13 février 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2093 du 13.02.2006

 archives : www.tunisnews.net


AFP: Rumsfeld salue le rôle de la Tunisie dans le combat de l’islamisme radical

AFP: Al Qaïda a peu de chances de s’implanter en Afrique du Nord (Rumsfeld)

AP: Karthago Airlines: Dominique Perben demande des informations à la Tunisie

Libération: Journaux arabes sanctionnés 

AFP: Maroc: 4 mois de prison avec sursis pour deux journalistes d’Al Ayam

AFP: Le propriétaire d’une radio danoise condamné à 14 jours avec sursis pour racisme

Le Temps : Khatami met en garde contre la liberté d’_expression à l’occidentale

Dr. Moncef Marzouki: Refuser les amalgames

Jean-Paul Marthoz: L’Europe doit réaliser qu’il y a «un versant sud de la liberté»

Yahyaoui Mokhtar: Fair-play

Assafir: Khaled Mechal “Le gouvernement du Hamas comportera des chrétiens, des femmes et des indépendants”.

Le Temps : Les tribulations d’un conducteur flashé par un radar qui “choisit” ses proies : Une commission au dessus des lois?

 
 

LA VISITE DE RUMSFELD à TUNIS LE SAMEDI 11 FéVRIER 2006:

 
     
                     

Rumsfeld salue le rôle de la Tunisie dans le combat de l’islamisme radical

 

AFP, le 11.02.2006 à 13h47                       TUNIS, 11 fév 2006 (AFP) – Le secrétaire américain à la Défense  Donald Rumsfeld a rendu hommage samedi au “rôle clé” de la Tunisie  dans la lutte contre l’islamisme radical et salué la voix modérée de  ce pays, au premier jour d’une visite de 24 heures à Tunis.                       M. Rumsfled, qui a été reçu par le président Zine El Abidine Ben  Ali, s’est adressé à la presse à l’issue d’un entretien avec son  homologue tunisien Kamel Morjane.                        “Nos deux pays ont été attaqués par des extrémistes violents,  nous connaissons donc les enjeux de la bataille livrée  actuellement”, a-t-il déclaré à la presse en allusion aux attentats  du 11 septembre aux Etats-Unis et à celui perpétré contre une  synagogue de Djerba (sud tunisien) le 11 avril 2002.                       Cette attaque, revendiquée par le réseau terroriste Al Qaïda,  avait fait 21 morts.                        Remerciant la Tunisie pour “son aide” après les attaques du 11  septembre, il a déclaré que ce pays a “joue un rôle clé dans la  confrontation avec les extrémistes non seulement dans ce pays mais  également dans la région”, a-t-il ajouté.                       “La Tunisie a longtemps été une voix importante de modération et  de tolérance dans cette région”, a poursuivi M. Rumsfeld, louant en  outre les progrès socio-économiques réalisés dans ce pays.                        Il a néanmoins souligné que “les libertés politique et  économique doivent aller de pair, l’une dépendant de l’autre pour  une stabilité à long terme”.                        Les Etats-Unis ont souvent exhorté la Tunisie à des progrès  politiques, notamment en matière de libertés publiques et de la  démocratie.                        La Tunisie bénéficie d’une assistance militaire américaine  estimée à 10,5 millions de dollars, en plus d’une enveloppe de 1,9  million par an pour un programme de formation de cadres et officiers  tunisiens.                        Après Tunis, M. Rumsfeld doit se rendre en Algérie et au Maroc.                        Auparavant, il avait souligné la volonté des Etats-Unis de  renforcer les relations militaires avec ces trois pays du Maghreb  qu’il a salués comme des “partenaires constructifs” dans la guerre  contre le terrorisme.  

Al Qaïda a peu de chances de s’implanter en Afrique du Nord (Rumsfeld)

 

AFP, le 13.02.2006 à 15h20                       IFRANNE (Maroc), 13 fév 2006 (AFP) – Le secrétaire américain à  la défense Donald Rumsfeld a estimé que la possibilité est très  faible pour Al Qaïda et d’autres groupes extrémistes de prendre  racine en Afrique du nord.                       Concluant une tournée en Tunisie, en Algérie et au Maroc, M.  Rumsfeld a assuré que “chacun de ces trois pays gère ses affaires  intérieures de telle manière que cette possibilité (une présence  d’Al Qaïda) devient extrêmement faible”.                       Il a affirmé que ces trois pays du Maghreb “ont fait de  nombreuses avancées et montrent qu’ils peuvent vivre en paix et  gérer avec succès le problème du terrorisme”.                       Pour M. Rumsfeld, Al Qaïda et d’autres groupes extrémistes  pourraient plutôt agir “dans les grandes zones non gouvernées”de par  le monde.                        M. Rumsfeld, arrivé dimanche au Maroc, a eu des entretiens à  Rabat avec le Premier ministre Driss Jettou.                       Il a été reçu lundi à Ifranne par le roi Mohammed VI du Maroc.                       M. Rumsfeld était accompagné du vice-secrétaire à la Défense,  chargé de la politique étrangère Peter Rodman.                       Le ministre marocain des Affaires étrangères Mohamed Benaïssa,  et le ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense  nationale, Abderahmane Sbaï, ont assisté à cette audience.                       Dans un entretien à Assahra Al Maghribia publié lundi, M.  Rumsfeld a indiqué qu’il évoquerait avec les responsables marocains  “le rôle du Maroc dans le maintien de la paix au niveau  international, les efforts fournis dans la lutte contre le  terrorisme et les menaces continues contre la sécurité et la  stabilité en Afrique du Nord et au Moyen Orient”.

Al Qaïda a peu de chance de s’installer au Maghreb, dit Rumsfeld

Reuters, le 13.02.2006 à 16h05     IFRANE, Maroc, 13 février (Reuters) – Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a jugé lundi “extrêmement faibles” les risques de voir Al Qaïda prendre racine au Maroc, en Algérie ou en Tunisie.                       “Je crois que chacun de ces trois pays peut être présenté comme un exemple de pays ayant pris les mesures nécessaires pour montrer qu’il peut vivre en paix et gérer avec succès le problème de l’extrémisme”, a-t-il déclaré à la presse après un entretien avec le roi du Maroc, Mohamed VI.                       Pour Donald Rumsfeld, Al Qaïda a peu de chances de trouver un terrain favorable dans la région.                       “Je pense que ces trois pays gèrent leurs affaires – leurs affaires intérieures – de telle manière que c’est une possibilité extrêmement faible”, a-t-il estimé.                       Rumsfeld a rencontré le roi dans sa résidence d’Ifrane, dans les montagnes de l’Atlas, au terme d’une visite officielle de trois jours au Maghreb, la première dans cette région depuis son arrivée à la tête du département américain de la Défense.                       Cette tournée dans trois pays touchés par la violence islamiste ces dernières années vise à souligner le soutien des Etats-Unis aux pays modérés d’Afrique du Nord dans un contexte de montée de l’extrémisme.                       La visite de Rumsfeld au Maroc coïncide avec celle du secrétaire au Foreign Office. Arrivé à Ifrane peu avant son collègue américain, Jack Straw a placé sa première visite dans ce pays sous le signe des questions de sécurité, de la lutte contre le terrorisme et des réformes économiques.                       Rabat a renforcé sa lutte contre l’islamisme radical après les attentats suicides qui ont fait 45 morts à Casablanca en 2003. Le gouvernement marocain combat aussi la pauvreté via un plan destiné à faire disparaître les bidonvilles, traditionnels foyers de l’extrémisme.  

