13 décembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2396 du 13.12.2006

 archives : www.tunisnews.net


C.R.L.D.H. Tunisie: 1996 – 2006 – dix ans de la vie du comite pour le respect des libertes et des droits de l’homme en Tunisie

ACAT-France- FIDH – OMCT:  Tunisie : Maître Abbou(1) attend seul, dans sa prison.Pendant que la police filme l’agression de sa femme…

Lettre ouverte adressée par des parents d’élèves de l’école tunisienne de Doha au Président tunisien

AP: Tunisie: pour la première fois une femme brigue le leadership d’un parti politique

AP: Le corps repêché dans un canal près de Nantes est celui de Taoufik el-Amri, confirme l’avocat de la famille

AP: Nantes – El-Amri mort noyé, 3 policiers en garde à vue

AFP: Trois policiers français en garde à vue après la mort d’un ouvrier tunisien

Le Monde: Trois policiers placés en garde à vue après la découverte du corps de Taoufik El-Amri

Le Figaro: Affaire Taoufik el-Amri: les policiers toujours entendus

 Le Maghrébin:La gifle de Federico Mayor au « 7 novembre »

Le Maghrébin:Humiliante défaite de la Tunisie de M. Ben Ali à la conférence de l’Union Internationale des Télécommunications

Le Maghrébin:Algérie:La corruption a encore de beaux jours devant elle…

Balha Boujadi: Non seulement ils mentent, mais ils insultent

Le Monde: Le pouvoir libyen continue de bannir toute critique, selon HRW

C.R.L.D.H. Tunisie

 

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme

 

 

 

1996 – 2006

DIX

ANS DE LA VIE DU COMITE POUR LE RESPECT DES LIBERTES ET DES DROITS DE L’HOMME EN TUNISIE

 

 

Un mot en guise d’introduction

 

I. De la fondation :

 

La création du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme à Paris a été le couronnement d’un effort tenace consenti par un groupe de militantes et de militants, tunisiens et non tunisiens, chacun à partir de ses propres positions, dans le but d’élargir le domaine de la lutte pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie. En effet, il était urgent de briser le black out médiatique et de gagner l’approbation et la solidarité européenne et internationale en faveur de ce combat fondamental contre le despotisme, d’autant plus que la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme (LTDH) avait à l’époque besoin d’une initiative urgente pour soutenir son combat et l’aider à protéger son indépendance et son existence.

La fondation du Comité se justifiait par diverses considérations et obéissait à plusieurs motivations dont les principales sont les suivantes :

1. Le verrouillage total opéré par le régime tunisien, l’aggravation des violations des droits de l’homme et l’abandon des derniers espoirs placés en lui par de vastes secteurs de l’élite, vu que la répression avait atteint les divers courants d’opposition, nombre de personnalités militantes et démocrates et autres « insoumis » après la campagne d’éradication menée contre les islamistes avec son cortège de tragédies.

2. Les conditions critiques qu’avaient connues la LTDH au lendemain de son quatrième congrès (1994) et les divisions, la faiblesse et les doutes qui s’ensuivirent avaient porté un coup sérieux à la symbolique et au caractère de pionnier de ce genre de mouvement et de leur indépendance.

3. L’apparition d’un nouveau besoin dans divers milieux non gouvernementaux et gouvernementaux occidentaux de comprendre ce qui se passait en Tunisie, où grandissait l’intérêt international pour le « modèle de stabilité » en comparaison de la fragilité des régimes voisins, et les foyers de tension régionale.

Le succès relatif de la diplomatie tunisienne n’avait fait qu’aggraver la confusion ; en effet ladite diplomatie avait usé et abusé de l’inflation verbale concernant les droits de l’homme et le souci de promouvoir la modernité, d’autant plus que « le régime tunisien avait fait ses preuves comme pionnier dans la répression du danger montant du fondamentalisme et l’extrémisme religieux en Tunisie et dans toute la région ». Les autorités tunisiennes avaient consacré des sommes colossales pour mettre en oeuvre des moyens de renseignements performants et mobiliser des propagandistes spécialisés, déployés dans la plupart des capitales occidentales, du genre de « l’agence de communication extérieure » à la triste réputation ;  tout cela pour circonscrire les combats des militants de la communauté tunisienne à l’étranger et embrouiller leurs activités, allant jusqu’à se venger par des actes de violence visant certaines figures emblématiques du mouvement démocratique et à faire circuler de fausses rumeurs à leur égard, essayant vainement de camoufler la répression systématique.

4. La signature d’un Accord d’Association entre l’Union Européenne et la Tunisie en 1995 qui avait ouvert de nouveaux horizons. Le mouvement des droits de l’Homme devait tenir compte de cet Accord et en prendre son parti pour l’exploiter comme arme contre la diplomatie officielle.

Il est évident qu’aucun de ces éléments, pris séparément, n’était suffisant pour entreprendre cette aventure. Il fallait que les militants de cette cause, forts de leur expérience et des relations qu’ils avaient établies dans les pays d’accueil et des liens qu’ils avaient gardés avec les milieux agissants en Tunisie, les considèrent dans leur globalité et dans toutes leurs dimensions.

 

II. Le Comité comme nouvel acteur et comme une passerelle :

 

Le Comité a structuré son action dès le début en s’appuyant conjointement sur les données, les événements et les dynamiques de l’intérieur du pays d’un côté et sur les opportunités et les espaces offerts par l’agenda extérieur en France, en Europe et sur le plan international, au niveau de l’opinion publique et des institutions d’un autre côté. En cela nous étions le porte-voix et l’initiateur sur le plan des médias étrangers et la passerelle entre les forces agissantes un peu partout et ce, pour mobiliser le soutien international. Nous voulions ainsi briser le silence médiatique et desserrer l’étau de la répression qui se serrait sur les militants. Nous estimons avoir contribué à leur assurer le minimum de protection et à donner sens à leur lutte au sein du pays.

Le Comité a aidé autant que faire se peut à mobiliser les moyens matériels et politiques. Il a investi ses relations et les positions qu’occupaient ses membres actifs et ses sympathisants dans le but d’apporter tous les soutiens au mouvement des droits de l’homme et aux défenseurs des libertés en Tunisie. Toutes ces actions ont fini par donner leurs fruits et ce, à deux niveaux :

1.     Malgré l’avance prise par le régime tunisien et l’accaparement des champs diplomatiques et médiatiques à l’étranger, les énormes moyens financiers consacrés à sa propagande, le Comité a contribué à dynamiser les luttes développées à l’intérieur même du pays. Nous avons ainsi repris l’initiative en coupant l’herbe sous les pieds du pouvoir dictatorial. Et ce, pour mobiliser le soutien international, briser le silence médiatique et desserrer l’étau de la répression qui enserrait les militants.

2.     Le mouvement des droits de l’homme, et plus largement, le mouvement de protestation en Tunisie, a investi de nouveaux espaces. Ses figures emblématiques, hommes et femmes, ont noué des relations directes, voire personnelles, qui ont renforcé notre contre-pouvoir et amélioré nos influences dans le monde des médias et auprès des institutions et associations, et ce, sur tous les plans, national, régional et international.

 

Le Comité à constamment considéré son soutien aux victimes de la répression politique comme un volet essentiel de sa mission. Outre ses efforts ininterrompus tendant à rendre l’information accessible sur les violations des droits humains, le Comité s’est attaché à organiser, tantôt seul, tantôt en étroite collaboration avec ses partenaires, des missions d’observations et d’enquêtes composées d’avocats, de députés, de personnalités civiles et/ou politiques, en signe de soutien et de solidarité avec tous les persécutés. Moult Rapports ont été rédigés pour en témoigner.

 

Le despotisme ayant par ailleurs persisté dans la répression de tous ses adversaires, aggravant ainsi toujours davantage l’injustice avec son cortège de tragédies, la nécessité c’est du coup fait sentir chez nous d’approfondir notre travail de recensement et de redoubler d’efforts en vue de prospecter de nouvelles voies de dénonciation.

 

Nous avons très tôt apporté assistance (autant que faire se pouvait) aux expatriés et aux réfugiés. Des témoignages poignants ont été publiés. Un livre dénonçant l’usage quasi-systématique de la torture (en Tunisie) a été publié (Editions : Les Temps des cerises) ; plusieurs cahiers traitant, entre autres, des punitions collectives infligées aux familles et proches des victimes de la répression, ont également été édités ; des Rapports sur l’état des prisons tunisiennes, sur l’amnistie générale et sur l’indépendance de la justice (et le triste sort réservé par les autorités à l’Association des Magistrats Tunisiens) ont été publiés.

