TUNISNEWS
6 ème année, N° 2093 du 13.02.2006
AFP: Rumsfeld salue le rôle de la Tunisie dans le combat de l’islamisme radical AFP: Al Qaïda a peu de chances de s’implanter en Afrique du Nord (Rumsfeld)
AP: Karthago Airlines: Dominique Perben demande des informations à la Tunisie Libération: Journaux arabes sanctionnés
AFP: Maroc: 4 mois de prison avec sursis pour deux journalistes d’Al Ayam AFP: Le propriétaire d’une radio danoise condamné à 14 jours avec sursis pour racisme
Le Temps : Khatami met en garde contre la liberté d’_expression à l’occidentaleDr. Moncef Marzouki: Refuser les amalgames Jean-Paul Marthoz: L’Europe doit réaliser qu’il y a «un versant sud de la liberté» Yahyaoui Mokhtar: Fair-play
Assafir: Khaled Mechal “Le gouvernement du Hamas comportera des chrétiens, des femmes et des indépendants”. Le Temps : Les tribulations d’un conducteur flashé par un radar qui “choisit” ses proies : Une commission au dessus des lois?
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LA VISITE DE RUMSFELD à TUNIS LE SAMEDI 11 FéVRIER 2006:




Rumsfeld salue le rôle de la Tunisie dans le combat de l’islamisme radical
Al Qaïda a peu de chances de s’implanter en Afrique du Nord (Rumsfeld)
Al Qaïda a peu de chance de s’installer au Maghreb, dit Rumsfeld
Al Qaïda a peu de chances de s’implanter en Afrique du Nord (Rumsfeld)
Rumsfeld says al Qaeda foothold in Maghreb unlikely
INCIDENT DE L’AVION DE LA COMPAGNIE « KARTHAGO » .. SUITE
Incident dans un charter pour Paris, les passagers repartent dans un autre appareil
Par Hamida BEN SALAH
AFP, le 12.02.2006 à 18h07
TUNIS, 12 fév 2006 (AFP) – Un avion de la compagnie privée tunisienne Karthago airlines avec 141 passagers à bord a fait dimanche un retour difficile à l’aéroport de Djerba (sud tunisien) suite à des problèmes techniques survenus peu après son décollage pour Paris.
Suite à cet incident, les passagers, voyageant avec le tour opérateur Promovacances, ont refusé de repartir avec le Boeing 737 de Karthago.
134 d’entre eux ont exigé et obtenu d’embarquer dans un autre avion, un A-320 spécialement affrété par Karthago auprès de la compagnie Tunisair.
Sept autres passagers ont préféré attendre lundi et ont été pris en charge pour une nuit d’hôtel supplémentaire à Djerba (500 km de Tunis) en attendant d’être examinés par un représentant d’Europe assistance.
“Un quart d’heure après le décollage vers 07H30 locales (06H30 GMT), les masques à oxygène sont tombés, la température a chuté. Il y avait une vague odeur de brûlé”, a raconté à l’AFP une passagère.
“Le personnel nous a dit d’abord de ne pas toucher aux masques, six minutes plus tard on nous a demandé de les mettre. On ne voyait rien, le ciel était couvert, l’hôtesse a fini par nous dire qu’on retournait à l’aéroport”, a ajouté, Soraya, 34 ans, jointe par téléphone depuis Tunis.
Paniqués et pris de malaise et vomissements pour certains, la plupart de passagers ont souhaité voyager avec la compagnie nationale Tunisair plutôt que de reprendre un appareil de Karthago, avait indiqué l’un d’entre eux.
Un porte parole de Karthago a minimisé l’incident affirmant que le retour de l’appareil avait été effectué “seulement au nom du principe de précaution”.
L’équipage a décidé de faire ce retour “à titre préventif, par mesure de sécurité, pour faire effectuer des vérifications techniques nécessaires après le déploiement des masques à oxygène”, a expliqué une source aéroportuaire sous couvert d’anonymat.
“Il n’y a eu aucune odeur de brûlé à bord “, a assuré cette même source, qui n’était pas en mesure de préciser ce qui a pu provoquer le déploiement des masques à bord.
Un incident similaire impliquant Karthago s’était produit en août dernier au départ de Paris, lorsque ses passagers avaient refusé d’embarquer pour Djerba à bord de l’A-300 loué à la compagnie turque Fly Air.
L’avion avait effectué un retour à Orly une heure après son décollage et Karthago a du affréter deux nouveaux appareils pour le transport de 235 passagers.
Karthago airlines recourt habituellement à la location d’avions pour desservir une vingtaine de destinations européennes et concentre ses activités sur Djerba. Elle partage le marché, depuis sa création en 2001, avec le privé Nouvelair et la compagnie nationale Tunisair.
Elle a affiché un chiffre d?affaires de 67 millions d’euros en 2005, en hausse de 33%, et vient d’annoncer la création d’un nouvel opérateur charter en Egypte pour des laisons entre la Mer Rouge et l’Europe.
AFP
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Tunisie: un avion de Karthago Airlines rebrousse chemin peu après son décollage de Djerba
NDLR: ajoute précisions
Associated Press, le 12.02.2006 à 20h16
TUNIS (AP) — Un avion de la compagnie tunisienne charter Karthago Airlines à destination de Paris a dû faire demi-tour dimanche peu après son décollage de l’aéroport de Djerba, dans le sud tunisien, a-t-on appris de source aéroportuaire à Tunis.
L’appareil, un Boeing 737, transportait 141 passagers. Ces derniers devaient regagner la France après un séjour dans cette île touristique organisé par Promovacances.
De source aéroportuaire, on précise que les masques à oxygène se sont déployés peu après le décollage et l’équipage de l’avion “a, en application des normes de sécurité suivies par la compagnie, choisi à titre préventif de retourner à l’aéroport de départ” afin d'”effectuer les vérifications techniques nécessaires”.