Al Qaïda a peu de chances de s’implanter en Afrique du Nord (Rumsfeld)

 

AFP, le 13.02.2006 à 15h20                       IFRANNE (Maroc), 13 fév 2006 (AFP) – Le secrétaire américain à  la défense Donald Rumsfeld a estimé que la possibilité est très  faible pour Al Qaïda et d’autres groupes extrémistes de prendre  racine en Afrique du nord.                       Concluant une tournée en Tunisie, en Algérie et au Maroc, M.  Rumsfeld a assuré que “chacun de ces trois pays gère ses affaires  intérieures de telle manière que cette possibilité (une présence  d’Al Qaïda) devient extrêmement faible”.                       Il a affirmé que ces trois pays du Maghreb “ont fait de  nombreuses avancées et montrent qu’ils peuvent vivre en paix et  gérer avec succès le problème du terrorisme”.                       Pour M. Rumsfeld, Al Qaïda et d’autres groupes extrémistes  pourraient plutôt agir “dans les grandes zones non gouvernées”de par  le monde.                        M. Rumsfeld, arrivé dimanche au Maroc, a eu des entretiens à  Rabat avec le Premier ministre Driss Jettou.                       Il a été reçu lundi à Ifranne par le roi Mohammed VI du Maroc.                       M. Rumsfeld était accompagné du vice-secrétaire à la Défense,  chargé de la politique étrangère Peter Rodman.                       Le ministre marocain des Affaires étrangères Mohamed Benaïssa,  et le ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense  nationale, Abderahmane Sbaï, ont assisté à cette audience.                       Dans un entretien à Assahra Al Maghribia publié lundi, M.  Rumsfeld a indiqué qu’il évoquerait avec les responsables marocains  “le rôle du Maroc dans le maintien de la paix au niveau  international, les efforts fournis dans la lutte contre le  terrorisme et les menaces continues contre la sécurité et la  stabilité en Afrique du Nord et au Moyen Orient”.

Rumsfeld says al Qaeda foothold in Maghreb unlikely

By Will Dunham Reuters, le 13.02.2006 à 14h46                       IFRANE, Morocco, Feb 13 (Reuters) – U.S. Defense Secretary Donald Rumsfeld, wrapping up three days of talks in Morocco, Algeria and Tunisia, said on Monday he saw an “extremely low possibility” of al Qaeda or similar guerrilla groups gaining a foothold in the three North African countries.                       “I think each of these three countries certainly stands out as examples of countries where they’ve taken a lot of steps to show that they can live in peace and successfully deal with the problem of extremism,” Rumsfeld told reporters after meeting with King Mohammed at a royal mountain retreat in the Atlas mountains.                       “I think that each of those three countries are managing their affairs — their internal affairs — in a way that makes that an extremely low possibility,” Rumsfeld said after being asked whether he thought groups like al Qaeda could put down roots in the region.                       Rumsfeld met with the king and other Moroccan officials at the end of three days in the Maghreb, his first visit to the region as defense secretary, and was then flying back to the United States.                       All three countries Rumsfeld visited have experienced incidents of extremist violence in recent years, but he expressed confidence in their ability to tackle such problems now.                       Shortly before Rumsfeld met with reporters at the king’s retreat, British Foreign Secretary Jack Straw arrived at the site for a visit UK officials said would focus on security, counter-terrorism and Moroccan political and economic reforms.                       The United States has a long relationship with Morocco, a nation of about 30 million people that is touted by Rumsfeld, along with the two other countries, as a voice of moderation and an ally in the U.S. campaign against international terrorism.                       In fact, Morocco was the first nation to recognise the newly independent United States and has the oldest continuous friendship treaty with America, dating to 1783.                                             DUAL STRATEGY                       Morocco is pursuing a dual strategy to tackle Islamic radicals. It has cracked down on militants since the 2003 Casablanca suicide bombings that killed dozens, but has also tried to combat poverty with a plan intended to eradicate slums seen as breeding grounds for extremism.                       King Mohammed is a strong U.S. ally whose roughly seven years in power have included liberalising reforms.                       The 2003 bombings startled Moroccans, many of whom thought themselves safe from the violent Islamic radicalism that gripped neighbouring Algeria after the scrapping of 1992 elections there that an Islamist party had been poised to win.                       A senior U.S. defence official travelling with Rumsfeld said the United States gives the king credit for running “a fairly moderate state”.                       “Morocco, too, we encourage to think about political reform,” the official said.                       The defence official also said tensions between Morocco and Algeria over Western Sahara, the desert territory seized by the Moroccans in 1975 when colonial power Spain pulled out, remained a stumbling block to regional cooperation.                       Rumsfeld was asked his level of concern about Western Sahara harbouring extremist groups. He said “there are in my view other areas more likely,” mentioning “large ungoverned spaces” in other unspecified countries that could be breeding grounds for extremism.                       As Rumsfeld spoke to reporters at the retreat, with patches of snow on the ground, dozens of royal servants stood by in rows, wearing traditional flowing white clothing and red fez hats with dark tassels.                       Rumsfeld started the day in the Moroccan capital Rabat. With light trickling through small colourful stained glass windows illuminating elaborate geometric designs on the walls, Rumsfeld laid a wreath inside a mausoleum for the current king’s father and grandfather. 

INCIDENT DE L’AVION DE LA COMPAGNIE « KARTHAGO » .. SUITE

 

Incident dans un charter pour Paris, les passagers repartent dans un autre appareil

Par Hamida BEN SALAH

                       

AFP, le 12.02.2006 à 18h07

                      TUNIS, 12 fév 2006 (AFP) – Un avion de la compagnie privée  tunisienne Karthago airlines avec 141 passagers à bord a fait  dimanche un retour difficile à l’aéroport de Djerba (sud tunisien)  suite à des problèmes techniques survenus peu après son décollage  pour Paris.

                      Suite à cet incident, les passagers, voyageant avec le tour  opérateur Promovacances, ont refusé de repartir avec le Boeing 737  de Karthago.

                      134 d’entre eux ont exigé et obtenu d’embarquer dans un autre  avion, un A-320 spécialement affrété par Karthago auprès de la  compagnie Tunisair.

                      Sept autres passagers ont préféré attendre lundi et ont été pris  en charge pour une nuit d’hôtel supplémentaire à Djerba (500 km de  Tunis) en attendant d’être examinés par un représentant d’Europe  assistance.

                      “Un quart d’heure après le décollage vers 07H30 locales (06H30  GMT), les masques à oxygène sont tombés, la température a chuté. Il  y avait une vague odeur de brûlé”, a raconté à l’AFP une passagère.

                      “Le personnel nous a dit d’abord de ne pas toucher aux masques,  six minutes plus tard on nous a demandé de les mettre. On ne voyait  rien, le ciel était couvert, l’hôtesse a fini par nous dire qu’on  retournait à l’aéroport”, a ajouté, Soraya, 34 ans, jointe par  téléphone depuis Tunis.

                      Paniqués et pris de malaise et vomissements pour certains, la  plupart de passagers ont souhaité voyager avec la compagnie  nationale Tunisair plutôt que de reprendre un appareil de Karthago,  avait indiqué l’un d’entre eux.

                      Un porte parole de Karthago a minimisé l’incident affirmant que  le retour de l’appareil avait été effectué “seulement au nom du  principe de précaution”.

                      L’équipage a décidé de faire ce retour “à titre préventif, par  mesure de sécurité, pour faire effectuer des vérifications  techniques nécessaires après le déploiement des masques à oxygène”,  a expliqué une source aéroportuaire sous couvert d’anonymat.

 

                      “Il n’y a eu aucune odeur de brûlé à bord “, a assuré cette même  source, qui n’était pas en mesure de préciser ce qui a pu provoquer  le déploiement des masques à bord.

                      Un incident similaire impliquant Karthago s’était produit en  août dernier au départ de Paris, lorsque ses passagers avaient  refusé d’embarquer pour Djerba à bord de l’A-300 loué à la compagnie  turque Fly Air.

                      L’avion avait effectué un retour à Orly une heure après son  décollage et Karthago a du affréter deux nouveaux appareils pour le  transport de 235 passagers.

                      Karthago airlines recourt habituellement à la location d’avions  pour desservir une vingtaine de destinations européennes et  concentre ses activités sur Djerba. Elle partage le marché, depuis  sa création en 2001, avec le privé Nouvelair et la compagnie  nationale Tunisair.