 

Ceci sans oublier les initiatives prises par le Comité —toujours en association avec ses partenaires nationaux et internationaux— en vue de dynamiser les outils et mécanismes onusiens et/ou internationaux dans le but de démasquer la politique répressive et liberticide du régime tunisien. Il en est ainsi de la première Motion votée par le Parlement Européen en 1996 ainsi que la singulière action initiée auprès de la Commission Contre la Torture de l’ONU, en 1998. D’autres démarches en amont et en aval de ces deux actions-phares ont été menées auprès des Groupes de Travail onusiens notamment celui sur les arrestations arbitraires. De même, nous avons pris activement part —en étroite collaboration avec les acteurs de la société civile— à l’organisation et la coordination de la visite, à Tunis, du Rapporteur spécial sur les libertés d’expression et d’information, en 1999. Le tout sans négliger notre rôle auprès du Haut Commissariat des Droits de l’Homme des Nations Unies…

 

L’ensemble de ses actions n’auraient pas pu voir le jour sans le concours de nos ami(e)s aussi bien en Tunisie qu’ailleurs.

 

Il convient d’ailleurs de rappeler, à ce propos, qu’une pleine mobilisation de la scène tunisienne a été indéniablement atteint dans cette période d’avant le revirement du 11 septembre 2001. Un rappel des principales dates y afférentes permettra sans doute de prendre la mesure du rôle qu’y a joué le Comité :

 

1.       la première concerne l’écho médiatique sans précédent qui a été réservé à la grève de la faim du journaliste Taoufik Ben Brik (avril 2000 et plusieurs mois après), ainsi que la dynamique politique et la mobilisation qui s’en sont suivies à l’échelle nationale et internationale. Il s’agit-là d’un évènement pour lequel le Comité s’est entièrement mobilisé —en dépit de nombreus quiproquos— tant matériellement que politiquement en vue de « fructifier » l’évènement auprès de la communauté tunisienne, des milieux institutionnels français comme européens… dans un esprit dévoué à la lutte pour les libertés, les droits de l’homme et la démocratie.

2.       la deuxième a trait à la nouvelle dynamique qu’a connue la scène politique tunisienne, attestant d’un éveil doublé d’une prise de conscience de l’importance croissante de l’action politique. Nous avions pu alors assister à l’éclosion d’initiatives et des débats fructueux tendant à rectifier les représentations et équations jusqu’alors dominantes dans les deux sociétés civile et politique, notamment en ce qui concerne les relations entre les deux « blocs » politique et associatif. Il en est résulté une réelle réhabilitation du rôle pionnier du politique. Ce qui a permis le passage d’une position purement défensive et contestatrice à une force d’opposition politique apte à concurrencer le régime : on en veut pour preuve que depuis mars 2000 on a assisté à une floraison d’Appels, de pétitions, de débats, lancés par les diverses familles politiques ou des personnalités indépendantes…

Le Comité a suivi attentivement et de très près ce « bouillonnement » et se tient d’ores et déjà prêt à inter-réagir avec de nouveaux partenaires d’essence politique et partisane, avec tout ce que cela implique comme exigences…

3.       on commence d’ores et déjà à saisir l’importance de la brèche ouverte dans le dispositif médiatique du régime —au prix fort des luttes et sacrifices consentis des années durant— et l’inauguration d’un contact direct avec de larges couches de la population tunisienne. Tout le monde, en effet, se souvient de l’échos populaire formidable d’un certain nombre de luttes portées par des figures emblématiques de l’opposition démocratique tunisienne (1999-2001) à travers leurs multiples prestations sur les chaînes satellitaires européennes et arabes (Al Mûstakella, Al Jazira, etc.), lesquelles, comme tout un chacun le sait, bénéficient d’une large audience auprès des tunisiens. Outre l’information, les articles de presse et les reportages diffusés par les plus grandes radios et journaux arabes et mondiaux.

4.       la réussite de la plus grande mobilisation nationale et internationale, qui s’est poursuivi de l’été 2000 jusqu’à la tenue du 5ème Congrès de la LTDH, en octobre de la même année. Les défis étaient, en effet, on ne peut plus grands eu égard notamment à la survivance des dégâts occasionnées par le 4ème Congrès. Le Comité a joué un rôle de premier plan dans le succès du 5ème Congrès et ce, grâce à ses rapports privilégiés avec d’éminents dirigeants de la Ligue et des leaders du mouvement des droits de l’homme et du mouvement démocratique tunisien et international concernés. Nous avions, à cette occasion, organisé de nombreuses rencontres et satisfaits aux conditions d’entente permettant le rapprochement entre les positions contradictoires. Nous avons également mobilisé tous nos moyens matériels et humains et avions organisé un important colloque consensuel, au Maroc, qui a réuni autours de la même table les principaux acteurs concernés par l’aboutissement et la réussite dudit Congrès.

 

III. Réajustements nécessaires dans des circonstances nouvelles et complexes :

 

      Cette brochure de présentation ne saurait répondre à la célébration de la décennie de la fondation du Comité si l’on négligeait d’évoquer l’important tournant que représente l’événement du 11 septembre 2001 et l’ensemble des impacts sur les plans, national, régional et international. On est en effet obligé de se référer au terrible coup qui a atteint les rapports de force et les équilibres internationaux et les tensions qui en ont résulté endommageant considérablement l’idée même des droits de l’homme face à la priorité absolue accordée aux considérations sécuritaires. Cet acte terroriste horrifiant a constitué un prétexte pour les dictatures en place, ainsi que pour les démocraties occidentales menées par les Etats-Unis, pour mettre en cause les acquis historiques dans les domaines des libertés privées et publiques. En effet, sur le plan des relations internationales, les gouvernements de ces pays se sont empressés d’opérer des révisions immorales de leurs alliances, et ce, au détriment des valeurs et principes humains universels qu’ils avaient en partage. Les Etats-Unis ont déclaré, avec la complicité des plus anciennes démocraties, une « guerre planétaire ininterrompue contre le terrorisme ». Les dictatures arabes, dont la Tunisie, ont trouvé ces situations propices pour se refaire une virginité et s’affranchir d’un certain isolement, afin de reprendre l’initiative, surtout sur le plan diplomatique et médiatique. Le gouvernement tunisien, fort de cette immunité, a alors occupé, une position importante parmi les partisans de « l’axe du bien ». Il en a aussi profité pour reprendre l’agenda qu’il avait différé luttant contre l’axe du mal en enterrant ce qui restait de la constitution tunisienne. Ainsi a-t-il organisé ses mascarades électorales et déclaré une guerre générale contre toute forme d’opposition (L.T.D.H, les professeurs universitaires, les avocats, les juges, les journalistes, les jeunes internautes, etc.) déployant ses appareils, policier, juridique et médiatique. Le gouvernement tunisien n’a-t-il pas béni les plus grandes campagnes de licenciement d’ouvriers et la fermeture d’entreprises dans différentes régions, continuant sans honte aucune à protéger les bandes corrompues et à fermer les yeux sur le pillage du pays. Le résultat était un déséquilibre profond du rapport de force entre le gouvernement d’une part et la société civile d’autre part. L’impact fut grand sur notre Comité vu la position qu’il occupait et la nature du message et du rôle qui sont les siens.

      Ce tournant a eu des effets négatifs sur notre action et nos relations avec les institutions européennes et internationales…d’autant plus que nous agissions selon un principe qui défend toutes les victimes de l’oppression et de l’injustice y compris les militants de l’opposition islamistes, et que nous croyons important et légitime le pari de l’intégration de l’islam politique modéré dans le jeu politique pour un changement démocratique pacifique dans la région arabe et musulmane.

      Comme d’autres, nous avons vécu des états d’inertie et de questionnement quant à la validité des concepts, surtout que le « le tremblement » a secoué beaucoup de valeurs et de critères que nous considérions comme autant de prémices et d’acquis définitifs dans la marche de l’humanité vers l’instauration de la souveraineté de la justice et la primauté du Droit. Il était nécessaire pour le Comité de reprendre son activité et de récupérer sa position malgré les difficultés du moment.

     Nous avons œuvré avec nos partenaires et les forces éclairées pour relever l’esprit de partenariat et nous nous sommes accordés un temps de réflexion pour rationaliser nos positions, notre rôle et nos priorités, ainsi qu’une vigilance rapprochée concernant la nouvelle donne en Tunisie et en Europe.

     Après quoi, nous avons démarré le renouveau de notre expérience que nous avons voulue plurielle et ouverte d’égal à égal entre les membres du Comité, les amis et les partenaires à l’extérieur comme à l’intérieur. Ensuite nous avons fait un bilan de synthèse conciliant toutes les participations et les opinions qui avaient opté à l’unanimité pour la nécessité de sauvegarder la dynamique du Comité, le considérant comme un acquis pour l’ensemble du mouvement démocratique et les forces affirmant les droits de l’homme en Tunisie. Ce moment d’évaluation partagée nous a aidés à identifier les nouveaux besoins de l’intérieur et nous a permis d’opérer les ajustements nécessaires quant à notre rôle, notre démarche et nos moyens.