Un responsable de la compagnie, Mehdi Gharbi, a déclaré que les causes du problème “ne sont pas connues encore”. “Le commandant de bord n’ayant pas compris pourquoi les masques à oxygène se sont déployés, a préféré faire demi-tour par précaution”, a-t-il dit, qualifiant cet incident de “banal”.
il a assuré qu’il n’y avait pas eu de dépressurisation, sinon l’appareil n’aurait pas pu retourner à l’aéroport de Djerba, d’autres aéroports étant plus proches, ceux de Tunis et de Monastir (centre).
“La compagnie a mis à la disposition des passagers un autre appareil pour effectuer le vol Djerba-Paris”, a-t-on expliqué de source aéroportuaire sans préciser si les passagers avaient réembarqué ou pas.
Joint par téléphone, le représentant de Karthago Airlines à Djerba a déclaré à l’AP que les passagers qui avaient refusé de prendre un avion de la même compagnie charter, avaient fini par embarquer vers 17h45 locales (18h45 GMT) à bord d’un autre appareil affrêté par la compagnie nationale Tunisair.
Associated Press
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Karthago Airlines: Dominique Perben demande des informations à la Tunisie
Associated Press, le 13.02.2006 à 13h52
PARIS (AP) — Au lendemain de l’incident survenu à bord d’un appareil de la compagnie tunisienne Karthago Airlines entre Djerba et Paris, le ministre français des Transports Dominique Perben a annoncé lundi avoir chargé la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) de prendre contact avec son homologue tunisienne “afin d’obtenir des informations sur les circonstances de cet incident”.
Le Boeing 737 transportait 141 passagers, pour l’essentiel des touristes français qui venaient de séjourner dans l’île de Djerba, a vu les masques d’oxygène tomber de façon intempestive, certains passagers parlant même de dépressurisation. L’appareil a dû faire demi-tour.
Dans un communiqué, M. Perben note que cette compagnie a été “contrôlée de nombreuses fois en Europe et en France en 2005, et a répondu jusqu’ici de façon satisfaisante aux demandes d’information formulées à l’issue de ces contrôles”. Comme les autres compagnies étrangères, elle continuera de faire l’objet de “mesures de contrôle strictes”.
Par ailleurs, le directeur du Tourisme a demandé aux représentants des tour-opérateurs “des précisions sur les conditions dans lesquelles les touristes ont été pris en charge en Tunisie lors de cet incident”.
Enfin, Dominique Perben a souhaité “qu’une réflexion soit engagée avec la profession pour assurer la meilleure prise en charge possible de leurs clients dans les pays étrangers lors de la survenue d’incidents de ce type”.
Associated Press
Plus de peur que de mal
CRISE DES CARICATURES · Jordanie, Maroc, Algérie: les rares journalistes arabes à avoir publié les dessins incriminés se voient systématiquement poursuivis.
Journaux arabes sanctionnés
José Garçon
L’affaire des caricatures continue à faire des victimes parmi les journalistes du monde arabe. En Algérie, où les autorités se sont opposées à toute manifestation de rue – celles-ci sont interdites à Alger depuis 2001 – Berkane Bouderbala et Kamel Boussad, les directeurs des hebdomadaires arabophones «Essafir» et «Panorama», qui publient chacun un supplément religieux, ont ainsi été placés jeudi sous mandat de dépôt à la prison de Serkaji à Alger pour avoir publié les fameux dessins.
La justice a aussi suspendu ces journaux pour avoir publié la réaction de la Fédération internationale des journalistes. Celle-ci avait dénoncé l’emprisonnement de leurs directeurs et estimé que le «débat doit être conduit par les professionnels des médias, pas par les gouvernements».
«Offense au prophète»
La justice algérienne se fonde sur un double alinéa d’un article du Code pénal, 144 bis et 144 bis 2, adopté en juin 2001: le premier punit «l’offense au président de la République», le second prévoit «de 3 à 5 ans de prison ferme pour toute personne qui offense le prophète ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou de tout autre moyen». Mardi déjà, des responsables et des journalistes de la télévision avaient été limogés pour avoir montré les dessins pendant quelques secondes au cours d’un journal télévisé.
Alger a dénoncé les «atteintes outrancières portées à la sainte figure du prophète de l’islam». Mais une tribune publiée samedi par le très officiel quotidien «El Moudjahid» indique que les autorités ne tiennent pas à voir l’affaire s’envenimer. Un islamologue et ancien ministre, Mustapha Chérif, y appelle à «résister par les moyens civilisés, légitimes et pacifiques, en prenant la parole de manière réfléchie, en dialoguant avec les forces de paix dans le monde». Imputant la polémique aux «surenchères (…) des intégristes islamistes comme des islamophobes européens», il estime que la republication des dessins par des médias européens a «comme résultat, le dopage de l’intégrisme (…) et l’installation d’une crise entre les deux rives de la Méditerranée».
Quid du Maroc?
Chez le grand voisin marocain, le quotidien arabophone «Annahar Al-Maghribia» a été suspendu, tandis que treize journaux internationaux étaient interdits pour avoir publié les objets du délit. Soucieuses de canaliser l’émotion d’une partie de la population, les autorités ont pris vendredi la tête d’une «marche nationale» qui a rassemblé de 10 000 à 20 000 personnes à Rabat.
Dans ce pays, des journaux jouent aussi l’apaisement, tout en dénonçant la caricature du turban en forme de bombe comme un «racisme de bas étage». L’hebdomadaire «Le Journal» déplore la «haine et la violence» dans un monde musulman «prisonnier de son dogmatisme religieux et incapable de soutenir la contradiction». L’hebdomadaire «Tel Quel» demande pour sa part «pourquoi ces manifestations violentes?» «Les plus énervés […] auraient pu se contenter de jeter le journal à la poubelle, et décider de ne plus jamais l’acheter. L’histoire se serait arrêtée là.»