                      Elle a affiché un chiffre d?affaires de 67 millions d’euros en  2005, en hausse de 33%, et vient d’annoncer la création d’un nouvel  opérateur charter en Egypte pour des laisons entre la Mer Rouge et  l’Europe.

 

AFP                                   

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Tunisie: un avion de Karthago Airlines rebrousse chemin peu après son décollage de Djerba

                     

                      NDLR: ajoute précisions

                     

Associated Press, le 12.02.2006 à 20h16

                      TUNIS (AP) — Un avion de la compagnie tunisienne charter Karthago Airlines à destination de Paris a dû faire demi-tour dimanche peu après son décollage de l’aéroport de Djerba, dans le sud tunisien, a-t-on appris de source aéroportuaire à Tunis.

                      L’appareil, un Boeing 737, transportait 141 passagers. Ces derniers devaient regagner la France après un séjour dans cette île touristique organisé par Promovacances.

                      De source aéroportuaire, on précise que les masques à oxygène se sont déployés peu après le décollage et l’équipage de l’avion “a, en application des normes de sécurité suivies par la compagnie, choisi à titre préventif de retourner à l’aéroport de départ” afin d'”effectuer les vérifications techniques nécessaires”.

                      Un responsable de la compagnie, Mehdi Gharbi, a déclaré que les causes du problème “ne sont pas connues encore”. “Le commandant de bord n’ayant pas compris pourquoi les masques à oxygène se sont déployés, a préféré faire demi-tour par précaution”, a-t-il dit, qualifiant cet incident de “banal”.

                      il a assuré qu’il n’y avait pas eu de dépressurisation, sinon l’appareil n’aurait pas pu retourner à l’aéroport de Djerba, d’autres aéroports étant plus proches, ceux de Tunis et de Monastir (centre).

                      “La compagnie a mis à la disposition des passagers un autre appareil pour effectuer le vol Djerba-Paris”, a-t-on expliqué de source aéroportuaire sans préciser si les passagers avaient réembarqué ou pas.

                      Joint par téléphone, le représentant de Karthago Airlines à Djerba a déclaré à l’AP que les passagers qui avaient refusé de prendre un avion de la même compagnie charter, avaient fini par embarquer vers 17h45 locales (18h45 GMT) à bord d’un autre appareil affrêté par la compagnie nationale Tunisair.

 

Associated Press

 

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Karthago Airlines: Dominique Perben demande des informations à la Tunisie

                     

Associated Press, le 13.02.2006 à 13h52

                      PARIS (AP) — Au lendemain de l’incident survenu à bord d’un appareil de la compagnie tunisienne Karthago Airlines entre Djerba et Paris, le ministre français des Transports Dominique Perben a annoncé lundi avoir chargé la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) de prendre contact avec son homologue tunisienne “afin d’obtenir des informations sur les circonstances de cet incident”.

                      Le Boeing 737 transportait 141 passagers, pour l’essentiel des touristes français qui venaient de séjourner dans l’île de Djerba, a vu les masques d’oxygène tomber de façon intempestive, certains passagers parlant même de dépressurisation. L’appareil a dû faire demi-tour.

                      Dans un communiqué, M. Perben note que cette compagnie a été “contrôlée de nombreuses fois en Europe et en France en 2005, et a répondu jusqu’ici de façon satisfaisante aux demandes d’information formulées à l’issue de ces contrôles”. Comme les autres compagnies étrangères, elle continuera de faire l’objet de “mesures de contrôle strictes”.

                      Par ailleurs, le directeur du Tourisme a demandé aux représentants des tour-opérateurs “des précisions sur les conditions dans lesquelles les touristes ont été pris en charge en Tunisie lors de cet incident”.

                      Enfin, Dominique Perben a souhaité “qu’une réflexion soit engagée avec la profession pour assurer la meilleure prise en charge possible de leurs clients dans les pays étrangers lors de la survenue d’incidents de ce type”.

 

 

Associated Press

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Hier à Djerba – Vol interrompu d’un avion d’une compagnie privée

Plus de peur que de mal

La Presse – Quelque temps après son décollage, hier matin, de Djerba à destination de Paris, un avion d’une compagnie aérienne privée a dû rebrousser chemin, l’équipage ayant constaté un problème technique. En application des normes de sécurité, il a donc choisi, à titre préventif, de retourner à l’aéroport de départ (Djerba). Les passagers ont été pris en charge par la compagnie en question qui a affrété un avion qui les a ramenés l’après-midi-même à Paris. Seuls quelques passagers ont préféré reporter leur départ pour le lendemain (aujourd’hui, lundi). (Source : « La Presse » du 13 février 2006)

 

CRISE DES CARICATURES · Jordanie, Maroc, Algérie: les rares journalistes arabes à avoir publié les dessins incriminés se voient systématiquement poursuivis.

Journaux arabes sanctionnés

 

José Garçon

 

L’affaire des caricatures continue à faire des victimes parmi les journalistes du monde arabe. En Algérie, où les autorités se sont opposées à toute manifestation de rue – celles-ci sont interdites à Alger depuis 2001 – Berkane Bouderbala et Kamel Boussad, les directeurs des hebdomadaires arabophones «Essafir» et «Panorama», qui publient chacun un supplément religieux, ont ainsi été placés jeudi sous mandat de dépôt à la prison de Serkaji à Alger pour avoir publié les fameux dessins.

 

La justice a aussi suspendu ces journaux pour avoir publié la réaction de la Fédération internationale des journalistes. Celle-ci avait dénoncé l’emprisonnement de leurs directeurs et estimé que le «débat doit être conduit par les professionnels des médias, pas par les gouvernements».

 

«Offense au prophète»

 

La justice algérienne se fonde sur un double alinéa d’un article du Code pénal, 144 bis et 144 bis 2, adopté en juin 2001: le premier punit «l’offense au président de la République», le second prévoit «de 3 à 5 ans de prison ferme pour toute personne qui offense le prophète ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou de tout autre moyen». Mardi déjà, des responsables et des journalistes de la télévision avaient été limogés pour avoir montré les dessins pendant quelques secondes au cours d’un journal télévisé.

 

Alger a dénoncé les «atteintes outrancières portées à la sainte figure du prophète de l’islam». Mais une tribune publiée samedi par le très officiel quotidien «El Moudjahid» indique que les autorités ne tiennent pas à voir l’affaire s’envenimer. Un islamologue et ancien ministre, Mustapha Chérif, y appelle à «résister par les moyens civilisés, légitimes et pacifiques, en prenant la parole de manière réfléchie, en dialoguant avec les forces de paix dans le monde». Imputant la polémique aux «surenchères (…) des intégristes islamistes comme des islamophobes européens», il estime que la republication des dessins par des médias européens a «comme résultat, le dopage de l’intégrisme (…) et l’installation d’une crise entre les deux rives de la Méditerranée».

 

Quid du Maroc?

 

Chez le grand voisin marocain, le quotidien arabophone «Annahar Al-Maghribia» a été suspendu, tandis que treize journaux internationaux étaient interdits pour avoir publié les objets du délit. Soucieuses de canaliser l’émotion d’une partie de la population, les autorités ont pris vendredi la tête d’une «marche nationale» qui a rassemblé de 10 000 à 20 000 personnes à Rabat.

 

Dans ce pays, des journaux jouent aussi l’apaisement, tout en dénonçant la caricature du turban en forme de bombe comme un «racisme de bas étage». L’hebdomadaire «Le Journal» déplore la «haine et la violence» dans un monde musulman «prisonnier de son dogmatisme religieux et incapable de soutenir la contradiction». L’hebdomadaire «Tel Quel» demande pour sa part «pourquoi ces manifestations violentes?» «Les plus énervés […] auraient pu se contenter de jeter le journal à la poubelle, et décider de ne plus jamais l’acheter. L’histoire se serait arrêtée là.»

