lamentables événements qui ont porté à son comble la tension dans le pays déjà au seuil de l’anarchie.

Pendant que Mahmoud Toumi expire, le leader du PCOT (Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie), Hamma Hammami, se défend déjà sur une radio nationale, sitôt l’interview de Beji Caïd Essebsi achevée, et il enchaînera les plateaux jusqu’à sa conférence de presse du mardi 10 mai : personne ne l’a accusé, mais s’est-il lui-même reconnu coupable des troubles dans le pays, particulièrement à Siliana ? À 20h dimanche soir, Hamma Hammami explique confusément que les agitateurs arrêtés à Siliana sont en fait des militants du parti Watad (Patriotes Démocrates, ancien allié du POCT) qui auraient été incités après leur arrestation à accuser Hamma Hammami de payer les casseurs. Du coup, Chokri Belaid, leader de Watad, se retrouve sur toutes les radios en compagnie de Hamma Hammami pour mettre en cause communément ces mensonges à leurs dépens et se défendre d’agir autrement que dans des manifestations pacifiques légitimes. Hamma Hammami réclame même une commission d’enquête, affirme que s’il préférerait un report des élections, il se trouve quand même prêt à aller aux urnes « dès demain ». Enfin, il lance au Premier ministre le défi d’un face à face public. Mais par coïncidence, tout Siliana entre en grève générale ce mardi 10 mai au motif que Beji Caïd Essebsi aurait offensé la mémoire de Habib Achour, l’ancien leader de l’UGTT !

Pendant que le destin prépare à l’envol vers l’au-delà un jeune homme à la fleur de l’âge, le site Takriz, dont le pape prétend se nommer Jalel Brick (!) appelle à l’incendie et au meurtre de tous les hauts responsables des institutions gouvernementales et militaires, dans un langage ordurier qui n’a plus rien avoir avec l’humour subversif du site Takriz d’il y a plus de dix ans ! Ces incitations à la haine entre les Tunisiens et au désordre permanent ne sont pas des revendications politiques, elle tombent sous le coup du code pénal, et le site censuré par une réquisition militaire reste accessible à une jeunesse exaspérée et donc prête à suivre n’importe quelle démence de ce « Zapata » de petite cuisine…

Pendant qu’on met en terre Mahmoud Toumi, les partis politiques, muets depuis trois jours, sortent à peine de ce silence d’impuissance ou d’expectative pour compatir dans un communiqué et demander des explications, tandis que les initiatives citoyennes dans le chaud cocon des hôtels plus conforme à leurs standing, abandonnent la rue aux gueux qui ne veulent pas être dépossédés de « leur » Révolution, aux partageux qui réclament leur part de la République et aux utopistes qui s’évertuent à modifier en faveur des déclassés l’inégal rapport de forces imposé par l’écrasante mondialisation libérale : humbles entre les humbles, parmi lesquels s’infiltrent activistes de caniveau, truands de bas étages et journalistes sans morale !

Car pendant que s’oublie déjà, dans l’indifférence générale, le premier mort de l’affaire Rajhi, l’ancien ministre de l’Intérieur, tout fier de son coup fourré, rentre chez lui en héros d’irresponsables pitoyables et d’enfants de chœur abusés.

Une jeune vie s’éteint tandis qu’un vieux système clientéliste et mafieux s’obstine à survivre, tend ses tentacules et distille son venin pour étouffer et empoisonner une démocratisation naissante. Il reprend du poil de la bête et trouve en chacun de nous un allié, activant les réflexes installés de la police politique, réveillant d’anciennes complicités, se nourrissant de notre habitude de la passivité et de notre lâcheté, faisant son lit des calculs, des opportunismes et de tant d’autres médiocrités.

Un jeune homme de 26 ans est mort de toutes ces culpabilités. Sa mort, nous devons la réparer en allant au 24 juillet, faisant taire de notre mieux nos divisions dans une forme de paix civile et d’unité.

(Source : « Alternatives citoyennes », le 12 mai 2011)

Lien :http://www.alternatives-citoyennes.sgdg.org/2011-05/120511-w.html


Tunisie. Un nouveau parti islamiste… à l’américaine


Zohra Abid

Nouveau parti centriste, vaguement islamiste, l’Alliance nationale pour la paix et la prospérité (Anpp) veut faire de la Tunisie la Singapour des rives sud de la Méditerranée.

C’est, en tout cas, ce qu’a annoncé son leader, Skander Rekik, ingénieur et homme d’affaire, au cours d’une rencontre de presse, mardi à Tunis.

Commençons par la forme: un meeting un peu à l’américaine. Les drapeaux sont bien mis en relief. Ceux de la patrie flottent aux côtés de ceux du parti: un carré blanc avec tout autour du jaune et du bleu, deux couleurs qui rappellent le soleil et le ciel bleu de la Tunisie. On retrouve ces mêmes couleurs dans le dossier de presse écrit dans la langue d’Ibn Khaldoun. Exit le français. Une façon de souligner l’attachement à langue nationale. A la tribune, un jeune homme d’affaires au verbe facile et qui, comme tout le monde, promet monts et merveilles.

Les valeurs de la liberté, de la famille et du travail

L’Anpp est composé d’hommes et de femmes d’affaires, de médecins, ingénieurs, banquiers, professeurs, avocats, inspecteurs des finances… représentant toutes les régions. La crème de la crème en somme. Tout ce qu’il y a de plus rassurant. Comme le discours de Skander Rekik, chef de ce parti centriste.

Cet ingénieur qui a fait ses preuves pendant une vingtaine d’années dans des entreprises et des projets lancés aux USA, en Europe et au Moyen-Orient a une seule devise: le travail. Et rien que le travail. «Mon père qui était chauffeur de louage a dû trimer pour qu’on réussisse», raconte-t-il, fier d’avoir attrapé de son père le virus du travail.

Selon son leader, l’Anpp se définit tout d’abord comme protecteur des valeurs de la famille, de la liberté, de la solidarité, de l’égalité sociale, du soutien aux entreprises familiales et des Pme, sans oublier la nature, comme source de vie et d’énergie. Le parti veut aussi défendre les couleurs d’une Tunisie qui respecte son histoire, sa culture, sa religion bref son identité civilisationnelle.

A travers le discours de M. Rekik, on comprend que la société tunisienne n’a pas besoin de porter les greffons d’une autre appartenance. «Nous ne pouvons pas donner raison à tous ces mouvements qui appellent à la laïcité francophone et qui sont financés par des étrangers. Ils ne sont pas sur la bonne voie et ils n’ont pas le droit de renier leur identité musulmane», a affirmé M. Rekik.

En tournant le dos à la laïcité, où se positionne donc le parti de M. Rekik? Même si ce dernier défend la thèse de la séparation de la religion et de l’Etat, son parti a une connotation religieuse. Les rumeurs disent que l’Anpp a essayé de louer les services d’Abdelfattah Mourou, le leader islamiste tunisien. M. Rekik a confirmé l’information à Kapitalis. C’est Cheikh Mourou qui a préféré créer son propre parti, Al Amana, qui aura bientôt son visa.