«Soyez raisonnables»
Au Proche-Orient, des journalistes sont aussi pris à partie. Au Yémen, l’hebdomadaire «Al-Horreya» a été suspendu, et son rédacteur en chef mis en examen. En Jordanie, Jihad Momani, rédacteur en chef de l’hebdomadaire à scandale «Shihane», est en prison. Poursuivi par l’Etat pour «atteinte au sentiment religieux», il est menacé de mort pour avoir publié trois des dessins. Dans un éditorial intitulé «Musulmans, soyez raisonnables», Jihad Momani s’était interrogé: «Qu’est-ce qui porte plus préjudice à l’islam, ces caricatures ou les images d’un preneur d’otage qui égorge sa victime devant les caméras, ou encore un kamikaze qui se fait exploser au milieu d’un mariage?»
(Source : « Libération » du 13 février 2006)
Le propriétaire d’une radio danoise condamné à 14 jours avec sursis pour racisme
AFP, le 13.02.2006 à 13h32
COPENHAGUE, 13 fév 2006 (AFP) – Le propriétaire d’une radio locale danoise, qui avait appelé à chasser les musulmans d’Europe de l’Ouest, a été condamné lundi à 14 jours de prison avec sursis pour racisme par un tribunal de Copenhague.
Le 21 juillet 2005, Kaj Wilhelmsen, sur les ondes de sa station d’extrême droite, Radio Holger, avait appelé “à chasser les musulmans d’Europe de l’Ouest” et à “exterminer les fanatiques”.
Le tribunal de première instance de Copenhague l’a condamné au titre de l’article 266b de la loi danoise sur le racisme. Il encourait jusqu’à deux ans de prison.
“L’essence de vos déclarations est que tous les musulmans sont un danger pour la civilisation occidentale. La Cour unanime est d’accord pour affirmer que (…) (c’est) de la propagande d’accuser les musulmans d’activités terroristes”, a souligné la juge Mette Bytofte dans les attendus du jugement.
La licence de M. Wilhelmsen lui avait été retirée pour trois mois en 2005 à la suite de ces propos racistes.
M. Wilhelmsen, qui a fait appel du jugement, avait déjà été condamné en 2001 à une amende de 6.000 couronnes danoises (805 euros) pour racisme envers les musulmans.
Il était poursuivi pour avoir écrit dans un article que “l’idée de viol de femmes non musulmanes est enracinée dans la culture musulmane”.
Radio Holger est une radio danoise d’extrême droite, qui émet une dizaine d’heures par semaine dans les environs de Copenhague. La radio doit son nom à une figure mythologique au Danemark, Holger le Danois, qui est censé se réveiller quand la patrie est en danger.
Holger le Danois était aussi le nom d’un réseau danois de résistance durant la Seconde guerre mondiale.
sa/hel/clr
Maroc: 4 mois de prison avec sursis pour deux journalistes d’Al Ayam
AFP, le 13.02.2006 à 12H57
CASABLANCA (Maroc), 13 fév 2006 (AFP) – Deux journalistes de l’hebdomadaire marocain Al Ayam, qui avait publié une histoire du harem royal, ont été condamnés en première instance à quatre mois de prison avec sursis et 100.000 dirhams d’amende (9.000 euros environ), a-t-on appris lundi à Casablanca.
Al Ayam avait publié, dans son édition du 6 novembre, un dossier illustré de photos sur l’histoire du harem du palais sous le sultan Mohammed V et le roi Hassan II, tout en précisant que le roi Mohammed VI, intronisé en 1999, “a décidé de rompre avec l’ère du harem”.
Nour Eddine Miftah, directeur d’Al Ayam, et la journaliste Meriem Moukrim, auteur de deux articles du dossier, étaient poursuivis pour “publication de fausses informations et présentation de photos de membres de la famille royale sans autorisation préalable”.
“Je ne m’attendais pas à une telle peine”, a déclaré à l’AFP Nour Eddine Miftah à l’issue du procès.
“Je suis contre toute peine privative de liberté et nous avons été condamnés à la plus forte amende possible”, a-t-il ajouté.
Selon l’article 42 du Code de la presse, les deux journalistes étaient en effet passibles d’une peine allant d’un à douze mois de prison ou d’une amende de 1.200 à 100.000 dirhams.
“En publiant notre dossier, nous n’avions nullement l’intention de porter atteinte à la famille royale”, avait dit à la cour Nour Eddine Miftah lors d’une précédente séance.
Le ministère public avait rétorqué que les deux journalistes “n’ont pas respecté la déontologie du métier”.
Leur avocat Me Karam avait affirmé que ses deux clients “essayaient de faire un journalisme d’ouverture, libre et indépendant, ce qu’encourage par ailleurs le roi Mohammed VI”.
Nour Eddine Miftah n’avait pas décidé lundi s’il allait interjeter appel.
Schüssel condamne la publication d’une première caricature sur l’Holocauste
Caricatures portant atteinte au Prophète Mohamed
Khatami met en garde contre la liberté d’_expression à l’occidentale
Le Temps – Agences – La liberté d’_expression à l’occidentale, qui a permis la publication en Europe de caricatures du Prophète Mohamed jugées offensantes par les musulmans, donnera lieu à d’autres violences, a averti hier l’ancien président iranien Mohammad Khatami.
M. Khatami, qui participe en Malaisie à une conférence sur l’Islam et l’Occident, a également assuré que les musulmans du monde entier en avaient assez des violences et des extrémismes au nom de la religion et étaient ouverts à la démocratie et au progrès scientifique.
Selon lui, il est fondamental que les gouvernements occidentaux condamnent avec fermeté les dessins publiés en septembre dernier par un quotidien danois et reproduits par plusieurs journaux européens pour défendre la liberté de la presse.