 

     Nous nous sommes assignés quatre thèmes prioritaires pour nos interventions à venir :

     La question de l’indépendance de la justice, des juges et des avocats.

     Le dossier des prisonniers politiques et l’exigence d’une amnistie générale.

     Les médias et la liberté d’expression et d’opinion.

     Le dossier des droits économiques, sociaux et culturels.

 

Nous avons également élargi la mission du Comité pour travailler sur la question de la démocratie. D’où notre ouverture sur les différents acteurs politiques aussi bien locaux qu’internationaux. Nous étions déterminés à mettre tout en œuvre tant sur le plan matériel qu’organisationnel mieux à même de réaliser cet objectif. En effet, outre notre champ d’action originaire consistant dans la défense des libertés et des droits de l’homme ( actions auprès des médias, organisations de compagnes d’information, le soutien aux défenseurs des droits de l’homme), le Comité a — notamment durant les quatre dernières années — inscrit le soutien au combat démocratique de l’intérieur à la tête de ses priorités : nous avons créé des espaces de rencontre et de débats aussi bien en France qu’ailleurs, destinés à l’opinion publique et aux décideurs. En cela nous avons préféré donner la parole aux différentes sensibilités sans exception ni exclusive. A cet effet, le Comité s’est assigné pour tache de faciliter les rencontres mettant ainsi à profit la crédibilité dont il jouit auprès des démocrates et des défenseurs des droits de l’homme aussi bien tunisiens qu’européens, jouant ainsi le rôle de facilitateur et de multiplicateur des points de rencontre entre les différents acteurs … dans le but d’élargir le champ des luttes et d’étendre ses perspectives. A titre d’exemple, nous nous contenterons de citer les colloques suivants : le meeting du 18 mai 2002 organisé à Paris à la veille du référendum sur la Constitution ; le meeting du 16 octobre 2004, également à Paris, à l’occasion des élections présidentielle et législative ; le colloque tenu à Bruxelles du 2 au 4 juin 2005 sur l’Accord d’Association UE-Tunisie ; la grande campagne européenne organisée entre le 12 et 17 décembre 2005 au lendemain du SMSI et de la grève de la faim collective du 18 octobre de la même année, etc.

Tout au long de notre activité, nous avons été guidés par trois principes indérogeables :

 

1.       Le rejet de toute exclusion vis-à-vis des composantes de l’opposition, des organisations de défense des droits civils et politiques réellement indépendantes et crédibles

2.       La nécessité d’associer les acteurs et amis français et européens dans nos activités et le refus de nous cantonner dans des sphères tuniso-tunisiennes.

3.       Faire tout notre possible afin de réunir les différents acteurs politiques et associatifs autours de la même table chaque fois qu’il s’est agi de traiter des questions d’intérêt national.

    

Par ailleurs le Comité se félicite de sa présence notable au sein des structures maghrébines et arabes des droits humains. Ce qui nous a permis de prendre davantage conscience de l’interpénétration et de l’interdépendance entre la situation propre à la Tunisie et ce qui se décide stratégiquement à l’échelle internationale…

C’est ainsi que le Comité a pu aider les composantes de la société civile tunisienne à occuper des positions remarquables au sein des dynamiques et espaces régionaux et internationaux, tels que les forums civils et sociaux. De même il n’a pas manqué de prendre part aux initiatives portant sur l’organisation de rencontre et ateliers et réflexions sur les stratégies de réforme démocratiques dans la région. Il a également contribué très activement à la mise en place de réseaux de travail commun arabe, maghrébin et euro-méditerranéen, tels que le Réseau Euro-Méditerranéen des droits de l’homme, la Coordination Maghrébine des Droits de l’Homme ou le Forum Social Maghrébin, le tout dans une perspective alter-mondialiste.

Dans le même ordre d’idées, et afin que la lutte pour la démocratie en Tunisie puisse intégrer cette dimension régionale et internationale irréductible, le Comité n’a eu de cesse d’apporter son soutien au Forum Social Tunisien depuis l’éclosion de l’idée de sa création et durant toutes les étapes qui s’en sont suivies.

 

Nous sommes, au sein du Comité, déterminés à poursuivre nos efforts, à partir de nos propres positions et spécificités, dans la bataille pour la liberté et pour la démocratisation de la Tunisie. Aussi, nous nous engageons à maintenir ce cap dans le respect de nos principes fondamentaux et tout en restant fidèles à nos engagements à l’égard de nos partenaires, aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger.

Quant aux incriminations et campagnes diffamatoires dont nous avons été l’objet de la part du pouvoir et ses valets, elles ne recevront de notre part que mépris et dédain. En effet, notre Comité a eu pour constante et ce, depuis sa création, la transgression des « lignes infranchissables » imposées par le régime en vue d’intimider ses adversaires ; lignes qu’il brandissait face à tous pour, d’une part, embellir son image à l’étranger et, d’autre part, dissimuler sa nature despotique.

Nous avons, avec d’autres, fait connaître avec force les revendications relatives aux libertés et à la démocratie. De même, nous avons servi de relais aux leaders et défenseurs des droits humains pour qu’ils puissent tisser des relations internationales durables. Le tout ayant dessiné les contours d’une politique étrangère alternative au détriment de la diplomatie officielle. Ce faisant nous avons ébranlé la première ligne rouge et invalidé l’effet de l’épouvantail de la trahison nationale brandit par le pouvoir.

S’agissant de la deuxième ligne rouge que nous avons contribué à franchir et affaiblir, elle concerne l’amorce d’une normalisation avec « l’ogre » islamiste, classé — naturellement — par le régime dans la « catégorie de terroristes infréquentables », légitimant, par là-même, sa liquidation et interdisant à la société de défendre leurs droits civils et politiques.

Notre Comité a œuvré, par principe et en toute transparence, en vue de la levée de cet ostracisme et pour l’instauration d’un dialogue constructif, pluraliste et ouvert en faveur des droits et de la liberté de tous.

La commémoration du 10ème anniversaire du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie, est pour nous l’occasion de partager un moment de joie et de convivialité avec tous nos amis. C’est aussi l’occasion de les inviter à partager nos préoccupations et réflexions. Nous organiserons, à cet effet, deux ateliers dédiés à deux questions cruciales qui méritent d’être revisitées et débattues de manière contradictoire.

 

La première : revisiter, encore une fois, les Accords de partenariat U.E-Tunisie du point de vue de la société civile. Il y sera question de s’interroger sur la légitimité et la pertinence du passage d’une « stratégie d’accompagnement critique » à d’autres alternatives, y compris celle de la demande de suspension (totale ou partielle) desdits Accords.

 

La deuxième : nous vous proposons, d’autre part, de vous joindre au Comité pour débattre de la problématique de la transition démocratique en Tunisie et de ses obstacles immédiats. L’objectif étant de rechercher des éléments de réponse concrets pouvant aider à dépasser le blocage actuel. Nous aborderons également le rôle du mouvement des droits de l’homme dans cette donne politique.

 

Nous espérons de la sorte offrir à tous un espace public pluraliste et démocratique mieux à même de permettre le déploiement d’un débat contradictoire et constructif.

Ceci sera également l’occasion pour nous de tirer profit des contributions escomptées en vue d’affiner notre stratégie d’action et de donner plus de consistance au mots d’ordre puisés dans ces deux domaines respectifs.

 

 

Le succès du Comité est, sans doute, la preuve de ce qu’il a été une bonne réponse à de vraies questions. Il est aussi la résultante de l’esprit réformiste qui habite ses animatrices et animateurs, ainsi qu’à la démarche consensuelle qui lui est inhérente ; en ce sens où il a toujours privilégié le rassemblement du plus grand nombre sans discriminations ni exclusives.

 

Le parcours du Comité est avant tout un parcours humain et volontariste. Comment pouvait-il en être autrement, dès lors qu’il a réussi à inventer un cadre qui a pu accueillir en son sein des militants d’horizons, de nationalités et de sensibilités différentes, voire même parfois contradictoires.

 

Nous sommes donc, bel et bien, en présence d’une aventure humaine qui n’aurait manifestement pas pu voir le jour et évoluer sans la solidité des liens d’amitié, de confiance et de respect qui unissaient (et unissent toujours) ses membres et leurs partenaires, et ce tout le long de son parcours !

 

 

Paris, 12 décembre 2006.

_________________________________________________ C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34 crldht@aol.com / www.crldht.org  


Tunisie : Maître Abbou(1) attend seul, dans sa prison.