Des Rcdistes dans la maison

Il n’y a pas d’inquiétude à avoir concernant l’avenir des Tunisiens, estime M. Rekik. Car leurs aïeuls sont de grands penseurs. «Nous sommes les descendants d’Ibn Khaldoun, d’Ibn Arafa, de Tahar Haddad, de Fadhel Ben Achour, de Tahar Guiga… et nous n’avons jamais manqué d’idées et de réformes», rappelle le chef de l’Anpp. Il ajoute: «La crise de la pensée qui a marqué l’ère de Bourguiba et de Ben Ali n’a plus sa raison d’être».

M. Rekik a horreur des extrêmes, qu’ils soient de gauche ou de droite. Mais pour lui, c’est Ben Ali qui représente l’horreur suprême. «Nous venons de traverser un mauvais moment de notre histoire. Ne tombons pas encore une fois dans l’extrémisme, qu’il soit de droite ou de gauche. Ben Ali et Leïla sont un produit de la Tunisie. Croyez-moi, si on ne fait pas attention et qu’on ne se range pas dans un centre modéré, il y aura d’autres Ben Ali et d’autres Leïla. Restons au juste milieu», a-t-il dit. Et d’ajouter que «le Tunisien ne demande que de vivre modestement et nous sommes tous appelés à mettre de l’ordre dans la maison».

Mais que fait Kamel Omrane, un homme du passé et du passif et ancien serviteur du régime de Ben Ali, dans ce nouveau parti si ambitieux?

Kamel Omrane, cofondateur de l’Anpp, avait été nommé, le 29 décembre, ministre des Affaires religieuses dans le dernier gouvernement de Ben Ali, qui vivra deux semaines. Avant de rejoindre le gouvernement du dictateur, cet universitaire islamologue était aux commandes de Zitouna FM, la radio fondée par Sakher El Materi, gendre de l’ex-couple présidentiel. «Oui, je le connais. Il s’agit d’un universitaire éminent et d’un Imam à la mosquée des Berges du Lac, puis de celle de Aïn Zaghouan. J’ai confiance en lui, et pour moi, il est un héros de l’authenticité. Je connais ce monsieur depuis 7 ans et il a les mains propres», plaide M. Rekik. Ne craint-il pas que, de par son appartenance, l’homme ne nuise à son parti? Réponse de l’ami de Kamel Omrane: «Je refuse les idées populistes. Ce monsieur n’a jamais profité du système de Ben Ali et ne vit que de son salaire. Il est vrai qu’il était membre du Rcd, tout comme Moncef Barouni, un autre membre de notre parti. Mais n’insultons pas l’avenir! Nelson Mandela n’a pas exclu tout le monde et nous avons besoin de nous unir pour faire avancer le pays».

Cette approche, qui appelle à la réconciliation nationale, M. Rekik aura sans doute du mal à la faire admettre par une majorité de Tunisiens, qui n’est pas disposée à donner une nouvelle chance aux serviteurs de l’ancien régime. Et M. Omrane, tout pieux homme qu’il est, en fait partie.

M. Rekik, lui, n’a que faire de ces considérations. Il préfère penser à l’avenir, et l’avenir de la Tunisie est, selon lui, bien balisée. «La Tunisie peut ressembler à la Suisse ou à la Singapour, deux pays très bien placés dans l’économie du monde. Mais les Tunisiens, jusque-là, aiment copier les Français qui ont amassé des fortunes sur le dos des autres peuples. Et ils ont tort. Nous pouvons avoir notre propre politique et être classés parmi les meilleurs», explique M. Rekik. Le leader de l’Anpp ne porte visiblement pas la France dans son cœur. Le fait qu’il soit membre de l’Association d’amitié tuniso-américaine et de la Chambre de commerce tuniso-américaine n’y est sans doute pour rien.

(Source : Kapitalis, le 13 mai 2011)

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/3905-tunisie-un-nouveau-parti-islamiste-a-lamericaine-.html


Sihem Ben Sedrine porte plainte contre 3 rédacteurs en chef


Publié par Arwa

Ce dossier date de la période noire de l’injustice, des exactions et des atteintes à la liberté et à la dignité des gens, du temps de la dictature de Ben Ali. La victime n’est autre que la militante et journaliste Sihem Ben Sedrine qui a été injuriée plus d’une fois, sous les ordres du président déchu, par le biais de quelques plumes à la solde du fuyard.

Aujourd’hui, chacun voulant recouvrer ses droits, son dossier vient d’être remis sur la table par son avocat, Maître Abderraouf Ayadi, qui a avisé les autorités judiciaires que la plainte déposée alors par sa cliente n’a eu aucune suite. Il s’agit d’articles publiés par trois journaux de la place portant atteinte à sa personne et à sa dignité.

Cette plainte concerne les trois rédacteurs en chef Abdelhamid Riahi, du journal «Achourouq», Abdelaziz Jéridi, directeur du journal «Al Hadath», et Salah Hajja, directeur du journal «Assarih» qui ont publié sur leurs pages, durant le règne de Ben Ali, des articles insultants contre Sihem Ben Sedrine, rapporte le journal londonien de langue arabe « Al Qods Al Arabi ».

Selon l’avocat de Sihem Ben Sedrine, ces responsables touchaient des sommes conséquentes afin de s’attaquer à tout opposant et de donner un visage «rayonnant» du pouvoir en place, considérant ces faveurs comme un vol du bien public qui doit être remis à l’Etat… Affaire à suivre.

(Source: „Webdo.tn“, le 13 mai 2011)

Lien : http://www.webdo.tn


La Tunisie poussée à respecter le calendrier électoral


La reprise de manifestations à Tunis met sous pression les autorités intérimaires, incitées à respecter le calendrier de la transition et organiser les élections constituantes à la date prévue du 24 juillet même s’il peut en résulter davantage d’instabilité à long terme.

Certains partis encore faiblement mobilisés estiment que ce calendrier est trop serré pour assurer l’équité du scrutin. D’autres craignent que la Tunisie ne soit mal préparée à un scrutin démocratique après des décennies de régime autocratique.

Mais dans un contexte de tension croissante, tout autre écueil qu’un retard léger pourrait provoquer de nouveaux troubles dans un pays qui peine encore à rétablir l’ordre après la chute, en janvier, du président Zine ben Ali.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants dimanche à Tunis après quatre jours d’agitation et a procédé à quelque 600 arrestations en divers points du pays. Un couvre-feu est en vigueur depuis samedi.

Les manifestants redoutent de voir le gouvernement intérimaire revenir sur sa promesse de conduire le pays vers la démocratie en rompant avec un long régime de parti unique.

« Les élections doivent intervenir le 24 juillet, il faut qu’ils oeuvrent en ce sens pour qu’il y ait une stabilisation« , estime Kais Saïd, professeur de droit.