“Je pense que, si le monde islamique obtient l’assurance que de tels actes ne se reproduiront pas à l’avenir, nous assisterons à un retour au calme”, a souligné devant la presse cet intellectuel religieux, qui a présidé la République islamique d’Iran de 1997 à juin dernier.
D’après lui, les musulmans sont eux aussi attachés à la liberté d’_expression, mais “les actions insultantes et provocantes ne sont pas la liberté d’_expression”. De fait, a-t-il poursuivi avec gravité, “si les croyances de peuples et de nations sont insultées, le monde s’enfoncera dans la violence. J’espère que la situation actuelle servira de leçon pour réformer l’avenir.”
Peu auparavant, dans un discours prononcé à l’occasion de la conférence de Kuala Lumpur, il avait imputé les conflits entre l’Occident et l’Islam à une série d’événements historiques, des Croisades à la colonisation, et à l'”islamophobie” de certaines “puissances occidentales arrogantes” mais aussi aux “réactions extrêmes et violentes d’une partie du monde islamique”.
(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 12 février 2006)
Refuser les amalgames
Par Moncef Marzouki
Ecrivain et universitaire tunisien, ancien candidat à l’élection présidentielle en Tunisie.
Je voudrais lancer trois mises en garde. La première : Le fossé s’élargit .Ces caricatures révèlent à quel point le terrain est miné, à quel point le fossé entre nos deux cultures, nos deux civilisations, nos deux mondes, est en train de s’élargir .Il faut, ici, pour, nos amis occidentaux, comprendre la façon dont les Arabes et les musulmans réfléchissent. Quelques idées clé : non seulement ‘’ils ‘’occupent nos terrains à la façon du XIX siècle , c’est-à-dire de façon militaire , physique- ‘’ils ‘’, avec tout ce que cela implique de simplification, d’amalgame- , non seulement ‘’ils ‘’appuient nos dictatures qui nous oppriment, non seulement ‘’ils ‘’ nous imposent leur démocratie à l’irakienne , mais quand le peuple palestinien s’exprime de façon libre , ‘’ils ‘’disent :Halte-là , nous ne voulons pas de cette démocratie , et voilà qu‘’ils ‘’s’attaquent à ce que nous avons de plus sacré.
En tant qu’Arabe vivant en occident, j’imagine aussi très bien comment çà se passe dans l’esprit des Occidentaux. Non seulement ‘’ils ‘’nous attaquent à New York, à Madrid , à Londres, non seulement ‘’ils ‘’ nous envahissent – le ‘’ils ‘’, toujours aussi gros d’amalgame et de simplification-, voilà qu’ils s’attaquent maintenant à nos valeurs les plus sacrées , à celle pour laquelle nous nous sommes battus pendant des siècles :la liberté d’expression.
Ma deuxième mise en garde : Cela n’a aucune raison de s’arrêter. Et nous allons de plus en plus vers quelque chose qui ressemble, malheureusement, à une confrontation des civilisations. Cette affaire des caricatures est largement exploitée par nos dictatures, Je suis absolument effaré de voir par exemple les ministres de l’intérieur des pays arabes ( la seule institution interarabe qui fonctionne), je suis absolument fasciné de voir ces gens monter à l’attaque pour défendre Mahomet. Mais combien de Mahomet ont-ils assassiné, combien de Mahomet est morts sous la torture dans leurs prisons ? Combien de Mahomet vit sous la menace et le chantage ? Mais de l’autre côté aussi, il y a manipulation de tous les racistes, de tous les provocateurs, comme ceux qu’on a vus dernièrement en Occident se servant de cette affaire pour faire monter les enchères, et il peut y avoir aussi de la manipulation des gouvernements occidentaux eux-mêmes, comme l’administration Bush qui est en train d’utiliser cette histoire pour marquer un avantage sur l’Iran et la Syrie.
Troisième mise en garde, enfin : ce qui nous attend nous, militants des droits de l’Homme occidentaux et arabes, est une tâche extrêmement difficile .Je me demande parfois si nous sommes capables d’arrêter ce Tsunami ou si nous allons être obligés de reconstruire sur les ruines, mais, de toute façon nous avons une obligation d’action, nous avons une obligation d’intervention, du fait que nous n’appartenons pas à deux cultures différentes, à deux types de systèmes de valeur. Nous croyons tous aux droits de l’Homme, nous croyons tous à l’universalité. Nous ne pouvons jeter un pont qu’en refusant cette désacralisation,en refusant l’amalgame entre les peuples occidentaux et un journal totalement irresponsable, en refusant l’amalgame entre des gens qui se font sauter et l’islam et les musulmans , nous pouvons un peu guérir les blessures.
Mais ne nous faisons pas d’illusions, le terrain restera miné tant que les problèmes de fond ne seront pas résolus, problèmes politiques à très longue échéance.
Premièrement, la fin du calvaire du peuple palestinien, deuxièmement la fin de l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan, troisièmement, la fin des démocraties occidentales à ces dictatures qui nous oppriment, qui nous humilient et qui nous jettent dans cet état de frustration, de fausse solution, de cercle vicieux dans l’échec et qui est responsable de la flambée du terrorisme.
Rebonds –Libération, Lundi 13 février 2006-02-13
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JEAN-PAUL MARTHOZ, directeur éditorial de la revue «Enjeux internationaux», auteur d’ouvrages sur les droits de l’homme, explique l’embarras de l’Europe à propos de l’affaire des caricatures.
L’Europe doit réaliser qu’il y a «un versant sud de la liberté»
Jean-Paul Marthoz
Les hésitations de l’Union européenne dans l’affaire des caricatures de Mahomet ne laisseront pas un souvenir insigne dans les belles histoires de la politique extérieure et de sécurité «commune». Bruxelles est apparue confuse, embarrassée, écartelée entre la défense d’un de ses Etats-membres agressé et le souci de ne pas offenser le monde arabo-musulman. Comme si l’Europe doutait des valeurs dont elle se réclame et ne savait pas vraiment, au moment de défendre la liberté d’_expression et le respect de l’«autre», où placer le curseur de ses convictions.