 

«Soyez raisonnables»

 

Au Proche-Orient, des journalistes sont aussi pris à partie. Au Yémen, l’hebdomadaire «Al-Horreya» a été suspendu, et son rédacteur en chef mis en examen. En Jordanie, Jihad Momani, rédacteur en chef de l’hebdomadaire à scandale «Shihane», est en prison. Poursuivi par l’Etat pour «atteinte au sentiment religieux», il est menacé de mort pour avoir publié trois des dessins. Dans un éditorial intitulé «Musulmans, soyez raisonnables», Jihad Momani s’était interrogé: «Qu’est-ce qui porte plus préjudice à l’islam, ces caricatures ou les images d’un preneur d’otage qui égorge sa victime devant les caméras, ou encore un kamikaze qui se fait exploser au milieu d’un mariage?»

 

(Source : « Libération » du 13 février 2006)

 


 

Le propriétaire d’une radio danoise condamné à 14 jours avec sursis pour racisme

    AFP, le 13.02.2006 à 13h32

                      COPENHAGUE, 13 fév 2006 (AFP) – Le propriétaire d’une radio  locale danoise, qui avait appelé à chasser les musulmans d’Europe de  l’Ouest, a été condamné lundi à 14 jours de prison avec sursis pour  racisme par un tribunal de Copenhague.

                      Le 21 juillet 2005, Kaj Wilhelmsen, sur les ondes de sa station  d’extrême droite, Radio Holger, avait appelé “à chasser les  musulmans d’Europe de l’Ouest” et à “exterminer les fanatiques”.

                      Le tribunal de première instance de Copenhague l’a condamné au  titre de l’article 266b de la loi danoise sur le racisme. Il  encourait jusqu’à deux ans de prison. 

                      “L’essence de vos déclarations est que tous les musulmans sont  un danger pour la civilisation occidentale. La Cour unanime est  d’accord pour affirmer que (…) (c’est) de la propagande d’accuser  les musulmans d’activités terroristes”, a souligné la juge Mette  Bytofte dans les attendus du jugement.

                      La licence de M. Wilhelmsen lui avait été retirée pour trois  mois en 2005 à la suite de ces propos racistes.

                      M. Wilhelmsen, qui a fait appel du jugement, avait déjà été  condamné en 2001 à une amende de 6.000 couronnes danoises (805  euros) pour racisme envers les musulmans. 

                      Il était poursuivi pour avoir écrit dans un article que “l’idée  de viol de femmes non musulmanes est enracinée dans la culture  musulmane”.

                      Radio Holger est une radio danoise d’extrême droite, qui émet  une dizaine d’heures par semaine dans les environs de Copenhague. La  radio doit son nom à une figure mythologique au Danemark, Holger le  Danois, qui est censé se réveiller quand la patrie est en danger.

                      Holger le Danois était aussi le nom d’un réseau danois de  résistance durant la Seconde guerre mondiale.

                      sa/hel/clr        

 


 

Maroc: 4 mois de prison avec sursis pour deux journalistes d’Al Ayam

 

AFP, le 13.02.2006 à 12H57

CASABLANCA (Maroc), 13 fév 2006 (AFP) – Deux journalistes de  l’hebdomadaire marocain Al Ayam, qui avait publié une histoire du  harem royal, ont été condamnés en première instance à quatre mois de  prison avec sursis et 100.000 dirhams d’amende (9.000 euros  environ), a-t-on appris lundi à Casablanca.

 

Al Ayam avait publié, dans son édition du 6 novembre, un dossier  illustré de photos sur l’histoire du harem du palais sous le sultan  Mohammed V et le roi Hassan II, tout en précisant que le roi  Mohammed VI, intronisé en 1999, “a décidé de rompre avec l’ère du  harem”.

 

Nour Eddine Miftah, directeur d’Al Ayam, et la journaliste  Meriem Moukrim, auteur de deux articles du dossier, étaient  poursuivis pour “publication de fausses informations et présentation  de photos de membres de la famille royale sans autorisation  préalable”.

 

“Je ne m’attendais pas à une telle peine”, a déclaré à l’AFP  Nour Eddine Miftah à l’issue du procès.

 

“Je suis contre toute peine  privative de liberté et nous avons été condamnés à la plus forte  amende possible”, a-t-il ajouté.

 

Selon l’article 42 du Code de la presse, les deux journalistes  étaient en effet passibles d’une peine allant d’un à douze mois de  prison ou d’une amende de 1.200 à 100.000 dirhams.

 

“En publiant notre dossier, nous n’avions nullement l’intention  de porter atteinte à la famille royale”, avait dit à la cour Nour  Eddine Miftah lors d’une précédente séance.

 

Le ministère public avait rétorqué que les deux journalistes  “n’ont pas respecté la déontologie du métier”.

 

Leur avocat Me Karam avait affirmé que ses deux clients  “essayaient de faire un journalisme d’ouverture, libre et  indépendant, ce qu’encourage par ailleurs le roi Mohammed VI”.

 

Nour Eddine Miftah n’avait pas décidé lundi s’il allait  interjeter appel.


Schüssel condamne la publication d’une première caricature sur l’Holocauste

AFP, le 13.02.2006 à 14h24 VIENNE, 13 fév 2006 (AFP) – Le chancelier autrichien Wolfgang  Schüssel, président en exercice de l’Union européenne (UE), a  condamné lundi la publication d’une première caricature sur  l’Holocauste par un site internet iranien dans le cadre d’un  concours international. Le “mauvais usage des symboles” et le viol de tabous comme  l’Holocauste doivent être “condamnés”, a-t-il souligné à l’issue  d’une rencontre à Vienne avec des représentants des cultes chrétien,  juif et musulman. La réaction à la publication de caricatures de Mahomet par des  journaux européens doit être “équilibrée”, a ajouté M. Schüssel, qui  a rappelé que l’UE voulait “manifester de la compréhension pour les  sentiments (des musulmans), mais aussi montrer sa détermination à  conserver son mode de vie”. La Maison de la caricature de l’Iran a publié lundi sur son site  internet un premier dessin le jour du lancement officiel avec le  quotidien iranien Hamshahri d’un concours international de  caricatures sur l’Holocauste intitulé “Où est la limite de la  liberté d’expression en Occident ?”. Samedi, la présidence autrichienne de l’Union européenne avait  fermement condamné des propos du président ultraconservateur iranien  Mahmoud Ahmadinejad qualifiant l’Holocauste de “mythe”.

 


Caricatures portant atteinte au Prophète Mohamed

Khatami met en garde contre la liberté d’_expression à l’occidentale

 

Le Temps – Agences – La liberté d’_expression à l’occidentale, qui a permis la publication en Europe de caricatures du Prophète Mohamed jugées offensantes par les musulmans, donnera lieu à d’autres violences, a averti hier l’ancien président iranien Mohammad Khatami.

 

M. Khatami, qui participe en Malaisie à une conférence sur l’Islam et l’Occident, a également assuré que les musulmans du monde entier en avaient assez des violences et des extrémismes au nom de la religion et étaient ouverts à la démocratie et au progrès scientifique.

 

Selon lui, il est fondamental que les gouvernements occidentaux condamnent avec fermeté les dessins publiés en septembre dernier par un quotidien danois et reproduits par plusieurs journaux européens pour défendre la liberté de la presse.

 

“Je pense que, si le monde islamique obtient l’assurance que de tels actes ne se reproduiront pas à l’avenir, nous assisterons à un retour au calme”, a souligné devant la presse cet intellectuel religieux, qui a présidé la République islamique d’Iran de 1997 à juin dernier.

 

D’après lui, les musulmans sont eux aussi attachés à la liberté d’_expression, mais “les actions insultantes et provocantes ne sont pas la liberté d’_expression”. De fait, a-t-il poursuivi avec gravité, “si les croyances de peuples et de nations sont insultées, le monde s’enfoncera dans la violence. J’espère que la situation actuelle servira de leçon pour réformer l’avenir.”

 

Peu auparavant, dans un discours prononcé à l’occasion de la conférence de Kuala Lumpur, il avait imputé les conflits entre l’Occident et l’Islam à une série d’événements historiques, des Croisades à la colonisation, et à l'”islamophobie” de certaines “puissances occidentales arrogantes” mais aussi aux “réactions extrêmes et violentes d’une partie du monde islamique”.