Le Premier ministre par intérim, Beji Caïd Essebsi, a évoqué dimanche un report possible lié à des difficultés techniques, mais il s’est empressé ensuite d’assurer que les autorités faisaient le maximum pour respecter la date convenue.

Les dernières manifestations avaient fait suite aux propos d’un ex-ministre de l’Intérieur selon qui un coup d’Etat serait à craindre en cas de victoire du mouvement islamiste Ennahda.

« Il règne encore une très forte atmosphère révolutionnaire en Tunisie, note Jean-Baptiste Gallopin, du groupe Control Risks. Toute initiative perçue comme une tentative d’éléments de l’ancienne élite pour faire dérailler le processus de transition vers la démocratie se heurte immédiatement à une réaction de la rue.« 

La mobilisation politique de la Tunisie, couronnée par le renversement de Ben Ali le 14 janvier, a inspiré des mouvements de contestation analogues dans le monde arabe.

Mais ce pays de 10 millions d’habitants ne possède pas les ressources énergétiques de ses voisins et estime avoir besoin de milliards de dollars de prêts extérieurs pour surmonter la désorganisation qui affecte durement son marché de l’emploi et son industrie touristique.

Les marchés seraient toutefois plus compréhensifs devant un report du scrutin et pourraient même en être satisfaits, selon Richard Segal, stratégiste auprès du groupe bancaire Jefferies. « Le pays se donne peu de temps pour tenir ces nouvelles élections, aussi un retard d’ordre technique serait-il compréhensible« , dit-il.

Une brève transition censée favoriser la stabilité pourrait avoir l’effet opposé à long terme, et ce risque concerne d’autres pays en phase postrévolutionnaire comme l’Egypte.

« Le pire des scénarios serait celui d’un processus accéléré débouchant sur l’instabilité« , souligne Richard Segal en évoquant les transitions de façon générale. « En fait, certains investisseurs pourraient approuver une transition lente, car cela réduirait le risque de chocs négatifs à court terme.« 

Une courte période préélectorale pourrait favoriser le mouvement Ennahda, dirigé par Rachid Ghannouchi et interdit sous la présidence de Ben Ali, parce qu’il est plus mobilisé que d’autres partis. On s’attend à ce qu’il réalise de bons scores dans le Sud, où le chômage dépasse la moyenne nationale de 14%.

Certains des partis les plus modestes – une soixantaine seront en lice – estiment que le calendrier rend le jeu inégal entre les candidats au scrutin.

« Il serait sensé de reporter les élections« , dit le politologue indépendant Slaheddin Djourtchi, favorable à ce qu’elles aient lieu en octobre ou novembre. « Il est très difficile d’organiser des élections dans les deux mois, les partis ne sont pas prêts. Le processus exige du temps.« 

Source : « L’express » Le 13-05-2011

Lien : http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/la-tunisie-poussee-a-respecter-le-calendrier-electoral_992540.html


Zine Ben Ali va rendre des comptes aux Tunisiens


 

Le 14 janvier dernier, une foule en liesse applaudissait le départ de Zine Ben Ali. Après vingt-neuf jours de mobilisation, le président de la République tunisienne abandonne son poste et quitte le pays pour se réfugier à Djeddah, en Arabie saoudite.

Les autorités tunisiennes ont décidé mercredi dernier de convoquer devant un tribunal militaire le chef d’Etat déchu. Poursuivi pour homicide volontaire, meurtre, pillage, et la liste est longue, l’ancien président devra répondre de ses actes. Le mois dernier, Tunis avait annoncé vouloir engager dix-huit actions en justice contre l’ancien chef d’Etat, notamment pour « complot contre la sûreté intérieure de l’Etat », « incitation à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien » et « trafic et usage de stupéfiants ».

Seul problème, on n’est pas sûr de savoir où se trouve le couple Ben Ali à l’heure actuelle. L’ex-président tunisien n’est plus apparu en public depuis son départ le 14 janvier dernier pour l’Arabie Saoudite. Les autorités tunisiennes n’ont toujours pas réussi à obtenir l’extradition de Ben Ali et de son épouse. Protégés dans la grande demeure bourgeoise prêtée par la famille royale saoudienne, Zine Ben Ali n’est pas pour autant complètement tombé aux oubliettes dans la communauté internationale. Alors qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre le couple le 26 janvier dernier, plusieurs pays ont gelé les avoirs du «clan Ben Ali-Trabelsi», à commencer par la Tunisie, puis la Suisse. Enfin l’association Sherpa a révélé mercredi que 12 millions d’euros avaient été saisis en France sur douze comptes bancaires appartenant à des proches de l’ex-président tunisien.

De nombreux proches des Ben Ali ont également été arrêtés, comme par exemple Mohamed Ghariani, ancien secrétaire général du RCD, parti dissous de Ben Ali, ou encore le frère de l’ancien chef d’Etat, Slah Ben Ali. Le peuple tunisien a besoin que Justice soit faite pour s’engager avec sérénité dans la transition démocratique qu’il a amorcé.

Source : « Planete Campus » Le 13-05-2011

Lien : http://www.planetecampus.com/actu/31187-zine-ben-ali-va-rendre-des-comptes-aux-tunisiens


Peurs et démons dans la révolution tunisienne


 

Une analyse psychologique des Tunisiens aux prises avec leur révolution. De la peur à la renaissance, en passant par le déni, la négociation et la dépression. ParNoureddine Kridis*

Depuis le 14 janvier, notre société est entrée dans un processus de mort-renaissance, avec toutes ses phases qui vont de l’annonce, au déni, de la négociation illusoire, à la dépression de l’acceptation sereine, à la négociation créative et à la renaissance (prévue pour le 24 juillet). Il s’agit en même temps d’un processus de guérison collective, car ce que nous sommes en train de vivre nous affecte au plus profond de nous-mêmes et laissera des traces à jamais, y compris pour les générations à venir.

L’annonce: la peur de la révolution Oui, nous avons accompli une révolution. Oui, elle est bien là. Oui, nous la voyons, nous l’entendons, nous la touchons, nous la sentons. Et ceci nous a fait peur, car maintenant, se pose le problème de l’action. Mais pour agir, nous avons besoin de temps: le temps d’intérioriser ce qui nous arrive et ce que nous avons fait. Tout d’abord, pour pouvoir enterrer une Tunisie qui a vécu 23 ans pour ne se limiter qu’à cette période (car la révolution est contextualisée), les Tunisiens doivent pouvoir d’un côté reconnaître les dégâts de ce long règne. Oui, sans cette reconnaissance, rien ne peut se faire. Nous n’avons pas encore fait le tour de la question quatre mois après. Ceci engage à un travail d’aveu, porteur de réparations et de pardon à long terme. Il est inutile d’être dans la position du «déni», elle n’aide ni les personnes et leurs entourages qui ont souffert, ni les autres qui ont été à l’origine de cette souffrance. Les négociations illusoires, par exemple: tous les Rcdistes ne sont à mettre dans le même sac! Nous étions des fonctionnaires appelés à exécuter les ordres! Ces négociations retardent la guérison collective et le travail d’une création collective réelle. Les dernières sont celles qui ont touché l’article 15 (l’écartement des membres du Rcd durant 23 ans de l’exercice du pouvoir) et opposé le Premier ministre du gouvernement provisoire à la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution.