Ces ratés européens ne sont pas seulement le résultat de la stupéfaction face à l’explosion de violence, ils sont aussi la conséquence inévitable d’une longue histoire de relations troubles avec les régimes autoritaires de la région. Cette affaire rend dès lors plus urgente que jamais une remise à plat des principes qui animent les rapports entre l’Union européenne et l’espace arabo-musulman.
Confrontée aux manipulations de la «colère populaire» par l’Iran, la Syrie et des groupes extrémistes palestiniens, l’Europe, en effet, aurait tort de se méprendre sur le calme relatif des réactions dans les pays avec lesquels elle entretient des relations officiellement plus courtoises. En dépit de la victoire du Hamas dans les territoires occupés, de la progression des Frères musulmans en Egypte et de la situation en Irak, l’appui à la démocratisation dans ces pays autoritaires qui, aujourd’hui, apparaissent mieux disposés à l’égard de l’Occident est plus que jamais nécessaire. La stabilité ne viendra pas du statu quo.
L’Europe a généralement considéré le monde arabo-musulman comme une exception. Alors que, durant les années 70 et 80, elle ne manqua pas, et avec raison, de dénoncer les Pinochet et les Videla, les Brejnev et les Jaruzelski, elle exonéra largement les Saddam Hussein, les Boumediene et les Hafez el-Assad. Comme si, dans ces pays, la démocratie pouvait être sacrifiée sur l’autel des grands contrats, de l’approvisionnement énergétique ou du «dialogue des civilisations».
L’Arabie saoudite est, depuis des lustres, l’objet de tous les empressements courtisans et la campagne mondiale de ses clercs wahhabites, commis voyageurs de l’extrémisme islamique, n’a fait l’objet, jusqu’à il y a peu, d’aucune riposte sérieuse. Le Pakistan, qui a appuyé les talibans et laissé son docteur Folamour essaimer les formules de l’arme atomique dans des «Etats voyous», est un allié de l’Occident. Tout récemment, la Libye du colonel Kadhafi, devenue la trieuse des migrants africains en route vers l’Eldorado européen, a été lavée de tous ses péchés.
Les gouvernements, qui évoquent pour leur défense l’argument de l’intérêt diplomatique ou commercial, n’ont pas été les seuls à cultiver ces amitiés impies. Des organisations non gouvernementales européennes gardent parmi leurs affiliés des partis ou des syndicats qui sont les courroies de transmission de régimes autoritaires arabes. Ainsi l’inoxydable Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti officiel tunisien, reste-t-il membre de l’Internationale socialiste. Malgré la répression des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.
Ces mêmes ambiguïtés imprègnent les rencontres entre «les deux rives». Les convenances y sont la règle. Au nom de la «convivence», les représentants des pays européens restent souvent discrets à propos des discriminations, voire des persécutions qui, dans nombre de pays arabo-musulmans, affectent les chrétiens, les juifs, les bahaïs, les «libéraux» ou les incroyants.
Cette mollesse ou cette connivence ont déjà coûté très cher au monde occidental. C’est ce que le politologue américain Chalmers Johnson a appelé le «blowback», le retour du bâton. En 1979, des décennies d’appui aveugle au chah d’Iran ont débouché sur une brutale théocratie. Dans les années 80, le soutien tout aussi indiscriminé aux moudjahidin afghans fut le creuset des talibans et d’Al-Qaida. Aujourd’hui, le régime syrien, longtemps courtisé par les milieux souverainistes et laïques européens, commandite les assassinats de démocrates au Liban et laisse des foules vociférantes brûler des ambassades européennes.
L’Europe ne semble pas en avoir tiré les leçons. La complaisance à l’égard de présidents prétendument modernistes ou de monarques réellement obscurantistes continue. En fait, derrière les accolades et les courtoisies, n’exprimerait-elle pas un mépris du monde arabo-musulman? Elle suggère en effet que les populations de ces pays, accablées par l’arbitraire et la gabegie, sont imperméables à la démocratie, aux droits de l’homme et à la Raison.
Même si elle se garde bien de le dire urbi et orbi, l’Union européenne craint désormais la démocratie dans le monde arabe, les peuples ayant la fâcheuse tendance d’élire des partis extrémistes, hostiles à leurs satrapes… et à leurs amis occidentaux. Or, c’est en ces temps de polarisation furibonde, précisément, que l’Europe démocratique doit appuyer ses réels alliés sur le «versant sud de la liberté». Et ceux-ci ne s’appellent pas Ben Ali, Moubarak ou Bouteflika. Ils sont, comme lors de la lutte contre le communisme, des dissidents, apparemment isolés, minoritaires et prophétiques.
A l’exemple de Jihad Momani, ce journaliste jordanien qui a osé dire que le terrorisme blessait davantage l’islam que des caricatures de Mahomet.
«Il ne s’agit pas pour l’Occident, écrivaient deux intellectuels égyptiens en 1989 (1), d’exporter chez les autres une valeur qui, par essence, lui serait propre et leur serait étrangère, mais d’aider ces derniers à assumer librement, selon des voies qui leur sont spécifiques, une valeur nécessaire à tous. Bon gré mal gré, l’Occident est partie prenante de l’alternative posée dans les pays du tiers monde. L’attitude qu’il adoptera à cet égard engage l’avenir de la démocratie à l’échelle de l’humanité.»
(1) Mahmoud Hussein, «Versant sud de la liberté», La Découverte, 1989
(Source : « Le Temps » (Suisse) du 13 février 2006)
Khaled Mechal: Le gouvernement du Hamas comportera des chrétiens, des femmes et des indépendants.
http://www.assafir.com/iso/today/front/140.html
08/02/2006
Traduit de l¹arabe en français par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (transtlaxcala@yahoo.com).