 

(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 12 février 2006)

 


Refuser les amalgames

Par Moncef Marzouki

 Ecrivain et universitaire tunisien, ancien candidat à l’élection présidentielle en Tunisie.

Je voudrais lancer trois mises en garde. La première : Le fossé s’élargit .Ces caricatures révèlent à quel point le terrain est miné, à quel point le fossé entre nos deux cultures, nos deux civilisations, nos deux mondes, est en train de s’élargir .Il faut, ici, pour, nos amis occidentaux, comprendre la façon dont les Arabes et les musulmans réfléchissent. Quelques idées clé : non seulement ‘’ils ‘’occupent nos terrains à la façon du XIX siècle , c’est-à-dire de façon militaire , physique- ‘’ils ‘’, avec tout ce que cela implique de simplification, d’amalgame- , non seulement ‘’ils ‘’appuient nos dictatures qui nous oppriment, non seulement ‘’ils ‘’ nous imposent leur démocratie à l’irakienne , mais quand le peuple palestinien s’exprime de façon libre , ‘’ils ‘’disent :Halte-là , nous ne voulons pas de cette démocratie , et voilà qu‘’ils ‘’s’attaquent à ce que nous avons de plus sacré.

En tant qu’Arabe vivant en occident, j’imagine aussi très bien comment çà se passe dans l’esprit  des Occidentaux. Non  seulement ‘’ils ‘’nous attaquent à New York, à Madrid , à Londres, non seulement ‘’ils ‘’ nous envahissent – le ‘’ils ‘’, toujours aussi gros d’amalgame et de simplification-, voilà qu’ils s’attaquent maintenant à nos valeurs les plus sacrées , à celle pour laquelle nous nous sommes battus pendant des siècles :la liberté d’expression.

Ma deuxième mise en garde : Cela n’a aucune raison de s’arrêter. Et nous allons de plus en plus vers quelque chose qui ressemble, malheureusement, à une confrontation des civilisations. Cette affaire des caricatures est largement exploitée par nos dictatures, Je suis absolument effaré de voir par exemple les ministres de l’intérieur des pays arabes ( la seule institution interarabe qui fonctionne), je suis absolument fasciné de voir ces gens monter à l’attaque pour défendre Mahomet. Mais  combien de Mahomet ont-ils assassiné, combien de Mahomet est morts sous la torture dans leurs prisons ? Combien de Mahomet vit sous la menace et le chantage ? Mais de l’autre côté aussi, il y a manipulation de tous les racistes, de tous les provocateurs, comme ceux qu’on a vus dernièrement en Occident se servant de cette affaire pour faire monter les enchères, et il peut y avoir aussi de la manipulation des gouvernements occidentaux eux-mêmes, comme l’administration Bush  qui est en train d’utiliser cette histoire pour marquer un avantage sur l’Iran et la Syrie.

Troisième mise en garde, enfin : ce qui nous attend nous, militants des droits de l’Homme occidentaux et arabes, est une tâche extrêmement difficile .Je me demande parfois si nous sommes capables d’arrêter ce Tsunami ou si nous allons être obligés de reconstruire sur les ruines, mais, de  toute façon nous avons une obligation d’action, nous avons une obligation d’intervention, du fait que nous n’appartenons pas à deux cultures différentes, à deux types de systèmes de valeur. Nous croyons tous aux droits de l’Homme, nous croyons tous à l’universalité. Nous ne pouvons jeter un pont qu’en refusant cette désacralisation,en refusant l’amalgame entre les peuples occidentaux et un journal totalement irresponsable, en refusant l’amalgame entre des gens qui se font sauter et l’islam et les musulmans , nous pouvons un peu guérir les blessures.

Mais ne nous faisons pas d’illusions, le terrain restera miné tant que les problèmes de fond ne seront pas résolus, problèmes politiques à très longue échéance.

Premièrement, la fin du calvaire du peuple palestinien, deuxièmement la fin de l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan, troisièmement, la fin des démocraties occidentales à ces dictatures qui nous  oppriment,  qui nous humilient et qui nous jettent dans cet état de frustration, de fausse solution, de cercle vicieux dans l’échec et qui est responsable de la flambée du terrorisme.

               Rebonds –Libération, Lundi 13 février 2006-02-13

                                                      *****


JEAN-PAUL MARTHOZ, directeur éditorial de la revue «Enjeux internationaux», auteur d’ouvrages sur les droits de l’homme, explique l’embarras de l’Europe à propos de l’affaire des caricatures.

L’Europe doit réaliser qu’il y a «un versant sud de la liberté»

 

Jean-Paul Marthoz

 

Les hésitations de l’Union européenne dans l’affaire des caricatures de Mahomet ne laisseront pas un souvenir insigne dans les belles histoires de la politique extérieure et de sécurité «commune». Bruxelles est apparue confuse, embarrassée, écartelée entre la défense d’un de ses Etats-membres agressé et le souci de ne pas offenser le monde arabo-musulman. Comme si l’Europe doutait des valeurs dont elle se réclame et ne savait pas vraiment, au moment de défendre la liberté d’_expression et le respect de l’«autre», où placer le curseur de ses convictions.

 

Ces ratés européens ne sont pas seulement le résultat de la stupéfaction face à l’explosion de violence, ils sont aussi la conséquence inévitable d’une longue histoire de relations troubles avec les régimes autoritaires de la région. Cette affaire rend dès lors plus urgente que jamais une remise à plat des principes qui animent les rapports entre l’Union européenne et l’espace arabo-musulman.

 

Confrontée aux manipulations de la «colère populaire» par l’Iran, la Syrie et des groupes extrémistes palestiniens, l’Europe, en effet, aurait tort de se méprendre sur le calme relatif des réactions dans les pays avec lesquels elle entretient des relations officiellement plus courtoises. En dépit de la victoire du Hamas dans les territoires occupés, de la progression des Frères musulmans en Egypte et de la situation en Irak, l’appui à la démocratisation dans ces pays autoritaires qui, aujourd’hui, apparaissent mieux disposés à l’égard de l’Occident est plus que jamais nécessaire. La stabilité ne viendra pas du statu quo.

 

L’Europe a généralement considéré le monde arabo-musulman comme une exception. Alors que, durant les années 70 et 80, elle ne manqua pas, et avec raison, de dénoncer les Pinochet et les Videla, les Brejnev et les Jaruzelski, elle exonéra largement les Saddam Hussein, les Boumediene et les Hafez el-Assad. Comme si, dans ces pays, la démocratie pouvait être sacrifiée sur l’autel des grands contrats, de l’approvisionnement énergétique ou du «dialogue des civilisations».

 

L’Arabie saoudite est, depuis des lustres, l’objet de tous les empressements courtisans et la campagne mondiale de ses clercs wahhabites, commis voyageurs de l’extrémisme islamique, n’a fait l’objet, jusqu’à il y a peu, d’aucune riposte sérieuse. Le Pakistan, qui a appuyé les talibans et laissé son docteur Folamour essaimer les formules de l’arme atomique dans des «Etats voyous», est un allié de l’Occident. Tout récemment, la Libye du colonel Kadhafi, devenue la trieuse des migrants africains en route vers l’Eldorado européen, a été lavée de tous ses péchés.

 

Les gouvernements, qui évoquent pour leur défense l’argument de l’intérêt diplomatique ou commercial, n’ont pas été les seuls à cultiver ces amitiés impies. Des organisations non gouvernementales européennes gardent parmi leurs affiliés des partis ou des syndicats qui sont les courroies de transmission de régimes autoritaires arabes. Ainsi l’inoxydable Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti officiel tunisien, reste-t-il membre de l’Internationale socialiste. Malgré la répression des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.

 

Ces mêmes ambiguïtés imprègnent les rencontres entre «les deux rives». Les convenances y sont la règle. Au nom de la «convivence», les représentants des pays européens restent souvent discrets à propos des discriminations, voire des persécutions qui, dans nombre de pays arabo-musulmans, affectent les chrétiens, les juifs, les bahaïs, les «libéraux» ou les incroyants.