Le Rcd: le déni Il semble que le nombre des adhérents du Rcd ait atteint plus que 2 millions de personnes, et même si le nombre d’adhérents authentiques n’est que le quart, c’est quand même considérable. Aujourd’hui, l’on ne sait pas si la personne en face de vous n’était pas Rcd, et que faire alors si vous êtes engagé avec elle dans un travail en commun? Tout ce qu’aujourd’hui, on peut entreprendre risque d’impliquer sans le vouloir des adhérents du Rcd. C’est ce qui est arrivé aux gouvernements provisoires quand ils ont nommé les gouverneurs, des ministres, et où trouver alors des gens qui sont purs et cent pour cent loin de tout ça? Il s’agit d’un vrai dilemme. Le Rcd continuera pour longtemps à empoisonner la vie sociale et politique de la Tunisie, et aujourd’hui, pour réussir la révolution, il faut absolument fermer la porte à toutes ces tentatives de retour en arrière. Les Tunisiens Rcd sont pris aujourd’hui par une sorte de syndrome d’auto-déresponsabilisation, ils ne savaient pas, ils n’étaient au courant de rien, Iadh Wedreni, conseiller au rang de ministre, directeur du cabinet du président déchu, dans une long interview, alors qu’il devait disparaître de la scène pour se faire oublier un peu, affirmait qu’il était pur comme la vierge immaculée, et qu’il ne se reprochait rien, dans la mesure où il n’a rien vu, rien entendu… La même scène s’est observée à une échelle collective lors de la séance parlementaire du 7 février. La majorité de ceux et de celles qui ont pris la parole ont évoqué leur instrumentalisation par le passé et au présent. Aujourd’hui, des forces de plus en plus visibles du déni complotent contre la révolution. La recrudescence de la violence début mai après quelques semaines de sécurité en est la preuve.

Le rituel: en occupant l’espace Le poète Sghaier Ouled Ahmed demandait dans une émission de télévision que les «manadher», littéralement les «têtes», «les gueules», et en plus soft «les paysages» changent. Les gens n’ont pas fait la révolution pour continuer à voir les mêmes «visages», qui en plus leur rappellent que rien n’a changé, qu’ils n’ont pas avancé, que l’ancien tyran n’est pas mort. Pire, le fait de voir les mêmes têtes ravive leur souffrance et leur excitation. Ces mêmes têtes fonctionnent comme des stimuli aversifs, traumatisants, faisant monter la tension à chaque passage. La sagesse aurait recommandé de couper net et court avec tout ce qui rappelle l’ancien régime. Cela apaiserait les gens, ferait tourner la page facilement, leur ferait prendre conscience qu’il s’agit bien d’une révolution, et non d’un simple changement.

En prenant la parole En prenant la parole, ce qui n’est pas rien, nous avons la possibilité de donner sens à ce qui nous arrive, à ce que nous faisons. Il s’agit bien de porter un regard sur le «sens», de l’orientation, de l’axe du temps. Tout le monde éprouve le besoin de voir le «sens», où on va? Est-ce la bonne direction maintenant qu’il n’y a plus de direction imposée ou unique «notre seul et unique choix est Ben Ali» répétait les slogans de l’ancien temps… En apprenant la parole, nous nous donnons la capacité de faire notre histoire, une histoire au sens où nous reconstituons le sens de ce qui nous arrive «toute cette révolution est pour la démocratie, pour la dignité». La reprise de la parole est une reprise de l’axe du temps, qui était pré-orienté sans notre volonté pour de longues années. En disant les choses aujourd’hui, nous re-figurons notre révolution par rapport à notre histoire récente et notre histoire millénaire, mais aussi par rapport à l’histoire du monde. Nous remembrons des pièces de puzzle que nous croyons perdus pour toujours. Il est tout à fait naturel qu’ainsi, des personnes ne puissent pas trouver les mots, ou qu’elles ne puissent pas reconnaître les mots, ou qu’elles ne puissent pas nommer tout court les choses. Il s’agit bien de la redécouverte de notre temporalité, et de la vie des mots longtemps réifiés et morts. Il s’agit bien de la prise de conscience brutale de notre «temporalité» et du coup de notre responsabilité et de notre fragilité. Le syndrome dépressif qui touche une majorité des Tunisiens prend ses racines dans ce sentiment de perte provisoire de l’axe du temps et du sens.

L’acceptation sereine: l’illusion révolutionnaire Le retour du principe de réalité est bénéfique pour cette belle révolution. La révolution tunisienne est la révolution de la liberté et de la dignité. C’est tout un programme pour le peuple, un programme original et nouveau. Il pourrait même inspirer la nouvelle constitution, c’est-à-dire en constituer son esprit. Il pourrait même en constituer la lettre. Ainsi, l’emblème de la république pourrait être bipolaire: Dignité et Liberté au lieu de l’actuel: Ordre, Liberté, Justice. On pourrait aussi identifier les organes du corps qui sont les plus interpellés par cette double dénomination. Il s’agit d’abord, pour la liberté, de renvoyer à la main, aux mains. «Restituez-moi ma liberté, libérez mes mains, car j’ai tout donné, je n’ai rien gardé…», chantait Oum Khalthoum à gorge déployée. Et pour la dignité, il s’agit de la colonne vertébrale. D’abord, les mains : elles sont dans cette position d’ouverture, en prolongeant les bras eux-aussi ouverts, tendus vers le ciel, rappelant la victoire, la connexion avec l’universel, la beauté de l’élan. La main est l’organe le mieux représentée au niveau du cerveau. Elle supporte aussi les fonctions les plus humanisantes: le handling, le holding, le pointing, l’index et le pouce. La main c’est la dextérité, l’habileté, la motricité fine, le maniement, la manipulation. Mais c’est aussi, et en même temps, le toucher, la caresse, le salut, le lien, le social, la rencontre, l’affrontement, le poing et le duel. Bref, la main, c’est la construction de l’édifice social et de la culture humaine. Elle est l’action par définition. On comprend pourquoi le peuple réclame la liberté. Il s’agit pour lui de retrouver son action, d’arrêter sa passivité, d’arrêter de subir, de reprendre en main son destin, d’inscrire sa trace et de raviver des liens. Ensuite, la dignité. Elle est dans mon corps, la colonne vertébrale. C’est la structuration et la posture verticale, debout, droite, avec le buste droit, et les articulations saines. C’est la possibilité d’avoir la tête haute, de pouvoir regarder les yeux dans les yeux, d’avancer, d’être dans la confiance et d’avoir le sentiment de sa force. La robustesse d’un corps articulé et fluide, ferme et bien dressé, procure cette possibilité pour tout un chacun de développer sa confiance et sa référence interne, c’est-à-dire sa capacité de penser par lui-même, d’être une structure, qui compte et avec qui on doit compter. Tout individu est une structure qui compte. L’ancien régime était champion dans la capacité à attaquer cette structure, à lui manquer de respect, à l’humilier, à la casser, à la briser par plusieurs stratégies: en lui refusant la pensée, la conduite de sa vie et ses différentes actualisations: travailler, se loger, se soigner, étudier, vivre. Aujourd’hui (le 9 mai), ce que les Tunisiens ont revendiqué prioritairement: de la dignité c’est-à-dire la pensée par soi-même et le respect, et de la liberté c’est-à-dire l’action et l’initiative, n’est pas ce qui ressort des préoccupations politiques du gouvernement provisoire ni du climat politique général. Les Tunisiens, dans l’euphorie révolutionnaire, ont beaucoup fait appel à la voix et aux pieds. Parler, crier, mais aussi bouger, occuper des lieux, des avenues, couper des routes. On observe par conséquent un décalage vécu entre la revendication: faire, agir et être respecté, et la réalisation des derniers mois. La désillusion gagne du terrain à cause de ces décalages. La révolution n’est pas la prise de la parole pour la parole, ni l’occupation de l’espace pour le contrôle de l’espace. A peine la révolution faite, que la course au pouvoir s’est lancée. C’est ce qui explique le nombre des partis, les techniques médiatiques et de terrain de ces partis. Il est stratégique pour nous tous aujourd’hui de nous recentrer autour de trois fondamentaux: 1- Le Tunisien est un individu précieux, et les Tunisiens, dans leur diversité biologique, psychologique et sociologique, méritent d’être reconnus, respectés, défendus, protégés, valorisés inconditionnellement, un par un, de ce respect naît le sentiment de citoyenneté. Toute la Tunisie doit garder le souvenir qu’elle s’est levée pour un individu: Mohamed Bouazizi. La constitution doit donner la priorité à cette structure, à cette colonne vertébrale qui fait de chacun de nous une réalité unique et précieuse. Cette notion est à la base des droits de l’homme, de la modernité, de la loi. 2 – Notre vie en commun s’inspire de ce principe: si telle était la revendication de notre révolution : liberté et dignité, nous inscrirons une seule règle éthique et politique minimale: s’abstenir à nuire à autrui, puisque autrui est cette richesse irremplaçable dont nous partions. 3 – Toutes nos lois sont faites pour défendre le premier et le second principe.