Cette traduction est en Copyleft.
Quoique parfaitement conscient du contexte général arabe difficile dans lequel le mouvement Hamas est arrivé à la tête de l¹Autorité palestinienne, le président du Bureau politique du Hamas, Khaled Mechal (Abou Walid) demeure optimiste.
Dans son entretien avec ASSAFIR au Caire, K.M. estime que l¹impasse actuelle des Palestiniens n¹est pas plus aiguë que celle des autres forces politiques. Il a exprimé sa satisfaction des rencontres qu¹il a eues avec les responsables égyptiens de la sécurité avec à leur tête le directeur général des renseignements, le général Omar Souleymane et ses collaborateurs, ainsi qu¹avec Oussama El Baz, le conseiller du président égyptien. Il a dit que le dialogue était positif et que l¹Egypte n¹a pas posé des conditions à la participation et à la présidence par le Hamas du gouvernement palestinien.
Un des dirigeants du Hamas qui avait participé aux rencontres avec les responsables égyptiens, a expliqué à Assafir qu¹il n¹y aura pas de rencontre dans l¹immédiat avec le président égyptien, mais que cela est à envisager dans l¹avenir et que le présidentn s¹est contenté de transmettre, par l¹intermédiaire du général Souleymane, ses félicitations à Hamas pour sa victoire. Ce dirigeant a remarqué que le rôle actuel de l¹Égypte consiste à faciliter la réunion du Conseil législatif palestinien le 18 février et l¹élection des commissions parlementaires, et que l¹Égypte projette d¹appeler à l¹issue de cette période à un dialogue général national palestinien aCaire.
Il semble que les dirigeants du Hamas réunis au Caire soient devenus plus discrets dans leurs déclarations qu¹auparavant. Certains d¹entre eux croient à l¹importance « du mutisme créateur » particulièrement dans l’étape actuelle.
Certains d¹entre eux sont apparus très contrariés hier soir, après minuit, quand les agences de presse avaient fait un point de fixation sur le terme «annulation », contenu dans la déclaration du dirigeant Abou Marzouk, sur les accords avec Israël.
Répondant à une question d¹une chaîne télévisée, Abou Marzouk avait déclaré que le Hamas soumettrait chaque accord au Conseil législatif et que ce dernier l¹annulerait s¹il n¹est pas dans l¹intérêt du peuple palestinien.
Des dirigeants du Hamas ont estimé que le Conseil législatif ne possède pas foncièrement de prérogatives politiques et que celles-ci étaient du ressort de l¹OLP, lequel devra être reconstruit sur des bases nouvelles.
Khaled Mechal :
De son côté et dans un long entretien qui s¹est poursuivi jusqu¹à après minuit, Mechal a déclaré que le Hamas est à la veille d¹une situation inédite qui consiste à participer et à diriger l¹Autorité mais que cela ne changera en rien la nature du mouvement qui ne soit en accord avec ses principes. Il a assuré que l¹expérience du Hamas au cours des 20 dernières années a prouvé que toutes les tentatives pour l¹assujettir avaient échoué. C¹est un mouvement en pleine jeunesse qui progresse et gagne et personne ne doit parier sur une mue une fois qu’il sera au pouvoir.
Pour lui, le Hamas, au contraire des autres mouvements, voit dans le gouvernement une nécessité et non pas un besoin.
Aussi il va agir au gouvernement en tirant des leçons des erreurs du Fatah au pouvoir.
Quoiqu¹il croie fermement que le pouvoir est corrupteur, Mechal n¹a pas exprimé une grande crainte de s¹engager dans l¹expérience, expliquant que pour éviter la corruption du pouvoir, le Hamas comptait sur la base morale que lui fournirait la religion.
Mechal a expliqué que la différence entre le Hamas et le Fatah dans l¹exercice du pouvoir, est que le premier s¹est constitué sur la base d¹institutions auxquelles il serait difficile d¹imposer l¹autoritarisme ou le bon vouloir d¹un homme ou plus. Il a dit que le Hamas allait faire tout ce qui est en son pouvoir pour collaborer avec Abou Mazen et qu¹il lui fera plus confiance que ne lui en a fait son propre mouvement. Il a dit aussi qu¹il y a une quasi-unanimité sur la scène palestinienne sur l¹échec du règlement politique et que cela incombe à Israël.
Il ajoute « beaucoup considèrent que les Palestiniens sont dans l¹impasse, mais le Hamas estime que l¹impasse des Palestiniens est moins grave que celles des autres, y compris les USA et Israël.
Le peuple palestinien connaît ses choix et est prêt à faire des sacrifices, considérant qu¹il n¹y a pas d¹autre voie, toutes les autres ayant été expérimentées.
Il est convaincu que le sort des Palestiniens sous la direction du Hamas sera, tout compte fait, meilleur qu¹auparavant, malgré tous les obstacles locaux, régionaux et internationaux.
Il affirme que le gouvernement qui sera formé par le Hamas reposera sur des technocrates et qu¹il comportera des personnalités du Hamas, d¹autres formations ainsi que des indépendants. Il a ajouté que la coalition qui sera constituée sera prometteuse et qu¹il y a des signes premiers de participation de certains groupes du Fatah. Le Hamas discute actuellement des noms des ministrables plus qu¹autre chose.” Notre direction est claire et le gouvernement comprendra des personnalités chrétiennes et des femmes”. Il a affirmé que ce gouvernement donnera aux Palestiniens de toutes tendances plus de sécurité qu¹ils n¹en ont eu auparavant.
Le Hamas va demander à toutes les forces désireuses de participer au gouvernement de présenter des noms, ajoutant que le dialogue à ce propos n¹est pas encore
très « pressé ».