 

Cette mollesse ou cette connivence ont déjà coûté très cher au monde occidental. C’est ce que le politologue américain Chalmers Johnson a appelé le «blowback», le retour du bâton. En 1979, des décennies d’appui aveugle au chah d’Iran ont débouché sur une brutale théocratie. Dans les années 80, le soutien tout aussi indiscriminé aux moudjahidin afghans fut le creuset des talibans et d’Al-Qaida. Aujourd’hui, le régime syrien, longtemps courtisé par les milieux souverainistes et laïques européens, commandite les assassinats de démocrates au Liban et laisse des foules vociférantes brûler des ambassades européennes.

 

L’Europe ne semble pas en avoir tiré les leçons. La complaisance à l’égard de présidents prétendument modernistes ou de monarques réellement obscurantistes continue. En fait, derrière les accolades et les courtoisies, n’exprimerait-elle pas un mépris du monde arabo-musulman? Elle suggère en effet que les populations de ces pays, accablées par l’arbitraire et la gabegie, sont imperméables à la démocratie, aux droits de l’homme et à la Raison.

 

Même si elle se garde bien de le dire urbi et orbi, l’Union européenne craint désormais la démocratie dans le monde arabe, les peuples ayant la fâcheuse tendance d’élire des partis extrémistes, hostiles à leurs satrapes… et à leurs amis occidentaux. Or, c’est en ces temps de polarisation furibonde, précisément, que l’Europe démocratique doit appuyer ses réels alliés sur le «versant sud de la liberté». Et ceux-ci ne s’appellent pas Ben Ali, Moubarak ou Bouteflika. Ils sont, comme lors de la lutte contre le communisme, des dissidents, apparemment isolés, minoritaires et prophétiques.

 

A l’exemple de Jihad Momani, ce journaliste jordanien qui a osé dire que le terrorisme blessait davantage l’islam que des caricatures de Mahomet.

 

«Il ne s’agit pas pour l’Occident, écrivaient deux intellectuels égyptiens en 1989 (1), d’exporter chez les autres une valeur qui, par essence, lui serait propre et leur serait étrangère, mais d’aider ces derniers à assumer librement, selon des voies qui leur sont spécifiques, une valeur nécessaire à tous. Bon gré mal gré, l’Occident est partie prenante de l’alternative posée dans les pays du tiers monde. L’attitude qu’il adoptera à cet égard engage l’avenir de la démocratie à l’échelle de l’humanité.»

 

(1)     Mahmoud Hussein, «Versant sud de la liberté», La Découverte, 1989

 

(Source : « Le Temps » (Suisse) du 13 février 2006)

 


 

Fair-play
L’équipe Tunisie a été vaincue, pourtant elle ne manquait de rien pour réussir à nous ramener le trophée. Le team national même s’il est constitué en majorité d’une légion étrangère de naturalisés et de beurs exilés n’a pas moins réussi à s’attacher les foules pour s’identifier en lui. Notre coach importé, malgré son air hautain et ses origines qui nous rappelle combien on reste acculturés dans nos carences de dépendance, n’inspire pas mois confiance et le simple fait de pouvoir se le payer flattait notre ego. Avec l’amertume de l’exclusion on a la conviction que ni la technique, ni la tactique, ni la condition physique ne nous a trahie. Ce qui a été plutôt absent c’est la conviction en nos moyens, cette verve salutaire nécessaire sans laquelle un groupe ne peut que manquer d’âme commun et échouer dans ses ambition. Ce n’été pourtant qu’une épreuve pour le véritable défit qui nous attendait, une éprouve qui n’a servit qu’à installer le doute et les suspicions dans nos moyens. Si nous étions vaincu sur le terrain cela ne nous à pas empêcher de gagner la récompense de consolation d’être présent en finale en nous accordant l’honneur de l’arbitrer. Je ne sais pas comment j’ai complètement oublié tout ce que peut évoquer le personnage désigné pour tout ceux qui connaissent son itinéraire chez nous pour m’identifier en lui. Dés le début c’été lui ma Tunisie dans la partie, avec crédit favorable et plutôt chauvin j’été plus intéressé par sa maestria que par la partie. La honte dont il nous a affligé n’a fait qu’aggraver cette profonde remise en question qui est en train de s’installer dans notre inconscient et qui cherche à nous convaincre que plus rien ne peut plus nous réussir convenablement. La compétition est terminée, même le football ne nous a pas réussi d’exutoire de la déprime qui est en train de nous gagner. On sent un air ambigu d’affliction et de deconcertation. Les repères semblent s’abîmer et se dissoudre devant nos yeux. Que faire ? Comment pouvons nous former cette équipe qui peut gagner ? La partie qui nous attend dépasse de loin notre continent, c’est tout un monde qui est en phase de compétions pour gagner sa place au sommet dans le nouveau classement. Une compétions dont le résultat ne peut plus être manipulé par un arbitre véreux ni garantie par un coach importé et moins jouée par un ramassis d’ambitieux inconscients des véritables enjeux. Avec l’histoire de ces misérables caricatures qui nous partage dans notre unanimisme dans la dénonciation nous dévoilant nos différents portrais de colonisés notre passé nous rejoint magistralement pour nous rappeler qu’on est encore loin de s’assumer en hommes libres fières de leur identité pour acquérir leurs passe droit à la liberté. Une situation qui permet à la dictature d’espérer d’avoir encore de meilleurs jours et de rester encore le seul maître à bord. En gouvernant par la domination elle sait qu’elle ne compte dans le pays qu’un seul individu : le dominé, dont elle à appris depuis bien longtemps lui inculquer la défaite et la lui servir dans l’humiliation. La psychologie de la culpabilité qui fait de lui la justification de sa situation le dégradait davantage encore. Par un mélange de fortes espérances et de profondes impuissances on fait de lui un être traumatisé et aliéné. Attaché à ses oppresseurs par cet indéfectible lien de soumission et d’assujettissement qui fait de lui ce qu’il est et trace son irrémédiable destin d’opprimé condamné au banc de spectateur à perpétuité au point que sa vie n’est plus qu’un spectacle dont il ne fait pas partie. Aujourd’hui beaucoup ont compris qu’on joue les prolongations qu’aucun arbitre ne va siffler la fin jusqu’à se qu’on fini par envahir le terrain. Yahyaoui Mokhtar Tunis le 12 février 2006

Khaled Mechal: Le gouvernement du Hamas comportera des chrétiens, des femmes et des indépendants.

 

http://www.assafir.com/iso/today/front/140.html

 

08/02/2006

 

Traduit de l¹arabe en français par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (transtlaxcala@yahoo.com).

Cette traduction est en Copyleft.

 

 

Quoique parfaitement conscient du contexte général arabe difficile dans lequel le mouvement Hamas est arrivé  à la tête de l¹Autorité palestinienne, le président du Bureau politique du Hamas, Khaled Mechal (Abou Walid) demeure optimiste.

 

Dans son entretien avec ASSAFIR au Caire, K.M. estime que l¹impasse actuelle des Palestiniens n¹est pas plus aiguë que celle des autres forces politiques. Il a exprimé sa satisfaction des rencontres qu¹il a eues avec les responsables égyptiens de la sécurité avec à leur tête le directeur général des renseignements, le général Omar Souleymane et ses collaborateurs, ainsi qu¹avec Oussama El Baz, le conseiller du président égyptien. Il a dit que le dialogue était positif et que l¹Egypte n¹a pas posé des conditions à la participation et à la présidence par le Hamas du gouvernement palestinien.

Un des dirigeants du Hamas qui avait participé aux rencontres avec les responsables égyptiens, a expliqué à Assafir qu¹il n¹y aura pas de rencontre dans l¹immédiat avec le président égyptien, mais que cela est à envisager dans l¹avenir et que le présidentn s¹est contenté de transmettre, par l¹intermédiaire du général Souleymane,  ses félicitations à Hamas pour sa victoire. Ce dirigeant a remarqué que le rôle actuel de l¹Égypte consiste à faciliter la réunion du Conseil législatif palestinien le 18 février et l¹élection des commissions parlementaires, et que l¹Égypte projette d¹appeler à l¹issue de cette période à un dialogue général national palestinien aCaire.