Pendant que la police filme l’agression de sa femme…

 

Genève-Paris, le 11 décembre 2006. L’Action des chrétiens pour l’abolition de la tortore (ACAT-France), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de leur programme conjoint, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, sont indignés et profondément choqués par l’agression extrêmement violente qui s’est produite le 7 décembre 2006, et dont ont été victimes Mme Samia Abbou (épouse de Me Abbou), M. Moncef Marzouki (opposant politique), M. Samir Ben Amor (avocat) et M. Slim Boukhdir (journaliste), alors qu’ils tentaient de rendre visite à Maître Abbou dans sa prison du Kef. Me Mohamed Abbou est membre de l’Association internationale pour le soutien des prisonniers politiques (AISSP) et ancien dirigeant du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) (1).

 

170 km de calvaire pour tenter d’arriver à la prison du Kef

Chacune des visites hebdomadaires de Mme Samia Abbou à son époux, incarcéré depuis  près de deux ans à 170 km de leur domicile, s’avère une véritable expédition parsemée de contrôles, de barrages et d’actes de harcèlement, qui visent à empêcher tout contact de Me Abbou avec l’extérieur et à intimider les personnes qui le soutiennent. Parfois, comme le 7 décembre 2006, plus de 40 policiers sont déployés aux barrages!

 

Comité d’accueil, voyous qui frappent, police qui filme

Après six heures de route, le franchissement de neuf barrages, une altercation très violente  à la sortie d’un restaurant avec des « voyous », Mme Abbou, M. Marzouki, M. Ben Amor, et M. Boukhdir sont arrivés à  Kef et ont eu la triste surprise d’y être « accueillis » par une trentaine d’hommes.

Ces derniers s’en sont pris physiquement à Mme Abbou et ses compagnons qui tentaient d’entrer dans la prison, en présence de nombreux policiers qui auraient filmé la scène sans toutefois intervenir

Le véhicule de Me Ben Amor, dans lequel Mme Abbou et ses compagnons se sont réfugiés, a été la cible de jets de pierres par leurs assaillants. Extrêmement choqués, les militants se sont résignés à rebrousser chemin.

« C’est insupportable et inhumain. Nous avons été empêchés, par la force, de rester au Kef, frappés, insultés par des voyous sous les yeux de la police qui a filmé la scène» déclare Mme Samia Abbou, très affectée par ce nouvel épisode de harcèlement. « Je dois voir mon mari, la prochaine fois, je rentrerai dans la prison, coûte que coûte ! »

 

Des harcèlements constants

Mme Samia Abbou et ses proches font l’objet d’actes de harcèlements récurrents depuis l’arrestation de son époux. En octobre dernier, l’ensemble de son quartier avait été bouclé par les forces de l’ordre, en réponse à la réunion de familles de prisonniers qu’elle avait organisée à son domicile (Cf Communiqué de presse de l’ACAT-France 27 octobre 2006). Mme Samia Abbou et ses enfants avaient alors été victimes d’une véritable démonstration de force de la part de membres d’une milice proche du pouvoir, tandis que deux membres d’une famille de détenu qui avaient participé à ce rassemblement avaient été arrêtés et violemment battus.

 

Nos organisations rappellent par ailleurs que M. Moncef Marzouki est placé de facto en résidence surveillée, un dispositif policier déployé devant sa résidence de Sousse l’empêchant de sortir depuis son retour récent en Tunisie, après cinq années d’exil en France (cf. communiqué de presse de l’Observatoire, 6 décembre 2006).

 

En conséquence, nos organisations appellent les autorités tunisiennes à mettre un terme immédiat aux  actes récurrents de harcèlement et de violence à l’encontre des proches de Me Abbou, et demandent la libération de ce dernier dans les plus brefs délais, la condamnation prononcée à son encontre étant manifestement de nature politique et arbitraire.

 

1 Mohammed Abbou est emprisonné depuis le 1er mars 2005 à la prison du Kef. Condamné le 29 avril 2005 à trois ans et six mois de prison, à l’issue d’un simulacre de procès, sa peine a été confirmée en appel deux mois plus tard. Il a été condamné notamment pour la publication sur Internet d’un article dans lequel il comparait les tortures infligées à des prisonniers politiques en Tunisie aux exactions de soldats américains commises sur les détenus d’Abou Ghraib.

 

CONTACTS

ACAT-France Sophie CROZET – Tél. : + 00 331 40 40 02 10 – sophie.crozet@acat.asso.fr

FIDH : Gaël GRILHOT – Tél. : + 00 331 43 55 90 19 – ggrilhot@fidh.org

OMCT : Delphine Reculeau – Tél : +00 41 22 809 49 39 – dr@omct.org

 

 


 

 

 

Lettre ouverte adressée par des parents d’élèves de l’école tunisienne de Doha au Président tunisien

Doha, le 13 Décembre 2006

 

A Son Excellence Monsieur Le Président de La République Tunisienne

Zine El Abbidine Ben Ali.

Monsieur Le Président,

 

Encore une fois on se trouve oblige de vous écrire, nous Tunisiens résidents au Qatar et parents d’élèves de l’école Tunisienne a Doha après avoir suivi dans les medias Tunisiens la conférence sur le rôle de la famille et de l’école dans l’instauration du dialogue des civilisations et des cultures organise par le RCD a l’occasion de la journée nationale de la famille et on a été très ravi par cette conférence vu le rôle que joue et la famille et l’école dans ce domaine et vu le niveau auquel est arrivée la société Tunisienne mais notre surprise était grande en suivant l’intervention de Monsieur le président de l’OTEF en insistant sur le rôle du dialogue pour atténuer toutes les tensions…or il s’ avère que la faille entre la pratique et la théorie de ce responsable est énorme car Monsieur Ben Othman n’a jamais était un homme de dialogue et ne le sera jamais depuis son passage a la tête du ministère de l’éducation jusqu’à son poste actuel a l’OTEF.

 

Monsieur le Président,

ce responsable n’a jamais voulu accepter les divergences d’avis et en ce qui nous concerne, il n’a jamais entendu nos appels concernant ses choix chaotiques et il est encore entrain de se battre pour les imposer a travers des représentants au sein de notre école qui ne font que la piller et instaurer un système mafieux et pourri qui ne leurs est pas étranger surtout ce coordinateur général au passe connu par tout le monde de l’OTEF et encore plus son président qui demeure sans actions devant les dépassements enregistrées durant ces deux années passées a l’école.

 

Monsieur le Président,

cette situation ne fait que s’empirer d’un jour a l’autre surtout depuis la fermeture de notre ambassade a Doha et ce coordinateur s’est donne un statut consulaire en se présentant dans les journaux Qatariens en tant que coordinateur de la communauté Tunisienne (voir Acharq du 03/12/06) ce qui ne nous honore guère et encore moins la Tunisie.

 

Devant ces faits qui ne font que s’accumuler nous vous demandons Monsieur Le Président de bien vouloir résoudre le problème de notre chère école en l’assainissant du coordinateur et de son comptable malhonnête quitte à lui trouver une nouvelle tutelle tant que l’actuelle ne favorise les dialogues que dans les salons.

 

Veuillez agréer Votre excellence nos profonds respects et notre énorme gratitude.

 

Au nom de la communauté Tunisienne au Qatar

 

 

 


 

 

L’un hérite, l’autre pas

« Mohammed Youreth wa Mohammed mayoureth » (proverbe tunisien)

 

Moi, Belgacem M’saddak, originaire du Sud tunisien (Bechri-Kebili), réfugié tunisien en France, affirme que mes filles Yasmine M’saddak, étudiante en première année de l’institut des Beaux-Arts à Tunis, et Mariam M’saddak, étudiante en première année à l’institut supérieur des sciences et techniques des eaux à Gabès, ont déposé leur demande de bourse pour l’année 2006-2007 et ne l’ont pas obtenue, car leur père est un opposant.

 

Sachant que les bourses sont offertes par l’UNESCO, les responsables tunisiens considèrent que ces étudiants, enfants d’opposants, doivent subir les conséquences des activités de leurs parents. Et ce qui est arrivé à mes filles relève de la routine : il s’agit là d’une pratique courante.

 

Question : où est passé l’argent qui aurait dû être attribué aux enfants des opposants?