A propos des services de sécurité, Mechal a reconnu que le Fatah les dominait et il a paru très réservé quant aux changements à entreprendre à la direction et dans les cadres de ces services. Le Hamas ne licenciera personne à cause de son appartenance à telle ou telle organisation, mais le Hamas est arrivé avec un programme de réformes qui touche tous les départements de l¹Autorité, y compris les services de sécurité, ajoutant que son mouvement croit à l¹action graduelle et non pas aux changements brusques.
À propos de l¹aide européenne, Mechal déclare que le Hamas agira dans la transparence et il montrera à tout le monde que les aides seront utilisées au service du
peuple palestinien et non pas du mouvement. Le Hamas ne fera rien qui puisse empêcher l¹arrivée des aides mais ne permettra pas non plus que cette aide devienne
un moyen de chantage contre les Palestiniens et leur direction. Il ajoute : avant même qu¹il n¹hérite du pouvoir, le Hamas a eu de nombreuses promesses d¹aides
arabes, de gouvernements et d¹autres, particulièrement des pays du Golfe. Il a insisté sur le fait que si les
Palestiniens arrivent à bien gérer leurs ressources, leur besoin en aide diminuera beaucoup. Mechal a affirmé que le Hamas allait élargir ses relations arabes et internationales, ajoutant qu¹il a de très nombreux rendez-vous avec des dirigeants arabes et qu¹il a l¹intention d¹élargir les relations avec des pays comme la Turquie, l¹Iran, l¹Afrique du sud, des pays asiatiques et latino-américains.
Avec Moussa :
Mechal a déclaré après sa rencontre avec A¹mr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe : « Nous avons tendu la main à nos frères du Fatah et de toutes les
autres organisations. Nous sommes décidés et déterminés à élaborer un système politique palestinien multipartite, fondé sur l¹unité nationale, la démocratie, le respect de l¹autre et l¹alternance pacifique au pouvoir. La vision du Hamas pour cette étape est claire. Le Hamas se trouve face à une réalité et comprend qu¹il y a une distance entre cette réalité et les droits nationaux légitimes du peuple palestinien. Partant de cette réalité, le Hamas va agir avec vigueur et réalisme pour réaliser les droits
du peuple palestinien. Il n¹y a d¹autre alternative pour Israël que de reconnaître ces droits sinon il choisit la voie de la guerre et de l¹insécurité. »
A propos de la reconnaissance par Hamas d¹Israël, Michal déclare : quand Israël reconnaîtra les droits des Palestiniens, se retirera de nos terres et nous restituera nos droits, il y aura sûrement une disposition des Palestiniens et des Arabes à faire ensemble un pas positif, mais pas avant qu¹Israël ne parvienne à cette étape. Ajoutant que c¹est à l¹assassin de reconnaître en premier son crime contre la victime.
Des sources diplomatiques ont révélé que Moussa a proposé à la délégation du Hamas que le mouvement déclare son accord avec l¹initiative de paix arabe faite au sommet de Beyrouth en 2002 et qui stipule qu¹Israël doit se retirer de tous les territoires occupés en 1967, en échange d¹une normalisation entre l¹État hébreu et tous les pays de la Ligue arabe. Ces mêmes milieux ajoutent que Moussa estime que le fait que Hamas accepte cette initiative est de nature à lui trouver une issue face aux pressions internationales lui demandant de « reconnaître gratuitement Israël ».
Mais Moussa et Mechal ont confirmé qu¹ils n¹y a pas eu d¹accord entre eux à ce propos. En réponse à une question concernant cette initiative, Mechal déclare : « Nous ne nous opposerons pas à la position arabe».
De son côté Abou Marzouk a déclaré pour sa part concernant les armes du Hamas : les combattants duHamas demeureront des moujahidine, Hamas étant l¹autorité, les armes du Hamas seront restituées à l¹Autorité », ajoutant : « Quand la Palestine historique sera réhabilitée, les Juifs pourront venir et vivre parmi nous. Ils auront la nationalité palestinienne».
Circulation Routière:
Les tribulations d’un conducteur flashé par un radar qui “choisit” ses proies
Une commission au dessus des lois?
Fatah THABET
Un citoyen très ordinaire, circulant en camionnette diesel ayant plus de dix ans d’âge, se fait arrêter par un agent de la Garde Nationale, juste à la sortie de la Skhira, samedi 24 décembre 2005 vers midi. Il l’informe qu’un radar l’a flashé, sa vitesse était nettement au dessus de la limite autorisée.