Il semble que les dirigeants du Hamas réunis au Caire soient devenus plus discrets dans leurs déclarations qu¹auparavant. Certains d¹entre eux croient à l¹importance « du mutisme créateur » particulièrement dans l’étape actuelle.

Certains d¹entre eux sont apparus très contrariés hier soir, après minuit, quand les agences de presse avaient fait un point de fixation sur le terme «annulation », contenu dans la déclaration du dirigeant Abou Marzouk, sur les accords avec Israël.

Répondant à une question d¹une chaîne télévisée, Abou Marzouk avait déclaré que le Hamas soumettrait chaque accord au Conseil législatif et que ce dernier l¹annulerait s¹il n¹est pas dans l¹intérêt du peuple palestinien.

Des dirigeants du Hamas ont estimé que le Conseil législatif ne possède pas foncièrement de prérogatives politiques et que celles-ci étaient du ressort de l¹OLP, lequel devra être reconstruit sur des bases  nouvelles.

 

Khaled Mechal :

De son côté et dans un long entretien qui s¹est poursuivi jusqu¹à après minuit, Mechal a déclaré que le Hamas est à la veille d¹une situation inédite qui consiste à participer et à diriger l¹Autorité mais que cela ne changera en rien la nature du mouvement qui ne soit en accord avec ses principes. Il a assuré que l¹expérience du Hamas au cours des 20 dernières années a prouvé que toutes les tentatives pour l¹assujettir avaient échoué. C¹est un mouvement en pleine jeunesse qui progresse et gagne et personne ne doit parier sur une mue une fois qu’il sera au pouvoir.

Pour lui, le Hamas, au contraire des autres mouvements, voit dans le gouvernement une nécessité et non pas un besoin.

Aussi il va agir au gouvernement en tirant des leçons des erreurs du Fatah au pouvoir.

Quoiqu¹il croie fermement que le pouvoir est corrupteur, Mechal n¹a pas exprimé une grande crainte de s¹engager dans l¹expérience, expliquant que pour éviter la corruption du pouvoir, le Hamas comptait sur la base morale que lui fournirait la religion.

Mechal a expliqué que la différence entre le Hamas et le Fatah dans l¹exercice du pouvoir, est que le premier s¹est constitué sur la base d¹institutions auxquelles il serait difficile d¹imposer l¹autoritarisme ou le bon vouloir d¹un homme ou plus.  Il a dit que le Hamas allait faire tout ce qui est en son pouvoir pour collaborer avec Abou Mazen et qu¹il lui fera plus confiance que ne lui en a fait son propre mouvement. Il a dit aussi qu¹il y a une quasi-unanimité sur la scène palestinienne sur l¹échec du règlement politique et que cela incombe à Israël.

Il ajoute « beaucoup considèrent que les Palestiniens sont dans l¹impasse, mais le Hamas estime que l¹impasse des Palestiniens est moins grave que celles des autres, y compris les USA et Israël.

Le peuple palestinien connaît ses choix et est prêt à faire des sacrifices, considérant qu¹il n¹y a pas d¹autre voie, toutes les autres ayant été expérimentées.

Il est convaincu que le sort des Palestiniens sous la direction du Hamas sera, tout compte fait, meilleur qu¹auparavant, malgré tous les obstacles locaux, régionaux et internationaux.

Il affirme que le gouvernement qui sera formé par le Hamas reposera sur des technocrates et qu¹il comportera des personnalités du Hamas, d¹autres formations ainsi que des indépendants. Il a ajouté que la coalition qui sera constituée sera prometteuse et qu¹il y a des signes premiers de participation de certains groupes du Fatah. Le Hamas discute actuellement des noms des ministrables plus qu¹autre chose.” Notre direction est claire et le gouvernement comprendra des personnalités chrétiennes et des femmes”. Il a affirmé que ce gouvernement donnera aux Palestiniens de toutes tendances plus de sécurité qu¹ils n¹en ont eu auparavant.

Le Hamas va demander à toutes les forces désireuses de participer au gouvernement de présenter des noms, ajoutant que le dialogue à ce propos n¹est pas encore

très « pressé ».

A propos des services  de sécurité, Mechal a reconnu que le Fatah les dominait et il a paru très réservé quant aux changements à entreprendre à la direction et dans les cadres de ces services. Le Hamas ne licenciera personne à cause de son appartenance à telle ou telle organisation, mais le Hamas est arrivé avec un programme de réformes qui touche tous les départements de l¹Autorité, y compris les services de sécurité, ajoutant que son mouvement croit à l¹action graduelle et non pas aux changements brusques.

À propos de l¹aide européenne, Mechal déclare que le Hamas agira dans la transparence et il montrera à tout le monde que les aides seront utilisées au service du

peuple palestinien et non pas du mouvement. Le Hamas ne fera rien qui puisse empêcher l¹arrivée des aides mais ne permettra pas non plus que cette aide devienne

un moyen de chantage contre les Palestiniens et leur direction. Il ajoute : avant même qu¹il n¹hérite du pouvoir, le Hamas a eu de nombreuses promesses d¹aides

arabes, de gouvernements et d¹autres, particulièrement des pays du Golfe. Il a insisté sur le fait que si les

Palestiniens arrivent à bien gérer leurs ressources, leur besoin en aide diminuera beaucoup. Mechal a affirmé que le Hamas allait élargir ses relations arabes et internationales, ajoutant qu¹il a de très nombreux rendez-vous avec des dirigeants arabes et qu¹il a l¹intention d¹élargir les relations avec des pays comme la Turquie, l¹Iran, l¹Afrique du sud, des pays asiatiques et latino-américains.

 

Avec Moussa :

Mechal a déclaré après sa rencontre avec A¹mr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe :  « Nous avons tendu la main à nos frères du Fatah et de toutes les

autres organisations. Nous sommes décidés et déterminés à élaborer un système politique palestinien multipartite, fondé sur l¹unité nationale, la démocratie, le respect de l¹autre et l¹alternance pacifique au pouvoir. La vision du Hamas pour cette étape est claire. Le Hamas se trouve face à une réalité et comprend qu¹il y a une distance entre cette réalité et les droits nationaux légitimes du peuple palestinien. Partant de cette réalité, le Hamas va agir avec vigueur et réalisme pour réaliser les droits

du peuple palestinien. Il n¹y a d¹autre alternative pour Israël que de reconnaître ces droits sinon il choisit la voie de la guerre et de l¹insécurité. »

A propos de la reconnaissance par Hamas d¹Israël, Michal déclare : quand Israël reconnaîtra les droits des Palestiniens, se retirera de nos terres et nous restituera nos droits, il y aura sûrement une disposition des Palestiniens et des Arabes à faire ensemble un pas positif, mais pas avant qu¹Israël ne parvienne à cette étape. Ajoutant que c¹est à l¹assassin de reconnaître en premier son crime contre la victime.

Des sources diplomatiques ont révélé que Moussa a proposé à la délégation du Hamas que le mouvement déclare son accord avec l¹initiative de paix arabe faite au sommet de Beyrouth en 2002 et qui stipule qu¹Israël doit se retirer  de tous les territoires occupés en 1967, en échange d¹une normalisation entre l¹État hébreu et tous les pays de la Ligue arabe. Ces mêmes milieux  ajoutent que Moussa  estime que le fait que Hamas accepte cette initiative est de nature à lui trouver une issue face aux pressions internationales lui demandant de « reconnaître gratuitement Israël ».

Mais Moussa et Mechal ont confirmé qu¹ils n¹y a pas eu d¹accord entre eux à ce propos. En réponse à une question concernant cette initiative, Mechal déclare : « Nous ne nous opposerons pas à la position arabe».