Source : « Kapitalis » Le 13-05-2011

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/3903-peurs-et-demons-dans-la-revolution-tunisienne.html


Tunisie. Des «visiteurs de nuit» chez le militant Khémaïs Ksila


 

Khémaïs Ksila, le secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), soupçonne des éléments de la police politique dissoute d’avoir pénétré par effraction chez lui en son absence.

Dans un communiqué à l’opinion publique diffusé par le site de la Ligue, M. Ksila raconte: «En regagnant mon domicile, le mercredi 11 mai 2011, j’ai eu la surprise de constater que la serrure de la porte d’entrée a été enlevée d’une manière professionnelle sans laisser de trace d’effraction. En pénétrant à l’intérieur, j’ai eu la certitude que des inconnus se sont introduits en mon absence à l’intérieur et ont procédé à ‘‘une perquisition’’ en règle de toutes les chambres. J’ai remarqué également que toutes les portes des armoires ont été laissées grandes ouvertes, mais je n’ai constaté aucun changement de place des équipements de l’appartement. Par ailleurs, je me suis rendu compte qu’aucun vol n’a été commis, puisque les équipements électroniques personnels, mon téléphone portable et mon portefeuille ont été laissés sur leur place.» M. Ksila, qui n’a enregistré aucune perte de ses effets personnels, affirme cependant craindre que des «équipements» aient été «placés ou cachés à l’intérieur de [son] appartement». Le militant des droits de l’homme a aussitôt informé les services de sécurité de ces faits. «Le directeur général de sureté nationale a dépêché une équipe de la police qui a effectué les constats d’usage à mon domicile vers 22h. Un procès verbal a été rédigé séance tenante, dans lequel j’ai tenu à mentionner mes craintes que cette action criminelle a été accomplie par des éléments de la police politique dissoute, qui tentent de s’attaquer aux militants pour la démocratie et la liberté en Tunisie», raconte encore M. Ksila. Considérant que ces évènements sont d’«une extrême gravité et constituent un crime qui doit être dénoncé et condamné», M. Ksila j’exige «une enquête indépendante et transparente pour la découverte de la vérité» et «appelle les autorités provisoires à intervenir en vue de lever les dessous de cette affaire gravissime.» Il appelle aussi «l’opinion publique, les forces démocratiques et citoyennes à la vigilance afin de circonscrire les survivances de la réaction», et «les forces de progrès à la mobilisation en vue de barrer la route devant tous ceux qui veulent reproduire la répression politique et l’encerclement des militants et les acteurs de la société civile.»

Source : « Kapitalis » Le 13-05-2011

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/3911-tunisie-des-lvisiteurs-de-nuitr-chez-le-militant-khemais-ksila.html


Tunisie : Nouri Bouzid, n’admettra pas un régime islamiste


 

La plus prestigieuse décoration française vient d’être décernée à Nouri Bouzid, le résistant du cinéma tunisien, qui a passé 5 ans de sa vie dans les geôles de Bourguiba. Le cinéaste pro-pirate est désormais chevalier de la Légion d’Honneur.

« Je veux m’adresser surtout aux jeunes cinéastes tunisiens. Je veux leur dire: rien ne doit vous faire peur! N’oubliez jamais les perdants, ne faites pas les héros gagnants », a dit Nouri Bouzid, après avoir été décoré, hier, des insignes de chevalier de la Légion d’honneur des mains de Frédéric Mitterrand, le ministre français de la Culture. La plus prestigieuse décoration française vient d’être décernée au résistant du cinéma tunisien, qui a passé 5 ans de sa vie dans les geôles de Bourguiba. Il a été arrêté, emprisonné et torturé, de 1973 à 1979, pour délit d’opinions et pour appartenance au groupe radical Perspectives. Sorti de prison, il travaille comme assistant réalisateur sur plusieurs films tunisiens et étrangers. Son premier long métrage L’homme de cendres (1986) est sélectionné à Cannes, Namur et couronné dans plusieurs festivals.

Ses convictions de gauche, le réalisateur ne les a jamais reniées. Il a ainsi martelé, lors de la cérémonie, à Cannes, « ne pouvoir admettre un régime ou un Etat qui soit islamiste quelque soit sa modération ». Le réalisateur n’est jamais à court de déclarations fracassantes. Il ya quelques années, il a également fait sensation en se déclarant ouvertement pour le piratage, y compris de ses œuvres, pour permettre à un maximum de cinéphiles de les apprécier. Toujours est-il que la décoration du metteur en scène tunisien intervient à un moment assez particulier dans sa vie. Nouri Bouzid a été agressé le 6 avril 2011 par un barbu alors qu’il était entrain de discuter avec des étudiants près du campus d’EL Manar. L’agresseur lui a donné un coup sur la tête avec une barre de fer en criant “Allahou Akbar”… Et pour une fois, le chapeau occidental que le réalisateur tunisien semble affectionner lui a porté chance, et lui a permis de limiter les dégâts. La blessure aurait pu en effet être très grave. Qui a dit que la bartala n’a pas la baraka ? Quelques jours plus tard, dans un meeting du parti Ennahdha, le rappeur PsycoM acclamé par la foule de militants, scandait que «s’il le pouvait, il utiliserait une kalachnikov, contre Nouri Bouzid».