 

Belgacem M’saddak, le 13 décembre 2006

 

 

 


 


Tunisie: pour la première fois une femme brigue le leadership d’un parti politique

 Associated Press, le 12 décembre 2006 à 18h34 TUNIS (AP) — Militante depuis sa prime jeunesse dans les rangs de l’opposition, une femme tunisienne, Maya Jribi, a annoncé lundi sa candidature à la tête du Parti démocratique progressiste (PDP), l’une des neuf formations politiques légales du pays, qui tiendra son congrès à partir du 22 décembre.  Membre fondateur du PDP, cette biologiste de formation actuellement à la tête d’un bureau d’études privé, fait partie du bureau politique de ce parti qui s’est forgé la réputation d’être l’une des principales formations de l’opposition en Tunisie. Elle est pour l’instant la seule candidate à la succession du charismatique chef du PDP, l’avocat Néjib Chebbi. Forte du « large soutien » dont elle estime bénéficier auprès de nombre de ses collègues, elle s’apprête à faire le tour du pays pour mener campagne dans les 19 fédérations que compte le PDP. Outre le rajeunissement et la féminisation des cadres, les revendications démocratiques seront l’un des chevaux de bataille de cette femme de 46 ans au physique frêle mais mue par une solide conviction. Elle fait sienne les requêtes du « Mouvement du 18 octobre pour les droits et les libertés » que sont la liberté d’organisation, la liberté d’expression et la promulgation d’une amnistie générale, « sans lesquelles une décrispation du climat politique ne peut être possible ». Réaliste, elle se dit consciente que « la tâche n’est pas aisée dans un contexte de blocage. Mais nous militerons selon les possibilités existantes », a-t-elle confié lors d’un entretien avec l’Associated Press.  A la tête du PDP depuis sa fondation en 1983 et sa légalisation en 1988, le secrétaire général sortant a quant à lui annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. A travers cette prise de position, il entend lancer deux messages à l’opinion publique et au pouvoir, d’abord celui de l’alternance « en commençant par nous-mêmes », ensuite « pour dire à l’élite et aux indépendants que le PDP est une institution qui fonctionne selon les règles démocratiques et qui est ouverte à toutes les potentialités ».  « Ce retrait n’est pas une démission de la vie politique. Je resterai membre actif du PDP », a martelé Me Chebbi, âgé de 63 ans.   Associated Press  

Le corps repêché dans un canal près de Nantes est celui de Taoufik el-Amri, confirme l’avocat de la famille

 
 Associated Press, le 13 décembre 2006 à 10h22 PARIS (AP) — Me Gilbert Collard a confirmé mercredi que le corps repêché mardi après-midi dans le canal Saint-Félix à Nantes est bien celui de Taoufik el-Amri, l’ouvrier tunisien de 33 ans, disparu depuis une vingtaine de jours.  « Sa femme espérait toujours qu’il était encore en vie. J’ai eu le sinistre privilège de lui annoncer la mauvaise nouvelle », a dit Me Collard sur RTL avant de déplorer: « Pendant tout le temps où elle a dû attendre, elle n’a eu aucune nouvelle » de la part des autorités.   A propos des circonstances de la mort de Taoufik el-Amri, l’avocat s’est refusé à tout spéculation, expliquant que « pour avoir des résultats précis d’autopsie, il va falloir attendre une quinzaine de jours ».  Interrogé sur une éventuelle « bavure policière » alors que trois policiers ont été placés en garde à vue depuis mardi après-midi par des enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), Me Gilbert Collard a répondu: « je ne veux pas être bêtement catégorique sans avoir d’éléments objectifs mais cette affaire ne sent vraiment pas bon ».  « Ce sont les conditions de l’interpellation qui me poussent à croire à quelque chose de grave du côté policier. Je n’arrive pas à comprendre que l’on puisse contrôler quelqu’un sans le contrôler. Pourquoi ce jeune homme a été interpellé alors que l’on ne trouve nulle part la trace de son interpellation », a encore dit Me Collard.  De source policière, on précisait mercredi que le corps repêché mardi dans le canal Saint-Félix à Nantes (Loire Atlantique) était bien celui de Taoufik el Amri. Selon une première autopsie, l’homme aurait succombé à une noyade. Les premières constatations médico-légales n’ont pas décelé de traces de coups ou de violences particulières.  Son corps avait été repêché mardi vers 16 heures dans ce canal proche du centre-ville où un riverain avait également retrouvé son portefeuille. Le téléphone mobile du disparu ainsi qu’un porte-clés trouvés sur ce cadavre avaient rapidement permis de confirmer son identité.   

Nantes – El-Amri mort noyé, 3 policiers en garde à vue

 Reuters, le 13 décembre 2006 à 09h07 NANTES, Loire-Atlantique, 13 décembre (Reuters) – Le corps d’un homme retrouvé noyé dans un canal de Nantes a été identifié comme étant celui d’un ouvrier tunisien, Taoukif el-Amri, qui avait disparu le 22 novembre, rapporte-t-on mercredi de source policière. Trois policiers qui avaient procédé à un contrôle de cet homme de 33 ans peu avant sa disparition sont en garde à vue. D’après le premier résultat de l’autopsie, il est mort « par noyade et aucune trace traumatique n’a été retrouvée sur son corps », a-t-on précisé de même source. Des examens complémentaires sont en cours. Taoufik el-Amri avait disparu après une brève interpellation par la police dans le centre de la ville. Son cadavre a été repêché mardi en aval du canal Saint-Félix, non loin du lieu où un homme avait retrouvé son portefeuille. Cet homme, qui vit sur une péniche sur ce canal, avait remis à la police lundi des papiers appartenant à la victime, notamment sa carte d’identité et sa carte bancaire. Il dit les avoir trouvés le 24 novembre, a rapporté mardi le procureur de la République de Nantes, Stéphan Autin, lors d’une conférence de presse tenue avant la découverte du corps. Trois policiers enquêtant sur un vol à l’arraché avaient interpellé Taoufik el-Amri, alors qu’il sortait d’un bar avec deux amis. Après l’avoir brièvement interrogé et constaté qu’il ne correspondait pas au signalement, les policiers disent l’avoir remis en liberté. L’homme n’était depuis lors plus réapparu. Deux jeunes filles affirment avoir vu les policiers relâcher l’ouvrier tunisien, mais à plusieurs centaines de mètres de l’endroit indiqué par les fonctionnaires. Le procureur de la République a expliqué avoir confié une enquête préliminaire à l’Inspection générale de la police nationale « pour être précisément informé sur les incohérences qui ont été relevées dans les déclarations des trois fonctionnaires », déclarations selon lui « contradictoires ». Me Gilbert Collard, avocat de Priscilla el-Amri, épouse de la victime, a dénoncé les « invraisemblances » de l’enquête et condamné le « dédain » avec lequel ont été traités, selon lui, les membres de la famille. Le Parti socialiste a exigé que le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, rende publiques « toutes les informations dont il dispose sur cette affaire ». « La disparition, en pleine nuit, d’un jeune homme d’origine maghrébine, puis sa mort inexpliquée évoquent de façon inquiétante certaines heures sombres de notre histoire », ajoute le PS dans un communiqué.   

Trois policiers français en garde à vue après la mort d’un ouvrier tunisien

    AFP, le 13 décembre 2006 à 13h02     NANTES (France), 13 déc 2006 (AFP) – Trois policiers français  qui avaient contrôlé Taoufik el-Amri, un ouvrier tunisien dont le  corps a été découvert mardi dans un canal à Nantes (ouest), trois semaines après sa disparition, étaient toujours en garde à vue  mercredi.     Ils sont entendus dans le cadre de l’enquête ouverte mardi par  le procureur de la République Stéphan Autin sur des « contradictions  importantes » entre leurs déclarations et celles des témoins.     L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police  des polices », a été chargée d’une enquête. Elle avait déjà été  saisie vendredi par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy qui a  exigé un rapport « pour savoir ce qui s’est passé ».      Les premiers éléments de l’autopsie ont montré que Taoufik  el-Amri était « mort par noyade et aucune trace traumatique n’a été  trouvée sur son corps », selon une source policière.     Le cadavre a été repêché mardi après-midi sous une péniche, près  d’un ponton, non loin du lieu de la découverte du portefeuille du  jeune père de famille contenant sa carte d’identité et sa carte  bleue.     Le député-maire socialiste de Nantes, Jean-Marc Ayrault, a  demandé mercredi que « toute la lumière » soit faite.     Selon le procureur, l’enquête a mis en évidence des  contradictions sur trois points: les lieux où le contrôle a été  effectué et où M. el-Amri a été relâché, son degré d’ébriété et « la  nature des opérations du contrôle » menées.     Les enquêteurs vont s’attacher à faire la lumière sur ce qui  s’est réellement passé dans la nuit du 22 au 23 novembre, entre  00H10 et 00H15, lors du contrôle d’identité de M. el-Amri.     Des témoins, qui affirment avoir assisté à la sortie de M.  el-Amri du fourgon de police, ont indiqué que le jeune ouvrier  semblait normal.     Me Gilbert Collard, l’avocat de Priscilla, la femme de Taoufik  el-Amri, précise qu’il peut y avoir « trois options » dans cette  affaire, dont la « non-assistance à personne en danger », si les policiers ont laissé l’homme repartir ivre. « Si tel est le cas, ils  sont responsables », a indiqué l’avocat à l’AFP mercredi matin.     La Tunisie avait demandé des informations à la France sur cette  affaire avant la découverte du corps.   AFP


Affaire Taoufik el-Amri: les policiers toujours entendus

 

L’autopsie révèle que le corps repêché dans le canal est bien celui de Taoufik el-Amri, mort par noyade. Son cadavre ne porte aucune trace de coups. Des examens complémentaires sont en cours. Les trois policiers, en garde à vue depuis mardi après-midi, sont entendus.