De son côté Abou Marzouk a déclaré pour sa part concernant les armes du Hamas : les combattants duHamas demeureront des moujahidine, Hamas étant l¹autorité, les armes du Hamas seront restituées à l¹Autorité », ajoutant : « Quand la Palestine historique sera réhabilitée, les Juifs pourront venir et vivre parmi nous. Ils auront la nationalité palestinienne».

 

 

Circulation Routière:

Les tribulations d’un conducteur flashé par un radar qui “choisit” ses proies

Une commission au dessus des lois?

Fatah THABET

 

Un citoyen très ordinaire, circulant en camionnette diesel ayant plus de dix ans d’âge, se fait arrêter par un agent de la Garde Nationale, juste à la sortie de la Skhira, samedi 24 décembre 2005 vers midi. Il l’informe qu’un radar l’a flashé, sa vitesse était nettement au dessus de la limite autorisée.

 

Notre “Shumakher”, titulaire d’un permis de conduire depuis plus de trente ans, faisant cette route de façon hebdomadaire depuis vingt cinq ans, en connaissant le moindre détail, sachant parfaitement qu’il y a un poste de la Garde Nationale à l’entrée de ce village, souvent deux agents en faction à la bifurcation de Kairouan, et parfois des motards juste à la sortie, étonné que deux voitures qu’il suivait depuis un moment, et qu’un louage qui l’avait doublé quelques temps auparavant, n’aient pas été arrêtés, il en fait part à l’agent qui lui répond que le radar “choisit” une voiture…Il s’en suit une rapide  discussion d’où il ressort qu’il n’y a, dans ce cas, réellement pas d’égalité des citoyens devant la loi!!! Deux poids, deux mesures??Peu importe le peu de transparence du retrait du permis qui s’en suivit, puisque le préposé à la rédaction du procès verbal a d’abord refusé d’écrire la déclaration du conducteur, puis a fini d’en rédiger incomplètement une partie…

         Notre citoyen attend une convocation, par lettre recommandée avec accusé de réception, de la Commission Technique Consultative Régionale  du Retrait du Permis de Conduire de Sfax, “15 jours ouvrables  avant la réunion de la Commission”  pour avoir éventuellement accès à son dossier, 2 jours au moins avant la date de la réunion comme la loi le lui permet (Chap III Art. 9 et  Art. 12 de la loi 2000-141 du 18 janvier 2000). Ne voyant rien venir, il arrive, par différents coups de fil à savoir que la réunion qui va étudier son cas aura lieu le mardi 07 février à 10 heures dans une salle du Gouvernorat de Sfax. Il y va avec un léger retard, vers 10H 25. L’huissier de service lui apprend sur le champ  qu’il “est le dossier 137″ et qu’il doit attendre son tour. On appelle les convoqués par groupe de trois, de ” 12 à 15″, puis par groupe de cinq, et très vite cela s’accélère, et on prend des fournées de dix…Vers 11h30 ce sont les dossiers “91 à 112” (??) et quelques instants  on entend l’huissier crier “allez! Tout le reste”;

     Ces derniers convoqués de la liste, arrivent devant une salle, portes ouvertes, dans un brouhaha indescriptible, des va et vient incessants, des conciliabules, une vraie foire, les citoyens se bousculent. Aucune organisation, aucune confidentialité, l’anarchie la plus complète!!! Personne pour diriger la séance, pour interroger .Seules deux femmes sont assises, avec chacune une pile de dossiers devant elle, visiblement débordées par le nombre et la cohue. Personne ne vous réclame, ni ne vérifie votre convocation, votre carte d’identité, ou une procuration. On vous demande votre “numéro” et on vous tend votre “durée de retrait” ,déjà signée, remplie, en votre absence,et vous n’avez même pas une décharge à signer!!!. Rien. Vous venez, on vous met dans la main un papier et vous repartez!!! Sans avoir, à aucun moment, la possibilité d’expliquer votre cas, de vous défendre ou simplement de demander la clémence.  Et pourtant, certains étaient venus de loin, ayant délaissé leur travail, leurs affaires, leurs familles. Aucun appel nominal, les gens étaient déroutés, ils s’interrogeaient les uns les autres, ne savaient à qui s’adresser, se demandaient pourquoi en définitive ils ont été convoqués et qu’ils auraient pu recevoir le document par voie postale, tout simplement. Beaucoup disaient à haute voix, que cette façon de procéder favorisait les “interventions” et les passe-droits. Seul, un membre de la Commission, cheveux grisonnants, très affable et respectueux, apparemment le représentant de la Police de Circulation, mais sans uniforme, était resté jusqu’au bout et essayait de répondre à toutes les sollicitations des gens totalement désemparés.

 

Et l’Etat de droit ?? 

 

         Pourtant la loi du 18 janvier 2000, instituant la dite Commission, stipule clairement dans sa Section 2, Art  7, “qu’elle ne délibère REGULIEREMENT qu’en présence de la majorité de  ses membres”. Par ailleurs, dans son article 14 la même loi précise “après avoir examiné le dossier dont elle est saisie et ECOUTE le contrevenant..”, et elle doit délibérer ensuite, la décision prise par vote majoritaire, le tout contresigné dans un procès-verbal, signé par les membres. Apparemment, les décisions étaient déjà prises, sans entendre les contrevenants qui étaient convoqués. L’ensemble de la procédure suivie semble contraire à l’esprit et à la lettre de la loi..

      Devant les protestations de notre citoyen, disant à haute voix que cette réunion était entachée d’illégalité, puisqu’il n’a pas reçu de convocation par voie recommandée, il s’entendit dire que “c’était la faute de la poste”. Devant ses réclamations de plus en plus précises, et son intention de “publier tout cela dans un journal”, on fit un peu plus attention à lui et on lui proposa “de voir Monsieur le Délégué des Affaires Sociales pour revoir son cas”. Ce qu’il fit. Mais celui-ci était “sorti”, selon l’huissier de faction. Il était midi moins quelque chose.

     Un record de vitesse établi par cette “Commission” : Plus de 138 cas “étudiés”, on va dire une centaine avec les absences, en une heure trente au plus. Une minute en moyenne pour étudier chaque dossier!! On ne peut mieux faire.

     Il n’est nullement question d’encourager ici les excès de vitesses ni les autres infractions au Code de La Route, ni tout autre délit, mais d’insister sur ces “passe-droits” que des    responsables locaux se donnent, pour légiférer à leur envie, alors qu’ils oublient qu’ils sont d’abord des fonctionnaires au service de l’Etat, à qui certains Ministères ont délégué des “pouvoirs”, et que chaque entorse faite à la loi, est directement reçue par le citoyen comme étant une volonté des pouvoirs. C’est la réputation de l’Etat dans sa totalité qui est ainsi mise en cause par les comportements de certains qui font fi des lois en place. Il est évident que ce n’est pas le cas dans toutes les Commissions Régionales et que toute généralisation serait de mauvaise foi.

      Derrière tout cela, derrière ce cas précis, ce bâclage hâtif des dossiers, il y a un problème fondamental : dans un Etat de droit, et les responsables au plus haut niveau n’arrêtent pas de le répéter à toute occasion, le citoyen doit être la préoccupation principale de l’administration pour lui préserver tous ses droits. L’Administration est garante, même pour le plus odieux des criminels, du principe d’égalité, de transparence, de justice. Même pour un excès de vitesse, pour le moindre petit délit, le droit à l’information et à une défense, sont, entre-autres, des droits inaliénables.

       Ce n’est qu’en quittant les lieux, bien triste de cet état de choses, que notre concitoyen a compris pourquoi ce pressing, cette course contre la montre, cette hâte à “ramasser les dossiers”, à partir de 11h30,  qu’une grande  partie de la Commission avait déjà quitté les lieux sans avoir reçu, écouté, étudié, la totalité des cas, et ce conformément à la loi qui l’a instituée et qu’elle est chargée d’appliquer. Il entendit  l’un des huissiers interpeller son collègue :” C’est à quelle heure le match Nigéria-Côte d’Ivoire ?”.

 

(Source : « Le Temps » (Tunisie) du 13 février 2006)


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