Source : « Tekiano » Le 13-05-2011

Lien : http://www.tekiano.com/component/content/article/21-n-c/3745-tunisie-nouri-bouzid-nadmettra-pas-un-regime-islamiste.html

 


 

Les Tunisiens accueillis en stars à Cannes


 

Un accueil particulier et chaleureux a été réservé à la délégation tunisienne de cinéastes et de responsables au cours de l’ouverture officielle de la 64eme session du festival cinématographique de Cannes qui se tient du 11 au 22 mai. Cette délégation participante à ce festival est composée de plusieurs cinéastes tunisiens dont notamment Mourad becheihk, habib Attia, dorra bouchoucha, lotfi achour, abdellatif Ben Ammar, Mohamed Chellof, Imad Merzoug, Lotfi Layouni Naoufel Saheb Ettabaa et Ridha Behi. Côté officiel M Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme, a représenté la Tunisie à ce festival ou il a été reçu par M Frederic Mitterand, ministre Français de la culture. Celui-ci n’a pas manqué de réaffirmer le respect et l’amitié que porte désormais la France à la Tunisie et à son peuple après la récente révolution qui vient de marquer l’Histoire du pays. La qualité de l’accueil et l’emplacement privilégié qui a été réservé aux Tunisiens au cours de l’ouverture du festival ont constitué un hommage au cinéma et au peuple tunisiens, souligne M Mehdi Houas qui, au cours d’une déclaration à Canal+ a indiqué que la Tunisie est en train de se reconstruire sur de nouvelles bases ; celles de la liberté, de la démocratie et de la valorisation de sa culture et de son Histoire plusieurs fois millénaire. Au cours de sa visite à Cannes le Ministre du commerce et du tourisme a rencontré plusieurs personnalités Françaises dont le Maire de Cannes, M Niclas Syedoux président du conseil de surveillance de  » Gaumont » , l’un des plus grands producteurs et distributeurs de films en France ainsi que M Rémy Pflimlin président Directeur General de France Télévision qui a accepté une invitation du Ministre du commerce et du tourisme de venir en Tunisie et de contribuer à travers les chaines de télévision de son groupe à la promotion de la Tunisie.

Source : « GlobalNet » Le 13-05-2011

Lien : http://www.gnet.tn/revue-de-presse-nationale/les-tunisiens-accueillis-en-stars-a-cannes/id-menu-958.html


Tunisie-Gouvernement: Les Tunisiens, ingouvernables ?


 

Gouvernement-Tunisie – Des touristes arrivent à Tunis, au principal aéroport du pays, Tunis-Carthage.. Ils sont délaissés parce que les agents du catering (ceux qui fournissent de la nourriture et des boissons aux voyageurs moyennant finances importantes) sont en grève. Ils ne peuvent pas avoir leurs bagages parce que les agents chargés de ce service sont en grève. Le tout en contradiction avec tous les efforts fournis par un ministre du Tourisme qui se tue à la tâche pour trouver des solutions et relancer le tourisme, fournisseur de devises et employant près d’un million de personnes (directement et indirectement). Une association des magistrats qui fait du corporatisme, en couvrant un ancien ministre coupable de diffamation, d’insultes à un Premier ministre, d’accusations gratuites contre toute une région (incitation à la désunion et à la guerre civile) et d’atteinte à l’honneur de l’armée nationale, sans se rendre compte que le corporatisme est l’ennemi numéro un de la démocratie. On frémit en pensant que ces «gens-là», dont l’agitateur a beaucoup à se reprocher par ses appartenances, sont en charge de rendre une justice «juste» et citoyenne. Dans les instances et les commissions, plus ou moins admises, les critiques fusent pour n’importe quoi, et on n’hésite pas à crier à la non-légitimité, oubliant que l’on est soi, même illégitime. On n’accepte pas de perdre et de ne pas être dans la majorité. On déambule dans les rues, quotidiennement, en vociférant et en exigeant tout et son contraire. Sur l’avenue Bourguiba, à Tunis, et dans d’autres villes, des groupuscules s’agitent quotidiennement et crient toutes sortes de slogans et exigent la «démission du gouvernement». Les vendredis, d’autres groupuscules, supposés être des salafistes ou cousins, viennent prier et psalmodier, accusant tous les autres d’impies. Dans les rues et les moquées, ils remplacent les imams, tiennent des discours politiques et vouent aux gémonies et à la mort les laïcs et tous ceux qui n’épousent pas leurs thèses rétrogrades. Tout cela ne se situe pas au niveau de la seule parole mais est accompagné de violences, de bagarres, de jets de pierres, d’agressions, de destructions, de vols… En réponse, les policiers répondent par la même violence allant jusqu’à agresser les journalistes, surtout les photographes, accusés de ne montrer que les actes policiers, occultant la violence et les agressions dont ils sont eux-mêmes victimes. Dans les stades, pour peu qu’il y ait un semblant de public, on retrouve la même violence, les mêmes casseurs, les mêmes agressions. Les spectateurs n’acceptent pas la défaite. Les prisons sont devenues fréquentables puisqu’on en sort quand on veut. On peut mettre le feu aux voitures, aux écoles, détruire des entreprises, «dégager» ses patrons, contester le gouvernement, les ministres, les gouverneurs, ses professeurs et puisqu’on est dans le rejet, prochainement ses conjoints et, pourquoi pas, ses enfants. On peut bloquer les routes, les ports, les aéroports. Bref, il n’y a que la revendication. Sans foi, ni loi. Et on ne cesse de nous répéter que le Tunisien est «cultivé, éduqué, civilisé, sage, ouvert». On en arrive à se dire que ces gens qui s’opposent à tout sont-ils gouvernables‚? Doit-on croire ceux qui, pendant des décennies, affirment que les arabes ne sont pas faits pour la démocratie et que leur Histoire, ancienne et récente, est empreinte de despotisme? En y regardant de plus près, en allant plus loin que l’apparent, en dépassant l’hypocrisie, et en cherchant les faits, on est obligés de mitiger les affirmations. C’est vrai que nous n’avons pas encore la culture de la démocratie. Mais le citoyen, lui, pris individuellement, est convivial et accepte l’autre. Certaines forces et certains responsables politiques tiennent un discours démocrate, positif, ambitieux, nationaliste et veulent construire et aller de l’avant en cherchant les meilleures voies pour y parvenir. D’autres, par contre, qui n’ont aucune chance de percer par les élections, tant leurs discours sont surannés, rétrogrades et étrangers, cherchent à freiner, à tout remettre en question et voudraient faire un «coup de force» pour accéder au pouvoir. En essayant de renvoyer la date des élections, en essayant d’imposer un gouvernement d’union nationale, dans lequel ils auraient un poste (un rêve pour eux), et en se délectant de la situation de chaos du pays. Peut-être y a-t-il d’autres forces qui ont d’autres intérêts que ceux du peuple tunisienâ-‚? Le Premier ministre y a fait allusion. Cherchons les bénéficiaires.