 

LE CORPS de Taoufik el-Amri, un ouvrier tunisien de 33 ans dont on était sans nouvelles depuis le 23 novembre, a été repêché hier dans les eaux du canal Saint-Félix, à Nantes, et les trois policiers qui l’avaient contrôlé juste avant qu’on ne perde sa trace ont été placés en garde à vue.

 

Depuis le matin, les pompiers avaient concentré leurs recherches sur ce bras d’eau car, la veille, le propriétaire d’un bateau amarré à cet endroit avait remis à la police le portefeuille de Taoufik el-Amri, trouvé quelques jours plus tôt le long des berges du canal. Le corps du jeune homme a été transporté hier à l’Institut médico-légal et des examens devront être pratiqués pour connaître les causes de la mort. L’absence d’eau dans les poumons signifierait une mort antérieure à la chute dans le canal.

 

Pour l’heure, on ignore ce qui est arrivé à Taoufik, un ouvrier en bâtiment, itinérant et jeune père de famille, brutalement disparu dans la nuit du 22 au 23 novembre à Nantes, juste après un contrôle de police. Crime ou accident ? Aucune hypothèse n’était écartée hier.

 

Mais il apparaît désormais que les fonctionnaires de la compagnie départementale d’intervention (CDI), qui ont interpellé Taoufik cette nuit-là, ont menti aux enquêteurs de la police judiciaire chargés d’élucider l’affaire. Ils ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête préliminaire confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Le procureur de Nantes, Stéphan Autin, a annoncé que l’IGPN était saisie pour faire la lumière « sur les déclarations contradictoires et incohérentes » des forces de l’ordre. Sans parler de mensonges, le magistrat a indiqué que ces « déclarations n’étaient pas apparues spontanées ». En clair, les policiers se seraient concertés pour faire tenir une version.

 

Plusieurs points litigieux vont être vérifiés. À commencer par les conditions du contrôle, sur le cours des Cinquante-Otages, en centre-ville. Les indications des policiers sont contestées par des témoins. Seule certitude : le contrôle a bien eu lieu à minuit passé, comme ils l’affirment depuis le début.

 

«Totalement ivre»

 

Il s’agira aussi de vérifier « le degré d’imprégnation alcoolique de Taoufik el-Amri ». Là encore, les déclarations des policiers indiquant qu’il n’était pas ivre sont battues en brèche par des témoignages. Ainsi, les deux amis de Taoufik el-Amri qui l’accompagnaient ce soir-là. « Il avait passé la soirée à boire une bouteille de Ricard qu’il avait emportée avec lui, et de la bière dans un bar. Il était totalement ivre et zigzaguait », certifie Mansour Benchenina.

 

Ces déclarations rejoignent celles d’autres personnes entendues. Des étudiantes auraient vu l’ouvrier sortir du fourgon de police en titubant, puis le véhicule s’éloigner. Une précision capitale sur le rôle des policiers.

 

Enfin, la « police des polices » devra établir comment les fonctionnaires de la CDI ont recueilli l’identité de l’ouvrier. Selon eux, ce dernier a décliné son nom et prénom sans présenter de pièce administrative. « Faux », selon le deuxième ami de la victime, Jhaider Jehwder, certifiant « qu’il a montré ses papiers ». La découverte du portefeuille de Taoufik el-Amri semble aller dans ce sens : il contient la carte d’identité tunisienne du jeune homme. Enfin, les policiers ont parlé d’un attroupement au cours du contrôle justifiant leur décision « d’embarquer » l’ouvrier dans leur voiture, un point démenti par plusieurs témoins. Surtout, les policiers vont devoir expliquer pourquoi ils ont prétendu dans un premier temps avoir relâché Taoufik el-Amri très loin du canal, à plusieurs centaines de mètres de l’endroit où il est effectivement sorti du fourgon.

 

Au fil des déclarations, les fonctionnaires de la CDI donnent la fâcheuse impression de vouloir dis­simuler une quelconque vérité. L’enquête devrait au minimum révéler des méthodes bien peu réglementaires utilisées par des policiers qui n’avaient consigné cette opération de contrôle sur aucun registre.

 

(Source : « Le Figaro.fr, le 13/12/2006)


Trois policiers placés en garde à vue après la découverte du corps de Taoufik El-Amri

Yves Bordenave et Piotr Smolar

 

Le corps repêché, mardi 12 décembre, peu avant 16 heures dans le canal Saint-Félix à Nantes est celui de Taoufik El-Amri. Selon les premiers éléments de l’autopsie, cet homme de 33 ans, originaire de Tunisie, disparu depuis le 22 novembre, est mort noyé.

 

Aucune trace de coups n’a été relevée sur le cadavre, identifié grâce à son téléphone portable. Des ecchymoses superficielles ont été constatées sur une épaule et un bras, peut-être causées par les frottements du corps avec le ponton sous lequel il a été retrouvé, non loin de l’emplacement signalé par deux témoins, lundi 11 décembre.

 

Les recherches ont été menées dans le canal, car, la veille, un homme résidant sur une péniche avait signalé la découverte sur une berge, deux jours après la disparition, du portefeuille de la victime. Une nouvelle enquête de voisinage doit être organisée dans les environs du canal, dans l’espoir de trouver un témoin des derniers instants de M. El-Amri.

 

Les trois policiers qui avaient interpellé M. El-Amri dans la soirée du 22 novembre ont été placés en garde à vue, mardi soir à Nantes, par les enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), saisis la veille – avant la découverte du corps – par le procureur, Stéphane Autin.

 

Mercredi matin, les trois gardiens de la paix devaient être interrogés sur les contradictions relevées dans leurs récits, à la lumière notamment du témoignage de deux jeunes femmes. Le procureur a ainsi estimé que « les déclarations des policiers n’étaient pas apparues spontanées ». Les fonctionnaires prétendaient avoir relâché M. El-Amri à plusieurs centaines de mètres de l’endroit où les témoins situent la scène. Ils disaient aussi que la victime n’avait pas de papiers d’identité sur lui, alors que son portefeuille a été retrouvé sur les berges.

 

Enfin, des divergences demeurent sur l’appréciation du degré d’ivresse de M. El-Amri, et, donc, sur la question de savoir si les policiers ont eu tort de ne pas le conduire en cellule de dégrisement, au commissariat. Selon des responsables policiers, il est vraisemblable que les trois hommes ont paniqué, en raison de l’écho médiatique de la disparition de M. El-Amri, et ont accommodé le récit de la soirée.

 

Si les circonstances exactes de la mort de M. El-Amri restent encore à déterminer – est-il tombé tout seul, par ivresse, ou a-t-il été poussé ? -, les mensonges des policiers pourraient leur coûter cher. Mercredi matin, un magistrat de la chancellerie n’excluait pas qu’ils puissent être poursuivis pour « mise en danger de la vie d’autrui, sous réserve du résultat des investigations« .

 

Indépendamment de l’issue de l’information judiciaire confiée à la juge d’instruction Nathalie Clavier, les policiers sont passibles de sanctions administratives pour faux témoignages. Pour sa part, Me Gilbert Collard, avocat de Priscilla El-Amri, l’épouse de Taoufik, a dénoncé « les invraisemblances et le dédain avec lequel ont été traités les membres de la famille« .

 

(Source : « Le Monde » du 14 décembre 2006)

 


 

 

La gifle de Federico Mayor au « 7 novembre »

 
Fatima Kabba *** Federico Mayor, l’ancien Directeur général de l’UNESCO et éminente figure du monde la culture et du savoir, a été l’invité vedette du Colloque international que les autorités dirigeantes du RCD ont organisé comme ils ont l’habitude de faire à chaque anniversaire du  coup d’état du 7 novembre. Reçu avec les égards dus à son rang et à sa notoriété, Federico Mayor était le premier à prendre la parole après le mot d’ouverture du colloque que Hamed Karoui, vice président du RCD,  prononça au nom de Ben Ali. Au fur et à mesure qu’’il discourait,  avec l’aplomb et la conviction qu’’on lui connait,  la salle commençait à se crisper. Mayor ne semblait nullement désireux de citer une seule fois le nom de Ben Ali. Pis : en rappelant que la Tunisie a toujours été, à travers son histoire, la terre natale d’éminents penseurs et réformateurs de dimension universelle, il cita, bien entendu Bourguiba, et parmi le vivant le « honni » Mohamed Charfi dont il se délecta, pendant d’interminables minutes à énumérer les qualités et les talents. La salle, selon un témoin, se frigorifia. Au point où personne n’osa esquisser le moindre timide mouvement d’applaudissement à la fin du discours.  Hamed Karoui avait la tête d’une momie alors que Federico Mayor rayonnait de toute sa dignité. Conscient d’avoir été juste avec lui même et avec la réalité des choses. *** Les partis  dits de la gauche radicale marocaine ont unanimement fustigé la loi électorale  en cours de discussion devant le parlement.  Cette loi exige des candidats aux élections législatives qui n’ont pas obtenu 3% des voix en 2002 de recueillir 1000 signatures auprès des conseillers  (municipaux) de la nation. Sachant que ces conseillers appartiennent dans leur écrasante majorité aux partis de la coalition gouvernementale. Le dirigeant du  parti travailliste Benatiq a appelé au respect de la loi des urnes , les électeurs étant les seuls habilités de choisir ceux qu’’ils veulent ; tandis que  le numéro deux du PUS Mohamed Sassi a qualifié la loi de «  liberticide et scandaleuse ». (Source : « Le Maghrébin », édition du 11 décembre 2006) Lien : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=14&Itemid=66