Notre “Shumakher”, titulaire d’un permis de conduire depuis plus de trente ans, faisant cette route de façon hebdomadaire depuis vingt cinq ans, en connaissant le moindre détail, sachant parfaitement qu’il y a un poste de la Garde Nationale à l’entrée de ce village, souvent deux agents en faction à la bifurcation de Kairouan, et parfois des motards juste à la sortie, étonné que deux voitures qu’il suivait depuis un moment, et qu’un louage qui l’avait doublé quelques temps auparavant, n’aient pas été arrêtés, il en fait part à l’agent qui lui répond que le radar “choisit” une voiture…Il s’en suit une rapide discussion d’où il ressort qu’il n’y a, dans ce cas, réellement pas d’égalité des citoyens devant la loi!!! Deux poids, deux mesures??Peu importe le peu de transparence du retrait du permis qui s’en suivit, puisque le préposé à la rédaction du procès verbal a d’abord refusé d’écrire la déclaration du conducteur, puis a fini d’en rédiger incomplètement une partie…
Notre citoyen attend une convocation, par lettre recommandée avec accusé de réception, de la Commission Technique Consultative Régionale du Retrait du Permis de Conduire de Sfax, “15 jours ouvrables avant la réunion de la Commission” pour avoir éventuellement accès à son dossier, 2 jours au moins avant la date de la réunion comme la loi le lui permet (Chap III Art. 9 et Art. 12 de la loi 2000-141 du 18 janvier 2000). Ne voyant rien venir, il arrive, par différents coups de fil à savoir que la réunion qui va étudier son cas aura lieu le mardi 07 février à 10 heures dans une salle du Gouvernorat de Sfax. Il y va avec un léger retard, vers 10H 25. L’huissier de service lui apprend sur le champ qu’il “est le dossier 137″ et qu’il doit attendre son tour. On appelle les convoqués par groupe de trois, de ” 12 à 15″, puis par groupe de cinq, et très vite cela s’accélère, et on prend des fournées de dix…Vers 11h30 ce sont les dossiers “91 à 112” (??) et quelques instants on entend l’huissier crier “allez! Tout le reste”;
Ces derniers convoqués de la liste, arrivent devant une salle, portes ouvertes, dans un brouhaha indescriptible, des va et vient incessants, des conciliabules, une vraie foire, les citoyens se bousculent. Aucune organisation, aucune confidentialité, l’anarchie la plus complète!!! Personne pour diriger la séance, pour interroger .Seules deux femmes sont assises, avec chacune une pile de dossiers devant elle, visiblement débordées par le nombre et la cohue. Personne ne vous réclame, ni ne vérifie votre convocation, votre carte d’identité, ou une procuration. On vous demande votre “numéro” et on vous tend votre “durée de retrait” ,déjà signée, remplie, en votre absence,et vous n’avez même pas une décharge à signer!!!. Rien. Vous venez, on vous met dans la main un papier et vous repartez!!! Sans avoir, à aucun moment, la possibilité d’expliquer votre cas, de vous défendre ou simplement de demander la clémence. Et pourtant, certains étaient venus de loin, ayant délaissé leur travail, leurs affaires, leurs familles. Aucun appel nominal, les gens étaient déroutés, ils s’interrogeaient les uns les autres, ne savaient à qui s’adresser, se demandaient pourquoi en définitive ils ont été convoqués et qu’ils auraient pu recevoir le document par voie postale, tout simplement. Beaucoup disaient à haute voix, que cette façon de procéder favorisait les “interventions” et les passe-droits. Seul, un membre de la Commission, cheveux grisonnants, très affable et respectueux, apparemment le représentant de la Police de Circulation, mais sans uniforme, était resté jusqu’au bout et essayait de répondre à toutes les sollicitations des gens totalement désemparés.
Et l’Etat de droit ??
Pourtant la loi du 18 janvier 2000, instituant la dite Commission, stipule clairement dans sa Section 2, Art 7, “qu’elle ne délibère REGULIEREMENT qu’en présence de la majorité de ses membres”. Par ailleurs, dans son article 14 la même loi précise “après avoir examiné le dossier dont elle est saisie et ECOUTE le contrevenant..”, et elle doit délibérer ensuite, la décision prise par vote majoritaire, le tout contresigné dans un procès-verbal, signé par les membres. Apparemment, les décisions étaient déjà prises, sans entendre les contrevenants qui étaient convoqués. L’ensemble de la procédure suivie semble contraire à l’esprit et à la lettre de la loi..
Devant les protestations de notre citoyen, disant à haute voix que cette réunion était entachée d’illégalité, puisqu’il n’a pas reçu de convocation par voie recommandée, il s’entendit dire que “c’était la faute de la poste”. Devant ses réclamations de plus en plus précises, et son intention de “publier tout cela dans un journal”, on fit un peu plus attention à lui et on lui proposa “de voir Monsieur le Délégué des Affaires Sociales pour revoir son cas”. Ce qu’il fit. Mais celui-ci était “sorti”, selon l’huissier de faction. Il était midi moins quelque chose.
Un record de vitesse établi par cette “Commission” : Plus de 138 cas “étudiés”, on va dire une centaine avec les absences, en une heure trente au plus. Une minute en moyenne pour étudier chaque dossier!! On ne peut mieux faire.
Il n’est nullement question d’encourager ici les excès de vitesses ni les autres infractions au Code de La Route, ni tout autre délit, mais d’insister sur ces “passe-droits” que des responsables locaux se donnent, pour légiférer à leur envie, alors qu’ils oublient qu’ils sont d’abord des fonctionnaires au service de l’Etat, à qui certains Ministères ont délégué des “pouvoirs”, et que chaque entorse faite à la loi, est directement reçue par le citoyen comme étant une volonté des pouvoirs. C’est la réputation de l’Etat dans sa totalité qui est ainsi mise en cause par les comportements de certains qui font fi des lois en place. Il est évident que ce n’est pas le cas dans toutes les Commissions Régionales et que toute généralisation serait de mauvaise foi.
Derrière tout cela, derrière ce cas précis, ce bâclage hâtif des dossiers, il y a un problème fondamental : dans un Etat de droit, et les responsables au plus haut niveau n’arrêtent pas de le répéter à toute occasion, le citoyen doit être la préoccupation principale de l’administration pour lui préserver tous ses droits. L’Administration est garante, même pour le plus odieux des criminels, du principe d’égalité, de transparence, de justice. Même pour un excès de vitesse, pour le moindre petit délit, le droit à l’information et à une défense, sont, entre-autres, des droits inaliénables.
Ce n’est qu’en quittant les lieux, bien triste de cet état de choses, que notre concitoyen a compris pourquoi ce pressing, cette course contre la montre, cette hâte à “ramasser les dossiers”, à partir de 11h30, qu’une grande partie de la Commission avait déjà quitté les lieux sans avoir reçu, écouté, étudié, la totalité des cas, et ce conformément à la loi qui l’a instituée et qu’elle est chargée d’appliquer. Il entendit l’un des huissiers interpeller son collègue :” C’est à quelle heure le match Nigéria-Côte d’Ivoire ?”.
(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 13 février 2006)