Source : « Afrique en ligne » Le 13-05-2011

Lien. http://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/tunisie/tunisie-gouvernement:-les-tunisiens,-ingouvernables-?-2011051311713.html


Les élèves n’en font qu’à leur guise…


 

Par Naceur BOUABID

Tout est prétexte pour déserter les classes et perturber les cours. L’indiscipline se propage insidieusement- A quand une refonte globale et radicale du système éducatif ?- Depuis les premières étincelles ayant favorisé l’avènement de la Révolution du 14 janvier, nos élèves se sont mis en alèrte, donnant l’impression de vouloir être de la fête. Dès lors, ils réagissaient instantanément à tout soubresaut survenant en cours de route, en commun accord, presque en symbiose, Internet et Facebook aidant, avec leurs camarades des autres régions ou même des autres établissements au sein même de leur ville.

 

Il leur a fallu beaucoup de temps pour reprendre goût aux études. Même après la reprise des cours, décidée officiellement par le ministère de tutelle suite à la fermeture des établissements scolaires imposée par le cours des événements, les élèves ont pris tout leur temps pour se remettre finalement au travail, après avoir usé de tout leur sens de l’irresponsabilité et de l’inconscience, se laissant guider par leurs caprices enfantins, au gré de leur humeur du jour. Pour un oui ou pour un non, ils sortaient de leurs gonds pour défrayer la chronique ; tout était prétexte pour eux pour déserter les classes et perturber le déroulement des cours déjà lourdement affectés par la longue rupture.

Le scénario, pour eux, était toujours le même, survenant le plus souvent pendant la première pause récréative de 10h : une poignée d’élèves, toujours les mêmes, commençaient par émettre des sifflements, ameutant autour d’eux les autres fraîchement sortis des cours. Et la foule constituée et regroupée dans la cour, vite transformée à son tour en un espace de contestation, commençait à scander des slogans prétendument révolutionnaires adaptés à la thématique du moment, incitant à la réaction. Leur remue-ménage ne prenait fin et le brouhaha établi à l’intérieur de l’établissement ne se dissipait alors que lorsque toutes les salles avaient été vidées des braves élèves désireux d’apprendre et que tous les professeurs avaient rejoint leur salle. Le personnel administratif a laissé faire, sans réagir, évitant la confrontation dans un contexte d’une rare fragilité, nullement aidés par des parents malheureusement démissionnaires. Les enseignants, la mort dans l’âme, ont fait montre d’une grande patience, présents assidument pour s’acquitter de leur devoir.

 

Attitudes nonchalantes

 

Par ailleurs, même si les cours ont retrouvé leur vitesse de croisière, notamment après les vacances de printemps, l’attitude nonchalante et désavouée de nos élèves n’a pas trop changé, l’assiduité a toujours fait défaut et des cas d’indiscipline récurrents sont depuis lors à l’ordre du jour. Après chaque récréation, ils prennent tout leur temps avant de daigner rejoindre leurs classes, traînant lourdement les jambes, l’un après l’autre, n’éprouvant aucune gêne à faire attendre leurs professeurs qui sont toujours les premiers à être au rendez-vous. Les cours, pour eux, sont une corvée, et ils y assistent corps sans âmes, donnant l’impression d’avoir l’esprit ailleurs.

L’année scolaire touche désormais à sa fin, et l’on n’est plus qu’à quelque trois rares semaines avant l’avènement de la semaine bloquée, pour tous les élèves, les bons et les moins bons, pour sceller leur sort. Mais ils ne s’en soucient outre mesure, prêtant plutôt l’oreille aux échos inhérents au dernier soubresaut politique en date, à savoir les déclarations de M.Rajhi.

 

Et les bacheliers ?

 

Quant à ceux des classes terminales, à mesure que l’échéance du bac blanc se rapproche, au lieu d’être sur le qui-vive, prompts à tout faire pour pallier les lacunes et les défaillances cognitives et méthodologiques, ils manifestent paradoxalement une légèreté révoltante. Et font montre d’une insouciance fâcheuse, en nette contradiction avec les mesures exceptionnelles prises en leur faveur, dont l’allègement du programme et la tenue de séances de rattrapage, osant effrontément sécher les cours pendant cette phase cruciale consacrée habituellement à la révision collective en classe, n’ayant pour d’autres soucis que de s’amuser, s’entêtant, par exemple, à célébrer l’avènement désormais révolu du bac sport, quitte à le passer symboliquement.

Voilà, en somme, ce qu’il en est de l’ambiance générale prévalant à l’intérieur de nos établissements en cette fin d’année scolaire ; tel est l’état auquel sont réduits ces temples sacrés du savoir, trônes par excellence de la discipline, du respect et du dévouement. Un tel état des lieux marqué par le fléchissement de l’autorité administrative, par la démission déplorable des parents et par la nonchalance décevante manifestée par beaucoup de nos élèves ne peut que jeter le discrédit sur nos institutions éducatives en proie à des dérapages inaccoutumés. Cette année scolaire touche à sa fin, fort heureusement, mais, d’ici à l’entame de la prochaine, un travail de longue haleine doit être accompli sans trop tarder. Un chantier d’envergure est à entreprendre dans les plus brefs délais dans la perspective impérative d’une refonte globale et radicale du système éducatif défectueux, souffrant d’un dysfonctionnement profond et de lacunes criardes à l’origine de sa précarité, avec l’implication sine qua non de tous les maillons de la chaîne, de tous les acteurs agissants, sans exclusion aucune. Le salut de notre enseignement public et la notoriété de notre école sont à ce prix.

Source: ”Le Temps” Le 13-04-2011

Lien:http://www.letemps.com.tn/article-55821.html

 


 

Décret – loi sur la profession d’avocat

Le syndicat des magistrats exprime son opposition au projet

 


 

Le syndicat des magistrats tunisiens estime nécessaire de prendre l’avis des instances représentatives des magistrats et des différentes parties concernées par le secteur de la justice concernant le projet de décret-loi portant organisation de la profession d’avocat. Dans une déclaration rendue publique, suite à sa réunion, mercredi, le syndicat met l’accent sur l’influence majeure que peut avoir ce décret-loi sur le fonctionnement du service de la justice, mettant en garde contre les retombées d’une éventuelle adoption de ce projet sur la situation actuelle du pays. Le syndicat estime que ce projet de décret-loi est « de nature à porter atteinte à l’indépendance et au prestige de la magistrature et reflète un opportunisme affiché par certains avocats ». Il souligne, en outre, que le projet de ce décret-loi réduit les garanties juridiques offertes aux magistrats lors de l’exercice de leurs fonctions, en accordant une immunité juridique aux avocats contre les poursuites pénales pour des crimes commis lors de l’exercice de leurs fonctions, ce qui constitue, précise la déclaration, un affront aux dispositions du code pénal et ne fait aucun recours au droit comparé. Le syndicat dénonce le refus du ministre de la Justice au même titre que le Premier ministre du gouvernement provisoire de leur accorder une audience pour présenter leurs préoccupations.