Humiliante défaite de la Tunisie de M. Ben Ali à la conférence de l’Union Internationale des Télécommunications

Fatima Kabba L’élection du nouveau secrétaire Général l’Union Internationale des télécommunications (UIT) s’est achevée le 24 novembre 2006, sur un cuisant échec de la Tunisie de monsieur Ben Ali. Tous les quatre ans, les délégués à cette conférence, représentants  tous des Etats membres de l’ONU, procèdent, entre autres, à l’élection du secrétaire général de l’organisation, une fonction qui prend, à la faveur du développement vertigineux et planétaire des télécommunications, une importance centrale. Le calcul de monsieur Ben Ali, en présentant la candidature de son ministre des technologies de la communication, monsieur Montassar Ouaïli, est  simple;  simpliste diraient certains. Mr Ouaïli a été selon lui l’artisan du succès « incontestable » du SMSI (sommet mondial de la société de l’information  de novembre 2005) que les medias tunisiens continuent de qualifier de «  sommet du siècle ». Il est à ce titre naturellement éligible à la fonction de Secrétaire Général de l’UIT. Pour Mr Ben Ali cette promotion revient, en quelque sorte de droit,  au représentant de son système pour d’éminents services rendus, à travers le succès du SMSI, à la planète terre. Et pour que les choses se passent sans risque de désagréables surprises, un budget colossal a été consacré à la « vente » du produit « Ouaïli » et un quota impressionnant de haut fonctionnaires de hauts rangs ont été envoyés aux quatre coins du monde pour le même objectif, tandis que les représentations diplomatiques tunisiennes à l’étranger ont été rudement sollicitées pour le succès de l’opération : faire élire Ouaïli et, par procuration, Ben Ali,   à cette prestigieuse et enviable responsabilité mondiale. La supputation est théoriquement cohérente  et la campagne promotionnelle  techniquement plutôt bien menée certes,  mais toutes deux finalement non concluantes faute d’avoir pris en compte une donnée de base : la perception que Mr Ben Ali a de son régime n’est pas tout a fait celle que les autres états en ont et le produit qu’il s’est évertué à promouvoir était invendable pour la simple raison que l’usine qui l’a fabriqué ( le système policier de Mr Ben Ali) est universellement décrié et dévalué !… Sur les 155 suffrages exprimés, 9 seulement se sont portés sur le candidat de Mr ben Ali et non – il faut le préciser) le candidat de la Tunisie. Certains de nos amis marocains et algériens qui ont participé  à la conférence nous ont bien expliqué que le vote était un vote de rejet du Système de Mr Ben Ali et non un vote sanction contre la Tunisie. Parmi les cinq pays du pays du Maghreb, il est le seul à exercer une censure sur internet. « Et il a le culot, poursuit l’un d’entre eux, de présenter un candidat  pour présider à l’organisation planétaire qui gère les télécommunications ! » Le contre-argument est en effet imparable ! Si on admettait que les 9  états qui ont voté pour la Tunisie sont des états arabes il reste treize autres états qui n’ont pas voté pour lui. Et ce sera le malien Mamadou Touré qui sera élu Secrétaire Général de l’UIT au troisième tour avec l’honorable pourcentage de 61%. Le Mali soit dit en passant est un pays qui fait des pas sérieux et surs sur la voie de la démocratie. La gifle est d’autant plus cinglante que Mr. Ouaïli  était le seul ministre en compétition. Les autres candidats (Jordanie, Brésil, Allemagne, Suisse et Mali)  étaient tous des fonctionnaires de haut niveau  dans leurs respectives administrations. « L’échec est celui de MR ben Ali ! » Sait-on qui est l’autre de cette comminatoire sentence ?  Mr Ouaïli lui même et son homme de main, Mr Mondher Ben Ayed,  dont les  sociétés Med Soft et TMI auraient raflé, nous assure-t-on de source sûre,  tous les marchés publics relevant de la compétence de Mr  Ouaïli. En d’autres termes : il ne restera que Mr ben Ali pour penser que l’humiliant échec subi par la Tunisie, n’est expressif que de la bêtise humaine. D’ailleurs il a intimé l’ordre à tous les medias tunisiens de ne pas  évoquer cette péripétie sans signification particulière. Les tunisiens ne savent pas que leur pays a été humilié. Ils auraient eu droit à un sacré sarabande si le contraire s’était produit… (Source : « Le Maghrébin », édition du 11 décembre 2006) Lien : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=view&id=166

Algérie La corruption a encore de beaux jours devant elle…

Rachid Dahman Contrairement à son homologue tunisien, l’Etat algérien n’a pas craint l’institution d’une association de lutte contre la corruption (l’AACC, Association Algérienne de lutte contre la Corruption). Un organisme de ce type induit une reconnaissance implicite de l’existence du phénomène de la corruption dans le pays concerné. Or, comme tout un chacun le sait, la Tunisie sœur est vierge – absolument vierge –  de tout virus corrupteur. Mr Ben Ali et ses tentaculaires familles et proche familles – c’est une vérité unanimement admise – sont des modèles parfaits d’intégrité et de propreté…. Cependant le fait que l’état algérien se soit « cosmétisé » d’une telle association ne signifie nullement que, en Algérie, la corruption est énergiquement combattue  ses auteurs systématiquement poursuivis. Première entrave : les textes d’application de la loi votée en février 2006 relative à la lutte contre la corruption, attendent toujours d’être publiés. Ce qui prive l’AACC du support législatif indispensable au déploiement de son action. Deuxième entrave : la loi elle-même. Au lieu de protéger les dénonciateurs de la corruption et ses victimes, elle encourage implicitement leur répression en  favorisant leur assimilation à des  « auteurs de calomnies »! Dans les faits et eu égard à la  quasi impossibilité pour les dénonciateurs de produire des faits probants de cas de corruption, ils sont automatiquement accusés de calomnies et d’accusateurs ils se transforment en accusés. D’où l’inanité de la loi dans sa version actuelle. Ce quia amené les dirigeants de l’AACC à placer la journée du 9 décembre 2006 – la journée du 9 décembre étant la journée mondiale de lutte contre la corruption –  sous le signe de la protection des dénonciateurs de la corruption .Ils y ont été amenés à la suite de la multiplication de cas de vindictes et de menaces  que des dénonciateurs ont endurés. Notre confrère « Le Soir d’Algérie »,  dans son édition du 9 décembre,  a révélé la mésaventure  proprement scandaleuse  de Mr Bououni Achour, secrétaire général  du syndicat national des éléctro-techniciens de la sécurité aérienne et membre de l’AACC qui s’est fait remarquer  – il est vrai !-   par  d’inlassables assauts contre les « bastilles corruptives sévissant  dans l’entreprise où il est salarié, l’ENNA, Etablissement National de la Navigation Aérienne.  Il avait fait part notamment lors du colloque annuel de l’AACC, le 2 et 3 novembre 2006,  de criantes entorses aux finances de l’entreprise.  Suite à une escroquerie dont il a été victime au sein de l’entreprise, Mr Bououni s’est retrouvé en état d’arrestation au moment m^me où il s’apprêtait à déposer plainte auprès de la gendarmerie. Cela s’est passé le 8 novembre. Et jusqu’au 14 du même mois, il sera détenu dans un trou sans lumière  et sous d’incessants interrogatoires plutôt musclés. Au tribunal militaire où il sera enfin présenté – on se demande de quelle compétence en la matière ce tribunal peut-il se prévaloir,- on lui signifia des chefs d’accusation surréalistes : atteinte à la sûreté de l’état, espionnage au profit de puissances étrangères et divulgations de secrets militaires ! Rien que ça ! Mais , heureusement pour lui, le montage était tellement grossier et invraisemblable que le procureur sera obligé  de libérer et de lui annoncer, sans aucune gêne,  qu’un non lieu peut très bien ponctuer cette triste péripétie. La question qui se pose désormais est celle de savoir si les pouvoirs publics – et les forces occultes qui les pilotent –  peuvent aller au delà du cosmétique et faire correspondre l’esprit de la loi à sa praticabilité, ou vont-ils laisser les choses  dans le flou actuel entre une texte législatif  grosso modo convenable  et une pratique qui lui est antithétique ? En attendant la solution de cette monumentale problématique dont le monde sait qu’elle est justiciable d’une authentique changement de régime et non d’une simple question d’applicabilité de la loi, la corruption continuera d’avoir de beaux jours devant elle…Et ceux qui s’aventureraient à vouloir appliquer ce qui est applicable dans cette loi risque bien de connaître le sort de juge Mourad Bouterfa, magistrat près de la cour de la wilaya d’Oum El Bouaghi. La victime était chargée du dossier relatif à la dilapidation des biens publics. Son corps a été trouvé sans vie, près d’une décharge publique… le pieds et les mains ligotés avec du fil de fer… A bon entendeur, salut !… (Source : « Le Maghrébin », édition du 11 décembre 2006) Lien : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=view&id=171