Source: “La Presse”Le 13-05-2011

Lien: http://www.lapresse.tn/13052011/28981/le-syndicat-des-magistrats-exprime-son-opposition-au-projet.html

 


Pourquoi la révolte syrienne se démarque-t-elle des autres révolutions du monde arabe ?


 

Depuis plus de deux mois, un mouvement de révolte agitela société syrienne et met en danger le régime autoritaire deBachar Al-Assad. Si cette mobilisation s’inscrit dans le cadre du printemps arabe, elle se différencie du modèle des révolutions tunisienne et égyptienne à de nombreux égards. Pour l’historien et politologue Hamit Bozarslan, ancien directeur de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman, cette contestation se démarque « moins par sa nature que par la nature du régime syrien ».

Le mouvement de révolte en Syrie est-il comparable aux révolutions de Tunisie et d’Egypte ?

Hamit Bozarslan : Le monde arabe connaît une attente démocratique et réclame la fin des régimes autoritaires depuis des années. Une aspiration qui se combine avec la passion d’une nouvelle génération pour la liberté, l’égalité et la dignité. De ce point de vue-là, ce qui se passe en Syrie fait partie d’une contestation qui dépasse le simple cadre du pays. La différence avec les autres pays révolutionnaires ne s’explique donc pas tant par la nature de la contestation que par la nature du régime.

Dans le cas de la Tunisie et de l’Egypte, étaient installés au plus haut niveau ce que l’on appelle des « Etats cartels ». Ces réseaux, constitués autour d’un prince, sont composés de différents organes, notamment l’armée, une partie de la bourgeoisie et de la bureaucratie. Dans ces systèmes, le prince a pour rôle principal de garantir la survie de ce cartel, mais les différentes composantes, et principalement l’armée, disposent d’une autonomie considérable. C’est pour cette raison qu’en Tunisie et en Egypte, l’armée a pu se dissocier du prince et conduire à la chute du régime. En Syrie, la relation entre l’armée et le pouvoir est infiniment plus forte et plus encadrée. Et l’organisation de l’Etat, très réduit autour de la famille du président et d’un petit clan de la minorité alaouite, s’apparente davantage en ce sens à l’ancien régime deSaddam Hussein en Irak.

D’un point de vue géographique, en quoi la contestation syrienne se démarque-t-elle ?

Dans le cas de l’Egypte et de la Tunisie, on observait que les villes du Caire et de Tunis étaient centrales. Il y avait également des contestations locales, mais l’avenir des deux pays s’est joué dans ces deux grandes agglomérations. En Syrie, les dynamiques locales sont infiniment plus importantes. Damas, qui devrait jouer un rôle central, ne parvient pas à émerger comme tel. Cette inertie s’explique par la forte surveillance militaire mais aussi par une différence sociologique par rapport aux autres révolutions arabes. C’est avant tout une révolte des provinces.

Pourquoi la répression du régime syrien semble-t-elle plus efficace ?

Les pratiques coercitives sont très différentes d’un pays à l’autre. En Syrie, on a évidemment un exemple sinistre des pratiques du pouvoir avec l’épisode de Hama, en 1982 [les troupes du président Hafez Al-Assad, père de l’actuel président, avaient réprimé dans le sang une insurrection orchestrée par les Frères musulmans]. Aujourd’hui, le régime syrien se montre très efficace car il parvient à fracturer l’espace et le temps de la contestation, à imposer son rythme. En déplaçant ses chars d’une ville à l’autre, en faisant régner la terreur dans différents lieux successifs, le pouvoir syrien réussit à empêcher la création d’une dynamique commune de l’opposition. Ce que n’avait pas réussi à faire Ben Ali et Moubarak. De ce point de vue, je crains que le temps joue en faveur du pouvoir. Plus les autorités imposent leur rythme, plus elles rendent la contestation diffuse.

Existe-t-il en Syrie une force d’opposition cohérente ?

Il est très difficile de définir aujourd’hui l’opposition syrienne, même si on dispose d’énormément d’éléments. Il s’agit visiblement d’une coalition hétéroclite dans laquelle on trouve des intellectuels, des jeunes de la classe moyenne, des exclus du système informel, des membres de courants libéraux, une opposition conservatrice, voire islamiste. A l’inverse des mouvements tunisiens et égyptiens, on entend dans les cortèges le slogan « Allah akbar »[Dieu est le plus grand]. Ce qui ne signifie pas nécessairement un mot d’ordre islamiste : le slogan est aussi un appel à la résistance depuis un siècle et demi dans le monde arabe.

L’organisation de la contestation est-elle différente ?

Comme en Tunisie et en Egypte, la contestation se joue sur le plan virtuel, sur Internet et avec les réseaux sociaux. Mais la différence principale réside dans la faculté d’organisation sur le terrain. La Tunisie et l’Egypte présentaient ce paradoxe qu’ils étaient des pays très ouverts : ils accueillaient des millions de touristes, ils avaient une diaspora très importante et une forte influence. A condition de ne pas toucher la personne du prince, les intellectuels pouvaient se rassembler, la vie universitaire était très vivace…

En Syrie, ce n’est pas du tout le cas. Si l’Etat s’est effectivement retiré de certains domaines sociaux comme la « soupe populaire » ou les dispensaires, l’encadrement de la société demeure très fort. La peur des moukhabarat, la police secrète syrienne, est bien plus forte que celle qui existait en Tunisie ou en Egypte.

Comment s’explique le manque de réactivité de la communauté internationale ?

Il y a cinq ans, la Syrie a été réhabilitée par la communauté internationale. Une décision commune qui trouve de nombreuses justifications, parmi lesquelles la stabilisation de la frontière entre la Syrie et l’Irak, ou encore la pacification du Liban. Ces facteurs expliquent en grande partie l’inertie actuelle de la communauté internationale, qui ne parvient pas à trouver une position commune. Il faut rappeler qu’Israël joue aussi un rôle important car la Syrie représente un peu son « meilleur ennemi ». Le régime de Bachar Al-Assad, bien que très hostile évidemment à l’Etat d’Israël, est relativement encadré, notamment grâce à l’influence de Washington. Or le remplacement du régime Al-Assad pourrait représenter un grand danger pour les Israéliens.

Propos recueillis par Charlotte Chabas

Source:”Le Monde” Le 13-05-2011

Lien:http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/05/13/pourquoi-la-revolte-syrienne-se-demarque-t-elle-des-autres-revolutions-du-monde-arabe_1521674_3218.html

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