 

NON SEULEMENT ILS MENTENT, MAIS ILS INSULTENT

 

BALHA BOUJADI

 

En réponse à Mr. Larbi Guesmi

 

Dans un océan de littérature à 90 % islamiste, j’ai osé troubler la fête de temps à autre pour donner un avis différent et un certain regard dérangeant qui peut montrer à ces gens narcissistes que le monde est plein des contradictions et des dualités, et qu’il n’y a pas seulement une vérité unique, la leur.

 

Avant tout, je tiens à remercier l’équipe de Tunisnews pour son attitude compréhensive et j’affirme qu’elle n’a jamais censuré un seul mot de mes écrits depuis que j’ai commencé à m’exprimer en 2002.

 

Mr. Larbi Guesmi, un imam neuchâtelois, une personne civilisée et culte, dont je respecte ses principes et sa lutte pour la libération des prisonniers politiques en Tunisie (j’ai eu ces informations grâce à Google) m’a surpris par un certain langage insultant qui n’a aucun rapport avec son statut d’Imam. On peut attendre ces propos d’un analphabète qui n’a jamais participé à un débat, mais ce monsieur est un habitué des plateaux de télévisions suisses et autres et, éventuellement, il sait respecter les opinions des autres, sauf s’il est, peut être, à la défensive et qu’il se sent concerné par mes écrits…

 

Moi, j’ai donné ma propre lecture du discours islamiste plein des mensonges et des manipulations et j’ai montré à quel point ce discours a fait du tort aux propres musulmans, car par sa faute nous sommes les derniers des parias de la civilisation moderne, nous n’avons et jamais nous aurons ni démocratie, ni liberté, ni égalité, ni culture, ni tolérance, ni amour, ni joie de vivre… il n’y a que violence, guerre, censure, potences, discrimination, soumission…

 

Si cette lecture te dérange, Mr l’Imam, tu n’as qu’à tourner la page et continuer à regarder dans le miroir de la sainteté et adorer les anges qui ont su te donner la clarté des arguments pour que tu puisses insulter les honnêtes gens…

 

Pour toi je suis analphabète, maudit, ignorant, imbécile, merde… et tout ça « ne sont que des éloges » d’après vous, car je mérite pire que ça. Qu’est que je mérite monsieur l’imam? La potence, peut être?  Vous êtes experts en l’art de juger les gens.

 

Ensuite, il demande à Tunisnews de me faire taire, et d’après lui, ça  ce n’est pas de la « censure » mais… du contrôle… pour que tout soit « dans les règles de l’art ». De quelle « règle » tu parles monsieur l’imam et de quel « art » ? tes règles et ton art sans doute, et tu parles du dialogue et de débat… alors là, Bravo! Tu as montré ton vrai visage «démocratique» et le vrai visage de tes paires intégristes.

 

J’ai tout compris, et les lecteurs qui ne sont pas dupes ont tous compris, d’ailleurs il suffit de voir vos chaînes de télévision du genre « Iqra » ou « Al Manar » ou la nouvelle née « Al Hiwar » pour que chacun se rend compte de quel « Hiwar » ou dialogue ces gens là sont capables d’établir. Ils sont tous barbus et voilées et ils « dialoguent » entre eux sur la meilleure façon de porter le hijab, entre autres médiocrités.

 

Moi, je ne suis pas imam, ça n’a jamais été ma passion, je ne suis pas docte dans les « règles de l’art » de l’insulte et de la manipulation, je suis un simple citoyen travailleur et un songeur qui rêve de voir son pays un jour comme la Suisse, là où tu vis, Mr l’imam de New Châtel, et non pas comme l’Afghanistan des Talibans ni l’Iran de Mahmoud Ahmadi-Najed.

 

En plus je n’ai jamais insulté personne de la même façon comme tu l’as fait, et je suis incapable de te répondre sur le même ton, et pourtant je ne suis pas imam, je ne t’envie nullement, mais seulement je te pose une petite question : Si un jour vous aurez le pouvoir qu’est-ce que vous pensez faire avec des gens qui, comme moi, ne savent pas écrire dans les règles de l’art? et pis encore, qu’est-ce que vous pensez faire avec les athées ?

 

BALHA BOUJADI, le 13/12/2006

balhaboujadi@yahoo.es

 


 

Le pouvoir libyen continue de bannir toute critique, selon HRW

 
 Idrees Boufayed, un opposant libyen, médecin de profession, a disparu depuis le 5 novembre, peu après avoir regagné la Libye après seize années d’exil en Suisse.
 

D’après Human Rights Watch (HRW), Idrees Boufayed, 50 ans, s’est vu confisquer son passeport dès son arrivée à l’aéroport de Tripoli, le 30 septembre. Alors qu’il séjourne dans sa famille à Gheyryan, à une centaine de kilomètres de la capitale, cet opposant pacifiste reprend ses activités politiques sur Internet. Il écrit et publie une lettre sur deux sites, réclamant notamment le multipartisme en Libye, le respect des droits de l’homme et la liberté d’association.

 

Au lendemain de ces écrits, M. Boufayed est convoqué par la sécurité intérieure libyenne à Tripoli. Convocation à laquelle il répond le 5 novembre. Depuis cette date, nul ne l’a revu. HRW et Reporters sans frontières (RSF) se disent convaincus qu’il est toujours aux mains de la sécurité libyenne. Plusieurs de ses amis affirment, quant à eux, qu’il a été transféré dans un hôpital psychiatrique de Tripoli.

 

« La Libye s’ouvre peut-être au monde, mais le pouvoir, lui, continue de bannir toute critique », souligne Sarah Leah Whitson, responsable du département Afrique du Nord et Moyen-Orient à HRW.

 

MILITANT PACIFISTE

 

D’après son entourage, c’est lorsqu’il a été envoyé d’office au Tchad, comme des milliers de Libyens, à l’époque du conflit tchado-libyen (1973-1990), qu’Idrees Boufayed s’est forgé une conscience politique. Dépêché comme médecin dans ce conflit meurtrier, il est fait prisonnier et transféré à N’Djamena.

Pendant trois ans, le jeune médecin va prodiguer des soins à ses frères de détention et s’occuper des obsèques de ceux qui meurent en captivité ou au combat. « Nous avons passé ces années-là ensemble. J’avais 16 ans. On m’avait envoyé de force faire la guerre au Tchad, comme 500 autres lycéens, kidnappés de la même façon. Boufayed était le seul médecin. Il a été admirable », raconte un de ses amis, Mabrouk Alzweiy, exilé aux Etats-Unis et membre de l’organisation Libya Alwafa (Mémoire libyenne), qui s’occupe des rescapés de ce conflit.

Selon lui, ce qui a fait basculer Idrees Boufayed dans l’opposition, comme beaucoup d’entre eux, « c’est d’apprendre que (le chef de l’Etat libyen, le colonel) Khadafi niait être en guerre avec le Tchad, et, du même coup, nous niait le statut de prisonnier de guerre ».

Quand il finit par quitter les geôles tchadiennes, en 1990, Idrees Boufayed réclame et obtient l’asile politique en Suisse. Il s’y marie et a un enfant. Il complète ses études de médecine et obtient le droit d’exercer sa profession en Suisse et en Grande-Bretagne. Secrétaire général d’un petit parti de l’opposition en exil, l’Union nationale pour la réforme, il milite pour un changement de régime en Libye, mais toujours de façon pacifique.

En juin, il participe à Londres à un rassemblement des opposants au colonel Khadafi. Ceux-ci vivent, pour l’essentiel, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Suisse.

« On ne peut créditer Boufayed d’aucun appel à la violence », souligne-t-on à HRW, où l’on dénonce le silence des Etats-Unis et de l’Union européenne à propos de la Libye au nom d’intérêts communs, en particulier « le pétrole et la lutte contre le terrorisme ».

Florence Beaugé

(Source : « Le Monde » du 14 décembre 2006)

 

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